Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-01-20
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 janvier 1902 20 janvier 1902
Description : 1902/01/20 (A11,N3399). 1902/01/20 (A11,N3399).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7626581f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/11/2014
20 JANVIER 1902 LE JOURNAL 1
CHHONÎQLES DOCUMENTAIRES
LE FEU CENTRAL
Traitant, dan un de ses derniers numé-
ros, de la redoutable éventualité de ré-
puisement, plus ou moins lointain, du
charbon, le Cassier's Magazine, qui est
.un « magazine » excessivement sérieux
en arrivait à examiner la possibilité d'u-
tiliser, aux lieu et place du « diamant
noir »,. l'énergie calorifique du feu cen-
tral.
La thèse est tout ce qu'on peut rêver de
plus simple.
On admet généralement que la Terre,
qui commença, lors des temps antépré-
historiques par n'être qu'une bulle de
gaz incandescents tourbillonnant à tra-
vers les solitudes de l'espace, a fini par
se refroidir, et, en se refroidissant, par
se solidifier. Cependant, son refroidisse-
ment n'est pas encore complètement
achevé. D'où cette conséquence que sa
solidification n'est que superficielle. Au-
dessous de la croûte, faite des scories de
la combustion, montées, comme une
écume, à. la. surface, et dont d'épaisseur
n'est guère, par rapport au volume total,
qu'une minca pellicule, règnent encore
des températures qui vont en croissant
de la périphérie au centre, suffisantes
pour fondre et volatiliser les matériaux
les plus réfractaires. Il y a donc là, sous
noo pieds, comme qui dirait une fournai-
se géante, où bouillonnent tumultueuse-
ment les métaux en fusion et les gaz disr
soeiés, un prodigieux réservoir de chan-
leur, c'est-à-dire d'énergie.
Je sais bien que, là-dessus, tous les
savants ne son!, pas d'accord. J'en pour-
rais citer — et non des moindres — qui
doutent de l'intensité du feu centrait, et
même de son existence. Mais puisque,
malheureusement, il n'a pas été donné
suite) à l'ingénieuse idée de mon ami
Paschal Grousset, qui proposait naguère
de mettre à profit l'Exposition universelle
et la réunion, sur un même point du glo-
be, des représentants de tous les peuples
civilisés, pour y aller voir, au moyen
d'un puits de 1,500 mètres, creusé tout
exprès pour la circonstance, force est
bien de reconnaître que l'opinion des
sceptiques n'a pas prévalu. La croyance
au feu central est devenue une manière
d'article de foi, qui forme un peu partout
la base de l'enseignement géologique.
C'est ainsi qu'on explique les geysers,
tes sources thermales, les éruptions vol-
caniques, voire même les tremblements
de terre, et aussi ce fait étrange que la
température semble s'élever d'un degré
au fur et à mesure qu'on s'enfonce de 32
mètres environ dans l'hypogée.
A ce compte-là, nous aurions chance
de trouver, à 10 kilomètres de profon-
deur, une température de plus de 300
degrés, et si, dans de telles conditions,
nous ne sommes pas rôtis, échaudés,
cuits vifs à l'étuvée, c'est parce que la
croûte terrestre conduit mal la chaleur.
En tous cas, il suffit que la températu-
re d'ébullition de l'eau (100°) soit à notre
portée, à environ trois kilomètres et de-
mi, à peine 1,200 mètres de plus que la
profondeur maxima de certains puits de
mine, pour nourrir de ce chef, sans faire
du paradoxe ni de la chimère, les plus
ambitieuses espérances. Du moment, en
effet, que rien ne se perd et que tout se
métamorphose, du moment que les dif-
férentes formes de l'énergie sont réci-
proquement convertibles et transmuta-
Dles, quand on a de la chaleur à profu-
sion, on a, ipso facto, de la force motri-
ce, c'est-à-dire du travail, de la lumière,
de l'électricité, etc., en veux-tu en voilà.
Il ne faudrait pourtant pas que le ré-'
dacteur du Caissiers's Magazine se vantât
trop haut d'avoir eu l'étrenne de ce gigan-
tesque projet, dont la mise à exécution,
qui finira bien par se faire tôt ou tard,
révolutionnerait la face (et même les en-
trailles) du monde. Voici tantôt trente
ans qu'elle a été exposée, avec un luxe
de détails inouï et la plus capricante fan-
taisie, dans un livre trop peu connu,
quoique (ou parce que) couronné par
l'Académie française, et dont "l'auteur
rappelle le comte Didier de Chousy.
Intitulé : Ignis, ce livre est bien l'une
des choses' les plus falotes et les plus
amusantes à la fois qu'il m'ait été donné
de lire, et jamais ni Jules Verne, ni An-
dré Laurie, ni Robida, ni même l'Anglais
Wells n'ont rien écrit d'aussi extraordi-
naire.
C'est l'histoire d'une Compagnie an-
glaise. (limited), dite « Compagnie du
Feu Central H, fondée au capital d'un
milliard et demi, dans le but :
1° D'établir une communication entre la
surface de la terre et son réservoir de chaleur
interne, au moyen d'un puits de profondeur
appropriée ;
2" De construire une ville modèle, sur des
plans entièrement nouveaux, adaptés à la.
civilisation, également nouvelle, qui prendra
sa source dans le puits géothermal.
3° D'exploiter le monopole que ladite Com-
,pagnie s'est acquis par ses brevets, en pre-
nant l'entreprise des autres puits géother-
maux que d'autres voudront creuser à son
exemple, ainsi que des canalisations, condui-
tes, tubes, tuyaux, tubulure, réservoirs d'ar-
rondissement, citernes cantonales, bacs de
vapeur pour stations de chemins de fer, et
tous autres dépôts de feu centrai qu'on jugera
utile d'établir.
La Société se constitue et se met immé-
diatement à la besogne. Au bout d'un
certain temps, au prix d'efforts surhu-
mains et de fabuleuses dépenses, elle
réussit à forer, dans un coin perdu de
l'Irlande, un puits géant, de 12 kilomè-
tres. de profondeur, sur 45 pieds de dia-
mètre, de façon à atteindre les couches
souterraines où la température constante
n'est déjà pas moindre de 375 degrés. Ce
puits fournit, chaque jour, sous forme
de vapeur et d'air chaud, un million en-
viron de chevaux-vapeur, immédiate-
ment utilisés pour la production et la
distribution de l'éclairage, du chauffage
et de la force motrice, tant et si bien que
la planète se transfigure et que la Com-
pagnie du Feu Central réalise des béné-
fices énormes.
En même temps, autour de l'orifice du
puits géothermal, une ville de rêve,In-
dus triarCity, est éclose, où le bien-être,
le confort, le luxe, la richesse, prennent
un essor invraisemblable, grâce à la
quasi gratuité de l'énergie mise ainsi à
la disposition de tous. La science y rè-
gne en souveraine, avec une toute-puis-
sance, une ubiquité, des raffinements
que nul n'aurait pu prévoir, ni même
imaginer à l'avance. C'est une sorte de
paradis terrestre, mais de paradis indus-
trialisé, machiné comme un décor de fée-
rie, où l'effort du travail, réduit au plus
strict minimum, est abandonné à des ma-
chines intelligentes, à d'impeccables au-
tomates, tandis que les habitants se con-
tentent de jouir paresseusement des
joies de la vie, en exerçant leurs sens et
leur cerveau,
Ga n'est pas seulement l'industrie, au
surplus, qui bénéficie de cet afflux de
chaleur intarissable : c'est aussi l'agri-
culture ; c'est aussi la climatologie.
Canalisés, en effet, comme dans un
drainage, la vapeur et l'air chaud circu-
lent partout, à la façon du sang irriguant
l'organisme, attiédissant le sol, excitant
la sève des plantes, qui se couvrent sans
relâche de fleurs et détruits ; activant les
décompositions organiques, imprégnant
l'atmosphère de buées fécondantes et de
senteurs embaumées. Toute cette cam-
pagne d'Irlande, froide et grise, prend
des airs de serre chaude, d'une serre
chaude en plein air, où de magiques
thermosiphons font passer, dans l'éva-
nouissement du brouillard, un souffle
des tropiques.
Après avoir domestiqué les saisons,
uniformisées en un printemps perpétuel,
il ne restait plus qu'à domestiquer les
climats, en rafraîchissant artificiellement
les pays trop chauds, comme on avait
d'abord réchauffé les pays trop brumeux
ou trop froids. Il s'était, à cet effet, créé
une autre Compagnie, complémentaire
de la première, et non moins lirmited : la
« Compagnie de la Débâcle UniverseHe » :
(General Crack Company h destinée à
organiser systématiquement le bris et la
fonte des banquises du pôle, de façon à
pouvoir en remorquer les débris, sous
la forme de blocs flottants, aux points
de la zone torride où le besoin de « frap-
per » lesesprits et les corps se ferait sen-
tir.
Les bénéfices consistaient :
1° Dans La redevance payée par tes pays
abonnés à la débâche ;
2° Dans la vente de la glace, expédiée ainsi
en vrac, sans frais, pour ainsi dire, par ice-
bergs complets, au fil de l'eau ;
3° Dans le droit de péage sur le passage du
pôle, que cette destruction continue de la ban-
quise devait finir par rendre libre ;
4° (Pour mémoire.) Dans la vente des ours
blancs, surpris par la débâcle, expédiés au
loin avec leur glaçon natal et finalement ven-
due aux marchands de fourrures ou aux en-
trepreneurs de ménageries. -
Malheureusement, un jour vint où les
consommateurs se plaignirent d'avoir re-
çu de la glace sale : le fait est qu'il y
était resté trop d'ours blancs. C'est en
vain qu'une circulaire, tirée à trois mil-
liards d'exemplaires, et répandue dans
le monde entier, s'efforça de leur démon-
trer que, sur cinq cents million^ de kilo-
grammes de glace, 400 ou 500 kilogram-
mes d'ours ne faisaient pas un dix mi-
tlionnième, c'est-à-dire une quantité plus
que négligeable. Les consommateurs ne
voulurent rien savoir, et comme, quel-
ques mois plus tard, les glaces flottan-
tes, mal dirigées, vinrent se fixer sur
l'Angleterre, qui en resta saisie, le vase
des récriminations déborda, et ce fut une
affaire irrémédiablement fichue.
Mais il faut renoncer à analyser ce li-
vre abracadabrant, écrit avec une verve
diabolique, et dont les idées ne sont pas
toutes, en fin de compte, aussi folles et
saugrenues qu'elles en ont l'air, puisque
la principale, celle, précisément, qui sert
de pivot et d'ossature à l'affabulation, est
reprise, aujourd'hui, par un journal
aussi grave que le Cassier's Magazine,
dans un maître article, auquel le Bulletin
des Ingénieurs Civils n'a pas cru devoir
refuser les honneurs de la reproduction
in-extenso.
Brûlons donc, sans scrupule, jusqu'au
dernier morceau, notre provision de
houille. Quand il n'y en aura plus, je ne
dirai pas qu'il y en aura encore, mais il
y aura beaucoup mieux, puisque nous
savons, désormais, où trouver des mil-
lions de calories qui nous ne nous coûte-
ront guère que la peine de nous baisser
— très bas, par exemple — pour les pren-
dre.
A dire d'experts, la question aura sur-
tout de l'intérêt si l'on arrive à transfor-
mer directement la chaleur en électricité
d'une manière économique et pratique,
sans le dispendieux intermédiaire de la
machine à vapeur. Rien de plus logique,
rien de plus exact. Mais si je vous disais
que, si ce problème n'est pas tout à fait
résolu, tout à fait mis au point, il ne s'en
faut plus guère.
Nous en recauserons, si Dieu nous
prête vie, un de ces jours prochains, —
très prochains même, j'espère.
EMILE GAUTIER.
P. S. — J'ai eu tort de « blaguer » les
cigarettes hygiéniques, fabriquées avec
des feuilles de caféier en guise de petun,
qui, suivant la formule consacrée, se
trouvent aujourd'hui « dans toutes les
pharmacies ». Elles se sont vengées.
C'est M. Jacques Barrai, le chimiste
bien connu, qui s'est chargé de leur ven-
geance. Personne, il faut bien le dire,
n'était mieux désigné pour cette mission
que. le fils du savant qui, le premier, dès
1842, donnait la formule chimique de la
nicotine et en dénonçait la toxicité.
Après m'avoir expliqué comme quoi
les cigarettes « de repos » peuvent ren-
dre de grands services, en épargnant
une souffrance inutile aux fumeurs qui,
pour avoir abusé du tabac jusqu'à l'ex-
cès, sont condamnés à la diète, M. Jac-
ques Barrai m'a mis en demeure d'en
goûter moi-même, et le respect de la
vérité m'oblige à reconnaître que ce pro-
duit n'est pas désagréable.
Très coquettement présentées, les ci-
garettes de caféier ont un parfum spé-
cial, auquel on doit s'habituer assez vi-
te. Elles brûlant du reste très bien et
l'on comprend qu'elles puissent tromper
l'appétit des plus passionnés. Mais leur
grand mérite est d'être tout à fait inoffen-
sives, au point que les personnes qui
n'ont jamais fumé, les femmes, les en-
fants eux-mêmes, peuvent en user impu-
nément.
Le problème n'était pas commode à ré-
soudre : il n'est pas surprenant que MM.
Barrai et Brissaut y aient mis deux lon-
gues années, en passant tour à tour en
revue toutes les herbes aromatiques com-
bustibles. Mais, en fin de compte, ils
ont très bien réussi, et il n'est pas éton-
nant que M. Naussac (8, rue Aubriot),
qui a accepté le dépôt des cigarettes hy-
giéniques, ait peine à suffire aux com-
mandes.
E. G.
LENTHÉRIC — Parfum « La Ferla »
Restallrantll Au Châteatibriand'dhSEh
Au dessert, Triple see Colntreau
Carnet Mondain
La maîtresse de maison apporte tous ses soins
à rendre l'intérieur agréable; mais sa sollici-
tude s'attache surtout à la uécoration de la ta-
ble, autour de laquelle se réunissent les amis
intimes ou les simples relations. On fait de si
jolies choses de nos jours! C'est Daphnis et
Chicé, groupe en biscuit de Sèvres, posé sur
une glace imitant la profondeur des lacs, réflé-
chissant les feux des lustres et les fleurs qui
semblent s'y mirer; Psyché, Paul et Virginie,
les Trois Grâces, se jouant à travers les guir-
landes qui serpentent, formées d'azalées assom-
bris par des Parme; puis des roses, des lilas,
des œillets de toutes nuances, des tulipes, iris,
marguerites, sur lesquels les mimosas égrènent
leurs perles ambrées.
La femme révèle son goût à ces détails char-
mants ; elle est, il est vrai, guidée par le fleu-
riste en renom, Augustin, qui a tous les motifs
pour la décoration, 110, boulevard Saint-Ger-
main, place de la Trinité et 66, boulevard
Malesherbes, où les fleun s'épanouissent dans
un perpétuel printemps.
En plein hiver, avoir le printemps, ce n'est
pas banal, et ce miracle est dû au Lait de Ni-
non (Parfumerie Ninon, 31, rue du Quatre-
Septembre), qui met sa fraîcheur sur les vi-
sages.
Et les visages radieux s'illuminent d'un sou-
rire qui découvre les trésors de la bouche : 'les
dents, si susceptibles qu'un rien les fait tomber
en ruine et qu il faut soigner avec la Poudre et
l'Elixir dentifrices des Bénédictins du Mont-
Majella (Senet, adr, 35, rue du Quatre-Sep-
tembre)
Les perles parmi les fleurs, les fleurs parmi
les perles, somptuosités créées pour parer la
femme et réjouir les yeux.
CI88 de Tramar.
C., A. B., D., M. — Oui. C'est la Lotion
Marquis, 77, rue Saint-Lazare, 20 étage, qui fait
repousser les cheveux.
Bordeaux. — A deux heures, 77, rue Saint-
Lazare, 2e étage, mardi. Marquis vous teindra
les cheveux avec l'Eau Végétale.
C'" de T.
M. Paul Deschanel à Lille
LILLE, 19 janvier. — M. Deschanel, prési-
dent de la Chambre, est arrivé à Lille à
11 h. 50. Il a été reçu sur le quai de la gare
par le préfet du Nord, MM.-Roche, président
de la Société des voyageurs, Scrive, conseil-
ler général, et un grand nombre de notabi-
lités. ,
L'Union des Sociétés de secours mutuels
a tenu aujourd'hui, à 3 heures 1/2, à l'Hip-
podrome, une réunion qu'a présidée M. Des-
chanel.
Sur l'estrade on remarquait MM. Bona-
ris, directeur de l'enseignement; Delaune,
Roger, abbé Lemire, députés ; Soulfort, pré-
sident du conseil général ; Faucheur, prési-
dent de la Chambre de commerce ; Lorthiois,
(Dauphin, Tribourdeaux, conseillers géné-
raux ; Margottet, recteur de l'Université.
M. Roche, président de l'Union régionale
des Sociétés de secours mutuels du Nord,
a souhaité la bienvenue à MM. Deschanel et
Barberet au nom des 65,000 mutualistes af-
filiés à l'Union. Il a fait leur éloge et remer-
cié M. Waideck-Rousseau d'avoir bien voulu
déléguer officiellement M. Barberet, chef des
institutions de prévoyance, à cette fête de la
mutualité.
M. Barberet a Iris la parole sur la mutua-
lité maternelle et la mutualité scolaire fon-
dé-e à Paris et qui donne d'excellents résul-
tats.
Il remet à M. Vincent, préfet du Nord. au
nom du Président de la République, une mé-
daille d'or de la mutualité.
M. Vincent, préfet, remercie le gouverne-
ment et promet son concours le plus absolu
aux œuvres de mutualité.
M. Deschanel remet, au nom du ministre
de l'instruction publique, le diplôme d'offi-
cier d'académie à MM. Martin-Paul Foubert,
président de la mutualité fraternelle, et Du-
ponchalle, président de la Société typogra-
phique lilloise.
M. Deschanel prononce alors son discours
qui est fréquemment applaudi et qui soulève
à sa péroraison des applaudissements répé-
tés.
La tuberculose fait, dans le Nord, de nombreu-
ses victimes : il y a, dans le département, au bas
mot, 20 ou 30,000 malades. Le conseil général a
,voté en août da construction d'un sanatorium.
D'autre part, l'éminent docteur Calmette a orga-
nisé un dispensaire antituberculeux à l'Institut
Pasteur de Lille. Ces deux institutions doivent se
compléter l'une l'autre. Le sanatorium s'adresse
aux malades curables, et le nombre des lits est
nécessairement restreint. Le dispensaire a un
rôle différent. Quand ces établissements munici-
paux se seront multipliés, ils seront comme des
filtres qui ne laisseront. arriver au sanatorium
que des malades curables.
Depuis deux mois, l'Institut Pasteur a reçu
plus de 450 malades ; il en assiste couramment
40 ; s'il ne fait pas davantage, c'est que ses re&-
sources sont limitées.
Quand le malade n'a pas de ressources suffi-
santes, le dispensaire lui fournit tout ce dont il
a besoin, nourriture, linge, visites et même lo-
gement. L'enquête est faite, vous savez avec
quelle délicatesse, par un de vos caniamdea, par
un mutualiste.
Il s'agit d'associer les Sociétés de secours mu-
tuels à cette œuvre, et cela non seulement dans
l'intérêt des malades et de l'hygiène publique,
mais dans leur propre intérêt.
En effet, en donnant tau dispensaire, et, plus
tard, au sanatorium, ce qu'elles dépensent ac-
tuellement pour leurs malades, elles allégeront
leur budget ; le dispensaire et le sanatorium
compléteront avec léurs ressources des prix de
journée. Elles y gagneront quand leurs malades
guéris pourront reprendre leur travail ; enfin, le
nombre des malades ira en diminuant.
Lorsqu'un ouvrier, père de lamiile,membred'u-
ne Société de secours mutuels, est atteint de
tuberculose, qu'arrive-t-il ? En général, après un
trimestre, la Société est obligée d'arrêter ses se-
cours. Le malheureux devient donc un indigent,
aussi bien que sa femme et ses enfants. Cette fa-
mille, fatalement, ira au bureau de bienfaisan-
ce, jusqu'à ce que le malade meure à l'hôpital.
Ainsi, pendant plusieurs années, trois organismes
sociaux, qui tendent au même but, auront, en
pure perte, additionné leurs dépenses, dont le
total sera fort élevé. Quand dispensaires et sana-
toria se seront multipliés, on sentira, je l'espère,
la nécessité de combiner leurs effom. 11 fau-
drait que ces institutions ne fussent plus isolées,
séparées 'les unes des autres : fi. faudrait que la
mutualité, les administrations charitables, pas-
sent organiser une police pour découvrir promp-
tement le mal dès la première invasion, et s'unir
pour donner, à frais communs, des soins effica-
ces. L'isolement actuel est stérile et coûteux, l'u-
nion serait économique et féconde.
L'Union des Sociétés de secours mutuels du
Nord s'occupe aussi de la formation d'une Œuvre
pour la protection de l'enfance.
A Lille, sur 100 enfants de un jour à un an, 24
meurent ; ces chiffres effrayants doivent être ré-
duits.
Il y a ici une institution excellente, qui s'ap-
pelle la « Mutualité maternelle » et qui donne
secours et soins aux femmes en couches, primes
aux mères qui nourrissent elles-mêmes, etc. D'où
ce double résultat, que la mortalité infantile di-
minue dans des proportions considérables, et
que la natalité augmente.
La Mutualité maternelle, fondée à Dammarie
(Seine-et-Marne), par M. Félix, aréduKlamortalité
de 6 et augmenté la natalité de 26
Mais comme ces mutualités maternelles ne
peuvent guère se soutenir que grâce à des dons
volontaires ou à la cotisation des membres hono-
raires, puisque les femmes ne s'y affilient que
pendant la période où elles peuvent avoir des en-
ans, il est indispensable que les mutualistes, —
souvent trop imprévoyants pour la santé et la
vie de leurs femmes, et pour la naissance et la
conservation de la vie de leurs enfants, — les affi-
lient, aux Mutualités maternelles. Les assemblées
départementales pourraient encourager par leurs
subventions les Sociétés qui favoriseraient le dé-
veloppement des Mutualités maternelles.
L'orateur traite ensuite de la mutualité sco-
laire, et félicite le corps enseignant des progrès
considérables accomplis dans 'Ja région.
Il espère que l'exemple donné par l'Union de
Lille sera suivi, d'abord dans tout le département
d-u Nord, puis dans les départements voisins, et
que ces Unions départementales associées fonte
ront une Fédération régionale.
Il montre les autres bienfaits, de plus en plus
complexes, que la République peut attendre de ces
groupements de plus en plus vastes..
Par exemple, les Sociétés de secours mutuels
servent déjà à leurs pensionnaires 8 millions
d'arrérages, et la loi nui autonse les Unions
date de trois ans à peine !
Depuis dix ans, la Mutualité n'a pas coûté à
,l'Etal. un million par an. L'Assistance publique,
elle, lui a coûté 260 millions par an. Si la Mu-
tualité avait disposé seulement de la trentième
partie de ces sommes, quel pas aurait été fait
pour le problème des 'retraites.
Mme Loubet à la Villette
Inauguration du dispensaire de la rue
David-d'Angers. — A la mairie du
, dix-neuvième. — Les discours.
Plus de deux mille personnes attendaient,
hier après-midi, place Armand-Carrel, l'ar-
rivée de Mme.Loubet, qui devait venir dans
le quartier présider l'inauguration du dis-
pensaire de la rue David-d'Angers.
Sous le vestibule de la mairie du dix-neu-
vième arrondissement, il y avait également
foule. Là se trouvaient, pour saluer Mme
Loubet à sa descente de voiture, MM. Clovis
Hugues et Charles Bos, députés ; Arthur Ro-
zier et Brard, conseillers municipaux ; Vor-
be, ancien conseiller municipal, président
d'honneur du dispensaire ; son président ef-
fectif, M. Legry ; le colonel Derué ; M. Mos-
nier adjoint ; M. Arnaud, chef de cabinet du
préfet de police; M. Bordes, commissaire
de police du quartier du Pont-de-Flandre ;
les administrateurs de la Caisse des Ecoles,
etc., etc.
En attendant l'arrivée dei Mme Loubet,
M. Legry, le dévoué président du dispensaire
qu'on va inaugurer, me donna fort aimable-
ment quelques renseignements sur l'Œu-
vre, créée difficilement par les associations
républicaines de l'arrondisselmesitj.
Le dispensaire, ouvert seulement depuis
le la janvier dernier, s'élève rue Davld-
d'Angers, — une rue nouvellement percée,
- sur un terrain donné par la Ville de Pa-
ris.
Les bâtiments sont spacieux et clairs. La
propreté la plus méticuleuse règne dans les
salles de consultation, où déjà de nombreux
enfants ont reçu des soins dévoués.
Pour l'instant l'établissement ne comporte
que dix lits ; mais, dans l'avenir, les servi-
ces prendront de l'extension. -
Plusieurs médecins du quartier assistent
chaque jour, de huit heures à midi, aux con-
sultations. Les enfants les plus gravement
atteints sont hospitalisés dans la maison ;
aux autres, on fournit les médicaments, etc.
Mais il est trois heures, et Mine Loubet,
accompagnée de M. Henri Poulet et de Mme
Poulet, arrive à la mairie.
M. Mosnier reçoit Mme Loubet, et, pen-
dant que sur la place on crie : « Vive la Ré-
publique ! Vive Loubet ! » et que la musique
du 31" de ligne, massée au pied de l'escalier
d'honneur de l'édifice communal, attaque la
Marseillaise, le cortège se forme pour se
rendre dans la Salle des Fêtes, où doit avoir
lieu la réception.
Après Mme Loubet arrivent le ministre
de la guerre et Mme André, le ministre de
la marine et Mme de Lanessan, M. Honno-
rat, chef de cabinet du ministre de la ma-
rine, et le lieutenant Violette, officier d'or-
donnance du général André.
Dans la Salle des Fêtes, des fauteuils
avaient été réservés pour les invités. Mme
Loubet s'assied entre Mme de Lanessan et
Mme André. Je reconnais aussi Mme de Sel-
ves, Mme Lépine, Mme Clovis Hugues, Mme
Rozier, Mme Autrand, etc.
Après que la Lyre de BellevUle eut chanté
la Marseillaise, le maire de l'arrondisse-
ment, M. Mathurin Moreau, vint, en termes
émus, souhaiter la bienvenue à Mme Lou-
bet. Puis, s'adressant aux ministres, H les
remercia d'avoir bien voulu assister à l'inau-
guration du dispensaire et leur affirma le dé-
vouement de la population de la Villette aux
idées républicaines.
M. Chartes Bos prononça quelques paroles
et M. Clovis Hugues vint lira de beaux et
généreux Vers qui furent très applaudis
Au nom du ministre de la guerre et en
son nom personnel, M. de Lanessan félicita
les organisateurs du dispensaire ; il montra
la haute portée de leur œuvre qui, d'enfants
débiles, fera des hommes forts et leur don-
na l'assurance que le gouvernement serait
toujours prêt à les seconder.
Le ministre remit ensuite les distinctions
honorifiques suivantes :
Officier d'instruction publique : M. Bon-
cour.
Officiers d'Académie : M. Bordes, com-
missaire de police du quartier du Pont-de-
Flandre : M. Sauvin ; le docteur Millien, M.
Barthaud ; M. Chassan ; M. Moulins.
Chevalier du Mérite agricole : M. Legry
fils.
A cinq heures, Mme Loubet et les minis-
tres quittaient le quartier de la Villette, ac-
clamés sur leur parcours par une foule en-
thousiaste.
Paul Erio.
Grandi prix. Exp. univ. 1900, Paris
nnPTBHD D7EDD13 de la Faculté de
DOCTP.lJR PIERRD Médecine de Paris.
Le meilleur dentifrice, célèbre par ses
qualités Antiseptiques et Aromatiques
Les dispensaires antituberculeux
M. Waldeck-Rousseau à Montmartre.
Une allocution de M. le président
du conseil.
Hier, à deux heures, dans la salle des
fêtes de la mai'rie de Montmartre, une confé-
rence a été prononcée par M. Rouamet, dé-
puté, sur le rôle social des dispensaires anti-
tuberculeux.
M. Waldeck-Rousseau. président du con-
seil des n'unies, avait apporté à M. Roua-
net l'appui de sa haute biiemveiUanca A ses
côtés se trouvaient MM. Brouardel, Adrien
Veber, Siegfried, de Selves, Pugeau.lt, maître
du dix-huitième arrondi salement, Laurent,
Landouzy, Léon Bonnet, directeur du dispen-
saire de la rue Marcadet.
Après lecture des excuses de MM. Brisson
et Decrais par M. Pugeault, M. WaJdeck-
Rousseau prononce l'alD)cutioo suivante,
parmi des applaudissements proLongés :
« Je suis très touché, dit-il, des accueils de
sympathie de l'assistance.
» M. le maire disait tout à l'heure que
Montmartre est un quartier oublié. Il exagé-
rait un peu, car je connais l'énergie .intellect
tuelle de Montmartre, qui est une de» plus *
grandes de la France.
- » Je remercie les organisateurs de La. réu-
nion, qui ont voulu montrer l'importance que
le gouvernement attache à l'œuvre de la tu-
berculose. Lorsque j'instituai la commission
destinée à rechercher les moyens de com-
battre ce mal, je me proposais de chercher
une méthode fondée sur les données de la
science et celles des membres de la commis-
sion.
» Je tiens à apporter mes remerciements à
M. Brouardel pour sa collaboration.
» Des travaux qu'il a accomplie, id résulte
que l'a. tuberculose a pris pied chez nous et
se sème peu à peu, mais que la contagion
est évitable par l'amélioration des conditions
matérielles de l'individu, et guérissable par
la thérapeutique.
» C'eut*ce but que vous voua êtea imposé. »
Dès qu'eurent cessé les bravos, M. Roua.
net a prononcé un long discours sur le rôle
social dee œuvres antitubecruleuses.
M. Bonnet a fait l'historique du dispen-
saire de la rue Marcadet depuis sa fondation,
dont M. le docteur Brouardel a montré les.
progrès.
Enfin, M. WaLdeck-Rouseeau, prenant die
nouveau la parole, a terminé la séance par
ces mots : « Je forme le vœu que cette con-
férence se renouvelle, qu'eUe fasse te tout
de Paris, le tour de la France. Quoique tes
paroles que je vais dire puissent sepnbler bi-r
zarres dans la bouche d'un ministre de l'in.
térieur, il faut faire un peu et même beau-
coup de bruit.
» C'est une œuvne de solidarité humaine.
Poursuivons-la. Nous avons engagé la ba-
taille, nous finirons bien par la gagner. » -
A la sortie de la mairie, une bagarre s'est
produite, au cours de laquelle quatre amesr
tations ont été opérées. Une seule a été inain-
tenue.
MAUX DE TÊTE.
L'ÉMULSION SCOTT
ramena les forces
et Ht cesser les maux de tête.
Très 4 commun, et bien qu'il n'inspire au-
cune pitié, le mal de tête n'en est pas moins •
des- plus douloureux. Les maux de tête ren-
dent la vie insupportable, mais iu peuvent
être guéris et voici comment :
Troyes, 16 septembre 1900.
Messieurs. J'étais depuis longtemps déjà dans
un état d'anémie très prononcé, souffrant de
continuels maux de tête ; mangeant à peine, je
m'affaiblissais de jour en jour. J'eus la chance ce-
pendant de voir une personne amie guérie de la
M"" ROBERT
même affection que la mienne par votre Emut.
sion Scott. Je fis alors immédiatement usage de
votre préparation, et m'en 14licite. car bientôt
je recouvrai l'appétit ; graduellement, les forcée
me revinrent, 3es maux de tête disparurent, et je
suis complètement guérie, grâce à votre bonne
Emulsion Scott. Mme Robert, rue de la Moluie.
La bonne chance de Mme Robert peut sans
difficulté être partagée par ceux affligés des
mêmes malaises qu elle ; ils n'ont pour cela
qu'à se procurer l'Emulsion Scott. Cette dame
et son amie furent guéries non par des imi-
tations ou substitutions, mais par l'Emul-
sion Scott. Lee maux de tête provenant de
l'anémie cèdent toujours à l'Emulsion Scott
et rarement à autre chose. Ne vous exposez
donc pas à avoir encore des maux de tête en
essayant d'autree remèdes. L'Emulsion ScoU
vous guérira.
Ne prenez paa d'huile de foie do morue or-
dinaire, croyant en obtenir les mêmes résul-
tats qu'avec l'Emulsion Scott. Celle-ci, tout.
en conservant les propriétés curatives de
l'huile' de foie de moruç n'en a ni le goût ni
l'odeur désagréable ; de plus, PEmulsion
Scott renferme deux éléments de grande-va-
leur qu'on ne trouve pas dans l'huile de foie
de morue, les hypophosphitea de chaux et de
soude, reconstituants des os et des tissus;
le tout mélangé avec la plus grande perfec-
tion, ce qui fait de l'Emulsion Scott un re-
mède de famille de premier ordre.
L'Emulsion Scott est vendue non en litres,
mais en flacons. Méfiez-vous des imilatjons ;
n'acceptez aucun flacon qui vous senaitpré-
senté et ne porterait pas sur l'enveloppe cou-
leur saumon le marqua de l'homme chargé
d'une grosse morua Echantillon sera expé-
dié, franco, contre O fr. 50 de timbres adres-
ses à Delouche et O., pharmacien, 2, place
Vendôme, Paris.
EN PLEINE MODE
Elle n'a pas de chance, cette pauvre
Mlle Dufrêne ; M. Maurice Bernhardt
lui fait commettre des méfaits qui n'arri-
vent pas à faire frissonner. Ils n'arrivent
qu'à faire sourire. Tout le monde sou-
riait, à cette Nini VAssommeur. Mon con-
frère M. Gaston Leroux, qui, 'lui, ne
sait pas sourire, riait aux éclats. Ce n'est
peut-être pas tout à fait de ton dans cer-
taines maisons, mais tant pis, il faut
que ça parte ! Avez-vous remarqué, vn
parlant de sourire, les dents de Mita
Germaine Réjane ? Oh ! les jolies dents ;
elles vous ont une petite pointe de cruau-
té candide qui promet pour plus tard.
Le crime le plus grand que M. Bernhardt
impose à Mlle Dufrêne, c'est surtout
d'assommer le public qui ne lui a rieil
fait.Alors, pour réagir, comme beaucoup
d'autres, Frisette a regardé dans la salle.
D'abord, à côté des dents de Mlle Ger-
maine Réjane, il y avait la main de sa
maman ; une main menue, amoureuse
et souple de comédienne, gantée de
blanc, négligemment appuyée sur le re-
bord de la loge — comme par hasard.
Mais tout un monde dans ce hasard 1
Rien que dans cette pose, à peine étu-
diée, Réjane montrait sa coquetterie,
lançait une idée, affirmait la solution
d'un des plus graves problèmes : Le pro-
blème des gants et des bagues. En effet,
avec la mode de porter des bagues à
tous les doigts, ri'en de moins pratiqua
que le gant. On ne peut pas s'en passer
et ça devient extrêmement gênant à met-
tre et à retirer, sans compter que c'est là
un excellent moyen de perdre ses bijoux.
Réjane a trouvé mieux : elle passe har-
diment ses bagues par-des'su's le gant.
C'est une" solution qui ne manque ni de
charme ni d'imprévu. Seulement, ce
n'est pas la bonne. Avez-vous réfléchi
au supplice d'ôter ses bagues chaque
fois qu'on veut se ganter ou se déganter,
et de les remettre ainsi ? Ça doit êtrvî
tout simplement énervant. Avec nos
neurasthénies, il y a de quoi piquer une
crise. Le mieux, à mon -avis, c'est de re-
venir à la si jolie mitaine du dix-huitiè-
me, qui mettait une caresse de plus aux
mains des duchesses. Aussi on y re-
vient. La mode, qui sait si bien s'inspi-
rer des préciosités de la gracieuse épo-
que., nous devait bien ça. Les nouvelles
mitaines pour le soir sont en dentelle,
vraie ou imitation. Elles ont toutes le
mérite de la nouveauté — et de la nou-
veauté originale — en même temps qu'un
charmant cachet de finesse et de di's-
tinction. Les mains se « physionomi-
sent » là-dedans d'un air de mystère eti
d'enveloppement tout à fait délicieux.
Leur matité se voile d'une adorable dis-
crétion, tandis que l'éclat des pierreries
se joue en scintillement sous ila trans-
parence de la mitaine.
Puisque, grâce aux mitaines, j'en suis
sur les choses de soirée, deux toilettes
de circonstance. Elles sont reproduites
dans lte double croquis du milieu ; elles
le seront aussi, j imagine, par les ferven-
tes du flirt en tour de valse, chez les
amis. L'une est en mousseline de soie
vert nil ; à plis toute, avec une double
tunique incrustée de guipure d'Irlande.
Très nche. De la guipure d'Irlande en-
core en berthe au corsage, avec un
nœud de chantilly Ceinture draper et
coller de perler. L'autre en mousseline
de soie, blanche, cette fois, et plissée
aussi. C'est frais et vaporeux comme un
zéphyr ; d'autant plus qu'il y a, au bas
de la jupe, une garniture de guirlandes
de roses, dessinant un mouvement, d'on-
dulations d'une jolie réminiscence des
plus blanches heures de la vie — depuis
combien dissipées, hélas 1 — Le corsage
drapé de dentelles, avec encore des ro-
ses en franges. Toujours de la dentelle,
en bordure, aux manches qui sont bouil-
lonnées..
Pour la ville, gentil et sans prétention,
cet autre coutume — le premier dessin
— en drap rouge. Le rouge, vous Le sa-
vez, est une couleur très seyante et tou-
jours recherchée. La jupe est cerclée de
bandes de velours de la même nuance.
La jaquette est à basque longue formant
comme une double jupe ; à la taille, elle
s'enserre par une ceinture de velours.
Croisée sous un col de zibeline. Celles
qui aiment le chic dans la simplicité ont
là un modèle tout indiqué, avantageux
à la silhouette. La capeline en feutre
bois — autre nuance en vogue - toute
fanfreluchée de plumes.
Le moment du gui est passé ; du
moins Je moment où on l'apprécie bien,
quand, à passer dessous, les amoureux
y gagnent le baiser cher. Cependant
en le retrouvant sur le délicieux chapeau
que vous voyez là, on ne peut s'empê-
cher de s'y attarder. Aimablement porté,
ce chapeau, et sur une si adorable tête
blonde — celle de miss L. — que rien
qu'à cause de ça il est à citer. Imaginez-
vous une forme toque faite d'un nuage
de tulle blanc ; en garniture un couron-
nement de gui avec ses feuilles si joli-
ment découpées et si décoratives. Oh I
Je charma du frais, du rayonnant-visa-
ge dans la pénombre de ce nuage et du
menton blotti parmi renfrissonnant fouili.
lis d'un boa de plumes..
Je ne voudrais pas insister outre mo-
sure sur Nini r Assommeitr ; .il faut sa-
voir respecter les grandes infortunes,
et cette pièce en est une. Mais elle aura
eu quand même son utilité. Elle nous
laisse un bibelot, suggestif à quel point !
Un petit poignard en miniature qu'il se-
ra du dernier « passionnel » de dissimu-
ler dans son corsage. Oh ! les nouvelles
mœurs ! Où allons-nous, si nos jalousies
se précautionnent de l'arme vengeres-
se ?. Et puis, après tout, pourquoi pas T
C'est très bien porté l'amour tragique ;
et les jurys sont si indulgents !.
FRISETTE.
CHHONÎQLES DOCUMENTAIRES
LE FEU CENTRAL
Traitant, dan un de ses derniers numé-
ros, de la redoutable éventualité de ré-
puisement, plus ou moins lointain, du
charbon, le Cassier's Magazine, qui est
.un « magazine » excessivement sérieux
en arrivait à examiner la possibilité d'u-
tiliser, aux lieu et place du « diamant
noir »,. l'énergie calorifique du feu cen-
tral.
La thèse est tout ce qu'on peut rêver de
plus simple.
On admet généralement que la Terre,
qui commença, lors des temps antépré-
historiques par n'être qu'une bulle de
gaz incandescents tourbillonnant à tra-
vers les solitudes de l'espace, a fini par
se refroidir, et, en se refroidissant, par
se solidifier. Cependant, son refroidisse-
ment n'est pas encore complètement
achevé. D'où cette conséquence que sa
solidification n'est que superficielle. Au-
dessous de la croûte, faite des scories de
la combustion, montées, comme une
écume, à. la. surface, et dont d'épaisseur
n'est guère, par rapport au volume total,
qu'une minca pellicule, règnent encore
des températures qui vont en croissant
de la périphérie au centre, suffisantes
pour fondre et volatiliser les matériaux
les plus réfractaires. Il y a donc là, sous
noo pieds, comme qui dirait une fournai-
se géante, où bouillonnent tumultueuse-
ment les métaux en fusion et les gaz disr
soeiés, un prodigieux réservoir de chan-
leur, c'est-à-dire d'énergie.
Je sais bien que, là-dessus, tous les
savants ne son!, pas d'accord. J'en pour-
rais citer — et non des moindres — qui
doutent de l'intensité du feu centrait, et
même de son existence. Mais puisque,
malheureusement, il n'a pas été donné
suite) à l'ingénieuse idée de mon ami
Paschal Grousset, qui proposait naguère
de mettre à profit l'Exposition universelle
et la réunion, sur un même point du glo-
be, des représentants de tous les peuples
civilisés, pour y aller voir, au moyen
d'un puits de 1,500 mètres, creusé tout
exprès pour la circonstance, force est
bien de reconnaître que l'opinion des
sceptiques n'a pas prévalu. La croyance
au feu central est devenue une manière
d'article de foi, qui forme un peu partout
la base de l'enseignement géologique.
C'est ainsi qu'on explique les geysers,
tes sources thermales, les éruptions vol-
caniques, voire même les tremblements
de terre, et aussi ce fait étrange que la
température semble s'élever d'un degré
au fur et à mesure qu'on s'enfonce de 32
mètres environ dans l'hypogée.
A ce compte-là, nous aurions chance
de trouver, à 10 kilomètres de profon-
deur, une température de plus de 300
degrés, et si, dans de telles conditions,
nous ne sommes pas rôtis, échaudés,
cuits vifs à l'étuvée, c'est parce que la
croûte terrestre conduit mal la chaleur.
En tous cas, il suffit que la températu-
re d'ébullition de l'eau (100°) soit à notre
portée, à environ trois kilomètres et de-
mi, à peine 1,200 mètres de plus que la
profondeur maxima de certains puits de
mine, pour nourrir de ce chef, sans faire
du paradoxe ni de la chimère, les plus
ambitieuses espérances. Du moment, en
effet, que rien ne se perd et que tout se
métamorphose, du moment que les dif-
férentes formes de l'énergie sont réci-
proquement convertibles et transmuta-
Dles, quand on a de la chaleur à profu-
sion, on a, ipso facto, de la force motri-
ce, c'est-à-dire du travail, de la lumière,
de l'électricité, etc., en veux-tu en voilà.
Il ne faudrait pourtant pas que le ré-'
dacteur du Caissiers's Magazine se vantât
trop haut d'avoir eu l'étrenne de ce gigan-
tesque projet, dont la mise à exécution,
qui finira bien par se faire tôt ou tard,
révolutionnerait la face (et même les en-
trailles) du monde. Voici tantôt trente
ans qu'elle a été exposée, avec un luxe
de détails inouï et la plus capricante fan-
taisie, dans un livre trop peu connu,
quoique (ou parce que) couronné par
l'Académie française, et dont "l'auteur
rappelle le comte Didier de Chousy.
Intitulé : Ignis, ce livre est bien l'une
des choses' les plus falotes et les plus
amusantes à la fois qu'il m'ait été donné
de lire, et jamais ni Jules Verne, ni An-
dré Laurie, ni Robida, ni même l'Anglais
Wells n'ont rien écrit d'aussi extraordi-
naire.
C'est l'histoire d'une Compagnie an-
glaise. (limited), dite « Compagnie du
Feu Central H, fondée au capital d'un
milliard et demi, dans le but :
1° D'établir une communication entre la
surface de la terre et son réservoir de chaleur
interne, au moyen d'un puits de profondeur
appropriée ;
2" De construire une ville modèle, sur des
plans entièrement nouveaux, adaptés à la.
civilisation, également nouvelle, qui prendra
sa source dans le puits géothermal.
3° D'exploiter le monopole que ladite Com-
,pagnie s'est acquis par ses brevets, en pre-
nant l'entreprise des autres puits géother-
maux que d'autres voudront creuser à son
exemple, ainsi que des canalisations, condui-
tes, tubes, tuyaux, tubulure, réservoirs d'ar-
rondissement, citernes cantonales, bacs de
vapeur pour stations de chemins de fer, et
tous autres dépôts de feu centrai qu'on jugera
utile d'établir.
La Société se constitue et se met immé-
diatement à la besogne. Au bout d'un
certain temps, au prix d'efforts surhu-
mains et de fabuleuses dépenses, elle
réussit à forer, dans un coin perdu de
l'Irlande, un puits géant, de 12 kilomè-
tres. de profondeur, sur 45 pieds de dia-
mètre, de façon à atteindre les couches
souterraines où la température constante
n'est déjà pas moindre de 375 degrés. Ce
puits fournit, chaque jour, sous forme
de vapeur et d'air chaud, un million en-
viron de chevaux-vapeur, immédiate-
ment utilisés pour la production et la
distribution de l'éclairage, du chauffage
et de la force motrice, tant et si bien que
la planète se transfigure et que la Com-
pagnie du Feu Central réalise des béné-
fices énormes.
En même temps, autour de l'orifice du
puits géothermal, une ville de rêve,In-
dus triarCity, est éclose, où le bien-être,
le confort, le luxe, la richesse, prennent
un essor invraisemblable, grâce à la
quasi gratuité de l'énergie mise ainsi à
la disposition de tous. La science y rè-
gne en souveraine, avec une toute-puis-
sance, une ubiquité, des raffinements
que nul n'aurait pu prévoir, ni même
imaginer à l'avance. C'est une sorte de
paradis terrestre, mais de paradis indus-
trialisé, machiné comme un décor de fée-
rie, où l'effort du travail, réduit au plus
strict minimum, est abandonné à des ma-
chines intelligentes, à d'impeccables au-
tomates, tandis que les habitants se con-
tentent de jouir paresseusement des
joies de la vie, en exerçant leurs sens et
leur cerveau,
Ga n'est pas seulement l'industrie, au
surplus, qui bénéficie de cet afflux de
chaleur intarissable : c'est aussi l'agri-
culture ; c'est aussi la climatologie.
Canalisés, en effet, comme dans un
drainage, la vapeur et l'air chaud circu-
lent partout, à la façon du sang irriguant
l'organisme, attiédissant le sol, excitant
la sève des plantes, qui se couvrent sans
relâche de fleurs et détruits ; activant les
décompositions organiques, imprégnant
l'atmosphère de buées fécondantes et de
senteurs embaumées. Toute cette cam-
pagne d'Irlande, froide et grise, prend
des airs de serre chaude, d'une serre
chaude en plein air, où de magiques
thermosiphons font passer, dans l'éva-
nouissement du brouillard, un souffle
des tropiques.
Après avoir domestiqué les saisons,
uniformisées en un printemps perpétuel,
il ne restait plus qu'à domestiquer les
climats, en rafraîchissant artificiellement
les pays trop chauds, comme on avait
d'abord réchauffé les pays trop brumeux
ou trop froids. Il s'était, à cet effet, créé
une autre Compagnie, complémentaire
de la première, et non moins lirmited : la
« Compagnie de la Débâcle UniverseHe » :
(General Crack Company h destinée à
organiser systématiquement le bris et la
fonte des banquises du pôle, de façon à
pouvoir en remorquer les débris, sous
la forme de blocs flottants, aux points
de la zone torride où le besoin de « frap-
per » lesesprits et les corps se ferait sen-
tir.
Les bénéfices consistaient :
1° Dans La redevance payée par tes pays
abonnés à la débâche ;
2° Dans la vente de la glace, expédiée ainsi
en vrac, sans frais, pour ainsi dire, par ice-
bergs complets, au fil de l'eau ;
3° Dans le droit de péage sur le passage du
pôle, que cette destruction continue de la ban-
quise devait finir par rendre libre ;
4° (Pour mémoire.) Dans la vente des ours
blancs, surpris par la débâcle, expédiés au
loin avec leur glaçon natal et finalement ven-
due aux marchands de fourrures ou aux en-
trepreneurs de ménageries. -
Malheureusement, un jour vint où les
consommateurs se plaignirent d'avoir re-
çu de la glace sale : le fait est qu'il y
était resté trop d'ours blancs. C'est en
vain qu'une circulaire, tirée à trois mil-
liards d'exemplaires, et répandue dans
le monde entier, s'efforça de leur démon-
trer que, sur cinq cents million^ de kilo-
grammes de glace, 400 ou 500 kilogram-
mes d'ours ne faisaient pas un dix mi-
tlionnième, c'est-à-dire une quantité plus
que négligeable. Les consommateurs ne
voulurent rien savoir, et comme, quel-
ques mois plus tard, les glaces flottan-
tes, mal dirigées, vinrent se fixer sur
l'Angleterre, qui en resta saisie, le vase
des récriminations déborda, et ce fut une
affaire irrémédiablement fichue.
Mais il faut renoncer à analyser ce li-
vre abracadabrant, écrit avec une verve
diabolique, et dont les idées ne sont pas
toutes, en fin de compte, aussi folles et
saugrenues qu'elles en ont l'air, puisque
la principale, celle, précisément, qui sert
de pivot et d'ossature à l'affabulation, est
reprise, aujourd'hui, par un journal
aussi grave que le Cassier's Magazine,
dans un maître article, auquel le Bulletin
des Ingénieurs Civils n'a pas cru devoir
refuser les honneurs de la reproduction
in-extenso.
Brûlons donc, sans scrupule, jusqu'au
dernier morceau, notre provision de
houille. Quand il n'y en aura plus, je ne
dirai pas qu'il y en aura encore, mais il
y aura beaucoup mieux, puisque nous
savons, désormais, où trouver des mil-
lions de calories qui nous ne nous coûte-
ront guère que la peine de nous baisser
— très bas, par exemple — pour les pren-
dre.
A dire d'experts, la question aura sur-
tout de l'intérêt si l'on arrive à transfor-
mer directement la chaleur en électricité
d'une manière économique et pratique,
sans le dispendieux intermédiaire de la
machine à vapeur. Rien de plus logique,
rien de plus exact. Mais si je vous disais
que, si ce problème n'est pas tout à fait
résolu, tout à fait mis au point, il ne s'en
faut plus guère.
Nous en recauserons, si Dieu nous
prête vie, un de ces jours prochains, —
très prochains même, j'espère.
EMILE GAUTIER.
P. S. — J'ai eu tort de « blaguer » les
cigarettes hygiéniques, fabriquées avec
des feuilles de caféier en guise de petun,
qui, suivant la formule consacrée, se
trouvent aujourd'hui « dans toutes les
pharmacies ». Elles se sont vengées.
C'est M. Jacques Barrai, le chimiste
bien connu, qui s'est chargé de leur ven-
geance. Personne, il faut bien le dire,
n'était mieux désigné pour cette mission
que. le fils du savant qui, le premier, dès
1842, donnait la formule chimique de la
nicotine et en dénonçait la toxicité.
Après m'avoir expliqué comme quoi
les cigarettes « de repos » peuvent ren-
dre de grands services, en épargnant
une souffrance inutile aux fumeurs qui,
pour avoir abusé du tabac jusqu'à l'ex-
cès, sont condamnés à la diète, M. Jac-
ques Barrai m'a mis en demeure d'en
goûter moi-même, et le respect de la
vérité m'oblige à reconnaître que ce pro-
duit n'est pas désagréable.
Très coquettement présentées, les ci-
garettes de caféier ont un parfum spé-
cial, auquel on doit s'habituer assez vi-
te. Elles brûlant du reste très bien et
l'on comprend qu'elles puissent tromper
l'appétit des plus passionnés. Mais leur
grand mérite est d'être tout à fait inoffen-
sives, au point que les personnes qui
n'ont jamais fumé, les femmes, les en-
fants eux-mêmes, peuvent en user impu-
nément.
Le problème n'était pas commode à ré-
soudre : il n'est pas surprenant que MM.
Barrai et Brissaut y aient mis deux lon-
gues années, en passant tour à tour en
revue toutes les herbes aromatiques com-
bustibles. Mais, en fin de compte, ils
ont très bien réussi, et il n'est pas éton-
nant que M. Naussac (8, rue Aubriot),
qui a accepté le dépôt des cigarettes hy-
giéniques, ait peine à suffire aux com-
mandes.
E. G.
LENTHÉRIC — Parfum « La Ferla »
Restallrantll Au Châteatibriand'dhSEh
Au dessert, Triple see Colntreau
Carnet Mondain
La maîtresse de maison apporte tous ses soins
à rendre l'intérieur agréable; mais sa sollici-
tude s'attache surtout à la uécoration de la ta-
ble, autour de laquelle se réunissent les amis
intimes ou les simples relations. On fait de si
jolies choses de nos jours! C'est Daphnis et
Chicé, groupe en biscuit de Sèvres, posé sur
une glace imitant la profondeur des lacs, réflé-
chissant les feux des lustres et les fleurs qui
semblent s'y mirer; Psyché, Paul et Virginie,
les Trois Grâces, se jouant à travers les guir-
landes qui serpentent, formées d'azalées assom-
bris par des Parme; puis des roses, des lilas,
des œillets de toutes nuances, des tulipes, iris,
marguerites, sur lesquels les mimosas égrènent
leurs perles ambrées.
La femme révèle son goût à ces détails char-
mants ; elle est, il est vrai, guidée par le fleu-
riste en renom, Augustin, qui a tous les motifs
pour la décoration, 110, boulevard Saint-Ger-
main, place de la Trinité et 66, boulevard
Malesherbes, où les fleun s'épanouissent dans
un perpétuel printemps.
En plein hiver, avoir le printemps, ce n'est
pas banal, et ce miracle est dû au Lait de Ni-
non (Parfumerie Ninon, 31, rue du Quatre-
Septembre), qui met sa fraîcheur sur les vi-
sages.
Et les visages radieux s'illuminent d'un sou-
rire qui découvre les trésors de la bouche : 'les
dents, si susceptibles qu'un rien les fait tomber
en ruine et qu il faut soigner avec la Poudre et
l'Elixir dentifrices des Bénédictins du Mont-
Majella (Senet, adr, 35, rue du Quatre-Sep-
tembre)
Les perles parmi les fleurs, les fleurs parmi
les perles, somptuosités créées pour parer la
femme et réjouir les yeux.
CI88 de Tramar.
C., A. B., D., M. — Oui. C'est la Lotion
Marquis, 77, rue Saint-Lazare, 20 étage, qui fait
repousser les cheveux.
Bordeaux. — A deux heures, 77, rue Saint-
Lazare, 2e étage, mardi. Marquis vous teindra
les cheveux avec l'Eau Végétale.
C'" de T.
M. Paul Deschanel à Lille
LILLE, 19 janvier. — M. Deschanel, prési-
dent de la Chambre, est arrivé à Lille à
11 h. 50. Il a été reçu sur le quai de la gare
par le préfet du Nord, MM.-Roche, président
de la Société des voyageurs, Scrive, conseil-
ler général, et un grand nombre de notabi-
lités. ,
L'Union des Sociétés de secours mutuels
a tenu aujourd'hui, à 3 heures 1/2, à l'Hip-
podrome, une réunion qu'a présidée M. Des-
chanel.
Sur l'estrade on remarquait MM. Bona-
ris, directeur de l'enseignement; Delaune,
Roger, abbé Lemire, députés ; Soulfort, pré-
sident du conseil général ; Faucheur, prési-
dent de la Chambre de commerce ; Lorthiois,
(Dauphin, Tribourdeaux, conseillers géné-
raux ; Margottet, recteur de l'Université.
M. Roche, président de l'Union régionale
des Sociétés de secours mutuels du Nord,
a souhaité la bienvenue à MM. Deschanel et
Barberet au nom des 65,000 mutualistes af-
filiés à l'Union. Il a fait leur éloge et remer-
cié M. Waideck-Rousseau d'avoir bien voulu
déléguer officiellement M. Barberet, chef des
institutions de prévoyance, à cette fête de la
mutualité.
M. Barberet a Iris la parole sur la mutua-
lité maternelle et la mutualité scolaire fon-
dé-e à Paris et qui donne d'excellents résul-
tats.
Il remet à M. Vincent, préfet du Nord. au
nom du Président de la République, une mé-
daille d'or de la mutualité.
M. Vincent, préfet, remercie le gouverne-
ment et promet son concours le plus absolu
aux œuvres de mutualité.
M. Deschanel remet, au nom du ministre
de l'instruction publique, le diplôme d'offi-
cier d'académie à MM. Martin-Paul Foubert,
président de la mutualité fraternelle, et Du-
ponchalle, président de la Société typogra-
phique lilloise.
M. Deschanel prononce alors son discours
qui est fréquemment applaudi et qui soulève
à sa péroraison des applaudissements répé-
tés.
La tuberculose fait, dans le Nord, de nombreu-
ses victimes : il y a, dans le département, au bas
mot, 20 ou 30,000 malades. Le conseil général a
,voté en août da construction d'un sanatorium.
D'autre part, l'éminent docteur Calmette a orga-
nisé un dispensaire antituberculeux à l'Institut
Pasteur de Lille. Ces deux institutions doivent se
compléter l'une l'autre. Le sanatorium s'adresse
aux malades curables, et le nombre des lits est
nécessairement restreint. Le dispensaire a un
rôle différent. Quand ces établissements munici-
paux se seront multipliés, ils seront comme des
filtres qui ne laisseront. arriver au sanatorium
que des malades curables.
Depuis deux mois, l'Institut Pasteur a reçu
plus de 450 malades ; il en assiste couramment
40 ; s'il ne fait pas davantage, c'est que ses re&-
sources sont limitées.
Quand le malade n'a pas de ressources suffi-
santes, le dispensaire lui fournit tout ce dont il
a besoin, nourriture, linge, visites et même lo-
gement. L'enquête est faite, vous savez avec
quelle délicatesse, par un de vos caniamdea, par
un mutualiste.
Il s'agit d'associer les Sociétés de secours mu-
tuels à cette œuvre, et cela non seulement dans
l'intérêt des malades et de l'hygiène publique,
mais dans leur propre intérêt.
En effet, en donnant tau dispensaire, et, plus
tard, au sanatorium, ce qu'elles dépensent ac-
tuellement pour leurs malades, elles allégeront
leur budget ; le dispensaire et le sanatorium
compléteront avec léurs ressources des prix de
journée. Elles y gagneront quand leurs malades
guéris pourront reprendre leur travail ; enfin, le
nombre des malades ira en diminuant.
Lorsqu'un ouvrier, père de lamiile,membred'u-
ne Société de secours mutuels, est atteint de
tuberculose, qu'arrive-t-il ? En général, après un
trimestre, la Société est obligée d'arrêter ses se-
cours. Le malheureux devient donc un indigent,
aussi bien que sa femme et ses enfants. Cette fa-
mille, fatalement, ira au bureau de bienfaisan-
ce, jusqu'à ce que le malade meure à l'hôpital.
Ainsi, pendant plusieurs années, trois organismes
sociaux, qui tendent au même but, auront, en
pure perte, additionné leurs dépenses, dont le
total sera fort élevé. Quand dispensaires et sana-
toria se seront multipliés, on sentira, je l'espère,
la nécessité de combiner leurs effom. 11 fau-
drait que ces institutions ne fussent plus isolées,
séparées 'les unes des autres : fi. faudrait que la
mutualité, les administrations charitables, pas-
sent organiser une police pour découvrir promp-
tement le mal dès la première invasion, et s'unir
pour donner, à frais communs, des soins effica-
ces. L'isolement actuel est stérile et coûteux, l'u-
nion serait économique et féconde.
L'Union des Sociétés de secours mutuels du
Nord s'occupe aussi de la formation d'une Œuvre
pour la protection de l'enfance.
A Lille, sur 100 enfants de un jour à un an, 24
meurent ; ces chiffres effrayants doivent être ré-
duits.
Il y a ici une institution excellente, qui s'ap-
pelle la « Mutualité maternelle » et qui donne
secours et soins aux femmes en couches, primes
aux mères qui nourrissent elles-mêmes, etc. D'où
ce double résultat, que la mortalité infantile di-
minue dans des proportions considérables, et
que la natalité augmente.
La Mutualité maternelle, fondée à Dammarie
(Seine-et-Marne), par M. Félix, aréduKlamortalité
de 6 et augmenté la natalité de 26
Mais comme ces mutualités maternelles ne
peuvent guère se soutenir que grâce à des dons
volontaires ou à la cotisation des membres hono-
raires, puisque les femmes ne s'y affilient que
pendant la période où elles peuvent avoir des en-
ans, il est indispensable que les mutualistes, —
souvent trop imprévoyants pour la santé et la
vie de leurs femmes, et pour la naissance et la
conservation de la vie de leurs enfants, — les affi-
lient, aux Mutualités maternelles. Les assemblées
départementales pourraient encourager par leurs
subventions les Sociétés qui favoriseraient le dé-
veloppement des Mutualités maternelles.
L'orateur traite ensuite de la mutualité sco-
laire, et félicite le corps enseignant des progrès
considérables accomplis dans 'Ja région.
Il espère que l'exemple donné par l'Union de
Lille sera suivi, d'abord dans tout le département
d-u Nord, puis dans les départements voisins, et
que ces Unions départementales associées fonte
ront une Fédération régionale.
Il montre les autres bienfaits, de plus en plus
complexes, que la République peut attendre de ces
groupements de plus en plus vastes..
Par exemple, les Sociétés de secours mutuels
servent déjà à leurs pensionnaires 8 millions
d'arrérages, et la loi nui autonse les Unions
date de trois ans à peine !
Depuis dix ans, la Mutualité n'a pas coûté à
,l'Etal. un million par an. L'Assistance publique,
elle, lui a coûté 260 millions par an. Si la Mu-
tualité avait disposé seulement de la trentième
partie de ces sommes, quel pas aurait été fait
pour le problème des 'retraites.
Mme Loubet à la Villette
Inauguration du dispensaire de la rue
David-d'Angers. — A la mairie du
, dix-neuvième. — Les discours.
Plus de deux mille personnes attendaient,
hier après-midi, place Armand-Carrel, l'ar-
rivée de Mme.Loubet, qui devait venir dans
le quartier présider l'inauguration du dis-
pensaire de la rue David-d'Angers.
Sous le vestibule de la mairie du dix-neu-
vième arrondissement, il y avait également
foule. Là se trouvaient, pour saluer Mme
Loubet à sa descente de voiture, MM. Clovis
Hugues et Charles Bos, députés ; Arthur Ro-
zier et Brard, conseillers municipaux ; Vor-
be, ancien conseiller municipal, président
d'honneur du dispensaire ; son président ef-
fectif, M. Legry ; le colonel Derué ; M. Mos-
nier adjoint ; M. Arnaud, chef de cabinet du
préfet de police; M. Bordes, commissaire
de police du quartier du Pont-de-Flandre ;
les administrateurs de la Caisse des Ecoles,
etc., etc.
En attendant l'arrivée dei Mme Loubet,
M. Legry, le dévoué président du dispensaire
qu'on va inaugurer, me donna fort aimable-
ment quelques renseignements sur l'Œu-
vre, créée difficilement par les associations
républicaines de l'arrondisselmesitj.
Le dispensaire, ouvert seulement depuis
le la janvier dernier, s'élève rue Davld-
d'Angers, — une rue nouvellement percée,
- sur un terrain donné par la Ville de Pa-
ris.
Les bâtiments sont spacieux et clairs. La
propreté la plus méticuleuse règne dans les
salles de consultation, où déjà de nombreux
enfants ont reçu des soins dévoués.
Pour l'instant l'établissement ne comporte
que dix lits ; mais, dans l'avenir, les servi-
ces prendront de l'extension. -
Plusieurs médecins du quartier assistent
chaque jour, de huit heures à midi, aux con-
sultations. Les enfants les plus gravement
atteints sont hospitalisés dans la maison ;
aux autres, on fournit les médicaments, etc.
Mais il est trois heures, et Mine Loubet,
accompagnée de M. Henri Poulet et de Mme
Poulet, arrive à la mairie.
M. Mosnier reçoit Mme Loubet, et, pen-
dant que sur la place on crie : « Vive la Ré-
publique ! Vive Loubet ! » et que la musique
du 31" de ligne, massée au pied de l'escalier
d'honneur de l'édifice communal, attaque la
Marseillaise, le cortège se forme pour se
rendre dans la Salle des Fêtes, où doit avoir
lieu la réception.
Après Mme Loubet arrivent le ministre
de la guerre et Mme André, le ministre de
la marine et Mme de Lanessan, M. Honno-
rat, chef de cabinet du ministre de la ma-
rine, et le lieutenant Violette, officier d'or-
donnance du général André.
Dans la Salle des Fêtes, des fauteuils
avaient été réservés pour les invités. Mme
Loubet s'assied entre Mme de Lanessan et
Mme André. Je reconnais aussi Mme de Sel-
ves, Mme Lépine, Mme Clovis Hugues, Mme
Rozier, Mme Autrand, etc.
Après que la Lyre de BellevUle eut chanté
la Marseillaise, le maire de l'arrondisse-
ment, M. Mathurin Moreau, vint, en termes
émus, souhaiter la bienvenue à Mme Lou-
bet. Puis, s'adressant aux ministres, H les
remercia d'avoir bien voulu assister à l'inau-
guration du dispensaire et leur affirma le dé-
vouement de la population de la Villette aux
idées républicaines.
M. Chartes Bos prononça quelques paroles
et M. Clovis Hugues vint lira de beaux et
généreux Vers qui furent très applaudis
Au nom du ministre de la guerre et en
son nom personnel, M. de Lanessan félicita
les organisateurs du dispensaire ; il montra
la haute portée de leur œuvre qui, d'enfants
débiles, fera des hommes forts et leur don-
na l'assurance que le gouvernement serait
toujours prêt à les seconder.
Le ministre remit ensuite les distinctions
honorifiques suivantes :
Officier d'instruction publique : M. Bon-
cour.
Officiers d'Académie : M. Bordes, com-
missaire de police du quartier du Pont-de-
Flandre : M. Sauvin ; le docteur Millien, M.
Barthaud ; M. Chassan ; M. Moulins.
Chevalier du Mérite agricole : M. Legry
fils.
A cinq heures, Mme Loubet et les minis-
tres quittaient le quartier de la Villette, ac-
clamés sur leur parcours par une foule en-
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Paul Erio.
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Les dispensaires antituberculeux
M. Waldeck-Rousseau à Montmartre.
Une allocution de M. le président
du conseil.
Hier, à deux heures, dans la salle des
fêtes de la mai'rie de Montmartre, une confé-
rence a été prononcée par M. Rouamet, dé-
puté, sur le rôle social des dispensaires anti-
tuberculeux.
M. Waldeck-Rousseau. président du con-
seil des n'unies, avait apporté à M. Roua-
net l'appui de sa haute biiemveiUanca A ses
côtés se trouvaient MM. Brouardel, Adrien
Veber, Siegfried, de Selves, Pugeau.lt, maître
du dix-huitième arrondi salement, Laurent,
Landouzy, Léon Bonnet, directeur du dispen-
saire de la rue Marcadet.
Après lecture des excuses de MM. Brisson
et Decrais par M. Pugeault, M. WaJdeck-
Rousseau prononce l'alD)cutioo suivante,
parmi des applaudissements proLongés :
« Je suis très touché, dit-il, des accueils de
sympathie de l'assistance.
» M. le maire disait tout à l'heure que
Montmartre est un quartier oublié. Il exagé-
rait un peu, car je connais l'énergie .intellect
tuelle de Montmartre, qui est une de» plus *
grandes de la France.
- » Je remercie les organisateurs de La. réu-
nion, qui ont voulu montrer l'importance que
le gouvernement attache à l'œuvre de la tu-
berculose. Lorsque j'instituai la commission
destinée à rechercher les moyens de com-
battre ce mal, je me proposais de chercher
une méthode fondée sur les données de la
science et celles des membres de la commis-
sion.
» Je tiens à apporter mes remerciements à
M. Brouardel pour sa collaboration.
» Des travaux qu'il a accomplie, id résulte
que l'a. tuberculose a pris pied chez nous et
se sème peu à peu, mais que la contagion
est évitable par l'amélioration des conditions
matérielles de l'individu, et guérissable par
la thérapeutique.
» C'eut*ce but que vous voua êtea imposé. »
Dès qu'eurent cessé les bravos, M. Roua.
net a prononcé un long discours sur le rôle
social dee œuvres antitubecruleuses.
M. Bonnet a fait l'historique du dispen-
saire de la rue Marcadet depuis sa fondation,
dont M. le docteur Brouardel a montré les.
progrès.
Enfin, M. WaLdeck-Rouseeau, prenant die
nouveau la parole, a terminé la séance par
ces mots : « Je forme le vœu que cette con-
férence se renouvelle, qu'eUe fasse te tout
de Paris, le tour de la France. Quoique tes
paroles que je vais dire puissent sepnbler bi-r
zarres dans la bouche d'un ministre de l'in.
térieur, il faut faire un peu et même beau-
coup de bruit.
» C'est une œuvne de solidarité humaine.
Poursuivons-la. Nous avons engagé la ba-
taille, nous finirons bien par la gagner. » -
A la sortie de la mairie, une bagarre s'est
produite, au cours de laquelle quatre amesr
tations ont été opérées. Une seule a été inain-
tenue.
MAUX DE TÊTE.
L'ÉMULSION SCOTT
ramena les forces
et Ht cesser les maux de tête.
Très 4 commun, et bien qu'il n'inspire au-
cune pitié, le mal de tête n'en est pas moins •
des- plus douloureux. Les maux de tête ren-
dent la vie insupportable, mais iu peuvent
être guéris et voici comment :
Troyes, 16 septembre 1900.
Messieurs. J'étais depuis longtemps déjà dans
un état d'anémie très prononcé, souffrant de
continuels maux de tête ; mangeant à peine, je
m'affaiblissais de jour en jour. J'eus la chance ce-
pendant de voir une personne amie guérie de la
M"" ROBERT
même affection que la mienne par votre Emut.
sion Scott. Je fis alors immédiatement usage de
votre préparation, et m'en 14licite. car bientôt
je recouvrai l'appétit ; graduellement, les forcée
me revinrent, 3es maux de tête disparurent, et je
suis complètement guérie, grâce à votre bonne
Emulsion Scott. Mme Robert, rue de la Moluie.
La bonne chance de Mme Robert peut sans
difficulté être partagée par ceux affligés des
mêmes malaises qu elle ; ils n'ont pour cela
qu'à se procurer l'Emulsion Scott. Cette dame
et son amie furent guéries non par des imi-
tations ou substitutions, mais par l'Emul-
sion Scott. Lee maux de tête provenant de
l'anémie cèdent toujours à l'Emulsion Scott
et rarement à autre chose. Ne vous exposez
donc pas à avoir encore des maux de tête en
essayant d'autree remèdes. L'Emulsion ScoU
vous guérira.
Ne prenez paa d'huile de foie do morue or-
dinaire, croyant en obtenir les mêmes résul-
tats qu'avec l'Emulsion Scott. Celle-ci, tout.
en conservant les propriétés curatives de
l'huile' de foie de moruç n'en a ni le goût ni
l'odeur désagréable ; de plus, PEmulsion
Scott renferme deux éléments de grande-va-
leur qu'on ne trouve pas dans l'huile de foie
de morue, les hypophosphitea de chaux et de
soude, reconstituants des os et des tissus;
le tout mélangé avec la plus grande perfec-
tion, ce qui fait de l'Emulsion Scott un re-
mède de famille de premier ordre.
L'Emulsion Scott est vendue non en litres,
mais en flacons. Méfiez-vous des imilatjons ;
n'acceptez aucun flacon qui vous senaitpré-
senté et ne porterait pas sur l'enveloppe cou-
leur saumon le marqua de l'homme chargé
d'une grosse morua Echantillon sera expé-
dié, franco, contre O fr. 50 de timbres adres-
ses à Delouche et O., pharmacien, 2, place
Vendôme, Paris.
EN PLEINE MODE
Elle n'a pas de chance, cette pauvre
Mlle Dufrêne ; M. Maurice Bernhardt
lui fait commettre des méfaits qui n'arri-
vent pas à faire frissonner. Ils n'arrivent
qu'à faire sourire. Tout le monde sou-
riait, à cette Nini VAssommeur. Mon con-
frère M. Gaston Leroux, qui, 'lui, ne
sait pas sourire, riait aux éclats. Ce n'est
peut-être pas tout à fait de ton dans cer-
taines maisons, mais tant pis, il faut
que ça parte ! Avez-vous remarqué, vn
parlant de sourire, les dents de Mita
Germaine Réjane ? Oh ! les jolies dents ;
elles vous ont une petite pointe de cruau-
té candide qui promet pour plus tard.
Le crime le plus grand que M. Bernhardt
impose à Mlle Dufrêne, c'est surtout
d'assommer le public qui ne lui a rieil
fait.Alors, pour réagir, comme beaucoup
d'autres, Frisette a regardé dans la salle.
D'abord, à côté des dents de Mlle Ger-
maine Réjane, il y avait la main de sa
maman ; une main menue, amoureuse
et souple de comédienne, gantée de
blanc, négligemment appuyée sur le re-
bord de la loge — comme par hasard.
Mais tout un monde dans ce hasard 1
Rien que dans cette pose, à peine étu-
diée, Réjane montrait sa coquetterie,
lançait une idée, affirmait la solution
d'un des plus graves problèmes : Le pro-
blème des gants et des bagues. En effet,
avec la mode de porter des bagues à
tous les doigts, ri'en de moins pratiqua
que le gant. On ne peut pas s'en passer
et ça devient extrêmement gênant à met-
tre et à retirer, sans compter que c'est là
un excellent moyen de perdre ses bijoux.
Réjane a trouvé mieux : elle passe har-
diment ses bagues par-des'su's le gant.
C'est une" solution qui ne manque ni de
charme ni d'imprévu. Seulement, ce
n'est pas la bonne. Avez-vous réfléchi
au supplice d'ôter ses bagues chaque
fois qu'on veut se ganter ou se déganter,
et de les remettre ainsi ? Ça doit êtrvî
tout simplement énervant. Avec nos
neurasthénies, il y a de quoi piquer une
crise. Le mieux, à mon -avis, c'est de re-
venir à la si jolie mitaine du dix-huitiè-
me, qui mettait une caresse de plus aux
mains des duchesses. Aussi on y re-
vient. La mode, qui sait si bien s'inspi-
rer des préciosités de la gracieuse épo-
que., nous devait bien ça. Les nouvelles
mitaines pour le soir sont en dentelle,
vraie ou imitation. Elles ont toutes le
mérite de la nouveauté — et de la nou-
veauté originale — en même temps qu'un
charmant cachet de finesse et de di's-
tinction. Les mains se « physionomi-
sent » là-dedans d'un air de mystère eti
d'enveloppement tout à fait délicieux.
Leur matité se voile d'une adorable dis-
crétion, tandis que l'éclat des pierreries
se joue en scintillement sous ila trans-
parence de la mitaine.
Puisque, grâce aux mitaines, j'en suis
sur les choses de soirée, deux toilettes
de circonstance. Elles sont reproduites
dans lte double croquis du milieu ; elles
le seront aussi, j imagine, par les ferven-
tes du flirt en tour de valse, chez les
amis. L'une est en mousseline de soie
vert nil ; à plis toute, avec une double
tunique incrustée de guipure d'Irlande.
Très nche. De la guipure d'Irlande en-
core en berthe au corsage, avec un
nœud de chantilly Ceinture draper et
coller de perler. L'autre en mousseline
de soie, blanche, cette fois, et plissée
aussi. C'est frais et vaporeux comme un
zéphyr ; d'autant plus qu'il y a, au bas
de la jupe, une garniture de guirlandes
de roses, dessinant un mouvement, d'on-
dulations d'une jolie réminiscence des
plus blanches heures de la vie — depuis
combien dissipées, hélas 1 — Le corsage
drapé de dentelles, avec encore des ro-
ses en franges. Toujours de la dentelle,
en bordure, aux manches qui sont bouil-
lonnées..
Pour la ville, gentil et sans prétention,
cet autre coutume — le premier dessin
— en drap rouge. Le rouge, vous Le sa-
vez, est une couleur très seyante et tou-
jours recherchée. La jupe est cerclée de
bandes de velours de la même nuance.
La jaquette est à basque longue formant
comme une double jupe ; à la taille, elle
s'enserre par une ceinture de velours.
Croisée sous un col de zibeline. Celles
qui aiment le chic dans la simplicité ont
là un modèle tout indiqué, avantageux
à la silhouette. La capeline en feutre
bois — autre nuance en vogue - toute
fanfreluchée de plumes.
Le moment du gui est passé ; du
moins Je moment où on l'apprécie bien,
quand, à passer dessous, les amoureux
y gagnent le baiser cher. Cependant
en le retrouvant sur le délicieux chapeau
que vous voyez là, on ne peut s'empê-
cher de s'y attarder. Aimablement porté,
ce chapeau, et sur une si adorable tête
blonde — celle de miss L. — que rien
qu'à cause de ça il est à citer. Imaginez-
vous une forme toque faite d'un nuage
de tulle blanc ; en garniture un couron-
nement de gui avec ses feuilles si joli-
ment découpées et si décoratives. Oh I
Je charma du frais, du rayonnant-visa-
ge dans la pénombre de ce nuage et du
menton blotti parmi renfrissonnant fouili.
lis d'un boa de plumes..
Je ne voudrais pas insister outre mo-
sure sur Nini r Assommeitr ; .il faut sa-
voir respecter les grandes infortunes,
et cette pièce en est une. Mais elle aura
eu quand même son utilité. Elle nous
laisse un bibelot, suggestif à quel point !
Un petit poignard en miniature qu'il se-
ra du dernier « passionnel » de dissimu-
ler dans son corsage. Oh ! les nouvelles
mœurs ! Où allons-nous, si nos jalousies
se précautionnent de l'arme vengeres-
se ?. Et puis, après tout, pourquoi pas T
C'est très bien porté l'amour tragique ;
et les jurys sont si indulgents !.
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