Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-08-26
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 août 1907 26 août 1907
Description : 1907/08/26 (A16,N5443). 1907/08/26 (A16,N5443).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76254181
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/11/2014
SEIZIEME ANNn. — N* 5448
HUIT PAGES — Le Numéro quotidien (Paris et Départements) --- CINQ CENTIMES
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1 LUNDI 28 AOUT !9Ô7\ *.
1 S*
'l" , , FERNAND XAU, Fondateur
>: RÉDACTION Er ADMINISTRATION : iOO RUE, RICHELIEU, PARIS FERNAND YA.U. Fon*teur
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! Prix des Abonnements
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Un as Sbrœcir Trob"
i 20. b 1050 5,50
Ï}ÉTARTEWEKTS ET ALGÉM. 24. » 12, » 6, »
^TBAMGER (UNION POSTALE) * 48. » 10. !• »J/
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ftïiciws*». 102-96 f RÉDACTION » 103*f0
ADHIÏWSTRATIOH.,,. 101-95
CHEZ LA GRANGE, CERF ZlC*
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et aux bureaux du JOURNAL ::c..
Âdreiser Us mandats-poste r .,.tn!.ttHtOd
idrssa tâégraphîqro 1 JOURNAL - RICHELIEU « FAM -
Les manuscrits non insérés ne sont pas rentrtià
les Partis :
\,' Socialistes
A la question que posait la dernièrr
phrase de mon dernier article : « L(
parti radical-socialiste restera-fc-il radical
éu. deviendra-t-il socialiste? », la ré-
, pense ne s'est pas fait attendre. Les so-
cialiste^, à Nancy, ont donné' congé à
leurs amis de la veille : ils leur oilt in-
terdit - la communion sous toutes lef-
espaces. Les radicaux resteront radi-
caux, tout bonnement. Et il devait en
ttre ainsi : car, quelles que soient les
combinaisons,1 les concessions, les né-
cessités électorales, il est un fait incon-
testable et qui s'est affirmé par l'exer-
dce" du pouvoir : le parti radical est un
pairti bourgeois. Parmi ses membres, en
étèt-il un seul qui aiderait M. Hervé à
planter lé drapeau on sait où ? Est-il un
seul d'entre eux qui subirait la loi de la
Confédération du Travail ? Non. C'est,
au contraire, leur chef le plus illustre
pt le plus autorisé qui a pris l'initiative
ces- poursuites et des arrestations con-
tre les membres actifs d"u fameux grou-
pement. Il est deux conceptions éminem-
ment « bourgeoises » auxquelles les
34Bis du gouvernement, sous peine de
petiîer leur vie et leur raison d'être, res-
teront attachés : la propriété individuelle
fit la patrie.
Le parti radical devient donc, un peu
jiialgré lui peut-être, mais fatalement, le
défenseur patenté de la société à laquelle
il appartient : il est la pointe de la lance
v- par où le fer blesse—et il assume,
avec les joies et les honneurs, les res-
ponsabilités et les haines.
Sa force ne s'en trouve pas diminuée,
$u contraire. Sa solide organisation élec-
torale en profitera pour recevoir et en-
cadrer des apports nouveaux et, malgré
les rancunes qu'ont amassées contre lui
loesprenliers actes de sa gestion, la société
bourgeoise s'attachera peut-être à cette
ancre du salut. Ainsi se réaliserait le
tnot détà. cité de notre parlementaire :
tf S'il n y a plus à faire que de la réac-
tion, le parti radical s'en charge ! D
L'excommunicateur, c'est-à-dire le
parti1 socialiste, a-t-il gagné, par contre,
à cette condamnation et à cette sépara-
tion ? Il a coupé à droite, par crainte
d'être coupé à gauche. Mais sa gauche
ne lui tiendra nul compte de ses sévéri-
tés à droite. Il s'est diminué, dans tous
tes sens du mot, par des exclusions qui
(t'ont amené, d'autre part. aucune acces-
sion. Doublement battu, il se réduit, de
plus en -plus, à l'état de parti squMette.
Les foules,
- h peina ao bont-elles approchées de lui
qu'elles,s'éloignent. - j
,Dans notre pays de lumière, un pro-
gramme politique ou social doit, avant
tout, être clair et être simple. Souvenez-
vous de la belle page de Ruskin sur le
trait distinctif de la race si bien nom-
mée franque, — la franchise : « Tout ce
que nous reconnaissons de beauté, de
délicatesse et de proportions dans les
manières, le langage ou l'architecture
des Français, vient d'une pure sincérité
de leur nature. » Cette sincérité veut la
lumière : quand elle devine une ombre
Quelque part, elle s'y porte, elle fonce,
si j'ose dire, jusqu'à ce que le doute se
résolve en clarté, au prix! même des plus
pénibles sacrifices. « Jamais peuple ne
fut si vainement loyal. »
■ Or, le programme dit socialiste doit à
ses origines étrangères d'être irrémédia-
blement composite et obscur. Si vous
voulez apprécier la différence des deux
procédés intellectuels, lisez les discours
prononcés par les socialistes français et
par les socialistes allemands à Stuttgard.
Les interprètes peuvent se fatiguer à tra-
duire les mots : les hommes ne se com-
prennent pas.
N'ayant aucun parti pris d'école ni de
caste, ne demandant qu'à m'instruire en
tenant compte des faits, je crois pouvoir
dire que nous n'avons jamais obtenu, en
France, une formule précise de la pen-
sée socialiste. Ce serait la diminuer par
un procédé permis.à la seule polémique,
que de la borner ,au programme
te oolleetiviste ». Le socialisme de nos
Français ne s'est, qu'exceptionnellement,
restreint à cette mesure. Ils sont peu
nombreux ceux qui rêvent de la société
future sous la forme d'une sorte de cou-
vent où toutes les heures de l'homme,
son travail, ses bénéfices, son repos, ses
plaisirs seraient réglés à la montre des
« commissions de statistique ». il y a
beau jour que, même les apôtres de la
Révolution et de l'universel chambarde-
ment," se sont insurgés contre les pro-
messes de ce paradis retrouvé qui res-
semblerait à un enfer. Faire, de la so-
ciété, une mécanique aux ordres de quel-
ques fonctionnaires, seuls sacrés purs et
incorruptibles, voilà ce a quoi aucun de
ries hommes libres dûment renseigné
n'a voulu consentir : « En agitant devant
Tiihagination des travailleurs le spectre
bourgeois, on veut les habituer à n'être
qu'une masse aveugle, inconsciente,' re-
cevant le mot d'ordre de certaines têtes
de colonnes - on voudrait les habituer à
n'agir que d après une impulsion don-
née par un centre directeur, sans per-
mettre la moindre initiative person-
nelle. Nous devons combattre de tou-
tes nos forces une pareille dictature,
*#nt fois plus terrible, dans ses effets que
toutes celles qui ont pu exister jusque
présent. H Ce n'est pas Paul Leroy-
tîeauliëu qui a signé ce réquisitoire con-
tre le collectivisme, c'est Jean Grave.
Et sans insister, maintenant, sur les
connus profonds et lointains que ces
contradictions révèlent, il suffit pour
donner, du socialisme français, une idée
aussi exacte que possible, de constater
d'abord qu'il réunit tous ceux qui aspi-
rent à régler les conflits de la production
par T'intervention dominante de l'Etat.
Le socialisme est un étatisme renforcé.
tEtat étant constitué l'arbitre infaillible
des concurrences individuelles.
Le socialisme suppose donc une étroite
union entre la Politique et l'Economi-
une action constant de i'.une SUE i
l'autre. C'est" pourquoi nos socialistes
sont conséquente quand ils songent à
s'emparer diif pouvoir ; ceux-là sont en-
core conséquents qui luttent pour main-
tenir les patries : sans patrie pas d'E-
tat; et ceux-là enfin sont logiques qui.
comme Jules Guesde, se déclarent les
td^rsaircs de l'internationalisme ab-
solu. L'internationalisme, en ; effet, par
son extension même, disperse les for-
ces, noie les groupes actifs dans la masse
amorphe de l'humanité, détruit, en un
mot, toute organisation. Or, nos socia-
listes, du moins nos socialistes doctri-
naires, soni des organisateurs à outran-
ce. Ils sculptent dans la chaire sociale
et veulent refaire le monde selon leur
inspiration'et leur loi, au risque de ne
créer qu'un automate sans souplesse et
sans vie. Ce sont des philosophes, pro-
bablement des utopistes, en tous cas des
logiciens..,
Mais leur force fait leur faiblesse. Si
large qu'on la suppose, une école n'est
pas un parti. Des socialistes vrais, des
socialistes loyaux, instruits, conscients,
ayant accepté l'idée de la patrie, puis-
qu'ils réclament la nationalisation du
travail (ce qui suppose la nation), ils
sont cent mille, deux cent mille, si vous
voulez : en fait, ils ne comptent pas.
Commodes à exhiber dans les Congrès,
excellents rédacteurs d'ordres du jour
et d'affiches, on,les emploie, on les met
en vedette, on les encense, on les em-
baume : mais on les remise. Pontifes
toujours honorés et toujours, battus, dès
que leur système apparaît, les adeptes
se défilent. Bonnets a poil de la cause,
vieille garde couverte de chevrons, ils
feraient, dans la déroute, le dernier
carré, celui qlW, ne se rend pas. Mais ils
no sont pas l'armée, ils ne forment même
pas les cadres. Le socialisme français est
autre chose, et voilà ce qu'il faut expli-
quer maintenant.
Le socialisme français s'est recruté en
faisant appel à un double sentiment na-
turel aux masses nombreuses et pau-
vres de la population : celui du mécon-
tentement tenant à leur gêne endémi-
que, et celui de la difficulté qu'elles
éprouvent à améliorer leur sort à leur
gré par le gouvernement des partis.
C'est à ce point de vue qu'un des leurs,
M. Hubert Lagardelle, donne du socia-
lisme cette autre définition : « L'organi-
sation de la révolte ouvrière contre une
société divisée en maîtres et esclaves. »
Ajoutons que, profitant de ce mal-
être et de cette déception, les chefs par-
lementaires ont engagé leurs troupes
dans la plupart des batailles politiques
qui se sont livrée^ en ces dernières an-
nées. Le gain social a été à peu près
nul ; mais l'armée a pris du corps, de
l'entrain, de la confiance par la lutte
même, par le bruit, les chants de vic-
toire et finaiemen tr pttr le butin, c'est-à-
dire les places qui lui furent attribuées
dans la plupart des combinaisons minis-
térielles. De là des exigences de plus en
plus pressantes. Il semblait que la prin-
cipale espérance des socialistes se réali-
sait et qu'on touchait au pouvoir.
Mais, par l'élargissement de son ac-
tion et par ses premières et assez illu-
soires conquêtes, le socialiéme parle.
mentaire, qui avait pris la tête du mou-
vement, devait trouver sa limite avant
d'avoir rempli sa carrière. En présence
des retards inévitables et des obstacles
presque insurmontables auxquels il se
heurtait et que l'action directe entend
surmonter par la, violence, un double
blâme lui fut adressé par des surveil-
lants jaloux qui étaient naturellement
ses plus intimes amis ; les uns lui re-
prochèrent de s'embourgeoiser, et les
autres lui reprochèrent de déserter, pour
de vaines satisfactions, la véritable et
unique mission du parti, la révolution
économique et sociale.
Deux courants nouveaux se manifes-
tèrent, dès lors, dans les rangs du parti
et, en le disloquant, réduisirent le socia-
lisme parlementaire à l'état de minceur
squelettique où il est à présent. D'une
part, une pierre retentissante fut jetée
dans son bourgeoisisme supposé, et ce
fut l'hervéisme. L'hervéisme a mis tout
le monde dans l'embarras ; on eût voulu
le supprimer d'un geste, ou l'ensevelir
sous les phrases fleuries ; mais il ne
s'est pas Jaissé faire. Accepté ou subi, il
s'est imposé. Or, l'hervéisme, c'est la
coupure avec les radicaux, c'est la cou-
pure avec les collectivistes, c'est la cou-
pure avec les groupements étrangers ;
c'est, en outre, pour plus d'unf une
contradiction avec soi-même, avec sa
propre pensée, et avec les sentiments de
l'immense majorité du pays; c'est un
impedimentum pour la propagande et
peut-être une lourde responsabilité de-
vant l'histoire. Non, ce n'est pas une
force.
On plaide les circonstances atténuan-
tes : l'hervéisme est une exagération, un
paradoxe de professeur, une passe d'ar-
mes pour intimider l'adversaire, tout au
plus un coup de Jarnac dans les duels
intérieurs du parti. Fort bien 1 Mais
voici qui n'est plus une plaisanterie, si
pénible soit-elle. Une autre opposition
s'est levée. Le syndicalisme a enrôlé ses
recrue;s': dans la partie la plus jeune et
la plus ardente des masses ouvrières.
La Confédération générale du Travail a
mené le train et, même si on discute
son autorité, on ne peut nier son action.
Elle se réclame de principes qui méri-
tent d'être pris au sérieux et que nous
examinerons, à leur tour. En tout cas,
elle nie l'autorité des maîtres acclamés.
Elle veut bien entrer dans .le lit du so-
cialisme; mais elle a de grandes dents,
« et c'est pour mieux te manger, mon
enfant -1 » -
, Ainsi, forcé de rompre avec le radica-
lisme, incliné devant l'hervéisme, inti-
midé; par le syndicalisme, notre vieux
socialisme est un croquemitaine vidé
qtii ne fait plus peur aux bourgeois.
Il paraît de plus en plus évident que le
socialisme politique, en tant que parti
parlementaire, faute de clarté, faute de
logique et faute de discipline - malgré
le mérite individuel des hommes qui
font eriçore figure — est mort avant de
naître et que ce n'est pas à lui non plus
qu'appartient l'avenir.
JGABWBL HANOTAux.
v
v
LE Il JOURNAL" A CASABLANCA
Escarmouches -
et Guérillas
Des luttes intestines divisent les tribus qui
n'attaquent plus. — L'attitude de Moulai
Hafid reste énigmatique.
CASABLANCA. 24 août. (Par dépêche de
notre envoyé spécial, transmise de Tan-
ger le 25.) — L'effort des tribus campées
devant nos positions semble brisé. De
nombreux symptômes, et aussi les ré-
cits de nos émissaires et des transfuges
échappés du camp maure, prouvent qu'il
y a parmi les assaillants des rivalités.
des dissentiments qui aboutissent par-
fois à des conflits sanglants. En outre.
tout tend à démontrer que nos ennemis
n'ont plus que peu de munitions, car ils
tirent avec une parcimonie symptoma-
tiqua. Désormais, pendant le jour, nos
reconnaissances peuvent rayonner au
tour de la ville presque sans coup férir
eL s'arrêter à huit kilomètres d'elle. Mais
le général Drude est loin d'avoir, assez
de troupes ppur occuper le cercle des
collines qui» entourent Casablanca,, et,
dès que la nuit tombe, nos reconnais-
sances rentrent dans le camp. C'est alors
que les cavaliers araires reprennent t^dt^-,
leur audace. Dès que l'ombre est venue,
ils réapparaissent sur la plage, ou bien
dans les parages qui entourent la ville ;
parfois même, ils parviennent à péné-
trer dans Casablanca à la faveur de com-
plicités mystérieuses.
Le 23, après-midi, une forte reconnais-
sance de cavalerie et d'infanterie s'étant
avancée vers l'Est, nous vîmes surgir un
parti d'environ cent cavaliers sur les-
quels la Gloire envoya une quinzaine
d'obus à une portée d'environ neuf kilo-
mètres. L'ennemi se dispersa sans avoir
pu attaquer notre reconnaissance.
Ainsi, il est bien possible que la série
de petites escarmouches qui se sont dé-
roulées autour de Casablanca depuis le
bombardement toucha à son terme. Il
semble, d'ailleurs, qire le chiffre des as-
saillants qui entourent Casablanca ait été
considérablement exagéré., On se de-
mande s'il y en a jamais eu plus de trois
ou quatre mille agissant à la fois. Des
officiers m'ont assuré n'en avoir jamais
découvert plus de cinq cents coopérant
à une même action. Il est évident que
si la colonne du général Drude pouvait
surprendre le camp des Maures, elle l'a-
néantirait aisément ; mais la mobilité de
ces adversaires-'feH
demies surprendre. Incapables de com-
battre dans une bataille rangée,, ils sont
insaisissables, énervants dans la gué-
rilla.
La tâche du gênerai uruae n est pOInt
aisée, car il ne saurait songer à s'éloi-
gner de sa base avant d'avoir reçu d'im-
portants renforts. Drincipalement de ca-
valerie.
En tous cas, ce qu'il faut louer sans
réserves, c'est le magnifique entrain de
nos officiers et de nos troupes, c'est l'é-
mulation amicale qui règne entre nos
forces de terre et de mer, c'est l'entente
admirable qui existe entre le général
Drude, l'amiral Philibert et notre sagace
consul M. Malpertuy.
Certes, il y aurait bien de petites cri-
tiques à formuler. Par exemple, si les
rebelles marocains pouvaient être consi-
dérés comme des adversaires sérieux, on
devrait alors déplorer que nos soldats
d'Algérie marchent au combat vêtus de
tenues blanches qui les rendent excessi-
vement visibles dans les terres rouge
brique de la côte marocaine. Si nous
avions devant nous une infanterie disci-
plinée, exercée, nous éprouverions de
lourdes pertes à cause de cela. Il est heu-
reux que les Marocains soient ce qu'ils
sont. Mais cette remarque incidente ne
m'empêche pas d'admirer l'organisation
de l'expédition considérée dans son en-
semble. Je réserve pour plus tard les ar-
ticles approfondis, les dissertations, com-
me la reconstitution des scènes si colo-
rées, si pittoresques que nous avons à
chaque instant sous les. yeux. Dans ces
premiers télégrammes, très hâtifs et très
sommaires, je cherche à donner à nos
lecteurs une idée approximative de la
situation telle qu'on croit la voir à l'ins-
tant où j'écris.
Somme toute, il me semble qu'elle, n'a
rien de particulièrement alarmantALa
seule inquiétude sérieuse est causée par
l'incertitude où l'on est au sujet de l'atti-
tude qu'adoptera Moulai Hafld, procla-
mé sultan à Marrakech. Il a passé jus.
qu'ici pour un ami de la France ; mais
la pression de son entourage, les exigen-
ces des grands caïds et Jes nécessités
de l'heure présente pourraient néan-
moins l'amener à proclamer Ja guerre
sainte ; auquel cas il serait capable, dit-
on, de réunir contre nous jusqu'à vingt
mille cavaliers. Mais il n'y a point lieu
de s'alarmer exagérément de menaces
dont un avenir prochain démontrera
peut-être l'inanité. Impossible, actuelle-
ment, de rien prédire.
LUDOVIC NAUDEAU.
Le trésor du sultan Abd el Aziz est à sec.
L'anxiété la plus grande règne à
cour de Fez.
TANGER, 25 août. (Par dépêche de notre
rorrespondant particulier.) — .Des lettres
reçues ici donnent à penser que Moulai Ha-
fid n'a accepté le titre de sultan que pour
calmar l'effervescence populaire et, par un
artifleb, maintenir l'ordre parmi les tribus
du Sud. Les détails donnés sur sa procla-
mation sont les suivants :
C'est bien le 16 août qu'elle s'est accom-
plie.
Il était environ midi, et Moulai Hafid ve-
nait d'achever ses prières quand les repré-
sentants de toutes les tribus du Maroc mé-
ridional. ayant à leur tête le grand chérif
El Madani, l'acclamèrent spontanément.
Moulai Hafld déclina d'abord l'honneur
qu'on lui faisait, mais, à la fin, il se vit
contraint de l'accepter.
Tous les gouverneurs de la province de
Marrakech, sauf les pachas d'Abda et de
Doukala, l'ont reconnu comme sultan
Il a donné l'ordre qu'on le proclamât pu-
bliquement sultan à Mazagan.
Si ces informations étaient exactes, Mou-
lai Hafid devrait, après avoir combattu les
troupes d'Ahd el AZIZ. aller se faire couron-
ner dans la grande mosquée de Moulaï
Driss, à Fez.
TI est certain que l'émotion causée par
cette proclamation autour du sultan, à Fez,
est considérable. Aussitôt qu'elle a été con-
nue, El Guebbas, Mohammed Torrès et
toutes les hautes autorités locales ont
adressé une lettre au sultan pour lui dire
toute la tristesse qu'ils éprouvaient à l'an-
rioùce de ce qu'ils considèrent comme une
usurpation, et l'assurer de leurs sentiments
de parfaite fidélité et d'entière soumission.
On.dit cependant que le maghzen de Fez
est dans le plus grand dénuement. Il lui se-
rait impossible de payer la solde aux trou-
pes de Tanger et aux garnisons de la côte.
Cette pénurie du Trésor chérifien vient
compliquer encore une situation déjà fort
critique pour le sultan Abd el Aziz. Déjà-,-,
des révoltes partielles se sont manifestées.
Une certaine surexcitation des esprits avait
été signalée, ces jours derniers, parmi les
soldats du Tabor, ceux du caïd Taleb el
Médiouni et la garnison de Tanger. Par me-
sure de précaution, et pour écarter tout
danger de rébellion ouverte, El Guebbas,
ministre de la guerre, a ordonné d'expédier
sans délai une bonne fraction de ces trou-
pes assez loin de la ville, à Aïn-Dalia, où
pUes attendront des instructions nouvelles.
CONCOURS DU «POUCE»
DISTRIBUTION DES PRIS
"Bn r
La Distribution des prix par série
'- commence aujourd'hui
Ainsi que nous l'annoncions hier, et pour
éviter toute attente aux gagnants qui habi-
tent Paris et le département de la Seine,
lors de la délivrance de leurs prix dans nos
bureaux, nous avons décidé de scinder cette
opération de la façon suivante :
Aujourd'hui, pour les gagnants des 2* et
3" catégories.
Mardi 27 août, pour les gagnants des 4% 5*
et 6" catégories.
Mercredi 28 août, pour les gagnants de la
78 catégorie.
Jeudi 29 août, pour les gagnants de la 8e
catégorie.
N. B. - Les prix seront remis aux ga-
gnants de dix heures du matin à sept heu-
res du soir, mais seulement sur produc-
tion de pièces d'identité.
ÉCHOS
L
- '■ -- -t. - -.: ..<. a
teopold II, roi des Belges, arrivera ce
matin à la gare du quai d'Orsay par le
train de 7 h. 35, venant de Brétigny.
- Il traversera Paris et ira à Ma gare du
Nord où, à 8 h. 15, il prendra le train pour
se rendre directement à Bruxelles.
G
eorges Ier, roi de Grèce, est attendu au-
jourcEhui à l'hôtel Bristol. -
Le rai arrivera ce soir par le train de six
heures et demie, à la gare de Cyon. Il vient
d'Aix-les-Bains.
0
n sait que l'administration des postes
britanniques a créé les mandats-poste
de 6 pence (60 centimes). Le succès obtenif
p^r cette innovation est tel que les bureaux
de Londres manquent d'imprimés. Ceci n'a
rien d'étonnant, lorsqu'on considère que
1,177,000 de res mandats ont été vendus le
mois dernier.
p
lusieurs millions de francs sont à la dis-
position de l'expert Dusausoy, 4, boule-
vard des Italiens, qui acheté très cher tout ce
qu'on lui soumet en beaux bijoux et belles
pierres. Grand choix d'occasions.
JOINVILLE.
Carnet d'un Sauvage
Nous n'en finirons pas avec les n Apa-
ches ». Ce sont gens qui aiment décidément
trop à ce qu'on parle d'eux. On se peut
s'expliquer autrement que par un amour
immodéré de la publicité les assassinats
absolument désintéressés qu'ils commettent
à tout propos, et surtout hors de propos.
Que dire, par exemple, de cette bande qui
entoure deux honnêtes passants,. les fait
danser de force et les poignarde ensuite,
sans leur prendre la moindre des choses ?
C'est de l'art pour l'art. Ces épris de la
gloire sont, comme d'ordinaire, de tout
jeunes gens. Ils avaient bu, en outre, co-
pieusement, ce qui leur faisait voir la vie
en rose ou, pour mieux dire, en rouge.
J'estime qu'ils ont tort de se donner:
tant de plaisir. La société bénévole finira
tout de même par se fâcher ; et comme,
lorsqu'on est fâché, on va souvent aux ex-
trêmes, elle prendra des mesures excessi-
ves. Les philosophes les plus doux com-
mencent à s'exaspérer et à trouver plus que
désagréable de ne pas pouvoir quitter le
foyer conjugal pour se rendre à la brasse-
rie, sans risquer d'être chourinés en tra-
versant la rue.
Nous traversons, à coup sûr, une époque
très curieuse. C'est, comme je le disais
l'autre jour,-l'époque des crimes sans mo-
tif. De crimes et d'assassinats, il y en a
toujours eu : et ce n'est pas en cela qu'est
notre originalité. Mais, tandis qu'autrefois
on avait, pour jouer du couteau, une raison
valable, qui était le désir de se procurer de
l'argent, aujourd'hui, on tue pour tuer. Les
nouvelles couches vous abattent tout com-
me si vous*ët»2 une poupéo dans une fête.
C'est un exercice salutaire, une récréation,
un sport. Il y a des gens qui se maintien-
nent en bon état en faisant, tous les ma-
tins, une petite promenade hygiénique. Les
adolescents dont nous parlons assassinent
pour entretenir l'élasticité de leurs mus-
cles..
Ils en conviennent, d'ailleurs, dans leurs
interrogatoires, lorsque par hasard on Icj?
arrête ; car un juge me contait que-l'un
d'eux lui avait répondu :
— Qu'est-ce que vous voulez, monsieur
le juge ? Mettez-vous à ma place. Il y avai~
quinze jours que je ne faisais rien. Je com-
mencais à m'embêter. t
Henry MareW
ENCORE UNE CATASTROPHE DE CHEMIN DE FER i
L'Express Bordeaux-Paris
tamponné à Goutras
, d
.JL^ MORTS - BLESSÉS ,
'4*
Le mauvais fonctionnement d'une aiguille a - causé
- 7 dans la nuit le formidable choc où tant de, .-.
victimes ont été broyées. — M. Barthou ,: r
est parti dans la journée pour Coutras
A LA GARE D'ORSAY
La foule, anxieuse, assiste à Vïvacualicn des
blessés, par le service d'ambulances automo-
biles. — En haut, à,droite, le « rescapé o Standr-
chcr, qui,■ le premier rentré à Paris, nous a fait
un émouvant récit de la catastrophe.
, BORDEAUX, 25 août.. (Par dépêche de notre
correspondant particulier.) — Les catastro-
phes succèdent aux catastrophes, et jamais
on n'a eu à signaler en aussi peu de temps un
si grand nombre d'accidents de chemin de
fer. C'était, il y a trois semaines exacte-
ment, sur. -la ligne de l'Etat, LUI train qui
tombait dans la Loire, aux Ponts-de-Cé ;
c'est, aujourd'hui, sur la ligne d'Orléans,
non loin d'Angoulême, un express qui tam-
.ponnt' on Jjaiat» «te rmardiaridises, él qui
lait de très nombreuses victimes.
Voiei exactement éans quelles eortmtions
la nouvelle catastrophe s'est produite :
Le train express Bordeaux-Paris, numé-
ro 624, quijpart de la gare de la Bastide à
10 heures la, a pris, pour une cause..encore
inconnue, à 600 mètres avant la gare de
Coutras, une voie réservée aux trains de
marchanidises, et s'est écrasé sur un train
da marchandises en manoeuvre.
LE CHOC
pe-ciifoc fut effrayant L'express 624, com-
prenant treize voitures, les fourgons de
tête, un wagon des messageries,, quatre voi-
tures de voyageurs, dont deux - de premiè-
.res, une de seconde et une de troisième. De
cela, il ne reste rien ou presque rien. Les
voitures se- sont télescopées, écrasées, et
les décombres sont renversés sur les deux
voies des grandes lignes et sur les voies,
des trains de marchandises.
Ce train contenait 150-voyageurs. Ils fu-
rent ensevelis sous les décombres, et ce fut
dans la nuit — il était exactement 11 heures
5 — une scène horrible : un bruit épouvan-
table, des lumières montant les unes sur les
autres, puis un moment de silence et alors
des cris, des hurlements, des plaintes .déses-
pérées. ;
Les employés de la gare de Coutras ac-
coururent, ainsi. que ceux d'une huilerie,
prévenus par leur sous-directeur, et com-
mencèrent, éclairés > de falots, à retirer ceux
;qui geignaient parmi les décombres.
INSTANTANES D ENQUETE
f. Sur les quais de la gare d'Orsay ; l'arrivé^
des premiers ble¥és. — M. Bar t hou, mirdstrà
des travaux pubrâcs; avant de partir pour ecm-
tras, reçoit,. à la gare, les- premiers renseigne*
menis sur la catastrophe.
A onze heures et demie, il y avait cinq
cents personnes sur lo lieu de la catastro-
phe. Ah ! l'horrible Spectacle ! Un amas de
bois émiettés, de fers tordue et dos plaintes
à fendre l'âme, des appels sourds, étouffés,
.mais si douloureusement désespères! Il y
eut une ou deux minutes d'effarement, de
prostratioo, puis les plus vaillants ressai-
sirent. Vite. 11 faut agir.
UNE SCENE D'HORREUR
Onze voitures de l'express tamponneur
étaient intactes. Elles n'avaient même pas
déraillé. Leurs voyageurs en descendirent
pâles, tremblants, rendus muets par la
frayeur et. d'instinct, se massèrent, se pelo-
tonnèrent sur le côté gauche de la voie. Pas
un ne putjprononcer une seule parole.
Il fallut aitfi sauveteurs un veritabi" cou-
rage. Rarement émotion pareille avait
étreint leurs cœurs. Les exclamations se
croisaient pendant que, de tous côtés, les
employés de la gare et les habitants de Cou-
tras fouillaient avec des pics, avec des ha-
ches, avec toutes sortes d'instruments, dans
l'enchevêtrement des voitures en bouillie.
Une quarantaine de voyageurs étaient pris
1
sous les quatre wagons du train express»
Presque tous étaient retenus par les jainbes
ceux qui avaient peu de mal purent réponi
dre aux questions des sauveteurs et, gnr lè^
indications données par eux, on faisait ie*
vier à l'aide de barres en fer, on ouvTaîtjuoj
passage en dessous du châssis des wagons!
éventrés, et on retirait un, puis deux, pmsj
trois des malheureux. A minuit, sept nie?-»
sés étaient dégagés. Le désespoir des vicii* •
mes atteignait h son paroxysme.
Mais qu'attendez-vous pour fne délw.
vrer ? Venez donc à moi 1 Je n'y trèius plus.*
je meurs !
Les sauveteurs faisaient de leur mieux,- rft
valisant de zèle, inventant toutes sortes d'ex*»
plications- pour donner quelque patience âi
ceux qui souffraient tant. Des ouvriers chaM
Êentiers étaient arrivés de Coutras et té.1
oçrunes de la gare revenus cvec une'quart*
mé svtffisantà de lanternes, on put, à wa.4
heure dù maifn, aller plus vite A besogne*
Les scies découpaient les tôles des. wagons 1
les haches et les pics entamaient les bols.
Partout où la chose était possible, des passa*
gas, mais quels passages 1 deg"taupinië.resj
étaient ouverte..
Cinq, dix hommes soulevaient un more
ceau de wagon, Jandis que 3-aufres, crow
chant par les bras un blessé, tiraient, tu
raient jusqu'à cé que le malheureux, hm:.
lant de douleur, fût dégagé. 1
L'AMPUTE VOLONTAIRE - f
On arrivait auprès d'un homme de qiiSk
rante ans environ, taillé en hercule (on a BlC
plus tard son nom, Loth). EngagAentrd
deux moitiés de wagon, il avait les deug
jambes fracturées et prises entre les bois*
qu'on essaya de déplacer. ; r
:- Ne perdez donc pas de temps, eul-ïi 11 *
courage de crier., Jasais bien que mes dgtta
jambes sont perdues. Coupez-les-donc car*
rément. Emportez'moL
On hésitait. -
— Faites- donc ce que je vous dis! Or*
douna-tm. - Je buis mieux placé que vou$*
pour savoir ce qu'il y a à faire.
On réussit à tromper son impatience. OI1
poussa si vaillamment sur les, moitiés dé
son wagon que le stoïque blessé put êtra
enlevé, les jambes retenues seulement paj
des lambeaux de chiiùv -, ',
SUR LE CADAVRE DE SA MERl;
Depuis qu'ils étaient accourus, lessauvs.
teurs étaient angoissas par une plainte 0108
notone, mais'-gi pressante, si poignante, gpé
tous avaient'hâte d'arriver à l'endroit d oû
elle partait. « Maman ! Ma maman ! 'n répé-
tait sans trêve, "dans un sanglotement qui
tirait des larmes do tous les veux, une voix
d'enfant, t'rftle eomme.un^ souffle, mais qui
décelait une souffrance indicible, incom-
mensurable. On fit diligence, mais ce^ fut n
sept heurct) du matin seulement qu'on par*
vint à mettre à découvert ta parité de. l'imib
chevètrement où se dérobait le drame qu4
chacun était si impatient de: connaître. ':
Oh I quel drame I Sous le wagon de troi-
sième classe, mis en miettes, sur un" ht d<ï'
débris de fer et de bois, deux corps gissienfu
celui d'un homme et celui d'une fexnmej gob J
<
HUIT PAGES — Le Numéro quotidien (Paris et Départements) --- CINQ CENTIMES
Y
1 LUNDI 28 AOUT !9Ô7\ *.
1 S*
'l" , , FERNAND XAU, Fondateur
>: RÉDACTION Er ADMINISTRATION : iOO RUE, RICHELIEU, PARIS FERNAND YA.U. Fon*teur
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CHEZ LA GRANGE, CERF ZlC*
$, PlACB M LA BomtsB
et aux bureaux du JOURNAL ::c..
Âdreiser Us mandats-poste r .,.tn!.ttHtOd
idrssa tâégraphîqro 1 JOURNAL - RICHELIEU « FAM -
Les manuscrits non insérés ne sont pas rentrtià
les Partis :
\,' Socialistes
A la question que posait la dernièrr
phrase de mon dernier article : « L(
parti radical-socialiste restera-fc-il radical
éu. deviendra-t-il socialiste? », la ré-
, pense ne s'est pas fait attendre. Les so-
cialiste^, à Nancy, ont donné' congé à
leurs amis de la veille : ils leur oilt in-
terdit - la communion sous toutes lef-
espaces. Les radicaux resteront radi-
caux, tout bonnement. Et il devait en
ttre ainsi : car, quelles que soient les
combinaisons,1 les concessions, les né-
cessités électorales, il est un fait incon-
testable et qui s'est affirmé par l'exer-
dce" du pouvoir : le parti radical est un
pairti bourgeois. Parmi ses membres, en
étèt-il un seul qui aiderait M. Hervé à
planter lé drapeau on sait où ? Est-il un
seul d'entre eux qui subirait la loi de la
Confédération du Travail ? Non. C'est,
au contraire, leur chef le plus illustre
pt le plus autorisé qui a pris l'initiative
ces- poursuites et des arrestations con-
tre les membres actifs d"u fameux grou-
pement. Il est deux conceptions éminem-
ment « bourgeoises » auxquelles les
34Bis du gouvernement, sous peine de
petiîer leur vie et leur raison d'être, res-
teront attachés : la propriété individuelle
fit la patrie.
Le parti radical devient donc, un peu
jiialgré lui peut-être, mais fatalement, le
défenseur patenté de la société à laquelle
il appartient : il est la pointe de la lance
v- par où le fer blesse—et il assume,
avec les joies et les honneurs, les res-
ponsabilités et les haines.
Sa force ne s'en trouve pas diminuée,
$u contraire. Sa solide organisation élec-
torale en profitera pour recevoir et en-
cadrer des apports nouveaux et, malgré
les rancunes qu'ont amassées contre lui
loesprenliers actes de sa gestion, la société
bourgeoise s'attachera peut-être à cette
ancre du salut. Ainsi se réaliserait le
tnot détà. cité de notre parlementaire :
tf S'il n y a plus à faire que de la réac-
tion, le parti radical s'en charge ! D
L'excommunicateur, c'est-à-dire le
parti1 socialiste, a-t-il gagné, par contre,
à cette condamnation et à cette sépara-
tion ? Il a coupé à droite, par crainte
d'être coupé à gauche. Mais sa gauche
ne lui tiendra nul compte de ses sévéri-
tés à droite. Il s'est diminué, dans tous
tes sens du mot, par des exclusions qui
(t'ont amené, d'autre part. aucune acces-
sion. Doublement battu, il se réduit, de
plus en -plus, à l'état de parti squMette.
Les foules,
- h peina ao bont-elles approchées de lui
qu'elles,s'éloignent. - j
,Dans notre pays de lumière, un pro-
gramme politique ou social doit, avant
tout, être clair et être simple. Souvenez-
vous de la belle page de Ruskin sur le
trait distinctif de la race si bien nom-
mée franque, — la franchise : « Tout ce
que nous reconnaissons de beauté, de
délicatesse et de proportions dans les
manières, le langage ou l'architecture
des Français, vient d'une pure sincérité
de leur nature. » Cette sincérité veut la
lumière : quand elle devine une ombre
Quelque part, elle s'y porte, elle fonce,
si j'ose dire, jusqu'à ce que le doute se
résolve en clarté, au prix! même des plus
pénibles sacrifices. « Jamais peuple ne
fut si vainement loyal. »
■ Or, le programme dit socialiste doit à
ses origines étrangères d'être irrémédia-
blement composite et obscur. Si vous
voulez apprécier la différence des deux
procédés intellectuels, lisez les discours
prononcés par les socialistes français et
par les socialistes allemands à Stuttgard.
Les interprètes peuvent se fatiguer à tra-
duire les mots : les hommes ne se com-
prennent pas.
N'ayant aucun parti pris d'école ni de
caste, ne demandant qu'à m'instruire en
tenant compte des faits, je crois pouvoir
dire que nous n'avons jamais obtenu, en
France, une formule précise de la pen-
sée socialiste. Ce serait la diminuer par
un procédé permis.à la seule polémique,
que de la borner ,au programme
te oolleetiviste ». Le socialisme de nos
Français ne s'est, qu'exceptionnellement,
restreint à cette mesure. Ils sont peu
nombreux ceux qui rêvent de la société
future sous la forme d'une sorte de cou-
vent où toutes les heures de l'homme,
son travail, ses bénéfices, son repos, ses
plaisirs seraient réglés à la montre des
« commissions de statistique ». il y a
beau jour que, même les apôtres de la
Révolution et de l'universel chambarde-
ment," se sont insurgés contre les pro-
messes de ce paradis retrouvé qui res-
semblerait à un enfer. Faire, de la so-
ciété, une mécanique aux ordres de quel-
ques fonctionnaires, seuls sacrés purs et
incorruptibles, voilà ce a quoi aucun de
ries hommes libres dûment renseigné
n'a voulu consentir : « En agitant devant
Tiihagination des travailleurs le spectre
bourgeois, on veut les habituer à n'être
qu'une masse aveugle, inconsciente,' re-
cevant le mot d'ordre de certaines têtes
de colonnes - on voudrait les habituer à
n'agir que d après une impulsion don-
née par un centre directeur, sans per-
mettre la moindre initiative person-
nelle. Nous devons combattre de tou-
tes nos forces une pareille dictature,
*#nt fois plus terrible, dans ses effets que
toutes celles qui ont pu exister jusque
présent. H Ce n'est pas Paul Leroy-
tîeauliëu qui a signé ce réquisitoire con-
tre le collectivisme, c'est Jean Grave.
Et sans insister, maintenant, sur les
connus profonds et lointains que ces
contradictions révèlent, il suffit pour
donner, du socialisme français, une idée
aussi exacte que possible, de constater
d'abord qu'il réunit tous ceux qui aspi-
rent à régler les conflits de la production
par T'intervention dominante de l'Etat.
Le socialisme est un étatisme renforcé.
tEtat étant constitué l'arbitre infaillible
des concurrences individuelles.
Le socialisme suppose donc une étroite
union entre la Politique et l'Economi-
une action constant de i'.une SUE i
l'autre. C'est" pourquoi nos socialistes
sont conséquente quand ils songent à
s'emparer diif pouvoir ; ceux-là sont en-
core conséquents qui luttent pour main-
tenir les patries : sans patrie pas d'E-
tat; et ceux-là enfin sont logiques qui.
comme Jules Guesde, se déclarent les
td^rsaircs de l'internationalisme ab-
solu. L'internationalisme, en ; effet, par
son extension même, disperse les for-
ces, noie les groupes actifs dans la masse
amorphe de l'humanité, détruit, en un
mot, toute organisation. Or, nos socia-
listes, du moins nos socialistes doctri-
naires, soni des organisateurs à outran-
ce. Ils sculptent dans la chaire sociale
et veulent refaire le monde selon leur
inspiration'et leur loi, au risque de ne
créer qu'un automate sans souplesse et
sans vie. Ce sont des philosophes, pro-
bablement des utopistes, en tous cas des
logiciens..,
Mais leur force fait leur faiblesse. Si
large qu'on la suppose, une école n'est
pas un parti. Des socialistes vrais, des
socialistes loyaux, instruits, conscients,
ayant accepté l'idée de la patrie, puis-
qu'ils réclament la nationalisation du
travail (ce qui suppose la nation), ils
sont cent mille, deux cent mille, si vous
voulez : en fait, ils ne comptent pas.
Commodes à exhiber dans les Congrès,
excellents rédacteurs d'ordres du jour
et d'affiches, on,les emploie, on les met
en vedette, on les encense, on les em-
baume : mais on les remise. Pontifes
toujours honorés et toujours, battus, dès
que leur système apparaît, les adeptes
se défilent. Bonnets a poil de la cause,
vieille garde couverte de chevrons, ils
feraient, dans la déroute, le dernier
carré, celui qlW, ne se rend pas. Mais ils
no sont pas l'armée, ils ne forment même
pas les cadres. Le socialisme français est
autre chose, et voilà ce qu'il faut expli-
quer maintenant.
Le socialisme français s'est recruté en
faisant appel à un double sentiment na-
turel aux masses nombreuses et pau-
vres de la population : celui du mécon-
tentement tenant à leur gêne endémi-
que, et celui de la difficulté qu'elles
éprouvent à améliorer leur sort à leur
gré par le gouvernement des partis.
C'est à ce point de vue qu'un des leurs,
M. Hubert Lagardelle, donne du socia-
lisme cette autre définition : « L'organi-
sation de la révolte ouvrière contre une
société divisée en maîtres et esclaves. »
Ajoutons que, profitant de ce mal-
être et de cette déception, les chefs par-
lementaires ont engagé leurs troupes
dans la plupart des batailles politiques
qui se sont livrée^ en ces dernières an-
nées. Le gain social a été à peu près
nul ; mais l'armée a pris du corps, de
l'entrain, de la confiance par la lutte
même, par le bruit, les chants de vic-
toire et finaiemen tr pttr le butin, c'est-à-
dire les places qui lui furent attribuées
dans la plupart des combinaisons minis-
térielles. De là des exigences de plus en
plus pressantes. Il semblait que la prin-
cipale espérance des socialistes se réali-
sait et qu'on touchait au pouvoir.
Mais, par l'élargissement de son ac-
tion et par ses premières et assez illu-
soires conquêtes, le socialiéme parle.
mentaire, qui avait pris la tête du mou-
vement, devait trouver sa limite avant
d'avoir rempli sa carrière. En présence
des retards inévitables et des obstacles
presque insurmontables auxquels il se
heurtait et que l'action directe entend
surmonter par la, violence, un double
blâme lui fut adressé par des surveil-
lants jaloux qui étaient naturellement
ses plus intimes amis ; les uns lui re-
prochèrent de s'embourgeoiser, et les
autres lui reprochèrent de déserter, pour
de vaines satisfactions, la véritable et
unique mission du parti, la révolution
économique et sociale.
Deux courants nouveaux se manifes-
tèrent, dès lors, dans les rangs du parti
et, en le disloquant, réduisirent le socia-
lisme parlementaire à l'état de minceur
squelettique où il est à présent. D'une
part, une pierre retentissante fut jetée
dans son bourgeoisisme supposé, et ce
fut l'hervéisme. L'hervéisme a mis tout
le monde dans l'embarras ; on eût voulu
le supprimer d'un geste, ou l'ensevelir
sous les phrases fleuries ; mais il ne
s'est pas Jaissé faire. Accepté ou subi, il
s'est imposé. Or, l'hervéisme, c'est la
coupure avec les radicaux, c'est la cou-
pure avec les collectivistes, c'est la cou-
pure avec les groupements étrangers ;
c'est, en outre, pour plus d'unf une
contradiction avec soi-même, avec sa
propre pensée, et avec les sentiments de
l'immense majorité du pays; c'est un
impedimentum pour la propagande et
peut-être une lourde responsabilité de-
vant l'histoire. Non, ce n'est pas une
force.
On plaide les circonstances atténuan-
tes : l'hervéisme est une exagération, un
paradoxe de professeur, une passe d'ar-
mes pour intimider l'adversaire, tout au
plus un coup de Jarnac dans les duels
intérieurs du parti. Fort bien 1 Mais
voici qui n'est plus une plaisanterie, si
pénible soit-elle. Une autre opposition
s'est levée. Le syndicalisme a enrôlé ses
recrue;s': dans la partie la plus jeune et
la plus ardente des masses ouvrières.
La Confédération générale du Travail a
mené le train et, même si on discute
son autorité, on ne peut nier son action.
Elle se réclame de principes qui méri-
tent d'être pris au sérieux et que nous
examinerons, à leur tour. En tout cas,
elle nie l'autorité des maîtres acclamés.
Elle veut bien entrer dans .le lit du so-
cialisme; mais elle a de grandes dents,
« et c'est pour mieux te manger, mon
enfant -1 » -
, Ainsi, forcé de rompre avec le radica-
lisme, incliné devant l'hervéisme, inti-
midé; par le syndicalisme, notre vieux
socialisme est un croquemitaine vidé
qtii ne fait plus peur aux bourgeois.
Il paraît de plus en plus évident que le
socialisme politique, en tant que parti
parlementaire, faute de clarté, faute de
logique et faute de discipline - malgré
le mérite individuel des hommes qui
font eriçore figure — est mort avant de
naître et que ce n'est pas à lui non plus
qu'appartient l'avenir.
JGABWBL HANOTAux.
v
v
LE Il JOURNAL" A CASABLANCA
Escarmouches -
et Guérillas
Des luttes intestines divisent les tribus qui
n'attaquent plus. — L'attitude de Moulai
Hafid reste énigmatique.
CASABLANCA. 24 août. (Par dépêche de
notre envoyé spécial, transmise de Tan-
ger le 25.) — L'effort des tribus campées
devant nos positions semble brisé. De
nombreux symptômes, et aussi les ré-
cits de nos émissaires et des transfuges
échappés du camp maure, prouvent qu'il
y a parmi les assaillants des rivalités.
des dissentiments qui aboutissent par-
fois à des conflits sanglants. En outre.
tout tend à démontrer que nos ennemis
n'ont plus que peu de munitions, car ils
tirent avec une parcimonie symptoma-
tiqua. Désormais, pendant le jour, nos
reconnaissances peuvent rayonner au
tour de la ville presque sans coup férir
eL s'arrêter à huit kilomètres d'elle. Mais
le général Drude est loin d'avoir, assez
de troupes ppur occuper le cercle des
collines qui» entourent Casablanca,, et,
dès que la nuit tombe, nos reconnais-
sances rentrent dans le camp. C'est alors
que les cavaliers araires reprennent t^dt^-,
leur audace. Dès que l'ombre est venue,
ils réapparaissent sur la plage, ou bien
dans les parages qui entourent la ville ;
parfois même, ils parviennent à péné-
trer dans Casablanca à la faveur de com-
plicités mystérieuses.
Le 23, après-midi, une forte reconnais-
sance de cavalerie et d'infanterie s'étant
avancée vers l'Est, nous vîmes surgir un
parti d'environ cent cavaliers sur les-
quels la Gloire envoya une quinzaine
d'obus à une portée d'environ neuf kilo-
mètres. L'ennemi se dispersa sans avoir
pu attaquer notre reconnaissance.
Ainsi, il est bien possible que la série
de petites escarmouches qui se sont dé-
roulées autour de Casablanca depuis le
bombardement toucha à son terme. Il
semble, d'ailleurs, qire le chiffre des as-
saillants qui entourent Casablanca ait été
considérablement exagéré., On se de-
mande s'il y en a jamais eu plus de trois
ou quatre mille agissant à la fois. Des
officiers m'ont assuré n'en avoir jamais
découvert plus de cinq cents coopérant
à une même action. Il est évident que
si la colonne du général Drude pouvait
surprendre le camp des Maures, elle l'a-
néantirait aisément ; mais la mobilité de
ces adversaires-'feH
demies surprendre. Incapables de com-
battre dans une bataille rangée,, ils sont
insaisissables, énervants dans la gué-
rilla.
La tâche du gênerai uruae n est pOInt
aisée, car il ne saurait songer à s'éloi-
gner de sa base avant d'avoir reçu d'im-
portants renforts. Drincipalement de ca-
valerie.
En tous cas, ce qu'il faut louer sans
réserves, c'est le magnifique entrain de
nos officiers et de nos troupes, c'est l'é-
mulation amicale qui règne entre nos
forces de terre et de mer, c'est l'entente
admirable qui existe entre le général
Drude, l'amiral Philibert et notre sagace
consul M. Malpertuy.
Certes, il y aurait bien de petites cri-
tiques à formuler. Par exemple, si les
rebelles marocains pouvaient être consi-
dérés comme des adversaires sérieux, on
devrait alors déplorer que nos soldats
d'Algérie marchent au combat vêtus de
tenues blanches qui les rendent excessi-
vement visibles dans les terres rouge
brique de la côte marocaine. Si nous
avions devant nous une infanterie disci-
plinée, exercée, nous éprouverions de
lourdes pertes à cause de cela. Il est heu-
reux que les Marocains soient ce qu'ils
sont. Mais cette remarque incidente ne
m'empêche pas d'admirer l'organisation
de l'expédition considérée dans son en-
semble. Je réserve pour plus tard les ar-
ticles approfondis, les dissertations, com-
me la reconstitution des scènes si colo-
rées, si pittoresques que nous avons à
chaque instant sous les. yeux. Dans ces
premiers télégrammes, très hâtifs et très
sommaires, je cherche à donner à nos
lecteurs une idée approximative de la
situation telle qu'on croit la voir à l'ins-
tant où j'écris.
Somme toute, il me semble qu'elle, n'a
rien de particulièrement alarmantALa
seule inquiétude sérieuse est causée par
l'incertitude où l'on est au sujet de l'atti-
tude qu'adoptera Moulai Hafld, procla-
mé sultan à Marrakech. Il a passé jus.
qu'ici pour un ami de la France ; mais
la pression de son entourage, les exigen-
ces des grands caïds et Jes nécessités
de l'heure présente pourraient néan-
moins l'amener à proclamer Ja guerre
sainte ; auquel cas il serait capable, dit-
on, de réunir contre nous jusqu'à vingt
mille cavaliers. Mais il n'y a point lieu
de s'alarmer exagérément de menaces
dont un avenir prochain démontrera
peut-être l'inanité. Impossible, actuelle-
ment, de rien prédire.
LUDOVIC NAUDEAU.
Le trésor du sultan Abd el Aziz est à sec.
L'anxiété la plus grande règne à
cour de Fez.
TANGER, 25 août. (Par dépêche de notre
rorrespondant particulier.) — .Des lettres
reçues ici donnent à penser que Moulai Ha-
fid n'a accepté le titre de sultan que pour
calmar l'effervescence populaire et, par un
artifleb, maintenir l'ordre parmi les tribus
du Sud. Les détails donnés sur sa procla-
mation sont les suivants :
C'est bien le 16 août qu'elle s'est accom-
plie.
Il était environ midi, et Moulai Hafid ve-
nait d'achever ses prières quand les repré-
sentants de toutes les tribus du Maroc mé-
ridional. ayant à leur tête le grand chérif
El Madani, l'acclamèrent spontanément.
Moulai Hafld déclina d'abord l'honneur
qu'on lui faisait, mais, à la fin, il se vit
contraint de l'accepter.
Tous les gouverneurs de la province de
Marrakech, sauf les pachas d'Abda et de
Doukala, l'ont reconnu comme sultan
Il a donné l'ordre qu'on le proclamât pu-
bliquement sultan à Mazagan.
Si ces informations étaient exactes, Mou-
lai Hafid devrait, après avoir combattu les
troupes d'Ahd el AZIZ. aller se faire couron-
ner dans la grande mosquée de Moulaï
Driss, à Fez.
TI est certain que l'émotion causée par
cette proclamation autour du sultan, à Fez,
est considérable. Aussitôt qu'elle a été con-
nue, El Guebbas, Mohammed Torrès et
toutes les hautes autorités locales ont
adressé une lettre au sultan pour lui dire
toute la tristesse qu'ils éprouvaient à l'an-
rioùce de ce qu'ils considèrent comme une
usurpation, et l'assurer de leurs sentiments
de parfaite fidélité et d'entière soumission.
On.dit cependant que le maghzen de Fez
est dans le plus grand dénuement. Il lui se-
rait impossible de payer la solde aux trou-
pes de Tanger et aux garnisons de la côte.
Cette pénurie du Trésor chérifien vient
compliquer encore une situation déjà fort
critique pour le sultan Abd el Aziz. Déjà-,-,
des révoltes partielles se sont manifestées.
Une certaine surexcitation des esprits avait
été signalée, ces jours derniers, parmi les
soldats du Tabor, ceux du caïd Taleb el
Médiouni et la garnison de Tanger. Par me-
sure de précaution, et pour écarter tout
danger de rébellion ouverte, El Guebbas,
ministre de la guerre, a ordonné d'expédier
sans délai une bonne fraction de ces trou-
pes assez loin de la ville, à Aïn-Dalia, où
pUes attendront des instructions nouvelles.
CONCOURS DU «POUCE»
DISTRIBUTION DES PRIS
"Bn r
La Distribution des prix par série
'- commence aujourd'hui
Ainsi que nous l'annoncions hier, et pour
éviter toute attente aux gagnants qui habi-
tent Paris et le département de la Seine,
lors de la délivrance de leurs prix dans nos
bureaux, nous avons décidé de scinder cette
opération de la façon suivante :
Aujourd'hui, pour les gagnants des 2* et
3" catégories.
Mardi 27 août, pour les gagnants des 4% 5*
et 6" catégories.
Mercredi 28 août, pour les gagnants de la
78 catégorie.
Jeudi 29 août, pour les gagnants de la 8e
catégorie.
N. B. - Les prix seront remis aux ga-
gnants de dix heures du matin à sept heu-
res du soir, mais seulement sur produc-
tion de pièces d'identité.
ÉCHOS
L
- '■ -- -t. - -.: ..<. a
teopold II, roi des Belges, arrivera ce
matin à la gare du quai d'Orsay par le
train de 7 h. 35, venant de Brétigny.
- Il traversera Paris et ira à Ma gare du
Nord où, à 8 h. 15, il prendra le train pour
se rendre directement à Bruxelles.
G
eorges Ier, roi de Grèce, est attendu au-
jourcEhui à l'hôtel Bristol. -
Le rai arrivera ce soir par le train de six
heures et demie, à la gare de Cyon. Il vient
d'Aix-les-Bains.
0
n sait que l'administration des postes
britanniques a créé les mandats-poste
de 6 pence (60 centimes). Le succès obtenif
p^r cette innovation est tel que les bureaux
de Londres manquent d'imprimés. Ceci n'a
rien d'étonnant, lorsqu'on considère que
1,177,000 de res mandats ont été vendus le
mois dernier.
p
lusieurs millions de francs sont à la dis-
position de l'expert Dusausoy, 4, boule-
vard des Italiens, qui acheté très cher tout ce
qu'on lui soumet en beaux bijoux et belles
pierres. Grand choix d'occasions.
JOINVILLE.
Carnet d'un Sauvage
Nous n'en finirons pas avec les n Apa-
ches ». Ce sont gens qui aiment décidément
trop à ce qu'on parle d'eux. On se peut
s'expliquer autrement que par un amour
immodéré de la publicité les assassinats
absolument désintéressés qu'ils commettent
à tout propos, et surtout hors de propos.
Que dire, par exemple, de cette bande qui
entoure deux honnêtes passants,. les fait
danser de force et les poignarde ensuite,
sans leur prendre la moindre des choses ?
C'est de l'art pour l'art. Ces épris de la
gloire sont, comme d'ordinaire, de tout
jeunes gens. Ils avaient bu, en outre, co-
pieusement, ce qui leur faisait voir la vie
en rose ou, pour mieux dire, en rouge.
J'estime qu'ils ont tort de se donner:
tant de plaisir. La société bénévole finira
tout de même par se fâcher ; et comme,
lorsqu'on est fâché, on va souvent aux ex-
trêmes, elle prendra des mesures excessi-
ves. Les philosophes les plus doux com-
mencent à s'exaspérer et à trouver plus que
désagréable de ne pas pouvoir quitter le
foyer conjugal pour se rendre à la brasse-
rie, sans risquer d'être chourinés en tra-
versant la rue.
Nous traversons, à coup sûr, une époque
très curieuse. C'est, comme je le disais
l'autre jour,-l'époque des crimes sans mo-
tif. De crimes et d'assassinats, il y en a
toujours eu : et ce n'est pas en cela qu'est
notre originalité. Mais, tandis qu'autrefois
on avait, pour jouer du couteau, une raison
valable, qui était le désir de se procurer de
l'argent, aujourd'hui, on tue pour tuer. Les
nouvelles couches vous abattent tout com-
me si vous*ët»2 une poupéo dans une fête.
C'est un exercice salutaire, une récréation,
un sport. Il y a des gens qui se maintien-
nent en bon état en faisant, tous les ma-
tins, une petite promenade hygiénique. Les
adolescents dont nous parlons assassinent
pour entretenir l'élasticité de leurs mus-
cles..
Ils en conviennent, d'ailleurs, dans leurs
interrogatoires, lorsque par hasard on Icj?
arrête ; car un juge me contait que-l'un
d'eux lui avait répondu :
— Qu'est-ce que vous voulez, monsieur
le juge ? Mettez-vous à ma place. Il y avai~
quinze jours que je ne faisais rien. Je com-
mencais à m'embêter. t
Henry MareW
ENCORE UNE CATASTROPHE DE CHEMIN DE FER i
L'Express Bordeaux-Paris
tamponné à Goutras
, d
.JL^ MORTS - BLESSÉS ,
'4*
Le mauvais fonctionnement d'une aiguille a - causé
- 7 dans la nuit le formidable choc où tant de, .-.
victimes ont été broyées. — M. Barthou ,: r
est parti dans la journée pour Coutras
A LA GARE D'ORSAY
La foule, anxieuse, assiste à Vïvacualicn des
blessés, par le service d'ambulances automo-
biles. — En haut, à,droite, le « rescapé o Standr-
chcr, qui,■ le premier rentré à Paris, nous a fait
un émouvant récit de la catastrophe.
, BORDEAUX, 25 août.. (Par dépêche de notre
correspondant particulier.) — Les catastro-
phes succèdent aux catastrophes, et jamais
on n'a eu à signaler en aussi peu de temps un
si grand nombre d'accidents de chemin de
fer. C'était, il y a trois semaines exacte-
ment, sur. -la ligne de l'Etat, LUI train qui
tombait dans la Loire, aux Ponts-de-Cé ;
c'est, aujourd'hui, sur la ligne d'Orléans,
non loin d'Angoulême, un express qui tam-
.ponnt' on Jjaiat» «te rmardiaridises, él qui
lait de très nombreuses victimes.
Voiei exactement éans quelles eortmtions
la nouvelle catastrophe s'est produite :
Le train express Bordeaux-Paris, numé-
ro 624, quijpart de la gare de la Bastide à
10 heures la, a pris, pour une cause..encore
inconnue, à 600 mètres avant la gare de
Coutras, une voie réservée aux trains de
marchanidises, et s'est écrasé sur un train
da marchandises en manoeuvre.
LE CHOC
pe-ciifoc fut effrayant L'express 624, com-
prenant treize voitures, les fourgons de
tête, un wagon des messageries,, quatre voi-
tures de voyageurs, dont deux - de premiè-
.res, une de seconde et une de troisième. De
cela, il ne reste rien ou presque rien. Les
voitures se- sont télescopées, écrasées, et
les décombres sont renversés sur les deux
voies des grandes lignes et sur les voies,
des trains de marchandises.
Ce train contenait 150-voyageurs. Ils fu-
rent ensevelis sous les décombres, et ce fut
dans la nuit — il était exactement 11 heures
5 — une scène horrible : un bruit épouvan-
table, des lumières montant les unes sur les
autres, puis un moment de silence et alors
des cris, des hurlements, des plaintes .déses-
pérées. ;
Les employés de la gare de Coutras ac-
coururent, ainsi. que ceux d'une huilerie,
prévenus par leur sous-directeur, et com-
mencèrent, éclairés > de falots, à retirer ceux
;qui geignaient parmi les décombres.
INSTANTANES D ENQUETE
f. Sur les quais de la gare d'Orsay ; l'arrivé^
des premiers ble¥és. — M. Bar t hou, mirdstrà
des travaux pubrâcs; avant de partir pour ecm-
tras, reçoit,. à la gare, les- premiers renseigne*
menis sur la catastrophe.
A onze heures et demie, il y avait cinq
cents personnes sur lo lieu de la catastro-
phe. Ah ! l'horrible Spectacle ! Un amas de
bois émiettés, de fers tordue et dos plaintes
à fendre l'âme, des appels sourds, étouffés,
.mais si douloureusement désespères! Il y
eut une ou deux minutes d'effarement, de
prostratioo, puis les plus vaillants ressai-
sirent. Vite. 11 faut agir.
UNE SCENE D'HORREUR
Onze voitures de l'express tamponneur
étaient intactes. Elles n'avaient même pas
déraillé. Leurs voyageurs en descendirent
pâles, tremblants, rendus muets par la
frayeur et. d'instinct, se massèrent, se pelo-
tonnèrent sur le côté gauche de la voie. Pas
un ne putjprononcer une seule parole.
Il fallut aitfi sauveteurs un veritabi" cou-
rage. Rarement émotion pareille avait
étreint leurs cœurs. Les exclamations se
croisaient pendant que, de tous côtés, les
employés de la gare et les habitants de Cou-
tras fouillaient avec des pics, avec des ha-
ches, avec toutes sortes d'instruments, dans
l'enchevêtrement des voitures en bouillie.
Une quarantaine de voyageurs étaient pris
1
sous les quatre wagons du train express»
Presque tous étaient retenus par les jainbes
ceux qui avaient peu de mal purent réponi
dre aux questions des sauveteurs et, gnr lè^
indications données par eux, on faisait ie*
vier à l'aide de barres en fer, on ouvTaîtjuoj
passage en dessous du châssis des wagons!
éventrés, et on retirait un, puis deux, pmsj
trois des malheureux. A minuit, sept nie?-»
sés étaient dégagés. Le désespoir des vicii* •
mes atteignait h son paroxysme.
Mais qu'attendez-vous pour fne délw.
vrer ? Venez donc à moi 1 Je n'y trèius plus.*
je meurs !
Les sauveteurs faisaient de leur mieux,- rft
valisant de zèle, inventant toutes sortes d'ex*»
plications- pour donner quelque patience âi
ceux qui souffraient tant. Des ouvriers chaM
Êentiers étaient arrivés de Coutras et té.1
oçrunes de la gare revenus cvec une'quart*
mé svtffisantà de lanternes, on put, à wa.4
heure dù maifn, aller plus vite A besogne*
Les scies découpaient les tôles des. wagons 1
les haches et les pics entamaient les bols.
Partout où la chose était possible, des passa*
gas, mais quels passages 1 deg"taupinië.resj
étaient ouverte..
Cinq, dix hommes soulevaient un more
ceau de wagon, Jandis que 3-aufres, crow
chant par les bras un blessé, tiraient, tu
raient jusqu'à cé que le malheureux, hm:.
lant de douleur, fût dégagé. 1
L'AMPUTE VOLONTAIRE - f
On arrivait auprès d'un homme de qiiSk
rante ans environ, taillé en hercule (on a BlC
plus tard son nom, Loth). EngagAentrd
deux moitiés de wagon, il avait les deug
jambes fracturées et prises entre les bois*
qu'on essaya de déplacer. ; r
:- Ne perdez donc pas de temps, eul-ïi 11 *
courage de crier., Jasais bien que mes dgtta
jambes sont perdues. Coupez-les-donc car*
rément. Emportez'moL
On hésitait. -
— Faites- donc ce que je vous dis! Or*
douna-tm. - Je buis mieux placé que vou$*
pour savoir ce qu'il y a à faire.
On réussit à tromper son impatience. OI1
poussa si vaillamment sur les, moitiés dé
son wagon que le stoïque blessé put êtra
enlevé, les jambes retenues seulement paj
des lambeaux de chiiùv -, ',
SUR LE CADAVRE DE SA MERl;
Depuis qu'ils étaient accourus, lessauvs.
teurs étaient angoissas par une plainte 0108
notone, mais'-gi pressante, si poignante, gpé
tous avaient'hâte d'arriver à l'endroit d oû
elle partait. « Maman ! Ma maman ! 'n répé-
tait sans trêve, "dans un sanglotement qui
tirait des larmes do tous les veux, une voix
d'enfant, t'rftle eomme.un^ souffle, mais qui
décelait une souffrance indicible, incom-
mensurable. On fit diligence, mais ce^ fut n
sept heurct) du matin seulement qu'on par*
vint à mettre à découvert ta parité de. l'imib
chevètrement où se dérobait le drame qu4
chacun était si impatient de: connaître. ':
Oh I quel drame I Sous le wagon de troi-
sième classe, mis en miettes, sur un" ht d<ï'
débris de fer et de bois, deux corps gissienfu
celui d'un homme et celui d'une fexnmej gob J
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