Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1904-10-04
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 octobre 1904 04 octobre 1904
Description : 1904/10/04 (A24,N278). 1904/10/04 (A24,N278).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7623103x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/09/2014
24e Année - N° 278 — Mardi 4 Octobre 1904
!
CINQ CENTIMES - LE NUMERO 248 Année - 12 Vendémiaire an 115 - N° 278
JBk" WWÊ
'- RÉDACTION ET ADMINISTRATIONI
142, RUE MONTMARTRE, PARIS - TÉLÉPHONE : 102-68
Adresser la correspondance concernant VAdministration à
IMC. Victor SIMOND
Administrateur-Directeur de la Société anonyme du journal LE RADICAL
Directeur politique : A. MAUJAN
t
Les Annonces sont reçues à l'OFFICE D'ANNONCES, 10, place de la Jour..
Et à l'Administration du Journal « Le Radical P, Paris
ADRESSER TOUTE LA CORRESPONDANCE CONCERNANT LA RÉDACTION A
M. MAUJAN, Directeur du RADICAL
HlUC Ulm ABOKNEMEXTH AVWC PRISSES
Trois mois, 7 francs
Six mois, la francs
Un an, 25 francs
AUJOURD'IIUI
LE RADICAL
Paraît sur HUIT PAGES
Voir à la troisième page
Le Compte Rendu complet
DU
CONGRES D'AMIENS
Encore le Caleiirier
Les journaux modérés, défenseurs des
congrégations, se devaient de prendre
sous leur protection le calendrier catho-
lique ; ils n'y ont pas manqué.
-, Mais j'ose dire que leurs arguments
marquent un certain embarras, tout na-
turel d'ailleurs. Modérés, ils se préten-
Sent quand même partisans de la neu-
tralité de l'Etat en matière religieuse ;
ils affirment à toute occasion la supré-
matie de la société civile.
Or, un Etat qui adopte officiellement
pour jours fériés les dates désignées
pour les grandes fêtes de l'Eglise catho-
lique pratique-t-il la neutralité ? Il serait
'difficile de le soutenir. La société civile
marque-t-elle sa suprématie quand elle
soumet humblement le choix des jours
qu'elle doit chômer au caprice exclusif
kle l'Eglise catholique ? On ne s'aventure
pas à le démontrer.
Et, dès lors, la question est jugée.
Je ne veux empêcher personne de ré-
veillonner, pas plus la nuit de Noël que
Jtoute autre nuit. Ce sont là des affaires
jjâ'ordre privé que la liberté individuelle
permet à chacun de régler selon sa fan-
Saisie. Mais pourquoi l'Etat déclare-t-il,
par une loi, que Noël est un jour férié,
jour de congé pour les écoliers et de
chômage pour les administrations pu-
pliques, si ce n'est pour manifester sa
Référence à l'Eglise catholique, qui tient
jt célébrer ce jour-là le jour anniversaire
pu supposé tel de l'accouchement de la
cierge-mère ? C'est cette déclaration
légale qui est, en elle-même, une attein-
te à la neutralité et, dans une certaine
înesure, une offense à la liberté de cons-
cience.
"Les noms des saints inscrits dans les
xalendriers ordinaires, si burlesques
Qu'ils soient parfois, ne me choquent
pas, parce qu'ils ne jouissent d'aucune
consécration légale, qu'ils ne me sont
pas imposés, que je suis libre de les
ignorer. Tandis que je ne puis pas ign'o-
irer la Pentecôte ou l'Assomption : l'Etat
lyeut, ces jours-là, que les affaires soient
suspendues, que les bureaux de ses ad-
ministrations soient fermés ; il m'oblige
jdonc à m'associer malgré moi à une ma-
nifestation religieuse.
Et c'est bien pourquoi Bonaparte sup-
prima le calendrier révolutionnaire et
rétablit le calendrier catholique. C'était
bien de sa part, quoi qu'en pense le
journal des Débats, une concession au
pape, une conséquence d% la politique
concordataire. Le peuple continuait, dit
jiotre confrère, à danser le dimanche et
jà travailler le décadi. Sans doute, les
Vieilles habitudes ne se modifient pas si
jvite, et les mesures d'autorité y échouent
généralement. Mais, justement, cette
persistance montre que le changement
jetait inutile à ce point de vue ; puisque
le peuple continuait à danser le diman-
che et à travailler le décadi, il n'y avait
pas besoin, pour le lui permettre, de ré-
tablir légalement le calendrier catho-
dique. 'Et cela, sûrement, ne fut fait que
pour plaire à l'Eglise et gagner ses bon-
jnes grâces au régime issu du i8 bru-
)maire.
Sur ce point de la laïcisation du calen-
klrier, c'est-à-dire de la suppression des
ïêtes religieuses qui y sont inscrites
avec une sanction légale, j'estime que la
^démonstration subsiste tout entière.
}T'ai dit et je maintiens que cette sup-
pression devra être nécessairement la
conséquence de la séparation des Egli-
ses et de l'Etat.
Devra-t on profiter de l'occasion pour
remanier tout le calendrier et donner
notamment aux douze mois de l'année
tIes noms plus compréhensibles et plus
•d'accord avec l'arithmétique ? Je pense
ique oui.Mais c'est une question distincte
'de la précédente et qui n'engage, elle,
jen aucune façon, la question de laïcité,
Le Temps, le Journal des Débats font
;au calendrier républicain l'objectioîi que
gavais indiquée moi-même, à savoir que
les noms qu'il attribue aux mois ne
S'accordent pas flvec tous les £limaist
D'accord. Mais est-ce une raison pour
maintenir septembre et décembre, qui
sont faux sous toutes les latitudes ?
D'ailleurs, quand il s'agit de noms, cha-
que peuple choisit ceux qui lui convien-
nent ; si germinal ne leur plaît pas, les
étrangers le remplaceront par un autre ;
mais au moins ils comprendront ce que
les Français auront voulu dire en disant
germinal, tandis qu'ils ne comprennent
pas que, dans notre calendrier, sept soit
mis pour neuf et dix pour douze. Ce
n'est ni gracieux, ni clair, assurément,
et je m'étonne que le peuple français,
qui se pique avec raison d'avoir du goût
et d'être doué d'un esprit clair, s'obs-
tine à maintenir dans son calendrier des
noms qui choquent à la fois le goût et la
logique et qui n'ont d'autre raison d'être
que la survivance d'une erreur romaine.
Mais cela, je le répète, est en dehors
de la laïcisation : je reconnais volontiers
que septembre n'est pas plus clérical
que vendémiaire. Tandis que Pâques,
Noël, etc., sont assurément la marque de
la main-mise de l'Eglise sur les institu-
tions civiles, et que la République, qui
veut être laïque, ne peut s'accommoder
d'un calendrier qui ne l'est pas.
SIGISMOND LACROIX.
L'ÉLECTION D'HIER
Dans la première circonscription d'Evreux
Victoire républicaine
Une élection législative a eu lieu hier,
dans la première circonscription d'Evreux
(Eure), en remplacement de M. Isambart,
radical, décédé.
:Voici les résultats :
Inscrits : 17.098 — Votants : 12.171
MM. Abel Lefèvre, radie, social. 7.895 ELU
Lhopital, réactionnaire. 3.945
Aux élections de 1902, M. Isambart avait
été réélu par 7,800 voix contre 4,858 à M.
Maurice Hallay, progressiste, et 678 à M.
Fouquet, réactionnnaire.
C'est donc un beau succès que le parti ra-
dical a remporté hier à Evreux. Ce n'est pas
seulement le déchet des voix réactionnaires
— plus de deux mille — qu'il faut considé-
rer, mais le gain réalisé par M. Abel Lefè-
vre sur le chiffre de voix qu'avait eues son
prédécesseur en 1902.
L'élu d'hier gagne cent voix sur M. Isam-
bart, et nous trouvons cela bien significa-
tif. En effet, ainsi qu'on a pu le constater
par son programme, que nous avons publié
avant-hier, M. Abel Lefèvre s'était nette-
ment prononcé pour la dénonciation du
Concordat et pour la séparation des Eglises
et de l'Etat. On peut dire que toute la cam-
pagne électorale a porté sur cette question.
Eh bien 1 les électeurs de la première
circonscription d'Evreux n'ont pas hésité à
se rallier au programme de M. Abel Lefè-
vre, plus avancé que celui de M. Isambart,
qu'ils avaient à remplacer ; ils sont même
venus plus nombreux.
C'est la première fois que le suffrage uni-
versel est appelé à se prononcer sur la
question de la séparation, depuis que M.
Combes l'a posée dans son discours
d'Auxerre.
Le présage est bon ; nous devons nous
en féliciter.
NOTRE RECOMPENSE
Pendant les quatre jours qu'a duré le con-
grès d'Amiens, nous avons pu donner le
compte rendu in extenso de ses travaux et
de ses discussions.
M. Bourguignon, rapporteur général, a
bien voulu nous en remercier hier par ces
paroles trop flatteuses :
Aussi bien, ma tâche m'a-t-elle paru singuliè-
rement simplifiée par la mesure inaugurée cette
année avec le concours d'un journal qui a tou-
jours été l'un des plus dévoués défenseurs de
la Ligue, le Radical, qui a fait cette fois-ci ce
véritable tour de force de publier chaque jour le
compte rendu sténographique de nos séances, si
bien qu'au moment où je parle vous avez pu le
lire in extenso, en y retrouvant facilement la
physionomie même de nos discussions. Notre
premier devoir n'est-il pas, en remerciant toute
la presse qui a bien voulu s'occuper de nos tra-
vaux, d'adresser un remerciement particulier au
Radical pour le grand service qu'il nous a rendu
à tous. et tout spécialement au rapporteur gé-
néral ?
Notre récompense est dans ces derniers
mots.
Nous sommes heureux d'avoir pu rendre,
dans la mesure de nos moyens, quelques
services à la cause de l'enseignement laïque
que nous défendons depuis tant d'années.
A notre tour, nous devons remercier les
rapporteurs et les membres de la Ligue qui
ont facilité, par leur empressement, la tâ-
che de nos collaborateurs.
Remercions aussi nos compositeurs, dont
le dévouement et l'habileté ont permis au
Radical d'accomplir ce que M. Bourgui-
gnon appelle un tour de force.
INGRATITUDE PAPALE
Pauvres évêques, infortunés prélats 1
C'était vraiment bien la peine de se soumet-
tre, d'aller se jeter, pleurants et repentants,
aux pieds du Saint-Père !
Ils devaient,, à les entendre, recevoir,
pour prix de leur soumission, un poste dans
l'une des basiliques de Rome, ou, pour le
moins, être honorés du titre d'évêque
in parlibus. Ce n'était pas, certes, l'équiva-
lent de la bonne sinécure, dûment garantie
par le gouvernement dé la République,
mais enfin c'était toujours cela.
Le vent a tourné, parait-il, à Rome. Plus
de vicariat dans les basiliques romaines,
plus de titre épiscopal. Rien. Les deux pré-
lats se sont soumis. Rome a triomphé. Et
Rome paye ses deux victimes de la plus
noire ingratitude.
L'évoque Gçay se repose dans le Midi.
L'évêque Le Nordez se retire dans son vil-
lage natal, à Valognes, où il « se consacre
à l'étude ».
Ah 1 si c'était à recomme^J^^
iéyêiLuea 1 ingrat poaUte
LA GUERRE
Les trois armées de Mandchourie — La
question du commandement en chef
Les opérations autour de
Moukden — La défense
de Port-Arthur
Les préoccupations du monde militaire
russe semblent se porter actuellement sur
la question du haut commandement des
troupes qui vont opérer en Mandchourie.
On sait, en effet, qu'une seconde armée
vient d'être constituée sous le commande-
ment du général Gripenberg ; une seconde
armée serait en formation et le commande-
ment en serait attribué au général Linié-
vitch.
Mais, voici la difficulté : Kouropatkine ne
se froissera-t-il pas de n'avoir pas sous ses
ordres ces deux armées ? On le craint -, aus-
si de divers côtés on annonce que le grand-
duc Nicolas Nicolaïevitch, inspecteur géné-
ral de la cavalerie, serait nommé comman-
dant en chef des trois armées.
Le plan de. l'état-maior russe est d'en-
voyer cinq cent mille hommes en Mand-
chourie ; il est évident que ce plan ne pour-
ra être complètement réalisé qu'au prin-
temps prochain. Et d'ici là.
Le départ de l'escadre de la Baltique pa-
rait certain maintenant. On annonce, en
effet, que le tsar ira le 4 octobre àv Re-
vel pour faire ses adieux à l'escadre. Le
cuirassé Orel a quitté Cronstadt pour se
joindre à l'escadre de la Baltique.
AUTOUR DE MOUKDEN
L'inactivité des deux adversaires - On
attend un grand combat
Moukden, 28 septembre.
Rien d'important ne s'est produit pendant
la dernière quinzaine, mais la situation
s'est modifiée à tel point qu'un mouvement
en avant contre les positions avancées japo-
naises au nord de Yentaï et de Ben-Si-Kou
semble vraisemblable.
Quant aux Japonais, ils sont à peu près
dans les mêmes conditions que le 25 août,
lorsqu'ils se trouvaient à 32 kilomètres ali
sud-est et à l'est. de Liao-Yang. Avec des
renforts suffisants, ils pourraient en un ou
deux bonds attaquer les ouvrages de dé-
fense de Moukden et renouveler ici la ten-
tative qui échoua à Liao-Yang.
Il arrive ici quelques blessés, mais les
engagements sont insignifiants. Le calme
règne surtout à l'ouest du chemin de fer ;
la circulation est presque normale sur la
grande route de Moukden à Sin-Min-Ting.
Les Chinois ont envoyé, hier, à Sin-Min-
Ting, cent vingt chariots à quatre chevaux
chargés d'argent, mais ces indigènes re-
prennent confiance. Les magasins sont de
nouveau ouverts, et les fugitifs diminuent
sur la route de Sin-Min-Ting.
Moukden, 1er octobre.
L'inactivité prolongée des çleux adversai-
res montre que la situation s'est modifiée et
nécessite de la part des Japonais un chan-
gement de tactique. Il n'est pourtant pas
improbable que les Japonais tentent à 1 est
un mouvement tournant.
On estime à dix mille le chiffre des Chi-
nois actuellement réfugiés à Moukden,
mais les indigènes ne semblent pas com-
prendre ce que l'avenir peut réserver.
Pourtant, les autorités chinoises amassent
du grain en dehors de la ligne de combat,
en prévision d'une famine dont l'abon-
dance des récoltes écarte d'ailleurs l'éven-
tualité.
Tokio, 2 octobre.
Les avant-postes et les éclaireurs japo-
nais et russes restent en contact au sud,
au sud-est et à l'est de Moukden. Des es-
carmouches se produisent chaque jour et on
s'attend d'un moment à l'autre à un grand
combat. On croit qu'il aura lieu près de
Tié-Ling.
Le général Kouropatkine ne se maintien-
drait que temporairement à Moukden et le
long du Hun-Ho pour entraver la marche
en avant des Japonais.
A PORT-ARTHUR
Le fort Kouropatkine — Sorties des Russes
Situation critique de la flotte
On télégraphie de Tcllé-Fou, le 1er oc-
tobre :
« Dix-neuf Chinois arrivant de Port-Ar-
thur furent arrêtés par des torpilleurs ja-
ponais, qui saisirent toute la correspon-
dance se trouvant à bord de la jonque qu'ils
montaient, puis brûlèrent cette dernière.
« Deux Chinois manquent. Deux Euro-
péens qui les accompagnaient furent pris a
bord du torpilleur et dirigés sur Dalny.
« La garnison de Port-Arthur, qui est
presque dépourvue de vivres frais, a cepen-
dant quelques chevaux pour la boucherie, et
une quantité considérable de corned beej
existe dans les entrepôts de la forteresse. »
Le correspondant à Tokio de la Gazette
de Cologne câble que, dans les hauts mi-
lieux militaires japonais on est d'avis que
Port-Arthur peut tenir encore quelque
temps, la place étant trop forte pour être
prise par un coup de main ou après un
siège de courte durée. L'escadre russe de
Port-Arthur, quoique très diminuée comme
valeur de combat, reste toujours un facteur
avec lequel il faudra compter, si la flotte de
la Baltique fait son apparition sur les lieux.
Les conseillers militaires du mikado ne per-
dent pas de vue celle éventualité.
Tokio, 2 octobre.
On rapporte que les Russes font des ef-
forts désespérés pour reprendre les posi-
tions perdues, notamment le fort Kouropat-
kine, dans l'espoir de recouvrer la conduite
d'eau.
Ce fort aurait été l'objet d'assauts
répétés après avoir été bombardé des forts
voisins; mais les Japonais continuent à l'oc-
cuper. Les deux adversaires ont beaucoup
souffert.
Des canons japonais récemment montés
commanderaient tout le port. La position de
ce qui reste de la flotte russe serait pré-
caire. On croit que les navires devront
bientôt sortir ou être détruits.
Chéfou, 2 octobre.
Suivant des Chinois partis de Port-Ar-
thur le 30 septembre, on s'y est vigoureuse-
ment battu le 28 et le 29 sur la côte ouest
de Liao-Ti-Chan, près de la baie du Pigeon.
Ce sont les Russes qui attaquèrent ; ils vou-
laient apparemment s emparer des gros ca-
nons que les Jeûnais avaient montés dans
le voisina. Ils firent plusieurs sorties en
forco àvec de l'artillerie de campagne, mais
ils échouèrent dans leur tentative. -
Trois jonques sont arrivées aujourd'hui
avec cent soixante coolies partis de Port-
-~M~M~A~a~cj~.
blessés et à enterrer les morts. Ils crai-
gnaient, en outre, de manquer un jour de
nourriture, bien que le riz soit pour le mo-
ment en abondance. D'après ces Chinois,
les vaisseaux russes aie prennent pas part
aux engagements. -
Des navires marchands, rendus inutilisa-
bles par les projectiles ennemis, ont été
transformés en hôpitaux.
Plusieurs Chinois qui ont porté des morts
disent que oeux-ci furent si nombreux au
cours de l'attaque et de la défense des forts
supplémentaires d'Itschan, qu'il est impos-
sible d'en évaluer approximativement le
chiffre. Les inhumations doivent se faire
clandestinement pendant la nuit pour éviter
le feu des Japonais qui tirent sur les por-
teurs.
CE QBE KOPS TOULONS!
Comme je l'ai dit l'autre jour, j'attendais
que « ce fût fini », pour commencer.
Or, maintenant, cela semble à peu près
définitivement terminé !
Puisque M. Millevoye vient de se charger
officiellement de l'interpellation tradition-
nelle.
Dons, « commençons », voulez-vous ?
C'est-à-dire revenons au ppint de départ
de toute cette affaire : à la question de sa-
voir s'il n'y aurait pas lieu d introduire des
réformes dans nos écoles militaires et la
façon dont nous recrutons et formons nos
officiers.
Un général s'est avisé, vous le savez, de
formuler certaines critiques sur la façon
dont, à Saint-Cyr, on prépare les candidats
à l'épaulette.
Il a conclu finalement à la nécessité d'ap-
porter à ce monde de préparation plusieurs
modifications assez serieuses.
Et ce sont ces modifications qu'il s'agit
d'examiner et de discuter pour les faire
aboutir.
Et le plus tôt possible — si l'on ne veut
pa.s voir encore une promotion de saint-cy-
riens soumise au régime dont on vient de
constater les graves inconvénients — mais
que d'aucuns, nombreux et puissants,, vou-
draient maintenir à tout prix.
Ce n'est pas d'hier qu'il en est ainsi ; et
l'on ne s'imagine pas l'opposition persis-
tante qu'ont rencontrée les moindres réfor-
mes apportées à diverses époques IlÚ ré-
gime de Saint-Cyr.
Tenez, par exemple, l'envoi des saint-cy-
riens aux manœuvres — dont je parlais der-
nièrement et qui ne date que de quelques
années.
Puisqu'il a eu lieu pour la première fois
en 1901. -
Eh bien ! à cette époque, la France mili-
taire — journal « spécial » et non pas « of-
ficiel », comme une coquille me l'a fait dire
— la France militaire, qui accueille avec
raison l'expression des opinions les plus op-
posées, publia sur ce sujet un article de cri-
tique des plus violents.
Article dont l'auteur n'avait pas craint
d'écrire cette phrase monumentale :
« Les élèves de cette école sont de futurs
officiers, non de futurs soldats. »
Une phrase qui en dit long, n'est-ce pas,
sur les idées régnantes — au sujet de l'ar-
mée — dans un certain monde !
Dans le monde où l'on adresse volontiers
à cette armée de bruyants vivats — mais
où l'on est généralement peu friand de
« servir — dans le rang ».
Or, ce qu'il s'agit de réaliser aujourd'hui,
c'est de faire, des saint-cyriens, non pas de
« futurs soldats », mais des « soldats », pu-
rement et simplement.
C'est d'en faire des « soldats » avant d'en
faire des « officiers ».
Voilà le point de départ de toutes les ré-
formes à intervenir — et autour desquelles
les nationalistes viennent de mener si grand
bruit — uniquement pour en empêcher la
réalisation.
Va-t-on nous permettre enfin de « com-
mencer » à nous en occuper sérieusement ?
C'est la seule chose que nous voulions
faire.
Lieutenant-colonel* LE MARCHAND.
BAVARDAGE
J'apprends avec un véritable plaisir, à mon
retour, que la Ligue de renseignement a re-
noncé à l'étrange devise qui, à mon avis, figu-
rait si mal sur sa papeterie.
— Par le livre et par l'épée ! '- m'avait tou-
jours causé une impression pénible, et alors
même que j'étais appelé à faire des conférences
à la Ligue, je ne pouvais me retenir de protes-
ter contre ces mots bizarres.
Il est évident qu'il y avait dans cette formule
une singulière notion de renseignement, qui
d'ailleurs n'avait jamais été dans l'esprit de ceux
qui l'avaient choisie. Elle n'était explicable que
par tes mots qui la devaient précéder : — Sau-
vons la France par. etc. — apostrophe roman-
tique qui avait sa raison d'être dans l'état de
fièvre qu'avaient créé les catastrophes de 1870.
Mais pour tous- ces mots s'appliquaient non
pas — au salut de la France — mais à l'ensei-
gnement : c'est pourquoi il nous paraissait que
ce malentendu devait cesser. Ainsi a-t-il été
fait, et nous nous en réjouissons.
On ne croira plus que les plus ardents dé-
fenseurs des droits de la conscience ont l'in-
croyable prétention d'imposer l'éducation à
coups de sabre.
Ces mots — le livre et l'épée — ne doivent en
aucun cas se trouver sur le même plan, puisque
le livre — c'est-à-dire le développement de la rai-
son humaine — a pour première mission de
faire échec à la force brutale, c'est-à-dire à
l'épée. L'amour et les coups de trique ne sont
pas choses similaires.
Comme certains s'opposent toujours - par
tempérament — aux réformes les plus simples,
on a tenu compte de leur protestation en lan-
çant une déclaration patriotique. Nous n'y con-
tredisons pas. Seulement il est fâcheux que ces
élans passionnés vers la patrie aient toujours
pour corollaire l'évocation d'un sabre.
C'est étonnant, meus je trouve qu'on peut très
bien aimer sa patrie sans pour cela menacer ni
haïr la patrie des autres ; on peut adorer sa
mère sans rêver de flanquer une raclée à la
mère des autres.
Pourquoi cette idée de patrie se symbolise-
t-elle toujours par une image de brutalité, le sa-
bre, l'épée, la hache ou le canon? La jnission
de la patrie française (de la vraie, rien de Cop-
pée ni de Lemaitre) est de faire pénétrer dans
le monde entier les idées de justice et de vérité
qui naissant sur son sol comme moisson natu-
relle, et, en fait de symbole, je n'en connais pas
de plus expressif qué celui de la Semeuse, parce
qu'il est à la fois juste, poétique et pacifique.
La France est la grande Semeuse de progrès ;
c'est là sa grandeur vraie, et, quand elle à be-
soin de tirer l'épée, çftgt une douleur morale
pour la mande entier" * Ug Ewmk
~Mmil~ M7~d
Sur la Tornbe d'Emile Zola
id iutuUcuM~
La manifestation d'hier — Un imposant cortège
Les délégations — Les couronnes — An
cimetière Montmartre
Dans une grandiose manifestation, Paris
a célébré hier le deuxième anniversaire de
la mort d'Emile Zola, et cette manifestation,
calme et digne, fut bien celle qui convenait
à la mémoire du grand romancier et du
grand citoyen.
Plus de dix mille personnes ont défilé de-
vant la tombe du maître regretté.
Les amis et admirateurs d'Emile Zola,
furent, comme l'an passé, fidèles au ren-
dez-vous ; trois des zélés défenseurs de la
vérité se sont fait excuser, empêchés de
venir. Ce sont : MM. Francis de Pr-essensé,
souffrant ; Louis Havet et Jaurès, retenus
hors de Paris.
M. Mathias Morhardt, secrétaire général
de la Ligue des Droits de l'Homme et du
Citoyen, avait reçu du président du Conseil
municipal la lettre suivante :
Paris, le 30 septembre 1904.
Monsieur le secrétaire général,
En rentrant du congrès de Rome, je trouve la
lettre par laquelle la Ligue pour la Défense des
Droits de l'Homme et du Citoyen demande au
président du Conseil municipal de prendre la
parole à la manifestation organisée en mémoire
d'Emile Zola, le lrt octobre prochain.
A mon très grand regret, il me sera tout à
fait impossible de me rendre à cette manifes-
tation, un engagement antérieur auquel il m'est
impossible de me soustraire m'obligeant à quit-
ter Paris pour quarante-huit heures, samedi ma-
tin.
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien
être mon interprète auprès des membres du
bureau de la Ligue et les prier d'accepter mes
excuses.
Veuillez agréer, monsieur le secrétaire gèné-
ral, l'assurance de ma considération la plus dis-
tinguée.
Pour le président du Conseil municipal absent :
Le vice-président de service : J. POIRY.
Beaucoup de personnes qui ont pour le
nom de Zola une véritable vénération sont
venues grossir le cortège, et des scènes tou-
chantes ont eu lieu.
Une jeune veuve, portant un bébé, nous
dit :
«' Son père était socialiste, monsieur, et il
nous a appris à aimer et admirer Emile
Zola ; alors j'ai fait belle ma petite pour al-
ler sur sa tombe déposer un bouquet d'é-
glantines. »
Plus loin, deux vieux ouvriers qui cau-
sent, et qui ne connaissant Zola que de
nom, ont fait le sacrifice de leur demi-jour-
née pour venir accomplir ce pèlerinage.
LE DÉPART
Les grosses averses de la nuit avaient
cessé dans la matinée ; une pluie fine et pé-
nétrante leur avait succédé, mais vers dix
heures elle se calmait, et le temps se main-
tenait, sans ondées, jusqu'à la fin de l'après-
midi.
Malgré le ciel couvert et menaçant, les
admirateurs de Zola sont venus en foule ;
presque tous avaient piqué l'églantine rou-
ge à la boutonnière.
Le rendez-vous était fixé pour deux heu-
res, place de la Trinité ; dès une heure et
demie, la foule se presse sur les trottoirs
qui bordent cette place ; à deux heures
moins le quart, un grand rènious se pro-
duit ; au-dessus des têtes émerge un im-
mense panache de fleurs, c'est la superbe
couronne du Comité central de la Ligue des
Droits de l'Homme ; cette couronne, com-
posée de dahlias rouges, de reines-margue-
rittes, de chrysanthèmes et de piquets de
roses, est traversée par une palme et un
large ruban violet sur lequel on lit :
AU GRAND CITOYEN
EMILE ZOLA
LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME
A deux heures précises, prenant la tête
du cortège, le Comité de la Ligue des Droits
de l'Homme veut s'engager dans la rue
Blanche, pour se rendre au cimetière ; les
autres groupes se rangent et prennent place
dans le cortège. La colonne s'ébranle, mais
cela ne fait pas l'affaire de M. Lépine, qui
envoie aussitôt M. Lebon, officier de paix,
suivi d'agents, pour empêcher le cortège
d'avancer.
L'on ne se mettra en marche que lorsqu'il
plaira à M. le préfet de police de donner le
signal du départ ; ce signal est donné à
trois heures moins vingt.
Par autorisation spéciale, quelques dra-
peaux rouges avaient été tolérés dans le
cortège ; ce sont ceux de la Fédération des
travailleurs municipaux, dont la hampe est
surmontée d'un bonnet phrygien, du Parti
socialiste français (Concentration socialiste
révolutionnaire), et de l'Union républicaine
socialiste, première section du cinquième
arrondissement (comité Viviani).
Le déploiement de ces emblèmes n'a
donné lieu à aucun incident.
Dans le cortège, nous remarquons por-
tées à bras les couronnes de groupes de
quartier de la Ligue des Droits de l'Hom-
me, du comité Sembat-Turot, de l'i socia-
liti Revoluzionari italiani, de quelques jour-
naux socialistes, le triangle rouge orné
d'une branche d'acacia de la Loge La Rai-
son, etc.
LES DÉLÉGATIONS
S'étaient fait représenter les, groupe-
ments suivants :
Comité central de la Ligue des Droits de
l'Homme, les sections de Saint-Ouen, d'Au-
t-ervilliers, Levallois, Montreuil, Colombes,
Batignolles, des Grandes-Carrières, du
quinzième, de la Porte Saint-Martin, de
Neuilly-Plaisance, de Meudon, du Perreux,
du vingtième, du troisième, du sixième, du
treizième, de Clignancourt, des Epinettes,
Combat-Villette, Union des quatre sections
An /-»*/>
UU 11 UiOlViUC) tiv.
Les Universités populaires du troisième,
U. P. Zola, la Coopération des Idées, le
Château du Peuple, la Fédération des U. P.,
les Petits Bellevillois, l'U. P. de Montmar-
tre, les Loges maçonniques, le Conseil fédé-
ral, les Philanthropes réunis, la Grande
Loge de France, Cosmos, la Raison, les
Amis triomphants, Loge Victor-Hugo, les
Trimlairos; lg. Libre Pensée, les Droits de
l'Homme de Levallois.
La Fédération française de la Libre Pen-
sée, le Conseil central de la Libre Pensée,
l'Entente des groupes anticléricaux, la Fra-
ternelle de Montmartre, les Egaux, la Jeu-
, pea.se républicaine du troisième Cercle dea
travailleurs socialistes de la Villette, Comi.
té républicain de Clignancourt.
L'Avant-garde de Montmartre, Jeunesse
laïque et républicaine du dix-neuvième Li-
gue fraternel de Montrouge, Cercle du
commerce et de l'industrie de Levallois, co-
mité républicain de l'Ecole militaire, Con-
centration socialiste du troisième, Chambre
syndicale des ouvriers égoutiers, Groupe
socialiste d'Epinay, Jeunesse socialiste an-
ticléricale du dix-huitième.
La Fédération nationale des travailleurs
municipaux, Union des groupes de la Cha."
pelle, la Goutte-d'Or, P. S. F., Fédération
du quinzième, Concentration socialiste ré-
volutionnaire, Union, républicaine socialiste
du cinquième, Union socialiste du quartier.
Saint-Victor, Union socialiste de la deuxiè-
me circonscription du cinquième, Groupe
socialiste de Saint-Ouen, Comité radical et
radical-socialiste du deuxième Groupe so-
cialiste de Bel-Air, Comité radical et radi-
cal-socialiste d'Asnières, Union des comités
républicains radicaux-socialistes et socia-
listes du dixième, Fédération républicaine
du canton de Sèvres, Le Travail de Clichy,.
Fédération des groupes socialistes du quin-
zième, les Socialistes du sixième, Comité'
républicain socialiste indépendant des Gran.
des-Carrières, Ni Dieu m maître, Groupe"
socialiste et Jeunesse socialiste du dixième,
Groupes d'études sociales du vingtième,
Comité des patronages laïques du vingtiè-
me., Comité Cyvoct, les Poètes-chansonniers
révolutionnaires, Ligue belge des Droits de
l'Homme, Le Réveil de la Chapelle et de la
Goutte-d'Or, l'Union des gauches, la Colo-
nie de l'enfance, etc., etc. ;
Le cortège a suivi l'itinéraire suivant "ij.
Départ de la place de la Trinité, rues
Blanche, de Calais, square Vintimille, rut
de Bruxelles à gauche, rue de Clichy à
droite, place Clichy, avenue de Clichy, rue
Rachel. En passant devant le petit hôtel où!
mourut Emile Zola, tous les fronts se dé-,
couvrent et, devant cette maison aux volets
clos, une poignante émotion serre le cœur
en songeant au disparu, à son œuvre toute'
de jlJstice et d'humanité:,
de justice et d'humanité.
AU CIMETIÈRE MONTMARTRE
Il est trois heures moins le quart lorsque
les amis de la famille, représentant Mme
Zola, groupés autour de la tombe, en haut
du tertre qui surplombe le rond-point, aper-
çoivent la tête du cortège.
Il y a là M. et Mme Desmoulins, M. et'
Mme Alfred Bruneau, G. Loiseau, H. Du-
tar, Albert Laborde, M. et Mme Saint-Geor-
ges de Bouhélier, Maurice Le Blond, l'or-
ganisateur du pèlerinage de Médan, et Se-
ménoff.- t
En raison de la situation peu favorable
de la tombe et de l'étroite place dont otf
disposait, beaucoup d'amis ont dû se con-
tenter de défiler avec le cortège, aux reÀ
grets de la famille, qui eût été heureuse de
les voir dans son groupe. !
Bientôt, le cimetière est littéralement noir
de monde. Les délégations et groupementii
arrivent en foule, mais en bon ordre, et sé
tassent silencieusement, attendant que
vienne le tour de chacune.
Du haut du tertre, le coup d'œil qu'offre
cette foule recueillie, venue là pour rendre
un hommage de vénération- au chantre des;
humbles et au défenseur de l'opprimé, est
véritablement imposant et grandiose dana
sa simplicité. Glorieux pèlerinage pour la'
mémoire de celui qui sut, par le rayonne-
ment de sa pensée, s'attirer ainsi l'admira-
tion passionnée et déférente de concitoyeng
issus de tous les rangs sociaux 1
Il est venu plus de dix mille person-
nes. Le défilé a duré plus de deux heures et
demie. A cinq heures un quart les derniers
groupes gravissaient encore l'escalier.
Un imposant service d'ordre, trop minu*
tieux peut-être, tellement les détails ed
avaient été strictement réglés, avait été or";
ganisé à l'intérieur même du cimetière. Des;;
cordons d'agents et de gardes munieipaue
empêchaient l'accès des marches conduit
sant à la tombe et canalisaient la foule par,
une allée latérale. Les assistants arrivaient
ainsi par derrière et défilaient un à un de-
vant la tombe.
Mme Emile Zola avait recouvert de fleurs
la tombe de son mari, et dans la matinée
M. Henri Brisson, président de la Cham-
bre, avait envoyé une gerbe de fleuts avec
sa carte.
Dans ce défilé interminable, nous avons.
reconnu au passage MM. Jacques Cohen,
attaché au cabinet de M. Combes; Mathias
Morhardt, secrétaire-général de la Ligue
des Droits de l'Homme; Copenhague, Freys-
taetter, Alfred Wesphal, Sicard de Plo-
zolles, Delpech, Gabriel Trarieux, Tàrbou-,
riech, G. Bourdon, du comité central de la
Ligue des Droits de l'Homme; Sembat, dé-
puté; Giet, .Blum, Baudelot, Lévy, André
Lebeau, Bagnol, député; Auger, Gauthier,
Jalabert, Philippe, conseillers municipaux
de Saint-Denis; Louis Maurice; Jules-Louis-
Breton, député; la délégation italienne corn.
posée de MM. Perrodi. di Berardo, Verzi, ,
Monticone, Pectini, Cahen, secrétaire de
l'Alliance républicaine démocratique. v
MM. Boischot, Duteil, maire de Bonne-,
vial; Varenne, Fournière, Eugène Montfort,
Dumas, Buré, Souberbiel, M.J. Lecoq, Ca,
gniard, Mallebay, Parizot, Marius et ArYJ
Leblond, Uhry, docteur Maillon, Achille Le-
roy, Chabert, docteur Neetter, Petit, Do-
mela Nieuwenhuis, Gustave Gras, Armand
Charpentier, Bernard, Taft, Nicoll, Tesche,-
Cyvoct, Martin, Victor Charbonnel,' Liber-
tad, etc.
Nous avons pu remarquer aussi dans le
cortège la présence de nombreux lycéens
et lycéennes, d'élèves d'écoles supérieures,
de soldats, de facteurs et d'employés de dU
verses administrations.
Beaucoup de ces manifestants ont jeté
des fleurs sur la tombe en passant. Quel-
ques-uns, malgré l'imposant silence qui ré;
gnait,. n'ont pu se tenir de crier leur admi-
ration. Parmi eux, un brave ouvrier, en-!
cadré de sois deux fillettes qu'il tenait dû
chaque main, a jeté ce cri admirable
« Merci, à toi qui savait, d'être venu &
nous qui ne savons pas ! » Cet enthou-
siasme vibrant, exprimé sous une forme sl:
heureuse, a vivement remué l'assistance.. ;■]
A signaler aussi la touchante manifestas
tion de deux garçonnets !114 ont fléBgs^gu* ■
!
CINQ CENTIMES - LE NUMERO 248 Année - 12 Vendémiaire an 115 - N° 278
JBk" WWÊ
'- RÉDACTION ET ADMINISTRATIONI
142, RUE MONTMARTRE, PARIS - TÉLÉPHONE : 102-68
Adresser la correspondance concernant VAdministration à
IMC. Victor SIMOND
Administrateur-Directeur de la Société anonyme du journal LE RADICAL
Directeur politique : A. MAUJAN
t
Les Annonces sont reçues à l'OFFICE D'ANNONCES, 10, place de la Jour..
Et à l'Administration du Journal « Le Radical P, Paris
ADRESSER TOUTE LA CORRESPONDANCE CONCERNANT LA RÉDACTION A
M. MAUJAN, Directeur du RADICAL
HlUC Ulm ABOKNEMEXTH AVWC PRISSES
Trois mois, 7 francs
Six mois, la francs
Un an, 25 francs
AUJOURD'IIUI
LE RADICAL
Paraît sur HUIT PAGES
Voir à la troisième page
Le Compte Rendu complet
DU
CONGRES D'AMIENS
Encore le Caleiirier
Les journaux modérés, défenseurs des
congrégations, se devaient de prendre
sous leur protection le calendrier catho-
lique ; ils n'y ont pas manqué.
-, Mais j'ose dire que leurs arguments
marquent un certain embarras, tout na-
turel d'ailleurs. Modérés, ils se préten-
Sent quand même partisans de la neu-
tralité de l'Etat en matière religieuse ;
ils affirment à toute occasion la supré-
matie de la société civile.
Or, un Etat qui adopte officiellement
pour jours fériés les dates désignées
pour les grandes fêtes de l'Eglise catho-
lique pratique-t-il la neutralité ? Il serait
'difficile de le soutenir. La société civile
marque-t-elle sa suprématie quand elle
soumet humblement le choix des jours
qu'elle doit chômer au caprice exclusif
kle l'Eglise catholique ? On ne s'aventure
pas à le démontrer.
Et, dès lors, la question est jugée.
Je ne veux empêcher personne de ré-
veillonner, pas plus la nuit de Noël que
Jtoute autre nuit. Ce sont là des affaires
jjâ'ordre privé que la liberté individuelle
permet à chacun de régler selon sa fan-
Saisie. Mais pourquoi l'Etat déclare-t-il,
par une loi, que Noël est un jour férié,
jour de congé pour les écoliers et de
chômage pour les administrations pu-
pliques, si ce n'est pour manifester sa
Référence à l'Eglise catholique, qui tient
jt célébrer ce jour-là le jour anniversaire
pu supposé tel de l'accouchement de la
cierge-mère ? C'est cette déclaration
légale qui est, en elle-même, une attein-
te à la neutralité et, dans une certaine
înesure, une offense à la liberté de cons-
cience.
"Les noms des saints inscrits dans les
xalendriers ordinaires, si burlesques
Qu'ils soient parfois, ne me choquent
pas, parce qu'ils ne jouissent d'aucune
consécration légale, qu'ils ne me sont
pas imposés, que je suis libre de les
ignorer. Tandis que je ne puis pas ign'o-
irer la Pentecôte ou l'Assomption : l'Etat
lyeut, ces jours-là, que les affaires soient
suspendues, que les bureaux de ses ad-
ministrations soient fermés ; il m'oblige
jdonc à m'associer malgré moi à une ma-
nifestation religieuse.
Et c'est bien pourquoi Bonaparte sup-
prima le calendrier révolutionnaire et
rétablit le calendrier catholique. C'était
bien de sa part, quoi qu'en pense le
journal des Débats, une concession au
pape, une conséquence d% la politique
concordataire. Le peuple continuait, dit
jiotre confrère, à danser le dimanche et
jà travailler le décadi. Sans doute, les
Vieilles habitudes ne se modifient pas si
jvite, et les mesures d'autorité y échouent
généralement. Mais, justement, cette
persistance montre que le changement
jetait inutile à ce point de vue ; puisque
le peuple continuait à danser le diman-
che et à travailler le décadi, il n'y avait
pas besoin, pour le lui permettre, de ré-
tablir légalement le calendrier catho-
dique. 'Et cela, sûrement, ne fut fait que
pour plaire à l'Eglise et gagner ses bon-
jnes grâces au régime issu du i8 bru-
)maire.
Sur ce point de la laïcisation du calen-
klrier, c'est-à-dire de la suppression des
ïêtes religieuses qui y sont inscrites
avec une sanction légale, j'estime que la
^démonstration subsiste tout entière.
}T'ai dit et je maintiens que cette sup-
pression devra être nécessairement la
conséquence de la séparation des Egli-
ses et de l'Etat.
Devra-t on profiter de l'occasion pour
remanier tout le calendrier et donner
notamment aux douze mois de l'année
tIes noms plus compréhensibles et plus
•d'accord avec l'arithmétique ? Je pense
ique oui.Mais c'est une question distincte
'de la précédente et qui n'engage, elle,
jen aucune façon, la question de laïcité,
Le Temps, le Journal des Débats font
;au calendrier républicain l'objectioîi que
gavais indiquée moi-même, à savoir que
les noms qu'il attribue aux mois ne
S'accordent pas flvec tous les £limaist
D'accord. Mais est-ce une raison pour
maintenir septembre et décembre, qui
sont faux sous toutes les latitudes ?
D'ailleurs, quand il s'agit de noms, cha-
que peuple choisit ceux qui lui convien-
nent ; si germinal ne leur plaît pas, les
étrangers le remplaceront par un autre ;
mais au moins ils comprendront ce que
les Français auront voulu dire en disant
germinal, tandis qu'ils ne comprennent
pas que, dans notre calendrier, sept soit
mis pour neuf et dix pour douze. Ce
n'est ni gracieux, ni clair, assurément,
et je m'étonne que le peuple français,
qui se pique avec raison d'avoir du goût
et d'être doué d'un esprit clair, s'obs-
tine à maintenir dans son calendrier des
noms qui choquent à la fois le goût et la
logique et qui n'ont d'autre raison d'être
que la survivance d'une erreur romaine.
Mais cela, je le répète, est en dehors
de la laïcisation : je reconnais volontiers
que septembre n'est pas plus clérical
que vendémiaire. Tandis que Pâques,
Noël, etc., sont assurément la marque de
la main-mise de l'Eglise sur les institu-
tions civiles, et que la République, qui
veut être laïque, ne peut s'accommoder
d'un calendrier qui ne l'est pas.
SIGISMOND LACROIX.
L'ÉLECTION D'HIER
Dans la première circonscription d'Evreux
Victoire républicaine
Une élection législative a eu lieu hier,
dans la première circonscription d'Evreux
(Eure), en remplacement de M. Isambart,
radical, décédé.
:Voici les résultats :
Inscrits : 17.098 — Votants : 12.171
MM. Abel Lefèvre, radie, social. 7.895 ELU
Lhopital, réactionnaire. 3.945
Aux élections de 1902, M. Isambart avait
été réélu par 7,800 voix contre 4,858 à M.
Maurice Hallay, progressiste, et 678 à M.
Fouquet, réactionnnaire.
C'est donc un beau succès que le parti ra-
dical a remporté hier à Evreux. Ce n'est pas
seulement le déchet des voix réactionnaires
— plus de deux mille — qu'il faut considé-
rer, mais le gain réalisé par M. Abel Lefè-
vre sur le chiffre de voix qu'avait eues son
prédécesseur en 1902.
L'élu d'hier gagne cent voix sur M. Isam-
bart, et nous trouvons cela bien significa-
tif. En effet, ainsi qu'on a pu le constater
par son programme, que nous avons publié
avant-hier, M. Abel Lefèvre s'était nette-
ment prononcé pour la dénonciation du
Concordat et pour la séparation des Eglises
et de l'Etat. On peut dire que toute la cam-
pagne électorale a porté sur cette question.
Eh bien 1 les électeurs de la première
circonscription d'Evreux n'ont pas hésité à
se rallier au programme de M. Abel Lefè-
vre, plus avancé que celui de M. Isambart,
qu'ils avaient à remplacer ; ils sont même
venus plus nombreux.
C'est la première fois que le suffrage uni-
versel est appelé à se prononcer sur la
question de la séparation, depuis que M.
Combes l'a posée dans son discours
d'Auxerre.
Le présage est bon ; nous devons nous
en féliciter.
NOTRE RECOMPENSE
Pendant les quatre jours qu'a duré le con-
grès d'Amiens, nous avons pu donner le
compte rendu in extenso de ses travaux et
de ses discussions.
M. Bourguignon, rapporteur général, a
bien voulu nous en remercier hier par ces
paroles trop flatteuses :
Aussi bien, ma tâche m'a-t-elle paru singuliè-
rement simplifiée par la mesure inaugurée cette
année avec le concours d'un journal qui a tou-
jours été l'un des plus dévoués défenseurs de
la Ligue, le Radical, qui a fait cette fois-ci ce
véritable tour de force de publier chaque jour le
compte rendu sténographique de nos séances, si
bien qu'au moment où je parle vous avez pu le
lire in extenso, en y retrouvant facilement la
physionomie même de nos discussions. Notre
premier devoir n'est-il pas, en remerciant toute
la presse qui a bien voulu s'occuper de nos tra-
vaux, d'adresser un remerciement particulier au
Radical pour le grand service qu'il nous a rendu
à tous. et tout spécialement au rapporteur gé-
néral ?
Notre récompense est dans ces derniers
mots.
Nous sommes heureux d'avoir pu rendre,
dans la mesure de nos moyens, quelques
services à la cause de l'enseignement laïque
que nous défendons depuis tant d'années.
A notre tour, nous devons remercier les
rapporteurs et les membres de la Ligue qui
ont facilité, par leur empressement, la tâ-
che de nos collaborateurs.
Remercions aussi nos compositeurs, dont
le dévouement et l'habileté ont permis au
Radical d'accomplir ce que M. Bourgui-
gnon appelle un tour de force.
INGRATITUDE PAPALE
Pauvres évêques, infortunés prélats 1
C'était vraiment bien la peine de se soumet-
tre, d'aller se jeter, pleurants et repentants,
aux pieds du Saint-Père !
Ils devaient,, à les entendre, recevoir,
pour prix de leur soumission, un poste dans
l'une des basiliques de Rome, ou, pour le
moins, être honorés du titre d'évêque
in parlibus. Ce n'était pas, certes, l'équiva-
lent de la bonne sinécure, dûment garantie
par le gouvernement dé la République,
mais enfin c'était toujours cela.
Le vent a tourné, parait-il, à Rome. Plus
de vicariat dans les basiliques romaines,
plus de titre épiscopal. Rien. Les deux pré-
lats se sont soumis. Rome a triomphé. Et
Rome paye ses deux victimes de la plus
noire ingratitude.
L'évoque Gçay se repose dans le Midi.
L'évêque Le Nordez se retire dans son vil-
lage natal, à Valognes, où il « se consacre
à l'étude ».
Ah 1 si c'était à recomme^J^^
iéyêiLuea 1 ingrat poaUte
LA GUERRE
Les trois armées de Mandchourie — La
question du commandement en chef
Les opérations autour de
Moukden — La défense
de Port-Arthur
Les préoccupations du monde militaire
russe semblent se porter actuellement sur
la question du haut commandement des
troupes qui vont opérer en Mandchourie.
On sait, en effet, qu'une seconde armée
vient d'être constituée sous le commande-
ment du général Gripenberg ; une seconde
armée serait en formation et le commande-
ment en serait attribué au général Linié-
vitch.
Mais, voici la difficulté : Kouropatkine ne
se froissera-t-il pas de n'avoir pas sous ses
ordres ces deux armées ? On le craint -, aus-
si de divers côtés on annonce que le grand-
duc Nicolas Nicolaïevitch, inspecteur géné-
ral de la cavalerie, serait nommé comman-
dant en chef des trois armées.
Le plan de. l'état-maior russe est d'en-
voyer cinq cent mille hommes en Mand-
chourie ; il est évident que ce plan ne pour-
ra être complètement réalisé qu'au prin-
temps prochain. Et d'ici là.
Le départ de l'escadre de la Baltique pa-
rait certain maintenant. On annonce, en
effet, que le tsar ira le 4 octobre àv Re-
vel pour faire ses adieux à l'escadre. Le
cuirassé Orel a quitté Cronstadt pour se
joindre à l'escadre de la Baltique.
AUTOUR DE MOUKDEN
L'inactivité des deux adversaires - On
attend un grand combat
Moukden, 28 septembre.
Rien d'important ne s'est produit pendant
la dernière quinzaine, mais la situation
s'est modifiée à tel point qu'un mouvement
en avant contre les positions avancées japo-
naises au nord de Yentaï et de Ben-Si-Kou
semble vraisemblable.
Quant aux Japonais, ils sont à peu près
dans les mêmes conditions que le 25 août,
lorsqu'ils se trouvaient à 32 kilomètres ali
sud-est et à l'est. de Liao-Yang. Avec des
renforts suffisants, ils pourraient en un ou
deux bonds attaquer les ouvrages de dé-
fense de Moukden et renouveler ici la ten-
tative qui échoua à Liao-Yang.
Il arrive ici quelques blessés, mais les
engagements sont insignifiants. Le calme
règne surtout à l'ouest du chemin de fer ;
la circulation est presque normale sur la
grande route de Moukden à Sin-Min-Ting.
Les Chinois ont envoyé, hier, à Sin-Min-
Ting, cent vingt chariots à quatre chevaux
chargés d'argent, mais ces indigènes re-
prennent confiance. Les magasins sont de
nouveau ouverts, et les fugitifs diminuent
sur la route de Sin-Min-Ting.
Moukden, 1er octobre.
L'inactivité prolongée des çleux adversai-
res montre que la situation s'est modifiée et
nécessite de la part des Japonais un chan-
gement de tactique. Il n'est pourtant pas
improbable que les Japonais tentent à 1 est
un mouvement tournant.
On estime à dix mille le chiffre des Chi-
nois actuellement réfugiés à Moukden,
mais les indigènes ne semblent pas com-
prendre ce que l'avenir peut réserver.
Pourtant, les autorités chinoises amassent
du grain en dehors de la ligne de combat,
en prévision d'une famine dont l'abon-
dance des récoltes écarte d'ailleurs l'éven-
tualité.
Tokio, 2 octobre.
Les avant-postes et les éclaireurs japo-
nais et russes restent en contact au sud,
au sud-est et à l'est de Moukden. Des es-
carmouches se produisent chaque jour et on
s'attend d'un moment à l'autre à un grand
combat. On croit qu'il aura lieu près de
Tié-Ling.
Le général Kouropatkine ne se maintien-
drait que temporairement à Moukden et le
long du Hun-Ho pour entraver la marche
en avant des Japonais.
A PORT-ARTHUR
Le fort Kouropatkine — Sorties des Russes
Situation critique de la flotte
On télégraphie de Tcllé-Fou, le 1er oc-
tobre :
« Dix-neuf Chinois arrivant de Port-Ar-
thur furent arrêtés par des torpilleurs ja-
ponais, qui saisirent toute la correspon-
dance se trouvant à bord de la jonque qu'ils
montaient, puis brûlèrent cette dernière.
« Deux Chinois manquent. Deux Euro-
péens qui les accompagnaient furent pris a
bord du torpilleur et dirigés sur Dalny.
« La garnison de Port-Arthur, qui est
presque dépourvue de vivres frais, a cepen-
dant quelques chevaux pour la boucherie, et
une quantité considérable de corned beej
existe dans les entrepôts de la forteresse. »
Le correspondant à Tokio de la Gazette
de Cologne câble que, dans les hauts mi-
lieux militaires japonais on est d'avis que
Port-Arthur peut tenir encore quelque
temps, la place étant trop forte pour être
prise par un coup de main ou après un
siège de courte durée. L'escadre russe de
Port-Arthur, quoique très diminuée comme
valeur de combat, reste toujours un facteur
avec lequel il faudra compter, si la flotte de
la Baltique fait son apparition sur les lieux.
Les conseillers militaires du mikado ne per-
dent pas de vue celle éventualité.
Tokio, 2 octobre.
On rapporte que les Russes font des ef-
forts désespérés pour reprendre les posi-
tions perdues, notamment le fort Kouropat-
kine, dans l'espoir de recouvrer la conduite
d'eau.
Ce fort aurait été l'objet d'assauts
répétés après avoir été bombardé des forts
voisins; mais les Japonais continuent à l'oc-
cuper. Les deux adversaires ont beaucoup
souffert.
Des canons japonais récemment montés
commanderaient tout le port. La position de
ce qui reste de la flotte russe serait pré-
caire. On croit que les navires devront
bientôt sortir ou être détruits.
Chéfou, 2 octobre.
Suivant des Chinois partis de Port-Ar-
thur le 30 septembre, on s'y est vigoureuse-
ment battu le 28 et le 29 sur la côte ouest
de Liao-Ti-Chan, près de la baie du Pigeon.
Ce sont les Russes qui attaquèrent ; ils vou-
laient apparemment s emparer des gros ca-
nons que les Jeûnais avaient montés dans
le voisina. Ils firent plusieurs sorties en
forco àvec de l'artillerie de campagne, mais
ils échouèrent dans leur tentative. -
Trois jonques sont arrivées aujourd'hui
avec cent soixante coolies partis de Port-
-~M~M~A~a~cj~.
blessés et à enterrer les morts. Ils crai-
gnaient, en outre, de manquer un jour de
nourriture, bien que le riz soit pour le mo-
ment en abondance. D'après ces Chinois,
les vaisseaux russes aie prennent pas part
aux engagements. -
Des navires marchands, rendus inutilisa-
bles par les projectiles ennemis, ont été
transformés en hôpitaux.
Plusieurs Chinois qui ont porté des morts
disent que oeux-ci furent si nombreux au
cours de l'attaque et de la défense des forts
supplémentaires d'Itschan, qu'il est impos-
sible d'en évaluer approximativement le
chiffre. Les inhumations doivent se faire
clandestinement pendant la nuit pour éviter
le feu des Japonais qui tirent sur les por-
teurs.
CE QBE KOPS TOULONS!
Comme je l'ai dit l'autre jour, j'attendais
que « ce fût fini », pour commencer.
Or, maintenant, cela semble à peu près
définitivement terminé !
Puisque M. Millevoye vient de se charger
officiellement de l'interpellation tradition-
nelle.
Dons, « commençons », voulez-vous ?
C'est-à-dire revenons au ppint de départ
de toute cette affaire : à la question de sa-
voir s'il n'y aurait pas lieu d introduire des
réformes dans nos écoles militaires et la
façon dont nous recrutons et formons nos
officiers.
Un général s'est avisé, vous le savez, de
formuler certaines critiques sur la façon
dont, à Saint-Cyr, on prépare les candidats
à l'épaulette.
Il a conclu finalement à la nécessité d'ap-
porter à ce monde de préparation plusieurs
modifications assez serieuses.
Et ce sont ces modifications qu'il s'agit
d'examiner et de discuter pour les faire
aboutir.
Et le plus tôt possible — si l'on ne veut
pa.s voir encore une promotion de saint-cy-
riens soumise au régime dont on vient de
constater les graves inconvénients — mais
que d'aucuns, nombreux et puissants,, vou-
draient maintenir à tout prix.
Ce n'est pas d'hier qu'il en est ainsi ; et
l'on ne s'imagine pas l'opposition persis-
tante qu'ont rencontrée les moindres réfor-
mes apportées à diverses époques IlÚ ré-
gime de Saint-Cyr.
Tenez, par exemple, l'envoi des saint-cy-
riens aux manœuvres — dont je parlais der-
nièrement et qui ne date que de quelques
années.
Puisqu'il a eu lieu pour la première fois
en 1901. -
Eh bien ! à cette époque, la France mili-
taire — journal « spécial » et non pas « of-
ficiel », comme une coquille me l'a fait dire
— la France militaire, qui accueille avec
raison l'expression des opinions les plus op-
posées, publia sur ce sujet un article de cri-
tique des plus violents.
Article dont l'auteur n'avait pas craint
d'écrire cette phrase monumentale :
« Les élèves de cette école sont de futurs
officiers, non de futurs soldats. »
Une phrase qui en dit long, n'est-ce pas,
sur les idées régnantes — au sujet de l'ar-
mée — dans un certain monde !
Dans le monde où l'on adresse volontiers
à cette armée de bruyants vivats — mais
où l'on est généralement peu friand de
« servir — dans le rang ».
Or, ce qu'il s'agit de réaliser aujourd'hui,
c'est de faire, des saint-cyriens, non pas de
« futurs soldats », mais des « soldats », pu-
rement et simplement.
C'est d'en faire des « soldats » avant d'en
faire des « officiers ».
Voilà le point de départ de toutes les ré-
formes à intervenir — et autour desquelles
les nationalistes viennent de mener si grand
bruit — uniquement pour en empêcher la
réalisation.
Va-t-on nous permettre enfin de « com-
mencer » à nous en occuper sérieusement ?
C'est la seule chose que nous voulions
faire.
Lieutenant-colonel* LE MARCHAND.
BAVARDAGE
J'apprends avec un véritable plaisir, à mon
retour, que la Ligue de renseignement a re-
noncé à l'étrange devise qui, à mon avis, figu-
rait si mal sur sa papeterie.
— Par le livre et par l'épée ! '- m'avait tou-
jours causé une impression pénible, et alors
même que j'étais appelé à faire des conférences
à la Ligue, je ne pouvais me retenir de protes-
ter contre ces mots bizarres.
Il est évident qu'il y avait dans cette formule
une singulière notion de renseignement, qui
d'ailleurs n'avait jamais été dans l'esprit de ceux
qui l'avaient choisie. Elle n'était explicable que
par tes mots qui la devaient précéder : — Sau-
vons la France par. etc. — apostrophe roman-
tique qui avait sa raison d'être dans l'état de
fièvre qu'avaient créé les catastrophes de 1870.
Mais pour tous- ces mots s'appliquaient non
pas — au salut de la France — mais à l'ensei-
gnement : c'est pourquoi il nous paraissait que
ce malentendu devait cesser. Ainsi a-t-il été
fait, et nous nous en réjouissons.
On ne croira plus que les plus ardents dé-
fenseurs des droits de la conscience ont l'in-
croyable prétention d'imposer l'éducation à
coups de sabre.
Ces mots — le livre et l'épée — ne doivent en
aucun cas se trouver sur le même plan, puisque
le livre — c'est-à-dire le développement de la rai-
son humaine — a pour première mission de
faire échec à la force brutale, c'est-à-dire à
l'épée. L'amour et les coups de trique ne sont
pas choses similaires.
Comme certains s'opposent toujours - par
tempérament — aux réformes les plus simples,
on a tenu compte de leur protestation en lan-
çant une déclaration patriotique. Nous n'y con-
tredisons pas. Seulement il est fâcheux que ces
élans passionnés vers la patrie aient toujours
pour corollaire l'évocation d'un sabre.
C'est étonnant, meus je trouve qu'on peut très
bien aimer sa patrie sans pour cela menacer ni
haïr la patrie des autres ; on peut adorer sa
mère sans rêver de flanquer une raclée à la
mère des autres.
Pourquoi cette idée de patrie se symbolise-
t-elle toujours par une image de brutalité, le sa-
bre, l'épée, la hache ou le canon? La jnission
de la patrie française (de la vraie, rien de Cop-
pée ni de Lemaitre) est de faire pénétrer dans
le monde entier les idées de justice et de vérité
qui naissant sur son sol comme moisson natu-
relle, et, en fait de symbole, je n'en connais pas
de plus expressif qué celui de la Semeuse, parce
qu'il est à la fois juste, poétique et pacifique.
La France est la grande Semeuse de progrès ;
c'est là sa grandeur vraie, et, quand elle à be-
soin de tirer l'épée, çftgt une douleur morale
pour la mande entier" * Ug Ewmk
~Mmil~ M7~d
Sur la Tornbe d'Emile Zola
id iutuUcuM~
La manifestation d'hier — Un imposant cortège
Les délégations — Les couronnes — An
cimetière Montmartre
Dans une grandiose manifestation, Paris
a célébré hier le deuxième anniversaire de
la mort d'Emile Zola, et cette manifestation,
calme et digne, fut bien celle qui convenait
à la mémoire du grand romancier et du
grand citoyen.
Plus de dix mille personnes ont défilé de-
vant la tombe du maître regretté.
Les amis et admirateurs d'Emile Zola,
furent, comme l'an passé, fidèles au ren-
dez-vous ; trois des zélés défenseurs de la
vérité se sont fait excuser, empêchés de
venir. Ce sont : MM. Francis de Pr-essensé,
souffrant ; Louis Havet et Jaurès, retenus
hors de Paris.
M. Mathias Morhardt, secrétaire général
de la Ligue des Droits de l'Homme et du
Citoyen, avait reçu du président du Conseil
municipal la lettre suivante :
Paris, le 30 septembre 1904.
Monsieur le secrétaire général,
En rentrant du congrès de Rome, je trouve la
lettre par laquelle la Ligue pour la Défense des
Droits de l'Homme et du Citoyen demande au
président du Conseil municipal de prendre la
parole à la manifestation organisée en mémoire
d'Emile Zola, le lrt octobre prochain.
A mon très grand regret, il me sera tout à
fait impossible de me rendre à cette manifes-
tation, un engagement antérieur auquel il m'est
impossible de me soustraire m'obligeant à quit-
ter Paris pour quarante-huit heures, samedi ma-
tin.
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien
être mon interprète auprès des membres du
bureau de la Ligue et les prier d'accepter mes
excuses.
Veuillez agréer, monsieur le secrétaire gèné-
ral, l'assurance de ma considération la plus dis-
tinguée.
Pour le président du Conseil municipal absent :
Le vice-président de service : J. POIRY.
Beaucoup de personnes qui ont pour le
nom de Zola une véritable vénération sont
venues grossir le cortège, et des scènes tou-
chantes ont eu lieu.
Une jeune veuve, portant un bébé, nous
dit :
«' Son père était socialiste, monsieur, et il
nous a appris à aimer et admirer Emile
Zola ; alors j'ai fait belle ma petite pour al-
ler sur sa tombe déposer un bouquet d'é-
glantines. »
Plus loin, deux vieux ouvriers qui cau-
sent, et qui ne connaissant Zola que de
nom, ont fait le sacrifice de leur demi-jour-
née pour venir accomplir ce pèlerinage.
LE DÉPART
Les grosses averses de la nuit avaient
cessé dans la matinée ; une pluie fine et pé-
nétrante leur avait succédé, mais vers dix
heures elle se calmait, et le temps se main-
tenait, sans ondées, jusqu'à la fin de l'après-
midi.
Malgré le ciel couvert et menaçant, les
admirateurs de Zola sont venus en foule ;
presque tous avaient piqué l'églantine rou-
ge à la boutonnière.
Le rendez-vous était fixé pour deux heu-
res, place de la Trinité ; dès une heure et
demie, la foule se presse sur les trottoirs
qui bordent cette place ; à deux heures
moins le quart, un grand rènious se pro-
duit ; au-dessus des têtes émerge un im-
mense panache de fleurs, c'est la superbe
couronne du Comité central de la Ligue des
Droits de l'Homme ; cette couronne, com-
posée de dahlias rouges, de reines-margue-
rittes, de chrysanthèmes et de piquets de
roses, est traversée par une palme et un
large ruban violet sur lequel on lit :
AU GRAND CITOYEN
EMILE ZOLA
LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME
A deux heures précises, prenant la tête
du cortège, le Comité de la Ligue des Droits
de l'Homme veut s'engager dans la rue
Blanche, pour se rendre au cimetière ; les
autres groupes se rangent et prennent place
dans le cortège. La colonne s'ébranle, mais
cela ne fait pas l'affaire de M. Lépine, qui
envoie aussitôt M. Lebon, officier de paix,
suivi d'agents, pour empêcher le cortège
d'avancer.
L'on ne se mettra en marche que lorsqu'il
plaira à M. le préfet de police de donner le
signal du départ ; ce signal est donné à
trois heures moins vingt.
Par autorisation spéciale, quelques dra-
peaux rouges avaient été tolérés dans le
cortège ; ce sont ceux de la Fédération des
travailleurs municipaux, dont la hampe est
surmontée d'un bonnet phrygien, du Parti
socialiste français (Concentration socialiste
révolutionnaire), et de l'Union républicaine
socialiste, première section du cinquième
arrondissement (comité Viviani).
Le déploiement de ces emblèmes n'a
donné lieu à aucun incident.
Dans le cortège, nous remarquons por-
tées à bras les couronnes de groupes de
quartier de la Ligue des Droits de l'Hom-
me, du comité Sembat-Turot, de l'i socia-
liti Revoluzionari italiani, de quelques jour-
naux socialistes, le triangle rouge orné
d'une branche d'acacia de la Loge La Rai-
son, etc.
LES DÉLÉGATIONS
S'étaient fait représenter les, groupe-
ments suivants :
Comité central de la Ligue des Droits de
l'Homme, les sections de Saint-Ouen, d'Au-
t-ervilliers, Levallois, Montreuil, Colombes,
Batignolles, des Grandes-Carrières, du
quinzième, de la Porte Saint-Martin, de
Neuilly-Plaisance, de Meudon, du Perreux,
du vingtième, du troisième, du sixième, du
treizième, de Clignancourt, des Epinettes,
Combat-Villette, Union des quatre sections
An /-»*/>
UU 11 UiOlViUC) tiv.
Les Universités populaires du troisième,
U. P. Zola, la Coopération des Idées, le
Château du Peuple, la Fédération des U. P.,
les Petits Bellevillois, l'U. P. de Montmar-
tre, les Loges maçonniques, le Conseil fédé-
ral, les Philanthropes réunis, la Grande
Loge de France, Cosmos, la Raison, les
Amis triomphants, Loge Victor-Hugo, les
Trimlairos; lg. Libre Pensée, les Droits de
l'Homme de Levallois.
La Fédération française de la Libre Pen-
sée, le Conseil central de la Libre Pensée,
l'Entente des groupes anticléricaux, la Fra-
ternelle de Montmartre, les Egaux, la Jeu-
, pea.se républicaine du troisième Cercle dea
travailleurs socialistes de la Villette, Comi.
té républicain de Clignancourt.
L'Avant-garde de Montmartre, Jeunesse
laïque et républicaine du dix-neuvième Li-
gue fraternel de Montrouge, Cercle du
commerce et de l'industrie de Levallois, co-
mité républicain de l'Ecole militaire, Con-
centration socialiste du troisième, Chambre
syndicale des ouvriers égoutiers, Groupe
socialiste d'Epinay, Jeunesse socialiste an-
ticléricale du dix-huitième.
La Fédération nationale des travailleurs
municipaux, Union des groupes de la Cha."
pelle, la Goutte-d'Or, P. S. F., Fédération
du quinzième, Concentration socialiste ré-
volutionnaire, Union, républicaine socialiste
du cinquième, Union socialiste du quartier.
Saint-Victor, Union socialiste de la deuxiè-
me circonscription du cinquième, Groupe
socialiste de Saint-Ouen, Comité radical et
radical-socialiste du deuxième Groupe so-
cialiste de Bel-Air, Comité radical et radi-
cal-socialiste d'Asnières, Union des comités
républicains radicaux-socialistes et socia-
listes du dixième, Fédération républicaine
du canton de Sèvres, Le Travail de Clichy,.
Fédération des groupes socialistes du quin-
zième, les Socialistes du sixième, Comité'
républicain socialiste indépendant des Gran.
des-Carrières, Ni Dieu m maître, Groupe"
socialiste et Jeunesse socialiste du dixième,
Groupes d'études sociales du vingtième,
Comité des patronages laïques du vingtiè-
me., Comité Cyvoct, les Poètes-chansonniers
révolutionnaires, Ligue belge des Droits de
l'Homme, Le Réveil de la Chapelle et de la
Goutte-d'Or, l'Union des gauches, la Colo-
nie de l'enfance, etc., etc. ;
Le cortège a suivi l'itinéraire suivant "ij.
Départ de la place de la Trinité, rues
Blanche, de Calais, square Vintimille, rut
de Bruxelles à gauche, rue de Clichy à
droite, place Clichy, avenue de Clichy, rue
Rachel. En passant devant le petit hôtel où!
mourut Emile Zola, tous les fronts se dé-,
couvrent et, devant cette maison aux volets
clos, une poignante émotion serre le cœur
en songeant au disparu, à son œuvre toute'
de jlJstice et d'humanité:,
de justice et d'humanité.
AU CIMETIÈRE MONTMARTRE
Il est trois heures moins le quart lorsque
les amis de la famille, représentant Mme
Zola, groupés autour de la tombe, en haut
du tertre qui surplombe le rond-point, aper-
çoivent la tête du cortège.
Il y a là M. et Mme Desmoulins, M. et'
Mme Alfred Bruneau, G. Loiseau, H. Du-
tar, Albert Laborde, M. et Mme Saint-Geor-
ges de Bouhélier, Maurice Le Blond, l'or-
ganisateur du pèlerinage de Médan, et Se-
ménoff.- t
En raison de la situation peu favorable
de la tombe et de l'étroite place dont otf
disposait, beaucoup d'amis ont dû se con-
tenter de défiler avec le cortège, aux reÀ
grets de la famille, qui eût été heureuse de
les voir dans son groupe. !
Bientôt, le cimetière est littéralement noir
de monde. Les délégations et groupementii
arrivent en foule, mais en bon ordre, et sé
tassent silencieusement, attendant que
vienne le tour de chacune.
Du haut du tertre, le coup d'œil qu'offre
cette foule recueillie, venue là pour rendre
un hommage de vénération- au chantre des;
humbles et au défenseur de l'opprimé, est
véritablement imposant et grandiose dana
sa simplicité. Glorieux pèlerinage pour la'
mémoire de celui qui sut, par le rayonne-
ment de sa pensée, s'attirer ainsi l'admira-
tion passionnée et déférente de concitoyeng
issus de tous les rangs sociaux 1
Il est venu plus de dix mille person-
nes. Le défilé a duré plus de deux heures et
demie. A cinq heures un quart les derniers
groupes gravissaient encore l'escalier.
Un imposant service d'ordre, trop minu*
tieux peut-être, tellement les détails ed
avaient été strictement réglés, avait été or";
ganisé à l'intérieur même du cimetière. Des;;
cordons d'agents et de gardes munieipaue
empêchaient l'accès des marches conduit
sant à la tombe et canalisaient la foule par,
une allée latérale. Les assistants arrivaient
ainsi par derrière et défilaient un à un de-
vant la tombe.
Mme Emile Zola avait recouvert de fleurs
la tombe de son mari, et dans la matinée
M. Henri Brisson, président de la Cham-
bre, avait envoyé une gerbe de fleuts avec
sa carte.
Dans ce défilé interminable, nous avons.
reconnu au passage MM. Jacques Cohen,
attaché au cabinet de M. Combes; Mathias
Morhardt, secrétaire-général de la Ligue
des Droits de l'Homme; Copenhague, Freys-
taetter, Alfred Wesphal, Sicard de Plo-
zolles, Delpech, Gabriel Trarieux, Tàrbou-,
riech, G. Bourdon, du comité central de la
Ligue des Droits de l'Homme; Sembat, dé-
puté; Giet, .Blum, Baudelot, Lévy, André
Lebeau, Bagnol, député; Auger, Gauthier,
Jalabert, Philippe, conseillers municipaux
de Saint-Denis; Louis Maurice; Jules-Louis-
Breton, député; la délégation italienne corn.
posée de MM. Perrodi. di Berardo, Verzi, ,
Monticone, Pectini, Cahen, secrétaire de
l'Alliance républicaine démocratique. v
MM. Boischot, Duteil, maire de Bonne-,
vial; Varenne, Fournière, Eugène Montfort,
Dumas, Buré, Souberbiel, M.J. Lecoq, Ca,
gniard, Mallebay, Parizot, Marius et ArYJ
Leblond, Uhry, docteur Maillon, Achille Le-
roy, Chabert, docteur Neetter, Petit, Do-
mela Nieuwenhuis, Gustave Gras, Armand
Charpentier, Bernard, Taft, Nicoll, Tesche,-
Cyvoct, Martin, Victor Charbonnel,' Liber-
tad, etc.
Nous avons pu remarquer aussi dans le
cortège la présence de nombreux lycéens
et lycéennes, d'élèves d'écoles supérieures,
de soldats, de facteurs et d'employés de dU
verses administrations.
Beaucoup de ces manifestants ont jeté
des fleurs sur la tombe en passant. Quel-
ques-uns, malgré l'imposant silence qui ré;
gnait,. n'ont pu se tenir de crier leur admi-
ration. Parmi eux, un brave ouvrier, en-!
cadré de sois deux fillettes qu'il tenait dû
chaque main, a jeté ce cri admirable
« Merci, à toi qui savait, d'être venu &
nous qui ne savons pas ! » Cet enthou-
siasme vibrant, exprimé sous une forme sl:
heureuse, a vivement remué l'assistance.. ;■]
A signaler aussi la touchante manifestas
tion de deux garçonnets !114 ont fléBgs^gu* ■
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Larousse Larousse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Larousse" or dc.contributor adj "Larousse")Larousse du XXe siècle en six volumes. Tome 5 / publié sous la direction de Paul Augé /ark:/12148/bd6t542063502.highres Larousse gastronomique. Fascicule 1-64 / par Prosper Montagné,... ; avec la collaboration du Dr Gottschalk ; préface de A. Escoffier et de Ph. Gilbert /ark:/12148/bd6t54200623b.highresGuilbert Louis Guilbert Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Guilbert Louis" or dc.contributor adj "Guilbert Louis")
- Auteurs similaires Larousse Larousse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Larousse" or dc.contributor adj "Larousse")Larousse du XXe siècle en six volumes. Tome 5 / publié sous la direction de Paul Augé /ark:/12148/bd6t542063502.highres Larousse gastronomique. Fascicule 1-64 / par Prosper Montagné,... ; avec la collaboration du Dr Gottschalk ; préface de A. Escoffier et de Ph. Gilbert /ark:/12148/bd6t54200623b.highresGuilbert Louis Guilbert Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Guilbert Louis" or dc.contributor adj "Guilbert Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7623103x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7623103x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7623103x/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7623103x/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7623103x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7623103x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7623103x/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest