Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-04-01
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1893 01 avril 1893
Description : 1893/04/01 (A2). 1893/04/01 (A2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7619818c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/08/2014
DEUXIÈME ANNÉE
Numéro spécial : Ginq- centimes
AVRIL 1893
LE JOURNAL
SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ DES CONCERTS & DES BALS
, (Dessins et Croquis de M. A. MANTELET).
Directeur
RÉDACTION
106, RUE RICHELIEU. PARIS
Prix des Abonnements
Ci il Six lois Trois Vois Oi loti
PARIS. » 10.50 5.50 2 »
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 25. » 13. » 7. » 2.50
£TRANGER( UNION POSTALE) 35. » 18. » 10. » 3.50
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
Adresser Us mandats-poste à M. l'Administrateur.
FERNAND XAU
Directeur
ADMINISTRA.'L'ION
106, Rux,RICHELIEU, PARIS
Prix des Abonnements
De il Sii loù Trou Kois iD lois
PARIS. 20. » 10.50 5.50 2. »
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 25. » 13. » 7. » 2.53
ETRANGER( UNION POSTALE) 35. » 18. » 1.0.» 3.53
Adrom télégraphique : JOUB.NAL-HICHELIKU-PARI3
Annonces, Réclames et Faits divers
eux bureaux du JOURN AL. t06. rue Richelieu.
Ce Supplément est envoyé gratuitement à tous les abonnés du JOURNAL
OLYMPIA
OLLER
Un petit homme alerte, vif, remuant,
dont le nom chante et sonne clair comme
le Ollé ! de son pays d'origine, Parisien par
droit de conquête et par goût, brasseur
d'affaires, en commençant toujours une au
moment où l'autre va être terminée, doué
de flair, favori du succès, emballant et em-
ballé, mais sachant se reprendre, connu
par ses colères, éteintes d'ailleurs comme
des feux de paille, — au demeurant le
meilleur fils du monde !
Il vient de transformer les Montagnes
Russes en Olympia et ce ne lui séra pas un
mince titre de gloire.
D'un hangar quelconque peu à peu chan-
gé en salle de spectacle, il a fait un des
lieux les plus « select » de Paris, admira-
blement compris, décoré avec goût, meu-
blé avec confortable et dont l'organisation
pratique, l'architecture artistique, l'orne-
mentation exquise ont fait pousser des cris
d'admiration à ceux qui ont pu déjà les
contempler ; c'est un régal pour les yeux,
et à sentir l'excellence moelleuse des fau-
teuils, l'on pourrait dire' avec le poète
Armand Silvestre, c'est un régal pour les
derrières.
Mais nous ferons plus loin la description
détaillée de cet établissement luxueux et
pittoresque : esquissons à grands traits la
vie d'Oller, ce général dans l'armée des
directeurs, dont on dit Oller tout court,
comme on dit César, Turenne ou Napoléon.
Joseph Oller, d'origine espagnole, fit ses
études à Paris, puis, avec ce besoin de mou-
vement qui le caractérise, s'élança à travers
le monde.
Ses premiers voyages le menèrent aux
îles Canaries ; il y fonda une colonie, qui
devait être officiellement achevée en 1885,
près de trente ans après, par le gouverne-
ment espagnol.
Vers 1860, il rentre à Paris et s'y fixe
définitivement.
En 1865, Oller, frappé des irrégularités
qui se produisaient aux Courses, désireux
d'y apporter un remède, voulant régulari-
ser et centraliser les gageures, invente le
Pari mutue Jet fonde l'Agence des Poules
qui devait avoir tant de succès sur le turf
et un si malheureux sort devant les Tribu-
naux ; plus tard la Chambre des Députés,
le gouvernement devaient rendre à Oller
une éclatante justice et réparer le mal que
lui avait fait le Parquet.
Il n'en fut pas moins, à cette époque,
forcé de fermer son agence ; que faire du
local, un local immense situé en plein bou-
levard des Italiens ? On ne prend jamais
Oller sans vert : il en fait les Fantaisies-
Oller dont la vogue alors fut considérable
et détrôna pendant un temps les Folies-
Bergère.
« Les box des bookmakers, écrivait à
» ce sujet le regretté Bachaumont, sont
» devenues des loges coquettes ; le fond
» sur lequel apparaissaient comme des
» ombres chinoises les noms des vain-
» queurs que le télégraphe transmettait
» chaque soir, s est changé en une scène
» bien installée. L orchastre et le parterre,
» composés de sièges confortables, ont
semblé sortir féeriquement du sol. Du
» côté de l'entrée, la direction a fait meu-
» bler des salons-fumoirs, où il est infini-
» ment agréable de dépenser quelques
> heures de la soirée. »
Le premier ouvrage joué aux Fantaisies-
Oller depuis la transformation fut une
revue, la Lune en voyage ; elle eut un suc-
cès considérable.
« M. Oller, dit encore Bachaumont,
» est en train de recruter un corps de
» ballet, composé d'une foule de jolies
» danseuses; il veut donner aussi de peti-
» tes opérettes et des pantomimes. Il son-
» ge comme ses compères à découvrir les
» étoiles naissantes et les acrobates prodi-
» ges. Il est assez intelligent et assez
» actif pour avoir comme un autre son
» homme-canon et son homme-poisson. Ce
» qui est certain, c'est que sa clientèle de
» courses lui reste fidèle et se donne ren-
» dez-vous à son théâtre pour y fumer
» agréablement avant l'heure du bal et
» ava-ntl'heure du club. »
Les « étoiles naissantes» (Sarcey n'avait
pas encore découvert les étoiles en herbe 1),
« l'homme-canon, » « l'homme-poisson ! »
Cela sent bien son époque.
Oller eut non seulement des danseuses
et des pantomimes, mais encore des lions ;
un jour même, l'un d'eux s'échappa de sa
cage et s'en alla faire un tour dans l'escalier
de la maison ; il se trouva nez à nez avec
Pedro Gailhard, alors encore élève du Con-
servatoire ; ils furent fort surpris tous
deux ; Gailhard céda la place, mais donna
congé.
Vous en souvenez-vous, mon cher Oller,
et que vous avez failli faire dévorer le futur
directeur de l'Opéra ?
Depuis, les Fantaisies-Oller sont devenues
le Théâtre des Nouveautés.
Et l'on revient toujours. dit la chan-
son.
Oller revint aux chevaux et créa les
champs de courses de Maisons-Laffitte et
d'Achères. Puis, dans la forêt de Saint-
Germain, il fonde un centre d'entraîne-
ment rivalisant avec celui de Chantilly ;
il y a amené plus de cinq cents chevaux !
Oller habite Marly-le-Roi : ça l'ennuyait
de ne rien faire dans ce pays ; un beau
matin, il y a créé un haras modèle, d'où il
tire des produits d'une universelle réputa-
tion.
En 1886, il fonde le. Nouveau-Cirque ;
toutes les exclamations enthousiastes qui
vont accueillir, ces jours ci, l'ouverture de
l'Olympia, accueillirent alors l'ouverture
du Nouveau-Cirque.
Qu'on en juge par ces lignes que j'em-
prunte à mon excellent confrère Fri-
mousse :
« Un enchantement! Un éblouissement !
» Une féerie !
» On l'attendait avec impatience, cette
» ouverture. Nous entrons dans le Cir-
» que etnous sommes littéralementéblouis.
» La salle toute ruisselante de dorures est
» éclairée discrètement par la lumière
» électrique et par des cordons de gaz très
» habilement disposés. »
Suit une description admiratrice et jus-
tement admiratrice, de la piste avec son ta-
pis épais - une innovation alors, — de la
machination si curieuse de cette piste qui
se transforme en bassin, des peintures de
M. Corneiller, que nous allons retrouver à
l'Olympia, avec ses curieuses études des
bords de la Méditerranée, et l'éblouisse-
ment d'un programme nouveau, inédit,
dû à la rare expérience et aux connaissances
hippiques d'Oller.
A cette époque encore on traça d'Oller
ce portrait qui n'a pas changé :
« M. Oller est Espagnol de naissance,
» comme Figaro, et Parisien d'esprit
» comme Beaumarchais. Il a déjà fait, en
» collaboration avec les chevaux, quantité
» d'oeuvres qui ont fait courir des millions
» sur quantité de pistes. Vous rappelez-
» vous ce hall qu'il fit construire sur le
» boulevard des Italiens, et qui est à pré-
» sent le théâtre des Nouveautés-Brasseur?
» Il a créé l'hippodrome d'Achères, où il
» se proposait de faire courir à la lumière
» électrique, estimant les jours trop courts
» pour la fièvre d'activité qui le dévore. A
» lui les allées d'entraînement de la forêt
» de Saint-Germain ; à lui aussi le haras de
» Marly-le-Roi pour l'élevage du p.ur-sang.
» Un autre se reposerait, mais lui, Oller-
» Protée, se transforme, et le voici présen-
» tement qui nous dote d'une piscine qui
» est un cirque, et d'un cirque qui est une
» piscine de natation.
» Du iel février au icr mai, cirque à nul
» autre pareil; du ier mai au 1er février,
» piscine à l'usage des ondins et des on-
» dines de Paris — celles-ci ayant leurs
» jours réservés, bien entendu. L'été venu,
» les loges se transforment en cabines.
» Changement complet de décor au coup
» de sifflet du machiniste qui change les
» saisons. Plus de piste : la piscine.
» C'est du cirque qu'il s'agit à cette
» heure. Tous les soirs, de huit heures et
» demie à onze heures et demie; le jeudi
» et le dimanche, en matinée aussi, sur le
» terrain historique de 2,500 mètres, qui
» s'étend entre la rue Mont-Thabor et la rue
» Saint-Honoré, là où furent successive-
» ment le panorama de Reichshoffen, cons-
» truit par Garnier; le bal Valentino, le
» cirque Olympique des frères Franconi,
» et en remontant le cours des âges,
» le couvent des Capucines, s'élève
» à présent le <1 rendez-vous de
» noble compagnie » où l'on verra
» reparaître M. Loyal, conquis à
» prix d'or, et présentant au public
» les chevaux magnifiques autant
» qu'inédits, que M. Oller lui-
» même a ramenés de Silésie.
» Mais tout d'abord, ce qui éton-
» nera leplusdans ce cirque, c'est le
» cirque lui-même, contenu et con-
» tenant, attendu que les grands
» clubs de Paris : Jockey , rue
» Royale, Champs-Elysées, y ont
» déjà retenu leur abonnement pour
» la saison, tout comme à l'Opéra.
» Le personnel du riding and coa-
» ching club, à la disposition du-
» quel M. Oller mettait, il y a deux
» ans, son domaine de Marly-le-
» Roi. lors du gran'd private mee-
» ting, est le noyau de la clien-
» tèle obligée et quasi quotidienne
» qui va venir occuper autour de
» la piste, recouverte d'un épais
» tapis sur lequel les chevaux galo-
» peront sans poussière, les six
» rangs de spacieux fauteuils amé-
» nages savamment par l'architecte , et
» le cercle de loges luxueuses qui forme
» le second plan. Détail à noter par le
» temps d'économie plus ou moins forcée
» qui court : vingt francs les loges de
» quatre places, trois francs pièce les fau-
» teuils et deux francs le promenoir. Voilà
» presque le rêve d'Harpagon réalisé :
» grande chère et petite dépense. »
La même année, Oller fondait la Piscine
Rochechouart ; plus tard, il entreprenait
avec notre ami Zidler le Moulin-Rouge et
le Jardin de Paris, puis les Montagnes
Russes, puis.
Mais c'est à se demander ce qu'il n'a pas
entrepris pour les plaisirs de Paris!
Aujourd'hui Oller est à la tête de dix
entreprises, peut-être de douze ; il en a
tellement qu'on en peut oublier ; mais je
note toujours : le Moulin-Rouge, le Jardin
de Paris, l'Olympia, le Pari Mutuel, le ha-
ras de Marly-le-Roi, la Piscine Roche-
chouart, le champ de courses de Saint-
Germain, etc., etc., ouf !
Il faut avoir, avouez-le, un rude tempé-
rament pour arriver ainsi à diriger de
front tant d'oeuvres diverses et à conserver
toute sa lucidité d'esprit, j'ajoute le même
éclatant et surprenant succès.
Et ce n'est pas fini !
Sans enfants, Oller a cependant une fa-
mille considérable, qui ne jure que par
lui, qui a confiance en son étoile et qu'il
enrichit, un père qu'il adore,un frère qu'on
adore, et des cousins, et des neveux. —
une de ces nombreuses familles que Dieu
bénit si l'on en croit l'Ecriture. — et la
preuve qu'en donne ce diable d'Oller!
Je conclus en disant qu'Oller est un sym-
pathique quia eu beaucoup à lutter cepen-
dant avant d'arriver ; il est récompensé
aujourd'hui de ses efforts ; il le sera encore
davantage lorsqu'il aura vu réussir sa res-
plendissante Olympia, si longuement ca-
ressée par lui, et tout Paris y accourir à ce
double cri :
Oller! Ollé!
./f¿;'.LJ'7 ,,1; ,
BUREAUX 8 h. 1/4
PROGRAMME
AVRIL 1893
RIDEAU 8 h. 3/4
PREMIÈRE PARTIE
CARTONNAGES PARISIENS
PANTOMIME COMIQUE
de M. PASTORINI. — Musique de M. HUBANS
Jouée par MM. PASTORINI et ARMENIS
Mlle CESARINI, et 8 sujets du corps de ballet.
ROSA MADELEINE. Ventriloque.
RODRIGUEZ y CORDOVA. Tireurs.
Les Sœurs DORA. Danses Continentales
Famille DECKOCK. Acrobates.
DEUXIÈME PARTIE
Les Sœurs FRANCKLIN, Anneaux.
LA GOULUE et son Quadrille.
BOISSET et ses Chiens savants.
BOB - WALTER , la Serpentine mondaine.
Troupe ANTONIO, Gymnasiarques.
a LYMP IA
Divertissement.
Prologue en deux Tableaux de M. Alfred DELILIA.
Musique de M. Antoine BANÈS.
réglé par M. G. PASTORINI
*
Costumes de la Maisqn LANDOLFF
Mlle RIVOL TA
"'-- Première Danseuse étoile.
Olympia :
Mlle RIVOLTA
Montagnes Russes :
V. PARIS
Monsieur Fred :
Mlle DUCASTEL
*-' Un Ecuyer :
♦ * M. ARMENIS
et tout le Personnel du Corps
-, de Ballet
Chef d'orchestre :
M. J. WALTER
Régisseur Gênerai :
M. Robert LUE
Numéro spécial : Ginq- centimes
AVRIL 1893
LE JOURNAL
SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ DES CONCERTS & DES BALS
, (Dessins et Croquis de M. A. MANTELET).
Directeur
RÉDACTION
106, RUE RICHELIEU. PARIS
Prix des Abonnements
Ci il Six lois Trois Vois Oi loti
PARIS. » 10.50 5.50 2 »
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 25. » 13. » 7. » 2.50
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Directeur
ADMINISTRA.'L'ION
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PARIS. 20. » 10.50 5.50 2. »
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 25. » 13. » 7. » 2.53
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OLLER
Un petit homme alerte, vif, remuant,
dont le nom chante et sonne clair comme
le Ollé ! de son pays d'origine, Parisien par
droit de conquête et par goût, brasseur
d'affaires, en commençant toujours une au
moment où l'autre va être terminée, doué
de flair, favori du succès, emballant et em-
ballé, mais sachant se reprendre, connu
par ses colères, éteintes d'ailleurs comme
des feux de paille, — au demeurant le
meilleur fils du monde !
Il vient de transformer les Montagnes
Russes en Olympia et ce ne lui séra pas un
mince titre de gloire.
D'un hangar quelconque peu à peu chan-
gé en salle de spectacle, il a fait un des
lieux les plus « select » de Paris, admira-
blement compris, décoré avec goût, meu-
blé avec confortable et dont l'organisation
pratique, l'architecture artistique, l'orne-
mentation exquise ont fait pousser des cris
d'admiration à ceux qui ont pu déjà les
contempler ; c'est un régal pour les yeux,
et à sentir l'excellence moelleuse des fau-
teuils, l'on pourrait dire' avec le poète
Armand Silvestre, c'est un régal pour les
derrières.
Mais nous ferons plus loin la description
détaillée de cet établissement luxueux et
pittoresque : esquissons à grands traits la
vie d'Oller, ce général dans l'armée des
directeurs, dont on dit Oller tout court,
comme on dit César, Turenne ou Napoléon.
Joseph Oller, d'origine espagnole, fit ses
études à Paris, puis, avec ce besoin de mou-
vement qui le caractérise, s'élança à travers
le monde.
Ses premiers voyages le menèrent aux
îles Canaries ; il y fonda une colonie, qui
devait être officiellement achevée en 1885,
près de trente ans après, par le gouverne-
ment espagnol.
Vers 1860, il rentre à Paris et s'y fixe
définitivement.
En 1865, Oller, frappé des irrégularités
qui se produisaient aux Courses, désireux
d'y apporter un remède, voulant régulari-
ser et centraliser les gageures, invente le
Pari mutue Jet fonde l'Agence des Poules
qui devait avoir tant de succès sur le turf
et un si malheureux sort devant les Tribu-
naux ; plus tard la Chambre des Députés,
le gouvernement devaient rendre à Oller
une éclatante justice et réparer le mal que
lui avait fait le Parquet.
Il n'en fut pas moins, à cette époque,
forcé de fermer son agence ; que faire du
local, un local immense situé en plein bou-
levard des Italiens ? On ne prend jamais
Oller sans vert : il en fait les Fantaisies-
Oller dont la vogue alors fut considérable
et détrôna pendant un temps les Folies-
Bergère.
« Les box des bookmakers, écrivait à
» ce sujet le regretté Bachaumont, sont
» devenues des loges coquettes ; le fond
» sur lequel apparaissaient comme des
» ombres chinoises les noms des vain-
» queurs que le télégraphe transmettait
» chaque soir, s est changé en une scène
» bien installée. L orchastre et le parterre,
» composés de sièges confortables, ont
semblé sortir féeriquement du sol. Du
» côté de l'entrée, la direction a fait meu-
» bler des salons-fumoirs, où il est infini-
» ment agréable de dépenser quelques
> heures de la soirée. »
Le premier ouvrage joué aux Fantaisies-
Oller depuis la transformation fut une
revue, la Lune en voyage ; elle eut un suc-
cès considérable.
« M. Oller, dit encore Bachaumont,
» est en train de recruter un corps de
» ballet, composé d'une foule de jolies
» danseuses; il veut donner aussi de peti-
» tes opérettes et des pantomimes. Il son-
» ge comme ses compères à découvrir les
» étoiles naissantes et les acrobates prodi-
» ges. Il est assez intelligent et assez
» actif pour avoir comme un autre son
» homme-canon et son homme-poisson. Ce
» qui est certain, c'est que sa clientèle de
» courses lui reste fidèle et se donne ren-
» dez-vous à son théâtre pour y fumer
» agréablement avant l'heure du bal et
» ava-ntl'heure du club. »
Les « étoiles naissantes» (Sarcey n'avait
pas encore découvert les étoiles en herbe 1),
« l'homme-canon, » « l'homme-poisson ! »
Cela sent bien son époque.
Oller eut non seulement des danseuses
et des pantomimes, mais encore des lions ;
un jour même, l'un d'eux s'échappa de sa
cage et s'en alla faire un tour dans l'escalier
de la maison ; il se trouva nez à nez avec
Pedro Gailhard, alors encore élève du Con-
servatoire ; ils furent fort surpris tous
deux ; Gailhard céda la place, mais donna
congé.
Vous en souvenez-vous, mon cher Oller,
et que vous avez failli faire dévorer le futur
directeur de l'Opéra ?
Depuis, les Fantaisies-Oller sont devenues
le Théâtre des Nouveautés.
Et l'on revient toujours. dit la chan-
son.
Oller revint aux chevaux et créa les
champs de courses de Maisons-Laffitte et
d'Achères. Puis, dans la forêt de Saint-
Germain, il fonde un centre d'entraîne-
ment rivalisant avec celui de Chantilly ;
il y a amené plus de cinq cents chevaux !
Oller habite Marly-le-Roi : ça l'ennuyait
de ne rien faire dans ce pays ; un beau
matin, il y a créé un haras modèle, d'où il
tire des produits d'une universelle réputa-
tion.
En 1886, il fonde le. Nouveau-Cirque ;
toutes les exclamations enthousiastes qui
vont accueillir, ces jours ci, l'ouverture de
l'Olympia, accueillirent alors l'ouverture
du Nouveau-Cirque.
Qu'on en juge par ces lignes que j'em-
prunte à mon excellent confrère Fri-
mousse :
« Un enchantement! Un éblouissement !
» Une féerie !
» On l'attendait avec impatience, cette
» ouverture. Nous entrons dans le Cir-
» que etnous sommes littéralementéblouis.
» La salle toute ruisselante de dorures est
» éclairée discrètement par la lumière
» électrique et par des cordons de gaz très
» habilement disposés. »
Suit une description admiratrice et jus-
tement admiratrice, de la piste avec son ta-
pis épais - une innovation alors, — de la
machination si curieuse de cette piste qui
se transforme en bassin, des peintures de
M. Corneiller, que nous allons retrouver à
l'Olympia, avec ses curieuses études des
bords de la Méditerranée, et l'éblouisse-
ment d'un programme nouveau, inédit,
dû à la rare expérience et aux connaissances
hippiques d'Oller.
A cette époque encore on traça d'Oller
ce portrait qui n'a pas changé :
« M. Oller est Espagnol de naissance,
» comme Figaro, et Parisien d'esprit
» comme Beaumarchais. Il a déjà fait, en
» collaboration avec les chevaux, quantité
» d'oeuvres qui ont fait courir des millions
» sur quantité de pistes. Vous rappelez-
» vous ce hall qu'il fit construire sur le
» boulevard des Italiens, et qui est à pré-
» sent le théâtre des Nouveautés-Brasseur?
» Il a créé l'hippodrome d'Achères, où il
» se proposait de faire courir à la lumière
» électrique, estimant les jours trop courts
» pour la fièvre d'activité qui le dévore. A
» lui les allées d'entraînement de la forêt
» de Saint-Germain ; à lui aussi le haras de
» Marly-le-Roi pour l'élevage du p.ur-sang.
» Un autre se reposerait, mais lui, Oller-
» Protée, se transforme, et le voici présen-
» tement qui nous dote d'une piscine qui
» est un cirque, et d'un cirque qui est une
» piscine de natation.
» Du iel février au icr mai, cirque à nul
» autre pareil; du ier mai au 1er février,
» piscine à l'usage des ondins et des on-
» dines de Paris — celles-ci ayant leurs
» jours réservés, bien entendu. L'été venu,
» les loges se transforment en cabines.
» Changement complet de décor au coup
» de sifflet du machiniste qui change les
» saisons. Plus de piste : la piscine.
» C'est du cirque qu'il s'agit à cette
» heure. Tous les soirs, de huit heures et
» demie à onze heures et demie; le jeudi
» et le dimanche, en matinée aussi, sur le
» terrain historique de 2,500 mètres, qui
» s'étend entre la rue Mont-Thabor et la rue
» Saint-Honoré, là où furent successive-
» ment le panorama de Reichshoffen, cons-
» truit par Garnier; le bal Valentino, le
» cirque Olympique des frères Franconi,
» et en remontant le cours des âges,
» le couvent des Capucines, s'élève
» à présent le <1 rendez-vous de
» noble compagnie » où l'on verra
» reparaître M. Loyal, conquis à
» prix d'or, et présentant au public
» les chevaux magnifiques autant
» qu'inédits, que M. Oller lui-
» même a ramenés de Silésie.
» Mais tout d'abord, ce qui éton-
» nera leplusdans ce cirque, c'est le
» cirque lui-même, contenu et con-
» tenant, attendu que les grands
» clubs de Paris : Jockey , rue
» Royale, Champs-Elysées, y ont
» déjà retenu leur abonnement pour
» la saison, tout comme à l'Opéra.
» Le personnel du riding and coa-
» ching club, à la disposition du-
» quel M. Oller mettait, il y a deux
» ans, son domaine de Marly-le-
» Roi. lors du gran'd private mee-
» ting, est le noyau de la clien-
» tèle obligée et quasi quotidienne
» qui va venir occuper autour de
» la piste, recouverte d'un épais
» tapis sur lequel les chevaux galo-
» peront sans poussière, les six
» rangs de spacieux fauteuils amé-
» nages savamment par l'architecte , et
» le cercle de loges luxueuses qui forme
» le second plan. Détail à noter par le
» temps d'économie plus ou moins forcée
» qui court : vingt francs les loges de
» quatre places, trois francs pièce les fau-
» teuils et deux francs le promenoir. Voilà
» presque le rêve d'Harpagon réalisé :
» grande chère et petite dépense. »
La même année, Oller fondait la Piscine
Rochechouart ; plus tard, il entreprenait
avec notre ami Zidler le Moulin-Rouge et
le Jardin de Paris, puis les Montagnes
Russes, puis.
Mais c'est à se demander ce qu'il n'a pas
entrepris pour les plaisirs de Paris!
Aujourd'hui Oller est à la tête de dix
entreprises, peut-être de douze ; il en a
tellement qu'on en peut oublier ; mais je
note toujours : le Moulin-Rouge, le Jardin
de Paris, l'Olympia, le Pari Mutuel, le ha-
ras de Marly-le-Roi, la Piscine Roche-
chouart, le champ de courses de Saint-
Germain, etc., etc., ouf !
Il faut avoir, avouez-le, un rude tempé-
rament pour arriver ainsi à diriger de
front tant d'oeuvres diverses et à conserver
toute sa lucidité d'esprit, j'ajoute le même
éclatant et surprenant succès.
Et ce n'est pas fini !
Sans enfants, Oller a cependant une fa-
mille considérable, qui ne jure que par
lui, qui a confiance en son étoile et qu'il
enrichit, un père qu'il adore,un frère qu'on
adore, et des cousins, et des neveux. —
une de ces nombreuses familles que Dieu
bénit si l'on en croit l'Ecriture. — et la
preuve qu'en donne ce diable d'Oller!
Je conclus en disant qu'Oller est un sym-
pathique quia eu beaucoup à lutter cepen-
dant avant d'arriver ; il est récompensé
aujourd'hui de ses efforts ; il le sera encore
davantage lorsqu'il aura vu réussir sa res-
plendissante Olympia, si longuement ca-
ressée par lui, et tout Paris y accourir à ce
double cri :
Oller! Ollé!
./f¿;'.LJ'7 ,,1; ,
BUREAUX 8 h. 1/4
PROGRAMME
AVRIL 1893
RIDEAU 8 h. 3/4
PREMIÈRE PARTIE
CARTONNAGES PARISIENS
PANTOMIME COMIQUE
de M. PASTORINI. — Musique de M. HUBANS
Jouée par MM. PASTORINI et ARMENIS
Mlle CESARINI, et 8 sujets du corps de ballet.
ROSA MADELEINE. Ventriloque.
RODRIGUEZ y CORDOVA. Tireurs.
Les Sœurs DORA. Danses Continentales
Famille DECKOCK. Acrobates.
DEUXIÈME PARTIE
Les Sœurs FRANCKLIN, Anneaux.
LA GOULUE et son Quadrille.
BOISSET et ses Chiens savants.
BOB - WALTER , la Serpentine mondaine.
Troupe ANTONIO, Gymnasiarques.
a LYMP IA
Divertissement.
Prologue en deux Tableaux de M. Alfred DELILIA.
Musique de M. Antoine BANÈS.
réglé par M. G. PASTORINI
*
Costumes de la Maisqn LANDOLFF
Mlle RIVOL TA
"'-- Première Danseuse étoile.
Olympia :
Mlle RIVOLTA
Montagnes Russes :
V. PARIS
Monsieur Fred :
Mlle DUCASTEL
*-' Un Ecuyer :
♦ * M. ARMENIS
et tout le Personnel du Corps
-, de Ballet
Chef d'orchestre :
M. J. WALTER
Régisseur Gênerai :
M. Robert LUE
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