Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-09-27
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 septembre 1911 27 septembre 1911
Description : 1911/09/27 (A31). 1911/09/27 (A31).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7615503n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/06/2014
.- ,.- - --..
Organe du IParti Radioal et Re,ciioal.Sooialiete
msmammmmmssmim
TRENTE-UNIÈME ANNÉE
L ETIN hebdomadaîrb 1
du Comité exécutif du Parti Radical
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
142, RUE MONTMARTRE, 142
Jetasse télégraphique : RADICAL-PABIS
"'-- TÉLÉPHONE : 102-55 — 102-68
Lt* mamscrfts non insérés ne sont pas rendaé
MERCREDI 27 SEPTEMBRE 1911
ABONNEMENT
Trois mots Six mois VII.
Paris et S.-et-O (Imprimes). 5 fr. 10 fr. 18 ffe
Départements (arec primes). 7 o 13 » 25 D
ïtranger (Coun Postal»). 10 > 19 » 36 d
.1 -
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les bureaux de poste
MILOTÉ AUX BUREAUX DU RADICAL-
it à l'Offica d'Annonces, 10, place de la Boursé
LIBRES FEUILLETS
Contre la Vie chère
1
ï - : Pa:r--'
la Libre Concurrence
f iVrâncfe, Eeuwe, lait, ceufs, légumes
ïievieniient chers lorsque leur produc-
- tion est insuffisante eu égard à la de-
mande qui en est faite.
C'est la loi fatale dite de l'offre et de
'la demande, dont le poids oscillant dé-
termine, tantôt dans un sens, tantôt
dans l'autre, d'inclinaison des plateaux
de la balance économique.
Le législateur, l'administrateur doi-
vent seulement prendre garde qu'au-
cune cause, dont il dépendrait d'eux de
supprimer ou d'atténuer l'effet, n'agisse
qui, tantôt au détriment du producteur,
tantôt au préjudice du consommateur,
en fausse l'effet.
Au premier rang des causes artifi-
cielles de renchérissement, les consom-
mateurs dénoncent tantôt la spéculation
ou l'accaparement, tantôt l'exagération
concertée entre intermédiaires du béné-
fice commerciwl, tantôt l'obstacle dressé
par une législation douanière protec-
tionniste contre la liberté commerciale.
En ce qui concerne l'accaparement, il
est puni par le Code pénal. Si les textes
étaient incomplets ou inefficaces, non
adaptés aux procédés des « trusteurs »
modernes, le gouvernement n'a qu'à de-
mander, pour les obtenir, des armes
plus sûres. Quant à la spéculation, ici
même j'ai eu l'occasion de distinguer
entre deux sortes de marchés à terme :
les sincères et les fictifs. Les premiers
sont le fait d'industriels' ou de négo-
ciants prévoyants qui, grâce aux mar-
chés à livrer, se ménagent sur les dis-
ponibilités des récoltes futures en bet-
terave, en blé, en vin, en laine, le
moyen de fabriquer ou de vendre à un
prix tel qu'ils puissent, limitant à la fois
Jeurs pertes et leurs bénéfices, être cer-
tains d'alimenter leur usine ou de four-
nir aux besoins de leur clientèle. Ces
marchés sont l'âme de l'industrie et du
commerce de gros. Les interdire ou les
gêner serait porter un coup funeste à
la vie économique d'un pays. Au con-
traire, le marché à terme fictif, qui, dans
l'intention des deux contractants, n'a
pas pour obje,,t une livraison réelle de
marchandises*, mais doit se parfaire par
le paiement de simples différences, est
: une manièDe de jeu. Par de telles spécu-
lations, des quantités de marchandises
inexistantes achetées ou vendues par
des spéculateurs qui n'ont ni clientèle
ni usine à pourvoir, le cours normal des
produits est faussé. Surveiller les opé-
rations des bourses de commerce, ren-
dre de'tels marchés impossibles, arriver
à punir avec certitude l'accaparement
des spéculateurs à la hausse, c'est l'ob-
jet de l'article 10 de la loi de finances
du 13 juillet 1911 et de l'article 8 de
celle qui nous est cette année proposée.
Espérons qu'une lutte attentive et
énergique continuée par le gouverne-
ment et le Parlement contre les accapa-
reurs et les spéculateurs ne laissera
plus aucun prétexte aux déclamateurs
de la G. G. T. pour faire remonter jus-
qu'au pouvoir républicain la responsa-
bilité de la cherté des denrées alimen-
taires.
En ce qui concerne les intermé-
diaires - revendeurss commerçants —
Jeur rôle est évidemment soit d'amener
où le consommateur les demande les
produits en surabondance'ailleurs, soit
de « manutentionner et préparer» les
marchandises telles que le blé ou la
viande, impossibles à consommer telles
que la nature les produit.
L'office de l'intermédiaire est à la fois
commercial et industriel. Pour ses soins
et frais il a droit à un bénéfice, qu'il
veut le plus élevé possible, tandis que
producteur et consommateur ont intérêt
à le réduire au minimum.
Vouloir, à la manière des ménagères
du Nord et de Bretagne, faire dispa-
raître ce bénéfice, c:est amener l'inter-
médiaire à déserter les marchés. Es-
sayer, en temps dépense, lorsque le con-
flit devient grave et qu'il porte sur le
prix de choses indispensables à la vie
comme. le pain, la viande et le lait,
i d'amener l'intermédiaire à consentir
une réduction de son bénéfice, c'est le
devoir des administrateurs. La vente du
pain et de la viande à uh prix modéré
peut être, en des jours difficiles, une
mesure d'ordre public. Voilà pourquoi
la loi a armé les maires du droit de
taxer le pain et la viande. Ce droit de
taxation est contraire.- à tous les prin-
cipes de l'économie politique. Il doit ce-
pendant être conservé pour donner aux
administrateurs l'autorité et da force né-
cessaire pour exiger, t(lU nom de la paix
publique, le sacrifice des intérêts parti-
culiers.
Plusieurs fois, la .suppression du droit
pour les maires de taxer a été réclamée.
Toujours le Parlement s'y est refusé.
On a vu, par les événements de ce der-
nier mois, combien le législateur a eu
raison. Grâce à leur droit de taxer, les
maires ont pu, où c'était nécessaire,
convoquer boulangers et bouchers, pro-
voquer les conciliabules, donner les ren-
seignements, obtenir les réductions qui
ont, lorsque consommateurs et produc-
teurs gardaient raison et mesure, sau-
vegardé ou rétabli la tranquillité.
Faut-il aller plus Ioi-n et donner aux
municipalités le droit d'ouvrir des bou-
langeries et des boucheries munici-
pales ? ,
D'après un communiqué officiel, le
gouvernement actuel aurait songé à
étendre à ce point les attributions des
administrateurs communaux.
Il faut avouer que tous les maires de
la région que je représente., à qui j'ai
demandé leur opinion, refusent avec
terreur les pouvoirs nouveaux qu'on
leur voudrait conférer.,
Si le prix de la viande et du pain dé-
pend, non des récoltes et des be-
soins, mais des promesses du conseil
.municipal, comment refuser de vendre
à perte lorsque la majorité le récla-
mera ? Comment épargner aux admi-
nistrateurs le soupçon de partialité et
de vénalité dans les achats, fussent-ils
faits par adjudication ? Comment, à
moins de payer cher des fonctionnaires
nouveaux, nombreux, malgré tout ir-
responsables, être assurés de la qualité
des farines et des viandes ?
A tous les maires que je consulte il
apparaît que le droit de taxer suffit pour
empêcher les intermédiaires de fixer,
par une entente frauduleuse, un prix
excessif. A tous il semble que la fabri-
cation du pain ou la mise en vente de
la viande par les soins de l'autorité
municipale ne peut être qu'une mesure
exceptionnelile, de salut publk, au cas
de; grève - des boulangers et des bou-
chers, après refus de la taxe officielle.
bans aucun doute, les objections et
les craintes que je formule parviendront
au gouvernement et en tiendra-t-il
compte dans les textes définitifs qu'il
soumettra à nos délibérations.
Notons encore, pour en finir avec ce
sujet de la taxation, le désir de tous
côtés formulé que le droit de taxer soit
étendu au lait, denrée alimentaire aussi
indispensable que le pain et la viande,
susceptible, en raison des nouveaux
procédés commerciaux, d'être accaparé
sur de vastes espaces autour des villes.
Textes contre la spéculation et l'acca-
parement, droit, même renforcé, de
taxer les denrées alimentaires, ce sont
des procédés de combat contre les en-
tentes frauduleuses qui se peuvent,
nouer pour fausser la loi de l'offre et
de la demande.
Mais, pour le législateur, le véritable
problème c'est de trouver, le moyen
d'amener les produits à être toujours
abondants dans les lieux de consom-
mation. N'ayant de pouvoir ni sur la
sécheresse, ni sur la pluie, ni sur les
épidémies, il doit examiner si la loi
elle-même ne dresse pas contre la libre
circulation des produits des barrières
qui aggravent les causes naturelles de
renchérissement et peuvent devenir
l'objet, des réclamations et des colères
populaires.
Ces barrières sont de deux sortes :
les douanes aux frontières, l'octroi à la
porte des villes. Quelle est leur in-
fluence sur le prix de la vie ? Quelles
retouches ou quelle refonte sont possi-
bles ou nécessaires dans la législation
des douanes ou des octrois ? C'est la
plus importante des questions dont le
législateur devra s'occuper, et qu'il nous
faudra maintenant étudier.
CHARLES DUMON&
Dépuré du Jura,
Ancien ministre des travaux publics.
ÉCHOS EI NOUVELLES
L'ART A L'ECOLE.
Ou plutôt l'art au collège, car c'est pour
le collège de l'Arc, à Dôle, dans le Jura,
que notre ami le peintre G. Dola a peint
un de ses meilleurs tableaux : La prise
d'eau (Jura), matin d'automne.
Cette œuvre, qui a été commandée à
M. G. Dola par la municipalité de Dôle,
vient d'être exposée au Cercle international
des arts, boulevard Raspail, où elle a, été
fort admirée. Envions les élèves du collège
de l'Arc qui auront sous les yeux cette toile
poétique, où ils retrouveront, éloquemment
exprimé, tout le chaume de leur beau pats.
PRÉCIEUSE TROUVAILLE.
Un savant grec, le docteur Constantin
Diobouwiotiz, a découvert un commentaire
très précieux d'Origène sur l'Apocalypse.
Le manuscrit de cette œuvre, qui a été
copié sans doute au dixième siècle, envelop-
pait un cahier de la bibliothèque du cloître
Meteoron.
Comme quoi, malgré les Turcs, nous re-
trouverons peut-être encore en Grèce quel-
ques-uns des cent drames — et plus — de
Sophocle, qui ont été perdus.
LES HOTELIERS.
Nos hôteliers iront à Berlin en octobre.
C'est là que doit se tenir le deuxième con-
grès international de l'industrie hôtelière.
Le premier a eu lieu à Rome en octobre
1908, et il y fut décidé que cette manifes-
tation se renouvellerait ,tous les trois ans.
En 1914, c'est à Paris que se tiendra le
troisième congrès.
A noter que le premier congrès n'a pas
réuni moins de deux mille cinq cents hôte-
liers délégués des différentes sections de la
Fédération universelle des sociétés d'hôte-
liers.,
HATONS-NOUS.
Nous n'avons pas, en effet, une journée
à perdre si nous voulons entendre le déli-
cieux et célèbre orchestre des comemusiers
écossais, l'orchestre le plus réputé du mande,
celui même des souverains anglais. Ses der-
nières auditions — auditions gratuites —
auront lieu aujourd'hui et demain à Magic-
City.
Avec ses nouvelles attractions, ses nom-
breux divertissements gratuits, l'immense
park, si bien protégé contre les intempéries,
est le rendez-vous de tous les Parisiens.
Vendredi, comme les autres jouis, cotisée
i franc*
,Âprès.. l'Explosion ,
LA CATASTROPHE DU "LIBERTE"
CE QU'I:t.. RESTE DU CUIRASSÉ « LIBERTÉ »
UNE LEÇON
La catastrophe du Liberté s'est à
peine produite qu'elle soulève déjà
dans l'opinion des commentaires
anxieux et des craintes légitimes pour
l'avenir de notre marine.
Voilà en effet toute une série d'acci-
dents déplorables et qui revêtent pres-
que tous le même caractère : explo-
sions partielles ou explosions totales ;
pièces qui éclatent, gargousses qui
s'enflamment, et en fin de compte deux
de,'nos plus beaux cuirassés qui sau-
tent, engloutissant dans la mer plus de
100 millions et près d'un millier de vies
humaines.
Certes, le pays est prêt à ne pas mar-
chander les sacrifices en hommes et en
argent lorsqu'il s'agit de la défense na-
tionale. Il est entendu que nous devons
avoir de grosses unités de combat,
seules capables de prendre une offen-
sive vigoureuse et décisive. L'expé-
rience et l'exemple des autres nations
l'ont amplement établi.
Mais les sacrifices si lourds que nous
consentons resteront inutiles, si ces im-
menses machines flottantes portent en
elles-mêmes leurs germes de mort ; si
elles courent en temps de paix, et du
fait même de leur construction ou char-
gement, le risque d'être en une minute
broyées, anéanties avec leurs équipa-
ges.
Une enquête rapide et rigoureuse
s'impose aujourd'hui pour déterminer
les causes du désastre et du même
coup en découvrir le remède.
Y a-t-il eu incendie, déflagration
spontanée ? Nous ne pouvons encore
rien en savoir.
Si c'est un incendie, il dénote,
avouons-le, un singulier manque de
surveillance ou une singulière insuffi-
sance des aménagements. Il est inad-
missible que dans une véritable ville de
fer et d'acier, habitée par plus de cinq
cents hommes entraînés à la manœu-
vre, un feu extérieur puisse se propa-
ger. jusqu'aux soutes avec une rapidité
foudroyante.
Si c'est la poudre qui s'est enflam-
mée d'elle-même, il faut reconnaître
que sa fabrication n'est pas portée au
degré de perfectionnement nécessaire.
Mieux vaudrait avoir des explosifs
moins puissants que d'exposer ceux
qui les manient à des dangers pires
que ceux d'une bataille navale.
Quoi qu'il en soit, il importe que
des mesures efficaces de protection
soient prises. Il importe que la France
sache la vie de ses marins garantie
et ses millions employés utilement.
A cette condition, l'opinion publique
pourra revenir, sinon de son deuil, du
moins de ses craintes douloureuses
pour les temps futurs. Le désastre sera
moins immense si nous savons en
tirer une salutaire leçon
R
204 morts
184 blessés
Les détails qu'apportent les dépêches
de Toulon ajoutent encore à l'horreur
de la catastrophe du Liberté.
Quant aux causes du terrible accident
qui a détruit le navire de guerre, on n'a
pu encore les établir. Peut-être ne le
pourra-t-on jamais ? Les ingénieurs et
les officiers les plus compétents en la
matière sont d'avis différents et il est
impossible de se faire une ofinion.
On a pu, hier soir, établir.d'une façon
définitive le nombre des victimes de la
catastrophe. En effet, les rescapés
s'étaient réfugiés à bord de tous les na-
vires des escadres et il a fallu les ras-
sembler sur le débarcadère des appon-
tements.
Hier, soir, à quatre heures, le ministre
de la marine communiquait le triste bi-
lan suivant :
Deuxième escadre
LIBERTÉ : 143 disparus ou non identifiés,
dont 3 officiers et 2 élèves-officiers ; 91 bles-
sés, dont 3 officiers et 1 élève-officier.
La brèche dans le flanc du « République »
RÉPUBLIQUE : 20 disparus, 3 morts, 13 bles-
sés, dont 1 officier.
DÉMOCRATIE : 3 morts, 2 blessés..
VÉRiTÉ: 2 morts, 2 blessés.
JUSTICE : 1 disparu, 10 blessés.
SUFFREN : 4 disparus, 6 blessés,
JULES-FERRY : 1 blessé.
JULES^MICHELET : 1 disparu, 2 blessés.
FOUDRE : 1 mort, 1 blessé.
48 hommes appartenant aux divers na-
vires de la deuxième escadre sont en outre
btessés légèrement..
:w'Jtp.A VIiI .-vum »EÎ a-.'A.lR~H:
Troisième escadre
SAINT-LOUIS : 9 disparus.
CARNOT: 1 disparu.
JAURÉGUIBERRY : 1 disparu.
MARSEILLAISE : 15 morts on disparus,
5 blessés.
EDGAR-QUINET : 3 blessés.
TOTAL GÉNtRAIJ
204 MORTS OU DISPARUS,
136 BLESSÉS, X
48 BLESSÉS LÉGÈREMENT.
M. Dedcassé, ministre de la marine,
est "parti hier soir pour Toulon.
f
Lire à la deuxième page les informations
sur la catastrophe.
LA QUESTION MAROCAINE
M. de Kiderlen
»
demande
1 nouveau délai
IL FAIT SfiCORE DES RÉSERVES '4
SUR LA REDACTION DE L'ACCORD
Les négociations franco-allemandes conV
tinuent.
La dernière entrevue qui a* eu lieu entr«
M. Cambon et M. de. Kiderlen-Waechteij
n'a pas encore été définitive.
Le rapport télégraphique envoyé par M<
Jules Cambon sur cette entrevue est com*
me toujours très sommaire.. Et l'on ne sera(
fixé complètement que lorsque sera parve-i
nu à Paris le courrier envoyé par notre
ambassadeur en Allemagne, courrier qut
arrivera ce soir.
M. de Kiderlen-Waechter a demandé àï
notre ambassadeur un nouveau délai pour,
lui remettre sa réponse, ce qui prouve qu'à
le ministre allemand n'a pas encore ac"
cepté les propositions françaises sans r&
serves. ; ,
C'est bien d'ailleurs ce que disent les dé-t,
pêches de Berlin reçues hier à Paris de dw
verses sources.
L'Agence Havas, dont les renseignement^
proviennent de l'agence officieuse allé"
mande Wolf, a communiqué hier le télé*
gramme suivant ? «
BERLIN, 26 septembre. — : D'après des infoîM(
mations puisées à une source autorisée, lé pro4
jet de traité concernant le Maroc, remis hieIt
soir par M. Cambon à M. de Kiderlen-Waechter,1
tient compte, dans ses parties essentielles, des;
désirs des deux gouvernements' ; mais. il y aura*
lieu de procéder, sur certains points, à quelqueg
changements de rédaction.
Suivant d'autres dépêches publiées pafl
les journaux, d'hier soir, c'est de nouveaitf
sur la question des capitulations que M. da:
Kiderlen-Waechter aurait formulé des ré<
serves et demandé un délai pour consulter
le chancelier.
L'entrevue entre M. de Betlraiann-HoUW!
weg et M. de Kiderlen-Waechter a eu lielt;
dans la journée d'hier. -
Selon toutes probabilités l'Allemagne
soumettra une nouvelle rédaction qui de
vra encore une fois être examinée ici paç
le conseil des ministres.
L'Italie en Tripolitàine
m w-*
LA NEUTRALITE
DE
L'ANGLETERRE
On sait que la Turquie a protesté au-
près des grandes puissances contre l'atti-
tude de l'Italie.
Le gouvernement anglais, si l'on en
croit une dépêche de Rome, a répondu de
■Suivante à cette protestation :
ROXIE, 26 septembre. — D'après les in-
formations recueillies à Londres et ici, le
gouvernement britannique aurait laissé en*
tendre au gouvernement ottoman que les
événements des dernières années ont mo-
difié sa situation et ses possibilités en ce
qui concerne la défense de l'intégrité otto-
mane.
Le gouvernement britannique a rappelé
qu'il n'a pas dépendu de lui, en 1908 et en
1909, de faire respecter ce principe ; qu'il
a fait alors en ce sens des propositions;
que c'est la Turquie qui, en acceptant,
moyennant une indemnité pécuniaire, la
perte de la Bosnie-Herzégovine,, d'accord
avec le cabinet de Vienne et k cabinet de
Berlin, a rendu impossible la politique que
l'Angleterre était prête à suivre, conformé-
ment à ses traditions.
Le gouvernement britannique estimerait
donc que dans les circonstances actuelles
c'est aux puissances avec qui la Turquie
s'est mise d'accord en 1909, et à eUes seu-
les, qu'il appartiendrait éventuellement
a exercer une action diplomatique. entre
la Turquie et l'Italie,
Interview de Rifaat pacha
Rifaat pacha, ambassadeur de Turquie,
qui est rentré hier à Paris, a eu dans la
matinée une entrevue avec M. Tittom, am-
bassadeur d'Italie.
Interviewé par le Temps à ce sujet, Ri-
faat pacha lui a fait les déclarations sui-
vantes :
- Ma visite à M. Tittoni était surtout une
visite de courtoisie justifiée par d'anciennes re-
lations, car mon collègue italien n'a pu me
donner aucun renseignement sur les intentions
de son gouvernement.
Nous continuons donc à n'en avoir connais.
sance que par les journaux et les informations
qu'ils donnent - sont faites pour nous inspirer la
plus vive surprise.
Rien, en effet, absolument rien ne pouvait
nous faire prévoir l'action agressive à laquelle
l'Italie paraît se préparer.
Je puis en parler en connaissance de cause.
J'étais ministre des affaires étrangères pendant
tous les derniers mois. Si quelque incident jus-
tifiant les événements actuels s'était produit,
c'est à moi qu'il serait venu, c'est moi qui
l'aurais réglé.
Or, rien de tel ne s'est produit.
Au mois de juin dernier, le marquis de San
Giuliano, ministre des affaires étrangères d'Ita-
lie, a prononcé à la Chambre un discours où il
a traité, avec force détails, la question tripoli-
taine.
Ce discours était parfaitement optimiste.
Rien alors ne pouvait faire prévoir ce à quoi
l'on assiste en ce moment.
Depuis lors que s'est-il passé ? Rien, absolu-
ment rien,, tout au plus une courte discussion,
d'ailleurs fort courtoise, au sujet d'une conces-
sion de routes portant sur 100 kilomètres et à
propos de laquelle certaines prétentions italien-
nes se trouvaient en conflit avec les droits anté-
rieurs d'un groupe français à qui la concession
avait été accordée.
Je tiens au surplus à faire remarquer qu'étant
donné la tournure prise par les événements, ce
n'est pas de la Tripolilaine qu'il s'agit. Je dirais
volontiers qu'il n'y a.pas de question tripolitaine.
Il y a menaoe de guerre entre l'Italie et d'em-
pire ottoman, car un débarquement à Tripoli ne
différerait, ni au point de vue du droit, ni au
point de vue du fait, d'un débarquement à Saio-
cique ou à Smyrne.
C'est ainsi, c'est sous cette forme que l'opinion,
Riiaat Pacha
européenne et les grandes puissances doivent
envisager la. quastion. Ce n'est point un incident
particulier qui surgit. C'est un problème géné-
ral qui se pose.
Tripoli n'est pas une colonie ottomane. Ce
n'est pas non plus une province dont noua
ayons délégué l'administration comme c'était te
cas pour la Bosnie-Herzégovine. Ce n'est pas
une province où la population soit mélangée au
point de vue de la rece et de la religion. Cest
un membre vital de notre corps p$tio#al.
Nous ne considérons donc pas seulement la
nécessité et la possibilité de résister localement.
Nous nous trouvons en présence d'une agtes,
sioc d'uo caractère généra! et si cette agression
qui n'est aujourd'hui qu'à l'état de menace allait
jusqu'aux actes, ce serait son existence même,,
comme Etat souverain et indépendant, que lai
Turquie aurait à défendre, contrè des procédés
d'un autre âge. j
LA POLITIQUE
PACIFIQUE
DE L'ITALIE
et
l'équilibre méditerranéen
- SUITE -
Les tristes conditions économiques de la.
Tripolitaine ont naturellement h.vorisé:
l'usure sur une Vaste échelle, tolérée et:
souvent favorisée par les autorités locaiesJ
Contre cétte plaie et contre une inconce
vable immoralité des mœurs, — cnrrup: j
tion des enfants, traite des blanches. —
l'Italie depuis trente ans lutte tavec outeaf
ses forces.
Les deux vilayets sous le rapport de.
l'instruction publique lui doivent tout, car.
les écoles italiennes sont ouvertes à qua-i
rante mille citoyens de toutes nationalités.]
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termine, tantôt dans un sens, tantôt
dans l'autre, d'inclinaison des plateaux
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cune cause, dont il dépendrait d'eux de
supprimer ou d'atténuer l'effet, n'agisse
qui, tantôt au détriment du producteur,
tantôt au préjudice du consommateur,
en fausse l'effet.
Au premier rang des causes artifi-
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mateurs dénoncent tantôt la spéculation
ou l'accaparement, tantôt l'exagération
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est puni par le Code pénal. Si les textes
étaient incomplets ou inefficaces, non
adaptés aux procédés des « trusteurs »
modernes, le gouvernement n'a qu'à de-
mander, pour les obtenir, des armes
plus sûres. Quant à la spéculation, ici
même j'ai eu l'occasion de distinguer
entre deux sortes de marchés à terme :
les sincères et les fictifs. Les premiers
sont le fait d'industriels' ou de négo-
ciants prévoyants qui, grâce aux mar-
chés à livrer, se ménagent sur les dis-
ponibilités des récoltes futures en bet-
terave, en blé, en vin, en laine, le
moyen de fabriquer ou de vendre à un
prix tel qu'ils puissent, limitant à la fois
Jeurs pertes et leurs bénéfices, être cer-
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nir aux besoins de leur clientèle. Ces
marchés sont l'âme de l'industrie et du
commerce de gros. Les interdire ou les
gêner serait porter un coup funeste à
la vie économique d'un pays. Au con-
traire, le marché à terme fictif, qui, dans
l'intention des deux contractants, n'a
pas pour obje,,t une livraison réelle de
marchandises*, mais doit se parfaire par
le paiement de simples différences, est
: une manièDe de jeu. Par de telles spécu-
lations, des quantités de marchandises
inexistantes achetées ou vendues par
des spéculateurs qui n'ont ni clientèle
ni usine à pourvoir, le cours normal des
produits est faussé. Surveiller les opé-
rations des bourses de commerce, ren-
dre de'tels marchés impossibles, arriver
à punir avec certitude l'accaparement
des spéculateurs à la hausse, c'est l'ob-
jet de l'article 10 de la loi de finances
du 13 juillet 1911 et de l'article 8 de
celle qui nous est cette année proposée.
Espérons qu'une lutte attentive et
énergique continuée par le gouverne-
ment et le Parlement contre les accapa-
reurs et les spéculateurs ne laissera
plus aucun prétexte aux déclamateurs
de la G. G. T. pour faire remonter jus-
qu'au pouvoir républicain la responsa-
bilité de la cherté des denrées alimen-
taires.
En ce qui concerne les intermé-
diaires - revendeurss commerçants —
Jeur rôle est évidemment soit d'amener
où le consommateur les demande les
produits en surabondance'ailleurs, soit
de « manutentionner et préparer» les
marchandises telles que le blé ou la
viande, impossibles à consommer telles
que la nature les produit.
L'office de l'intermédiaire est à la fois
commercial et industriel. Pour ses soins
et frais il a droit à un bénéfice, qu'il
veut le plus élevé possible, tandis que
producteur et consommateur ont intérêt
à le réduire au minimum.
Vouloir, à la manière des ménagères
du Nord et de Bretagne, faire dispa-
raître ce bénéfice, c:est amener l'inter-
médiaire à déserter les marchés. Es-
sayer, en temps dépense, lorsque le con-
flit devient grave et qu'il porte sur le
prix de choses indispensables à la vie
comme. le pain, la viande et le lait,
i d'amener l'intermédiaire à consentir
une réduction de son bénéfice, c'est le
devoir des administrateurs. La vente du
pain et de la viande à uh prix modéré
peut être, en des jours difficiles, une
mesure d'ordre public. Voilà pourquoi
la loi a armé les maires du droit de
taxer le pain et la viande. Ce droit de
taxation est contraire.- à tous les prin-
cipes de l'économie politique. Il doit ce-
pendant être conservé pour donner aux
administrateurs l'autorité et da force né-
cessaire pour exiger, t(lU nom de la paix
publique, le sacrifice des intérêts parti-
culiers.
Plusieurs fois, la .suppression du droit
pour les maires de taxer a été réclamée.
Toujours le Parlement s'y est refusé.
On a vu, par les événements de ce der-
nier mois, combien le législateur a eu
raison. Grâce à leur droit de taxer, les
maires ont pu, où c'était nécessaire,
convoquer boulangers et bouchers, pro-
voquer les conciliabules, donner les ren-
seignements, obtenir les réductions qui
ont, lorsque consommateurs et produc-
teurs gardaient raison et mesure, sau-
vegardé ou rétabli la tranquillité.
Faut-il aller plus Ioi-n et donner aux
municipalités le droit d'ouvrir des bou-
langeries et des boucheries munici-
pales ? ,
D'après un communiqué officiel, le
gouvernement actuel aurait songé à
étendre à ce point les attributions des
administrateurs communaux.
Il faut avouer que tous les maires de
la région que je représente., à qui j'ai
demandé leur opinion, refusent avec
terreur les pouvoirs nouveaux qu'on
leur voudrait conférer.,
Si le prix de la viande et du pain dé-
pend, non des récoltes et des be-
soins, mais des promesses du conseil
.municipal, comment refuser de vendre
à perte lorsque la majorité le récla-
mera ? Comment épargner aux admi-
nistrateurs le soupçon de partialité et
de vénalité dans les achats, fussent-ils
faits par adjudication ? Comment, à
moins de payer cher des fonctionnaires
nouveaux, nombreux, malgré tout ir-
responsables, être assurés de la qualité
des farines et des viandes ?
A tous les maires que je consulte il
apparaît que le droit de taxer suffit pour
empêcher les intermédiaires de fixer,
par une entente frauduleuse, un prix
excessif. A tous il semble que la fabri-
cation du pain ou la mise en vente de
la viande par les soins de l'autorité
municipale ne peut être qu'une mesure
exceptionnelile, de salut publk, au cas
de; grève - des boulangers et des bou-
chers, après refus de la taxe officielle.
bans aucun doute, les objections et
les craintes que je formule parviendront
au gouvernement et en tiendra-t-il
compte dans les textes définitifs qu'il
soumettra à nos délibérations.
Notons encore, pour en finir avec ce
sujet de la taxation, le désir de tous
côtés formulé que le droit de taxer soit
étendu au lait, denrée alimentaire aussi
indispensable que le pain et la viande,
susceptible, en raison des nouveaux
procédés commerciaux, d'être accaparé
sur de vastes espaces autour des villes.
Textes contre la spéculation et l'acca-
parement, droit, même renforcé, de
taxer les denrées alimentaires, ce sont
des procédés de combat contre les en-
tentes frauduleuses qui se peuvent,
nouer pour fausser la loi de l'offre et
de la demande.
Mais, pour le législateur, le véritable
problème c'est de trouver, le moyen
d'amener les produits à être toujours
abondants dans les lieux de consom-
mation. N'ayant de pouvoir ni sur la
sécheresse, ni sur la pluie, ni sur les
épidémies, il doit examiner si la loi
elle-même ne dresse pas contre la libre
circulation des produits des barrières
qui aggravent les causes naturelles de
renchérissement et peuvent devenir
l'objet, des réclamations et des colères
populaires.
Ces barrières sont de deux sortes :
les douanes aux frontières, l'octroi à la
porte des villes. Quelle est leur in-
fluence sur le prix de la vie ? Quelles
retouches ou quelle refonte sont possi-
bles ou nécessaires dans la législation
des douanes ou des octrois ? C'est la
plus importante des questions dont le
législateur devra s'occuper, et qu'il nous
faudra maintenant étudier.
CHARLES DUMON&
Dépuré du Jura,
Ancien ministre des travaux publics.
ÉCHOS EI NOUVELLES
L'ART A L'ECOLE.
Ou plutôt l'art au collège, car c'est pour
le collège de l'Arc, à Dôle, dans le Jura,
que notre ami le peintre G. Dola a peint
un de ses meilleurs tableaux : La prise
d'eau (Jura), matin d'automne.
Cette œuvre, qui a été commandée à
M. G. Dola par la municipalité de Dôle,
vient d'être exposée au Cercle international
des arts, boulevard Raspail, où elle a, été
fort admirée. Envions les élèves du collège
de l'Arc qui auront sous les yeux cette toile
poétique, où ils retrouveront, éloquemment
exprimé, tout le chaume de leur beau pats.
PRÉCIEUSE TROUVAILLE.
Un savant grec, le docteur Constantin
Diobouwiotiz, a découvert un commentaire
très précieux d'Origène sur l'Apocalypse.
Le manuscrit de cette œuvre, qui a été
copié sans doute au dixième siècle, envelop-
pait un cahier de la bibliothèque du cloître
Meteoron.
Comme quoi, malgré les Turcs, nous re-
trouverons peut-être encore en Grèce quel-
ques-uns des cent drames — et plus — de
Sophocle, qui ont été perdus.
LES HOTELIERS.
Nos hôteliers iront à Berlin en octobre.
C'est là que doit se tenir le deuxième con-
grès international de l'industrie hôtelière.
Le premier a eu lieu à Rome en octobre
1908, et il y fut décidé que cette manifes-
tation se renouvellerait ,tous les trois ans.
En 1914, c'est à Paris que se tiendra le
troisième congrès.
A noter que le premier congrès n'a pas
réuni moins de deux mille cinq cents hôte-
liers délégués des différentes sections de la
Fédération universelle des sociétés d'hôte-
liers.,
HATONS-NOUS.
Nous n'avons pas, en effet, une journée
à perdre si nous voulons entendre le déli-
cieux et célèbre orchestre des comemusiers
écossais, l'orchestre le plus réputé du mande,
celui même des souverains anglais. Ses der-
nières auditions — auditions gratuites —
auront lieu aujourd'hui et demain à Magic-
City.
Avec ses nouvelles attractions, ses nom-
breux divertissements gratuits, l'immense
park, si bien protégé contre les intempéries,
est le rendez-vous de tous les Parisiens.
Vendredi, comme les autres jouis, cotisée
i franc*
,Âprès.. l'Explosion ,
LA CATASTROPHE DU "LIBERTE"
CE QU'I:t.. RESTE DU CUIRASSÉ « LIBERTÉ »
UNE LEÇON
La catastrophe du Liberté s'est à
peine produite qu'elle soulève déjà
dans l'opinion des commentaires
anxieux et des craintes légitimes pour
l'avenir de notre marine.
Voilà en effet toute une série d'acci-
dents déplorables et qui revêtent pres-
que tous le même caractère : explo-
sions partielles ou explosions totales ;
pièces qui éclatent, gargousses qui
s'enflamment, et en fin de compte deux
de,'nos plus beaux cuirassés qui sau-
tent, engloutissant dans la mer plus de
100 millions et près d'un millier de vies
humaines.
Certes, le pays est prêt à ne pas mar-
chander les sacrifices en hommes et en
argent lorsqu'il s'agit de la défense na-
tionale. Il est entendu que nous devons
avoir de grosses unités de combat,
seules capables de prendre une offen-
sive vigoureuse et décisive. L'expé-
rience et l'exemple des autres nations
l'ont amplement établi.
Mais les sacrifices si lourds que nous
consentons resteront inutiles, si ces im-
menses machines flottantes portent en
elles-mêmes leurs germes de mort ; si
elles courent en temps de paix, et du
fait même de leur construction ou char-
gement, le risque d'être en une minute
broyées, anéanties avec leurs équipa-
ges.
Une enquête rapide et rigoureuse
s'impose aujourd'hui pour déterminer
les causes du désastre et du même
coup en découvrir le remède.
Y a-t-il eu incendie, déflagration
spontanée ? Nous ne pouvons encore
rien en savoir.
Si c'est un incendie, il dénote,
avouons-le, un singulier manque de
surveillance ou une singulière insuffi-
sance des aménagements. Il est inad-
missible que dans une véritable ville de
fer et d'acier, habitée par plus de cinq
cents hommes entraînés à la manœu-
vre, un feu extérieur puisse se propa-
ger. jusqu'aux soutes avec une rapidité
foudroyante.
Si c'est la poudre qui s'est enflam-
mée d'elle-même, il faut reconnaître
que sa fabrication n'est pas portée au
degré de perfectionnement nécessaire.
Mieux vaudrait avoir des explosifs
moins puissants que d'exposer ceux
qui les manient à des dangers pires
que ceux d'une bataille navale.
Quoi qu'il en soit, il importe que
des mesures efficaces de protection
soient prises. Il importe que la France
sache la vie de ses marins garantie
et ses millions employés utilement.
A cette condition, l'opinion publique
pourra revenir, sinon de son deuil, du
moins de ses craintes douloureuses
pour les temps futurs. Le désastre sera
moins immense si nous savons en
tirer une salutaire leçon
R
204 morts
184 blessés
Les détails qu'apportent les dépêches
de Toulon ajoutent encore à l'horreur
de la catastrophe du Liberté.
Quant aux causes du terrible accident
qui a détruit le navire de guerre, on n'a
pu encore les établir. Peut-être ne le
pourra-t-on jamais ? Les ingénieurs et
les officiers les plus compétents en la
matière sont d'avis différents et il est
impossible de se faire une ofinion.
On a pu, hier soir, établir.d'une façon
définitive le nombre des victimes de la
catastrophe. En effet, les rescapés
s'étaient réfugiés à bord de tous les na-
vires des escadres et il a fallu les ras-
sembler sur le débarcadère des appon-
tements.
Hier, soir, à quatre heures, le ministre
de la marine communiquait le triste bi-
lan suivant :
Deuxième escadre
LIBERTÉ : 143 disparus ou non identifiés,
dont 3 officiers et 2 élèves-officiers ; 91 bles-
sés, dont 3 officiers et 1 élève-officier.
La brèche dans le flanc du « République »
RÉPUBLIQUE : 20 disparus, 3 morts, 13 bles-
sés, dont 1 officier.
DÉMOCRATIE : 3 morts, 2 blessés..
VÉRiTÉ: 2 morts, 2 blessés.
JUSTICE : 1 disparu, 10 blessés.
SUFFREN : 4 disparus, 6 blessés,
JULES-FERRY : 1 blessé.
JULES^MICHELET : 1 disparu, 2 blessés.
FOUDRE : 1 mort, 1 blessé.
48 hommes appartenant aux divers na-
vires de la deuxième escadre sont en outre
btessés légèrement..
:w'Jtp.A VIiI .-vum »EÎ a-.'A.lR~H:
Troisième escadre
SAINT-LOUIS : 9 disparus.
CARNOT: 1 disparu.
JAURÉGUIBERRY : 1 disparu.
MARSEILLAISE : 15 morts on disparus,
5 blessés.
EDGAR-QUINET : 3 blessés.
TOTAL GÉNtRAIJ
204 MORTS OU DISPARUS,
136 BLESSÉS, X
48 BLESSÉS LÉGÈREMENT.
M. Dedcassé, ministre de la marine,
est "parti hier soir pour Toulon.
f
Lire à la deuxième page les informations
sur la catastrophe.
LA QUESTION MAROCAINE
M. de Kiderlen
»
demande
1 nouveau délai
IL FAIT SfiCORE DES RÉSERVES '4
SUR LA REDACTION DE L'ACCORD
Les négociations franco-allemandes conV
tinuent.
La dernière entrevue qui a* eu lieu entr«
M. Cambon et M. de. Kiderlen-Waechteij
n'a pas encore été définitive.
Le rapport télégraphique envoyé par M<
Jules Cambon sur cette entrevue est com*
me toujours très sommaire.. Et l'on ne sera(
fixé complètement que lorsque sera parve-i
nu à Paris le courrier envoyé par notre
ambassadeur en Allemagne, courrier qut
arrivera ce soir.
M. de Kiderlen-Waechter a demandé àï
notre ambassadeur un nouveau délai pour,
lui remettre sa réponse, ce qui prouve qu'à
le ministre allemand n'a pas encore ac"
cepté les propositions françaises sans r&
serves. ; ,
C'est bien d'ailleurs ce que disent les dé-t,
pêches de Berlin reçues hier à Paris de dw
verses sources.
L'Agence Havas, dont les renseignement^
proviennent de l'agence officieuse allé"
mande Wolf, a communiqué hier le télé*
gramme suivant ? «
BERLIN, 26 septembre. — : D'après des infoîM(
mations puisées à une source autorisée, lé pro4
jet de traité concernant le Maroc, remis hieIt
soir par M. Cambon à M. de Kiderlen-Waechter,1
tient compte, dans ses parties essentielles, des;
désirs des deux gouvernements' ; mais. il y aura*
lieu de procéder, sur certains points, à quelqueg
changements de rédaction.
Suivant d'autres dépêches publiées pafl
les journaux, d'hier soir, c'est de nouveaitf
sur la question des capitulations que M. da:
Kiderlen-Waechter aurait formulé des ré<
serves et demandé un délai pour consulter
le chancelier.
L'entrevue entre M. de Betlraiann-HoUW!
weg et M. de Kiderlen-Waechter a eu lielt;
dans la journée d'hier. -
Selon toutes probabilités l'Allemagne
soumettra une nouvelle rédaction qui de
vra encore une fois être examinée ici paç
le conseil des ministres.
L'Italie en Tripolitàine
m w-*
LA NEUTRALITE
DE
L'ANGLETERRE
On sait que la Turquie a protesté au-
près des grandes puissances contre l'atti-
tude de l'Italie.
Le gouvernement anglais, si l'on en
croit une dépêche de Rome, a répondu de
■Suivante à cette protestation :
ROXIE, 26 septembre. — D'après les in-
formations recueillies à Londres et ici, le
gouvernement britannique aurait laissé en*
tendre au gouvernement ottoman que les
événements des dernières années ont mo-
difié sa situation et ses possibilités en ce
qui concerne la défense de l'intégrité otto-
mane.
Le gouvernement britannique a rappelé
qu'il n'a pas dépendu de lui, en 1908 et en
1909, de faire respecter ce principe ; qu'il
a fait alors en ce sens des propositions;
que c'est la Turquie qui, en acceptant,
moyennant une indemnité pécuniaire, la
perte de la Bosnie-Herzégovine,, d'accord
avec le cabinet de Vienne et k cabinet de
Berlin, a rendu impossible la politique que
l'Angleterre était prête à suivre, conformé-
ment à ses traditions.
Le gouvernement britannique estimerait
donc que dans les circonstances actuelles
c'est aux puissances avec qui la Turquie
s'est mise d'accord en 1909, et à eUes seu-
les, qu'il appartiendrait éventuellement
a exercer une action diplomatique. entre
la Turquie et l'Italie,
Interview de Rifaat pacha
Rifaat pacha, ambassadeur de Turquie,
qui est rentré hier à Paris, a eu dans la
matinée une entrevue avec M. Tittom, am-
bassadeur d'Italie.
Interviewé par le Temps à ce sujet, Ri-
faat pacha lui a fait les déclarations sui-
vantes :
- Ma visite à M. Tittoni était surtout une
visite de courtoisie justifiée par d'anciennes re-
lations, car mon collègue italien n'a pu me
donner aucun renseignement sur les intentions
de son gouvernement.
Nous continuons donc à n'en avoir connais.
sance que par les journaux et les informations
qu'ils donnent - sont faites pour nous inspirer la
plus vive surprise.
Rien, en effet, absolument rien ne pouvait
nous faire prévoir l'action agressive à laquelle
l'Italie paraît se préparer.
Je puis en parler en connaissance de cause.
J'étais ministre des affaires étrangères pendant
tous les derniers mois. Si quelque incident jus-
tifiant les événements actuels s'était produit,
c'est à moi qu'il serait venu, c'est moi qui
l'aurais réglé.
Or, rien de tel ne s'est produit.
Au mois de juin dernier, le marquis de San
Giuliano, ministre des affaires étrangères d'Ita-
lie, a prononcé à la Chambre un discours où il
a traité, avec force détails, la question tripoli-
taine.
Ce discours était parfaitement optimiste.
Rien alors ne pouvait faire prévoir ce à quoi
l'on assiste en ce moment.
Depuis lors que s'est-il passé ? Rien, absolu-
ment rien,, tout au plus une courte discussion,
d'ailleurs fort courtoise, au sujet d'une conces-
sion de routes portant sur 100 kilomètres et à
propos de laquelle certaines prétentions italien-
nes se trouvaient en conflit avec les droits anté-
rieurs d'un groupe français à qui la concession
avait été accordée.
Je tiens au surplus à faire remarquer qu'étant
donné la tournure prise par les événements, ce
n'est pas de la Tripolilaine qu'il s'agit. Je dirais
volontiers qu'il n'y a.pas de question tripolitaine.
Il y a menaoe de guerre entre l'Italie et d'em-
pire ottoman, car un débarquement à Tripoli ne
différerait, ni au point de vue du droit, ni au
point de vue du fait, d'un débarquement à Saio-
cique ou à Smyrne.
C'est ainsi, c'est sous cette forme que l'opinion,
Riiaat Pacha
européenne et les grandes puissances doivent
envisager la. quastion. Ce n'est point un incident
particulier qui surgit. C'est un problème géné-
ral qui se pose.
Tripoli n'est pas une colonie ottomane. Ce
n'est pas non plus une province dont noua
ayons délégué l'administration comme c'était te
cas pour la Bosnie-Herzégovine. Ce n'est pas
une province où la population soit mélangée au
point de vue de la rece et de la religion. Cest
un membre vital de notre corps p$tio#al.
Nous ne considérons donc pas seulement la
nécessité et la possibilité de résister localement.
Nous nous trouvons en présence d'une agtes,
sioc d'uo caractère généra! et si cette agression
qui n'est aujourd'hui qu'à l'état de menace allait
jusqu'aux actes, ce serait son existence même,,
comme Etat souverain et indépendant, que lai
Turquie aurait à défendre, contrè des procédés
d'un autre âge. j
LA POLITIQUE
PACIFIQUE
DE L'ITALIE
et
l'équilibre méditerranéen
- SUITE -
Les tristes conditions économiques de la.
Tripolitaine ont naturellement h.vorisé:
l'usure sur une Vaste échelle, tolérée et:
souvent favorisée par les autorités locaiesJ
Contre cétte plaie et contre une inconce
vable immoralité des mœurs, — cnrrup: j
tion des enfants, traite des blanches. —
l'Italie depuis trente ans lutte tavec outeaf
ses forces.
Les deux vilayets sous le rapport de.
l'instruction publique lui doivent tout, car.
les écoles italiennes sont ouvertes à qua-i
rante mille citoyens de toutes nationalités.]
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