Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-05-10
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 mai 1920 10 mai 1920
Description : 1920/05/10 (N10067). 1920/05/10 (N10067).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7607594t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2014
EDITION DE S 6 HEURES DU MATIN
QUINZE centimes le numéro (18067)
Lundi 10 Mai 1920
Ce n'est pas en multipliant les ordres
de grève.,.
.Qu'on diminuera en France la crise
du chance.
v
LES CLAUSES ESSENTIELLES
du traité turc
Carte du partage de l'empire ottoman: la région noire indique ce que les AUiés
* laissent aux Turcs
La guerre a pris fin en Orient dans les
derniers jours d'octobre 1918. C'est seule-
ment le 11 mai 1920 qu'un projet de traité
va être soumis à la Turquie. Voici quelles
pn sont les dispositions essentielles.
c.. Les nouvelles frontières
+ Thrace. — En Europe, le domaine turc
est réduit à l'extrême pointe de la pres-
qu'île qui aboutit à Constantinople. La
frontière suit le fameux fossé de Tchataldja
en faisant un léger détour au nord pour
englober le Lac Derkos, nécessaire au ravi-
taillement de Constantinople er^/éau. Un
territoire minuscule de, soixante kilomètres
de long et de quarante kilomètres de large :
voilà toute la couverture laiissée à la capi-
tale de l'Islam. Imaginez la situation de
cette métropole entre les canons des cui-
rassés qui pourront entrer librement dans
les Détroits et les canons grecs braqués à
moins de vingt-cinq lieues. Le maintien de
la souveraineté ottomane devient une pure
fiction.
Tous les territoires européens enlevés
aux Turcs sont attribués à la Grèce, y com-
pris la presqu'île .de Gallipoli. Les Alliés
n'ont pas donné suite au projet de M. Wil-
son, qui voulait attribuer aux Bulgares les
régions d'Andrinople et de Kir¡Kilissé. La
Bulgarie perd complètement la Thrace et
obtient seulement la promesse d'un libre
débouché à Dédéagatch.
Turquie d'Asie. — En Asie, la démarca-
tion entre les territoires proprement turcs
et les territoires arabes est nettement mar-
quée par le tracé de la nouvelle frontière.
Celle-ci part de l'embouchure du fleuve
Seihun, au nord-ouest du golfe d'Alexan-
-drette. EHe suit ce fleuve, puis' tranche Mais à travers la' Cilicie, passe entre IMa-
rach et Aïn-Tab et se prolonge parallèle-
ment au chemin de fer de Bagdad, à cin-
quante kilomètres au nord de la voie ferrée.
K Il reste au sultan l'Asie Mineure, mais
diminuée de deux amputations.
Smyrne. — Le long de la côte de la mer
Egée, on a renoncé à enlever aux Grecs les
territoires qu'ils ont occupés autour de
Smyrne au printemps 1919 avec la tolé-
rance, sinon sur l'invitation des puissan-
ces. La souveraineté ottomane est mainte-
nue théoriquement, sous réserve d'un plé-
biscite éventuel dans un délai de Cinq ans.
Arménie. — La seconde amputation, cel-
le-là radicale, va être déterminée :par la
création d'un Etat arménien complètement
indépendant. La réalisation s'annonce fort
laborieuse. Les régions qui doivent former
l'krménie sont le quartier général des na-
tionalistes turcs. Il faudra conquérir le
pays, réparer les ruines, organiser. Qui
assumera cette lourde tâche ? Tout le
monde se dérobe. En désespoir de cause, les
Alliés ont décidé que l'Arménie compren-
drait les provinces de Vian, Mouch, Bitlis et
une partie de celle d'Erzeroum. On a de-
mandé au président Wilson de prendre
l'affaire en main ou, tout au moins, de
fixer les frontières définitives du nouvel
Etat. Ce dernier n'aura pas de front de
mer. Il aura un débouché à Batoum, port
internationalisé, traduisez : britannisé.
Territoires arabes. — L'organisation de
la partie arabe n'est pas précisée. Le fameux
Etat ou la confédération arabe qui doit
former le plivot central.demeure dans le
vague jusqu'au moment où l'émir Faïçal
sera v.enu s'expliquer devant la Conférence
sur ses velléités d'indépendance. En atten-
dant, les violations du traité de 1916, que
la France a dû subir depuis dix-huit mois,
sont confirmées. Un protectorat britan-
nique remplace le régime international en
Palestine. Le mandat anglais sur la Méso-
potamie s'étend sur la région de Mossoul,
avec la seule compensation pour la France
de 25 0/0 de la production du pétrole. Le
mandat français en Syrie reste subordonné
aux péripéties ultérieures de l'aventure
J'aïçal.
Le régime des Détroits
La,Turquie, qui a fermé Jes Détroits pen-
dant près d'un siècle, pour obéir aux ordres
Ses puissances, perd tout contrôle sur l'en-
trée de la mer Noire. Les fortifications des
Dardanelles et du Bosphore seront dé-
mantelOOs. Le gouvernement ottoman ne
pourra plus avoir ni batteries, ni torpilles,
ni mines, ni sous-marins. Or, il n'a fallu
rien moins que l'accumulation de tous ces
moyens pour tenir l'a porte close. Une
commission civile, une commission mili-
taire, une garnison permanente et une po-
lioe navale internationale surveilleront
l'Etat, qui n'a plus aucun moyen d'action.
Mais < Ja clef du Pont-Euxin n'aura fait 1
que changer de poche. Elle passe dans celle
du maître de la mer.
- Le régime militaire
Peu de questions pouvaient sembler plus
faciles à résoudre. En Turquie, plus encore
que dama les autres pays vaincus, la force
militaire doit prendre l'allure d'une gen-
darmerie, puissante parce qu'elle aura fort
à faire, mais dépourvue de tout caractère
stratégique. D'après le traité, les Turcs
pourront entretenir une armée de cin-
quante mille hommes recrutés par enga-
gements à long terme. La flotte est complè-
tement supprimée.
Clauses financières
La Turquie èst entrée ep guerre avec
une dette de 4 milliards 316 millions, dont
la France détenait à elle seule près de
ÇO 0/0. La lutte a augmenté ce passif, mais'
pas autant qu'on pourrait le croire. La
plus grande partie des fraiis a été avancée
par l'Allemagne, qui .peut passer cette
opération au compte des profits et pertes.
La situation financière de la Turquie ne
serait pas particulièrement défavorable si
les territoires qui lui sont enlevés nejre-
présentaient les cinq sixièmes des ressour-
ces. Or on laisse aux débris des territoires
ottomans la charge des deux tiers de la
dette; sans parler des réparations, que l'on
a la prudence de n'envisager que comme
une possibilité d'avenir. Il faut avant tout
sauver les droits acquis. La disproportion
n'en est pas moins écrasante entre le passif
et l'actif. La restàuration des finances s'an-
nonce laborieuse.
Pour cette tâche, les Alliés disposent d'un
instrument exceUent. Le service de la Dette
Ottomane a toujours ronctionné à merveille
parce qu'il est un organisme pnivé qui
échappe aux rivalités officielles. Il a un
autre titre à notre reconnaissance, c'est
qu'il a été un précieux instrument d'in-
fluence française. Ces deux considérations
n'ont pas suffi à assurer son avenir. Le
traité prévoit l'institution d'une commis-
sion financière. La nation qui rêve à l'hé-
gémonie en Orient entend mettre la main
sur la catisse. Tout ce que les négociateurs
français ont pu obtenir c'est que la Dette
Ottomane sera maintenue jusqu'en 1923 et
peut-être même -au delà si on parvient à
l'adapter à la situation nouvelle.
Les chemins de fer
La liquidation de l'affaire de. Bagdad
tient une grande place dans le traité. Cette
affaire n'était pas, comme beaucoup le
croient, exclusivement allemande. Des par-
ticipations de 30 0/0 étaient réservées à
la France et à la Russie. Dans quelle me-
sure a-t-on tenu compte de ces droits
acquis ?
La solution adoptée est extrêmement
complexe. Nous ne pouvons en tracer
qu'une esquisse* très Sorrtiriîaiire.
Tout d'abord, la partie du réseau qui
se trouve en dehors des nouvelles fron-
tières de la Turquie sera soumise à un
régime particulier. Cette fraction traver-
sera deux zones, l'une soumise au 'mandat
de la France, l'autre au mandat de l'An-
gleterre. La puissance mandataire exercera
le contrôle dans la région soumise à son
autorité. ,
La partie de la ligne purement turque
sera englobée dans un consortium anglo-
franco-italien qui dirigera tous les chemins
de fer. Chaque nation fournira un tiers
de l'appoint en capitaux ou en nature.
Dohc l'apport de la France sera formé par
les concessions existantes et par les 30 0/0
français du réseau de Bagdad. Ces' 30 0/0
seront imputés sur la partie de la ligne
qui traverse la Qilicie, entre le fleuve
Seihun et le Taurus.
Pour apprécier la valeur de cette com-
binaison, il faut considérer que la France
avait, en 1914, un réseau concédé de 4,603
kilomètres carrés contre 4,429 seulement à
l'Allemagne, 624 à l'Angleterre et zéro à
l'Italie. Le nouveau régime nous réduit au
tiers. On ne manquera pas d'alléguer que
les capitaux anglais et italiens compense-
ront la différence. Il n'en reste pas moins
que nous perdons la situation absolument
prépondérante que devait nous laisser la
ruine de l'entreprise allemande.
Les combinaisons commerciales
L'éviction apparaît bien plus nettement
encore dans le nouveau régime commer-
cial. La Turquie doi't souscrire d'avance à
un accord spécial conclu entre l'Angleterre,
l'Italie et la France pour la répartition de
sphères d'influence. Dans le partage la
part de la France sera la Cilicie, l'Italie
aura les vilayets de Konia et, d'Adalia avec
une bonne partie des charbonnages d'Hé-
raclée qui étaient avant la guerre parta-
gés entre la France et l'Allemagne.
L'adoption du système des sphères d'in-
fluence est une mesure nettement rétro-
grade. Elle va directement à rencontre
d'un des dogmes fondamentaux de l'évan-
gile wilsonien : le principe de la porte
ouverte. Il faut s'attendre à une protesta-
tion des Etats-Unis, d'autant plus véhé-
mente que la conclusion de la dernière
note du président Wilson aux Alliés de-
mandait formellement le 'maintien de la li-
berté commerciale. Comment la France
a-t-elle sacrifié un régime libéral qui lui
avait assuré une situation prépondérante ?
La fin du protectorat catholique
La renonciation économique est peu de
chose en comparaison de la suppression
radicale du privilège politique séculaire
qui a assuré depuis le moyen âge la pré-
pondérance de la France en Orient. Non
seulement la garde des Lieux Saints est
abandonnée à une commission britannique
sous le contrôle de la Société des nations,
mais la protection de toutes les minorités
est attribuée à la Société des nations. Le
protectorat catholique est absolument
supprimé..
La France suibiit de ce fait une véritable
déchéance, particulièrement 'humiliante au
lendemain des immenses sacrifices qu'elle
vient de faire à la cause du Droit et de la
Justice. Les services rendus par notre pays
à la cause de la civilisation méritaient une
autre récompense. La réforme ne peut
même pas invoquer des raisons d'efficacité.
Le protectorat catholique a fait ses preu-
ves. La Société des nations n'est encore
qu'un mot et tout dans son action est à
improviser. Notre seul espoir est que les
inévitables discussions soulevées- par le
traité laisseront à l'opinion française le
temps de réclamer la revision nécessaire.
Ce ne sera pas la seule retouche. A part
un projet de réforme judiciaire heureu-
sement inspiré de l'exemple des tribunaux
mixtes égyptiens, rien ne tient, Après l'ex-
périence du traité de Versailles, on ne doit
pas attendre qu'il soit trop tard pour
refaire le traité turc. -
-SAINT-BRI CE.:
Des détenus irlandais
sont restés
dix-huit jours sans manger
Des sinn-feiners attaquent
et brûlent des locaux de police
LONDRES, 9 mai. (Par téléphone.) — Une
centaine d'hommes armés de fusils, de re-
volvers, de grenades, ont attaqué, la nuit
dernière, les locaux de la police à Cloyne.
Après s'être défendus énergiquement
pendant plusieurs heures, les six hommes
qui constituaient la garnison durent se
rendre.
Les assaillants firent alors sauter les bâ-
timents et y mirent le feu. Un gendarme
a été grièvement blessé à la tête.
La nuit dernière également, le fourgon
postal de Thurles a été arrêté près de Ragg
et la correspondance destinée à la police
a été dérobée.
Quarante et un détenus irlandais sur les
cent quatre-vingts qui faisaient la grève de
la faim, à la prison de Wormvood-Scrubbs,
à Londres, ont été relâchés samedi. Selon
M. Arthur O'Brien, président de la ligue
irlandaise de la « Self Détermination », les
prisonniers n'ont pris aucune nourriture
depuis quatorze jours au moins. Quel-
ques-uns d'entre eux ont jeûné dix-huit
jours.
A Belfast, vingt-deux, qui faisaient éga-
lement la grève de da faim, ont été remis
en liberté samedi.
MON FILM
Chez un English taùo-r: qui, d'ailleurs,
n'a pas du tout l'accent:
— Je voudrais me faire faire un complet.
Quelque chose de simple, par exemple en
cheviote.
On me montre des échantillons. Ayant
choisi, je demande:
- Combien?
.— Six cent cinquante francs, monsieur!.
Assommé, je finis par bégayer:
— Pardon, à ce prix-là. est-ce qu'il y
aura des poches?
Le tailleur a bien voulu me démontrer que
ce n'était pas cher, vu la crise du change, la
crise des transports, la crise de la main-
d'œuvre et quelques autres crises non moins
déplorables.
— Monsieur, finit-il par me dire, avec ce
décret qui interdit les importations, tout va
encore augmenter. L'hiver prochain, un
complet coupé dans cette étoffe coûtera mille
francs.
Quand on importe, c'est le change qui fait
tripler les prix; quand on n'importe pas,
c'est l'absence de matières premières et peut-
être aussi la suppression de la concurrence
qui les font quintupler. Nous sommes tou-
jours pinces au tournant. -
J'ai renoncé à ce complet. J'attends, en
effet, que la mode des salopettes et des
blouses en toile bleue soit un peu plus ré-
pandue: je l'adopterai dès qu'il sera pos-
sible de s'habiller ainsi sans se faire re-
marquer.
Déjà, au Sénat américain, un père cons-
crit a siégé en costume de toile bleue pour
protester contre la cherté excessive des vête-
ments. A la Chambre des communes, un dé-
puté ia suivi cet exemple. On l'a vu à West-
minster en cotte et en salopette. Que les
Anglais de la gentry en fassent autant et
nous ne tarderons pas à voir à Paris des
gentlemen vêtus de cette simple et honnête
toile bleue qui est noblement portée depuis
longtemps par les travailleurs.
Je me demande même si M. Deschanel ne
devrait pas lancer cette mode démocratique.
Le roi George V a porté le « costume na-
tional » — ils l'avaient, en Angleterre ! —
le roi Alphonse XIII a crânement adopté le
col mou. Au président de la République de
donner le signal des économies vestimen-
taires en paraissant dans une cérémonie offi-
cielle en cotte ou en combinaison de toile
bleue. Cette combinaison contribuerait cer-
tainement plu5 à faire baisser le prix de la
vie que toutes les combinaisons ministérielles
ou diplomatiques. ,,-
Mais voilà, aussitôt la toile bleue devien-
dra hors de prix et mon English tailor me
demandera six cent cinquante francs pour
une blouse et une salopette, — cette fols
sans poches. — CLÉMENT VAUTEL.
Rome sanctifie
trois Françaises :
Louise de Marillac
Marie Alacoque
et Jeanne d'Arc
ROME, 9 mai. (Dép. part.) — La guerre
terminée, l'Eglise reprend ses rites majes-
tueux et solennels. Le souverain pontife a
voulu réserver à la France « fille aînée de
l'Eglise » la primeur de cette ère nouvelle.
En huit jours, trois Françaises vont être
élevées à l'autel. La béatification de Louise
de [Marillac et Ja canonisation de Margue-
rite-Marie Alacoque conduiront à la fête
suprême de la glorification de la vierge
guerrière Jeanne d'Arc.
Nous avons assisté, ce matin, à la pre-
mière journée de ce mémorable triduum.
Les cérémonies de la béatification de Louise
de Marillac se sont déroulées dans la basi-
lique de Saint-Pierre avec toute la pompe
du cérémonial pontifical. Il n'est pas inutile
de rappeler que la nouvelle bienheureuse
a été la principale collaboratrice de saint
Vincent de Paul.
Une foule immense était accourue des
quartiers les plus reculés. Dès les pre-
mières lueurs de l'aube la 'grande place
circulaire de Saint-Pierre était noire de
monde. Dès Couverture de l'église, les
sœurs de charité et les membres des congré-
gations commencent à garnir l'immense
vaisseau. Les pèlerins français sont très
nombreux. On leur a réservé les meilleures
places, C'est ensuite un interminable défilé.
ae religieux, de prêtres, de séminaristes.
Les dames portent des toilettes sombres.
Puis on voit arriver les cardinaux, les pré-
lats, les membres de l'aristocratie romaine.
A l'intérieur de la basilique les troupes
pontificales ont pris place pour assurer le
service d'honneur. Elles portent l'uniforme
de demi-gala. Sur les portes de bronze flotte
le drapeau de la garde suisse.
L'église est magnifiquement décorée de
tapisseries et éclairée par des centaines de
lampadaires et de lustres. La statue de
bronze de saint Pierre est revêtue des insi-
gnes pontificaux et sur sa tête se dresse la
tiare, insigne du vicaire du Christ.
Plus de deux cents prélats occupent les
bancs réservés aux évêques. Parmi eux se
trouvent quarante représentants de J'épis-
copat français.
Le cortège sort de la sacristie à ta-
heures. Dix-huit cardinaux y figurent, par-
mi lesquels les cardinaux Amette, de Ca-
brière et Dubois. Tous portent la capa
magna et sont accompagnés de leur se-
crétaire.
Lecture est donnée du décret de béatifi-
cation. Aussitôt tombe le voile qui couvrait
l'image de la Bienheureuse. La minute est
émouvante. Tous les regards se tournent
vers la sainte figure dans un élan de prière
et de recueillement.
Au même moment, l'image de la Bien-
heureuse est exposée sur le balcon exté-
rieur de Saint-Pierre au milieu des ac-
clamations de la foule, pendant que les
cloches des quatre cents églises de Rome
sonnent à toute volée.
Un office solennel a été célébré ensuite
et s'est prolongé jusqu'à midi.
IZM. Millerand et Lloyd George
se rencontreront samedi
C'est selon toute vraisemblance samedi
prochain que commencera la conférence de
Folkestone. M. Millerand compte partir
vendredi. Son absence durerait deux ou
trois jours au plus.
La contrebande par torpilles électriques
LONDRES, 9 mai. {Par téléphone.) — Le
correspondant du Daily Chronicle à New-
York annonce que les fonctionnaires char-
gés d'empêcher le passage des liqueurs
fortes du Canada en Amérique ont été in-
formés que de grandes quantités de liquide
étaient passées journellement à travers la
rivière de Détroit par le moyen de « tor-
pilles » sous-marines guidées électrique-
ment. -
Chacun de ces engins contient une cen-
taine de litres d'alcool. Après avoir été
vidés du précieux liquide, ils sont lestés
avec de l'eau et sont retournés par la
même voie.
SIMPLE CONSTATATION
— Y paraît que nous, manquons de pâte
~a~ - ~- -" -
- Oui, mais nous avons de, la pâte à
i/asoirf - «- e (Dessin? de CH. GENTY^
DES MESURES SONT PRISES
pour parer aux grèvps
que la C. G. T. déclenche aujourd'hui
Cette journée de dimanche a ét4 em-
ployée, rue de la Grange-aux-Belles et rue
du Château-d'Eau, aux derniers préparatifs
de la seconde offensive syndicaliste. Le
soir, deux communiqués, l'un de la
C. G. T. et l'autre de l'Union des syndicats
de la Semé, confirmaient les décisions de
la veille et annonçaient que les nouvelles
corporations engagées dans la lu'tte, pour
aujourd'hui : transports, métallurgie, bâ-
timent, voiture-aviation, étaient « animées
des plus énergiques résolutions ».
Certaines fédérations ayant pensé que
leurs opérations respectives gagneraient à
être soutenues par des revendications cor-
poratives, la C. G. T. déclare que le mouve-
ment actuel est complètement désintéressé
et qu'il ne vise qu'un but : la reconnais-
sance du principe de la nationalisation
industrialisée.
Un dernier avertissement confédéral
« rappelle aux grévistes qu'ils ne doiyent
se livrer à aucune démonstration dans la
rue et que l'abandon par eux du travail est
la seule force qui déterminera le succès ».
A la préfecture de police
Une conférence a eu lieu hier matin à la
préfecture de police entre le préfet, assis-
té de M. Guichard, directeur de la police
municipale, et M. Dumas, chef des rensei-
gnements généraux, au cours de laquelle
Ceux qui ordonnent la grève
En haut : MM. GUINCHARD (transports) et
CHANVIN (bâtiment) ;
Au milieu : M. MERRHEIM (métaux) ;
Au bas : M. RAOUL (Mét1.0) et M. JACCOUD
(transports en commun).
ont été arrêtées les mesures qui seront
prises aujourd'hui. lundi.
Après cette conférence; les directeurs
des sociétés de transporte en commun,
métro, nord-sud, omnibus, tramways qui
avaient été convoqués ont fait connaitre
leur impression sur la grève projetée. La
plupart des administrateurs de ces sociétés
sont très optimistes. Ils ne croient pas à
une grève totale, et comptent, avec l'impor-
tante fraction du personnel non gréviste
et des remplaçants, assurer un service de
transports très suffisant et qui redeviendra
normal en quelques jours.
A 6 heures du soir, les commissaires di-
visionnaires et officiers de paix de la ville
de Paris, ainsi que les commissaires de la
banlieue ont été convoqués à la préfecture
pour prendre communication des consignes
et des ordres donnés à l'occasion du dé-
clenchement de la grève des transports
par la C. G. T.
D'autre part, trois commissaires se sont
tenus, la nuit dernière, en permanence à
la direction de la police judiciaire ; ce
sont : MM. Guillaume, attaché à la direc-
tion ; Forgeront, du quartier 'de l'Arsenal,
et Benezech, du quartier Sainte-Avoye.
Apgel de l'Union civique
En raison de la grève des transports,
l'Union civique invite toutes les personnes
disposées à donner leur concours comme
volontaires à s'inscrire à son siège, 9,
place Saint-Sulpice.
Que feront les P. T. T. ?
Bien que convoqués tardivement samedi
soir par la Fédération postale, un millier
d'ouvriers, employés et agents des P. T. T.
se sont réunis hier matin à la -salle Wa-
gram sous la présidence de M. Digat, an-
cien seprétaire du syndicat des sous-agents.
De nombreux discours furent prononcés,
notamment par MM. Rouanet, Chave et Du-
tailly, secrétaire adjoint de la Fédération,
qui invitèrent leurs camarades à se tenir
prêts à répondre au premier appel de la
C. M. Bidegaray, ancien secrétaire général
de la Fédération des cheminots, vient féli-
citer les postiers de leurs bonnes disposi-
tions à l'égard des cheminots, mais il dé-
clare que pour les nouvelles grèves il
n'a aucune indication à leur fournir.
« Vous entendrez celles que vous don-
nera la C. G. T., je ne veux aucunement
faire pression sur vous, je sais que vous
avez le sentiment du devoir, que votre so-
lidarité s'exercera s'il est jugé nécessaire. »
M. Digat vient ensuite donner lecture de
l'ordre du jour suivant :
Les ouvriers, employés et agents des P.T.T.
reconnaissent que leurs intérêts moraux et ma-
tériels, sont à l'heure actuelle' défendus par la
C. G. T., ils s'engagent à suivre scrupuleuse-
ment les indications qui leur sont données par
les représentants intéressés de la classe ou-
vrière de laquelle.ils se déclarent solidaires.
L'ordre du jour fut adopté par acclama-
tion.
v Les arrestations
Les agents de la police judiciaire ont ar-
rêté hier, à Chartres, et amené à Paris
M. Sigrand, contre lequel tm mandat d'a-
mener avait été lancé par M. le juge Jous-
selin pour complot contre la sûreté de
l'Etat M. Sigrand, après un interrogatoire
d'identité subi à la police judiciaire, a été
écroué à la prison de la Santé.
M. Jacques-Maurice Sigrand est figé de
quarante-cinq ans, originaire de Villiers-
le-Sec, près Toul, marié, père de deux jeu-
nés filles, et habile rue Jacquier. Facteur
ehyf à là gare de Vaugirard, il était mem-
bre du comité du Syndicat parisien des
cheminots et délégué à la propagande. Il
fut arrêté le 1er mars dernier, lors de la
première grève. Il ;fut remis en liberté et
devait passer en correctionnelle lors-
que éclata la grève du 1er mai. Depuis, M.
Sigrand a été révoqué, et il est compris
dans les poursuites dirigées contre les pro-
pagandistes de la grève.
On a amené hier à Paris M. Totti, secré-
taire du syndicat des cheminots de Mar-
seille, qui fut arrêté dans cette ville le 3
mai. M. Totti a été écroué à la Santé.'
A Toulon, les gendarmes ont arrêté un
gréviste de l'arsenal maritime, nommé
Jean Vincentelli, qui s'était posté à une
des portes et inscrivait sur un carnet le
nom des ouvriers qui reprenaient leur
travail. ,
On a également arrêté un conducteur de
tramlways, le gréviste Marc Rossi, pour en-
traves à la liberté du travail et outrages
aux agents.
Les tracts antimilitaristes
Des tracts antimilitaristes avaient été
lancés avant-hier d'une, fenêtre d'une
maison de la rue Ordener ; une enquête a
fait découvrir l'identité du, propagandiste
révolutionnaire. Hier matin, M. Benezech
l'a arrêté chez lui au 173 de la rue Orde-
ner. C'est un tailleur nommé Gabriel De-
pieds, âgé de trente-deux ans, qui- s'est dé-
claré fièrement membre de la 1.8* section
des soviets de Paris.
Dans l'après-midi Depieds et les autres
distributeurs de tracts arrêtés avant-hier,
Robillaud, Roux, Maillard, ont été interro-
gés par M. Jousselin, juge d'instruction.
M. Verfeuil mis en liberté
M. Raoul Verfeuil, délégué permanent du
parti socialiste, arrêté à Bourgàneuf et
transféré à la prison de Guéret, a été mis
en liberté provisoire. M. Verfeuil a gagné
Montauban où il compte se reposer quel-
ques jours.
Les grèves du cartel
La grève des cheminots, des inscrits, dM
dockers et des mineurs a conservé, hier, le
même aspect. Aucune défection parmi le
personnel resté au travail et un apaise-
ment se manifeste dans les esprits.
Voici le communiqué du ministère des
travaux publics :
• Sur les réseaux
P.-L.-M. — Rentrées individuelles, améliora-
tion du service; notamment en ce qui concerne
la banlieue, on estime, qu'il y ait grève ou non
jeudi prochain, que tous les trains seront faits.
Hier, 11 trains de plus, dont 7 sur Paris. Le
travail en Franche-Comté permet la liquidation
de l'arriéré des transports sur l'Alsace-Lorraine. •
Orléans. — Service marchandises augmenté
de 16 trains aujourd'hui. -
Midi. - Quelques rentrées à Toulouse et t
Béziers. Augmentation des trains de marchan-
dises. Des mises en demeure aux grévistes ont
provoqué de nombreuses rentrées sur l'ensem-
ble du reseau.
Etat. - Service se régularise; on a fait 720/0
des trains de voyageurs et 60 0/0 des trains de
marchandises.
Nord. — Service complet.
Est. — Service normal, reprise totale à Bar-
le-Duc et à Vitry. On rentre à Nancy. A Chau-
mont. un seul mécanicien reste en grève.
Ceinture. - Situation stationnaire.
Dans les ports
Dunkerque, situation inchangé A Boulogne,
les inscrits continuent le travail ; quelques
dockers reprennent. Tréport, Dieppe, pas de
grève. Au Havre, la détente s'accentue. Le ca-
botage a repris sur Honfleur, et Caen; on pré-
voit des départs de navires pour demain. Rouen,
grève flnie. Caen, pas d'équipage en grève ;
quelques dockers reprennent le travail. Brest.
dockers et inscrits ont tenu une réunion sans
résultat. Nantes, le travail des dockers semble
reprendre plus activement. Saint-Nazaire, si-
tuation stationnaire. La Rochelle, les marins ont
travafllé à bord; pas de défections nouvelles.
Bordeaux, Bayonne, situation inchangée, Cette,
chômage complet. Marseille, pas de changement.
Alger, légère détente; les navires réarment'en
grand nombre. Philippeville et Bône, normal
Oran, grève continue.
Il y a du charbon
A la veille de la grève, environ 530,000
tonnes de charbon se trouvaient dans les
dépôts'des compagnies.
Huit jours après la grève, ce stock est
le même. Le chiffre officiel était, samedi,
de 522,000 tonnes, soit de quoi assurer
pendant près d'un mois le service actuel
des trains sur tous les réseaux.
Le stock des ports, qui était d'environ
300,000 tonnes, a, lui aussi, peu varié.
Cette situation tient à ce que l'approvi-
sionriemëîït en charbon du pays a été nor-
mal, à part le chômage des mines autres
que celles du Nord et du Pas-de-Calais.
Les attentats
A Charenton, l'autre nuit, au kilomètre
7.760, au lieudit « l'île Saint-Pierre »,
deux fils de disques d'arrêt ont été coupés.
Dans la nuit, entre Maisons-Laffltte et
Mantes, des pierres ont été lancées sur un
train de voyageurs. Personne n'a été blessé.
Un train parti à 20 iheures de la gare du
Nord a été criblé de pierres au moment où
il passait au lieudit. « le Landy », après la
station de la Plaine-Saint-Denis. Personne
n'a été blessé.
L'AGITATION AGRAIRE EN ITALIE.
ROME, 5 mai. (Dépêche retardée dans la
transmission) :
L'agitation agraire prend dans certaines
régions un caractère violent.
Dans la province de Padoue, de nom-
breux attentats ont été commis. A Vashin-
gon, les carab.iniers, qui voulaient empê-
cher une bande de grévistes armés de fu-
sils et de poignards de mettre le feu à une
ferme, ont élIS désarmés.
Dans la province de Vérone, la grève
agraire s'étend. Elle est marquée par des
conflits avec la force armée.
Dans la province d'Alexandrie, une véri-
table bataille a été engagée entre deux
bandes de paysans appartenant aux ligues
rivales.
Attentat contre un ministre an Caire'
LONDRES, 9 mai. (Par téléphone.) — Une
bombe a été lancée, hier, au Caire, contre
l'automobile d'Hussein Darvich bey, mi-
nistre des fondations pieuses. Le ministre
n'a pas été atteint, mais son chauffeur a
été blessé et un étudiant, que l'on croit être
l'auteur de l'attentat, a été tué.
Pendant la nuit, une collision s'est pro-
duite entre des indigènes et des soldats
anglais. Un homme, que l'on croit être un
Italien, a été tué.
QUINZE centimes le numéro (18067)
Lundi 10 Mai 1920
Ce n'est pas en multipliant les ordres
de grève.,.
.Qu'on diminuera en France la crise
du chance.
v
LES CLAUSES ESSENTIELLES
du traité turc
Carte du partage de l'empire ottoman: la région noire indique ce que les AUiés
* laissent aux Turcs
La guerre a pris fin en Orient dans les
derniers jours d'octobre 1918. C'est seule-
ment le 11 mai 1920 qu'un projet de traité
va être soumis à la Turquie. Voici quelles
pn sont les dispositions essentielles.
c.. Les nouvelles frontières
+ Thrace. — En Europe, le domaine turc
est réduit à l'extrême pointe de la pres-
qu'île qui aboutit à Constantinople. La
frontière suit le fameux fossé de Tchataldja
en faisant un léger détour au nord pour
englober le Lac Derkos, nécessaire au ravi-
taillement de Constantinople er^/éau. Un
territoire minuscule de, soixante kilomètres
de long et de quarante kilomètres de large :
voilà toute la couverture laiissée à la capi-
tale de l'Islam. Imaginez la situation de
cette métropole entre les canons des cui-
rassés qui pourront entrer librement dans
les Détroits et les canons grecs braqués à
moins de vingt-cinq lieues. Le maintien de
la souveraineté ottomane devient une pure
fiction.
Tous les territoires européens enlevés
aux Turcs sont attribués à la Grèce, y com-
pris la presqu'île .de Gallipoli. Les Alliés
n'ont pas donné suite au projet de M. Wil-
son, qui voulait attribuer aux Bulgares les
régions d'Andrinople et de Kir¡Kilissé. La
Bulgarie perd complètement la Thrace et
obtient seulement la promesse d'un libre
débouché à Dédéagatch.
Turquie d'Asie. — En Asie, la démarca-
tion entre les territoires proprement turcs
et les territoires arabes est nettement mar-
quée par le tracé de la nouvelle frontière.
Celle-ci part de l'embouchure du fleuve
Seihun, au nord-ouest du golfe d'Alexan-
-drette. EHe suit ce fleuve, puis' tranche
rach et Aïn-Tab et se prolonge parallèle-
ment au chemin de fer de Bagdad, à cin-
quante kilomètres au nord de la voie ferrée.
K Il reste au sultan l'Asie Mineure, mais
diminuée de deux amputations.
Smyrne. — Le long de la côte de la mer
Egée, on a renoncé à enlever aux Grecs les
territoires qu'ils ont occupés autour de
Smyrne au printemps 1919 avec la tolé-
rance, sinon sur l'invitation des puissan-
ces. La souveraineté ottomane est mainte-
nue théoriquement, sous réserve d'un plé-
biscite éventuel dans un délai de Cinq ans.
Arménie. — La seconde amputation, cel-
le-là radicale, va être déterminée :par la
création d'un Etat arménien complètement
indépendant. La réalisation s'annonce fort
laborieuse. Les régions qui doivent former
l'krménie sont le quartier général des na-
tionalistes turcs. Il faudra conquérir le
pays, réparer les ruines, organiser. Qui
assumera cette lourde tâche ? Tout le
monde se dérobe. En désespoir de cause, les
Alliés ont décidé que l'Arménie compren-
drait les provinces de Vian, Mouch, Bitlis et
une partie de celle d'Erzeroum. On a de-
mandé au président Wilson de prendre
l'affaire en main ou, tout au moins, de
fixer les frontières définitives du nouvel
Etat. Ce dernier n'aura pas de front de
mer. Il aura un débouché à Batoum, port
internationalisé, traduisez : britannisé.
Territoires arabes. — L'organisation de
la partie arabe n'est pas précisée. Le fameux
Etat ou la confédération arabe qui doit
former le plivot central.demeure dans le
vague jusqu'au moment où l'émir Faïçal
sera v.enu s'expliquer devant la Conférence
sur ses velléités d'indépendance. En atten-
dant, les violations du traité de 1916, que
la France a dû subir depuis dix-huit mois,
sont confirmées. Un protectorat britan-
nique remplace le régime international en
Palestine. Le mandat anglais sur la Méso-
potamie s'étend sur la région de Mossoul,
avec la seule compensation pour la France
de 25 0/0 de la production du pétrole. Le
mandat français en Syrie reste subordonné
aux péripéties ultérieures de l'aventure
J'aïçal.
Le régime des Détroits
La,Turquie, qui a fermé Jes Détroits pen-
dant près d'un siècle, pour obéir aux ordres
Ses puissances, perd tout contrôle sur l'en-
trée de la mer Noire. Les fortifications des
Dardanelles et du Bosphore seront dé-
mantelOOs. Le gouvernement ottoman ne
pourra plus avoir ni batteries, ni torpilles,
ni mines, ni sous-marins. Or, il n'a fallu
rien moins que l'accumulation de tous ces
moyens pour tenir l'a porte close. Une
commission civile, une commission mili-
taire, une garnison permanente et une po-
lioe navale internationale surveilleront
l'Etat, qui n'a plus aucun moyen d'action.
Mais < Ja clef du Pont-Euxin n'aura fait 1
que changer de poche. Elle passe dans celle
du maître de la mer.
- Le régime militaire
Peu de questions pouvaient sembler plus
faciles à résoudre. En Turquie, plus encore
que dama les autres pays vaincus, la force
militaire doit prendre l'allure d'une gen-
darmerie, puissante parce qu'elle aura fort
à faire, mais dépourvue de tout caractère
stratégique. D'après le traité, les Turcs
pourront entretenir une armée de cin-
quante mille hommes recrutés par enga-
gements à long terme. La flotte est complè-
tement supprimée.
Clauses financières
La Turquie èst entrée ep guerre avec
une dette de 4 milliards 316 millions, dont
la France détenait à elle seule près de
ÇO 0/0. La lutte a augmenté ce passif, mais'
pas autant qu'on pourrait le croire. La
plus grande partie des fraiis a été avancée
par l'Allemagne, qui .peut passer cette
opération au compte des profits et pertes.
La situation financière de la Turquie ne
serait pas particulièrement défavorable si
les territoires qui lui sont enlevés nejre-
présentaient les cinq sixièmes des ressour-
ces. Or on laisse aux débris des territoires
ottomans la charge des deux tiers de la
dette; sans parler des réparations, que l'on
a la prudence de n'envisager que comme
une possibilité d'avenir. Il faut avant tout
sauver les droits acquis. La disproportion
n'en est pas moins écrasante entre le passif
et l'actif. La restàuration des finances s'an-
nonce laborieuse.
Pour cette tâche, les Alliés disposent d'un
instrument exceUent. Le service de la Dette
Ottomane a toujours ronctionné à merveille
parce qu'il est un organisme pnivé qui
échappe aux rivalités officielles. Il a un
autre titre à notre reconnaissance, c'est
qu'il a été un précieux instrument d'in-
fluence française. Ces deux considérations
n'ont pas suffi à assurer son avenir. Le
traité prévoit l'institution d'une commis-
sion financière. La nation qui rêve à l'hé-
gémonie en Orient entend mettre la main
sur la catisse. Tout ce que les négociateurs
français ont pu obtenir c'est que la Dette
Ottomane sera maintenue jusqu'en 1923 et
peut-être même -au delà si on parvient à
l'adapter à la situation nouvelle.
Les chemins de fer
La liquidation de l'affaire de. Bagdad
tient une grande place dans le traité. Cette
affaire n'était pas, comme beaucoup le
croient, exclusivement allemande. Des par-
ticipations de 30 0/0 étaient réservées à
la France et à la Russie. Dans quelle me-
sure a-t-on tenu compte de ces droits
acquis ?
La solution adoptée est extrêmement
complexe. Nous ne pouvons en tracer
qu'une esquisse* très Sorrtiriîaiire.
Tout d'abord, la partie du réseau qui
se trouve en dehors des nouvelles fron-
tières de la Turquie sera soumise à un
régime particulier. Cette fraction traver-
sera deux zones, l'une soumise au 'mandat
de la France, l'autre au mandat de l'An-
gleterre. La puissance mandataire exercera
le contrôle dans la région soumise à son
autorité. ,
La partie de la ligne purement turque
sera englobée dans un consortium anglo-
franco-italien qui dirigera tous les chemins
de fer. Chaque nation fournira un tiers
de l'appoint en capitaux ou en nature.
Dohc l'apport de la France sera formé par
les concessions existantes et par les 30 0/0
français du réseau de Bagdad. Ces' 30 0/0
seront imputés sur la partie de la ligne
qui traverse la Qilicie, entre le fleuve
Seihun et le Taurus.
Pour apprécier la valeur de cette com-
binaison, il faut considérer que la France
avait, en 1914, un réseau concédé de 4,603
kilomètres carrés contre 4,429 seulement à
l'Allemagne, 624 à l'Angleterre et zéro à
l'Italie. Le nouveau régime nous réduit au
tiers. On ne manquera pas d'alléguer que
les capitaux anglais et italiens compense-
ront la différence. Il n'en reste pas moins
que nous perdons la situation absolument
prépondérante que devait nous laisser la
ruine de l'entreprise allemande.
Les combinaisons commerciales
L'éviction apparaît bien plus nettement
encore dans le nouveau régime commer-
cial. La Turquie doi't souscrire d'avance à
un accord spécial conclu entre l'Angleterre,
l'Italie et la France pour la répartition de
sphères d'influence. Dans le partage la
part de la France sera la Cilicie, l'Italie
aura les vilayets de Konia et, d'Adalia avec
une bonne partie des charbonnages d'Hé-
raclée qui étaient avant la guerre parta-
gés entre la France et l'Allemagne.
L'adoption du système des sphères d'in-
fluence est une mesure nettement rétro-
grade. Elle va directement à rencontre
d'un des dogmes fondamentaux de l'évan-
gile wilsonien : le principe de la porte
ouverte. Il faut s'attendre à une protesta-
tion des Etats-Unis, d'autant plus véhé-
mente que la conclusion de la dernière
note du président Wilson aux Alliés de-
mandait formellement le 'maintien de la li-
berté commerciale. Comment la France
a-t-elle sacrifié un régime libéral qui lui
avait assuré une situation prépondérante ?
La fin du protectorat catholique
La renonciation économique est peu de
chose en comparaison de la suppression
radicale du privilège politique séculaire
qui a assuré depuis le moyen âge la pré-
pondérance de la France en Orient. Non
seulement la garde des Lieux Saints est
abandonnée à une commission britannique
sous le contrôle de la Société des nations,
mais la protection de toutes les minorités
est attribuée à la Société des nations. Le
protectorat catholique est absolument
supprimé..
La France suibiit de ce fait une véritable
déchéance, particulièrement 'humiliante au
lendemain des immenses sacrifices qu'elle
vient de faire à la cause du Droit et de la
Justice. Les services rendus par notre pays
à la cause de la civilisation méritaient une
autre récompense. La réforme ne peut
même pas invoquer des raisons d'efficacité.
Le protectorat catholique a fait ses preu-
ves. La Société des nations n'est encore
qu'un mot et tout dans son action est à
improviser. Notre seul espoir est que les
inévitables discussions soulevées- par le
traité laisseront à l'opinion française le
temps de réclamer la revision nécessaire.
Ce ne sera pas la seule retouche. A part
un projet de réforme judiciaire heureu-
sement inspiré de l'exemple des tribunaux
mixtes égyptiens, rien ne tient, Après l'ex-
périence du traité de Versailles, on ne doit
pas attendre qu'il soit trop tard pour
refaire le traité turc. -
-SAINT-BRI CE.:
Des détenus irlandais
sont restés
dix-huit jours sans manger
Des sinn-feiners attaquent
et brûlent des locaux de police
LONDRES, 9 mai. (Par téléphone.) — Une
centaine d'hommes armés de fusils, de re-
volvers, de grenades, ont attaqué, la nuit
dernière, les locaux de la police à Cloyne.
Après s'être défendus énergiquement
pendant plusieurs heures, les six hommes
qui constituaient la garnison durent se
rendre.
Les assaillants firent alors sauter les bâ-
timents et y mirent le feu. Un gendarme
a été grièvement blessé à la tête.
La nuit dernière également, le fourgon
postal de Thurles a été arrêté près de Ragg
et la correspondance destinée à la police
a été dérobée.
Quarante et un détenus irlandais sur les
cent quatre-vingts qui faisaient la grève de
la faim, à la prison de Wormvood-Scrubbs,
à Londres, ont été relâchés samedi. Selon
M. Arthur O'Brien, président de la ligue
irlandaise de la « Self Détermination », les
prisonniers n'ont pris aucune nourriture
depuis quatorze jours au moins. Quel-
ques-uns d'entre eux ont jeûné dix-huit
jours.
A Belfast, vingt-deux, qui faisaient éga-
lement la grève de da faim, ont été remis
en liberté samedi.
MON FILM
Chez un English taùo-r: qui, d'ailleurs,
n'a pas du tout l'accent:
— Je voudrais me faire faire un complet.
Quelque chose de simple, par exemple en
cheviote.
On me montre des échantillons. Ayant
choisi, je demande:
- Combien?
.— Six cent cinquante francs, monsieur!.
Assommé, je finis par bégayer:
— Pardon, à ce prix-là. est-ce qu'il y
aura des poches?
Le tailleur a bien voulu me démontrer que
ce n'était pas cher, vu la crise du change, la
crise des transports, la crise de la main-
d'œuvre et quelques autres crises non moins
déplorables.
— Monsieur, finit-il par me dire, avec ce
décret qui interdit les importations, tout va
encore augmenter. L'hiver prochain, un
complet coupé dans cette étoffe coûtera mille
francs.
Quand on importe, c'est le change qui fait
tripler les prix; quand on n'importe pas,
c'est l'absence de matières premières et peut-
être aussi la suppression de la concurrence
qui les font quintupler. Nous sommes tou-
jours pinces au tournant. -
J'ai renoncé à ce complet. J'attends, en
effet, que la mode des salopettes et des
blouses en toile bleue soit un peu plus ré-
pandue: je l'adopterai dès qu'il sera pos-
sible de s'habiller ainsi sans se faire re-
marquer.
Déjà, au Sénat américain, un père cons-
crit a siégé en costume de toile bleue pour
protester contre la cherté excessive des vête-
ments. A la Chambre des communes, un dé-
puté ia suivi cet exemple. On l'a vu à West-
minster en cotte et en salopette. Que les
Anglais de la gentry en fassent autant et
nous ne tarderons pas à voir à Paris des
gentlemen vêtus de cette simple et honnête
toile bleue qui est noblement portée depuis
longtemps par les travailleurs.
Je me demande même si M. Deschanel ne
devrait pas lancer cette mode démocratique.
Le roi George V a porté le « costume na-
tional » — ils l'avaient, en Angleterre ! —
le roi Alphonse XIII a crânement adopté le
col mou. Au président de la République de
donner le signal des économies vestimen-
taires en paraissant dans une cérémonie offi-
cielle en cotte ou en combinaison de toile
bleue. Cette combinaison contribuerait cer-
tainement plu5 à faire baisser le prix de la
vie que toutes les combinaisons ministérielles
ou diplomatiques. ,,-
Mais voilà, aussitôt la toile bleue devien-
dra hors de prix et mon English tailor me
demandera six cent cinquante francs pour
une blouse et une salopette, — cette fols
sans poches. — CLÉMENT VAUTEL.
Rome sanctifie
trois Françaises :
Louise de Marillac
Marie Alacoque
et Jeanne d'Arc
ROME, 9 mai. (Dép. part.) — La guerre
terminée, l'Eglise reprend ses rites majes-
tueux et solennels. Le souverain pontife a
voulu réserver à la France « fille aînée de
l'Eglise » la primeur de cette ère nouvelle.
En huit jours, trois Françaises vont être
élevées à l'autel. La béatification de Louise
de [Marillac et Ja canonisation de Margue-
rite-Marie Alacoque conduiront à la fête
suprême de la glorification de la vierge
guerrière Jeanne d'Arc.
Nous avons assisté, ce matin, à la pre-
mière journée de ce mémorable triduum.
Les cérémonies de la béatification de Louise
de Marillac se sont déroulées dans la basi-
lique de Saint-Pierre avec toute la pompe
du cérémonial pontifical. Il n'est pas inutile
de rappeler que la nouvelle bienheureuse
a été la principale collaboratrice de saint
Vincent de Paul.
Une foule immense était accourue des
quartiers les plus reculés. Dès les pre-
mières lueurs de l'aube la 'grande place
circulaire de Saint-Pierre était noire de
monde. Dès Couverture de l'église, les
sœurs de charité et les membres des congré-
gations commencent à garnir l'immense
vaisseau. Les pèlerins français sont très
nombreux. On leur a réservé les meilleures
places, C'est ensuite un interminable défilé.
ae religieux, de prêtres, de séminaristes.
Les dames portent des toilettes sombres.
Puis on voit arriver les cardinaux, les pré-
lats, les membres de l'aristocratie romaine.
A l'intérieur de la basilique les troupes
pontificales ont pris place pour assurer le
service d'honneur. Elles portent l'uniforme
de demi-gala. Sur les portes de bronze flotte
le drapeau de la garde suisse.
L'église est magnifiquement décorée de
tapisseries et éclairée par des centaines de
lampadaires et de lustres. La statue de
bronze de saint Pierre est revêtue des insi-
gnes pontificaux et sur sa tête se dresse la
tiare, insigne du vicaire du Christ.
Plus de deux cents prélats occupent les
bancs réservés aux évêques. Parmi eux se
trouvent quarante représentants de J'épis-
copat français.
Le cortège sort de la sacristie à ta-
heures. Dix-huit cardinaux y figurent, par-
mi lesquels les cardinaux Amette, de Ca-
brière et Dubois. Tous portent la capa
magna et sont accompagnés de leur se-
crétaire.
Lecture est donnée du décret de béatifi-
cation. Aussitôt tombe le voile qui couvrait
l'image de la Bienheureuse. La minute est
émouvante. Tous les regards se tournent
vers la sainte figure dans un élan de prière
et de recueillement.
Au même moment, l'image de la Bien-
heureuse est exposée sur le balcon exté-
rieur de Saint-Pierre au milieu des ac-
clamations de la foule, pendant que les
cloches des quatre cents églises de Rome
sonnent à toute volée.
Un office solennel a été célébré ensuite
et s'est prolongé jusqu'à midi.
IZM. Millerand et Lloyd George
se rencontreront samedi
C'est selon toute vraisemblance samedi
prochain que commencera la conférence de
Folkestone. M. Millerand compte partir
vendredi. Son absence durerait deux ou
trois jours au plus.
La contrebande par torpilles électriques
LONDRES, 9 mai. {Par téléphone.) — Le
correspondant du Daily Chronicle à New-
York annonce que les fonctionnaires char-
gés d'empêcher le passage des liqueurs
fortes du Canada en Amérique ont été in-
formés que de grandes quantités de liquide
étaient passées journellement à travers la
rivière de Détroit par le moyen de « tor-
pilles » sous-marines guidées électrique-
ment. -
Chacun de ces engins contient une cen-
taine de litres d'alcool. Après avoir été
vidés du précieux liquide, ils sont lestés
avec de l'eau et sont retournés par la
même voie.
SIMPLE CONSTATATION
— Y paraît que nous, manquons de pâte
~a~ - ~- -" -
- Oui, mais nous avons de, la pâte à
i/asoirf - «- e (Dessin? de CH. GENTY^
DES MESURES SONT PRISES
pour parer aux grèvps
que la C. G. T. déclenche aujourd'hui
Cette journée de dimanche a ét4 em-
ployée, rue de la Grange-aux-Belles et rue
du Château-d'Eau, aux derniers préparatifs
de la seconde offensive syndicaliste. Le
soir, deux communiqués, l'un de la
C. G. T. et l'autre de l'Union des syndicats
de la Semé, confirmaient les décisions de
la veille et annonçaient que les nouvelles
corporations engagées dans la lu'tte, pour
aujourd'hui : transports, métallurgie, bâ-
timent, voiture-aviation, étaient « animées
des plus énergiques résolutions ».
Certaines fédérations ayant pensé que
leurs opérations respectives gagneraient à
être soutenues par des revendications cor-
poratives, la C. G. T. déclare que le mouve-
ment actuel est complètement désintéressé
et qu'il ne vise qu'un but : la reconnais-
sance du principe de la nationalisation
industrialisée.
Un dernier avertissement confédéral
« rappelle aux grévistes qu'ils ne doiyent
se livrer à aucune démonstration dans la
rue et que l'abandon par eux du travail est
la seule force qui déterminera le succès ».
A la préfecture de police
Une conférence a eu lieu hier matin à la
préfecture de police entre le préfet, assis-
té de M. Guichard, directeur de la police
municipale, et M. Dumas, chef des rensei-
gnements généraux, au cours de laquelle
Ceux qui ordonnent la grève
En haut : MM. GUINCHARD (transports) et
CHANVIN (bâtiment) ;
Au milieu : M. MERRHEIM (métaux) ;
Au bas : M. RAOUL (Mét1.0) et M. JACCOUD
(transports en commun).
ont été arrêtées les mesures qui seront
prises aujourd'hui. lundi.
Après cette conférence; les directeurs
des sociétés de transporte en commun,
métro, nord-sud, omnibus, tramways qui
avaient été convoqués ont fait connaitre
leur impression sur la grève projetée. La
plupart des administrateurs de ces sociétés
sont très optimistes. Ils ne croient pas à
une grève totale, et comptent, avec l'impor-
tante fraction du personnel non gréviste
et des remplaçants, assurer un service de
transports très suffisant et qui redeviendra
normal en quelques jours.
A 6 heures du soir, les commissaires di-
visionnaires et officiers de paix de la ville
de Paris, ainsi que les commissaires de la
banlieue ont été convoqués à la préfecture
pour prendre communication des consignes
et des ordres donnés à l'occasion du dé-
clenchement de la grève des transports
par la C. G. T.
D'autre part, trois commissaires se sont
tenus, la nuit dernière, en permanence à
la direction de la police judiciaire ; ce
sont : MM. Guillaume, attaché à la direc-
tion ; Forgeront, du quartier 'de l'Arsenal,
et Benezech, du quartier Sainte-Avoye.
Apgel de l'Union civique
En raison de la grève des transports,
l'Union civique invite toutes les personnes
disposées à donner leur concours comme
volontaires à s'inscrire à son siège, 9,
place Saint-Sulpice.
Que feront les P. T. T. ?
Bien que convoqués tardivement samedi
soir par la Fédération postale, un millier
d'ouvriers, employés et agents des P. T. T.
se sont réunis hier matin à la -salle Wa-
gram sous la présidence de M. Digat, an-
cien seprétaire du syndicat des sous-agents.
De nombreux discours furent prononcés,
notamment par MM. Rouanet, Chave et Du-
tailly, secrétaire adjoint de la Fédération,
qui invitèrent leurs camarades à se tenir
prêts à répondre au premier appel de la
C. M. Bidegaray, ancien secrétaire général
de la Fédération des cheminots, vient féli-
citer les postiers de leurs bonnes disposi-
tions à l'égard des cheminots, mais il dé-
clare que pour les nouvelles grèves il
n'a aucune indication à leur fournir.
« Vous entendrez celles que vous don-
nera la C. G. T., je ne veux aucunement
faire pression sur vous, je sais que vous
avez le sentiment du devoir, que votre so-
lidarité s'exercera s'il est jugé nécessaire. »
M. Digat vient ensuite donner lecture de
l'ordre du jour suivant :
Les ouvriers, employés et agents des P.T.T.
reconnaissent que leurs intérêts moraux et ma-
tériels, sont à l'heure actuelle' défendus par la
C. G. T., ils s'engagent à suivre scrupuleuse-
ment les indications qui leur sont données par
les représentants intéressés de la classe ou-
vrière de laquelle.ils se déclarent solidaires.
L'ordre du jour fut adopté par acclama-
tion.
v Les arrestations
Les agents de la police judiciaire ont ar-
rêté hier, à Chartres, et amené à Paris
M. Sigrand, contre lequel tm mandat d'a-
mener avait été lancé par M. le juge Jous-
selin pour complot contre la sûreté de
l'Etat M. Sigrand, après un interrogatoire
d'identité subi à la police judiciaire, a été
écroué à la prison de la Santé.
M. Jacques-Maurice Sigrand est figé de
quarante-cinq ans, originaire de Villiers-
le-Sec, près Toul, marié, père de deux jeu-
nés filles, et habile rue Jacquier. Facteur
ehyf à là gare de Vaugirard, il était mem-
bre du comité du Syndicat parisien des
cheminots et délégué à la propagande. Il
fut arrêté le 1er mars dernier, lors de la
première grève. Il ;fut remis en liberté et
devait passer en correctionnelle lors-
que éclata la grève du 1er mai. Depuis, M.
Sigrand a été révoqué, et il est compris
dans les poursuites dirigées contre les pro-
pagandistes de la grève.
On a amené hier à Paris M. Totti, secré-
taire du syndicat des cheminots de Mar-
seille, qui fut arrêté dans cette ville le 3
mai. M. Totti a été écroué à la Santé.'
A Toulon, les gendarmes ont arrêté un
gréviste de l'arsenal maritime, nommé
Jean Vincentelli, qui s'était posté à une
des portes et inscrivait sur un carnet le
nom des ouvriers qui reprenaient leur
travail. ,
On a également arrêté un conducteur de
tramlways, le gréviste Marc Rossi, pour en-
traves à la liberté du travail et outrages
aux agents.
Les tracts antimilitaristes
Des tracts antimilitaristes avaient été
lancés avant-hier d'une, fenêtre d'une
maison de la rue Ordener ; une enquête a
fait découvrir l'identité du, propagandiste
révolutionnaire. Hier matin, M. Benezech
l'a arrêté chez lui au 173 de la rue Orde-
ner. C'est un tailleur nommé Gabriel De-
pieds, âgé de trente-deux ans, qui- s'est dé-
claré fièrement membre de la 1.8* section
des soviets de Paris.
Dans l'après-midi Depieds et les autres
distributeurs de tracts arrêtés avant-hier,
Robillaud, Roux, Maillard, ont été interro-
gés par M. Jousselin, juge d'instruction.
M. Verfeuil mis en liberté
M. Raoul Verfeuil, délégué permanent du
parti socialiste, arrêté à Bourgàneuf et
transféré à la prison de Guéret, a été mis
en liberté provisoire. M. Verfeuil a gagné
Montauban où il compte se reposer quel-
ques jours.
Les grèves du cartel
La grève des cheminots, des inscrits, dM
dockers et des mineurs a conservé, hier, le
même aspect. Aucune défection parmi le
personnel resté au travail et un apaise-
ment se manifeste dans les esprits.
Voici le communiqué du ministère des
travaux publics :
• Sur les réseaux
P.-L.-M. — Rentrées individuelles, améliora-
tion du service; notamment en ce qui concerne
la banlieue, on estime, qu'il y ait grève ou non
jeudi prochain, que tous les trains seront faits.
Hier, 11 trains de plus, dont 7 sur Paris. Le
travail en Franche-Comté permet la liquidation
de l'arriéré des transports sur l'Alsace-Lorraine. •
Orléans. — Service marchandises augmenté
de 16 trains aujourd'hui. -
Midi. - Quelques rentrées à Toulouse et t
Béziers. Augmentation des trains de marchan-
dises. Des mises en demeure aux grévistes ont
provoqué de nombreuses rentrées sur l'ensem-
ble du reseau.
Etat. - Service se régularise; on a fait 720/0
des trains de voyageurs et 60 0/0 des trains de
marchandises.
Nord. — Service complet.
Est. — Service normal, reprise totale à Bar-
le-Duc et à Vitry. On rentre à Nancy. A Chau-
mont. un seul mécanicien reste en grève.
Ceinture. - Situation stationnaire.
Dans les ports
Dunkerque, situation inchangé A Boulogne,
les inscrits continuent le travail ; quelques
dockers reprennent. Tréport, Dieppe, pas de
grève. Au Havre, la détente s'accentue. Le ca-
botage a repris sur Honfleur, et Caen; on pré-
voit des départs de navires pour demain. Rouen,
grève flnie. Caen, pas d'équipage en grève ;
quelques dockers reprennent le travail. Brest.
dockers et inscrits ont tenu une réunion sans
résultat. Nantes, le travail des dockers semble
reprendre plus activement. Saint-Nazaire, si-
tuation stationnaire. La Rochelle, les marins ont
travafllé à bord; pas de défections nouvelles.
Bordeaux, Bayonne, situation inchangée, Cette,
chômage complet. Marseille, pas de changement.
Alger, légère détente; les navires réarment'en
grand nombre. Philippeville et Bône, normal
Oran, grève continue.
Il y a du charbon
A la veille de la grève, environ 530,000
tonnes de charbon se trouvaient dans les
dépôts'des compagnies.
Huit jours après la grève, ce stock est
le même. Le chiffre officiel était, samedi,
de 522,000 tonnes, soit de quoi assurer
pendant près d'un mois le service actuel
des trains sur tous les réseaux.
Le stock des ports, qui était d'environ
300,000 tonnes, a, lui aussi, peu varié.
Cette situation tient à ce que l'approvi-
sionriemëîït en charbon du pays a été nor-
mal, à part le chômage des mines autres
que celles du Nord et du Pas-de-Calais.
Les attentats
A Charenton, l'autre nuit, au kilomètre
7.760, au lieudit « l'île Saint-Pierre »,
deux fils de disques d'arrêt ont été coupés.
Dans la nuit, entre Maisons-Laffltte et
Mantes, des pierres ont été lancées sur un
train de voyageurs. Personne n'a été blessé.
Un train parti à 20 iheures de la gare du
Nord a été criblé de pierres au moment où
il passait au lieudit. « le Landy », après la
station de la Plaine-Saint-Denis. Personne
n'a été blessé.
L'AGITATION AGRAIRE EN ITALIE.
ROME, 5 mai. (Dépêche retardée dans la
transmission) :
L'agitation agraire prend dans certaines
régions un caractère violent.
Dans la province de Padoue, de nom-
breux attentats ont été commis. A Vashin-
gon, les carab.iniers, qui voulaient empê-
cher une bande de grévistes armés de fu-
sils et de poignards de mettre le feu à une
ferme, ont élIS désarmés.
Dans la province de Vérone, la grève
agraire s'étend. Elle est marquée par des
conflits avec la force armée.
Dans la province d'Alexandrie, une véri-
table bataille a été engagée entre deux
bandes de paysans appartenant aux ligues
rivales.
Attentat contre un ministre an Caire'
LONDRES, 9 mai. (Par téléphone.) — Une
bombe a été lancée, hier, au Caire, contre
l'automobile d'Hussein Darvich bey, mi-
nistre des fondations pieuses. Le ministre
n'a pas été atteint, mais son chauffeur a
été blessé et un étudiant, que l'on croit être
l'auteur de l'attentat, a été tué.
Pendant la nuit, une collision s'est pro-
duite entre des indigènes et des soldats
anglais. Un homme, que l'on croit être un
Italien, a été tué.
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