Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-09-24
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 septembre 1920 24 septembre 1920
Description : 1920/09/24 (N10204). 1920/09/24 (N10204).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7602517g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2014
IEDITION DE 6 HEURES DU MATIN -
LE JOURNAL
QUINZE centimes le numéro (10204) Vendredi 24 Septembre 1920
Aux heures difficiles il a su présider
aux destinées de la France.
Elle peut en confiance lui demander
d'y présider pendant sept ans.
IX
M. Millerand élu, président de la République
:;' ,parG9:> voix sur 892vo'tants ',,'
par 695 voix sur 892 votants
r Quelques minutes avant 5 heures,
3i". Léon Bourgeois, président de l'As-
semblée nationale, a proclamé les résuU
fats suivants :
Nombre de votants : 892
JIM. MILLERAND 695 voix
Delory. 69 —
Blancs eu nuls. 106 —
Divers 22 —
M. Millerand est proclamé, pour
sept annêes, président de la Ré-
publique française.
Une fois de plus, le Parlement issu
des dernières consultations électorales
de novembre et de janvier dernier a ré-
pondu à l'attente du pays. La séance te-
nue. hier, à Versailles, par l'Assemblée
uatÍonale, fut ce qu'elle devait être, une
manifestation d'union nationale et répu-
blicaine. -
La majorité obtenue par. M. Millerand
lui donne la force nécessaire pour, con-
tinuer la tâché entreprise par lui comme
président du conseil. L'Etat'a désormais
un chef, dont l'autorité, faite de-raison
et de, persuasion, assurera à l'action
gouvernementale la continuité indispen-
sable.
; D'autre part, les déclarations faites par
le nouveau président de la République
fet par le garde des sceaux sont de nature
à rassurer les plus jaloux défenseurs de
l'esprit et de la lettre de la Constitution.
Les législateurs de 1875 ont prévu que
des modifications pourraient être appor-
tées à leur œuvre, ils ont déterminé les
formes selon lesquelles pourrait en être
opérée la revision lorsqu'elle serait ju-
gée nécessaire et, déjà, par deux fois, les
Chambres républicaines ont corrigé, se-
lon ces formes, le texte de la loi fonda-
mentale. N'avons-nous pas, au surplus,
pendant de longues années, entendu les
républicains d'avant-garde inscrire la
révision en tête de leurs programmes
électoraux ?
Mais telle n'est point la question qui
fee pose aujourd'hui. De la revision, on
Reparlera plus tard, lorsque le moment
sera venu et que seront résolues les plus
pressantes des difficultés actuelles.
Le passage à l'Elysée de M. Millerand
p. ouvert ii»e vacance miuisi £ rielle qui
ne Saurait se prolonger sans péril. Le
premier des droits que le, président de
la République tient de la Constitution
est le choix de ses ministres.
La nation, auj ourd'hui, demande à
son élu un gouvernement. Il ne tardera
pas à lé lui donner.
M. LÉON BOURGEOIS accompagne M. MIELERAND à la sortie
dt1
LE CONGRÈS
Ce n'est plus à Versailles qu'on élit les
présidents de la République, c'est à Paris ;
mais c'est encore dans la ville du grand Roi
qu'on les sacre. 'le résliltat du fertilin
Est-ce parce que le résultat du scrutin
test connu par avance ? Toujours est-il que
les abords du Congrès s'animent lentement.
A 1 heure, sous un ciel nuageux, commen-
tent à arriver la plupart des membres de
l'Assemblée nationale en auto ou, plus
démocratiquement, en chemin de fer.
Roulement de tambours, sonnerie de
(clairons. Marseillaise ; voiei M. Raoul Pé-
ret ; même cérémonial, c'est M. Léon
Bourgeois; il est un peu plus d'une heure.
A 2 heures, discrètement, arrivera
M. Alexandre Millerand, escorté par ses
deux fils.
Les portes de la salle du Congrus s'ou-
fÇTent à, -1 h. 30; les tribunes publiques
s'emplissent très vite. Beaucoup d'hommes,
moins de femmes; quelques-unes d'entre
elles sont élégantes et jolies. -
Les congressistes arrivent par groupes.
M. Paul Doumer s'installe à l'extrême
touche; M. Léon Bérard prend place à l'ex-
trême droite. M. Coupât, sous-secrétaire
d'Etat, qui n'est ni ministre ni député,
demande à un huissier s'il a le droit de
siéger. On lui désigne une place au banc
du gouvernement.
Bientôt la salle est pleine ef. l'on s'aper-
çoit que les membres de l'assemblée sont
tous très occupés à écrire : ils signent des
oartes postales.
Trois minutes avant 2 heures, sans céré-
monial, M. Léon Bourgeois s'installe au
fauteuil présidentiel et, à 2 heures pré-
cises, il ouvre la séance. - .-
Lecture des documents sacramentels,
tirage au so-rt des scrutateurs ; les socia-
listes applaudissent au nom de M. Baron,
et l'on rit ; on pousse des exclamations au
Dom de M. Roy et à celui de M. Boulanger;
l'assemblée, du reste, semble en gaieté, car
elle pousse des oris de joie au nom de M.
Mwnoureux.
La lettre U est désigné par voie de ti-
tige au sort pour le début de l'appel no-
minal des éloooorrrs. Pourquoi ces rires, à
~BC~~na~M~ O&~t~~ éî. Hue ! hue ! ».
En haut,
de gauche à droite,
M. Léon BOURGEOIS
M. MILLERAND, M. BRIAND
En bas, le plus récent
portrait de
U. Paul DESCHANEL
C'est évidemment très drôle. M. Charles
Bernard lance ces mots:
«Soyez convenables!» Et le scrutin est
ouvert.
C'est le sénateur Loubet qui est préposé
à la garde de l'urne; M. Uhry est appelé
le premier ; il ne se présente pas. M. vail-
lant-Couturier est appelé le second, même
abstention ; M. Valière vote ; alors, se ra-
visant, M.Uhry va déposer son bulletin dans
l'urne en. criant : « A bas la dictature ! »
C'est alors le défilé -des électeurs, avec
peu d'incidents ; on applaudit vivement
le général rie Castelnau et M. Raymond
Poincaré : MM. Mitterand. René V'iviani,
Stéphen Pichon, Albert Thomas, Maurice
Barrés, Jules Guesde ne répondent pas à
l'appel de leur nom ; M. Flandin est venu
de Tunisie et M. Abel est venu d'Alger
pour voter.
M. Léon Bourgeois vote de sa place, en
tejidant^iion .bulJetin.!par-présidentielle.
A l'apparition de M. Delory, candidat des
socialistes, ceux-ci applaudissent.
A 4 h. 15, le scrutin est clos.
Une demi-heure après, le plafond lumi-
neux de la salle du Congrès s'éclaire et les
congressistes, qui s'étaient éparpillés dans
les ooo.loirs^reviennent à flots pressés.
Soudain l'on aper-
çoit M. Millerand,
dont on sait déjà
qu'il est élu avec un.
nombre considérable
de suffrages, qui
prend place dans une
des hautes travées de
gauche, sur les con-
fins de l'extrême gau-
che, auprès de M,
Steeg, et une triple
salve d'applaudisse-
ments le salue. Très
ému, et beaucoup
plus qu'il ne veut la
paraître, M. Millerand
essaie de se lever ; il,
crispe les mains sur
son pupitre, mais los
forces lui manquent
et il incline seule-
ment le front et les
applaudissements re-
doublent.
Et voici qu'un
grand silence s'éta-
blit, ; M. Léon Bour-
geois s'est levé, et il
lit les résultats du
scrutin.
A l'a n nonce-du
nombre des voix ah-
tenues par M. Mille-
rand, presque toute
rassemblée, ,et même certainement la plu-
part des membres du Congrès qui n'ont pas
voté pour lui, font au nouveau chef de
l'Etat, qui salue sans pouvoir se lever da-
vantage que tout à l'heure, une longue
ovation ; presque seuls, les socialistes se
taisent ; ils prennent leur revanche en
acclamant, le nom de M. Delory, ce qui fait
qu'à droite on leur crie : « A Moscou t »
Mais M. Léon Bourgeois, qui veut éviter de
plus vifs incidents, proclame M. Millerand
élu, sur quoi une nouvelle ovation est faite
au président de la République, et cette fois
le public, des tribunes joint ses bravos à
ceux des membres de l'Assemblée. C'est
fini. M. Millerand sort de la salle du Con-
grès au bras de M. Steeg; on entend au
loin le grondement des canons ; on perçoit
le bruit des acclamations qui accueillent M.
Millerand dans les couloirs, et l'on voit sa
précipiter pour féliciter le président de la
République beaucoup plus que 695 mem-
bres do l'Assemblée nationale.
L'INVESTITURE
Le résultat du scrutin proclamé, M.
Alexandre Millerand, conduit par le chef
du protocole, gagna le salon étincelant de
dorures et tendu de tapisseries magnifi-
ques, où a lieu traditionnellement l'inves-
titure des nouveaux présidents de la Ré-
publique.
La cérémonie se déroula suivant le rite
accoutumé. Debout, entouré des ministres,
en présence de M. Raoul Péret, président
de la Chambre, M. Millerand entendit la
lecture, par M. Léon Bourgeois, du procès-
verbal de la séance de l'Assemblée natio-
tale au cours de laquelle venait de lui êi^
conférée la magistrature suprême.
Entre temps, des sénateurs et députés
avaient pénétré dans la salle et c'est de-
vant un auditoire nombreux et pressé que
le.président de l'Assemblée nationale salua.
l'élu du Congrès.
Après un hommage de respectueuse
sympathie à M. Paul Descbanel, M. Léon
Bourgeois s'écria :
Vous awz, monsieur le président. assumé de-
puis plusieurs mois une noble et redoutable
tâche. Au dedans, il fallait hâter dans le calme,
le travail et l'uuion de tous le relèvement de la
chère ^patrie, ijui&vait dû. acheter la. victoire- ^u
prix des plus cruels et des plus sanglants sa-1
crinces.
Au dehors. il fallait affirmer non seulement
par des paroles, mais par des actes, l'inébranla-
ble volonté d'obtenir l'exécution des traités et
,d'a:-,sUl'E'I' le respoot des droits imprescriptibles
qu'ils ont donnés à la France.
A cette double tâche, vous vous êtes attaché
avec cette persévérante énergie qui est un des
traits essentiels de Votre caractère et c'est en un
éclatant témoignage de sa reconnaissance pour,
les services rendus que l'Assemblée nationale
vous confie aujourd'hui la magistrature su-
prême de la République.
Remettant ensuite le procès-verbal do la
séance dè l'Assemblée nationale, M. Llwpi-
teau a prononcé une courte allocution dans
laquelle il a notamment déclaré :
, L'autorité qui s'attache à vos éminentes fonc-
tions, venant s'ajouter à l'autorité morale que
vous avez personnellement conquise, consolidera
votre prestige à l'extérieur et vous facilitera la
poursuite des négociations que vous avez si heu-
reusement eommeiieéps.
A l'intérieur, votre élection apparaîtra comme
un précieux gage de respect de l'ordre et de la
légalité.
On applaudit à ces paroles pleines de
mesure et de tact et, la voix émue, M. Lho-
piteau, garde des sceaux., apporta au nou-
veau président de la République l'hom-
LA FAMILLE DU PRÉSIDENT
Au centre.. Mml; MILLERAND. A gauche, M»e Alice et M. Jean
«MIL.LERAND. A droite, M. Jacques et Mile MartheMILLERAND.
.:. (Photos Journal et Henri Manuel,)
, mage respectueux de. ses collaborateurs
d'hier à l'œuvre gouvernementale.
Nous qui connaissons votre puissance de tra-
vail et votre volonté réfléchie, nous qui avons eu
la rare fortune d'être les auxiliaires dévoués et
les témoins attentifs de votre robuste et inlas-
sable activité, nous savons qu'à la présidence de
la. République comme à la présidence du conseil
toutes vos forces seront consacrées à la France.
Scrupuleux observateur de la Constitution, vous
ferez servir au hUm du pays tous les pouvoirs
qu'elle vous confère.
L'autorité qui s'attache à vos éminentes fonc-
tions, venant s'ajouter à l'autorité morale que
vous avez personnellement conquise, consolidera
votre prestige à l'extérieur et vous facilitera la
poursuite des négociations que vous avez si
heureusement commencées.
A l'intérieur, votre élection, monsieur le prési-
dent de la République, apparaît comme un pré-
cieux gage de sécurité. On vous a vu, en effet,
avec un calme inébranlable, sans heurts ni sou-
bresauts, mais avec une, fermeté résolue, impo-
ser le^rcspéct de''r!t <4e M''ît5gtfMé"que'îa
France réclame impérieusement pour se donner
tout entière aM travail réparer ses ruines et
s'acheminer courageusement vers son ancienne
prospérité.
Le nombre imposant de suffrages qui s'est
porté sur votre nom est une nouvelle consécra-
tion de l'union nationale dont vous avez été l'un
des artisans les plus convaincus et qui, après
avoir assuré notre salut
dans la guerre, de-
meure la condition es-
sentielle de notre relève-
ment dans la paix. ,
Ainsi, votre septennat
s'ouvre,- k pour la
France, sous les plus
heureux auspices.
Très maître de lui,
martelant les mots,
M. Millerand pro-
nonça l'allocution sui-
vante :
Je ne sais comment
vous remercier de vos
affectueuses paroles.
Que mon premier
mot soit un hommage
à mes illustres prédé-,
cesseu,rs, et entre tous
à celui dont nous sa-
luions il y a sept mois
seulement l'élection
triomphale.
En me conférant
l'honneur le plus haut
qui puisse échoir, à un
cito?fen, le vote du
Congrès m'impose des
devoirs dont je ne
méconnais ni la gra-
vité ni l'étendue.
Représentant de l'in-
térêt national au mi-
lieu des luttes de par-
tis, gardien vigilant
de cette suprême garantie de la liberte qui
est la séparation des pouvoirs, attentif à
préserver de toute àtteinte les droits de
chacun d'eux, le premier magistrat de la
République en est aussi le premier défen-
Beur.
Si fcs services incomparables que la
République a depuis cinquante ans rendus
au pays la mettent, en fait comme en droit,
à l'abri de la discussion, l'expérience d'un
demi-siècle comporte des enseignements
que. dans l'intérêt de la France comme de
la République elle-même, il importe de
dégager et de faire passer dans les textes
aussitôt que le permettront les difficultés
de l'heure.
C'est à les surmonter que doivent alter
tous les efforts des Français, fraternelle-
ment unis dans la paix comme ils le furent
dam la guerre.
La France victorieuse doit relever ses
ruines, «pâmer ses blessures, se refaire, et,
pour y parvenir, obtenir l'acquittement
intégral des justes obligations contractées
envers, elle.. ,
Sur lès bases du traité de Versailles, un
ordre nouveau a surgi; la démocratie franX
çaise sera d'accord aveo ses aUiés pour
veiller à son maintien et à son dévelop-
pement.
Il est pour le président de la République
un devoir particulièrement strict : c'est
d'assurer, de concçrt. avec les ministres,
défenseurs de la politique gouvernemen-
tale devant les Chambres et interprètes
près du président des volontés du Parle-
ment, la continuité d'une politique exté-
rieure digne' de nos victoires et de nos
morts.
Le républicain que l'Assemblée nationale
vient de désigner apportera tout ce qu'il a
de forces, d'intelligence et d'énergie à se
montrer à la hauteur de la confiance des
représentants du peuple.
Ce discours fut chaleureusement ap-
plaudi, mais le passage relatif à une revi-
sion des textes constitutionnels lorsque les
difficultés présentes auront perdu de leur
acuité fit l'objet de quelques commentaires.
On reconnut à ce passage la ténacité cli a
maintes fois manifestée dans ses desseins
le président du conseil d'hier.
t Maintenant, par l'organe de leur prési.
dent, M. Georges Aubry, les membres de là
presse félicitent M. Millerand, qui fut long-
temps journaliste, de son accession à :a
magistrature suprême, puis le président de
la République, au milieu d'une double haio
de soldats contenant un public enthousiaste
de parlementaires et d'invités, quitte, ac-
cueilli par de chaleureuses manifestations
de sympathie; le palais de Versailles.
A L'ÉLYSÉE
C'est par des cris nourris de : (cVIve MN
lerand ! » que la foule, massée derrière les
troupes qui rendent les honneurs, accueille
à sa sortie le nouveau président de la
République lorsqu'il part en automobile
accompagné de M. Lhopiteau, garde des
sceaux. Lès mêmes manifestations de sym-
pathie se renouvellent d'ailleurs tout le long
du parcours, de la place d'Armes à l'Elysée.
•A Suresnes, l'automobile présidentielle *
croise deux cortèges de noces. Les mariées
jettent dans la direction du président de la
République leurs bouquets de fleurs d'oran-
gér. Dans le* bois de Boulogne, deà enfants
des écoles, venus en promenade collective*
saluent de leurs vdix fraîches le nouveau
chef de l'Etat.
Halte à la place Dauphine, où M. Mille-
rand descend de voiture pour saluer l'éten-
dard du. 12e cuirassiers, régiment qui va
lui faire escorte jusqu'à l'Elysée.
Dans l'avenue du Bois, l'avenue deli
Champs-Elysées et< l'avenue Marigny, la
foule est très dense et surtout très enthoil.
siaste. Les cris de : « Vive Millerand ! Vivé
le président ! i). retentissent sans cesse,
M. Millerand salue, un peu ému, sem-
ble-t-il. Il est 6 h. 30 lorsqu*, 1-1. arrive H
l'Elysée.
Les clairons sonnenf., les tambours bat*
tent,. les troupes présentent les armes, pui$
la musiqde joue la Marseillaise tandis que*
au dehors, l'ovation de la foule se fait plus
enthousiaste encore.
Au moulent où le président met pied !
terre, il est salué, au bas du perron, par
les membres de la maison militaire et
civile de l'ancien président.
Lentement M. Millerand passe en revud
les troupes; il s'incline devant leur dra-
peau, puis salue ensuite l'étendard des cui-
rassiers do l'escorte, qui est venu se placef
avec sa garde d'honneur au milieu de lai
cour. c
Le président, qu'accompagne M. Lftopïw,
teau, pénètre aTors danàde palais et ee-renâ.'
dans le salon doré du rez-de-chaussée, où
le général Dubail, grand chancelier de 1a
Légion d'honneur, lui remet les insignes à*
grand-croix de l'ordre.
En quelques mots, le chef de l'Etat dfÇ.
combien il est touché de recevoir cette ;
investiture des mains d'un général qui se-
M, MILLERAND, ministre de la guerre, visitant les- tran-
chées de première ligne
: conduisit si vaillamment pendant la guerre*
Le général Pénelon présente ensuite lesf
officiers de la liaison militaire de la prési*
dence.
Pendant ce temps, les ministtes et sous-*
secrétaires d'Etat se sont réunis au minis-
tère de l'intérieur, où. ils ont eigné leur.
démission qu'ils viennent remettre aussitôt
à M. Millerand.
Au nom de ses collègues, M. Lhopiteau
remercie M. Millera.nd de l'affectueuse cou-
fiance qu'il leur a toujours témoignée de-
puis la; formation du cabinet.
Le président remercie à son tour -Bell
collaborateurs du concours dévoué qu'ils
lui apportèrent pour mener à bien licpuyre,*
entreprise par lui et les invite à rester en
fonction pour l'expédition des affaires cou-
rantes jusqu'à la constitution du nouveau.
ministère.
A 18 h. 50, le président, accompagné du
général Pénelon.quitte l'Elysée afin d'aller,
selon la tradition, rendre visite aux prési-
dents de la Chambre et, du Sénat.
La foule, qui est encore très dense autour
du palais, acclame de-nouveau le chef de
l'Etat. Celui-ci est de retour à l'Elysée 4
19 h. 40 et y reçoit M. Touron, président
du groupe de la gauche républicaine du
Sénat, et le bureau de ce groupe, M. Arago
et le bureau du groupe de l'entente démo-
cratique, M. de Selves et le bureau de
l'union républicaine du Sénat. M. Renard
et le bureau du groupe radical socialiste
de la Chambre, qui sont venus le féliciter
de son élection.
Le président a. remercié les bureaux des
groupes de leur démarche et leur a dit que,
pour poursuivre son oeuvre, il comptait
rester en contact étroit avec le Parlement
et qu'il leur serait très reconnaissant de
venir à l'Elysée pour lui faire part de 1eure
vues et lui donner leur opinion.
Dans l'intimité familiale
A 8 h. 30, M. Millerand quittait l'Etysée
et regagnait son domicile particulier, à
Versailles.
Rue Mansart, Mme Millerand avait reçu
de superbes gerbes de fleurs de nombreuses
personnalités et des habitants de Ver-
sailles.
- Une centaine de personnes qui atten-
dais^ devant *la porte ont chaudement acr
LE JOURNAL
QUINZE centimes le numéro (10204) Vendredi 24 Septembre 1920
Aux heures difficiles il a su présider
aux destinées de la France.
Elle peut en confiance lui demander
d'y présider pendant sept ans.
IX
M. Millerand élu, président de la République
:;' ,parG9:> voix sur 892vo'tants ',,'
par 695 voix sur 892 votants
r Quelques minutes avant 5 heures,
3i". Léon Bourgeois, président de l'As-
semblée nationale, a proclamé les résuU
fats suivants :
Nombre de votants : 892
JIM. MILLERAND 695 voix
Delory. 69 —
Blancs eu nuls. 106 —
Divers 22 —
M. Millerand est proclamé, pour
sept annêes, président de la Ré-
publique française.
Une fois de plus, le Parlement issu
des dernières consultations électorales
de novembre et de janvier dernier a ré-
pondu à l'attente du pays. La séance te-
nue. hier, à Versailles, par l'Assemblée
uatÍonale, fut ce qu'elle devait être, une
manifestation d'union nationale et répu-
blicaine. -
La majorité obtenue par. M. Millerand
lui donne la force nécessaire pour, con-
tinuer la tâché entreprise par lui comme
président du conseil. L'Etat'a désormais
un chef, dont l'autorité, faite de-raison
et de, persuasion, assurera à l'action
gouvernementale la continuité indispen-
sable.
; D'autre part, les déclarations faites par
le nouveau président de la République
fet par le garde des sceaux sont de nature
à rassurer les plus jaloux défenseurs de
l'esprit et de la lettre de la Constitution.
Les législateurs de 1875 ont prévu que
des modifications pourraient être appor-
tées à leur œuvre, ils ont déterminé les
formes selon lesquelles pourrait en être
opérée la revision lorsqu'elle serait ju-
gée nécessaire et, déjà, par deux fois, les
Chambres républicaines ont corrigé, se-
lon ces formes, le texte de la loi fonda-
mentale. N'avons-nous pas, au surplus,
pendant de longues années, entendu les
républicains d'avant-garde inscrire la
révision en tête de leurs programmes
électoraux ?
Mais telle n'est point la question qui
fee pose aujourd'hui. De la revision, on
Reparlera plus tard, lorsque le moment
sera venu et que seront résolues les plus
pressantes des difficultés actuelles.
Le passage à l'Elysée de M. Millerand
p. ouvert ii»e vacance miuisi £ rielle qui
ne Saurait se prolonger sans péril. Le
premier des droits que le, président de
la République tient de la Constitution
est le choix de ses ministres.
La nation, auj ourd'hui, demande à
son élu un gouvernement. Il ne tardera
pas à lé lui donner.
M. LÉON BOURGEOIS accompagne M. MIELERAND à la sortie
dt1
LE CONGRÈS
Ce n'est plus à Versailles qu'on élit les
présidents de la République, c'est à Paris ;
mais c'est encore dans la ville du grand Roi
qu'on les sacre. 'le résliltat du fertilin
Est-ce parce que le résultat du scrutin
test connu par avance ? Toujours est-il que
les abords du Congrès s'animent lentement.
A 1 heure, sous un ciel nuageux, commen-
tent à arriver la plupart des membres de
l'Assemblée nationale en auto ou, plus
démocratiquement, en chemin de fer.
Roulement de tambours, sonnerie de
(clairons. Marseillaise ; voiei M. Raoul Pé-
ret ; même cérémonial, c'est M. Léon
Bourgeois; il est un peu plus d'une heure.
A 2 heures, discrètement, arrivera
M. Alexandre Millerand, escorté par ses
deux fils.
Les portes de la salle du Congrus s'ou-
fÇTent à, -1 h. 30; les tribunes publiques
s'emplissent très vite. Beaucoup d'hommes,
moins de femmes; quelques-unes d'entre
elles sont élégantes et jolies. -
Les congressistes arrivent par groupes.
M. Paul Doumer s'installe à l'extrême
touche; M. Léon Bérard prend place à l'ex-
trême droite. M. Coupât, sous-secrétaire
d'Etat, qui n'est ni ministre ni député,
demande à un huissier s'il a le droit de
siéger. On lui désigne une place au banc
du gouvernement.
Bientôt la salle est pleine ef. l'on s'aper-
çoit que les membres de l'assemblée sont
tous très occupés à écrire : ils signent des
oartes postales.
Trois minutes avant 2 heures, sans céré-
monial, M. Léon Bourgeois s'installe au
fauteuil présidentiel et, à 2 heures pré-
cises, il ouvre la séance. - .-
Lecture des documents sacramentels,
tirage au so-rt des scrutateurs ; les socia-
listes applaudissent au nom de M. Baron,
et l'on rit ; on pousse des exclamations au
Dom de M. Roy et à celui de M. Boulanger;
l'assemblée, du reste, semble en gaieté, car
elle pousse des oris de joie au nom de M.
Mwnoureux.
La lettre U est désigné par voie de ti-
tige au sort pour le début de l'appel no-
minal des éloooorrrs. Pourquoi ces rires, à
~BC~~na~M~ O&~t~~ éî. Hue ! hue ! ».
En haut,
de gauche à droite,
M. Léon BOURGEOIS
M. MILLERAND, M. BRIAND
En bas, le plus récent
portrait de
U. Paul DESCHANEL
C'est évidemment très drôle. M. Charles
Bernard lance ces mots:
«Soyez convenables!» Et le scrutin est
ouvert.
C'est le sénateur Loubet qui est préposé
à la garde de l'urne; M. Uhry est appelé
le premier ; il ne se présente pas. M. vail-
lant-Couturier est appelé le second, même
abstention ; M. Valière vote ; alors, se ra-
visant, M.Uhry va déposer son bulletin dans
l'urne en. criant : « A bas la dictature ! »
C'est alors le défilé -des électeurs, avec
peu d'incidents ; on applaudit vivement
le général rie Castelnau et M. Raymond
Poincaré : MM. Mitterand. René V'iviani,
Stéphen Pichon, Albert Thomas, Maurice
Barrés, Jules Guesde ne répondent pas à
l'appel de leur nom ; M. Flandin est venu
de Tunisie et M. Abel est venu d'Alger
pour voter.
M. Léon Bourgeois vote de sa place, en
tejidant^iion .bulJetin.!par-
A l'apparition de M. Delory, candidat des
socialistes, ceux-ci applaudissent.
A 4 h. 15, le scrutin est clos.
Une demi-heure après, le plafond lumi-
neux de la salle du Congrès s'éclaire et les
congressistes, qui s'étaient éparpillés dans
les ooo.loirs^reviennent à flots pressés.
Soudain l'on aper-
çoit M. Millerand,
dont on sait déjà
qu'il est élu avec un.
nombre considérable
de suffrages, qui
prend place dans une
des hautes travées de
gauche, sur les con-
fins de l'extrême gau-
che, auprès de M,
Steeg, et une triple
salve d'applaudisse-
ments le salue. Très
ému, et beaucoup
plus qu'il ne veut la
paraître, M. Millerand
essaie de se lever ; il,
crispe les mains sur
son pupitre, mais los
forces lui manquent
et il incline seule-
ment le front et les
applaudissements re-
doublent.
Et voici qu'un
grand silence s'éta-
blit, ; M. Léon Bour-
geois s'est levé, et il
lit les résultats du
scrutin.
A l'a n nonce-du
nombre des voix ah-
tenues par M. Mille-
rand, presque toute
rassemblée, ,et même certainement la plu-
part des membres du Congrès qui n'ont pas
voté pour lui, font au nouveau chef de
l'Etat, qui salue sans pouvoir se lever da-
vantage que tout à l'heure, une longue
ovation ; presque seuls, les socialistes se
taisent ; ils prennent leur revanche en
acclamant, le nom de M. Delory, ce qui fait
qu'à droite on leur crie : « A Moscou t »
Mais M. Léon Bourgeois, qui veut éviter de
plus vifs incidents, proclame M. Millerand
élu, sur quoi une nouvelle ovation est faite
au président de la République, et cette fois
le public, des tribunes joint ses bravos à
ceux des membres de l'Assemblée. C'est
fini. M. Millerand sort de la salle du Con-
grès au bras de M. Steeg; on entend au
loin le grondement des canons ; on perçoit
le bruit des acclamations qui accueillent M.
Millerand dans les couloirs, et l'on voit sa
précipiter pour féliciter le président de la
République beaucoup plus que 695 mem-
bres do l'Assemblée nationale.
L'INVESTITURE
Le résultat du scrutin proclamé, M.
Alexandre Millerand, conduit par le chef
du protocole, gagna le salon étincelant de
dorures et tendu de tapisseries magnifi-
ques, où a lieu traditionnellement l'inves-
titure des nouveaux présidents de la Ré-
publique.
La cérémonie se déroula suivant le rite
accoutumé. Debout, entouré des ministres,
en présence de M. Raoul Péret, président
de la Chambre, M. Millerand entendit la
lecture, par M. Léon Bourgeois, du procès-
verbal de la séance de l'Assemblée natio-
tale au cours de laquelle venait de lui êi^
conférée la magistrature suprême.
Entre temps, des sénateurs et députés
avaient pénétré dans la salle et c'est de-
vant un auditoire nombreux et pressé que
le.président de l'Assemblée nationale salua.
l'élu du Congrès.
Après un hommage de respectueuse
sympathie à M. Paul Descbanel, M. Léon
Bourgeois s'écria :
Vous awz, monsieur le président. assumé de-
puis plusieurs mois une noble et redoutable
tâche. Au dedans, il fallait hâter dans le calme,
le travail et l'uuion de tous le relèvement de la
chère ^patrie, ijui&vait dû. acheter la. victoire- ^u
prix des plus cruels et des plus sanglants sa-1
crinces.
Au dehors. il fallait affirmer non seulement
par des paroles, mais par des actes, l'inébranla-
ble volonté d'obtenir l'exécution des traités et
,d'a:-,sUl'E'I' le respoot des droits imprescriptibles
qu'ils ont donnés à la France.
A cette double tâche, vous vous êtes attaché
avec cette persévérante énergie qui est un des
traits essentiels de Votre caractère et c'est en un
éclatant témoignage de sa reconnaissance pour,
les services rendus que l'Assemblée nationale
vous confie aujourd'hui la magistrature su-
prême de la République.
Remettant ensuite le procès-verbal do la
séance dè l'Assemblée nationale, M. Llwpi-
teau a prononcé une courte allocution dans
laquelle il a notamment déclaré :
, L'autorité qui s'attache à vos éminentes fonc-
tions, venant s'ajouter à l'autorité morale que
vous avez personnellement conquise, consolidera
votre prestige à l'extérieur et vous facilitera la
poursuite des négociations que vous avez si heu-
reusement eommeiieéps.
A l'intérieur, votre élection apparaîtra comme
un précieux gage de respect de l'ordre et de la
légalité.
On applaudit à ces paroles pleines de
mesure et de tact et, la voix émue, M. Lho-
piteau, garde des sceaux., apporta au nou-
veau président de la République l'hom-
LA FAMILLE DU PRÉSIDENT
Au centre.. Mml; MILLERAND. A gauche, M»e Alice et M. Jean
«MIL.LERAND. A droite, M. Jacques et Mile MartheMILLERAND.
.:. (Photos Journal et Henri Manuel,)
, mage respectueux de. ses collaborateurs
d'hier à l'œuvre gouvernementale.
Nous qui connaissons votre puissance de tra-
vail et votre volonté réfléchie, nous qui avons eu
la rare fortune d'être les auxiliaires dévoués et
les témoins attentifs de votre robuste et inlas-
sable activité, nous savons qu'à la présidence de
la. République comme à la présidence du conseil
toutes vos forces seront consacrées à la France.
Scrupuleux observateur de la Constitution, vous
ferez servir au hUm du pays tous les pouvoirs
qu'elle vous confère.
L'autorité qui s'attache à vos éminentes fonc-
tions, venant s'ajouter à l'autorité morale que
vous avez personnellement conquise, consolidera
votre prestige à l'extérieur et vous facilitera la
poursuite des négociations que vous avez si
heureusement commencées.
A l'intérieur, votre élection, monsieur le prési-
dent de la République, apparaît comme un pré-
cieux gage de sécurité. On vous a vu, en effet,
avec un calme inébranlable, sans heurts ni sou-
bresauts, mais avec une, fermeté résolue, impo-
ser le^rcspéct de''r
France réclame impérieusement pour se donner
tout entière aM travail réparer ses ruines et
s'acheminer courageusement vers son ancienne
prospérité.
Le nombre imposant de suffrages qui s'est
porté sur votre nom est une nouvelle consécra-
tion de l'union nationale dont vous avez été l'un
des artisans les plus convaincus et qui, après
avoir assuré notre salut
dans la guerre, de-
meure la condition es-
sentielle de notre relève-
ment dans la paix. ,
Ainsi, votre septennat
s'ouvre,- k pour la
France, sous les plus
heureux auspices.
Très maître de lui,
martelant les mots,
M. Millerand pro-
nonça l'allocution sui-
vante :
Je ne sais comment
vous remercier de vos
affectueuses paroles.
Que mon premier
mot soit un hommage
à mes illustres prédé-,
cesseu,rs, et entre tous
à celui dont nous sa-
luions il y a sept mois
seulement l'élection
triomphale.
En me conférant
l'honneur le plus haut
qui puisse échoir, à un
cito?fen, le vote du
Congrès m'impose des
devoirs dont je ne
méconnais ni la gra-
vité ni l'étendue.
Représentant de l'in-
térêt national au mi-
lieu des luttes de par-
tis, gardien vigilant
de cette suprême garantie de la liberte qui
est la séparation des pouvoirs, attentif à
préserver de toute àtteinte les droits de
chacun d'eux, le premier magistrat de la
République en est aussi le premier défen-
Beur.
Si fcs services incomparables que la
République a depuis cinquante ans rendus
au pays la mettent, en fait comme en droit,
à l'abri de la discussion, l'expérience d'un
demi-siècle comporte des enseignements
que. dans l'intérêt de la France comme de
la République elle-même, il importe de
dégager et de faire passer dans les textes
aussitôt que le permettront les difficultés
de l'heure.
C'est à les surmonter que doivent alter
tous les efforts des Français, fraternelle-
ment unis dans la paix comme ils le furent
dam la guerre.
La France victorieuse doit relever ses
ruines, «pâmer ses blessures, se refaire, et,
pour y parvenir, obtenir l'acquittement
intégral des justes obligations contractées
envers, elle.. ,
Sur lès bases du traité de Versailles, un
ordre nouveau a surgi; la démocratie franX
çaise sera d'accord aveo ses aUiés pour
veiller à son maintien et à son dévelop-
pement.
Il est pour le président de la République
un devoir particulièrement strict : c'est
d'assurer, de concçrt. avec les ministres,
défenseurs de la politique gouvernemen-
tale devant les Chambres et interprètes
près du président des volontés du Parle-
ment, la continuité d'une politique exté-
rieure digne' de nos victoires et de nos
morts.
Le républicain que l'Assemblée nationale
vient de désigner apportera tout ce qu'il a
de forces, d'intelligence et d'énergie à se
montrer à la hauteur de la confiance des
représentants du peuple.
Ce discours fut chaleureusement ap-
plaudi, mais le passage relatif à une revi-
sion des textes constitutionnels lorsque les
difficultés présentes auront perdu de leur
acuité fit l'objet de quelques commentaires.
On reconnut à ce passage la ténacité cli a
maintes fois manifestée dans ses desseins
le président du conseil d'hier.
t Maintenant, par l'organe de leur prési.
dent, M. Georges Aubry, les membres de là
presse félicitent M. Millerand, qui fut long-
temps journaliste, de son accession à :a
magistrature suprême, puis le président de
la République, au milieu d'une double haio
de soldats contenant un public enthousiaste
de parlementaires et d'invités, quitte, ac-
cueilli par de chaleureuses manifestations
de sympathie; le palais de Versailles.
A L'ÉLYSÉE
C'est par des cris nourris de : (cVIve MN
lerand ! » que la foule, massée derrière les
troupes qui rendent les honneurs, accueille
à sa sortie le nouveau président de la
République lorsqu'il part en automobile
accompagné de M. Lhopiteau, garde des
sceaux. Lès mêmes manifestations de sym-
pathie se renouvellent d'ailleurs tout le long
du parcours, de la place d'Armes à l'Elysée.
•A Suresnes, l'automobile présidentielle *
croise deux cortèges de noces. Les mariées
jettent dans la direction du président de la
République leurs bouquets de fleurs d'oran-
gér. Dans le* bois de Boulogne, deà enfants
des écoles, venus en promenade collective*
saluent de leurs vdix fraîches le nouveau
chef de l'Etat.
Halte à la place Dauphine, où M. Mille-
rand descend de voiture pour saluer l'éten-
dard du. 12e cuirassiers, régiment qui va
lui faire escorte jusqu'à l'Elysée.
Dans l'avenue du Bois, l'avenue deli
Champs-Elysées et< l'avenue Marigny, la
foule est très dense et surtout très enthoil.
siaste. Les cris de : « Vive Millerand ! Vivé
le président ! i). retentissent sans cesse,
M. Millerand salue, un peu ému, sem-
ble-t-il. Il est 6 h. 30 lorsqu*, 1-1. arrive H
l'Elysée.
Les clairons sonnenf., les tambours bat*
tent,. les troupes présentent les armes, pui$
la musiqde joue la Marseillaise tandis que*
au dehors, l'ovation de la foule se fait plus
enthousiaste encore.
Au moulent où le président met pied !
terre, il est salué, au bas du perron, par
les membres de la maison militaire et
civile de l'ancien président.
Lentement M. Millerand passe en revud
les troupes; il s'incline devant leur dra-
peau, puis salue ensuite l'étendard des cui-
rassiers do l'escorte, qui est venu se placef
avec sa garde d'honneur au milieu de lai
cour. c
Le président, qu'accompagne M. Lftopïw,
teau, pénètre aTors danàde palais et ee-renâ.'
dans le salon doré du rez-de-chaussée, où
le général Dubail, grand chancelier de 1a
Légion d'honneur, lui remet les insignes à*
grand-croix de l'ordre.
En quelques mots, le chef de l'Etat dfÇ.
combien il est touché de recevoir cette ;
investiture des mains d'un général qui se-
M, MILLERAND, ministre de la guerre, visitant les- tran-
chées de première ligne
: conduisit si vaillamment pendant la guerre*
Le général Pénelon présente ensuite lesf
officiers de la liaison militaire de la prési*
dence.
Pendant ce temps, les ministtes et sous-*
secrétaires d'Etat se sont réunis au minis-
tère de l'intérieur, où. ils ont eigné leur.
démission qu'ils viennent remettre aussitôt
à M. Millerand.
Au nom de ses collègues, M. Lhopiteau
remercie M. Millera.nd de l'affectueuse cou-
fiance qu'il leur a toujours témoignée de-
puis la; formation du cabinet.
Le président remercie à son tour -Bell
collaborateurs du concours dévoué qu'ils
lui apportèrent pour mener à bien licpuyre,*
entreprise par lui et les invite à rester en
fonction pour l'expédition des affaires cou-
rantes jusqu'à la constitution du nouveau.
ministère.
A 18 h. 50, le président, accompagné du
général Pénelon.quitte l'Elysée afin d'aller,
selon la tradition, rendre visite aux prési-
dents de la Chambre et, du Sénat.
La foule, qui est encore très dense autour
du palais, acclame de-nouveau le chef de
l'Etat. Celui-ci est de retour à l'Elysée 4
19 h. 40 et y reçoit M. Touron, président
du groupe de la gauche républicaine du
Sénat, et le bureau de ce groupe, M. Arago
et le bureau du groupe de l'entente démo-
cratique, M. de Selves et le bureau de
l'union républicaine du Sénat. M. Renard
et le bureau du groupe radical socialiste
de la Chambre, qui sont venus le féliciter
de son élection.
Le président a. remercié les bureaux des
groupes de leur démarche et leur a dit que,
pour poursuivre son oeuvre, il comptait
rester en contact étroit avec le Parlement
et qu'il leur serait très reconnaissant de
venir à l'Elysée pour lui faire part de 1eure
vues et lui donner leur opinion.
Dans l'intimité familiale
A 8 h. 30, M. Millerand quittait l'Etysée
et regagnait son domicile particulier, à
Versailles.
Rue Mansart, Mme Millerand avait reçu
de superbes gerbes de fleurs de nombreuses
personnalités et des habitants de Ver-
sailles.
- Une centaine de personnes qui atten-
dais^ devant *la porte ont chaudement acr
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