Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-05-13
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 mai 1914 13 mai 1914
Description : 1914/05/13 (N7899). 1914/05/13 (N7899).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7598930t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/03/2014
a
F. XâTj. Toniatezr.
8IX PAGES. — CINQ CENTIMES
FILS SPECIAUX : LONDRES, BERLIN
FTSEXSB BE LONDRES : 190, FLEET STREET, E. G.
AGENCE DE BERLIN : 49, BEHREN3TRA>SE.
LE lOURNAr". 100, RUE DE RICHELIEU, PARIS
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Adresse télégraphique : NAUOUR-PARIS
MERCREDI 13 MAI !9î4. — N* 1891
£ ABONNEMENTS Hit A» 611 MOIS 'nOta_.
SETXE & Sf. î E-ET-OLSE M » 10 50 5 50
FRANCE •& COLONIES. 24 » 12 » 6 »
ETRANGE*. S5 » 18 * 10 »
PUBLICITÉ AUX BUREAUX DU a JOURNAL ib
et à la Ste Gle des Annonces, 8, place de la Bourse
Les manuscrits' ron insérés ne sont pas rendus
Pour l'avenir
A voir flotter sur Taza les trois cou-
leurs ; à songer que maintenant, d'un
bout à l'autre de l'Afrique du^Nord et
sur nos profonds empires de l'Afrique
occidentale et équatoriale, comme sur
ces royaumes lointains : Madagascar
et l'Indochine, le drapeau de la France
resplendit au soleil colonial ; à évoquer
enfin, dans nos laborieuses casernes,
l'actif fourmillement de l'armée métro-
politaine, la puissance de cette magni-
- fique moisson d'hommes, comment ne
pas épropver le sentiment d'u-n récon-
fort et d'un orgueil ?
Et, en même temps, comment jie pas
se défendre d'une patriotique, inquiétude,
à l'idée que de cette vivants moisson
• d'aujourd'hui dépend le destin de là
moisson future? Cette génération sous
les drapeaux, c'est d'elle que va naître,
, qu'est née en partie déjà l'armée qui,
dans vingt ans, sera commise à la garde
tt à la défense de ce dépôt sacré, leipa-
irimoine national. Et tandis que, sur les
terres voisines, par delà la ligne des po-
t'eàux frontières, croît et se multiplie
l'épi, tandis que s'épaissit la l'oule des
enfants allemands, autrichiens, italiens,
Je sol français, peu à peu, se couvre de
récoltes moins drues.
Voilà le fait brutal qui devrait, avec
ses conséquences, être sans cesse pré-
sent à l'esprit de nos nouveaux législa-
teurs. Certes, nulle exhortation et nulles
lois ne persuaderont de la nécessité de
procréer davantage un peuple dont
l'élite, la première, répugne à la fécon-
dité. Mais lorsque, si lourdement, pèsent
à l'épaule des miséreux .le joug écono-
mique et le carcan de la vie chère, s'il
semble impassible de déterminer par de
belles paroles et d'insuffisantes aides
une augmentation de naissances, sans
doute doit-il apparaître comme possible,
et en même temps comme nécessaire et
primordial, de se vouer à cette grande
œuvre : la diminution de la mprt.
Non seulement organiser au mieux
nos forces selon notre génie et nos res-
sources, mais par-dessus tout conserver
jalousement, précieusement, toutes nos
forces ! Veiller au grain, pour la mois-
son, et pour l'orage ! Ces régiments que
la mortalité infantile fauche tous les
ans, que de corps d'armée perdus pour
toutes les conquêtes de la paix et pour
le devoir éventuel de la guerre!. Sans
doute, les philanthropes-et les puéricul-
teurs par le magnifique effort des œu-
vres privées, les municipalités par les
bureaux de bienfaisance, l'Etat même,
par ceux de l'Assistance publique, es-
sayent-ils de. suppléer aux lacunes et
aux lenteurs de l'œuvre parlementaire.
Le champ des besoins est si vaste, les
lois si incomplètes, les bureaux si im-
parfaits, que la Camarde continue ses
ravages tout à l'aise. Ou. 0
Cantonnons-nous, aujourd'hui, sur le
ws®ol terrain militaire. En dépit des al-
Jçicâiiags jriix. soutiens, de * en dé-
pit de la loi nouvelle sur le repos et l'in-
demnité dus aux, salariées, avant et
après leurs couches, combien de mé-
nages de jeunes soldats où l'absence du
père, en ruinant le foyer, compromet
l'existence de l'enfant! Et, en retour,
combien de jeunes s-uaais, hantés par la
préoccupation de leur ménage, prennent
en dégoût le service!
Veut-on un exemple ? Il est d'hier.
Dans un régiment de Paris, un homme
vient de se tuer. Il était marié, père d'un
enfant de dix-huit mois. Mais on le
soupçonnait d'avoir dérobé une vingtaine
de francs dans le porte-monnaie .d'un
camarade. Vérification faite de son pa-
quetage, après décès, on trouve une let-
tre de la mairie de X ; c'est un refus à
une demande de secours faite par ce
malheureux, comme jeune soldat père
de famille. Qui sait dans quelle me-
sure l'abandon, la gêne des siens, sont
cause du vol, puis du suicide ?
Je cite un cas où le père disparaît.
J'en pourrais citer cent où la mère, les
enfants sont victimes. Qu'y faire ? On
ne peut empêcher des êtres de s'aimer,
de s'épouser avant vingt-trois ans. Et
qu'on ne croie pas que Pitou père de fa-
mille soit l'exception! Un soldat marié
fhâi dix, voilà la proportion. Qu'on ne
croie pas non plus que pour être promu
soutien de fàiïiille le souteneur, à la
veille d'être incorporé, prenne si sou-
vent femme!. Les petits ménages la-
borieux, honnêtes, où un, deux enfants
déjà sont nés, telle est la règle.
Prenez trois régiments du gouverne-
ment de Paris, où fonctionnent des sec-
tions militaires de la Mutualité mater-
nelle. Il y a «dans l'un 282 ménages avec
un total de 194 enfants; 135 familles ont
besoin d'être secourues. Il y a dans
l'autre 208 ménages avec 140 enfants;
25 sont dans un dénuement complet et
155 dans une douloureuse pauvreté.
Dans chacun de ces régiments, plus de
8,000 francs, en argent, en bons de lait,
en layettes, ont été distribués en 1913.
Dans le troisième (46* d'infanterie), où il
y a 170 adhérente avec 138 enfants, plus
de 10,000 francs.
Calculez maintenant sur ces moyen-
nes, souvent dépassées, le nombre de
foyers en souffrance, du tait militaire.
Il y a de quoi frémir en pensant qu'il
existe en France des régiments par cen-
taines ! Et des mutualités, combien ? Dix,
quinze peut-être. Voilà le mal et voilà
le remède. Cette admirable institution de
la mutualité maternelle, est-ce que tous
les chefs de corps ne devraient pas l'en-
raciner dans l'armée? Ils trouveraient,
comme dans les trois régiments que j'ai
cités, l'appui le plus dévoué parmi les
femmes d'officiers.
Quelle confiance rendue aux pauvres
bougres qui se disent, devant la gamelle
ehaude : « Est-ce que la bourgeoise en
a autant ? Est-ce que le gosse tète à sa !
faim? » Que de bonnes volontés raffer-
mies et que de petites vies préservées !.
Aussi bien l'exemple part-il de haut.
La présidente de l'Union des sections
militaires de la Mutualité maternelle de
s Paris est la femme du gouverneur mili-
taire, général Michel. Un grand bal de
bienfaisance, où assisteront le Président
de la République et le ministre de la
guerre, sera prochainement donné en fa-
veur de cette œuvre. !l-en est peu de plus
utiles. Dans la moisson d'aujourd'hui,
préparons celle de demain, Mûrissons,
engrangeons le grain.
VICTOR MARGUERITTE.
Nicolas II à Paris
On parle, dans les milieux russes géné-
ralement bien informés, de la visite de
l'empereur de Russie à Paris au mois d'oc-
tobre. Une haute personnalité fussé en au-
rait, au cours d'une conversation, laissé en-
trevoir la possibilité. Le tsar rendrait à
cette époque au Président de ta République
la visite que celui-ci va lui faire prochai-
nement à Saint-Pétersbourg.
Les pourparlers diplomatiques au sujet
de cette visite, qui est d'ailleurs dans la lo-
gique des choses, ne sont toutefois ,pas en-
core commencés.
MORT DE M. MONTERO RIOS
\\vec M. Montero Rios, qui vient de
mourir à l'âge de quatre-vingt-deux ans,
disparaît un des derniers vétérans. de la
restauration espagnole et le dernier des
lieutenants de Sagasta qui recueillirent la
lourde succession du régénérateur du libé-
ralisme. Lopez Dominguez est, mort, lui
aussi, chargé d'ans. Le plus jeune, celui qui
semblait appelé à poursuivre la tradition,
Canalejas, a été prématurément victime
d'un attentat.
Montero Rios avait, lui, prolongé une
carrière qui fut brillante. Ministre sous
la dictature de Prim en 1870, il fut, après
le bref intermède d'Amédée, un des prin-
cipaux instigateurs du rappel des Bour-
bons. Présidence de la Chambre, prési-
dence du Sénat, présidence du conseil,
il connut tous les avantages du pouvoir et
aussi ses amertumes. N'est-ce pas à lui
que l'Espagne s'adressa aux jours d'épreuve
V M. MONTERO RIOS
de la guerre hispano-américaine pour
plaider sa cause dans les négociations de
paix ?
Son dernier acte politique a été de
quitter avec éclat la présidence du Sénat
à la veille de la dernière crise qui a ramené
les conservateurs au pouvoir. Il n'était plus
guère qu'un conseiller très écouté. Lés
nouveaux leaders du libéralisme espagnol
sont des hommes d'une autre génération.
C'est le comte Romanones, gendre de Sa-
gasta. C'est Garcia Prieto, gendre et héri-
tier naturel de M. Montero Rios. C'est
Melquiades Alvarez, chef du groupe répu-
blicain rallié qui promet un sérieux ren-
fort au radicalisme espagnol. Mais les avis
de la sagesse et de l'expérience d'un Mon-
tero Rios manqueront à ces rivalités qui se
divisent et s'affaiblissent dans l'attente du
chef qui viendra un jour coordonner les
forces aujourd'hui trop divisées. - S.-B.
LE LAIT NOIR
Il s'agit d'une femme arménienne, dé-
cédée récemment à Constantinople, et dont
les seins, à la suite de violentes émotions,
ne donnaient plus qu'un lait coloré en noirl
Cette curieuse, observation d'un cas, ex-
cessivement rare, de secrétion mélanique,
a été rapportée, hier, à l'Académie de mé-
decine, par le professeur Raphaël Blan-
chard, au nom du docteur Torkomiàn.
La femme dont il s.'agit, mère de six en-
fants, avait assisté aux horribles massacres
de F Arménie, et il en était résulté pour
elle un bouleversement qui se traduisit par
la coloration en noir de son lait, d'abord à
l'un dès seins, puis aux deux et, plus tard,
par la perte de la vue.
En termes techniques, on attribue ce
singulier phénomène à la production de
certaines oxydases dans la secrétion lactée.
— SALAGNAG.
Les jours se suivent.
— Peut-on concevoir un général en chef
incapable de prononcer un discours ?
— Assurément. La plupart des grands
capitaines ne brillaient pas par l'éloquence,
et celle de Napoléon n'eut de remarquable
que son impérieux laconisme.
— De môme, est-ce à leur faconde que
l'on reconnaît les meilleurs diplomates ?
— Bien au contraire, les plus justement
célèbres furent taciturnes et « abstraits »,
comme on disait jadis.
— Un défaut de prononciation peut-il
empêcher d'être un grand savant ?
-— Quelles questions saugrenues ! Est-ce
que le bon sens ne suffit pas pour y répon-
dre ? Et même ne devrait-il pas vous in-
terdire de les poser ?
— Convenez donc une fois de plus que le
bon sens n'a rien de commun avec notre
parlementarisme. Car, sous tout autre régi-
me, un général, un diplomate, un savant
dénués d'éloquence pourraient fort bien de-
venir respectivement ministres de la guer-
re, des affaires étrangères et de l'instruc-
tion publique, tandis qu'aujourd'hui, qiielle
que soit leur valeur, ils n'auraient à peu
près aucune chance de tenir ces hauts em-
plois, s'ils n'étaient tout d'abord capables
de faire un beau laïus à la tribune.
— N'exagérez-vous pas un peu ?
— Très peu. Voyez les élections ; en dé-
pit des apparences, elles ont toutes le
même résultat. Que ce soient les conser-
vateurs, les radicaux ou les révolutionnai-
res qui l'emportent, c'est toujours une ma-
jorité d'avocats qui est élue. Joignez-y ces
autres professionnels de la parole que sont
les professeurs, et vous aurez quasiment la
moitié de la Chambre. Supposez qu'il y
ait quelque part en France un nouveau
Colbert. Les exigences de notre parlemen-
tarisme sont telles qu'il ne parviendrait
sans doute jamais à être ministre. On lui
préférerait. Je vous laisse le choix du
nom propre.
".-.. Gustave Téry;
POUR LA LIBERTE DU SCRUTIN
- lie cc Journal ouvre une enquête
sur les agissements électoraux
- Tous les Français de bon sens, in-
quiets de voir leur pays exposé à des
crises redoutables par une évidente
déviation du suffrage universel, se ftlÀ
dent compte qu'il est urgent de le ratae-
ner à son fonctionnement normal.
N'ayant pu s'entendre sur les modifi-
cations à introduire dans le mode de
scrutin, par suite de l'échec de la re-
présentation proportionnelle, les deux
Chambres se sont du moins trouvées
d'accord sur la nécessité de mettre les
électeurs à l'abri de la corruption et de
la pression administrative, syndicale ou
patronale.
C'est dans ce sentiment que le Parle-
ment a voté les lois consacrant le se-
cret du vote par l'établissement de l'iso-
loir et édictant des sanctions sévères
contre la fraude électorale sous toutes
ses formes.
Ces dispositions législatives, que nous
croyons devoir reproduire à titre docu-
mentaire, ont-elles été opérantes et la
grande consultation nationale qui vient
de se terminer en a-t-elle bénéficié effec-
tivement ?
Telle est la question qui se pose à
l'heure où nous sommes. Pour l'élucider,
le Journal fait appel au bon vouloir de
ses innombrables lecteurs qui, répandue
dans toutes les communes de France, ont
été à même de suivre de près les opéra-
tions électorales.
Nous leur demandons de nous trans-
mettre tous les faiis précis dont ils au-
ront été les témoins et dont l'exactitude
pourra être contrôlée par des preuves
certaines.
Nous ne les ferons personnellement
intervenir dans ce débat, si nécessaire
dans l'intérêt même et du suffrage uni-
versel et des institutions républicaines,
que s'ils en expriment le désir. Ils peu-
vent en toute sécurité nous apporter
leurs révélations, sans crainte d'être
inquiétés pour nous avoir aidés à assai-
nir nos mœurs politiques. C'est en toute
sûreté et en toute confiance que nos
lecteurs participeront à notre enquête.
Nous voulons faire œuvre sérieuse et
impartiale. C'est dire que nous repous-
sons par avance les témoignages de ceux
qui voudraient profiter de cette enquête
pour servir leur passion politique ou sa-
tisfaire à de misérables rancunes.
Voici quelles sont les principales dis-
positions législatives votées par le Par-
lement pour réprimer la fraude électo-
rale :
Loi, du 29 juillef 1913 :
Art. 12. — En dehors des cas spécialement
prévus par les dispositions des lois et décrets
actuellement en vigueur, quiconque, soit dans
une commission administrative ou municipale,
soit dans un bureau de vote ou dans les bureaux
des mairies, des préfectures ou sous-préfectures,
avant, pendant ou après un scrutin, aura, par
inobservation volontaire de la loi ou des arrêtés
préfectoraux, ou par tous autres actes fraudu-
leux, violé ou tenté de violer le secret du vote,
L'occupation de Taza a eu un grand re-
tentissement, parce que la suppresion de
la cloison étanche qui coupait en deux no-
tre empire nord-africain est de nature à
frapper les esprits. Mais les avantages de
l'opération ne se manifesteront que quand
le rail suivant la vallée de l'Inaouen aura
fait une réalité de la jonction de l'Algérie
et du Maroc.
L'heure de l'échéance ne tardera pas à
sonner. La prochaine mise en adjudication
de la ligne Tanger-Fez, à laquelle l'accord
franco-allemand de 1911 a réservé la pré-
séance, va permettre d'entreprendre le ré-
seau marocain. Cette considération a eu in-
contestablement une influence déterminan-
te sur les décisions du lieutenant Lyautey.
L'exploitation de la grande voie commer-
ciale que sera la ligne Alger-Fez ne peut se
faire que dans un pays complètement pa-
cifié. La prise de possession de Taza va
permettre de faire rayonner la paix fran-
çaise.
Ce sera une œuvre de longue haleine.
Nous sommes en plein bled siba. Tout ce
pays d'eptre Riff et Atlas n'a, depuis des
générations, connu d'autres maîtres que
d'éphémères roghis. Tout est à faire. Si
la colonne Baumgarten a marché presque
sans combat, la résistance plus sérieuse
rencontrée par la colonne 'Gouraud malgré
le prestige de ses récents succès suffirait à
souligner les difficultés de la tâche. Toutes
les tribus de la région, les Tsoul, les Bra-
nàs et particulièrement les Riatas, habi-
tués à vivre sur Taza, ne se résigneront pas
du premier coup à la perte de cette proie.
L'évolution suivra son cours logique, de
l'hostilité à la défiance et à la réserve en
attendant que les résistances cèdent, dé-
couragées par une vigilance persistante,
sollicitées par les intérêts dont le dévelop-
pement suit l'œuvre de pacification.
Le général Lyautey a si bien prévu ces
réactions qu'il a prescrit d'avance une di-
vision qui décongestionnera la région de
porté atteinte ou tenté de porter atteinte à sa
sincérité, empêché ou tenté d'empêcher les opé-
rations du scrutin, ou qui en aura changé ou
Mjenté de changer le résultat, sera puni d'une
amende de ioo francs à 500 francs et d'un em-
prisonnement d'un mois à un an ou de l'une de
ces deux peines seulement
Le délinquant pourra, en outre, être privé de
ses droits civiques pendant deux ans au moins
et cinq ans au plus.
Si le coupable est fonctionnaire de l'ordre
administratif ou judiciaire, agent ou préposé du
gouvernement ou d'une administration publique
ou chargé d'un ministère de service public, la
peine sera portée au double.
L'article 13 de la loi du 29 juillet 1913
établit une prescription de trois mois à
partir du jour de la proclamation du ré-
sultat du scrutin.
Loi du 31 mars 1914, ayant pour objet
de réprimer les actes de corruption dans
les opérations électorales :
Art. 1". — Quiconque, par des dons, libéra-
lités en argent ou en nature, par des promesses
de. libéralités, de faveurs, d'emplois publics ou
privés ou d'autres avantages particuliers, faits
en vue d'influencer le vote d'un ou de plusieurs
électeurs, aura obtenu ou tenté d'obtenir leur
suffrage, soit directement, soit par l'entremise
d'un tiers ; quiconque, par les mêmes moyens,
aura déterminé ou tenté de déterminer un ou
plusieurs d'entre eux à s'abstenir, sera puni de
trois mois à deux ans d'emprisonnement et
d'une amende de 500 à 5,000 francs.
Seront punis des mêmes peines çauc qui au-
ront agréé ou sollicité les mêmes dons, libéra-
lités ou promesses.
Art. 2. — Ceux qui, soit par voies de fait,
violences ou menaces contre un électeur, soit en
lui faisant craindre de perdre son emploi ou
d'exposer à un dommage sa personne, sa fa-
mille ou sa fortune, l'auront déterminé ou au-
ront tenté de le déterminer à s'abstenir de voter,
ou auront influencé ou tenté d'influencer son
vote, seront punis d'un emprisonnement d'un
mois à deux ans et d'une amende de 200 à
5,000 francs.'
Art. 3. — Quiconque, en vue d'influencer le
vote d'un collège électoral ou d'une fraction de
ce collège électoral, aura fait des dons ou libé-
ralités, des promesses de libéralités ou de fa-
veurs administratives, soit à une commune, soit
à une collectivité quelconque de citoyens, sera
puni d'un emprisonnement de trois mois à deux
ans et d'une amende de 500 à 5.000 francs.
Art. 4. — Dans les cas prévus aux articles pré-
cédents, si le coupable est fonctionnaire public
la peine sera double.
La loi du 31 mars 1014 édicte encore
(art. 6) que les condamnations pronon-
cées en vertu des articles 1, 2, 3, 4 en-
traîneront l'inéligibilité pour une pé-
riode de deux ans.
Le délai de prescription des actions
prévues par les articles 1, 2, 3 de la loi
du 31 mars 1914 est fixé à six mois, par-
tant dq jour de la proclamation du
scrutin.
Nous ferons connaître demain les
modalités de notre enquête.
La prise de Taza n'est que le signal
d'opérations beaucoup plus importantes
Les hachures indiquent les régions pacifiées. La partie en blanc est le réduit de la ré-
sistance berbère dont nous attaquons les deux saWants: à Taza et dans le pays Za-ian.
Taza tout en faisant progresser l'expan-
sion française. Il suffit d'un coup d'œil sur
la cai te pour comprendre la manœuvre.
Un puissant massif montagneux constitue
à la fois le nœud hydrographique et le
réduit central du Maroc. Cet îlot, battu de
tous côtés par le flot montant de notre pé-
nétration, c'est le Moyen-Atlas, qui disperse
ses eaux dans toutes les directions vers
le Sahara par le Guir, vers la Méditer-
ranée par la Moulouya, vers l'Atlantique
par le Sebou, le Bou-Regreg et l'pum Er-
Rebia. Deux bastions le couvrent du côté
du Nord. Au nord-est, c'est le bastion des
Beni Ouaraïn, qui domine Taza. Au nord-
ouest, c'est le bastion des Zaïan, qui s'avan-
ce entre le Sebou et le Bou-Regreg, bar-
rant la route de Méquinez à Marrakech et
entretenant l'hostilité jusqu'au confins de
la Chaouïa.
Le bastion des Beni Ouaraïn est encore
inviolé et l'on se contentera pour le moment
de le surveiller dans la mesure nécessaire
à la garantie de la libre possession de Taza.
Par contre, le bastion des Zaïan est depuis
longtemps travaillé. Nous l'attaquons dans
trois directions. Du côté du nord, les
troupes de Méquinez se sont avancées jus-
qu'à Azrou. Du < ôté de l'ouest, une seconde
colonne remonte la vallée du Bou-Regreg.
Du côté du sud, nous avons enlevé, après
de sanglants combats, la première ligne de
défense : le pays des Tadla.
C'est de ce côté que le général Lyautey
a préparé sa diversion. Le général Blond-
lat a dû entamer hier la série des marches
concentriques qui doivent aboutir à l'oc-
cupation de Kenifra, la citadelle du pays
Zaïan. La colonne Henry, concentrée chez
les Beni' M'tir, à Azrou, débouchera du
nord. La colonne Duplessis attaquera le
massif du côté du sud-ouest, en partant du
pays Tadla. C'est la pacification définitive
du Maroc occidental qui se prépare..-
SAÎNT-BBICK»
On a inauguré 1 Exposition de Lyon
La photographie que nous publions, prise hier à Lyon.
, fut transmise en quatre m'inttresoar la lion? téîéohonicfue
A 4 h. 30, sous la pluie battante, M. Raoul Peret, ministre du commerce, inaugurant l'expo-
sition de Lyon, sort du pavillon colonial. — De gauche à droite : M. Herriot, docteur
Cour mont, le ministre du commerce, le préfet. »
Première photographie transmise pu moyen du procédé Edouard Belin.
LYON (dép. part.). — Par un temps plu-
vieux M. Raoul Peret, ministre du com-
merce, a inauguré cet après-midi l'exposi-
tion internationale de Lyon. Parti de l'hôtel
de ville, où le maire avait offert un déjeu-
ner intime de trente couverts, M. Raoul Pe-
ret fut conduit sur la rive droite du Rhône,
où se trouve l'amorce de l'exposition. Là,
dans une vaste construction à l'usage futur
d'w» restaurant, étaient massés toutes les
autorités, les oorps constitués, les repré-
sentants du commerce et de l'industrie.
M. Edouard Herriot souhaita la bienve-
nue au ministre et, en termes d'une haute
élévation, il fit la genèse de l'œuvre inau-
gurée aujourd'hui. Après le maire, le pro-
fesseur Courmont, commissaire général, et
lil. Pradel, commissaire général adjoint,
prononcèrent eux aussi des discours, puis
ce fut M. Raoul Peret qui parla le dernier.
— Malgré les déboires et contre tous les
éléments déchaînés, votre œuvre, dit-il, est
à la veille d'être terminée. Je vous en ga-
rantis le succès, et de tout les pays du globe
on répôndra à rappel de la ville de Lyon.
Le ministre du commerce visita ensuite
l'exposition dans tous ses détails, notam-
ment la très importante exposition pari-
sienne, dont M. Donkelle, délégué de la
chambre de commerce, lui fit les honneurs.
Le soir, après un dîner offert par M.
Rault, préfet du Rhône, M. Raoul Peret, ac-
compagné de M. Tenot, son chef de cabinet
est reparti pour Paris.
LE CITOYEN RAGHEBOOM
, député de Lille -
Crieur de journaux
- le nouvel élu
continue son métier
Chaque jour, de bon matin, un homme en
casquette et veston de veLours, la démarche
claudicante, une sacoche^ remplie de jour-
naux en bandoulière, s'en va, sonnant de la
trompe, de porte en porte dans les rues du
faubourg d'Esquermes, à Lille. Cet homme
n'est autre que le citoyen Auguste Raghe-
boom, qui fut, dimanche, élu député de la
cinquième circonscription de Lille contre
un gentilhomme de vieille souche, M. le
comte d'Hespel.
Le citoyen Ragheboom a neuf enfants, et
comme il n'est pas riche il continue, avant
LE DÉPUTÉ RAGHEBOOM
la réunion de la Chambre, à vendre des
journaux et à exercer son métier d'ouvrier
sellier pour faire vivre sa famille.
— Seulement, me disait-il hier, je n'ef-
fectue qu'une partie de ma tournée ; il y a
sur le chemin trop d'estaminets où l'on
voudrait fêter mon succès, et je tiens à ne
pas rentrer ivre.
De petite taille, râblé, grisonnant, l'œil
vif, le député Ragheboom, qui est socialiste
unifié, a le parler rude et. franc. Il ne cèle
point la misère de ses débuts.
— Un jour, rappelle-t-il, nous dûmes, ma
femme et moi, nous faire admettre tous
deux à l'hôpital. Les cinq enfants que nous
avions alors ne subsistèrent que grâce à la
générosité des camarades.
Plus tard, il fallut aussi recourir aux al-
locations du bureau de bienfaisance.
— Mais, corrige aussitôt Ragheboom, j'ai
toujours refusé d'accepter un emploi à la
mairie de Lille. Je me flatte d'avoir con-
servé mon indépendance. ,
Maintenant, les enfants ont grandi et,
dans son modeste logis, parmi l'avalanchq
de fleurs que lui a value sa victoire, le ci-
toyen Ragheboom me montre fièrement la
photographie de ses gars.
— Ce sont de véritables gaillards, fait-
il, ils mangeraient la soupe sur votre tête,
citoyen journaliste. Quant à l'aînée de
mes filles, elle suit notre exemple : elle a
déjà sept enfants 5
Le succès n'a pas grisé le député Raghe-
boom.
— VoUA, eonstato-t-it, trente ans que
je -lutte: j'ai remporté pas mal de vestes;
c'était bien enfin mon tour de réussir. Je
suis content surtout pour le parti et pour
les camarades dont l'inlassable dévouement
a contribué à m'assurer la victoire.
La campagne électorale fut ardente; on
livra bataille sur la loi de trois ans.
— Je suis partisan des deux ans. clame le
citoyen Ragheboom; mais si la guerre écla-
tait, malgré mes cinquante-cinq ans, mal-
gré mon infirmité, je volerais avec mes
gars à la frontière.
Le député Ragheboom a pourtant une
inquiétude : il craint qu'à la Chambre le
manque de place dans la travée d'extrême
gauche ne lui permette pas de siéger par-
mi ses amis. Il se voit relégué à l'extrême
droite.
- Après tout, fait-il, mon père a été
suisse pendant vingt ans ; j'ai fréquenté
moi-même l'école des frères, car il n'y en
avait point d'autres. Je connais l'histoire
sainte et les préceptes de l'Evangile; cerne
sera une occasion de les rappeler à ces
messieurs qui les ont oubliés.
Le citoyen Ragheboom est décidément un
sage. - RAOUÎ. SABATtB.
ÉCHOS
c
omplètement rétabli d'une maladie qd
l'avait tenu éloigné du Journal pendant
plusieurs mois, notre excellent collaborateur
et ami M. Alexis Lauze rentrera prochai-
nement à Paris pour reprendre place parmi
nous et nous apporter de nouveau son pré-
cieux concours.
p
our être tout à fait Parisien il faut avoir
un tailleur parfait. Se faire habiller chez
Lejeune, 8, boulevard des Italiens, c'est
acquérir à coup sûr un brevet de parisia-
nisme. Costumes et pardessus depuis 80 fr.
bL
e COMTE DE GOYON, manoir de Béraat.
par Condom (Gers), offre ses eaux-de-
vie naturelles d Armagnac : Année 1893, ex-
tra, caisse six bouteilles, 25 fr. Année 1900,
bonbonne 8 litres, 35 Ir., fço, port et régie.
L
e succès de Jean et Lottise, par Antoni.
Dusserre, un roman de débutant qui fait
sensation, attire la curiosité des lecteurs et
de la presse sur son auteur, une des figures
les plus originales de la littérature contem-
paraine, — Calmann-Léyy.
Ne vendez pas vos bijoux, perles et.pierret
fines, ainsi quë vos reconnaissances de
bijoux, sans les montrer au Comptoir Inter-
national, 44, Chaussée-d'Antin, 2e étage, qui
paie le plus cher de Paris. (Téléph. 269h67.)
LA NOUVELLE CHAMBRE
Première bataille politique
autour du fauteuil présidentiel
En attendant la constitution de la nou-
velle Chambre, les députés élus dimanche
commen' ent à se rendre au Palais-Bour-
bon pour arrêter kur pla e dans l'en einte
parlementaire. Celle-ci a dû être modifiée
et agrandie, par suite de l'augmentation du
nombre des députés. L'ar hite te de la
Chambre a édifié à l'extrême gau? he cinq
stcapont'ns destinés à compléter les 602
sièges des-tinés aux représentants du peu-
ple. Malgré ces sages et nécessaires pré-
cautions les différents partis politiques ne
pourront pas se grouper en masse compac-
te. 'Les élus du premier tour de scrutin ont
eu, sur leurs, collègues nommés au scrutin
de ballottage, l'avantage pour le choix des
places. Il en résulte que bon nombre de
radicaux ayant établi leurs assises sur, les
M. FLANDIN
député d'Avallon, le plus jeune des élus, avocat
et pilote aviateur
banquettes qui bordent celles occupées par
l'extrême gauc-he, des socialistes unifiés se-
ront ontraints d'aller siéger'— horreur de
la destinée — au centre et même à l'extrê-
me droite.
La première séance de la nouvelle Chanv-
bre se tiendra, nous l'avons dit, le t - juin,
Elle sera consacrée à l'élection du bureau
provisoire qui, en réalite, deviendra quel-
ques jours plus tard le bureau définitif.
Qui présidera aux débats parlementai.
res ? M. Deachanel demeure candidat, mais
on annonce que les unifiés socialistes et ra-
dicaux seraient décidés à lui opposer un
candidat de leur nuance rolitiqup-, Ce ae-
F. XâTj. Toniatezr.
8IX PAGES. — CINQ CENTIMES
FILS SPECIAUX : LONDRES, BERLIN
FTSEXSB BE LONDRES : 190, FLEET STREET, E. G.
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PUBLICITÉ AUX BUREAUX DU a JOURNAL ib
et à la Ste Gle des Annonces, 8, place de la Bourse
Les manuscrits' ron insérés ne sont pas rendus
Pour l'avenir
A voir flotter sur Taza les trois cou-
leurs ; à songer que maintenant, d'un
bout à l'autre de l'Afrique du^Nord et
sur nos profonds empires de l'Afrique
occidentale et équatoriale, comme sur
ces royaumes lointains : Madagascar
et l'Indochine, le drapeau de la France
resplendit au soleil colonial ; à évoquer
enfin, dans nos laborieuses casernes,
l'actif fourmillement de l'armée métro-
politaine, la puissance de cette magni-
- fique moisson d'hommes, comment ne
pas épropver le sentiment d'u-n récon-
fort et d'un orgueil ?
Et, en même temps, comment jie pas
se défendre d'une patriotique, inquiétude,
à l'idée que de cette vivants moisson
• d'aujourd'hui dépend le destin de là
moisson future? Cette génération sous
les drapeaux, c'est d'elle que va naître,
, qu'est née en partie déjà l'armée qui,
dans vingt ans, sera commise à la garde
tt à la défense de ce dépôt sacré, leipa-
irimoine national. Et tandis que, sur les
terres voisines, par delà la ligne des po-
t'eàux frontières, croît et se multiplie
l'épi, tandis que s'épaissit la l'oule des
enfants allemands, autrichiens, italiens,
Je sol français, peu à peu, se couvre de
récoltes moins drues.
Voilà le fait brutal qui devrait, avec
ses conséquences, être sans cesse pré-
sent à l'esprit de nos nouveaux législa-
teurs. Certes, nulle exhortation et nulles
lois ne persuaderont de la nécessité de
procréer davantage un peuple dont
l'élite, la première, répugne à la fécon-
dité. Mais lorsque, si lourdement, pèsent
à l'épaule des miséreux .le joug écono-
mique et le carcan de la vie chère, s'il
semble impassible de déterminer par de
belles paroles et d'insuffisantes aides
une augmentation de naissances, sans
doute doit-il apparaître comme possible,
et en même temps comme nécessaire et
primordial, de se vouer à cette grande
œuvre : la diminution de la mprt.
Non seulement organiser au mieux
nos forces selon notre génie et nos res-
sources, mais par-dessus tout conserver
jalousement, précieusement, toutes nos
forces ! Veiller au grain, pour la mois-
son, et pour l'orage ! Ces régiments que
la mortalité infantile fauche tous les
ans, que de corps d'armée perdus pour
toutes les conquêtes de la paix et pour
le devoir éventuel de la guerre!. Sans
doute, les philanthropes-et les puéricul-
teurs par le magnifique effort des œu-
vres privées, les municipalités par les
bureaux de bienfaisance, l'Etat même,
par ceux de l'Assistance publique, es-
sayent-ils de. suppléer aux lacunes et
aux lenteurs de l'œuvre parlementaire.
Le champ des besoins est si vaste, les
lois si incomplètes, les bureaux si im-
parfaits, que la Camarde continue ses
ravages tout à l'aise. Ou. 0
Cantonnons-nous, aujourd'hui, sur le
ws®ol terrain militaire. En dépit des al-
Jçicâiiags jriix. soutiens, de * en dé-
pit de la loi nouvelle sur le repos et l'in-
demnité dus aux, salariées, avant et
après leurs couches, combien de mé-
nages de jeunes soldats où l'absence du
père, en ruinant le foyer, compromet
l'existence de l'enfant! Et, en retour,
combien de jeunes s-uaais, hantés par la
préoccupation de leur ménage, prennent
en dégoût le service!
Veut-on un exemple ? Il est d'hier.
Dans un régiment de Paris, un homme
vient de se tuer. Il était marié, père d'un
enfant de dix-huit mois. Mais on le
soupçonnait d'avoir dérobé une vingtaine
de francs dans le porte-monnaie .d'un
camarade. Vérification faite de son pa-
quetage, après décès, on trouve une let-
tre de la mairie de X ; c'est un refus à
une demande de secours faite par ce
malheureux, comme jeune soldat père
de famille. Qui sait dans quelle me-
sure l'abandon, la gêne des siens, sont
cause du vol, puis du suicide ?
Je cite un cas où le père disparaît.
J'en pourrais citer cent où la mère, les
enfants sont victimes. Qu'y faire ? On
ne peut empêcher des êtres de s'aimer,
de s'épouser avant vingt-trois ans. Et
qu'on ne croie pas que Pitou père de fa-
mille soit l'exception! Un soldat marié
fhâi dix, voilà la proportion. Qu'on ne
croie pas non plus que pour être promu
soutien de fàiïiille le souteneur, à la
veille d'être incorporé, prenne si sou-
vent femme!. Les petits ménages la-
borieux, honnêtes, où un, deux enfants
déjà sont nés, telle est la règle.
Prenez trois régiments du gouverne-
ment de Paris, où fonctionnent des sec-
tions militaires de la Mutualité mater-
nelle. Il y a «dans l'un 282 ménages avec
un total de 194 enfants; 135 familles ont
besoin d'être secourues. Il y a dans
l'autre 208 ménages avec 140 enfants;
25 sont dans un dénuement complet et
155 dans une douloureuse pauvreté.
Dans chacun de ces régiments, plus de
8,000 francs, en argent, en bons de lait,
en layettes, ont été distribués en 1913.
Dans le troisième (46* d'infanterie), où il
y a 170 adhérente avec 138 enfants, plus
de 10,000 francs.
Calculez maintenant sur ces moyen-
nes, souvent dépassées, le nombre de
foyers en souffrance, du tait militaire.
Il y a de quoi frémir en pensant qu'il
existe en France des régiments par cen-
taines ! Et des mutualités, combien ? Dix,
quinze peut-être. Voilà le mal et voilà
le remède. Cette admirable institution de
la mutualité maternelle, est-ce que tous
les chefs de corps ne devraient pas l'en-
raciner dans l'armée? Ils trouveraient,
comme dans les trois régiments que j'ai
cités, l'appui le plus dévoué parmi les
femmes d'officiers.
Quelle confiance rendue aux pauvres
bougres qui se disent, devant la gamelle
ehaude : « Est-ce que la bourgeoise en
a autant ? Est-ce que le gosse tète à sa !
faim? » Que de bonnes volontés raffer-
mies et que de petites vies préservées !.
Aussi bien l'exemple part-il de haut.
La présidente de l'Union des sections
militaires de la Mutualité maternelle de
s Paris est la femme du gouverneur mili-
taire, général Michel. Un grand bal de
bienfaisance, où assisteront le Président
de la République et le ministre de la
guerre, sera prochainement donné en fa-
veur de cette œuvre. !l-en est peu de plus
utiles. Dans la moisson d'aujourd'hui,
préparons celle de demain, Mûrissons,
engrangeons le grain.
VICTOR MARGUERITTE.
Nicolas II à Paris
On parle, dans les milieux russes géné-
ralement bien informés, de la visite de
l'empereur de Russie à Paris au mois d'oc-
tobre. Une haute personnalité fussé en au-
rait, au cours d'une conversation, laissé en-
trevoir la possibilité. Le tsar rendrait à
cette époque au Président de ta République
la visite que celui-ci va lui faire prochai-
nement à Saint-Pétersbourg.
Les pourparlers diplomatiques au sujet
de cette visite, qui est d'ailleurs dans la lo-
gique des choses, ne sont toutefois ,pas en-
core commencés.
MORT DE M. MONTERO RIOS
\\vec M. Montero Rios, qui vient de
mourir à l'âge de quatre-vingt-deux ans,
disparaît un des derniers vétérans. de la
restauration espagnole et le dernier des
lieutenants de Sagasta qui recueillirent la
lourde succession du régénérateur du libé-
ralisme. Lopez Dominguez est, mort, lui
aussi, chargé d'ans. Le plus jeune, celui qui
semblait appelé à poursuivre la tradition,
Canalejas, a été prématurément victime
d'un attentat.
Montero Rios avait, lui, prolongé une
carrière qui fut brillante. Ministre sous
la dictature de Prim en 1870, il fut, après
le bref intermède d'Amédée, un des prin-
cipaux instigateurs du rappel des Bour-
bons. Présidence de la Chambre, prési-
dence du Sénat, présidence du conseil,
il connut tous les avantages du pouvoir et
aussi ses amertumes. N'est-ce pas à lui
que l'Espagne s'adressa aux jours d'épreuve
V M. MONTERO RIOS
de la guerre hispano-américaine pour
plaider sa cause dans les négociations de
paix ?
Son dernier acte politique a été de
quitter avec éclat la présidence du Sénat
à la veille de la dernière crise qui a ramené
les conservateurs au pouvoir. Il n'était plus
guère qu'un conseiller très écouté. Lés
nouveaux leaders du libéralisme espagnol
sont des hommes d'une autre génération.
C'est le comte Romanones, gendre de Sa-
gasta. C'est Garcia Prieto, gendre et héri-
tier naturel de M. Montero Rios. C'est
Melquiades Alvarez, chef du groupe répu-
blicain rallié qui promet un sérieux ren-
fort au radicalisme espagnol. Mais les avis
de la sagesse et de l'expérience d'un Mon-
tero Rios manqueront à ces rivalités qui se
divisent et s'affaiblissent dans l'attente du
chef qui viendra un jour coordonner les
forces aujourd'hui trop divisées. - S.-B.
LE LAIT NOIR
Il s'agit d'une femme arménienne, dé-
cédée récemment à Constantinople, et dont
les seins, à la suite de violentes émotions,
ne donnaient plus qu'un lait coloré en noirl
Cette curieuse, observation d'un cas, ex-
cessivement rare, de secrétion mélanique,
a été rapportée, hier, à l'Académie de mé-
decine, par le professeur Raphaël Blan-
chard, au nom du docteur Torkomiàn.
La femme dont il s.'agit, mère de six en-
fants, avait assisté aux horribles massacres
de F Arménie, et il en était résulté pour
elle un bouleversement qui se traduisit par
la coloration en noir de son lait, d'abord à
l'un dès seins, puis aux deux et, plus tard,
par la perte de la vue.
En termes techniques, on attribue ce
singulier phénomène à la production de
certaines oxydases dans la secrétion lactée.
— SALAGNAG.
Les jours se suivent.
— Peut-on concevoir un général en chef
incapable de prononcer un discours ?
— Assurément. La plupart des grands
capitaines ne brillaient pas par l'éloquence,
et celle de Napoléon n'eut de remarquable
que son impérieux laconisme.
— De môme, est-ce à leur faconde que
l'on reconnaît les meilleurs diplomates ?
— Bien au contraire, les plus justement
célèbres furent taciturnes et « abstraits »,
comme on disait jadis.
— Un défaut de prononciation peut-il
empêcher d'être un grand savant ?
-— Quelles questions saugrenues ! Est-ce
que le bon sens ne suffit pas pour y répon-
dre ? Et même ne devrait-il pas vous in-
terdire de les poser ?
— Convenez donc une fois de plus que le
bon sens n'a rien de commun avec notre
parlementarisme. Car, sous tout autre régi-
me, un général, un diplomate, un savant
dénués d'éloquence pourraient fort bien de-
venir respectivement ministres de la guer-
re, des affaires étrangères et de l'instruc-
tion publique, tandis qu'aujourd'hui, qiielle
que soit leur valeur, ils n'auraient à peu
près aucune chance de tenir ces hauts em-
plois, s'ils n'étaient tout d'abord capables
de faire un beau laïus à la tribune.
— N'exagérez-vous pas un peu ?
— Très peu. Voyez les élections ; en dé-
pit des apparences, elles ont toutes le
même résultat. Que ce soient les conser-
vateurs, les radicaux ou les révolutionnai-
res qui l'emportent, c'est toujours une ma-
jorité d'avocats qui est élue. Joignez-y ces
autres professionnels de la parole que sont
les professeurs, et vous aurez quasiment la
moitié de la Chambre. Supposez qu'il y
ait quelque part en France un nouveau
Colbert. Les exigences de notre parlemen-
tarisme sont telles qu'il ne parviendrait
sans doute jamais à être ministre. On lui
préférerait. Je vous laisse le choix du
nom propre.
".-.. Gustave Téry;
POUR LA LIBERTE DU SCRUTIN
- lie cc Journal ouvre une enquête
sur les agissements électoraux
- Tous les Français de bon sens, in-
quiets de voir leur pays exposé à des
crises redoutables par une évidente
déviation du suffrage universel, se ftlÀ
dent compte qu'il est urgent de le ratae-
ner à son fonctionnement normal.
N'ayant pu s'entendre sur les modifi-
cations à introduire dans le mode de
scrutin, par suite de l'échec de la re-
présentation proportionnelle, les deux
Chambres se sont du moins trouvées
d'accord sur la nécessité de mettre les
électeurs à l'abri de la corruption et de
la pression administrative, syndicale ou
patronale.
C'est dans ce sentiment que le Parle-
ment a voté les lois consacrant le se-
cret du vote par l'établissement de l'iso-
loir et édictant des sanctions sévères
contre la fraude électorale sous toutes
ses formes.
Ces dispositions législatives, que nous
croyons devoir reproduire à titre docu-
mentaire, ont-elles été opérantes et la
grande consultation nationale qui vient
de se terminer en a-t-elle bénéficié effec-
tivement ?
Telle est la question qui se pose à
l'heure où nous sommes. Pour l'élucider,
le Journal fait appel au bon vouloir de
ses innombrables lecteurs qui, répandue
dans toutes les communes de France, ont
été à même de suivre de près les opéra-
tions électorales.
Nous leur demandons de nous trans-
mettre tous les faiis précis dont ils au-
ront été les témoins et dont l'exactitude
pourra être contrôlée par des preuves
certaines.
Nous ne les ferons personnellement
intervenir dans ce débat, si nécessaire
dans l'intérêt même et du suffrage uni-
versel et des institutions républicaines,
que s'ils en expriment le désir. Ils peu-
vent en toute sécurité nous apporter
leurs révélations, sans crainte d'être
inquiétés pour nous avoir aidés à assai-
nir nos mœurs politiques. C'est en toute
sûreté et en toute confiance que nos
lecteurs participeront à notre enquête.
Nous voulons faire œuvre sérieuse et
impartiale. C'est dire que nous repous-
sons par avance les témoignages de ceux
qui voudraient profiter de cette enquête
pour servir leur passion politique ou sa-
tisfaire à de misérables rancunes.
Voici quelles sont les principales dis-
positions législatives votées par le Par-
lement pour réprimer la fraude électo-
rale :
Loi, du 29 juillef 1913 :
Art. 12. — En dehors des cas spécialement
prévus par les dispositions des lois et décrets
actuellement en vigueur, quiconque, soit dans
une commission administrative ou municipale,
soit dans un bureau de vote ou dans les bureaux
des mairies, des préfectures ou sous-préfectures,
avant, pendant ou après un scrutin, aura, par
inobservation volontaire de la loi ou des arrêtés
préfectoraux, ou par tous autres actes fraudu-
leux, violé ou tenté de violer le secret du vote,
L'occupation de Taza a eu un grand re-
tentissement, parce que la suppresion de
la cloison étanche qui coupait en deux no-
tre empire nord-africain est de nature à
frapper les esprits. Mais les avantages de
l'opération ne se manifesteront que quand
le rail suivant la vallée de l'Inaouen aura
fait une réalité de la jonction de l'Algérie
et du Maroc.
L'heure de l'échéance ne tardera pas à
sonner. La prochaine mise en adjudication
de la ligne Tanger-Fez, à laquelle l'accord
franco-allemand de 1911 a réservé la pré-
séance, va permettre d'entreprendre le ré-
seau marocain. Cette considération a eu in-
contestablement une influence déterminan-
te sur les décisions du lieutenant Lyautey.
L'exploitation de la grande voie commer-
ciale que sera la ligne Alger-Fez ne peut se
faire que dans un pays complètement pa-
cifié. La prise de possession de Taza va
permettre de faire rayonner la paix fran-
çaise.
Ce sera une œuvre de longue haleine.
Nous sommes en plein bled siba. Tout ce
pays d'eptre Riff et Atlas n'a, depuis des
générations, connu d'autres maîtres que
d'éphémères roghis. Tout est à faire. Si
la colonne Baumgarten a marché presque
sans combat, la résistance plus sérieuse
rencontrée par la colonne 'Gouraud malgré
le prestige de ses récents succès suffirait à
souligner les difficultés de la tâche. Toutes
les tribus de la région, les Tsoul, les Bra-
nàs et particulièrement les Riatas, habi-
tués à vivre sur Taza, ne se résigneront pas
du premier coup à la perte de cette proie.
L'évolution suivra son cours logique, de
l'hostilité à la défiance et à la réserve en
attendant que les résistances cèdent, dé-
couragées par une vigilance persistante,
sollicitées par les intérêts dont le dévelop-
pement suit l'œuvre de pacification.
Le général Lyautey a si bien prévu ces
réactions qu'il a prescrit d'avance une di-
vision qui décongestionnera la région de
porté atteinte ou tenté de porter atteinte à sa
sincérité, empêché ou tenté d'empêcher les opé-
rations du scrutin, ou qui en aura changé ou
Mjenté de changer le résultat, sera puni d'une
amende de ioo francs à 500 francs et d'un em-
prisonnement d'un mois à un an ou de l'une de
ces deux peines seulement
Le délinquant pourra, en outre, être privé de
ses droits civiques pendant deux ans au moins
et cinq ans au plus.
Si le coupable est fonctionnaire de l'ordre
administratif ou judiciaire, agent ou préposé du
gouvernement ou d'une administration publique
ou chargé d'un ministère de service public, la
peine sera portée au double.
L'article 13 de la loi du 29 juillet 1913
établit une prescription de trois mois à
partir du jour de la proclamation du ré-
sultat du scrutin.
Loi du 31 mars 1914, ayant pour objet
de réprimer les actes de corruption dans
les opérations électorales :
Art. 1". — Quiconque, par des dons, libéra-
lités en argent ou en nature, par des promesses
de. libéralités, de faveurs, d'emplois publics ou
privés ou d'autres avantages particuliers, faits
en vue d'influencer le vote d'un ou de plusieurs
électeurs, aura obtenu ou tenté d'obtenir leur
suffrage, soit directement, soit par l'entremise
d'un tiers ; quiconque, par les mêmes moyens,
aura déterminé ou tenté de déterminer un ou
plusieurs d'entre eux à s'abstenir, sera puni de
trois mois à deux ans d'emprisonnement et
d'une amende de 500 à 5,000 francs.
Seront punis des mêmes peines çauc qui au-
ront agréé ou sollicité les mêmes dons, libéra-
lités ou promesses.
Art. 2. — Ceux qui, soit par voies de fait,
violences ou menaces contre un électeur, soit en
lui faisant craindre de perdre son emploi ou
d'exposer à un dommage sa personne, sa fa-
mille ou sa fortune, l'auront déterminé ou au-
ront tenté de le déterminer à s'abstenir de voter,
ou auront influencé ou tenté d'influencer son
vote, seront punis d'un emprisonnement d'un
mois à deux ans et d'une amende de 200 à
5,000 francs.'
Art. 3. — Quiconque, en vue d'influencer le
vote d'un collège électoral ou d'une fraction de
ce collège électoral, aura fait des dons ou libé-
ralités, des promesses de libéralités ou de fa-
veurs administratives, soit à une commune, soit
à une collectivité quelconque de citoyens, sera
puni d'un emprisonnement de trois mois à deux
ans et d'une amende de 500 à 5.000 francs.
Art. 4. — Dans les cas prévus aux articles pré-
cédents, si le coupable est fonctionnaire public
la peine sera double.
La loi du 31 mars 1014 édicte encore
(art. 6) que les condamnations pronon-
cées en vertu des articles 1, 2, 3, 4 en-
traîneront l'inéligibilité pour une pé-
riode de deux ans.
Le délai de prescription des actions
prévues par les articles 1, 2, 3 de la loi
du 31 mars 1914 est fixé à six mois, par-
tant dq jour de la proclamation du
scrutin.
Nous ferons connaître demain les
modalités de notre enquête.
La prise de Taza n'est que le signal
d'opérations beaucoup plus importantes
Les hachures indiquent les régions pacifiées. La partie en blanc est le réduit de la ré-
sistance berbère dont nous attaquons les deux saWants: à Taza et dans le pays Za-ian.
Taza tout en faisant progresser l'expan-
sion française. Il suffit d'un coup d'œil sur
la cai te pour comprendre la manœuvre.
Un puissant massif montagneux constitue
à la fois le nœud hydrographique et le
réduit central du Maroc. Cet îlot, battu de
tous côtés par le flot montant de notre pé-
nétration, c'est le Moyen-Atlas, qui disperse
ses eaux dans toutes les directions vers
le Sahara par le Guir, vers la Méditer-
ranée par la Moulouya, vers l'Atlantique
par le Sebou, le Bou-Regreg et l'pum Er-
Rebia. Deux bastions le couvrent du côté
du Nord. Au nord-est, c'est le bastion des
Beni Ouaraïn, qui domine Taza. Au nord-
ouest, c'est le bastion des Zaïan, qui s'avan-
ce entre le Sebou et le Bou-Regreg, bar-
rant la route de Méquinez à Marrakech et
entretenant l'hostilité jusqu'au confins de
la Chaouïa.
Le bastion des Beni Ouaraïn est encore
inviolé et l'on se contentera pour le moment
de le surveiller dans la mesure nécessaire
à la garantie de la libre possession de Taza.
Par contre, le bastion des Zaïan est depuis
longtemps travaillé. Nous l'attaquons dans
trois directions. Du côté du nord, les
troupes de Méquinez se sont avancées jus-
qu'à Azrou. Du < ôté de l'ouest, une seconde
colonne remonte la vallée du Bou-Regreg.
Du côté du sud, nous avons enlevé, après
de sanglants combats, la première ligne de
défense : le pays des Tadla.
C'est de ce côté que le général Lyautey
a préparé sa diversion. Le général Blond-
lat a dû entamer hier la série des marches
concentriques qui doivent aboutir à l'oc-
cupation de Kenifra, la citadelle du pays
Zaïan. La colonne Henry, concentrée chez
les Beni' M'tir, à Azrou, débouchera du
nord. La colonne Duplessis attaquera le
massif du côté du sud-ouest, en partant du
pays Tadla. C'est la pacification définitive
du Maroc occidental qui se prépare..-
SAÎNT-BBICK»
On a inauguré 1 Exposition de Lyon
La photographie que nous publions, prise hier à Lyon.
, fut transmise en quatre m'inttresoar la lion? téîéohonicfue
A 4 h. 30, sous la pluie battante, M. Raoul Peret, ministre du commerce, inaugurant l'expo-
sition de Lyon, sort du pavillon colonial. — De gauche à droite : M. Herriot, docteur
Cour mont, le ministre du commerce, le préfet. »
Première photographie transmise pu moyen du procédé Edouard Belin.
LYON (dép. part.). — Par un temps plu-
vieux M. Raoul Peret, ministre du com-
merce, a inauguré cet après-midi l'exposi-
tion internationale de Lyon. Parti de l'hôtel
de ville, où le maire avait offert un déjeu-
ner intime de trente couverts, M. Raoul Pe-
ret fut conduit sur la rive droite du Rhône,
où se trouve l'amorce de l'exposition. Là,
dans une vaste construction à l'usage futur
d'w» restaurant, étaient massés toutes les
autorités, les oorps constitués, les repré-
sentants du commerce et de l'industrie.
M. Edouard Herriot souhaita la bienve-
nue au ministre et, en termes d'une haute
élévation, il fit la genèse de l'œuvre inau-
gurée aujourd'hui. Après le maire, le pro-
fesseur Courmont, commissaire général, et
lil. Pradel, commissaire général adjoint,
prononcèrent eux aussi des discours, puis
ce fut M. Raoul Peret qui parla le dernier.
— Malgré les déboires et contre tous les
éléments déchaînés, votre œuvre, dit-il, est
à la veille d'être terminée. Je vous en ga-
rantis le succès, et de tout les pays du globe
on répôndra à rappel de la ville de Lyon.
Le ministre du commerce visita ensuite
l'exposition dans tous ses détails, notam-
ment la très importante exposition pari-
sienne, dont M. Donkelle, délégué de la
chambre de commerce, lui fit les honneurs.
Le soir, après un dîner offert par M.
Rault, préfet du Rhône, M. Raoul Peret, ac-
compagné de M. Tenot, son chef de cabinet
est reparti pour Paris.
LE CITOYEN RAGHEBOOM
, député de Lille -
Crieur de journaux
- le nouvel élu
continue son métier
Chaque jour, de bon matin, un homme en
casquette et veston de veLours, la démarche
claudicante, une sacoche^ remplie de jour-
naux en bandoulière, s'en va, sonnant de la
trompe, de porte en porte dans les rues du
faubourg d'Esquermes, à Lille. Cet homme
n'est autre que le citoyen Auguste Raghe-
boom, qui fut, dimanche, élu député de la
cinquième circonscription de Lille contre
un gentilhomme de vieille souche, M. le
comte d'Hespel.
Le citoyen Ragheboom a neuf enfants, et
comme il n'est pas riche il continue, avant
LE DÉPUTÉ RAGHEBOOM
la réunion de la Chambre, à vendre des
journaux et à exercer son métier d'ouvrier
sellier pour faire vivre sa famille.
— Seulement, me disait-il hier, je n'ef-
fectue qu'une partie de ma tournée ; il y a
sur le chemin trop d'estaminets où l'on
voudrait fêter mon succès, et je tiens à ne
pas rentrer ivre.
De petite taille, râblé, grisonnant, l'œil
vif, le député Ragheboom, qui est socialiste
unifié, a le parler rude et. franc. Il ne cèle
point la misère de ses débuts.
— Un jour, rappelle-t-il, nous dûmes, ma
femme et moi, nous faire admettre tous
deux à l'hôpital. Les cinq enfants que nous
avions alors ne subsistèrent que grâce à la
générosité des camarades.
Plus tard, il fallut aussi recourir aux al-
locations du bureau de bienfaisance.
— Mais, corrige aussitôt Ragheboom, j'ai
toujours refusé d'accepter un emploi à la
mairie de Lille. Je me flatte d'avoir con-
servé mon indépendance. ,
Maintenant, les enfants ont grandi et,
dans son modeste logis, parmi l'avalanchq
de fleurs que lui a value sa victoire, le ci-
toyen Ragheboom me montre fièrement la
photographie de ses gars.
— Ce sont de véritables gaillards, fait-
il, ils mangeraient la soupe sur votre tête,
citoyen journaliste. Quant à l'aînée de
mes filles, elle suit notre exemple : elle a
déjà sept enfants 5
Le succès n'a pas grisé le député Raghe-
boom.
— VoUA, eonstato-t-it, trente ans que
je -lutte: j'ai remporté pas mal de vestes;
c'était bien enfin mon tour de réussir. Je
suis content surtout pour le parti et pour
les camarades dont l'inlassable dévouement
a contribué à m'assurer la victoire.
La campagne électorale fut ardente; on
livra bataille sur la loi de trois ans.
— Je suis partisan des deux ans. clame le
citoyen Ragheboom; mais si la guerre écla-
tait, malgré mes cinquante-cinq ans, mal-
gré mon infirmité, je volerais avec mes
gars à la frontière.
Le député Ragheboom a pourtant une
inquiétude : il craint qu'à la Chambre le
manque de place dans la travée d'extrême
gauche ne lui permette pas de siéger par-
mi ses amis. Il se voit relégué à l'extrême
droite.
- Après tout, fait-il, mon père a été
suisse pendant vingt ans ; j'ai fréquenté
moi-même l'école des frères, car il n'y en
avait point d'autres. Je connais l'histoire
sainte et les préceptes de l'Evangile; cerne
sera une occasion de les rappeler à ces
messieurs qui les ont oubliés.
Le citoyen Ragheboom est décidément un
sage. - RAOUÎ. SABATtB.
ÉCHOS
c
omplètement rétabli d'une maladie qd
l'avait tenu éloigné du Journal pendant
plusieurs mois, notre excellent collaborateur
et ami M. Alexis Lauze rentrera prochai-
nement à Paris pour reprendre place parmi
nous et nous apporter de nouveau son pré-
cieux concours.
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paie le plus cher de Paris. (Téléph. 269h67.)
LA NOUVELLE CHAMBRE
Première bataille politique
autour du fauteuil présidentiel
En attendant la constitution de la nou-
velle Chambre, les députés élus dimanche
commen' ent à se rendre au Palais-Bour-
bon pour arrêter kur pla e dans l'en einte
parlementaire. Celle-ci a dû être modifiée
et agrandie, par suite de l'augmentation du
nombre des députés. L'ar hite te de la
Chambre a édifié à l'extrême gau? he cinq
stcapont'ns destinés à compléter les 602
sièges des-tinés aux représentants du peu-
ple. Malgré ces sages et nécessaires pré-
cautions les différents partis politiques ne
pourront pas se grouper en masse compac-
te. 'Les élus du premier tour de scrutin ont
eu, sur leurs, collègues nommés au scrutin
de ballottage, l'avantage pour le choix des
places. Il en résulte que bon nombre de
radicaux ayant établi leurs assises sur, les
M. FLANDIN
député d'Avallon, le plus jeune des élus, avocat
et pilote aviateur
banquettes qui bordent celles occupées par
l'extrême gauc-he, des socialistes unifiés se-
ront ontraints d'aller siéger'— horreur de
la destinée — au centre et même à l'extrê-
me droite.
La première séance de la nouvelle Chanv-
bre se tiendra, nous l'avons dit, le t - juin,
Elle sera consacrée à l'élection du bureau
provisoire qui, en réalite, deviendra quel-
ques jours plus tard le bureau définitif.
Qui présidera aux débats parlementai.
res ? M. Deachanel demeure candidat, mais
on annonce que les unifiés socialistes et ra-
dicaux seraient décidés à lui opposer un
candidat de leur nuance rolitiqup-, Ce ae-
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