Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-03-31
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 mars 1914 31 mars 1914
Description : 1914/03/31 (N7856). 1914/03/31 (N7856).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75988878
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/10/2014
9. XÂV. FohMCMH
HUIT PAGES. — CINQ CENTIME» -"
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LE JOURNAL, 100, RUE DE RICHELmU, PARIS
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MARDI 31 MARS 1914. — M' 7856
ÀBONNEMXNTS o* AR au Mon mois «ML
SEINE & SEINE-ET-OISE 20 » 10 50 i AU
FRANCE" COLONIES. 24 » 12 « 6 »
ETRANGER. as. il. 10 »
il -
PUBUCrrÉ AUX BUREAUX DU « JOURNAL.
et chez LAGRANGE ET CERF, 8, place de la Bourae.
Les manuscrits non insérés ne dong pu rendus
bienfaisance
privée et publique
Autour de nous, la violence sévit, mul-
tipliant les deuils et les ruines, mettant
à nu tout ce qui reste dans la bête hu-
maine de férocité sournoise ou brutale.
Il faut plaindre ceux qui, en face d'une
telle épidémie, éprouvent d'autres senti-
ments que la honte et la douleur.
C'est en de pareils moments que toute
ame un peu haute cherche un refuge.
Par bonheur, tandis que les assemblées
s'enfièvrent pour des questions d'un
jour, tandis que les violents de tous les
• partis poussent à la guerre civile, tan-
dis que les vertus bruyantes paradent
sur la place publique, il est des hommes
tenaces et patients qui, pour nous ré-
concilier sans doute avec nous-mêmes,
poursuivent l'œuvre silencieuse de la
bonté. Sur Tordre du jour du Sénat, en-
combré par des proj ets retentissants;
une loi attend avec timidité qu'on veuille
bien lui donner son tour. Cette loi, c'est
la charte admirable de la bienfaisance,
le texte qui doit unir, pour le soulage"
ment en commun des souffrances, les
efforts publics et les efforts privés.
Alors que tant de textes improvisés
reçoivent la consécration hâtive du Par-
lement, ce projet a été longuement pré-
paré et médité par des hommes dont le
nom seul est un éloge : Ferdinand Drey-
fus, Paul Strauss, René Béreriger. Quel
objet se sont-ils proposé,? La loi, qu'ils
nous présentent, et que la Chambre des
députés a déjà adoptée grâce aux efforts
de M. Breton, procure un statut à tous
les établissements de bienfaisance crélis,
sur un point quelconque du territoire
français, par des particuliers ou des as-
sociations, soit laïques, soit religieuses,
en vue d'hospitaliser des mineurs, des
indigents valides, des malades, des in-
firmes ou des vieillards. Elle exige, avant
la fondation, une déclaration à la mai-
rie, indiquant le siège de l'œuvre, ses
moyens d'existence, les conditions d'hy-
giène de son installation ; elle oblige le
directeur de toute -institution recevant
des mineurs à leur faire donner un en-
seignement professionnel et une bonne
éducation primaire. Elle contraint ce
même directeur à prélever sur le pro-
duit du travail des enfants un pécule
individuel. Ce pécule, fixé à 1/10 du
salaire journalier, constituera le bien
propre du pupille lorsqu'il sera rendu
ibre. Tous les établissements, privés ou
publics, sont soumis à la surveillance
de l'administration nationale de l'assis-
tance. Mais voici la contre-partie : l'ar-
ticle i7 du projet institue, au centre de
chaque département, un conseil où l'as-
sistance privée et l'assistance publique
entrent en contact ; dans ce conseil,
composé de dix personnes, cinq mem-
bres sont élus par les établissements de
bienfaisance privée. Et c'est, en somme,
cette assemblée qui juge sur toutes les
difficultés provoquées par lé fonctionne-
ment des œuvres d'assistance.
On a déjà critiqué et on critiquera en-
core ce projet de loi. Au Sénat, dans un
fort éloquent discours, mon honorable
collègue M. de Las Cases a plaidé la
cause de la liberté presque absolue en
matière de bienfaisance. Je n'ignore
pas et je ne désire pas restreindre les
bienfaits de la liberté. Pour toute ré-
ponse, je veux cependant signaler à M.,
de Las Cases ce fait que j'ai connu et
qui justifie à lui seul, mieux, qu'un rai-
sonnement, le recours à la loi. Près d'une
grande ville de France, une femme, soi-
disant charitable, avait installé une ins-
titution d'aveugles. La maisonnée com-
prenait deux jeunes bonnes, cinq aveu-
gles adultes femmes, un aveugle hom-
me, une fillette de treize ans également
aveugle. En l'absence de la directrice (?),
l'établissement se trouvait géré par une
illettrée non payée, ancienne assistée
elle-même, privée de ses papiers d'état
civil par la fondatrice ; quand j'ai pres-
crit une enquête, cette malheureuse igno-
rait jusqua son âge. Tout ce monde,
de santé douteuse, vit de secours en na-
ture fournis par les voisins apitoyés. La
directrice, reconnue comme telle par un
jugement du tribunal civil, se promène
cependant, perçoit les revenus de la fon-
dation, recueiile des souscirptions, .tra-
vaille à relever la situation précaire d'un
amant. Mis au courant de ces faits, que
j'ai voulu réprimer, j'ai cherché long-
temps et en vain un texte légal pour
faire constater cette odieuse irrégularité.
Je n'y suis parvenu qu'après des forma-
lités compliquées, dont un lourd dossier
garde la trace. — Vous voyez bien, mon
cher collègue, qu'une loi, inutile au re-
gard de tant d'honnêtes gens, devient
indispensable pour réprimer ces abus
scandaleux.
On crie contre le pécule obligatoire ;
on a effrayé les institutions privées
d'assistance. On voudrait que ce pécule
fût simplement facultatif. La loi se
montre fort sage. Elle pose cet admi-
rable principe qu'un établissement cha-
ritable ne saurait abandonner un enfant,
une jeune fille dans la rue, sans res-
sources, en proie à tous les dangers de
la vie. Déjà la loi du 16 messidor an VII
en avait ainsi décidé. Ce principe posé,
— il est indiscutable,* - le projet admet
tous les tempéraments nécessaires. La loi
prive de pécule les assistés malades ou
impropres au travail, les chômeurs, les
paresseux, les mauvais sujets. Elle pro-
nonce que « le conseil départemental
d'assistance pourra dispenser partielle-
ment ou complètement de cette obliga-
tion les établissements qui justifieront
que l'exiguïté de leurs ressources les met
dans l'impossibilité matérielle d'y faire
face ». Que veut-on de mieux ? Pécule
facultatif ou pécule obligatoire avec tou-
tes les dispenses légitimes, n'est-ce pas
la même formule, ou à peu près ?
Unissons-nous donc pour consacrer
une grande œuvre, qui devra beaucoup
en particulier à l'activité de M. Ferdi-
nand Dreyfus. Unissons-nous pour rap-
procher la bienfaisance privée et la
bienfaisance publique, lesquelles, jus-
qu'à présent, s'ignoraient touj ours et
parfois se combattaient. Cette nouveauté
vaut bien, de la part de chacun, certains
sacrifices. Unissons-nous pour procla-
mer que le devoir de bienfaisance est
supérieur à tous les autres.
EDOUARD HERRIOT,
Maire de Lyon. sénateur du Mn*,
TERRIBùEP AftIOUE
Le sous-sol s'effondre
Un village est englouti
BRIVE-LA-GAILLARDE (dép. part.). — Une
véritable catastrophe vient de Se produire
au bourg de Noailhac, fort de 900 habi-
tants, dans le canton de Meyssac, commune
distante de Brive de 16 kilomètres.
Aux villages de Lacoux, Peyroutot, Cour-
lat. et Gourai, on s'apercevait, il v a deux
ou trois jours, de certaines petites crevas-
ses qui donnaient de l'inquiétude, sans
toutefois alarmer outre mesure les habi-
tants. Mais, dès samedi dans la nuit et di-
manche matin, les événements avaient pris
des proportions terribles. Dix maisons s'é-
taient abattues avec fracas : celles de la
veuve Berthou, de Lacoux ; de Vergne, de
Courlat ; de. la dame Laborie, de Gourai ;
de Marcelin, du moulin de Gourai ; de Dor-
feuil et Dayre, du Peyroutel. On juge de la
panique des habitants, qui croient à un vé-
ritable mouvement sismique, que les auto-
rités n'osent pas contredire. Il est certain
qu'il ne s'agit pas d'un banal glissement de
terrain. « Si le mouvement continuait, me
dit M. Fernand Valeille, le jeune maire de
Noaiihac, le bourg lui-même serait me-
nacé. » Et la crainte règne, persistante et
angoissante au possible.
Les habitants ont dû faire la chaîne pour
déménager les meubles des constructions
atteintes et ce sont les élèves des écoles qui
sont allés prévenir les habitants des envi-
rons pour porter sécours.Tout le monde est
consterné. Cette petite commune, qui avait
dû faire des frais pour avoir de l'eau po-
table, voit sa canalisation complètement
anéantie. Il faut recourir aux ruisseaux
pour avoir de l'eau malsaine. On voit des
crevasses de 15 mètres de profondeur, des
quantités d'arbres abattus. C'est terrifiant.
Deux cents hectares de terres cultivées
sont, en ce moment, détruits. Les routes
sont effondrées, ruinées sur plus d'un kilo-
mètre ; elles ne peuvent plus être utilisées
et des voies nouvelles devront être cons-
truites. C'est un désastre sans précédent
pour nos pays et les pertes sont énormes.
ON va CONFRONTER PIERRE
avec Mme Cadiou
BREST (dép. part.). — L'instruction de
l'affaire Cadiou, suspendute depuis près de
deux semaines, vient d'être reprise avec
une nouvelle activité. Le parquet de Brest
espère recevoir demain le dossier qu'il
avait adressé en communication à la cham-
bre des mises en accusation de Rennes,
laquelle vient de repousser la demande de
mise en liberté provisoire formée par le
défenseur de l'ingénieur Pierre. Dès qu'il
sera en possession de ce dossier, le juge
d'instruction convoquera Mme Cadiou.
M. Bidart de la Noé a, en effet, appris au-
jourd'hui que l'état de santé de la veuve du
directeur de la Grande-Palue lui permet
maintenant de se rendre à Brest. Dans
quelques jours donc Mme Cadiou sera mise
en présence de celui qui est accusé d'avoir
assassiné son mari.
En attendant cette sensationnelle con-
frontation, le juge entendra les témoins
affirmant avoir rencontré M, Cadiou le
31 décembre et le 1" janvier. Tous, on le
sait, sont. formels; plusieurs ont vu, à la
même heure et en des endroits différents,
l'industriel dont la mort reste toujours
aussi angoissante. jQue restera-t-il de ces
dépositions ? Aucun renseignement inté-
ressant, assurent les magistrats du parquet
de Brest, qui sont toujours convaincus que
c'est le 30 décembre, entre 11 heures et
midi, que M. Cadiou fut assassiné.
UN AEROPLANE TOMBE DE CENT METRES
Un mort. — Un blessé
STRASBOURG (dép. part.). — Ce soir, vers
5 heures, un biplan, monté par le lieute-
nant aviateur Schultz et par le capitaine
observateur Reinhardt, exécutait un vol
au-dessus du polygone de Strasbourg
quand, dans un virage, l'appareil capota et
vint s'écraser sur le sol, d'une hauteur
d'environ 100 mètres. Le capitaine Rei-
nhardt, la poitrine écrasée, expirait en
quelques minutes. Quant au lieutenant pi-
lote, il a eu la cuisse droite écrasée et de-
vra subir l'amputation ; il se plaint en
outre de vives douleurs internes. Son état
est des plus graves.
Les jours se suivent.
Est-elle donc si difficile à raconter, cette
histoire ? Quoi de plus simple ?
Il y avait une fois un financier, à qui
s'intéressait le directeur d'un journal. Cela
se voit tous les jours. On voit même assez
souvent un financier qui s'intéresse à un
journal ; je veux dire qu'il le lit avec in-
térêt.
Or, le directeur de journal est l'ami du
ministre des finances, ce qui n'a rien non
plus d'extraordinaire ; et tous deux sont
très liés avec un grand avocat, qui plaide
justement pour le financier. C'est encore
tout naturel. Si naturel que, cela posé, tout
le reste va s'ensuivre, tout naturellement.
En effet, le financier, que gêne un pro-
cès fastidieux, a besoin d'une remise pour
régler plus commodément ses petites affai-
res. Il demande à son ami, le directeur de
journal, de la demander à son ami le mi-
nistre des finances. Celui-ci, pour obliger.
son ami le directeur de journal, prie son
ami le grand avocat de venir la lui deman-
der ; après quoi, le ministre des finances
s'adresse au président du conseil, qui, cela
va de soi, n'a rien à lui refuser. Le prési-
dent du conseil convoque le procureur gé-
néral, qui, par définition, est l'homme du
ministère. (Ne l'appelle-t-on pas couram-
ment le ministère public ?) Le procureur
général transmet la demande à son ami le
président du tribunal, qui, comme il est
écrit, accorde la remise « par amitié ». Et
voilà toute l'histoire, où, comme vous
voyez, il n'y a pas de quoi fouetter un chat-
fourré.
On pourrait l'intituler : Les amis de nos
amis. Encore le mot est-il un peu gros ;
réservons-le, s'il vous plaît, pour un usage
plus rare, ou plus noble. Camaraderie suf-
firait. Oui, la scène se passe dans cette « ré-
publique des camarades », que vient de
nous peindre si joliment Robert de Jou-
venel. Ainsi s'enchaînent les effets et les
causes, ainsi se lient les événements, et
surtout les hommes.
Reste à savoir dans quelle mesure ces
liaisons sont dangereuses pour un régime.
Le certain, c'est qu'autour de cette simple
histoire, le talent de M. Jaurès va mettre
de très belles phrases.
Mais elles n'y ajouteront rien.
Au contraire.
1 Gustave Téry.
LES VAMPIRES DU PËM-MCMISE
,
On arrête une bande de sinistres cambrioleurs qui avaient
dévalisé soixante-dix-huit caveaux !
CE SONT EUX QUI PROFANÈREiM LA TOMBE DE LANTELME
Depuis quatre mois, presque chaque
jour, au cimetière du Pere-Lachaige, on
constatait que le caveau d'une riche fa-
mille avait été fracturé, et que vases et
reliques précieuses avaient été dérobés.
Les voleurs « travaillaient » là nuit. Par
escalade ils s'introduisaient dans la vaste
nécropole. A l'abri des tombes, contournant
silencieusement les mamelons où s'élèvent
les mausolées, ils allaient, sans possibilité
d'être aperçus par les deux gardiens qui,
le soir venu, munis d'une lantèrne sourde
et escortés par un gros chien policier, font
la ronde à travers les 63 hectares du Père-
Lachaise. 1
Depuis le 15 décembre 1913, soixante-
dix-huit caveaux avaient été violés. Des
vases précieux, des chandeliers d'argent,
des statuettes, les objets funéraires les plus
divers avaient été volés. : ! ,
En fin février, un matin, le curé de Cha-
ronne, en pénétrant dans la chapelle du ci-
metière afln. de dire une messe, s'aperçut
qu'un ciboire.en argent massif avait dis-
paru pendant la nuit. Le tronc des pauvres
gisait à terre, fracturé et vide.
Au mur, des traces d'escalade prouvaient
que le malfaiteur, en s'aidant d'une corde,
s'était hissé jusqu'au vitrail..11 avait dé-
coupé ce vitrail à l'aide d'un diamant et,
par le trou, il était passé à l'intérieur dQ
la chapelle.
Il y a vingt jours à peine, le somptueux
caveau deI la famille Hauboy était visité
par les profanateurs. Comme pour pénétrer
dans la chapelle, ils avaient escaladé le mw
et brisé un vitrail. A la ruèur clignotante
de la petite lampe à huile qui brûle nuit
et jour sur l'autel du caveau, ils avaient
choisi les plus belles pièces qui y étaient
déposées : deux chandeliers précieux et
un vase en argent. Car les voleurs étaient
des connaisseurs ; ils savaient choisir et
n'emportaient jamais les objets de peu
d'intérêt.
L'homme masqué
On apprit alors qu'une nuit un homme
masqué d'un loup noir avait escaladé le
mur du Père-Lachaise au coin de la rue
des Rondonneaux et de l'avenue Gambetta.
A cet endroit, un bec de gaz accolé au mur
facilite l'ascension.
Des inspecteurs de la Sûreté furent pos-
tés pour surveiller le bec de gaz. Une nuit,
ils aperçurent l'individu. L'alarme fut don-
née. Sous la direction de M. Thiessard, le
brigadier chef des gardiens du Père-La-
chaise, avec tous les gardiens levés à la
hâte, on fouilla le cimetière. Mais, à la fa-
veur de l'obscurité très épaisse, le voleur
s'était caché si adroitement à l'abri d'une
tombe, qu'il ne put être découvert.
D'autre part un indicateur, habitué d'un
bar de la rue Morand, rapportait qu'il
avait entendu un homme habillé en maçon
dire à voix basse à un confident ces paro-
les étranges :
-.- — Mon vieux, le travail au « champ des
navets » est très sûr. Lè « truc » Lantel-
me n'a jamais ennuyé aucun de nous. On
cherche encore.
L'individu qui venait de prononcer ces
mots était un sculpteur ornemaniste, nom-
mé Camille Fournier. Appartenait-il à la
bande des profanateurs de tombes qui dé-
valisait le Père-Lachaise ? Etait-ce cette
même bande qui, le 26 juillet 1911, avait
déterré le cadavre de la comédienne Lan-
telme pour s'emparer de ses bijoux ?
Fournier fut filé.
Les caveaux « marqués »
On le vit, un jour, à midi, heure à la-
quelle les gardiens déjeunent, entrer dans
le cimetière et, se donnant l'allure d'un cu-
rieux, examiner minutieusement les tom-
bes. Puis, discrètement, il dessina à la craie
sur certains caveaux un petit losange. Le
lendemain matin, deux caveaux marqués
avaient été fracturés à l'aide d'une pince
monseigneur.
On continua à filer Fournier pour con-
naître ceux qui l'aidaient.
Fournier se rencontra dans un bar de la
place Gambetta avec un forgeron, Louis
Geslin.
Fournier dit à Geslin :
— Il y a le caveau du marquis Casa-
Riera qui serait bon à faire.
- Chauchard vaudrait mieUtir..
— Le caveau Chauchard. pas moyen.
il y a deux mètres de béton à traverser.
— Alors marchons tout de suite pour
Casa-Riera. Il faudra penser aussi à la
palme d'argent qui est déposée dans le ca-
veau Calmette*.
Il fallait se hâter pour avoir toute la
bande, car les coups qu'ils méditaient
étaient sérieux.
Les brigadiers Augène et Bezuchet, l'ins-
pecteur Pagès et son collègue Carré, qui ar-
rêta le bandit Lacombe, hâtèrent leurs re-
cherches.
Le coup de filet
Geslin venait de quitter le garni qu'il ha-
bitait 11, rue Morand, pour se réfugier
avec sa maîtresse dans un hôtel du passage
Alexandrine.
Il fut arrêté là, avec sa maîtresse, samedi
soir, au moment où il allait monter chez lui.
Sous un capuchon il cachait deux vases
provenant de la récente profanation d'un
tombeau. Sa maîtresse, Germaine Servert,
l'accompagnait. Elle portait au cou une pe-
tite croix en argent, volée dans le caveau
de la famille Hauboy.
Quant à Fournier, il fut arrêté dimanche
soir au seuil du « bar Magdeleine », place
Gambetta. Fournier, le matin même avait,
à l'aide d'un crochet passé par une imposte,
pris dans un caveau, deux petits vases d'ar-
gent.
D'autre part Marius Gouster, soldat dé-
serteur de la section aéronautique de
Reims, qui avait été conduit au Cherche-
Midi par l'autorité militaire, était reconnu
comme faisant partie de la bande, grâce à
certaines paroles imprudentes qu'il avait
dites à un détenu.
Les receleurs
Par ailleurs, la* Sûreté enquêtait chez
certains antiquaires et brocanteurs qui
avaient eu affaire à la bande.
Le brocanteur Comte, qui tient, quai de
Montebello, une échoppe où il vend des
parfums orientaux et de vieux objets d'art,
étalait à sa devanture deux 'vases d'argent
et une statuette de Vierge qui semblaient
être le butin du cambriolage d'un tombeau.
Il fut reconnu bientôt que c'était Geslin
qui avait vendu ces objets à l'antiquaire.
Mais, quand les inspecteurs se présentèrent
chez Comte pour saisir vases et statuette,
le brocanteur leur dit :
- Les deux vases, je les ai vendus un
passant. Quant à la Vierge, qui était une
statuette d'un mètre de hauteur, en beau
métal, j'ai compris que c'était un objet volé.
Je l'ai jetée dans la Seine.
Cinq autres brocanteurs, tenant boutique
boulevard Saint-Germain et boulevard du
I. GESLlN; 2. EMILE FouRNiER; 3. la femme
SERVERT (maîtresse de Geslin) ; 4- DOUBLET,
dit « Le Frisé ».
Temple, furent interrogés. Tous, ils avaient
acheté à la bande des objets précieux.
De nouvelles arrestations de receleurs
auront lieu incessamment.
Les profanateurs arrêtés
Camille Fournier semble être le chef de
la bande. Il est né en 1876 à Macon (Saône-
et-Loire). C'est un sculpteur-ornemaniste
de talent. Sa .science guidait ses complices.
C'est lui qui indiquait les sépultures bonnes
à être visitées. Il vivait dans un garni, au
37, rue de la Cour-des-Noues, avec sa com-
pagne, Mme Dedieu. Mme Dedieu ignorait
à quelle triste besogne son ami se livrait
pendant ses longues absences nocturnes.
Dimanche, à midi, quelques heures avant
son arrestation, Fournier, qui venait de
cambrioler une tombe le matin même,
rentra chez lui en vêtements souillés de
plâtras. Et, à son amie, il déclara :
- J'ai bien travaillé, ce matin T
A\i moment de son arrestation, Fournier
portait sur lui un pistolet browning, un
poignard, une pince monseigneur et un
loup en velours.noir.
Louis Geslin habita pendànt dix-huit
mois dans un garni, 16, rue Morand. Il est
né dans le quartier de l'Hôtel-de- Ville; il a
trente-trois ans. Louis Geslin, qui se disait
parfois peintre, tantôt forgeron, vivait
avec sa maîtresse, Germàine Servert.
Germaine Servert est une gentille brune
de vingt ans; elle se dit artiste lyrique. Elle
fut longtemps blanchisseuse. Néanmoins,
de temps en temps, elle chantait dans cer-
tains cabarets de Belleville des refrains à
la mode, à moins qu'elle n'interprétât les
chansons que Louis Geslin lui-même com-
posait, car Louis Geslin était aussi chan-
sonnier.
La profanation de la tombe Lantelme
Cette bande qui, depuis des mois, des an-
nées peut-être, cambriolait les tombes du
Père-Lachaise, paraît être celle qui com-
plota et réalisa la tragique profanation du
cercueil de Lantelme dans la nuit du
23 décembre 1911.
La conversation tenue dans un bar de la
rue Morand par Fournier et rapportée par
un indicateur semble le prouver. Par ail-
leurs, des renseignements recueillis par M.
Guillaume, commissaire à la Sûreté du hui-
tième district, confirment les paroles de
Fourni er.
Fournier et Geslin, interrogés, ont nié,
évidemment. Mais les procédés de Geslin,
Fournier et leurs complices sont sembla-
bles aux procédés qu'employèrent les pro-
fanateurs du cercueil de Lantelme. Ceux-
ci avaient pris soin de garnir leurs mains
de caoutchouc pour accomplir leur maca-
bre travail. Aussi aucune empreinte digi-
tale ne permet d'établir précisément si Ges-
lin et Fournier ont pris part à l'odieuse
violation.
On recherche celui qui, dans le bar de
la rue Mor-and, fut le confident de Fournier.
Les inspecteurs du huitième district fe-
ront d'ailleurs, incessamment, de nouvel-*
les arrestations. Douze individus, à cette
heure, sont compromis dans là bande des
pilleurs de tombes.
M. BOURGET TÉMOIGNE
L'ami de M. Calmette est
, convaincu que celui-ci vou-
lait rassurer M'ue Caillaux
La journée d'hier n'a présenté qu'un in-
térêt médiocre. Quatre témoins ont été en-
tendus par le magistrat instructeur : deux
d'entre eux, garçons de bureau du Figaro,
se sont bornés à confirmer les dépositions
précédentes de leurs collègues. Le troisième
témoin était une amie de Mme Cailiaux qui
a répété, sur le trouble et les inquiétudes
que provoquait en elle la campagne de M.
Calmette, des détails déjà acquis à l'instruc-
tion. Enfin, M. Paul Bourget, qui a déposé
en dernier lieu, n'a pu que préciser devant
le juge des points déjà exposés par lui sur
ce qu'il vit du drame qui se passa presque
sous ses yeux.
Aujourd'hui M. Boucard s'occupera des
affaires courantes de son cabinet.
Les huissiers du Figaro, MM. Roulleau et
Pottier, se trouvaient dans l'antichambre
lorsque Mme Caillaux fut reçue par leur
collègue, M. Nicet. Ils l'ont vue remettre
sa carte sous enveloppe fermée. Ils affir-
ment de la façon la plus positive qu'ils
ignoraient la qualité de la visiteuse et qu'à
aucun moment le nom de Mme Caillaux ne
fut prononcé devant eux. C'est elle-même
qui, après le drame, fit connaître son iden-
tité. On voit que sur ce point l'unanimité
des témoignages contredit les déclarations
de l'inculpée.
Mme Guillemard dépose ensuite. Amie de
Mme Caillaux, elle reçut la confidence de ses
inquiétudes quand la femme du ministre
redoutait chaque jour de voir ses lettres.
publiées par le Figaro. Elle se rappelle qu'à
ce moment Mme Caillaux éprouvait de pel-
les angoisses qu'elle en perdait le sommeil.
Elle avait fait part de ce fait à son frère, M.
Buchet, qui en témoigna, la semaine passée,
devant le juge. Mme Guillemard confirme
pleinement la déposition de son frèrei
La déposihon de M. Bourget
M. Bourget, entendu le dernier par le
juge d'instruction, a raconté ce qu'il avait
déjà dit le lendemain de l'assassinat : sa vi-
site, le lundi 16, à six heures, chez M. Cal-
mette, auquel il allait soumettre la requête
d'un des collaborateurs du Figaro, qui est
de ses amis ; la réponse obligeante de M.
Calmette, et comment, sortis ensemble du
cabinet directorial, ils se trouvèrent sur le
palier au moment où un huissier remit à
M. Calmette une énveloppe fermée, bordée
de deuil.
— Quand Calmette l'eut ouverte, a dit M.
Bourget, je fus étonné de l'expression de
son visage. lIme dit : « C'est une visite. »
Comme nous devions partir ensemble, je
lui répliquai : « Je suis pressé,, venez donc.»
M. PAUL BOURGET
Il fit un pas vers l'escalier, puis s'arrêta
en disant : « C'est impossible. » De plus en
plus étonné de son attitude, je lui demandai:
« Mais qui est-ce donc ? » Et alors il tira à
demi la carte- contenue dans l'enveloppe,
me la montra, et la renferma aussitôt. Cette
carte était celle de Mme Caillaux. Je dis à
Calmette : « Vous n'allez pas la recevoir ;
que peut-elle avoir à vous dire ? » Il me ré-
pondit: « Je ne peux pas ne pas recevoir une
femme » ; et il lit sign-e à l'huissier et lui
dit de faire entrer, toujours sans pronon-
cer de nom. On sait le reste. A peine Mme
Caillaux avait-elle franchi le seuil du ca-
binet que les coups de revolver éclatèrent.
Interrogé par M. Boucard sur les motifs
qui, d'après lui, avaient décidé M. Cal-
mette à recevoir Mme Caillaux, M. Bour-
get a répondu "qu'il ne pouvait faire qu'une
hypothèse, à savoir que le caractère de ga-
lant homme de M. Calmette a dû le pousser
à vouloir affirmer à Mme Cailiaux que son
nom ne serait jamais mêlé à une campagne
qu'il entendait maintenir exclusivement sur
le terrain politique.
En 6« page : LE MAliAZINEduJOURNAL
ÉCHOS
u
n perce-oreille arrête un train..
L'aiguilleur de la gare de Heston-
Honslow, sur le chemin de fer de ceinture
de Londres, constatait l'autre jour avec stu-
peur, vers midi, que le signal de la voie se
maintenait obstinément à l'indication « dan-
ger », alors que, d'après les manœuvres
d'aiguillage, la voie devait être libre. Ce fut,
après la stupeur, un vif émoi. Pendant huit
minutes, la circulation des trains fut inter-
rompue.
Un perce-oreille aux instincts d'explora-
teur s'était logé de telle façon dans la cham-
bre des signaux qu'il empêchait tout contact
électrique. La bestiole avait survécu au cou-
rant de manœuvre. L'histoire ne dit pas
si l'aiguilleur qui la surprit la laissa intacte.
L
a Seine monte et l'on n'a rien préparé
contre cette crue. Cela fait songer à
une élégante qui attendrait que ses bijoux
soient cambriolés pour aller chez Técla, 10
rue de là Paix, acheter ses incomparables re-
productions de perles et de pierres de cou-
leur permettant de mettre ses joyaux à l'abri.
A
ujourd'hui, à 5 et à 10 heures, au Pa-
lais persan de Magic-City, le bal des
« Vingt », rendez-vous de la haute fashion.
Magic-Cinéma-Palace, à 2 h. 30 et 8 h. 30,
grands spectacles. Vendredi soir, splendide
fête de réouverture du Park, très nombreuses
et sensationnelles nouveautés.
0
ù passer la soirée joyeusement? Par-
bleu ! au Nouveau-Cirque, qui donne
tous les soirs Mam'selle Caprice, le plus gros
succès de la saison, merveilleusement inter-
prété par Milo de Meyer, Germaine Monti-
gny, Berthe Brésina, les frères Albano, Char-
ley Darlès, qui rivalisent de folle gaieté et
soulèvent dans la salle entière d'inextingui-
bles rires.
L
e Comte de Goyon, manoir de Béraut, par
Condom (Gers), offre ses eaux-de-vie
naturelles d'Armagnac: Année 1893, extra,
caisse six bouteilles: 25 fr. Année 1900, bon-
bonne 8 litres: 35 fr. franco, port et régie.
L
a Salle Chauchàt, 24, rue Chauchat (an-
gle de la rue Lafayette), a réuni dans
son vaste hall un choix considérable de mo-
biliers de tous styles, neufs et d'occasion.
Vente, achat et échange.
L
1 Révolte des anges, lé nouveau roman
d'Anatole France, rencontre partout un
succès enthousiaste : paru depuis une se-
maine, le livre a atteint sa 668 édition. —
Calmann-Levy.
A
u Concours hippique.
Très remarqué dimanche, dans la tri-
bune officielle, un groupe d'élégantes habil-
lées avec chic. Nous avons pu connaître la
signature de ces tailleurs si parisiens. C'était
celle de Joseph Paquin, 10, rue de Casti-
glione, qui présente actuellement sa deuxième
collection de robes et tailleurs à des prix.?
Mesdames, une visite s'impose.
BLAMES, ET REGRETS
i
C'est la conclusion vers laquelle
s'achemine la Commission
d'enquête
Les commissaires restent impénétra-
blés : un posant secret scelle leurs lè-
vres. Que peut-il y avoir dans ce fa-
meux papier ? On sait seulement qu"il
n'-est pas tendre pour MM. Monis et
Cailiaux, et qu'entre dix autres l'ad-
jectif « déplorable» a été choisi pouc
qualifier leur attitude.
Personne, hier, n'a donné de démis-
sion. Quelques commissaires récla-
maient une plainte au conseil de l'ordre
contre M* Maurice Bernard ; et M. Bar-
rès, qui depuis d-eux jours pâlit sur le
code pénal, invoquait contre les deux
ministres en cause l'article 179, qui pu-
nit la corruption de fonctionnaires.
Aujourd'hui M. Jaurès aura terminé soa
exposé. Ce morceau de littérature sera
soumis, en quelques exemplaires, aux
membres de la commission. Comme on
redoute les fuites, chacun d'eux en
prendra connaissance sous la surveil-
lance de M. Barbier, le vigilant secré-
taire attaché à l'enquête. Il faudra pé-,
nétrer dans le sixième bureau en si-
lence, sur la pointe des pieds, avec des
signes cabalistiques. A la sortie, on
fouillera les commissaires : Rochette a
déjà pris tant de choses que M. Jaurès
redoute de se voir enlever quelques-uns
de ses adjectifs ou de ses substantifs.
Aujourd'hui dernière délibération
La commission d'enquête sur Taffairé
Rochette a terminé, hier soir, l'examen de
F exposé pèéparé, par M. Jaurès.
Dans la séance du matin, après que plu-
sieurs membres eurent protesté « contre
l'esprit tendancieux que prête à la com-
mission la lettre de démission de M. G.
Berry », la commission a statué sur le
paragraphe qui définit l'action de Rochette
et sur celui qui précise le rôle de M. Ed-
mond du Mesnil, directeur du RappeL
Dans l'après-midi, elle a approuvé les
paragraphes relatifs au rôle de la magis-
trature et des gouvernements successifs
dans l'affaire.
Les conclusions de M. Jaurès ont été
adoptées, sous réserve de la mise au point
de quelques paragraphes et d'une revision
d'ensemble à laquelle il sera procédé dans
la séance de cet après-midi.
D'après les indications qui nous ont été
données, la commission conclurait, en ré-
sumé, à un blâme contre MM. Caillaux et
Monis pour leur intervention en faveur de
Rochette, et contre M. Barthou, qui aurait
dû laisser le rapport Fabre à la chancelle-
rie. En ce qui concerne le rôle des magis-,
trats, elle exprimerait le regret què,le pro-
cureur général et le président de la cham-
bre des appels correctionnels aient obéi à
une injonction qui ne venait pas de leur
chef hiérarchique.
Quant à M. Briand, la commission décla-
rerait qu'il aurait dû la saisir du rapport
Fabre lorsqu'elle procédait à sa premier
enquête sur l'affaire Roebette,
Le livre de Rochette
Le procureur général a fait tenir, hier
après-midi, à la commission drenquêt%
l'épreuve du livre de Rochette saisie à
l'imprimerie Chaix par la justice.
ha Chambre discute
l'Impôt. sur le Revenu
Elle décide de l'incorporer
à la Joi de finances
MM. Dubois et Klotz qui s'y opposaient
ont retiré leurs motions, quand.
M. Gaston Doumergue eut posé
la question de confiance.,
Le gouvernement a eù à subir hier deux
assauts, l'un à propos de l'emprunt chi-
nois, l'autre à propos de l'incorporation du
projet d'impôt sur le revenu dans la loi de
finances. t
Sur ces deux questions, la Chambre lui a
donné raison, après avoir entendu et ap-
plaudi les explications, de M. Gaston Dou-
mergue, président du conseil.
Elle a clos le débat sur l'emprunt chi-
nois par !e vote de l'ordre du jour pur et
simple que réclamait le président du con-
seil, et qui a été adopté par 340 voix contre
206.
En ce qui concerne l'impôt sur le revenu,
il n'y a même pas eu de vote. M. Louis Du-
bois demandait le renvoi du projet à la.
commission, c'est-à-dire l'ajournement in-
défini ; M. Klotz demandait qu'on termine
d'abord la loi de finances et qu'on. discuta
ensuite à part le projet d'impôt sur le re-
venu, sans l'incorporer dans la loi de
finances.
M. Gaston Doumergue, président du con-
seil, au contraire, a formellement réclamé
l'incorporation et a posé à ce sujet la ques-
tion de confiance, après avoir rappelé d'ail-
leurs que cette incorporation avait été pro-
mise, au moment du vote de la loi mili-
taire, par le précédent gouvernement, alors
que M. Klotz était ministre des finances.
Mais la Chambre n'a pas eu à émettre de
vote, car, après le discours du président du
conseil, que la majorité républicaine a ac-
cueilli par des applaudissements répétés,
MM. Louis Dubois et Klotz ont retiré leur
motion, et l'on s'est mis de suite à discuter
le projet d'impôt sur le revenu.
L'emprunt chinois
C'est à la demande du président du con-
seil que la discussion immédiate de l'inter-
pellation de M. Lefebvre du Prey sur l'em-
prunt chinois a été ordonnée, après que
M. Deschanel eut prononcé l'éloge funèbre de
M. Ohabert, député de la Drôme, et que la
Chambre eut voté pour le Maroc un cahier
de crédits supplémentaires s'élevant à 217
millions 682,716 francs.
M. Lefebvre du Prey voulait connaître les
conditions dans lesquelles est préparée pour
le 7 avril l'émission de cet emprunt. Il s'est
plaint notamment qu'on ait fait figurer dans
les prospectus une lettre officielle du mi-
nistre des affaires <étrangères au directeur
de la banque émetteuse, et que le gouver-
nement ait paru ainsi avaliser les garanties
promises.
M. Gaston Doumergue, ministre des af-
faires étrangères, a rappelé les conditions
dans lesquelles un consortium internatio-
nal de banques avait pris l'initiative d'é-
mettre les emprunts que le gouvernement
chinois avait résolu de faire pour reconsti-
tuer et réorganiser l'administration chi-
noise.
Il a expliqué que la lettre officielle incri-
minée était une simple lettre par laquelle
le ministre des affaires étrangères notifiait
diverses stipulations qui lui avaient été
HUIT PAGES. — CINQ CENTIME» -"
FILS SPECIAUX : LONDRES, BERLIN
AGENCE DE LONDRES : i90, FLEET STREET, E. CL
AGENCE DE BERLIN: 49, BEHBENSTBASSE.
LE JOURNAL, 100, RUE DE RICHELmU, PARIS
Téléphone Gut. : él-65, 61-66, 61-67 et 26-27
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MARDI 31 MARS 1914. — M' 7856
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ETRANGER. as. il. 10 »
il -
PUBUCrrÉ AUX BUREAUX DU « JOURNAL.
et chez LAGRANGE ET CERF, 8, place de la Bourae.
Les manuscrits non insérés ne dong pu rendus
bienfaisance
privée et publique
Autour de nous, la violence sévit, mul-
tipliant les deuils et les ruines, mettant
à nu tout ce qui reste dans la bête hu-
maine de férocité sournoise ou brutale.
Il faut plaindre ceux qui, en face d'une
telle épidémie, éprouvent d'autres senti-
ments que la honte et la douleur.
C'est en de pareils moments que toute
ame un peu haute cherche un refuge.
Par bonheur, tandis que les assemblées
s'enfièvrent pour des questions d'un
jour, tandis que les violents de tous les
• partis poussent à la guerre civile, tan-
dis que les vertus bruyantes paradent
sur la place publique, il est des hommes
tenaces et patients qui, pour nous ré-
concilier sans doute avec nous-mêmes,
poursuivent l'œuvre silencieuse de la
bonté. Sur Tordre du jour du Sénat, en-
combré par des proj ets retentissants;
une loi attend avec timidité qu'on veuille
bien lui donner son tour. Cette loi, c'est
la charte admirable de la bienfaisance,
le texte qui doit unir, pour le soulage"
ment en commun des souffrances, les
efforts publics et les efforts privés.
Alors que tant de textes improvisés
reçoivent la consécration hâtive du Par-
lement, ce projet a été longuement pré-
paré et médité par des hommes dont le
nom seul est un éloge : Ferdinand Drey-
fus, Paul Strauss, René Béreriger. Quel
objet se sont-ils proposé,? La loi, qu'ils
nous présentent, et que la Chambre des
députés a déjà adoptée grâce aux efforts
de M. Breton, procure un statut à tous
les établissements de bienfaisance crélis,
sur un point quelconque du territoire
français, par des particuliers ou des as-
sociations, soit laïques, soit religieuses,
en vue d'hospitaliser des mineurs, des
indigents valides, des malades, des in-
firmes ou des vieillards. Elle exige, avant
la fondation, une déclaration à la mai-
rie, indiquant le siège de l'œuvre, ses
moyens d'existence, les conditions d'hy-
giène de son installation ; elle oblige le
directeur de toute -institution recevant
des mineurs à leur faire donner un en-
seignement professionnel et une bonne
éducation primaire. Elle contraint ce
même directeur à prélever sur le pro-
duit du travail des enfants un pécule
individuel. Ce pécule, fixé à 1/10 du
salaire journalier, constituera le bien
propre du pupille lorsqu'il sera rendu
ibre. Tous les établissements, privés ou
publics, sont soumis à la surveillance
de l'administration nationale de l'assis-
tance. Mais voici la contre-partie : l'ar-
ticle i7 du projet institue, au centre de
chaque département, un conseil où l'as-
sistance privée et l'assistance publique
entrent en contact ; dans ce conseil,
composé de dix personnes, cinq mem-
bres sont élus par les établissements de
bienfaisance privée. Et c'est, en somme,
cette assemblée qui juge sur toutes les
difficultés provoquées par lé fonctionne-
ment des œuvres d'assistance.
On a déjà critiqué et on critiquera en-
core ce projet de loi. Au Sénat, dans un
fort éloquent discours, mon honorable
collègue M. de Las Cases a plaidé la
cause de la liberté presque absolue en
matière de bienfaisance. Je n'ignore
pas et je ne désire pas restreindre les
bienfaits de la liberté. Pour toute ré-
ponse, je veux cependant signaler à M.,
de Las Cases ce fait que j'ai connu et
qui justifie à lui seul, mieux, qu'un rai-
sonnement, le recours à la loi. Près d'une
grande ville de France, une femme, soi-
disant charitable, avait installé une ins-
titution d'aveugles. La maisonnée com-
prenait deux jeunes bonnes, cinq aveu-
gles adultes femmes, un aveugle hom-
me, une fillette de treize ans également
aveugle. En l'absence de la directrice (?),
l'établissement se trouvait géré par une
illettrée non payée, ancienne assistée
elle-même, privée de ses papiers d'état
civil par la fondatrice ; quand j'ai pres-
crit une enquête, cette malheureuse igno-
rait jusqua son âge. Tout ce monde,
de santé douteuse, vit de secours en na-
ture fournis par les voisins apitoyés. La
directrice, reconnue comme telle par un
jugement du tribunal civil, se promène
cependant, perçoit les revenus de la fon-
dation, recueiile des souscirptions, .tra-
vaille à relever la situation précaire d'un
amant. Mis au courant de ces faits, que
j'ai voulu réprimer, j'ai cherché long-
temps et en vain un texte légal pour
faire constater cette odieuse irrégularité.
Je n'y suis parvenu qu'après des forma-
lités compliquées, dont un lourd dossier
garde la trace. — Vous voyez bien, mon
cher collègue, qu'une loi, inutile au re-
gard de tant d'honnêtes gens, devient
indispensable pour réprimer ces abus
scandaleux.
On crie contre le pécule obligatoire ;
on a effrayé les institutions privées
d'assistance. On voudrait que ce pécule
fût simplement facultatif. La loi se
montre fort sage. Elle pose cet admi-
rable principe qu'un établissement cha-
ritable ne saurait abandonner un enfant,
une jeune fille dans la rue, sans res-
sources, en proie à tous les dangers de
la vie. Déjà la loi du 16 messidor an VII
en avait ainsi décidé. Ce principe posé,
— il est indiscutable,* - le projet admet
tous les tempéraments nécessaires. La loi
prive de pécule les assistés malades ou
impropres au travail, les chômeurs, les
paresseux, les mauvais sujets. Elle pro-
nonce que « le conseil départemental
d'assistance pourra dispenser partielle-
ment ou complètement de cette obliga-
tion les établissements qui justifieront
que l'exiguïté de leurs ressources les met
dans l'impossibilité matérielle d'y faire
face ». Que veut-on de mieux ? Pécule
facultatif ou pécule obligatoire avec tou-
tes les dispenses légitimes, n'est-ce pas
la même formule, ou à peu près ?
Unissons-nous donc pour consacrer
une grande œuvre, qui devra beaucoup
en particulier à l'activité de M. Ferdi-
nand Dreyfus. Unissons-nous pour rap-
procher la bienfaisance privée et la
bienfaisance publique, lesquelles, jus-
qu'à présent, s'ignoraient touj ours et
parfois se combattaient. Cette nouveauté
vaut bien, de la part de chacun, certains
sacrifices. Unissons-nous pour procla-
mer que le devoir de bienfaisance est
supérieur à tous les autres.
EDOUARD HERRIOT,
Maire de Lyon. sénateur du Mn*,
TERRIBùEP AftIOUE
Le sous-sol s'effondre
Un village est englouti
BRIVE-LA-GAILLARDE (dép. part.). — Une
véritable catastrophe vient de Se produire
au bourg de Noailhac, fort de 900 habi-
tants, dans le canton de Meyssac, commune
distante de Brive de 16 kilomètres.
Aux villages de Lacoux, Peyroutot, Cour-
lat. et Gourai, on s'apercevait, il v a deux
ou trois jours, de certaines petites crevas-
ses qui donnaient de l'inquiétude, sans
toutefois alarmer outre mesure les habi-
tants. Mais, dès samedi dans la nuit et di-
manche matin, les événements avaient pris
des proportions terribles. Dix maisons s'é-
taient abattues avec fracas : celles de la
veuve Berthou, de Lacoux ; de Vergne, de
Courlat ; de. la dame Laborie, de Gourai ;
de Marcelin, du moulin de Gourai ; de Dor-
feuil et Dayre, du Peyroutel. On juge de la
panique des habitants, qui croient à un vé-
ritable mouvement sismique, que les auto-
rités n'osent pas contredire. Il est certain
qu'il ne s'agit pas d'un banal glissement de
terrain. « Si le mouvement continuait, me
dit M. Fernand Valeille, le jeune maire de
Noaiihac, le bourg lui-même serait me-
nacé. » Et la crainte règne, persistante et
angoissante au possible.
Les habitants ont dû faire la chaîne pour
déménager les meubles des constructions
atteintes et ce sont les élèves des écoles qui
sont allés prévenir les habitants des envi-
rons pour porter sécours.Tout le monde est
consterné. Cette petite commune, qui avait
dû faire des frais pour avoir de l'eau po-
table, voit sa canalisation complètement
anéantie. Il faut recourir aux ruisseaux
pour avoir de l'eau malsaine. On voit des
crevasses de 15 mètres de profondeur, des
quantités d'arbres abattus. C'est terrifiant.
Deux cents hectares de terres cultivées
sont, en ce moment, détruits. Les routes
sont effondrées, ruinées sur plus d'un kilo-
mètre ; elles ne peuvent plus être utilisées
et des voies nouvelles devront être cons-
truites. C'est un désastre sans précédent
pour nos pays et les pertes sont énormes.
ON va CONFRONTER PIERRE
avec Mme Cadiou
BREST (dép. part.). — L'instruction de
l'affaire Cadiou, suspendute depuis près de
deux semaines, vient d'être reprise avec
une nouvelle activité. Le parquet de Brest
espère recevoir demain le dossier qu'il
avait adressé en communication à la cham-
bre des mises en accusation de Rennes,
laquelle vient de repousser la demande de
mise en liberté provisoire formée par le
défenseur de l'ingénieur Pierre. Dès qu'il
sera en possession de ce dossier, le juge
d'instruction convoquera Mme Cadiou.
M. Bidart de la Noé a, en effet, appris au-
jourd'hui que l'état de santé de la veuve du
directeur de la Grande-Palue lui permet
maintenant de se rendre à Brest. Dans
quelques jours donc Mme Cadiou sera mise
en présence de celui qui est accusé d'avoir
assassiné son mari.
En attendant cette sensationnelle con-
frontation, le juge entendra les témoins
affirmant avoir rencontré M, Cadiou le
31 décembre et le 1" janvier. Tous, on le
sait, sont. formels; plusieurs ont vu, à la
même heure et en des endroits différents,
l'industriel dont la mort reste toujours
aussi angoissante. jQue restera-t-il de ces
dépositions ? Aucun renseignement inté-
ressant, assurent les magistrats du parquet
de Brest, qui sont toujours convaincus que
c'est le 30 décembre, entre 11 heures et
midi, que M. Cadiou fut assassiné.
UN AEROPLANE TOMBE DE CENT METRES
Un mort. — Un blessé
STRASBOURG (dép. part.). — Ce soir, vers
5 heures, un biplan, monté par le lieute-
nant aviateur Schultz et par le capitaine
observateur Reinhardt, exécutait un vol
au-dessus du polygone de Strasbourg
quand, dans un virage, l'appareil capota et
vint s'écraser sur le sol, d'une hauteur
d'environ 100 mètres. Le capitaine Rei-
nhardt, la poitrine écrasée, expirait en
quelques minutes. Quant au lieutenant pi-
lote, il a eu la cuisse droite écrasée et de-
vra subir l'amputation ; il se plaint en
outre de vives douleurs internes. Son état
est des plus graves.
Les jours se suivent.
Est-elle donc si difficile à raconter, cette
histoire ? Quoi de plus simple ?
Il y avait une fois un financier, à qui
s'intéressait le directeur d'un journal. Cela
se voit tous les jours. On voit même assez
souvent un financier qui s'intéresse à un
journal ; je veux dire qu'il le lit avec in-
térêt.
Or, le directeur de journal est l'ami du
ministre des finances, ce qui n'a rien non
plus d'extraordinaire ; et tous deux sont
très liés avec un grand avocat, qui plaide
justement pour le financier. C'est encore
tout naturel. Si naturel que, cela posé, tout
le reste va s'ensuivre, tout naturellement.
En effet, le financier, que gêne un pro-
cès fastidieux, a besoin d'une remise pour
régler plus commodément ses petites affai-
res. Il demande à son ami, le directeur de
journal, de la demander à son ami le mi-
nistre des finances. Celui-ci, pour obliger.
son ami le directeur de journal, prie son
ami le grand avocat de venir la lui deman-
der ; après quoi, le ministre des finances
s'adresse au président du conseil, qui, cela
va de soi, n'a rien à lui refuser. Le prési-
dent du conseil convoque le procureur gé-
néral, qui, par définition, est l'homme du
ministère. (Ne l'appelle-t-on pas couram-
ment le ministère public ?) Le procureur
général transmet la demande à son ami le
président du tribunal, qui, comme il est
écrit, accorde la remise « par amitié ». Et
voilà toute l'histoire, où, comme vous
voyez, il n'y a pas de quoi fouetter un chat-
fourré.
On pourrait l'intituler : Les amis de nos
amis. Encore le mot est-il un peu gros ;
réservons-le, s'il vous plaît, pour un usage
plus rare, ou plus noble. Camaraderie suf-
firait. Oui, la scène se passe dans cette « ré-
publique des camarades », que vient de
nous peindre si joliment Robert de Jou-
venel. Ainsi s'enchaînent les effets et les
causes, ainsi se lient les événements, et
surtout les hommes.
Reste à savoir dans quelle mesure ces
liaisons sont dangereuses pour un régime.
Le certain, c'est qu'autour de cette simple
histoire, le talent de M. Jaurès va mettre
de très belles phrases.
Mais elles n'y ajouteront rien.
Au contraire.
1 Gustave Téry.
LES VAMPIRES DU PËM-MCMISE
,
On arrête une bande de sinistres cambrioleurs qui avaient
dévalisé soixante-dix-huit caveaux !
CE SONT EUX QUI PROFANÈREiM LA TOMBE DE LANTELME
Depuis quatre mois, presque chaque
jour, au cimetière du Pere-Lachaige, on
constatait que le caveau d'une riche fa-
mille avait été fracturé, et que vases et
reliques précieuses avaient été dérobés.
Les voleurs « travaillaient » là nuit. Par
escalade ils s'introduisaient dans la vaste
nécropole. A l'abri des tombes, contournant
silencieusement les mamelons où s'élèvent
les mausolées, ils allaient, sans possibilité
d'être aperçus par les deux gardiens qui,
le soir venu, munis d'une lantèrne sourde
et escortés par un gros chien policier, font
la ronde à travers les 63 hectares du Père-
Lachaise. 1
Depuis le 15 décembre 1913, soixante-
dix-huit caveaux avaient été violés. Des
vases précieux, des chandeliers d'argent,
des statuettes, les objets funéraires les plus
divers avaient été volés. : ! ,
En fin février, un matin, le curé de Cha-
ronne, en pénétrant dans la chapelle du ci-
metière afln. de dire une messe, s'aperçut
qu'un ciboire.en argent massif avait dis-
paru pendant la nuit. Le tronc des pauvres
gisait à terre, fracturé et vide.
Au mur, des traces d'escalade prouvaient
que le malfaiteur, en s'aidant d'une corde,
s'était hissé jusqu'au vitrail..11 avait dé-
coupé ce vitrail à l'aide d'un diamant et,
par le trou, il était passé à l'intérieur dQ
la chapelle.
Il y a vingt jours à peine, le somptueux
caveau deI la famille Hauboy était visité
par les profanateurs. Comme pour pénétrer
dans la chapelle, ils avaient escaladé le mw
et brisé un vitrail. A la ruèur clignotante
de la petite lampe à huile qui brûle nuit
et jour sur l'autel du caveau, ils avaient
choisi les plus belles pièces qui y étaient
déposées : deux chandeliers précieux et
un vase en argent. Car les voleurs étaient
des connaisseurs ; ils savaient choisir et
n'emportaient jamais les objets de peu
d'intérêt.
L'homme masqué
On apprit alors qu'une nuit un homme
masqué d'un loup noir avait escaladé le
mur du Père-Lachaise au coin de la rue
des Rondonneaux et de l'avenue Gambetta.
A cet endroit, un bec de gaz accolé au mur
facilite l'ascension.
Des inspecteurs de la Sûreté furent pos-
tés pour surveiller le bec de gaz. Une nuit,
ils aperçurent l'individu. L'alarme fut don-
née. Sous la direction de M. Thiessard, le
brigadier chef des gardiens du Père-La-
chaise, avec tous les gardiens levés à la
hâte, on fouilla le cimetière. Mais, à la fa-
veur de l'obscurité très épaisse, le voleur
s'était caché si adroitement à l'abri d'une
tombe, qu'il ne put être découvert.
D'autre part un indicateur, habitué d'un
bar de la rue Morand, rapportait qu'il
avait entendu un homme habillé en maçon
dire à voix basse à un confident ces paro-
les étranges :
-.- — Mon vieux, le travail au « champ des
navets » est très sûr. Lè « truc » Lantel-
me n'a jamais ennuyé aucun de nous. On
cherche encore.
L'individu qui venait de prononcer ces
mots était un sculpteur ornemaniste, nom-
mé Camille Fournier. Appartenait-il à la
bande des profanateurs de tombes qui dé-
valisait le Père-Lachaise ? Etait-ce cette
même bande qui, le 26 juillet 1911, avait
déterré le cadavre de la comédienne Lan-
telme pour s'emparer de ses bijoux ?
Fournier fut filé.
Les caveaux « marqués »
On le vit, un jour, à midi, heure à la-
quelle les gardiens déjeunent, entrer dans
le cimetière et, se donnant l'allure d'un cu-
rieux, examiner minutieusement les tom-
bes. Puis, discrètement, il dessina à la craie
sur certains caveaux un petit losange. Le
lendemain matin, deux caveaux marqués
avaient été fracturés à l'aide d'une pince
monseigneur.
On continua à filer Fournier pour con-
naître ceux qui l'aidaient.
Fournier se rencontra dans un bar de la
place Gambetta avec un forgeron, Louis
Geslin.
Fournier dit à Geslin :
— Il y a le caveau du marquis Casa-
Riera qui serait bon à faire.
- Chauchard vaudrait mieUtir..
— Le caveau Chauchard. pas moyen.
il y a deux mètres de béton à traverser.
— Alors marchons tout de suite pour
Casa-Riera. Il faudra penser aussi à la
palme d'argent qui est déposée dans le ca-
veau Calmette*.
Il fallait se hâter pour avoir toute la
bande, car les coups qu'ils méditaient
étaient sérieux.
Les brigadiers Augène et Bezuchet, l'ins-
pecteur Pagès et son collègue Carré, qui ar-
rêta le bandit Lacombe, hâtèrent leurs re-
cherches.
Le coup de filet
Geslin venait de quitter le garni qu'il ha-
bitait 11, rue Morand, pour se réfugier
avec sa maîtresse dans un hôtel du passage
Alexandrine.
Il fut arrêté là, avec sa maîtresse, samedi
soir, au moment où il allait monter chez lui.
Sous un capuchon il cachait deux vases
provenant de la récente profanation d'un
tombeau. Sa maîtresse, Germaine Servert,
l'accompagnait. Elle portait au cou une pe-
tite croix en argent, volée dans le caveau
de la famille Hauboy.
Quant à Fournier, il fut arrêté dimanche
soir au seuil du « bar Magdeleine », place
Gambetta. Fournier, le matin même avait,
à l'aide d'un crochet passé par une imposte,
pris dans un caveau, deux petits vases d'ar-
gent.
D'autre part Marius Gouster, soldat dé-
serteur de la section aéronautique de
Reims, qui avait été conduit au Cherche-
Midi par l'autorité militaire, était reconnu
comme faisant partie de la bande, grâce à
certaines paroles imprudentes qu'il avait
dites à un détenu.
Les receleurs
Par ailleurs, la* Sûreté enquêtait chez
certains antiquaires et brocanteurs qui
avaient eu affaire à la bande.
Le brocanteur Comte, qui tient, quai de
Montebello, une échoppe où il vend des
parfums orientaux et de vieux objets d'art,
étalait à sa devanture deux 'vases d'argent
et une statuette de Vierge qui semblaient
être le butin du cambriolage d'un tombeau.
Il fut reconnu bientôt que c'était Geslin
qui avait vendu ces objets à l'antiquaire.
Mais, quand les inspecteurs se présentèrent
chez Comte pour saisir vases et statuette,
le brocanteur leur dit :
- Les deux vases, je les ai vendus un
passant. Quant à la Vierge, qui était une
statuette d'un mètre de hauteur, en beau
métal, j'ai compris que c'était un objet volé.
Je l'ai jetée dans la Seine.
Cinq autres brocanteurs, tenant boutique
boulevard Saint-Germain et boulevard du
I. GESLlN; 2. EMILE FouRNiER; 3. la femme
SERVERT (maîtresse de Geslin) ; 4- DOUBLET,
dit « Le Frisé ».
Temple, furent interrogés. Tous, ils avaient
acheté à la bande des objets précieux.
De nouvelles arrestations de receleurs
auront lieu incessamment.
Les profanateurs arrêtés
Camille Fournier semble être le chef de
la bande. Il est né en 1876 à Macon (Saône-
et-Loire). C'est un sculpteur-ornemaniste
de talent. Sa .science guidait ses complices.
C'est lui qui indiquait les sépultures bonnes
à être visitées. Il vivait dans un garni, au
37, rue de la Cour-des-Noues, avec sa com-
pagne, Mme Dedieu. Mme Dedieu ignorait
à quelle triste besogne son ami se livrait
pendant ses longues absences nocturnes.
Dimanche, à midi, quelques heures avant
son arrestation, Fournier, qui venait de
cambrioler une tombe le matin même,
rentra chez lui en vêtements souillés de
plâtras. Et, à son amie, il déclara :
- J'ai bien travaillé, ce matin T
A\i moment de son arrestation, Fournier
portait sur lui un pistolet browning, un
poignard, une pince monseigneur et un
loup en velours.noir.
Louis Geslin habita pendànt dix-huit
mois dans un garni, 16, rue Morand. Il est
né dans le quartier de l'Hôtel-de- Ville; il a
trente-trois ans. Louis Geslin, qui se disait
parfois peintre, tantôt forgeron, vivait
avec sa maîtresse, Germàine Servert.
Germaine Servert est une gentille brune
de vingt ans; elle se dit artiste lyrique. Elle
fut longtemps blanchisseuse. Néanmoins,
de temps en temps, elle chantait dans cer-
tains cabarets de Belleville des refrains à
la mode, à moins qu'elle n'interprétât les
chansons que Louis Geslin lui-même com-
posait, car Louis Geslin était aussi chan-
sonnier.
La profanation de la tombe Lantelme
Cette bande qui, depuis des mois, des an-
nées peut-être, cambriolait les tombes du
Père-Lachaise, paraît être celle qui com-
plota et réalisa la tragique profanation du
cercueil de Lantelme dans la nuit du
23 décembre 1911.
La conversation tenue dans un bar de la
rue Morand par Fournier et rapportée par
un indicateur semble le prouver. Par ail-
leurs, des renseignements recueillis par M.
Guillaume, commissaire à la Sûreté du hui-
tième district, confirment les paroles de
Fourni er.
Fournier et Geslin, interrogés, ont nié,
évidemment. Mais les procédés de Geslin,
Fournier et leurs complices sont sembla-
bles aux procédés qu'employèrent les pro-
fanateurs du cercueil de Lantelme. Ceux-
ci avaient pris soin de garnir leurs mains
de caoutchouc pour accomplir leur maca-
bre travail. Aussi aucune empreinte digi-
tale ne permet d'établir précisément si Ges-
lin et Fournier ont pris part à l'odieuse
violation.
On recherche celui qui, dans le bar de
la rue Mor-and, fut le confident de Fournier.
Les inspecteurs du huitième district fe-
ront d'ailleurs, incessamment, de nouvel-*
les arrestations. Douze individus, à cette
heure, sont compromis dans là bande des
pilleurs de tombes.
M. BOURGET TÉMOIGNE
L'ami de M. Calmette est
, convaincu que celui-ci vou-
lait rassurer M'ue Caillaux
La journée d'hier n'a présenté qu'un in-
térêt médiocre. Quatre témoins ont été en-
tendus par le magistrat instructeur : deux
d'entre eux, garçons de bureau du Figaro,
se sont bornés à confirmer les dépositions
précédentes de leurs collègues. Le troisième
témoin était une amie de Mme Cailiaux qui
a répété, sur le trouble et les inquiétudes
que provoquait en elle la campagne de M.
Calmette, des détails déjà acquis à l'instruc-
tion. Enfin, M. Paul Bourget, qui a déposé
en dernier lieu, n'a pu que préciser devant
le juge des points déjà exposés par lui sur
ce qu'il vit du drame qui se passa presque
sous ses yeux.
Aujourd'hui M. Boucard s'occupera des
affaires courantes de son cabinet.
Les huissiers du Figaro, MM. Roulleau et
Pottier, se trouvaient dans l'antichambre
lorsque Mme Caillaux fut reçue par leur
collègue, M. Nicet. Ils l'ont vue remettre
sa carte sous enveloppe fermée. Ils affir-
ment de la façon la plus positive qu'ils
ignoraient la qualité de la visiteuse et qu'à
aucun moment le nom de Mme Caillaux ne
fut prononcé devant eux. C'est elle-même
qui, après le drame, fit connaître son iden-
tité. On voit que sur ce point l'unanimité
des témoignages contredit les déclarations
de l'inculpée.
Mme Guillemard dépose ensuite. Amie de
Mme Caillaux, elle reçut la confidence de ses
inquiétudes quand la femme du ministre
redoutait chaque jour de voir ses lettres.
publiées par le Figaro. Elle se rappelle qu'à
ce moment Mme Caillaux éprouvait de pel-
les angoisses qu'elle en perdait le sommeil.
Elle avait fait part de ce fait à son frère, M.
Buchet, qui en témoigna, la semaine passée,
devant le juge. Mme Guillemard confirme
pleinement la déposition de son frèrei
La déposihon de M. Bourget
M. Bourget, entendu le dernier par le
juge d'instruction, a raconté ce qu'il avait
déjà dit le lendemain de l'assassinat : sa vi-
site, le lundi 16, à six heures, chez M. Cal-
mette, auquel il allait soumettre la requête
d'un des collaborateurs du Figaro, qui est
de ses amis ; la réponse obligeante de M.
Calmette, et comment, sortis ensemble du
cabinet directorial, ils se trouvèrent sur le
palier au moment où un huissier remit à
M. Calmette une énveloppe fermée, bordée
de deuil.
— Quand Calmette l'eut ouverte, a dit M.
Bourget, je fus étonné de l'expression de
son visage. lIme dit : « C'est une visite. »
Comme nous devions partir ensemble, je
lui répliquai : « Je suis pressé,, venez donc.»
M. PAUL BOURGET
Il fit un pas vers l'escalier, puis s'arrêta
en disant : « C'est impossible. » De plus en
plus étonné de son attitude, je lui demandai:
« Mais qui est-ce donc ? » Et alors il tira à
demi la carte- contenue dans l'enveloppe,
me la montra, et la renferma aussitôt. Cette
carte était celle de Mme Caillaux. Je dis à
Calmette : « Vous n'allez pas la recevoir ;
que peut-elle avoir à vous dire ? » Il me ré-
pondit: « Je ne peux pas ne pas recevoir une
femme » ; et il lit sign-e à l'huissier et lui
dit de faire entrer, toujours sans pronon-
cer de nom. On sait le reste. A peine Mme
Caillaux avait-elle franchi le seuil du ca-
binet que les coups de revolver éclatèrent.
Interrogé par M. Boucard sur les motifs
qui, d'après lui, avaient décidé M. Cal-
mette à recevoir Mme Caillaux, M. Bour-
get a répondu "qu'il ne pouvait faire qu'une
hypothèse, à savoir que le caractère de ga-
lant homme de M. Calmette a dû le pousser
à vouloir affirmer à Mme Cailiaux que son
nom ne serait jamais mêlé à une campagne
qu'il entendait maintenir exclusivement sur
le terrain politique.
En 6« page : LE MAliAZINEduJOURNAL
ÉCHOS
u
n perce-oreille arrête un train..
L'aiguilleur de la gare de Heston-
Honslow, sur le chemin de fer de ceinture
de Londres, constatait l'autre jour avec stu-
peur, vers midi, que le signal de la voie se
maintenait obstinément à l'indication « dan-
ger », alors que, d'après les manœuvres
d'aiguillage, la voie devait être libre. Ce fut,
après la stupeur, un vif émoi. Pendant huit
minutes, la circulation des trains fut inter-
rompue.
Un perce-oreille aux instincts d'explora-
teur s'était logé de telle façon dans la cham-
bre des signaux qu'il empêchait tout contact
électrique. La bestiole avait survécu au cou-
rant de manœuvre. L'histoire ne dit pas
si l'aiguilleur qui la surprit la laissa intacte.
L
a Seine monte et l'on n'a rien préparé
contre cette crue. Cela fait songer à
une élégante qui attendrait que ses bijoux
soient cambriolés pour aller chez Técla, 10
rue de là Paix, acheter ses incomparables re-
productions de perles et de pierres de cou-
leur permettant de mettre ses joyaux à l'abri.
A
ujourd'hui, à 5 et à 10 heures, au Pa-
lais persan de Magic-City, le bal des
« Vingt », rendez-vous de la haute fashion.
Magic-Cinéma-Palace, à 2 h. 30 et 8 h. 30,
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0
ù passer la soirée joyeusement? Par-
bleu ! au Nouveau-Cirque, qui donne
tous les soirs Mam'selle Caprice, le plus gros
succès de la saison, merveilleusement inter-
prété par Milo de Meyer, Germaine Monti-
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L
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caisse six bouteilles: 25 fr. Année 1900, bon-
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L
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L
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maine, le livre a atteint sa 668 édition. —
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A
u Concours hippique.
Très remarqué dimanche, dans la tri-
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lées avec chic. Nous avons pu connaître la
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celle de Joseph Paquin, 10, rue de Casti-
glione, qui présente actuellement sa deuxième
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BLAMES, ET REGRETS
i
C'est la conclusion vers laquelle
s'achemine la Commission
d'enquête
Les commissaires restent impénétra-
blés : un posant secret scelle leurs lè-
vres. Que peut-il y avoir dans ce fa-
meux papier ? On sait seulement qu"il
n'-est pas tendre pour MM. Monis et
Cailiaux, et qu'entre dix autres l'ad-
jectif « déplorable» a été choisi pouc
qualifier leur attitude.
Personne, hier, n'a donné de démis-
sion. Quelques commissaires récla-
maient une plainte au conseil de l'ordre
contre M* Maurice Bernard ; et M. Bar-
rès, qui depuis d-eux jours pâlit sur le
code pénal, invoquait contre les deux
ministres en cause l'article 179, qui pu-
nit la corruption de fonctionnaires.
Aujourd'hui M. Jaurès aura terminé soa
exposé. Ce morceau de littérature sera
soumis, en quelques exemplaires, aux
membres de la commission. Comme on
redoute les fuites, chacun d'eux en
prendra connaissance sous la surveil-
lance de M. Barbier, le vigilant secré-
taire attaché à l'enquête. Il faudra pé-,
nétrer dans le sixième bureau en si-
lence, sur la pointe des pieds, avec des
signes cabalistiques. A la sortie, on
fouillera les commissaires : Rochette a
déjà pris tant de choses que M. Jaurès
redoute de se voir enlever quelques-uns
de ses adjectifs ou de ses substantifs.
Aujourd'hui dernière délibération
La commission d'enquête sur Taffairé
Rochette a terminé, hier soir, l'examen de
F exposé pèéparé, par M. Jaurès.
Dans la séance du matin, après que plu-
sieurs membres eurent protesté « contre
l'esprit tendancieux que prête à la com-
mission la lettre de démission de M. G.
Berry », la commission a statué sur le
paragraphe qui définit l'action de Rochette
et sur celui qui précise le rôle de M. Ed-
mond du Mesnil, directeur du RappeL
Dans l'après-midi, elle a approuvé les
paragraphes relatifs au rôle de la magis-
trature et des gouvernements successifs
dans l'affaire.
Les conclusions de M. Jaurès ont été
adoptées, sous réserve de la mise au point
de quelques paragraphes et d'une revision
d'ensemble à laquelle il sera procédé dans
la séance de cet après-midi.
D'après les indications qui nous ont été
données, la commission conclurait, en ré-
sumé, à un blâme contre MM. Caillaux et
Monis pour leur intervention en faveur de
Rochette, et contre M. Barthou, qui aurait
dû laisser le rapport Fabre à la chancelle-
rie. En ce qui concerne le rôle des magis-,
trats, elle exprimerait le regret què,le pro-
cureur général et le président de la cham-
bre des appels correctionnels aient obéi à
une injonction qui ne venait pas de leur
chef hiérarchique.
Quant à M. Briand, la commission décla-
rerait qu'il aurait dû la saisir du rapport
Fabre lorsqu'elle procédait à sa premier
enquête sur l'affaire Roebette,
Le livre de Rochette
Le procureur général a fait tenir, hier
après-midi, à la commission drenquêt%
l'épreuve du livre de Rochette saisie à
l'imprimerie Chaix par la justice.
ha Chambre discute
l'Impôt. sur le Revenu
Elle décide de l'incorporer
à la Joi de finances
MM. Dubois et Klotz qui s'y opposaient
ont retiré leurs motions, quand.
M. Gaston Doumergue eut posé
la question de confiance.,
Le gouvernement a eù à subir hier deux
assauts, l'un à propos de l'emprunt chi-
nois, l'autre à propos de l'incorporation du
projet d'impôt sur le revenu dans la loi de
finances. t
Sur ces deux questions, la Chambre lui a
donné raison, après avoir entendu et ap-
plaudi les explications, de M. Gaston Dou-
mergue, président du conseil.
Elle a clos le débat sur l'emprunt chi-
nois par !e vote de l'ordre du jour pur et
simple que réclamait le président du con-
seil, et qui a été adopté par 340 voix contre
206.
En ce qui concerne l'impôt sur le revenu,
il n'y a même pas eu de vote. M. Louis Du-
bois demandait le renvoi du projet à la.
commission, c'est-à-dire l'ajournement in-
défini ; M. Klotz demandait qu'on termine
d'abord la loi de finances et qu'on. discuta
ensuite à part le projet d'impôt sur le re-
venu, sans l'incorporer dans la loi de
finances.
M. Gaston Doumergue, président du con-
seil, au contraire, a formellement réclamé
l'incorporation et a posé à ce sujet la ques-
tion de confiance, après avoir rappelé d'ail-
leurs que cette incorporation avait été pro-
mise, au moment du vote de la loi mili-
taire, par le précédent gouvernement, alors
que M. Klotz était ministre des finances.
Mais la Chambre n'a pas eu à émettre de
vote, car, après le discours du président du
conseil, que la majorité républicaine a ac-
cueilli par des applaudissements répétés,
MM. Louis Dubois et Klotz ont retiré leur
motion, et l'on s'est mis de suite à discuter
le projet d'impôt sur le revenu.
L'emprunt chinois
C'est à la demande du président du con-
seil que la discussion immédiate de l'inter-
pellation de M. Lefebvre du Prey sur l'em-
prunt chinois a été ordonnée, après que
M. Deschanel eut prononcé l'éloge funèbre de
M. Ohabert, député de la Drôme, et que la
Chambre eut voté pour le Maroc un cahier
de crédits supplémentaires s'élevant à 217
millions 682,716 francs.
M. Lefebvre du Prey voulait connaître les
conditions dans lesquelles est préparée pour
le 7 avril l'émission de cet emprunt. Il s'est
plaint notamment qu'on ait fait figurer dans
les prospectus une lettre officielle du mi-
nistre des affaires <étrangères au directeur
de la banque émetteuse, et que le gouver-
nement ait paru ainsi avaliser les garanties
promises.
M. Gaston Doumergue, ministre des af-
faires étrangères, a rappelé les conditions
dans lesquelles un consortium internatio-
nal de banques avait pris l'initiative d'é-
mettre les emprunts que le gouvernement
chinois avait résolu de faire pour reconsti-
tuer et réorganiser l'administration chi-
noise.
Il a expliqué que la lettre officielle incri-
minée était une simple lettre par laquelle
le ministre des affaires étrangères notifiait
diverses stipulations qui lui avaient été
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