Titre : L'Homme libre : journal quotidien du matin / rédacteur en chef, Georges Clemenceau ; directeur, Fr. Albert
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-04-04
Contributeur : Clemenceau, Georges (1841-1929). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 avril 1925 04 avril 1925
Description : 1925/04/04 (A13,N3176)-1925/04/05 (A13,N3177). 1925/04/04 (A13,N3176)-1925/04/05 (A13,N3177).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-230
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/02/2014
* 4
GRAND JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN
Rédacteur en Chef: EUGÈNE LAUTIER
A. BERNIER
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fTreizième année. — N°3176-7!
Rédaction et Administration
13, rue Marivaux, PARIS
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Gui. 54-07. - Gut. 54-08
Après 20heures: CENIRAL 43-71
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J SAMEDI-DIMANCHE 1
4-5
AVRIL 1925
J ■
20 centimes le numéro
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Trois Mais Six Mois On la
Seine et S.-et-O.. îofr. 18 fr. 34fr.
Départements;. 12 22 40
Etranger. 24 42 80
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la démission de M. flémentel
et la situalior politique
Quelques gens soupçonneux, ont ac-
cusé M. Clémentel d'avoir prémédité sa
démission. Ces esprits alambiqués n'ont
point admis que la crise ministérielle
« lût née tout simplement d'une diver-.
gence de vues entre le Président du Con-
seil et le ministre des finances et, plus
encore, peut-être, de conceptions oppo-
sées touchant la tactique à suivre.
Toutes ces constructions fantaisistes re-
lèvent du théâtre : Ambigu ou Grand-
Guignol. Il faut voir un peu plus saine-
ment.
Voilà des semaines que l'on rebat les
oreilles de M. Glémentel avec le mot
d'innation, se rapportant — bien en-
tendu - à une inflation qui n'en est pas
une en réalité, mais qui est bénigne, di-
gestive et lénitive.
Une inflation portative, je n'ose dire :
une inflation de poche, car une poche
se gonfle même lorsqu'on n'y introduit
que du vent. Une inflation de tout re-
pos. L'amusement des enfants et la tran-
quillité des parents.
M. Ciémentel a cru de très bonne foi
qu'il pouvait apporter à ¡la tribune du
Sénat la déclaration incriminée. Sur
l'invitation du Président du Conseil, il
a prononcé ensuite un second discour
Jl semble qu'il ait oublié de dire les
paroles auxquelles le Président du Con-
seil tenait le plus : à savoir qu'une aug-
mentation modérée de la circulation à
ftitre de marge d'émission réclamée par
le commerce, serait compensée par des
mesures législatives qui assureraient
d'une façon honhête, loyale et sans arti-
fice raffiné, une trésorerie assainie.
M. Edouard Herriot était monté à. la
tribune du Sénat avant-hier pour com-
pléter nes déclarations nouvelles de M.
iClémentel. Le ministre des finances a
considéré, à tort selon moi, que les pa-
roles du Président du Conseil pouvaient
paraître une sorte de blâme à son en-
droit. Il a considéré dès lors qu'il man-
querait d'autorité pour défendre le bud-
get qu'il a préparé. D'où sa démission.1
Et l'affaire est bien £ impie. Et voilà bien
, ., [du bruit.
A la réunion des ministres et des dé-
dègtiés des groupes qui a eu lieu jeudtî
soir, M. GÏémentel n'est pas venu.
Comme il fallait trouver au plus vite
un ministre des finances, M. le Prési-
dent du Conseil a offert le portefeuille
h M. Loucheur, qui se trouvait là, en sa
qualité de représentant,du groupe de la
gauche radicale.
M. Loucheur a vivement remercié le
Président du Conseil de cette offre ;
mais il a fait observer que le texte des
proj ets de ilois annoncés par le gouver-
nement pour assainir la trésorerie n'é-
tait pas encore préparé, et que de ces
textes précisément dépendait l'attitude
que ie groupe de la gauche radicale
prendrait à l'égard des projets gouver-
nementaux. Dans ces conditions, il pré-
férait décliner l'offre en remerciant de
,Iou-t coeur M. Edouard Herriot.
Rien de plus naturell que le'refus de
M. Loucheur, qui ne pouvait pas s'enga-
ger d'avance sur un texte encore in-
connu. S^' les résolutions'du conseil des
ministres ayant été prises, M. Loucheur
lie les trouvait point d'accord avec ses
üdées, qu'arriverait-il ? Fallait-il expo-
ser le Président du Conseil à un second
iualenteàdu avec son ministre des fi-
nances ? M. Edouard Herriot et M. Lou-
icheur sont jusqu'à présent dans un étal
de collaboration consciente et suivie.
Pourquoi rompre cette amitié qui a sur-
vécu à. tant de difficultés théoriques ?
Tel fut le ton de 4a conversation entre
M. le Président du Conseil et M. Lou-
cLeur. Cet accent de courtoisie et de
franchise les honore l'un et l'autre.
C'est alors que M. Edouard Herriot
proposa le nom de M. de Monzie, qui
fut accueilli par les approbations les
plus flatteuses"
Tout le monde proclame que M. de
Monzie est un des hommes les plus bril-
lants du- Parlement français., C'est un
orateur d'i-vi brio incomparable. Il parle
,et écrit un excellent français qui vise
peut-être parfois aux constructions ori-
ginales. Il suffit que, dans cette recher-
che, M. de Monzie soit presque toujours
heureux. Il a de la culture, une intel-
ligence de tout premier ordre, une
grande rapidité de compréhension. Sa
finesse est proverbiale. Il a beaucoup
étudié les questions financières et il était
donc très préparé à ses nouvelles fonc-
ions. <
Quoi qu'il puisse advenir, je salue avec
plaisir l'entrée de M. de Monzie au
conseil des ministres. Il ne peut y ap-
porter que de la vie et le goût du nou-
veau, équilibré par une forte culture.
Je lui souhaite,, bonne chance de tout
coeur.
La compétence évidente du nouveau
ministre des finances, son rare esprit de
conciliation, qui est inspiré par une lec-
ture et une méditation assidues, toutes
ces qualités et toutes ces habitudes, je
ne suis pas certain qu'elles déterminent
l'opposition à lui faire crédit. Je mon-
Irais hier que l'opposition vit dans une
sorte d'état de fureur qui a pour objet
de dissocier les éléments du Cartel et
n'aboutit qu'à les cimenter.
Le nouveau ministre des finances va
se trouver en présence d'une situation
non seulement délicate au point de vue
technique, mais, si j'ose dire, fprte-
ment handicapée par les luttes intesti-
nes et les partis pris.
M. de Monzie a assez de cran pour
affronter des difficulté5 qu'il connaît
autant que personne. On disait déjà
partout que nous n'avions pas, dans la
majorité, de bons ministres des finan-
ces. En voici un qui l'est ou 'le devien-
dra à coup sûr. -
Le Gouvernement et les groupes de
gauche qui composent le Cartel ont dé-
cidé de mettre au premier rang de leurs
préoccupations la question financière et
de considérer tout le reste comme se-
condaire. Il faut les approuver. Quant à
l'opposition multicolore, elle déclarerait
volontiers : « Périssent les intérêts su-
périeurs de la France à ranimer, plutôt
que de voir la France gouvernée et
même soulagée par le patriotisme d'un
cabinet Edouard Herriot 1 »
La gauche a horreur de cette forme
de pensée. Et c'est elle, néanmoins, que
l'on accuse d'un sectarisme exclusif.
Elle a raison de se défendre contre cette
affreuse calomnie, et de seconder la ten-
tative .patriotique où le Président du.
Conseil et M. de Monzie vont unir le
souci des grands principes républPj
cains et le sens aigu des réalités.
EUGÈNE LAUTIER
UN PROJET DE LOI
contre les chauffards
11 était temps qu'on songeât à prendre
des mesures efficaces contre les chauf-
fards I Leur audace, et le nonibre de
leurs tristes exploits 'grandissaient de jour
en jour.
Un coup de frein va-t-il être donné
On pourrait le croire.
M. Justin Godart, ministre du travail
et de la prévoyance sociale, vient, en
effet, de déposer un projet de loi reposant
sur deux idées essentielles : l'une de pré-
vention, l'autre de réparation. Ce sont :
1° L'obligation imposée au propriétaire
de l'automobile de rester son propre as-
sureur pour une partie du dommage qu'il
sera tenu de réparer; cette part de res-
ponsabilité, fixée à 10 du montant du
dommage, ne pourra en aucune façon
être couverte par une assurance; ',
2° L'institution d'un fond s'de garantie
destiné à éviter que la Victime rie subisse
un préjudice* du fait de l'insolvabilité ou
même* du mauvais vouloir de l'auteur du
dommage.
Ce fonds de garantie est organisé de la
même façon que celui des accidents du
travail, prévu par la loi du 9 avril 1898.
Il doit être alimenté par une contribution
de tous ceux qui sont susceptibles de fairet
naître le risque, c'est-à-dire des proprié-1
taires d'automobiles.
Ainsi, tout chauffeur imprudent ne
pourra plus, désormais, se reposer uni-
quement sur son assurance du soin de dé-
dommager la victime. Il faudra qu'il
mette lui-même la main à la poche.
Et qui sait si cette seule mesure ne sera
pas suffisante à lui mettre un peu de
plomb dans la tête ?
Pierre DELAFUYE.
NOTE duJOUR
CECI TUERA CELA
La corporation' des médecins est gran-
dement - menacée dans ses intérêts les
plus. vitaux. Entendez qu'il s'agit de la vie
matérielle du docteur et non de la vie du
patient. Car la vie du patient, elle, est me-
nacée, plus ou moins grandement, mais
constamment par le danger du médecin.
Tandis que la matéri'elle de nos inortico-
les se trouve une fois par - hasard, mais
très sérieusement mise en péril par. le
progrès même de la science, et sil l'on
veut, de la science médicale.
Un brave major avait déjà, voici! quel-
ques mois, expérimenté la T.S.F. comme
moyen de consultation, de diagnostic, de
pronostic et d'ordonnance, à bord d'un pa-
quebot d'où, par sans-fil, il soignait un
malade à bord d'un autre paquebot privé
de son toubib.
Ce n'était qu'un amusant fait divers. On
vient tout naturellement d'en- tirer une
révolution. Un praticien français, le doc-
teur Lutenbacher, de l'hôpital de Versail-
les, transmettra dimanche, de la Tour Eif-
fel, par sans-fil, les bruilts des cœurs nor-
maux et des cœurs malades. L'écouteur
sera intéressé. Mais S'ill exerce rart d'iEs-
culape, il devra trembler.
Il devra trembler parce que, pour peu
que la méthode se vulgarise, c'est la dis-
parition à brève échéance de la plupart
des consultants. Quel besoin d'un méde-
cin de quartier le jour où le maître .n'aura
pas besoin de se déranger pour ausculter
à distance dix fois plus de malades qu'il
n'en pourrait recevoir'dans son cabinet ?
Et n'est-ce pas'l'application intégrale à la
médecine de la fameuse loi économique
des concentrations ? Le grand magasin
tuera le boutiquier — comme le grand
professeur, avec la T.S.F. tuera l'officier-
de santé. •
Et celui-ci ne peut être sauvé que par
la « friture ».
Jacques BARTY.
L'Heure dTÉIté
Ce soir à 23 heures,
avancez d'une heure
vos montres et vos
pendules
Nous rappelons à nos lecteurs qu'en
raison du repos hebdomadaire, le pro-
chain numéro de l'Homme Libre portera
$3 date de lundi. i
w
M. de Monzie succède
Iqt ~f ~t~"
a M. Cléînentel -.
comme ministre des finances
Hier, brève crise de cabinet, sitôt ou-
verte, presque immédiatement close, à la
satisfaction générale.
On se souvient qu'au cours de son in-
tervention à la tribune du Sénat, au cours
de la discussion du budget, M. Clémentel,
ministre des finances, obligé de répondre
à de nombreuses interruptions, avait en-
trepris d'exposer les moyens auxquels att-
rait recours le gouvernement pour donner
un peu de souplesse à notre trésorerie,
gênée par la thésaurisation des billets de
banque. Ce faisant, le ministre anticipait
sur les déclarations que le gouvernement
se réservait de faire après s'être mis d'ac-
cord en séance du conseil des ministres
et après entente avec les leaders des grou-
pes, composant le cartel des gauches.
Les déclarations de M. Clémentel provo-
quèrentún certain étonnement, d'autant
plus que le président du conseil était ab-
sent. M. Herriot, mandé en hâte, eut une
courte mais orageuse explication avec son
ministre des finances qui, à ce moment,
parla de démission. Cette démission ne
devait être officiellement connue que dans
la nuit de jeudi.
Une Conférence
et un Conseil de Cabinet
Ainsi qu'il avait été prévu, une confé-
rence ayant pour but l'examen des ques-
tions budgétaires et financières soumises
actuellement au Parlement eut ensuite
lieu, à partir de vingt et une heures
trente, au Quai d'Orsay, sous la prési-
dence de M. Edouard Herriot. A cette dé-
libération prirent part, comme nous l'a-
vons indiqué hier, un certain nombre de
membres des groupes de la majorité. Aus-
sitôt après, un conseil de cabinet, égale-
ment présidé par M. Herriot, commençait.
M. Painlevé était présent. Il était minuit
et demi. M. Herriot lut à ses collègues la
lettre de démission de M. Clémentel, qui
lui avait été remise quelques instants au-
paravant. On discuta alors du choix de la
personnalité à. laquelle on allait demander
d'accepter le portefeuille des finances. Le
conseil décida de pressentir M. de Monzie.
Aussitôt mandé au Quai d'Orsay, le sé-
nateur du Lot, introduit par une porte
soigneusement dérobée, eut un long
échange de vues avec le président du con-
seil et les ministres et sous-secrétaires
d'Etat. Après un minutieux examen des
problèmes financier et budgétaire, M. de
Monzie accepta la mission qu'on voulait
lui confier.
Pendant cet entretien, un incident —
une panne survenue dans le secteur élec-
trique du quartier — priva pendant une
demi-heure le ministère des affaires étran-
gères de toute lumière, sauf celle des lam-
pes à pétrole et des bougies que les huis-
siers s'étaient hâtés de sortir des placards.
Enfin, à quatre heures quinze, M. Victor
Peytral, ministre des travaux publics,
sortit du cabinet de M. Herriot et confir-
mait officiellement la démission de M. Clé-
mentel. Un quart d'heure après, M. Is-
rael, secrétaire général de la présidence
du conseil, annonçait que M. de Monzie
était nommé ministre des finances. C'est à
quatre heures cinquante que les derniers
membres du gouvernement se retirèrent.
M. Camille Chautemps, ministre de l'in-
térieur, s'est rendu à l'Elysée hier matin,
à neuf heures, pour soumettre à la signa-
ture du président de la République, de la
part du président du conseil, le décret
concernant la nomination de M. de Mon-
zie comme ministre des finances. L'Officiel,
enregistre le décret ce matin.
La carrière de M. de Monzie
M. Anatole de Monzie est né le 22 no-
vembre 1876 à Bazas (Gironde). Avocat à
la cour d'appel, il fut chef de cabinet de
ministres : instruction publique, puis
garde des sceaux; conseiller général du Lot
depuis 1904, maire de Cahors depuis 1919,
président du conseil général du Lot depuis
1919 ; député de 1909 à 1919 ; sénateur de-
puis 1920, 11 fut sous-secrétaire d'Etat de
la marine marchande dans les cabinets
Barthou (1913), Ribot (1917), Painlevé
(1917). Membre de la commission des finan.
ces, il s'intéresse surtout ,aux questions
financières et de politique étrangère : on
n'a pas oublié notamment le rôle qu'il a
joué en ces derniers temps touchant deux
questions importantes : les relations avec
les Soviets et les relations avec le Vatican.
LES PROJETS DO GOUVERNEMENT
Au cours du Conseil des ministres d'hier matin
ont été examinés les principes sur lesquels sera établi
- le projet d'dsainissement de la situation financière
Les ministres et sous-secrétaires
d'Etat se sont réunis en conseil, hier ma-
tin, à l'Elysée, sous la présidence de M.
Gaston Doumergue.
M. Edouard Herriot, président du con-
seil, a présenté au président de la Répu-
blique M. de Monzie, ministre des fi-
nances.
Lè conseil a examiné les principes sur
lesquels sera établi le projet d'ensemble
'relatif à l'assainissement financier qui
doit être soumis aux Chambres au début
de la semain; prochaine.
{Des informations nous permettent de
fournir quelques détails sur lepl'ojt du
gouvernement. On assure qu'il aurait dé-
cildé, en conseil des mini'stres, de renon-
cer à tout projet d'inflation, directe ou in-
directe. On demanderait les ressources né-
cessaires pour alimenter la Trésorerile et
remédier aux difficultés monétaires, à un
prélèvement de 10 sur le capital, paya-
ble en dix années avec possibilité de rè-
glement anticipé. Un projet de loil en ce
sens serait déposé dans quelques jours.
Primitivement — avant le départ de M.
Clémentel- il avait été r uestion pour pro-
curer de' nouvelles ressources à la tréso-
rerie d'augmenter pendant un an de 50
l'impôt global sur le revenu et de doubler
les impôts cédulaires a l'exception de ce-
lui sur les salaires.
En ce qui concerne l'ambassade du Va-
tican, un chargé d'affaires serait maintenu
auprès du Pape, qui occuperait particu-
lièrement des questions relatives à l'Al-
sace et à la Lorraine, mais aussi, le cas
échéant, de questions pouvant intéresser
l'ensemble du pays.] V
Réunion au Quai d'Orsay
En quittant l'Elysée, M. Herri'ot est ren-
tré au Quai d'Orsay.
Il y a reçu les représentants des quatre
groupes de la Chambre qui constituent le
cartel des gauches : MM. Loucheur et Paul
Morel pour la gauche radicale, MM. Dalil-
mier et Malvy pour les radicaux socialis-
tes, M. Viollette pour les républicains so-
cialistes, MM. Léon Blum et Vincent Au-
riol pour les socialistes. La. tactique qui
devait, être suivie, dans l'après-midi, à la
Chambre, fut décidée à cette réunion.
Déclarations de M. de Monzie
Les journalistes ont pu joindre M. de
Monzie pendant un court répit que lui
laissa, hier matin, la transmission des pou-
voirs du mîhistère des finances :
« Ma nomination, nous a-t-il dit. n'a
et ne peut avoir qu'un sens, Uien ne m'a
qualifié, si ce n'est, sans doute, ce que. par
le fait des circonstances, je représente ou
symbolise : la réconciliation française.
« La seule condition que j'aie posée à
mon entrée dans le cabinet, c'est, d'être
mis en étal de rester au (/onvernement ce
que j'étais hors du. gouvernement : un élé-
ment de transaction nationale. »
D'autre part, M. de Monzie a fait a
l'Agence économique et financière, la dé-
claration suivante :
« J'ai accepté, ce matin, au petit jour,
de remplacer mon ami Clémentel. Le dé-
libéré de quelques heures qui a précédé
mon acceptation, m'a permis d'abord de
recevoir tous apaisements sur la question
de notre représentation, officielle au Vati-
can — je veux dire les apaisements que
j'avais précédemment sollicités du chef du
gouvernement devant la commission séna-
toriale des, finances. Je vous prie cm- le.
noter, non point seulement pour assurer
ceux qui me connaissent, que j'entre 'au
ministère avec toutes mes idées, mais pour
indiquer ce que j'ai d'aille tir s souligné,
cette nuit, devant mes nouveaux collègues:
que ma contribution à l'effort du gouver-
nement consistera, sans doute, dans un
certain libéralisme de caractère dont on
m'a fait grief 5??/, mérite. Vous voudrez
bien me faire crédit jusqu'à lundi pour les
projets que je dois déposer devant les
Chambres. Le problème de finance est de
franchise .et de courage. Je tâcherai d'être
sans détours et sans frayeur. ».
Les réunions de groupe
Les rad icaux-socialistès
Depuis la démission de M. Ciémentel,
l'animation a été très grande dans les cou-
loirs du Palais-Bourbon. Tous les groupes
du Cartel se sont réunis pour entendre le
compte rendu des entrevues que leurs re-
présentants avaient eus avec le président
du conseil dans la soirée d'avant-hier et
dans la journée d'hier.
Les radicaux-socialistes étaient convo-
qués hier, pour quatre heures. Ils se sont
donc réunis après le renvoi de l'interpel-
lation palimi er. Les membres du groupe
étaient en très grand nombre lorsque la
séance a commencé.
Le président. M. Cazals, a prononcé une
allocution mettant en garde ses collègues
et amis'" contre les assauts que l'on livre
et les pièges que l'on tend aux vainqueurs
du 11 mai.
Après ces paroles applaudies, le groupe
allait délibérer sur la situation lorsque M.
Eugène Lautier, prenant la parole, a fait
remarquer que l'on se priverait de l'élé-
ment essentiel à tout examen sérieux de la
situation en ne priant pas le président du
conseil, qui se trouvait encore au Palais-
Bourbon, de venir causer des incidents
d'hier et d'aujourd'hui avec les membres
du groupe politique où il est inscrit et qu'il
présidait hier encore.
Après un échange de vues, cette propo-
sition, appuyée par MM. Arcliimbault,
Hulin. Yvon Delbos. Guichard, etc., a éié
adoptée u, l'unanimité. Le groupe a prié
MM. Eugène Lautier et Lévy-Alphandéry
d'aller porter au président du conseil son
invitation.
M. Edouard Herriot s'est rendu immé-
diatement à cet appel amical et, sur un
ton familier, mais avec une grande fer-
meté d'accent, il a exposé à ses collègues
les incidents qui ont précédé la démission
de M. Clémentel.
Quand M. Edouard Herriot s'est tu,
MM. François, Morel, Georges Bonnet, La-
moureux, Jean Montigny, Klotz. Nogaro,
Pierre Deyris, etc., ont soumis au groupe
leurs remarques et même des suggestions.
Le président du conseil, qui avait été
très applaudi pendant son discours, s'est
retiré ensuite, salué par les vifs applau-
dissements du groupe tout entier.
•
La gauche radicale
Le groupe de la gauche radicale (grôupe
L, oucheur), de son côté, a procédé à un
échange de vues sur les projets du gouver-
nement. qui lui ont été exposés par son
président, M. Paul Morel, et par M. Lou-
cheyr. Celui-ci a exposé les rai'sons qui lui
ont fait décliner la succession de M. Cié-
mentel.
*
(Voir, la suite, en troisième page)
QUELQUES CHIFFRES
LES RICHESSES
de nos colonies
A plusieurs reprises, j'ai déjà eu l'occa-
sion de montrer l'importance très ressour-
ces que renferme notre domaine coloniaj.
A vrai dire, nous commençons à nous y.
intéresser, et d'excellents efforts ont déjà
été faits, qui mériteraient d'être poursui-
vis et activés.
Les statistiques officielles publiées par
l'administration des douanes, nous ap-
prennent que sur les 252 produits figurant
dans le mouvement général extérieur des
affaires de nos colonies, ne se trouvent
pas moins de 32 produits d'origine miné-
rale, c'est-à-dire que nous avons là-bas, à
portée de la main, tout ce dont nous pou-
vons avoir besoin.,
Le charbon est largement représenté
par les anthracites du Tonkin: ceux de
Dongtrieu et de Hongay, dans la baie d'A-
Jong. Le gisement de Hongay, tout parti-
culièrement, qui est à ciel ouvert et pres-
que sur le bord de la mer, ne fournit pas
moins annuellement de 700.000 tonnes à
la grande ville chinoise de Hong-Kong.
La Nouvelle-Calédonie possède égale-
ment de très importants gisements d'an-
thracite, dont l'exploitation vient d'ail-
leurs de commencer dans la vallée de la
Foa.
Le minerai de fer apparaît un peu par-
tout dans nos possessions d'outre-mer.
L'Algérie nous fournit déjà 300.000 ton-
nes par an, et la Tunisie plus de 350.000.
Madagascar et le Tonkin, ainsi que le
Maroc possèdent aussi de notables gise-
ments, dont l'exploitation est malheureu-
sement à peine commencée.
Les phosphates — si utiles à l'agricul-
ture — abondent dans notre empire colo-
nial et tout principalement dans l'Afrique
du Nord.La Tunisie nous fournit 2 millions
de tonnes et l'Algérie, plus d'un demi-
million. Le Maroc, très riche à ce point
de vue ne produit à l'heure actuelle que
200.000' tonnes, mais il faut dire que l'ex-
ploitation en est encore à ses débuts, et
que dans quelques années elle pourra être
facilement décuplée. Un gisement ji'a-t-il
pas été récemment découvert, dont la ca-
pacité a été évaluée par les spécialistes
à un minimum de un milliard de tonnes ?
L'île de Makatea, dans l'archipel de
Tuamotu, en Océanie, nous donne an-
nuellement 100.000 tonnes de phosphates
de première qualité.
Madagascar — véritable Eldorado —
renferme de l'or, des pierres précieuses,
des minerais radioactifs, en quantitéc ines-
timables. Leur exploitation en est facile,
mais n'est guère poussée.
Ic! zinc abonde en Indochine, e11 Tuni-
sie, au Maroc; on trouve du cuivre dans
le Moyen-Congo, en Algérie et au Togo;
de l'étain au Cambodge et au Tonkin. La
Nouvelle-Calédonie, comme chacun le
sait, est le second pays du monde produc-
teur de nickel.
De l'or, il y en a un peu partout dans
nos colonies : au Togo, en Annam, à Ma-
dagascar, et surtout à la Guyane. Notre
éminent rédacteur en chef, M. Eugène
Lautier, qui représente à la Chambre, no-
tre vieille colonie de l'Amérique du Sud,
a déjà, à plusieurs reprises, étudié minu-
tieusement la question; et ses conclusions
sont pleines d'optimisme qui laissent en-
trevoir les formidables ressources que
nous pourrions tirer des mines d'or de la
Guyane.
Pierre de la Chassaigne.
EN DEUXIEME PAGE T
Les Premières
EN TROISIEME PAGE :
Une déclaration
de M. Herriot à la Chambre
LE CAS DE L'ITALIE
DES EXEMPLES
à ne pas suivre.
Tout naturellement les incidents
de la journée d'hier ont porté
rapposition à exprimer des es-
poirs qui ne sont pas tous désin-
téressés. On est allé jusqu'à écrire que la
situation du pays ne pourrait être véritable-
ment rétablie que par l'adoption des -mé-
thodes d'autorité qui sont la négation des
libertés parlementaires. Mussolini ? Beaucoup
y pensent qui n'osent pas l'avouer — comme
au moyen le plus sûr de brider la .démocra-
tie et d'assurer la sécurité des intérêts parti-
culiers.
Mais précisément Mussolini décline.;
L'homme qu'on a longtemps voulju fair
passer pour un sauveur s'avère de plus en
plus comme un fantoche, brutal, oui ; mais
génial, non. Et les Italiens eux-mêmes, qui
n'ont pas été difficiles jusqu'à présent œpen.
dant, en ont assez.
Quand le a duce D a condamné en per-
sonne sa politique par l'aveu qu'il a fait
de l'impuissance de son régime ef de la né-
cessité de nouvelles élections, l'opinion était
telle qu'il a dû, dès le lendemain, retirer
son projet de réforme électorale et revenic
à l'emploi de la violence et de la force.
Quand, usant et abusant de cette vio-
lence et de cette force, il a supprimé les
journaux et menacé de représailles l'oppo-
sition de l'Aventin, l'opinion, de nouveau,
s'est montrée telle qu'il a dû renoncer à ôes
provocations et rentrer ses menaces.
Or, voici qu'aujourd'hui sa situation est
plus menacée que jamais.
- A la veille du procès en Haute Cour du
général de Bono, le véritable metteur en
œuvre de l'assassinat de Matteotti, le Sénat
rompt délibérément avec le fascisme et re-
pousse avec éclat le projet de réforme mili..
taire dont M. Mussolini avait annoncé qu'il
obtiendrait le vote, coûte que coûte. Ce pro-
jet, en lui-même, n'offrait pas d'intérêt par.
tiçulier. Il tendait seulement à la subordina-
tion de l'armée régulière à la direction du
fascisme. Mais l'important était le prétexta
fourni à l'opposition de montrer au dicta-
teur le pouvoir dont elle dispose.
Elle vient de ie lui montrer. 'Tous les
chefs de l'armée, Cadorna, Diaz et même le
général Giardino, qui fut un ami de Mus-
solini, ont repoussé le projet avec mépris.
Celui-ci a dû être renvoyé à la commission, -
ce qui est un enterrement. Et le ministre do
la guerre est démissionnaire. ,' <
En attendant que les procès qui vont s'ou-
vrir mettent le « duce » lui-même dans l'obli-
gation d'en faire autant.
Ce n'est pas cet exemple que la FrancQ
entend suivre..
NOS AVIATEURS A UHONNEUR
Le général NoUet, ministre de la Guer-
re, a offert, hier, un déjeuner en l'hon..
neur des membres des missions de Goys-
Vuillemin et Lemaître-Arrachart.
Assistaient à ce déjeuner MM. Laurent-
Eynac, sous-secrétaire d'Etat à l'aviàtionî
les généraux Dumesnil et Vidalon, les co.
lonels de Goys et Vuillemin, le- comman-
dant Dagneaux, les capitaines Pelletier
Doisy, Arrachart, Lerpaître, les adjudants
Besin et Knecht. - -
Au groupe parlementaire de l'Aéronautique
D'autre part, les aviateurs ont été reçu$
par le groupe parlementaire de l'Aéronau-
tique, auquel s'était joint le groupe oolo.
ni!al, dans les salons de la présidence da -
la Chambre des députés. -, -r.--
L'exploitation du- gaz en banlieue
Les incohérences du régime des frais fixes
et la brimade du petit consommateur
Ainsi donc, les populations suburbaines
payent actuellement leur gaz 51 centimes
le mètre cube alors qu'elles auraient nor-
malement dù se le voir fournir à 44, prix
calculé sur la base pratiquée avant guerre,
c'est-à-dire sur les 4/5 du prix appliqué
à la population parisienne. Pourquoil cette
proportion n'a-t-clle pas été respectée ?
Les électeurs s'en inquiéteront sans
doute. Dans les efforts que les hommes
responsables de cette honteuse exploitation
feront pour leur dissimuler la vérité sous
de beaux mais fallacieux discours, nous ne
trouverons qu'une preuve de plus de l'as-
sujettissement des municipalités au Syn-
dicat et des étranges complaisances de ce
dernier à l'égard du concessionnaire.
Ces « complaisances » prennent même
des allures équivoques de complicité, lors-
que l'on considère l'obscurité voulue des
incompréhensibles modalités du nouveau
régime.
Nous avons déjà dit un mot de la ques-
tion ars « frais lixes ». Sans entrer dans
les détails de l'examen méticuleux qu'elle
réclame et auquel nous nous livrerons
prochainement, il nous suffira, à. titre
d'exemple, de la considérer d'un peu plus
près pour nous rendre compte de l'incohé-
rence préméditée et., il faut le dire, gé-
niale, des modifications apportées par le
Syndicat aux dispositions du cahier des
charges de 1906.
Sous le régime d'avant-guerre, les char-
ges de l'abonné, relatitves à la location et
l'entretien des branchements et. compteurs,
étaient équivalentes à Paris et dans la
banliue. Aujourd'hui, il n'en est plus
ainsi. Les « frais fixes n, appliqués au ré-
gime suburbain sont d'environ 50 plus
élevés que ceux en usage dans la capitale.
Pour en arriver là, le Syndicat, d'ac-
cord avec la concessionnaire, invoque
l'absurde hypothese d'une consommation;
réduite à zéro et fait valoir que les frais
généraux d'administration, dé gestion, de
capital, etc., restent identiques si l'abonnà
consomme ou ne consomme pas.
Ne vous semble-t-il pas plus logique de
dire que si la consommatilon était réduite
à. zéro, il n'y aurait plus lieu à frais gé-
néraux, ni à capital, nil à rien du tout
puisqu il n'y aurait plus ni exploitation
ni concessionnaire.
Quoi qu'il en soit, M. Henrii Sellier et
ses « collaborateurs », qui n'en sont pas
à une contradiction près, estiment « qu'il
e,t incontestable que plus grosse est 'la
consommation d'un abonné, moins lourds
sont les frai quil incombent par mètre
cube, à l'exploitation », mais ils ajoutent :
« Frapper tous les consommateurs, quelle
que soit leur .importance, d'une lourde re-
devance fixe, c'est créer ppur ie petit con-
sommateur un obstacle à la prise d'un
abonnement. » A
C'est là, sans contredit, une préoccupa-
tion quil leur fait honneur. mais pourquoi
ces admirables socialistes, qui s'érigent eff
défenseurs patentés des classes ouvrières,
concluent-ils 'à la page 11 du rapport de
1922 : 1
« .Le peitt consommateur n'est pas
obligatoirement le consommateur le plus
intéressant ; il l'est peu, c'est entendu, au
point de vue strictement industriel, maiiâ
aussi, fréquemment, au point de vue so-
cial » ? •
Au point de vue social, riien ne peut,-en
effet, être plus intéressant que le conces,
sidnnaire d'un service public. Tel est l'avis
uu Syndicat intercommunal, et c'est pour-
quoil il s'est appliqué à ruiner les commu
nes et à brimer le « petit consommateur ii.
Il nous a suffi, pour pouvoir en appor-
ter la preuve, de compulser quelques quit-
GRAND JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN
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la démission de M. flémentel
et la situalior politique
Quelques gens soupçonneux, ont ac-
cusé M. Clémentel d'avoir prémédité sa
démission. Ces esprits alambiqués n'ont
point admis que la crise ministérielle
« lût née tout simplement d'une diver-.
gence de vues entre le Président du Con-
seil et le ministre des finances et, plus
encore, peut-être, de conceptions oppo-
sées touchant la tactique à suivre.
Toutes ces constructions fantaisistes re-
lèvent du théâtre : Ambigu ou Grand-
Guignol. Il faut voir un peu plus saine-
ment.
Voilà des semaines que l'on rebat les
oreilles de M. Glémentel avec le mot
d'innation, se rapportant — bien en-
tendu - à une inflation qui n'en est pas
une en réalité, mais qui est bénigne, di-
gestive et lénitive.
Une inflation portative, je n'ose dire :
une inflation de poche, car une poche
se gonfle même lorsqu'on n'y introduit
que du vent. Une inflation de tout re-
pos. L'amusement des enfants et la tran-
quillité des parents.
M. Ciémentel a cru de très bonne foi
qu'il pouvait apporter à ¡la tribune du
Sénat la déclaration incriminée. Sur
l'invitation du Président du Conseil, il
a prononcé ensuite un second discour
Jl semble qu'il ait oublié de dire les
paroles auxquelles le Président du Con-
seil tenait le plus : à savoir qu'une aug-
mentation modérée de la circulation à
ftitre de marge d'émission réclamée par
le commerce, serait compensée par des
mesures législatives qui assureraient
d'une façon honhête, loyale et sans arti-
fice raffiné, une trésorerie assainie.
M. Edouard Herriot était monté à. la
tribune du Sénat avant-hier pour com-
pléter nes déclarations nouvelles de M.
iClémentel. Le ministre des finances a
considéré, à tort selon moi, que les pa-
roles du Président du Conseil pouvaient
paraître une sorte de blâme à son en-
droit. Il a considéré dès lors qu'il man-
querait d'autorité pour défendre le bud-
get qu'il a préparé. D'où sa démission.1
Et l'affaire est bien £ impie. Et voilà bien
, ., [du bruit.
A la réunion des ministres et des dé-
dègtiés des groupes qui a eu lieu jeudtî
soir, M. GÏémentel n'est pas venu.
Comme il fallait trouver au plus vite
un ministre des finances, M. le Prési-
dent du Conseil a offert le portefeuille
h M. Loucheur, qui se trouvait là, en sa
qualité de représentant,du groupe de la
gauche radicale.
M. Loucheur a vivement remercié le
Président du Conseil de cette offre ;
mais il a fait observer que le texte des
proj ets de ilois annoncés par le gouver-
nement pour assainir la trésorerie n'é-
tait pas encore préparé, et que de ces
textes précisément dépendait l'attitude
que ie groupe de la gauche radicale
prendrait à l'égard des projets gouver-
nementaux. Dans ces conditions, il pré-
férait décliner l'offre en remerciant de
,Iou-t coeur M. Edouard Herriot.
Rien de plus naturell que le'refus de
M. Loucheur, qui ne pouvait pas s'enga-
ger d'avance sur un texte encore in-
connu. S^' les résolutions'du conseil des
ministres ayant été prises, M. Loucheur
lie les trouvait point d'accord avec ses
üdées, qu'arriverait-il ? Fallait-il expo-
ser le Président du Conseil à un second
iualenteàdu avec son ministre des fi-
nances ? M. Edouard Herriot et M. Lou-
icheur sont jusqu'à présent dans un étal
de collaboration consciente et suivie.
Pourquoi rompre cette amitié qui a sur-
vécu à. tant de difficultés théoriques ?
Tel fut le ton de 4a conversation entre
M. le Président du Conseil et M. Lou-
cLeur. Cet accent de courtoisie et de
franchise les honore l'un et l'autre.
C'est alors que M. Edouard Herriot
proposa le nom de M. de Monzie, qui
fut accueilli par les approbations les
plus flatteuses"
Tout le monde proclame que M. de
Monzie est un des hommes les plus bril-
lants du- Parlement français., C'est un
orateur d'i-vi brio incomparable. Il parle
,et écrit un excellent français qui vise
peut-être parfois aux constructions ori-
ginales. Il suffit que, dans cette recher-
che, M. de Monzie soit presque toujours
heureux. Il a de la culture, une intel-
ligence de tout premier ordre, une
grande rapidité de compréhension. Sa
finesse est proverbiale. Il a beaucoup
étudié les questions financières et il était
donc très préparé à ses nouvelles fonc-
ions. <
Quoi qu'il puisse advenir, je salue avec
plaisir l'entrée de M. de Monzie au
conseil des ministres. Il ne peut y ap-
porter que de la vie et le goût du nou-
veau, équilibré par une forte culture.
Je lui souhaite,, bonne chance de tout
coeur.
La compétence évidente du nouveau
ministre des finances, son rare esprit de
conciliation, qui est inspiré par une lec-
ture et une méditation assidues, toutes
ces qualités et toutes ces habitudes, je
ne suis pas certain qu'elles déterminent
l'opposition à lui faire crédit. Je mon-
Irais hier que l'opposition vit dans une
sorte d'état de fureur qui a pour objet
de dissocier les éléments du Cartel et
n'aboutit qu'à les cimenter.
Le nouveau ministre des finances va
se trouver en présence d'une situation
non seulement délicate au point de vue
technique, mais, si j'ose dire, fprte-
ment handicapée par les luttes intesti-
nes et les partis pris.
M. de Monzie a assez de cran pour
affronter des difficulté5 qu'il connaît
autant que personne. On disait déjà
partout que nous n'avions pas, dans la
majorité, de bons ministres des finan-
ces. En voici un qui l'est ou 'le devien-
dra à coup sûr. -
Le Gouvernement et les groupes de
gauche qui composent le Cartel ont dé-
cidé de mettre au premier rang de leurs
préoccupations la question financière et
de considérer tout le reste comme se-
condaire. Il faut les approuver. Quant à
l'opposition multicolore, elle déclarerait
volontiers : « Périssent les intérêts su-
périeurs de la France à ranimer, plutôt
que de voir la France gouvernée et
même soulagée par le patriotisme d'un
cabinet Edouard Herriot 1 »
La gauche a horreur de cette forme
de pensée. Et c'est elle, néanmoins, que
l'on accuse d'un sectarisme exclusif.
Elle a raison de se défendre contre cette
affreuse calomnie, et de seconder la ten-
tative .patriotique où le Président du.
Conseil et M. de Monzie vont unir le
souci des grands principes républPj
cains et le sens aigu des réalités.
EUGÈNE LAUTIER
UN PROJET DE LOI
contre les chauffards
11 était temps qu'on songeât à prendre
des mesures efficaces contre les chauf-
fards I Leur audace, et le nonibre de
leurs tristes exploits 'grandissaient de jour
en jour.
Un coup de frein va-t-il être donné
On pourrait le croire.
M. Justin Godart, ministre du travail
et de la prévoyance sociale, vient, en
effet, de déposer un projet de loi reposant
sur deux idées essentielles : l'une de pré-
vention, l'autre de réparation. Ce sont :
1° L'obligation imposée au propriétaire
de l'automobile de rester son propre as-
sureur pour une partie du dommage qu'il
sera tenu de réparer; cette part de res-
ponsabilité, fixée à 10 du montant du
dommage, ne pourra en aucune façon
être couverte par une assurance; ',
2° L'institution d'un fond s'de garantie
destiné à éviter que la Victime rie subisse
un préjudice* du fait de l'insolvabilité ou
même* du mauvais vouloir de l'auteur du
dommage.
Ce fonds de garantie est organisé de la
même façon que celui des accidents du
travail, prévu par la loi du 9 avril 1898.
Il doit être alimenté par une contribution
de tous ceux qui sont susceptibles de fairet
naître le risque, c'est-à-dire des proprié-1
taires d'automobiles.
Ainsi, tout chauffeur imprudent ne
pourra plus, désormais, se reposer uni-
quement sur son assurance du soin de dé-
dommager la victime. Il faudra qu'il
mette lui-même la main à la poche.
Et qui sait si cette seule mesure ne sera
pas suffisante à lui mettre un peu de
plomb dans la tête ?
Pierre DELAFUYE.
NOTE duJOUR
CECI TUERA CELA
La corporation' des médecins est gran-
dement - menacée dans ses intérêts les
plus. vitaux. Entendez qu'il s'agit de la vie
matérielle du docteur et non de la vie du
patient. Car la vie du patient, elle, est me-
nacée, plus ou moins grandement, mais
constamment par le danger du médecin.
Tandis que la matéri'elle de nos inortico-
les se trouve une fois par - hasard, mais
très sérieusement mise en péril par. le
progrès même de la science, et sil l'on
veut, de la science médicale.
Un brave major avait déjà, voici! quel-
ques mois, expérimenté la T.S.F. comme
moyen de consultation, de diagnostic, de
pronostic et d'ordonnance, à bord d'un pa-
quebot d'où, par sans-fil, il soignait un
malade à bord d'un autre paquebot privé
de son toubib.
Ce n'était qu'un amusant fait divers. On
vient tout naturellement d'en- tirer une
révolution. Un praticien français, le doc-
teur Lutenbacher, de l'hôpital de Versail-
les, transmettra dimanche, de la Tour Eif-
fel, par sans-fil, les bruilts des cœurs nor-
maux et des cœurs malades. L'écouteur
sera intéressé. Mais S'ill exerce rart d'iEs-
culape, il devra trembler.
Il devra trembler parce que, pour peu
que la méthode se vulgarise, c'est la dis-
parition à brève échéance de la plupart
des consultants. Quel besoin d'un méde-
cin de quartier le jour où le maître .n'aura
pas besoin de se déranger pour ausculter
à distance dix fois plus de malades qu'il
n'en pourrait recevoir'dans son cabinet ?
Et n'est-ce pas'l'application intégrale à la
médecine de la fameuse loi économique
des concentrations ? Le grand magasin
tuera le boutiquier — comme le grand
professeur, avec la T.S.F. tuera l'officier-
de santé. •
Et celui-ci ne peut être sauvé que par
la « friture ».
Jacques BARTY.
L'Heure dTÉIté
Ce soir à 23 heures,
avancez d'une heure
vos montres et vos
pendules
Nous rappelons à nos lecteurs qu'en
raison du repos hebdomadaire, le pro-
chain numéro de l'Homme Libre portera
$3 date de lundi. i
w
M. de Monzie succède
Iqt ~f ~t~"
a M. Cléînentel -.
comme ministre des finances
Hier, brève crise de cabinet, sitôt ou-
verte, presque immédiatement close, à la
satisfaction générale.
On se souvient qu'au cours de son in-
tervention à la tribune du Sénat, au cours
de la discussion du budget, M. Clémentel,
ministre des finances, obligé de répondre
à de nombreuses interruptions, avait en-
trepris d'exposer les moyens auxquels att-
rait recours le gouvernement pour donner
un peu de souplesse à notre trésorerie,
gênée par la thésaurisation des billets de
banque. Ce faisant, le ministre anticipait
sur les déclarations que le gouvernement
se réservait de faire après s'être mis d'ac-
cord en séance du conseil des ministres
et après entente avec les leaders des grou-
pes, composant le cartel des gauches.
Les déclarations de M. Clémentel provo-
quèrentún certain étonnement, d'autant
plus que le président du conseil était ab-
sent. M. Herriot, mandé en hâte, eut une
courte mais orageuse explication avec son
ministre des finances qui, à ce moment,
parla de démission. Cette démission ne
devait être officiellement connue que dans
la nuit de jeudi.
Une Conférence
et un Conseil de Cabinet
Ainsi qu'il avait été prévu, une confé-
rence ayant pour but l'examen des ques-
tions budgétaires et financières soumises
actuellement au Parlement eut ensuite
lieu, à partir de vingt et une heures
trente, au Quai d'Orsay, sous la prési-
dence de M. Edouard Herriot. A cette dé-
libération prirent part, comme nous l'a-
vons indiqué hier, un certain nombre de
membres des groupes de la majorité. Aus-
sitôt après, un conseil de cabinet, égale-
ment présidé par M. Herriot, commençait.
M. Painlevé était présent. Il était minuit
et demi. M. Herriot lut à ses collègues la
lettre de démission de M. Clémentel, qui
lui avait été remise quelques instants au-
paravant. On discuta alors du choix de la
personnalité à. laquelle on allait demander
d'accepter le portefeuille des finances. Le
conseil décida de pressentir M. de Monzie.
Aussitôt mandé au Quai d'Orsay, le sé-
nateur du Lot, introduit par une porte
soigneusement dérobée, eut un long
échange de vues avec le président du con-
seil et les ministres et sous-secrétaires
d'Etat. Après un minutieux examen des
problèmes financier et budgétaire, M. de
Monzie accepta la mission qu'on voulait
lui confier.
Pendant cet entretien, un incident —
une panne survenue dans le secteur élec-
trique du quartier — priva pendant une
demi-heure le ministère des affaires étran-
gères de toute lumière, sauf celle des lam-
pes à pétrole et des bougies que les huis-
siers s'étaient hâtés de sortir des placards.
Enfin, à quatre heures quinze, M. Victor
Peytral, ministre des travaux publics,
sortit du cabinet de M. Herriot et confir-
mait officiellement la démission de M. Clé-
mentel. Un quart d'heure après, M. Is-
rael, secrétaire général de la présidence
du conseil, annonçait que M. de Monzie
était nommé ministre des finances. C'est à
quatre heures cinquante que les derniers
membres du gouvernement se retirèrent.
M. Camille Chautemps, ministre de l'in-
térieur, s'est rendu à l'Elysée hier matin,
à neuf heures, pour soumettre à la signa-
ture du président de la République, de la
part du président du conseil, le décret
concernant la nomination de M. de Mon-
zie comme ministre des finances. L'Officiel,
enregistre le décret ce matin.
La carrière de M. de Monzie
M. Anatole de Monzie est né le 22 no-
vembre 1876 à Bazas (Gironde). Avocat à
la cour d'appel, il fut chef de cabinet de
ministres : instruction publique, puis
garde des sceaux; conseiller général du Lot
depuis 1904, maire de Cahors depuis 1919,
président du conseil général du Lot depuis
1919 ; député de 1909 à 1919 ; sénateur de-
puis 1920, 11 fut sous-secrétaire d'Etat de
la marine marchande dans les cabinets
Barthou (1913), Ribot (1917), Painlevé
(1917). Membre de la commission des finan.
ces, il s'intéresse surtout ,aux questions
financières et de politique étrangère : on
n'a pas oublié notamment le rôle qu'il a
joué en ces derniers temps touchant deux
questions importantes : les relations avec
les Soviets et les relations avec le Vatican.
LES PROJETS DO GOUVERNEMENT
Au cours du Conseil des ministres d'hier matin
ont été examinés les principes sur lesquels sera établi
- le projet d'dsainissement de la situation financière
Les ministres et sous-secrétaires
d'Etat se sont réunis en conseil, hier ma-
tin, à l'Elysée, sous la présidence de M.
Gaston Doumergue.
M. Edouard Herriot, président du con-
seil, a présenté au président de la Répu-
blique M. de Monzie, ministre des fi-
nances.
Lè conseil a examiné les principes sur
lesquels sera établi le projet d'ensemble
'relatif à l'assainissement financier qui
doit être soumis aux Chambres au début
de la semain; prochaine.
{Des informations nous permettent de
fournir quelques détails sur lepl'ojt du
gouvernement. On assure qu'il aurait dé-
cildé, en conseil des mini'stres, de renon-
cer à tout projet d'inflation, directe ou in-
directe. On demanderait les ressources né-
cessaires pour alimenter la Trésorerile et
remédier aux difficultés monétaires, à un
prélèvement de 10 sur le capital, paya-
ble en dix années avec possibilité de rè-
glement anticipé. Un projet de loil en ce
sens serait déposé dans quelques jours.
Primitivement — avant le départ de M.
Clémentel- il avait été r uestion pour pro-
curer de' nouvelles ressources à la tréso-
rerie d'augmenter pendant un an de 50
l'impôt global sur le revenu et de doubler
les impôts cédulaires a l'exception de ce-
lui sur les salaires.
En ce qui concerne l'ambassade du Va-
tican, un chargé d'affaires serait maintenu
auprès du Pape, qui occuperait particu-
lièrement des questions relatives à l'Al-
sace et à la Lorraine, mais aussi, le cas
échéant, de questions pouvant intéresser
l'ensemble du pays.] V
Réunion au Quai d'Orsay
En quittant l'Elysée, M. Herri'ot est ren-
tré au Quai d'Orsay.
Il y a reçu les représentants des quatre
groupes de la Chambre qui constituent le
cartel des gauches : MM. Loucheur et Paul
Morel pour la gauche radicale, MM. Dalil-
mier et Malvy pour les radicaux socialis-
tes, M. Viollette pour les républicains so-
cialistes, MM. Léon Blum et Vincent Au-
riol pour les socialistes. La. tactique qui
devait, être suivie, dans l'après-midi, à la
Chambre, fut décidée à cette réunion.
Déclarations de M. de Monzie
Les journalistes ont pu joindre M. de
Monzie pendant un court répit que lui
laissa, hier matin, la transmission des pou-
voirs du mîhistère des finances :
« Ma nomination, nous a-t-il dit. n'a
et ne peut avoir qu'un sens, Uien ne m'a
qualifié, si ce n'est, sans doute, ce que. par
le fait des circonstances, je représente ou
symbolise : la réconciliation française.
« La seule condition que j'aie posée à
mon entrée dans le cabinet, c'est, d'être
mis en étal de rester au (/onvernement ce
que j'étais hors du. gouvernement : un élé-
ment de transaction nationale. »
D'autre part, M. de Monzie a fait a
l'Agence économique et financière, la dé-
claration suivante :
« J'ai accepté, ce matin, au petit jour,
de remplacer mon ami Clémentel. Le dé-
libéré de quelques heures qui a précédé
mon acceptation, m'a permis d'abord de
recevoir tous apaisements sur la question
de notre représentation, officielle au Vati-
can — je veux dire les apaisements que
j'avais précédemment sollicités du chef du
gouvernement devant la commission séna-
toriale des, finances. Je vous prie cm- le.
noter, non point seulement pour assurer
ceux qui me connaissent, que j'entre 'au
ministère avec toutes mes idées, mais pour
indiquer ce que j'ai d'aille tir s souligné,
cette nuit, devant mes nouveaux collègues:
que ma contribution à l'effort du gouver-
nement consistera, sans doute, dans un
certain libéralisme de caractère dont on
m'a fait grief 5??/, mérite. Vous voudrez
bien me faire crédit jusqu'à lundi pour les
projets que je dois déposer devant les
Chambres. Le problème de finance est de
franchise .et de courage. Je tâcherai d'être
sans détours et sans frayeur. ».
Les réunions de groupe
Les rad icaux-socialistès
Depuis la démission de M. Ciémentel,
l'animation a été très grande dans les cou-
loirs du Palais-Bourbon. Tous les groupes
du Cartel se sont réunis pour entendre le
compte rendu des entrevues que leurs re-
présentants avaient eus avec le président
du conseil dans la soirée d'avant-hier et
dans la journée d'hier.
Les radicaux-socialistes étaient convo-
qués hier, pour quatre heures. Ils se sont
donc réunis après le renvoi de l'interpel-
lation palimi er. Les membres du groupe
étaient en très grand nombre lorsque la
séance a commencé.
Le président. M. Cazals, a prononcé une
allocution mettant en garde ses collègues
et amis'" contre les assauts que l'on livre
et les pièges que l'on tend aux vainqueurs
du 11 mai.
Après ces paroles applaudies, le groupe
allait délibérer sur la situation lorsque M.
Eugène Lautier, prenant la parole, a fait
remarquer que l'on se priverait de l'élé-
ment essentiel à tout examen sérieux de la
situation en ne priant pas le président du
conseil, qui se trouvait encore au Palais-
Bourbon, de venir causer des incidents
d'hier et d'aujourd'hui avec les membres
du groupe politique où il est inscrit et qu'il
présidait hier encore.
Après un échange de vues, cette propo-
sition, appuyée par MM. Arcliimbault,
Hulin. Yvon Delbos. Guichard, etc., a éié
adoptée u, l'unanimité. Le groupe a prié
MM. Eugène Lautier et Lévy-Alphandéry
d'aller porter au président du conseil son
invitation.
M. Edouard Herriot s'est rendu immé-
diatement à cet appel amical et, sur un
ton familier, mais avec une grande fer-
meté d'accent, il a exposé à ses collègues
les incidents qui ont précédé la démission
de M. Clémentel.
Quand M. Edouard Herriot s'est tu,
MM. François, Morel, Georges Bonnet, La-
moureux, Jean Montigny, Klotz. Nogaro,
Pierre Deyris, etc., ont soumis au groupe
leurs remarques et même des suggestions.
Le président du conseil, qui avait été
très applaudi pendant son discours, s'est
retiré ensuite, salué par les vifs applau-
dissements du groupe tout entier.
•
La gauche radicale
Le groupe de la gauche radicale (grôupe
L, oucheur), de son côté, a procédé à un
échange de vues sur les projets du gouver-
nement. qui lui ont été exposés par son
président, M. Paul Morel, et par M. Lou-
cheyr. Celui-ci a exposé les rai'sons qui lui
ont fait décliner la succession de M. Cié-
mentel.
*
(Voir, la suite, en troisième page)
QUELQUES CHIFFRES
LES RICHESSES
de nos colonies
A plusieurs reprises, j'ai déjà eu l'occa-
sion de montrer l'importance très ressour-
ces que renferme notre domaine coloniaj.
A vrai dire, nous commençons à nous y.
intéresser, et d'excellents efforts ont déjà
été faits, qui mériteraient d'être poursui-
vis et activés.
Les statistiques officielles publiées par
l'administration des douanes, nous ap-
prennent que sur les 252 produits figurant
dans le mouvement général extérieur des
affaires de nos colonies, ne se trouvent
pas moins de 32 produits d'origine miné-
rale, c'est-à-dire que nous avons là-bas, à
portée de la main, tout ce dont nous pou-
vons avoir besoin.,
Le charbon est largement représenté
par les anthracites du Tonkin: ceux de
Dongtrieu et de Hongay, dans la baie d'A-
Jong. Le gisement de Hongay, tout parti-
culièrement, qui est à ciel ouvert et pres-
que sur le bord de la mer, ne fournit pas
moins annuellement de 700.000 tonnes à
la grande ville chinoise de Hong-Kong.
La Nouvelle-Calédonie possède égale-
ment de très importants gisements d'an-
thracite, dont l'exploitation vient d'ail-
leurs de commencer dans la vallée de la
Foa.
Le minerai de fer apparaît un peu par-
tout dans nos possessions d'outre-mer.
L'Algérie nous fournit déjà 300.000 ton-
nes par an, et la Tunisie plus de 350.000.
Madagascar et le Tonkin, ainsi que le
Maroc possèdent aussi de notables gise-
ments, dont l'exploitation est malheureu-
sement à peine commencée.
Les phosphates — si utiles à l'agricul-
ture — abondent dans notre empire colo-
nial et tout principalement dans l'Afrique
du Nord.La Tunisie nous fournit 2 millions
de tonnes et l'Algérie, plus d'un demi-
million. Le Maroc, très riche à ce point
de vue ne produit à l'heure actuelle que
200.000' tonnes, mais il faut dire que l'ex-
ploitation en est encore à ses débuts, et
que dans quelques années elle pourra être
facilement décuplée. Un gisement ji'a-t-il
pas été récemment découvert, dont la ca-
pacité a été évaluée par les spécialistes
à un minimum de un milliard de tonnes ?
L'île de Makatea, dans l'archipel de
Tuamotu, en Océanie, nous donne an-
nuellement 100.000 tonnes de phosphates
de première qualité.
Madagascar — véritable Eldorado —
renferme de l'or, des pierres précieuses,
des minerais radioactifs, en quantitéc ines-
timables. Leur exploitation en est facile,
mais n'est guère poussée.
Ic! zinc abonde en Indochine, e11 Tuni-
sie, au Maroc; on trouve du cuivre dans
le Moyen-Congo, en Algérie et au Togo;
de l'étain au Cambodge et au Tonkin. La
Nouvelle-Calédonie, comme chacun le
sait, est le second pays du monde produc-
teur de nickel.
De l'or, il y en a un peu partout dans
nos colonies : au Togo, en Annam, à Ma-
dagascar, et surtout à la Guyane. Notre
éminent rédacteur en chef, M. Eugène
Lautier, qui représente à la Chambre, no-
tre vieille colonie de l'Amérique du Sud,
a déjà, à plusieurs reprises, étudié minu-
tieusement la question; et ses conclusions
sont pleines d'optimisme qui laissent en-
trevoir les formidables ressources que
nous pourrions tirer des mines d'or de la
Guyane.
Pierre de la Chassaigne.
EN DEUXIEME PAGE T
Les Premières
EN TROISIEME PAGE :
Une déclaration
de M. Herriot à la Chambre
LE CAS DE L'ITALIE
DES EXEMPLES
à ne pas suivre.
Tout naturellement les incidents
de la journée d'hier ont porté
rapposition à exprimer des es-
poirs qui ne sont pas tous désin-
téressés. On est allé jusqu'à écrire que la
situation du pays ne pourrait être véritable-
ment rétablie que par l'adoption des -mé-
thodes d'autorité qui sont la négation des
libertés parlementaires. Mussolini ? Beaucoup
y pensent qui n'osent pas l'avouer — comme
au moyen le plus sûr de brider la .démocra-
tie et d'assurer la sécurité des intérêts parti-
culiers.
Mais précisément Mussolini décline.;
L'homme qu'on a longtemps voulju fair
passer pour un sauveur s'avère de plus en
plus comme un fantoche, brutal, oui ; mais
génial, non. Et les Italiens eux-mêmes, qui
n'ont pas été difficiles jusqu'à présent œpen.
dant, en ont assez.
Quand le a duce D a condamné en per-
sonne sa politique par l'aveu qu'il a fait
de l'impuissance de son régime ef de la né-
cessité de nouvelles élections, l'opinion était
telle qu'il a dû, dès le lendemain, retirer
son projet de réforme électorale et revenic
à l'emploi de la violence et de la force.
Quand, usant et abusant de cette vio-
lence et de cette force, il a supprimé les
journaux et menacé de représailles l'oppo-
sition de l'Aventin, l'opinion, de nouveau,
s'est montrée telle qu'il a dû renoncer à ôes
provocations et rentrer ses menaces.
Or, voici qu'aujourd'hui sa situation est
plus menacée que jamais.
- A la veille du procès en Haute Cour du
général de Bono, le véritable metteur en
œuvre de l'assassinat de Matteotti, le Sénat
rompt délibérément avec le fascisme et re-
pousse avec éclat le projet de réforme mili..
taire dont M. Mussolini avait annoncé qu'il
obtiendrait le vote, coûte que coûte. Ce pro-
jet, en lui-même, n'offrait pas d'intérêt par.
tiçulier. Il tendait seulement à la subordina-
tion de l'armée régulière à la direction du
fascisme. Mais l'important était le prétexta
fourni à l'opposition de montrer au dicta-
teur le pouvoir dont elle dispose.
Elle vient de ie lui montrer. 'Tous les
chefs de l'armée, Cadorna, Diaz et même le
général Giardino, qui fut un ami de Mus-
solini, ont repoussé le projet avec mépris.
Celui-ci a dû être renvoyé à la commission, -
ce qui est un enterrement. Et le ministre do
la guerre est démissionnaire. ,' <
En attendant que les procès qui vont s'ou-
vrir mettent le « duce » lui-même dans l'obli-
gation d'en faire autant.
Ce n'est pas cet exemple que la FrancQ
entend suivre..
NOS AVIATEURS A UHONNEUR
Le général NoUet, ministre de la Guer-
re, a offert, hier, un déjeuner en l'hon..
neur des membres des missions de Goys-
Vuillemin et Lemaître-Arrachart.
Assistaient à ce déjeuner MM. Laurent-
Eynac, sous-secrétaire d'Etat à l'aviàtionî
les généraux Dumesnil et Vidalon, les co.
lonels de Goys et Vuillemin, le- comman-
dant Dagneaux, les capitaines Pelletier
Doisy, Arrachart, Lerpaître, les adjudants
Besin et Knecht. - -
Au groupe parlementaire de l'Aéronautique
D'autre part, les aviateurs ont été reçu$
par le groupe parlementaire de l'Aéronau-
tique, auquel s'était joint le groupe oolo.
ni!al, dans les salons de la présidence da -
la Chambre des députés. -, -r.--
L'exploitation du- gaz en banlieue
Les incohérences du régime des frais fixes
et la brimade du petit consommateur
Ainsi donc, les populations suburbaines
payent actuellement leur gaz 51 centimes
le mètre cube alors qu'elles auraient nor-
malement dù se le voir fournir à 44, prix
calculé sur la base pratiquée avant guerre,
c'est-à-dire sur les 4/5 du prix appliqué
à la population parisienne. Pourquoil cette
proportion n'a-t-clle pas été respectée ?
Les électeurs s'en inquiéteront sans
doute. Dans les efforts que les hommes
responsables de cette honteuse exploitation
feront pour leur dissimuler la vérité sous
de beaux mais fallacieux discours, nous ne
trouverons qu'une preuve de plus de l'as-
sujettissement des municipalités au Syn-
dicat et des étranges complaisances de ce
dernier à l'égard du concessionnaire.
Ces « complaisances » prennent même
des allures équivoques de complicité, lors-
que l'on considère l'obscurité voulue des
incompréhensibles modalités du nouveau
régime.
Nous avons déjà dit un mot de la ques-
tion ars « frais lixes ». Sans entrer dans
les détails de l'examen méticuleux qu'elle
réclame et auquel nous nous livrerons
prochainement, il nous suffira, à. titre
d'exemple, de la considérer d'un peu plus
près pour nous rendre compte de l'incohé-
rence préméditée et., il faut le dire, gé-
niale, des modifications apportées par le
Syndicat aux dispositions du cahier des
charges de 1906.
Sous le régime d'avant-guerre, les char-
ges de l'abonné, relatitves à la location et
l'entretien des branchements et. compteurs,
étaient équivalentes à Paris et dans la
banliue. Aujourd'hui, il n'en est plus
ainsi. Les « frais fixes n, appliqués au ré-
gime suburbain sont d'environ 50 plus
élevés que ceux en usage dans la capitale.
Pour en arriver là, le Syndicat, d'ac-
cord avec la concessionnaire, invoque
l'absurde hypothese d'une consommation;
réduite à zéro et fait valoir que les frais
généraux d'administration, dé gestion, de
capital, etc., restent identiques si l'abonnà
consomme ou ne consomme pas.
Ne vous semble-t-il pas plus logique de
dire que si la consommatilon était réduite
à. zéro, il n'y aurait plus lieu à frais gé-
néraux, ni à capital, nil à rien du tout
puisqu il n'y aurait plus ni exploitation
ni concessionnaire.
Quoi qu'il en soit, M. Henrii Sellier et
ses « collaborateurs », qui n'en sont pas
à une contradiction près, estiment « qu'il
e,t incontestable que plus grosse est 'la
consommation d'un abonné, moins lourds
sont les frai quil incombent par mètre
cube, à l'exploitation », mais ils ajoutent :
« Frapper tous les consommateurs, quelle
que soit leur .importance, d'une lourde re-
devance fixe, c'est créer ppur ie petit con-
sommateur un obstacle à la prise d'un
abonnement. » A
C'est là, sans contredit, une préoccupa-
tion quil leur fait honneur. mais pourquoi
ces admirables socialistes, qui s'érigent eff
défenseurs patentés des classes ouvrières,
concluent-ils 'à la page 11 du rapport de
1922 : 1
« .Le peitt consommateur n'est pas
obligatoirement le consommateur le plus
intéressant ; il l'est peu, c'est entendu, au
point de vue strictement industriel, maiiâ
aussi, fréquemment, au point de vue so-
cial » ? •
Au point de vue social, riien ne peut,-en
effet, être plus intéressant que le conces,
sidnnaire d'un service public. Tel est l'avis
uu Syndicat intercommunal, et c'est pour-
quoil il s'est appliqué à ruiner les commu
nes et à brimer le « petit consommateur ii.
Il nous a suffi, pour pouvoir en appor-
ter la preuve, de compulser quelques quit-
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