Titre : L'Homme libre : journal quotidien du matin / rédacteur en chef, Georges Clemenceau ; directeur, Fr. Albert
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-05-12
Contributeur : Clemenceau, Georges (1841-1929). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 mai 1927 12 mai 1927
Description : 1927/05/12 (A15,N3944). 1927/05/12 (A15,N3944).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG31 Collection numérique : BIPFPIG31
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75943271
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-230
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/03/2014
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GRAND JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN
Rédacteur en Chef: EUGÈNE LAUTIER
A. BERNIER
Directeur -Administrateur
quinzième année No 3944
Rédaction et Administration
t3, rue Marivaux, PARIS
TÉLÉPHONE
Cut. 54.07. - Cut. 54-08
après 20 heures - CENTRAL 43-71
aDRESSE TÉLEGR. 1HOMLIBRMARIS
JEUDI
12
v MAI 1.927
25 centimes le naméro
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LE PUBLIC ET L'«OISEAU BLANC»
Simples réflexions
La presse du soir (espoir I) avait
ravant-hier une mauvaise presse dans
la rue, au Parlement, dans les cercles,
ans les dîners en ville, partout.
A ceux qui les accusaient d'avoir
iaccueilli des nouvelles insuffisamment
contrôlées, quelques-uns de mes confrè-
tes ont répondu.
Etait-ce bien la peine ? La réponse est,
ans le Figaro de Beaumarchais :
ttux qualités que les maîtres exigent de
pleurs domestiques, combien de maîtres
feraient-ils dignes ou capables d'être(
domestiques ?
C'est la règle qui domine les rapports
entre rédacteurs et lecteurs. Getrtes, je
fcrois que la qualité moyenne dans la
[presse, depuis une trentaine d'années,
ta baissé comme à la Chambre et dans
Je public.
Nous allons — des chiffres sont là —
vers ce qu'on appelle en Italie l'anal-
phabétisme. Les écoles sont désertées,
on ne veut rien apprendre. On sait tout
en naissant.
Le public est, à regard des nouvel-
listes, d'une exigence excessive. Il veut
itout de suite des renseignements. Il ne
(permet pas à la presse d'avoir une opi-
taion.
Avant dix années, les grands trusts,
e journaux seront obligés d'avoir des
îperceurs de murailles à leur solde afin
de fourniir à la clientèle une pâture
Ilorsque, par hasard, le crime chômera.
Bokanowski a trouvé à la Chambre
le mot de la situation lorsqu'il a dit
qu'avant-hier les Français avaient souf-
ifert du phénomène d'illusion collective.
On a passé la journée dans l'halluci-
dation.
Je n'en avais pas connu de pareille
jdepuis le début de la guerre lorsque
es gens juraient qu'ils avaient vu le
jcorps de tel espion fusillé, ou bien des
régiments allemands couchés sur le sol
fpar la turpinite, ou bien une compagnie
Ide cosaques gardant la Banque de
jFrance.
Ce qui me console c'est que, — par
compensation, — le jour où quelqu'un
kiécouvrira 'le remède de la tuberculose,
qui sauvera en France plusieurs cen-
taines de vies humaines par an, le
grand public attendra chez le bistro que
fies journaux aient vérifié la nouvelle.
On ne s'amassera pas au coin des
irues comme on fait pour les exploits
(sportifs.
Quant aux journaux, quel est le direc-
teur, quel est le conseil d'administra-
tion qui ne mettrait ù. la porte
immédiatement et ne condamnerait à
la famine l'homme qui eut, voici quel-
que trente ans, la conscience d'un petit
jeune homme, 'alors sous-secrétaire de
lia (rédaction à la Cocarde, journal qui
paraissait vers deux heures ou deux
(heures et demie.
L'Angleterre était en guerre avec les
iBoers. Les Français — toujours pas-
jsionnément ignares en politique ékan-
gère — faisaient des vœux pouir îles
[Boers, se. réjouissaient des échecs des
IAnglais, acclamaient toutes les victoi-
res des généraux du Transvaal. Il est
îvrai que cet idéalisme humanitaire avait
iété préparé par une très- intelligente
[publicité.
- Donc, tout l'effort de la Cocarde con-
teistait en ceci. On attendait la dépêche
Havas de midi. On la mettait en tête de
la première colonne (tout le reste du
journal n'était qu'un remplissage). Le
secrétaire de la rédaction résumait la
'dépêche en quatre ou cinq mots que
Ton imprimait en caractères d'affiche
ur toute la longueur du journal.
On bâclait et l'on servait chaud au
fpublic quand il sortait de déjeuner, et
la digestion francaise était facilitée
[presque tous les jours par un échec de
l'Angleterre.
Un jour, la feuille Havas de midi ne j
Contenait trien. Grave embarras à 'la
iCocarde. Le secrétaire de la rédaction, j
ce jour-là, s'était fait suppléer par un
jftide : un simple sous-secrétaire. 1
- Que faire ? Que dire ? Comment rem-
plir cet espace béant qui attendait la
grande manchette ?
Alosrs, ce petit bonhomme de sous-
jsecrétàire, qui avait le respect de la
ivérité, imprima en tête de la- Cocarde
Scette énorme nouvelle :
« RIEN DE NOUVEAU »
On ne vendit pas un seul numéro du
gournal, et le lendemain le sous-secré-
taire du journal était mis à la porte.
Vous croyez qu'il a fait son chemin,
Gue l'Académie française lui a décerné
Se prix Montyon, qu'il est membre de
d'Académié des sciences morales et poli-
tiques, qu'un grand bourgeois, membre
ide la ligue des Droits de l'homme et
du citoyen, lui a donné sa fille en ma-
riage, qu'il est employé supérieur de la
(Société des Nations avec un gros traite-
pient en devises appréciées ?
Non, il est garde-magasin dans une
fville de l'ouest. J'ai de temps en temps
[de ses nouvelles.
Emile de Girardin a dit : Le journa-
lisme mène à tout, à la condition d'en
{sortir,
La leçon de la journée d'avant-hier,
fje m'étonne qu'elle n'ait pas été déga-
gée. par certains journaux dont c'est la'
pnission sur cette terre.
Puisqu'on me 'laisse la parole je la
idirai simplement (cette leçon) et sans
(chausser les cothurnes.
C'est qu'il faut s'attendre à bien des
tnrstifications, sinon à des dangers, avec
ta télégraphie sans fil.
Désormais ou jusqu'à, nouvel ordre,
c'est l'information anonyme et sans cer-
tificat d'origine qui rôde dans l'espace,
qui rase le sol et l'eau, qui s'étend sur
l'univers en ondes larges et rapides.
Elle attend à peine qu'on la sollicite,
qu'on la capte. La curiosité mondiale la
happe comme une proie et c'est bien
une proie, en effet, que cette nouvelle
que l'on a lancée à grands frais. A par-
tir du moment où elle circule, elle n'est
la chose de personne. Elle est à la merci
de tous.
Un tel, qui dans la vie courante reste
partisan dévoué du principe de pro-
priété individuelle, s'empare d'une in-
formation d'où peuvent dépendre des
paniques de paix ou de guerre, des mou-
vements de foule, des coups de bourse.
Et voilà le phénomène intéressant.
Voilà ce que quelqu'un aurait dû dire
à la Chambre avant-hier pour donner
tout de même à la date sur l'interpella-
tion Girod un petit parfum d'idéologie.
Cela pouvait se résumer d'une parole.
Un Jaurès, un Waldeck-Rousseau, un"
Clemenceau, auraient, en quinze lignes,
dit les motî nécessaires pour faire pen-
ser.
Cela prenait trois minutes. Cela n'était
pas du temps perdu.
C'est très beau de réduire au strict
nécessaire le temps des discours à la
Chambre, mais il faut craindre de ban-
nir des palais législatifs le goût de la
réflexion et des exercices de l'esprit.
Il ne faut pas, malgré ses colonnades,
que le Palais-Bourbon soit un lieu où
les choses se décident en deux mots
comme sous la colonnade de la Bourse.
Nous ne sommes pas un peuple de
marchands de bœufs comme à la Vil-
lette ou dans un tope-là l'on conclut un
marché.
On n'a pas encore trouvé le moyen
de penser sans paroles ; lisez les philo-
sophes sur ce grave sujet; et. sous
prétexte de ne pas perdre de temps en
discours, tâchons de ne pas trop éco-
nomiser la pensée.
Peut-être, après tout, ne sommes-nous
tellement soucieux d'épargner les paro-
les que parca que nous ne pensons plus.
Notre économie sordide est peut-être la
conséquence de notre indigence abso-
lue:, c'est une excuse.
Dans tous les cas, je voulais montrer
îfcr un exemple que l'on a beaucoup
trop ri de l'expression : Elever le débat.
On ne se fait pas faute de l'abaisser par
le temps qui court, peut-être parce que
'l'on est un peu bas de plafond.
Il a fallu attendre 1927 pour s'ima-
giner que l'Agora ou le Forum fussent
des lieux de paresse. Démosthène
agissait. César agissait. Depuis notre
République, personne n'a agi dans la
politique extérieure, dans la politique
intérieure, dans la défense nationale,
comme Thiers de 1871 à 1875.
Jules Ferry agissait. Waldeck-Rous-
seau agissait. Clemenceau agissait. Tous
parlaient très 'bien et écrivaient très
bien.
Je voudrais savoir les miracles
accomplis jusqu'à présent dans la poli-
tique ou l'économique par les gens sans
orthographe.
J'ai lu avec plaisir les deux derniers
discours de mon éminent ami Fernand
Bouisson, qui nous préside si bien.
Qu'il ne comprime pas trop les efforts
ou les élans qu'il verrait surgir.
Ce n'est pas dans les années de séche-
resse que nous traversons qu'il tlui con-
viendrait d'arracher une fleur poussée
par hasard. Il vaut mieux, d'ailleurs.
pour sa propre gloire, que pendant de
très longues années il soit le président
de Chambres qui feront honneur au
régime parlementaire.
C'est la grâce que je lui souhaite.
Il est vrai que d'après les gens qui
se croient sages, le seul péril résulte
de ce qu'on s'efforce, comme Nung.es-
ser et Coli, d'aller, toujours plus loin,
plus vite, plus haut.
Oui. Mais comme on a pu le constater
à la fin de la. séance d'avant-hier, ce
sont les seules occasions pour une
Chambre terre-à-terre de relever la tête
vers un peu d'idéal.
En lisant, hier matin, le compte rendu
de l'incident Girod (car je n'étais pas
en séance à ce moment-là) je pensais
à l'émotion qui se produit dans la cour
de ferme décrite par Jean Richepin
avec tant de truculence dans la Chan-
son des Gueux, lorsqu'apparaît tout à
coup, en plein ciel, le vol meurtrier —
meurtrier pour eux — des grands oi-
seaux migrateurs.
EUGÈNE LAUTIER.
LE TARIF DOUANIER
La commission du commerce et de l'in-
dustrie a entendu M. Bokanowski sur le
projet de tarif douanier.
La commission, conformément à l'avis
antérieurement émis par elle, estime que la
t,a:rifk.ation douanière, dégagée de toute
préoccupation d'ordre fiscal, doit être stric-
tement limitée aux besoins de l'économie
nationale, laquelle doit normalement se dé-
velopper en dehors des conditions artifi-
cielles ou factices, devantes pour elle et
nuisibles au consommateur,
La commission déclare toutefois que le
nouveau tarif, dont l'urgence est incontes-
table, doit laisser au gouvernement et aux
négociateurs des accords commerciaux, les
movens d'obtenir des nations'contractantes
un "traitement de réciprocité et de nature
à maintenir par le développement, de notre
industrie nationale une balance commer-
ciale favorable, indispensable au redresse-
ment financier et monétaire,
LA COMÉDIE DES MOSCOUTAIRES
PRENDRA-T-ELLE FIN UN JOUR ?
A Genève les bolcheviks
essuient une dure leçon
du représentant du syndicalisme français
Décidément les bolcheviks n'ont
pas de chance. Leur presse est
mauvaise — en tous pays -. On
dirait qu'un invisible chef d'or-
chestre dirige contre eux, de partout, et en
toutes occasions une inimaginable avalanche
de « sorts » contraires et un formidable con-
cert de critiques qui doivent bien mal sonner
à leurs oreilles. Comprendront-ils, à tout ce
bruit, qu'ils ont bien tort de s'obstiner à vo-
guer dans d'aussi mauvais vents ?
On les avait vus arriver à Genève sans
surprise et même sans déplaisir. N'allaient-
ils pas profiter de la Conférence internatio-
nale économique pour reprendre le contact
avec les nations d'Occident et pour montrer
que leur intransigeance pouvait se plier aux
exigences de la solidarité. internationale et
même s'accommoder, pour le bien de leur pro-
pre pays, des rapports commerciaux comme
des accords économiques ?
L'espoir, tout au moins, était dans l'es-
prit de plus d'un délégué soit français, soit
anglais.
L'espoir serait-il déçu ?
Une fois déjà les délégués anglais et fran-
çais ont dû remettre à leur place les repré-
sentants soviétiques assez mal disposés, dans
leurs discours, à respecter la vérité ou la
simple courtoisie.
La leçon a dû leur être refaite.
Et cette fois par M. Léon Jouhaux dont
l'autorité est assez grande dans le syndica-
lisme français pour qu'on ne le suspecte pas
de parti pris contre les communistes mêmes de
Moscou.
Le délégué. Lepsé parlant en russe a cru
devoir faire une violente sortie contre le ca-
pitalisme et contre l'ensemble des travaux
de la conférence, qui n'a pas d'autre but, se-
lon lui, que d'aggraver l'esclavage du prolé-
tariat — sortie d'ailleurs agrémentée d'amé-
nités de choix et de considérations volontaire-
ment désobligeantes.
A peine la diatribe traduite, M. Jouhaux
s'est levé et a répondu. Il faut lire sa ré-
ponse dans son texte :
Il Vous venez ici, a-t-il dit, avec un double
but : d'une part, vous nous offrez votre col-
laboration, ce qui revient à dire que vous
quémandez le concours de l'Europe civilisée
et, d'autre part, vous voulez saisir l'ocçasion
pour placer des discours de propagande.
Mauvais système, messieurs ! Votre propa-
gande se retourne contre vous, car croyez
bien oue nous sommes très exactement au cou-
Tàfit ae ce qui se passe dans votre pays. Vous
réclamez ici avec violence les libertés syndi-
cales, la hausse des salaires, la journée de
huit heures. Est-ce une plaisanterie ? Tout
ceci, c'est notre programme à nous, que nous
appliquons, depuis 1919, et non le vôtre.
« Les libertés syndicales existent-elles en
Russie ? Non. Les salaires des ouvriers sont-
ils plus élevés que dans le reste du monde ?
Encore non. La journée de huit heures est-
elle observée ? Aucunement. Vos ouvriers
travaillent neuf heures et neuf heures et de-
mie par jour. Vous n'avez pas une grande
habitude du travail sérieux des conférences
internationales. Sachez qu'il n'y a pas de
place ici pour des manifestations dogmati.
ques dont le seul effet est de nous faire per-
dre du temps. s
Ainsi, que ce soit en Chine, en France ou
à Genève, le succès bolchevik est complet.
Sous l'œil de l'étranger
Allons, la vie est belle : les étrangers
affluent à Paris - et nous les accueils
Ions avec le sourire, et non plus, comme
l'an dernier, avec des sarcasmes et de
l'irritation.
Avons-nous donc changé ? Pas nous,
mais la valeur du franc. Avec un franc
de deux sous, c'était la catastrophe :
n'impoTte quels Anglais, Espagnols - ou
Américains du Sud trouvaient avantage
à nous dévaliser. Avec un franc de
quatre sous, rien de pareil : il ne peut
plus venir chez nous que deQAnglais, des
Espagnols ou des Américains capables
de dépenser de l'argent. Du coup, ils
ne sont plus indésirables. Ils font pros-
pérer nos bateaux, nos chemins de fer,
nos hôtels, nos restaurants, nos théâ-
tres, etc.
Ainsi se font les évolutions succes-
sives et contradictoires de l'histoire. Ce
ne sont ni les premières ni les der-
nières.
Le plus lointain passé a connu des
immigrations —' dont les premières pri-
rent, on le sait, la forme brutale d'in-
vasions. Forme trop connue pour qu'il
soit nécessaire de s'y arrêter : c'est
l'histoire même de la formation de la
France. Mais les autres mouvements ?
Ils furent incessants et nombreux.
Les Suisses n'ont-ils pas, de tout temps,
fourni les effectifs des gardes royales ?
Ne doit-on pas aux Flamands les pre-
miers développements des manufactu-
res du Nord? De combien de géné-
rations d'Italiens n'est pas composée
notre population du Sud-Est? Et les
marchands génois et espagnols, et les
artistes de la renaissance italienne ne
comptent-ils pas dans nos fastes?
Cependant, deux phénomènes parti-
culièrement intéressants ont précédé
celui d'aujourd'hui : l'afflux des étran-
gers avides de mercantilisme et d'agio-
tage à l'époque du système de Law et pen-
dant la Révolution ; l'afflux des jouis-
seurs et des dépensiers au temps du
second Empire.
Les Anglais, que devait dénoncer
Robespierre en guerre contre tout ce
qui pouvait porter atteinte à 'l'intégrité
de la Révolution, les Anglais prirent le
chemin de Paris, dès que Law, sous
Louis XV, ouvrit à tout le monde les
possibilités d'agiotage les plus cyniques
qu'on ait vues jusqu'alors. -
Si lui-même était Ecossais, nombre de
ses commis étaient Irlandais ou Gal-
lois. Mais c'est sürtout parmi les ban-
quiers et les spéculateurs qu'on trouve
de nombreux sujets de la Grande-Bre-
tagne : des mémorialistes du temps no-
tent qu'on parle beaucoup anglais dans
les environs de 'la rue Quincampoix.
Vingt-cinq ans plus tard, "l'afflux re-
commence. La crise des assignats est
favorable aux pêcheurs en eau trouble.
Les mobilisations volontaires pour les
armées de la République ne le sont pas
moins aux mercantis, aux « munition-
naires », à tous ceux qui vendent quel-
que chose, et, parmi ceux-ci, les Anglais
abondent tellement qu'à plusieurs repri-
ses, Saint-Just et Maximilien les dénon-r,
cent, vainement d'ailleurs, aux colères
de la Convention.
Tout différent est l'apport étranger
à la société frivole et brillantedu
Second Empire. Ce qui domine, dans
l'immigration de cette époque, ce sont
les oisiifs, les riches, les intellectuels,
ceux qui, attirés comme les papillons j
par le feu d'artifice. impérial, viennent i
s'y brûler s a-ijejs, ou, mieux, aider la
France à se préparer de tristes lende-
mains.
Dans ses. amusants Souvenirs 'de la
vie de plaisir sous le Second Bmpire.
édités par Taillandier, Gaston Jollivet
consacre, entre autres, un piquant cha-
pitre aux étrangers :
« Nous étions les victorieux, écrit M.
Jollivef.. Nos deux grandes guerres heu-
reuses ne traînaient pas derrière elles
de paix incomplète ou précaire. Cela
nous mettait en belle humeur pour
accueillir les étrangers. La cour faisait
bon accueil à tous ceux qui n'étaient pas
indésirables et qui avaient de quoi
payer royalement les merveilles expo-
sées aux vitrines de bijoutiers, étalées
sur les tables des couturières et des mo-
distes. C'est sous le Second Empire que
les étrangers, n'étant plus de simples
touristes, se sont fixés chez npus une
bonne partie de l'année et même à
demeure. Il se forma des colonies an-
glaises, américaines, etc., qui se firent
adopter, donnèrent des fêtes, marièrent
leurs filles à des Français, se fondirent
avec la meilleure société. »
C'était le temps où le prince de Galles
faisait avant la lettre la « tournée des
grands ducs », où les « mylords » pas-
saient leurs journées sur le boulevard,
au Café Anglais, aux courses, leurs
soirées à l'Opéra et leurs nuits chez le
père Lunette. Stràham, Alton Shee
étaient des cercles les plus fermés. Les
Autrichiens formaient une colonie à
part autour de leur ambassadrice, co-
queluche des salons, la princesse de
Mefcternich, comme les Italiens autour
de la comtesse de Castiglione et les Es-
pagnols autour de l'impératrice.
Hollandais, dont le prince d'Orange,
Belges, Turcs, Américains du Nord et
du Sud, ne manquaient pas non plus.
Mais ce Paris et ce Compiègne de fêtes
et de plaisirs ne choyaient-ils pas aussi
M. de Bismarck, qui ne mit pas long-
temps là éteindre le feu d'artifice ?.
La grande guerre a peuplé Paris et
lIes abords du front d'officiers et de
soldats de toutes nations. Puis sont ve-
nus avec les mercantis les pauvres
hères. Refuge des peuples malheureux,
la France a donné à tous une hospita-
lité généreuse, peut-être trop.
Mais aussi les ruines de la guerre
l'ont obligée à chercher ailleurs les tra-
vailleurs que la bataille lui a pris par
centaines de mille. Italiens, Polonais,
Belges, Espagnols, nous ont donné
leurs bras - et avec, parfois, leurs
crimes.
Si bien qu'une sélection est à faire.
comme l'a, demandé notre ami Charles
Lambert, apôtre de la naturalisation
raisonnée.
♦ A. L. BITTARD.
Des troubles populaires
éclatent à Madras
A la suite d'une grève du personnel d'une
compagnie pétrolifère; des troubles graves
auraient éclaté à: Madras (Indes anglaises).
La foule aurait arrêté trois autoca-
mions de la compagnie pour y mettre le
feu. Des bagares sanglantes auraient eu
lieu, et l'on signale de nombreux blessés.
AU QUAI D'ORSAY
M. Aristide Briand, ministre des affaires j
étrangères, a reçu hier matin M. de Chja-J
P'()Wit ambassadeur de Pologne.,
LA DISCUSSION FRANCO-ALLEMANDE
, NOIHI pipato
entre Panret Berlin
On ne s'accorde pas
sur les démolitions entreprises
en Prusse Orientale
Les conversations continuent entre
Paris et Berlin. M. von Hoesch, ambas-
sadeur d'Allemagne à Paris, a été pen-
dant longtemps malade, il se porte
mieux aujourd'hui, mois avant de
reprendre son travail, il a besoin de
vlusieurs semaines de repos, aussi est-
ce son premier conseiller, le Dr. Rieth,
gui a été chargé de reprendre avec le
Quai d'Orsay un contact jadis fréquent
et interrompu depuis quelques semai-
nes. -
Grâce à celle explication, on voudrait
nous affirmer que Paris et Berlin ne
discutent en ce moment sur aucune
question particulièrement précise et
particulièrement urgente, En réalité,
on parle bien de tous, les sujets inté-
ressant les deux pays, notamment des
relations commerciales qui vont dépen-
dre du futur tarif douanier français,
mais surtout de deux questions spécia-
lement épineuses : la Rhénanie, les for-
tifications de la Prusse orientale.
En ce qui concerne la Rhénanie, nous
avons déjà dit que M. Stresemann, har-
celé par ses collègues nationalistes et
par une opinion sans cesse travaillée
par la droite, voudrait se présenter de-
vant le Reichstag avec une nouvelle,
preuve tangible des avantages locm'
niens. Trop habile pour parler tout de
suitg d'une évacuation en échange de
laquelle il ne peut encore offrir de con-
tre-parties suffisantes, le chef de la
Wilhelmstrasse se contente de deman-
der une limitation des effectifs alliéJ.
des territoires occupes. Aucun chiffre,
croyons-nous, n'a été prononcé jus-
qu'ici. t L'état-major français se consulte
et échange ses vues avec le Quai d'Da.
say. D'ailleurs, M. Briand est moins
pressé de faire un nouveau plaisir à
M. Stresemann que d'obtenir du Reich
des garanties substantielles sur la dé-
molition des fortifications jadis élevées
en Prusse orintale.
Les Allemands affirment qu'il &nl
scrupuleusement exécuté les indica-
tions de la conférence des ambassa-
deurs et qu'ils sont entièrement en rè-
gle. Le 5 juin, la suppression des trente-
quatre abris fortifiés pourra être cons-
tatée par un attaché militaire allié, fran-
çais, italien ou anglais. La conférence
des ambassadeurs voudrait que ce con-
trôle ultime soit effectué par les trois
attachés réunis. C'est ce que Berlin se
refuse à admettre, sous prétexte que ce
petit aréopage ressemblerait trop à l'an-
cienne commission du général Walsh.
Là-dessus on discute depuis une bon-
ne semaine, sans grands résultats. On
nous permettra de trouver qu'il s'agit
d'une querelle vraiment superflue, d'un
côlé comme de l'autre. Seulement, si
elle ne cesse pas en temps voulu, il fau-
dra recourir à la Société des Nations,
mettre en mouvement la commission
d'investigations du général Baratier et
ainsi de suite. On ne voit pas quel. serait
alors l'intérêt du Reich. Berlin serait
bien inspiré aujourd'hui de ne pas se
montrer trop susceptible.
Jean-L. DAURIAC.
NOTE DU JOUR
Le triomphe du vandalisme
Le vandalisme ne connaît plus de rete-
nue. Il se cache lorsqu'il enlève les boise-
ries de nos vieux châteaux pour les por-
ter en Amérique. Il s'efforce de ne pas
attirer Vattention — au moins pendant
qu'il opère — lorsqu'il enlaidit nos pro-
menades ou nos monuments. Il agit au
grand jElu'r, au contraire, et comme mû
par le sadisme de Vostentation quand il
réclame la suppression des arbres de nos
boulevards.
La suppression des arbres de nos boule-
vards ?
Eh oui : ce n'est pas une effarante fan-
taisie; c'est une proposition faite par deux
conseillers municipaux de Paris qui, le
plus cyniquement du monde, réclament la
suppression des arbres des boideuards
pour laisser la place aux. autos.
« Les boulevards, disent-ils, ne sont plus
une promenade comme au temps de Tor-
toni ou de la Maison Dorée. Ils sont de-
venus une grande voie londonienne et
commerçante sur laquelle les arbres n'ont
plus de raison d'être. »
Et voilà. Mais. si l'on commençait par
enlever les édicules ignobles ou horribles
et les. terrasses envahissantes qui encom-
brent les trottoirs ?
On se garde bien de toucher à cela :
cela c'est le monopole, du mercantilisme
triomphant qui saccage la beauté de notre
ville en même temps que la facilité de no-
tre vie. Tandis que les arbres, les pauvres
arbres ne donnent que de la verdure, de
l'ombre, et un peu de poésie aux pauvres
gens.
Bien que pour cela ils méritent cent fois
d'être sacrifiés aux insolentes, laides,
bniyantes et puantes casseroles à essence,
de.s parvenus.
Qu'on les coupe !
Jacques BAttl Y.
VOIR EN DEUXIEME PAGE : ;
Les Premières
VOIR EN TROISIEME PAGE :
Le discours
de M. Herriot à Reims
Les Courses
LE RAI TRANSATLANTIQUE !
Pas ne de nnelles
île Mm et i
Toutes les marines du monde
sont alertées et la T.S.F.
requiert le concours du public
Toujours sans nouvelles de Nungesser et
Coli I La direction générale de l'aéronau-
tique déclarait hier, à quinze heures, qu'il
n'y avait rien de nouveau. Elle précisait
qu'aucune des nouvelles officielles reçues
jusqu'ici ne mentionne que Nungesser et
Coli aient été retrouvés ou même aperçus
après leur passage sur l'Irlande.
Le consul de France à New-York a télé.
graphié la nuit dernière que, suivant le ren-
seignement fourni par les autorités navales
américaines, tous les avions signalés de-
puis le départ des aviateurs français ont
été identifiés ; aucun d'eux n'était l'avion
de Nungesser.
Le consul de France à Montréal a égale.
ment fait savoir qu'il n'avait aucune nou-
velle des aviateurs ; les recherches néces-
saires sont en cours ; les navires en roer
sont alertés.
L'enquête sur les fausses nouvelles
Le ministère du commerce procède, ainsi
que M. Bokanowski l'a annoncé à la Cham-
ibre, à une enquête sur l'origine des faus-
ses nouvelles répandues lundi à Paris au
sujet du "raid Paris-New-York. La Sûreté
générale a été chargée de recueillir tous
renseignements utiles.
Les recherches dans la Manche
Les recKerches de l'avion de Nungesser,
qui se sont poursuivies la nuit dernière
dans la Manche, ont repris hier dans les
mêmes conditions. Les bateaux sont ren-
trés hier matin, et aussitôt après ravitail-
lement ont repris la mer en direction du
Havre, avec les torpilleurs venus de Brest.
M, Léon Nungesser, frère de l'aviateur,
participe aux recherches comme passager
à bord de l'aviso « Ailette n.
Les bateaux transatlantiques
opèrent aussi
New-York, Il mai. — Trois paquebot»,
le cc Camelonia », le o Westphalia 'n et le
« George-Washington », et le cargo « Wes-
tapaum », actuellement dans l'Atlantique,
ont offert de rechercher Nungesser et Coli.
Ces navires ont annoncé qu'ils n'avaient
pas aperçu l' « Oiseau blanc » et qu'ils
enverraient des messages dès. qu'ils auront
quelque chose 4 signaler à ce sujet.
On a demandé aux capitaines d'autres
vaisseaux transatlantiques de signaler
toute trace qu'ils pourront découvrir du
passage des deux aviateurs français.
(Voir la suite en troisième page)
LES MONOPOLES
Le rapport annuel de « l'American
Telephone and Télégraph Company »
fait ressortir un bénéfice, net, après paie-
ment des intérêts sur les obligations
et actions et autres charges, de 120 mil-
lions de dollars. Le service des télépho-
nes a rapporté net 05.000.000 de dol-
lars, ce qui représente une augmenta-
tion de 27.000.000, ou environ 12 %;
comparativement aux chiffres de l'exer-
cice précédent.
Le nombre des abonnés a augmenté
rannée dernière de 781.000, ce qui porte
le total des appareils en exploitation
à 17.500.000. Le temps moyen nécessaire
pour une communication à grande dis-
tance, et qui représente souvent des mil-
liers de kilomètres, est de 2 minutes
35 secondes.
A supposer que des raisons nationales
s'opposent à l'aliénation du monopole
des téléphones, en est-il moins vrai que
l'industrie privée a de meilleures chan-
ces que l'étatiême ?
R. G.
LA VIE ARTISTIQUE
Par Jean MARTET *
LE SALON
(Artistes français)
Teinture, dessins
Gravures, Aquarelles
(Suite)
SALLE 14.'
Une très agréable miniature de Léon
Dayiel : Portrait de l'honorable Mrs
Arthur Lascolles. D'André des Fontai-
nes, un bon pastel : « les Javelles M.
, SALLE 15.
D'Isaac Cohen, un portrait de .Mlle
June Child, au gracieux mouvement.
Un charmant « flirt », de Calbet. Et
surtout, de Pavil, une femme buvant,
très belle de facture et d'expression.
SALLE 16.
Les « bibelots 'de Copenhague », de
Grün, ont de -la grâce ; de savantes
recherches de tons, dans la robe verte,
la lueur douce de la lampe.
SALLE 17.
Un « concert public », de Jules Hervé,
aui est une plaisante scène de la vie
de province. Son ( harmonie en gris »,
une rue vue d'uncinquième étage, est,
aussi, à noter. « L'indifférente », de
Montassiez est amusante et décorative.
SALLE 18.
Il y a de bonnes choses dans le Saint-
François d'Assise, d'Antoine Raynolt :
très joliment croqué, le gamin au milieu
de l'eau.
SALLE 19.
Une excellente pointe-sèche de Mme,
Thérèse d'Estrées : « les deux amis ».
Un portrait au burin, d'André Drevil!.
ta Mf t w ,{ om m
GRAND JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN
Rédacteur en Chef: EUGÈNE LAUTIER
A. BERNIER
Directeur -Administrateur
quinzième année No 3944
Rédaction et Administration
t3, rue Marivaux, PARIS
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Cut. 54.07. - Cut. 54-08
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LE PUBLIC ET L'«OISEAU BLANC»
Simples réflexions
La presse du soir (espoir I) avait
ravant-hier une mauvaise presse dans
la rue, au Parlement, dans les cercles,
ans les dîners en ville, partout.
A ceux qui les accusaient d'avoir
iaccueilli des nouvelles insuffisamment
contrôlées, quelques-uns de mes confrè-
tes ont répondu.
Etait-ce bien la peine ? La réponse est,
ans le Figaro de Beaumarchais :
ttux qualités que les maîtres exigent de
pleurs domestiques, combien de maîtres
feraient-ils dignes ou capables d'être(
domestiques ?
C'est la règle qui domine les rapports
entre rédacteurs et lecteurs. Getrtes, je
fcrois que la qualité moyenne dans la
[presse, depuis une trentaine d'années,
ta baissé comme à la Chambre et dans
Je public.
Nous allons — des chiffres sont là —
vers ce qu'on appelle en Italie l'anal-
phabétisme. Les écoles sont désertées,
on ne veut rien apprendre. On sait tout
en naissant.
Le public est, à regard des nouvel-
listes, d'une exigence excessive. Il veut
itout de suite des renseignements. Il ne
(permet pas à la presse d'avoir une opi-
taion.
Avant dix années, les grands trusts,
e journaux seront obligés d'avoir des
îperceurs de murailles à leur solde afin
de fourniir à la clientèle une pâture
Ilorsque, par hasard, le crime chômera.
Bokanowski a trouvé à la Chambre
le mot de la situation lorsqu'il a dit
qu'avant-hier les Français avaient souf-
ifert du phénomène d'illusion collective.
On a passé la journée dans l'halluci-
dation.
Je n'en avais pas connu de pareille
jdepuis le début de la guerre lorsque
es gens juraient qu'ils avaient vu le
jcorps de tel espion fusillé, ou bien des
régiments allemands couchés sur le sol
fpar la turpinite, ou bien une compagnie
Ide cosaques gardant la Banque de
jFrance.
Ce qui me console c'est que, — par
compensation, — le jour où quelqu'un
kiécouvrira 'le remède de la tuberculose,
qui sauvera en France plusieurs cen-
taines de vies humaines par an, le
grand public attendra chez le bistro que
fies journaux aient vérifié la nouvelle.
On ne s'amassera pas au coin des
irues comme on fait pour les exploits
(sportifs.
Quant aux journaux, quel est le direc-
teur, quel est le conseil d'administra-
tion qui ne mettrait ù. la porte
immédiatement et ne condamnerait à
la famine l'homme qui eut, voici quel-
que trente ans, la conscience d'un petit
jeune homme, 'alors sous-secrétaire de
lia (rédaction à la Cocarde, journal qui
paraissait vers deux heures ou deux
(heures et demie.
L'Angleterre était en guerre avec les
iBoers. Les Français — toujours pas-
jsionnément ignares en politique ékan-
gère — faisaient des vœux pouir îles
[Boers, se. réjouissaient des échecs des
IAnglais, acclamaient toutes les victoi-
res des généraux du Transvaal. Il est
îvrai que cet idéalisme humanitaire avait
iété préparé par une très- intelligente
[publicité.
- Donc, tout l'effort de la Cocarde con-
teistait en ceci. On attendait la dépêche
Havas de midi. On la mettait en tête de
la première colonne (tout le reste du
journal n'était qu'un remplissage). Le
secrétaire de la rédaction résumait la
'dépêche en quatre ou cinq mots que
Ton imprimait en caractères d'affiche
ur toute la longueur du journal.
On bâclait et l'on servait chaud au
fpublic quand il sortait de déjeuner, et
la digestion francaise était facilitée
[presque tous les jours par un échec de
l'Angleterre.
Un jour, la feuille Havas de midi ne j
Contenait trien. Grave embarras à 'la
iCocarde. Le secrétaire de la rédaction, j
ce jour-là, s'était fait suppléer par un
jftide : un simple sous-secrétaire. 1
- Que faire ? Que dire ? Comment rem-
plir cet espace béant qui attendait la
grande manchette ?
Alosrs, ce petit bonhomme de sous-
jsecrétàire, qui avait le respect de la
ivérité, imprima en tête de la- Cocarde
Scette énorme nouvelle :
« RIEN DE NOUVEAU »
On ne vendit pas un seul numéro du
gournal, et le lendemain le sous-secré-
taire du journal était mis à la porte.
Vous croyez qu'il a fait son chemin,
Gue l'Académie française lui a décerné
Se prix Montyon, qu'il est membre de
d'Académié des sciences morales et poli-
tiques, qu'un grand bourgeois, membre
ide la ligue des Droits de l'homme et
du citoyen, lui a donné sa fille en ma-
riage, qu'il est employé supérieur de la
(Société des Nations avec un gros traite-
pient en devises appréciées ?
Non, il est garde-magasin dans une
fville de l'ouest. J'ai de temps en temps
[de ses nouvelles.
Emile de Girardin a dit : Le journa-
lisme mène à tout, à la condition d'en
{sortir,
La leçon de la journée d'avant-hier,
fje m'étonne qu'elle n'ait pas été déga-
gée. par certains journaux dont c'est la'
pnission sur cette terre.
Puisqu'on me 'laisse la parole je la
idirai simplement (cette leçon) et sans
(chausser les cothurnes.
C'est qu'il faut s'attendre à bien des
tnrstifications, sinon à des dangers, avec
ta télégraphie sans fil.
Désormais ou jusqu'à, nouvel ordre,
c'est l'information anonyme et sans cer-
tificat d'origine qui rôde dans l'espace,
qui rase le sol et l'eau, qui s'étend sur
l'univers en ondes larges et rapides.
Elle attend à peine qu'on la sollicite,
qu'on la capte. La curiosité mondiale la
happe comme une proie et c'est bien
une proie, en effet, que cette nouvelle
que l'on a lancée à grands frais. A par-
tir du moment où elle circule, elle n'est
la chose de personne. Elle est à la merci
de tous.
Un tel, qui dans la vie courante reste
partisan dévoué du principe de pro-
priété individuelle, s'empare d'une in-
formation d'où peuvent dépendre des
paniques de paix ou de guerre, des mou-
vements de foule, des coups de bourse.
Et voilà le phénomène intéressant.
Voilà ce que quelqu'un aurait dû dire
à la Chambre avant-hier pour donner
tout de même à la date sur l'interpella-
tion Girod un petit parfum d'idéologie.
Cela pouvait se résumer d'une parole.
Un Jaurès, un Waldeck-Rousseau, un"
Clemenceau, auraient, en quinze lignes,
dit les motî nécessaires pour faire pen-
ser.
Cela prenait trois minutes. Cela n'était
pas du temps perdu.
C'est très beau de réduire au strict
nécessaire le temps des discours à la
Chambre, mais il faut craindre de ban-
nir des palais législatifs le goût de la
réflexion et des exercices de l'esprit.
Il ne faut pas, malgré ses colonnades,
que le Palais-Bourbon soit un lieu où
les choses se décident en deux mots
comme sous la colonnade de la Bourse.
Nous ne sommes pas un peuple de
marchands de bœufs comme à la Vil-
lette ou dans un tope-là l'on conclut un
marché.
On n'a pas encore trouvé le moyen
de penser sans paroles ; lisez les philo-
sophes sur ce grave sujet; et. sous
prétexte de ne pas perdre de temps en
discours, tâchons de ne pas trop éco-
nomiser la pensée.
Peut-être, après tout, ne sommes-nous
tellement soucieux d'épargner les paro-
les que parca que nous ne pensons plus.
Notre économie sordide est peut-être la
conséquence de notre indigence abso-
lue:, c'est une excuse.
Dans tous les cas, je voulais montrer
îfcr un exemple que l'on a beaucoup
trop ri de l'expression : Elever le débat.
On ne se fait pas faute de l'abaisser par
le temps qui court, peut-être parce que
'l'on est un peu bas de plafond.
Il a fallu attendre 1927 pour s'ima-
giner que l'Agora ou le Forum fussent
des lieux de paresse. Démosthène
agissait. César agissait. Depuis notre
République, personne n'a agi dans la
politique extérieure, dans la politique
intérieure, dans la défense nationale,
comme Thiers de 1871 à 1875.
Jules Ferry agissait. Waldeck-Rous-
seau agissait. Clemenceau agissait. Tous
parlaient très 'bien et écrivaient très
bien.
Je voudrais savoir les miracles
accomplis jusqu'à présent dans la poli-
tique ou l'économique par les gens sans
orthographe.
J'ai lu avec plaisir les deux derniers
discours de mon éminent ami Fernand
Bouisson, qui nous préside si bien.
Qu'il ne comprime pas trop les efforts
ou les élans qu'il verrait surgir.
Ce n'est pas dans les années de séche-
resse que nous traversons qu'il tlui con-
viendrait d'arracher une fleur poussée
par hasard. Il vaut mieux, d'ailleurs.
pour sa propre gloire, que pendant de
très longues années il soit le président
de Chambres qui feront honneur au
régime parlementaire.
C'est la grâce que je lui souhaite.
Il est vrai que d'après les gens qui
se croient sages, le seul péril résulte
de ce qu'on s'efforce, comme Nung.es-
ser et Coli, d'aller, toujours plus loin,
plus vite, plus haut.
Oui. Mais comme on a pu le constater
à la fin de la. séance d'avant-hier, ce
sont les seules occasions pour une
Chambre terre-à-terre de relever la tête
vers un peu d'idéal.
En lisant, hier matin, le compte rendu
de l'incident Girod (car je n'étais pas
en séance à ce moment-là) je pensais
à l'émotion qui se produit dans la cour
de ferme décrite par Jean Richepin
avec tant de truculence dans la Chan-
son des Gueux, lorsqu'apparaît tout à
coup, en plein ciel, le vol meurtrier —
meurtrier pour eux — des grands oi-
seaux migrateurs.
EUGÈNE LAUTIER.
LE TARIF DOUANIER
La commission du commerce et de l'in-
dustrie a entendu M. Bokanowski sur le
projet de tarif douanier.
La commission, conformément à l'avis
antérieurement émis par elle, estime que la
t,a:rifk.ation douanière, dégagée de toute
préoccupation d'ordre fiscal, doit être stric-
tement limitée aux besoins de l'économie
nationale, laquelle doit normalement se dé-
velopper en dehors des conditions artifi-
cielles ou factices, devantes pour elle et
nuisibles au consommateur,
La commission déclare toutefois que le
nouveau tarif, dont l'urgence est incontes-
table, doit laisser au gouvernement et aux
négociateurs des accords commerciaux, les
movens d'obtenir des nations'contractantes
un "traitement de réciprocité et de nature
à maintenir par le développement, de notre
industrie nationale une balance commer-
ciale favorable, indispensable au redresse-
ment financier et monétaire,
LA COMÉDIE DES MOSCOUTAIRES
PRENDRA-T-ELLE FIN UN JOUR ?
A Genève les bolcheviks
essuient une dure leçon
du représentant du syndicalisme français
Décidément les bolcheviks n'ont
pas de chance. Leur presse est
mauvaise — en tous pays -. On
dirait qu'un invisible chef d'or-
chestre dirige contre eux, de partout, et en
toutes occasions une inimaginable avalanche
de « sorts » contraires et un formidable con-
cert de critiques qui doivent bien mal sonner
à leurs oreilles. Comprendront-ils, à tout ce
bruit, qu'ils ont bien tort de s'obstiner à vo-
guer dans d'aussi mauvais vents ?
On les avait vus arriver à Genève sans
surprise et même sans déplaisir. N'allaient-
ils pas profiter de la Conférence internatio-
nale économique pour reprendre le contact
avec les nations d'Occident et pour montrer
que leur intransigeance pouvait se plier aux
exigences de la solidarité. internationale et
même s'accommoder, pour le bien de leur pro-
pre pays, des rapports commerciaux comme
des accords économiques ?
L'espoir, tout au moins, était dans l'es-
prit de plus d'un délégué soit français, soit
anglais.
L'espoir serait-il déçu ?
Une fois déjà les délégués anglais et fran-
çais ont dû remettre à leur place les repré-
sentants soviétiques assez mal disposés, dans
leurs discours, à respecter la vérité ou la
simple courtoisie.
La leçon a dû leur être refaite.
Et cette fois par M. Léon Jouhaux dont
l'autorité est assez grande dans le syndica-
lisme français pour qu'on ne le suspecte pas
de parti pris contre les communistes mêmes de
Moscou.
Le délégué. Lepsé parlant en russe a cru
devoir faire une violente sortie contre le ca-
pitalisme et contre l'ensemble des travaux
de la conférence, qui n'a pas d'autre but, se-
lon lui, que d'aggraver l'esclavage du prolé-
tariat — sortie d'ailleurs agrémentée d'amé-
nités de choix et de considérations volontaire-
ment désobligeantes.
A peine la diatribe traduite, M. Jouhaux
s'est levé et a répondu. Il faut lire sa ré-
ponse dans son texte :
Il Vous venez ici, a-t-il dit, avec un double
but : d'une part, vous nous offrez votre col-
laboration, ce qui revient à dire que vous
quémandez le concours de l'Europe civilisée
et, d'autre part, vous voulez saisir l'ocçasion
pour placer des discours de propagande.
Mauvais système, messieurs ! Votre propa-
gande se retourne contre vous, car croyez
bien oue nous sommes très exactement au cou-
Tàfit ae ce qui se passe dans votre pays. Vous
réclamez ici avec violence les libertés syndi-
cales, la hausse des salaires, la journée de
huit heures. Est-ce une plaisanterie ? Tout
ceci, c'est notre programme à nous, que nous
appliquons, depuis 1919, et non le vôtre.
« Les libertés syndicales existent-elles en
Russie ? Non. Les salaires des ouvriers sont-
ils plus élevés que dans le reste du monde ?
Encore non. La journée de huit heures est-
elle observée ? Aucunement. Vos ouvriers
travaillent neuf heures et neuf heures et de-
mie par jour. Vous n'avez pas une grande
habitude du travail sérieux des conférences
internationales. Sachez qu'il n'y a pas de
place ici pour des manifestations dogmati.
ques dont le seul effet est de nous faire per-
dre du temps. s
Ainsi, que ce soit en Chine, en France ou
à Genève, le succès bolchevik est complet.
Sous l'œil de l'étranger
Allons, la vie est belle : les étrangers
affluent à Paris - et nous les accueils
Ions avec le sourire, et non plus, comme
l'an dernier, avec des sarcasmes et de
l'irritation.
Avons-nous donc changé ? Pas nous,
mais la valeur du franc. Avec un franc
de deux sous, c'était la catastrophe :
n'impoTte quels Anglais, Espagnols - ou
Américains du Sud trouvaient avantage
à nous dévaliser. Avec un franc de
quatre sous, rien de pareil : il ne peut
plus venir chez nous que deQAnglais, des
Espagnols ou des Américains capables
de dépenser de l'argent. Du coup, ils
ne sont plus indésirables. Ils font pros-
pérer nos bateaux, nos chemins de fer,
nos hôtels, nos restaurants, nos théâ-
tres, etc.
Ainsi se font les évolutions succes-
sives et contradictoires de l'histoire. Ce
ne sont ni les premières ni les der-
nières.
Le plus lointain passé a connu des
immigrations —' dont les premières pri-
rent, on le sait, la forme brutale d'in-
vasions. Forme trop connue pour qu'il
soit nécessaire de s'y arrêter : c'est
l'histoire même de la formation de la
France. Mais les autres mouvements ?
Ils furent incessants et nombreux.
Les Suisses n'ont-ils pas, de tout temps,
fourni les effectifs des gardes royales ?
Ne doit-on pas aux Flamands les pre-
miers développements des manufactu-
res du Nord? De combien de géné-
rations d'Italiens n'est pas composée
notre population du Sud-Est? Et les
marchands génois et espagnols, et les
artistes de la renaissance italienne ne
comptent-ils pas dans nos fastes?
Cependant, deux phénomènes parti-
culièrement intéressants ont précédé
celui d'aujourd'hui : l'afflux des étran-
gers avides de mercantilisme et d'agio-
tage à l'époque du système de Law et pen-
dant la Révolution ; l'afflux des jouis-
seurs et des dépensiers au temps du
second Empire.
Les Anglais, que devait dénoncer
Robespierre en guerre contre tout ce
qui pouvait porter atteinte à 'l'intégrité
de la Révolution, les Anglais prirent le
chemin de Paris, dès que Law, sous
Louis XV, ouvrit à tout le monde les
possibilités d'agiotage les plus cyniques
qu'on ait vues jusqu'alors. -
Si lui-même était Ecossais, nombre de
ses commis étaient Irlandais ou Gal-
lois. Mais c'est sürtout parmi les ban-
quiers et les spéculateurs qu'on trouve
de nombreux sujets de la Grande-Bre-
tagne : des mémorialistes du temps no-
tent qu'on parle beaucoup anglais dans
les environs de 'la rue Quincampoix.
Vingt-cinq ans plus tard, "l'afflux re-
commence. La crise des assignats est
favorable aux pêcheurs en eau trouble.
Les mobilisations volontaires pour les
armées de la République ne le sont pas
moins aux mercantis, aux « munition-
naires », à tous ceux qui vendent quel-
que chose, et, parmi ceux-ci, les Anglais
abondent tellement qu'à plusieurs repri-
ses, Saint-Just et Maximilien les dénon-r,
cent, vainement d'ailleurs, aux colères
de la Convention.
Tout différent est l'apport étranger
à la société frivole et brillantedu
Second Empire. Ce qui domine, dans
l'immigration de cette époque, ce sont
les oisiifs, les riches, les intellectuels,
ceux qui, attirés comme les papillons j
par le feu d'artifice. impérial, viennent i
s'y brûler s a-ijejs, ou, mieux, aider la
France à se préparer de tristes lende-
mains.
Dans ses. amusants Souvenirs 'de la
vie de plaisir sous le Second Bmpire.
édités par Taillandier, Gaston Jollivet
consacre, entre autres, un piquant cha-
pitre aux étrangers :
« Nous étions les victorieux, écrit M.
Jollivef.. Nos deux grandes guerres heu-
reuses ne traînaient pas derrière elles
de paix incomplète ou précaire. Cela
nous mettait en belle humeur pour
accueillir les étrangers. La cour faisait
bon accueil à tous ceux qui n'étaient pas
indésirables et qui avaient de quoi
payer royalement les merveilles expo-
sées aux vitrines de bijoutiers, étalées
sur les tables des couturières et des mo-
distes. C'est sous le Second Empire que
les étrangers, n'étant plus de simples
touristes, se sont fixés chez npus une
bonne partie de l'année et même à
demeure. Il se forma des colonies an-
glaises, américaines, etc., qui se firent
adopter, donnèrent des fêtes, marièrent
leurs filles à des Français, se fondirent
avec la meilleure société. »
C'était le temps où le prince de Galles
faisait avant la lettre la « tournée des
grands ducs », où les « mylords » pas-
saient leurs journées sur le boulevard,
au Café Anglais, aux courses, leurs
soirées à l'Opéra et leurs nuits chez le
père Lunette. Stràham, Alton Shee
étaient des cercles les plus fermés. Les
Autrichiens formaient une colonie à
part autour de leur ambassadrice, co-
queluche des salons, la princesse de
Mefcternich, comme les Italiens autour
de la comtesse de Castiglione et les Es-
pagnols autour de l'impératrice.
Hollandais, dont le prince d'Orange,
Belges, Turcs, Américains du Nord et
du Sud, ne manquaient pas non plus.
Mais ce Paris et ce Compiègne de fêtes
et de plaisirs ne choyaient-ils pas aussi
M. de Bismarck, qui ne mit pas long-
temps là éteindre le feu d'artifice ?.
La grande guerre a peuplé Paris et
lIes abords du front d'officiers et de
soldats de toutes nations. Puis sont ve-
nus avec les mercantis les pauvres
hères. Refuge des peuples malheureux,
la France a donné à tous une hospita-
lité généreuse, peut-être trop.
Mais aussi les ruines de la guerre
l'ont obligée à chercher ailleurs les tra-
vailleurs que la bataille lui a pris par
centaines de mille. Italiens, Polonais,
Belges, Espagnols, nous ont donné
leurs bras - et avec, parfois, leurs
crimes.
Si bien qu'une sélection est à faire.
comme l'a, demandé notre ami Charles
Lambert, apôtre de la naturalisation
raisonnée.
♦ A. L. BITTARD.
Des troubles populaires
éclatent à Madras
A la suite d'une grève du personnel d'une
compagnie pétrolifère; des troubles graves
auraient éclaté à: Madras (Indes anglaises).
La foule aurait arrêté trois autoca-
mions de la compagnie pour y mettre le
feu. Des bagares sanglantes auraient eu
lieu, et l'on signale de nombreux blessés.
AU QUAI D'ORSAY
M. Aristide Briand, ministre des affaires j
étrangères, a reçu hier matin M. de Chja-J
P'()Wit ambassadeur de Pologne.,
LA DISCUSSION FRANCO-ALLEMANDE
, NOIHI pipato
entre Panret Berlin
On ne s'accorde pas
sur les démolitions entreprises
en Prusse Orientale
Les conversations continuent entre
Paris et Berlin. M. von Hoesch, ambas-
sadeur d'Allemagne à Paris, a été pen-
dant longtemps malade, il se porte
mieux aujourd'hui, mois avant de
reprendre son travail, il a besoin de
vlusieurs semaines de repos, aussi est-
ce son premier conseiller, le Dr. Rieth,
gui a été chargé de reprendre avec le
Quai d'Orsay un contact jadis fréquent
et interrompu depuis quelques semai-
nes. -
Grâce à celle explication, on voudrait
nous affirmer que Paris et Berlin ne
discutent en ce moment sur aucune
question particulièrement précise et
particulièrement urgente, En réalité,
on parle bien de tous, les sujets inté-
ressant les deux pays, notamment des
relations commerciales qui vont dépen-
dre du futur tarif douanier français,
mais surtout de deux questions spécia-
lement épineuses : la Rhénanie, les for-
tifications de la Prusse orientale.
En ce qui concerne la Rhénanie, nous
avons déjà dit que M. Stresemann, har-
celé par ses collègues nationalistes et
par une opinion sans cesse travaillée
par la droite, voudrait se présenter de-
vant le Reichstag avec une nouvelle,
preuve tangible des avantages locm'
niens. Trop habile pour parler tout de
suitg d'une évacuation en échange de
laquelle il ne peut encore offrir de con-
tre-parties suffisantes, le chef de la
Wilhelmstrasse se contente de deman-
der une limitation des effectifs alliéJ.
des territoires occupes. Aucun chiffre,
croyons-nous, n'a été prononcé jus-
qu'ici. t L'état-major français se consulte
et échange ses vues avec le Quai d'Da.
say. D'ailleurs, M. Briand est moins
pressé de faire un nouveau plaisir à
M. Stresemann que d'obtenir du Reich
des garanties substantielles sur la dé-
molition des fortifications jadis élevées
en Prusse orintale.
Les Allemands affirment qu'il &nl
scrupuleusement exécuté les indica-
tions de la conférence des ambassa-
deurs et qu'ils sont entièrement en rè-
gle. Le 5 juin, la suppression des trente-
quatre abris fortifiés pourra être cons-
tatée par un attaché militaire allié, fran-
çais, italien ou anglais. La conférence
des ambassadeurs voudrait que ce con-
trôle ultime soit effectué par les trois
attachés réunis. C'est ce que Berlin se
refuse à admettre, sous prétexte que ce
petit aréopage ressemblerait trop à l'an-
cienne commission du général Walsh.
Là-dessus on discute depuis une bon-
ne semaine, sans grands résultats. On
nous permettra de trouver qu'il s'agit
d'une querelle vraiment superflue, d'un
côlé comme de l'autre. Seulement, si
elle ne cesse pas en temps voulu, il fau-
dra recourir à la Société des Nations,
mettre en mouvement la commission
d'investigations du général Baratier et
ainsi de suite. On ne voit pas quel. serait
alors l'intérêt du Reich. Berlin serait
bien inspiré aujourd'hui de ne pas se
montrer trop susceptible.
Jean-L. DAURIAC.
NOTE DU JOUR
Le triomphe du vandalisme
Le vandalisme ne connaît plus de rete-
nue. Il se cache lorsqu'il enlève les boise-
ries de nos vieux châteaux pour les por-
ter en Amérique. Il s'efforce de ne pas
attirer Vattention — au moins pendant
qu'il opère — lorsqu'il enlaidit nos pro-
menades ou nos monuments. Il agit au
grand jElu'r, au contraire, et comme mû
par le sadisme de Vostentation quand il
réclame la suppression des arbres de nos
boulevards.
La suppression des arbres de nos boule-
vards ?
Eh oui : ce n'est pas une effarante fan-
taisie; c'est une proposition faite par deux
conseillers municipaux de Paris qui, le
plus cyniquement du monde, réclament la
suppression des arbres des boideuards
pour laisser la place aux. autos.
« Les boulevards, disent-ils, ne sont plus
une promenade comme au temps de Tor-
toni ou de la Maison Dorée. Ils sont de-
venus une grande voie londonienne et
commerçante sur laquelle les arbres n'ont
plus de raison d'être. »
Et voilà. Mais. si l'on commençait par
enlever les édicules ignobles ou horribles
et les. terrasses envahissantes qui encom-
brent les trottoirs ?
On se garde bien de toucher à cela :
cela c'est le monopole, du mercantilisme
triomphant qui saccage la beauté de notre
ville en même temps que la facilité de no-
tre vie. Tandis que les arbres, les pauvres
arbres ne donnent que de la verdure, de
l'ombre, et un peu de poésie aux pauvres
gens.
Bien que pour cela ils méritent cent fois
d'être sacrifiés aux insolentes, laides,
bniyantes et puantes casseroles à essence,
de.s parvenus.
Qu'on les coupe !
Jacques BAttl Y.
VOIR EN DEUXIEME PAGE : ;
Les Premières
VOIR EN TROISIEME PAGE :
Le discours
de M. Herriot à Reims
Les Courses
LE RAI TRANSATLANTIQUE !
Pas ne de nnelles
île Mm et i
Toutes les marines du monde
sont alertées et la T.S.F.
requiert le concours du public
Toujours sans nouvelles de Nungesser et
Coli I La direction générale de l'aéronau-
tique déclarait hier, à quinze heures, qu'il
n'y avait rien de nouveau. Elle précisait
qu'aucune des nouvelles officielles reçues
jusqu'ici ne mentionne que Nungesser et
Coli aient été retrouvés ou même aperçus
après leur passage sur l'Irlande.
Le consul de France à New-York a télé.
graphié la nuit dernière que, suivant le ren-
seignement fourni par les autorités navales
américaines, tous les avions signalés de-
puis le départ des aviateurs français ont
été identifiés ; aucun d'eux n'était l'avion
de Nungesser.
Le consul de France à Montréal a égale.
ment fait savoir qu'il n'avait aucune nou-
velle des aviateurs ; les recherches néces-
saires sont en cours ; les navires en roer
sont alertés.
L'enquête sur les fausses nouvelles
Le ministère du commerce procède, ainsi
que M. Bokanowski l'a annoncé à la Cham-
ibre, à une enquête sur l'origine des faus-
ses nouvelles répandues lundi à Paris au
sujet du "raid Paris-New-York. La Sûreté
générale a été chargée de recueillir tous
renseignements utiles.
Les recherches dans la Manche
Les recKerches de l'avion de Nungesser,
qui se sont poursuivies la nuit dernière
dans la Manche, ont repris hier dans les
mêmes conditions. Les bateaux sont ren-
trés hier matin, et aussitôt après ravitail-
lement ont repris la mer en direction du
Havre, avec les torpilleurs venus de Brest.
M, Léon Nungesser, frère de l'aviateur,
participe aux recherches comme passager
à bord de l'aviso « Ailette n.
Les bateaux transatlantiques
opèrent aussi
New-York, Il mai. — Trois paquebot»,
le cc Camelonia », le o Westphalia 'n et le
« George-Washington », et le cargo « Wes-
tapaum », actuellement dans l'Atlantique,
ont offert de rechercher Nungesser et Coli.
Ces navires ont annoncé qu'ils n'avaient
pas aperçu l' « Oiseau blanc » et qu'ils
enverraient des messages dès. qu'ils auront
quelque chose 4 signaler à ce sujet.
On a demandé aux capitaines d'autres
vaisseaux transatlantiques de signaler
toute trace qu'ils pourront découvrir du
passage des deux aviateurs français.
(Voir la suite en troisième page)
LES MONOPOLES
Le rapport annuel de « l'American
Telephone and Télégraph Company »
fait ressortir un bénéfice, net, après paie-
ment des intérêts sur les obligations
et actions et autres charges, de 120 mil-
lions de dollars. Le service des télépho-
nes a rapporté net 05.000.000 de dol-
lars, ce qui représente une augmenta-
tion de 27.000.000, ou environ 12 %;
comparativement aux chiffres de l'exer-
cice précédent.
Le nombre des abonnés a augmenté
rannée dernière de 781.000, ce qui porte
le total des appareils en exploitation
à 17.500.000. Le temps moyen nécessaire
pour une communication à grande dis-
tance, et qui représente souvent des mil-
liers de kilomètres, est de 2 minutes
35 secondes.
A supposer que des raisons nationales
s'opposent à l'aliénation du monopole
des téléphones, en est-il moins vrai que
l'industrie privée a de meilleures chan-
ces que l'étatiême ?
R. G.
LA VIE ARTISTIQUE
Par Jean MARTET *
LE SALON
(Artistes français)
Teinture, dessins
Gravures, Aquarelles
(Suite)
SALLE 14.'
Une très agréable miniature de Léon
Dayiel : Portrait de l'honorable Mrs
Arthur Lascolles. D'André des Fontai-
nes, un bon pastel : « les Javelles M.
, SALLE 15.
D'Isaac Cohen, un portrait de .Mlle
June Child, au gracieux mouvement.
Un charmant « flirt », de Calbet. Et
surtout, de Pavil, une femme buvant,
très belle de facture et d'expression.
SALLE 16.
Les « bibelots 'de Copenhague », de
Grün, ont de -la grâce ; de savantes
recherches de tons, dans la robe verte,
la lueur douce de la lampe.
SALLE 17.
Un « concert public », de Jules Hervé,
aui est une plaisante scène de la vie
de province. Son ( harmonie en gris »,
une rue vue d'uncinquième étage, est,
aussi, à noter. « L'indifférente », de
Montassiez est amusante et décorative.
SALLE 18.
Il y a de bonnes choses dans le Saint-
François d'Assise, d'Antoine Raynolt :
très joliment croqué, le gamin au milieu
de l'eau.
SALLE 19.
Une excellente pointe-sèche de Mme,
Thérèse d'Estrées : « les deux amis ».
Un portrait au burin, d'André Drevil!.
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