Titre : L'Écho d'Alger : journal républicain du matin
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1936-04-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327596899
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 67558 Nombre total de vues : 67558
Description : 12 avril 1936 12 avril 1936
Description : 1936/04/12 (A25,N9382). 1936/04/12 (A25,N9382).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : Les droits de... Collection numérique : Thème : Les droits de l'homme
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7587494f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10396
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2013
,'" L'ECHO D'ALGER
Télégrammes : ÉCHO ALGER
25 CENTIMES
a Chèques Postaux : 19-25 =
25* ANNÉE - N° 9382
BUREAUX D'ALGER
20, rue de la Liberté, 20
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DIMANCHE 12 AVRIL 1936
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Richelieu. et dans t- 4ft -
cursaies de la province. mMM
Si nous parlions littérature ?
D'UN ILLUSTRE
QUI SIM VIENT
IElN ALGER
(Paul Valéry vu par ALBERT RANDAU).
Le premier entre les intellectuels de
Paris, Paul Valéry entrait à l'Ofalac,
avenue de l'Opéra, le 26 mars der-
nier, pour visiter l'Exposition du livre
algérien. Cet empressement nous honore.
Dans les milieux littéraires, aussi bien
que pour les snobs de la société bour-
geoise, Paul Valéry est à ce jour le
poète le plus célèbre et dont l'œuvre
est d'autant plus discutée qu'elle est
moins accessible à la foule. Il est par
excellence l'homme de l'esprit; comme
l'esprit ne se pèse ni ne se mesure, il
est difficilement goûté des gens qui
consacrent leur vie à la poursuite du
concret. Celui de Paul Valéry s' en-
quiert du monde qui est au delà des
Paul Valéry
apparences, au delà de la « représen-
tation » comme aurait dit Schopen-
hauer. « Paul Valéry, écrivait jadis
Léautaud dans le Mercure de France,
s'adonne. à des recherches extra-litté-
raires et qu'il est malaisé de définir, car
elles semblent se fonder sur une confu-
sion préméditée des méthodes des scien-
ces exactes et des instincts artistiques. »
Et Paul Souchon voyait en lui « le
représentant d'un art d'exception, d'une
poésie restreinte à une élite et à l'ex-
pression de beautés mystérieuses. Il est
le joaillier des princes. Sa * poésie res-
tera comme un beau danger, attirant et
souvent fatal. »
Il a composé des vers charmants et
doux, qui nous contraignent à concen-
trer, pour les- aimer, notre pensée, et
à méditer leur projet. Là est le secret
qui nous captive, et là aussi est !e
danger prévu par Souchon; car nous
devons bon gré mal gré nous élancer
dans un inconnu redoutable habité par
des fantômes, et, qui pis est, par des
larves qui se transforment en images
fluentes à notre approche. Nous sa-
vons que ces apparences sont logiques,
mais qu'elles échappent à notre logi-
que. Ici nous n'avons plus de certi-
tude; nous sommes hors et près de la
raison, du terrain solide de la raison,
et naissons à l'angoisse. Voici un court
exemple de la manière du poète, pièce
qu'il a publiée dans « Charmes » sous
le titre « les Grenades » :
Dures grenades entrouvertes
Cédant à l'excès de vos grains,
Je crois voir des fronts souverains
Eclater de leurs découvertes.
Si les soleils par vous subis,
0 grenades entrebaillées,
Vous ont fait d'orgueil travaillées
Craquer les cloisons de rubis,
Et que si l'or sec de l'écorce
A la demande d'une force
Crève en gemmes rouges de jus,
Cette lumineuse rupture
Fait rêver une âme que j'eus
De sa secrète architecture.
Comme on le voit, nous arrivons
tout de suite, non sans quelque heu-
reuse fatigue, mais avec un vif plaisir
de l'intellect, au seuil du mystère, que
l'on ne franchit, quand on n'a pas re-
çu les hautes initiations, que pour s'éga-
rer. Au delà du concept que nous avons,
par l'intermédiaire de nos sens, des réa-
lités, est une réalité dont nous sommes
peut-être la cause, de même que chacun
de nous est sans doute l'effet d'une
cause qui nous demeure inconnue. De
ces possibilités la poésie de Paul Valéry
a formé son domaine, qui n'est point
accessible à tous. « Un poème est une
durée, a-t-il écrit, pendant laquelle ie
respire suivant une loi préparée.; je
pense, par artifice, une pensée toute cer-
taine, merveilleusement prévoyante, -
aux lacunes calculées, sans ténèbres in-
volontaires, dont le mouvement me com-
mande et la quantité me comble; une
pensée singulièrement achevée. » Com-
me son précurseur Stéphane Mallarmé,
le poète croit à l'incantation du vers et
vit où le mènent les mots. Quand îl
parle de ses poèmes, il s'exprime ainsi :
« Je n'en préfère aucun. Ils m'ont plu
également avant de les faire, déplu à
la fin ; - maintenant je les ai ou-
bliés. »
Paul Valéry est né à Cette le 30
octobre 1871. Il collabora à diverses
revues littéraires d'avant-garde en ce
temps-là, telles le Mercure de France.
En 1898, il arrête sa production et
n'apparaît à nouveau dans le monde
littéraire qu'en 1917. Aucun de ses
ouvrages n'est indifférent ou médiocre.
Certains sont considérés comme essen-
tiels dans le mouvement littéraire con-
temporain : « la Jeune Parque »,
« Introduction à la méthode de Léo-
nard de Vinci », « Odes », « la Soi-
rée avec Monsieur Teste », « Char-
mes », « Eupalinos ou l'Architecte »,
« le Cimetière' marin », etc. Son élec-
tion à l'Académie française a été fê-
tée avec enthousiasme par tous les
grands poètes français; les symbolistes,
anciens et nouveaux, la considérèrent
comme un triomphe pour leurs doctri-
nes qui intègrent dans les vers, derrière
la suggestion d'une image, une pensée
qui ne se détermine qu'à la réflexion
et où chacun découvre une nuance qui
échappa au lecteur voisin. Comme Paul
Valéry est inimitable, les imitateurs pul-
lulent autour de lui, de Montparnasse
à Montmartre.
Poète dont l'originalité marquera no-
tre histoire littéraire du xx" siècle, Paul
Valéry est aussi un prosateur et qui ne
pèche point contre les commandements
de notre langue. Parfois subtil dans son
œuvre poétique, jl est d'une clarté, dans
la prose, qui commande la maîtrise. J'ai
sous les yeux, en ce moment, son élé-
gante préface au livre de Stendhal,
« Lucien Leuwen » (Edit. Honoré
Champion, 1927). Je note, au hasard
de la lecture, et pour la délectation des
intellectuels, des pensées admirables :
- Je vois la plume et celui qui la
tient. Je n'ai pas souci, je n'ai pas be-
soin de ses émotions. Je ne lui demande
que de m'instruire de ses moyens.
— La vérité et la vie sont désordre.
— Il y a beaucoup d'imprévu dans
l'opération de la gloire. La gloire est
toujours mystique, même la gloire des
athées.
— Un Etat qui n'a pas quelques
improvisateurs en réserve est un Etat
sans nerfs. Tout ce qui marche vite le
menace. Ce qui tombe des nues l' anéan-
tit.
— Se connaître n'est que se pré-
voir; se prévoir aboutit à jouer un rôle.
- Tout ce qui est contre l'usage est
contre nature, implique l'effort, la con-
science de l'effort, l'intention et donc
l'artifice. Une femme qui se met nue,
c'est comme si elle entrait en scène.
Je ne multiplierai point les citations.
A les faire, je n'ai eu d'autre objet
que de montrer en Paul Valéry l'hom-
me complet, un artiste de toutes les
disciplines. -Il est mieux qu'un poète,
il est la lyre même; il est plus près
et plus loin de nous qu'il ne l'imagina.
Il nous a apporté, non point un frisson
nouveau, mais l'inquiétude des lointains
entrevus et que nous n'atteindrons ja-
mais.
Le 25 avril prochain, à la salle
Pierre-Bordes, il nous parlera des ins-
pirations méditerranéennes. -
Robert RANDAU.
DANS LA GENDARMERIE
Le colonel Lavigne
est nommé
général de brigade
Il est maintenu
dans ses fonctions d'inspecteur
du 4e arrondissement
Paris, 11 avril. — L' « Officiel » pu-
bliera demain la nomination suivante :
Etat-major de l'armée. — Le colo-
nel de gendarmerie Lavigne, inspecteur
par intérim du 4" arrondissement de
gendarmerie, est nommé général de
brigade et maintenu dans ses fonctions
actuelles.
Lire en septième page :
Les élections législatives
du 26 avril
La situation reste confuse
Les décisions du Comité des treize
ne satisfont pas les belligérants
mais font ressortir la gravité
du différend anglo-italien
L'opinion anglaise préconise
une aggravation des sanctions
LA PRESSE ITALIENNE SE DÉCHAÎNE
AVEC VIOLENCE CONTRE L'ANGLETERRE
Addis-Abeba, 11 avril. — Le gou-
vernement éthiopien a discuté ce ma-
tin les réponses qu'il doit adresser aux
questions — une trentaine, dit-on —
portant sur des sujets de première im-
portance que lui aurait fait parvenir
la Société des nations.
On croit savoir que la teneur de ces
questions a causé dans les milieux
éthiopiens une impression défavorable
et que les cercles bien informés sont as-
sez perplexes quant à la réponse qu'ils
devront faire à Genève..
Le baron Aloysi, qui dirige la délégation italienne, pose un instant pour
les photographes à la sortie de la S.D.N.
L'opinion publique serait d'autre part
déçus de l'attitude du Comité des treize,
qui, estime-t-on, cherche « à se sous-
traire à ses obligatiçns de trouver une
issue juste et équitable au conflit ac-
tuel et cherche à obliger l'Ethiopie à
entrer à tout prix en négociations di-
rectes avec l'Italie ».
L'Italie assure la S.D.N.
de son respect des lois
de la guerre
Rome, 11 avril. — M. Suvich a adres-
sé au secrétaire général de la S.D.N.
une dépêche prenant acte de l'appel
adressé aux belligérants par le comité
des treize et de la décision de faire une
enquête approfondie sur l'observation
des lois de la guerre en Ethiopie.
« Le respect des lois de la guerre, dit
notamment la note italienne, a été et
est la règle constante de l'armée ita-
lienne.
» Le gouvernement royal tient à en
donner l'assurance par la présente. Ce
respect doit être bilatéral. Les autori-
tés militaires italiennes ne pourront ne
pas réprimer tout acte d'atrocité commis
par l'adversaire au mépris de tout prin-
cipe de droit et de morale. »
L'opinion britannique
Londres, 11 avril. - Le « Times »
déclare que si, lors de sa prochaine
réunion du 16 avril, le Comité des trei-
ze n'aboutit pas à une décision ferme,
u confirmera Je soupçon que « cer-
tains de ses membres sont moins préoc-
cupés du caractère sacré des traitas en
général que rto ce1; - de i" ..,¡:¡ins atté*
particuliers ». t
Le « Daily Herald > insiste sur l'ur-
gence à mettre fin au massacre des
Ethiopiens.
c Tout retard dans l'affaire éthio-
pienne est intolérable parce que des
hommes et des femmes sont tués sans
cesse d'une manière horrible. Chaque
jour de retard signifie plus de morts
et plus de souffrances. Mais dans la
question de la Rhénanie le danger est
plutôt dans la précipitation que dans
la lenteur. »
Le journal travailliste préconise des
sanctions pour mettre un terme aux
hostilités.
Lire la suite de nos informations
en troisième page
Tableau de la France 1
Notre confrère Le Journal a eu
une bonne idée. Il a dépêché sur
les routes de France sept de ses
meilleurs rédacteurs qui, munis
d'un questionnaire habilement dres-
sé, interrogent les électeurs en mar-
ge de la bataille politique. Le résul-
tat est assez intéressant, et même
assez instructif, pour .nous faire re-
gretter que, dans ce partage de la
France, on ait oublié l'Algérie. Ce
n'est pas, d'ailleurs, qu'on dédaigne
de s'occuper de tel de nos élus à
Paris, où les infortunes électorales
alimentent toujours les conversa-
tions de salles de rédaction : mais
je n'en dis pas plus, car mon propos,
en ces jours de trêve pascale, n'est
pas d'ajouter à l'amertume de ce
personnage ou de cette personna-
lité, comme on voudra.
Ce qui m'intéresse fort dans l'ex-
périence du Journal, c'est d'abord le
soin avec lequel a été formé son
équipe : talent et indépendance, vi-
gueur intellectuelle et acuité d'es-
prit, ces confrères, dont plusieurs
sont mes amis, ont tout cela dans
leurs bagages. Et ils le montrent
bien en conduisant leur enquête
avec le souci de toucher juste, d'al-
ler au fond de l'âme française.
Ils ne peignent ni beau ni laid. Ils
peignent vrai. Sans se perdre dans
des détails, ils n'omettent aucun dé-
tail topique. C'est le marchand d'es-
sence roublard qui parle de la der-
nière guerre et des inquiétudes ac-
tuelles .: « J'étais paysan. Mainte-
nant, dans l'automobile, je suis
mieux placé ». C'est l'industriel de
Strasbourg, persuadé par une infâ-
me propagande que Briand, qu'il n'a
jamais vu, était payé par l'Allema-
gne, et qui s'incline devant le dé-
menti d'André Lang : « Si vous en
êtes sûr, c'est différent. Vous devez
être renseigné. » C'est l'auditeur de
la mémorable réunion de Gourdon,
où parla pour la dernière fois le pè-
lerin de la paix et qui dit à Roland
Lapeyronnie : « Il étaît sincère >,
avec dans la voix le regret que
Briand lui-même aurait que les
hommes ne se soient pas levés,
comme il le demandait, pour la croi-
sade contre la guerre.
Car dans leur scrupule, mes con-
frères et amis nous restituent jus-
qu'à l'intonation de leurs interlocu-
teurs. Et ces tableaux dans leur di-
versité (je pense aux anecdotes sur
Marseille, recueillies par Jean Bo-
trot, qu'on lira en seconde page, ou
encore à ce croquis de Jean Oberlé :
des paysans beaucerons secoués par
un rire énorme à l'idée que le minis-
tre de l'Agriculture pourrait s'occu-
per d'eux avec compétence, telle-
ment ce propos leur semble inouï),
nous montre la France et les Fran-
çais non pas partagés par des hai-
nes mortelles, mais tout disposés à
s'entendre entre eux et à s'entendre
au dehors si la chose est possible.
En vérité, les querelles personnel-
les, que ce journal s'honore d'éviter
avec scrupule, sont bien mesquines
en face de cette nation dont tous les
fils sont réfléchis et patients. Et qui
demande simplement aux candidats
qu'ils ne se moquent pas de sa bon-
ne volonté et de son infini désir de
travailler paisiblement. — R. P.
La débâcle éthiopienne
Les auxiliaires italiens
infligent une défaite
à l'arrière-garde
du Négus
L'insurrection a gagné
une nouvelle province
Londres dément l'appel.
du Négus à M. Eden
Rome, 11 avril. — Le maréchal Bado-
glio télégraphie :
« Pendant que les troupes nationa-
les et érythréennes continuent leur
mouvement afin d'effectuer notre plan
d'opérations, les guerriers Azebo et
Galla ont, de nouveau, rejoint et battu
les arrière-gardes abyssines au sud du
torrent Cormat.
» Au cours de la rencontre, l'adver-
saire a laissé sur le terrain plus de
400 morts. On s'est emparé d'armes et
de munitions et on a capturé une co-
lonne Entière avec chevaux et mu-
lets. »
Abolition de l'esclavage
sur les territoires occupés
Asmara, 11 avril. — Demain, jour de
Pâques, le maréchal Badoglio publiera
un arrêt proclamant l'abolition de l'es-
clavage sur tous les territoires récem-
ment occupés par les troupes italien-
nes.
Une nouvelle province se révolte
Asmara, 11 avril. — Une nouvelle
province éthiopienne, celle de Ghimi-
ra, située à la frontière du Soudan, en-
tre le sixième et le septième parallèle,
serait en révolte.
Les rebelles auraient à leur tête le
dedjaz Taié, qui descend en droite li-
gne du premier négus de Choa. Ils au-
raient récemment battu les troupes du
ras Ghetachou sur les pentes du mont
Berracho.
SANS NOUVELLES
DES DEUX FRONTS A ADDIS-ABEBA
Addis-Abeba, 11 avril. — Le gouver-
nement éthiopien déclare que les infor-
mations du front, et notamment du
front nord, manquent et qu'il est Im-
possible de se faire une idée exacte de
la situation actuelle des armées éthio-
piennes.
On ignore tout des cambats qui se se-
raient déroulés près d'Oualdia, ainsi
que de ceux du front de l'Ogaden, no-
tamment à Sassabeneh et Dagga-Bour.
D'autre part le gouvernement éthio-
pien proteste auprès de la S.D.N. con-
tre les différents ajournements du rè-
glement du conflit et notamment con-
tre le délai accordé pour la discussion
des sanctions, délai dont profite l'Italie.
LES TROUPES ITALIENNES
SONT ENTREES A COBBO
Asmara, 11 avrn. - Les Italiens sont
entrés à Cobbo sur la route de Dessié.
(Lire la suite en troisième page)
Les inventions de M. Archer
UN DÉPUTÉ
TIRÉ AU SORT !
LE CANDIDAT DE LA DEUXIEME
DU PUY SERA DESIGNE PAR UNE
ROUE PARMI HV DIX-HUIT MILLE
ELECTEURS
Le Puy, 11 avril. — Lundi de Pâ-
ques il sera procédé, au Puy, au ti-
rage au sort d'un député.
M. Archer, député sortant de la pre-
mière circonscription, qui se croit bûr
de sa réélection, veut avoir un alter
ego dans la deuxième et pour le choix
il s'en remet au sort.
Donc, dans la grande roue appor-
tée exprès de Paris, on brassera quel-
que 18.000 tickets portant chacun le
nom a un électeur cie la circonscription
pt la chance décidera quel sera le dé-
puté.
Car M. Archer, fort de son prestige,
ne doute pas un seul instant que son
candidat soit l'élu. ,.
Il se pourrait, cependant, que l'heu-
reux moitel qui sera en même temps
le gros lot et le gagnant de cette lo-
terie originale nieüt pas la foi robuste
de M. Archer.
Le corps (Tune jeune fille
est retiré de la Marne
Paris, 11 avril. — Ce matin, quai
Thiers, à Meaux, on a retire de la Mar-
ne le cadavre a'une jeune fille. Sur la
berge se trouvaient un chapeau ec un
sac à main. Dans celui-ci on a trou-
vé des papiers au nom d'Andrée Denis,
vingt ans, et une lettre prête à être
mise à la poste adressée aux grands-
parents de la jeune fille à Canappes.
Les délégués au congrès national
de la Fédération des amputés
sont - reçus par M. - Le Beau
Dans la grande salle de réception du building du Gouvernement-général,
un vin d'honneur était offert, hier, à 17 heures, aux délégués a.!J Congrès
National de la Fédération des amputés
L(Lire l'information en 5* page).
6 A Sidi-bel-Abbès
Le général Noguès inspecte
un bataillon du 1er étranger
en partance pour le Levant
Le général Noguès s'entretient avec le général Lahure et le odlonel Azan - -
Bel-Abbès, 11 avril (de notre corres-
pondant particulier). — Hier matin est
arrivé à Sidi-Bel-Abbès, venant d'Alger
le général Noguès, membre du conseil
supérieur de la Guerre, commandant le
XIXe corps d'armée. Il était accompa-
gné par le capitaine Pique-Aubrùn
sous-officier d'ordonnance.
Le général s'est aussitôt rendu à la
aserne du 1er étranger où il a été reçu
par le général Lahure, commandant
provisoirement la division d'Oran, et
par le colonel Azan, commandant le
L er étranger.
Dans la vaste cour de la caserne le
général Noguès a passé l'inspection
d'un bataillon du premier régiment
étranger, qui sous peu, doit s'embarquer
à Alger à destination de Beyrouth. Cet-
te unité, qui était présentée en tenue
de campagne, est destinée à renforcer
les garnisons de Syrie.
Après son inspection le général No-
guès s'est déclaré très satisfait et s'est
longuement entretenu avec le général
Lahure, le colonel Azan et les officiers
supérieurs qui assistaient à l'inspec-
tion.
Dans la cour de la caserne du 1er Etranger, le général Noguès passe l'ins-
pection du bataillon qui doit s'embarquer à destination de Beyrouth
LA POLITIQUE
(Il est interdit
de parler
au conducteur >
Paris, 11 avril. — Peut-être va-t-on
nous reprocher de frapper toujours sur
le même clou. Hélas ! il le faut bien,
puisque nous sommes si mal compris,
puisque l'on ne veut pas entendre la
voix des chefs républicains qui, dans
les temps graves que nous vivons, ad-
jurent l'opinion publique de rester
calme.
Or, un de ces chefs républicains les
mieux qualifiés, et par sa magistrale
carrière et par la noblesse de son carac-
tère, sa droiture politique et la grande
autorité dont il jouit dans les milieux
de gauche, le président Théodore Steeg
vient, dans cette si vivante « Galerie
algérienne de Paris », parlant à Léon
Faraut, de rappeler opportunément aux
« trublions » de l'extrême droite que
« sur une route sinueuse et accidentée,
il est interdit de parler au conducteur ».
Formule particulièrement heureuse
parce qu'elle s'inspire du vrai, du pur
bon sens dont, par bonheur, le peuple
de France n'a point perdu la notion.
La « route sinueuse et accidentée »,
c'est la route diplomatique que les re-
présentants de notre pays parcourent à
grand'peine, tant les obstacles y sont
nombreux. Le conducteur, c'est le Gou-
vernement.
S'il était permis de plaisanter dans
des conjonctures aussi pénibles, on pour-
rait évoquer le souvenir de ces stra-
tèges de cafés qui, à grand renfort
de pyrogènes, refaisaient, pendant la
guerre, le plan des batailles, en dédiant,
au maréchal Joffre, d'abord, au maré-
chal Foch, ensuite, quelques conseils
bien sentis ; peut-être pourrait-on, ainsi,
découvrir que ces Napoléons de tables
de marbre sont les mêmes que ces Tal-
leyrands de carrefour qui, aujourd'hui,
prétendent apprendre leur métier aux
diplomates. Mais on ne peut pas, hé-
las ! plaisanter, même rétrospectivement.
Toute cette agitation dispersée dans le
pays depuis des mois — car cela a
commencé dès la naissance du conflit
ita!o-éthiopien — a pour effet de trou-
bler l'opinion nublique, au moment, pré-
cisément, où elle a le plus grand besoin
de calme, au moment, surtout, cù le
Gouvernement qui se bat pour s'effor.
cer de faire triompher, devant des in.
terlocuteurs étrangers, la thèse fran-
çaise, aurait besoin d'être appuyé par
EN ESPAGNE ,
Les socialistes modérés
vont grossir le parti :
de M. Azana
Madrid, 11 avril. — La scission du
parti socialiste semble imminente. Les
centristes ou les modéras iraient avec
leur chef Indalecio Prieto, grossir les
rangs de la gauche républicaine de M.
Azana. Une vingtaine de députés sè
sépareraient ainsi des bolchevisants dé
Largo Caballero.
L'ACTIVITE DE BELA KUN
D'APRES UN ORGANE NAZI
Madrid, 11 avril. — Le « Volkischer
Beobachter » apprend de Madrid que
Bela Kun a mandé aussi près de lui en
Espagne Losov/ski, secrétaire général dé
l'Internationale syndicaliste communis-
te.
Un ancien membre de la représenta"
tion commerciale soviétique à Berlin,
Varga, séjourne également en Espagne
actuellement.
Heureuses Pâques !
Ces deux fillettes ont été vraiment
gâtées et elles sont ravies. Les œufs
de Pâques qui leur ont été offerts
ont des dimensions impressionnantes,
mais elles ne paraissent pas s'en
émouvoir outre mesure
la cohésion des forces nationales.
Voilà où est le danger : nous ne le
répéterons jamais assez. Quand on sé
dispute entre Français, il n'y a que de-
mi-mal, mais quand on porte la querelle
au dehors, on cause à son pays un
dommage peut-être irréparable.
FRANCISQUE LAURENT.
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D'UN ILLUSTRE
QUI SIM VIENT
IElN ALGER
(Paul Valéry vu par ALBERT RANDAU).
Le premier entre les intellectuels de
Paris, Paul Valéry entrait à l'Ofalac,
avenue de l'Opéra, le 26 mars der-
nier, pour visiter l'Exposition du livre
algérien. Cet empressement nous honore.
Dans les milieux littéraires, aussi bien
que pour les snobs de la société bour-
geoise, Paul Valéry est à ce jour le
poète le plus célèbre et dont l'œuvre
est d'autant plus discutée qu'elle est
moins accessible à la foule. Il est par
excellence l'homme de l'esprit; comme
l'esprit ne se pèse ni ne se mesure, il
est difficilement goûté des gens qui
consacrent leur vie à la poursuite du
concret. Celui de Paul Valéry s' en-
quiert du monde qui est au delà des
Paul Valéry
apparences, au delà de la « représen-
tation » comme aurait dit Schopen-
hauer. « Paul Valéry, écrivait jadis
Léautaud dans le Mercure de France,
s'adonne. à des recherches extra-litté-
raires et qu'il est malaisé de définir, car
elles semblent se fonder sur une confu-
sion préméditée des méthodes des scien-
ces exactes et des instincts artistiques. »
Et Paul Souchon voyait en lui « le
représentant d'un art d'exception, d'une
poésie restreinte à une élite et à l'ex-
pression de beautés mystérieuses. Il est
le joaillier des princes. Sa * poésie res-
tera comme un beau danger, attirant et
souvent fatal. »
Il a composé des vers charmants et
doux, qui nous contraignent à concen-
trer, pour les- aimer, notre pensée, et
à méditer leur projet. Là est le secret
qui nous captive, et là aussi est !e
danger prévu par Souchon; car nous
devons bon gré mal gré nous élancer
dans un inconnu redoutable habité par
des fantômes, et, qui pis est, par des
larves qui se transforment en images
fluentes à notre approche. Nous sa-
vons que ces apparences sont logiques,
mais qu'elles échappent à notre logi-
que. Ici nous n'avons plus de certi-
tude; nous sommes hors et près de la
raison, du terrain solide de la raison,
et naissons à l'angoisse. Voici un court
exemple de la manière du poète, pièce
qu'il a publiée dans « Charmes » sous
le titre « les Grenades » :
Dures grenades entrouvertes
Cédant à l'excès de vos grains,
Je crois voir des fronts souverains
Eclater de leurs découvertes.
Si les soleils par vous subis,
0 grenades entrebaillées,
Vous ont fait d'orgueil travaillées
Craquer les cloisons de rubis,
Et que si l'or sec de l'écorce
A la demande d'une force
Crève en gemmes rouges de jus,
Cette lumineuse rupture
Fait rêver une âme que j'eus
De sa secrète architecture.
Comme on le voit, nous arrivons
tout de suite, non sans quelque heu-
reuse fatigue, mais avec un vif plaisir
de l'intellect, au seuil du mystère, que
l'on ne franchit, quand on n'a pas re-
çu les hautes initiations, que pour s'éga-
rer. Au delà du concept que nous avons,
par l'intermédiaire de nos sens, des réa-
lités, est une réalité dont nous sommes
peut-être la cause, de même que chacun
de nous est sans doute l'effet d'une
cause qui nous demeure inconnue. De
ces possibilités la poésie de Paul Valéry
a formé son domaine, qui n'est point
accessible à tous. « Un poème est une
durée, a-t-il écrit, pendant laquelle ie
respire suivant une loi préparée.; je
pense, par artifice, une pensée toute cer-
taine, merveilleusement prévoyante, -
aux lacunes calculées, sans ténèbres in-
volontaires, dont le mouvement me com-
mande et la quantité me comble; une
pensée singulièrement achevée. » Com-
me son précurseur Stéphane Mallarmé,
le poète croit à l'incantation du vers et
vit où le mènent les mots. Quand îl
parle de ses poèmes, il s'exprime ainsi :
« Je n'en préfère aucun. Ils m'ont plu
également avant de les faire, déplu à
la fin ; - maintenant je les ai ou-
bliés. »
Paul Valéry est né à Cette le 30
octobre 1871. Il collabora à diverses
revues littéraires d'avant-garde en ce
temps-là, telles le Mercure de France.
En 1898, il arrête sa production et
n'apparaît à nouveau dans le monde
littéraire qu'en 1917. Aucun de ses
ouvrages n'est indifférent ou médiocre.
Certains sont considérés comme essen-
tiels dans le mouvement littéraire con-
temporain : « la Jeune Parque »,
« Introduction à la méthode de Léo-
nard de Vinci », « Odes », « la Soi-
rée avec Monsieur Teste », « Char-
mes », « Eupalinos ou l'Architecte »,
« le Cimetière' marin », etc. Son élec-
tion à l'Académie française a été fê-
tée avec enthousiasme par tous les
grands poètes français; les symbolistes,
anciens et nouveaux, la considérèrent
comme un triomphe pour leurs doctri-
nes qui intègrent dans les vers, derrière
la suggestion d'une image, une pensée
qui ne se détermine qu'à la réflexion
et où chacun découvre une nuance qui
échappa au lecteur voisin. Comme Paul
Valéry est inimitable, les imitateurs pul-
lulent autour de lui, de Montparnasse
à Montmartre.
Poète dont l'originalité marquera no-
tre histoire littéraire du xx" siècle, Paul
Valéry est aussi un prosateur et qui ne
pèche point contre les commandements
de notre langue. Parfois subtil dans son
œuvre poétique, jl est d'une clarté, dans
la prose, qui commande la maîtrise. J'ai
sous les yeux, en ce moment, son élé-
gante préface au livre de Stendhal,
« Lucien Leuwen » (Edit. Honoré
Champion, 1927). Je note, au hasard
de la lecture, et pour la délectation des
intellectuels, des pensées admirables :
- Je vois la plume et celui qui la
tient. Je n'ai pas souci, je n'ai pas be-
soin de ses émotions. Je ne lui demande
que de m'instruire de ses moyens.
— La vérité et la vie sont désordre.
— Il y a beaucoup d'imprévu dans
l'opération de la gloire. La gloire est
toujours mystique, même la gloire des
athées.
— Un Etat qui n'a pas quelques
improvisateurs en réserve est un Etat
sans nerfs. Tout ce qui marche vite le
menace. Ce qui tombe des nues l' anéan-
tit.
— Se connaître n'est que se pré-
voir; se prévoir aboutit à jouer un rôle.
- Tout ce qui est contre l'usage est
contre nature, implique l'effort, la con-
science de l'effort, l'intention et donc
l'artifice. Une femme qui se met nue,
c'est comme si elle entrait en scène.
Je ne multiplierai point les citations.
A les faire, je n'ai eu d'autre objet
que de montrer en Paul Valéry l'hom-
me complet, un artiste de toutes les
disciplines. -Il est mieux qu'un poète,
il est la lyre même; il est plus près
et plus loin de nous qu'il ne l'imagina.
Il nous a apporté, non point un frisson
nouveau, mais l'inquiétude des lointains
entrevus et que nous n'atteindrons ja-
mais.
Le 25 avril prochain, à la salle
Pierre-Bordes, il nous parlera des ins-
pirations méditerranéennes. -
Robert RANDAU.
DANS LA GENDARMERIE
Le colonel Lavigne
est nommé
général de brigade
Il est maintenu
dans ses fonctions d'inspecteur
du 4e arrondissement
Paris, 11 avril. — L' « Officiel » pu-
bliera demain la nomination suivante :
Etat-major de l'armée. — Le colo-
nel de gendarmerie Lavigne, inspecteur
par intérim du 4" arrondissement de
gendarmerie, est nommé général de
brigade et maintenu dans ses fonctions
actuelles.
Lire en septième page :
Les élections législatives
du 26 avril
La situation reste confuse
Les décisions du Comité des treize
ne satisfont pas les belligérants
mais font ressortir la gravité
du différend anglo-italien
L'opinion anglaise préconise
une aggravation des sanctions
LA PRESSE ITALIENNE SE DÉCHAÎNE
AVEC VIOLENCE CONTRE L'ANGLETERRE
Addis-Abeba, 11 avril. — Le gou-
vernement éthiopien a discuté ce ma-
tin les réponses qu'il doit adresser aux
questions — une trentaine, dit-on —
portant sur des sujets de première im-
portance que lui aurait fait parvenir
la Société des nations.
On croit savoir que la teneur de ces
questions a causé dans les milieux
éthiopiens une impression défavorable
et que les cercles bien informés sont as-
sez perplexes quant à la réponse qu'ils
devront faire à Genève..
Le baron Aloysi, qui dirige la délégation italienne, pose un instant pour
les photographes à la sortie de la S.D.N.
L'opinion publique serait d'autre part
déçus de l'attitude du Comité des treize,
qui, estime-t-on, cherche « à se sous-
traire à ses obligatiçns de trouver une
issue juste et équitable au conflit ac-
tuel et cherche à obliger l'Ethiopie à
entrer à tout prix en négociations di-
rectes avec l'Italie ».
L'Italie assure la S.D.N.
de son respect des lois
de la guerre
Rome, 11 avril. — M. Suvich a adres-
sé au secrétaire général de la S.D.N.
une dépêche prenant acte de l'appel
adressé aux belligérants par le comité
des treize et de la décision de faire une
enquête approfondie sur l'observation
des lois de la guerre en Ethiopie.
« Le respect des lois de la guerre, dit
notamment la note italienne, a été et
est la règle constante de l'armée ita-
lienne.
» Le gouvernement royal tient à en
donner l'assurance par la présente. Ce
respect doit être bilatéral. Les autori-
tés militaires italiennes ne pourront ne
pas réprimer tout acte d'atrocité commis
par l'adversaire au mépris de tout prin-
cipe de droit et de morale. »
L'opinion britannique
Londres, 11 avril. - Le « Times »
déclare que si, lors de sa prochaine
réunion du 16 avril, le Comité des trei-
ze n'aboutit pas à une décision ferme,
u confirmera Je soupçon que « cer-
tains de ses membres sont moins préoc-
cupés du caractère sacré des traitas en
général que rto ce1; - de i" ..,¡:¡ins atté*
particuliers ». t
Le « Daily Herald > insiste sur l'ur-
gence à mettre fin au massacre des
Ethiopiens.
c Tout retard dans l'affaire éthio-
pienne est intolérable parce que des
hommes et des femmes sont tués sans
cesse d'une manière horrible. Chaque
jour de retard signifie plus de morts
et plus de souffrances. Mais dans la
question de la Rhénanie le danger est
plutôt dans la précipitation que dans
la lenteur. »
Le journal travailliste préconise des
sanctions pour mettre un terme aux
hostilités.
Lire la suite de nos informations
en troisième page
Tableau de la France 1
Notre confrère Le Journal a eu
une bonne idée. Il a dépêché sur
les routes de France sept de ses
meilleurs rédacteurs qui, munis
d'un questionnaire habilement dres-
sé, interrogent les électeurs en mar-
ge de la bataille politique. Le résul-
tat est assez intéressant, et même
assez instructif, pour .nous faire re-
gretter que, dans ce partage de la
France, on ait oublié l'Algérie. Ce
n'est pas, d'ailleurs, qu'on dédaigne
de s'occuper de tel de nos élus à
Paris, où les infortunes électorales
alimentent toujours les conversa-
tions de salles de rédaction : mais
je n'en dis pas plus, car mon propos,
en ces jours de trêve pascale, n'est
pas d'ajouter à l'amertume de ce
personnage ou de cette personna-
lité, comme on voudra.
Ce qui m'intéresse fort dans l'ex-
périence du Journal, c'est d'abord le
soin avec lequel a été formé son
équipe : talent et indépendance, vi-
gueur intellectuelle et acuité d'es-
prit, ces confrères, dont plusieurs
sont mes amis, ont tout cela dans
leurs bagages. Et ils le montrent
bien en conduisant leur enquête
avec le souci de toucher juste, d'al-
ler au fond de l'âme française.
Ils ne peignent ni beau ni laid. Ils
peignent vrai. Sans se perdre dans
des détails, ils n'omettent aucun dé-
tail topique. C'est le marchand d'es-
sence roublard qui parle de la der-
nière guerre et des inquiétudes ac-
tuelles .: « J'étais paysan. Mainte-
nant, dans l'automobile, je suis
mieux placé ». C'est l'industriel de
Strasbourg, persuadé par une infâ-
me propagande que Briand, qu'il n'a
jamais vu, était payé par l'Allema-
gne, et qui s'incline devant le dé-
menti d'André Lang : « Si vous en
êtes sûr, c'est différent. Vous devez
être renseigné. » C'est l'auditeur de
la mémorable réunion de Gourdon,
où parla pour la dernière fois le pè-
lerin de la paix et qui dit à Roland
Lapeyronnie : « Il étaît sincère >,
avec dans la voix le regret que
Briand lui-même aurait que les
hommes ne se soient pas levés,
comme il le demandait, pour la croi-
sade contre la guerre.
Car dans leur scrupule, mes con-
frères et amis nous restituent jus-
qu'à l'intonation de leurs interlocu-
teurs. Et ces tableaux dans leur di-
versité (je pense aux anecdotes sur
Marseille, recueillies par Jean Bo-
trot, qu'on lira en seconde page, ou
encore à ce croquis de Jean Oberlé :
des paysans beaucerons secoués par
un rire énorme à l'idée que le minis-
tre de l'Agriculture pourrait s'occu-
per d'eux avec compétence, telle-
ment ce propos leur semble inouï),
nous montre la France et les Fran-
çais non pas partagés par des hai-
nes mortelles, mais tout disposés à
s'entendre entre eux et à s'entendre
au dehors si la chose est possible.
En vérité, les querelles personnel-
les, que ce journal s'honore d'éviter
avec scrupule, sont bien mesquines
en face de cette nation dont tous les
fils sont réfléchis et patients. Et qui
demande simplement aux candidats
qu'ils ne se moquent pas de sa bon-
ne volonté et de son infini désir de
travailler paisiblement. — R. P.
La débâcle éthiopienne
Les auxiliaires italiens
infligent une défaite
à l'arrière-garde
du Négus
L'insurrection a gagné
une nouvelle province
Londres dément l'appel.
du Négus à M. Eden
Rome, 11 avril. — Le maréchal Bado-
glio télégraphie :
« Pendant que les troupes nationa-
les et érythréennes continuent leur
mouvement afin d'effectuer notre plan
d'opérations, les guerriers Azebo et
Galla ont, de nouveau, rejoint et battu
les arrière-gardes abyssines au sud du
torrent Cormat.
» Au cours de la rencontre, l'adver-
saire a laissé sur le terrain plus de
400 morts. On s'est emparé d'armes et
de munitions et on a capturé une co-
lonne Entière avec chevaux et mu-
lets. »
Abolition de l'esclavage
sur les territoires occupés
Asmara, 11 avril. — Demain, jour de
Pâques, le maréchal Badoglio publiera
un arrêt proclamant l'abolition de l'es-
clavage sur tous les territoires récem-
ment occupés par les troupes italien-
nes.
Une nouvelle province se révolte
Asmara, 11 avril. — Une nouvelle
province éthiopienne, celle de Ghimi-
ra, située à la frontière du Soudan, en-
tre le sixième et le septième parallèle,
serait en révolte.
Les rebelles auraient à leur tête le
dedjaz Taié, qui descend en droite li-
gne du premier négus de Choa. Ils au-
raient récemment battu les troupes du
ras Ghetachou sur les pentes du mont
Berracho.
SANS NOUVELLES
DES DEUX FRONTS A ADDIS-ABEBA
Addis-Abeba, 11 avril. — Le gouver-
nement éthiopien déclare que les infor-
mations du front, et notamment du
front nord, manquent et qu'il est Im-
possible de se faire une idée exacte de
la situation actuelle des armées éthio-
piennes.
On ignore tout des cambats qui se se-
raient déroulés près d'Oualdia, ainsi
que de ceux du front de l'Ogaden, no-
tamment à Sassabeneh et Dagga-Bour.
D'autre part le gouvernement éthio-
pien proteste auprès de la S.D.N. con-
tre les différents ajournements du rè-
glement du conflit et notamment con-
tre le délai accordé pour la discussion
des sanctions, délai dont profite l'Italie.
LES TROUPES ITALIENNES
SONT ENTREES A COBBO
Asmara, 11 avrn. - Les Italiens sont
entrés à Cobbo sur la route de Dessié.
(Lire la suite en troisième page)
Les inventions de M. Archer
UN DÉPUTÉ
TIRÉ AU SORT !
LE CANDIDAT DE LA DEUXIEME
DU PUY SERA DESIGNE PAR UNE
ROUE PARMI HV DIX-HUIT MILLE
ELECTEURS
Le Puy, 11 avril. — Lundi de Pâ-
ques il sera procédé, au Puy, au ti-
rage au sort d'un député.
M. Archer, député sortant de la pre-
mière circonscription, qui se croit bûr
de sa réélection, veut avoir un alter
ego dans la deuxième et pour le choix
il s'en remet au sort.
Donc, dans la grande roue appor-
tée exprès de Paris, on brassera quel-
que 18.000 tickets portant chacun le
nom a un électeur cie la circonscription
pt la chance décidera quel sera le dé-
puté.
Car M. Archer, fort de son prestige,
ne doute pas un seul instant que son
candidat soit l'élu. ,.
Il se pourrait, cependant, que l'heu-
reux moitel qui sera en même temps
le gros lot et le gagnant de cette lo-
terie originale nieüt pas la foi robuste
de M. Archer.
Le corps (Tune jeune fille
est retiré de la Marne
Paris, 11 avril. — Ce matin, quai
Thiers, à Meaux, on a retire de la Mar-
ne le cadavre a'une jeune fille. Sur la
berge se trouvaient un chapeau ec un
sac à main. Dans celui-ci on a trou-
vé des papiers au nom d'Andrée Denis,
vingt ans, et une lettre prête à être
mise à la poste adressée aux grands-
parents de la jeune fille à Canappes.
Les délégués au congrès national
de la Fédération des amputés
sont - reçus par M. - Le Beau
Dans la grande salle de réception du building du Gouvernement-général,
un vin d'honneur était offert, hier, à 17 heures, aux délégués a.!J Congrès
National de la Fédération des amputés
L(Lire l'information en 5* page).
6 A Sidi-bel-Abbès
Le général Noguès inspecte
un bataillon du 1er étranger
en partance pour le Levant
Le général Noguès s'entretient avec le général Lahure et le odlonel Azan - -
Bel-Abbès, 11 avril (de notre corres-
pondant particulier). — Hier matin est
arrivé à Sidi-Bel-Abbès, venant d'Alger
le général Noguès, membre du conseil
supérieur de la Guerre, commandant le
XIXe corps d'armée. Il était accompa-
gné par le capitaine Pique-Aubrùn
sous-officier d'ordonnance.
Le général s'est aussitôt rendu à la
aserne du 1er étranger où il a été reçu
par le général Lahure, commandant
provisoirement la division d'Oran, et
par le colonel Azan, commandant le
L er étranger.
Dans la vaste cour de la caserne le
général Noguès a passé l'inspection
d'un bataillon du premier régiment
étranger, qui sous peu, doit s'embarquer
à Alger à destination de Beyrouth. Cet-
te unité, qui était présentée en tenue
de campagne, est destinée à renforcer
les garnisons de Syrie.
Après son inspection le général No-
guès s'est déclaré très satisfait et s'est
longuement entretenu avec le général
Lahure, le colonel Azan et les officiers
supérieurs qui assistaient à l'inspec-
tion.
Dans la cour de la caserne du 1er Etranger, le général Noguès passe l'ins-
pection du bataillon qui doit s'embarquer à destination de Beyrouth
LA POLITIQUE
(Il est interdit
de parler
au conducteur >
Paris, 11 avril. — Peut-être va-t-on
nous reprocher de frapper toujours sur
le même clou. Hélas ! il le faut bien,
puisque nous sommes si mal compris,
puisque l'on ne veut pas entendre la
voix des chefs républicains qui, dans
les temps graves que nous vivons, ad-
jurent l'opinion publique de rester
calme.
Or, un de ces chefs républicains les
mieux qualifiés, et par sa magistrale
carrière et par la noblesse de son carac-
tère, sa droiture politique et la grande
autorité dont il jouit dans les milieux
de gauche, le président Théodore Steeg
vient, dans cette si vivante « Galerie
algérienne de Paris », parlant à Léon
Faraut, de rappeler opportunément aux
« trublions » de l'extrême droite que
« sur une route sinueuse et accidentée,
il est interdit de parler au conducteur ».
Formule particulièrement heureuse
parce qu'elle s'inspire du vrai, du pur
bon sens dont, par bonheur, le peuple
de France n'a point perdu la notion.
La « route sinueuse et accidentée »,
c'est la route diplomatique que les re-
présentants de notre pays parcourent à
grand'peine, tant les obstacles y sont
nombreux. Le conducteur, c'est le Gou-
vernement.
S'il était permis de plaisanter dans
des conjonctures aussi pénibles, on pour-
rait évoquer le souvenir de ces stra-
tèges de cafés qui, à grand renfort
de pyrogènes, refaisaient, pendant la
guerre, le plan des batailles, en dédiant,
au maréchal Joffre, d'abord, au maré-
chal Foch, ensuite, quelques conseils
bien sentis ; peut-être pourrait-on, ainsi,
découvrir que ces Napoléons de tables
de marbre sont les mêmes que ces Tal-
leyrands de carrefour qui, aujourd'hui,
prétendent apprendre leur métier aux
diplomates. Mais on ne peut pas, hé-
las ! plaisanter, même rétrospectivement.
Toute cette agitation dispersée dans le
pays depuis des mois — car cela a
commencé dès la naissance du conflit
ita!o-éthiopien — a pour effet de trou-
bler l'opinion nublique, au moment, pré-
cisément, où elle a le plus grand besoin
de calme, au moment, surtout, cù le
Gouvernement qui se bat pour s'effor.
cer de faire triompher, devant des in.
terlocuteurs étrangers, la thèse fran-
çaise, aurait besoin d'être appuyé par
EN ESPAGNE ,
Les socialistes modérés
vont grossir le parti :
de M. Azana
Madrid, 11 avril. — La scission du
parti socialiste semble imminente. Les
centristes ou les modéras iraient avec
leur chef Indalecio Prieto, grossir les
rangs de la gauche républicaine de M.
Azana. Une vingtaine de députés sè
sépareraient ainsi des bolchevisants dé
Largo Caballero.
L'ACTIVITE DE BELA KUN
D'APRES UN ORGANE NAZI
Madrid, 11 avril. — Le « Volkischer
Beobachter » apprend de Madrid que
Bela Kun a mandé aussi près de lui en
Espagne Losov/ski, secrétaire général dé
l'Internationale syndicaliste communis-
te.
Un ancien membre de la représenta"
tion commerciale soviétique à Berlin,
Varga, séjourne également en Espagne
actuellement.
Heureuses Pâques !
Ces deux fillettes ont été vraiment
gâtées et elles sont ravies. Les œufs
de Pâques qui leur ont été offerts
ont des dimensions impressionnantes,
mais elles ne paraissent pas s'en
émouvoir outre mesure
la cohésion des forces nationales.
Voilà où est le danger : nous ne le
répéterons jamais assez. Quand on sé
dispute entre Français, il n'y a que de-
mi-mal, mais quand on porte la querelle
au dehors, on cause à son pays un
dommage peut-être irréparable.
FRANCISQUE LAURENT.
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