Titre : L'Écho d'Alger : journal républicain du matin
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1933-10-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327596899
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 octobre 1933 22 octobre 1933
Description : 1933/10/22 (A22,N8479). 1933/10/22 (A22,N8479).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7582899b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10396
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2013
2 2* ANNÉE » N° 8479
'k l..O 1
DIMANCHE - 2Z OCTOBRE 1933 -1
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xorsales de laprovince.
L'Allemagne veut s'entendre
avec la France.
« Dès que la Sarre aura été réintégrée
dans le sein de la nation allemande, plus rien
ne séparera les deux grandes nations.
» Docteur Gœbbels. »
UN DISCOURS SENSATIONNEL
DU DOCTEUR GŒBBELS
Berlin, 21 octobre. — « Le peuple
allemand ne veut pas la guerre, il est
profondément attaché à la paix et dé-
sire collaborer loyalement avec les au-
tres peuples mais sur un pied d'égali-
té., L'Allemagne veut s'entendre avec la
France dont plus rien ne la séparera,
dès que la Sarre aura été réintégrée
dans le sein de la nation allemande. »
Tel est, en substance, le discours pro-
noncé par M. Gœbbels à l'occasion de
l'ouverture de la campagne en vue de
l'élection et du plébiscite du 12 novem-
bre prochain.
Docteur GOEBBELS
(Cliché « Le Journal ».)
Le discours a été en somme une ré-
pétition de celui de Hitler de samedi
dernier.
Le Dr Gœbbels fit allusion au procès
van der Lubbe pour se plaindre de « la
çampagne de calomnies » menée à cet
égard par l'étranger.
Le ministre de Propagande du Reich
a affirmé que l'Allemagne était désar-
mée.
« On a prétendu que nous avions
de la poudre en Suède, en Hollande,
au Danemark. Comment avons-nous
réagi ? Nous-nous sommes tus et nous
avons continué à travailler car nous
sommes convaincus qu'en fin de compte
la loyauté - triomphera. - Combien sont
ridicules les mensonges répandus dans
le monde contre nous !
» Nous sommes convaincus qu'il ne
sert à rien de raviver les plaies ancien-
nes, car il faut bien qu'un jour ou l'au-
tre l'Europe soit pacifiée. Le führer et
ses mandants sont indépendants, même
dans leur politique de paix. C'est pour-
quoi le chancelier a pu dire avec raison
qu'il tenterait tout ce qui est possible
pour préserver l'Europe d'une nouvelle
guerre.
> S'il était possible, même au prix
de lourds sacrifices, de s'entendre avec
la France, de trouver une base d'enten-
te qui nous laisse notre honneur et qui
garantisse une paix véritable et durable
sans arrière-pensée, nous rendrions ser-
vice à des millions d'hommes en Fran-
ce et en Allemagne.
» Nous pouvons tout essayer pour ar-
river à ce but.
» Nous n'avons pas à craindre d'être
renversés par l'opposition mécontente.
Nous nous trouvons dans l'heureuse si-
tuation de pouvoir l'aborder sans res-
sentiment, car le chancelier fait un
grand geste vers la France et tend à
ce pays la main de réconciliation. Il
peut faire ce geste sous sa propre res-
ponsabilité. Il n'en doit rendre compte
qu'à lui-même, au peuple allemand et
à l'histoire.
» Aussi, lorsque le destin place en
nos mains cette confiance, avons-nous
l'obligation d'utiliser cette confiance
pour assurer la vie et le bonheur de
millions d'hommes.
» Nous sommes parvenus si jeunes
au pouvoir que nous pouvons envisag3r
des tâches à longue échéance. »
Le docteur Gœbbels s'est attaché à
démontrer que l'Allemagne a rempli les
obligations que lui imposait le traité de
Versailles.
« Nojs n'avons jamais parlé de guer-
re, a-t-il poursuivi, et dans les procla-
mations du parti il n'a jamais été ques-
tion de revanche à l'égard de la Fran-
ce. Nous pouvons affirmer que 95 à
98 do la population sarroise se pro-
nonceront pour nous. Lorsque cette re-
vendication aura été remplie, nous se-
rons entièrement satisfaits. »
L'ALLEMAGNE A OFFICIELLEMENT
NOTIFIE SON RETRAIT
DE LA S.D.N.
Genève, 21 octobre. — A 10 h. 30, ce
matin, le consul général à Genève, M.
Krauvl, a remis à M. Joseph Avenol,
secrétaire général de la S.D.N., la no-
tification officielle par laquelle l'Al-
lemagne, en vertu du paragraphe II de
l'article premier du pacte, donne son
préavis de retrait de la S.D.N. et de
l'organisation internationale du tra-
vail.
Le texte de la notification alleman-
de comprend cinq lignes et ne contient
aucun considérant.
A la suite de cette notification, M.
Trendelenburg, sous-secrétaire général
allemand de la S.D.N., a adressé sa
démission à M. Avenol.
LE SECRETAIRE GENERAL DE
LA S.D.N. REPOND A LA LETTRE
PAR LAQUELLE LE GOUVER-
NEMENT DU REICH ANNONCE
SON RETRAIT DE L'ASSEMBLEE
DE GENEVE
Genève, 21 octobre. — Voici le texte
de la lettre du secrétaire général de la
Société des Nations en réponse à la
lettre du gouvernement allemand no-
tifiant le retrait de l'Allemagne de la
Société des Nations :
« Genève. le 21 octobre 1933,
» J'ai l'honneur d'accuser réception
de la lettre que vous m'avez adressée le
19 octobKe 1933, au nom du gouverne-
ment allemand et de laquelle il résul-
te que l'Allemagne donne le préavis de
retrait de la Société des Nations pré-
vu par l'article premier, paragraphe
3, du pacte, qui est ainsi conçu :
« Tout membre de la Société peut,
après un préavis de deux ans, se retirer
de la Société à condition d'avoir rem-
pli à ce moment toutes ses obligations
internationales, y compris celles du pré-
sent pacte.
» Je ne manquerai pas de communi-
quer' immédiatement aux membres de
la Société ladite lettre, ainsi que la pré-
sente réponse. »
» Le secrétaire général :
Signé : J.-A. Avenol. »
DEMAIN :
Tribune des victimes de la guerre, par
R. Migot.
1 LE PROCES DE L'INCENDIE
DU REICHSTAC
Vue générale de la salle pendant
l'interrogatoire de VAN DER LUBBE,
dont on voit (au-dessous ) une attitude
(Cliché « Le Journal ».)
RECONSTITUTION DE L'INCENDIE
Berlin, 21 octobre. — Le premier té-
moin cité aujourd'hui est un joueur
d'orgue qui prétend avoir rencontré
von der Lubbe près de Constance, en
septembre ou octobre 1932. Il était ac-
compagné d'un autre vagabond et au-
rait tenu des propos incendiaires. Ce
témoin, confronté avec van der Lubbe,
affirme le reconnaître. - - -,.
L'accusé fait une déclaration con-
traire.
Il se tient aujourd'hui moins courbé.
Cependant il ne tarde pas à reprenne
son attitude coutumière au cours de la
reconstitution de l'incendie à laquelle
procède le tribunal. -
Accompagné des avocats et des ex-
perts, il se rend sur les lieux. Les jour-
nalistes font ensuite le même parcours
sous la conduite du commissaire Hei-
sig, qui leur fournit les explications né-
cessaires.
On parcourt successivement la salle
des pas-perdus et la salle des séances,
dont il ne reste que les murs de brique
et la charpente en fer. On peut mal
se faire une idée de la difficulté qu'il
pouvait y avoir à y mettre le feu.
Les experts posent à van der Lubbe
quelques questions sur la façon dont il
a enflammé les rideaux situés derriè-
re la place des sténographes, d'où l'in-
cendie se serait propagé dans toute la
salle.
Sur une table on voit différentes piè-
ces à conviction : des fragments d'al-
lumeurs faits de sciure de bois et de
naphtaline, des morceaux d'étoffes et
de tapis brûlés.
La Chambre abordera
cet après-midi l'examen
du projet financier
du gouvernement
Paris, 21 octobre. — La Chambre
abordera demain après-midi l'examen
du projet financier.
L'application de la procédure excep-
tionnelle d'urgence va sans doute per-
mettre de liquider en une séance la
discussion générale qui s'institue d'or-
dinaire à l'occasion des projets de
cette importance. En dehors de l'ex-
posé du rapporteur général de la Com-
mission des finances et du discours du
président du Conseil ou du ministre du
Budget, la Chambre n'entendra ainsi
qu'un orateur, M. Paul Reynaud vrai-
semblement ou M. de Chappedelaine;
l'ancien rapporteur général du budget
ayant décliné l'offre qui lui était faite
ce matin par la minorité de la Com-
mission des finances de prendre la pa-
role en son nom.
La Chambre pourra donc passer dès
lundi matin aux articles.
Au seuil de la discussion générale
un incident doit toutefois être soulevé
par M de Lasteyrie.
L'ancien ministre des Finances du
cabinet Poincaré de 1922-1924 entend
en effet saisir la Chambre par une de-
mande de rappel au règlement des con-
ditions dans lesquelles se sont déter-
minées les délibérations de la Commis-
sion des finances et notamment de l'o-
mission par celle-ci du vote sur l'en-
semble
CHEZ LES RADICAUX
Le groupe radical a longuement déli-
déré ce matin sur les positions que son
bureau se proposait de défendre dans
l'après-midi à la réunion des délégués
des groupes de gauche.
M. Yvon Delbos qui présidait, a rendu
compte des entretiens du bureau avec
les délégués socialistes. Il a déclaré
qu'il lui était difficile d'exposer au
groupe les intentions de ces derniers
puisqu'ils étaient eux-mêmes divisés, les
uns présentant des solutions inaccep-
tables pour les radicaux, les autres,
comme MM. Marquet et Renaudel ma-
nifestant le plus vif désir de conci-
liation.
Le président du groupe a estimé
qu'on pouvait se demander du reste si
la position prise par MM. Vincent Au-
riol, Monnet, etc., était une position
de conciliation ou de rupture.
Une discussion assez confuse s'est
engagée ensuite sur le compromis à en-
visager ; puis deux spécialistes des
questions financières, MM. Henri Clerc
et Nogaro ont attiré l'attention de leurs
collègues sur les répercussions finan-
cières d'un refus par la Chambre de
voter le projet et de la chute consécu-
tive du gouvernement, mais sans se
trouver d'accord sur la portée probable
de ces deux événements. A la suite de
cette controverse, le groupe a demandé
à entendre, ce soir, M. Daladier ; puis,
pour manifester son désir d'accord avec
les socialistes, il a résolu de poursuivrè
avec eux les pourparlers qui se prolon-
gent depuis trois jours. Mais une nou-
velle discussion s'est instituée sur les
conséquences budgétaires que pourrait
avoir dans l'application du prélèvement
sur les traitements publics, la substitu-
tion de l'abattement à la base à celui
de l'exonération.
Quelques assistants ont suggéré alors
de compenser la diminution importan-
te de ressources qui résulterait de cette
substitution par une extension du pré-
lèvement aux traitements privés stables,
extension que la Commission des fi-
nances a, du reste, repoussée vendredi
soir à égalité de voix. C'est dans ce
sens qu'un compromis a paru pouvoir
être recherché dans l'après-midi.
A LA RECHERCHE
D'UNE TRANSACTION
De leur côté, les membres socialis-
tes et radicaux-socialistes de la mino-
rité de la Commission des finances,
réunis dans la matinée, ont recher-
ché en commun une nouvelle rédaction
à substituer à celle de l'article 37 du
projet de redressement budgétaire, tel
qu'il avait été adopté la veille.
Ayant constaté que le groupe radi-
cal n'avait délibéré sur aucune autre
solution transactionnelle que celle pré-
cisément qui avait été votée à la Com-
mission et qu'il s'agit de remplacer, les
délégués socialistes sont tombés d'accord
avec leurs collègues pour reporter la
réunion à samedi après-midi. Ils les
ont, en outre, informés que de son
côté leur groupe avait chargé MM. Vin-
cent Auriol et Marquet de mettre au
point le nouveau texte comportant, pour
l'application du prélèvement sur les
traitements publics, un abattement à
la base de 9.000 francs et une échelle
progressive partant du taux de 3 p. 100
pour les traitements de 9.000 à 12.000
francs et s'élevant graduellement jus-
qu'à 12 p. 100.
Le produit de ce prélèvement pour-
rait être affecté au fonds national de
chômage.
Une fois rédigé définitivement, ce
texte doit servir de base aux nouvelles
délibérations de la délégation finan-
cière des groupes de gauche.
LES NEGOCIATIONS
DE LA DELEGATION
DES GAUCHES
La délégation des gauches a pour-
suivi les négociations cet après-midi en
vue d'aboutir à une nouvelle formule
destinée à remplacer le texte de l'ar-
ticle 37. La réunion, tenue par les re-
présentants à la Commission des fi-
nances des groupes socialiste et radi-
cal-socialiste, a été assez mouvementée
et occupée surtout par une polémique
entre MM. Marquet et Vincent Au-
riol. Le premier reprochant au second
de s'opposer par des voies détournées
à l'entente des gauches, le second fai-
sant grief à son collègue de sacrifier
à cette même entente la doctrine so-
cialiste.
Afin de mettre au point les sugges-
tions présentées, la réunion a résoiu,
après cette polémique, de désigner un
comité de rédaction où seraient repré-
sentées les deux tendances socialistes.
Ce comité, composé de MM Vincent
Auriol, Ernest Lafont, socialistes ; Jam-
my Schmidt, Lassalle, radicaux-socia-
listes ; Breton, socialiste français, a es-
timé qu'il convenait d'envisager les ré-
percussions financières des textes qui
pourraient être soumis à l'agrément ce
la délégation des gauches et s'est et-
forcé de chiffrer quelques-uns des
amendements envisagés.
Le maréchal Balbo est malade
Rome, 21 octobre. — Le maréchal
Baldo a été pris d'un accès de violente
fièvre d'origine grippale.
Le départ pour la Côte d'Azur
M. Herriot photographié à la gare de Perrache, au moment où le train
l'emporte vers Giens
(Cliché « Intran ».)
Un prêtre Messe gravement
les trois membres
d'une honorable famille i
Toulouse, 21 octobre. — La paisible lo-
calité .d'Albiac (Haute-Garonne) a été
le théâtre d'un drame inattendu.
Au début de l'après-midi de vendredi,
les voisins étaient alertés par des coups
de feu tirés dans la maison habitée
par la famille Pagès.
Dans la demeure, on découvrit tes
trois membres de la famille, le père, la
mère et la jeune-fille, gravement bies-
sés par des balles de revolver
L'enquête révéla qu'il s'agissait d'un
crime passionnel dont le héros n'était
autre que le curé de Mondonville, Os-
car Mexen.
Le meurtrier avait accompli son for-
fait en tenue civile et s'était immédia-
tement enfui dans son auto.
D'activés recherches aussitôt entrepri-
ses pour retrouver le meurtrier sent
jusqu'ici demeurées vaines.
Le prêtre poursuivait, depuis plusieurs
années, Hélène Pagès, 22 ans, de ses
assiduités et avait appris que celle-ci
fréquentait un jeune homme de Cara-
man. Exaspéré, le meurtrier écrivit des
kttres de menaces à la jeune fille, aux
parenta de celle- ■ i et au jeune homme.
Puis 11 se rendit au domicile-des Pa-
gès dans l'espoir de revoir la jeune
Hélène, mais il fut éconduit par le pè-
re. C'est alors que l'ecclésiastique tira
à travers une porte vitrée plusieurs
coups de revolver sur les membres de ta
famille Pagès.
Une exposition horticole
dans les jardins du Luxembourg *
M. Jeanneney, président du Sénat,
visitant l'exposition
(Cliché « Petit Parisien ».)
Le professeur
Thomas-H Morgan
prix Nobel de médecine
pour 1933
Pasadena (Californie), 21 octobre. —
Le professeur Thomas Hunt Morgan
qui, comme nous l'avons annoncé, a
reçu le prix Nobel de médecine pour
1933, est un des plus distingués biolo-
gistes contemporains. Il dirige la sec-
tion de biologie des laboratoires Kerch-
noff, de l'institut de Californie. Ses
travaux les plus connus portent sur les
cléments reproducteurs.
Le professeur Morgan a été président
de l'Académie des sciences et de l'As-
sociation américaine pour l'avance-
ment des sciences. Il est membre cor-
respondant de l'Académie des sciences
de Paris depuis 1931.
Aujourd' hui : 10 pages
EN DEUXIÈME PAGE:
Suite du service télégraphique.
Les échos.
EN TROISIÈME PAGE:
Suite du service télégraphique.
EN QUATRIÈME PAGE :
Le droit pratique, par Maître- Valet.
Hammam-Melouane, cour des miracles,
par Ouakli.
La vie sportive.
EN CINQUIÈME PAGE :
A travers Alger.
Dernière heure.
EN SEPTIÈME PAGE :
Dans les dipartement&
Le détournement de documents
militaires à l'arsenal
du Mourillon
Toulon, 21 octobre. — Le courtier,
agent d'affaires Camille André, et le
dessinateur de la marine René Vidal,
employé à l'atelier des torpilles à l'ar-
senal du Mourillon; arrêtés on le sait
pour détournement de documents in-
téressant la défense nationale, ont choi-
si leur avocat.
Interrogé, René Vidal a déclaré n'a-
voir pas mesuré la conséquence de ses
actes en confiant des documents à une
personne étrangère aux ateliers.
L'interrogatoire de Camille André n'a
pas porté sur cette affaire, mais sim-
plement sur l'homme lui-même. Sa vie
est curieuse ; on le voyait allant à la
messe tous les matins et fréquentant
les personnalités les plus en vue de
Toulon. Puis, passant ses soirées dans
les milieux interlopes, où il fit con-
naissance de Vidal.
Les soupçons de la police furent pré-
cisés par la maîtresse de Camille An-
dré et par l'imprudence de Vidal qui
possédait dans son service les plans
d'une nouvelle torpille.
L'arrestation des deux complices a eu
lieu avant la cession des documents.
LA POLITIQUE
SOLIDARITÉ
Paris, 21 octobre. - Il est des dé-
faites plus honorables que certaines
victoires.
Tel est le sens que l'on peut attri-
buer aux paroles du président du Con-
seil débattant dans les couloirs de la
Chambre le sort de son ministère et
aux déclarations faites, hier soir, par
le ministre du Budget.
Il est évident que si le gouvernement
avait lconsenti à abandonner les prin-
cipales dispositions de son projet, s'il
s'était résigné à défendre, devant la
Chambre, d'abord, devant le Sénat
ensuite, le texte complètement différent
du sien. le navire ministériel voguerait
en ce moment Vers la haute mer, au
lieu d'être accroché à des récifs sur
lesqus, si l'on en croit certains, il ris-
que de finalement sombrer.
Ce n'est certes pas nous qui ferons
grief à M. Daladier de maintenir sa
position. Nous sommes persuad és que
la fermeté constitue, dans les con jonc-
tures présentes, un gage sérieux de
succès. Mis en demeure, par les cir-
constances et aussi par l'effet de la
mystique populaire, à choisir entre ces
deux solutions extrêmes : la déflation
budgétaire et l'inflation 1 budgétaire, le
gouvernement a choisi la première. Ce
choix fait, qu'il y reste fidèle: rien de
mieux.
Toutefois, il est bien entendu que
si M. Daladier et ses collaborateurs
tiennent à leur projet, au point de le
défendre au prix de leur vie, comme
jadis on défendait une barricade, ce à
quoi ils tiennent surtout, c'est au mon-
tant des ressources que ce projet doit
procurer au budget.
Or, pourquoi n'avait-on pas accor-
dé, jusqu'ici, plus d'attention à cette
formule suivant laquelle les citoyens,
fonctionnaires ou non, mais bénéficiant
de traitements stables, seraient appelés
à venir en aide aux chômeurs, épar-
gnant ainsi une lourde charge au bud-
get ?
Outre que cette proposition com-
porte un élément d'équilibre point né-
gligeable, elle a la vertu d'apporter,
dans un débat assez serré, assez terre
à terre, la notion spirituelle de la soli-
darité sociale.
On a dit, un peu hâtivement selon
nous, que le procédé était inapplicable.
Ne serait-ce pas la simple opinion de
techniciens que rebutent par avance
toute initiative, toute nouveauté, tout
effort libéral ?
Au fait, le dernier mot n'est peut-
être pas dit.
Francisque LAURENT.
Un procès sensationnel
L'affaire Sarret-Schmidt
devant les assises - d'Aix-en-Provence
DANS LA SALLE
AVANT L'AUDIENCE
Aix-en-Provence, 21 octobre. —Voici
donc ouvert, le procès sensationnel Sar-
ret-Schmidt.
Dès ce matin, tout Aix est en effer-
vescence. La salle d'audience est com-
ble, archi-comble.
Le président Gesta assure son binocle
et l'avocat-général, déjà prêt à bondir,
se carre dans son fauteuil. Devant les
juges s'entassent en piles obliques les
52 kilos de dossiers de l'affaire.
A gauche, les jurés se tiennent im-
mobiles, un peu gauches, graves et so-
lennels, A droite, les rabats des treize
avocats font une frise blanc sur noir.
On se montre celui de Me Moro-Giaf-
feri et celui de Me Campinchi.
Au centre s'écrase la presse européen-
ne car, souvenons-nous que Georges
Sarret est un Grec de Truste, que
Philomène et Catherine Schmidt sont
Allemandes, enfin que le pauvre Loren-
zo fut un citoyen italien et les journa-
listes sont si nombreux que de gagner
'la barre sera pour les 92 témoins une
acrobatie méritoire, mais qu'importe !
Et en attendant que s'achèvent les
formalités d'usage on remarque, pour
se distraire l'avant-dernier buste de la
République accroché à mi-hauteur d'un
mur : le rebord du box des accusés en
fer forgé, ce qui est rare ; on contem-
ple la loge des invités où précieusement
s'installent les élégances de la région
et on écoute la rumeur indistincte qui
vient du fond de la salle et monte d'un
rectangle de têtes curieuses et attenti-
ves figurant, derrière une balustrade
de bois verni, le public admis à suivre
les débats et conscient de son privi-
lège.
Les autres, tous les autres, ceux qui
depuis trois ou quatre heures du ma-
tin attendaient à la porte du palais
de justice et attendirent en vain, sont
dehors, sur la place, refoulés, résignés,
contenus par un cordon de troupes
indigènes. Ils sont deux ou trois cents
à peine.
LES ACCUSES
Mais voici les accusés, une gerbe
d'accusés tassés dans un box minus-
cule, boite rectangulaire truffée de
gardes mobiles en tenue de campagne,
une cage sans couvercle et où un hom-
me trapu, voûté, est affaissé, un hom-
me aux cheveux blond filasse coupés
en brosse, au regard fatigué, complè-
tement tourné vers les trois juges en
robe écarlate. Cet homme c'est Sarret.
Sarret
Georges Saradiani, né le 27 septem-
bre 1879 à Trieste, comme il dira tout
à l'heure au président Gesta d'une
voix molle et sans vigueur.
— Votre profession ?
— Avocat conseil à Marseille, rue de
la Paluc.
Il a l'air d'un vieux clown qui, ayant
exécuté son numéro en piste n'aurait
pas eu le temps de se dégrimer avec
soin. Il est blafard. Quand le président
l'interroge il se lève vivement, répond
avec sobriété et déférence, puis aussi-
tCL se rassied et, comme sans courage
au seuil de cette journée où il devra
se battre et se défendre, il appuie son
front pâle et moite au rebord de son
box. >
Philomène Schmidt
A son côté, au-delà d'un garde mobi-
le indifférent se tient une toute petite
bonne femme et qui rappelle, par son
allure et son maintien, l'aînée des sœurs
Papin. Elle est coiffée, sans élégance,
d'un chapeau de feutre brun. Son man-
teau noir, bien trop ample pour elle,
l'enveloppe complètement. Elle a les
yeux petits, le nez droit, la bouche sans
lèvres. Lorsque le président lui deman-
de son nom, elle se penche vers son
avocat et M' de Moro-Giafferi lui
ayant traduit la question en allemand.
— Philomène Schmidt, dit-elle, à voix
si basse qu'on l'entend à peine et elle
ajoute :
« Née le 27 mai 1888 à Wasspach, en
Bavière. »
— Vous êtes mariée ?
— Veuve.
Catherine Schmidt
Elle s'assied avec précaution quand
Catherine se lève et c'est une toute au-
tre voix qui répond à l'interrogatoire
du président Gesta, une voix très douce
modulée et qu'à chaque mot vient con-
trarier un sanglot mal contenu.
— Vous vous appelez Schmidt Ca-
therine; ?
- Oui, monsieur.
- Ou habitez-vous ?
— Chez ma sœur, monsieur.
- Vous êtes mariée ?
- Veuve.
LES COMPLICES
Les cinq autres occupants du box,
complices plus ou moins crapuleux et
volontaires des trois premiers, ne sont
guère que gens fort ennuyés de la tris-
te situation où, pour huit jours ils se
trouvent placés.
Calixte Lufaux
Calixte Lufaux, qu'on se représentait
comme un bon gros débordant de san-
té est grand, maigre, sec, aux traits ti-
rés, à l'aspect maladif.
Brun
Brun, qui se déclare courtier d'assu-
rances a l'air de quelque marchand de
tapis, comme on en voit sur la Canne-
bière.
Siotis
Siotis, neveu de Sarret,. est en cette
qualité gratifié d'un type levantin par-
fait. C'est un garçon bavard et satis-
fait.
Andrée Sarret
Andrée, propre fille de Sarret, jolie
brunette de 24 ans fait figure de l'in-
nocente jeune fille égarée dans un re-
paire -de brigands - et quand elle parle
de son père elle baisse la tête.
Le docteur Guy
Il n'y a guère, dans cette magnifique
collection de canailles, que le docteur
Maurice Guy, adjoint au maire de Mar-
seille, pour afficher une parfaite assu-
rance de soi et de son destin. C'est un
petit bonhomme replet, rouge de visage,
portant des lunettes d'écaillé et qui ré-
pond d'une voix éclatante à l'interro-
gatoire du président.
« Je suis docteur en médecine.
Les jurés sont à leur banc, le prési-
dent impose le silence à la salle bruyan-
te et agitée.
Aussitôt commence la lecture mono-
tone de l'acte d'accusation, formidable
document de 161 pages dactylogra-
phiées sans marge ni interlignes. Il y
en a pour deux ou trois heures, Sarret
le sait : il * rit doucement ; Catherine
pleure ; Lufaux se mouche.
Le grand procès est commencé.
L'acte d'accusation
L'acte d'accusation expose la genèse
■du crime de la villa « l'Ermitage », la
préparation de la baignoire. Sur le cri-
me même, la thèse de l'accusation est
exposée avec une rigueur, une précision
impressionnantes, certes, pour l'audi-
toire qui écoute dans un silence absolu,
mais qui ne semblent guère troubler
Sarret. On le voit, à peine gêné par cet-
te évocation de l'effroyable crime, in-
cliner la tête tantôt à droite, tantôt
à gauche. Il passe la main sur son
front. Pourtant, quand le greffier dé-
crit le bain atroce, d'acide sulfurique.
Sarret se cache les yeux. Mais ce n'est
G. Sarret
(Cliché « Petit Parisien ».)
pas une marque d'émotion car derriè-
re la main les yeux restent ouverts, tou-
jours secs. t
Cette lecture tend à rappeler ce que
fit Sarret après le crime de « l'Er-
mitage » pour s'emparer de tout c'e que
possédaient les victimes Louis Chambon
et Blanche Ballandreaux, à la villa des
Gâtons, à Marseille ; les faux nom-
breux commis à cet effet penaant plus
de trois ans : faux en écritures pri-
vées,' fausses procurations établies grâ-
ce à des complicités mal définies.
Après une courte suspension d'audien-
ce pour permettre au greffier de re-
prendre haleine, la lecture de l'acte
d'accusation continue. Il s'agit mainte-
nant des escroqueries à l'assurance, et
voici l'affaire Magali Herbin, cette jeu-
ne ouvrière tuberculeuse que les sœurs
Schmidt recueillirent et soignèrent de
façon si particulière qu'elle mourut em-
poisonnée. dit l'accusation. Décédée, el-
le fut déclarée à l'état civil sou le
nom „de. Catherine Schmidt. celle-ci
ayant été au préalable assurée pour
1.700.000 francs dans cinq compagnies.
Sarret, qui ne semblait pas prêter
une attention bien soutenue à la -lectu-
re du greffier Arnaud, paraît mainte-
nant très intéressé. C'est que racte'
d'accusation mentionne la fin de Ma-
gali Herbin, rappelle la répartition des
1.700.000 francs que payèrent, sans dif-
ficulté les compagnies d'assurances, et
on arrive à la découverte de l'escroque-
rie par la Sûreté de Marseille.
Un autre inculpé est maintenant très
attentif à la lecture de l'interminable
document : c'est le docteur Guy, con-
tre qui l'accusation retient qu'il aurait
connu la véritable identité de la tuber-
culeuse décédée et pour laquelle il éta-
blit des certificats de décès au nom de
Catherine Schmidt.
Comme le texte lu aux jurés expo-'
se, en contrepartie, la réplique de l'in-
culpé à l'accusation, on voit le docteur
Guy manifeder à il'usieurs reprises, par
des signes de tête, une énergique ap..,
probation.
(Lire la suite en dernière heure)
Un essayage au "carreau du Temple"
— Voyez, ma p'tite dame. ce chapeau vous va comme un gant !.
1 (Cliché -c Le Journal ».)
'k l..O 1
DIMANCHE - 2Z OCTOBRE 1933 -1
..,
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xorsales de laprovince.
L'Allemagne veut s'entendre
avec la France.
« Dès que la Sarre aura été réintégrée
dans le sein de la nation allemande, plus rien
ne séparera les deux grandes nations.
» Docteur Gœbbels. »
UN DISCOURS SENSATIONNEL
DU DOCTEUR GŒBBELS
Berlin, 21 octobre. — « Le peuple
allemand ne veut pas la guerre, il est
profondément attaché à la paix et dé-
sire collaborer loyalement avec les au-
tres peuples mais sur un pied d'égali-
té., L'Allemagne veut s'entendre avec la
France dont plus rien ne la séparera,
dès que la Sarre aura été réintégrée
dans le sein de la nation allemande. »
Tel est, en substance, le discours pro-
noncé par M. Gœbbels à l'occasion de
l'ouverture de la campagne en vue de
l'élection et du plébiscite du 12 novem-
bre prochain.
Docteur GOEBBELS
(Cliché « Le Journal ».)
Le discours a été en somme une ré-
pétition de celui de Hitler de samedi
dernier.
Le Dr Gœbbels fit allusion au procès
van der Lubbe pour se plaindre de « la
çampagne de calomnies » menée à cet
égard par l'étranger.
Le ministre de Propagande du Reich
a affirmé que l'Allemagne était désar-
mée.
« On a prétendu que nous avions
de la poudre en Suède, en Hollande,
au Danemark. Comment avons-nous
réagi ? Nous-nous sommes tus et nous
avons continué à travailler car nous
sommes convaincus qu'en fin de compte
la loyauté - triomphera. - Combien sont
ridicules les mensonges répandus dans
le monde contre nous !
» Nous sommes convaincus qu'il ne
sert à rien de raviver les plaies ancien-
nes, car il faut bien qu'un jour ou l'au-
tre l'Europe soit pacifiée. Le führer et
ses mandants sont indépendants, même
dans leur politique de paix. C'est pour-
quoi le chancelier a pu dire avec raison
qu'il tenterait tout ce qui est possible
pour préserver l'Europe d'une nouvelle
guerre.
> S'il était possible, même au prix
de lourds sacrifices, de s'entendre avec
la France, de trouver une base d'enten-
te qui nous laisse notre honneur et qui
garantisse une paix véritable et durable
sans arrière-pensée, nous rendrions ser-
vice à des millions d'hommes en Fran-
ce et en Allemagne.
» Nous pouvons tout essayer pour ar-
river à ce but.
» Nous n'avons pas à craindre d'être
renversés par l'opposition mécontente.
Nous nous trouvons dans l'heureuse si-
tuation de pouvoir l'aborder sans res-
sentiment, car le chancelier fait un
grand geste vers la France et tend à
ce pays la main de réconciliation. Il
peut faire ce geste sous sa propre res-
ponsabilité. Il n'en doit rendre compte
qu'à lui-même, au peuple allemand et
à l'histoire.
» Aussi, lorsque le destin place en
nos mains cette confiance, avons-nous
l'obligation d'utiliser cette confiance
pour assurer la vie et le bonheur de
millions d'hommes.
» Nous sommes parvenus si jeunes
au pouvoir que nous pouvons envisag3r
des tâches à longue échéance. »
Le docteur Gœbbels s'est attaché à
démontrer que l'Allemagne a rempli les
obligations que lui imposait le traité de
Versailles.
« Nojs n'avons jamais parlé de guer-
re, a-t-il poursuivi, et dans les procla-
mations du parti il n'a jamais été ques-
tion de revanche à l'égard de la Fran-
ce. Nous pouvons affirmer que 95 à
98 do la population sarroise se pro-
nonceront pour nous. Lorsque cette re-
vendication aura été remplie, nous se-
rons entièrement satisfaits. »
L'ALLEMAGNE A OFFICIELLEMENT
NOTIFIE SON RETRAIT
DE LA S.D.N.
Genève, 21 octobre. — A 10 h. 30, ce
matin, le consul général à Genève, M.
Krauvl, a remis à M. Joseph Avenol,
secrétaire général de la S.D.N., la no-
tification officielle par laquelle l'Al-
lemagne, en vertu du paragraphe II de
l'article premier du pacte, donne son
préavis de retrait de la S.D.N. et de
l'organisation internationale du tra-
vail.
Le texte de la notification alleman-
de comprend cinq lignes et ne contient
aucun considérant.
A la suite de cette notification, M.
Trendelenburg, sous-secrétaire général
allemand de la S.D.N., a adressé sa
démission à M. Avenol.
LE SECRETAIRE GENERAL DE
LA S.D.N. REPOND A LA LETTRE
PAR LAQUELLE LE GOUVER-
NEMENT DU REICH ANNONCE
SON RETRAIT DE L'ASSEMBLEE
DE GENEVE
Genève, 21 octobre. — Voici le texte
de la lettre du secrétaire général de la
Société des Nations en réponse à la
lettre du gouvernement allemand no-
tifiant le retrait de l'Allemagne de la
Société des Nations :
« Genève. le 21 octobre 1933,
» J'ai l'honneur d'accuser réception
de la lettre que vous m'avez adressée le
19 octobKe 1933, au nom du gouverne-
ment allemand et de laquelle il résul-
te que l'Allemagne donne le préavis de
retrait de la Société des Nations pré-
vu par l'article premier, paragraphe
3, du pacte, qui est ainsi conçu :
« Tout membre de la Société peut,
après un préavis de deux ans, se retirer
de la Société à condition d'avoir rem-
pli à ce moment toutes ses obligations
internationales, y compris celles du pré-
sent pacte.
» Je ne manquerai pas de communi-
quer' immédiatement aux membres de
la Société ladite lettre, ainsi que la pré-
sente réponse. »
» Le secrétaire général :
Signé : J.-A. Avenol. »
DEMAIN :
Tribune des victimes de la guerre, par
R. Migot.
1 LE PROCES DE L'INCENDIE
DU REICHSTAC
Vue générale de la salle pendant
l'interrogatoire de VAN DER LUBBE,
dont on voit (au-dessous ) une attitude
(Cliché « Le Journal ».)
RECONSTITUTION DE L'INCENDIE
Berlin, 21 octobre. — Le premier té-
moin cité aujourd'hui est un joueur
d'orgue qui prétend avoir rencontré
von der Lubbe près de Constance, en
septembre ou octobre 1932. Il était ac-
compagné d'un autre vagabond et au-
rait tenu des propos incendiaires. Ce
témoin, confronté avec van der Lubbe,
affirme le reconnaître. - - -,.
L'accusé fait une déclaration con-
traire.
Il se tient aujourd'hui moins courbé.
Cependant il ne tarde pas à reprenne
son attitude coutumière au cours de la
reconstitution de l'incendie à laquelle
procède le tribunal. -
Accompagné des avocats et des ex-
perts, il se rend sur les lieux. Les jour-
nalistes font ensuite le même parcours
sous la conduite du commissaire Hei-
sig, qui leur fournit les explications né-
cessaires.
On parcourt successivement la salle
des pas-perdus et la salle des séances,
dont il ne reste que les murs de brique
et la charpente en fer. On peut mal
se faire une idée de la difficulté qu'il
pouvait y avoir à y mettre le feu.
Les experts posent à van der Lubbe
quelques questions sur la façon dont il
a enflammé les rideaux situés derriè-
re la place des sténographes, d'où l'in-
cendie se serait propagé dans toute la
salle.
Sur une table on voit différentes piè-
ces à conviction : des fragments d'al-
lumeurs faits de sciure de bois et de
naphtaline, des morceaux d'étoffes et
de tapis brûlés.
La Chambre abordera
cet après-midi l'examen
du projet financier
du gouvernement
Paris, 21 octobre. — La Chambre
abordera demain après-midi l'examen
du projet financier.
L'application de la procédure excep-
tionnelle d'urgence va sans doute per-
mettre de liquider en une séance la
discussion générale qui s'institue d'or-
dinaire à l'occasion des projets de
cette importance. En dehors de l'ex-
posé du rapporteur général de la Com-
mission des finances et du discours du
président du Conseil ou du ministre du
Budget, la Chambre n'entendra ainsi
qu'un orateur, M. Paul Reynaud vrai-
semblement ou M. de Chappedelaine;
l'ancien rapporteur général du budget
ayant décliné l'offre qui lui était faite
ce matin par la minorité de la Com-
mission des finances de prendre la pa-
role en son nom.
La Chambre pourra donc passer dès
lundi matin aux articles.
Au seuil de la discussion générale
un incident doit toutefois être soulevé
par M de Lasteyrie.
L'ancien ministre des Finances du
cabinet Poincaré de 1922-1924 entend
en effet saisir la Chambre par une de-
mande de rappel au règlement des con-
ditions dans lesquelles se sont déter-
minées les délibérations de la Commis-
sion des finances et notamment de l'o-
mission par celle-ci du vote sur l'en-
semble
CHEZ LES RADICAUX
Le groupe radical a longuement déli-
déré ce matin sur les positions que son
bureau se proposait de défendre dans
l'après-midi à la réunion des délégués
des groupes de gauche.
M. Yvon Delbos qui présidait, a rendu
compte des entretiens du bureau avec
les délégués socialistes. Il a déclaré
qu'il lui était difficile d'exposer au
groupe les intentions de ces derniers
puisqu'ils étaient eux-mêmes divisés, les
uns présentant des solutions inaccep-
tables pour les radicaux, les autres,
comme MM. Marquet et Renaudel ma-
nifestant le plus vif désir de conci-
liation.
Le président du groupe a estimé
qu'on pouvait se demander du reste si
la position prise par MM. Vincent Au-
riol, Monnet, etc., était une position
de conciliation ou de rupture.
Une discussion assez confuse s'est
engagée ensuite sur le compromis à en-
visager ; puis deux spécialistes des
questions financières, MM. Henri Clerc
et Nogaro ont attiré l'attention de leurs
collègues sur les répercussions finan-
cières d'un refus par la Chambre de
voter le projet et de la chute consécu-
tive du gouvernement, mais sans se
trouver d'accord sur la portée probable
de ces deux événements. A la suite de
cette controverse, le groupe a demandé
à entendre, ce soir, M. Daladier ; puis,
pour manifester son désir d'accord avec
les socialistes, il a résolu de poursuivrè
avec eux les pourparlers qui se prolon-
gent depuis trois jours. Mais une nou-
velle discussion s'est instituée sur les
conséquences budgétaires que pourrait
avoir dans l'application du prélèvement
sur les traitements publics, la substitu-
tion de l'abattement à la base à celui
de l'exonération.
Quelques assistants ont suggéré alors
de compenser la diminution importan-
te de ressources qui résulterait de cette
substitution par une extension du pré-
lèvement aux traitements privés stables,
extension que la Commission des fi-
nances a, du reste, repoussée vendredi
soir à égalité de voix. C'est dans ce
sens qu'un compromis a paru pouvoir
être recherché dans l'après-midi.
A LA RECHERCHE
D'UNE TRANSACTION
De leur côté, les membres socialis-
tes et radicaux-socialistes de la mino-
rité de la Commission des finances,
réunis dans la matinée, ont recher-
ché en commun une nouvelle rédaction
à substituer à celle de l'article 37 du
projet de redressement budgétaire, tel
qu'il avait été adopté la veille.
Ayant constaté que le groupe radi-
cal n'avait délibéré sur aucune autre
solution transactionnelle que celle pré-
cisément qui avait été votée à la Com-
mission et qu'il s'agit de remplacer, les
délégués socialistes sont tombés d'accord
avec leurs collègues pour reporter la
réunion à samedi après-midi. Ils les
ont, en outre, informés que de son
côté leur groupe avait chargé MM. Vin-
cent Auriol et Marquet de mettre au
point le nouveau texte comportant, pour
l'application du prélèvement sur les
traitements publics, un abattement à
la base de 9.000 francs et une échelle
progressive partant du taux de 3 p. 100
pour les traitements de 9.000 à 12.000
francs et s'élevant graduellement jus-
qu'à 12 p. 100.
Le produit de ce prélèvement pour-
rait être affecté au fonds national de
chômage.
Une fois rédigé définitivement, ce
texte doit servir de base aux nouvelles
délibérations de la délégation finan-
cière des groupes de gauche.
LES NEGOCIATIONS
DE LA DELEGATION
DES GAUCHES
La délégation des gauches a pour-
suivi les négociations cet après-midi en
vue d'aboutir à une nouvelle formule
destinée à remplacer le texte de l'ar-
ticle 37. La réunion, tenue par les re-
présentants à la Commission des fi-
nances des groupes socialiste et radi-
cal-socialiste, a été assez mouvementée
et occupée surtout par une polémique
entre MM. Marquet et Vincent Au-
riol. Le premier reprochant au second
de s'opposer par des voies détournées
à l'entente des gauches, le second fai-
sant grief à son collègue de sacrifier
à cette même entente la doctrine so-
cialiste.
Afin de mettre au point les sugges-
tions présentées, la réunion a résoiu,
après cette polémique, de désigner un
comité de rédaction où seraient repré-
sentées les deux tendances socialistes.
Ce comité, composé de MM Vincent
Auriol, Ernest Lafont, socialistes ; Jam-
my Schmidt, Lassalle, radicaux-socia-
listes ; Breton, socialiste français, a es-
timé qu'il convenait d'envisager les ré-
percussions financières des textes qui
pourraient être soumis à l'agrément ce
la délégation des gauches et s'est et-
forcé de chiffrer quelques-uns des
amendements envisagés.
Le maréchal Balbo est malade
Rome, 21 octobre. — Le maréchal
Baldo a été pris d'un accès de violente
fièvre d'origine grippale.
Le départ pour la Côte d'Azur
M. Herriot photographié à la gare de Perrache, au moment où le train
l'emporte vers Giens
(Cliché « Intran ».)
Un prêtre Messe gravement
les trois membres
d'une honorable famille i
Toulouse, 21 octobre. — La paisible lo-
calité .d'Albiac (Haute-Garonne) a été
le théâtre d'un drame inattendu.
Au début de l'après-midi de vendredi,
les voisins étaient alertés par des coups
de feu tirés dans la maison habitée
par la famille Pagès.
Dans la demeure, on découvrit tes
trois membres de la famille, le père, la
mère et la jeune-fille, gravement bies-
sés par des balles de revolver
L'enquête révéla qu'il s'agissait d'un
crime passionnel dont le héros n'était
autre que le curé de Mondonville, Os-
car Mexen.
Le meurtrier avait accompli son for-
fait en tenue civile et s'était immédia-
tement enfui dans son auto.
D'activés recherches aussitôt entrepri-
ses pour retrouver le meurtrier sent
jusqu'ici demeurées vaines.
Le prêtre poursuivait, depuis plusieurs
années, Hélène Pagès, 22 ans, de ses
assiduités et avait appris que celle-ci
fréquentait un jeune homme de Cara-
man. Exaspéré, le meurtrier écrivit des
kttres de menaces à la jeune fille, aux
parenta de celle- ■ i et au jeune homme.
Puis 11 se rendit au domicile-des Pa-
gès dans l'espoir de revoir la jeune
Hélène, mais il fut éconduit par le pè-
re. C'est alors que l'ecclésiastique tira
à travers une porte vitrée plusieurs
coups de revolver sur les membres de ta
famille Pagès.
Une exposition horticole
dans les jardins du Luxembourg *
M. Jeanneney, président du Sénat,
visitant l'exposition
(Cliché « Petit Parisien ».)
Le professeur
Thomas-H Morgan
prix Nobel de médecine
pour 1933
Pasadena (Californie), 21 octobre. —
Le professeur Thomas Hunt Morgan
qui, comme nous l'avons annoncé, a
reçu le prix Nobel de médecine pour
1933, est un des plus distingués biolo-
gistes contemporains. Il dirige la sec-
tion de biologie des laboratoires Kerch-
noff, de l'institut de Californie. Ses
travaux les plus connus portent sur les
cléments reproducteurs.
Le professeur Morgan a été président
de l'Académie des sciences et de l'As-
sociation américaine pour l'avance-
ment des sciences. Il est membre cor-
respondant de l'Académie des sciences
de Paris depuis 1931.
Aujourd' hui : 10 pages
EN DEUXIÈME PAGE:
Suite du service télégraphique.
Les échos.
EN TROISIÈME PAGE:
Suite du service télégraphique.
EN QUATRIÈME PAGE :
Le droit pratique, par Maître- Valet.
Hammam-Melouane, cour des miracles,
par Ouakli.
La vie sportive.
EN CINQUIÈME PAGE :
A travers Alger.
Dernière heure.
EN SEPTIÈME PAGE :
Dans les dipartement&
Le détournement de documents
militaires à l'arsenal
du Mourillon
Toulon, 21 octobre. — Le courtier,
agent d'affaires Camille André, et le
dessinateur de la marine René Vidal,
employé à l'atelier des torpilles à l'ar-
senal du Mourillon; arrêtés on le sait
pour détournement de documents in-
téressant la défense nationale, ont choi-
si leur avocat.
Interrogé, René Vidal a déclaré n'a-
voir pas mesuré la conséquence de ses
actes en confiant des documents à une
personne étrangère aux ateliers.
L'interrogatoire de Camille André n'a
pas porté sur cette affaire, mais sim-
plement sur l'homme lui-même. Sa vie
est curieuse ; on le voyait allant à la
messe tous les matins et fréquentant
les personnalités les plus en vue de
Toulon. Puis, passant ses soirées dans
les milieux interlopes, où il fit con-
naissance de Vidal.
Les soupçons de la police furent pré-
cisés par la maîtresse de Camille An-
dré et par l'imprudence de Vidal qui
possédait dans son service les plans
d'une nouvelle torpille.
L'arrestation des deux complices a eu
lieu avant la cession des documents.
LA POLITIQUE
SOLIDARITÉ
Paris, 21 octobre. - Il est des dé-
faites plus honorables que certaines
victoires.
Tel est le sens que l'on peut attri-
buer aux paroles du président du Con-
seil débattant dans les couloirs de la
Chambre le sort de son ministère et
aux déclarations faites, hier soir, par
le ministre du Budget.
Il est évident que si le gouvernement
avait lconsenti à abandonner les prin-
cipales dispositions de son projet, s'il
s'était résigné à défendre, devant la
Chambre, d'abord, devant le Sénat
ensuite, le texte complètement différent
du sien. le navire ministériel voguerait
en ce moment Vers la haute mer, au
lieu d'être accroché à des récifs sur
lesqus, si l'on en croit certains, il ris-
que de finalement sombrer.
Ce n'est certes pas nous qui ferons
grief à M. Daladier de maintenir sa
position. Nous sommes persuad és que
la fermeté constitue, dans les con jonc-
tures présentes, un gage sérieux de
succès. Mis en demeure, par les cir-
constances et aussi par l'effet de la
mystique populaire, à choisir entre ces
deux solutions extrêmes : la déflation
budgétaire et l'inflation 1 budgétaire, le
gouvernement a choisi la première. Ce
choix fait, qu'il y reste fidèle: rien de
mieux.
Toutefois, il est bien entendu que
si M. Daladier et ses collaborateurs
tiennent à leur projet, au point de le
défendre au prix de leur vie, comme
jadis on défendait une barricade, ce à
quoi ils tiennent surtout, c'est au mon-
tant des ressources que ce projet doit
procurer au budget.
Or, pourquoi n'avait-on pas accor-
dé, jusqu'ici, plus d'attention à cette
formule suivant laquelle les citoyens,
fonctionnaires ou non, mais bénéficiant
de traitements stables, seraient appelés
à venir en aide aux chômeurs, épar-
gnant ainsi une lourde charge au bud-
get ?
Outre que cette proposition com-
porte un élément d'équilibre point né-
gligeable, elle a la vertu d'apporter,
dans un débat assez serré, assez terre
à terre, la notion spirituelle de la soli-
darité sociale.
On a dit, un peu hâtivement selon
nous, que le procédé était inapplicable.
Ne serait-ce pas la simple opinion de
techniciens que rebutent par avance
toute initiative, toute nouveauté, tout
effort libéral ?
Au fait, le dernier mot n'est peut-
être pas dit.
Francisque LAURENT.
Un procès sensationnel
L'affaire Sarret-Schmidt
devant les assises - d'Aix-en-Provence
DANS LA SALLE
AVANT L'AUDIENCE
Aix-en-Provence, 21 octobre. —Voici
donc ouvert, le procès sensationnel Sar-
ret-Schmidt.
Dès ce matin, tout Aix est en effer-
vescence. La salle d'audience est com-
ble, archi-comble.
Le président Gesta assure son binocle
et l'avocat-général, déjà prêt à bondir,
se carre dans son fauteuil. Devant les
juges s'entassent en piles obliques les
52 kilos de dossiers de l'affaire.
A gauche, les jurés se tiennent im-
mobiles, un peu gauches, graves et so-
lennels, A droite, les rabats des treize
avocats font une frise blanc sur noir.
On se montre celui de Me Moro-Giaf-
feri et celui de Me Campinchi.
Au centre s'écrase la presse européen-
ne car, souvenons-nous que Georges
Sarret est un Grec de Truste, que
Philomène et Catherine Schmidt sont
Allemandes, enfin que le pauvre Loren-
zo fut un citoyen italien et les journa-
listes sont si nombreux que de gagner
'la barre sera pour les 92 témoins une
acrobatie méritoire, mais qu'importe !
Et en attendant que s'achèvent les
formalités d'usage on remarque, pour
se distraire l'avant-dernier buste de la
République accroché à mi-hauteur d'un
mur : le rebord du box des accusés en
fer forgé, ce qui est rare ; on contem-
ple la loge des invités où précieusement
s'installent les élégances de la région
et on écoute la rumeur indistincte qui
vient du fond de la salle et monte d'un
rectangle de têtes curieuses et attenti-
ves figurant, derrière une balustrade
de bois verni, le public admis à suivre
les débats et conscient de son privi-
lège.
Les autres, tous les autres, ceux qui
depuis trois ou quatre heures du ma-
tin attendaient à la porte du palais
de justice et attendirent en vain, sont
dehors, sur la place, refoulés, résignés,
contenus par un cordon de troupes
indigènes. Ils sont deux ou trois cents
à peine.
LES ACCUSES
Mais voici les accusés, une gerbe
d'accusés tassés dans un box minus-
cule, boite rectangulaire truffée de
gardes mobiles en tenue de campagne,
une cage sans couvercle et où un hom-
me trapu, voûté, est affaissé, un hom-
me aux cheveux blond filasse coupés
en brosse, au regard fatigué, complè-
tement tourné vers les trois juges en
robe écarlate. Cet homme c'est Sarret.
Sarret
Georges Saradiani, né le 27 septem-
bre 1879 à Trieste, comme il dira tout
à l'heure au président Gesta d'une
voix molle et sans vigueur.
— Votre profession ?
— Avocat conseil à Marseille, rue de
la Paluc.
Il a l'air d'un vieux clown qui, ayant
exécuté son numéro en piste n'aurait
pas eu le temps de se dégrimer avec
soin. Il est blafard. Quand le président
l'interroge il se lève vivement, répond
avec sobriété et déférence, puis aussi-
tCL se rassied et, comme sans courage
au seuil de cette journée où il devra
se battre et se défendre, il appuie son
front pâle et moite au rebord de son
box. >
Philomène Schmidt
A son côté, au-delà d'un garde mobi-
le indifférent se tient une toute petite
bonne femme et qui rappelle, par son
allure et son maintien, l'aînée des sœurs
Papin. Elle est coiffée, sans élégance,
d'un chapeau de feutre brun. Son man-
teau noir, bien trop ample pour elle,
l'enveloppe complètement. Elle a les
yeux petits, le nez droit, la bouche sans
lèvres. Lorsque le président lui deman-
de son nom, elle se penche vers son
avocat et M' de Moro-Giafferi lui
ayant traduit la question en allemand.
— Philomène Schmidt, dit-elle, à voix
si basse qu'on l'entend à peine et elle
ajoute :
« Née le 27 mai 1888 à Wasspach, en
Bavière. »
— Vous êtes mariée ?
— Veuve.
Catherine Schmidt
Elle s'assied avec précaution quand
Catherine se lève et c'est une toute au-
tre voix qui répond à l'interrogatoire
du président Gesta, une voix très douce
modulée et qu'à chaque mot vient con-
trarier un sanglot mal contenu.
— Vous vous appelez Schmidt Ca-
therine; ?
- Oui, monsieur.
- Ou habitez-vous ?
— Chez ma sœur, monsieur.
- Vous êtes mariée ?
- Veuve.
LES COMPLICES
Les cinq autres occupants du box,
complices plus ou moins crapuleux et
volontaires des trois premiers, ne sont
guère que gens fort ennuyés de la tris-
te situation où, pour huit jours ils se
trouvent placés.
Calixte Lufaux
Calixte Lufaux, qu'on se représentait
comme un bon gros débordant de san-
té est grand, maigre, sec, aux traits ti-
rés, à l'aspect maladif.
Brun
Brun, qui se déclare courtier d'assu-
rances a l'air de quelque marchand de
tapis, comme on en voit sur la Canne-
bière.
Siotis
Siotis, neveu de Sarret,. est en cette
qualité gratifié d'un type levantin par-
fait. C'est un garçon bavard et satis-
fait.
Andrée Sarret
Andrée, propre fille de Sarret, jolie
brunette de 24 ans fait figure de l'in-
nocente jeune fille égarée dans un re-
paire -de brigands - et quand elle parle
de son père elle baisse la tête.
Le docteur Guy
Il n'y a guère, dans cette magnifique
collection de canailles, que le docteur
Maurice Guy, adjoint au maire de Mar-
seille, pour afficher une parfaite assu-
rance de soi et de son destin. C'est un
petit bonhomme replet, rouge de visage,
portant des lunettes d'écaillé et qui ré-
pond d'une voix éclatante à l'interro-
gatoire du président.
« Je suis docteur en médecine.
Les jurés sont à leur banc, le prési-
dent impose le silence à la salle bruyan-
te et agitée.
Aussitôt commence la lecture mono-
tone de l'acte d'accusation, formidable
document de 161 pages dactylogra-
phiées sans marge ni interlignes. Il y
en a pour deux ou trois heures, Sarret
le sait : il * rit doucement ; Catherine
pleure ; Lufaux se mouche.
Le grand procès est commencé.
L'acte d'accusation
L'acte d'accusation expose la genèse
■du crime de la villa « l'Ermitage », la
préparation de la baignoire. Sur le cri-
me même, la thèse de l'accusation est
exposée avec une rigueur, une précision
impressionnantes, certes, pour l'audi-
toire qui écoute dans un silence absolu,
mais qui ne semblent guère troubler
Sarret. On le voit, à peine gêné par cet-
te évocation de l'effroyable crime, in-
cliner la tête tantôt à droite, tantôt
à gauche. Il passe la main sur son
front. Pourtant, quand le greffier dé-
crit le bain atroce, d'acide sulfurique.
Sarret se cache les yeux. Mais ce n'est
G. Sarret
(Cliché « Petit Parisien ».)
pas une marque d'émotion car derriè-
re la main les yeux restent ouverts, tou-
jours secs. t
Cette lecture tend à rappeler ce que
fit Sarret après le crime de « l'Er-
mitage » pour s'emparer de tout c'e que
possédaient les victimes Louis Chambon
et Blanche Ballandreaux, à la villa des
Gâtons, à Marseille ; les faux nom-
breux commis à cet effet penaant plus
de trois ans : faux en écritures pri-
vées,' fausses procurations établies grâ-
ce à des complicités mal définies.
Après une courte suspension d'audien-
ce pour permettre au greffier de re-
prendre haleine, la lecture de l'acte
d'accusation continue. Il s'agit mainte-
nant des escroqueries à l'assurance, et
voici l'affaire Magali Herbin, cette jeu-
ne ouvrière tuberculeuse que les sœurs
Schmidt recueillirent et soignèrent de
façon si particulière qu'elle mourut em-
poisonnée. dit l'accusation. Décédée, el-
le fut déclarée à l'état civil sou le
nom „de. Catherine Schmidt. celle-ci
ayant été au préalable assurée pour
1.700.000 francs dans cinq compagnies.
Sarret, qui ne semblait pas prêter
une attention bien soutenue à la -lectu-
re du greffier Arnaud, paraît mainte-
nant très intéressé. C'est que racte'
d'accusation mentionne la fin de Ma-
gali Herbin, rappelle la répartition des
1.700.000 francs que payèrent, sans dif-
ficulté les compagnies d'assurances, et
on arrive à la découverte de l'escroque-
rie par la Sûreté de Marseille.
Un autre inculpé est maintenant très
attentif à la lecture de l'interminable
document : c'est le docteur Guy, con-
tre qui l'accusation retient qu'il aurait
connu la véritable identité de la tuber-
culeuse décédée et pour laquelle il éta-
blit des certificats de décès au nom de
Catherine Schmidt.
Comme le texte lu aux jurés expo-'
se, en contrepartie, la réplique de l'in-
culpé à l'accusation, on voit le docteur
Guy manifeder à il'usieurs reprises, par
des signes de tête, une énergique ap..,
probation.
(Lire la suite en dernière heure)
Un essayage au "carreau du Temple"
— Voyez, ma p'tite dame. ce chapeau vous va comme un gant !.
1 (Cliché -c Le Journal ».)
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