Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1912-06-23
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juin 1912 23 juin 1912
Description : 1912/06/23 (Numéro 175). 1912/06/23 (Numéro 175).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k757675q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
Tout ce qui est nattentil est noirs.
Le Bue d'O busaks*'
3, Chaussée d'Antin, 3
jusqu'à Minuit
T ëlêphonb 326*49
REDACTION
A dresse Ta.faaÀ Plh0CB a A ÇTÏOFRAN-PARIS
Adresser toutes les communications concernant la Rldaction S, Chaussée d'Antin, Parti!
19,. Rue du Croissant» 19
à partir de Minuit
T éléphone 254K>7 >
/?
H e ^ ri VAUGEOIS, Directeur v pôlitiqûe
L éon DAUDET, Directeur^ Rédacteur en Chef
ADMINISTRATION
ABONNEMENTS
Paris, Seinè» Seîne-et-Oise.....
Provinces et Alsace-Lorraine.
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10 »
20 »
7 »
13 »
24 »
10 »
18 »
39 »
f.*
PUBLICITE. & PETITES ANNONCES
3, Chaussée d'Antin. — Tél. 3i6-iS
' ANNONCES, RÉCLAMES, FAITS-PARIS „
à la Société de !*ublicHé, 6, Pl. de la Bourse. — Tél. 12S4&
Adresser Lettres et Mandats d l'Administrateur de Z'Action Française, 3, Chaussée d'Antin, Paris*
UN PÉRIL NATIONAL
L'inquiétude du gouvernement est
girande. En effet, nous manquons de blé
et «nous allons peut-être manquer, de
pain. Par une coïncidence singulière,
cette menace de disette coïncide . avec
une nouvelle tension antifrançaise dans
l'opinion allemande, tension dont le cor
respondant du Temps dénonçait, l'autre
jour, le danger. Or, notre minoterie la
plus importante, celle dont dépend l'ap
provisionnement même de Paris, est
aux mains d'un juif allemand, Lucien
Bauinann, officier de réserve dans l'ar
mée allemande, administrateur délégué
des Grands Moulins de Corbeil, et le
principal agioteur de la place. Nous
avons raconté comment ce Lucien Bau
mann avait pu, dans une seule journée,
provoquer impunément .une hausse de
trois francs par quintal de blé. Le ré
sultat 5 avait été de faire monter immé
diatement le prix du pain de cinq cen
times le demi-kilogramme. De ses bu
reaux, campés insolemment rue du
Louvre, à deux pas de la Bourse du
Commerce, ce juif, agent de nos pires
ennemis, dicte ses ordres à ses courtiers,
à ses innombrables intermédiaires,
épouvante et, ruine les petits meuniers.
C'est par paquets que je continue à rece
voir lettres et plaintes à son sujet. Ce
pendant, lès journaux qui se disent pa
triotes continuent à taire soigneusement
le nom et le cas de Lucien Baumann. 1
Seul, à la Chambre, le socialiste Lau-
che a osé tenir le- discours suivant qui
va au fond même de .la-question : « Ce
sont les gros mewiiers qui ont spéculé
à la hausse, en accaparant le blé, et vous
ne les frappez pas. Vous les connaissez
pourtant bien. Il y a le directeur des
Moulins de Corbeil. C'est ce meunier, un
Allerpand, qui détient le blé. Que feriez-
vous en cas de conflit -international,
vous qui vous dites -patriotes ? Les Mou
lins, de Corbeil ont joué à la hausse et
ont étranglé le marché. En même temps,
ils vendent la farine à un prix qu'aucun
petit meunier ne peut offrir. Il y a là
une manœuvre abominable qui consiste
à faire monter le prix du blé et à ruiner
le petit- commerce. »
• Quand on les interroge là-dessus dans
le privé, les ministres du cabinet Poin-
caré répondent, paraît-il, qu'au moment
de la mobilisation, l'administration de
la guerre mettrait la main sur les
Grands Moulins de Corbeil et s'assure
rait de la personne de Lucien Baumann.
A ceci, j'objecte que la première précau
tion de Lucien Baumann — on m'a
fourni là-dessus les détails les plus édi
fiants — a'-consisté précisément, — dès
son entrée en fonctions comme directeur
effectif, — à outiller et organiser les
Moulins de Corbeil de telle façon qu'en
un quart d'heure, ils puissent devenir
inutilisables. . Le gouvernement alle
mand impose à ses agents installés chez
nous en des points stratégiques — je
veux dire vitaux quant à la nation —
le devoir strict de saboter eux-mêmes
leur installation à la première alerte!
Officier discipliné, entouré de compa
triotes allemands, qui connaissent à fond
la consigne et le mécanisme, Lucien
Baumann n'y faillirait pas. Le (risque
encouru n'est pas pour l'effrayer fort. Il
s'arrangerait, avec une bonne auto, pour
mettre en même temps une jolie dis
tance entre lui et les fusils français. Il
courrait rejoindre les Prussiens, en leur
criant.de loin : « C'est fait !... »
C'est à cause de cette organisation en
vue du sabotage opportun — visible à
l'œil nu pour tout spécialiste — que les
Grands Moulins de Corbeil sont fermés
comme une forteresse à tout visiteur non
allemand. Le ministre Millerand n'est
pas curieux. A sa place, flanqué de deux
ou trois meuniers français, connaissant
bien la question, — ils ne sont pas ma
laisés à découvrir, — je me présenterais
inopinément dans l'antre de Lucien
Baumann, dans la Petite Prusse , com
me l'on dit, à Corbeil. Je me ferais ex
pliquer le mécanisme des pièces déta
chées de fabrication allemande expé
diées de Francfort et de Berlin, faute
desquelles les Moulins de Corbeil s'ar
rêteraient instantanément de moudre.
J'exigerais de Lucien Baumann, avec
une réserve permanente et contrôlable
de ces pièces si nécessaires, le contrôle
permanent d'un ingénieur français. Tel
les sont les .premières mesures, insuffi
santes certes, mais de salut public,
qu'exigerait cette extravagante situa
tion.
Ce serait certainement plus sage, au
point de vue national, que de nommer
commandeur de la Légion d'honneur,
comme on l'a fait récemment, le prin
cipal appui de Lucien Baumann, le nom
mé Louis-Léopold Dreyfus, autre juif,
dont la biographie ne manque pas d'in
térêt.
Par ailleurs, je rappelle que, depuis
plusieurs mois, Lucien Bauimann sem
ble se préparer à un coup important,
à une lutte décisive. Ge n'est certaine
ment pas pour rien qu'il rachète à tour
de bras ses propres actions des Moulins
de Corbeil, comme un homme qui aura
besoin, à. un moment donné, de tenir
complètement la Société dont il est l'ad
ministrateur délégué. C'est ainsi que :
Le quatorze février, Lucien Raiuruann
faisait acheter 35 actions j
Le quinze, il en faisait acheter 84 ;
Le dix-sept, il en faisait acheter 20 ;
Le vingt, il en faisait acheter. 13 j
Le vingt et un, il en faisait acheter 41 ;
Le vingt-deux, il en faisait acheter 4 ;
Le vingt-trois, il en faisait acheter 34 ;
; Le vingt-six, il en faisait acheter 45 ;
Le vingt-sept, il en faisait acheter 3fr ;
Le vingt-huit, il en faisait acheter 21 ;
Le vingt-neuf, il en faisait acheter 2.
Ces achats- se poursuivaient- pendant
tout le mois de mars. Le seize mars,
Lucien Baumann faisait acheter cent ac
tions d'un coup et, le dix-neuf, il en fai
sait .acheter cinquante et une. Dans l'in
tervalle, il ne vendait pas un seul titre.
J'interprète cette tactique de la façon
suivante : décidé à provoquer, au début
de l'été, une crise sur le blé, mais devi
nant que son rôle serait dénoncé et flai
rant que des questions précises lui se
raient posées par quelques actionnaires
récalcitrants, Lucien Baumann sentait
la nécessité de grouper dans ses. mains
une majorité à lui, c'est-à-dire alle
mande. Comme,'en sa qualité d'agent
allemand, ce juif doit être bien rensei
gné sur les intentions du gouvernement
qui l'emploie, je laisse aux lecteurs le
soin de tirer eux-mêmes la moralité de
cette aventure. • .
Maintenant, je me demande dans
quelle autre nation civilisée, une telle
situation serait possible. Vous imaginez-
vous un minotier français, officier .de
réserve en France, installé aux portes de
Berlin, susceptible d'affamer Berlin en
vingt-quatre heures, en cas de guerre et
s'amusamt en temps de paix à faire la
disette par l'agiotage !... C'est cepen- ;
dant ce qui se passe chez nous, trait
pour trait. Nous tolérons une servitude
sans exemple. Nous tolérons un péril de
mort. Ce qui se passe pour le pain à
Corbeil, se passe pour le charbon, ce
pain noir, dans nos forts de la frontière,
se passe pour l'hydrogène qui gonfle nos
dirigeables, pour presque tout le sous-
sol. de la. Normandie, pour le port de
Cherbourg, se passera demain pour le
port de Granville. Par les mines et
hauts fourneaux, par les locomotives,
par les locomobiles, par l'électricité, par
l'alimentation, par le combustible, nous
sommes tributaires de l'Allemand, et il
dépend de l'Allemand de détraquer en
quelques heures les principaux ressorts
de notre Défense Nationale. Non seule
ment la République tolère cet état de
choses, mais elle l'encourage. Elle agit,
en fille soumise, à la façon de son père
Gaimbeitta, le métèque génois, qui ne ces
sait de brandir le drapeau tricolore &n
martelant le bois de la tribune, mais
qui, en arrière, tendait la main et
l'échiné au prince de Bismarck.
Que faut-il aux républicains ?...
Du fer, de la poudre et du pain.
Du fer pour l'Allemand Thyssen,
fournisseur breveté des usines Kmipp.
Du pain pouir le juif allemand Lucien
Baumann. De la poudre pour la jeter
aux yeux des imbéciles qui vont cla
mant la Marseillaise, cependant qu'on
les livre à l'ennemi.
Ecoutez cependant Judet qui se ferait
arracher le ballonnet compensateur plu
tôt que de prononcer le nom de Lucien
Bauinann : *
Le prix du; pain ne se hausse jamais
impunément, et quand le mécontentement
public est justifié par de véritables souf
frances, il n'y a pas d'explications plais oui
moins ingénieuses qui tiennent : les gouver
nements n'ont jamais affronté sans péril
ce genre de difficultés qui dominent touftes
les autres, parce qu'elles atteignent pro
fondément les masses et que la souffrance
est universellement ressentie. N'oublions
pas non plus les graves intérêts die la dé
fense nationale. Il faut des soldats, des ar
mes et des munitions pour la guerre : .il.
tout tLe la viande et dm blé pour l'entre
tien tics années, sans que la population ci
vile soit trop cruellement rationnée. Il ne
semble pas que le Parlement et les minis
tères précédents se soient suffisairmment
mis en garde contre toutes les éventualités,
pour toutes les hypothèses. C'est dans de
tels cas cependant qu'il n'est pas permis
de remettre au lendemain les solutions,
qu'il est indispensable d'être prêts.
Comment ça, ma vieille 1
Eh, parbleu, en votant. L'R P tismie
et deux cents petits glisseurs pioutifor-
mes arrangeront tout ça, en 1914.
USON DAUDE1
P.-S. — Une note publiée par Y In
transigeant ouvre un jour singulier sur
les procédés employés par le juif alle-
miamd Lucien Baumann, « pour neutra
liser d'avance la grande presse » :
Il a fait fabriquer par sa minoterie un
produit quelconque, une farine semblable
à touffes les farines, mais qu'il a manufac
turée sous forme* de petites boîtes destinées
à être vendues au détail Et sous prétexte
d'annoncer ce produit, les représentants dfl
M. Baiumaim vont se présenter dans les
grands- journaux, offrant des busdgete im
portants de publicité aux rédacteurs pour
ce produit à lancer.
On tMjanprend bien qu'il n'y a là qu'un
prétexte. Mais dès que les Moulins de Cor
beil auront ainsi mis le pîed Sans les di
vers organes de la grande presse, ils esti
ment qu'ils s'en seront faits (Jes amis.
Les offres- de publicité de M. Baumann
nous ont été faites. Nous les avons, bien
entendu, refusées.
Je ne serai pas fâché personnellement
de voir quels seront les journaux pa
triotes qui inséreront la publicité de
monsieur l'agent juif-allemand, délégué
auprès des Grands Moulins de Corbeil,
pour affamer le peuple fiançais. — L. D.
i
La santé du cardinal Couàllé, airchevêque
de Lyon, inspire une assez vive inquiétude
à son entourage.
La Semaine religieuse annonçait vendre*
di soir qu'atteint d'une bronchite depuis
huit jours il ne pommait recevoir à l'occa
sion de sa fête. Elle ajoutait que le cas du
cardinal, sans êtue très grave, n'en don
nait pas moins de l'inquiétude, vu> son
grand âge. Le cardinal est en effet âgé de
quatre vingt-quatre ans.
Hier matin Son Frmrinence a reçu les der
niers sacrements.
Depuis plusieurs, jours il avait déjà ma
nifesté le désir de recevoir l'extrême onc
tion et avait fixé le samedi, fête de la Vier
ge et du Bienheureux Pape Innocent V, an
cien archevêque de Lyon, pour cette céré
monie.
Le vieil archevêque, encore plein de vie,
assis sur son lit et revêtu de lia mosette
rouge et de l'étole, a reçu avec une sainte
ferveur les derniers sacrements en présen
ce de touit son chapitre, du clergé, die la
primatiale, des vicaires généaiaiuK eit des
serviteurs de l'archevêché.
. C'est Mg Déchelette, coadjuteuir, qui lui a
administré les sacrements.
Le cardinal, après avoir renouvelé sa
profession de foi, a reçu le viatique.
Et pendant que Mgr Déchelette lui fai
sait les onctions il présentait lui-même ses
memlbiies et faisait à voix distincte les ré
ponses aiux prières.
Après la cérémonie, lés personnes pré
sentes sont vernies • baiser son anneau. Lfe
cardinal a eu pour chacun un mot bianveil
lant. .
Des prières sont faites à Lyon et à Fouir-
vières pour le malade.
ÉCHOS
AUJOURD'HUI :
Calendrier de l'affaire Dreyfus . — 83 juin
1899. — Constitution du ministère W&Meclt-
Rousseau-Millierand-GiallLffet, gui se met aus
sitôt à l'œuvre pour essayer de sauver le traî
tre Dreylus.
A deux heures, courses à Auteuil.
Nos préférences :
Prix die la Source. — Impur, Beau Ri
vage II.
Prix d'Issy. — Transfuge, Maxime.
Grand Steeple-Chase de Paris. — iVoir les
appréciations en seconde page).
Prix du Général O'Gonmor. — 'Archiduc,
Anatole.
Prix Cosmopolite. — Fœustine II, Grand
Duc.
Prix des Avenues. — Choléra, Magicienne.
Nous sommes très heureux d'annoncer
à nos lecteurs le prochain mariage de
notre très cher collaborateur et ami
Jacques Bainville, membre des Comités
directeurs de l'Action française, avec
Mlle Jeanne Niobey, fille de ML et Mme
Georges Niobey. Nous prions les deux
fiancés de vouloir bien accepter tous les
vœux de bonheur que forme pour eux
l'Action Française.
' oCo ■
Nous apprenons avec regret le pro
chain départ de notre excellent ami et
collaborateur M" Joseph Romanet du
CailLaud, que d'importants intérêts ap
pellent en Egypte. On se rappellera le
concours ardent et dévoué qu'il a appor
té,depuis dés années,à l'Action française,
et notamment datas la constitution du
groupe des Etudiants d'Action fran
çaise, dont' il fut le secrétaire général,
én 1908 et 1909. Nul n'a oublié là part
qu'il prit, en 1906, à la défense de nos
Églises, au moment des Inventaires.
Nombreux sont les ligueurs et Camelots
du Roi qu'il a défendus à la barre. Nous
sommes persuadés que son dévouement
saura trouver à s'employer pour la pro
pagation de nos idées sur cette terre
d'Egypte, où nous comptons déjà de très
précieuses sympathies.
• oCo
Le juif de blé Lucien Baumann à Haïti,
— On lit dans le Maxché de Paris :
« Il est formé la Société des Grands Mou
lins d'Haïti, au capital de 650,000 fr. di
visé en actions de 100 !MM. le baron de Stuoklé, Vuylstefce, Ar
thur Maurice et Baumann, industriel, et
Traohet, banquier, à Bruaetes. Siège so
cial, me diu Loaivre», 42.
Nous aimerions certes mieux l'agent
juif allemand Lucien Baumann à Haïti
qu'à Garbeil et que rue du Louvre. Mais
le malheur est que cet affameur dirigera
ses Grands Moulins haïtiens de Corbeil
et de la rue du Louvre.
eco
Le meunier sans souci . — On sait que
jSaios-âûUûi est le gom du château où
mourut le grand Frédéric, à Potsdam'.
D'où le surnom du juif de réserve de
l'armée allemande et de meunerie fran
çaise Lucien Baumann : le meunier
Sans Souci.
. oOQ
Juif de fable . — Toute l'âme sémite
apparaît dams la petite fable que voici :
Un papillon qui, d'aventure,
Voltigeait sur une friture,
Y vit 'barboter un goujon.
Ciel'l...il l'a reconnu !...Ce nageur en détresse,
C'est son frère de lait qui sombre dans la
[graisse
Tout près d'en être à son dernier plongeon.
Il s'élance, il lui tend pour se sauver,ses ailes.
« Suspends-toi, lui dit-il, à ces fermes nacelles,
Et je t'emporterai vers un ciel plus clément. »
Mais comme il se penchait, le liquide fumant
Le saisit... et,' pendant 'que l'autre se riémftnft,
Il est frit instantanément.
Moralité cruelle et d'autant plus humaine
Qui peut se formuler .ainsi :
Quand vos amis sont dans la peine,
^-Plaignez-les..., mais laissez-les-y !
A bbaham D reïfds.
Les quatre derniers vers sont d'une
franchise ethnique ravissante. Au moins
voilà les amis prévenus.
RIVAROL,
Au Jour i„e Jour
COURRIER DE LA SEMAINE
A table, l'autre soir, on parlait de Rous
seau. C'est l'homme du joua* et il est d©
moins en moins probable que la fête de son
bi-centenaire soit très heureuse pour sa
mémoire. Chaque fois qu'une affreuse cu
riosité ramène la pensée sut Jean-Jacques,
c'est pour découvrir chez lui un peu plus
d'ignominie. Et pourtant, ce livre mons
trueux, ce musée des horreurs qui s'appelle
les Confessions, ce n'est pas un livre q.ue
le dégoût fasse refermer.. Jean-Jacques a
beau être, selon le mot d'un personnage de
M. Anatole France, un « plat coquin, »,
l'ouvrage où il s'est déshabillé et mortifié
en public, ouvrage écœurant, révoltant
même si l'on veut, n'a pas la moindre pla
titude. Le sortilège de l'art le soutient et
plusieurs de ses épisodes (celui du gué, ce
lui des cerises, celui de la courtisane véni
tienne) resteront parmi les choses célèbres
'de la Utt-ératerè de tous les temps, en dé
pit de leuir fausse innocence ou de leur
troublante impureté.
C'était un très grand, un très puissant
écrivain que Jean-Jacques. Quel critique a
d'it que sa période, pouir l'ampleuir, n'avait
d'égale que celle de Bossuet ? Il est certain
que son action n'a été si profonde qu'en
liaison du charme de sa voix. Je ne sais
comment l'on, peut soutenir quelquefois
que le peuple français n'est, pas un peuple
artiste, car il faut que, vraies qil fausses,
les idées lui soient présentées d'une certai
ne manière pour entraîner son adhésion.
Il y a un géme littétraire à l'origine de tou
tes les révolutions de notre pays, et jamais
l'ignoble et barbarie philosophie de Rous
seau n'eût pu tourner les têtes françaises
si, par un surprenant hasard, ce Genevois
n'eût joué d'un des instruments les plus
mélodieux dont ait disposé un homme. Il
fait songer à la légende de ce preneur de
rats qui, en sonnant de sa délicieuse musi
que, conduisit au fond'de là rivière non
seulement tous les rongeurs qui infes
taient la ville, mais les habitants die la ville
avec eux.
La merveille, chez Rousseau, c'est , que
son infamie, son angoisse nerveuse, son
cynisme et, comme disaient de son temps
ses adversaires, sa «lycanthropie», ne soient
pas exclusives d'une atmosphère poétique.
On y fui pris de son temps et la couir.de
Versailles elle-même voulut entrendre le
Devin du village. Cette opérette parut firaî-
che. Le cœur de Rousseau était cependant
plus flétri et plus gros de turpituides que
celui du plus roué des hommes du monde
d'alors. Ça ne faisait rien : ce rustine per
verti répandait l'illusion de l'innocence. Il
y a toujours eu autour de lui un fluide ; je
défie qu'on visite par exemple les- Charmet-
tes sans se sentir baigné dans un air. qui
n'est pas celui d'ailleurs. Ce n'est pas à
dire que cet air soit ni pur ni sain.
Il s'en faut de beaucoup que l'histoire
du laquais errant et de Mm® de Warens
soit hygiénique et moins encore qu'elle soit
belle. Il existe un portrait de Msne de Wa-
rens par Largillière. Et Largillière, oe
n'est pas un peintre quti se toummente, qui
trouve des dessous à la nature humaine.
Son imiage de « maman » est néanmoins
bien inquiétante et le dessin de la bouche
y dément étrangement la tranquillité du
■regaird. On place, malgré soi, Jean-Jacques
d'un côté de ce tableau et Claude Anet de
l'autre. On se souvient de ce qui se passait
dans la petite maison rustique de la route
de Chambéry et qui ne se raconterait pas
décemment devant d'honnêtes femmes.Mais
quialle magie, sinon celle de récaiviain, a pu
faâre que les Charmettes soient touit de
même restées comme un paysage d'idylle ?
L'enthousiasme et la sensibilité firent
même longtemps que cette espèce de mau
vais'lieu en garda le caractère d'un tem
ple. « Qui de nous, écrivait un jour George
Saind en parlant des Charmettes, n'y a pas
Vécu en imagination les plus beaux jours
de sa jeunesse ? » Merci bien, Madame.
Mais « qui de nous », en 1912, parait un
peu exagéré, et nous n'allons plus jusque-
là.
Airsène Houssaye eut un jour la curiosité
de dépouiller le registre où les visiteurs
dés Charmettes consignent leums impres
sions à la façon immortelle de M. Peirri-
chon. Il-fit des trouvailles étonnantes pour
toute la période qui va de 1820 à 1860. Il y
avait presque côte à côte récriture d'une
dame de la meilleure société qui se flattait
d'avoir cueilli dans le petit jasmin « la der
nière pervenche oubliée par Rousseau », et
la signature d'Orsini, « adepte et dévoué
aux principes de l'immortel Jean-Jacques ».
La femme du monde et le terroriste, la pe
tite fleur et la .bombe, c'est bien teut le gé-
et toute son œuvre, et c'est l'allégorie des
ravage^ qu'il a exercés parmi l'espèce hu
maine en général' et sur la France en
particulier.
Un des logis qu'il habita est moins « poé
tique » sue-les Charmettes. Allez le voir.:
c'est à Pairis, en retrait de la rue Monge.
Une plaque de marbre le désigne aux pas
sants. Là Rousseau vécut avec Thérèse, et
c'est de là, je pense, qu'il portait ses en
fants au tour et ses livres funestes à l'im
primeur. De pauvres gens, des prolétai
res habitent de nos jours ce taudis. Si l'om
bre de Jean-Jacques vient les hanter, doi
vent-ils faire de mauvais Têves !
.Léonce BEAUJED.
La libération de Le Scoraec
M. Le Scoraec a enfin ebtenù la libéra
tion sonditionnelle à laquëlle il avait droit
depuis quatre mois. Le gouvernement, con
traint et forcé, s'est décidé à faire hon
neur aux engagements de Norbert Pino
chet. Nous nous en réjouissons non pas
seulement pour la part qui revient à notre
ami dans cette victoire, non pas * eulement
parce que Le Scornec fuit un bon cama
rade de geôle pour nos prisonniers, mais
parce que nous avons toujours proclamé
que la République n'a pas lie droit de
mettre en prison des gens q.ui n'avaient
fait que développer ses principes. Briand,
ancien prêcheur de grève générale, ancien
condamné de droit commun qui esquiva
le ohâtimént, était moins qualifié encore
pour cela et, le jour où Flachon Victoir fut
libéré après avoir fait le tiers de sa peine,
le maintien sous les verrous des condam
nés politiques devint un scandale décidé
ment intolérable.
Avec Le Scornec nous félicitons de ce
résultat notre confrère M. Emile Séné, qui
a mené dans la BataiUe syndicaliste une
campagne tenace à laquelle nous nous
sommes associés. Par la consultation qu'il
avait ouverte dans les colonnes de son
journaili, il a obligé des gens de toutes sor
tes à donner leur avis sur ce déni de jus
tice. Parmi eux se trouvaient Ses politi
ciens qui, forcés de s'exécuter, cherchaient
du moins à atténuer la peine qu'ils fai
saient à Briand, à la juiverie et à la franc-
maçonmierie régnantes, en attaquant les Ca
melots du Roi. MM. de Pressensé, Franz
Jourdain), Léon Wierth et autres ont profité
bassement des efforts communs destinés à
délivrer un prisonnier, pour calomnier
d'autres, prisonniers. N'ignorant ni les
constanœs qui avaient amené la libération
de Baleine, ni sans doute les vicissitudes
diverses des prisonniers politiques depuis
quatre ans, ils trouvaient l'occasion bonne
pour tromper un public populaire en. "oppo
sant Le Scornec aux Camelots du Roi et en
insinuant que ceuxci avaient bénéficié des
faveurs de Briand.
Depuis que prisonnière royalistes et syn
dicalistes se rencontrent dans les geôles
républicaines, les nôtres n'ont certes pas
été avantagés. Nous avons souvent été au
droit commun quand les révolutionnaires
étaient au régime politique. Si Le Scornec
a attendu quatre mois sa libération, Ga
briel de Baleine l'a attendue six mois. —
Jamais, pour obtenir la délivrance d'un
des nôtres, nous n'avons voulu nous s.eirvir
de ces basses comparaisons, et nous avons
toujours fait campagne pour tous les con
damnés politiques sains distinction. Pres-
sensé, Jourdain, Werth et autres peuvent,
pour la galerie, invectiver Briand : ces
politiciens faisaient comme lui, lorsque,
dans leurs lettres, ils osaient assimiler la
faveur dont avait joui Flachon au cas des-
Camelots du Roi: ils témoignaient du même
désir ignoble qui agite les ministres, les
juges, . lies policiers et les garde-chiounnes
du régime de traiter ses adversaires poli
tiques comme des criminels de droit com
muai.
C© qu'il faut noter, dans cette libération
de Le Scornec, c'est la conduite pitoyable
du gouvernement. Le coup de Pinochet
l'avait mis dians une impasse. Il devait s'en
djégager raspidement soit en avouant lia
mystification et en refusant ouvertement
d'accomplir la promesses contenues dans
le communiqué officiel, — soit, puisqu'il
prenait ,oe communiqué â son compte, en
exécutant ces promesses sans retard'. Il a
préféré se laisser poursuivre et acculer
dans la position la plus illogique et la plus
fausse jusqu'au fond de l'impasse, et fina
lement être réduit à se rendre.
C'est que Briand, en dépit de l'accroc fait
par la maladresse de son fidèle Tissier, au
rait voulu maintenir sa fameuse jurispru
dence d'après laquelle la libération condi
tionnelle est faite pour les condamnés 4e
droit commun, mais non pour les condam
nés politiques. U n'a pas eu le courage de
la défendre franchement. Il n'a pas eu l'ha
bileté de l'abandonner. On la lui a arra
chée, sa jurisprudence, et elle est mainte
nant par terre. Cet être veuile et lâche est
décidément un pauvre homme.
Umirlee PVJO
L'AFFAMEUR BAUMANN
Du Courrier du Parlement, sous le ti
tre : « Croix impossible » :
« Notre dernier écho sur la décoration
promise à M. Baumann a eu un grand re
tentissement au Palais-Bourbon.
« La plupart de nos confrères de Paris,
sans distinction d'opinions, depuis la Ba
taille Syndicaliste jusqu'à l'Action françai
se, se sont associés à nous pour protester
et demander, comme nous l'avions fait,
un démenti officiel, mais ainsi que nous
nous en doutions, rien n'est venu. La Lé
gion d'honneur lui a donc été réellement
promise.
« Dans ces conditions, vin de nos.amis va
poser une question au ministre, et" M. Fer-
nand David sera, bien forcé de nous répon
dre.
« Ajoutons à nos renseignements anté
rieurs une précision nouvelle que nous te-
rri» de Rousseau, c'est toute son û^uéncejLnons (sa mussxft centaine.
« En cas de mobilisation, M. Baumaîia
rejoindrait immédiatement son corps, eni
Allemagne*, en sa qualité d'officier de la
Landwehr. M. Baumann, rappelons-le, est
le directeur des Moulins die Corbeil; c'est!
aux manœuvre.® d'accaparement de-ces ét-a*
blisseiments qu'est dû en partie le rencdié»
rissement actuel du prix du blé. »
Nous attendons la -réponse du ministrg
du commerce, M. F.ernand David.
Salle des Sociétés Savantes (8, rue Danton)
MARDI 2S JLI\19i2, 8 HEURES 45 C$ SOff!
SÉANCE DE OJLOTÏjrsSS
des ''
COURS ET CONFÉRENCES
.DE
L'IHSTiîiiT B'£CT10i FfillÇlISE
soca ia » ...
PRÉSIDENCE DE JULES LESÂ1ÏRE
de l'Académie Française
«J.-J. Mm anarchie et HiMèps
CONFÉRENCE DS PIERRE LASSERR3
RAPPORT DE LOUIS DiMIER
Secrétaire général de l'Institut
ALLOCUTION OE LÉON DE MGNTESQUJOt!
On trouve des cartes d'invitation â l'Ac-i
t-ion française, 3, Chaussée d'Antin ; à Tins*
titut d'Action française, 33, rue SamkAndes Arts ; à la Nouvelle Librairie Nationale^
85, rue de Rennes, et à la Permanence du
XVIII e , 21, rue Lamandé. Les Ligueurs entre*
ront sur présentation de leur carte de l'année.
JJA.
NOUS SOMMES TRAHIS
MAÏS PAâîSlî
Les journaux libéraux 'et lès jcîLTTàiiiïè
officieux apportent chaque jour leur adhé-4
sion plénière à notre thèse, déjà vieille de}
six ans, que la Révolution sociale vientt
d'Allemagne.
M. Jules-Cliarles Roux, le président deg
armateurs, .a même souscrit en public di
cette vérité. Nous ne désespérons pas de
la voir ratifier par M. Fallières et par M.
Poincaré, quand il sera trop tard. Ni
les grandes grèves anglaises, ni le mou*
vement qui commence à se dessiner sur 1$
contintnt parmi les travailleurs de la Tri'
pie Entente, ne se comprendraient tout â!
fait sans une action économico-policière dA
la Triplice. Seulement, où s'exerce-t-elle ti
3L Jules-Charles Roux 'épondrait avec
assurance qu'il n'y a qu'un endroit où elle
puisse se faire jour et c'est dans le milieu
des Bourses du Travail et de la Conféd-é*
ration générale. Mais j'en suis «nains cet«
tain que lui. Le Lucien Bavunann de Cor».
beil n'a pas besoin d'être affilié à là
C. G. T. pour faire le jeu de Berlin : cej
gros capitaliste est un internationalisttf
tout au moins aussi redoutable que Ri^
velli. M. Jules-Charles Roux jurerait-il
qu'il n'y a point de Baumann eu de soust
Baumann de son côté ? Et s'il n'y en (f
point, si le monde des « armateurs frant
çais » est absolument pur de Unité connit
vence avec les capitalistes allemands, or$
n'en pourra pas dire autant de notre, ré
gime politique, de notre législation sociealtt
et des mœurs qui en ont découlé. A défaut,
des hommes, les institutions, les lois, les
idées de la « Républiqv.e bourgeoise » ont
fait tout ce qui convenait pour servir Vin*.
térCt de l'ennemi. Là, en plein, nous son?
mes trahis.
On a lu ici, le 15 juin dernier, au lert*
demain de la déclaration de la grève, les,
graves révélations que nous a adresî
sées directement un armateur havrais,,
membre du Comité central des armateurs'
de France. On n'a pas oublié les conclu»
sions qui s'en dégageaient. La grève-n'avé
rait peut-être pas éclaté si les armateurs
avaient répondu à. la communication -dm
syndicat des inscrits et avait tenté de s'en m
tendre directement avec lui. Mais ils ont
préféré en écrire au ministre. Cette fausse
manœuvre ne pouvait que gvler les choses
et les a gâtées, en effet. Maintenant le •mi>
nistère propose son arbitrage, lequel est rei
fusé non seulement par le syndical des ins
crits, mais par les mêmes armateurs qui
avaient d'abord recouru à lui ! Ces deux;
soufflets bien symétriques frappent tout £fc
la fois un (louvernement et iori œuvre, ju
gent le crédit qu'il inspire tt- permettent
d'évaluer â leur juste prix les procédures
d'étatisjru> auxquelles il a laissé prendra
force de loi. — C harles M aokras.
La Compagnie Transatlantique refusa,
l'arbitrage. — Le Conseil national
des Inscrits se réunît à Paris. —
Extension du mouvement de grève.
Les incidents.
La Compagnie Générale transatlantiq-aa'
a fait savoir Hier matin au ministère da
la marine qu'elle ne pouvait prendre en.
considération la proposition d'arbitrage qui
lui avait été soumise par le gouvesnesnent.
En présence de l'impossibilité d'assurer
les départs de ses paquei>ots avec des équi-.
pages restreints, la Compagnie a pris la
décision de les désarmer tous. ■
D'autres compagnies auraient également
refusé de dieuter avec les grévistes, les
considérant comme « déserte-ja-s » d'uiisj
part, et estimant d'autre part qu'une «éci.
sion arbitrale ne lierait qu'elles-mêmes
alors que les inscrits s'y soustrairaient p#
cas où elle leur sériât d.èfavoc
.Bî^ÈSjœEŒTï^nus^sg
f" I ■: ■ M
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"." . I ' 3 J
\ i -«S { r
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$ fl ?'
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
Tout ce qui est nattentil est noirs.
Le Bue d'O busaks*'
3, Chaussée d'Antin, 3
jusqu'à Minuit
T ëlêphonb 326*49
REDACTION
A dresse Ta.faaÀ Plh0CB a A ÇTÏOFRAN-PARIS
Adresser toutes les communications concernant la Rldaction S, Chaussée d'Antin, Parti!
19,. Rue du Croissant» 19
à partir de Minuit
T éléphone 254K>7 >
/?
H e ^ ri VAUGEOIS, Directeur v pôlitiqûe
L éon DAUDET, Directeur^ Rédacteur en Chef
ADMINISTRATION
ABONNEMENTS
Paris, Seinè» Seîne-et-Oise.....
Provinces et Alsace-Lorraine.
3 Beb
GB&
Uiu
5 50
10 »
20 »
7 »
13 »
24 »
10 »
18 »
39 »
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PUBLICITE. & PETITES ANNONCES
3, Chaussée d'Antin. — Tél. 3i6-iS
' ANNONCES, RÉCLAMES, FAITS-PARIS „
à la Société de !*ublicHé, 6, Pl. de la Bourse. — Tél. 12S4&
Adresser Lettres et Mandats d l'Administrateur de Z'Action Française, 3, Chaussée d'Antin, Paris*
UN PÉRIL NATIONAL
L'inquiétude du gouvernement est
girande. En effet, nous manquons de blé
et «nous allons peut-être manquer, de
pain. Par une coïncidence singulière,
cette menace de disette coïncide . avec
une nouvelle tension antifrançaise dans
l'opinion allemande, tension dont le cor
respondant du Temps dénonçait, l'autre
jour, le danger. Or, notre minoterie la
plus importante, celle dont dépend l'ap
provisionnement même de Paris, est
aux mains d'un juif allemand, Lucien
Bauinann, officier de réserve dans l'ar
mée allemande, administrateur délégué
des Grands Moulins de Corbeil, et le
principal agioteur de la place. Nous
avons raconté comment ce Lucien Bau
mann avait pu, dans une seule journée,
provoquer impunément .une hausse de
trois francs par quintal de blé. Le ré
sultat 5 avait été de faire monter immé
diatement le prix du pain de cinq cen
times le demi-kilogramme. De ses bu
reaux, campés insolemment rue du
Louvre, à deux pas de la Bourse du
Commerce, ce juif, agent de nos pires
ennemis, dicte ses ordres à ses courtiers,
à ses innombrables intermédiaires,
épouvante et, ruine les petits meuniers.
C'est par paquets que je continue à rece
voir lettres et plaintes à son sujet. Ce
pendant, lès journaux qui se disent pa
triotes continuent à taire soigneusement
le nom et le cas de Lucien Baumann. 1
Seul, à la Chambre, le socialiste Lau-
che a osé tenir le- discours suivant qui
va au fond même de .la-question : « Ce
sont les gros mewiiers qui ont spéculé
à la hausse, en accaparant le blé, et vous
ne les frappez pas. Vous les connaissez
pourtant bien. Il y a le directeur des
Moulins de Corbeil. C'est ce meunier, un
Allerpand, qui détient le blé. Que feriez-
vous en cas de conflit -international,
vous qui vous dites -patriotes ? Les Mou
lins, de Corbeil ont joué à la hausse et
ont étranglé le marché. En même temps,
ils vendent la farine à un prix qu'aucun
petit meunier ne peut offrir. Il y a là
une manœuvre abominable qui consiste
à faire monter le prix du blé et à ruiner
le petit- commerce. »
• Quand on les interroge là-dessus dans
le privé, les ministres du cabinet Poin-
caré répondent, paraît-il, qu'au moment
de la mobilisation, l'administration de
la guerre mettrait la main sur les
Grands Moulins de Corbeil et s'assure
rait de la personne de Lucien Baumann.
A ceci, j'objecte que la première précau
tion de Lucien Baumann — on m'a
fourni là-dessus les détails les plus édi
fiants — a'-consisté précisément, — dès
son entrée en fonctions comme directeur
effectif, — à outiller et organiser les
Moulins de Corbeil de telle façon qu'en
un quart d'heure, ils puissent devenir
inutilisables. . Le gouvernement alle
mand impose à ses agents installés chez
nous en des points stratégiques — je
veux dire vitaux quant à la nation —
le devoir strict de saboter eux-mêmes
leur installation à la première alerte!
Officier discipliné, entouré de compa
triotes allemands, qui connaissent à fond
la consigne et le mécanisme, Lucien
Baumann n'y faillirait pas. Le (risque
encouru n'est pas pour l'effrayer fort. Il
s'arrangerait, avec une bonne auto, pour
mettre en même temps une jolie dis
tance entre lui et les fusils français. Il
courrait rejoindre les Prussiens, en leur
criant.de loin : « C'est fait !... »
C'est à cause de cette organisation en
vue du sabotage opportun — visible à
l'œil nu pour tout spécialiste — que les
Grands Moulins de Corbeil sont fermés
comme une forteresse à tout visiteur non
allemand. Le ministre Millerand n'est
pas curieux. A sa place, flanqué de deux
ou trois meuniers français, connaissant
bien la question, — ils ne sont pas ma
laisés à découvrir, — je me présenterais
inopinément dans l'antre de Lucien
Baumann, dans la Petite Prusse , com
me l'on dit, à Corbeil. Je me ferais ex
pliquer le mécanisme des pièces déta
chées de fabrication allemande expé
diées de Francfort et de Berlin, faute
desquelles les Moulins de Corbeil s'ar
rêteraient instantanément de moudre.
J'exigerais de Lucien Baumann, avec
une réserve permanente et contrôlable
de ces pièces si nécessaires, le contrôle
permanent d'un ingénieur français. Tel
les sont les .premières mesures, insuffi
santes certes, mais de salut public,
qu'exigerait cette extravagante situa
tion.
Ce serait certainement plus sage, au
point de vue national, que de nommer
commandeur de la Légion d'honneur,
comme on l'a fait récemment, le prin
cipal appui de Lucien Baumann, le nom
mé Louis-Léopold Dreyfus, autre juif,
dont la biographie ne manque pas d'in
térêt.
Par ailleurs, je rappelle que, depuis
plusieurs mois, Lucien Bauimann sem
ble se préparer à un coup important,
à une lutte décisive. Ge n'est certaine
ment pas pour rien qu'il rachète à tour
de bras ses propres actions des Moulins
de Corbeil, comme un homme qui aura
besoin, à. un moment donné, de tenir
complètement la Société dont il est l'ad
ministrateur délégué. C'est ainsi que :
Le quatorze février, Lucien Raiuruann
faisait acheter 35 actions j
Le quinze, il en faisait acheter 84 ;
Le dix-sept, il en faisait acheter 20 ;
Le vingt, il en faisait acheter. 13 j
Le vingt et un, il en faisait acheter 41 ;
Le vingt-deux, il en faisait acheter 4 ;
Le vingt-trois, il en faisait acheter 34 ;
; Le vingt-six, il en faisait acheter 45 ;
Le vingt-sept, il en faisait acheter 3fr ;
Le vingt-huit, il en faisait acheter 21 ;
Le vingt-neuf, il en faisait acheter 2.
Ces achats- se poursuivaient- pendant
tout le mois de mars. Le seize mars,
Lucien Baumann faisait acheter cent ac
tions d'un coup et, le dix-neuf, il en fai
sait .acheter cinquante et une. Dans l'in
tervalle, il ne vendait pas un seul titre.
J'interprète cette tactique de la façon
suivante : décidé à provoquer, au début
de l'été, une crise sur le blé, mais devi
nant que son rôle serait dénoncé et flai
rant que des questions précises lui se
raient posées par quelques actionnaires
récalcitrants, Lucien Baumann sentait
la nécessité de grouper dans ses. mains
une majorité à lui, c'est-à-dire alle
mande. Comme,'en sa qualité d'agent
allemand, ce juif doit être bien rensei
gné sur les intentions du gouvernement
qui l'emploie, je laisse aux lecteurs le
soin de tirer eux-mêmes la moralité de
cette aventure. • .
Maintenant, je me demande dans
quelle autre nation civilisée, une telle
situation serait possible. Vous imaginez-
vous un minotier français, officier .de
réserve en France, installé aux portes de
Berlin, susceptible d'affamer Berlin en
vingt-quatre heures, en cas de guerre et
s'amusamt en temps de paix à faire la
disette par l'agiotage !... C'est cepen- ;
dant ce qui se passe chez nous, trait
pour trait. Nous tolérons une servitude
sans exemple. Nous tolérons un péril de
mort. Ce qui se passe pour le pain à
Corbeil, se passe pour le charbon, ce
pain noir, dans nos forts de la frontière,
se passe pour l'hydrogène qui gonfle nos
dirigeables, pour presque tout le sous-
sol. de la. Normandie, pour le port de
Cherbourg, se passera demain pour le
port de Granville. Par les mines et
hauts fourneaux, par les locomotives,
par les locomobiles, par l'électricité, par
l'alimentation, par le combustible, nous
sommes tributaires de l'Allemand, et il
dépend de l'Allemand de détraquer en
quelques heures les principaux ressorts
de notre Défense Nationale. Non seule
ment la République tolère cet état de
choses, mais elle l'encourage. Elle agit,
en fille soumise, à la façon de son père
Gaimbeitta, le métèque génois, qui ne ces
sait de brandir le drapeau tricolore &n
martelant le bois de la tribune, mais
qui, en arrière, tendait la main et
l'échiné au prince de Bismarck.
Que faut-il aux républicains ?...
Du fer, de la poudre et du pain.
Du fer pour l'Allemand Thyssen,
fournisseur breveté des usines Kmipp.
Du pain pouir le juif allemand Lucien
Baumann. De la poudre pour la jeter
aux yeux des imbéciles qui vont cla
mant la Marseillaise, cependant qu'on
les livre à l'ennemi.
Ecoutez cependant Judet qui se ferait
arracher le ballonnet compensateur plu
tôt que de prononcer le nom de Lucien
Bauinann : *
Le prix du; pain ne se hausse jamais
impunément, et quand le mécontentement
public est justifié par de véritables souf
frances, il n'y a pas d'explications plais oui
moins ingénieuses qui tiennent : les gouver
nements n'ont jamais affronté sans péril
ce genre de difficultés qui dominent touftes
les autres, parce qu'elles atteignent pro
fondément les masses et que la souffrance
est universellement ressentie. N'oublions
pas non plus les graves intérêts die la dé
fense nationale. Il faut des soldats, des ar
mes et des munitions pour la guerre : .il.
tout tLe la viande et dm blé pour l'entre
tien tics années, sans que la population ci
vile soit trop cruellement rationnée. Il ne
semble pas que le Parlement et les minis
tères précédents se soient suffisairmment
mis en garde contre toutes les éventualités,
pour toutes les hypothèses. C'est dans de
tels cas cependant qu'il n'est pas permis
de remettre au lendemain les solutions,
qu'il est indispensable d'être prêts.
Comment ça, ma vieille 1
Eh, parbleu, en votant. L'R P tismie
et deux cents petits glisseurs pioutifor-
mes arrangeront tout ça, en 1914.
USON DAUDE1
P.-S. — Une note publiée par Y In
transigeant ouvre un jour singulier sur
les procédés employés par le juif alle-
miamd Lucien Baumann, « pour neutra
liser d'avance la grande presse » :
Il a fait fabriquer par sa minoterie un
produit quelconque, une farine semblable
à touffes les farines, mais qu'il a manufac
turée sous forme* de petites boîtes destinées
à être vendues au détail Et sous prétexte
d'annoncer ce produit, les représentants dfl
M. Baiumaim vont se présenter dans les
grands- journaux, offrant des busdgete im
portants de publicité aux rédacteurs pour
ce produit à lancer.
On tMjanprend bien qu'il n'y a là qu'un
prétexte. Mais dès que les Moulins de Cor
beil auront ainsi mis le pîed Sans les di
vers organes de la grande presse, ils esti
ment qu'ils s'en seront faits (Jes amis.
Les offres- de publicité de M. Baumann
nous ont été faites. Nous les avons, bien
entendu, refusées.
Je ne serai pas fâché personnellement
de voir quels seront les journaux pa
triotes qui inséreront la publicité de
monsieur l'agent juif-allemand, délégué
auprès des Grands Moulins de Corbeil,
pour affamer le peuple fiançais. — L. D.
i
La santé du cardinal Couàllé, airchevêque
de Lyon, inspire une assez vive inquiétude
à son entourage.
La Semaine religieuse annonçait vendre*
di soir qu'atteint d'une bronchite depuis
huit jours il ne pommait recevoir à l'occa
sion de sa fête. Elle ajoutait que le cas du
cardinal, sans êtue très grave, n'en don
nait pas moins de l'inquiétude, vu> son
grand âge. Le cardinal est en effet âgé de
quatre vingt-quatre ans.
Hier matin Son Frmrinence a reçu les der
niers sacrements.
Depuis plusieurs, jours il avait déjà ma
nifesté le désir de recevoir l'extrême onc
tion et avait fixé le samedi, fête de la Vier
ge et du Bienheureux Pape Innocent V, an
cien archevêque de Lyon, pour cette céré
monie.
Le vieil archevêque, encore plein de vie,
assis sur son lit et revêtu de lia mosette
rouge et de l'étole, a reçu avec une sainte
ferveur les derniers sacrements en présen
ce de touit son chapitre, du clergé, die la
primatiale, des vicaires généaiaiuK eit des
serviteurs de l'archevêché.
. C'est Mg Déchelette, coadjuteuir, qui lui a
administré les sacrements.
Le cardinal, après avoir renouvelé sa
profession de foi, a reçu le viatique.
Et pendant que Mgr Déchelette lui fai
sait les onctions il présentait lui-même ses
memlbiies et faisait à voix distincte les ré
ponses aiux prières.
Après la cérémonie, lés personnes pré
sentes sont vernies • baiser son anneau. Lfe
cardinal a eu pour chacun un mot bianveil
lant. .
Des prières sont faites à Lyon et à Fouir-
vières pour le malade.
ÉCHOS
AUJOURD'HUI :
Calendrier de l'affaire Dreyfus . — 83 juin
1899. — Constitution du ministère W&Meclt-
Rousseau-Millierand-GiallLffet, gui se met aus
sitôt à l'œuvre pour essayer de sauver le traî
tre Dreylus.
A deux heures, courses à Auteuil.
Nos préférences :
Prix die la Source. — Impur, Beau Ri
vage II.
Prix d'Issy. — Transfuge, Maxime.
Grand Steeple-Chase de Paris. — iVoir les
appréciations en seconde page).
Prix du Général O'Gonmor. — 'Archiduc,
Anatole.
Prix Cosmopolite. — Fœustine II, Grand
Duc.
Prix des Avenues. — Choléra, Magicienne.
Nous sommes très heureux d'annoncer
à nos lecteurs le prochain mariage de
notre très cher collaborateur et ami
Jacques Bainville, membre des Comités
directeurs de l'Action française, avec
Mlle Jeanne Niobey, fille de ML et Mme
Georges Niobey. Nous prions les deux
fiancés de vouloir bien accepter tous les
vœux de bonheur que forme pour eux
l'Action Française.
' oCo ■
Nous apprenons avec regret le pro
chain départ de notre excellent ami et
collaborateur M" Joseph Romanet du
CailLaud, que d'importants intérêts ap
pellent en Egypte. On se rappellera le
concours ardent et dévoué qu'il a appor
té,depuis dés années,à l'Action française,
et notamment datas la constitution du
groupe des Etudiants d'Action fran
çaise, dont' il fut le secrétaire général,
én 1908 et 1909. Nul n'a oublié là part
qu'il prit, en 1906, à la défense de nos
Églises, au moment des Inventaires.
Nombreux sont les ligueurs et Camelots
du Roi qu'il a défendus à la barre. Nous
sommes persuadés que son dévouement
saura trouver à s'employer pour la pro
pagation de nos idées sur cette terre
d'Egypte, où nous comptons déjà de très
précieuses sympathies.
• oCo
Le juif de blé Lucien Baumann à Haïti,
— On lit dans le Maxché de Paris :
« Il est formé la Société des Grands Mou
lins d'Haïti, au capital de 650,000 fr. di
visé en actions de 100 !
thur Maurice et Baumann, industriel, et
Traohet, banquier, à Bruaetes. Siège so
cial, me diu Loaivre», 42.
Nous aimerions certes mieux l'agent
juif allemand Lucien Baumann à Haïti
qu'à Garbeil et que rue du Louvre. Mais
le malheur est que cet affameur dirigera
ses Grands Moulins haïtiens de Corbeil
et de la rue du Louvre.
eco
Le meunier sans souci . — On sait que
jSaios-âûUûi est le gom du château où
mourut le grand Frédéric, à Potsdam'.
D'où le surnom du juif de réserve de
l'armée allemande et de meunerie fran
çaise Lucien Baumann : le meunier
Sans Souci.
. oOQ
Juif de fable . — Toute l'âme sémite
apparaît dams la petite fable que voici :
Un papillon qui, d'aventure,
Voltigeait sur une friture,
Y vit 'barboter un goujon.
Ciel'l...il l'a reconnu !...Ce nageur en détresse,
C'est son frère de lait qui sombre dans la
[graisse
Tout près d'en être à son dernier plongeon.
Il s'élance, il lui tend pour se sauver,ses ailes.
« Suspends-toi, lui dit-il, à ces fermes nacelles,
Et je t'emporterai vers un ciel plus clément. »
Mais comme il se penchait, le liquide fumant
Le saisit... et,' pendant 'que l'autre se riémftnft,
Il est frit instantanément.
Moralité cruelle et d'autant plus humaine
Qui peut se formuler .ainsi :
Quand vos amis sont dans la peine,
^-Plaignez-les..., mais laissez-les-y !
A bbaham D reïfds.
Les quatre derniers vers sont d'une
franchise ethnique ravissante. Au moins
voilà les amis prévenus.
RIVAROL,
Au Jour i„e Jour
COURRIER DE LA SEMAINE
A table, l'autre soir, on parlait de Rous
seau. C'est l'homme du joua* et il est d©
moins en moins probable que la fête de son
bi-centenaire soit très heureuse pour sa
mémoire. Chaque fois qu'une affreuse cu
riosité ramène la pensée sut Jean-Jacques,
c'est pour découvrir chez lui un peu plus
d'ignominie. Et pourtant, ce livre mons
trueux, ce musée des horreurs qui s'appelle
les Confessions, ce n'est pas un livre q.ue
le dégoût fasse refermer.. Jean-Jacques a
beau être, selon le mot d'un personnage de
M. Anatole France, un « plat coquin, »,
l'ouvrage où il s'est déshabillé et mortifié
en public, ouvrage écœurant, révoltant
même si l'on veut, n'a pas la moindre pla
titude. Le sortilège de l'art le soutient et
plusieurs de ses épisodes (celui du gué, ce
lui des cerises, celui de la courtisane véni
tienne) resteront parmi les choses célèbres
'de la Utt-ératerè de tous les temps, en dé
pit de leuir fausse innocence ou de leur
troublante impureté.
C'était un très grand, un très puissant
écrivain que Jean-Jacques. Quel critique a
d'it que sa période, pouir l'ampleuir, n'avait
d'égale que celle de Bossuet ? Il est certain
que son action n'a été si profonde qu'en
liaison du charme de sa voix. Je ne sais
comment l'on, peut soutenir quelquefois
que le peuple français n'est, pas un peuple
artiste, car il faut que, vraies qil fausses,
les idées lui soient présentées d'une certai
ne manière pour entraîner son adhésion.
Il y a un géme littétraire à l'origine de tou
tes les révolutions de notre pays, et jamais
l'ignoble et barbarie philosophie de Rous
seau n'eût pu tourner les têtes françaises
si, par un surprenant hasard, ce Genevois
n'eût joué d'un des instruments les plus
mélodieux dont ait disposé un homme. Il
fait songer à la légende de ce preneur de
rats qui, en sonnant de sa délicieuse musi
que, conduisit au fond'de là rivière non
seulement tous les rongeurs qui infes
taient la ville, mais les habitants die la ville
avec eux.
La merveille, chez Rousseau, c'est , que
son infamie, son angoisse nerveuse, son
cynisme et, comme disaient de son temps
ses adversaires, sa «lycanthropie», ne soient
pas exclusives d'une atmosphère poétique.
On y fui pris de son temps et la couir.de
Versailles elle-même voulut entrendre le
Devin du village. Cette opérette parut firaî-
che. Le cœur de Rousseau était cependant
plus flétri et plus gros de turpituides que
celui du plus roué des hommes du monde
d'alors. Ça ne faisait rien : ce rustine per
verti répandait l'illusion de l'innocence. Il
y a toujours eu autour de lui un fluide ; je
défie qu'on visite par exemple les- Charmet-
tes sans se sentir baigné dans un air. qui
n'est pas celui d'ailleurs. Ce n'est pas à
dire que cet air soit ni pur ni sain.
Il s'en faut de beaucoup que l'histoire
du laquais errant et de Mm® de Warens
soit hygiénique et moins encore qu'elle soit
belle. Il existe un portrait de Msne de Wa-
rens par Largillière. Et Largillière, oe
n'est pas un peintre quti se toummente, qui
trouve des dessous à la nature humaine.
Son imiage de « maman » est néanmoins
bien inquiétante et le dessin de la bouche
y dément étrangement la tranquillité du
■regaird. On place, malgré soi, Jean-Jacques
d'un côté de ce tableau et Claude Anet de
l'autre. On se souvient de ce qui se passait
dans la petite maison rustique de la route
de Chambéry et qui ne se raconterait pas
décemment devant d'honnêtes femmes.Mais
quialle magie, sinon celle de récaiviain, a pu
faâre que les Charmettes soient touit de
même restées comme un paysage d'idylle ?
L'enthousiasme et la sensibilité firent
même longtemps que cette espèce de mau
vais'lieu en garda le caractère d'un tem
ple. « Qui de nous, écrivait un jour George
Saind en parlant des Charmettes, n'y a pas
Vécu en imagination les plus beaux jours
de sa jeunesse ? » Merci bien, Madame.
Mais « qui de nous », en 1912, parait un
peu exagéré, et nous n'allons plus jusque-
là.
Airsène Houssaye eut un jour la curiosité
de dépouiller le registre où les visiteurs
dés Charmettes consignent leums impres
sions à la façon immortelle de M. Peirri-
chon. Il-fit des trouvailles étonnantes pour
toute la période qui va de 1820 à 1860. Il y
avait presque côte à côte récriture d'une
dame de la meilleure société qui se flattait
d'avoir cueilli dans le petit jasmin « la der
nière pervenche oubliée par Rousseau », et
la signature d'Orsini, « adepte et dévoué
aux principes de l'immortel Jean-Jacques ».
La femme du monde et le terroriste, la pe
tite fleur et la .bombe, c'est bien teut le gé-
et toute son œuvre, et c'est l'allégorie des
ravage^ qu'il a exercés parmi l'espèce hu
maine en général' et sur la France en
particulier.
Un des logis qu'il habita est moins « poé
tique » sue-les Charmettes. Allez le voir.:
c'est à Pairis, en retrait de la rue Monge.
Une plaque de marbre le désigne aux pas
sants. Là Rousseau vécut avec Thérèse, et
c'est de là, je pense, qu'il portait ses en
fants au tour et ses livres funestes à l'im
primeur. De pauvres gens, des prolétai
res habitent de nos jours ce taudis. Si l'om
bre de Jean-Jacques vient les hanter, doi
vent-ils faire de mauvais Têves !
.Léonce BEAUJED.
La libération de Le Scoraec
M. Le Scoraec a enfin ebtenù la libéra
tion sonditionnelle à laquëlle il avait droit
depuis quatre mois. Le gouvernement, con
traint et forcé, s'est décidé à faire hon
neur aux engagements de Norbert Pino
chet. Nous nous en réjouissons non pas
seulement pour la part qui revient à notre
ami dans cette victoire, non pas * eulement
parce que Le Scornec fuit un bon cama
rade de geôle pour nos prisonniers, mais
parce que nous avons toujours proclamé
que la République n'a pas lie droit de
mettre en prison des gens q.ui n'avaient
fait que développer ses principes. Briand,
ancien prêcheur de grève générale, ancien
condamné de droit commun qui esquiva
le ohâtimént, était moins qualifié encore
pour cela et, le jour où Flachon Victoir fut
libéré après avoir fait le tiers de sa peine,
le maintien sous les verrous des condam
nés politiques devint un scandale décidé
ment intolérable.
Avec Le Scornec nous félicitons de ce
résultat notre confrère M. Emile Séné, qui
a mené dans la BataiUe syndicaliste une
campagne tenace à laquelle nous nous
sommes associés. Par la consultation qu'il
avait ouverte dans les colonnes de son
journaili, il a obligé des gens de toutes sor
tes à donner leur avis sur ce déni de jus
tice. Parmi eux se trouvaient Ses politi
ciens qui, forcés de s'exécuter, cherchaient
du moins à atténuer la peine qu'ils fai
saient à Briand, à la juiverie et à la franc-
maçonmierie régnantes, en attaquant les Ca
melots du Roi. MM. de Pressensé, Franz
Jourdain), Léon Wierth et autres ont profité
bassement des efforts communs destinés à
délivrer un prisonnier, pour calomnier
d'autres, prisonniers. N'ignorant ni les
constanœs qui avaient amené la libération
de Baleine, ni sans doute les vicissitudes
diverses des prisonniers politiques depuis
quatre ans, ils trouvaient l'occasion bonne
pour tromper un public populaire en. "oppo
sant Le Scornec aux Camelots du Roi et en
insinuant que ceuxci avaient bénéficié des
faveurs de Briand.
Depuis que prisonnière royalistes et syn
dicalistes se rencontrent dans les geôles
républicaines, les nôtres n'ont certes pas
été avantagés. Nous avons souvent été au
droit commun quand les révolutionnaires
étaient au régime politique. Si Le Scornec
a attendu quatre mois sa libération, Ga
briel de Baleine l'a attendue six mois. —
Jamais, pour obtenir la délivrance d'un
des nôtres, nous n'avons voulu nous s.eirvir
de ces basses comparaisons, et nous avons
toujours fait campagne pour tous les con
damnés politiques sains distinction. Pres-
sensé, Jourdain, Werth et autres peuvent,
pour la galerie, invectiver Briand : ces
politiciens faisaient comme lui, lorsque,
dans leurs lettres, ils osaient assimiler la
faveur dont avait joui Flachon au cas des-
Camelots du Roi: ils témoignaient du même
désir ignoble qui agite les ministres, les
juges, . lies policiers et les garde-chiounnes
du régime de traiter ses adversaires poli
tiques comme des criminels de droit com
muai.
C© qu'il faut noter, dans cette libération
de Le Scornec, c'est la conduite pitoyable
du gouvernement. Le coup de Pinochet
l'avait mis dians une impasse. Il devait s'en
djégager raspidement soit en avouant lia
mystification et en refusant ouvertement
d'accomplir la promesses contenues dans
le communiqué officiel, — soit, puisqu'il
prenait ,oe communiqué â son compte, en
exécutant ces promesses sans retard'. Il a
préféré se laisser poursuivre et acculer
dans la position la plus illogique et la plus
fausse jusqu'au fond de l'impasse, et fina
lement être réduit à se rendre.
C'est que Briand, en dépit de l'accroc fait
par la maladresse de son fidèle Tissier, au
rait voulu maintenir sa fameuse jurispru
dence d'après laquelle la libération condi
tionnelle est faite pour les condamnés 4e
droit commun, mais non pour les condam
nés politiques. U n'a pas eu le courage de
la défendre franchement. Il n'a pas eu l'ha
bileté de l'abandonner. On la lui a arra
chée, sa jurisprudence, et elle est mainte
nant par terre. Cet être veuile et lâche est
décidément un pauvre homme.
Umirlee PVJO
L'AFFAMEUR BAUMANN
Du Courrier du Parlement, sous le ti
tre : « Croix impossible » :
« Notre dernier écho sur la décoration
promise à M. Baumann a eu un grand re
tentissement au Palais-Bourbon.
« La plupart de nos confrères de Paris,
sans distinction d'opinions, depuis la Ba
taille Syndicaliste jusqu'à l'Action françai
se, se sont associés à nous pour protester
et demander, comme nous l'avions fait,
un démenti officiel, mais ainsi que nous
nous en doutions, rien n'est venu. La Lé
gion d'honneur lui a donc été réellement
promise.
« Dans ces conditions, vin de nos.amis va
poser une question au ministre, et" M. Fer-
nand David sera, bien forcé de nous répon
dre.
« Ajoutons à nos renseignements anté
rieurs une précision nouvelle que nous te-
rri» de Rousseau, c'est toute son û^uéncejLnons (sa mussxft centaine.
« En cas de mobilisation, M. Baumaîia
rejoindrait immédiatement son corps, eni
Allemagne*, en sa qualité d'officier de la
Landwehr. M. Baumann, rappelons-le, est
le directeur des Moulins die Corbeil; c'est!
aux manœuvre.® d'accaparement de-ces ét-a*
blisseiments qu'est dû en partie le rencdié»
rissement actuel du prix du blé. »
Nous attendons la -réponse du ministrg
du commerce, M. F.ernand David.
Salle des Sociétés Savantes (8, rue Danton)
MARDI 2S JLI\19i2, 8 HEURES 45 C$ SOff!
SÉANCE DE OJLOTÏjrsSS
des ''
COURS ET CONFÉRENCES
.DE
L'IHSTiîiiT B'£CT10i FfillÇlISE
soca ia » ...
PRÉSIDENCE DE JULES LESÂ1ÏRE
de l'Académie Française
«J.-J. Mm anarchie et HiMèps
CONFÉRENCE DS PIERRE LASSERR3
RAPPORT DE LOUIS DiMIER
Secrétaire général de l'Institut
ALLOCUTION OE LÉON DE MGNTESQUJOt!
On trouve des cartes d'invitation â l'Ac-i
t-ion française, 3, Chaussée d'Antin ; à Tins*
titut d'Action française, 33, rue SamkAn
85, rue de Rennes, et à la Permanence du
XVIII e , 21, rue Lamandé. Les Ligueurs entre*
ront sur présentation de leur carte de l'année.
JJA.
NOUS SOMMES TRAHIS
MAÏS PAâîSlî
Les journaux libéraux 'et lès jcîLTTàiiiïè
officieux apportent chaque jour leur adhé-4
sion plénière à notre thèse, déjà vieille de}
six ans, que la Révolution sociale vientt
d'Allemagne.
M. Jules-Cliarles Roux, le président deg
armateurs, .a même souscrit en public di
cette vérité. Nous ne désespérons pas de
la voir ratifier par M. Fallières et par M.
Poincaré, quand il sera trop tard. Ni
les grandes grèves anglaises, ni le mou*
vement qui commence à se dessiner sur 1$
contintnt parmi les travailleurs de la Tri'
pie Entente, ne se comprendraient tout â!
fait sans une action économico-policière dA
la Triplice. Seulement, où s'exerce-t-elle ti
3L Jules-Charles Roux 'épondrait avec
assurance qu'il n'y a qu'un endroit où elle
puisse se faire jour et c'est dans le milieu
des Bourses du Travail et de la Conféd-é*
ration générale. Mais j'en suis «nains cet«
tain que lui. Le Lucien Bavunann de Cor».
beil n'a pas besoin d'être affilié à là
C. G. T. pour faire le jeu de Berlin : cej
gros capitaliste est un internationalisttf
tout au moins aussi redoutable que Ri^
velli. M. Jules-Charles Roux jurerait-il
qu'il n'y a point de Baumann eu de soust
Baumann de son côté ? Et s'il n'y en (f
point, si le monde des « armateurs frant
çais » est absolument pur de Unité connit
vence avec les capitalistes allemands, or$
n'en pourra pas dire autant de notre, ré
gime politique, de notre législation sociealtt
et des mœurs qui en ont découlé. A défaut,
des hommes, les institutions, les lois, les
idées de la « Républiqv.e bourgeoise » ont
fait tout ce qui convenait pour servir Vin*.
térCt de l'ennemi. Là, en plein, nous son?
mes trahis.
On a lu ici, le 15 juin dernier, au lert*
demain de la déclaration de la grève, les,
graves révélations que nous a adresî
sées directement un armateur havrais,,
membre du Comité central des armateurs'
de France. On n'a pas oublié les conclu»
sions qui s'en dégageaient. La grève-n'avé
rait peut-être pas éclaté si les armateurs
avaient répondu à. la communication -dm
syndicat des inscrits et avait tenté de s'en m
tendre directement avec lui. Mais ils ont
préféré en écrire au ministre. Cette fausse
manœuvre ne pouvait que gvler les choses
et les a gâtées, en effet. Maintenant le •mi>
nistère propose son arbitrage, lequel est rei
fusé non seulement par le syndical des ins
crits, mais par les mêmes armateurs qui
avaient d'abord recouru à lui ! Ces deux;
soufflets bien symétriques frappent tout £fc
la fois un (louvernement et iori œuvre, ju
gent le crédit qu'il inspire tt- permettent
d'évaluer â leur juste prix les procédures
d'étatisjru> auxquelles il a laissé prendra
force de loi. — C harles M aokras.
La Compagnie Transatlantique refusa,
l'arbitrage. — Le Conseil national
des Inscrits se réunît à Paris. —
Extension du mouvement de grève.
Les incidents.
La Compagnie Générale transatlantiq-aa'
a fait savoir Hier matin au ministère da
la marine qu'elle ne pouvait prendre en.
considération la proposition d'arbitrage qui
lui avait été soumise par le gouvesnesnent.
En présence de l'impossibilité d'assurer
les départs de ses paquei>ots avec des équi-.
pages restreints, la Compagnie a pris la
décision de les désarmer tous. ■
D'autres compagnies auraient également
refusé de dieuter avec les grévistes, les
considérant comme « déserte-ja-s » d'uiisj
part, et estimant d'autre part qu'une «éci.
sion arbitrale ne lierait qu'elles-mêmes
alors que les inscrits s'y soustrairaient p#
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