Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-03-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 mars 1903 06 mars 1903
Description : 1903/03/06 (N12047). 1903/03/06 (N12047).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572398x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
- CINQ CENTIMES le Numlrô:
PARIS & DÉPARTEMENTS
Le rqtlrnéz-6, - - - CINQ CENTII\!:EEJ.
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De 4 à 8 heures du soir el de iO lietti-et du soir à 1 heure du matin
Ne 13047. — Vendredi 6 Mars 1903
16 VENTOSE AN 111
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NOS LEADERS
L'Art fotpsi l'tranger
Je manquerais, il me semble, à un
pieux devoir, si je ne signalais ici les
belles représentations de la Reine des
eaux, l'opéra do Louis Lacombe, qui
viennent d'être données au théâtre mu-
nicipal de Coblence, en Allemagne.
Le nom de Louis Lacombe est bien
connu des lecteurs du llappel. L'admi-
rable veuve du maître compositeur,
Mme Andrée Louis-Lacombe, était une
vieille amie de la maison, une vieille
amie de notre grand regretté Auguste
Vacquerie, qui professait pour elle une
haute estime et une sincère affection.
Et ceux qui me font l'honneur de sui-
vre mes articles savent en quels efforts
se dépensa, et jusqu'à son dernier souf-
fle. cette noble femme pour que justice
fût rendue à celui qu'elle appelait avec
une grâce si touchante et si charmante :
« le pauvre maître», et dont elle por-
tait si dignement le nom.
Louis Lacombe, dont la carrière, ce-
pendant, avait commencé sous de bril-
lants auspices, ne connut point, de son
vivant, la gloire qu'il ambitionnait,
dont il était digne, à laquelle il avait
droit. C'était un de ces travailleurs
probes et modestes qui font des œuvres
et attendent qu'on vienne chez eux les
découvrir. On ne vient pas. De plus en
plus, la fortune appartient aux récla-
mistes, aux arrivistes, à ceux qui se
préoccupent infiniment moins de l'œu-
vre à créer que du succès à organiser.
Quand Louis Lacombe mourut, il
laissait des opéras, des symphonies,
des mélodies, par monceaux,**tout cela
presque resté inédit; et son nom n'é-
tait guère connu que d'un petit cercle
d'intimes, d'une très restreinte élite
d'artistes.
Cette gloire qui s'était refusée à lui,
parce qu'il n'avait pas été assez habile
pour la conquérir, assez brutal pour
la violer, sa veuve voulut la faire
fleurir sur sa tombe. S'oubliant elle-
même, elle se consacra à la grande tâ-
che de réparation. Pendant vingt ans
et plus, elle multiplia les tentatives, les
démarches, se donna tout entière, ré-
pétant sans relâche co nom : Louis La-
combe, espérant à force de labeur et de
dévouement finir par apprendre ce nom
aux gens qui passent.
Quelle admiration nous avons éprou-
Vce, nous autres , qui entourions Mme
Louis-Lacombe de notre respect atten-
dri, pour ce dévouement par delà la
mort. Après tout, vous savez, il fut heu-
reux, ce Louis-Lacombe ; il fut aimé.
Combien il faut plaindre ceux qui,
n'ayant point rencontré la compagne
dont leur cœur et leur intelligence
avaient besoin, vieillissent seuls; cer-
tes, mieux vaut mille fois être mort et
être aimé 1
**.
Mais quelle amertume de penser au
cliétif résultat auquel ont abouti, en
France, les efforts de Mme Louis-La-
combe ! Qu'a-t-elle obtenu? Rien, pres-
que. Bourges, où est né Louis-Lacombe,
a dressé son buste, a donné son nom à
une rue; çà et là, dans des concerts à
Paris, nous avons entendu quelques
fragmonts épars de ses œuvres ; Mme
Lacombe était, au prix de quels sacri-
fices, parvenue à faire graver un des
opéras de son mari : Winkelried ; per-
sonne n'a tourné la tête ; elle a aussi
publié des volumes de poésie — car
Louis Lacombe était poète en même
temps que compositeur; on ne les a
point remarqués. Que voulez-vous? La
lutte pour la vie est âpre; on se bous-
cule sur l'étroit chemin ; c'est à qui
écrasera l'autre pour passer ; les ab-
sents, les morts, ont tort.
Il y a pou d'espoir, à présent, que
Louis Lacombo obtienne jamais, en
France, la place qui lui est due. Heureu-
semenl- j'écris cet adverbe avec une
ironie amère — il y a l'étranger.
En Suisse, en Allemagne surtout, Mme
Andrée Louis-Lacombe a pu susciter les
enthousiasmes que vainement elle a
tenté de faire naître ici. Winkelried a
d'abord été représenté à Genève, puis à
Coblence ; l'an dernier, à Sonderhaus-
sen, en Bavière, on représentait la Reine
des eaux, autre opéra de Louis La-
combe ; et cette Reine des eaux vient —
le 21 février dernier, d'être représentée
à Coblenca avec un éclatant succès. J'ai
là les extraits de différents journaux :
10 Coblcnzet-Zcilung, le Rhein und Mo-
selbote qui analysent l'œuv.re, compli-
mentent les interprètes et constatent les
bravos soulevés par l'œuvre.
Sollicité d'assister à cette représenta-
tion, j'ai dû, à mon très vif regret, me
récuser, vu mon état de santé ; mais les
témoignages imprimés que l'on a bien
voulu m envoyer renseignent suffisam-
ment sur l'accueil chaleureux fait à l'o-
péra de Louis Lacombe. Les applaudis-
sements étaient « frénétiques», dit un
des journaux que j'ai là ; et, lors de la
deux" 6me représentation, quelques jours
après, la salle était absolument comble.
Je no suis pas, on lo sait, suspect de
Ipnûs esse pour les Allemands, mais en-
lin il y aurait puérilité à contester leur
goût passionné pour la musique et, par
suite, leur compétence. La musique que
les compatriotes et admirateurs de Mo-
lart). de BeeUiçvço et de Wagner ap-
plaudissent d'enthousiasme, ade grandes
chances pour être de la bonne musique,
ne vous semble-t-il pas?
Il parait que, pendant les entr'actes, à
Coblence, on haussait les épaules quel-
que peu dédaigneusement en parlant de
ces pauvres Français qui ne connaissent
point cette musique française, recueillie
en Allemagne, adoptée en Allemagne.
Il m'est impossible, je l'avoue, de ne
pas ressentir quelque mauvaise humeur,
où il entre beaucoup d'humiliation.
Ah ! c'est comme cela que nous laissons
perdre nos grands hommes ! L'Allema-
gne les ramasse et à ceux que nous
avons méprisés, par ignorance, elle fait
l'aumône d'une gloire posthume. Allez
à Coblence ; on y joue de la belle et
bonne musique française que nous ne
connaissons pas en France. N'est-ce pas
enrageant, dites?. Mais je devais à la
mémoire vénérée de ma vieille amie de
raconter le succès de la Reine des Eaux;'
mettez que cet article, c'est un petit bou-
quet de violettes de deux sous, effeuillé
sur sa tombe.
Lucien Victor-Meunier.
L'INTERPELLATION LAFFERRE
M. Lafferre, député de l'Hé-
rault, a déposé, hier soir, une
demande d'interpellation à M.
le président du Conseil, à pro-
pos des sanctions que ce dernier
compte appliquer à la congré-
gation des sœurs du Bon-Pas-
teur. Il s'agit - c'est ce que je disais hier
ici même — des scandales abominables qui
se sont pioduits à Nancy et qu'un arrêt de
justice a flétris. Sur le désir de M. Combes,
mon collègue M. Lafferre a ajourné à lundi
le dépôt officiel de son interpellation.
D'ici là, le président du Conseil voudrait
probablement faire une enquête. Or, cette
enquête ne pourrait être qu'administrative.
A priori, elle est inutile. En quoi, en effet,
pourrait-elle infirmer une enquête judi-
ciaire qui, fatalement, a été contradictoire,
en ce sens tout au moins que l'avocat des
sœurs du Bon Pasteur a dû apporter à la
barre tous les arguments en faveur de ses
clientes, de façon à gagner son procès ?
Et puis l'arrêt intervenant, solennel,
après celui qui avait été rendu par l'évêque
de Nancy dans des termes impitoyables,
n'a t-il pas une force plus démonstrative,
avec ses considérants si sévères et la con-
damnation prononcée, que toutes les en-
quêtes des préfets et des commissaires,
même spéciaux ?
Il suit de là qu'un décret de fermeture
devrait être signé et signifié à cette heure.
A moins que l'honorable président du
conseil ne se pose cette question : « Que
vais-je faire des enfants élevés à Nancy par
les sœurs du Bon-Pasteur ? » La question
a son importance. Qui songerait à le con-
tester? Mais qui ne sait aussi que cette
question s'est posée,dés le jour où l'évêque
de Nancy a parlé et où la justice a été sai-
sie? Le gouvernement était renseigné d'une
façon précise, quand ce ne serait que par
les soins de son procureur général.
Donc il devait ou il aurait dû prendre ses
précautions de manière à n'être pas sur-
pris par l'arrêt de la Cour et à bien montrer
son dessein d'appliquer, non pas dans sa
lettre, — ce qui lui aurait paru peut être
trop rigoureux — mais dans son esprit- ce
qui suffirait aux républicains — la loi des
associations de 1901.
Hélas ! il semble que rien, jusqu'ici, n'a
été fait dans ce sens. Espérons toutefois,
qu'avant lundi, le président du conseil aura
rendu publiques les mesures qu'assurément
il a décidé de prendre contre les sœurs du
Bon-Pasteur. — Ch. B.
Laïcisations effectives
L'œuvre de laïcisation des hôpitaux est en-
core incomplète; du moins, là où elle s'est
opéré9, les religieuses ont été remplacées par
de vraies laïques, par des infirmières et par
des surveillantes qui sont absolument étran-
gères à la congrégation.
Les enfants ont moins de chance que les ma-
lades; tes écoles qu'on laïcise continuent trop
souvent à distribuer l'enseignement des moines.
On nous signale que les écoles du Morbihan
et du Finistère, fermées avec tant d'éclat, se
sont rouvertes une à une. Le gouvernement
avait escompté qu'un certain nombre de ces
établissements ne garderaient pas leurs portes
fermées. Nous nous plaisons à croire, cepen-
dant, que M. Combes n'avait pas prévu un
épanouissement si remarquable de l'éducation
congreganisto.
On nous dira que les « sœurs » ont été rem-
placées par des jeunes filles et des jeunes fem-
mes qui ne se coiffent pas de cornettes. Mais ce
n'est pas dos cornettes que nous avons pour ;
nous craignons, pour la santé morale de la
jeunesse française, le poison de l'esprit clérical.
Que ce poison soit distribué auxécoliers par les
nonnes elles-mêmes ou par des personnes à leur
service, le danger ne change pas de nature ; il
ne diminue pas non plus de virulence.
Ce qui est extraordinaire, c'est la facilité
dont les congrégaticns ont bénéficié pour re-
cruter un personnel, soi-disant laïque. L
Il faut savoir que si la certificat d'aptitude
pédagogique est exigé de tous nos instituteurs
et de toutes nos institutrices titulaires — et à
plus forte raison des directrices d'écoles laï-
ques — le brevet élémentaire suffit à ceux qui
aspirent à dirigor une école « litre ».
Or, chaque année, on distribue 16.000 à
17.000 brevets élémentaires, tandis que les
certificats d'aptitude pédagogique ne sont mé-
rités que par 3.000 à 3.200 jeunes gens.
D'autre part, de 1880 à 1900, 97.000 porteurs
de brevets élémentaires se sont présentés aux
examens des écoles normales de garçons,
40.000 environ ont été admis. Sur 60.000 can-
didates aux écoles normales de je.unes filles,
30.000 ont été admises.
il y a donc par le pays 77.000 fruits secs,
garçons étoiles, jugés incapables de professer
dans les écoles de l'Etat. Dans cette masse de
maîtres et de maîtresses refusés, mécontents,ai-
gris, les congréganisles rencontrent do trop
nombreux concours. - -
La nécessité de légalité des titres pour les
directeurs et directrices d'établissements de
l'Etat ot d'établissements libres nous- paraîtrait
donc absolument nécessaire.. si nous n'espé-
rions un progrès plus considérable, par l'abo-
lition de la loi Falloux, par la réforme do la
loi de 1886, et par la transformation do ren-
seignement en graatf service public. — IIUQues
Dcsinm* -'
QUESTIONS ACTUELLES
COMMENT SE FAIT LA LOI
L'usine modèle. — Matières premières
et produits fabriqués. — Les mal-
façons. — Comment on les ré-
pare. — Actions de priorité.
- Avantages. — La loi
n'a pas d'effet rétroac-
tif. — Remise du
texte en chan-
tier.
Quai d'Orsay, au bout du pont de la Con-
corde, s'élève une grande usine occupant de
vastes terrains. Elle fournit annuellement du
travail à plusieurs centaines d'ouvriers.
C'est la « Manufacture nationale des lois ».
Entrons. Voici les ateliers de préparation où
l'on dégrossit la matière première ; les bu-
reaux, la comptabilité; enfin le grand hall
qui retentit continuellement du bruit causé
par le montage el l'ajustage des pièces déta-
chées.
A quelques kilomètres, il existe une usine
annexe pour la vérification et le polissage final
des produits. Ceux-ci subissent l'examen d'un
personnel recruté généralement parmi les an
ciens contre maîtres et chefs ouvriers de l'u-
sine principale.
Ces deux loinples du travail s'appellent le
palais Bourbon et le palais du Luxembourg.
Parfois, l'usine Luxembourg relève, ou croit
relever des malfaçons dans les marchandises
sorties do l'usine. Bourbon. Elle signale les ré-
parations à faire et retourne à Bourbon l'ob-
jet qui ne lui a pas semblé propre à être mis en
consommation.
Tantôt Bourbon rectifie son œuvre de bonne
grâce ; tantôt il refuse carrément les retouches
proposées, de sorte que l'objet peut séjourner
longtemps au magasin spécial, dans lequel il
se couvre peu à peu d'une poussière épaisse,
maintenue par les toilos d'araignée.
Mais c'est l'exception. Presque toujours on
se met d'accord sur la forme définitive drs ob-
jets fabriqués, lesquels sont alors livrés au pu-
blic par le président du syndicat général dont
les bureaux se trouvent faubourg Sl-Honoré.
La production annuelle de cette industrie,
dont l'importance domine toutes les autres, est
très considérable. Elle sa chiffre annuellement
par milliers de lignes. (L'unité est. en effet, la
ligne d'écriture, et non pas la tonne, comme
dans d'autres branches du commerce français).
Il faudrait un volume entier pour décrire
Poutillage et les procédés de fabrication tout-a-
fait spéciaux qui caractérisent la manufacture
dos lois. Rien de curieux, par exemple, comme
la réception des matières premières A certaines
heures, les voies d'accès sont envahies par une
longue file de messieurs en redingote qui por-
tent sous le bras des serviettes en maroquin
noir gonflées de notes. Celles-ci alimentent
constamment des broyeuse3 automatiques nom
mées cc commitJsions) et ressortent sous forme
de « rapports » transmis au grand hall des
machines pour la trituration définitive.
Tous ces renseignements m'ont été fournis
de la meilleure grâce du monde par un ancien
ouvrier, employé jadis dans les doux usines,
pendant de longues années.
M. X. porte gaillardement ses soixanto-dix
ans. Il a conservé bon souvenir du temps passé
dans la fourmilière dont les parois furent si
longtemps son unique horizon. Les accidents
du travail y sont, me dit-il, fort rares : quant
aux déformations professionnelles, elles se ré-
duisent généralement à quelques laryngites
chroniques de minime importance.
El, comme j'insiste pour savoir si la qualité
dos produits jetés chaque jour sur le marché
ne donne jamais lieu à réclamation de la part
du consommateur :
— Sans doute, répond l'aimable vieillard,
en croisant ses mains parcheminées sur un
abdomen imposant, sans doute, il y a des mo-
ments de presse où l'on produit trop vite pour
que la fabrication puisse être irréprochable. Le
cas s'est présenté à diverses époques,et tout ré-
cemment encore, à propos des sociétés par ac-
tions.
- Histoire d'une loi
Depuis fort longtemps, on hésitait sur le
point do savoir s'il est permis de créer, dans
une société de ce genre, des actions de priorité.
Vous connaissez, sans doute, le sens de cette
dernière expression ?
Je dus confesser mon ignorance. M. X. re-
prit, avec un imperceptible sourire :
— On appelle ainsi les actions qui donnent
droit à une rémunération prélevée sur les bé-
néfices avant toute attribution faite aux ac-
tions ordinaires. En cas de liquidation, il peut
même être stipulé que les actions privilégiées
seront remboursées avant les autres, sur l'actif
net restant disponible après paiement des det-
tes. L'intérêt pratique de cette combinaison n'est
pas douteux. Elle permet de grouper bien plus
facilement les capitaux nécessaires aux entre-
prises, en reduisant l'importance des risques.
courus par leurs détenteurs.
Ces action, très usitées à l'étranger, étaient
presque inconnues en France; le silence de la
loi, en ce qui les concerne, la crainte de for-
mer une société annulable rendaient circons-
pects les promoteurs d'affaires mises sous la
forme anonyme.
Or. il faut examiner deux points :
1° Est-il permis de créer des actions privi-
légièes dans une société lors de sa fondation,
au moyen d'une clause formelle insérée dans
les statuts ?
2° Est-il permis d'en créer lorsque la société
existe déjà depuis un temps plus ou moins
long?
Sur le premier point, la Jurisprudence et la
doctrine ont répondu affirmativement, attendu
que ce qui n'est pas défendu est permis. Trois
auteurs considérables, MM. Houpin, Rousseau
et Vavasseur, pour ne citer que ceux-là, se
rangent formellement à cette opinion.
La deuxième question, au contraire, était
résolue par !a négative ; pourtant, c'e?t au
cours de l'existence sociale que la création
d'actions privilégiées peut offrir le plus d'in-
térêt.
Alors, sous la poussée de l'opinion publique,
l'on a voté la loi du 9 juillet îyua, ainsi con-
çue : « Sauf les dispositions contraires des sla-
« tuts, la société peut créer des actions de prio-
« rilé investies du droit de participer avant les
« autres actions à la répartition des bénéfices
« ou au partage de l'actif social. »
Mais, l'outillage législatif est si nombreux, si
compliqué, que les ateliers de fabrication ou-
blient quelquefois de rechercher si la pièce nou-
velle sortie de leurs mains s'adapte bien aux
rouages déjà existants.
Ils ont perdu de vue, en la circonstance, un
certain article du code civil, très connu cepen-
dant, qui s'exprime ainsi : la loi ne dispose que
pour l'avenir ; elle n'a pas d'effet rétroactif.
Et, voyez comme il est facile do commettre
une inadvertance : l'usine Luxembourg, char-
gée du polissage, a laissé passer cette bavure
sans la rectifier.
Un oubli réparé
Ainsi, la loi nouvelle s'applique aux Sociétés
créées depuis le 9 juillet 1902, mais non aux
Sociétés antérieures,à celles qui en auraient le
plus besoin.
On a donc mis en chantier une réfection ae
ce texte, portant que « toute Société, fondée
« antérieurement ou postérieurement à la pré-
« sente loi, peut créer, etc. »
D'arrè vous, Íis-jc; la maaufacuJe aa-
tionale des lois françaises serait donc loin do
la perfection ?
— Rico. n'est impeccable en ce monde, repar-
tit mon Interlocuteur comme se parlant à lui-
même ; il.faut pourtant se féliciter que les er-
reurs commises puissent être réparées sans trop
de peine. Sous l'action lente, mais infaillible,du
progrès,tous ces - défauts disparaîtront peu à
peu. Il est bon néanmoins de les signaler de
temps à autre, pour en éviter le retour ; et la
commission extraparlemenlaire de réforme des
sociétés anonymes ne saurait Irop se prémunir
contre eux dans t'couvro, impatiemment atten-
due, qu'elle nous promet.
La nuit tombait, je pris congé de M. X.,
dont la douce philosophie m'avail laissé une
impression do charme indéfinissable.
FABRICE DURAND.
Voir à la 3a page,
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
La Proposition Coutant
-
On se rappelle qu'au cours de la discussion
do la loi de 1901, plusieurs députés avaient
proposé d'adjoindre aux dispositions votées un
article additionnel ainsi conçu :
« Nul n'est admis à diriger soit directement,
soit indirectement par personne interposée uii,
établissement industriel ou commercial, or-
phelinat ou ouvroir, do quelque nature qu'il
soit, ni à exercer ou faire exercer une indus-
trie àti-un commerce, «'H appartient à une con-
grégation religieuse. »
On annonce que M. Jules Coulant se pro-
pose do reprendre aujourd'hui cet amendement
et de le faire ajouter au projet concernant les
demandes d'aulorisation des congrégations re-
ligieuses. Il faut approuver pleinement cette
iuitialive.
Au lendemain des scandales révélés par le
procès du Bon-Pasteur devant la cour de
Nancy, il convient de se montrer excessive-
ment sévère vis-à-vis des moines et des reli-
gieuses qui font du commerce leur principale
occupation,
Ces industries cléricales présentent infini-
ment d'inconvénients. D'abord elles font au pe-
tit commerce une éoncurrence désastreuse.
N'ayant point ou peu de main-d'œuvre à
payer, elles offrent les mômes objets a des
prix inférieurs.
Et ensuite, qu'elles revêtent la forme d'orphe-
linats, d'ouvroirs ou de maisons de retraite,
elles sont en réalité de véritables bagnes reli-
gieux. Les malheureuses qui y sont attirées
sont mal nourries, obligées de travailler sans
relâche, elles s'usent la vue et la santé — pour
des salaires dérisoires. Il faut mettre fin à cette
exploitation de la personne humaine. — A.
«8»
TRIPOTAGES AU VATICAN
(De notre correspondant particulier)
Rome, 4 mars.
Les fêtes du jubilé du pape ont fait naître
une spéculation qui est vivement blâmée, même
par les plus ardents partisans du Saint-Siège.
Au bureau du Vatican, on déclare à tout ve-
nant que tous les billets d'entrée pour les gran-
dos cérémonies sont déjà pris. Pendant ce
temps, on en vend dans les grands restaurants.
Grâce à cet accaparement provoqué par cer-
tains spéculateurs, le prix d'une entrée a at-
teint le chiffre de 150 francs.
L'ESCLAVAGE AU BENADIR
IDe netre correspondant Darliculierl
Rome, 4 mars.
Au ministère des affaires étrangères, on vient
de recevoir un rapport détaillé confirmant que
l'esclavage est toujours toléré dans le Benndir,
notamment dans tes régions de Merka, de Mo-
gadischou et do Brava, où les esclaves sont
omployés à la culture de la terre. L'abolition
brusque de l'esclavage, conclut le rapport, crée-
rait une grave situation économique.
— ♦
Le prétendu mouvement des Bosers
(De notre correspondant particulierf
Shanghai, 4 mars.
Le rapport alarmiste que le vicaire apostoli-
que de Sze!chouen a envoyé à M. Albert de
Mun a produit un vif étonnement dans les co-
lonies européennes de la Chine. Le mouvement
de Boxers en question n'existe pas. Il règne,en
revanche, une vive hostilité contre les mis-
sionnaires, qu'on considère comme la cause
principale des nouveaux impôts.
Toultn et les autres chefs des Boxers sont re-
légués au nord-ouest. Ils pourraient devenir
dangereux, s'ils pouvaient rallier autour d'eux
les Chinois mahométans et les Mongols, mais
ceux-ci se trouvent tous sous l'influence russe.
Les troubles qui ont eu lieu dans la sud de la
Chine ont un caractère local et agraire. Ils
présentent beaucoup d'analogie avec lo mouve-
ment des paysans russes.
---- » -
LA GRÈVE GÉNÉRALE EN HOllANDE
{De notre correspondant particulier
La Haye, 4 mars.
Le gouvernement a pris toutes les disposi-
tions possibles pour que, en cas de grève gé-
nérale, le service des courriers sait fait par des
torpilleurs et des canonnières à travers le Zuy-
dersee et le lac de Harlingen. Au point de dé-
barquement, le courrier sera reçu par des auto-
mobiles blindés qui seront accompagnés d'une
nombreuse escorte.
AU XIIe ARRONDISSEMENT
Assemblée générale de la Caisse des
Ecoles. — Victoire républicaine.
Hier s'est tenue à la mairie du XII* arrondis-
sement l'assemblée gécérale annuelle de la
Caisse des Ecoles.
De nombreux citoyens avaient répondu à
l'appel du comité, et, malgré une campagne
d'inj ures et de calomnies menée sournoisement,
par les ennemis de l'école laïque,contre les dis-
tingués collaborateurs de la Caisse des Ecoles,
dont on cherchait par des moyons louches à
combattre la réélection, la liste d'union répu-
blicaine est passée au premier tour avec une
majorité écrasante.
Au début de la séanco, M. Pantz, maire du
121 arrondissement, a, dans une allocution
brillante, démontré les bienfaits de l'éducation
laïque. Il a rappelé que l'oeuvre de la Caisse des
Ecoles avait rendu réalisable le rêve de Miche-
let, ot qu'elle devait surtout contribuer à don-
ner à tous les enfants, riches ou pauvres, la
même éducation.
Le rapport moral et le rapport financier ont
été approuvés à l'unanimité, puis on a procédé
à l'élection du comité d'administration, qui se
trouve composé,pour Tatinée 1903, do citoyens
dévoués et fermement attachés aux institutions
républicaines. La séance a été levée à il b. 1|2
au cri de : «Vive la lépubliqueh -
A LA CHAMBRE
Lov retraites des mineurs
M. Léon Bourgeois préside.
La discussion est engagée sur l'article 57
'de la loi de finances, qui concerne la majo-
ration des retraites des ouvriers mineurs. M.
Guillain demande que la majoration soit d'oun
million au plus », et seulement à partir ee
1904».
M. Guillain. — Nous sommes d'accord sur
ces deux points. Nous estimons tous que la majo-
ration ne doit pas jouer dès l'année prochaine.
Nous savons, d'autre part, que le crédit sera de
un million au plus et ira en décroissant au fur et
à mesure que les mineurs toucheront la retraite
pleine de 360 francs. Il faut donc le dire dans la
loi, qui y gagnera en clarté.
Je demande, en outre, que les frais d'application
des dispositions que nous allons voter soient pris
sur le million alloué.
M. Jumel. — Pourquoi mettre « au plus » ?
Pourquoi parler d9 1901 ? Nous sommes tous d'ac-
cord. Quant à prélever les frais de la loi sur le
million, ca n'est pas possible ; il ne faut pas ré-
duire la part faite aux mineurs.
M. Maruéjouls. — Dans des cas similaires
les frais d'application ont toujours fait l'objet de
crédits spéciaux. Ils n'ont jamais été prélevés sur
les sommes allouées.
M-Basîy proteste contre les procédés de cer-
taines compagnies minières qui font travailler
leurs ouvriers au delà de l'âge requis pour la
retraite et retiennent 1 fr. par jour sur les sa-
laires de ces travailleurs.
M. Guillain relire son amendement. L'alinéa
suivant est adopté :
Une somme de un million de francs est af-
fectée chaque année dans les conditions déter-
minées par la loi.
Un amendement de M. Loque — pour ré-
partir lo million entre tous les ouvriers — est
repoussé.
Le deuxième paragraphe de l'art. 57 est
adopté, ainsi que le troisième, après qu'on a
repoussé un amendement de MM. Beauregard
et Guillain. M. Guillain — encore ! — déve-
loppe sur l'art. 57 un long amendement, qui,
de l'avis du rapporteur, ne fait qu'expliquer le
texte do l'article, qui est suffisamment précis.
Par 337 voix contre 202, l'amendement de M.
Guillain, repoussé par le gouvernement et par
la commission,n'est pas adopté.
Les art. 57 B et 57 C sont adoptés.
M. Janet développe un amendement à l'art.
57 D mettant à la charge des exploitants de
mines la somme d'un million prévue par l'art.
57 A.
M. Jaurès combat cet amendement qu'il dé-
clare très inférieur au texte du gouvernement :
M. Jaurès. — Sans doute les patrons de mi-
nes doivent contribuer à la retraite de leurs ou-
vriers. Mais, sans se demander si la contribution
patronale n'aurait pas de répercussion sur le salai-
re des ouvriers, il ne faut pas oublier que les re-
traites pour les travailleurs sont surtout une obli-
gation sociale. Le projet du gonvernement consacre
ce principe. Il ne s'agit pas de créer ici une situation
privilégiée aux ouvriers mineurs.
La société tout entière est appelée à payer une
dette qui incombe à la société tout entière.
M. Millevoye dit qu'il votera le projet du
gouvernement.
Par 393 voix contre 137, un amendement de
M. Janet est repoussé.
M. Beauregard demande que la contribution
des patrons de mines à la retraite des ouvriers
soit proportionnelle au temps pendant lequel
ils ont employé les ouvriers.
M. Beauregard, sur les obseruations de M.
Jamel. retire son amendement.
Les art. 51 D, E, F, G, H, I, sont adoptés,
malgré vingt amendements dont les trois quarts
sont retirées.
Le gouvernement et la commission accep-
tent un amendement de M. Beauregard, dont
voici le texte ;
Les recours au Conseil d'Etat contre les arrêtés
ministériels de répartition sont dispensés d'avocat
et ont lieu sans frais.
L'amendement est adopté.
LesTirt. 57 J. 57 N, 58, 59, 59 A sont
adoptés.
Un amendement de M. Deloccle est renvoyé
à la commission de législation fiscale.
Un incident
M. Perroche développe un amendement avant
pour objet de mettre en adjudication les bu-
reaux de tabac.
M. Rouvier demande la parole pour répon-
dre à M. PerroChe. M. Bourgeois, qui n'a pas
entendu le ministre Jes finances, met aux voix
l'amendement qui est adopté par
M. Rouvier proteste énergiquement contre la
surprise qui vient de se produire. S'il avait pu
parler, il aurait cerlainement obtenu de la
Chambre un autre vote.
Les nationalistes profitent de l'incident pour
faire un tapage considérable.
- Vous ne me fermerez pas la bouche, dit
M. Rouvier. Au Sénat, je demanderai le rejet
de l'amendement.
Le pari-mutuel
M. Riolleau demande la disjonction de
tous les amendements relatifs aux courses.
M. Empereur combat la disjonction.
M. Ruau, au nom de la commission du bud-
get, combat ausqi la dis jonction.
M. Mougeot réclame, au contraire, la dis-
jonction.
La disjonction est repoussée par 211 voix
contre 261.
H. D.
- »
Les Coulisses des Chambres
Les congrégations
Le groupe radical-socialiste s'est réuni hier
dans l'après-midi pour s'occuper de la discus-
sion sur les congrégations, qui doit s'ouvrir la
semaine prochaine, le budget paraissant devoir
être voté cette semaine.
Le groupe a exprimé le regret que M. Com-
bes ne voulût pas posor Ja question de confiance
sur la procédure à suivre dans l'examen des
demandes d'autorisation des congrégations. Il
a chargé son président de provoquer une réu-
nion des délégués des groupes de la majorité
pour examiner de nouveau cette question.
Le groupe a décidé de demander au gouver-
nement d'ordonner la fermeture du couvent du
Bon-Pasteur de Nancy, en raison des faitsqu'un
récent procès a révélés au sujet de cet établis-
sement.
Commission du budget
La commission du budget est convoquée ce
matin pour entendre M. Rouvier, ministre des
finances, au sujet de l'équilibrs du budget et
d'une disposition additionnelle de M. Georges
BerLboulat sur les réclamations, en matière de
contributions directes.
En ce qui concerne cette disposition addi-
tionnolle, M. Berthoulat s'est mis d'accord avec
le gouvernement.
Le nouveau comtnandant militaire
M. Villiers, colonel du 5' régiment de dra-
gons, est mis hors cadres ot # appelé an com-
mandement militaire du palais do la Chambre
des députés en remplacement duLcolonel de
Teyssièrc, qui est nommé au commandement
du 30 régiment d'artillerie.
Lavancelnent des officiers
Là commission de Varmée, réunie sous la
•orfeitlcace de M. Guyol Dcssaignc, a cooliQué
hier l'examen du projet relatif à l'avancement
des officiers. i
Elle examinera samedi les questions se rat-
tachant au recrutement des officiers de la ré-
serve et de l'armée active.
L'unité d'origine des officiers v.
M. A. Gervais a déposé et fait distribuer unS
proposition de loi ayant pour objet de créer la]
communauté et l'unité d'origine des officier
des armes de l'infanterie, de la cavalerie, de 'l'
l'artillerie et du génie. ;
Cette proposition comporte S articles.
Aux termes de cette proposition, nul na
pourrait être officier qui ne justifierait pas de!
dix mois de service « comme soldat ». Sainte
Cyr et Sainl-Maixent ne formeraient plus t
qu'une seule école djte Ecole spéciale militaire J
ayant deux divisions, l'une à Saint-Cyr, l'autrâ
à Saint-Maixent.
L'Ecole polytechnique serait exclusivement]
civile et ne formerait plus que des ingénieurs!
de la catégorie qu'elle produit actuellement 4
et eu outre, des a ingénieurs des arsenaux » et
des « ingénieurs des constructions », personnerj
organisé sur le type des ingénieurs des cons-i
tructions navales, I
Des Ecoles d'application sont constituées t.
Saumur, pour les officiers de cavalerie ; à Fon-
tainebleau, pour les officiers d'artillerio; &'
Versailles, pour les officiers du génie, pon ton-l
niers et chemins de fer ; à Chalais, pour les;
aéroslatiers; au Mont-Valérien pour les tél
graphistes. j
L'Ecole spéciale militaire recruterait ses 61
ves : 1* pour les 213 du nombre des élèves ad
mis, parmi les jeunes gens âgés de moins de
vingt ans, ayant satisfait aux épreuves d'un
concours: 2° pour l'autre tiers parmi les sous-j
officiers des corps de troupe, sur la présenta-;
tion de leurs chefs hiérarchiques et sans con";
cours, dans les conditions déterminées par u
règlement spécial. i
Les jeunes gens qui auront subi avec succès
les épreuves du concours et qui seront admis
à l'Ecole spéciale militaire seront répartis dans'
les régiments d'infanterie, où ils serviront fiai
an comme simples soldats. ¡
A l'expiration de leur année de service,ils se-
ront affectés à l'Ecole spéciale militaire, dont
ils suivront les cours pendant deux ans. ;
A la fin du premier semestre, chaque élève
choisira, par ordre de classement, l'arme dans
laquelle il voudra servir. )
A la sortie de l'Ecole spéciale militaire, les
élèvos qui seront affectés à l'infanterie seront
versés dans les corps de troupe de leur arme.
Ceux affectés aux autres armes suivront pen-
dont un an les cours d'une école d'application.
Ceux de la cavalerie à Saumur, de l'arlilla^
rie à Fontainebleau, du génie à Versailles.
Les collatéraux
M. Klotz a déposé un article additionnel à la
loi de finances tendant à abroger le paragra-
phe 1" de l'article 755 du Code civil et à la
remplacer par la disposition suivante : :
Les parents,au delà du quatrième degré,ne succô*
dent pas,
Cette disposition, dans la pensée de son au-
teur, serait de nature à produire une recette dit
12 à 15 millions. L'amendement ne vise que
les successions ab intestat.
Les établissements industriels de
l'Etat
Le groupe de l'étude des revendications des
ouvriers et employés des établissements de
l'Etat a décidé d'envoyer une délégation au
ministre de la guerre pour discuter avec lui
tes différentes solutions qui seraient do nature
à sauvegarder les intérêts du personnel mena-
cés par la crise actuelle.
La délégation est composée de MM. Serres,
Debève. Johanin, Cloarec, Cazeneuve, Bagno).
Piger, Briand, Levet, Charpentier, Rouby, Ta,,
vé, Godet, Dasque, Debaune.
Le groupe viticole
Le groupe viticole, présidé par M. du Périer
de Larsan, a pris, à l'unanimité,une résolution
par lequel il « déclare s'opposer à toute proro-
gation de surtaxes d'octroi sur les boissons
hygiéniques dépassant l'année 1903 D.
Le budget de 1903
La commission sénatoriale des finances, réu-
nie sous la présidence de M. Magnin, a entendu
le ministre de la guerre au sujet du budget de
son ministère et, particulièrement, des réduc-
tions que la commission y a apportées.
La commission a terminé ensuite l'examen
du budget de la guerre.
Les réductions faites par elle sur les chifTre
volés par la Chambre s'élèvent à 16 millions.
Les voies navigables
La commission sénatoriale des voies navi-
gables a adopté une résolution invitant le mi-
nistre des travaux publics à présenter sans re-
tard un avant-projet tendant à l'établissement
d'un canal latéral à la Loire, d'Angers à Or-
léans.
Le travail de la femme mariée
Interrogé par un rédacteur du Temps, sur
la proposition qui a pour objet d'assurer à la-
femme mariée la libre disposition des produits
de son travail,M. Jules Cazot,rapporteur de la
commission sénatoriale, a répondu :
Mes conclusions sont prêtes. Non seulement elles
sont favorables à la proposition de loi, mais elles
lui donnent une plus grande extension.
Je suis occupé à rédiger mon rapport que je
compte lire prochainement à la commission, d'ail-
leurs très décimée depuis sa nomination. Lorsque
le Sénat aura terminé l'examen du budget et de la
loi militaire, il pourra discuter la proposition de
loi.
♦
UN SCANDALE A VIENNE
Le départ d'un diplomate. — Perso nna
ges compromis. — Trop de décora-
tions. — Une mystification. —
La main dans le sac.
(De noire correspondant particulierf
Vienne, 4 mars.
Un incident est survenu à la cour d'Autriche,
qui a soulevé une grande sensation à Vienne :
l'exécution d'un diplomate étranger pendant
une fête à la cour, par l'empereur lui-même.
Cette disgrâce ouverte a eu aussi les suites
qu'elle comporte ; le ministre plénipotentiaire
du shah de Perse, le général Nériman Khan,
qui en est l'objet quitte, ainsi que l'annonce le
grand journal viennois, la Zett, la capitale
d'Autriche pour n'y plus revenir
D'après les bruits qui courent, plusieurs
hauts fonctionnaires du ministère des affaires
étrangères austro-hongrois, entre autres un
membre de l'ambassade d'Autriche à Paris, et
môme le ministre, le comte Goluchowsky sont
plus ou moins compromis par les causes du
renvoi du diplomate persan.
C'était depuis des années le secret de polichi-
nelle à Vienne que Neriman Khan se livrait à
toutes sortes de manœuvres plus ou moins
louches, et que fort protégé par ie hauts per-
sonnages aux affaires étrangères il était à l'a-
bri de toutes les plaintes qui étaient formulées
contre lui.
Il y a un an et demi. le Courriel dv lundi
de Vienne écrivait sous le titre « Diplomates do
choix » un article énumérant quelques méfaits
de Noriman, et demandant carrément les rai..,
sons pour lesquelles il jouissait d'une , pareilla
protection. La Voix du pgup/es'associait à cette
demande, mais le ministre dos affaires étr!ll
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NOS LEADERS
L'Art fotpsi l'tranger
Je manquerais, il me semble, à un
pieux devoir, si je ne signalais ici les
belles représentations de la Reine des
eaux, l'opéra do Louis Lacombe, qui
viennent d'être données au théâtre mu-
nicipal de Coblence, en Allemagne.
Le nom de Louis Lacombe est bien
connu des lecteurs du llappel. L'admi-
rable veuve du maître compositeur,
Mme Andrée Louis-Lacombe, était une
vieille amie de la maison, une vieille
amie de notre grand regretté Auguste
Vacquerie, qui professait pour elle une
haute estime et une sincère affection.
Et ceux qui me font l'honneur de sui-
vre mes articles savent en quels efforts
se dépensa, et jusqu'à son dernier souf-
fle. cette noble femme pour que justice
fût rendue à celui qu'elle appelait avec
une grâce si touchante et si charmante :
« le pauvre maître», et dont elle por-
tait si dignement le nom.
Louis Lacombe, dont la carrière, ce-
pendant, avait commencé sous de bril-
lants auspices, ne connut point, de son
vivant, la gloire qu'il ambitionnait,
dont il était digne, à laquelle il avait
droit. C'était un de ces travailleurs
probes et modestes qui font des œuvres
et attendent qu'on vienne chez eux les
découvrir. On ne vient pas. De plus en
plus, la fortune appartient aux récla-
mistes, aux arrivistes, à ceux qui se
préoccupent infiniment moins de l'œu-
vre à créer que du succès à organiser.
Quand Louis Lacombe mourut, il
laissait des opéras, des symphonies,
des mélodies, par monceaux,**tout cela
presque resté inédit; et son nom n'é-
tait guère connu que d'un petit cercle
d'intimes, d'une très restreinte élite
d'artistes.
Cette gloire qui s'était refusée à lui,
parce qu'il n'avait pas été assez habile
pour la conquérir, assez brutal pour
la violer, sa veuve voulut la faire
fleurir sur sa tombe. S'oubliant elle-
même, elle se consacra à la grande tâ-
che de réparation. Pendant vingt ans
et plus, elle multiplia les tentatives, les
démarches, se donna tout entière, ré-
pétant sans relâche co nom : Louis La-
combe, espérant à force de labeur et de
dévouement finir par apprendre ce nom
aux gens qui passent.
Quelle admiration nous avons éprou-
Vce, nous autres , qui entourions Mme
Louis-Lacombe de notre respect atten-
dri, pour ce dévouement par delà la
mort. Après tout, vous savez, il fut heu-
reux, ce Louis-Lacombe ; il fut aimé.
Combien il faut plaindre ceux qui,
n'ayant point rencontré la compagne
dont leur cœur et leur intelligence
avaient besoin, vieillissent seuls; cer-
tes, mieux vaut mille fois être mort et
être aimé 1
**.
Mais quelle amertume de penser au
cliétif résultat auquel ont abouti, en
France, les efforts de Mme Louis-La-
combe ! Qu'a-t-elle obtenu? Rien, pres-
que. Bourges, où est né Louis-Lacombe,
a dressé son buste, a donné son nom à
une rue; çà et là, dans des concerts à
Paris, nous avons entendu quelques
fragmonts épars de ses œuvres ; Mme
Lacombe était, au prix de quels sacri-
fices, parvenue à faire graver un des
opéras de son mari : Winkelried ; per-
sonne n'a tourné la tête ; elle a aussi
publié des volumes de poésie — car
Louis Lacombe était poète en même
temps que compositeur; on ne les a
point remarqués. Que voulez-vous? La
lutte pour la vie est âpre; on se bous-
cule sur l'étroit chemin ; c'est à qui
écrasera l'autre pour passer ; les ab-
sents, les morts, ont tort.
Il y a pou d'espoir, à présent, que
Louis Lacombo obtienne jamais, en
France, la place qui lui est due. Heureu-
semenl- j'écris cet adverbe avec une
ironie amère — il y a l'étranger.
En Suisse, en Allemagne surtout, Mme
Andrée Louis-Lacombe a pu susciter les
enthousiasmes que vainement elle a
tenté de faire naître ici. Winkelried a
d'abord été représenté à Genève, puis à
Coblence ; l'an dernier, à Sonderhaus-
sen, en Bavière, on représentait la Reine
des eaux, autre opéra de Louis La-
combe ; et cette Reine des eaux vient —
le 21 février dernier, d'être représentée
à Coblenca avec un éclatant succès. J'ai
là les extraits de différents journaux :
10 Coblcnzet-Zcilung, le Rhein und Mo-
selbote qui analysent l'œuv.re, compli-
mentent les interprètes et constatent les
bravos soulevés par l'œuvre.
Sollicité d'assister à cette représenta-
tion, j'ai dû, à mon très vif regret, me
récuser, vu mon état de santé ; mais les
témoignages imprimés que l'on a bien
voulu m envoyer renseignent suffisam-
ment sur l'accueil chaleureux fait à l'o-
péra de Louis Lacombe. Les applaudis-
sements étaient « frénétiques», dit un
des journaux que j'ai là ; et, lors de la
deux" 6me représentation, quelques jours
après, la salle était absolument comble.
Je no suis pas, on lo sait, suspect de
Ipnûs esse pour les Allemands, mais en-
lin il y aurait puérilité à contester leur
goût passionné pour la musique et, par
suite, leur compétence. La musique que
les compatriotes et admirateurs de Mo-
lart). de BeeUiçvço et de Wagner ap-
plaudissent d'enthousiasme, ade grandes
chances pour être de la bonne musique,
ne vous semble-t-il pas?
Il parait que, pendant les entr'actes, à
Coblence, on haussait les épaules quel-
que peu dédaigneusement en parlant de
ces pauvres Français qui ne connaissent
point cette musique française, recueillie
en Allemagne, adoptée en Allemagne.
Il m'est impossible, je l'avoue, de ne
pas ressentir quelque mauvaise humeur,
où il entre beaucoup d'humiliation.
Ah ! c'est comme cela que nous laissons
perdre nos grands hommes ! L'Allema-
gne les ramasse et à ceux que nous
avons méprisés, par ignorance, elle fait
l'aumône d'une gloire posthume. Allez
à Coblence ; on y joue de la belle et
bonne musique française que nous ne
connaissons pas en France. N'est-ce pas
enrageant, dites?. Mais je devais à la
mémoire vénérée de ma vieille amie de
raconter le succès de la Reine des Eaux;'
mettez que cet article, c'est un petit bou-
quet de violettes de deux sous, effeuillé
sur sa tombe.
Lucien Victor-Meunier.
L'INTERPELLATION LAFFERRE
M. Lafferre, député de l'Hé-
rault, a déposé, hier soir, une
demande d'interpellation à M.
le président du Conseil, à pro-
pos des sanctions que ce dernier
compte appliquer à la congré-
gation des sœurs du Bon-Pas-
teur. Il s'agit - c'est ce que je disais hier
ici même — des scandales abominables qui
se sont pioduits à Nancy et qu'un arrêt de
justice a flétris. Sur le désir de M. Combes,
mon collègue M. Lafferre a ajourné à lundi
le dépôt officiel de son interpellation.
D'ici là, le président du Conseil voudrait
probablement faire une enquête. Or, cette
enquête ne pourrait être qu'administrative.
A priori, elle est inutile. En quoi, en effet,
pourrait-elle infirmer une enquête judi-
ciaire qui, fatalement, a été contradictoire,
en ce sens tout au moins que l'avocat des
sœurs du Bon Pasteur a dû apporter à la
barre tous les arguments en faveur de ses
clientes, de façon à gagner son procès ?
Et puis l'arrêt intervenant, solennel,
après celui qui avait été rendu par l'évêque
de Nancy dans des termes impitoyables,
n'a t-il pas une force plus démonstrative,
avec ses considérants si sévères et la con-
damnation prononcée, que toutes les en-
quêtes des préfets et des commissaires,
même spéciaux ?
Il suit de là qu'un décret de fermeture
devrait être signé et signifié à cette heure.
A moins que l'honorable président du
conseil ne se pose cette question : « Que
vais-je faire des enfants élevés à Nancy par
les sœurs du Bon-Pasteur ? » La question
a son importance. Qui songerait à le con-
tester? Mais qui ne sait aussi que cette
question s'est posée,dés le jour où l'évêque
de Nancy a parlé et où la justice a été sai-
sie? Le gouvernement était renseigné d'une
façon précise, quand ce ne serait que par
les soins de son procureur général.
Donc il devait ou il aurait dû prendre ses
précautions de manière à n'être pas sur-
pris par l'arrêt de la Cour et à bien montrer
son dessein d'appliquer, non pas dans sa
lettre, — ce qui lui aurait paru peut être
trop rigoureux — mais dans son esprit- ce
qui suffirait aux républicains — la loi des
associations de 1901.
Hélas ! il semble que rien, jusqu'ici, n'a
été fait dans ce sens. Espérons toutefois,
qu'avant lundi, le président du conseil aura
rendu publiques les mesures qu'assurément
il a décidé de prendre contre les sœurs du
Bon-Pasteur. — Ch. B.
Laïcisations effectives
L'œuvre de laïcisation des hôpitaux est en-
core incomplète; du moins, là où elle s'est
opéré9, les religieuses ont été remplacées par
de vraies laïques, par des infirmières et par
des surveillantes qui sont absolument étran-
gères à la congrégation.
Les enfants ont moins de chance que les ma-
lades; tes écoles qu'on laïcise continuent trop
souvent à distribuer l'enseignement des moines.
On nous signale que les écoles du Morbihan
et du Finistère, fermées avec tant d'éclat, se
sont rouvertes une à une. Le gouvernement
avait escompté qu'un certain nombre de ces
établissements ne garderaient pas leurs portes
fermées. Nous nous plaisons à croire, cepen-
dant, que M. Combes n'avait pas prévu un
épanouissement si remarquable de l'éducation
congreganisto.
On nous dira que les « sœurs » ont été rem-
placées par des jeunes filles et des jeunes fem-
mes qui ne se coiffent pas de cornettes. Mais ce
n'est pas dos cornettes que nous avons pour ;
nous craignons, pour la santé morale de la
jeunesse française, le poison de l'esprit clérical.
Que ce poison soit distribué auxécoliers par les
nonnes elles-mêmes ou par des personnes à leur
service, le danger ne change pas de nature ; il
ne diminue pas non plus de virulence.
Ce qui est extraordinaire, c'est la facilité
dont les congrégaticns ont bénéficié pour re-
cruter un personnel, soi-disant laïque. L
Il faut savoir que si la certificat d'aptitude
pédagogique est exigé de tous nos instituteurs
et de toutes nos institutrices titulaires — et à
plus forte raison des directrices d'écoles laï-
ques — le brevet élémentaire suffit à ceux qui
aspirent à dirigor une école « litre ».
Or, chaque année, on distribue 16.000 à
17.000 brevets élémentaires, tandis que les
certificats d'aptitude pédagogique ne sont mé-
rités que par 3.000 à 3.200 jeunes gens.
D'autre part, de 1880 à 1900, 97.000 porteurs
de brevets élémentaires se sont présentés aux
examens des écoles normales de garçons,
40.000 environ ont été admis. Sur 60.000 can-
didates aux écoles normales de je.unes filles,
30.000 ont été admises.
il y a donc par le pays 77.000 fruits secs,
garçons étoiles, jugés incapables de professer
dans les écoles de l'Etat. Dans cette masse de
maîtres et de maîtresses refusés, mécontents,ai-
gris, les congréganisles rencontrent do trop
nombreux concours. - -
La nécessité de légalité des titres pour les
directeurs et directrices d'établissements de
l'Etat ot d'établissements libres nous- paraîtrait
donc absolument nécessaire.. si nous n'espé-
rions un progrès plus considérable, par l'abo-
lition de la loi Falloux, par la réforme do la
loi de 1886, et par la transformation do ren-
seignement en graatf service public. — IIUQues
Dcsinm* -'
QUESTIONS ACTUELLES
COMMENT SE FAIT LA LOI
L'usine modèle. — Matières premières
et produits fabriqués. — Les mal-
façons. — Comment on les ré-
pare. — Actions de priorité.
- Avantages. — La loi
n'a pas d'effet rétroac-
tif. — Remise du
texte en chan-
tier.
Quai d'Orsay, au bout du pont de la Con-
corde, s'élève une grande usine occupant de
vastes terrains. Elle fournit annuellement du
travail à plusieurs centaines d'ouvriers.
C'est la « Manufacture nationale des lois ».
Entrons. Voici les ateliers de préparation où
l'on dégrossit la matière première ; les bu-
reaux, la comptabilité; enfin le grand hall
qui retentit continuellement du bruit causé
par le montage el l'ajustage des pièces déta-
chées.
A quelques kilomètres, il existe une usine
annexe pour la vérification et le polissage final
des produits. Ceux-ci subissent l'examen d'un
personnel recruté généralement parmi les an
ciens contre maîtres et chefs ouvriers de l'u-
sine principale.
Ces deux loinples du travail s'appellent le
palais Bourbon et le palais du Luxembourg.
Parfois, l'usine Luxembourg relève, ou croit
relever des malfaçons dans les marchandises
sorties do l'usine. Bourbon. Elle signale les ré-
parations à faire et retourne à Bourbon l'ob-
jet qui ne lui a pas semblé propre à être mis en
consommation.
Tantôt Bourbon rectifie son œuvre de bonne
grâce ; tantôt il refuse carrément les retouches
proposées, de sorte que l'objet peut séjourner
longtemps au magasin spécial, dans lequel il
se couvre peu à peu d'une poussière épaisse,
maintenue par les toilos d'araignée.
Mais c'est l'exception. Presque toujours on
se met d'accord sur la forme définitive drs ob-
jets fabriqués, lesquels sont alors livrés au pu-
blic par le président du syndicat général dont
les bureaux se trouvent faubourg Sl-Honoré.
La production annuelle de cette industrie,
dont l'importance domine toutes les autres, est
très considérable. Elle sa chiffre annuellement
par milliers de lignes. (L'unité est. en effet, la
ligne d'écriture, et non pas la tonne, comme
dans d'autres branches du commerce français).
Il faudrait un volume entier pour décrire
Poutillage et les procédés de fabrication tout-a-
fait spéciaux qui caractérisent la manufacture
dos lois. Rien de curieux, par exemple, comme
la réception des matières premières A certaines
heures, les voies d'accès sont envahies par une
longue file de messieurs en redingote qui por-
tent sous le bras des serviettes en maroquin
noir gonflées de notes. Celles-ci alimentent
constamment des broyeuse3 automatiques nom
mées cc commitJsions) et ressortent sous forme
de « rapports » transmis au grand hall des
machines pour la trituration définitive.
Tous ces renseignements m'ont été fournis
de la meilleure grâce du monde par un ancien
ouvrier, employé jadis dans les doux usines,
pendant de longues années.
M. X. porte gaillardement ses soixanto-dix
ans. Il a conservé bon souvenir du temps passé
dans la fourmilière dont les parois furent si
longtemps son unique horizon. Les accidents
du travail y sont, me dit-il, fort rares : quant
aux déformations professionnelles, elles se ré-
duisent généralement à quelques laryngites
chroniques de minime importance.
El, comme j'insiste pour savoir si la qualité
dos produits jetés chaque jour sur le marché
ne donne jamais lieu à réclamation de la part
du consommateur :
— Sans doute, répond l'aimable vieillard,
en croisant ses mains parcheminées sur un
abdomen imposant, sans doute, il y a des mo-
ments de presse où l'on produit trop vite pour
que la fabrication puisse être irréprochable. Le
cas s'est présenté à diverses époques,et tout ré-
cemment encore, à propos des sociétés par ac-
tions.
- Histoire d'une loi
Depuis fort longtemps, on hésitait sur le
point do savoir s'il est permis de créer, dans
une société de ce genre, des actions de priorité.
Vous connaissez, sans doute, le sens de cette
dernière expression ?
Je dus confesser mon ignorance. M. X. re-
prit, avec un imperceptible sourire :
— On appelle ainsi les actions qui donnent
droit à une rémunération prélevée sur les bé-
néfices avant toute attribution faite aux ac-
tions ordinaires. En cas de liquidation, il peut
même être stipulé que les actions privilégiées
seront remboursées avant les autres, sur l'actif
net restant disponible après paiement des det-
tes. L'intérêt pratique de cette combinaison n'est
pas douteux. Elle permet de grouper bien plus
facilement les capitaux nécessaires aux entre-
prises, en reduisant l'importance des risques.
courus par leurs détenteurs.
Ces action, très usitées à l'étranger, étaient
presque inconnues en France; le silence de la
loi, en ce qui les concerne, la crainte de for-
mer une société annulable rendaient circons-
pects les promoteurs d'affaires mises sous la
forme anonyme.
Or. il faut examiner deux points :
1° Est-il permis de créer des actions privi-
légièes dans une société lors de sa fondation,
au moyen d'une clause formelle insérée dans
les statuts ?
2° Est-il permis d'en créer lorsque la société
existe déjà depuis un temps plus ou moins
long?
Sur le premier point, la Jurisprudence et la
doctrine ont répondu affirmativement, attendu
que ce qui n'est pas défendu est permis. Trois
auteurs considérables, MM. Houpin, Rousseau
et Vavasseur, pour ne citer que ceux-là, se
rangent formellement à cette opinion.
La deuxième question, au contraire, était
résolue par !a négative ; pourtant, c'e?t au
cours de l'existence sociale que la création
d'actions privilégiées peut offrir le plus d'in-
térêt.
Alors, sous la poussée de l'opinion publique,
l'on a voté la loi du 9 juillet îyua, ainsi con-
çue : « Sauf les dispositions contraires des sla-
« tuts, la société peut créer des actions de prio-
« rilé investies du droit de participer avant les
« autres actions à la répartition des bénéfices
« ou au partage de l'actif social. »
Mais, l'outillage législatif est si nombreux, si
compliqué, que les ateliers de fabrication ou-
blient quelquefois de rechercher si la pièce nou-
velle sortie de leurs mains s'adapte bien aux
rouages déjà existants.
Ils ont perdu de vue, en la circonstance, un
certain article du code civil, très connu cepen-
dant, qui s'exprime ainsi : la loi ne dispose que
pour l'avenir ; elle n'a pas d'effet rétroactif.
Et, voyez comme il est facile do commettre
une inadvertance : l'usine Luxembourg, char-
gée du polissage, a laissé passer cette bavure
sans la rectifier.
Un oubli réparé
Ainsi, la loi nouvelle s'applique aux Sociétés
créées depuis le 9 juillet 1902, mais non aux
Sociétés antérieures,à celles qui en auraient le
plus besoin.
On a donc mis en chantier une réfection ae
ce texte, portant que « toute Société, fondée
« antérieurement ou postérieurement à la pré-
« sente loi, peut créer, etc. »
D'arrè vous, Íis-jc; la maaufacuJe aa-
tionale des lois françaises serait donc loin do
la perfection ?
— Rico. n'est impeccable en ce monde, repar-
tit mon Interlocuteur comme se parlant à lui-
même ; il.faut pourtant se féliciter que les er-
reurs commises puissent être réparées sans trop
de peine. Sous l'action lente, mais infaillible,du
progrès,tous ces - défauts disparaîtront peu à
peu. Il est bon néanmoins de les signaler de
temps à autre, pour en éviter le retour ; et la
commission extraparlemenlaire de réforme des
sociétés anonymes ne saurait Irop se prémunir
contre eux dans t'couvro, impatiemment atten-
due, qu'elle nous promet.
La nuit tombait, je pris congé de M. X.,
dont la douce philosophie m'avail laissé une
impression do charme indéfinissable.
FABRICE DURAND.
Voir à la 3a page,
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
La Proposition Coutant
-
On se rappelle qu'au cours de la discussion
do la loi de 1901, plusieurs députés avaient
proposé d'adjoindre aux dispositions votées un
article additionnel ainsi conçu :
« Nul n'est admis à diriger soit directement,
soit indirectement par personne interposée uii,
établissement industriel ou commercial, or-
phelinat ou ouvroir, do quelque nature qu'il
soit, ni à exercer ou faire exercer une indus-
trie àti-un commerce, «'H appartient à une con-
grégation religieuse. »
On annonce que M. Jules Coulant se pro-
pose do reprendre aujourd'hui cet amendement
et de le faire ajouter au projet concernant les
demandes d'aulorisation des congrégations re-
ligieuses. Il faut approuver pleinement cette
iuitialive.
Au lendemain des scandales révélés par le
procès du Bon-Pasteur devant la cour de
Nancy, il convient de se montrer excessive-
ment sévère vis-à-vis des moines et des reli-
gieuses qui font du commerce leur principale
occupation,
Ces industries cléricales présentent infini-
ment d'inconvénients. D'abord elles font au pe-
tit commerce une éoncurrence désastreuse.
N'ayant point ou peu de main-d'œuvre à
payer, elles offrent les mômes objets a des
prix inférieurs.
Et ensuite, qu'elles revêtent la forme d'orphe-
linats, d'ouvroirs ou de maisons de retraite,
elles sont en réalité de véritables bagnes reli-
gieux. Les malheureuses qui y sont attirées
sont mal nourries, obligées de travailler sans
relâche, elles s'usent la vue et la santé — pour
des salaires dérisoires. Il faut mettre fin à cette
exploitation de la personne humaine. — A.
«8»
TRIPOTAGES AU VATICAN
(De notre correspondant particulier)
Rome, 4 mars.
Les fêtes du jubilé du pape ont fait naître
une spéculation qui est vivement blâmée, même
par les plus ardents partisans du Saint-Siège.
Au bureau du Vatican, on déclare à tout ve-
nant que tous les billets d'entrée pour les gran-
dos cérémonies sont déjà pris. Pendant ce
temps, on en vend dans les grands restaurants.
Grâce à cet accaparement provoqué par cer-
tains spéculateurs, le prix d'une entrée a at-
teint le chiffre de 150 francs.
L'ESCLAVAGE AU BENADIR
IDe netre correspondant Darliculierl
Rome, 4 mars.
Au ministère des affaires étrangères, on vient
de recevoir un rapport détaillé confirmant que
l'esclavage est toujours toléré dans le Benndir,
notamment dans tes régions de Merka, de Mo-
gadischou et do Brava, où les esclaves sont
omployés à la culture de la terre. L'abolition
brusque de l'esclavage, conclut le rapport, crée-
rait une grave situation économique.
— ♦
Le prétendu mouvement des Bosers
(De notre correspondant particulierf
Shanghai, 4 mars.
Le rapport alarmiste que le vicaire apostoli-
que de Sze!chouen a envoyé à M. Albert de
Mun a produit un vif étonnement dans les co-
lonies européennes de la Chine. Le mouvement
de Boxers en question n'existe pas. Il règne,en
revanche, une vive hostilité contre les mis-
sionnaires, qu'on considère comme la cause
principale des nouveaux impôts.
Toultn et les autres chefs des Boxers sont re-
légués au nord-ouest. Ils pourraient devenir
dangereux, s'ils pouvaient rallier autour d'eux
les Chinois mahométans et les Mongols, mais
ceux-ci se trouvent tous sous l'influence russe.
Les troubles qui ont eu lieu dans la sud de la
Chine ont un caractère local et agraire. Ils
présentent beaucoup d'analogie avec lo mouve-
ment des paysans russes.
---- » -
LA GRÈVE GÉNÉRALE EN HOllANDE
{De notre correspondant particulier
La Haye, 4 mars.
Le gouvernement a pris toutes les disposi-
tions possibles pour que, en cas de grève gé-
nérale, le service des courriers sait fait par des
torpilleurs et des canonnières à travers le Zuy-
dersee et le lac de Harlingen. Au point de dé-
barquement, le courrier sera reçu par des auto-
mobiles blindés qui seront accompagnés d'une
nombreuse escorte.
AU XIIe ARRONDISSEMENT
Assemblée générale de la Caisse des
Ecoles. — Victoire républicaine.
Hier s'est tenue à la mairie du XII* arrondis-
sement l'assemblée gécérale annuelle de la
Caisse des Ecoles.
De nombreux citoyens avaient répondu à
l'appel du comité, et, malgré une campagne
d'inj ures et de calomnies menée sournoisement,
par les ennemis de l'école laïque,contre les dis-
tingués collaborateurs de la Caisse des Ecoles,
dont on cherchait par des moyons louches à
combattre la réélection, la liste d'union répu-
blicaine est passée au premier tour avec une
majorité écrasante.
Au début de la séanco, M. Pantz, maire du
121 arrondissement, a, dans une allocution
brillante, démontré les bienfaits de l'éducation
laïque. Il a rappelé que l'oeuvre de la Caisse des
Ecoles avait rendu réalisable le rêve de Miche-
let, ot qu'elle devait surtout contribuer à don-
ner à tous les enfants, riches ou pauvres, la
même éducation.
Le rapport moral et le rapport financier ont
été approuvés à l'unanimité, puis on a procédé
à l'élection du comité d'administration, qui se
trouve composé,pour Tatinée 1903, do citoyens
dévoués et fermement attachés aux institutions
républicaines. La séance a été levée à il b. 1|2
au cri de : «Vive la lépubliqueh -
A LA CHAMBRE
Lov retraites des mineurs
M. Léon Bourgeois préside.
La discussion est engagée sur l'article 57
'de la loi de finances, qui concerne la majo-
ration des retraites des ouvriers mineurs. M.
Guillain demande que la majoration soit d'oun
million au plus », et seulement à partir ee
1904».
M. Guillain. — Nous sommes d'accord sur
ces deux points. Nous estimons tous que la majo-
ration ne doit pas jouer dès l'année prochaine.
Nous savons, d'autre part, que le crédit sera de
un million au plus et ira en décroissant au fur et
à mesure que les mineurs toucheront la retraite
pleine de 360 francs. Il faut donc le dire dans la
loi, qui y gagnera en clarté.
Je demande, en outre, que les frais d'application
des dispositions que nous allons voter soient pris
sur le million alloué.
M. Jumel. — Pourquoi mettre « au plus » ?
Pourquoi parler d9 1901 ? Nous sommes tous d'ac-
cord. Quant à prélever les frais de la loi sur le
million, ca n'est pas possible ; il ne faut pas ré-
duire la part faite aux mineurs.
M. Maruéjouls. — Dans des cas similaires
les frais d'application ont toujours fait l'objet de
crédits spéciaux. Ils n'ont jamais été prélevés sur
les sommes allouées.
M-Basîy proteste contre les procédés de cer-
taines compagnies minières qui font travailler
leurs ouvriers au delà de l'âge requis pour la
retraite et retiennent 1 fr. par jour sur les sa-
laires de ces travailleurs.
M. Guillain relire son amendement. L'alinéa
suivant est adopté :
Une somme de un million de francs est af-
fectée chaque année dans les conditions déter-
minées par la loi.
Un amendement de M. Loque — pour ré-
partir lo million entre tous les ouvriers — est
repoussé.
Le deuxième paragraphe de l'art. 57 est
adopté, ainsi que le troisième, après qu'on a
repoussé un amendement de MM. Beauregard
et Guillain. M. Guillain — encore ! — déve-
loppe sur l'art. 57 un long amendement, qui,
de l'avis du rapporteur, ne fait qu'expliquer le
texte do l'article, qui est suffisamment précis.
Par 337 voix contre 202, l'amendement de M.
Guillain, repoussé par le gouvernement et par
la commission,n'est pas adopté.
Les art. 57 B et 57 C sont adoptés.
M. Janet développe un amendement à l'art.
57 D mettant à la charge des exploitants de
mines la somme d'un million prévue par l'art.
57 A.
M. Jaurès combat cet amendement qu'il dé-
clare très inférieur au texte du gouvernement :
M. Jaurès. — Sans doute les patrons de mi-
nes doivent contribuer à la retraite de leurs ou-
vriers. Mais, sans se demander si la contribution
patronale n'aurait pas de répercussion sur le salai-
re des ouvriers, il ne faut pas oublier que les re-
traites pour les travailleurs sont surtout une obli-
gation sociale. Le projet du gonvernement consacre
ce principe. Il ne s'agit pas de créer ici une situation
privilégiée aux ouvriers mineurs.
La société tout entière est appelée à payer une
dette qui incombe à la société tout entière.
M. Millevoye dit qu'il votera le projet du
gouvernement.
Par 393 voix contre 137, un amendement de
M. Janet est repoussé.
M. Beauregard demande que la contribution
des patrons de mines à la retraite des ouvriers
soit proportionnelle au temps pendant lequel
ils ont employé les ouvriers.
M. Beauregard, sur les obseruations de M.
Jamel. retire son amendement.
Les art. 51 D, E, F, G, H, I, sont adoptés,
malgré vingt amendements dont les trois quarts
sont retirées.
Le gouvernement et la commission accep-
tent un amendement de M. Beauregard, dont
voici le texte ;
Les recours au Conseil d'Etat contre les arrêtés
ministériels de répartition sont dispensés d'avocat
et ont lieu sans frais.
L'amendement est adopté.
LesTirt. 57 J. 57 N, 58, 59, 59 A sont
adoptés.
Un amendement de M. Deloccle est renvoyé
à la commission de législation fiscale.
Un incident
M. Perroche développe un amendement avant
pour objet de mettre en adjudication les bu-
reaux de tabac.
M. Rouvier demande la parole pour répon-
dre à M. PerroChe. M. Bourgeois, qui n'a pas
entendu le ministre Jes finances, met aux voix
l'amendement qui est adopté par
M. Rouvier proteste énergiquement contre la
surprise qui vient de se produire. S'il avait pu
parler, il aurait cerlainement obtenu de la
Chambre un autre vote.
Les nationalistes profitent de l'incident pour
faire un tapage considérable.
- Vous ne me fermerez pas la bouche, dit
M. Rouvier. Au Sénat, je demanderai le rejet
de l'amendement.
Le pari-mutuel
M. Riolleau demande la disjonction de
tous les amendements relatifs aux courses.
M. Empereur combat la disjonction.
M. Ruau, au nom de la commission du bud-
get, combat ausqi la dis jonction.
M. Mougeot réclame, au contraire, la dis-
jonction.
La disjonction est repoussée par 211 voix
contre 261.
H. D.
- »
Les Coulisses des Chambres
Les congrégations
Le groupe radical-socialiste s'est réuni hier
dans l'après-midi pour s'occuper de la discus-
sion sur les congrégations, qui doit s'ouvrir la
semaine prochaine, le budget paraissant devoir
être voté cette semaine.
Le groupe a exprimé le regret que M. Com-
bes ne voulût pas posor Ja question de confiance
sur la procédure à suivre dans l'examen des
demandes d'autorisation des congrégations. Il
a chargé son président de provoquer une réu-
nion des délégués des groupes de la majorité
pour examiner de nouveau cette question.
Le groupe a décidé de demander au gouver-
nement d'ordonner la fermeture du couvent du
Bon-Pasteur de Nancy, en raison des faitsqu'un
récent procès a révélés au sujet de cet établis-
sement.
Commission du budget
La commission du budget est convoquée ce
matin pour entendre M. Rouvier, ministre des
finances, au sujet de l'équilibrs du budget et
d'une disposition additionnelle de M. Georges
BerLboulat sur les réclamations, en matière de
contributions directes.
En ce qui concerne cette disposition addi-
tionnolle, M. Berthoulat s'est mis d'accord avec
le gouvernement.
Le nouveau comtnandant militaire
M. Villiers, colonel du 5' régiment de dra-
gons, est mis hors cadres ot # appelé an com-
mandement militaire du palais do la Chambre
des députés en remplacement duLcolonel de
Teyssièrc, qui est nommé au commandement
du 30 régiment d'artillerie.
Lavancelnent des officiers
Là commission de Varmée, réunie sous la
•orfeitlcace de M. Guyol Dcssaignc, a cooliQué
hier l'examen du projet relatif à l'avancement
des officiers. i
Elle examinera samedi les questions se rat-
tachant au recrutement des officiers de la ré-
serve et de l'armée active.
L'unité d'origine des officiers v.
M. A. Gervais a déposé et fait distribuer unS
proposition de loi ayant pour objet de créer la]
communauté et l'unité d'origine des officier
des armes de l'infanterie, de la cavalerie, de 'l'
l'artillerie et du génie. ;
Cette proposition comporte S articles.
Aux termes de cette proposition, nul na
pourrait être officier qui ne justifierait pas de!
dix mois de service « comme soldat ». Sainte
Cyr et Sainl-Maixent ne formeraient plus t
qu'une seule école djte Ecole spéciale militaire J
ayant deux divisions, l'une à Saint-Cyr, l'autrâ
à Saint-Maixent.
L'Ecole polytechnique serait exclusivement]
civile et ne formerait plus que des ingénieurs!
de la catégorie qu'elle produit actuellement 4
et eu outre, des a ingénieurs des arsenaux » et
des « ingénieurs des constructions », personnerj
organisé sur le type des ingénieurs des cons-i
tructions navales, I
Des Ecoles d'application sont constituées t.
Saumur, pour les officiers de cavalerie ; à Fon-
tainebleau, pour les officiers d'artillerio; &'
Versailles, pour les officiers du génie, pon ton-l
niers et chemins de fer ; à Chalais, pour les;
aéroslatiers; au Mont-Valérien pour les tél
graphistes. j
L'Ecole spéciale militaire recruterait ses 61
ves : 1* pour les 213 du nombre des élèves ad
mis, parmi les jeunes gens âgés de moins de
vingt ans, ayant satisfait aux épreuves d'un
concours: 2° pour l'autre tiers parmi les sous-j
officiers des corps de troupe, sur la présenta-;
tion de leurs chefs hiérarchiques et sans con";
cours, dans les conditions déterminées par u
règlement spécial. i
Les jeunes gens qui auront subi avec succès
les épreuves du concours et qui seront admis
à l'Ecole spéciale militaire seront répartis dans'
les régiments d'infanterie, où ils serviront fiai
an comme simples soldats. ¡
A l'expiration de leur année de service,ils se-
ront affectés à l'Ecole spéciale militaire, dont
ils suivront les cours pendant deux ans. ;
A la fin du premier semestre, chaque élève
choisira, par ordre de classement, l'arme dans
laquelle il voudra servir. )
A la sortie de l'Ecole spéciale militaire, les
élèvos qui seront affectés à l'infanterie seront
versés dans les corps de troupe de leur arme.
Ceux affectés aux autres armes suivront pen-
dont un an les cours d'une école d'application.
Ceux de la cavalerie à Saumur, de l'arlilla^
rie à Fontainebleau, du génie à Versailles.
Les collatéraux
M. Klotz a déposé un article additionnel à la
loi de finances tendant à abroger le paragra-
phe 1" de l'article 755 du Code civil et à la
remplacer par la disposition suivante : :
Les parents,au delà du quatrième degré,ne succô*
dent pas,
Cette disposition, dans la pensée de son au-
teur, serait de nature à produire une recette dit
12 à 15 millions. L'amendement ne vise que
les successions ab intestat.
Les établissements industriels de
l'Etat
Le groupe de l'étude des revendications des
ouvriers et employés des établissements de
l'Etat a décidé d'envoyer une délégation au
ministre de la guerre pour discuter avec lui
tes différentes solutions qui seraient do nature
à sauvegarder les intérêts du personnel mena-
cés par la crise actuelle.
La délégation est composée de MM. Serres,
Debève. Johanin, Cloarec, Cazeneuve, Bagno).
Piger, Briand, Levet, Charpentier, Rouby, Ta,,
vé, Godet, Dasque, Debaune.
Le groupe viticole
Le groupe viticole, présidé par M. du Périer
de Larsan, a pris, à l'unanimité,une résolution
par lequel il « déclare s'opposer à toute proro-
gation de surtaxes d'octroi sur les boissons
hygiéniques dépassant l'année 1903 D.
Le budget de 1903
La commission sénatoriale des finances, réu-
nie sous la présidence de M. Magnin, a entendu
le ministre de la guerre au sujet du budget de
son ministère et, particulièrement, des réduc-
tions que la commission y a apportées.
La commission a terminé ensuite l'examen
du budget de la guerre.
Les réductions faites par elle sur les chifTre
volés par la Chambre s'élèvent à 16 millions.
Les voies navigables
La commission sénatoriale des voies navi-
gables a adopté une résolution invitant le mi-
nistre des travaux publics à présenter sans re-
tard un avant-projet tendant à l'établissement
d'un canal latéral à la Loire, d'Angers à Or-
léans.
Le travail de la femme mariée
Interrogé par un rédacteur du Temps, sur
la proposition qui a pour objet d'assurer à la-
femme mariée la libre disposition des produits
de son travail,M. Jules Cazot,rapporteur de la
commission sénatoriale, a répondu :
Mes conclusions sont prêtes. Non seulement elles
sont favorables à la proposition de loi, mais elles
lui donnent une plus grande extension.
Je suis occupé à rédiger mon rapport que je
compte lire prochainement à la commission, d'ail-
leurs très décimée depuis sa nomination. Lorsque
le Sénat aura terminé l'examen du budget et de la
loi militaire, il pourra discuter la proposition de
loi.
♦
UN SCANDALE A VIENNE
Le départ d'un diplomate. — Perso nna
ges compromis. — Trop de décora-
tions. — Une mystification. —
La main dans le sac.
(De noire correspondant particulierf
Vienne, 4 mars.
Un incident est survenu à la cour d'Autriche,
qui a soulevé une grande sensation à Vienne :
l'exécution d'un diplomate étranger pendant
une fête à la cour, par l'empereur lui-même.
Cette disgrâce ouverte a eu aussi les suites
qu'elle comporte ; le ministre plénipotentiaire
du shah de Perse, le général Nériman Khan,
qui en est l'objet quitte, ainsi que l'annonce le
grand journal viennois, la Zett, la capitale
d'Autriche pour n'y plus revenir
D'après les bruits qui courent, plusieurs
hauts fonctionnaires du ministère des affaires
étrangères austro-hongrois, entre autres un
membre de l'ambassade d'Autriche à Paris, et
môme le ministre, le comte Goluchowsky sont
plus ou moins compromis par les causes du
renvoi du diplomate persan.
C'était depuis des années le secret de polichi-
nelle à Vienne que Neriman Khan se livrait à
toutes sortes de manœuvres plus ou moins
louches, et que fort protégé par ie hauts per-
sonnages aux affaires étrangères il était à l'a-
bri de toutes les plaintes qui étaient formulées
contre lui.
Il y a un an et demi. le Courriel dv lundi
de Vienne écrivait sous le titre « Diplomates do
choix » un article énumérant quelques méfaits
de Noriman, et demandant carrément les rai..,
sons pour lesquelles il jouissait d'une , pareilla
protection. La Voix du pgup/es'associait à cette
demande, mais le ministre dos affaires étr!ll
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