Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-10-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1894 25 octobre 1894
Description : 1894/10/25 (A24,N8319). 1894/10/25 (A24,N8319).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75625471
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Li;: - ,X¡:X JEUDI 25 OCTOBRE 1894
gneao, avocat; vice-président à saint-Gau.
deas, M. Nadaud, juge d'instruction à Cas-
tre.-; ; président à Bagnéres-de-Bigorre, M.
Fcms-Dev er, vice-président à Rodez; vice-
président à Rodez, M. Roques, vice-président
à Saint-Afrique.
Juge à Eapalion, M. Maroouire, juge à Per-
pignan; procureur de la République à Pau,
M. Aris, procureur de la République à Ba-
gDères; procureur à Bagnères, M. Brun pro-
cureur à Céret procureur à Cérst M. Apcher,
substitut à Perpignan; substitut à Perpignan
M. Dorasse substitut à Dax; sub-titut à Dax
M. Mazoyer juge suppléant à Tarbes.
Juge d'instruction à Castres. M. Gironne,
juge à Lavaur; juge à Lavaur, M. Vidal, juge
de paix de Muret; juge d'iastruction à Lar-
gentiére, M. Abran, juge d'instruction à Flo
rac ; juge à Florac, M. Moulin, jage suppléant
à Largentière; substitut du procureur de la
République à'Chambéry, M. Reverdet, substi-
tut à Annecy; substitut à Annecy, M. Du-
casse, juge suppléant à Tarbea.
Sont nommés : juge de paix du sixième
arrondissement M. Brésillion, juge de paix du
dix-septième arrondissement, qui est rem-
: placé par, M. Aymé, avoué honoraire, qui
taccéde à M. tecamé, démissionnaire.
TRIBUNAUX
J LA FAUTE DU COLLÉGIEN
- M. et Mme Francey, qui sont propriétaires
âans les enviroas de Beauvais, avaient en 1881
un jeune fils frais émoulu du collège, prénom-
mé Marcel, et une bonne, Salomé Kienl.
Le jeune Marcel avait, parait-il, pour les
amours ancillaires des dispositions qui s'ac-
Busent chez d'autres dans un âge plus mûr ;
il eut des rapports avec la servante de ses pa-
rents, et Salomé tomba dans un état intéres-
sant. Le collégien fut tout épaté.
Grosse affaire, éclat, scandale ! M. et Mme
Francey envoyèrent leur bonne accoucher, à
Paris, chez une sage-femme et lui fournirent
d'assez larges subsides. L'enfant né, ils cru-
rent bien faire en reprenant la mère à leur
service, augmentant même ses gages notable-
ment. Mais Salomé devint insupportable ; c'é-
tait le tyran de la maison. Aussi l'annonce
de son prochain mariage avec un ancien gar-
dien de la paix, M. LePommeroy, mit-elle la
famille en liesse. Enfin on en était délivré f
Le sergent de ville légitimait l'enfant ; c'était
parfait.
Et tout d'abord, les choses marchèrent à
souhait. Le nouveau ménage avait monté un
petit commerce, il s'était offert un enfant en
propre. M. et Mme Francey et leur fils ne
songeaient plus guère à Salomé, quand tout
à coup les époux Le Pommeroy prouvèrent
qu'ils étaient bien vivants par une requête
assez imprévue; ils réclamaient une somme
de 10,000 francs à compte sur un capital de
18,000 francs nécessaire, suivant eux, pour
l'éducation du « gosse » ; ils demandaient, en
outre, pour celui-ci une rente viagère.
C'est en janvier 1898 que cette requête était
formulée. A cette époque, les sommes re-
mises à Salomé farmaient un total de
5,650 francs, et M. etMme Francey estimaient
qu'ils avaient assez fait, d'autant qu'ils
avaient obtenu sur le compte de leur an-
cienne bonne des renseignements de nature à
jeter des doutes dans leur esprit sur la pater-
nité attribuée au lycéen en rupture de robe
prétexte, alids de tunique. Salomé, du temps
de ses amours avec M. Marcel, faisait de noc-
turnes expéditions à Beauvais, où elle se ren-
contrait avec un militaire de la garnison por-
tant le joli nom de Koch, et ce Koch-là pou-
vait bien être pour quelque chose dans la
naissance -du fils à Salomé. Le Fit, de Mar-
cellus eris, était infiniment moins applicable.
Les époux Le Pommeroy n'obtinrent pas ce
qu'ils demandaient. C'est alors que l'ancienne
ùonne, prenant le train, arriva avec ses deux
infants, celui de gauche et celui de droite,
daas la propriété habitée par M. et Mme
Francey. Ceux-ci finirent par donner deux
oilleta de cent francs ; pour rendre plus
fructueux son voyage, Mme Le Pommeroy
poussa jusqu'à Beauvais où elle savait devoir
reaeontrer M. Mareet Francey de qui elle
obtint un autre billet de cent.
Enfin, les sollicitations du couple conti-
nuant, il y eut une transaction : 4,000 francs
furent versés, et il. était bien entendu que les
époux Le Pommeroy se tiendraient cois doré-
navant.
Mais ceux-ci continuèrent de plus belle à
jouer de l'enfant ; ils menacèrent de divulguer
que, si le joune M. Marcel avait obtenu les
faveurs de l'innocente Salomé, c'était en lui
faisant absorber des breuvages suspects. Les
époux, qui jusque-là avaient écrit eux-mêmes
leurs lettres, confièrent le soin de les minuter
à un agent d'affaires, le sieur Marie Besse.
C'est vraiscm blâment l'intervention de ce
tiers qui a fait déborder le vase.
Les victimes de ce chantage prolongé ont
porté plainte contre l'ancien gardien de la
paix, sa femme et leur truchement. - *
Le trio, fort penaud, a comparu hier devant
le tribunal correctionnel, et l'ex-gardien de la
paix a « écopé » treize mois de prison; son
épouse n'a pour son compte été condamnée
qu'à quatre mois d'emprisonnement, et l'agent
rauaires s'en tire avec 200 francs d'amende.
* Me Gervasy.
NOUVELLES JUDICIAIRES
Reims. 23 octobre.
La cour d'assises a condaiané à dix ans de ré-
clusion et quin/.e ans d'interdiction de séjour lo
aommé Munerclle, âgé de vingt ans, qui, le 23 juin
dernier, avait frappé de quatre coups de couteau
Gagent Carleron. L'agent Cartefoo, à la suite de
ces blessures a du être mis à la retraite.
Munerelle avait déjà eu trois condamnations.
PARIS
Doctoresse non patentée
A la suite d'une dénonciation, M. Rolly de
BalnAgre, commissaire de police, accompa-
gné de deux professeurs de l'Ecole de phar-
macie, s'est rendu, hier, chez une empirique
demeurant rue de la Tombe-Issoire, qui
exerce illicitement la médecine et la pharma-
cie. Le commissaire de police a saisi une
quantité considérable de pou ires, de flacons,
ae sumples et une volumineuse correspon-
dance venue non seulement de France, mais
de l'étranger, notamment de Belgique et de
Roumanie.
Ce n'est pas, d'ailleurs, la première fois que
l'empirique dont il s'agit a affaire à la jus-
tice; elle a déjà subi quatre condamnations.
Les désespérés
Deux suicides à signaler pour la journée
d'hier.
Une journalière, Alphonsine Burger, âgée
de quarante ans, demeurant 208, rue Saint-
Charles, a été trouvée pendue dans son loge-
ment situé au premier étage.
Les voisins ont coupé la corde et se sont
rendus au poste de police de Javel pour faire
la déclaration du décès.
Depuis un certain temps, la femme Burger
était en proie à des idées noires et avait ma-
nifesté l'intention de se donner la mort.
Guil^p , commissaireiie police du quar-
tier,s'est rendu sur les lieux et a procédé aux
constatations d'usage.
— Une jeune ouvrière, âgée de vingt-cinq
ans, Mlle Alice Pinot, s'est asphyxiée à l'aide
d'un réchaud de charbon, dans sa chambre,
rue Saint-Jacques. Elle s'était crue abandon-
née par son amant qui lui avait promis le
mariage.
- Un exemple à suivre
Nous apprenons que M. X. Rue!, le conseil-
municipal du quartier Notre-Dame, va faire
distribuer aux familles pauvres du quatrième
arrondissement, cent mille francs de vête-
ments, couvertures, objets, de literie, etc. En
dehors de cette distribution, M. Ruel an-
nonce le don exceptionnel de cent mobili ers
à cent familles obligées de vivre en hôtel.
Faisons savoir enfin que quelques places
sont disponibles dans la villa Louise Ruel,
maison de convalescence fondée à Cannes au
profit de 40 jeunes filles ou jeunes femmes de
santé délicate. On est prié d'adresser les de-
mandes concernant cea divers objets, 1, rue
des Archives. 1
Canotiers novices
Des agents en tournée, quai de Javel, près
du pont de Grenelle, ont arrêté, hier soir, à
ciaq heures, et conduit chez M. Guilhen, com.
missaire de police, les jeunes Maurice Le-
sueur, âgé de dix ans, et Joseph Miesche,
également âgé de dix ans.
Ces deux enfants avaient démarréunbateau.
dans File du Cygne et, ne sachant le diriglÎ)
ils allaient à la dérive dans la Seine.
Le gardien Alleau, de service au poste de
secours, s'est porté à leur rencontre avec le
bachot du poste et est parvenu à le ramener
sans accident sur la bergo du quai de Javel.
Le magistrat après avoir fait appeler les
parent3 et les avoir sévèrement admonestés
leur a remis les enfants.
Les enfants noirs d'un père blanc
Une curieuse aventure vient d'arriver à un
artiste de cirque, do teint très foncé, qui de-
puis plusieurs années a déridé bien des Pa-
risiens, petits et grands.
L'artiste a pour maitresseune jeune Ita-
Henne, Mme X.j de laquelle il a eu deux
enfants, un garçon et une fille, tout le por-
trait de leur père au moins comme nuance.
M. X., le mari, avait été très surpris lors-
que les bébés vinrent au monde de leur voir
un teint olivâtre, mais on lui expliqua que
Mme X. avait des créoles dans ses ascen-
dants, et le mari se déclara satisfait Un
- simple incident devait jeter un trouble pro-
fond dans son existence.
Dimanche dans l'après-midi, il se prome-
nait rue Saint-Honoré, lorsque, arrivé en face
de l'église Saint-Rach, il aperçut l'artiste
foncé conduisant les deux enfants chacun
d'une main. Un horrible soupçon traversa
son esprit!
Une violente altercation eut lieu dans la
rue, les deux.péres voulant chacun emmener
les enfants. Finalement la police intervint et
l'on conduisit tout le monde au commissariat
de la rue des Bons-Enfants.
- M. Porée ne voulant pas davantage éclaircir
l'affaire engagea les deux pères à rentrer
tranquillement chez eux et M. X. emmena
les enfants. L'affaire en est là.
Grave accident de voiture
Mme veuve de Cabanoux, mère de M. l'abbé
de Cabanoux, curé de Notre-Dame-des-
Champs, vient d'être victime d'un grave ac-
cèdent.
Cette dame, qui est âgée de 78 ans, traver-
sait hier soir, vers six heures et demie, la
rue de Rennes, à la hauteur de la rue de
Vaugirard, quand une voiture de place, con-
duite par le cocher Emile Figeac, la renversa.
Dans sa chute, Mme de Cabanoux s'est frac-
turé le bras gauche. Elle a reçu également
des contusions assez graves, notamment au
visage. Après avoir reçu des soins dans une
pharmacie voisine, la blessée a été recon-
duite en voitura à son domicile, rue du Mont-
parnasse, 36.
Ecroulement d'un mur
Un mur bordant des terrains vagues rue
Stephenson s'est écroulé hier après midi,
vers cinq heures, ur une longueur de vingt-
cinq mètres.
A cet endroit jouait plusieurs enfants; le
jeune Petit-Juges, âgé de neuf ans, a été
blessé à la tête par un moellon ; un autre,
Michel Menier, enseveli sous les décombres,
a pu être retiré après quelques minutes de
travail. Il a été transporté au domicile de ses
parents. Son état n'est pas grave.
M. Labat, commissaire de police, a fait
abattre le restant du mur qui menaçait ruine
et a organisé an service d'ordre.
Un escroc pincé
Mme Marchand, employée de commerce,
sortait, avant-hier, d'un bureau de placement
d« la rue Montmartre, lorsqu'elle rencontra
un individu qui l'aborda et qui lui dit :
« Vous cherchez une place, sans doute? » Sur
une réponse affirmative de Mme Marchand,
l'individu lui déclara qu'il était employé aux
établissements Duval, rue Saint-Fiacre, et
qu'il ferait son possible pour lui faire obtenir
un emploi de caissière.
Il lui donna rendez-vous pour le lendemain
et lui laissa sa carte : « Ludovic Ramy. »
— Elle pourrait entrer comme caissière, lui
avait-il dit, aux appointements de 150 francs
par mois; mais on exigeait un cautionnement
de 1,000 francs.
Prise de soupçons, Mme Marchand alla de-
mander Ramy hier matin, rue Saint-Fiacre.
On lui déclara qu'il était complètement in-
connu de la maison. Elle se rendit aussitôt au
commissariat du faubourg Montmartre et elle
mit le commissaire au courant de ce qui s'é-
tait passé.
- Hier, à trois heures, au moment où Mme
Marchand, fidèle au rendez-vous au bureau
des omnibus du boulevard des Italiens, faisait
semblant d'apporter l'argent à Ramy, des
inspecteurs arrêtaient celui-ci.
Le filou se nomme Victor Guillemaux,
âgé de quarante-deux ans. Il venait de sortir
de la prison de Loos (Nord), où il avait purgé
une condamnation à treize mois de prison
pour un fait identique.
La crèmerie Constant-Martin
Ainsi que nous l'avions annoncé, Mme Er-
nesta Forti, l'ancienne maîtresse de Constant
Martin, est rentrée hier matin à Paris, venant
d'Angleterre.
Elle s'est rendue chez M. Orsatti, commis-
saire de police, auquel elle a montré un acte
de mariage, légalisé par l'ambassade fran-
çaise à Londres, contracté dernièrement par
elle avec M. Siccard, tailleur français, établi
à Londres.
Mme Siccard, en faveur de laquelle tombe
l'arrêté d'expulsion pris en mars dernier con-
tre elle, va reprendre l'exploitation de la
crémerie de la rue Joquelet.
PETITE BOURSE DU SOIR
23 OCTOBRE 1894
3 O/O : 101 51, 63, 53. Banque ottomane : 668 43
Extérieure : 70 5/8, 3/4, 66b 2ô.
70 5,8. Rio-Tinto : 878 75,319 37.
Turc C : 27 80. De Beers : 444 37, 442 50,
Turc D : 25 42, 35. 443 75.
Nous appelons l'attention de nos lecteurs
sur la nouvelle édition illustrée de l'Atlas
national dont la Ire série paraît aujour-
d'hui. Cette série qui renferme 5 livraisons,
13 gravures et 4 grandes cartes en couleur,
hors texte, est en vente partout au prix
exceptionnel de 50 centimes. Envoi franco
contre 60 centimes adressés à MM. Fayard et
fils, 78, boulevard Saint-Michel, Paris.
(Voir aux annonces.)
QUATRE ENFANTS BRULES
New-York, 23 octobre.
Le révérend Ross Taylot a perdu ses quatre en-
fants en bas âge, dans un incendie qui s'est dé-
claré dans sa résidence des environs de New-
York, et dans lequel lui-même et sa femme ont
failli aussi perdre la vie.
Le malheureux père a présidé lui-même au ser
vice religieux lors des obsèques de ses enfants.
ALMANACH DU « XIX" SIÈCLE »
Notre calendrier
Aujourd'hui mercredi 24 octobre, 297" jour de
l'année, "* jour de l'automne (Saint Magloire),
3 brumaire de l'an 103. — Lever du soleil à
6 h. 36, coucher à 4 h. 52. — Lever de la lune
à 1 h. matin. coucher à 3 h. 16 soir. — Pendant le
mois d'octobre, les jours diminuent de 1 h. 44.
Le temps qu'il fait. — Variations atmosphéri-
ques relevées par l'ingénieur Queslin, 1, rue de la
Bourse, le 23 octobre :
A 7 h. matin. 13°4 au-dessus de 0.
A 2 h soir 0" 16°7 au-dessus —
A 9 h., soir. 1300 au-dessus - -
Observations météorologiques du XIX* Siècle :
Température la plus basse de la nuit (1 h.
10«0 au-dessus de 0.
Température la plus élevée du jour (midi 45),
18°2 au-dessus de 0.
Température moyenne de la journée : 15®4, supé-
rieure à la normale d'environ o®4.
Les minima du 23 octobre pour la région pari-
sienne ont varié de 8*0 à 12°0 pour les environs et
de 10»0 à 12° 7 pour l'intérieur de la ville.
Extrêmes hygrométriques : 61 à 1 h. soir et 95
à 1 h. 30 mat. — Vent dominant : Sud-Ouest. —
Vitesse moyenne, 15 kil. à l'heure.
Baromètre. — Hausse légère. — A 9 heures soir,
762 m/m 2.
Etat du ciel à Paris. — Très nuageux. Gouttes
très fines vers 5 h. 30 du matin.
Etat général du temps. — Les fortes pressions
du sud de l'Europe gagaent nos régions et re-
foulent vers le nord les mouvements dépression-
naires qui se tenaient sur l'Océan au large da nos
côtes ; des pluies sont encore signalées dans nos
contrées du Nord et du Centre et la température
est en hausse.
Temps probable pour aujoierehai. — Nua-
geux et couvert, température douce. Peiite plaie.
1 AVIS r
La Grande Maison Ad. GODCHAU,
12, faubourg Montmartre, est une maison
de confiance de premier ordre; elle garantit
tous ses produits. — Tout vêtement pour
Homme ou pour Enfant qui ne ferait
pas l'usage voulu est remplacé par un
vêtement neuf. — Nous engageons tous
nos lecteurs, tousnos abonnés à s'adresser
toujours 12, faubourg Montmartre, pour
être bien habillés et avantageusement.
-- 'T
LES THÉÂTRES
Ce soir
A l'Opéra, Othello.
Aux Variétés, reprise de Mam'zelle Ni-
touche.
Réouverture de l'Eldorado.
C'est décidément vendredi que les Nou-
veautés donneront la première représentation
de la revue de MM. Courteline et Marsolleau,
les Grimaces de Paris.
M. Sarasate se fera entendre, pour la se-
conde et dernière fois, au concert Colonne de
dimanche prochain.
Les Menus-Plaisirs vont faire leur réouver-
ture, sous la direction de M. Vandal, avec M.
de Champville pour secrétaire. On donnera,
au théâtre du boulevard de Strasbourg, l'E-
lève du Conservatoire, opérette en trois
actes de MM. Paul Burani, Henri Kéroul et
Antony Mars, musique de M. Léopold de
Wenzel.
Principaux interprètes: MM. Maugé, Pé-
rier, Bellucci Mmes Mily Meyer, Marie
Théry, etc.
C'est l'excellent chef Désiré Thibault qui
conduira l'orchestre.
Au théâtre de la République, la première de
Jacques l'Honneur, drame en cinq actes et
neuf tableaux, que MM. G. Grison et L. Sasie
ont tiré de leur roman, aura lieu mardi 30
octobre.
Au Nouveau-Cirque, aujourd'hui mercredi,
matinée à 2 h. 1/2, avec Papa Chrysanthème,
fantaisie japonaise nautique. I..è
Un vieux souvenir :
A Louis-le-Grand, un potache se distin-
guait, à la veillée, par son obstiné labeur.
Le maître d'études eut, un soir, la curiosité
de se pencher sur l'épaule du lycéen et de
jeter un œil indiscret sur le papier qu'il noir-
cissait avoc tant d'ardeur.
Il écrivait une comédie dramatique intitu-
lée : la Brinmlliers.
Le lendemain, le maître d'études était de-
venu le collaborateur du potache et, la pièce
finie, ils allèrent, un jour de sortie, la pré-
senter à Dumas pqre.
Le maître écouta la lecture avec complai-
sance et donna quelques conseils aux jeunes
auteurs.
La pièce, d'ailleurs, ne fut jamais jouée.
Peut-être la retrouverait-on dans les cartons
de l'Odéon.
Maintenant, voulez-vous savoir les noms
des deux collaborateurs ?
Le potache s'appelait Jules ClaretÍe et le
maître d'études était M. Alfred Letellier qui
fut, plus tard, député d'Alger.
Perdican.
PETITES NOUVELLES
On demande artistes dames commençaates pour
un nouveau café-concert. Trois fois par se-
maine. A la « Correspondance théâtrale », 41, riw
Fontaine.
— Samedi 27 courant parait un nouveau journal
dont le titre n'est pas mélancolique : la Chanson
fin de siècle.
Avis à ceux qui aiment la gaieté et les flonflons.
— Le Concert Européen donnera vendredi la
première du Tournoi d'amour, pantomime en un
acte de M. Tréville, interprétée par Mmes Milly
Dathène, Irma Aubry, Thérèse Walter et M. Mar-
cel César.
■ !
j AUTOUR DE --- PARIS -----
Le Perreux. — Un véritable guignon poursuit
M. le docteur Collardot, demeurant, 5, allée de
Bagatelle, au Perreux. Il y a un an, son coupé fut
pris en écharpe et mis en pièces avenue Ledru-
Rollin par un tramway nogentais ; à cette époque,
le docteur avait été grièvement blessé par des éclats
de verre; au mois d'août dernier, M. Collardot,
accompagne de sa jeune nièce, àgée de six ans,
faisait une promenade dans sa Victoria, quand le
cheval s'emballa et vint s'abattre à l'endroit où
avait eu lieu le premier accident; par un hasard
inouï, le docteur et sa nièce n'avaient pas une égra-
tignure, seul le cocher, projeté de son siège, avait
été légèrement blesssé.
Hier matin pendant qu'il faisait une visite, son
équipage stationnait Grande-Rue, à Nogent, quand
le cheval effrayé par le passage d'un tramway à
air comprimé s'emporta. Il descendait la côte de
la Maine à une vitesse vertigineuse et de graves
accidents étaient à craindre au passage du pont de
Mulhouse, quand la voiture, heurtant violemment
un tombereau, fut renversée et mise en pièces ; le
cocher qui avait été jeté sur la chaussée se releva
aussitôt. Il en était quitte pour la peur.
DÉPARTEMENTS
4. CALVADOS
Caen, 23 octobre. - Une pierre lancée sur le
train-poste n.24, de Caen à Paris, a atteint deux
voyageurs d'un compartiment da 2° classe. L'un
a été blessé à la tête et l'autre a eu la lèvre fendue
et trois dents cassées.
FINISTÈRE
Brest, 23 octobre. — Dans la nuit de samedi à
dimanche, un canot monté par deux douanier* du
port de Dineault a disparu en rade.
Hier, un aviron a été trouvé.
Ces deux douaniers, le sous-patron Kervena et id
matelot Juhel étaient partis pour surveiller les
abords de Lanievennec et do Port-Launay.
MM. Leroux, inspecteur des donanes. et Roma-
lain, lieutenant, sont partis hier de Brest pour
ouvrir une enquêta et faire rechercher las cada-
vres.
GIRONDE
Lussac, 23 octobre. — Le nommé Dupoateil,
habitant le village de Saint-Georges, a tué d'un
coup de couteau dans le ventre un de ses voisins,
Pierre Dijeau, qui lui réclamait des clienises qu'il
lui avait prêtées. Il y avait d'abord eu une très lé-
gère discussion dans un café, puis Dijeau suivit
Dupontcil chez lui et renouvela sa demande. Cette
fois, pour toute réponso, il reçut un coup de cou-
teau dans l'abdomen. Il eut encore la force de s'en-
fuir, mais Duponteil le poursuivit et lui porta dans
le dos un coup do poing qui le fit tomber râlant
sur le bord d'un fossé où il ne tarda pas à mourir.
VAR
Toulon, 23 octobre. — De nombreux cas d'em-
poisonnement causés par l'absorption de boudins
viennent d'être découverts dans la ville et dans les
faubourgs.
C'est une jeune fille employée à l'abattoir com-
munal qui, par son imprudence, a été la cause in-
volontaire de ces accidents. Chargée de saler le
sang destiné à la confection de la charcuterie, cette
personne s'aperçut au dernier moment que la pro-
vision de sel à ce affectée était épuisée. Elle alla
alors chercher du sel qui sert à la conservation
des peau, et qui, circonstance qu'elle ignorait,
contient une certaine quantité d'acide arsénieux.
On comprend aisément les troubles qu'a amenés
l'ingurgitation de cette charcuterie, et l'effroi des
nombreuses personnes qui se sent soudainement
senties atteintes de coliques épouvantables et de
vomissements. Fort heureusement la dose d'acide
arsénieux était infime et le sel m'avait été mis dans
le sang qu'en petite quantité.
L'enquête se poursuit activement pour assurer
les soins aux victimes et éviter le retour de pareils
accidents.
COURRIER DE LA BOURSE
Le marché est d'une grande nullité, et c'est plu-
tôt la lourdeur qui domino.
Tous ces jours-ci, les cours ont été visiblement
soutenus en vuo d'atténuer l'impression produite
par les nouvelles relatives à la santé du tsar.
Les nouvelles, aujourd'hui, étant un peu moins
inquiétantes, ou du moins le statu quo se mainte-
nant, le marché est laissé davantage à lui-
même.
D'autre part, la rentré des Chambres produit
son effet habituel. On fait le compte des interpel-
lations auxquelles le ministère va avoir à répon-
dre, et l'on se demande s'il pourra arriver sam et
sauf jusqu'à la discussion du budget, quelque peu
distante qu'elle puisse être. Non pas que la Bourse
tienne à ce ministère beaucoup plus qu'à tout au-
tre; mais aile n'aime pas les déménagements, cha-
cun sait ça. Aussi cette perspective d'une crise mi-
nistérielle plus ou moins prochaine lui impose-
t-elle mie très grande réserve.
Enfin, les retraits sont en excédent sur les dé-
pôts aux caissaa d'épargne, ce qui ne permettra
pas à ces caisses d'absorber beaucoup de titres en
pas à ces caisses
liquidation.
Ces diverses causes ont contribué à la lourdeur
de la journée.
Le 3 0[0 a débuté à 101 45 et s'est raffermi un
peu pour la clôture à 101 58. Le comptant n'est pas
très brillant.
L'Amortissable est à 99 90 et le 3 112 il 108 07.
Parmi les fonds étrangers, ce sont les fonds
russes qui attirent principalement l'attention en ce
moment. Le Consolidé s'avance de 93 10 à 93 25,
le 3 010 do 85 90 à- 86, l'Emprunt d'Orient de
63 25 à 63 35.
L'Italien progresse de 83 20 à 83 42. A Rome, le
change sur Paris est en légère amélioration à
108 30; à Gênes, à 108 42.
L'Extérieure espagnole est ferme à 70 9[16. A
Madrid, le change sur Paris est à 1670 0i0; à Bar-
celone à 17 40 0i0.
Le Turc est plutôt lourd à 25 37; le Hongrois
reste à 99 7j8.
Le Portugais recule à 25 7(8. On a parlé d'un
emprunt que le Portugal voudrait émettre pour se
payer la luxe d'une flotte de guerre, et la Bourse
est d'avis que cette idée manque tout au moins
d'opportunité.
Les valeurs de crédit sont, selon leur habi-
tude, fort peu actives. Il en est de même pour les
actions des chemins de fer français.
Les chemins étrangers sont bien tanus. Les Au-
trichiens sont en nouveau progrès à 775. Les che-
mins espagnols conservent leurs cours précé-
dents.
Le Suez est calme à 2,915.
Dans les groupes des valeurs minières, le Rio
attire l'attention par son vif mouvement de re-
prise : coté d'abord à 365, il s'élève ensuite brus-
quement à 378. Ce mouvement parait être la con-
séquence de la liquidation d'une forte position à
la baisse à Londres.
La De Beers est faible aux environs de 443 75,
influencée par le discours de M. Cecil Rhodes à
l'assemblée des actionnaires de cette compagnie.
NOUVELLES FINANCIÈRES
Après Bourse, 4 heures.
3 0/0, 101 53. — Egypte, 523 12. — Extérieure,
70 9/16. -Portugais, 25 7/8. — Hongrois,
99 7/8. — Turc, 25 35. — Banque ottomane,
667 50. — Rio-Tinto, 378 75. — Tharsis, 121 25. —
Alpines, 178 12. — De Boers, 443 75.
La ehambre syndicale- des agents de change pu-
blie les avis suivants :
A partir du 23 octobre présent mois, les actions
de la Banque romaine cesseront d'être négociables
à la Bourse de Parijj,
— A partir du 23 octobre présent mois, les obli-
gations et les bons de la Compagnie des chemins
de fer des Charentes (on faillite), et les obligations
de la Compagnie du chemin de fer de Bordeaux à
la Sauve cesseront d'être négociables à la Bourse
de Paris.
— A partir du 23 octobre présent mois, les ac-
tions anciennes de la Société générale des fourni-
tures militaires cesseront d'être négociables à la
Bourse de Paris. -
Buenos-Arres, 22 octobre
Or, 339.
Rio-de-Janeiro, 22 octobre.
Change, 11 3/4.
Madrid, 23 octobre.
Change, 14 27 0/0. — Agio de l'or, 10 25 0/0
Lisbonne, 23 octobre.
Agio de l'or, 21 0/0.
Berlin, 23 octobre..
| i Roubles au comptant, 219 40.
L E S' SPORTS
SPORT VELOCIPEDES
La bicyclette mécanique. - Qeptti" ,,'r'1t1-
temps nous remarquions, (balC }" joun\<;:t
cliates allemands: un cliché rupriSsintazit :.:.:: J h ■ •
dette, un peu plus longro que les machin s , 1».
naires, mais dépourvue de pédales, et .font !.; :>:*•
canisme de traclion -,- par la roue d'arriérer — :.i:
entièrement caché.
Eh bibn! cette machine mystérieuse était t.t.
bonnement une bicyclette à p&rola, à moteur
robuste que léger et qui, seule et sans lo secours
de la force motrice du cavalior, peut fo'irnir unv
vitesse de 40 kilomètres à l'heure! Là-bas, - ir les
bords de la Sprée, on n'en est pins aux e:;péri.M>.-o*
de laboratoire et e'est^immercialeatentquo s* x- I )1 tf
le brevet de la nouvelle bicyclette méclI:i'Jlk.
Déjà nous avions signal' l'hiver derni -r ît; < per-
sévérants essais de l'inventeur, notre eonfnVellil
debrand, directeur du Radpiar Humer, et l, t'H'.
d'hier consacrait son article de tète à la réussite d<
cette bicyclette mécanique ; avec lui, nous t4ina
Ions à nouveau l'invention à nos lecteurs, fo.i
vaincu que cette bieyclolte est appelée A révolu
tionner, non point le sport véloeipédique, mais
aussi la locomotion universelle dans tous les payt
possédant d6s routes.
La bicyclette à pétrole pèse 40 kilogs et dépens*
pour 1 franc de benzine par 100 kilomètres parcoa
rus. Voilà une industrie dont nos grands conatrue
teurs français devraient bien s'occuper, sinon là
bas, à Munich, on recevra de belles commandoa.
de chez nous et ce sera autant de perdu pour nou
commerçants, pour nos ouvriers et pour notre in*
dustrie !
Un conseil à ceux qui possèdent la nouveauté
du jour. Au lieu de brûler du pétrole ordindrt
dans votre lanterne américaine, remplacez-le pal
du pétrole rectifié. Le puissant réflecteur projettera
alors une lumière parfaitement blanche.
Le record des 100 kilomètres. — Dubois ayar
battu,, dimanche dernier à Buffalo, le record det
100 kilomètres, on prête à Fossier Tintantion d'es
sayer ce record; d'autre part, Dubois a déclaré
que si Fossier abaissait le temps des 100 kilomè-
tres, il essayerait à nouveau, lui, Dubois, de battrt
le record. Enfin Linton, après préparation, s'atta-
querait aussi à ce record des ll0 kilomètres.
Gladiator a expédié hier au Japon quinze bicy-
clettes destinées aux courriers militaires du mi*
kado.
La plupart des fabricants commencent à s'occu-
per activement de leur exposition au Salon du cy-
cle. Chanon fabrique en ce moment, dans ses ate-
liers de la rue Duret, plusieurs machines qui con.
sacreront, croyons-nous, sa réputation. Chano.
était, il y a quelque temps encore, assez peu connu ;
mais la confection consciencieuse de ses machines,
le souci constant des perfectionnements pratiques
ont eu vite fait de loi assurer une clientèle qui va
sans cesse en augmentant.
G. Meyland.
;jÿ:-:'¿ ::::j; =":r;.-;;:::{< ?!:..---J
LE DICTION N A lRB g
LAROUSSE
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LES COURSES
COURSES A COLOMBES
PRONOSTICS
Prix de Sannois. — Perdrix vient de ga-
gner sur cette distance ; nous la préférons i.
Aileron. Mais nous croyons que VèlJ la et
Clématis sont les meilleurs.
Prix de Melun. — Fernande, Fil de Fer,
Prix de la Pelouse. — Antibes Saute bien.
Hourrah II est bien grand pour Colombes
Antibes sera un rude adversaire pour Bob ut
Hourrah II.
Prix de Barbizon. — Néophobe, Ver-
menton.
Prix de Montgeron. — Caramel et Sado son f
bien dangereux. Nos favoris sont Quartauj
et Carabas.
NOS PARIS lUWOMBfAXDÉiI
Fernande et Néophobe gagnants, Vélédct et
Quartaud gagnants et placés.
COURSES A CHANTILLY
Par cette radieuse journée d'automne, la
forêt avait d'admirables aspects et les cour-
ses, avec leurs champs si nombreux, ont été
superbes.
Malgré le beau temps, le public était ner-
veux et s'est deux fois mis en colère. D'abord
après l'affichage du numéro de Kara Kelnaïa,
ou toute la pelouse s'est levée comme un seul
homme pour affirmer que Courbépine avait
gagné. Cette manifestation était d'autant plus
rare que les chevaux du baron de Schickler,
sempiternels gagnants de tout le monde a
égalité ou 11[2, ont toujours été les grandis-
simes favoris du public. M.Tout le Monde n's
du reste pas à s'en repentir, puisqu'il touche.
Il est vrai que les épreuves où l'on voit triom< •
pher infailliblement à chaque fois la casaquf *
blanche et cerise sont généralement bien as-
sommantes. Le public se lasserait-il de ces
victoires par trop faciles et, par trop pré-
vues?
La seconde colère du public a été après la
victoire de Melchior qui, en bonne humeuf
de s'employer et ne rencontrant que des con-
currents surmenés, s'est littéralement pro-
mené à 2011 devant une demi-douzaine de fa-
voris en carton. Ce Melchior n'ayant pas suivi
deux jours avant, sa victoire était difficile à
faire accepter et les moins intransigeants ne
se gênaient pas pour dire que dimanche il
avait été honteusement tiré. Comme nous
FEUILLETON DU 25 OCTOBRE 1894
— 56 —
LA
GRANDE OUTURIERE
PAR
JEAN !B3EVUISrO
XX
- Réapparition de Bistouri
- SUITE —
Raoul Bonivay, au contraire, roulaitdes
yeux furibonds, serrait les. poings avec
rage et poussait de sourdes protestations
toutes les fois que son nom était prononcé,
st le président dut lui ordonner de se taire
à plusieurs reprises.
Les femmes, les courtisanes surtout, ne
se cachaient guère pour lui mamfester
leur sympathie par des signes. Calait du
reste un assez beau cavalier, et les opéra-
tions d'usure qu'on lui reprochait étaient
largement compensées à leurs yeux parle
train de viveur qu'il menait.
Après les formalités d'usage, le prési-
dent dit à Labro,.qui s'était levé sur son
invitation :
— Vous venez d'entendre l'acte d'accu-
sation dressé contre vous; qu'avez-vous à
répondre?
Beproduction et traduction iDtetdilei.
— Une seule chose, monsieur, que je
ne cesserai de répéter, je ne suis pas
coupable.
- Expliquez alors votre présence dans
le jardin ae M. Mauverger au moment
même où on l'égorgeait dans son ca-
binet.
— J'ai répondu à ce sujet à M. le juge
d'instruction. J'étais venu implorer M.
Mauverger, que j'avais le droit de regar-
der comme mon père, de venir en aide à
ma famille plongée dans le plus affreux
dénûment. et, comme il avait d'abord
repoussé mes prières, au moment où je
me retirais, le désespoir s'empara de moi
avec une telle violence que je résolus de
faire une nouvelle tentative auprès de
lui. C'est à l'instant où je venais de pé-
nétrer pour la seconde fois dans le jardin
que j'ai été surpris par le retour de la
bonne.
- Oui, l'arrivée de cette femme et l'in-
tervention du cocher qui la ramenait ont
dû vous causer beaucoup de contrariété,
car vous aviez pris de grandes précautions
pour ne pas être dérangés pendant l'exé-
cution du crime. Vous et votre complice
vous aviez empoisonné le chien de garde
dont les aboiements auraient attiré l'atten-
tion des voisins et des passants.
.:.. Je vous jure, M. le président, que je
n'ai pris aucune part à cet empoisonne-
ment; pendant la première visite que j'ai
faite au malheureux vieillard, celui-ci a
fait taire le chien, et en rentrant dans la
maison je ne l'ai plus entendu.
- t Alors, vous niez avoir frappé M. Maù-
verger; pourtant les personnes qui ont as-
sisté à son agonie uliirmeut, qu'elles l'ont
entendu prononcer distinctement votre
nom.
— Comme il était sous le coup de la
discussion que nous venions d'avoir en-
semble, il a pu supposer que j'étais son
assassin, car il a été surpris, a dit le mé-
decin chargé de l'examiner, et frappé par
derrière.
— Si ce n'est pas vous qui avez assas-
siné ce malheureux, c'est votre complice
Raoul Bonivay?
— Permettez-moi, M. le président, de
répéter pour la centième fois au moins que
je ne peux pas avoir de complice puisque
je n'ai commis aucune mauvaise action.
— Mais je ne connais pas cet homme,
je ne l'avais jamais vu avant de le rencon-
trer chez le juge d'instruction 1 s'écria
Bonivay d'un ton furieux.
Le président lui impoga silence et lui
dit qu'il le ferait sortir de la salle s'il se
permettait encore de parler sans êtee in-
terrogé.
Après les protestations qu'il venait de
faire, Labroux ne répondit que par quel-
ques mots aux questions du président, et
celui-ci, n'espérant plus obtenir de lui au-
cun renseignement intéressant. lui dit de
s'asseoir.
Le pauvre graveur s'affaissa sur son
banc plutôt qu'il ne s'assit, et les dames
qui 1 examinaient avec leurs lorgnettes
purent voir des larmes perler sur ses
cils.
L'interrogatoire de Raoul Bonivay dura
beaucoup plus longtemps que celui de La-
broux. Il repoussa avec une violente éner-
gie les accusations résultant des déposi-
tions de la Lézarde, et soutint que citait
un faux témoin soudoyé par ses ennemis.
La mystérieuse disparition de cette femme,
au momentoù sa présence était nécessaire
pour confirmer, les témoignages qu'elle
avait faits devant le juge d'instruction,
produisit un tel effet sur les jurés que
l'avocat de l'homme d'affaires, beaucoup
plus habile que celui de Labroux, résolut
d'en faire l'une des bases principales
de sa défense.
Ce furent surtout les explications rela-
tives aux questions des opérations finan-
cières faites entre l'homme d'affaires et
Rochevil qui provoquèrent un véritable
tumulte dans la salle. Bonivay affirma
énergiquement qu'il avait prêté en diffé-
rentes fois des sommes énormes au négo-
ciant, et que jamais il n'avait proposé à ce
dernier de lui céder aucun papier ayant
appartenu à Mauverger.
L'histoire ridicule de ce prétendu testa-
ment fait en faveur de Mlle Fernande Mi-
gnonnet, que j'aurais offert à M. Rochevil
moyennant une grosse somme d'argent,
n'a pu éclore que dans le cerveau d'un co-
quin ou d'un fou, dit-il. Si j'avais eu en-
tre les mains le testament dont on parle,
je serais allé le proposer à la couturière,
qui était ma maîtresse, et j'en aurais tiré
un profit bien autrement grand qu'en l'of-
frant à Rochevil.
— Si le fait est faux, quel intérêt aurait
eu M. Rochevil à l'inventer ? demanda le
président à Bonivay.
— C'est une question que je me suis
adressée déjà bien des fois. On dirait que
l'homme ayant recours à des moyens
aussi odieux ne peut obéir qu'au besoin
de se sauvegarder lui-même, Rochevil
serait l'auteur du crime qu'il n'agirait pas
autrement, répondit l'homme d'affaires.
Ces paroles, prononcées à haute voix et
d'une façon bien distincte, firent courir un
murmure de stupeur dans la salle; on
s'interrogea du regard, et le président,
qu'elles n'avaient pas laissé indifférent,
reprit d'un ton sévère :
— Vous êtes ici pour vous justifier du
crime qu'on. vous reproche et non pour
accuser les témoins.
- C'est ma tête que je défends, répli-
qua Bonivay, l'enjeu vaut bien la peine
que j'emploie tous les moyens en mon
pouvoir pour gagner la partie. Sais-je
seulement si on a fait vérifier l'écriture
de l'abominable lettre anonyme à laquelle
je dois mon arrestation.
- A ce sujet, je puis vous répondre, dit
l'avocat de Bonivay à son client. J'ai sou-
mis des spécimens de l'écriture de toutes
les personnes que vous connaissez à l'ex-
pert, et il n'a rien découvert d'intéressant.
Après l'interrogatoire de Bonivay, le
président fit introduire Miette Portal, la
vieille bonne de Mauverger.
Ses regards se dirigèrent aussitôt sur
Labroux, et une expression de vive irrita-
tion se manifesta sur son visage.
— Té 1 le voilà enfin à sa place, ce gra-
din, ce voleur ! qui m'avait donné de la
méfiance la première fois qu'il s'est pré-
senté chez nous 1 s'écria la vieille Proven-
cale en menaçant Labroux avec le poing.
J'espère bien qu'on ne va pas tarder à le
guillottiner.
— Attendez que je vous interroge pour
parler, lui dit lé, président, et tournez-
vous contre moi.
— Oui, mon oon moussu.
— Vous connaissez cet homme, celai
qui est le plus rapproché de vous ?
- Si je le connais t Ah! par Notre-
Dame de la Garde, il serait à souhaitel
qu'il ne fût jamais venu chez nous. Mot
bon maitre ne serait pas en ce momem
couché sous six pieds de terre, le pau-
vre!.
— Combien était-il venu de fois ehej
M. Mauverger avant la mort de ce ier
nier?
— Deux fois, monsieur le juge, oh ? j'a;
bonne mémoire, et toujours pour deivi ri-
der de l'argent, le gueux 1 Mon rnai'iv.
m'avait même défendu de le recevoir à
l'avenir, mais le bandit a profité d'uïi ..; j
ment où j'ai été obligée de m'ahj;n" ?
pour se faufiler dans la maison, et je sui:
revenue trop tard, il avait fait le coup.
— Vous le supposez, du moins, carvou;
ne l'avez pas vu frapper M. Mauverger ?
- Je n avais pas besoin de ça pour da.
viner qu'il était l'assassin. Quand le av
cher Grangeot lui a barré le chemin, lors-
qu'il cherchait à se sauver, il tremblaii
comme un biquet à qui on met le couteau
sur la gorge.
— C'est tout ce que voug savez de cette
affaire'
— Ah 1 si je voulais parler, mon bon
moussu, j'en aurais à dire jusqu'à de-
main, mais peut-être que ça pourrait vous
fatiguer.
- C'est bien, allez fous asseoir.
Le cocher Grangeot raconta le plas suc-
cinctement possible ce qu'il savait. Son
récit frappa particulièrement Jfts juréf
lorsqu'il affirma avoir entendu Mautfergg*
prononcer d'une façon bien distincte 11
nom de Labroux.
*. * (i *«—•>
gneao, avocat; vice-président à saint-Gau.
deas, M. Nadaud, juge d'instruction à Cas-
tre.-; ; président à Bagnéres-de-Bigorre, M.
Fcms-Dev er, vice-président à Rodez; vice-
président à Rodez, M. Roques, vice-président
à Saint-Afrique.
Juge à Eapalion, M. Maroouire, juge à Per-
pignan; procureur de la République à Pau,
M. Aris, procureur de la République à Ba-
gDères; procureur à Bagnères, M. Brun pro-
cureur à Céret procureur à Cérst M. Apcher,
substitut à Perpignan; substitut à Perpignan
M. Dorasse substitut à Dax; sub-titut à Dax
M. Mazoyer juge suppléant à Tarbes.
Juge d'instruction à Castres. M. Gironne,
juge à Lavaur; juge à Lavaur, M. Vidal, juge
de paix de Muret; juge d'iastruction à Lar-
gentiére, M. Abran, juge d'instruction à Flo
rac ; juge à Florac, M. Moulin, jage suppléant
à Largentière; substitut du procureur de la
République à'Chambéry, M. Reverdet, substi-
tut à Annecy; substitut à Annecy, M. Du-
casse, juge suppléant à Tarbea.
Sont nommés : juge de paix du sixième
arrondissement M. Brésillion, juge de paix du
dix-septième arrondissement, qui est rem-
: placé par, M. Aymé, avoué honoraire, qui
taccéde à M. tecamé, démissionnaire.
TRIBUNAUX
J LA FAUTE DU COLLÉGIEN
- M. et Mme Francey, qui sont propriétaires
âans les enviroas de Beauvais, avaient en 1881
un jeune fils frais émoulu du collège, prénom-
mé Marcel, et une bonne, Salomé Kienl.
Le jeune Marcel avait, parait-il, pour les
amours ancillaires des dispositions qui s'ac-
Busent chez d'autres dans un âge plus mûr ;
il eut des rapports avec la servante de ses pa-
rents, et Salomé tomba dans un état intéres-
sant. Le collégien fut tout épaté.
Grosse affaire, éclat, scandale ! M. et Mme
Francey envoyèrent leur bonne accoucher, à
Paris, chez une sage-femme et lui fournirent
d'assez larges subsides. L'enfant né, ils cru-
rent bien faire en reprenant la mère à leur
service, augmentant même ses gages notable-
ment. Mais Salomé devint insupportable ; c'é-
tait le tyran de la maison. Aussi l'annonce
de son prochain mariage avec un ancien gar-
dien de la paix, M. LePommeroy, mit-elle la
famille en liesse. Enfin on en était délivré f
Le sergent de ville légitimait l'enfant ; c'était
parfait.
Et tout d'abord, les choses marchèrent à
souhait. Le nouveau ménage avait monté un
petit commerce, il s'était offert un enfant en
propre. M. et Mme Francey et leur fils ne
songeaient plus guère à Salomé, quand tout
à coup les époux Le Pommeroy prouvèrent
qu'ils étaient bien vivants par une requête
assez imprévue; ils réclamaient une somme
de 10,000 francs à compte sur un capital de
18,000 francs nécessaire, suivant eux, pour
l'éducation du « gosse » ; ils demandaient, en
outre, pour celui-ci une rente viagère.
C'est en janvier 1898 que cette requête était
formulée. A cette époque, les sommes re-
mises à Salomé farmaient un total de
5,650 francs, et M. etMme Francey estimaient
qu'ils avaient assez fait, d'autant qu'ils
avaient obtenu sur le compte de leur an-
cienne bonne des renseignements de nature à
jeter des doutes dans leur esprit sur la pater-
nité attribuée au lycéen en rupture de robe
prétexte, alids de tunique. Salomé, du temps
de ses amours avec M. Marcel, faisait de noc-
turnes expéditions à Beauvais, où elle se ren-
contrait avec un militaire de la garnison por-
tant le joli nom de Koch, et ce Koch-là pou-
vait bien être pour quelque chose dans la
naissance -du fils à Salomé. Le Fit, de Mar-
cellus eris, était infiniment moins applicable.
Les époux Le Pommeroy n'obtinrent pas ce
qu'ils demandaient. C'est alors que l'ancienne
ùonne, prenant le train, arriva avec ses deux
infants, celui de gauche et celui de droite,
daas la propriété habitée par M. et Mme
Francey. Ceux-ci finirent par donner deux
oilleta de cent francs ; pour rendre plus
fructueux son voyage, Mme Le Pommeroy
poussa jusqu'à Beauvais où elle savait devoir
reaeontrer M. Mareet Francey de qui elle
obtint un autre billet de cent.
Enfin, les sollicitations du couple conti-
nuant, il y eut une transaction : 4,000 francs
furent versés, et il. était bien entendu que les
époux Le Pommeroy se tiendraient cois doré-
navant.
Mais ceux-ci continuèrent de plus belle à
jouer de l'enfant ; ils menacèrent de divulguer
que, si le joune M. Marcel avait obtenu les
faveurs de l'innocente Salomé, c'était en lui
faisant absorber des breuvages suspects. Les
époux, qui jusque-là avaient écrit eux-mêmes
leurs lettres, confièrent le soin de les minuter
à un agent d'affaires, le sieur Marie Besse.
C'est vraiscm blâment l'intervention de ce
tiers qui a fait déborder le vase.
Les victimes de ce chantage prolongé ont
porté plainte contre l'ancien gardien de la
paix, sa femme et leur truchement. - *
Le trio, fort penaud, a comparu hier devant
le tribunal correctionnel, et l'ex-gardien de la
paix a « écopé » treize mois de prison; son
épouse n'a pour son compte été condamnée
qu'à quatre mois d'emprisonnement, et l'agent
rauaires s'en tire avec 200 francs d'amende.
* Me Gervasy.
NOUVELLES JUDICIAIRES
Reims. 23 octobre.
La cour d'assises a condaiané à dix ans de ré-
clusion et quin/.e ans d'interdiction de séjour lo
aommé Munerclle, âgé de vingt ans, qui, le 23 juin
dernier, avait frappé de quatre coups de couteau
Gagent Carleron. L'agent Cartefoo, à la suite de
ces blessures a du être mis à la retraite.
Munerelle avait déjà eu trois condamnations.
PARIS
Doctoresse non patentée
A la suite d'une dénonciation, M. Rolly de
BalnAgre, commissaire de police, accompa-
gné de deux professeurs de l'Ecole de phar-
macie, s'est rendu, hier, chez une empirique
demeurant rue de la Tombe-Issoire, qui
exerce illicitement la médecine et la pharma-
cie. Le commissaire de police a saisi une
quantité considérable de pou ires, de flacons,
ae sumples et une volumineuse correspon-
dance venue non seulement de France, mais
de l'étranger, notamment de Belgique et de
Roumanie.
Ce n'est pas, d'ailleurs, la première fois que
l'empirique dont il s'agit a affaire à la jus-
tice; elle a déjà subi quatre condamnations.
Les désespérés
Deux suicides à signaler pour la journée
d'hier.
Une journalière, Alphonsine Burger, âgée
de quarante ans, demeurant 208, rue Saint-
Charles, a été trouvée pendue dans son loge-
ment situé au premier étage.
Les voisins ont coupé la corde et se sont
rendus au poste de police de Javel pour faire
la déclaration du décès.
Depuis un certain temps, la femme Burger
était en proie à des idées noires et avait ma-
nifesté l'intention de se donner la mort.
Guil^p , commissaireiie police du quar-
tier,s'est rendu sur les lieux et a procédé aux
constatations d'usage.
— Une jeune ouvrière, âgée de vingt-cinq
ans, Mlle Alice Pinot, s'est asphyxiée à l'aide
d'un réchaud de charbon, dans sa chambre,
rue Saint-Jacques. Elle s'était crue abandon-
née par son amant qui lui avait promis le
mariage.
- Un exemple à suivre
Nous apprenons que M. X. Rue!, le conseil-
municipal du quartier Notre-Dame, va faire
distribuer aux familles pauvres du quatrième
arrondissement, cent mille francs de vête-
ments, couvertures, objets, de literie, etc. En
dehors de cette distribution, M. Ruel an-
nonce le don exceptionnel de cent mobili ers
à cent familles obligées de vivre en hôtel.
Faisons savoir enfin que quelques places
sont disponibles dans la villa Louise Ruel,
maison de convalescence fondée à Cannes au
profit de 40 jeunes filles ou jeunes femmes de
santé délicate. On est prié d'adresser les de-
mandes concernant cea divers objets, 1, rue
des Archives. 1
Canotiers novices
Des agents en tournée, quai de Javel, près
du pont de Grenelle, ont arrêté, hier soir, à
ciaq heures, et conduit chez M. Guilhen, com.
missaire de police, les jeunes Maurice Le-
sueur, âgé de dix ans, et Joseph Miesche,
également âgé de dix ans.
Ces deux enfants avaient démarréunbateau.
dans File du Cygne et, ne sachant le diriglÎ)
ils allaient à la dérive dans la Seine.
Le gardien Alleau, de service au poste de
secours, s'est porté à leur rencontre avec le
bachot du poste et est parvenu à le ramener
sans accident sur la bergo du quai de Javel.
Le magistrat après avoir fait appeler les
parent3 et les avoir sévèrement admonestés
leur a remis les enfants.
Les enfants noirs d'un père blanc
Une curieuse aventure vient d'arriver à un
artiste de cirque, do teint très foncé, qui de-
puis plusieurs années a déridé bien des Pa-
risiens, petits et grands.
L'artiste a pour maitresseune jeune Ita-
Henne, Mme X.j de laquelle il a eu deux
enfants, un garçon et une fille, tout le por-
trait de leur père au moins comme nuance.
M. X., le mari, avait été très surpris lors-
que les bébés vinrent au monde de leur voir
un teint olivâtre, mais on lui expliqua que
Mme X. avait des créoles dans ses ascen-
dants, et le mari se déclara satisfait Un
- simple incident devait jeter un trouble pro-
fond dans son existence.
Dimanche dans l'après-midi, il se prome-
nait rue Saint-Honoré, lorsque, arrivé en face
de l'église Saint-Rach, il aperçut l'artiste
foncé conduisant les deux enfants chacun
d'une main. Un horrible soupçon traversa
son esprit!
Une violente altercation eut lieu dans la
rue, les deux.péres voulant chacun emmener
les enfants. Finalement la police intervint et
l'on conduisit tout le monde au commissariat
de la rue des Bons-Enfants.
- M. Porée ne voulant pas davantage éclaircir
l'affaire engagea les deux pères à rentrer
tranquillement chez eux et M. X. emmena
les enfants. L'affaire en est là.
Grave accident de voiture
Mme veuve de Cabanoux, mère de M. l'abbé
de Cabanoux, curé de Notre-Dame-des-
Champs, vient d'être victime d'un grave ac-
cèdent.
Cette dame, qui est âgée de 78 ans, traver-
sait hier soir, vers six heures et demie, la
rue de Rennes, à la hauteur de la rue de
Vaugirard, quand une voiture de place, con-
duite par le cocher Emile Figeac, la renversa.
Dans sa chute, Mme de Cabanoux s'est frac-
turé le bras gauche. Elle a reçu également
des contusions assez graves, notamment au
visage. Après avoir reçu des soins dans une
pharmacie voisine, la blessée a été recon-
duite en voitura à son domicile, rue du Mont-
parnasse, 36.
Ecroulement d'un mur
Un mur bordant des terrains vagues rue
Stephenson s'est écroulé hier après midi,
vers cinq heures, ur une longueur de vingt-
cinq mètres.
A cet endroit jouait plusieurs enfants; le
jeune Petit-Juges, âgé de neuf ans, a été
blessé à la tête par un moellon ; un autre,
Michel Menier, enseveli sous les décombres,
a pu être retiré après quelques minutes de
travail. Il a été transporté au domicile de ses
parents. Son état n'est pas grave.
M. Labat, commissaire de police, a fait
abattre le restant du mur qui menaçait ruine
et a organisé an service d'ordre.
Un escroc pincé
Mme Marchand, employée de commerce,
sortait, avant-hier, d'un bureau de placement
d« la rue Montmartre, lorsqu'elle rencontra
un individu qui l'aborda et qui lui dit :
« Vous cherchez une place, sans doute? » Sur
une réponse affirmative de Mme Marchand,
l'individu lui déclara qu'il était employé aux
établissements Duval, rue Saint-Fiacre, et
qu'il ferait son possible pour lui faire obtenir
un emploi de caissière.
Il lui donna rendez-vous pour le lendemain
et lui laissa sa carte : « Ludovic Ramy. »
— Elle pourrait entrer comme caissière, lui
avait-il dit, aux appointements de 150 francs
par mois; mais on exigeait un cautionnement
de 1,000 francs.
Prise de soupçons, Mme Marchand alla de-
mander Ramy hier matin, rue Saint-Fiacre.
On lui déclara qu'il était complètement in-
connu de la maison. Elle se rendit aussitôt au
commissariat du faubourg Montmartre et elle
mit le commissaire au courant de ce qui s'é-
tait passé.
- Hier, à trois heures, au moment où Mme
Marchand, fidèle au rendez-vous au bureau
des omnibus du boulevard des Italiens, faisait
semblant d'apporter l'argent à Ramy, des
inspecteurs arrêtaient celui-ci.
Le filou se nomme Victor Guillemaux,
âgé de quarante-deux ans. Il venait de sortir
de la prison de Loos (Nord), où il avait purgé
une condamnation à treize mois de prison
pour un fait identique.
La crèmerie Constant-Martin
Ainsi que nous l'avions annoncé, Mme Er-
nesta Forti, l'ancienne maîtresse de Constant
Martin, est rentrée hier matin à Paris, venant
d'Angleterre.
Elle s'est rendue chez M. Orsatti, commis-
saire de police, auquel elle a montré un acte
de mariage, légalisé par l'ambassade fran-
çaise à Londres, contracté dernièrement par
elle avec M. Siccard, tailleur français, établi
à Londres.
Mme Siccard, en faveur de laquelle tombe
l'arrêté d'expulsion pris en mars dernier con-
tre elle, va reprendre l'exploitation de la
crémerie de la rue Joquelet.
PETITE BOURSE DU SOIR
23 OCTOBRE 1894
3 O/O : 101 51, 63, 53. Banque ottomane : 668 43
Extérieure : 70 5/8, 3/4, 66b 2ô.
70 5,8. Rio-Tinto : 878 75,319 37.
Turc C : 27 80. De Beers : 444 37, 442 50,
Turc D : 25 42, 35. 443 75.
Nous appelons l'attention de nos lecteurs
sur la nouvelle édition illustrée de l'Atlas
national dont la Ire série paraît aujour-
d'hui. Cette série qui renferme 5 livraisons,
13 gravures et 4 grandes cartes en couleur,
hors texte, est en vente partout au prix
exceptionnel de 50 centimes. Envoi franco
contre 60 centimes adressés à MM. Fayard et
fils, 78, boulevard Saint-Michel, Paris.
(Voir aux annonces.)
QUATRE ENFANTS BRULES
New-York, 23 octobre.
Le révérend Ross Taylot a perdu ses quatre en-
fants en bas âge, dans un incendie qui s'est dé-
claré dans sa résidence des environs de New-
York, et dans lequel lui-même et sa femme ont
failli aussi perdre la vie.
Le malheureux père a présidé lui-même au ser
vice religieux lors des obsèques de ses enfants.
ALMANACH DU « XIX" SIÈCLE »
Notre calendrier
Aujourd'hui mercredi 24 octobre, 297" jour de
l'année, "* jour de l'automne (Saint Magloire),
3 brumaire de l'an 103. — Lever du soleil à
6 h. 36, coucher à 4 h. 52. — Lever de la lune
à 1 h. matin. coucher à 3 h. 16 soir. — Pendant le
mois d'octobre, les jours diminuent de 1 h. 44.
Le temps qu'il fait. — Variations atmosphéri-
ques relevées par l'ingénieur Queslin, 1, rue de la
Bourse, le 23 octobre :
A 7 h. matin. 13°4 au-dessus de 0.
A 2 h soir 0" 16°7 au-dessus —
A 9 h., soir. 1300 au-dessus - -
Observations météorologiques du XIX* Siècle :
Température la plus basse de la nuit (1 h.
10«0 au-dessus de 0.
Température la plus élevée du jour (midi 45),
18°2 au-dessus de 0.
Température moyenne de la journée : 15®4, supé-
rieure à la normale d'environ o®4.
Les minima du 23 octobre pour la région pari-
sienne ont varié de 8*0 à 12°0 pour les environs et
de 10»0 à 12° 7 pour l'intérieur de la ville.
Extrêmes hygrométriques : 61 à 1 h. soir et 95
à 1 h. 30 mat. — Vent dominant : Sud-Ouest. —
Vitesse moyenne, 15 kil. à l'heure.
Baromètre. — Hausse légère. — A 9 heures soir,
762 m/m 2.
Etat du ciel à Paris. — Très nuageux. Gouttes
très fines vers 5 h. 30 du matin.
Etat général du temps. — Les fortes pressions
du sud de l'Europe gagaent nos régions et re-
foulent vers le nord les mouvements dépression-
naires qui se tenaient sur l'Océan au large da nos
côtes ; des pluies sont encore signalées dans nos
contrées du Nord et du Centre et la température
est en hausse.
Temps probable pour aujoierehai. — Nua-
geux et couvert, température douce. Peiite plaie.
1 AVIS r
La Grande Maison Ad. GODCHAU,
12, faubourg Montmartre, est une maison
de confiance de premier ordre; elle garantit
tous ses produits. — Tout vêtement pour
Homme ou pour Enfant qui ne ferait
pas l'usage voulu est remplacé par un
vêtement neuf. — Nous engageons tous
nos lecteurs, tousnos abonnés à s'adresser
toujours 12, faubourg Montmartre, pour
être bien habillés et avantageusement.
-- 'T
LES THÉÂTRES
Ce soir
A l'Opéra, Othello.
Aux Variétés, reprise de Mam'zelle Ni-
touche.
Réouverture de l'Eldorado.
C'est décidément vendredi que les Nou-
veautés donneront la première représentation
de la revue de MM. Courteline et Marsolleau,
les Grimaces de Paris.
M. Sarasate se fera entendre, pour la se-
conde et dernière fois, au concert Colonne de
dimanche prochain.
Les Menus-Plaisirs vont faire leur réouver-
ture, sous la direction de M. Vandal, avec M.
de Champville pour secrétaire. On donnera,
au théâtre du boulevard de Strasbourg, l'E-
lève du Conservatoire, opérette en trois
actes de MM. Paul Burani, Henri Kéroul et
Antony Mars, musique de M. Léopold de
Wenzel.
Principaux interprètes: MM. Maugé, Pé-
rier, Bellucci Mmes Mily Meyer, Marie
Théry, etc.
C'est l'excellent chef Désiré Thibault qui
conduira l'orchestre.
Au théâtre de la République, la première de
Jacques l'Honneur, drame en cinq actes et
neuf tableaux, que MM. G. Grison et L. Sasie
ont tiré de leur roman, aura lieu mardi 30
octobre.
Au Nouveau-Cirque, aujourd'hui mercredi,
matinée à 2 h. 1/2, avec Papa Chrysanthème,
fantaisie japonaise nautique. I..è
Un vieux souvenir :
A Louis-le-Grand, un potache se distin-
guait, à la veillée, par son obstiné labeur.
Le maître d'études eut, un soir, la curiosité
de se pencher sur l'épaule du lycéen et de
jeter un œil indiscret sur le papier qu'il noir-
cissait avoc tant d'ardeur.
Il écrivait une comédie dramatique intitu-
lée : la Brinmlliers.
Le lendemain, le maître d'études était de-
venu le collaborateur du potache et, la pièce
finie, ils allèrent, un jour de sortie, la pré-
senter à Dumas pqre.
Le maître écouta la lecture avec complai-
sance et donna quelques conseils aux jeunes
auteurs.
La pièce, d'ailleurs, ne fut jamais jouée.
Peut-être la retrouverait-on dans les cartons
de l'Odéon.
Maintenant, voulez-vous savoir les noms
des deux collaborateurs ?
Le potache s'appelait Jules ClaretÍe et le
maître d'études était M. Alfred Letellier qui
fut, plus tard, député d'Alger.
Perdican.
PETITES NOUVELLES
On demande artistes dames commençaates pour
un nouveau café-concert. Trois fois par se-
maine. A la « Correspondance théâtrale », 41, riw
Fontaine.
— Samedi 27 courant parait un nouveau journal
dont le titre n'est pas mélancolique : la Chanson
fin de siècle.
Avis à ceux qui aiment la gaieté et les flonflons.
— Le Concert Européen donnera vendredi la
première du Tournoi d'amour, pantomime en un
acte de M. Tréville, interprétée par Mmes Milly
Dathène, Irma Aubry, Thérèse Walter et M. Mar-
cel César.
■ !
j AUTOUR DE --- PARIS -----
Le Perreux. — Un véritable guignon poursuit
M. le docteur Collardot, demeurant, 5, allée de
Bagatelle, au Perreux. Il y a un an, son coupé fut
pris en écharpe et mis en pièces avenue Ledru-
Rollin par un tramway nogentais ; à cette époque,
le docteur avait été grièvement blessé par des éclats
de verre; au mois d'août dernier, M. Collardot,
accompagne de sa jeune nièce, àgée de six ans,
faisait une promenade dans sa Victoria, quand le
cheval s'emballa et vint s'abattre à l'endroit où
avait eu lieu le premier accident; par un hasard
inouï, le docteur et sa nièce n'avaient pas une égra-
tignure, seul le cocher, projeté de son siège, avait
été légèrement blesssé.
Hier matin pendant qu'il faisait une visite, son
équipage stationnait Grande-Rue, à Nogent, quand
le cheval effrayé par le passage d'un tramway à
air comprimé s'emporta. Il descendait la côte de
la Maine à une vitesse vertigineuse et de graves
accidents étaient à craindre au passage du pont de
Mulhouse, quand la voiture, heurtant violemment
un tombereau, fut renversée et mise en pièces ; le
cocher qui avait été jeté sur la chaussée se releva
aussitôt. Il en était quitte pour la peur.
DÉPARTEMENTS
4. CALVADOS
Caen, 23 octobre. - Une pierre lancée sur le
train-poste n.24, de Caen à Paris, a atteint deux
voyageurs d'un compartiment da 2° classe. L'un
a été blessé à la tête et l'autre a eu la lèvre fendue
et trois dents cassées.
FINISTÈRE
Brest, 23 octobre. — Dans la nuit de samedi à
dimanche, un canot monté par deux douanier* du
port de Dineault a disparu en rade.
Hier, un aviron a été trouvé.
Ces deux douaniers, le sous-patron Kervena et id
matelot Juhel étaient partis pour surveiller les
abords de Lanievennec et do Port-Launay.
MM. Leroux, inspecteur des donanes. et Roma-
lain, lieutenant, sont partis hier de Brest pour
ouvrir une enquêta et faire rechercher las cada-
vres.
GIRONDE
Lussac, 23 octobre. — Le nommé Dupoateil,
habitant le village de Saint-Georges, a tué d'un
coup de couteau dans le ventre un de ses voisins,
Pierre Dijeau, qui lui réclamait des clienises qu'il
lui avait prêtées. Il y avait d'abord eu une très lé-
gère discussion dans un café, puis Dijeau suivit
Dupontcil chez lui et renouvela sa demande. Cette
fois, pour toute réponso, il reçut un coup de cou-
teau dans l'abdomen. Il eut encore la force de s'en-
fuir, mais Duponteil le poursuivit et lui porta dans
le dos un coup do poing qui le fit tomber râlant
sur le bord d'un fossé où il ne tarda pas à mourir.
VAR
Toulon, 23 octobre. — De nombreux cas d'em-
poisonnement causés par l'absorption de boudins
viennent d'être découverts dans la ville et dans les
faubourgs.
C'est une jeune fille employée à l'abattoir com-
munal qui, par son imprudence, a été la cause in-
volontaire de ces accidents. Chargée de saler le
sang destiné à la confection de la charcuterie, cette
personne s'aperçut au dernier moment que la pro-
vision de sel à ce affectée était épuisée. Elle alla
alors chercher du sel qui sert à la conservation
des peau, et qui, circonstance qu'elle ignorait,
contient une certaine quantité d'acide arsénieux.
On comprend aisément les troubles qu'a amenés
l'ingurgitation de cette charcuterie, et l'effroi des
nombreuses personnes qui se sent soudainement
senties atteintes de coliques épouvantables et de
vomissements. Fort heureusement la dose d'acide
arsénieux était infime et le sel m'avait été mis dans
le sang qu'en petite quantité.
L'enquête se poursuit activement pour assurer
les soins aux victimes et éviter le retour de pareils
accidents.
COURRIER DE LA BOURSE
Le marché est d'une grande nullité, et c'est plu-
tôt la lourdeur qui domino.
Tous ces jours-ci, les cours ont été visiblement
soutenus en vuo d'atténuer l'impression produite
par les nouvelles relatives à la santé du tsar.
Les nouvelles, aujourd'hui, étant un peu moins
inquiétantes, ou du moins le statu quo se mainte-
nant, le marché est laissé davantage à lui-
même.
D'autre part, la rentré des Chambres produit
son effet habituel. On fait le compte des interpel-
lations auxquelles le ministère va avoir à répon-
dre, et l'on se demande s'il pourra arriver sam et
sauf jusqu'à la discussion du budget, quelque peu
distante qu'elle puisse être. Non pas que la Bourse
tienne à ce ministère beaucoup plus qu'à tout au-
tre; mais aile n'aime pas les déménagements, cha-
cun sait ça. Aussi cette perspective d'une crise mi-
nistérielle plus ou moins prochaine lui impose-
t-elle mie très grande réserve.
Enfin, les retraits sont en excédent sur les dé-
pôts aux caissaa d'épargne, ce qui ne permettra
pas à ces caisses d'absorber beaucoup de titres en
pas à ces caisses
liquidation.
Ces diverses causes ont contribué à la lourdeur
de la journée.
Le 3 0[0 a débuté à 101 45 et s'est raffermi un
peu pour la clôture à 101 58. Le comptant n'est pas
très brillant.
L'Amortissable est à 99 90 et le 3 112 il 108 07.
Parmi les fonds étrangers, ce sont les fonds
russes qui attirent principalement l'attention en ce
moment. Le Consolidé s'avance de 93 10 à 93 25,
le 3 010 do 85 90 à- 86, l'Emprunt d'Orient de
63 25 à 63 35.
L'Italien progresse de 83 20 à 83 42. A Rome, le
change sur Paris est en légère amélioration à
108 30; à Gênes, à 108 42.
L'Extérieure espagnole est ferme à 70 9[16. A
Madrid, le change sur Paris est à 1670 0i0; à Bar-
celone à 17 40 0i0.
Le Turc est plutôt lourd à 25 37; le Hongrois
reste à 99 7j8.
Le Portugais recule à 25 7(8. On a parlé d'un
emprunt que le Portugal voudrait émettre pour se
payer la luxe d'une flotte de guerre, et la Bourse
est d'avis que cette idée manque tout au moins
d'opportunité.
Les valeurs de crédit sont, selon leur habi-
tude, fort peu actives. Il en est de même pour les
actions des chemins de fer français.
Les chemins étrangers sont bien tanus. Les Au-
trichiens sont en nouveau progrès à 775. Les che-
mins espagnols conservent leurs cours précé-
dents.
Le Suez est calme à 2,915.
Dans les groupes des valeurs minières, le Rio
attire l'attention par son vif mouvement de re-
prise : coté d'abord à 365, il s'élève ensuite brus-
quement à 378. Ce mouvement parait être la con-
séquence de la liquidation d'une forte position à
la baisse à Londres.
La De Beers est faible aux environs de 443 75,
influencée par le discours de M. Cecil Rhodes à
l'assemblée des actionnaires de cette compagnie.
NOUVELLES FINANCIÈRES
Après Bourse, 4 heures.
3 0/0, 101 53. — Egypte, 523 12. — Extérieure,
70 9/16. -Portugais, 25 7/8. — Hongrois,
99 7/8. — Turc, 25 35. — Banque ottomane,
667 50. — Rio-Tinto, 378 75. — Tharsis, 121 25. —
Alpines, 178 12. — De Boers, 443 75.
La ehambre syndicale- des agents de change pu-
blie les avis suivants :
A partir du 23 octobre présent mois, les actions
de la Banque romaine cesseront d'être négociables
à la Bourse de Parijj,
— A partir du 23 octobre présent mois, les obli-
gations et les bons de la Compagnie des chemins
de fer des Charentes (on faillite), et les obligations
de la Compagnie du chemin de fer de Bordeaux à
la Sauve cesseront d'être négociables à la Bourse
de Paris.
— A partir du 23 octobre présent mois, les ac-
tions anciennes de la Société générale des fourni-
tures militaires cesseront d'être négociables à la
Bourse de Paris. -
Buenos-Arres, 22 octobre
Or, 339.
Rio-de-Janeiro, 22 octobre.
Change, 11 3/4.
Madrid, 23 octobre.
Change, 14 27 0/0. — Agio de l'or, 10 25 0/0
Lisbonne, 23 octobre.
Agio de l'or, 21 0/0.
Berlin, 23 octobre..
| i Roubles au comptant, 219 40.
L E S' SPORTS
SPORT VELOCIPEDES
La bicyclette mécanique. - Qeptti" ,,'r'1t1-
temps nous remarquions, (balC }" joun\<;:t
cliates allemands: un cliché rupriSsintazit :.:.:: J h ■ •
dette, un peu plus longro que les machin s , 1».
naires, mais dépourvue de pédales, et .font !.; :>:*•
canisme de traclion -,- par la roue d'arriérer — :.i:
entièrement caché.
Eh bibn! cette machine mystérieuse était t.t.
bonnement une bicyclette à p&rola, à moteur
robuste que léger et qui, seule et sans lo secours
de la force motrice du cavalior, peut fo'irnir unv
vitesse de 40 kilomètres à l'heure! Là-bas, - ir les
bords de la Sprée, on n'en est pins aux e:;péri.M>.-o*
de laboratoire et e'est^immercialeatentquo s* x- I )1 tf
le brevet de la nouvelle bicyclette méclI:i'Jlk.
Déjà nous avions signal' l'hiver derni -r ît; < per-
sévérants essais de l'inventeur, notre eonfnVellil
debrand, directeur du Radpiar Humer, et l, t'H'.
d'hier consacrait son article de tète à la réussite d<
cette bicyclette mécanique ; avec lui, nous t4ina
Ions à nouveau l'invention à nos lecteurs, fo.i
vaincu que cette bieyclolte est appelée A révolu
tionner, non point le sport véloeipédique, mais
aussi la locomotion universelle dans tous les payt
possédant d6s routes.
La bicyclette à pétrole pèse 40 kilogs et dépens*
pour 1 franc de benzine par 100 kilomètres parcoa
rus. Voilà une industrie dont nos grands conatrue
teurs français devraient bien s'occuper, sinon là
bas, à Munich, on recevra de belles commandoa.
de chez nous et ce sera autant de perdu pour nou
commerçants, pour nos ouvriers et pour notre in*
dustrie !
Un conseil à ceux qui possèdent la nouveauté
du jour. Au lieu de brûler du pétrole ordindrt
dans votre lanterne américaine, remplacez-le pal
du pétrole rectifié. Le puissant réflecteur projettera
alors une lumière parfaitement blanche.
Le record des 100 kilomètres. — Dubois ayar
battu,, dimanche dernier à Buffalo, le record det
100 kilomètres, on prête à Fossier Tintantion d'es
sayer ce record; d'autre part, Dubois a déclaré
que si Fossier abaissait le temps des 100 kilomè-
tres, il essayerait à nouveau, lui, Dubois, de battrt
le record. Enfin Linton, après préparation, s'atta-
querait aussi à ce record des ll0 kilomètres.
Gladiator a expédié hier au Japon quinze bicy-
clettes destinées aux courriers militaires du mi*
kado.
La plupart des fabricants commencent à s'occu-
per activement de leur exposition au Salon du cy-
cle. Chanon fabrique en ce moment, dans ses ate-
liers de la rue Duret, plusieurs machines qui con.
sacreront, croyons-nous, sa réputation. Chano.
était, il y a quelque temps encore, assez peu connu ;
mais la confection consciencieuse de ses machines,
le souci constant des perfectionnements pratiques
ont eu vite fait de loi assurer une clientèle qui va
sans cesse en augmentant.
G. Meyland.
;jÿ:-:'¿ ::::j; =":r;.-;;:::{< ?!:..---J
LE DICTION N A lRB g
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LES COURSES
COURSES A COLOMBES
PRONOSTICS
Prix de Sannois. — Perdrix vient de ga-
gner sur cette distance ; nous la préférons i.
Aileron. Mais nous croyons que VèlJ la et
Clématis sont les meilleurs.
Prix de Melun. — Fernande, Fil de Fer,
Prix de la Pelouse. — Antibes Saute bien.
Hourrah II est bien grand pour Colombes
Antibes sera un rude adversaire pour Bob ut
Hourrah II.
Prix de Barbizon. — Néophobe, Ver-
menton.
Prix de Montgeron. — Caramel et Sado son f
bien dangereux. Nos favoris sont Quartauj
et Carabas.
NOS PARIS lUWOMBfAXDÉiI
Fernande et Néophobe gagnants, Vélédct et
Quartaud gagnants et placés.
COURSES A CHANTILLY
Par cette radieuse journée d'automne, la
forêt avait d'admirables aspects et les cour-
ses, avec leurs champs si nombreux, ont été
superbes.
Malgré le beau temps, le public était ner-
veux et s'est deux fois mis en colère. D'abord
après l'affichage du numéro de Kara Kelnaïa,
ou toute la pelouse s'est levée comme un seul
homme pour affirmer que Courbépine avait
gagné. Cette manifestation était d'autant plus
rare que les chevaux du baron de Schickler,
sempiternels gagnants de tout le monde a
égalité ou 11[2, ont toujours été les grandis-
simes favoris du public. M.Tout le Monde n's
du reste pas à s'en repentir, puisqu'il touche.
Il est vrai que les épreuves où l'on voit triom< •
pher infailliblement à chaque fois la casaquf *
blanche et cerise sont généralement bien as-
sommantes. Le public se lasserait-il de ces
victoires par trop faciles et, par trop pré-
vues?
La seconde colère du public a été après la
victoire de Melchior qui, en bonne humeuf
de s'employer et ne rencontrant que des con-
currents surmenés, s'est littéralement pro-
mené à 2011 devant une demi-douzaine de fa-
voris en carton. Ce Melchior n'ayant pas suivi
deux jours avant, sa victoire était difficile à
faire accepter et les moins intransigeants ne
se gênaient pas pour dire que dimanche il
avait été honteusement tiré. Comme nous
FEUILLETON DU 25 OCTOBRE 1894
— 56 —
LA
GRANDE OUTURIERE
PAR
JEAN !B3EVUISrO
XX
- Réapparition de Bistouri
- SUITE —
Raoul Bonivay, au contraire, roulaitdes
yeux furibonds, serrait les. poings avec
rage et poussait de sourdes protestations
toutes les fois que son nom était prononcé,
st le président dut lui ordonner de se taire
à plusieurs reprises.
Les femmes, les courtisanes surtout, ne
se cachaient guère pour lui mamfester
leur sympathie par des signes. Calait du
reste un assez beau cavalier, et les opéra-
tions d'usure qu'on lui reprochait étaient
largement compensées à leurs yeux parle
train de viveur qu'il menait.
Après les formalités d'usage, le prési-
dent dit à Labro,.qui s'était levé sur son
invitation :
— Vous venez d'entendre l'acte d'accu-
sation dressé contre vous; qu'avez-vous à
répondre?
Beproduction et traduction iDtetdilei.
— Une seule chose, monsieur, que je
ne cesserai de répéter, je ne suis pas
coupable.
- Expliquez alors votre présence dans
le jardin ae M. Mauverger au moment
même où on l'égorgeait dans son ca-
binet.
— J'ai répondu à ce sujet à M. le juge
d'instruction. J'étais venu implorer M.
Mauverger, que j'avais le droit de regar-
der comme mon père, de venir en aide à
ma famille plongée dans le plus affreux
dénûment. et, comme il avait d'abord
repoussé mes prières, au moment où je
me retirais, le désespoir s'empara de moi
avec une telle violence que je résolus de
faire une nouvelle tentative auprès de
lui. C'est à l'instant où je venais de pé-
nétrer pour la seconde fois dans le jardin
que j'ai été surpris par le retour de la
bonne.
- Oui, l'arrivée de cette femme et l'in-
tervention du cocher qui la ramenait ont
dû vous causer beaucoup de contrariété,
car vous aviez pris de grandes précautions
pour ne pas être dérangés pendant l'exé-
cution du crime. Vous et votre complice
vous aviez empoisonné le chien de garde
dont les aboiements auraient attiré l'atten-
tion des voisins et des passants.
.:.. Je vous jure, M. le président, que je
n'ai pris aucune part à cet empoisonne-
ment; pendant la première visite que j'ai
faite au malheureux vieillard, celui-ci a
fait taire le chien, et en rentrant dans la
maison je ne l'ai plus entendu.
- t Alors, vous niez avoir frappé M. Maù-
verger; pourtant les personnes qui ont as-
sisté à son agonie uliirmeut, qu'elles l'ont
entendu prononcer distinctement votre
nom.
— Comme il était sous le coup de la
discussion que nous venions d'avoir en-
semble, il a pu supposer que j'étais son
assassin, car il a été surpris, a dit le mé-
decin chargé de l'examiner, et frappé par
derrière.
— Si ce n'est pas vous qui avez assas-
siné ce malheureux, c'est votre complice
Raoul Bonivay?
— Permettez-moi, M. le président, de
répéter pour la centième fois au moins que
je ne peux pas avoir de complice puisque
je n'ai commis aucune mauvaise action.
— Mais je ne connais pas cet homme,
je ne l'avais jamais vu avant de le rencon-
trer chez le juge d'instruction 1 s'écria
Bonivay d'un ton furieux.
Le président lui impoga silence et lui
dit qu'il le ferait sortir de la salle s'il se
permettait encore de parler sans êtee in-
terrogé.
Après les protestations qu'il venait de
faire, Labroux ne répondit que par quel-
ques mots aux questions du président, et
celui-ci, n'espérant plus obtenir de lui au-
cun renseignement intéressant. lui dit de
s'asseoir.
Le pauvre graveur s'affaissa sur son
banc plutôt qu'il ne s'assit, et les dames
qui 1 examinaient avec leurs lorgnettes
purent voir des larmes perler sur ses
cils.
L'interrogatoire de Raoul Bonivay dura
beaucoup plus longtemps que celui de La-
broux. Il repoussa avec une violente éner-
gie les accusations résultant des déposi-
tions de la Lézarde, et soutint que citait
un faux témoin soudoyé par ses ennemis.
La mystérieuse disparition de cette femme,
au momentoù sa présence était nécessaire
pour confirmer, les témoignages qu'elle
avait faits devant le juge d'instruction,
produisit un tel effet sur les jurés que
l'avocat de l'homme d'affaires, beaucoup
plus habile que celui de Labroux, résolut
d'en faire l'une des bases principales
de sa défense.
Ce furent surtout les explications rela-
tives aux questions des opérations finan-
cières faites entre l'homme d'affaires et
Rochevil qui provoquèrent un véritable
tumulte dans la salle. Bonivay affirma
énergiquement qu'il avait prêté en diffé-
rentes fois des sommes énormes au négo-
ciant, et que jamais il n'avait proposé à ce
dernier de lui céder aucun papier ayant
appartenu à Mauverger.
L'histoire ridicule de ce prétendu testa-
ment fait en faveur de Mlle Fernande Mi-
gnonnet, que j'aurais offert à M. Rochevil
moyennant une grosse somme d'argent,
n'a pu éclore que dans le cerveau d'un co-
quin ou d'un fou, dit-il. Si j'avais eu en-
tre les mains le testament dont on parle,
je serais allé le proposer à la couturière,
qui était ma maîtresse, et j'en aurais tiré
un profit bien autrement grand qu'en l'of-
frant à Rochevil.
— Si le fait est faux, quel intérêt aurait
eu M. Rochevil à l'inventer ? demanda le
président à Bonivay.
— C'est une question que je me suis
adressée déjà bien des fois. On dirait que
l'homme ayant recours à des moyens
aussi odieux ne peut obéir qu'au besoin
de se sauvegarder lui-même, Rochevil
serait l'auteur du crime qu'il n'agirait pas
autrement, répondit l'homme d'affaires.
Ces paroles, prononcées à haute voix et
d'une façon bien distincte, firent courir un
murmure de stupeur dans la salle; on
s'interrogea du regard, et le président,
qu'elles n'avaient pas laissé indifférent,
reprit d'un ton sévère :
— Vous êtes ici pour vous justifier du
crime qu'on. vous reproche et non pour
accuser les témoins.
- C'est ma tête que je défends, répli-
qua Bonivay, l'enjeu vaut bien la peine
que j'emploie tous les moyens en mon
pouvoir pour gagner la partie. Sais-je
seulement si on a fait vérifier l'écriture
de l'abominable lettre anonyme à laquelle
je dois mon arrestation.
- A ce sujet, je puis vous répondre, dit
l'avocat de Bonivay à son client. J'ai sou-
mis des spécimens de l'écriture de toutes
les personnes que vous connaissez à l'ex-
pert, et il n'a rien découvert d'intéressant.
Après l'interrogatoire de Bonivay, le
président fit introduire Miette Portal, la
vieille bonne de Mauverger.
Ses regards se dirigèrent aussitôt sur
Labroux, et une expression de vive irrita-
tion se manifesta sur son visage.
— Té 1 le voilà enfin à sa place, ce gra-
din, ce voleur ! qui m'avait donné de la
méfiance la première fois qu'il s'est pré-
senté chez nous 1 s'écria la vieille Proven-
cale en menaçant Labroux avec le poing.
J'espère bien qu'on ne va pas tarder à le
guillottiner.
— Attendez que je vous interroge pour
parler, lui dit lé, président, et tournez-
vous contre moi.
— Oui, mon oon moussu.
— Vous connaissez cet homme, celai
qui est le plus rapproché de vous ?
- Si je le connais t Ah! par Notre-
Dame de la Garde, il serait à souhaitel
qu'il ne fût jamais venu chez nous. Mot
bon maitre ne serait pas en ce momem
couché sous six pieds de terre, le pau-
vre!.
— Combien était-il venu de fois ehej
M. Mauverger avant la mort de ce ier
nier?
— Deux fois, monsieur le juge, oh ? j'a;
bonne mémoire, et toujours pour deivi ri-
der de l'argent, le gueux 1 Mon rnai'iv.
m'avait même défendu de le recevoir à
l'avenir, mais le bandit a profité d'uïi ..; j
ment où j'ai été obligée de m'ahj;n" ?
pour se faufiler dans la maison, et je sui:
revenue trop tard, il avait fait le coup.
— Vous le supposez, du moins, carvou;
ne l'avez pas vu frapper M. Mauverger ?
- Je n avais pas besoin de ça pour da.
viner qu'il était l'assassin. Quand le av
cher Grangeot lui a barré le chemin, lors-
qu'il cherchait à se sauver, il tremblaii
comme un biquet à qui on met le couteau
sur la gorge.
— C'est tout ce que voug savez de cette
affaire'
— Ah 1 si je voulais parler, mon bon
moussu, j'en aurais à dire jusqu'à de-
main, mais peut-être que ça pourrait vous
fatiguer.
- C'est bien, allez fous asseoir.
Le cocher Grangeot raconta le plas suc-
cinctement possible ce qu'il savait. Son
récit frappa particulièrement Jfts juréf
lorsqu'il affirma avoir entendu Mautfergg*
prononcer d'une façon bien distincte 11
nom de Labroux.
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