Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-03-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 mars 1886 17 mars 1886
Description : 1886/03/17 (A17,N5182). 1886/03/17 (A17,N5182).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-septième innée. ™ .'- Ne 132
Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Mercredi 17 mars 1886
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LE Xir SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
âJ &dresaer au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
X&9 rue Cad.e'ti) £ €&
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendUi
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Extérienre. 57 7/8, 3/4, 25/32.
Hongrois. 833/4,13/16.
Tabacs. 406 25.
SOMMAIRE
Bulletin — Louis HENRIQUE.
Informations particulières.
Le Budget de 1887.
Questions du jour (le Faisceau). — EUG.
LIÉBERT.
Séance de la Chambre. — Docteur RALPH.
La Vie de Paris. — HENRY FOUQUIER.
Coulisses parlementaires.
En voyage avec un ministre. — Dr V. DU
CLAUX.
Nouvelles de l'étranger.
Bulletin militaire et maritime.
Nouvelles coloniales.
Au Ministère de l'instruction publique. —
ANDRÉ NANCEY.
A la Sorbonne. — PAUL MUSSET.
A la Société de géographie commerciale.
Echos du jour. - BRICHKNTEAU.
La Presse au jour le jour.— P.-P. DEJUINNE.
L'Industrie allemande.
Académie de médecine. — Dr V. DU C.
Courrier de la Bourse. — H. L. FAURB.
La Température.
Gazette du Palais. — M0 GERVASY.
Le Sport du jour. — FAVELLES.
Faits divers- — JEAN VALIJÈRK.
Courrier des théâtres. — EMILE MENDEL.
Feuilleton (Américaine). — GEORGES Bou-
TELLEAU.
BULLETIN
La question des tarifs de chemins de fer
a été reprise hier à la Chambre des dépu-
tés. La séance a été remplie par un dis-
cours de M. Camille Pelletan.
Entre temps, l'élection de la Lozère a
été validée sans discussion, et M. le minis-
tre des finances fait le dépôt du budget de
1887 et de divers projets d'ordre finan-
cier.
Le Journal officiel d'hier publie une loi
ayant pour objet de concéder diverses li-
gnes de chemins de fer à la Compagnie de
l'Ouest. Les lignes concédées à titre défi-
nitif sont celles :
De Saint-Pierre-Louviers aux Andelys
(Eure); de Briouze à la Ferté.Macé (Orne) ;
de Falaise à Berjon-Pont-d'tuilly (Calva-
dos).
Le même journal contient le rapport
très intéressant de M. le Dr Proust, ins-
pecteur général des services sanitaires, au
sujet des mesures d'hygiène à prendre en
vue du rapatriement des troupes du Ton-
kin.
On trouvera plus loin une analyse très
complète de ce document.
Une crise ministérielle est imminente
en Angleterre, si même elle n'est ouverte
déjà. Les dernières dépêches de Londres
annoncent la démission de MM. Chamber-
lain et Trevelyan.
Le motif de cette retraite serait, on le
devine de reste, la question d'Irlande.
Depuis deux jours, la démission de M.
Chamberlain tout au moins était prévue.
M. Chamberlain n'a point dissimulé son
hostilité aux projets de réforme élaborés
par M. Gladstone et exposés dans le der-
nier conseil des ministres. Il s'est pro-
noncé avec énergie, et à plusieurs repri-
ses, contre la concession d'un Parlement
autonome à l'Irlande. « Il y a tout lieu de
croire, ajoute le Times,- qui prend partie
contre cette grosse innovation, —qu'il est
opposé au projet fantastique de consacrer
5 milliards à rendre l'Irlande indépen-
dante. Le principe du rachat trouvera en
M. Chamberlain un critique sévère. »
MM. Trevelyan et Chamberlain assistaient
néanmoins à la séance de la Chambre des
communes, d'où l'on s'est un peu hâté de
conclure que les deux ministres n'étaient
pas réellement démissionnaires. La vérité
est que M. Gladstone n'a pas encore ac-
cepté leur démission ; mais le langage des
journaux anglais ne laisse aucun doute
sur les résolutions du premier ministre
anglais. Le Daily News est particulière-
ment net à ce sujet :
« Quoi qu'il en soit, dans trois semaines
ou quinze jours, M. Gladstone exposera
ses projets à la Chambre des communes.
Il présentera à la Chambre l'ensemble de
ses projets, et, quoi qu'il arrive, il tom-
bera ou il triomphera sur cette question.
» La défection de M. Chamberlain sera
sans doute un grand coup pour le cabinet ;
mais M. Gladstone conservera autour de
lui nombre d'hommes d'Etat qui jouissent
auprès du public d'un grand crédit. La
Chambre et le pays peuvent attendre en
toute confiance que le premier ministre
expose ses plans. »
Quant à les faire adopter par le Parle-
ment actuel, c'est une autre affaire. Il ne
semble pas vraisemblable que la grande
réforme projetée par M. Gladstone s'ac-
complisse sans un appel nouveau au corps
électoral. Sans que l'on puisse rien affir-
mer à cet égard, il est permis de croire
que si la crise ministérielle qui s'annonce
est conjurée aisément, la dissolution de
la Chambre des communes est une éven-
tualité qu'il faut envisager dès à présent
comme possible.
Les Allemands pratiquent une sorte de
chauvinisme qui ne fait pas honneur à
leur clairvoyance. Tandis que les Russes
envoient sans hésiter en France leurs ma-
lades atteints de la rage, en Allemagne on
en est encore à se demander ce que valent
les expériences, pourtant si concluantes,
de M. Pasteur.
Et ce n'est point là une appréciation
émise par un journal; c'est à la tribune de
la Chambre des députés de Prusse, s'il
vous plaît, que cette opinion s'est fait jour.
Questionné par un député, au cours de la
discussion du budget, sur les mesures que
comptait prendre le gouvernement à propos
de la vaccination contre la rage, M. de
Gossler, ministre de l'instruction publi-
que, a fait une réponse qui est une mer-
veille.
« La question, a dit le ministre prus-
sien, est plus importante pour la France
que pour la Prusse. » Pourquoi? Est-ce
parce que la race canine est rebelle à la
rage ou que la race teutonne est réfrac-
taire au virus rabique ? Ni ceci ni cela.
C'est tout simplement parce qu'en Prusse
on combat très efficacement la rage au
moyen de la muselière !
L'histoire ne dit pas si le député prus-
sien s'est déclaré satisfait de cette éton-
nante réponse.
Le ministre de l'instruction publique de
Berlin parait atteint d'une gallophobie ai-
guë, qui lui enlève la perception nette du
vrai et du faux. Laissons-lui ses illusions
sur les mérites de la muselière.
LOUIS HKNRIQUB.
INfORMATIONS JPÂRTICnLIÈRES
Les protectorats
M. Bonnal, chef du bureau des protectorats
de l'Extrême-Orient au ministère des affaires
étrangères, est nommé résident à Haïphong.
M. le capitaine Aymonnier, administrateur
des affaires indigènes de Cochinchine, est
nommé résident en Annam pour la province
de Binh-Thuan.
Élection sénatoriale de la Vendée
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a pré-
senté hier à la signature du président de la
République un décret convoquant pour le
2 mai les électeurs sénatoriaux de la Vendée.
Les conseils municipaux éliront leurs délé-
gués le 28 mars.
L'Exposition de 1889
M. Lockrov, ministre du commerce et de
l'industrie, a reçu hier matin les conseillers
municipaux qui font partie de la commission
de l'Exposition de 1889.
Mouvement administratif
M. Dumoulin, licencié en droit, chef de ca-
binet de préfet, est nommé conseiller de pré-
fecture du département de la Corrèze, en
remplacement de M. Sallebert, mis en dispo-
nibilité sur sa demande.
M. Fourdinier, conseiller de préfecture des
Ardennes, non installé, est nommé conseiller
de préfecture du département de l'Aube, en
remplacement de M. Jolibois, maintenu, sur
sa demande, comme conseiller de préfecture
des Ardennes.
Au ministère de la guerre
Par décision ministérielle du 9 février 1886,
M. Rouget, capitaine au 871 régiment territo-
rial d'infanterie, a été désigné pour faire par-
tie de l'état-major particulier du ministre de
la guerre.
—— —————— : —————
LE BUDGET DE 1887
Hier, au cours de la séance de la Chambre,
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a dé-
posé les projets de loi suivants :
1° Projet de loi portant conversion des obli-
gations du Trésor a court terme en une émis-
sion de rente 3 0/0 ;
2° Projet de loi portant ouverture à l'exer-
cice 1886 d'un crédit de 21 millions 258,000 fr.
(arrérages de rentes 3 0/0 et intérêts de la
dette flottante) et annulation au même exer-
cice d'un crédit de 99 millions 927,390 fr. (in-
térêts et amortissement des obligations à
court terme);
3° Projet de loi portant réforme de l'impôt
des boissons ;
4° Projet de loi portant fixation du budget
général de l'exercice 1887.
Voici quelques détails sur chacun de ces
projets, qui seront examinés par la commis-
sion du budget :
Il y a en circulation 466 millions d'obliga-
tions à court terme. Ces 466 millions seront
remboursés à l'aide d'une émission de ren-
tes 3 0/0 perpétuelles. Les 100 millions de
l'amortissement sont par là dégagés et ren-
dus disponibles.
D'autre part, pour faire face aux dépenses
extraordinaires de l'exercice en cours, il de-
vait encore être émis 152 millions d'obliga-
tions à court terme. C'eût été, comme les
obligations déjà existantes, de véritables as-
signations sur les recettes ordinaires de nos
prochains budgets. Il eût été, évidemment,
contradictoire de les établir, alors que l'on
supprime celles qui existent. Ces 152 millions
seront donc, eux aussi, remplacés par du 30/0
perpétuel.
Si l'on s'en fût tenu à cette opération, il y
aurait eu, en somme, substitution pure et
simple de rentes perpétuelles à des obliga-
tions à court terme, c'est-à-dire remplace-
ment de certains titres par d'autres. On n'au-
rait pas pu parler d'emprunt. Il y aurait eu
uniquement conversion ou, plus exactement,
consolidation d'une dette à brève échéance.
Mais, de cette consolidation spéciale à celle
d'une partie plus importante de la dette flet-
tante, il n'y avait qu'un pas, et ce pas a été
franchi.
Le gouvernement a pensé qu'il convenait
d'alléger la dette flottante proprement dite.
Une somme de 750 millions environ sera,
en conséquence, consolidée également en
rentes perpétuelles. Le Trésor sera mis ainsi
en mesure de rembourser 300 millions envi-,
ron à la Caisse des dépôts et consignations,
pour le compte des caisses d'épargne; le
ministre des finances a introduit dans son
projet une clause aux termes de laquelle il
est fixé un maximum aux sommes que le
Trésor peut recevoir en compte courant des
caisses d'épargne.
Ce maximum est arrêté à 100 millions.
En résumé :
618 millions d'obligations à court terme à.
consolider, plus 750 millions de dette flot-
tante à consolider également, représentent
un total de 1,368 millions, pour lesquels il
devra être créé du 3 0/0 perpétuel.
Enfin à cette somme le gouvernement a
décidé de joindre le solde du compte de li-
quidation de la guerre, soit 98 millions en
chiffres ronds, qu'on ne pouvait laisser en
suspens. Pour ces 98 millions seuls on peut
dire exactement qu'il y a emprunt. Tout le
reste de l'opération n'est que consolidation
de dettes préexistantes.
En résumé, l'émission à laquelle il devra
être procédé, conformément aux indications
qui précèdent, portera sur un capital de 1,464
millions en 3 0/0 perpétuel.
Le gouvernement demandera aux Cham-
bres de le voter avant les vacances de Pâques,
de manière que les opérations qu'il com-
porte puissent être effectuées le plus tôt pos-
sible.
Ce projet, quoique conçu en vue de l'éta-
blissement du budget de 1887, aura un effet
direct sur le budget de 1886. En autorisant la
conversion des obligations sexennaires im-
médiatement, il permettra d'éviter le rem-
boursement de celles de ces obligations qui
viennent à échéance dans le reste de l'exer-
cice actuel.
Il en résultera une disponibilité de 79 mil-
lions qui permettra de couvrir les dépenses
du Tonkin et de Madagascar afférentes à l'an-
née 1886 et d'établir l'équilibre du budget de
cet exercice. C'est en prévision de cette con-
séquence et pour consacrer ce résultat que le
projet rectificatif du budget de 1836 est pré-
senté.
Quant au projet sur l'impôt des boissons,
il constitue un ensemble de réformes liées les
unes aux autres, à savoir : élévation de 156 fr.
à 215 fr. du droit sur l'alcool, suppression
de l'exercice , du droit de détail et du privi-
lège des bouilleurs de cru.
Le but essentiel de ce projet est de simpli-
fier la perception de l'impôt sur les boissons.
Voici quelques détails sur l'économie géné-
rale de ce projet : -
Le droit de détail étant supprimé, les deux
droits restants, ceux de circulation et d'en-
trée, sont fondus en une taxe unique qui
existe déjà dans les villes au-dessus de dix
mille âmes, qui sont dites villes rédimées.
Le projet étend ce système aux villes dont
la population est comprise entre dix mille et
quatre mille âmes. La taxe unique dans ces
villes ne pourra excéder trois fois le droit
d'entrée.
D'autre part, pour les communes au-des-
sous de 4,000 âmes, le projet établit l'abonne-
ment obligatoire de la commune. De la sorte,
la perception est simplifiée, puisqu'elle ne
porte plus que sur un droit unique.
C'est le vendeur qui prélèvera sur l'ache-
teur le montant de l'impôt, qui aura été ac-
quitté d'avance, entre les mains de l'Etat,
soit à l'octroi dans les villes rédimées, soit
par le payement fait par les communes obli-
gatoirement abonnées.
Le droit de circulation sera régularisé ; il
ne comprendra plus que deux catégories dé-
terminées d'après le chiffre de la population
et le caractère producteur ou consommateur
du département.
Enfin, en ce qui concerne les privilèges des
bouilleurs de cru, le projet limite à 25 litres
la quantité d'alcool pur que les cultivateurs
peuvent produire en franchise pour leur con-
sommation personnelle.
Le surplus, même s'il est destiné à la con-
sommation personnelle, sera imposé, à l'in-
verse de ce qui existe actuellement.
Les appareils de distillation seront soumis
à un système de contrôle imité du procédé
allemand :
Réglage du débit à dire d'expert et dépôt à
la mairie de la commune d'une partie essen-
tielle de l'appareil dans l'intervalle des distil-
lations, de manière à ce que l'on puisse tou-
jours être averti au moment où le produc-
teur fabrique son alcool.
Le budget* de 1887 est présenté en équilibre
de la façon suivante :
Le budget extraordinaire et le budget ordi-
naire ne font plus qu'un et ils doivent être
gagés sur les impôts et revenus publics. La
surcharge qui en résulte s'élève à 90 mil-
lions.
D'autre part, les dépenses de notre protec-
torat dans les colonies doivent être également
supportées par le budget ordinaire. Elles sont
fixées à 30 millions.
C'est donc un total de 120 millions à trou-
ver.
De plus les lois sur les récidivistes, sur les
pensions militaires et maritimes et quelques
autres lois votées par la Chambre exigeront
un nouveau surcroît de charges de 25 mil-
lions.
Enfin les moins-values budgétaires doivent
être prévues. On est obligé de réduire de
61 millions les recettes qui avaient été ad-
mises pour le budget de 1886.
120 millions, 25 millions et 61 millions don-
nent un total de 206 millions.
M. Sadi Carnot a demandé à ses collègues
toutes les économies possibles. On est arrivé
à réduire les dépenses de 56,200,000 francs.
Il manquait donc encore 150 millions.
Cette somme a été demandée à une double
ressource :
1° Le remaniement de l'impôt sur les bois-
sons, avec la surtaxe sur 1 alcool, donnera
76 millions ;
2° Il sera économisé, sur le budget ordi-
naire — grâce à la consolidation d'une grande
partie de la dette flottante, combinée avec la
mobilisation des 100 millions de l'amortisse-
ment — un solde net disponible de 75 mil-
lions et demi.—
La somme nécessaire pour l'équilibre du
budget ne s'élevant qu'à 149,800,000 francs,
on aura donc un excédent de recettes del mil-
lion 1/2 environ. -
Voici maintenant à l'aide de quels procédés
le gouvernement s'est ménagé une disponi-
bilité de 75 millions 1/2 par la consolidation
partielle de la dette flottante.
Nous avons vu qu'il s'agissait de consolider
ou de rembourser une somme totale de 1,466
millions en rente 3 0/0 perpétuelle.
La charge exacte qu'elle imposera au bud-
get dépendra du prix d'émission, mais, dès à
présent, on peut la calculer approximative-
ment. Au taux de 3 67 0/0, elle serait de
53,800,000 francs. C'est l'annuité qui est ins-
crite au budget de 1887.
Que l'on y ajoute 5 millions pour supplé-
ment de traitement aux trésoriers-payeurs
généraux — ramenés au régime des traite-
ments fixes par la suppression des avantages
attachés au compte courant — on voit que
le budget sera grevé , en tout, de 58,800,000
francs. Or, moyennant cette augmentation, il
réalise les économies suivantes :
D'abord, l'annuité pour le service des obli-
gations à court terme devient disponible. Elle
comprenait, outre les 100 millions pour l'amor-
tissement, 20 millions pour les intérêts des
titres. Voilà une somme libre de 120 millions.
Puis une économie est faite sur les intérêts
de la dette flottante, et notamment sur la
charge du compte courant des trésoriers-
payeurs généraux. Elle n'est pas moindre de
12 millions, ou plus exactement, avec diverses
économies du même ordre, de 14,300,000 fr.
Ainsi, en résumé, contre une charge nou-
velle de 58,800,000 francs, l'Etat réalise un
ensemble d'économies montant à 134,300,000
francs. Le bénéfice matériel de l'opération est
de 75,500,000 francs.
Plusieurs objections ont été faites au plan
de M. Sadi Carnot. Nous les résumons :
1" Contrairement au programme du gou-
vernement, on fait un emprunt et à la place
de dettes à court terme on substitue une
dette perpétuelle. Les dépenses de premier
établissement de la guerre, de la marine,
des travaux publics grèveront l'avenir d'une
façon indéfinie.
Le gouvernement a le droit d'allonger la
période d'amortissement; il n'a pas le droit
de supprimer l'amortissement lui-même.
2° Pourquoi choisir le type 3 0/0 perpétuel
au lieu du 3 0/0 amortissable?
Pourquoi ne pas émettre soit du 4 1/2, soit
du 4 0/0?
En choisissant le 3 0/0, ont émet un titre
pour lequel on paiera, pour un intérêt nomi-
nal de 3 0/0, un intérêt de 3 3/4 0/0, pour lequel
on recevra un capital réel de 80 fr. et on
sera tenu de rembourser, au jour de la con-
version, un capital de 100 fr.
3° Au lieu d'une surélévation des droits sur
l'alcool, on préférerait un léger impôt sur le
revenu.
QUESTIONS DU JOUR
LE FAISCEAU
Je parle du faisceau des voix répu-
blicaines. Le spectacle de ce qui s'est
passé samedi, jour de désarroi, puis
lundi, jour d'entente et d'union, doit
rester présent à la mémoire de nos dé-
putés, car je ne sais guère d'enseigne-
ment plus utile. Il faudra donc qu'on
s'en souvienne, et que le faisceau se re-
forme, spontanément en quelque sorte,
chaque fois que l'union des républicains
sera en péril.
La Chambre élue en 1883 s'est trou-
vée constituée de telle sorte que l'union
des républicains de toute couleur y est
devenue aussi indispensable que dans
l'Assemblée de 1871. Qu'on s'en félicite
ou qu'on le regrette, c'est un fait cons-
taté, dont on doit accepter les consé-
quences. En ce temps-ci plus que ja-
mais, tout député républicain a le devoir
de s'interdire les fantaisies individuel-
les, parce qu'elles compromettraient
gravement la cause commune.
Ainsi que ses devancières, la majorité
républicaine d'aujourd'hui s'est trouvée
bientôt divisée en groupes. Ce n'est pas
l'idéal, et nous connaissons les inconvé-
nients de ce système. Mais enfin, puis-
qu'il faut prendre la Chambre comme
elle est, tâchons, en toute circonstance
importante, de tirer de l'institution des
groupes ce qu'elle a de bon, et l'on
n'en tirera quoi que ce soit si l'on n'é-
tablit avant tout le principe général de
l'union des groupes.
La première réflexion qui vient porte
donc sur l'esprit de concessions et de
sacrifices réciproques qui doit désor-
mais régler la conduite des républicains
de la Chambre.
Les trois groupes existants sont assu-
rément fort divers par l'importance nu-
mérique; mais aucun d'eux ne saurait
aujourd'hui faire prévaloir isolément
une politique indépendante. Le groupe
qui se détacherait des deux autres cour-
rait le danger, soit de n'aboutir qu'à
des manifestations platoniques, soit en-
core (ce qui serait plus grave) de rece-
voir, malgré lui, le malicieux concours
de la Droite; celle-ci guette, en effet,
n'importe quelle occasion de joindre
ses deux cents voix aux voix d'un
groupe républicain quelconque, afin de
mettre le cabinet en minorité et de pro-
voquer une crise ministérielle à la fois
ridicule et inextricable.
Il faut donc établir en principe que
toute la politique parlementaire répu-
blicaine doit être subordonnée à l'ac-
cord des trois groupes républicains qui
forment la majorité. Chaque groupe doit
assurément conserver son programme
propre ; mais, dans la pratique des dé-
libérations et des votes, chaque groupe
doit s'assurer aussi d'une entente préa-
lable avec les autres groupes. Il faut
résolument éliminer tout sujet de dis-
corde grave, et ce doit être la première
règle dans les débats où le sort d'un
ministère serait mis en jeu. C'est seule-
ment lorsqu'il s'agit de questions d'où
ne saurait naître aucune crise que cha-
cun peut donner carrière à ses inspira-
tions personnelles. Hors de là, sans disci-
pline point de salut.
Nos députés sauront-ils se maintenir,
jusqu'au terme de leur mandat, dans cet
esprit de conciliation et de sagesse ? On
n'oserait pas s'en porter garant, car la
politique de concorde entraîne de cons-
tants sacrifices, qui paraîtront, souvent
insupportables à beaucoup. Cependant
il faudra s'y appliquer, si l'on veut réel- i
lement travailler pour le bien de la na-
tion. Et les efforts que chacun fera dans
ce sens seront certainement compris et
appuyés par le sentiment public. Croit-
on que le pays n'a pas éprouvé un sen-
timent de satisfaction profonde lorsque
les journaux lui ont apporté ce vote de
lundi, ce vote unanime, excellent, sur la
grave question qu'ont soulevéeJes évé-
nements de Decazeville? Et croit-on
qu'au contraire il n'eût pas été juste-
ment furieux si la Chambre, continuant
à battre la campagne comme l'avant-
veille, n'avait abouti qu'à créer une
crise ministérielle, sans ombre même de
prétexte, qui aurait révolté tout homme
de bon sens?
J'entends bien ce qu'on peut objec-
ter : — « Autant ne pas avoir de débats
publics, dira-t-on, si les votes sont con-
certés d'avance. A quoi bon passer des
séances à entendre des orateurs, si l'on
a reçu la consigne de voter dans tel ou
tel sens, et si, quelques arguments qu'on
entende, on sait qu'on doit mettre dans
l'urne son bulletin, blanc ou bleu, au
nom de l'accord intervenu entre les
groupes •? »
L'objection n'est pas sans valeur, et,
théoriquement, je n'y verrais pas grand'
chose à répondre. Oui, certes, cet ar-
rangement dont nous proclamons au-
jourd'hui la nécessité n'est pas la per-
fection et je le reconnaissais tout à
l'heure. Il n'en est pas moins vrai qu'on
est réduit, quant à présent, à y sous-
crire si l'on ne veut pas livrer au hasard
l'issue de tous les grands débats parle-
mentaires et risquer de désorganiser,
par distraction, par surprise, le gouver-
nement qu'on voudrait le plus sincère-
ment du monde aider et soutenir.
L'essentiel est que la République
prospère, ce qui ne peut arriver que
par le concours d'une majorité com-
pacte dans le Parlement. Plus tard, dans
une autre Assemblée où les monarchis-
tes ne siégeront qu'en minorité tout à
fait négligeable, on pourra concevoir
d'une autre façon la pratique parlemen-
taire ; mais, présentement, c'est l'esprit
de concessions réciproques et de disci-
pline qui doit dominer.
Toute puissance est faible, à moins que d'être
[unie.
C'est l'histoire du faisceau de dards,
contée dans la fable de La Fontaine, ce
solide faisceau qu'on ne pouvait rom-
pre, tandis que tous les dards disjoints
étaient brisés en un clin d'œil.
Si vous avez cru devoir vous partager
en groupes, — et de certaines traditions
vous y forçaient moralement peut-être,
— conservez du moins l'union des grou-
pes, et reformez le faisceau bien vite
dans toutes les conjonctures, malheu-
reusement trop fréquentes, où l'épar-
pillement de vos forces vous mettrait à
la discrétion de vos ennemis.
EUG. LIÉBERT.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les tarifs de chemins de fer. —
Le dépôt du budget. — L'impôt
sur la rente.
M. Anatole de La Forge occupe le fau-
teuil, comme la veille. Sa présence nous
annonce une journée de calme. Un seul
discours, en effet, l'a remplie tout entière,
celui de M. CamiUe Pelletan. Sans être in-
grat pour le plaisir que nous avons pu
prendre à écouter, pendant trois heures,
des questions techniques mises en un lan-
gage arlistement travaillé, nous ne pou-
vons nous empêcher de constater que les
interpellations font une fois de plus la
preuve de leur impuissance. Tantôt c'est
par des spectacles comme ceux de samedi
dernier qu'elles avortent, tantôt c'est par
une ampleur de débat qui ne permet plus
d'en apercevoir le terme.
Il y aura bientôt un mois que l'interpel-
lation Thévenet sur les tarifs est inscrite à
l'ordre du jour. On a le droit de se deman-
der sans exagération si elle n'y sera pas
encore pendant plus d'un mois.
La Chambre n'entend guère qu'un dis-
cours par séance, et l'on cite un nombre
extraordinaire d'orateurs qui n'ont pas en-
core parlé, qui tiennent tous à parler.
Le pays, en assistant à tous ces dévelop-
pements, doit se rappeler plus d'un pro-
verbe du bon La Fontaine. Il doit se dire :
« Le roi, 1 âne ou moi, nous mourrons d'ici
là. » Il doit se dire aussi que, dans le péril
qui le presse, trop de harangues font un
peu jouer à la Chambre le rôle du maître
d'école en face de l'enfant qui se noie.
Ce que nous craignons, pour notre part,
c'est qu'en fin de compte l'interpellation
n'affaiblisse le gouvernement en face des
compagnies, au lieu de le fortifier. Les
grandes compagnies sont fort habiles, fort
rompues aux souplesses de la diplomatie.
Il ne faut pas leur laisser croire qu'on n'a,
pour négocier des rectifications de tarifs,
aucun point d'appui, et on le leur ferait
croire si elles pouvaient penser qu'on dis-
cute longuement pour remplacer par des
paroles les actes qui seraient nécessai-
res , mais que les conventions interdi-
sent.
m
* *
Ces réserves faites et en restant dans le
domaine théorique, il est juste de recon-
naître que M. Camille Pelletan a prononcé
un discours très digne d'attention, très ca-
pable d'exercer une influence sur l'avenir
et de grossir le nombre de ceux qui tra-
vaillent à déchirer les conventions. Il y a
là des arguments à brasser contre le ré-
gime établi en 1859, perpétué en 1883.
Tout ce que peut avoir de mauvais et pour
le public, et pour les contribuables, et pour
l'Etat, la domination exercée pardegrandes
compagnies investies d'un monopole a été
établi a\ec une réelle puissance par M.
Pelletan.
Mais si l'on voulait chercher dans ce dis-
cours un remède efficace pour le présent,
un système d'organisation nouvelle pour
le jour où les Compagnies seraient brisées,
on serait déçu. Le talent même de l'ora-
teur ne se prête pas à cette œuvre de re-
construction. Il est vigoureux surtout pour
l'attaque. Seulement, comme l'attaque est
ce qui répond le mieux aux sentiments
d'une assemblée où siègent les représen-
tants d'un pays blessé dans toutes ses ré-
gions par les exigences des grandes com-
pagnies, il y a eu dans cette affaire peu de
discours aussi attentivement écoutés, aussi
fréquemment applaudis que celui de M.
Pelletan.
Dès le début, lorsque, répondant à M.
Félix Faure et aux apologistes des conven-
tions, il montre les tarifs plus lourds en
France que partout ailleurs, les sympa-
thies s'éveillent. Elles grandissent lors-
que l'orateur appelle la poésie et l'hyper-
bole au service d'un débat technique, lors-
qu'il fait admirer à la Chambre les mer-
veilles de bon marché que nous devrions
atteindre, nous qui sommes la grande
route du Nord au Midi.
Ici, pour trouver les solutions de l'ave-
nir, il serait pratique de ne pas se griser et
de ne pas trop attendre de la nature qui
ne nous a pas prodigué, comme à nos voi-
sins, les houilles et les bois, premiers élé-
ments des voies ferrées. La cherté de nos
transports, c'est à notre vieille organisa-
tion administrative, à nos habitudes exa-
gérées de centralisation, à notre défaut
d'initiative que nous la devons. Un rachat,
à l'heure où il semblait possible, ne nous
en aurait point garantis. Il faut serrer de
plus près nos erreurs anciennes, nos dé-
fauts personnels, pour réagir contre ce
mal qui fait que la source de toutes les ac-
tivités modernes, le chemin de fer, devient
à l'heure actuelle la cause directe de notre
alanguissement.
Nous n'irons point pourtant jusqu'à dé-
clarer avec M. Pelletan que , pour résister
à la concurrence étrangère, les tarifs de
chemins de fer peuvent remplacer les
douanes. C'est une idée séduisante, que
M. Pelletan a exprimée en termes éloquents,
mais qu'il faut prendre garde de pousser à
l'extrême. Nos défaites économiques sont
dues pour une large part à l'impôt qui
pèse plus lourdement sur nos épaules que
sur celles d'aucun peuple. Pour faire des
chemins de fer l'axe de la lutte avec l'é-
tranger, il faudrait abaisser les tarifs à un
point où le transport deviendrait presque
un cadeau fait à l'expéditeur.
En ce cas, quel que soit le régime des
chemins de fer, qu'il fût un monopole de
compagnie subventionnée ou un mono-
pole d'Etat, il y aurait une telle différence
à combler avec l'impôt, que l'impôt réta-
blirait malheureusement l'égalité ou plu-
tôt la défaite au profit de l'étranger. Les
chemins de fer ne se font pas sans argent.
Ils ne marchent pas sans argent. Cette vé-
rité si simple est celle qui nous désarme
le plus quand nous voulons atteindre trop
haut dans la région des grandes espéran-
ces.
M. Pelletan du reste le reconnaît et il
constate que le rachat, s'il a été possible,
ne @ l'est plus. Ce n'est donc pas du rachat
qu'il attend l'amélioration de l'état actuel
des choses. C'est d'une surveillance active,
incessante, exercée sur les compagnies,
c'est d'une administration jalouse des in-
térêts du public, les défendant minute à
minute, sur tous les terrains, comme les
bureaux des compagnies défendent les
intérêts des actionnaires.
Là, il a raison. Mais il nous semble en-
core un peu remonter vers l'idéal lorsqu'il
décrit cette administration sans chefs,
lorsqu'il montre les ministres passant
toujours comme des ombres et,' néan-
moins, en dehors d'eux, des agents dé-
voués, fidèles, persévérants.
Nous avons bien entendu que M. Pelle-
tan regrette la rapidité avec laquelle les
minisrtes passent. Mais pour que son vœu
de réforme bureaucratique ne reste pas un
vœu platonique, il faut que les bureaux se
sentent conduits et dirigés. Que vaudrait,
pour agir sur les compagnies, l'ordre du
jour qui sera voté, si ceux qui la recevront
ne pouvaient s'en armer que quelques
heures ? Est-ce des directeurs assez insou-
ciants à tout, pourvu qu'ils gardent leurs
places, qui le relèveraient vis-à-vis des
compagnies ?
En quittant la tribune, M. Pelletan re-
cueille une double salve d'applaudisse-
ments, et M. Keller, qui vient probable-
ment défendre les compagnies, avoue
qu'il a besoin de quarante-huit heures
pour étudier le discours de son adver-
saire.
M. Sadi Carnot avait profité d'un repos
pris par M. Pelletan pour déposer le bud-
get de 1887 ainsi que les projets d'em-
prunt. M. de Soubeyran en avait profité
pour demander ce que le gouvernement
pense d'un impôt sur la rente. A la fin de la
séance, M. Sadi Carnot a répondu que le
gouvernement en pense ce qu'il en dit
dans son budget, où il n'en est pas ques-
tion.
Docteur RALPH.
l-e
LA VIE DE PARIS
Un écrivain traduit en cour d'assises
et sévèrement condamné, quand cet écri-
vain est de ceux dont on n'hésite pas à
se dire le confrère et l'ami, c'est un fait
assez rare et qui veut qu'on s'y arrête
un instant. Donc, avant-hier, la cour
d'assises a condamné à mille francs d'a-
mende et à quatre mois de prison M.
Dubut de Laforest, pour outrage aux
mœurs, à l'occasion d'un livre publié il y
a déjà quelques mois, le Gaga. Le huis-
clos ayant été prononcé, on ne saurait
rendre compte des débats, ce qui est
regrettable, car les avocats ont fait
merveille. Mais le parquet, en poursui-
vant le journal la Justice pour compte
rendu d'un procès en diffamation, a mon-
tré qu'il entendait faire respecter la
loi. Il est cependant permis de dire que
M9 Lachaud a fort habilement obtenu
que l'éditeur fût mis hors de cause et
que notre ami M" Cléry, s'il n'a pu con-
vaincre les jurés, a certainement donné
fort à réfléchir à l'opinion, qui s'étonne
à bon droit que la justice pèse les œu-
vres littéraires dans des balances qui
paraissent parfois un peu incertaines.
Sans manquer au respect très sincère
que j'ai pour la chose jugée.et en me
contentant d'adresser à M. Dubut de
Laforest, qui a publié ici même une
idylle charmante, un simple compliment
de condoléance sans aucune malédiction
à l'adresse des juges, on peut faire
quelques remarques sur ce procès. Une
fois de plus, constatons qu'il est venu
bien tard ! Pede claudo, dit l'adage.
Mais, pour les procès de presse, ne se-
rait-il pas temps de faire la justice moins
lente? Si un livre est vraiment un dan-
ger, c'est à son apparition qu'il faut le
saisir. A l'heure qu'il est, il n'y a plus
un seul exemplaire invendu, et on ferme
les portes de l'écurie quand les che-
vaux sont échappés. En vérité, lorsqu'il
s'agit de délits contre la morale, la
promptitude de la répression est tout.
Au bout de six mois, il n'y a plus pour
le parquet qu'une satisfaction plato-
nique et il semble trop qu'il se soit
moins préoccupé du danger publie que
d'autre chose.
Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Mercredi 17 mars 1886
ï f YTV Qïffï f
LE Xir SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
âJ &dresaer au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
X&9 rue Cad.e'ti) £ €&
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendUi
- ABONNEMENTS -.---
DEPARTEMENTS
Troismoia. i 6 MM
Êîs mois. »»
Un an. «« J.
fAJtUS
Trois mois. AS "n
Six mois. 85 »»
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Supplément pr l'Étranger (Baropej 1 fr. par trimestre
Les abonnemts partent des icI et 15 de chaq&e mois
B.oari!'o d'annonces: MM. L¡\GRANGE, CERF et C*
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Adresser les Lettres et Mandats à l'A.Jmlnlstratsllt
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Les Lettres non affranchies seront refïtséei
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4 1/2 0/0 108 90,109 04 1/2.
Turc 15 25,30.
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Egypte 347 50, 346 87, 347 18.
Rio Tlnto 314 37, 315, 313 75.
Extérienre. 57 7/8, 3/4, 25/32.
Hongrois. 833/4,13/16.
Tabacs. 406 25.
SOMMAIRE
Bulletin — Louis HENRIQUE.
Informations particulières.
Le Budget de 1887.
Questions du jour (le Faisceau). — EUG.
LIÉBERT.
Séance de la Chambre. — Docteur RALPH.
La Vie de Paris. — HENRY FOUQUIER.
Coulisses parlementaires.
En voyage avec un ministre. — Dr V. DU
CLAUX.
Nouvelles de l'étranger.
Bulletin militaire et maritime.
Nouvelles coloniales.
Au Ministère de l'instruction publique. —
ANDRÉ NANCEY.
A la Sorbonne. — PAUL MUSSET.
A la Société de géographie commerciale.
Echos du jour. - BRICHKNTEAU.
La Presse au jour le jour.— P.-P. DEJUINNE.
L'Industrie allemande.
Académie de médecine. — Dr V. DU C.
Courrier de la Bourse. — H. L. FAURB.
La Température.
Gazette du Palais. — M0 GERVASY.
Le Sport du jour. — FAVELLES.
Faits divers- — JEAN VALIJÈRK.
Courrier des théâtres. — EMILE MENDEL.
Feuilleton (Américaine). — GEORGES Bou-
TELLEAU.
BULLETIN
La question des tarifs de chemins de fer
a été reprise hier à la Chambre des dépu-
tés. La séance a été remplie par un dis-
cours de M. Camille Pelletan.
Entre temps, l'élection de la Lozère a
été validée sans discussion, et M. le minis-
tre des finances fait le dépôt du budget de
1887 et de divers projets d'ordre finan-
cier.
Le Journal officiel d'hier publie une loi
ayant pour objet de concéder diverses li-
gnes de chemins de fer à la Compagnie de
l'Ouest. Les lignes concédées à titre défi-
nitif sont celles :
De Saint-Pierre-Louviers aux Andelys
(Eure); de Briouze à la Ferté.Macé (Orne) ;
de Falaise à Berjon-Pont-d'tuilly (Calva-
dos).
Le même journal contient le rapport
très intéressant de M. le Dr Proust, ins-
pecteur général des services sanitaires, au
sujet des mesures d'hygiène à prendre en
vue du rapatriement des troupes du Ton-
kin.
On trouvera plus loin une analyse très
complète de ce document.
Une crise ministérielle est imminente
en Angleterre, si même elle n'est ouverte
déjà. Les dernières dépêches de Londres
annoncent la démission de MM. Chamber-
lain et Trevelyan.
Le motif de cette retraite serait, on le
devine de reste, la question d'Irlande.
Depuis deux jours, la démission de M.
Chamberlain tout au moins était prévue.
M. Chamberlain n'a point dissimulé son
hostilité aux projets de réforme élaborés
par M. Gladstone et exposés dans le der-
nier conseil des ministres. Il s'est pro-
noncé avec énergie, et à plusieurs repri-
ses, contre la concession d'un Parlement
autonome à l'Irlande. « Il y a tout lieu de
croire, ajoute le Times,- qui prend partie
contre cette grosse innovation, —qu'il est
opposé au projet fantastique de consacrer
5 milliards à rendre l'Irlande indépen-
dante. Le principe du rachat trouvera en
M. Chamberlain un critique sévère. »
MM. Trevelyan et Chamberlain assistaient
néanmoins à la séance de la Chambre des
communes, d'où l'on s'est un peu hâté de
conclure que les deux ministres n'étaient
pas réellement démissionnaires. La vérité
est que M. Gladstone n'a pas encore ac-
cepté leur démission ; mais le langage des
journaux anglais ne laisse aucun doute
sur les résolutions du premier ministre
anglais. Le Daily News est particulière-
ment net à ce sujet :
« Quoi qu'il en soit, dans trois semaines
ou quinze jours, M. Gladstone exposera
ses projets à la Chambre des communes.
Il présentera à la Chambre l'ensemble de
ses projets, et, quoi qu'il arrive, il tom-
bera ou il triomphera sur cette question.
» La défection de M. Chamberlain sera
sans doute un grand coup pour le cabinet ;
mais M. Gladstone conservera autour de
lui nombre d'hommes d'Etat qui jouissent
auprès du public d'un grand crédit. La
Chambre et le pays peuvent attendre en
toute confiance que le premier ministre
expose ses plans. »
Quant à les faire adopter par le Parle-
ment actuel, c'est une autre affaire. Il ne
semble pas vraisemblable que la grande
réforme projetée par M. Gladstone s'ac-
complisse sans un appel nouveau au corps
électoral. Sans que l'on puisse rien affir-
mer à cet égard, il est permis de croire
que si la crise ministérielle qui s'annonce
est conjurée aisément, la dissolution de
la Chambre des communes est une éven-
tualité qu'il faut envisager dès à présent
comme possible.
Les Allemands pratiquent une sorte de
chauvinisme qui ne fait pas honneur à
leur clairvoyance. Tandis que les Russes
envoient sans hésiter en France leurs ma-
lades atteints de la rage, en Allemagne on
en est encore à se demander ce que valent
les expériences, pourtant si concluantes,
de M. Pasteur.
Et ce n'est point là une appréciation
émise par un journal; c'est à la tribune de
la Chambre des députés de Prusse, s'il
vous plaît, que cette opinion s'est fait jour.
Questionné par un député, au cours de la
discussion du budget, sur les mesures que
comptait prendre le gouvernement à propos
de la vaccination contre la rage, M. de
Gossler, ministre de l'instruction publi-
que, a fait une réponse qui est une mer-
veille.
« La question, a dit le ministre prus-
sien, est plus importante pour la France
que pour la Prusse. » Pourquoi? Est-ce
parce que la race canine est rebelle à la
rage ou que la race teutonne est réfrac-
taire au virus rabique ? Ni ceci ni cela.
C'est tout simplement parce qu'en Prusse
on combat très efficacement la rage au
moyen de la muselière !
L'histoire ne dit pas si le député prus-
sien s'est déclaré satisfait de cette éton-
nante réponse.
Le ministre de l'instruction publique de
Berlin parait atteint d'une gallophobie ai-
guë, qui lui enlève la perception nette du
vrai et du faux. Laissons-lui ses illusions
sur les mérites de la muselière.
LOUIS HKNRIQUB.
INfORMATIONS JPÂRTICnLIÈRES
Les protectorats
M. Bonnal, chef du bureau des protectorats
de l'Extrême-Orient au ministère des affaires
étrangères, est nommé résident à Haïphong.
M. le capitaine Aymonnier, administrateur
des affaires indigènes de Cochinchine, est
nommé résident en Annam pour la province
de Binh-Thuan.
Élection sénatoriale de la Vendée
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a pré-
senté hier à la signature du président de la
République un décret convoquant pour le
2 mai les électeurs sénatoriaux de la Vendée.
Les conseils municipaux éliront leurs délé-
gués le 28 mars.
L'Exposition de 1889
M. Lockrov, ministre du commerce et de
l'industrie, a reçu hier matin les conseillers
municipaux qui font partie de la commission
de l'Exposition de 1889.
Mouvement administratif
M. Dumoulin, licencié en droit, chef de ca-
binet de préfet, est nommé conseiller de pré-
fecture du département de la Corrèze, en
remplacement de M. Sallebert, mis en dispo-
nibilité sur sa demande.
M. Fourdinier, conseiller de préfecture des
Ardennes, non installé, est nommé conseiller
de préfecture du département de l'Aube, en
remplacement de M. Jolibois, maintenu, sur
sa demande, comme conseiller de préfecture
des Ardennes.
Au ministère de la guerre
Par décision ministérielle du 9 février 1886,
M. Rouget, capitaine au 871 régiment territo-
rial d'infanterie, a été désigné pour faire par-
tie de l'état-major particulier du ministre de
la guerre.
—— —————— : —————
LE BUDGET DE 1887
Hier, au cours de la séance de la Chambre,
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a dé-
posé les projets de loi suivants :
1° Projet de loi portant conversion des obli-
gations du Trésor a court terme en une émis-
sion de rente 3 0/0 ;
2° Projet de loi portant ouverture à l'exer-
cice 1886 d'un crédit de 21 millions 258,000 fr.
(arrérages de rentes 3 0/0 et intérêts de la
dette flottante) et annulation au même exer-
cice d'un crédit de 99 millions 927,390 fr. (in-
térêts et amortissement des obligations à
court terme);
3° Projet de loi portant réforme de l'impôt
des boissons ;
4° Projet de loi portant fixation du budget
général de l'exercice 1887.
Voici quelques détails sur chacun de ces
projets, qui seront examinés par la commis-
sion du budget :
Il y a en circulation 466 millions d'obliga-
tions à court terme. Ces 466 millions seront
remboursés à l'aide d'une émission de ren-
tes 3 0/0 perpétuelles. Les 100 millions de
l'amortissement sont par là dégagés et ren-
dus disponibles.
D'autre part, pour faire face aux dépenses
extraordinaires de l'exercice en cours, il de-
vait encore être émis 152 millions d'obliga-
tions à court terme. C'eût été, comme les
obligations déjà existantes, de véritables as-
signations sur les recettes ordinaires de nos
prochains budgets. Il eût été, évidemment,
contradictoire de les établir, alors que l'on
supprime celles qui existent. Ces 152 millions
seront donc, eux aussi, remplacés par du 30/0
perpétuel.
Si l'on s'en fût tenu à cette opération, il y
aurait eu, en somme, substitution pure et
simple de rentes perpétuelles à des obliga-
tions à court terme, c'est-à-dire remplace-
ment de certains titres par d'autres. On n'au-
rait pas pu parler d'emprunt. Il y aurait eu
uniquement conversion ou, plus exactement,
consolidation d'une dette à brève échéance.
Mais, de cette consolidation spéciale à celle
d'une partie plus importante de la dette flet-
tante, il n'y avait qu'un pas, et ce pas a été
franchi.
Le gouvernement a pensé qu'il convenait
d'alléger la dette flottante proprement dite.
Une somme de 750 millions environ sera,
en conséquence, consolidée également en
rentes perpétuelles. Le Trésor sera mis ainsi
en mesure de rembourser 300 millions envi-,
ron à la Caisse des dépôts et consignations,
pour le compte des caisses d'épargne; le
ministre des finances a introduit dans son
projet une clause aux termes de laquelle il
est fixé un maximum aux sommes que le
Trésor peut recevoir en compte courant des
caisses d'épargne.
Ce maximum est arrêté à 100 millions.
En résumé :
618 millions d'obligations à court terme à.
consolider, plus 750 millions de dette flot-
tante à consolider également, représentent
un total de 1,368 millions, pour lesquels il
devra être créé du 3 0/0 perpétuel.
Enfin à cette somme le gouvernement a
décidé de joindre le solde du compte de li-
quidation de la guerre, soit 98 millions en
chiffres ronds, qu'on ne pouvait laisser en
suspens. Pour ces 98 millions seuls on peut
dire exactement qu'il y a emprunt. Tout le
reste de l'opération n'est que consolidation
de dettes préexistantes.
En résumé, l'émission à laquelle il devra
être procédé, conformément aux indications
qui précèdent, portera sur un capital de 1,464
millions en 3 0/0 perpétuel.
Le gouvernement demandera aux Cham-
bres de le voter avant les vacances de Pâques,
de manière que les opérations qu'il com-
porte puissent être effectuées le plus tôt pos-
sible.
Ce projet, quoique conçu en vue de l'éta-
blissement du budget de 1887, aura un effet
direct sur le budget de 1886. En autorisant la
conversion des obligations sexennaires im-
médiatement, il permettra d'éviter le rem-
boursement de celles de ces obligations qui
viennent à échéance dans le reste de l'exer-
cice actuel.
Il en résultera une disponibilité de 79 mil-
lions qui permettra de couvrir les dépenses
du Tonkin et de Madagascar afférentes à l'an-
née 1886 et d'établir l'équilibre du budget de
cet exercice. C'est en prévision de cette con-
séquence et pour consacrer ce résultat que le
projet rectificatif du budget de 1836 est pré-
senté.
Quant au projet sur l'impôt des boissons,
il constitue un ensemble de réformes liées les
unes aux autres, à savoir : élévation de 156 fr.
à 215 fr. du droit sur l'alcool, suppression
de l'exercice , du droit de détail et du privi-
lège des bouilleurs de cru.
Le but essentiel de ce projet est de simpli-
fier la perception de l'impôt sur les boissons.
Voici quelques détails sur l'économie géné-
rale de ce projet : -
Le droit de détail étant supprimé, les deux
droits restants, ceux de circulation et d'en-
trée, sont fondus en une taxe unique qui
existe déjà dans les villes au-dessus de dix
mille âmes, qui sont dites villes rédimées.
Le projet étend ce système aux villes dont
la population est comprise entre dix mille et
quatre mille âmes. La taxe unique dans ces
villes ne pourra excéder trois fois le droit
d'entrée.
D'autre part, pour les communes au-des-
sous de 4,000 âmes, le projet établit l'abonne-
ment obligatoire de la commune. De la sorte,
la perception est simplifiée, puisqu'elle ne
porte plus que sur un droit unique.
C'est le vendeur qui prélèvera sur l'ache-
teur le montant de l'impôt, qui aura été ac-
quitté d'avance, entre les mains de l'Etat,
soit à l'octroi dans les villes rédimées, soit
par le payement fait par les communes obli-
gatoirement abonnées.
Le droit de circulation sera régularisé ; il
ne comprendra plus que deux catégories dé-
terminées d'après le chiffre de la population
et le caractère producteur ou consommateur
du département.
Enfin, en ce qui concerne les privilèges des
bouilleurs de cru, le projet limite à 25 litres
la quantité d'alcool pur que les cultivateurs
peuvent produire en franchise pour leur con-
sommation personnelle.
Le surplus, même s'il est destiné à la con-
sommation personnelle, sera imposé, à l'in-
verse de ce qui existe actuellement.
Les appareils de distillation seront soumis
à un système de contrôle imité du procédé
allemand :
Réglage du débit à dire d'expert et dépôt à
la mairie de la commune d'une partie essen-
tielle de l'appareil dans l'intervalle des distil-
lations, de manière à ce que l'on puisse tou-
jours être averti au moment où le produc-
teur fabrique son alcool.
Le budget* de 1887 est présenté en équilibre
de la façon suivante :
Le budget extraordinaire et le budget ordi-
naire ne font plus qu'un et ils doivent être
gagés sur les impôts et revenus publics. La
surcharge qui en résulte s'élève à 90 mil-
lions.
D'autre part, les dépenses de notre protec-
torat dans les colonies doivent être également
supportées par le budget ordinaire. Elles sont
fixées à 30 millions.
C'est donc un total de 120 millions à trou-
ver.
De plus les lois sur les récidivistes, sur les
pensions militaires et maritimes et quelques
autres lois votées par la Chambre exigeront
un nouveau surcroît de charges de 25 mil-
lions.
Enfin les moins-values budgétaires doivent
être prévues. On est obligé de réduire de
61 millions les recettes qui avaient été ad-
mises pour le budget de 1886.
120 millions, 25 millions et 61 millions don-
nent un total de 206 millions.
M. Sadi Carnot a demandé à ses collègues
toutes les économies possibles. On est arrivé
à réduire les dépenses de 56,200,000 francs.
Il manquait donc encore 150 millions.
Cette somme a été demandée à une double
ressource :
1° Le remaniement de l'impôt sur les bois-
sons, avec la surtaxe sur 1 alcool, donnera
76 millions ;
2° Il sera économisé, sur le budget ordi-
naire — grâce à la consolidation d'une grande
partie de la dette flottante, combinée avec la
mobilisation des 100 millions de l'amortisse-
ment — un solde net disponible de 75 mil-
lions et demi.—
La somme nécessaire pour l'équilibre du
budget ne s'élevant qu'à 149,800,000 francs,
on aura donc un excédent de recettes del mil-
lion 1/2 environ. -
Voici maintenant à l'aide de quels procédés
le gouvernement s'est ménagé une disponi-
bilité de 75 millions 1/2 par la consolidation
partielle de la dette flottante.
Nous avons vu qu'il s'agissait de consolider
ou de rembourser une somme totale de 1,466
millions en rente 3 0/0 perpétuelle.
La charge exacte qu'elle imposera au bud-
get dépendra du prix d'émission, mais, dès à
présent, on peut la calculer approximative-
ment. Au taux de 3 67 0/0, elle serait de
53,800,000 francs. C'est l'annuité qui est ins-
crite au budget de 1887.
Que l'on y ajoute 5 millions pour supplé-
ment de traitement aux trésoriers-payeurs
généraux — ramenés au régime des traite-
ments fixes par la suppression des avantages
attachés au compte courant — on voit que
le budget sera grevé , en tout, de 58,800,000
francs. Or, moyennant cette augmentation, il
réalise les économies suivantes :
D'abord, l'annuité pour le service des obli-
gations à court terme devient disponible. Elle
comprenait, outre les 100 millions pour l'amor-
tissement, 20 millions pour les intérêts des
titres. Voilà une somme libre de 120 millions.
Puis une économie est faite sur les intérêts
de la dette flottante, et notamment sur la
charge du compte courant des trésoriers-
payeurs généraux. Elle n'est pas moindre de
12 millions, ou plus exactement, avec diverses
économies du même ordre, de 14,300,000 fr.
Ainsi, en résumé, contre une charge nou-
velle de 58,800,000 francs, l'Etat réalise un
ensemble d'économies montant à 134,300,000
francs. Le bénéfice matériel de l'opération est
de 75,500,000 francs.
Plusieurs objections ont été faites au plan
de M. Sadi Carnot. Nous les résumons :
1" Contrairement au programme du gou-
vernement, on fait un emprunt et à la place
de dettes à court terme on substitue une
dette perpétuelle. Les dépenses de premier
établissement de la guerre, de la marine,
des travaux publics grèveront l'avenir d'une
façon indéfinie.
Le gouvernement a le droit d'allonger la
période d'amortissement; il n'a pas le droit
de supprimer l'amortissement lui-même.
2° Pourquoi choisir le type 3 0/0 perpétuel
au lieu du 3 0/0 amortissable?
Pourquoi ne pas émettre soit du 4 1/2, soit
du 4 0/0?
En choisissant le 3 0/0, ont émet un titre
pour lequel on paiera, pour un intérêt nomi-
nal de 3 0/0, un intérêt de 3 3/4 0/0, pour lequel
on recevra un capital réel de 80 fr. et on
sera tenu de rembourser, au jour de la con-
version, un capital de 100 fr.
3° Au lieu d'une surélévation des droits sur
l'alcool, on préférerait un léger impôt sur le
revenu.
QUESTIONS DU JOUR
LE FAISCEAU
Je parle du faisceau des voix répu-
blicaines. Le spectacle de ce qui s'est
passé samedi, jour de désarroi, puis
lundi, jour d'entente et d'union, doit
rester présent à la mémoire de nos dé-
putés, car je ne sais guère d'enseigne-
ment plus utile. Il faudra donc qu'on
s'en souvienne, et que le faisceau se re-
forme, spontanément en quelque sorte,
chaque fois que l'union des républicains
sera en péril.
La Chambre élue en 1883 s'est trou-
vée constituée de telle sorte que l'union
des républicains de toute couleur y est
devenue aussi indispensable que dans
l'Assemblée de 1871. Qu'on s'en félicite
ou qu'on le regrette, c'est un fait cons-
taté, dont on doit accepter les consé-
quences. En ce temps-ci plus que ja-
mais, tout député républicain a le devoir
de s'interdire les fantaisies individuel-
les, parce qu'elles compromettraient
gravement la cause commune.
Ainsi que ses devancières, la majorité
républicaine d'aujourd'hui s'est trouvée
bientôt divisée en groupes. Ce n'est pas
l'idéal, et nous connaissons les inconvé-
nients de ce système. Mais enfin, puis-
qu'il faut prendre la Chambre comme
elle est, tâchons, en toute circonstance
importante, de tirer de l'institution des
groupes ce qu'elle a de bon, et l'on
n'en tirera quoi que ce soit si l'on n'é-
tablit avant tout le principe général de
l'union des groupes.
La première réflexion qui vient porte
donc sur l'esprit de concessions et de
sacrifices réciproques qui doit désor-
mais régler la conduite des républicains
de la Chambre.
Les trois groupes existants sont assu-
rément fort divers par l'importance nu-
mérique; mais aucun d'eux ne saurait
aujourd'hui faire prévaloir isolément
une politique indépendante. Le groupe
qui se détacherait des deux autres cour-
rait le danger, soit de n'aboutir qu'à
des manifestations platoniques, soit en-
core (ce qui serait plus grave) de rece-
voir, malgré lui, le malicieux concours
de la Droite; celle-ci guette, en effet,
n'importe quelle occasion de joindre
ses deux cents voix aux voix d'un
groupe républicain quelconque, afin de
mettre le cabinet en minorité et de pro-
voquer une crise ministérielle à la fois
ridicule et inextricable.
Il faut donc établir en principe que
toute la politique parlementaire répu-
blicaine doit être subordonnée à l'ac-
cord des trois groupes républicains qui
forment la majorité. Chaque groupe doit
assurément conserver son programme
propre ; mais, dans la pratique des dé-
libérations et des votes, chaque groupe
doit s'assurer aussi d'une entente préa-
lable avec les autres groupes. Il faut
résolument éliminer tout sujet de dis-
corde grave, et ce doit être la première
règle dans les débats où le sort d'un
ministère serait mis en jeu. C'est seule-
ment lorsqu'il s'agit de questions d'où
ne saurait naître aucune crise que cha-
cun peut donner carrière à ses inspira-
tions personnelles. Hors de là, sans disci-
pline point de salut.
Nos députés sauront-ils se maintenir,
jusqu'au terme de leur mandat, dans cet
esprit de conciliation et de sagesse ? On
n'oserait pas s'en porter garant, car la
politique de concorde entraîne de cons-
tants sacrifices, qui paraîtront, souvent
insupportables à beaucoup. Cependant
il faudra s'y appliquer, si l'on veut réel- i
lement travailler pour le bien de la na-
tion. Et les efforts que chacun fera dans
ce sens seront certainement compris et
appuyés par le sentiment public. Croit-
on que le pays n'a pas éprouvé un sen-
timent de satisfaction profonde lorsque
les journaux lui ont apporté ce vote de
lundi, ce vote unanime, excellent, sur la
grave question qu'ont soulevéeJes évé-
nements de Decazeville? Et croit-on
qu'au contraire il n'eût pas été juste-
ment furieux si la Chambre, continuant
à battre la campagne comme l'avant-
veille, n'avait abouti qu'à créer une
crise ministérielle, sans ombre même de
prétexte, qui aurait révolté tout homme
de bon sens?
J'entends bien ce qu'on peut objec-
ter : — « Autant ne pas avoir de débats
publics, dira-t-on, si les votes sont con-
certés d'avance. A quoi bon passer des
séances à entendre des orateurs, si l'on
a reçu la consigne de voter dans tel ou
tel sens, et si, quelques arguments qu'on
entende, on sait qu'on doit mettre dans
l'urne son bulletin, blanc ou bleu, au
nom de l'accord intervenu entre les
groupes •? »
L'objection n'est pas sans valeur, et,
théoriquement, je n'y verrais pas grand'
chose à répondre. Oui, certes, cet ar-
rangement dont nous proclamons au-
jourd'hui la nécessité n'est pas la per-
fection et je le reconnaissais tout à
l'heure. Il n'en est pas moins vrai qu'on
est réduit, quant à présent, à y sous-
crire si l'on ne veut pas livrer au hasard
l'issue de tous les grands débats parle-
mentaires et risquer de désorganiser,
par distraction, par surprise, le gouver-
nement qu'on voudrait le plus sincère-
ment du monde aider et soutenir.
L'essentiel est que la République
prospère, ce qui ne peut arriver que
par le concours d'une majorité com-
pacte dans le Parlement. Plus tard, dans
une autre Assemblée où les monarchis-
tes ne siégeront qu'en minorité tout à
fait négligeable, on pourra concevoir
d'une autre façon la pratique parlemen-
taire ; mais, présentement, c'est l'esprit
de concessions réciproques et de disci-
pline qui doit dominer.
Toute puissance est faible, à moins que d'être
[unie.
C'est l'histoire du faisceau de dards,
contée dans la fable de La Fontaine, ce
solide faisceau qu'on ne pouvait rom-
pre, tandis que tous les dards disjoints
étaient brisés en un clin d'œil.
Si vous avez cru devoir vous partager
en groupes, — et de certaines traditions
vous y forçaient moralement peut-être,
— conservez du moins l'union des grou-
pes, et reformez le faisceau bien vite
dans toutes les conjonctures, malheu-
reusement trop fréquentes, où l'épar-
pillement de vos forces vous mettrait à
la discrétion de vos ennemis.
EUG. LIÉBERT.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les tarifs de chemins de fer. —
Le dépôt du budget. — L'impôt
sur la rente.
M. Anatole de La Forge occupe le fau-
teuil, comme la veille. Sa présence nous
annonce une journée de calme. Un seul
discours, en effet, l'a remplie tout entière,
celui de M. CamiUe Pelletan. Sans être in-
grat pour le plaisir que nous avons pu
prendre à écouter, pendant trois heures,
des questions techniques mises en un lan-
gage arlistement travaillé, nous ne pou-
vons nous empêcher de constater que les
interpellations font une fois de plus la
preuve de leur impuissance. Tantôt c'est
par des spectacles comme ceux de samedi
dernier qu'elles avortent, tantôt c'est par
une ampleur de débat qui ne permet plus
d'en apercevoir le terme.
Il y aura bientôt un mois que l'interpel-
lation Thévenet sur les tarifs est inscrite à
l'ordre du jour. On a le droit de se deman-
der sans exagération si elle n'y sera pas
encore pendant plus d'un mois.
La Chambre n'entend guère qu'un dis-
cours par séance, et l'on cite un nombre
extraordinaire d'orateurs qui n'ont pas en-
core parlé, qui tiennent tous à parler.
Le pays, en assistant à tous ces dévelop-
pements, doit se rappeler plus d'un pro-
verbe du bon La Fontaine. Il doit se dire :
« Le roi, 1 âne ou moi, nous mourrons d'ici
là. » Il doit se dire aussi que, dans le péril
qui le presse, trop de harangues font un
peu jouer à la Chambre le rôle du maître
d'école en face de l'enfant qui se noie.
Ce que nous craignons, pour notre part,
c'est qu'en fin de compte l'interpellation
n'affaiblisse le gouvernement en face des
compagnies, au lieu de le fortifier. Les
grandes compagnies sont fort habiles, fort
rompues aux souplesses de la diplomatie.
Il ne faut pas leur laisser croire qu'on n'a,
pour négocier des rectifications de tarifs,
aucun point d'appui, et on le leur ferait
croire si elles pouvaient penser qu'on dis-
cute longuement pour remplacer par des
paroles les actes qui seraient nécessai-
res , mais que les conventions interdi-
sent.
m
* *
Ces réserves faites et en restant dans le
domaine théorique, il est juste de recon-
naître que M. Camille Pelletan a prononcé
un discours très digne d'attention, très ca-
pable d'exercer une influence sur l'avenir
et de grossir le nombre de ceux qui tra-
vaillent à déchirer les conventions. Il y a
là des arguments à brasser contre le ré-
gime établi en 1859, perpétué en 1883.
Tout ce que peut avoir de mauvais et pour
le public, et pour les contribuables, et pour
l'Etat, la domination exercée pardegrandes
compagnies investies d'un monopole a été
établi a\ec une réelle puissance par M.
Pelletan.
Mais si l'on voulait chercher dans ce dis-
cours un remède efficace pour le présent,
un système d'organisation nouvelle pour
le jour où les Compagnies seraient brisées,
on serait déçu. Le talent même de l'ora-
teur ne se prête pas à cette œuvre de re-
construction. Il est vigoureux surtout pour
l'attaque. Seulement, comme l'attaque est
ce qui répond le mieux aux sentiments
d'une assemblée où siègent les représen-
tants d'un pays blessé dans toutes ses ré-
gions par les exigences des grandes com-
pagnies, il y a eu dans cette affaire peu de
discours aussi attentivement écoutés, aussi
fréquemment applaudis que celui de M.
Pelletan.
Dès le début, lorsque, répondant à M.
Félix Faure et aux apologistes des conven-
tions, il montre les tarifs plus lourds en
France que partout ailleurs, les sympa-
thies s'éveillent. Elles grandissent lors-
que l'orateur appelle la poésie et l'hyper-
bole au service d'un débat technique, lors-
qu'il fait admirer à la Chambre les mer-
veilles de bon marché que nous devrions
atteindre, nous qui sommes la grande
route du Nord au Midi.
Ici, pour trouver les solutions de l'ave-
nir, il serait pratique de ne pas se griser et
de ne pas trop attendre de la nature qui
ne nous a pas prodigué, comme à nos voi-
sins, les houilles et les bois, premiers élé-
ments des voies ferrées. La cherté de nos
transports, c'est à notre vieille organisa-
tion administrative, à nos habitudes exa-
gérées de centralisation, à notre défaut
d'initiative que nous la devons. Un rachat,
à l'heure où il semblait possible, ne nous
en aurait point garantis. Il faut serrer de
plus près nos erreurs anciennes, nos dé-
fauts personnels, pour réagir contre ce
mal qui fait que la source de toutes les ac-
tivités modernes, le chemin de fer, devient
à l'heure actuelle la cause directe de notre
alanguissement.
Nous n'irons point pourtant jusqu'à dé-
clarer avec M. Pelletan que , pour résister
à la concurrence étrangère, les tarifs de
chemins de fer peuvent remplacer les
douanes. C'est une idée séduisante, que
M. Pelletan a exprimée en termes éloquents,
mais qu'il faut prendre garde de pousser à
l'extrême. Nos défaites économiques sont
dues pour une large part à l'impôt qui
pèse plus lourdement sur nos épaules que
sur celles d'aucun peuple. Pour faire des
chemins de fer l'axe de la lutte avec l'é-
tranger, il faudrait abaisser les tarifs à un
point où le transport deviendrait presque
un cadeau fait à l'expéditeur.
En ce cas, quel que soit le régime des
chemins de fer, qu'il fût un monopole de
compagnie subventionnée ou un mono-
pole d'Etat, il y aurait une telle différence
à combler avec l'impôt, que l'impôt réta-
blirait malheureusement l'égalité ou plu-
tôt la défaite au profit de l'étranger. Les
chemins de fer ne se font pas sans argent.
Ils ne marchent pas sans argent. Cette vé-
rité si simple est celle qui nous désarme
le plus quand nous voulons atteindre trop
haut dans la région des grandes espéran-
ces.
M. Pelletan du reste le reconnaît et il
constate que le rachat, s'il a été possible,
ne @ l'est plus. Ce n'est donc pas du rachat
qu'il attend l'amélioration de l'état actuel
des choses. C'est d'une surveillance active,
incessante, exercée sur les compagnies,
c'est d'une administration jalouse des in-
térêts du public, les défendant minute à
minute, sur tous les terrains, comme les
bureaux des compagnies défendent les
intérêts des actionnaires.
Là, il a raison. Mais il nous semble en-
core un peu remonter vers l'idéal lorsqu'il
décrit cette administration sans chefs,
lorsqu'il montre les ministres passant
toujours comme des ombres et,' néan-
moins, en dehors d'eux, des agents dé-
voués, fidèles, persévérants.
Nous avons bien entendu que M. Pelle-
tan regrette la rapidité avec laquelle les
minisrtes passent. Mais pour que son vœu
de réforme bureaucratique ne reste pas un
vœu platonique, il faut que les bureaux se
sentent conduits et dirigés. Que vaudrait,
pour agir sur les compagnies, l'ordre du
jour qui sera voté, si ceux qui la recevront
ne pouvaient s'en armer que quelques
heures ? Est-ce des directeurs assez insou-
ciants à tout, pourvu qu'ils gardent leurs
places, qui le relèveraient vis-à-vis des
compagnies ?
En quittant la tribune, M. Pelletan re-
cueille une double salve d'applaudisse-
ments, et M. Keller, qui vient probable-
ment défendre les compagnies, avoue
qu'il a besoin de quarante-huit heures
pour étudier le discours de son adver-
saire.
M. Sadi Carnot avait profité d'un repos
pris par M. Pelletan pour déposer le bud-
get de 1887 ainsi que les projets d'em-
prunt. M. de Soubeyran en avait profité
pour demander ce que le gouvernement
pense d'un impôt sur la rente. A la fin de la
séance, M. Sadi Carnot a répondu que le
gouvernement en pense ce qu'il en dit
dans son budget, où il n'en est pas ques-
tion.
Docteur RALPH.
l-e
LA VIE DE PARIS
Un écrivain traduit en cour d'assises
et sévèrement condamné, quand cet écri-
vain est de ceux dont on n'hésite pas à
se dire le confrère et l'ami, c'est un fait
assez rare et qui veut qu'on s'y arrête
un instant. Donc, avant-hier, la cour
d'assises a condamné à mille francs d'a-
mende et à quatre mois de prison M.
Dubut de Laforest, pour outrage aux
mœurs, à l'occasion d'un livre publié il y
a déjà quelques mois, le Gaga. Le huis-
clos ayant été prononcé, on ne saurait
rendre compte des débats, ce qui est
regrettable, car les avocats ont fait
merveille. Mais le parquet, en poursui-
vant le journal la Justice pour compte
rendu d'un procès en diffamation, a mon-
tré qu'il entendait faire respecter la
loi. Il est cependant permis de dire que
M9 Lachaud a fort habilement obtenu
que l'éditeur fût mis hors de cause et
que notre ami M" Cléry, s'il n'a pu con-
vaincre les jurés, a certainement donné
fort à réfléchir à l'opinion, qui s'étonne
à bon droit que la justice pèse les œu-
vres littéraires dans des balances qui
paraissent parfois un peu incertaines.
Sans manquer au respect très sincère
que j'ai pour la chose jugée.et en me
contentant d'adresser à M. Dubut de
Laforest, qui a publié ici même une
idylle charmante, un simple compliment
de condoléance sans aucune malédiction
à l'adresse des juges, on peut faire
quelques remarques sur ce procès. Une
fois de plus, constatons qu'il est venu
bien tard ! Pede claudo, dit l'adage.
Mais, pour les procès de presse, ne se-
rait-il pas temps de faire la justice moins
lente? Si un livre est vraiment un dan-
ger, c'est à son apparition qu'il faut le
saisir. A l'heure qu'il est, il n'y a plus
un seul exemplaire invendu, et on ferme
les portes de l'écurie quand les che-
vaux sont échappés. En vérité, lorsqu'il
s'agit de délits contre la morale, la
promptitude de la répression est tout.
Au bout de six mois, il n'y a plus pour
le parquet qu'une satisfaction plato-
nique et il semble trop qu'il se soit
moins préoccupé du danger publie que
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