Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-09-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 septembre 1873 18 septembre 1873
Description : 1873/09/18 (A3,N672). 1873/09/18 (A3,N672).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
g. ANNIE -.- N9 672. PRIX DU NUHÉRO : PARIS 48 CENTIMES — DÉPARTEMENTS 20 CENTIMES.
Jeudi 18 Septembre 4873.
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
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On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURImr général
advertiaing. agent, 13, Tavistockrow, Covent Gardes,
JOURNÉE POLITIQUE
----..;.
Paris, 47 septembre 4878.
Le roi d'Italie est parti de Turin pour
Vienne, hier lundi, accompagné du minis-
tre des affaires étrangères, M. Visconti-
Venosta; M. Minghetti doit très-prochai-
nement le rejoindre. C'est aujourd'hui
même qu'aura lieu l'entrevue de Victor-
Emmanuel et de l'empereur François-Jo-
seph. La Nouvelle Presse libre, qui s'occupe
de ce voyage, comme tous les journaux
autrichiens, et qui s'en félicite, fait remar-
quer que, « sur la route qui conduit de
Rome à Berlin, Vienne est à présent une
étape diplomatique et politique, et qu'au-
jourd'hui la cour de Berlin ne cherche pas à
conclure avec l'Italie un pacte auquel l'Au-
triche ne serait point admise à participer.
De même, ajoute-t-elle, l'an passé, la bonne
harmonie des deux cours prussienne et
russe a eu pour corrélation le rétablissement
des bons rapports entre l'Autriche et la
Russie. Si, en lui-même, ce fait est très-
iatisfaisant, il acquiert pour fioul pras
d'importance encore lorsque nous rappe-
lons à notre souvenir que la rencontre de
l'empereur François- Joseph et du roi Vic-
tor-Emmanuel sera la première entrevue
personnelle de ces deux souveraine, qui
jadis se trouvèrent en présence comme
antagonistes, chacun à la tête d'une armée.
Il y a des années que le ressentiment des
peuples s'est éteint. Cependant, aussi bons
que soient devenus les rapports internatio-
naux entre l'Italie et l'Autriche, les mo-
narques des deux pays étaient restés jus-
qu'à présent étrangers l'un à l'autre. »
Cet article de la Nouvelle Presse libre
nous a paru curieux à citer. Ce n'est pas
qu'il soit bien fier ni bien politique, et la
joie que conçoit notre confrère viennois
des bonnes dispositions présumées des
Italiecs est au moins fort exagérée. Mais
n'est-il pas frappant et en même temps as-
sez triste, dans le temps où va s'opérer un
rapprochement des cours de Rome et de
Berlin contre la France, que les journaux
autrichiens ne trouvent rien de mieux à
faire que de pousser aussi leur pays à
l'alliance italo-prussienne ? C'est une leçon
que le gouvernement actuel de la France
et la maj orité de l'Assemblée surtout fe-
ront bien de méditer un peu. Soyez donc
catholiques jusqu'à la sottise, monarchis-
tes jusqu'à la folie, ultramontains jusqu'à
la plus coupable témérité, pour voir après
cela l'Autriche même se tourner contre
vous et donner la main de préférence à
l'Italie et à la Prusse!
L'Autriche va du côté du plus fort. Mie
voit qu'il n'y a maintenant chez nous que
désordre, incertitude, division, et que nous
Mmblons de nous-mêmes nous jeter au-
devant des périls. C'est pour cela qu'elle
se détourne de la France et qu'elle pré-
fère, comme dit la Nouvelle Presse libre,
« éteindre ses rassentimeBts, B oublier Koe-
niggraëtz et prendre gaîment son parti
des événements de 1866. C'est une politi-
que et ce sont des façons de sentir que
nous n'avons pas à juger ici au point de
vue de l'intérêt autrichieD. L'Autriche a
bien le droit de se conduire, à ses risques
et périls, comme il lui plaît ; mais ses dé-
dains ne nous doivent-ils pas éclairer ?
Décidément, il n'y a qu'un moyen d'avoir
des alliés dans ce temps-ci : c'est d'être
fort ; les modernes Etats donnent au plus
fort leur amitié, leurs alliances.
Or, cette force matérielle et morale, dont
nous aurions tant besoin, lavons-nous t
et que faisons-nous pour l',açqqérir f Que,
d'esprit de suite et que d'habileté ne nous
faudrait-il pas déployer en politique, tant
i l'intéireur qu'au dthérs ! Mais on sait,
hélas! où nous tn sommes et que, depuis
le 24 mai, nous no marchons plus qu'à re-
culons. marchons plus qu'à re-
Nous avons vécu, depuis ce temps-là,
dans la confusion, dans le chaos, et tout le
monde, aussi bien l'électeur le plus hum-
ble que les maîtres actuels du pouvoir,
tout le monde est si tourmenté du dénoue-
ment qu'apportera le lendemain qu'il ne
reste plus à personne ni temps ni courage
pour travailler sensément et bravement
aux affaires présentes. Qu'est-ce que la
France a produit, en ces trois ou quatre
derniers mois, si ce n'est beaucoup d'agi-
tation et quelques ridicules pèlerinages ?
On a bien vu aussi des miracles, sans
doute; on peut en parler! Pas plus tard
qu'il y a huit jours, la Sainte-Vierge,
sortant d'un four à chaux, dans la Côte-
d'Or, est montée dans les branches d'un
pommier,d'où elle a prédit que la malédic-
tion de Dieu tombera sur ce peuple, s'il
ne veut point faire pénitence. Le tout est
constaté pieusement et respectueusement
dans un rapport de commissaire de police 1
Nous revièndrons bientôt plus au long
sur cette surprenante histoire. Mais n'est-
il pas honteux que ce soient ces fadaises
et ces idiotes mystifications dont on oc-
cupe à peu près exclusivement le peuple
français, qui fut un si grand peuple ? Quoi!
DÕUS voici' contraints de mettre au rang de
nos préoccupations les plus graves, après
les pourparlers de nos prétendants à Frohs-
dorff, les apparitions de Lourdes et de la
Salette, et les temples du Sacré-Cœur, et
tout ce qui s'ensuit ?Et nous voulons nous
relever 1 Et nous nous étonnons que les
peuples étrangers nous fuient, comme on
se garde des extatiques et des fous ! Il est
grand temps do sortir d'un état si piteux,
si indigne de notre passé. Que la France
cesse donc au plus tôt d'être le pays des
miracles, pour redevenir le pays du bon
sens et de a^^isatmn moderne, et elle
ne tardera P>o ^^w^me à reconquérir
en Europe un autre rang, qui lui est dû
et qu'elle saura conserver.
Lundi a eu lieu l'ouverture de la session
des états-généraux à La Haye. Le roi a
constaté dans son discours que la situation
générale était bonne. Les travaux du port
de Flessingue ouvrent à la Hollande une
nouvelle voie commerciale. Le blocus
d'Atchin est maintenu et le gouvernement
se prépare à soutenir énergiquement une
lutte qui n'a déjà que trop duré. L'état des
Indes-Occidentales est satisfaisant, et le
traité conclu pour l'immigration entre Suri-
nam et l'Angleterre a donné des résultats
dont le gouvernement s'applaudit.
On mande également de La Haye que la
démission du général von Limbourg Sti-
rum, ministre de la guerre, a été acceptée;
c'est le ministre de la marine qui est
chargé de l'intérim.
EUG. LIÉBERT.
— «. --
LE 16 SEPTEMBRE
Hier, à neuf heures du matin, la der-
nière botte prussienne franchissait la
frontière française. La libération du ter-
ritoire est un fait accompli. Notre mar-
tyre a duré un peu plus de trois ans;
combien durera celui de l'Alsace, celui
de la Lorraine ?
Tout a été dit sur cette épouvantable
aventure où nous a entraînés l'homme
qui avait commencé par un parjure.
Sachons au moins profiter de la leçon,
et que chacun prenne devant sa cons-
cience l'engagement de ne plus jamais
livrer la patrie à un homme, n'importe
l'homme, n'importent les circonstances.
Ce conseil que M. Thiers donnait à son
pays, alors qu'il écrivait l'histoire du
premier Napoléon, il le lui donne en-
core aujourd'hui par sa résistance aux
manœuvres de ces prétendus patriotes
qui ne rougissent point d'avouer que
leur seule ambition, maintenant que la
France n'est plus aux mains des Alle-
mands, est de la livrer pieds et poings
liés à un prince.
Pour qui donc avons-nous accumulé
depuis deux ans le prix de notre rançon,
à force de travail, de patience, et d'ab-
négation ? Pour qui nous sommes-nous
imposé des charges écrasantes dont la
génération actuelle ne verra peut-être
pas la fin? Est-ee pour permettre à une
poignée d'hommes, inconnus de la na-
tion, ayant à lour tête un prince dont
vingt millions de Français ont ignoré
l'existence jusqu'en ces derniers temps,
de prendre possession de nous comme
d'un troupeau ? Est-ce au contraire pour
redevenir sans partage les maîtres de nos
destinées et ne plus confier désormais
qu'à nous-mêmes le soin de notre hon-
neur et de notre fortune? Si pareille
question, — la vraie, la seule qui reste
à résoudre aujourd'hui, — était posée à
la France, elle se lèverait tout entière
et protesterait avec indignation contre
ceux qui lui font l'injure de prétendre
qu'après avoir secoué le joug honteux
de 1 empire et s'être enfin débarrassée
de la domination odieuse de l'étranger,
elle aspire encore à se donner un maî-
tre.
Demandez à l'Alsace et à la Lorraine,
demandez aux trois cent mille braves
gens qui ont opté pour la nationalité
française ; demandez-leur si, en nous
voyant nous abandonner nous-mêmes,
ils ne se croiraient pas oubliés ou même
trahis ? A-t-oi fdéjà "perdu le souvenir
des députés que nos provinces, aujour-
d'hui allemandes, avaient envoyés à
Bordeaux ? Ils étaient ou se disaient
tous républicains. L'Alsace et la Lor-
raine savaient trop ce qu'il en coûte
à un peuple de se confier à un hom-
me pour vouloir risquer de nou-
veau l'aventure. Nous n avons pu sau-
ver nos deux chères provinces; mais
n'oublions pas leurs dernières volontés
qu'elle avaient chargé leur élus de trans-
mettre à l'Assemblée nationale; souvo-
nons-nous etue les Chauffour, les Schnee-
gans, les Kuss, les Bamberger, les Kest-
ner, les Kœchlin, testaments vivants
de l5 Alsace-Lorraine, dans cette doulou-
reuse séance du 1er mars 1871 où fut
consommée la séparation, n'ont pas
dit adiBu mais au revoir, à la Républi-
que française 1 C'est à nous de faire
qu'ils la retrouvent un jour, plus forte
et plus grande qu'ils ne l'ont laissée.
E. SamumB.
-_.--' •
LE DÉPART DU ROI D ITALIE
L'agence Havas publie les dépêches gui-
vantes :
Rome, 15 septembre, 1 h. 30, soir.
Le roi arrivera à Vienne le 17, à cinq heures
de l'après-midi. Plusieurs sénateurs et plusieurs
députés accompagneront Sa Majesté jusqu'à la
frontière.
On assure que la légation d'Italie à Vienne
ira à la rencontre du roi à Udine et que le mi-
nistre de Portugal, sur l'ordre de son souverain,
se joindra à la légation italienne.
Turin, 16 septembre, 9 h. 20, matin.
Le'roi est parti pour Vienne ce mâtiné à sept
heures 30. Le prince de CarIgnan, le prince
Afuédée et les autorités l'ont salué à la gare.
Le ministre des affaires étrangères, M. Vis-
conti-Venosta, et une suite nombreuse accom-
pagnaient le roi. qui sera rejoint, en Vénétie,
par M. Miaghetti.
Le magnifique train royal, composé de qua-
torze voitures, est parti au milieu des applau-
dissements et des souhaits d'heureux voyage
exprimés par les assistants.
Une foule immense se pressait autour de la
gare.
—————————
LA PROPAGANDE ROYALISTE
Paris n'est pas bien loin de la pro-
vince; comment donc n'est-il pas mieux
informé des intrigues qui s'agitent à ciel
ouvert un peu partout ? A l'heure où
nos journaux républicains, animés d'une
confiance qui les honore en attendant
qu'elle les perde, exécutent des varia-
tions éloquentes sur l'avortement de la
fusion ; tandis que nous nous prouvons
à nous-mêmes par des arguments sans
réplique que la monarchie est morte et
enterrée, une propagande assidue, en-
têtée, acharnée, travaille les populations
des villes et des campagnes. Les man-
sardes des ouvriers, les chaumières des
paysans sont littéralement inondées de
petites brochures en style familier com-
me celle que le hasard a fait tomber hier
entre mes mains. Cela ne vaut pas cher,
mais cela se distribue gratis, et à cheval
donné l'on ne regarde point la bride.
La platitude de la forme et l'impudence
grossière du fond ne compromettent pas
le succès de ces opuscules, qu'un faux
air de bonhomie recommande à l'hon-
nête simplicité du lecteur.
Je ne suis pas assez expert pour cal-
culer, même approximativement, l'effet
que ces publications pourront produire
au centre de la France. Elles ne feraient
aucun mal, j'en suis sûr, dans nos dé-
partements de l'Est, où les blessures
saignantes de l'invasion plaident élo-
quemment contre la monarchie. Mais
lorsque j'entends dire qu'une brochure
de 104 pages, petit in-douze, intitulée :
Le Roi, vient d'être répandue à trente
mille exemplaires dans les campagnes de
l'Allier, je me demande comment elle y
convertira des milliers de familles où
personne ne sait lire, et je suis porté à
croire qu'elle se heurtera contre une opi-
nion fortement motivée dans les maisons
où l'on sait lire. Toutefois, ce n'est pas
sans un vif intérêt de curiosité que j'étu-
die les procédés de nos ennemis et l'art
avec lequel ils s'efforcent de manipuler
les âmes naïves. Peut-être nos lecteurs
parisiens trouveront-ils quelque profit à
poursuivre cette étude avec moi.
Le Roi s'imprime et se publie à Mou-
lins, chez Desroziers. La Brochure est
signée de Jean Bourbonnais, un pseudo-
nyme, et dédiée aux ouvriers des villes
et des campagnes. Une énorme fleur de
lis en illustre le titre, et les armes des
Bourbons rayonnent à la dernière page.
Le texte est un long dialogue entre Jean
Bourbonnais, vieillard bien pensant, et
son neveu Michel, un républicain sans
malice, bon tout au plus à donner la
réplique, et presque aussi docile que le
fameux bonnet du prédicateur.
A cet élève comme on en voit peu,
Jean Bourbonnais enseigne une nouvelle
histoire de France, l'histoire ad usum
Delphini. Ecoutez ce récit de la révolu-
tion de 1830 :
« Charles X, grand-père du duc de Bordeaux,
avait succédé à Louis XVIII, son frère, en
1824. Le pays était heureux et tranquille, la
confiance régnait partout, le travail abondait, de
grands travaux publics, poussés avec activité,
aidaient au développement de l'industrie et de
l'agriculture ; la France, après toutes les com-
motions de la grande révolution et de l'empire,
se sentait calme, libre et prospère. Mais ces ré-
volntionnaires, ces ennemis du bonheur de la
France, ne dormaient pas. Une opposition sys-
tématique s'attachait à dénaturer les ordres du
Roi, à faire échouer ses meilleurs projets. Le jour
où elle se crut usez forte, elle souleva la popu-
lation de Paris, et tandis que les 28, 29 et 30
juillet 1830, l'émeute éclatait dans les rues, ses
chefs excitaient le duc d'Orléans à renverser le
roi et à usurper la couronlle. Pour éviter la
guerre civile et l'effusion du sang français, Char-
Ies.X renonça à combattre l'émeute par les ar-
mes. 1
Pas un mot des fameuses ordonnan-
ees. Toutes les causes de la révolution
sont escamotées avec une prestesse de
main qui ferait envie au père Loriquet.
L'enfance et la jeunesse de M. le comte
de Chambord sont racontées avec un
luxe d'anecdotes fadement sentimenta-
les qui n'a jamais rien coûté aux histo-
riographes des princes; je crois même
qu'ils se copient les uns les autres et
qu'un seul fonds d'enfantillages sympa-
thiques sert à toutes les dynasties. Le
comte de Chambord, aux Tuileries, voit
un frotteur qui sue, et lui donne un louis
pour boire. Le comte de Chambord goûte
à la gamelle des soldats, et leur envoie
un poulet de la table royale. Le comte
de Chambord, roi de la fève, se fait
payer d'avance trois mois de sa pension
pour rebâtir une chaumière, et dit : IL
me restera vingt sous pour faire le
prince! Le comte de Chambord, en
Ecosse, daigne tremper ses lèvres dans
la timbale d'un Irlandais mourant. En
Bohême, il porte son matelas à une
vieille femme malade. En Autriche, il
suit le convoi d'un mendiant. A Milan,
il invite à diner .un pauvre bouquiniste,
qui était devenu un des principaux né-
gociants du pays. J'abrège la liste de
ces prouesses niaises dont l'invention ne
coûte rien;. et je suis l'auteur de la bro-
chure sur le terrain où il se montre, si-
non spirituel, au moins habile.
Il a pris soin de relever, une à une,
les visites que les légitimistes français,
recrutés Dieu sait comme, au nombre de
cinq ou six cents individus, ont faites au
prétendant exilé. Et dans chacune de ces
occasions, il nous montre M. de Cham-
bord empressé de séduire les paysans,
les ouvriers, le pauvre monde. L'héri-
tier d'Henri IV est une sorte de Messie
qui dit toujours à M. de Blacas : Laissez
venir à moi les petites gens. Ne s'agit-il
pas de prouver à la foule des simples
que le roi, s'il remonte sur le trône de
ses aïeux, recrutera sa cour dans l'élite
des cordonniers, des pâtres et des con-
ducteurs d'omnibus ? Le roi lui-même a
dit, dans une lettre célèbre : « J'appelle
tous les dévouements, tous les esprits
éclairés, toutes les âmes généreuses, tous
les cœurs droits, dans quelque rang
qu'ils se trouvent et sous quelque dra-
peau qu'ils aient combattu jusqu'ici, à
me prêter l'appui de leurs lumières, de
leur bonne volonté, etc. » Il y a en a pour
tout le monde, et même pour les vété-
rans du drapeau rouge, s'il leur plaît de
se convertir. Le règne d'Henri V ne sera
pas le règne des riches et des nobles,
comme les ennemis du roi le prétendent
dans leur perversité ; il aura pour maxi-
me d'encourager ceux qui sont utiles à
leur pays, de leur accorder les places et
ses faveurs.
— Mais, demande le neveu Michel, le petit-
fils d'Henri IV saurait-il, au besoin, montrer la
bravoure de son ancêtre ?
— En pourrais-tu douter, neveu Michel?.
A l'âge de cinq ans, il avait un jour, en agi-
tant son petit sabre, blessé un de ses gens. Sa
gouvernante veut exiger la remise de son arme.
Non ! non 1 pas à vous; s'écrie-t-il avec feu.
Et courant vers un soldat qui se trouvait au-
près : « Mon camarade, prenez mon sabre! A
la bonne heure, vous, mais jamais à une fem-
me. Non, jamais.
Il n'avait que quatorze ans : la duchesse
de Berry, sa mère, l'appelle un jour dans sa
chambre. En entrant, il vit sur la table un cas-
que, une cuirasse et un sabre. A la vue de ces
armes, le visage de Henri s'anima. Madame re-
marqua cette émotion et en fut fière : « Henri,
lui dit-elle, ce sabre, ce casque et cette cui-
rasse ont appartenu à ton père. »
Ici, l'auteur me semble assez mal ins-
piré. Car enfin rien ne l'obligeait à trans-
former en guerrier fougueux un jeune
prince doux et pacifique, et il eût été de
bon goût de laisser dans l'armoire le sa-
bre du duc de Berry, qui n'a jamais
servi que dans l'arméd de Condé, contre
la France, et sans succès.
La sottise de Jean Bourbonnais fait
place à Timpudence lorsqu'il nous dit
que les républicains de 1870 écartaient
l'épée d'Henri V, que cette épée eût fait
des prodiges, qu'un prince animé de si
beaux sentiments n'eût pas été vaincu,
et que, même vaincu, il aurait imposé
ses conditions au vainqueur.
Crois-tu que la Prusse eût osé réclamer cinq
milliards d'argent et nous eût enlevé l'Alsace et
la Lorraine, si, au lieu de traiter avec un pau-
vre pays agité par la révolution et sans lende-
main peut-être alors, elle eût eu affaire au roi
de France?
La faction légitimiste croit nos bons
paysans plus bêtes et plus ignorants
qu'ils ne sont. Qu'elle leur donne M. de
Chambord comme un digne homme ab-
solument loyal, elle ne sera pas dé-
mentie; mais à qui persuadera-t-elle que
que ce prince a demandé un grade dans
notre armée, que Gambetta l'a éconduit,
qu'il pouvait remporter des victoires et
dicter un traité de paix ? Jean Bourbon-
nais lui-même se contredit à deux pages
de distance en disant que M., de Bis-
marck nous a permis de choisir n'im-
porte quel gouvernement, excepté la
monarchie d'Henri V. Second mensonge
qui détruit le premier. Et no voyez-vous
pas, sectaire à contre-vue, que si vous
disiez vrai et si Bismarck était l'ennemi
personnel d'Henri V, il nous faudrait ar-
mer un million de soldats avant d'avoir
votre prétendant sur le trôae ?
Mais il ne s'agit pas d'argumenter
contre des bourdes. ELudions les petits
pamphlets de nos ennemis pour connaî-
tre et leurs plans et l'esprit des masses
qu'ils veulent entraîner, et les obstacles
qu'ils s'efforcent d'aplanir. Ils connais-
sent le paysan mieux que nous, l'ayant
étudié de plus près et de plus longue
date ; ils peuvent donc nous éclairer.
Ils nous prouveront par exemple, si
vous gardez un doute sur ce point, que
la population des campagnes est aujour-
d'hui très-libérale, j'entends aussi ja-
louse des intérêts moraux que des inté-
rêts matériels, où on la disait enfoncée.
Jean Bourbonnais éprouve le besoin de
rassurer son interlocuteur sur la réac-
tion qui suivrait une restauration mo-
narchique. Il lui promet toutes les liber-
tés dont la France a joui sous Louis;
XVIII et Charles X, la liberté indivi-
duelle, la liberté civile, et même la li-
berté politique, « cette participation lé-
gale de tous les membres de la société
à l'administration des affaires publi-
ques. » Participation légale est char-
mant ; ces deux mots contiennent toutes
les promesses et toutes les restrictions
imaginables. L'auteur se tait habilement
sur la liberté de la presse, la liberté de
la parole, la liberté des cultes, et il con-
elut ainsi :
— Tu le vois, mon neveu, tout ce que les
républicains sincères rêvent d'honnête, le
comte de Chambord le promet à la France. Et
lui seul pourra le lui donner, parce que lui
geul aura assez d'autorité pour empêcher la li-
berté de tomber dans le désordre. « Personne,
la-t-il dit, sous aucun prétexte, n'obtiendra de
tmoi que je consente à devenir le roi légitime de
la Révolution. »
Il semble que les légitimistes ne dou-
tent pas de la docilité des campagnes sur
te chapitre du drapeau blanc, car Jean
Bourbonnais se cramponne fièrement à
l'étendard d'Henri IV. Mais on à dû lui
faire entendre que les souvenirs de la
dîme et de la corvée rendaient le Roi
suspect à bien des gens. Aussi prend-il,
lui, la peine de réhabiliter ces abus du
bon vieux temps, tout en rappelant que
Louis XVIII et Charles X ne les ont pas
remis en vigueur et qu'Henri V ne songe
pas à les tirer de la poussière. i
— Dans le commencement, vois-tu, la gou-
vernement ne donnait point de traitement aux
curés. C'étaient les paroissiens qui fournissaient
leur subsistance, et qui pour cela leur faisaient
cadeau chaque année d'une gerbe de blé sur dix
de leur récolte. On appelait ça payer la dîme.
Nos pères pensaient que les curés, guère
plus fortunés autrefois qu'aujourd'hui, , guère
consa-
crant leur vie aux besoins spirituels de leurs pa-
roissiens, onleur devait bien en retour l'aumône du
dixième des récoltes, pour les besoins de leur
table et de leur vêtement et l'entretien de l'é-
glise. Mon arrière-grand-père payait la dîme, et
mon grand-père m'a conté que l'on cuisait le gâ-
teau le jour du paiement, parce que M. le curé
leur faisait le plaisir de s'asseoir à leur table ce
jour-là ; ce qui était grand honneur pour les
hommes et grande réjouissance pour les petits
gars de la ferme.
La corvée, ce n'est guère plus méchant.
C'étaient les journées de travail que l'on devait
pour l'entretien des routes et des chemins. Du
temps de mon arrière-grand-père, chaque
homme donnait ainsi trois journées par an ;
encore lui était-il loisible de s'en exempter
moyennant dix-huit sous par jour. C'étaient les
prestations d'aujourd'hui, qu'on appelait corvées
de ce temps-là.
Les redevances, les droits féodaux étaient,
du temps de mes grands parents, certains ser-
vices à rendre, certains impôts à payer, certai-
nes politesses à faire au seigneur à qui appar-
tenait la maison que vous habitiez, le champ
que vous cultiviez. C'était le loyer d'aujour-
d'hui.
Ainsi, tel seigneur se faisait offrir chaque an-
née, par ceux qui tenaient de lui leur terre, un
bouquet d'œillets eu d'aubépine au prin-
temps. Tel autre se faisait remettre un pe-
tit sac de liards ou quelques deniers. A un
autre, on portait un mai orné de fleurs et
de rubans. C'était peu en général, mais
c'était une marque de déférence, une recon-
naissance d'un bienfait reçu.
Il est bien vrai que les droits féodaux, qui en
étaient réduits, il y a cent ans, à ces quelques
démarches de politesse, n'avaient pas toujours
été aussi bénins. Des seigneurs particuliers
avaient, dans les siècles auparavant, abusé
quelquefois de leur puissance. Mais le roi était
là, qui les avait vertement réprimés.
Les rois, vois-tu, Michel, ont toujours sou-
tenu les intérêts du peuple et rogné les ongles
à tout grand seigneur qui essayait de les mon-
trer un peu trop. Do sorte que les droits féo-
daux avaient été réduits à bien peu de chose,
par la volonté du roi, fort avant la granle Ré-
volution.
— Mais, oncle Jean, ce qui restait encore de
corvées, de redevances, de droits féodaux, c'est
bien la grande Révolution de 93 qui les a fait
disparaître?
— Pas du tout, mon ami : ce sont les nobles
eux-mêmes qui, sous l'inspiration du roi, y re-
noncèrent le 4 août 1789, ainsi qu'à tous leurs
privilèges, et, en même temps, le bon roi Louis
XVI proclamait l'égalité de tous les Français
devant la loi.
— Tiens, oncle Jean, et les beaux parleurs
révolutionnaires qui attribuent cela à la Révo-
lution, ils mentent donc là comme toujours?
— Précisément. Du reste, neveu, crois-tu que
le paysan ait ganné beaucoup à cette disparition
des droits féodaux? La corvée n'est plus obliga-
toire, mais nous avons les prestations; on ne
porte plus un bouquet d'œillets à son proprié-
taire, mais on paye à lui ou au fermier le loyer
de sa maison. Et je n'ai jamais vu un républi-
cain en disposition do renoncer au loyer du
moindre lopin de terre pour un bouquet de
fleurs ou un mai orné de rubans !
Cette argumentation champêtre ne
convaincra personne, j'en ai peur, et l'é-
crivain en sera pour sa rhétorique. Mais
il ne se mettrait pas en frais s il ne sa-
vait que les mauvais souvenirs de l'an-
cien régime sont encore vivants dans la
mémoire des hommes. Notons le fait, il
a son intérêt.
Notons surtout que dans ce petit vo-
lume de cent pages, il n'y a pas un mot
sur la dévotion d'Henri V, sur les bons
rapports que ce prince entretient avec lâ
société de Jésus, sur le culte qu'il a voué
au Saint-Père, sur les engagements for-
mels qu'il a pris avec le Vatican, sur la
croisade qu'il médite au nom du Tem-
porel. Si l'auteur a cru faire acte de poli-
tique en dissimulant ces mérites de son
héros, n'en faut-il pas conclure qu'il
compte peu sur le fanatisme des paysans
et que l'esprit de libre examen regne en
maître dans ces campagnes qui ont été
longtemps les forteresses de l'Eglise ?
ABOUT.
Un défaut vaut parfois une vertu : s'il
est quelque chose de plus beau que la
croyance en ses propres paroles, c'est
celle qu'on infuse aux autres sur des
choses dont on doute soi-même. Nous
nous amusions fort il y a peu de temps,
à la représentation d'un drame en vogue
où le personnage principal, le Gascon, gen-
tilhomme français, s'élance sur la scène
pour secourir Marie Stuart, assez mal ac-
cueillie par son bon peuple d'Edimbourg,
et s'écrie en brandissant son épée: « Deux
cents gentilshommes à ce coin de rue !
trois cents à ce carrefour ! quatre cents à
la porte du palais ! » La foule, glacée de
terreur, se tait. — Nous sommes en tout
cinquante ! rnrrillure en à parte le Gascon.
— Et Marie Stuart peut entrer librement
dans sa demeure royale d'Ecosse. Entre
nous, ce subterfuge ne lui a guère réussi,
ayant assez mal tourné avec le temps.
Ce tableau de drame nous est revenu en
mémoire en lisant un entrefilet, de lMs-
semblée nationaledaus lequel l'auteur, bran-
dissant sa plume avec une assurance toute
méridionale, s'écrie :
« Les chefs des trois droites sont unis,
dès aujourd'hui, pour faire la monarchie.
Ils n'out,aucune appréhension, parce qu'ils
ont certitude absolue qu'ils arriveront
à uutJ entente avec leurs collègues. Ils sa-
vent que le chef de la Maison de France
veut soumettre les actes de son gouver-
nement au contrôle de représentants libre-
ment élus par la nation au moyen du suf-
frage universel honnêtement pratiqué, et
cette base leur suffit. Que le Consti{'t¡on-
nel et la Presse, qui sont des journaux con.
servateurs, attendent patiemment la réu-
nion de 1 Assemblée, et ils verront si nous
nous trompons. »
Jusqu'ici l'Assemblée nationale avait dit î
« Il faut que cela se fasse. » Aujourd'hui
elle dit : « C'est fait. » Sans vouloir discu-
ter un programme politique dont l'élasti-
cité prête beaucoup trop à la discussion,
nous nous permettrons d'envisager en face
les assertions - matérielles, ne nous sentant
pas, comme le bon peuple d'Edimbourg,
glacés de terreur par ce déploiement ima-
ginaire de forces.
« Un chef de droite à ce coin de rue! Un
autre chef de droite à ce carrefour ! Un
troisième chef de droite à la porte du pa-
lais!. Et maintenant, monseigueur, prenez
possession de votre résidence royale ! » Ah
çà, mais, quels sont donc ces trois chefif
masqués qui mettent assez de confiance
en leur autorité pour avoir une si absolué
confiance en. l'obéissance de leurs soldats î
Sont-ce par hasard les présidents des di-
verses reunions de la droite? Mais, en ce
cas, nous avons vu, par des lettres de
simples soldats du centre droit, que cer-
tains partisans de la monarchie constitu-
tionnelle n'entendaient nullement laisser
disposer de leur vote en faveur d'Henri V.
Soyons grands : admettons que tous
les membres des trois droites sans excep-
tion se plient à cette discipline. L'Assem-
blée nationale, dans sa mise en scèue, n'a
oublié qu'une chose, c'est que si le nom-
bre impair est agréable aux dieux, la
nombre pair est vu d'un œil favorable par
la Vérité ; elle oublie qu'au lieu de trois
droites, il y en a quatre, et que la qua-
trième a également un chef, fort connu
celui-là, et qui n'a aucune envie de se
prêter à la comédie jouée. Les quatre
droites, coalisées au 24 mai, jetèrent M.
Thiers à bas, à quatorze voix de majorité.
Il y avait dans le tas trante-neuf députés
appartenant à la réunion de l'appel au
peuple. S'ils passent à la minorité — et
au jour de la prise de possession du palais,
ils auront toute raison d'y passer, —
soixante-quatre voix séparent les roya-
listes de cette nouvelle majorité ! 1 v
Il faut bien des défections pour combler
un pareil fossé !
Et voilà comment, avec une minute de
réflexion, on arrive à avoir défiance, mais
non peur des Gascons politiques.
PAUL LAFARGUE.
-_ 4, —_
M. Marcel Barthe vient (l'adresser la
lettre suivante à l'Indépendant des Basses-
Pyrénées :
Les renseignements les plus contradictoires
nous parvienneot sur l'état des négociations
entreprises pour une restauration monarchi-
que.
Lit- on les feuilles légitimistes ? La fusion est
faite ou sur le point de se conclure.
Lit-on les feuilles orléanistes ? La fusion ren-
contre des difficultés, mais tout espoir de la
mener à bonne fin n'est pas perdu.
Lit-on les feuilles bonapartistes ? La fusion
est une conception qui a définitivement avorté.
Permettez-moi de dire comment j'envisage
cette œuvre sans cesse remise sur le chantier
de la politique et au succès de laquelle tant de
hauts personnages ont vainement appliqué leurs
efforts et leur intelligence.
Les membres de la droite et du centre droit
de l'Assemblée sont assurément monarchistes
mais leur culto s'adresse à deux monarchies
différentes.
Pour les premiers, la monarchie est un prin-
cipe qui puise sa force dans l'ancienneté de son
origine, dans la consécration qu'à chaque chan-
gement de règne il a reçue de la religion catho-
tique par les mains d'un prélat spécialement in-
vesti de cette haute mission, enfia dans la
transmission par voie d'hérédité de la couronne
Le pouvoir qui en découle est, par essence, ab-
solu, et n'admet d'autres tempéraments que
ceux qu'il plaît au souverain d'oc.royer à ses
sujets.
Pour les seconds, la monarchie est simple-
ment un mécanisme gouvernemental. Le roi
est, en quelque sorte, un fonctionnaire irres-
ponsable, inamovible et dont le pouvoir doit
être héréditaire. Il ne le tient que de la natioa
et ne peut l'exercer que dans des conditioiis for,.
mellement stipulées.
Aux yeux des partisans de la monarchie lé-
gitime, tout pouvoir pris en dehors de l'hérédité
royale est un gouvernement révolutionnaire
qu'on l'appelle monarchie d Orléans, empire on
République.
Aux yeux des partisans de la monarchie élec-
tive, la royauté traditionuelle, ou de droit divin
est une institution erronée, dont les doctrines
sont entachées de superstition.
Une communauté d'intérêts à défendre contre
la République a seule pu amener les légiti-
mistes et les orléanistes .a oublier leurs vieilles
haines et les tragédies sanglautes qui les ont
di visé, pour essayer de se fondre en un même
parti. l,. te f.. t d.
Les légitimistes fusionnistes disent aux or-
léanistes : « Que vous manque t-il ? Un prin-
cipe d'autorité ? Nous vous l'apportons.
De leur côté, les oiléanistes fusionnistes di
sent aux légitimistes: « Votre principe st
vieilli; pour le rajeunir et lui redonner l force
qu'il a perdue, que faut-il faire? J,è prendre
pour fondement de l'édifice poViiiaue et, sur
cette base, placer les principes nés de la Révo-
lution de 1789 ; nous vou8 les apportons »
Si les fUSIODnistes des deux partis ne devaient
consulter qu'eux-mêmes ou s'ils avaient rem
mandat de tout régler, ils iraient vite d'ac-
pord, et le comte de Chambord pourrait monter
pur le trône. Mais, pour que la constitution
qu'ils préparent ne soit pas une chimère deux
choses sont indispensables : il faut que 1h priBœ
en accepte les conditions et que le pays
qu'on oublie trop, - y donne son assentiment
Or, au premier pas, une uifficulté les arrête
c'est celle du drapeau. Elle est sérieuse; car les
deux drapeaux en présence sont les pmbtëme&
ee deux régimes politiques contraires. Des per-
sonnes plus zélées que clairvoyantes s'imam
cent que les obstacles qui s'opposent à la fusion
seiaient aplanis si le comte de Chambord cin-
sentait a céder sur la couleur du drapeau : elle*
s abusent. Ce prince fait preuve d'un sens poli-
tique plus éclairé, en résistant à leurs consens
Il comprend que le sacrifice de l'étendard rovai
n'aurait d'autre résultat que d'amoindrir sa
personne, sans lui procurer la popularité aût
jourd'hui indispensable pour régner
; ijes nonorabies depuis qui travaillent a vec
tant d'ardeur à rel, ever It trVop?» de Franco
le petit-fils de Charles y connaissent-ils l'ac-
eueil que 1 opinion n^uiiqne. dans les dénarfe
ments. félit à 'Urffpr°jet? Peutêtre ne sen
^ndent-i £ pas suffisamment compte. Dana les
vllleiJ, sans qu'il faille comme autrefois distin-
0aer entre les grands et les petits centres de po-
pulation, les ouvriers, en généra!, sont républi-
cains ; ils sont attachés avec la même ardeur
Jeudi 18 Septembre 4873.
r W
: E a HB tt-
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-MB M N H'B* B WLJi B B t. tNtt tt.tN B tttttttt J)ttt)tjttttL t ttttt
RÉDACTION .,
WtdMMer au Sàerét&ire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
*. vue Dreuot. a -
Les manuscrits non insérés ne "mut pas rendw*
ABONNEMENTS
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Un aa 50
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Adresser lettres et mandats à l'Administratsnr
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les lettres non affranchies soroni refusées
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
Annonce*, chez MM. LAGRANGE, CERF et C"
6, plaee de la Bourse, 8
On s'abonne à Londres, chez M. A. MIUBIOB général
ad vertiaing, agent, 13, Tavistockrow, Covent Garden.
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bobnc, 9
On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURImr général
advertiaing. agent, 13, Tavistockrow, Covent Gardes,
JOURNÉE POLITIQUE
----..;.
Paris, 47 septembre 4878.
Le roi d'Italie est parti de Turin pour
Vienne, hier lundi, accompagné du minis-
tre des affaires étrangères, M. Visconti-
Venosta; M. Minghetti doit très-prochai-
nement le rejoindre. C'est aujourd'hui
même qu'aura lieu l'entrevue de Victor-
Emmanuel et de l'empereur François-Jo-
seph. La Nouvelle Presse libre, qui s'occupe
de ce voyage, comme tous les journaux
autrichiens, et qui s'en félicite, fait remar-
quer que, « sur la route qui conduit de
Rome à Berlin, Vienne est à présent une
étape diplomatique et politique, et qu'au-
jourd'hui la cour de Berlin ne cherche pas à
conclure avec l'Italie un pacte auquel l'Au-
triche ne serait point admise à participer.
De même, ajoute-t-elle, l'an passé, la bonne
harmonie des deux cours prussienne et
russe a eu pour corrélation le rétablissement
des bons rapports entre l'Autriche et la
Russie. Si, en lui-même, ce fait est très-
iatisfaisant, il acquiert pour fioul pras
d'importance encore lorsque nous rappe-
lons à notre souvenir que la rencontre de
l'empereur François- Joseph et du roi Vic-
tor-Emmanuel sera la première entrevue
personnelle de ces deux souveraine, qui
jadis se trouvèrent en présence comme
antagonistes, chacun à la tête d'une armée.
Il y a des années que le ressentiment des
peuples s'est éteint. Cependant, aussi bons
que soient devenus les rapports internatio-
naux entre l'Italie et l'Autriche, les mo-
narques des deux pays étaient restés jus-
qu'à présent étrangers l'un à l'autre. »
Cet article de la Nouvelle Presse libre
nous a paru curieux à citer. Ce n'est pas
qu'il soit bien fier ni bien politique, et la
joie que conçoit notre confrère viennois
des bonnes dispositions présumées des
Italiecs est au moins fort exagérée. Mais
n'est-il pas frappant et en même temps as-
sez triste, dans le temps où va s'opérer un
rapprochement des cours de Rome et de
Berlin contre la France, que les journaux
autrichiens ne trouvent rien de mieux à
faire que de pousser aussi leur pays à
l'alliance italo-prussienne ? C'est une leçon
que le gouvernement actuel de la France
et la maj orité de l'Assemblée surtout fe-
ront bien de méditer un peu. Soyez donc
catholiques jusqu'à la sottise, monarchis-
tes jusqu'à la folie, ultramontains jusqu'à
la plus coupable témérité, pour voir après
cela l'Autriche même se tourner contre
vous et donner la main de préférence à
l'Italie et à la Prusse!
L'Autriche va du côté du plus fort. Mie
voit qu'il n'y a maintenant chez nous que
désordre, incertitude, division, et que nous
Mmblons de nous-mêmes nous jeter au-
devant des périls. C'est pour cela qu'elle
se détourne de la France et qu'elle pré-
fère, comme dit la Nouvelle Presse libre,
« éteindre ses rassentimeBts, B oublier Koe-
niggraëtz et prendre gaîment son parti
des événements de 1866. C'est une politi-
que et ce sont des façons de sentir que
nous n'avons pas à juger ici au point de
vue de l'intérêt autrichieD. L'Autriche a
bien le droit de se conduire, à ses risques
et périls, comme il lui plaît ; mais ses dé-
dains ne nous doivent-ils pas éclairer ?
Décidément, il n'y a qu'un moyen d'avoir
des alliés dans ce temps-ci : c'est d'être
fort ; les modernes Etats donnent au plus
fort leur amitié, leurs alliances.
Or, cette force matérielle et morale, dont
nous aurions tant besoin, lavons-nous t
et que faisons-nous pour l',açqqérir f Que,
d'esprit de suite et que d'habileté ne nous
faudrait-il pas déployer en politique, tant
i l'intéireur qu'au dthérs ! Mais on sait,
hélas! où nous tn sommes et que, depuis
le 24 mai, nous no marchons plus qu'à re-
culons. marchons plus qu'à re-
Nous avons vécu, depuis ce temps-là,
dans la confusion, dans le chaos, et tout le
monde, aussi bien l'électeur le plus hum-
ble que les maîtres actuels du pouvoir,
tout le monde est si tourmenté du dénoue-
ment qu'apportera le lendemain qu'il ne
reste plus à personne ni temps ni courage
pour travailler sensément et bravement
aux affaires présentes. Qu'est-ce que la
France a produit, en ces trois ou quatre
derniers mois, si ce n'est beaucoup d'agi-
tation et quelques ridicules pèlerinages ?
On a bien vu aussi des miracles, sans
doute; on peut en parler! Pas plus tard
qu'il y a huit jours, la Sainte-Vierge,
sortant d'un four à chaux, dans la Côte-
d'Or, est montée dans les branches d'un
pommier,d'où elle a prédit que la malédic-
tion de Dieu tombera sur ce peuple, s'il
ne veut point faire pénitence. Le tout est
constaté pieusement et respectueusement
dans un rapport de commissaire de police 1
Nous revièndrons bientôt plus au long
sur cette surprenante histoire. Mais n'est-
il pas honteux que ce soient ces fadaises
et ces idiotes mystifications dont on oc-
cupe à peu près exclusivement le peuple
français, qui fut un si grand peuple ? Quoi!
DÕUS voici' contraints de mettre au rang de
nos préoccupations les plus graves, après
les pourparlers de nos prétendants à Frohs-
dorff, les apparitions de Lourdes et de la
Salette, et les temples du Sacré-Cœur, et
tout ce qui s'ensuit ?Et nous voulons nous
relever 1 Et nous nous étonnons que les
peuples étrangers nous fuient, comme on
se garde des extatiques et des fous ! Il est
grand temps do sortir d'un état si piteux,
si indigne de notre passé. Que la France
cesse donc au plus tôt d'être le pays des
miracles, pour redevenir le pays du bon
sens et de a^^isatmn moderne, et elle
ne tardera P>o ^^w^me à reconquérir
en Europe un autre rang, qui lui est dû
et qu'elle saura conserver.
Lundi a eu lieu l'ouverture de la session
des états-généraux à La Haye. Le roi a
constaté dans son discours que la situation
générale était bonne. Les travaux du port
de Flessingue ouvrent à la Hollande une
nouvelle voie commerciale. Le blocus
d'Atchin est maintenu et le gouvernement
se prépare à soutenir énergiquement une
lutte qui n'a déjà que trop duré. L'état des
Indes-Occidentales est satisfaisant, et le
traité conclu pour l'immigration entre Suri-
nam et l'Angleterre a donné des résultats
dont le gouvernement s'applaudit.
On mande également de La Haye que la
démission du général von Limbourg Sti-
rum, ministre de la guerre, a été acceptée;
c'est le ministre de la marine qui est
chargé de l'intérim.
EUG. LIÉBERT.
— «. --
LE 16 SEPTEMBRE
Hier, à neuf heures du matin, la der-
nière botte prussienne franchissait la
frontière française. La libération du ter-
ritoire est un fait accompli. Notre mar-
tyre a duré un peu plus de trois ans;
combien durera celui de l'Alsace, celui
de la Lorraine ?
Tout a été dit sur cette épouvantable
aventure où nous a entraînés l'homme
qui avait commencé par un parjure.
Sachons au moins profiter de la leçon,
et que chacun prenne devant sa cons-
cience l'engagement de ne plus jamais
livrer la patrie à un homme, n'importe
l'homme, n'importent les circonstances.
Ce conseil que M. Thiers donnait à son
pays, alors qu'il écrivait l'histoire du
premier Napoléon, il le lui donne en-
core aujourd'hui par sa résistance aux
manœuvres de ces prétendus patriotes
qui ne rougissent point d'avouer que
leur seule ambition, maintenant que la
France n'est plus aux mains des Alle-
mands, est de la livrer pieds et poings
liés à un prince.
Pour qui donc avons-nous accumulé
depuis deux ans le prix de notre rançon,
à force de travail, de patience, et d'ab-
négation ? Pour qui nous sommes-nous
imposé des charges écrasantes dont la
génération actuelle ne verra peut-être
pas la fin? Est-ee pour permettre à une
poignée d'hommes, inconnus de la na-
tion, ayant à lour tête un prince dont
vingt millions de Français ont ignoré
l'existence jusqu'en ces derniers temps,
de prendre possession de nous comme
d'un troupeau ? Est-ce au contraire pour
redevenir sans partage les maîtres de nos
destinées et ne plus confier désormais
qu'à nous-mêmes le soin de notre hon-
neur et de notre fortune? Si pareille
question, — la vraie, la seule qui reste
à résoudre aujourd'hui, — était posée à
la France, elle se lèverait tout entière
et protesterait avec indignation contre
ceux qui lui font l'injure de prétendre
qu'après avoir secoué le joug honteux
de 1 empire et s'être enfin débarrassée
de la domination odieuse de l'étranger,
elle aspire encore à se donner un maî-
tre.
Demandez à l'Alsace et à la Lorraine,
demandez aux trois cent mille braves
gens qui ont opté pour la nationalité
française ; demandez-leur si, en nous
voyant nous abandonner nous-mêmes,
ils ne se croiraient pas oubliés ou même
trahis ? A-t-oi fdéjà "perdu le souvenir
des députés que nos provinces, aujour-
d'hui allemandes, avaient envoyés à
Bordeaux ? Ils étaient ou se disaient
tous républicains. L'Alsace et la Lor-
raine savaient trop ce qu'il en coûte
à un peuple de se confier à un hom-
me pour vouloir risquer de nou-
veau l'aventure. Nous n avons pu sau-
ver nos deux chères provinces; mais
n'oublions pas leurs dernières volontés
qu'elle avaient chargé leur élus de trans-
mettre à l'Assemblée nationale; souvo-
nons-nous etue les Chauffour, les Schnee-
gans, les Kuss, les Bamberger, les Kest-
ner, les Kœchlin, testaments vivants
de l5 Alsace-Lorraine, dans cette doulou-
reuse séance du 1er mars 1871 où fut
consommée la séparation, n'ont pas
dit adiBu mais au revoir, à la Républi-
que française 1 C'est à nous de faire
qu'ils la retrouvent un jour, plus forte
et plus grande qu'ils ne l'ont laissée.
E. SamumB.
-_.--' •
LE DÉPART DU ROI D ITALIE
L'agence Havas publie les dépêches gui-
vantes :
Rome, 15 septembre, 1 h. 30, soir.
Le roi arrivera à Vienne le 17, à cinq heures
de l'après-midi. Plusieurs sénateurs et plusieurs
députés accompagneront Sa Majesté jusqu'à la
frontière.
On assure que la légation d'Italie à Vienne
ira à la rencontre du roi à Udine et que le mi-
nistre de Portugal, sur l'ordre de son souverain,
se joindra à la légation italienne.
Turin, 16 septembre, 9 h. 20, matin.
Le'roi est parti pour Vienne ce mâtiné à sept
heures 30. Le prince de CarIgnan, le prince
Afuédée et les autorités l'ont salué à la gare.
Le ministre des affaires étrangères, M. Vis-
conti-Venosta, et une suite nombreuse accom-
pagnaient le roi. qui sera rejoint, en Vénétie,
par M. Miaghetti.
Le magnifique train royal, composé de qua-
torze voitures, est parti au milieu des applau-
dissements et des souhaits d'heureux voyage
exprimés par les assistants.
Une foule immense se pressait autour de la
gare.
—————————
LA PROPAGANDE ROYALISTE
Paris n'est pas bien loin de la pro-
vince; comment donc n'est-il pas mieux
informé des intrigues qui s'agitent à ciel
ouvert un peu partout ? A l'heure où
nos journaux républicains, animés d'une
confiance qui les honore en attendant
qu'elle les perde, exécutent des varia-
tions éloquentes sur l'avortement de la
fusion ; tandis que nous nous prouvons
à nous-mêmes par des arguments sans
réplique que la monarchie est morte et
enterrée, une propagande assidue, en-
têtée, acharnée, travaille les populations
des villes et des campagnes. Les man-
sardes des ouvriers, les chaumières des
paysans sont littéralement inondées de
petites brochures en style familier com-
me celle que le hasard a fait tomber hier
entre mes mains. Cela ne vaut pas cher,
mais cela se distribue gratis, et à cheval
donné l'on ne regarde point la bride.
La platitude de la forme et l'impudence
grossière du fond ne compromettent pas
le succès de ces opuscules, qu'un faux
air de bonhomie recommande à l'hon-
nête simplicité du lecteur.
Je ne suis pas assez expert pour cal-
culer, même approximativement, l'effet
que ces publications pourront produire
au centre de la France. Elles ne feraient
aucun mal, j'en suis sûr, dans nos dé-
partements de l'Est, où les blessures
saignantes de l'invasion plaident élo-
quemment contre la monarchie. Mais
lorsque j'entends dire qu'une brochure
de 104 pages, petit in-douze, intitulée :
Le Roi, vient d'être répandue à trente
mille exemplaires dans les campagnes de
l'Allier, je me demande comment elle y
convertira des milliers de familles où
personne ne sait lire, et je suis porté à
croire qu'elle se heurtera contre une opi-
nion fortement motivée dans les maisons
où l'on sait lire. Toutefois, ce n'est pas
sans un vif intérêt de curiosité que j'étu-
die les procédés de nos ennemis et l'art
avec lequel ils s'efforcent de manipuler
les âmes naïves. Peut-être nos lecteurs
parisiens trouveront-ils quelque profit à
poursuivre cette étude avec moi.
Le Roi s'imprime et se publie à Mou-
lins, chez Desroziers. La Brochure est
signée de Jean Bourbonnais, un pseudo-
nyme, et dédiée aux ouvriers des villes
et des campagnes. Une énorme fleur de
lis en illustre le titre, et les armes des
Bourbons rayonnent à la dernière page.
Le texte est un long dialogue entre Jean
Bourbonnais, vieillard bien pensant, et
son neveu Michel, un républicain sans
malice, bon tout au plus à donner la
réplique, et presque aussi docile que le
fameux bonnet du prédicateur.
A cet élève comme on en voit peu,
Jean Bourbonnais enseigne une nouvelle
histoire de France, l'histoire ad usum
Delphini. Ecoutez ce récit de la révolu-
tion de 1830 :
« Charles X, grand-père du duc de Bordeaux,
avait succédé à Louis XVIII, son frère, en
1824. Le pays était heureux et tranquille, la
confiance régnait partout, le travail abondait, de
grands travaux publics, poussés avec activité,
aidaient au développement de l'industrie et de
l'agriculture ; la France, après toutes les com-
motions de la grande révolution et de l'empire,
se sentait calme, libre et prospère. Mais ces ré-
volntionnaires, ces ennemis du bonheur de la
France, ne dormaient pas. Une opposition sys-
tématique s'attachait à dénaturer les ordres du
Roi, à faire échouer ses meilleurs projets. Le jour
où elle se crut usez forte, elle souleva la popu-
lation de Paris, et tandis que les 28, 29 et 30
juillet 1830, l'émeute éclatait dans les rues, ses
chefs excitaient le duc d'Orléans à renverser le
roi et à usurper la couronlle. Pour éviter la
guerre civile et l'effusion du sang français, Char-
Ies.X renonça à combattre l'émeute par les ar-
mes. 1
Pas un mot des fameuses ordonnan-
ees. Toutes les causes de la révolution
sont escamotées avec une prestesse de
main qui ferait envie au père Loriquet.
L'enfance et la jeunesse de M. le comte
de Chambord sont racontées avec un
luxe d'anecdotes fadement sentimenta-
les qui n'a jamais rien coûté aux histo-
riographes des princes; je crois même
qu'ils se copient les uns les autres et
qu'un seul fonds d'enfantillages sympa-
thiques sert à toutes les dynasties. Le
comte de Chambord, aux Tuileries, voit
un frotteur qui sue, et lui donne un louis
pour boire. Le comte de Chambord goûte
à la gamelle des soldats, et leur envoie
un poulet de la table royale. Le comte
de Chambord, roi de la fève, se fait
payer d'avance trois mois de sa pension
pour rebâtir une chaumière, et dit : IL
me restera vingt sous pour faire le
prince! Le comte de Chambord, en
Ecosse, daigne tremper ses lèvres dans
la timbale d'un Irlandais mourant. En
Bohême, il porte son matelas à une
vieille femme malade. En Autriche, il
suit le convoi d'un mendiant. A Milan,
il invite à diner .un pauvre bouquiniste,
qui était devenu un des principaux né-
gociants du pays. J'abrège la liste de
ces prouesses niaises dont l'invention ne
coûte rien;. et je suis l'auteur de la bro-
chure sur le terrain où il se montre, si-
non spirituel, au moins habile.
Il a pris soin de relever, une à une,
les visites que les légitimistes français,
recrutés Dieu sait comme, au nombre de
cinq ou six cents individus, ont faites au
prétendant exilé. Et dans chacune de ces
occasions, il nous montre M. de Cham-
bord empressé de séduire les paysans,
les ouvriers, le pauvre monde. L'héri-
tier d'Henri IV est une sorte de Messie
qui dit toujours à M. de Blacas : Laissez
venir à moi les petites gens. Ne s'agit-il
pas de prouver à la foule des simples
que le roi, s'il remonte sur le trône de
ses aïeux, recrutera sa cour dans l'élite
des cordonniers, des pâtres et des con-
ducteurs d'omnibus ? Le roi lui-même a
dit, dans une lettre célèbre : « J'appelle
tous les dévouements, tous les esprits
éclairés, toutes les âmes généreuses, tous
les cœurs droits, dans quelque rang
qu'ils se trouvent et sous quelque dra-
peau qu'ils aient combattu jusqu'ici, à
me prêter l'appui de leurs lumières, de
leur bonne volonté, etc. » Il y a en a pour
tout le monde, et même pour les vété-
rans du drapeau rouge, s'il leur plaît de
se convertir. Le règne d'Henri V ne sera
pas le règne des riches et des nobles,
comme les ennemis du roi le prétendent
dans leur perversité ; il aura pour maxi-
me d'encourager ceux qui sont utiles à
leur pays, de leur accorder les places et
ses faveurs.
— Mais, demande le neveu Michel, le petit-
fils d'Henri IV saurait-il, au besoin, montrer la
bravoure de son ancêtre ?
— En pourrais-tu douter, neveu Michel?.
A l'âge de cinq ans, il avait un jour, en agi-
tant son petit sabre, blessé un de ses gens. Sa
gouvernante veut exiger la remise de son arme.
Non ! non 1 pas à vous; s'écrie-t-il avec feu.
Et courant vers un soldat qui se trouvait au-
près : « Mon camarade, prenez mon sabre! A
la bonne heure, vous, mais jamais à une fem-
me. Non, jamais.
Il n'avait que quatorze ans : la duchesse
de Berry, sa mère, l'appelle un jour dans sa
chambre. En entrant, il vit sur la table un cas-
que, une cuirasse et un sabre. A la vue de ces
armes, le visage de Henri s'anima. Madame re-
marqua cette émotion et en fut fière : « Henri,
lui dit-elle, ce sabre, ce casque et cette cui-
rasse ont appartenu à ton père. »
Ici, l'auteur me semble assez mal ins-
piré. Car enfin rien ne l'obligeait à trans-
former en guerrier fougueux un jeune
prince doux et pacifique, et il eût été de
bon goût de laisser dans l'armoire le sa-
bre du duc de Berry, qui n'a jamais
servi que dans l'arméd de Condé, contre
la France, et sans succès.
La sottise de Jean Bourbonnais fait
place à Timpudence lorsqu'il nous dit
que les républicains de 1870 écartaient
l'épée d'Henri V, que cette épée eût fait
des prodiges, qu'un prince animé de si
beaux sentiments n'eût pas été vaincu,
et que, même vaincu, il aurait imposé
ses conditions au vainqueur.
Crois-tu que la Prusse eût osé réclamer cinq
milliards d'argent et nous eût enlevé l'Alsace et
la Lorraine, si, au lieu de traiter avec un pau-
vre pays agité par la révolution et sans lende-
main peut-être alors, elle eût eu affaire au roi
de France?
La faction légitimiste croit nos bons
paysans plus bêtes et plus ignorants
qu'ils ne sont. Qu'elle leur donne M. de
Chambord comme un digne homme ab-
solument loyal, elle ne sera pas dé-
mentie; mais à qui persuadera-t-elle que
que ce prince a demandé un grade dans
notre armée, que Gambetta l'a éconduit,
qu'il pouvait remporter des victoires et
dicter un traité de paix ? Jean Bourbon-
nais lui-même se contredit à deux pages
de distance en disant que M., de Bis-
marck nous a permis de choisir n'im-
porte quel gouvernement, excepté la
monarchie d'Henri V. Second mensonge
qui détruit le premier. Et no voyez-vous
pas, sectaire à contre-vue, que si vous
disiez vrai et si Bismarck était l'ennemi
personnel d'Henri V, il nous faudrait ar-
mer un million de soldats avant d'avoir
votre prétendant sur le trôae ?
Mais il ne s'agit pas d'argumenter
contre des bourdes. ELudions les petits
pamphlets de nos ennemis pour connaî-
tre et leurs plans et l'esprit des masses
qu'ils veulent entraîner, et les obstacles
qu'ils s'efforcent d'aplanir. Ils connais-
sent le paysan mieux que nous, l'ayant
étudié de plus près et de plus longue
date ; ils peuvent donc nous éclairer.
Ils nous prouveront par exemple, si
vous gardez un doute sur ce point, que
la population des campagnes est aujour-
d'hui très-libérale, j'entends aussi ja-
louse des intérêts moraux que des inté-
rêts matériels, où on la disait enfoncée.
Jean Bourbonnais éprouve le besoin de
rassurer son interlocuteur sur la réac-
tion qui suivrait une restauration mo-
narchique. Il lui promet toutes les liber-
tés dont la France a joui sous Louis;
XVIII et Charles X, la liberté indivi-
duelle, la liberté civile, et même la li-
berté politique, « cette participation lé-
gale de tous les membres de la société
à l'administration des affaires publi-
ques. » Participation légale est char-
mant ; ces deux mots contiennent toutes
les promesses et toutes les restrictions
imaginables. L'auteur se tait habilement
sur la liberté de la presse, la liberté de
la parole, la liberté des cultes, et il con-
elut ainsi :
— Tu le vois, mon neveu, tout ce que les
républicains sincères rêvent d'honnête, le
comte de Chambord le promet à la France. Et
lui seul pourra le lui donner, parce que lui
geul aura assez d'autorité pour empêcher la li-
berté de tomber dans le désordre. « Personne,
la-t-il dit, sous aucun prétexte, n'obtiendra de
tmoi que je consente à devenir le roi légitime de
la Révolution. »
Il semble que les légitimistes ne dou-
tent pas de la docilité des campagnes sur
te chapitre du drapeau blanc, car Jean
Bourbonnais se cramponne fièrement à
l'étendard d'Henri IV. Mais on à dû lui
faire entendre que les souvenirs de la
dîme et de la corvée rendaient le Roi
suspect à bien des gens. Aussi prend-il,
lui, la peine de réhabiliter ces abus du
bon vieux temps, tout en rappelant que
Louis XVIII et Charles X ne les ont pas
remis en vigueur et qu'Henri V ne songe
pas à les tirer de la poussière. i
— Dans le commencement, vois-tu, la gou-
vernement ne donnait point de traitement aux
curés. C'étaient les paroissiens qui fournissaient
leur subsistance, et qui pour cela leur faisaient
cadeau chaque année d'une gerbe de blé sur dix
de leur récolte. On appelait ça payer la dîme.
Nos pères pensaient que les curés, guère
plus fortunés autrefois qu'aujourd'hui, , guère
consa-
crant leur vie aux besoins spirituels de leurs pa-
roissiens, onleur devait bien en retour l'aumône du
dixième des récoltes, pour les besoins de leur
table et de leur vêtement et l'entretien de l'é-
glise. Mon arrière-grand-père payait la dîme, et
mon grand-père m'a conté que l'on cuisait le gâ-
teau le jour du paiement, parce que M. le curé
leur faisait le plaisir de s'asseoir à leur table ce
jour-là ; ce qui était grand honneur pour les
hommes et grande réjouissance pour les petits
gars de la ferme.
La corvée, ce n'est guère plus méchant.
C'étaient les journées de travail que l'on devait
pour l'entretien des routes et des chemins. Du
temps de mon arrière-grand-père, chaque
homme donnait ainsi trois journées par an ;
encore lui était-il loisible de s'en exempter
moyennant dix-huit sous par jour. C'étaient les
prestations d'aujourd'hui, qu'on appelait corvées
de ce temps-là.
Les redevances, les droits féodaux étaient,
du temps de mes grands parents, certains ser-
vices à rendre, certains impôts à payer, certai-
nes politesses à faire au seigneur à qui appar-
tenait la maison que vous habitiez, le champ
que vous cultiviez. C'était le loyer d'aujour-
d'hui.
Ainsi, tel seigneur se faisait offrir chaque an-
née, par ceux qui tenaient de lui leur terre, un
bouquet d'œillets eu d'aubépine au prin-
temps. Tel autre se faisait remettre un pe-
tit sac de liards ou quelques deniers. A un
autre, on portait un mai orné de fleurs et
de rubans. C'était peu en général, mais
c'était une marque de déférence, une recon-
naissance d'un bienfait reçu.
Il est bien vrai que les droits féodaux, qui en
étaient réduits, il y a cent ans, à ces quelques
démarches de politesse, n'avaient pas toujours
été aussi bénins. Des seigneurs particuliers
avaient, dans les siècles auparavant, abusé
quelquefois de leur puissance. Mais le roi était
là, qui les avait vertement réprimés.
Les rois, vois-tu, Michel, ont toujours sou-
tenu les intérêts du peuple et rogné les ongles
à tout grand seigneur qui essayait de les mon-
trer un peu trop. Do sorte que les droits féo-
daux avaient été réduits à bien peu de chose,
par la volonté du roi, fort avant la granle Ré-
volution.
— Mais, oncle Jean, ce qui restait encore de
corvées, de redevances, de droits féodaux, c'est
bien la grande Révolution de 93 qui les a fait
disparaître?
— Pas du tout, mon ami : ce sont les nobles
eux-mêmes qui, sous l'inspiration du roi, y re-
noncèrent le 4 août 1789, ainsi qu'à tous leurs
privilèges, et, en même temps, le bon roi Louis
XVI proclamait l'égalité de tous les Français
devant la loi.
— Tiens, oncle Jean, et les beaux parleurs
révolutionnaires qui attribuent cela à la Révo-
lution, ils mentent donc là comme toujours?
— Précisément. Du reste, neveu, crois-tu que
le paysan ait ganné beaucoup à cette disparition
des droits féodaux? La corvée n'est plus obliga-
toire, mais nous avons les prestations; on ne
porte plus un bouquet d'œillets à son proprié-
taire, mais on paye à lui ou au fermier le loyer
de sa maison. Et je n'ai jamais vu un républi-
cain en disposition do renoncer au loyer du
moindre lopin de terre pour un bouquet de
fleurs ou un mai orné de rubans !
Cette argumentation champêtre ne
convaincra personne, j'en ai peur, et l'é-
crivain en sera pour sa rhétorique. Mais
il ne se mettrait pas en frais s il ne sa-
vait que les mauvais souvenirs de l'an-
cien régime sont encore vivants dans la
mémoire des hommes. Notons le fait, il
a son intérêt.
Notons surtout que dans ce petit vo-
lume de cent pages, il n'y a pas un mot
sur la dévotion d'Henri V, sur les bons
rapports que ce prince entretient avec lâ
société de Jésus, sur le culte qu'il a voué
au Saint-Père, sur les engagements for-
mels qu'il a pris avec le Vatican, sur la
croisade qu'il médite au nom du Tem-
porel. Si l'auteur a cru faire acte de poli-
tique en dissimulant ces mérites de son
héros, n'en faut-il pas conclure qu'il
compte peu sur le fanatisme des paysans
et que l'esprit de libre examen regne en
maître dans ces campagnes qui ont été
longtemps les forteresses de l'Eglise ?
ABOUT.
Un défaut vaut parfois une vertu : s'il
est quelque chose de plus beau que la
croyance en ses propres paroles, c'est
celle qu'on infuse aux autres sur des
choses dont on doute soi-même. Nous
nous amusions fort il y a peu de temps,
à la représentation d'un drame en vogue
où le personnage principal, le Gascon, gen-
tilhomme français, s'élance sur la scène
pour secourir Marie Stuart, assez mal ac-
cueillie par son bon peuple d'Edimbourg,
et s'écrie en brandissant son épée: « Deux
cents gentilshommes à ce coin de rue !
trois cents à ce carrefour ! quatre cents à
la porte du palais ! » La foule, glacée de
terreur, se tait. — Nous sommes en tout
cinquante ! rnrrillure en à parte le Gascon.
— Et Marie Stuart peut entrer librement
dans sa demeure royale d'Ecosse. Entre
nous, ce subterfuge ne lui a guère réussi,
ayant assez mal tourné avec le temps.
Ce tableau de drame nous est revenu en
mémoire en lisant un entrefilet, de lMs-
semblée nationaledaus lequel l'auteur, bran-
dissant sa plume avec une assurance toute
méridionale, s'écrie :
« Les chefs des trois droites sont unis,
dès aujourd'hui, pour faire la monarchie.
Ils n'out,aucune appréhension, parce qu'ils
ont certitude absolue qu'ils arriveront
à uutJ entente avec leurs collègues. Ils sa-
vent que le chef de la Maison de France
veut soumettre les actes de son gouver-
nement au contrôle de représentants libre-
ment élus par la nation au moyen du suf-
frage universel honnêtement pratiqué, et
cette base leur suffit. Que le Consti{'t¡on-
nel et la Presse, qui sont des journaux con.
servateurs, attendent patiemment la réu-
nion de 1 Assemblée, et ils verront si nous
nous trompons. »
Jusqu'ici l'Assemblée nationale avait dit î
« Il faut que cela se fasse. » Aujourd'hui
elle dit : « C'est fait. » Sans vouloir discu-
ter un programme politique dont l'élasti-
cité prête beaucoup trop à la discussion,
nous nous permettrons d'envisager en face
les assertions - matérielles, ne nous sentant
pas, comme le bon peuple d'Edimbourg,
glacés de terreur par ce déploiement ima-
ginaire de forces.
« Un chef de droite à ce coin de rue! Un
autre chef de droite à ce carrefour ! Un
troisième chef de droite à la porte du pa-
lais!. Et maintenant, monseigueur, prenez
possession de votre résidence royale ! » Ah
çà, mais, quels sont donc ces trois chefif
masqués qui mettent assez de confiance
en leur autorité pour avoir une si absolué
confiance en. l'obéissance de leurs soldats î
Sont-ce par hasard les présidents des di-
verses reunions de la droite? Mais, en ce
cas, nous avons vu, par des lettres de
simples soldats du centre droit, que cer-
tains partisans de la monarchie constitu-
tionnelle n'entendaient nullement laisser
disposer de leur vote en faveur d'Henri V.
Soyons grands : admettons que tous
les membres des trois droites sans excep-
tion se plient à cette discipline. L'Assem-
blée nationale, dans sa mise en scèue, n'a
oublié qu'une chose, c'est que si le nom-
bre impair est agréable aux dieux, la
nombre pair est vu d'un œil favorable par
la Vérité ; elle oublie qu'au lieu de trois
droites, il y en a quatre, et que la qua-
trième a également un chef, fort connu
celui-là, et qui n'a aucune envie de se
prêter à la comédie jouée. Les quatre
droites, coalisées au 24 mai, jetèrent M.
Thiers à bas, à quatorze voix de majorité.
Il y avait dans le tas trante-neuf députés
appartenant à la réunion de l'appel au
peuple. S'ils passent à la minorité — et
au jour de la prise de possession du palais,
ils auront toute raison d'y passer, —
soixante-quatre voix séparent les roya-
listes de cette nouvelle majorité ! 1 v
Il faut bien des défections pour combler
un pareil fossé !
Et voilà comment, avec une minute de
réflexion, on arrive à avoir défiance, mais
non peur des Gascons politiques.
PAUL LAFARGUE.
-_ 4, —_
M. Marcel Barthe vient (l'adresser la
lettre suivante à l'Indépendant des Basses-
Pyrénées :
Les renseignements les plus contradictoires
nous parvienneot sur l'état des négociations
entreprises pour une restauration monarchi-
que.
Lit- on les feuilles légitimistes ? La fusion est
faite ou sur le point de se conclure.
Lit-on les feuilles orléanistes ? La fusion ren-
contre des difficultés, mais tout espoir de la
mener à bonne fin n'est pas perdu.
Lit-on les feuilles bonapartistes ? La fusion
est une conception qui a définitivement avorté.
Permettez-moi de dire comment j'envisage
cette œuvre sans cesse remise sur le chantier
de la politique et au succès de laquelle tant de
hauts personnages ont vainement appliqué leurs
efforts et leur intelligence.
Les membres de la droite et du centre droit
de l'Assemblée sont assurément monarchistes
mais leur culto s'adresse à deux monarchies
différentes.
Pour les premiers, la monarchie est un prin-
cipe qui puise sa force dans l'ancienneté de son
origine, dans la consécration qu'à chaque chan-
gement de règne il a reçue de la religion catho-
tique par les mains d'un prélat spécialement in-
vesti de cette haute mission, enfia dans la
transmission par voie d'hérédité de la couronne
Le pouvoir qui en découle est, par essence, ab-
solu, et n'admet d'autres tempéraments que
ceux qu'il plaît au souverain d'oc.royer à ses
sujets.
Pour les seconds, la monarchie est simple-
ment un mécanisme gouvernemental. Le roi
est, en quelque sorte, un fonctionnaire irres-
ponsable, inamovible et dont le pouvoir doit
être héréditaire. Il ne le tient que de la natioa
et ne peut l'exercer que dans des conditioiis for,.
mellement stipulées.
Aux yeux des partisans de la monarchie lé-
gitime, tout pouvoir pris en dehors de l'hérédité
royale est un gouvernement révolutionnaire
qu'on l'appelle monarchie d Orléans, empire on
République.
Aux yeux des partisans de la monarchie élec-
tive, la royauté traditionuelle, ou de droit divin
est une institution erronée, dont les doctrines
sont entachées de superstition.
Une communauté d'intérêts à défendre contre
la République a seule pu amener les légiti-
mistes et les orléanistes .a oublier leurs vieilles
haines et les tragédies sanglautes qui les ont
di visé, pour essayer de se fondre en un même
parti. l,. te f.. t d.
Les légitimistes fusionnistes disent aux or-
léanistes : « Que vous manque t-il ? Un prin-
cipe d'autorité ? Nous vous l'apportons.
De leur côté, les oiléanistes fusionnistes di
sent aux légitimistes: « Votre principe st
vieilli; pour le rajeunir et lui redonner l force
qu'il a perdue, que faut-il faire? J,è prendre
pour fondement de l'édifice poViiiaue et, sur
cette base, placer les principes nés de la Révo-
lution de 1789 ; nous vou8 les apportons »
Si les fUSIODnistes des deux partis ne devaient
consulter qu'eux-mêmes ou s'ils avaient rem
mandat de tout régler, ils iraient vite d'ac-
pord, et le comte de Chambord pourrait monter
pur le trône. Mais, pour que la constitution
qu'ils préparent ne soit pas une chimère deux
choses sont indispensables : il faut que 1h priBœ
en accepte les conditions et que le pays
qu'on oublie trop, - y donne son assentiment
Or, au premier pas, une uifficulté les arrête
c'est celle du drapeau. Elle est sérieuse; car les
deux drapeaux en présence sont les pmbtëme&
ee deux régimes politiques contraires. Des per-
sonnes plus zélées que clairvoyantes s'imam
cent que les obstacles qui s'opposent à la fusion
seiaient aplanis si le comte de Chambord cin-
sentait a céder sur la couleur du drapeau : elle*
s abusent. Ce prince fait preuve d'un sens poli-
tique plus éclairé, en résistant à leurs consens
Il comprend que le sacrifice de l'étendard rovai
n'aurait d'autre résultat que d'amoindrir sa
personne, sans lui procurer la popularité aût
jourd'hui indispensable pour régner
; ijes nonorabies depuis qui travaillent a vec
tant d'ardeur à rel, ever It trVop?» de Franco
le petit-fils de Charles y connaissent-ils l'ac-
eueil que 1 opinion n^uiiqne. dans les dénarfe
ments. félit à 'Urffpr°jet? Peutêtre ne sen
^ndent-i £ pas suffisamment compte. Dana les
vllleiJ, sans qu'il faille comme autrefois distin-
0aer entre les grands et les petits centres de po-
pulation, les ouvriers, en généra!, sont républi-
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