Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-01-23
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 janvier 1914 23 janvier 1914
Description : 1914/01/23 (N18486,A36). 1914/01/23 (N18486,A36).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
369 ANNEE. — NUMERO 13486. *-tc -- LE NUMÉRO 10 CENTIMES
** VENDREDI 23 JANVIER 1M4.
Pierre MORTIER
Directeur
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PARIS (2* APP.)
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f é» Prince et d'Algérie
T
SOMMAIRE
CHRONIQUE DE PARIS, par Jean-Jacques
Brousson.
UN COMITÉ POUR UN MILLION DE FEMMES,
— par Henri V illier s.
LA GLOIRE D'HÉGÉSIPPE SIMONl par Jean
Lévegue.
FEUILLETS : Stilson centre Amette, par
Swing.
A. L'ACADÉMIE FRANÇAISE : Réception de
, M. Boutroux, par Claude Francueil.
LES FUNÉRAILLES DE M. DE PRESSENSÉ,
par Louis Peltier.
LA CHAMBRE, par Paul Dollfus.
LE CONTE: La Scène dans la Salle, par
Auguste Villeroy.
LES LETTRES.
LES ARTS.
LE THÉATRE : Répétition générale au Gym-
nase, « Les Cinq Messieurs de Franc-
fort P, par Edmond Sée ; A la Mémoire
de Léon Gandillot, par Georges Pioch.
TOUTES LES ELÉGANCES.
LE FEUILLETON : Le Pierrot, par Georges
van Lokeren.
Chronique
de Paris
Sus aux bourgeois ! A mort les bour-
geois ! Les bourgeois à la lanterne !
Tel est à peu près le sens de la nou-
velle comédie satirique de M. Emile
Fabre.
D'où vient cette haine chez un auteur
qui fait partie de la classe bourgeoise ?
D'où vient encore que toute la salle ap-
plaudissait avec frénésie à ce réquisi-
toire prononcé contre elle ? A la pre-
mière, elle n'était guère composée que
de bourgeois.
Seul, Jean Jaurès demeurait impas-
sible. Nous ne J'en blâmerons pas. Il se
sait de souche bourgeoise et il n'en rou-
git point.
Au fait, pourquoi ne pas tenter ici la
réhabilitation du bourgeois? Le sujet
est paradoxal et c'est, pourquoi il nous
séduit. -
A vrai dire, Mirbeau, dans son très
beau drame, Les affaires sont les at -
faires, avait déjà montré que la grande
bourgeoisie, si antipathique au'elle pa-
raisse, formait, en somme, la pierre an-
gulaire de notre société. Il avait noté
nue son amour du gain était le ressort
ne toutes les grandes entreprises qui
ont métamorphosé et transfiguré le
monde moderne.
Mais il y a plus.
Ce ne sont point seulement les ri-
chesses, le confort, que la bourgeoisie
procura à notre temps : ce sont aussi
tes idées. '1..
Toutes les opinions. politiques, queues
qu'elles soient, ont toujours été défen-
dues par elle-. Depuis l'idée théocra-
tique jusqu'aux théories anarchistes les
plus subversives, ce sont toujours les
bourgeois qui s'en firent les champions.
C'est parmi eux que la monarchie trou-
va ses conseillers les plus avisés, les
plus énergiques. Qu'eût-ell-e fait sans
Suger, Jean Jouvenel, dit* des Ursins,
Jacques Cœur, Sully, Colbert ?.
Que les rois osassent se servir d'une
telle racaille, cela levait le cœur à l'en-
nobli Saint-Simon. A propos du grand
siècle, n'écrivait-il pas d'une plume
fielleuse : « Ce fut un règne de vile
bourgeoisie! » Le duc atrabilaire n'a-
vait pas tort : il expliquait ainsi, sans le
vouloir, pourquoi Louis XIV avait sur-
passé tous les autres monarques. Sa
grandeur venait de ses humbles auxi-
liaires.
De l'époque révolutionnaire, nous ne
dirons rien : les bourgeois firent alors
leurs propres affaires-
Ils continuèrent sous l'Empire. Ils se
dévouèrent corps et âme, au bourgeois
corse. Ils réalisèrent en lui l'apothéose
de la bourgeoisie.
Passons de l'autre côté de la barri-
cade : nous y trouverons la même col-
laboration bourgeoise. Les théories les
plus hostiles au principe d'autorité
n'ont pu être efficacement soutenues
que par des bourgeois. Bourgeois Fou-
rier, bourgeois Enfantin, bourgeois Ca-
bet, bourgeois Proudhon !
Aventurons-nous jusqu'à l'anarchie.
C'est encore les bourgeois qui la mirent
à la mode. Est-ce pas le bourgeois
suisse Jean-Jacques Rousseau qui la
lança dans les salons ? Est-ce Das le
fils du coutelier de Langres, Diderot,
qui la para des grâces de son style ? Et,
de nos jours, est-ce pas Elisée Reclus
qui se fit son plus éloquent avocat ?
Reconnaissons, toutefois, que l'anar-
chie trouva d'autres défenseurs: Elle re-
cruta plusieurs de ses prophètes- parmi
les princes et les aristocrates les plus
notoires, témoins le comte Tolstoï et le
prince Kropotkine. Quand les princes se
mettent à penser — cela arrive quelque-
fois — ils sont tellement dégoûtés des
gens qui les entourent que, pour s'éva-
der de la sottise de leur. caste, ils bon-
dissent aux extrêmes marges de la so-
ciété.
Mais laissons les princes qui pen-
sent ; la matière est trop rare. Reve-
nons à nos moutons, c'est-à-dire à nos
bourgeois.
***
Ce qui rendit chez nous populaire
l'anarchie, vers i880, ce fut, en somme,
l'adhésion de toute la jeunesse bour-
geoise. En ce temps-là, la mode était,
chez les jeunes gens, d'organiser, par
les moyens les plus violents, la des-
truction de la société. Je connais ainsi
foison de bons quinquagénaires, déco-
rés et surdécorés, qui, lors de leur
Vingtième année, portaient dans leur
t;
poche des détonateurs au fulminate. Ils
y ont maintenant le Code et leur pa-
roissien.
Quelques années plus tard, si les
idées socialistes ont eu quelque crédit,
en France, c'est encore parce que tou-
te la jeunesse bourgeoise se groupa au-
tour de chefs bourgeois, comme Jean
Jaurès et Anatole France.
Depuis, le vent a tourné. Nos jeunes
bourgeois font, aujourd'hui, du foot-
ball, de l'automobile et du mysticisme.
Au lieu de Karl Marx, ils avalent Saint-
Thomas Escobar, Monsieur Bordeaux,
Basile et Monsieur René Bazin. Ils
sont croyants, ils sont réactionnaires,
ils sont sportifs.
Du coup, l'Eglise romaine en est tou-
te ragaillardie en son vieil âge. Elle
frétille comme une petite folle.
Laissons la faire. Laissons faire le
temps. Il remettra les choses à leurs
places. Nos petits bourgeois déçus, ou
tout au moins leurs cadets, reviendront
aux idées générales, qui sont l'élégan-
ce, la générosité et la véritable tradi-
tion de leur classe..
Une remarque qu'on n'a point faite,
et qui est bien caractéristique pourtant,
c'est qu'aujourd'hui la classe ouvrière,
momentanément désertée par cette
jeunesse et réduite à ses seules res-
sources, a perdu presque toutes ses
forces. Cela se conçoit.
Les chefs actuels de ce parti ne pos-
sèdent pas la culture générale néces-
saire, dans un pays lettré comme la
France, pour manier les idées, les CLC-
créditer auprès du public.
Ils n'ont pour eux que la violence.
Mais les musdes ne sont rien. C'est
l'esprit qui est tout : ils ne l'ont point.
Le sabotage qui effrayait naguère,
quand de bons écrivains le préconi-
saient, n'est plus aujourd'hui qu'un
épouvantail à moineaux.
Concluons par ce truisme : les idées
mènent le monde. Mais, ajoutons :
c'est la bourgeoisie qui a toujours éla-
boré les idées.
.*.
Un grand bourgeois et un ardent pen-
seur, ce fut ce généreux Pressensé, qui
vient de s'éteindre.
Lui aussi figura parmi ceux qui, con-
tre leur caste, avec les armes de leur
caste, combattirent pour le peuple. Il
était pétri d'idéalisme. Il avait le mys-
ticisme de sa mission sociale.
Nous nous rappelons un mot char-
mant d'Anatole France, qui l'aimait
beaucoup. Au temps qu'il écrivait sa
Jeanne d'Arc, un sceptique lui posa
cette question indiscrète :
— Croyez-vous, Maître, qu'elle les
ait réellement vus ses dix millions d'an-
ges ? - i jn <. ,_. ■"
— Pourquoi pas ? Je connais quel-
qu'un auquel les anges apparaissent.
Vous le connaissez tout comme moi.
- Oui donc ?
■*— Pressensé, notre ami Francis de
Pressensé. Durant toute la fameuse Af-
faire, il vit, continuellement à ses cô-
tés, trois anges resplendissants de' clar-
té : la Justice, la Vérité, la Liberté. Il
y croyait aussi fermement que Jeanne
d'Arc à ses voix. Leurs raisons à tous
deux étaient aussi bonnes. Je les en-
vie. Moi qui suis vieux, dans tout le
cours de ma longue vie, je n'ai jamais
vu d'anges, hélas ! Mais il m'est arrivé,
assez souvent, de voir le Diable.
Jean-Jacques Brousson.
—
Echos
Il y a vingt-cinq ans.
Mercredi 23 janvier 1889. - Mort de Ca-
banel.
Un des peintres les Plus considérables de
VEcole française de notre siècle, Alexandre
Cabanel, est mort aujourd'hui, à l'âge de
soixante-cinq ans, dans l'hôtel qu'il habitait,
rue Alfred-de-Vigny.
Alexandre Cabanel est né à Montpellier, le
28 septembre 1823.
Jusqu'à la dernière heure, on peut le dire,
Cabanel a travaillé et ne demandait que
quelques heures encore pour terminer les
portraits de Mme Alberti et de Mme la com-
tesse de Kessler. Et pourtant il sentait que
la mort venait à lui ; ces jours derniers, il
indiquait à sa nièce, Mme Saint-Pierre, qui
n'a cessé de lui prodiguer ses soins, les clés
de tous les meubles ; il voulait signer ses
dessins, et. comme elle lui disait : « Nous
verrons cela demain ! — Demain, répondit
Cabanel, ce sera fini, et vous aurez à convo-
quer le ban et l'arrière-ban de mes amis ! »
— x —
Hier, jeudi.
Une magnifique journée de soleil, —■> mais,
hélas ! de poussière aussi, de poussière et dl.
froid. Temps détesté des camelots et chéri
des patineurs, des flirteurs : patinage, badi-
nage, toute la raison du jeu le poète l'a dit,
est dans sa. rime.
Des messieurs, ceux qui sont perchés sur
leurs tours, annoncent un ciel corvert des
avalanches de flocons, des monceaux de nei-
ge. Souhaitons que tout cela soit prévision
folle, et qu'après les grands magasins, la
Nature n'ait pas la tentation dangereuse
d'ouvrir, de Lille à Bayonne, et de Brest à
Nice, une formidable exposition de blanc!.
Mais espérons aussi que le dicton ne réa-
lisera point sa menace ; vous savez, le :
gel à la Saint-Vincent, gel un mois du-
rant. Un mois, c'est beaucoup, et, bien que
vous teniez à exhiber vos zibeline, skungs,
martre et chinchilla, madame, que vous sem-
ble de ce bail?
-x-
Les obsèques du général Picquart.
C'est demain samedi, à neuf heures et de-
mie, qu'auront lieu, à Paris, les funérailles,
aux frais de l'Etat, du général Picquart. t
Le cortège se formera à la gare du Nord
(cour de Maubeuge), d'où le cercueil sera
conduit au columbarium du Père-Lachaise,
par la rue de Maubeuge, le boulevard Ma-
genta, l'avenue de la République. Les hon-
neurs militaires seront rendus par les troupes
de la garnison de Paris. Aucun discours ne
sera prononcé, conformément à la volonté du
défunt.
X
Le Banquet Léon Bérard.
C'est le samedi 31 janvier prochain, à
mi et demie, au restaurant du Carlton-Hâ-
tel, 121, avenue des Champs-Elysées, qu'au-
ra lieu le banquet que nous organisons en
l'honneur de M. Léon Bérard, ancien sous-
secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts.
Ce déjeuner sera présidé par M. René Vi-
viani, ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts, assisté de M. Paul Jac-
quier, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-
Arts.
Prière d'adresser les adhésions (le prix
du banquet est de douze francs) à M. Pierre
Mortier, directeur de Gil Blas, 30, rue
Louis-le-Grand.
— x —
Au Jockey-Club.
Le Jockey Club est en pleine effervescen-
ce. Mais c'est moins encore l'affaire Le Va-
vasseur-du Breuil dE; Saint-Germain, qui
jette l'émoi parmi les membres du Cercle le
plus fermé de France, que le choix d'un suc-
cesseur au duc de Fézensac.
On sait, en effet, que l'élection à la pré-
sidence du Jockey Club doit avoir lieu le
i 'r février. Qui sera nommé? On avait beau-
coup parlé, en ces temps derniers, du duc de
Blacas, député de Maine-et-Loire. Mais ce-
lui-ci a fait savoir à ses amis que, malgré
son vif désir de leur être agréable, il ne
poserait pas sa candidature. Tous les efforts
pour le faire revenir sur cette détermination
ont été vains.
On a mis alors en avant le nom du duc de
Doudeauville, véritable grand seigneur, qui
préside le Polo de Bagatelle et le Polo de
Cannes. Mais le duc de Doudeauville n'est
pas un a indoor », mais un « outdoor i,
comme disent les Anglais, ce qui signifie
qu'en véritable homme de sport, il préfère
le tapis vert des gazons au grand air à celui
des tables de jeux, et qu'il ne paraît nulle-
ment disposé à briguer le siège présidentiel
que son père occupa pendant de longues an-
nées.
Alors, quel personnage de marque consen-
tira à accepter ces honorifiques fonctions
(plus absorbantes qu'on ne le croit)? Elles
réclament, en effet, un grand nom, une belle
prestance, et ce spécial et prestigieux doigté
qui est la vraie diplomatie des hommes du
monde.
Aussi que de conciliabules, en ce moment,
autour de cette grande élection! De ces con-
ciliabules, trois candidatures semblent surgir
aujourd 'hui : ce sont celles du marquis
d'Harcourt, du marquis de l'Aigle et du
comte Elie d'Avaray. C'est, vraisemblable-
ment, un de ces trois noms qui sortira de
l'urne le Ier février.
Arbitrage d'honneur «
ou Jury permanent.
Où en est l'affaire Robert Le Vavasseur-
du Breuil de Saint-Germain? Elle n'a guère
fait un pas depuis hier, et les deux parties
en présence sont restées sur leurs positions.
Oui ou non, peut-on croiser le fer avec M.
Le Vavasseur? Le saurons-nous un jour?
Dieu lui-même le sait-il ?
L'essentiel, empressons-nous de le dire,
est que cette affaire puisse être localisée,
qu'elle ne s'étende pas, à la suite de polémi-
ques, à des tierces personnes, et qu'elle n'en-
traîne point d'incidents déplorables.
Ce comité permanent, dont il a été parlé,
cette manière de cour de la Haye, jugeant
en dernier ressort les différends insolubles,
ce tribunal médiateur tant souhaité, n'existe
t-il donc pas? Et depuis vingt ans, encore?
N'a-t-il pas fonctionné à plusieurs reprises?
Et M. Hébrard de Villeneuve, président de
section au Conseil d'Etat, ne le préside-t-il
pas ?
Au fait, pourquoi ne s'est-on pas adressé
à M. Hébrard de Villeneuve? ,
Un bruit court — mais doit-on y ajouter
foi? — suivant lequel M. Hébrard de Ville-
neuve, sollicité, aurait refusé de s'immiscer
en cette délicate affaire.
Une croix.
C'est celle que le, ministre du Commerce
vient de décerner à M. Chenard, vice-prési-
dent de la Chambre syndicale du Cycle et de
l'Automobile. Voilà une distinction bien mé-
ritée, et à laquelle tout le monde applaudira.
Depuis de nombreuses années, déjà, M.
Chenard s'est dévoué, avec autant de zèle
que d'intelligence, à la cause de l'automo-
bile en France. Et on peut dire qu'il est un
de ceux qui l'ont fait triompher. On sait,
d'ailleurs, que la marque Chénard-Walker,
qu'il dirige, est au tout premier rang de no-
tre industrie.
Nous adressons nos plus sincères félicita-
tions à ce nouveau chevalier de la Légion
d'honneur.
— x —■
Le verre d'eau.
Il y a toujours, même dans une cérémonie
assez triste, des moments drôles.
Hier, à l'Académie française, M. Emile
Boutroux, absolument incapable de pronon-
cer son discours, cède la parole à son par-
rain et ami Ernest Lavisse, qui soufflait
déjà les paroles sur un manuscrit personnel,
et c'est le nouveau grand-cr.oix de la Lé-
gion d'honneur qui parle, parle. une heure
dix !
Lorsqu'il ae rassied, il tend la main vers
le verre d'eau bien gagné. Mais M. Emile
Boutroux, pâle et défaillant d'émotion, l'a
devancé, et c'est lui qui happe le verre et le
vide d'un seul trait. M. Ernest Lavisse sou-
rit : l'important, c'est que M. Emile Bou-
troux rentre bien vite se reposer chez lui.
— x —
Son voisin.
M. Lépine descend de voiture dans la cour
de l'Institut, quitte sa fille et son gendre,
les envoie à leur place avec son service, paie
le cocher et rentre dans la salle des séances.
Il s'assied au second rang, après avoir ques-
tionné l'huissier chef sur la place qu'occu-
pera M. Raymond Poincaré. Et il choisit un
banc derrière celui qu'allait prendre le pré-
sident.
En effet, M. Poincaré s'assit à sa place
de la dernière cérémonie publique de l'Insti-
tut, serra la main de l'ancien préfet, et les
discours commencèrent. M. Poincaré, genti-
ment, écoutait; derrière lui, M. Lépine, la
tête secouée par les ressauts, dormait. Ah!
le bon sommeil paisible, d'honnête membre
di l'institut ! M. Lépine a passé un heureux
après-midi. Il n'a rien entendu des discours,
et le président de la République lui a, en
entrant et en sortant, deux fois serré la
main.
— x —
Un peu de repos.
Nous avons d'assez fâcheuses nouvelles de
la santé de Rodin. Rien de grave. Mais l'il-
lustre sculpteur supporte mal le froid, et la
grippe l'a surpris. Il n'y a aucune crainte
à avoir. C'est l'affaire de quelques jours
de repos : et le maître, qui est toujours jeune
et vaillant, reprendra bientôt son ciseau qui
fait les chefs-d'œuvre de ce temps.
Une question résolue.
Au cours d'une audience qu'il lui a accor-
dée hier matin, M. René Viviani, ministre
de l'Instruction publique, a fait savoir à
M. E. d'Harcourt qu'il était favorable au
projet de transformation du Jeu de Paume
des Tuileries en salle de concerts populaires.
C'est ce que nous avions annoncé avant-hier.
Le ministre a ajouté que, naturellement,
sa décision serait subordonnée à celle du
sous-secrétariat d'Etat aux Beaux-Arts;
mais que, le projet paraissant ne pas devoir
soulever d'objections, il était à prévoir que
l'administration de la rue de..Valois ne s'op
poserait pas à sa réalisation. M. Jacquier
, £ st,,cjîi effet, très partisan de ces concerts
symphoniques populaires, et il reste à M.
d'Harcourt à compter avec les architectes.
Après les bureaux, qui mettent un projet sur
le papier, lentement, difficilement; le- bâ-
tisseurs, qui multiplient les complications,
les modifications, pour augmenter les tra-
vaux.
C'est à présent que M. d'Harcourt va con-
naître l'ad-mi-nis-tra-tion.
— x —
Salières.
Déjeuner chez Louise Balthy. Déjeuner
aux lanternes. On mange dans des conques
de Vénus. On boit dans des coupes d'or vier-
ge. Sur la table, dans des pétales de roses
cristallisées, une poudre blanche, aux re-
flets de nacre.
Il y a là beaucoup de monde, même le
philosophe à la mode, et que servent, à gau-
che, Mlle Sylviac; à droite, la petite ba-
ronne Lyska Kostio. -
Le philosophe parle peu. Mais quand il
parle, tout le monde se tait.
Et le philosophe dit :
— J'aime beaucoup le sel. Mais quel bi-
zarre sel est-ce là? Il est, certes, joli, irisé,
ainsi préparé dans ces feuilles de roses;
mais il a un goût étrange.
Louise Balthy regarde :
.J C'est Kostio qui a fait préparer ça;
réponds, Kostio?
Alors, la petite baronne rougit un peu.
Et, de sa douce voix moldo-slave-améri-
caine :
— Mais c'est pas du sel, ça, maître.
C'est du bismuth. pour l'ornement!.
— x.—
La Baronne.
Elle hiverne à Beaulieu, sur ce coin de
la Riviera, où règne encore le souvenir du roi
Léopold. On la voit, en auto, avec ses fils,
le long de la Corniche, et elle a voulu, ces
jours-ci, s'initier aux joies de l'hydro-avia-
tion, en compagnie de son aîné. Cette tenta-
tive faillit mal tourner. Au départ, l'hydro-
avion blessa une de ses ailes, et il s'en fallut
de peu qu'il ne chavirât. Bien que la Médi-
terranée fût d'un joli bleu, la température
n'était pas telle qu'un bain fût propice. En
outre, il eût été dangereux. Heureusement,
des barques se lancèrent au secours de l'hy-
droavion et recueillirent les passagers en dé-
tresse.
La baronne de Vaughan conserva, d'ail-
leurs, tout son sang-froid. Elle était seule-
ment un peu pâle et serrait son fils dans ses
bras.
-x-
Après la Joconde".
Florence fait, en ce moment, un véritable
succès à l'exposition des dessins satiriques
de Forain. C'est la première fois que le célè-
bre humoriste expose en Italie, où son genre
est très prisé, mais peu imité.
Outre les dessins d'actualité mondains,
Forain expose des fusains, des lithogra-
phies, des eaux-fortes, des pastels, et toute
la société florentine visite et admire cette ga-
lerie si représentative de l'esprit français.
• - x—1
Rameau à Monte-Carlo.
L'Opéra de Monte-Carlo donnera, demain
samedi, les Fêtes d'Hébé, de Rameau. Ce
pur chef-d'œuvre, du plus glorieux et du
plus classique de nos musiciens français, n'a
pas été représenté depuis deux siècles. C'est
donc une véritable résurrection artistique.
M. Raoul Gunsbourg n'a rien ménagé pour
donner lEI plus grand éclat à ces représenta-
tions. Les excellentes cantatrices, Mmes
Alexandrovitz, Lilian Grenville, Raynal,
Monti; les remarquables chanteurs, MM.
André Gilly, Maguenat, Journet, Marvini
seront les interprètes des Fêtes d'Hébé.
La partie chorégraphique, très importante,
et réglée par M. Bolm, qui dirigea si habi-
lement les ballets russes, réunira Mlles Zam-
belli, Magliani et M. Bolm, avec le corps
de ballet de l'Opéra de Monte-Carlo et le
« Ballet aérien » de M. Heidenbreich.
— x —
Le Roy.
Pourquoi Robert est-il surnommé le roi
des acheteurs ? Parce qu'il achète comptant,
le plus cher de Paris, les bijoux, perles et
diamants. Expertise gratuite. Reconnaissan-
ces, 10, rue Daunou, premier étage.
— x —
Nouvelles à la main.
— Il n'y a pas de place pour livrer ces
beaux Gobelins à l'admiration du public.
- Alors les Gobelins font tapisserie.
Potins d'académie :
— A-t-on tendu des pièges au récipiendai-
re ?
-r— Quels pièges ? Les « lacs » du Bour-
get ?»
Le Diable boiteux.
LES SUFFRAGETTES FRANÇAISES
Un Comité pour
un million de femmes
Mme Marguerite Durand veut revivre les
heures fiévreuses de sa dernière cam-
pagne électorale, quand dans le neuvième
arrondissement elle prenait la parole pres-
que chaque soir, devant un auditoire un
peu ironique. Elle fonde maintenant un
comité pour la défense des idées suffra-
gistes aux prochaines élections.
Depuis que miss Pankhurst' et sa tur-
bulente mère n'occupent plus du récit dra-
matique de leurs exploits les journaux,
nous oublions. 'facilement qu'il est des suf-
fragettes et qui veulent voter. Mme Durand
veut nous le rappeler, brandissant comme
une arme de guerre le vote de 157 députés
acquis au principe de la représentation, fé-
minine.
— Le nombre des femmes, nous dit elle,
est supérieur de un million à celui des
hommes. La polygamie serait le seul
moyen de donner à ces dépourvues une fa-
mille. Mais il faut considérer aussi que
toutes les femmes ne sont pas des mères et
des femmes mariées ; il faut songer aux
laides, à celles qui ne sont pas aimées, aux
veuves, aux vieilles filles, à toutes celles
qui travaillent. Pour celles-là le travail ho-
norable et honnêtement payé-Vaut mieux
que la charité des hommes et leur aban-
don. Or il est bien inutile de répéter que
toutes les classes de travailleurs doivent
être représentées légalement.
« Notre programme est connu de tous.
Nous demandons le droit' aux emplois pu-
blics, le paiement de salaires égaux à ceux
des hommes dans les emplois où nous nous
montrons leurs égales. Le droit d'émettre
notre avis lors des discussions qui nous
concernent.
« Vous savez aussi que nous réclamons
seulement, pour commencer, la représenta-
tion municipale. Quand nous l'aurons ob-
tenue, je suis certaine que l'administration
communale s'en ressentira et qu'on nous
donnera l'élégibilité à la députation.
« Le comité que nous venons de créer se
propose d'agir auprès de tous les candidats
aux élections législatives.
— Serez-vous candidate, madame ?
— Je ne le dis pas encore. Et si je pose
ma candidature ce sera seulement dans un
but de publicité d' pour attirer l'attention
sur les suffragettes françaises, qui sont
moins bruyantes, mais plus travailleuses
que leurs sœurs d'outre-Manche.
« Regardez combien d'oeuvres de charité,
dispensaires, pouponnières, écoles ména-
gères, ont été créées par ..des femmes et
sont administrées par des femmes. Ç'esjs
d'elles aujourd'hui que vient toute initia-
tive sociale, il faut être aveugle pour se re-
fuser à l'admettre.
« Je n'accorde pas grande confiance au
,gouvernement pour nous aider. Dans nos
congrès, ce sont des antiféministles notoires
qu'il délègue pour le représenter.
(c Et pourtant si vous saviez le courage,
le dévouement, l'ardeur au travail de nos
amies, vous estimeriez avec nous qu'elles
sont supérieures à beaucoup de politi-
ciens. »
Que répondre à ces arguments ? Approu-
ver ? J'approuve Mme Marguerite Durand.
Et je songe que naguère, au cours d'une
excursion dans le monde féministe, je ren-
contrai des suffragettes moins modérées et
moins avisées. Elles représentaient peut-
être les laides, ou faisaient partie de cette
majorité d'un million, inemployée et ambi-
tieuse d'agir. Que ne viennent-ebles prendre
des leçons d'élégance et de courtoisie au-
près de Mme Marguerite Durand ?
Henri Villiers.
————————————— letom
La gloire d'Hégésippe Simon
Il était difficile de mieux combiner la
mystification et celle-ci — ses victimes
mêmes l'avoueront — esV excellente.
Un de nos confrères adressa à cent dépu-
tés et cent sénateurs une circulaire qui por-
tait en tête ces mots : Comité d'initiative du
centenaire d'Hégésippe Simon, et cette de-
vise : ,
Les ténèbres s'évanouissent
Quand le soleil se lève !
Hégésippe SIMON.
et qui annonçait qu'un généreux donateur,
ayant donné les fonds nécessaires, un mo-
nument pouvait enfin être élevé à la mé-
moire d'Hégésippe Simon, ce précurseur,
cet éducateur de la démocratie. J
La circulaire demandait aux parlemen-
taires de faire partie du comit.é d'honneur.
Précurseur de quoi ? Educateur de quelle
démocatie ? Nos députés, ni nos sénateurs
ne cherchèrent pas si loin. Un comité
d'honneur ! des discours ! une statue !
Quelle fête ! Neuf députés, quinze séna-
teurs, trois conseillers municipaux en-
voyèrent leurs adhésions. Le comité d'hon-
neur était fondé. La mystification avait
pleinement réussi.
Avez-vous entendu parler d'Hégésippe
Simon ? Non, sans doute. Mais je gage
bien que si l'on vous eût dit, voici quel-
ques jours : « Ah ! Hégésippe Simon ! Quel
républicain! quel penseur! quel précur-
seur ! » vous eussiez répondu : « Vraiment,
vous croyez ? Et vous eussiez volontiers
accordé votre admiration au grand démo-
crate.
Il y a tant de penseurs, tant de démo-
crates, tant, de statues, tant de comités,
qu'on ne saurait vraiment suspecté les mé-
rites de chaque grand homme dont on pous
prie de célébrer le centenaire. -
Aussi, je ne révélerai point le -nom des
parlementaires qui se sont laissés bernés.
Je veux croire que, ce matin, leurs' secré-
taires ont été vertement tancés. Ils porte-
ront le poids de la mauvaise humeur et de
la légèreté de leurs patrons.
Je veux pourtant faire exception pour un
seul sénateur : M. Lintilhac: Le sénateur
du CaptaI est un vieux républicain, un lit-
térateur, un homme d'esprit, un érudit. Du
moins, il prétend à tous ces titres et il
ignore Hégésippe Simon 1
Qu'il est facile d'imaginer la. scène.
M. Lintilhac vient de recevoir la circu.
laire. Il a lu la citation qui ne l'a pas sur-
pris. Il en dit 'bien d'autres. Il tousse légè-
rement pour s'éclairer la voix et. mono-
logue :
— Comment ! Hégésiope Simon n'avait
pas son monument ! Un de mes compa-
triotes ! La démocratie et la République se
doivent de réparer cette erreur. J'en fais
une affaire personnelle. Je dirai :
« Messieurs. Messieurs. la République
parle par ma bouche. oui, par ma
bouche.
Et, tout de go, M. Lintilhac écrivit son
discours. Ne dites pas que j'exagère. J'ai
lu ce discours !
Gloire à Hégésippe Simon 1
Jean Lévèque.
FEUILLETS
Stilson contre Amette
Les amateurs de procès bien parisiens sont
servis, les casuistes jubilent. M. Stilson,
piofesseur de tango, veut intenter un procès
à Mgr Amette, qui, le premier, interdit la
danse argentine.
Le tango, toujours roi de Montmartre, fu..;,
reur toujours des cabarets nocturnes, est me-
nacé dans les salons. Non seulement les prê-
tres de la religion catholique l'interdisent,
mais ceux aussi du culte israélite et de la
Réforme. Et les professeurs de danse per-
dent chaque jour des élèves. Telle mère de
famille qui, hier encore, trouvait très conve-
nable la gymnastique du a corte » et de la
« medialuna », réprouve aujourd'hui cette
indécente staltation sur place, puisque ont
parlé le curé, le rabbin et le pasteur.
Mais à cela rien d'extraordinaire! Plus
singulier est le geste. du; professeur Stilson.
C'est probablement la première fois que l'on
attaque iudiciairement une décision de
l'Eglise, et que l'on cherche à démontrer les
conséquences que peut avoir un mandement
sur les intérêts d'une corporation.; Si l'on
suivait l'histoire, on pourrait trouver souvent
matière à procès, imaginer tel excommunié
attaquant le pape, marchands de tabac citant
devant les tribunaux le pontife qui interdit
de fumer. Devenons-nous respectueux ou
plus conscients de nos droits et des droits du
pouvoir religieux? ,i
Oui, mais voilà, comment délimiter ceux-
ci? Les juges vont certainement être fort
embarrassés. Il paraît très difficile de résou-
dre le problème qui se pose. Si l'on donne
raison aux professeurs de tango, ne risque-
t-on pas de créer un précédent fort dange-
reux? Que demain l'Etat français, pour une
raison ou pour une autre, interdise la tré-
moutarde, pourquoi les maîtres de la choré-
graphie, s'ils intentent une action contre lés
trémoutardiers du pape, ne feront-ils cas un
procès à la République? Supposons que M.
Raymond Poincaré banisse de l'Elysée la
maxixe brésilienne, donnant ainsi un exem-
ple qui serait sûrement suivi dans les mi-
lieux officiels. Les maxixeurs brésiliens en-
verront-ils du papier timbré au président?
Mais Paris aujourd'hui ne cherche pas à
élucider des questions complexes. Il ne pré-
voit que ce great event : Mgr Amette devant
le tribunal. Quelle belle îiCtualité pour le
cinéma!
Swing..
La Réception
de M. Boutroux
à l'Académie Française
Est-ce le froid, redoutable à ceux qui
devaient attendre plus d'une heure sur
le quai Conti glacial, ou est-ce la qualité
des discours annoncés qui a donné,
hier, une séance académique de valeur
médiocre et d'intérêt moyen ?.
Il y eut une assistance bourgeoise dé-
pourvue de véritable élegunce, et cinq
ou six personnes à peu près notoires
à peine rehaussaient cet auditoire banal.:
Il y avait cependant la présence de M.
Poincaré ; mais elle fut si discrète ! Le
président descendit d'auto à la porte de
la bibliothèque, avec le directeur du
protocole, M. William Martin, fut sai-
si à ce moment par quelques photogra-
phes, passa dans la bibliothèque où. il
signa la feuille de présence-et conversa
avec les quelques rares membres de
l'Académie française présents. Quelle
pénurie ! Ils n'étaient pas dix — et au-
cun en habit que les deux parrains de
M. Boutroux, M. Ernest Lavisse et M.
Th. Ribot. Où étaient les autres, Jea
Marcel Prévost, les Paul Hervieu, les
Lavedan, Brieux, Richepin, Henri da
iHégnier, Jules Lemaître, et pourquoi
laisser M. Poincaré réduit, en séance, à
deux voisins : M. Maurice Barrés et Ai.
Frédéric Masson ?
La salle est triste. Les académiciens
sont moroses et M. Boutroux, manifes*
tement las, lit son discours si pénible-
ment que M. Lavisse doit le prier de
s'asseoir pour se reposer et lit à sa pla-
ce. Il lit mieux. Mais l'éloge du général
Langlois n'est pas drôle du tout. On
baille, car l'exposé de la vie de cet offi-
cier supérieur et ses doctrines sur l'ar-
tillerie durent une heure vingt. La con-
clusion, cependant, est moins morose
et M. Boutroux entre dans !es générali-
tés — si l'on peut ainsi dire, parlant
d'un général.
Ce quelque chose est ce ou'on nomme la
patrie.
On ne peut, scientifiquement, en démon-
trer la valeur. Rien de plus conforme à la
raison, toutefois, que le culte dont elle est
l'objet. Comment se détacher de la patrie,
si l'on songe à tout ce qu'elle met de gran-
deur, de noblesse, d'idéal, d'émotion, de
force, dans notre vie ? Et comment ne pas
l'aimer, ne pas là vouloir toujours plus
belle et plus grande, quand cette patrie
s'appelle la France ? Hésiterions-nous à
reconnaître que nous sommes, avec nos
pères et avec nos descendants, avec notre
sol et avec nos monuments, substantielle.
** VENDREDI 23 JANVIER 1M4.
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
SO, rue ZE-ionis - le - G-raond
PARIS (2* APP.)
TÉLÉPHONE
Direction, Administration, Rédaction. 266.01
Ligne Interurbaine. 102.74
De minuit à 3 heures du matin 172.07
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f é» Prince et d'Algérie
T
SOMMAIRE
CHRONIQUE DE PARIS, par Jean-Jacques
Brousson.
UN COMITÉ POUR UN MILLION DE FEMMES,
— par Henri V illier s.
LA GLOIRE D'HÉGÉSIPPE SIMONl par Jean
Lévegue.
FEUILLETS : Stilson centre Amette, par
Swing.
A. L'ACADÉMIE FRANÇAISE : Réception de
, M. Boutroux, par Claude Francueil.
LES FUNÉRAILLES DE M. DE PRESSENSÉ,
par Louis Peltier.
LA CHAMBRE, par Paul Dollfus.
LE CONTE: La Scène dans la Salle, par
Auguste Villeroy.
LES LETTRES.
LES ARTS.
LE THÉATRE : Répétition générale au Gym-
nase, « Les Cinq Messieurs de Franc-
fort P, par Edmond Sée ; A la Mémoire
de Léon Gandillot, par Georges Pioch.
TOUTES LES ELÉGANCES.
LE FEUILLETON : Le Pierrot, par Georges
van Lokeren.
Chronique
de Paris
Sus aux bourgeois ! A mort les bour-
geois ! Les bourgeois à la lanterne !
Tel est à peu près le sens de la nou-
velle comédie satirique de M. Emile
Fabre.
D'où vient cette haine chez un auteur
qui fait partie de la classe bourgeoise ?
D'où vient encore que toute la salle ap-
plaudissait avec frénésie à ce réquisi-
toire prononcé contre elle ? A la pre-
mière, elle n'était guère composée que
de bourgeois.
Seul, Jean Jaurès demeurait impas-
sible. Nous ne J'en blâmerons pas. Il se
sait de souche bourgeoise et il n'en rou-
git point.
Au fait, pourquoi ne pas tenter ici la
réhabilitation du bourgeois? Le sujet
est paradoxal et c'est, pourquoi il nous
séduit. -
A vrai dire, Mirbeau, dans son très
beau drame, Les affaires sont les at -
faires, avait déjà montré que la grande
bourgeoisie, si antipathique au'elle pa-
raisse, formait, en somme, la pierre an-
gulaire de notre société. Il avait noté
nue son amour du gain était le ressort
ne toutes les grandes entreprises qui
ont métamorphosé et transfiguré le
monde moderne.
Mais il y a plus.
Ce ne sont point seulement les ri-
chesses, le confort, que la bourgeoisie
procura à notre temps : ce sont aussi
tes idées. '1..
Toutes les opinions. politiques, queues
qu'elles soient, ont toujours été défen-
dues par elle-. Depuis l'idée théocra-
tique jusqu'aux théories anarchistes les
plus subversives, ce sont toujours les
bourgeois qui s'en firent les champions.
C'est parmi eux que la monarchie trou-
va ses conseillers les plus avisés, les
plus énergiques. Qu'eût-ell-e fait sans
Suger, Jean Jouvenel, dit* des Ursins,
Jacques Cœur, Sully, Colbert ?.
Que les rois osassent se servir d'une
telle racaille, cela levait le cœur à l'en-
nobli Saint-Simon. A propos du grand
siècle, n'écrivait-il pas d'une plume
fielleuse : « Ce fut un règne de vile
bourgeoisie! » Le duc atrabilaire n'a-
vait pas tort : il expliquait ainsi, sans le
vouloir, pourquoi Louis XIV avait sur-
passé tous les autres monarques. Sa
grandeur venait de ses humbles auxi-
liaires.
De l'époque révolutionnaire, nous ne
dirons rien : les bourgeois firent alors
leurs propres affaires-
Ils continuèrent sous l'Empire. Ils se
dévouèrent corps et âme, au bourgeois
corse. Ils réalisèrent en lui l'apothéose
de la bourgeoisie.
Passons de l'autre côté de la barri-
cade : nous y trouverons la même col-
laboration bourgeoise. Les théories les
plus hostiles au principe d'autorité
n'ont pu être efficacement soutenues
que par des bourgeois. Bourgeois Fou-
rier, bourgeois Enfantin, bourgeois Ca-
bet, bourgeois Proudhon !
Aventurons-nous jusqu'à l'anarchie.
C'est encore les bourgeois qui la mirent
à la mode. Est-ce pas le bourgeois
suisse Jean-Jacques Rousseau qui la
lança dans les salons ? Est-ce Das le
fils du coutelier de Langres, Diderot,
qui la para des grâces de son style ? Et,
de nos jours, est-ce pas Elisée Reclus
qui se fit son plus éloquent avocat ?
Reconnaissons, toutefois, que l'anar-
chie trouva d'autres défenseurs: Elle re-
cruta plusieurs de ses prophètes- parmi
les princes et les aristocrates les plus
notoires, témoins le comte Tolstoï et le
prince Kropotkine. Quand les princes se
mettent à penser — cela arrive quelque-
fois — ils sont tellement dégoûtés des
gens qui les entourent que, pour s'éva-
der de la sottise de leur. caste, ils bon-
dissent aux extrêmes marges de la so-
ciété.
Mais laissons les princes qui pen-
sent ; la matière est trop rare. Reve-
nons à nos moutons, c'est-à-dire à nos
bourgeois.
***
Ce qui rendit chez nous populaire
l'anarchie, vers i880, ce fut, en somme,
l'adhésion de toute la jeunesse bour-
geoise. En ce temps-là, la mode était,
chez les jeunes gens, d'organiser, par
les moyens les plus violents, la des-
truction de la société. Je connais ainsi
foison de bons quinquagénaires, déco-
rés et surdécorés, qui, lors de leur
Vingtième année, portaient dans leur
t;
poche des détonateurs au fulminate. Ils
y ont maintenant le Code et leur pa-
roissien.
Quelques années plus tard, si les
idées socialistes ont eu quelque crédit,
en France, c'est encore parce que tou-
te la jeunesse bourgeoise se groupa au-
tour de chefs bourgeois, comme Jean
Jaurès et Anatole France.
Depuis, le vent a tourné. Nos jeunes
bourgeois font, aujourd'hui, du foot-
ball, de l'automobile et du mysticisme.
Au lieu de Karl Marx, ils avalent Saint-
Thomas Escobar, Monsieur Bordeaux,
Basile et Monsieur René Bazin. Ils
sont croyants, ils sont réactionnaires,
ils sont sportifs.
Du coup, l'Eglise romaine en est tou-
te ragaillardie en son vieil âge. Elle
frétille comme une petite folle.
Laissons la faire. Laissons faire le
temps. Il remettra les choses à leurs
places. Nos petits bourgeois déçus, ou
tout au moins leurs cadets, reviendront
aux idées générales, qui sont l'élégan-
ce, la générosité et la véritable tradi-
tion de leur classe..
Une remarque qu'on n'a point faite,
et qui est bien caractéristique pourtant,
c'est qu'aujourd'hui la classe ouvrière,
momentanément désertée par cette
jeunesse et réduite à ses seules res-
sources, a perdu presque toutes ses
forces. Cela se conçoit.
Les chefs actuels de ce parti ne pos-
sèdent pas la culture générale néces-
saire, dans un pays lettré comme la
France, pour manier les idées, les CLC-
créditer auprès du public.
Ils n'ont pour eux que la violence.
Mais les musdes ne sont rien. C'est
l'esprit qui est tout : ils ne l'ont point.
Le sabotage qui effrayait naguère,
quand de bons écrivains le préconi-
saient, n'est plus aujourd'hui qu'un
épouvantail à moineaux.
Concluons par ce truisme : les idées
mènent le monde. Mais, ajoutons :
c'est la bourgeoisie qui a toujours éla-
boré les idées.
.*.
Un grand bourgeois et un ardent pen-
seur, ce fut ce généreux Pressensé, qui
vient de s'éteindre.
Lui aussi figura parmi ceux qui, con-
tre leur caste, avec les armes de leur
caste, combattirent pour le peuple. Il
était pétri d'idéalisme. Il avait le mys-
ticisme de sa mission sociale.
Nous nous rappelons un mot char-
mant d'Anatole France, qui l'aimait
beaucoup. Au temps qu'il écrivait sa
Jeanne d'Arc, un sceptique lui posa
cette question indiscrète :
— Croyez-vous, Maître, qu'elle les
ait réellement vus ses dix millions d'an-
ges ? - i jn <. ,_. ■"
— Pourquoi pas ? Je connais quel-
qu'un auquel les anges apparaissent.
Vous le connaissez tout comme moi.
- Oui donc ?
■*— Pressensé, notre ami Francis de
Pressensé. Durant toute la fameuse Af-
faire, il vit, continuellement à ses cô-
tés, trois anges resplendissants de' clar-
té : la Justice, la Vérité, la Liberté. Il
y croyait aussi fermement que Jeanne
d'Arc à ses voix. Leurs raisons à tous
deux étaient aussi bonnes. Je les en-
vie. Moi qui suis vieux, dans tout le
cours de ma longue vie, je n'ai jamais
vu d'anges, hélas ! Mais il m'est arrivé,
assez souvent, de voir le Diable.
Jean-Jacques Brousson.
—
Echos
Il y a vingt-cinq ans.
Mercredi 23 janvier 1889. - Mort de Ca-
banel.
Un des peintres les Plus considérables de
VEcole française de notre siècle, Alexandre
Cabanel, est mort aujourd'hui, à l'âge de
soixante-cinq ans, dans l'hôtel qu'il habitait,
rue Alfred-de-Vigny.
Alexandre Cabanel est né à Montpellier, le
28 septembre 1823.
Jusqu'à la dernière heure, on peut le dire,
Cabanel a travaillé et ne demandait que
quelques heures encore pour terminer les
portraits de Mme Alberti et de Mme la com-
tesse de Kessler. Et pourtant il sentait que
la mort venait à lui ; ces jours derniers, il
indiquait à sa nièce, Mme Saint-Pierre, qui
n'a cessé de lui prodiguer ses soins, les clés
de tous les meubles ; il voulait signer ses
dessins, et. comme elle lui disait : « Nous
verrons cela demain ! — Demain, répondit
Cabanel, ce sera fini, et vous aurez à convo-
quer le ban et l'arrière-ban de mes amis ! »
— x —
Hier, jeudi.
Une magnifique journée de soleil, —■> mais,
hélas ! de poussière aussi, de poussière et dl.
froid. Temps détesté des camelots et chéri
des patineurs, des flirteurs : patinage, badi-
nage, toute la raison du jeu le poète l'a dit,
est dans sa. rime.
Des messieurs, ceux qui sont perchés sur
leurs tours, annoncent un ciel corvert des
avalanches de flocons, des monceaux de nei-
ge. Souhaitons que tout cela soit prévision
folle, et qu'après les grands magasins, la
Nature n'ait pas la tentation dangereuse
d'ouvrir, de Lille à Bayonne, et de Brest à
Nice, une formidable exposition de blanc!.
Mais espérons aussi que le dicton ne réa-
lisera point sa menace ; vous savez, le :
gel à la Saint-Vincent, gel un mois du-
rant. Un mois, c'est beaucoup, et, bien que
vous teniez à exhiber vos zibeline, skungs,
martre et chinchilla, madame, que vous sem-
ble de ce bail?
-x-
Les obsèques du général Picquart.
C'est demain samedi, à neuf heures et de-
mie, qu'auront lieu, à Paris, les funérailles,
aux frais de l'Etat, du général Picquart. t
Le cortège se formera à la gare du Nord
(cour de Maubeuge), d'où le cercueil sera
conduit au columbarium du Père-Lachaise,
par la rue de Maubeuge, le boulevard Ma-
genta, l'avenue de la République. Les hon-
neurs militaires seront rendus par les troupes
de la garnison de Paris. Aucun discours ne
sera prononcé, conformément à la volonté du
défunt.
X
Le Banquet Léon Bérard.
C'est le samedi 31 janvier prochain, à
mi et demie, au restaurant du Carlton-Hâ-
tel, 121, avenue des Champs-Elysées, qu'au-
ra lieu le banquet que nous organisons en
l'honneur de M. Léon Bérard, ancien sous-
secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts.
Ce déjeuner sera présidé par M. René Vi-
viani, ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts, assisté de M. Paul Jac-
quier, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-
Arts.
Prière d'adresser les adhésions (le prix
du banquet est de douze francs) à M. Pierre
Mortier, directeur de Gil Blas, 30, rue
Louis-le-Grand.
— x —
Au Jockey-Club.
Le Jockey Club est en pleine effervescen-
ce. Mais c'est moins encore l'affaire Le Va-
vasseur-du Breuil dE; Saint-Germain, qui
jette l'émoi parmi les membres du Cercle le
plus fermé de France, que le choix d'un suc-
cesseur au duc de Fézensac.
On sait, en effet, que l'élection à la pré-
sidence du Jockey Club doit avoir lieu le
i 'r février. Qui sera nommé? On avait beau-
coup parlé, en ces temps derniers, du duc de
Blacas, député de Maine-et-Loire. Mais ce-
lui-ci a fait savoir à ses amis que, malgré
son vif désir de leur être agréable, il ne
poserait pas sa candidature. Tous les efforts
pour le faire revenir sur cette détermination
ont été vains.
On a mis alors en avant le nom du duc de
Doudeauville, véritable grand seigneur, qui
préside le Polo de Bagatelle et le Polo de
Cannes. Mais le duc de Doudeauville n'est
pas un a indoor », mais un « outdoor i,
comme disent les Anglais, ce qui signifie
qu'en véritable homme de sport, il préfère
le tapis vert des gazons au grand air à celui
des tables de jeux, et qu'il ne paraît nulle-
ment disposé à briguer le siège présidentiel
que son père occupa pendant de longues an-
nées.
Alors, quel personnage de marque consen-
tira à accepter ces honorifiques fonctions
(plus absorbantes qu'on ne le croit)? Elles
réclament, en effet, un grand nom, une belle
prestance, et ce spécial et prestigieux doigté
qui est la vraie diplomatie des hommes du
monde.
Aussi que de conciliabules, en ce moment,
autour de cette grande élection! De ces con-
ciliabules, trois candidatures semblent surgir
aujourd 'hui : ce sont celles du marquis
d'Harcourt, du marquis de l'Aigle et du
comte Elie d'Avaray. C'est, vraisemblable-
ment, un de ces trois noms qui sortira de
l'urne le Ier février.
Arbitrage d'honneur «
ou Jury permanent.
Où en est l'affaire Robert Le Vavasseur-
du Breuil de Saint-Germain? Elle n'a guère
fait un pas depuis hier, et les deux parties
en présence sont restées sur leurs positions.
Oui ou non, peut-on croiser le fer avec M.
Le Vavasseur? Le saurons-nous un jour?
Dieu lui-même le sait-il ?
L'essentiel, empressons-nous de le dire,
est que cette affaire puisse être localisée,
qu'elle ne s'étende pas, à la suite de polémi-
ques, à des tierces personnes, et qu'elle n'en-
traîne point d'incidents déplorables.
Ce comité permanent, dont il a été parlé,
cette manière de cour de la Haye, jugeant
en dernier ressort les différends insolubles,
ce tribunal médiateur tant souhaité, n'existe
t-il donc pas? Et depuis vingt ans, encore?
N'a-t-il pas fonctionné à plusieurs reprises?
Et M. Hébrard de Villeneuve, président de
section au Conseil d'Etat, ne le préside-t-il
pas ?
Au fait, pourquoi ne s'est-on pas adressé
à M. Hébrard de Villeneuve? ,
Un bruit court — mais doit-on y ajouter
foi? — suivant lequel M. Hébrard de Ville-
neuve, sollicité, aurait refusé de s'immiscer
en cette délicate affaire.
Une croix.
C'est celle que le, ministre du Commerce
vient de décerner à M. Chenard, vice-prési-
dent de la Chambre syndicale du Cycle et de
l'Automobile. Voilà une distinction bien mé-
ritée, et à laquelle tout le monde applaudira.
Depuis de nombreuses années, déjà, M.
Chenard s'est dévoué, avec autant de zèle
que d'intelligence, à la cause de l'automo-
bile en France. Et on peut dire qu'il est un
de ceux qui l'ont fait triompher. On sait,
d'ailleurs, que la marque Chénard-Walker,
qu'il dirige, est au tout premier rang de no-
tre industrie.
Nous adressons nos plus sincères félicita-
tions à ce nouveau chevalier de la Légion
d'honneur.
— x —■
Le verre d'eau.
Il y a toujours, même dans une cérémonie
assez triste, des moments drôles.
Hier, à l'Académie française, M. Emile
Boutroux, absolument incapable de pronon-
cer son discours, cède la parole à son par-
rain et ami Ernest Lavisse, qui soufflait
déjà les paroles sur un manuscrit personnel,
et c'est le nouveau grand-cr.oix de la Lé-
gion d'honneur qui parle, parle. une heure
dix !
Lorsqu'il ae rassied, il tend la main vers
le verre d'eau bien gagné. Mais M. Emile
Boutroux, pâle et défaillant d'émotion, l'a
devancé, et c'est lui qui happe le verre et le
vide d'un seul trait. M. Ernest Lavisse sou-
rit : l'important, c'est que M. Emile Bou-
troux rentre bien vite se reposer chez lui.
— x —
Son voisin.
M. Lépine descend de voiture dans la cour
de l'Institut, quitte sa fille et son gendre,
les envoie à leur place avec son service, paie
le cocher et rentre dans la salle des séances.
Il s'assied au second rang, après avoir ques-
tionné l'huissier chef sur la place qu'occu-
pera M. Raymond Poincaré. Et il choisit un
banc derrière celui qu'allait prendre le pré-
sident.
En effet, M. Poincaré s'assit à sa place
de la dernière cérémonie publique de l'Insti-
tut, serra la main de l'ancien préfet, et les
discours commencèrent. M. Poincaré, genti-
ment, écoutait; derrière lui, M. Lépine, la
tête secouée par les ressauts, dormait. Ah!
le bon sommeil paisible, d'honnête membre
di l'institut ! M. Lépine a passé un heureux
après-midi. Il n'a rien entendu des discours,
et le président de la République lui a, en
entrant et en sortant, deux fois serré la
main.
— x —
Un peu de repos.
Nous avons d'assez fâcheuses nouvelles de
la santé de Rodin. Rien de grave. Mais l'il-
lustre sculpteur supporte mal le froid, et la
grippe l'a surpris. Il n'y a aucune crainte
à avoir. C'est l'affaire de quelques jours
de repos : et le maître, qui est toujours jeune
et vaillant, reprendra bientôt son ciseau qui
fait les chefs-d'œuvre de ce temps.
Une question résolue.
Au cours d'une audience qu'il lui a accor-
dée hier matin, M. René Viviani, ministre
de l'Instruction publique, a fait savoir à
M. E. d'Harcourt qu'il était favorable au
projet de transformation du Jeu de Paume
des Tuileries en salle de concerts populaires.
C'est ce que nous avions annoncé avant-hier.
Le ministre a ajouté que, naturellement,
sa décision serait subordonnée à celle du
sous-secrétariat d'Etat aux Beaux-Arts;
mais que, le projet paraissant ne pas devoir
soulever d'objections, il était à prévoir que
l'administration de la rue de..Valois ne s'op
poserait pas à sa réalisation. M. Jacquier
, £ st,,cjîi effet, très partisan de ces concerts
symphoniques populaires, et il reste à M.
d'Harcourt à compter avec les architectes.
Après les bureaux, qui mettent un projet sur
le papier, lentement, difficilement; le- bâ-
tisseurs, qui multiplient les complications,
les modifications, pour augmenter les tra-
vaux.
C'est à présent que M. d'Harcourt va con-
naître l'ad-mi-nis-tra-tion.
— x —
Salières.
Déjeuner chez Louise Balthy. Déjeuner
aux lanternes. On mange dans des conques
de Vénus. On boit dans des coupes d'or vier-
ge. Sur la table, dans des pétales de roses
cristallisées, une poudre blanche, aux re-
flets de nacre.
Il y a là beaucoup de monde, même le
philosophe à la mode, et que servent, à gau-
che, Mlle Sylviac; à droite, la petite ba-
ronne Lyska Kostio. -
Le philosophe parle peu. Mais quand il
parle, tout le monde se tait.
Et le philosophe dit :
— J'aime beaucoup le sel. Mais quel bi-
zarre sel est-ce là? Il est, certes, joli, irisé,
ainsi préparé dans ces feuilles de roses;
mais il a un goût étrange.
Louise Balthy regarde :
.J C'est Kostio qui a fait préparer ça;
réponds, Kostio?
Alors, la petite baronne rougit un peu.
Et, de sa douce voix moldo-slave-améri-
caine :
— Mais c'est pas du sel, ça, maître.
C'est du bismuth. pour l'ornement!.
— x.—
La Baronne.
Elle hiverne à Beaulieu, sur ce coin de
la Riviera, où règne encore le souvenir du roi
Léopold. On la voit, en auto, avec ses fils,
le long de la Corniche, et elle a voulu, ces
jours-ci, s'initier aux joies de l'hydro-avia-
tion, en compagnie de son aîné. Cette tenta-
tive faillit mal tourner. Au départ, l'hydro-
avion blessa une de ses ailes, et il s'en fallut
de peu qu'il ne chavirât. Bien que la Médi-
terranée fût d'un joli bleu, la température
n'était pas telle qu'un bain fût propice. En
outre, il eût été dangereux. Heureusement,
des barques se lancèrent au secours de l'hy-
droavion et recueillirent les passagers en dé-
tresse.
La baronne de Vaughan conserva, d'ail-
leurs, tout son sang-froid. Elle était seule-
ment un peu pâle et serrait son fils dans ses
bras.
-x-
Après la Joconde".
Florence fait, en ce moment, un véritable
succès à l'exposition des dessins satiriques
de Forain. C'est la première fois que le célè-
bre humoriste expose en Italie, où son genre
est très prisé, mais peu imité.
Outre les dessins d'actualité mondains,
Forain expose des fusains, des lithogra-
phies, des eaux-fortes, des pastels, et toute
la société florentine visite et admire cette ga-
lerie si représentative de l'esprit français.
• - x—1
Rameau à Monte-Carlo.
L'Opéra de Monte-Carlo donnera, demain
samedi, les Fêtes d'Hébé, de Rameau. Ce
pur chef-d'œuvre, du plus glorieux et du
plus classique de nos musiciens français, n'a
pas été représenté depuis deux siècles. C'est
donc une véritable résurrection artistique.
M. Raoul Gunsbourg n'a rien ménagé pour
donner lEI plus grand éclat à ces représenta-
tions. Les excellentes cantatrices, Mmes
Alexandrovitz, Lilian Grenville, Raynal,
Monti; les remarquables chanteurs, MM.
André Gilly, Maguenat, Journet, Marvini
seront les interprètes des Fêtes d'Hébé.
La partie chorégraphique, très importante,
et réglée par M. Bolm, qui dirigea si habi-
lement les ballets russes, réunira Mlles Zam-
belli, Magliani et M. Bolm, avec le corps
de ballet de l'Opéra de Monte-Carlo et le
« Ballet aérien » de M. Heidenbreich.
— x —
Le Roy.
Pourquoi Robert est-il surnommé le roi
des acheteurs ? Parce qu'il achète comptant,
le plus cher de Paris, les bijoux, perles et
diamants. Expertise gratuite. Reconnaissan-
ces, 10, rue Daunou, premier étage.
— x —
Nouvelles à la main.
— Il n'y a pas de place pour livrer ces
beaux Gobelins à l'admiration du public.
- Alors les Gobelins font tapisserie.
Potins d'académie :
— A-t-on tendu des pièges au récipiendai-
re ?
-r— Quels pièges ? Les « lacs » du Bour-
get ?»
Le Diable boiteux.
LES SUFFRAGETTES FRANÇAISES
Un Comité pour
un million de femmes
Mme Marguerite Durand veut revivre les
heures fiévreuses de sa dernière cam-
pagne électorale, quand dans le neuvième
arrondissement elle prenait la parole pres-
que chaque soir, devant un auditoire un
peu ironique. Elle fonde maintenant un
comité pour la défense des idées suffra-
gistes aux prochaines élections.
Depuis que miss Pankhurst' et sa tur-
bulente mère n'occupent plus du récit dra-
matique de leurs exploits les journaux,
nous oublions. 'facilement qu'il est des suf-
fragettes et qui veulent voter. Mme Durand
veut nous le rappeler, brandissant comme
une arme de guerre le vote de 157 députés
acquis au principe de la représentation, fé-
minine.
— Le nombre des femmes, nous dit elle,
est supérieur de un million à celui des
hommes. La polygamie serait le seul
moyen de donner à ces dépourvues une fa-
mille. Mais il faut considérer aussi que
toutes les femmes ne sont pas des mères et
des femmes mariées ; il faut songer aux
laides, à celles qui ne sont pas aimées, aux
veuves, aux vieilles filles, à toutes celles
qui travaillent. Pour celles-là le travail ho-
norable et honnêtement payé-Vaut mieux
que la charité des hommes et leur aban-
don. Or il est bien inutile de répéter que
toutes les classes de travailleurs doivent
être représentées légalement.
« Notre programme est connu de tous.
Nous demandons le droit' aux emplois pu-
blics, le paiement de salaires égaux à ceux
des hommes dans les emplois où nous nous
montrons leurs égales. Le droit d'émettre
notre avis lors des discussions qui nous
concernent.
« Vous savez aussi que nous réclamons
seulement, pour commencer, la représenta-
tion municipale. Quand nous l'aurons ob-
tenue, je suis certaine que l'administration
communale s'en ressentira et qu'on nous
donnera l'élégibilité à la députation.
« Le comité que nous venons de créer se
propose d'agir auprès de tous les candidats
aux élections législatives.
— Serez-vous candidate, madame ?
— Je ne le dis pas encore. Et si je pose
ma candidature ce sera seulement dans un
but de publicité d' pour attirer l'attention
sur les suffragettes françaises, qui sont
moins bruyantes, mais plus travailleuses
que leurs sœurs d'outre-Manche.
« Regardez combien d'oeuvres de charité,
dispensaires, pouponnières, écoles ména-
gères, ont été créées par ..des femmes et
sont administrées par des femmes. Ç'esjs
d'elles aujourd'hui que vient toute initia-
tive sociale, il faut être aveugle pour se re-
fuser à l'admettre.
« Je n'accorde pas grande confiance au
,gouvernement pour nous aider. Dans nos
congrès, ce sont des antiféministles notoires
qu'il délègue pour le représenter.
(c Et pourtant si vous saviez le courage,
le dévouement, l'ardeur au travail de nos
amies, vous estimeriez avec nous qu'elles
sont supérieures à beaucoup de politi-
ciens. »
Que répondre à ces arguments ? Approu-
ver ? J'approuve Mme Marguerite Durand.
Et je songe que naguère, au cours d'une
excursion dans le monde féministe, je ren-
contrai des suffragettes moins modérées et
moins avisées. Elles représentaient peut-
être les laides, ou faisaient partie de cette
majorité d'un million, inemployée et ambi-
tieuse d'agir. Que ne viennent-ebles prendre
des leçons d'élégance et de courtoisie au-
près de Mme Marguerite Durand ?
Henri Villiers.
————————————— letom
La gloire d'Hégésippe Simon
Il était difficile de mieux combiner la
mystification et celle-ci — ses victimes
mêmes l'avoueront — esV excellente.
Un de nos confrères adressa à cent dépu-
tés et cent sénateurs une circulaire qui por-
tait en tête ces mots : Comité d'initiative du
centenaire d'Hégésippe Simon, et cette de-
vise : ,
Les ténèbres s'évanouissent
Quand le soleil se lève !
Hégésippe SIMON.
et qui annonçait qu'un généreux donateur,
ayant donné les fonds nécessaires, un mo-
nument pouvait enfin être élevé à la mé-
moire d'Hégésippe Simon, ce précurseur,
cet éducateur de la démocratie. J
La circulaire demandait aux parlemen-
taires de faire partie du comit.é d'honneur.
Précurseur de quoi ? Educateur de quelle
démocatie ? Nos députés, ni nos sénateurs
ne cherchèrent pas si loin. Un comité
d'honneur ! des discours ! une statue !
Quelle fête ! Neuf députés, quinze séna-
teurs, trois conseillers municipaux en-
voyèrent leurs adhésions. Le comité d'hon-
neur était fondé. La mystification avait
pleinement réussi.
Avez-vous entendu parler d'Hégésippe
Simon ? Non, sans doute. Mais je gage
bien que si l'on vous eût dit, voici quel-
ques jours : « Ah ! Hégésippe Simon ! Quel
républicain! quel penseur! quel précur-
seur ! » vous eussiez répondu : « Vraiment,
vous croyez ? Et vous eussiez volontiers
accordé votre admiration au grand démo-
crate.
Il y a tant de penseurs, tant de démo-
crates, tant, de statues, tant de comités,
qu'on ne saurait vraiment suspecté les mé-
rites de chaque grand homme dont on pous
prie de célébrer le centenaire. -
Aussi, je ne révélerai point le -nom des
parlementaires qui se sont laissés bernés.
Je veux croire que, ce matin, leurs' secré-
taires ont été vertement tancés. Ils porte-
ront le poids de la mauvaise humeur et de
la légèreté de leurs patrons.
Je veux pourtant faire exception pour un
seul sénateur : M. Lintilhac: Le sénateur
du CaptaI est un vieux républicain, un lit-
térateur, un homme d'esprit, un érudit. Du
moins, il prétend à tous ces titres et il
ignore Hégésippe Simon 1
Qu'il est facile d'imaginer la. scène.
M. Lintilhac vient de recevoir la circu.
laire. Il a lu la citation qui ne l'a pas sur-
pris. Il en dit 'bien d'autres. Il tousse légè-
rement pour s'éclairer la voix et. mono-
logue :
— Comment ! Hégésiope Simon n'avait
pas son monument ! Un de mes compa-
triotes ! La démocratie et la République se
doivent de réparer cette erreur. J'en fais
une affaire personnelle. Je dirai :
« Messieurs. Messieurs. la République
parle par ma bouche. oui, par ma
bouche.
Et, tout de go, M. Lintilhac écrivit son
discours. Ne dites pas que j'exagère. J'ai
lu ce discours !
Gloire à Hégésippe Simon 1
Jean Lévèque.
FEUILLETS
Stilson contre Amette
Les amateurs de procès bien parisiens sont
servis, les casuistes jubilent. M. Stilson,
piofesseur de tango, veut intenter un procès
à Mgr Amette, qui, le premier, interdit la
danse argentine.
Le tango, toujours roi de Montmartre, fu..;,
reur toujours des cabarets nocturnes, est me-
nacé dans les salons. Non seulement les prê-
tres de la religion catholique l'interdisent,
mais ceux aussi du culte israélite et de la
Réforme. Et les professeurs de danse per-
dent chaque jour des élèves. Telle mère de
famille qui, hier encore, trouvait très conve-
nable la gymnastique du a corte » et de la
« medialuna », réprouve aujourd'hui cette
indécente staltation sur place, puisque ont
parlé le curé, le rabbin et le pasteur.
Mais à cela rien d'extraordinaire! Plus
singulier est le geste. du; professeur Stilson.
C'est probablement la première fois que l'on
attaque iudiciairement une décision de
l'Eglise, et que l'on cherche à démontrer les
conséquences que peut avoir un mandement
sur les intérêts d'une corporation.; Si l'on
suivait l'histoire, on pourrait trouver souvent
matière à procès, imaginer tel excommunié
attaquant le pape, marchands de tabac citant
devant les tribunaux le pontife qui interdit
de fumer. Devenons-nous respectueux ou
plus conscients de nos droits et des droits du
pouvoir religieux? ,i
Oui, mais voilà, comment délimiter ceux-
ci? Les juges vont certainement être fort
embarrassés. Il paraît très difficile de résou-
dre le problème qui se pose. Si l'on donne
raison aux professeurs de tango, ne risque-
t-on pas de créer un précédent fort dange-
reux? Que demain l'Etat français, pour une
raison ou pour une autre, interdise la tré-
moutarde, pourquoi les maîtres de la choré-
graphie, s'ils intentent une action contre lés
trémoutardiers du pape, ne feront-ils cas un
procès à la République? Supposons que M.
Raymond Poincaré banisse de l'Elysée la
maxixe brésilienne, donnant ainsi un exem-
ple qui serait sûrement suivi dans les mi-
lieux officiels. Les maxixeurs brésiliens en-
verront-ils du papier timbré au président?
Mais Paris aujourd'hui ne cherche pas à
élucider des questions complexes. Il ne pré-
voit que ce great event : Mgr Amette devant
le tribunal. Quelle belle îiCtualité pour le
cinéma!
Swing..
La Réception
de M. Boutroux
à l'Académie Française
Est-ce le froid, redoutable à ceux qui
devaient attendre plus d'une heure sur
le quai Conti glacial, ou est-ce la qualité
des discours annoncés qui a donné,
hier, une séance académique de valeur
médiocre et d'intérêt moyen ?.
Il y eut une assistance bourgeoise dé-
pourvue de véritable élegunce, et cinq
ou six personnes à peu près notoires
à peine rehaussaient cet auditoire banal.:
Il y avait cependant la présence de M.
Poincaré ; mais elle fut si discrète ! Le
président descendit d'auto à la porte de
la bibliothèque, avec le directeur du
protocole, M. William Martin, fut sai-
si à ce moment par quelques photogra-
phes, passa dans la bibliothèque où. il
signa la feuille de présence-et conversa
avec les quelques rares membres de
l'Académie française présents. Quelle
pénurie ! Ils n'étaient pas dix — et au-
cun en habit que les deux parrains de
M. Boutroux, M. Ernest Lavisse et M.
Th. Ribot. Où étaient les autres, Jea
Marcel Prévost, les Paul Hervieu, les
Lavedan, Brieux, Richepin, Henri da
iHégnier, Jules Lemaître, et pourquoi
laisser M. Poincaré réduit, en séance, à
deux voisins : M. Maurice Barrés et Ai.
Frédéric Masson ?
La salle est triste. Les académiciens
sont moroses et M. Boutroux, manifes*
tement las, lit son discours si pénible-
ment que M. Lavisse doit le prier de
s'asseoir pour se reposer et lit à sa pla-
ce. Il lit mieux. Mais l'éloge du général
Langlois n'est pas drôle du tout. On
baille, car l'exposé de la vie de cet offi-
cier supérieur et ses doctrines sur l'ar-
tillerie durent une heure vingt. La con-
clusion, cependant, est moins morose
et M. Boutroux entre dans !es générali-
tés — si l'on peut ainsi dire, parlant
d'un général.
Ce quelque chose est ce ou'on nomme la
patrie.
On ne peut, scientifiquement, en démon-
trer la valeur. Rien de plus conforme à la
raison, toutefois, que le culte dont elle est
l'objet. Comment se détacher de la patrie,
si l'on songe à tout ce qu'elle met de gran-
deur, de noblesse, d'idéal, d'émotion, de
force, dans notre vie ? Et comment ne pas
l'aimer, ne pas là vouloir toujours plus
belle et plus grande, quand cette patrie
s'appelle la France ? Hésiterions-nous à
reconnaître que nous sommes, avec nos
pères et avec nos descendants, avec notre
sol et avec nos monuments, substantielle.
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