Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-09-11
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 53031 Nombre total de vues : 53031
Description : 11 septembre 1912 11 septembre 1912
Description : 1912/09/11 (N12993,A34). 1912/09/11 (N12993,A34).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7534880g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
34* ANNLE. — NUMERO 12 993.
XE NUMERO l€l2 CENTIMES
MERCREDI 11 - SEPTEMBRE 1912.
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
30, rue Louis-le-Grand
PA RIS (2. Arr.)
TÉLÉPHONE
Direction, Administration, Rédaction. 266.01
Ligne Interurbaine. 102.74
De minuit à 3 heures du matin 312.11
Télégr. Gil Blas Paris
Pierre MORTIER
Directeur
POUR LA PUBLICITÉ
S'adresser 30, rue Louis-le-Gran.
A L'HOTEL DE GIL BLAS
ABONNEMENT
Trois mois Six mois ITnan
Paris et Départements. 9 Il 18 » 34 »
Etranger (Union postale).. 17 » 32 » 60 »
On s'abonne dans tous les Bureaux de poste
de France et d'Algérie
SOMMAIRE
LE CLUB DES CHIENS, par Nozière.
Our, MAIS. SUN-YA-SIIEN HABILLE MIEUX,
par Swing.
PAR LES CHEVEUX, par André Tourette..
HISTOIRE D'UNE RÉFORME, par Fancy.
LES GRANDES MANŒUVRES, par Paul Andry.
LE CONTE : Le père La Brioche, par Clé-
ment Carel.
LA GALERIE : La Comédie boulevardière,
pas: Paul Adam.
LA FEMME A LA CHASSE, par le baron de
Vaux.
LES LETTRES : Pourquoi écrit-on? par Henry
Postel du Mas.
LES ARTS ; Enquête sur la Sculpture de
plein air.
LE THÉÂTRE : Les Reprises, par Georges
Pioclt. — A l'Opéra-Comique : Rentrée
de Mlle Mary Garden dans la Tosca, par
Isidore de Lara.
LE FEUILLETON : Bouchon do paille, par
Maurice Montégut.
be Club
-des chiens
- fffv'.r 'fi
En apprenant qu'un olub de chiens
menait d'être ,créé à Londres, je me suis
senti très bumiaié. Je me isuis dit que
la France n'était plus la nation qui in-
dique aux autres peuples la voie du
progrès et de la civilisation. Pourquoi
un- de nos compatriotes n'a-t-il pas eu
cette idée sublime ? Gomment avons-
nous permis que l'étranger prit cette
glorieuse initiative ? Je .me suis effor-
cé-de me consoler en songeant que ce
sont nos amis qui ont formé ce (beau
projet ; l'entente cordiale en reçoit un
éclat nouveau. Cependant, j'aurais bien
voulu que ce club s'ouvrît à Paris.
Mais nous devons nous résigner aux
caprices de la destinée. L'essentiel est
de ne pas se laisser abattre. Je me suis
bientôt ressaisi et je vais doter ma pa-
trie de cette noble institution.
Je suis heureux et fier d'annoncer
au public 'que, dans quelques semaines,
un club de chiens existera aussi à Pa-
ris. J'ai pris en location un petit hôtel
dans une rue paisible du quartier Mon-
ceau. Je sais que notre cercle sera voi-
sin de ces maisons de jeux qu'on ap-
pelle clandestines parce que personne
ne peut ignorer leur existence. Maïs je
ne veux pas me laisser arrêter par un
tel scrupule. J'affirme que ces tripots,
comme disent les malveillants, sont di-
gnes de respect. S'ils faisaient courir
quelque danger à la morale publique,
Sa justice ne se hâterait-elle ipoint de
les supprimer ? Or, ils reçoivent, cha-
que mois, la visite d'un commissaire
ide police. Il est vrai qu'il s'empare des
enjeux et c'est une formalité dont le
sens m'échappe. Puis, comme le prési-
dent sur qui Ferny ifit une ohanson, al
salue, sourit et sort, — en promettant
de revenir dans quelques semaines.
On voit donc que l'industrie de ces éta-
blissements est légitime et îlégaIre : ils
fonctionnent sous la surveillance at-
tentive et intéressée de l'autorité. Je
n'ai donc pas hésité à établir auprès
d'eux le cluib des chiens.
La difficulté, en ces sortes d'affaires,
est de choisir un président. Il faut que
ce soit un personnage honorable et in-
discutablement Jrançais. m ne suffit
pas d'être né en France, de parents
français, et d'accomplir tous îles de-
voirs et de supporter toutes les charges
qui incombent au citoyen français pour
être indiscutablement français. Il faut
que tous les aïeux soient ifranç,,ais. Pour
être candidat à une telle charge, il faut
n'avoir dans les veines que du isang
français. Il sied de faire une exception
en faveur ides rois et de leur famille
qui doivent à des nécessités. politiques
un .sang très mélangé, le sang impur
dont parle évidemment l'hymne illus-
tre. II. serait !impossible de placer à la
tête de ce cercle un chien oui ne serait
pas enraciné à notre sol. ïve songeons
pas au loulou de Poméranie : ce serait
presque une trahison. Il ne convient
même pas d'appeler à ce poste ôminent
le tlévrier russe. Un grillon d'Athènes
éloignerait aussitôt toute la clientèle :
.car, dans ce olub, on jouera.
II va sans dire que le seul jeu qui.
sera pratiqué est le baccara. Il est pos-
sible, en effet, d'apprendre aux chiens
à reconnaître un huit ou un neuf et à
faire de petites additions. Pour régler
les paris nous ferons appel à certains
ohiens qui excellent dans l'art du cal-
cul et que nous avons vus au imllsic-
haill. La part de fEtat sera versée dans
les petits paniers que tiendront des ca-
niches pour mendiants aveugles : ils
seront les représentants du gouverne-
ment. La tranquillité sera assurée par
-des molosses et des chiens de police.
Pour faire partie du cercle, un chien
devra prouver qu'il est de race pure.
Certainement nous ferons une enquête
sur sa moralité. Nous ne recevrons pas
îles chiens qui sont notoirement mal-
honnêtes. S'il y a doute, mais si le
candidat appartient incontestablement
à une noble famille, il sera admis.
Mais nous repousserons tous les mâ-
tins, à moins qu'ils ne-soioent très ri -
ches. Nous montrerons quelque indu!
gence pour les chiens savants et qui se
livrent à des arts d'agrément.
Le jeu ne sera pas le seul but que
(poursuivra le cercle. Il organisera des
içxpositionis. Chaque année, dans une
grande salle, nous réunirons les por-
traits et les bustes des membres les
plus influents, et aussi des tableaux
(représentant des scènes familières ou
attendrissantes : le Marmiton et le
Chien de M. Chocarne Moreau, Effet
d'un coup de vent sur les chiens de M.
Jean Béraud. Une importance particu-
lière sera donnée à l'élégance des
I chiens et des chiennes. M. François
Flameng nous a promis les portraits
de trois chiennes anglaises à la façon
de Gainsborough, et M. Boldini, deux
études de chiennes tourmentées ; il les
a étudiées à un moment qui est parti-
culièrement digne d'intéresser le pein-
tre et le psychologue ; celui où elles ont
des vers. M. Gervex achève une déli-
cieuse composition : la Journée des
Draqs sur la piste des greyhounds. M.
de La Gandara nous donnera l'image
d'une chienne havanaise, exécutée avec
une vigueur très espagnole. Nous pou-
vons annoncer un ühef-d'œuvre : la
Neurasthénie du colley que prépare M.
Jacques Blanche. Enfin, tous les pa-
triotes se découvriront respectueuse-
ment devant la belle page du maître De-
taille : les Chiens du régiment.
Ai-je besoin d'ajouter que le cercle
ne négligera point l'art dramatique et
musical ? D'ailleurs quelques actrices
nous ont déjà demandé de recevoir
leurs chiens. Mile Spinelly nous a sol-
licités en faveur de son bull qui s'ap-
pelle Dranem et d'un animal bizarre
dont les longs poils traînent à terre et
- qu'elle nomme Rodin. Mlle Monna Del-
za nous a priés d'inscrire son chien
chinois et Mlle Madeleine Carlier sa
meute de loulous. Mais, comme chacun
sait, la société éprouve de l'éloignement
pour le monde du théâtre. Les fêtes
qui furent données à Deauville ont
prouvé que les épouses ne veulent pas
coudoyer les femmes qui paraissent sur
la scène. Je ne sais si les mondaines
souffriront que leurs chiens vivent
dans l'intimité des animaux qui appar-
tiennent aux comédiennes. II y a là un
problème dont la solution; est délicate.
Nous devrons (peut-être créer deux cer-
cles : le premier serait strictement ré-
servé aux bêtes qui appartiennent à des
gens d'existence régulière.
Je dois ajouter que la table sera re-
marquable. J'ai engagé un chef qui
connaît merveilleusement les exigences
des estomacs canins. Chaque membre
du cercle trouvera la pâtée qui lui con-
vient. Après le repas, un noble salon
s'offrira pour la. sieste. Sur de vastes
fauteuils, aux coussins moelleux, les
chiens pourront digérer et s'endormir.
Pour dissimuler ce sommeil, dont sou-
vent on a honte, ils auront près d'eux
des journaux et des livres sous les-
quels ils pourront se cacher. Je ne mé-
connais pas, comme on voit, l'utilité
d'une bibliothèque dans un cercle.
Je n'ai pas encore établi le prix de la
cotisation. Mais que les .intér,essés se
rassurent : il sera très élevé. Il importe
en effet de ne pas admettre dans le club
ces chiens pauvres qui donnent à l'En-
nemi du peuple une si fâcneuse leçon
de philosophie sociale. Nous ne voulons
que des chiens qui se conforment aux
prescriptions de la civilité puérile et
honnête, qui soient, en général, respec-
tueux de toutes les lois. Nous proscri-
rons d'ailleurs du club tous les ouvrages
subversifs : tableaux et sculptures qui
ne sont pas conformes à l'enseigne-
ment de l'Institut, volumes que l'Aca-
démie pourrait ne pas approuver. Sur-
tout nous brûlerons impitoyablement
tous les exemplaires du livre mons-
trueux qui contient cette pièce :
Y a-t-il rien qui vous agaoe,
Comme un' levrette en pal'tot
Quand y a tant 'd'gens sur la place,
Qui n'ont rien à s'mettre sur l'dos ?
Poète barbare !
,. Nozière.
«fr—
Echos
Les courses. - •.
CHANTILLY, mecredi II septembre, à 2 h.
Pronostics de Gil Blas :
Pirix de Boran. — Bobêche 11, Totote.
Prix de Commelles. — Ben Y. Gloé, Quo-
rum Il.
Prix de la Masselière. — Patte d'Oie,;
Porte Dorée.
Prix de Blaison. — Saint Pé, Don Ra-
mire.
Prix Vermont. — Wagram 11, Hardie.
Prix des Tribunes. - Ténor" Carlopolis.
-:)t"",,"
Hier, mardi.
Les roses de septembre ont fini de s'ef-
feuiller au corsage des femmes et les arbres
atteints par le froid ont perdu leurs der-
nières feuilles, qu'hier encore, le vent chas-
sait sur le sable des allées, puis éparpillait
comme un envolement d'oiseaux.
Le ciel bas a l'air d'une coupe renversée
de métal gris, mais une jolie habitation rend
l'hiver plus poétique1 et l'hiver n'augmente-
t-il pas la poésie de l'habitation?.
-x-
Nos hôtes.
Nous apprenons que le czarevitch et les
filles du czar viendront faire un séjour de
quelques mois à Biarritz.
La czarine aurait l'intention de rejoindre
ses enfants en France.
Enfin l'on attend aussi à Biarritz la venue
prochaine du ministre des affaires étrangères
de Russie.
— x —
Le grand-duc Nicolas en France.
M. Fallières, qui est à Rambouillet, et
M. Raymond Poincaré, qui se trouve en ce
moment à Cabourg, interrompront leurs va-
cances pour venir aujourd'hui à Paris rece-
voir le grand-duc Nicolas de Russie. Ce
prince, qu'intéressent vivement toutes les
questions -militaires, vient, comme l'on sait,
en France, pour assister à nos grandes ma-
nœuvres. A cinq heures, il sera dans nos
mors.
Demain, jeudi, M. Fallières offrira en
son honneur un déjeuner à l'Elysée.
-x-
Couronne.
Nous avons le prince des poètes. Nous
aurons le prince des auteurs dramatiques. Et
le prince des conteurs, bien que son élection
soit discutée, est couronné.
Fantasio propose un nouveau trône.
L'amusant bi-mensuel demande quel est le
prince des raseurs. Il faudra le choisir, ce
prince, dans n'importe quel domaine. Les
votes, qui devront être motivés et signés, se-
ront reçus jusqu'au premier octobre.
Que de gens vont trembler! Mais le raseur
a-t-il conscience de l'ennui qu'il dégage? Et
une petite question. Peut-on cumuler? Le
même front pourra-t-il porter deux couron-
nes ?
Du théâtre à la tribune.
Pour ceux qui le vont voir à Cambo,
M. Edmond Rostand est le plus aimable des
hôtes. Il recevait dernièrement M. Edouard
Herriot et lui fit grand accueil.
On échangea des opinions littéraires. L'his-
toriographe de Mme Récamier fut disert et
charma le poète des Musardises, qui le lui
rendit bien. Mais pouvait-on, devant le
maire de Lyon, le nouveau sénateur, oublier
les affaires publiques? M. Rostand — qui
portait une redingote grise — se laissa aller
à des confidences.
« On m'écrit, dit-il, on m'écrit pour que
je sorte de ma tour d'ivoire. Les jeunes gens
de France veulent que je descende dans
l'arène politique. Et il se pourrait bien qu'un
jour prochain. D
M. Edouard Herriot sauriaitt approuvait.
Mais du désir à la réalisation il y a loin,
parfois.
Et il faut songer aux mares stagnantes.
Les hôtes de ces mares, celui' qui écrivit
Chantecler ne les ménagea point.:
-x--
Salez, et puis versez !
C'est une des dernières lavallières blan-
ches, encore qu'il ne soit pas, sa barbe
blonde l'atteste, un survivant de la généra-
tion des Sardou et des Catulle Mendès.-.
Il est douxl il est triste, bien que satis-
fait de soi. Il est chaste et travaille dans la
volupté, avec une belle régularité, comme
un scribe pacifique se rendant chaque matin
au ministère de la guerre.
L'autre jour, s'étant laissé débaucher par
un jeune poète dont les relations ne sont
pas assez nombreuses pour qu'il puisse faire
le difficile et choisir entre ses aînés, l'écri-
vain triste et blond échoua dans un café
voisin de l'Odéon.
.-Co Ah ! mon ami, confia-t-il au débetant,
en dégustant un amer, vous ne savez pas quel
enfer est le monde littéraire. Ainsi, moi qui
vous parle, j'ai été odieusement exploité
pendant dix ans par cette fripouille de.
(ici le nom d'un cher confrère, son ex-colla-
borateur) ; il prenait la part du lion, le mi-
sérable, et, cependant, c'est moi qui écrivais
tout. Qu'est-ce qu'il faisait lui, je vous le
demande? Peuh! Il mettait le style!
Oh! le style dont on saupoudre le plat
littéraire! Mais le plus drôle c'est que ce
n'est même pas vrai. Le style étant ce qui
manque le plus aux ouvrages des siamois
désiamoïsés..
--x-
Susceptibilité.
Il ne dirige pas. Mais ses fonctions le
devraient faire respecter des turbulents ré-
dacteurs du périodique. Les rédacteurs, quoi-
que gens fort bien élevés, ne se gênent point
pour le traiter « de la tête aux pieds »,
comme disent les bonnes gens. Et dans le
bureau de notre homme, ce sont souvent dis-
cussions âpres, échange de mots assez vifs.
Grand émoi l'autre jour. Le dignitaire,
assis devant sa table, subit deux assauts, car
deux reporters, brandissant, l'un des papiers,
l'autre son porte-plume, l'invectivent à qui
mieux mieux. Entre un important fonction-
naire de la maison. La scène le surprend,
il fronce le sourcil. Les crieurs s'éclipsent.
A peine la porte s'est-elle refermée sur
eux que leur victime change d'attitude. De
paisible et passif qu'il était, le dignitaire
devient farouche. Ses yeux lancent des flam-
mes. Il brandit le poing et, s'adressant à
celui qui mit fin à la cérémonie : 'l-
— Vous avez entendu, dit-il, comme ils
me traitent. Est-ce que vous supporteriez ça,
vous?
-x-
Le Métro et les chiens.
Le Métro n'accueille pas les chiens. On
connaît pourtant mainte dame qui, bien que
possédant automobile ou coupé, mit à profit
l'ampleur d'un manchon pour dissimuler un
loulou ou un king-charles, et se procurer
ainsi le charmant plaisir de braver un dé-
cret sur Champerret-G.imbetta ou Clignan-
court-Orléans.
Le comte Clary, président du Saint-/iu-
bert Club de France, pour répondre aux
vœux de nombreux chasseurs parisiens, vient
d'écrire aux secrétaires généraux des compa-
gnies de locomotion souterraine. Il demande
que des voitures spéciales soient ajoutées à
certains trains du matin et du soir. Et l'on
pourrait, moyennant l'n supplément, admet-
tre les amis de l'homme, les précieux auxi-
liaires du chasseur.
Les mythologues érudits qui, prenant le
Métro ou le Nord-Sud, croient, nouveaux
Orphées, descendre au pays des ombres et sa-
luent pour Minos l'humble contrôleur, au-
ront l'illusion plus complète en entendant
sous les voûtes noires aboyer les chiens de la
triple Hécate.
— x
Un trust.
Il paraît qu'il est temps d'émigfer et que
notre vieille terre d'Europe est vermoulue
jusqu'au tréfond. Les rats nous donnent un
vigoureux et salutaire exemple : lorsqu'ils
sentent que le vaisseau qui les porte com-
mence à manquer de stabilité, ils profitent
de la première escale pour secouer sur lui
la poussière de leurs pattes et décamper à
l'anglaise. Un instinct très sûr les avertit de
cette circonstance évidemment fâcheuse. No-
tre supériorité d'homme nous donne M. le
docteur Albert Nobles pour nous instruire
de l'état minable où se trouve notre plancher.
Ce savant qui professe les sciences écono-
miques à Philadelphie affirme, selon la
Tribuna, que dans soixante ans au plus
l'Europe aura vécu :
« Le vieux monde disparaîtra sous les
eaux, puisque la croûte terrestre, dans les
limites du continent européeni est perforée
en tous sens par une immense galeriç sou-
terraine qui se remplit de matières volca-
niques.
« La croûte terrestre encore intacte cédera
sous la pression du feu interne et sera dé-
truite par une série de phénomènes érup-
tifs. •»/
L'éminent docteur ajoute que le Gulf
Streahi, détourné de son cours, réchauffera
doucement les seules côtes d'Amérique, tan-
dis que le peu qui restera de l'Europe sera
glacé par un courant polaire. Evidemment,
l'Amérique va tenter un nouvel accapare-
ment: le trust des richesses naturelles et des
bienfaisantes influences atmosphériques.
Allons tant mieux, les étoiles des U. S. A.
en brilleront plus purement.
-x-
Les petits cadeaux.
M. Enderli, avocat à Zurich, est socia-
liste. Il est aussi un brillant officier de chas-
seurs. Et c'est comme officier qu'il escorta
le kaiser pendant le séjour impérial en
Suisse.
Pour témoigner sa gratitude, Guillau-
me II offrit à M. Enderli une épingle de
cravate que surmontait le W orné de pierres
précieuses. Il y eut certainement une lutte
violente entre les principes de l'avocat. L'of-
ficier fut séduit, le socialiste s'indigna. Mais
après un combat terrible, l'élément militaire
eut le dessus comme bien l'on pense. Et
l'épingle fut acceptée.
Nul ne dit si M. Enderli remit au kaiser
les cinq centimes — les dix pfennigs en l'oc-
curence - qui gardent l'amitié des fâcheu-
ses piqûres. Mais quelques « purs » se sont
indignés. Timeo Danaos, disait cet homme
d'un autre âge.
X-
Réquisitoire.
SavOnarole a perdu son temps et bien
d'autres après lui? Le père Gaffre aura-t-il
de l'influence?
Le prédicateur dont la dernière station à
la Trinité fut très remarquée vient de faire
une conférence au casino de Saint-Pair. Le
sujet : émancipation intellectuelle de la
femme. Les auditrices étaient nombreuses
pour ouïr de très dures vérités. Tel ce père
André- dont Tallemant de Reaux nous rap-
porte la franchise, le père Gaffre railla les
modes, s'éleva contre les chapeaux-monu-
ments, -les corsets de torture1 les entraves,
symbole d'esclavage.
Un chroniqueur mondain assistait à la
conférence. Il rencontra à la sortie une de
nos élégantes les plus résolument persanes
qui, furieuse, cherchait à se venger.
— Un prêtre dans un casino, clamait-elle.
Si cela est permis!
Notre ami ne trouva que cette excuse :
■— Bah! dit-il, au casino du. Saint-Pair.
—x ■***+ -
Désunion libre. -
Voulez-vous divorcer? Allez, couples, allez
à Reno. Sur un simple aveu d'incompatibilité
d'humeur, les tribunaux de l'Etat de Nevada
vous désuniront après six mois de séjour.
De tous côtés, on vient se fixer dans la
cité libératrice. On n'y trouve pas que des
juges compatissants. Théâtres, music-halls
et autres lieux de plaisir offrent aux hôtes
de Reno toutes distractions idoines à égayer
la période d'attente obligatoire. Que fait-on
applaudir aux victimes du mariage? Evi-
demment les Surprises du divorce, Divor-
çons, la Divorcée, et, sur les affiches, ces
titres évocateurs doivent être complaisam-
ment lus. En revanche, les Noces de Jean-
nette, la Petite mariée et tous les mariages
scéniques, qu'ils soient contractés par Figaro
ou Mlle Beulemans, sont assurés du plus
vif insuccès. On ne parle pas de corde dans
la maison d'un pendu ni de liens au pays
de la séparation.
Voilà qui suffit à la renommée d'une ville,
ou, mieux, qui replace Reno en vedette. Le
match Johnson-jeff ries n'est plus de toute
dernière actualité.
-;c-
Le prix de « Je sais tout ».
Une école- de la Critique? demandions-
nous il y a quelque jours, pour éclairer l'opi-
nion sur des attaques assez violentes dirigées
contre le droit de dire, ou mieux, d'écrire
son avis. M. Pierre Lafitte vient de fonder
un prix littéraire qui aiderait — si besoin
en était aujourd'hui — à la consécration
d'un sacerdoce tant décrié.
Mille francs seront attribués chaque année,
au mois de décembre, par les soins de l'Asso-
ciation de la Critique littéraire, à un critique
littéraire professionnel collaborant régulière-
ment à un journal ou à un périodique.
Le jury sera composé de MM. Paul Re-
boux, Henri Chantavoine, Marcel Ballot,
Gaston Deschampsl Henri Barbusse, Paul
Dupray.
Censeursl à l'oeuvre!
— x—•
Demain jeudi, à huit heures et demie,
Dejairire sera donnée au Théâtre du Ca-
sino Municipal d'Enghien au profit du
Comité d'aviation militaire. Dire que les
interprètes de cette belle œuvre seront
Mmes Litvinne, Charny, Dilson; MM. Mu-
ratore et Dangès, c'est affirmer par avance
le succès de cette soirée appelée à marquer
dans les fastes artistiques de la célèbre sta-
tion thermale qui a déjà tant fait en faveur
de l'aviation militaire.
Ajoutons que demain, et pour toute une
semaine, l'intrépide Chevillard, pilote au-
dacieux autant qu'adroit, reprend ses expé-
riences d'hydro-aéroplane qui ont, il y a
peu de temps, enthousiasmé la foule massée
S'ur les rives du lac d'Enghien. Le même
triomphe est promis cette fois encore au
sympathique aviateur.
-x-
Ne vendez pas vos bijoux sans les sou-
mettre' à Bernard Menkin, qui achète le plus
cher. 2, rue de Sèzei de 2 h. à 6 hr Téléph.
151-27.. Expertises -
Nouvelle à la main.
Notre confrère Fantasio organise un plé-
biscite pour que soit élu un nouveau prince :
le prince des raseurs.
Calino prend aussitôt conseil de son per-
ruquier, qui lui répond sans hésiter :
- Le prince des 'raseurs, c'est moi!
Le Diable boiteux.
FEUILLETS
Oui, mais.
SUN-YA-SHEN
habille mieux 1
Car il les habille Sun-Ya-Shen, le réfor-
mateur chinois. Désormais, les mandarins,
les fonctionnaires de la Chine nouvelle de-
vront être vêtus à l'Européenne. iRedingote
noire, chapeau haut et souliers de cuir, aux
heures de service ; melonl jaquette ou veston
dans l'intervalle. Plus de robes, plus de
souliers de soie brodée. Le noir est toujours
habillé!.
Il y a une belle affaire à entreprendre
pour les laissés pour compte des grands tail-
leurs de la vieille Europe.
Les représentants de la Chine nouvelle
réunis en corps auront un peu l'air de ces
figurants destinés à meubler un salon de
gens du monde dans un théâtre de drame.
Des têtes à l'huile!
Ce n'est pas tout de revêtir nos costumes,
il faut encore savoir les porter. Nous pré-
voyons une profession nouvelle pour nos
jeunes dandys décavés : professeurs de tenue
à Pékin, et préconisant diverses coupes, selon
les types différents. Pour les minces, la re-
dingote à la Le Bargy; pour les moyens, les
amples revers à la Deschanel; pour les.
puissants, la redingote ouverte à la Fallières ;
pour les débraillés, les basques au vent à la
Pelletan.
Mais la réforme n'est pas complète. Avant
peu, ayant proscrit l'opium, frère des rêves,
Sun-Ya-Shen interdira le the, et pour se
faire une âme d'Europe, après s'être créé une
enveloppe d'Européen, les Chinois boiront
des boissons européennes.
Oh! le @ jour où le représentant chinois s'en-
verra le matin un petit amer grenadine, à
midi un bitter, à quatre heures une absinthe !
et quelques wisky avant de se coucher, ce
jour-là, coiffé1 vêtu, chaussé de sombre, cet
homme d'Extrême-Orient, allumé à l'inté-
rieur, aura une âme divagante, nerveuse et
instable, fantaisiste, illuminée de caprices et
appesantie de veulerie. Il aura tout à fait
cessé d'être un philosophe, un résigné, un
rêveur noble, un homme en harmonie avec la
nature, il sera un mécontent, un tapageur,
un braillard, un brouillon, un bavard, un
blagueur : il sera tout à fait un politicien.
Pauvre Chine, lasse d'être à fimage de
ces bons poussahs paisibles, emblèmes de
béatitude et de bonhomie, à quoi vas-tu res-
sembler dans tes noires redingotes ?. A
une grande famille en deuil.
Confucius! tes boudlhas, tes lettrés, tes
artistes avaient eu - pourtant une conception
de la beauté non dédaignable. Oui, mais
Sun-Ya-Shen habille mieux!
-b- , Swing,
---.----. -
Par les cheveux !
Ça n'allait déjà pas si bien ; qu'allons-
nous devenir s'il nous faut être victimes
du conflit qui vient de s'élever .entre les
coiffeurs .et les pharmaciens ? Figaro n'en-
tretient plus de relations de bon voisinage
avec M. Florent et, bien entendu, c'est le
public qui sera victime.
En effet, nous ne pouvons pas plus nous
passer de l'un que de l'autre. Ah ! si les
fabricants de verres fumés étaient en con-
flit avec les fabricants de salaisons, on
pourrait, à la rigueur, se passer des pre-
miers et des seconds en ne consommant
que du porc frais et en remplaçant les ver-
res bruns par des verres bleus. Mais com-
ment, les pharmaciens et les coiffeurs
étant en querelle, ne pas se laisser prendre
un doigt entre l'arbre et l'écorce ?
Hélas ! au siècle où nous vivons, c'est
le médecin qui rédige nos menus, et les
pilules, les poudres sont à la base de no-
tre alimentation. D'autre part, le plus
chauve d'entre nous conserve bi'en, de ci,
de là, quelque poil follet, voire folâtre, qui
réclame, ainsi qu'une opulente toison, les
soins d'un homme de l'art.
Or, vous verrez que les coiffeurs, qui dé-
jà refusaient de nous raser le lundi, et les
pharmaciens, dont la bonté s'étendit jus-
qu'à nous faire savoir qu'au delà de huit
heures du soir nous risquions, en exigeant
leurs services, de mourir à la manière
d'un familier des Borgias, vont en profiter
pour augmenter leurs prix -et nous servir
un peu plus mal.
Car c'est là le fait brutal, catégorique,
.jnéluctabl,e, les coiffeurs dressent contre
les pharmaciens l'étendard de la révolte,
étendard qui ne peut, en l'occurence,
qu'être celui du Portugal.
L'événement s'est produit pas plus tard
qu'hier, dans la matinée, et la nouvelle
s'en répandit dans Paris comme une traî-
née de poudre de riz. En vérité, belle le-
vée de rasoirs et avec de tels rasoirs se
mettre en grève devient un plaisir. Car il
est bien clair que quelque chose de ce gen-
re nous menace, et que, si ce n'est pas une
grève, ce sera le lock-out.
Au congrès des patrons coiffeurs, de vi-
riles résolutions ont été prises.
Nous avons pu, à ce sujet, interroger un
des plus distingués membres de l'Institut
capillaire. Nous lui avons demandé :
- Pourquoi êtes-vous si heureux ?
- C'est parce que. Mais non, qu'al-
liez-vous me faire dire ? Je ne suis pas
iheureux. Vous avez devant vous un artis-
te humilié et un commerçant lésé. Nous ne
tolérerons plus désormais que les phar-
maciens ajoutent à leur commerce la ven-
te des produits relatifs à l'entretien du cuir
chevelu. Le -cuir chevelu nous appartient,
c'est notre domaine, notre fief et nous ne
permettrons pas à d'autres d'y toucher !
— Pourtant les pharmaciens pourront
vous répondre que les lotions capillaires
sont dues au génie des chimistes et que.
— Nous leur fermerons la bouche d'un
mot : Il y a la manière ! Le produit n'est
rien, l'application est tout. Que ces mes-
sieurs nous laissent le cuir chevelu et nous
vivrons en bonne intelligence. Est-ce que
nous nous permettons, sous prétexte que
nous tenons tous les crânes du monde eJ1-
tre nos mains artistes, est-ce que nous
nous permettons, dis-je, de vendre des ca-
chets contre le mal de tête, voire contre le
mal aux cheveux Je serais curieux de
savoir ce que vous répondrez à cela, vous
qui savez tout 1
— Moi, mais.
— Une délégation des patrons coiffeurs
se rendra dans quelques jours au ministè-
re du commerce et, s'il le faut, nous dé-
poserons un projet de loi sur le bureau de
la Chambre.
Je quittai le salon de coiffure non sans
laisser choir, par habitude, un décime
dans le tmnc de fer-blanc, geste qui me
valut les enthousiastes « Merci, M'sieur ! »
du personnel présent à l'entretien.
De son côté, un pharmaeien nous a dit :
— Vièille querelle, Monsieur ! Le désac-
cord est complet entre les pharmaciens et
les coiffeurs depuis l'abandon de la sai-
gnée dont ils eurent, au cours des oiècles, :
le monopole. Mais nous ne nous laisserons
pas damer le pion par caa messieurs.'
Nous résisterons. Est-oe que nous cher-
chons noise aux décorateurs du Salon
d'automne qui transforment des pots de.
pharmacie en appareils d'éclairage ? C'est
pourtant beaucoup plus grave ! D'ailleurs,
si les coiffeurs obtiennent gain de cause,
nous augmenterons les autres produit,-,. On
nous a, tour à tour, retiré le sucre, le sel,
que nous laissera-t-on ? Allez donc en
Amérique, vous y verrez les pharmaciens
vendre librement des cigares, du tabac,
tes timbres-poste, des journaux, des bou-
tons de manchette ; les coiffeurs améri-
cains ne songent pas à s'en plaindre. Que
les nôtres prennent exemple sur eux. Ce
que je dis est clair comme de l'eau bouil-
lie, mon cher Monsieur.
André Tourette.
Histoire d'une réforme
I
LE DÉPUTÉ ARTISTE ET AMI DES PAYSAGES.
— C'est dégoûtant, monsieur le ministre, les
plua beaux sites de France sont gâtés par les
panneaux-réclames. On vous dit : regardez là"
à gauche, ce superbe point de vue. Vous
regardez, et vous voyez un biberon haut de
trois mètres qui a l'air de vous conseiller de
retourner à l'enfance. En chemin de fer"
dans les plus belles régions du pays, vous
circulez entre une double haie d'annonces
pour des eaux minérales, des viandes en
boîte, des complets, des appareils photogra-
phiques et des remèdes aux maladies les
moins avouables. Ne pourriez:'l'ouS prendre
une mesure pour empêcher cette barbarie?
LE MINISTRE. — Certainement; avec plai-
sir ; je suis artiste avant tout. Comptez sut.
moi.
II •
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. — fai pris
Vengagement de défendre la France contre
les panneaux-réclames, ce philoxera des pay-
sages. Mais le diatte m'emporte si je sais
comment m'y prendre!
LE MINISTRE DES FINANCES. — C'est bien
simple. Vous ne pouvez pas Interdire aux
propriétaires de mettre dans leurs champs
ce qu'ils veulent. Mais vous pouvez frapper
les pamzeaux-réclames d'un impôt tel que.
persontie ne veuille plus y recourir.
LE PRÉSIDENT. — C'est juste, mon chef
collègue, préparez le projet.
III
LE DÉPUTÉ AMI DES PAYSAGES, votant la
loi. — Ah! ah! ah! enfin! Vivent le mz'nÍ's'frt
des finances et la beauté de la France!
IV
LE COURTIER EN PUBLICITÉ, au proprié.
taire du champ. — Mon cher ami, je regretté
beaucoup. Mais l'Etat a mis i,n impôt terri-
ble sur les panneaux-réclames. Je suis obligé
de renoncer aux emplacements que je vous,
ai loués, à moins que vous r.e me consentiez
une forte réduction de prix. C'est à prendre
ou à laisser.
LE PROPRIÉTAIRE. — Ben, j'veuxbcll,
puisqu'il y a pas moyen de faire autrement.
Mais pour lors, faut m'en mettre dans tout
l'champ, au lieu de poisser du vide entre eux.
Le vide, ça rapporte rien!
LE COURTIER. — Entendu, cher ami, je
ferai de mon mieux.
V
LE DÉPUTÉ AMI DES PAYSAGES, circulant en
chemin de fer. —. Oh! voilà qui est curieuxl,
Avant le vote de l'impôt sur les panneaux-
réclames, on voyait encore de temps en temps
un arbre ou un bout de rivière. Maintenant,
on ne' voit plus rien ; il y a des panneaux
partout.
VI
LE MINISTRE DES FINANCES. — Excellente
idée que cet impôt sur les panneaux-réclames.
Ça rentre, ça rentre! (Il se frotte les mains.)'
Fancy.
Les grandes Manœuvres
La démonstration militaire de 1912
commence aujourd'hui.
, Loudun,. 10 septembre.
Il est (Je mode, pour tout. journaliste
qui fait le compte rendu des grandes
manœuvres, de décrire préalablement,
en flattant ses habitants, la ville où est
installé le quartier général. Cette an-
née, c'est Loudun qui aura notre petit
couplet. Loudun est une ville char.
mante, qui compte 4.500 âmes. Les
Loudunais sont, aimables, grands bu-
veur,s.et grands chasseurs. - Les Loudu-
naises sont aecortes et gaies. En vérité,
c'est un grand village, où l'on mange
bien et où les lits sont excellents. Théo
phraste Renaudot, notre père a. tous, y
naquit en 1600, et tous les Loudunais
savent qu'il fonda la Gazette de France ;
ils ont, par conséquent, beaucoup d'es-
time pou,s les membres de la presse.
Toute la* région a pris un pittoresque
aspect qu'elle gardera durant plusl.eurf
jours. Aux abords des villages, les fais-
ceaux sont dressés ; les lignards von £
XE NUMERO l€l2 CENTIMES
MERCREDI 11 - SEPTEMBRE 1912.
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
30, rue Louis-le-Grand
PA RIS (2. Arr.)
TÉLÉPHONE
Direction, Administration, Rédaction. 266.01
Ligne Interurbaine. 102.74
De minuit à 3 heures du matin 312.11
Télégr. Gil Blas Paris
Pierre MORTIER
Directeur
POUR LA PUBLICITÉ
S'adresser 30, rue Louis-le-Gran.
A L'HOTEL DE GIL BLAS
ABONNEMENT
Trois mois Six mois ITnan
Paris et Départements. 9 Il 18 » 34 »
Etranger (Union postale).. 17 » 32 » 60 »
On s'abonne dans tous les Bureaux de poste
de France et d'Algérie
SOMMAIRE
LE CLUB DES CHIENS, par Nozière.
Our, MAIS. SUN-YA-SIIEN HABILLE MIEUX,
par Swing.
PAR LES CHEVEUX, par André Tourette..
HISTOIRE D'UNE RÉFORME, par Fancy.
LES GRANDES MANŒUVRES, par Paul Andry.
LE CONTE : Le père La Brioche, par Clé-
ment Carel.
LA GALERIE : La Comédie boulevardière,
pas: Paul Adam.
LA FEMME A LA CHASSE, par le baron de
Vaux.
LES LETTRES : Pourquoi écrit-on? par Henry
Postel du Mas.
LES ARTS ; Enquête sur la Sculpture de
plein air.
LE THÉÂTRE : Les Reprises, par Georges
Pioclt. — A l'Opéra-Comique : Rentrée
de Mlle Mary Garden dans la Tosca, par
Isidore de Lara.
LE FEUILLETON : Bouchon do paille, par
Maurice Montégut.
be Club
-des chiens
- fffv'.r 'fi
En apprenant qu'un olub de chiens
menait d'être ,créé à Londres, je me suis
senti très bumiaié. Je me isuis dit que
la France n'était plus la nation qui in-
dique aux autres peuples la voie du
progrès et de la civilisation. Pourquoi
un- de nos compatriotes n'a-t-il pas eu
cette idée sublime ? Gomment avons-
nous permis que l'étranger prit cette
glorieuse initiative ? Je .me suis effor-
cé-de me consoler en songeant que ce
sont nos amis qui ont formé ce (beau
projet ; l'entente cordiale en reçoit un
éclat nouveau. Cependant, j'aurais bien
voulu que ce club s'ouvrît à Paris.
Mais nous devons nous résigner aux
caprices de la destinée. L'essentiel est
de ne pas se laisser abattre. Je me suis
bientôt ressaisi et je vais doter ma pa-
trie de cette noble institution.
Je suis heureux et fier d'annoncer
au public 'que, dans quelques semaines,
un club de chiens existera aussi à Pa-
ris. J'ai pris en location un petit hôtel
dans une rue paisible du quartier Mon-
ceau. Je sais que notre cercle sera voi-
sin de ces maisons de jeux qu'on ap-
pelle clandestines parce que personne
ne peut ignorer leur existence. Maïs je
ne veux pas me laisser arrêter par un
tel scrupule. J'affirme que ces tripots,
comme disent les malveillants, sont di-
gnes de respect. S'ils faisaient courir
quelque danger à la morale publique,
Sa justice ne se hâterait-elle ipoint de
les supprimer ? Or, ils reçoivent, cha-
que mois, la visite d'un commissaire
ide police. Il est vrai qu'il s'empare des
enjeux et c'est une formalité dont le
sens m'échappe. Puis, comme le prési-
dent sur qui Ferny ifit une ohanson, al
salue, sourit et sort, — en promettant
de revenir dans quelques semaines.
On voit donc que l'industrie de ces éta-
blissements est légitime et îlégaIre : ils
fonctionnent sous la surveillance at-
tentive et intéressée de l'autorité. Je
n'ai donc pas hésité à établir auprès
d'eux le cluib des chiens.
La difficulté, en ces sortes d'affaires,
est de choisir un président. Il faut que
ce soit un personnage honorable et in-
discutablement Jrançais. m ne suffit
pas d'être né en France, de parents
français, et d'accomplir tous îles de-
voirs et de supporter toutes les charges
qui incombent au citoyen français pour
être indiscutablement français. Il faut
que tous les aïeux soient ifranç,,ais. Pour
être candidat à une telle charge, il faut
n'avoir dans les veines que du isang
français. Il sied de faire une exception
en faveur ides rois et de leur famille
qui doivent à des nécessités. politiques
un .sang très mélangé, le sang impur
dont parle évidemment l'hymne illus-
tre. II. serait !impossible de placer à la
tête de ce cercle un chien oui ne serait
pas enraciné à notre sol. ïve songeons
pas au loulou de Poméranie : ce serait
presque une trahison. Il ne convient
même pas d'appeler à ce poste ôminent
le tlévrier russe. Un grillon d'Athènes
éloignerait aussitôt toute la clientèle :
.car, dans ce olub, on jouera.
II va sans dire que le seul jeu qui.
sera pratiqué est le baccara. Il est pos-
sible, en effet, d'apprendre aux chiens
à reconnaître un huit ou un neuf et à
faire de petites additions. Pour régler
les paris nous ferons appel à certains
ohiens qui excellent dans l'art du cal-
cul et que nous avons vus au imllsic-
haill. La part de fEtat sera versée dans
les petits paniers que tiendront des ca-
niches pour mendiants aveugles : ils
seront les représentants du gouverne-
ment. La tranquillité sera assurée par
-des molosses et des chiens de police.
Pour faire partie du cercle, un chien
devra prouver qu'il est de race pure.
Certainement nous ferons une enquête
sur sa moralité. Nous ne recevrons pas
îles chiens qui sont notoirement mal-
honnêtes. S'il y a doute, mais si le
candidat appartient incontestablement
à une noble famille, il sera admis.
Mais nous repousserons tous les mâ-
tins, à moins qu'ils ne-soioent très ri -
ches. Nous montrerons quelque indu!
gence pour les chiens savants et qui se
livrent à des arts d'agrément.
Le jeu ne sera pas le seul but que
(poursuivra le cercle. Il organisera des
içxpositionis. Chaque année, dans une
grande salle, nous réunirons les por-
traits et les bustes des membres les
plus influents, et aussi des tableaux
(représentant des scènes familières ou
attendrissantes : le Marmiton et le
Chien de M. Chocarne Moreau, Effet
d'un coup de vent sur les chiens de M.
Jean Béraud. Une importance particu-
lière sera donnée à l'élégance des
I chiens et des chiennes. M. François
Flameng nous a promis les portraits
de trois chiennes anglaises à la façon
de Gainsborough, et M. Boldini, deux
études de chiennes tourmentées ; il les
a étudiées à un moment qui est parti-
culièrement digne d'intéresser le pein-
tre et le psychologue ; celui où elles ont
des vers. M. Gervex achève une déli-
cieuse composition : la Journée des
Draqs sur la piste des greyhounds. M.
de La Gandara nous donnera l'image
d'une chienne havanaise, exécutée avec
une vigueur très espagnole. Nous pou-
vons annoncer un ühef-d'œuvre : la
Neurasthénie du colley que prépare M.
Jacques Blanche. Enfin, tous les pa-
triotes se découvriront respectueuse-
ment devant la belle page du maître De-
taille : les Chiens du régiment.
Ai-je besoin d'ajouter que le cercle
ne négligera point l'art dramatique et
musical ? D'ailleurs quelques actrices
nous ont déjà demandé de recevoir
leurs chiens. Mile Spinelly nous a sol-
licités en faveur de son bull qui s'ap-
pelle Dranem et d'un animal bizarre
dont les longs poils traînent à terre et
- qu'elle nomme Rodin. Mlle Monna Del-
za nous a priés d'inscrire son chien
chinois et Mlle Madeleine Carlier sa
meute de loulous. Mais, comme chacun
sait, la société éprouve de l'éloignement
pour le monde du théâtre. Les fêtes
qui furent données à Deauville ont
prouvé que les épouses ne veulent pas
coudoyer les femmes qui paraissent sur
la scène. Je ne sais si les mondaines
souffriront que leurs chiens vivent
dans l'intimité des animaux qui appar-
tiennent aux comédiennes. II y a là un
problème dont la solution; est délicate.
Nous devrons (peut-être créer deux cer-
cles : le premier serait strictement ré-
servé aux bêtes qui appartiennent à des
gens d'existence régulière.
Je dois ajouter que la table sera re-
marquable. J'ai engagé un chef qui
connaît merveilleusement les exigences
des estomacs canins. Chaque membre
du cercle trouvera la pâtée qui lui con-
vient. Après le repas, un noble salon
s'offrira pour la. sieste. Sur de vastes
fauteuils, aux coussins moelleux, les
chiens pourront digérer et s'endormir.
Pour dissimuler ce sommeil, dont sou-
vent on a honte, ils auront près d'eux
des journaux et des livres sous les-
quels ils pourront se cacher. Je ne mé-
connais pas, comme on voit, l'utilité
d'une bibliothèque dans un cercle.
Je n'ai pas encore établi le prix de la
cotisation. Mais que les .intér,essés se
rassurent : il sera très élevé. Il importe
en effet de ne pas admettre dans le club
ces chiens pauvres qui donnent à l'En-
nemi du peuple une si fâcneuse leçon
de philosophie sociale. Nous ne voulons
que des chiens qui se conforment aux
prescriptions de la civilité puérile et
honnête, qui soient, en général, respec-
tueux de toutes les lois. Nous proscri-
rons d'ailleurs du club tous les ouvrages
subversifs : tableaux et sculptures qui
ne sont pas conformes à l'enseigne-
ment de l'Institut, volumes que l'Aca-
démie pourrait ne pas approuver. Sur-
tout nous brûlerons impitoyablement
tous les exemplaires du livre mons-
trueux qui contient cette pièce :
Y a-t-il rien qui vous agaoe,
Comme un' levrette en pal'tot
Quand y a tant 'd'gens sur la place,
Qui n'ont rien à s'mettre sur l'dos ?
Poète barbare !
,. Nozière.
«fr—
Echos
Les courses. - •.
CHANTILLY, mecredi II septembre, à 2 h.
Pronostics de Gil Blas :
Pirix de Boran. — Bobêche 11, Totote.
Prix de Commelles. — Ben Y. Gloé, Quo-
rum Il.
Prix de la Masselière. — Patte d'Oie,;
Porte Dorée.
Prix de Blaison. — Saint Pé, Don Ra-
mire.
Prix Vermont. — Wagram 11, Hardie.
Prix des Tribunes. - Ténor" Carlopolis.
-:)t"",,"
Hier, mardi.
Les roses de septembre ont fini de s'ef-
feuiller au corsage des femmes et les arbres
atteints par le froid ont perdu leurs der-
nières feuilles, qu'hier encore, le vent chas-
sait sur le sable des allées, puis éparpillait
comme un envolement d'oiseaux.
Le ciel bas a l'air d'une coupe renversée
de métal gris, mais une jolie habitation rend
l'hiver plus poétique1 et l'hiver n'augmente-
t-il pas la poésie de l'habitation?.
-x-
Nos hôtes.
Nous apprenons que le czarevitch et les
filles du czar viendront faire un séjour de
quelques mois à Biarritz.
La czarine aurait l'intention de rejoindre
ses enfants en France.
Enfin l'on attend aussi à Biarritz la venue
prochaine du ministre des affaires étrangères
de Russie.
— x —
Le grand-duc Nicolas en France.
M. Fallières, qui est à Rambouillet, et
M. Raymond Poincaré, qui se trouve en ce
moment à Cabourg, interrompront leurs va-
cances pour venir aujourd'hui à Paris rece-
voir le grand-duc Nicolas de Russie. Ce
prince, qu'intéressent vivement toutes les
questions -militaires, vient, comme l'on sait,
en France, pour assister à nos grandes ma-
nœuvres. A cinq heures, il sera dans nos
mors.
Demain, jeudi, M. Fallières offrira en
son honneur un déjeuner à l'Elysée.
-x-
Couronne.
Nous avons le prince des poètes. Nous
aurons le prince des auteurs dramatiques. Et
le prince des conteurs, bien que son élection
soit discutée, est couronné.
Fantasio propose un nouveau trône.
L'amusant bi-mensuel demande quel est le
prince des raseurs. Il faudra le choisir, ce
prince, dans n'importe quel domaine. Les
votes, qui devront être motivés et signés, se-
ront reçus jusqu'au premier octobre.
Que de gens vont trembler! Mais le raseur
a-t-il conscience de l'ennui qu'il dégage? Et
une petite question. Peut-on cumuler? Le
même front pourra-t-il porter deux couron-
nes ?
Du théâtre à la tribune.
Pour ceux qui le vont voir à Cambo,
M. Edmond Rostand est le plus aimable des
hôtes. Il recevait dernièrement M. Edouard
Herriot et lui fit grand accueil.
On échangea des opinions littéraires. L'his-
toriographe de Mme Récamier fut disert et
charma le poète des Musardises, qui le lui
rendit bien. Mais pouvait-on, devant le
maire de Lyon, le nouveau sénateur, oublier
les affaires publiques? M. Rostand — qui
portait une redingote grise — se laissa aller
à des confidences.
« On m'écrit, dit-il, on m'écrit pour que
je sorte de ma tour d'ivoire. Les jeunes gens
de France veulent que je descende dans
l'arène politique. Et il se pourrait bien qu'un
jour prochain. D
M. Edouard Herriot sauriaitt approuvait.
Mais du désir à la réalisation il y a loin,
parfois.
Et il faut songer aux mares stagnantes.
Les hôtes de ces mares, celui' qui écrivit
Chantecler ne les ménagea point.:
-x--
Salez, et puis versez !
C'est une des dernières lavallières blan-
ches, encore qu'il ne soit pas, sa barbe
blonde l'atteste, un survivant de la généra-
tion des Sardou et des Catulle Mendès.-.
Il est douxl il est triste, bien que satis-
fait de soi. Il est chaste et travaille dans la
volupté, avec une belle régularité, comme
un scribe pacifique se rendant chaque matin
au ministère de la guerre.
L'autre jour, s'étant laissé débaucher par
un jeune poète dont les relations ne sont
pas assez nombreuses pour qu'il puisse faire
le difficile et choisir entre ses aînés, l'écri-
vain triste et blond échoua dans un café
voisin de l'Odéon.
.-Co Ah ! mon ami, confia-t-il au débetant,
en dégustant un amer, vous ne savez pas quel
enfer est le monde littéraire. Ainsi, moi qui
vous parle, j'ai été odieusement exploité
pendant dix ans par cette fripouille de.
(ici le nom d'un cher confrère, son ex-colla-
borateur) ; il prenait la part du lion, le mi-
sérable, et, cependant, c'est moi qui écrivais
tout. Qu'est-ce qu'il faisait lui, je vous le
demande? Peuh! Il mettait le style!
Oh! le style dont on saupoudre le plat
littéraire! Mais le plus drôle c'est que ce
n'est même pas vrai. Le style étant ce qui
manque le plus aux ouvrages des siamois
désiamoïsés..
--x-
Susceptibilité.
Il ne dirige pas. Mais ses fonctions le
devraient faire respecter des turbulents ré-
dacteurs du périodique. Les rédacteurs, quoi-
que gens fort bien élevés, ne se gênent point
pour le traiter « de la tête aux pieds »,
comme disent les bonnes gens. Et dans le
bureau de notre homme, ce sont souvent dis-
cussions âpres, échange de mots assez vifs.
Grand émoi l'autre jour. Le dignitaire,
assis devant sa table, subit deux assauts, car
deux reporters, brandissant, l'un des papiers,
l'autre son porte-plume, l'invectivent à qui
mieux mieux. Entre un important fonction-
naire de la maison. La scène le surprend,
il fronce le sourcil. Les crieurs s'éclipsent.
A peine la porte s'est-elle refermée sur
eux que leur victime change d'attitude. De
paisible et passif qu'il était, le dignitaire
devient farouche. Ses yeux lancent des flam-
mes. Il brandit le poing et, s'adressant à
celui qui mit fin à la cérémonie : 'l-
— Vous avez entendu, dit-il, comme ils
me traitent. Est-ce que vous supporteriez ça,
vous?
-x-
Le Métro et les chiens.
Le Métro n'accueille pas les chiens. On
connaît pourtant mainte dame qui, bien que
possédant automobile ou coupé, mit à profit
l'ampleur d'un manchon pour dissimuler un
loulou ou un king-charles, et se procurer
ainsi le charmant plaisir de braver un dé-
cret sur Champerret-G.imbetta ou Clignan-
court-Orléans.
Le comte Clary, président du Saint-/iu-
bert Club de France, pour répondre aux
vœux de nombreux chasseurs parisiens, vient
d'écrire aux secrétaires généraux des compa-
gnies de locomotion souterraine. Il demande
que des voitures spéciales soient ajoutées à
certains trains du matin et du soir. Et l'on
pourrait, moyennant l'n supplément, admet-
tre les amis de l'homme, les précieux auxi-
liaires du chasseur.
Les mythologues érudits qui, prenant le
Métro ou le Nord-Sud, croient, nouveaux
Orphées, descendre au pays des ombres et sa-
luent pour Minos l'humble contrôleur, au-
ront l'illusion plus complète en entendant
sous les voûtes noires aboyer les chiens de la
triple Hécate.
— x
Un trust.
Il paraît qu'il est temps d'émigfer et que
notre vieille terre d'Europe est vermoulue
jusqu'au tréfond. Les rats nous donnent un
vigoureux et salutaire exemple : lorsqu'ils
sentent que le vaisseau qui les porte com-
mence à manquer de stabilité, ils profitent
de la première escale pour secouer sur lui
la poussière de leurs pattes et décamper à
l'anglaise. Un instinct très sûr les avertit de
cette circonstance évidemment fâcheuse. No-
tre supériorité d'homme nous donne M. le
docteur Albert Nobles pour nous instruire
de l'état minable où se trouve notre plancher.
Ce savant qui professe les sciences écono-
miques à Philadelphie affirme, selon la
Tribuna, que dans soixante ans au plus
l'Europe aura vécu :
« Le vieux monde disparaîtra sous les
eaux, puisque la croûte terrestre, dans les
limites du continent européeni est perforée
en tous sens par une immense galeriç sou-
terraine qui se remplit de matières volca-
niques.
« La croûte terrestre encore intacte cédera
sous la pression du feu interne et sera dé-
truite par une série de phénomènes érup-
tifs. •»/
L'éminent docteur ajoute que le Gulf
Streahi, détourné de son cours, réchauffera
doucement les seules côtes d'Amérique, tan-
dis que le peu qui restera de l'Europe sera
glacé par un courant polaire. Evidemment,
l'Amérique va tenter un nouvel accapare-
ment: le trust des richesses naturelles et des
bienfaisantes influences atmosphériques.
Allons tant mieux, les étoiles des U. S. A.
en brilleront plus purement.
-x-
Les petits cadeaux.
M. Enderli, avocat à Zurich, est socia-
liste. Il est aussi un brillant officier de chas-
seurs. Et c'est comme officier qu'il escorta
le kaiser pendant le séjour impérial en
Suisse.
Pour témoigner sa gratitude, Guillau-
me II offrit à M. Enderli une épingle de
cravate que surmontait le W orné de pierres
précieuses. Il y eut certainement une lutte
violente entre les principes de l'avocat. L'of-
ficier fut séduit, le socialiste s'indigna. Mais
après un combat terrible, l'élément militaire
eut le dessus comme bien l'on pense. Et
l'épingle fut acceptée.
Nul ne dit si M. Enderli remit au kaiser
les cinq centimes — les dix pfennigs en l'oc-
curence - qui gardent l'amitié des fâcheu-
ses piqûres. Mais quelques « purs » se sont
indignés. Timeo Danaos, disait cet homme
d'un autre âge.
X-
Réquisitoire.
SavOnarole a perdu son temps et bien
d'autres après lui? Le père Gaffre aura-t-il
de l'influence?
Le prédicateur dont la dernière station à
la Trinité fut très remarquée vient de faire
une conférence au casino de Saint-Pair. Le
sujet : émancipation intellectuelle de la
femme. Les auditrices étaient nombreuses
pour ouïr de très dures vérités. Tel ce père
André- dont Tallemant de Reaux nous rap-
porte la franchise, le père Gaffre railla les
modes, s'éleva contre les chapeaux-monu-
ments, -les corsets de torture1 les entraves,
symbole d'esclavage.
Un chroniqueur mondain assistait à la
conférence. Il rencontra à la sortie une de
nos élégantes les plus résolument persanes
qui, furieuse, cherchait à se venger.
— Un prêtre dans un casino, clamait-elle.
Si cela est permis!
Notre ami ne trouva que cette excuse :
■— Bah! dit-il, au casino du. Saint-Pair.
—x ■***+ -
Désunion libre. -
Voulez-vous divorcer? Allez, couples, allez
à Reno. Sur un simple aveu d'incompatibilité
d'humeur, les tribunaux de l'Etat de Nevada
vous désuniront après six mois de séjour.
De tous côtés, on vient se fixer dans la
cité libératrice. On n'y trouve pas que des
juges compatissants. Théâtres, music-halls
et autres lieux de plaisir offrent aux hôtes
de Reno toutes distractions idoines à égayer
la période d'attente obligatoire. Que fait-on
applaudir aux victimes du mariage? Evi-
demment les Surprises du divorce, Divor-
çons, la Divorcée, et, sur les affiches, ces
titres évocateurs doivent être complaisam-
ment lus. En revanche, les Noces de Jean-
nette, la Petite mariée et tous les mariages
scéniques, qu'ils soient contractés par Figaro
ou Mlle Beulemans, sont assurés du plus
vif insuccès. On ne parle pas de corde dans
la maison d'un pendu ni de liens au pays
de la séparation.
Voilà qui suffit à la renommée d'une ville,
ou, mieux, qui replace Reno en vedette. Le
match Johnson-jeff ries n'est plus de toute
dernière actualité.
-;c-
Le prix de « Je sais tout ».
Une école- de la Critique? demandions-
nous il y a quelque jours, pour éclairer l'opi-
nion sur des attaques assez violentes dirigées
contre le droit de dire, ou mieux, d'écrire
son avis. M. Pierre Lafitte vient de fonder
un prix littéraire qui aiderait — si besoin
en était aujourd'hui — à la consécration
d'un sacerdoce tant décrié.
Mille francs seront attribués chaque année,
au mois de décembre, par les soins de l'Asso-
ciation de la Critique littéraire, à un critique
littéraire professionnel collaborant régulière-
ment à un journal ou à un périodique.
Le jury sera composé de MM. Paul Re-
boux, Henri Chantavoine, Marcel Ballot,
Gaston Deschampsl Henri Barbusse, Paul
Dupray.
Censeursl à l'oeuvre!
— x—•
Demain jeudi, à huit heures et demie,
Dejairire sera donnée au Théâtre du Ca-
sino Municipal d'Enghien au profit du
Comité d'aviation militaire. Dire que les
interprètes de cette belle œuvre seront
Mmes Litvinne, Charny, Dilson; MM. Mu-
ratore et Dangès, c'est affirmer par avance
le succès de cette soirée appelée à marquer
dans les fastes artistiques de la célèbre sta-
tion thermale qui a déjà tant fait en faveur
de l'aviation militaire.
Ajoutons que demain, et pour toute une
semaine, l'intrépide Chevillard, pilote au-
dacieux autant qu'adroit, reprend ses expé-
riences d'hydro-aéroplane qui ont, il y a
peu de temps, enthousiasmé la foule massée
S'ur les rives du lac d'Enghien. Le même
triomphe est promis cette fois encore au
sympathique aviateur.
-x-
Ne vendez pas vos bijoux sans les sou-
mettre' à Bernard Menkin, qui achète le plus
cher. 2, rue de Sèzei de 2 h. à 6 hr Téléph.
151-27.. Expertises -
Nouvelle à la main.
Notre confrère Fantasio organise un plé-
biscite pour que soit élu un nouveau prince :
le prince des raseurs.
Calino prend aussitôt conseil de son per-
ruquier, qui lui répond sans hésiter :
- Le prince des 'raseurs, c'est moi!
Le Diable boiteux.
FEUILLETS
Oui, mais.
SUN-YA-SHEN
habille mieux 1
Car il les habille Sun-Ya-Shen, le réfor-
mateur chinois. Désormais, les mandarins,
les fonctionnaires de la Chine nouvelle de-
vront être vêtus à l'Européenne. iRedingote
noire, chapeau haut et souliers de cuir, aux
heures de service ; melonl jaquette ou veston
dans l'intervalle. Plus de robes, plus de
souliers de soie brodée. Le noir est toujours
habillé!.
Il y a une belle affaire à entreprendre
pour les laissés pour compte des grands tail-
leurs de la vieille Europe.
Les représentants de la Chine nouvelle
réunis en corps auront un peu l'air de ces
figurants destinés à meubler un salon de
gens du monde dans un théâtre de drame.
Des têtes à l'huile!
Ce n'est pas tout de revêtir nos costumes,
il faut encore savoir les porter. Nous pré-
voyons une profession nouvelle pour nos
jeunes dandys décavés : professeurs de tenue
à Pékin, et préconisant diverses coupes, selon
les types différents. Pour les minces, la re-
dingote à la Le Bargy; pour les moyens, les
amples revers à la Deschanel; pour les.
puissants, la redingote ouverte à la Fallières ;
pour les débraillés, les basques au vent à la
Pelletan.
Mais la réforme n'est pas complète. Avant
peu, ayant proscrit l'opium, frère des rêves,
Sun-Ya-Shen interdira le the, et pour se
faire une âme d'Europe, après s'être créé une
enveloppe d'Européen, les Chinois boiront
des boissons européennes.
Oh! le @ jour où le représentant chinois s'en-
verra le matin un petit amer grenadine, à
midi un bitter, à quatre heures une absinthe !
et quelques wisky avant de se coucher, ce
jour-là, coiffé1 vêtu, chaussé de sombre, cet
homme d'Extrême-Orient, allumé à l'inté-
rieur, aura une âme divagante, nerveuse et
instable, fantaisiste, illuminée de caprices et
appesantie de veulerie. Il aura tout à fait
cessé d'être un philosophe, un résigné, un
rêveur noble, un homme en harmonie avec la
nature, il sera un mécontent, un tapageur,
un braillard, un brouillon, un bavard, un
blagueur : il sera tout à fait un politicien.
Pauvre Chine, lasse d'être à fimage de
ces bons poussahs paisibles, emblèmes de
béatitude et de bonhomie, à quoi vas-tu res-
sembler dans tes noires redingotes ?. A
une grande famille en deuil.
Confucius! tes boudlhas, tes lettrés, tes
artistes avaient eu - pourtant une conception
de la beauté non dédaignable. Oui, mais
Sun-Ya-Shen habille mieux!
-b- , Swing,
---.----. -
Par les cheveux !
Ça n'allait déjà pas si bien ; qu'allons-
nous devenir s'il nous faut être victimes
du conflit qui vient de s'élever .entre les
coiffeurs .et les pharmaciens ? Figaro n'en-
tretient plus de relations de bon voisinage
avec M. Florent et, bien entendu, c'est le
public qui sera victime.
En effet, nous ne pouvons pas plus nous
passer de l'un que de l'autre. Ah ! si les
fabricants de verres fumés étaient en con-
flit avec les fabricants de salaisons, on
pourrait, à la rigueur, se passer des pre-
miers et des seconds en ne consommant
que du porc frais et en remplaçant les ver-
res bruns par des verres bleus. Mais com-
ment, les pharmaciens et les coiffeurs
étant en querelle, ne pas se laisser prendre
un doigt entre l'arbre et l'écorce ?
Hélas ! au siècle où nous vivons, c'est
le médecin qui rédige nos menus, et les
pilules, les poudres sont à la base de no-
tre alimentation. D'autre part, le plus
chauve d'entre nous conserve bi'en, de ci,
de là, quelque poil follet, voire folâtre, qui
réclame, ainsi qu'une opulente toison, les
soins d'un homme de l'art.
Or, vous verrez que les coiffeurs, qui dé-
jà refusaient de nous raser le lundi, et les
pharmaciens, dont la bonté s'étendit jus-
qu'à nous faire savoir qu'au delà de huit
heures du soir nous risquions, en exigeant
leurs services, de mourir à la manière
d'un familier des Borgias, vont en profiter
pour augmenter leurs prix -et nous servir
un peu plus mal.
Car c'est là le fait brutal, catégorique,
.jnéluctabl,e, les coiffeurs dressent contre
les pharmaciens l'étendard de la révolte,
étendard qui ne peut, en l'occurence,
qu'être celui du Portugal.
L'événement s'est produit pas plus tard
qu'hier, dans la matinée, et la nouvelle
s'en répandit dans Paris comme une traî-
née de poudre de riz. En vérité, belle le-
vée de rasoirs et avec de tels rasoirs se
mettre en grève devient un plaisir. Car il
est bien clair que quelque chose de ce gen-
re nous menace, et que, si ce n'est pas une
grève, ce sera le lock-out.
Au congrès des patrons coiffeurs, de vi-
riles résolutions ont été prises.
Nous avons pu, à ce sujet, interroger un
des plus distingués membres de l'Institut
capillaire. Nous lui avons demandé :
- Pourquoi êtes-vous si heureux ?
- C'est parce que. Mais non, qu'al-
liez-vous me faire dire ? Je ne suis pas
iheureux. Vous avez devant vous un artis-
te humilié et un commerçant lésé. Nous ne
tolérerons plus désormais que les phar-
maciens ajoutent à leur commerce la ven-
te des produits relatifs à l'entretien du cuir
chevelu. Le -cuir chevelu nous appartient,
c'est notre domaine, notre fief et nous ne
permettrons pas à d'autres d'y toucher !
— Pourtant les pharmaciens pourront
vous répondre que les lotions capillaires
sont dues au génie des chimistes et que.
— Nous leur fermerons la bouche d'un
mot : Il y a la manière ! Le produit n'est
rien, l'application est tout. Que ces mes-
sieurs nous laissent le cuir chevelu et nous
vivrons en bonne intelligence. Est-ce que
nous nous permettons, sous prétexte que
nous tenons tous les crânes du monde eJ1-
tre nos mains artistes, est-ce que nous
nous permettons, dis-je, de vendre des ca-
chets contre le mal de tête, voire contre le
mal aux cheveux Je serais curieux de
savoir ce que vous répondrez à cela, vous
qui savez tout 1
— Moi, mais.
— Une délégation des patrons coiffeurs
se rendra dans quelques jours au ministè-
re du commerce et, s'il le faut, nous dé-
poserons un projet de loi sur le bureau de
la Chambre.
Je quittai le salon de coiffure non sans
laisser choir, par habitude, un décime
dans le tmnc de fer-blanc, geste qui me
valut les enthousiastes « Merci, M'sieur ! »
du personnel présent à l'entretien.
De son côté, un pharmaeien nous a dit :
— Vièille querelle, Monsieur ! Le désac-
cord est complet entre les pharmaciens et
les coiffeurs depuis l'abandon de la sai-
gnée dont ils eurent, au cours des oiècles, :
le monopole. Mais nous ne nous laisserons
pas damer le pion par caa messieurs.'
Nous résisterons. Est-oe que nous cher-
chons noise aux décorateurs du Salon
d'automne qui transforment des pots de.
pharmacie en appareils d'éclairage ? C'est
pourtant beaucoup plus grave ! D'ailleurs,
si les coiffeurs obtiennent gain de cause,
nous augmenterons les autres produit,-,. On
nous a, tour à tour, retiré le sucre, le sel,
que nous laissera-t-on ? Allez donc en
Amérique, vous y verrez les pharmaciens
vendre librement des cigares, du tabac,
tes timbres-poste, des journaux, des bou-
tons de manchette ; les coiffeurs améri-
cains ne songent pas à s'en plaindre. Que
les nôtres prennent exemple sur eux. Ce
que je dis est clair comme de l'eau bouil-
lie, mon cher Monsieur.
André Tourette.
Histoire d'une réforme
I
LE DÉPUTÉ ARTISTE ET AMI DES PAYSAGES.
— C'est dégoûtant, monsieur le ministre, les
plua beaux sites de France sont gâtés par les
panneaux-réclames. On vous dit : regardez là"
à gauche, ce superbe point de vue. Vous
regardez, et vous voyez un biberon haut de
trois mètres qui a l'air de vous conseiller de
retourner à l'enfance. En chemin de fer"
dans les plus belles régions du pays, vous
circulez entre une double haie d'annonces
pour des eaux minérales, des viandes en
boîte, des complets, des appareils photogra-
phiques et des remèdes aux maladies les
moins avouables. Ne pourriez:'l'ouS prendre
une mesure pour empêcher cette barbarie?
LE MINISTRE. — Certainement; avec plai-
sir ; je suis artiste avant tout. Comptez sut.
moi.
II •
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. — fai pris
Vengagement de défendre la France contre
les panneaux-réclames, ce philoxera des pay-
sages. Mais le diatte m'emporte si je sais
comment m'y prendre!
LE MINISTRE DES FINANCES. — C'est bien
simple. Vous ne pouvez pas Interdire aux
propriétaires de mettre dans leurs champs
ce qu'ils veulent. Mais vous pouvez frapper
les pamzeaux-réclames d'un impôt tel que.
persontie ne veuille plus y recourir.
LE PRÉSIDENT. — C'est juste, mon chef
collègue, préparez le projet.
III
LE DÉPUTÉ AMI DES PAYSAGES, votant la
loi. — Ah! ah! ah! enfin! Vivent le mz'nÍ's'frt
des finances et la beauté de la France!
IV
LE COURTIER EN PUBLICITÉ, au proprié.
taire du champ. — Mon cher ami, je regretté
beaucoup. Mais l'Etat a mis i,n impôt terri-
ble sur les panneaux-réclames. Je suis obligé
de renoncer aux emplacements que je vous,
ai loués, à moins que vous r.e me consentiez
une forte réduction de prix. C'est à prendre
ou à laisser.
LE PROPRIÉTAIRE. — Ben, j'veuxbcll,
puisqu'il y a pas moyen de faire autrement.
Mais pour lors, faut m'en mettre dans tout
l'champ, au lieu de poisser du vide entre eux.
Le vide, ça rapporte rien!
LE COURTIER. — Entendu, cher ami, je
ferai de mon mieux.
V
LE DÉPUTÉ AMI DES PAYSAGES, circulant en
chemin de fer. —. Oh! voilà qui est curieuxl,
Avant le vote de l'impôt sur les panneaux-
réclames, on voyait encore de temps en temps
un arbre ou un bout de rivière. Maintenant,
on ne' voit plus rien ; il y a des panneaux
partout.
VI
LE MINISTRE DES FINANCES. — Excellente
idée que cet impôt sur les panneaux-réclames.
Ça rentre, ça rentre! (Il se frotte les mains.)'
Fancy.
Les grandes Manœuvres
La démonstration militaire de 1912
commence aujourd'hui.
, Loudun,. 10 septembre.
Il est (Je mode, pour tout. journaliste
qui fait le compte rendu des grandes
manœuvres, de décrire préalablement,
en flattant ses habitants, la ville où est
installé le quartier général. Cette an-
née, c'est Loudun qui aura notre petit
couplet. Loudun est une ville char.
mante, qui compte 4.500 âmes. Les
Loudunais sont, aimables, grands bu-
veur,s.et grands chasseurs. - Les Loudu-
naises sont aecortes et gaies. En vérité,
c'est un grand village, où l'on mange
bien et où les lits sont excellents. Théo
phraste Renaudot, notre père a. tous, y
naquit en 1600, et tous les Loudunais
savent qu'il fonda la Gazette de France ;
ils ont, par conséquent, beaucoup d'es-
time pou,s les membres de la presse.
Toute la* région a pris un pittoresque
aspect qu'elle gardera durant plusl.eurf
jours. Aux abords des villages, les fais-
ceaux sont dressés ; les lignards von £
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.07%.
- Auteurs similaires Fonds régional : Picardie Fonds régional : Picardie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Picardi1"Ordonnance du Roi, portant création de quatre régimens pour le service des colonies de l'Amérique . Du 18 août 1772 /ark:/12148/bd6t54205036f.highres Ordonnance du Roi, portant réduction & fixation du nombre des gardes de la Marine, & augmentation de places d'enseignes de vaisseau dans les brigades du corps-royal de la Marine . Du 29 août 1773 /ark:/12148/bd6t54205039p.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7534880g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7534880g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7534880g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7534880g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7534880g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7534880g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7534880g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest