Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-05-31
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mai 1873 31 mai 1873
Description : 1873/05/31 (N1191). 1873/05/31 (N1191).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75335715
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
M. 1191, — Samedi 31 mai 1879. Le numéro : 1O - Départements: 15 ô.
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LA STABILITÉ
Nous avons été les premiers à prendre
acte de la preuve qui vient d'être faite de
la supériorité de la République sur la
monarchie, au point de vue de l'ordre et
de la stabilité, par l'aisance avec laquelle
un gouvernement vient de faire place à
un autre. C'est là un fait sur lequel il
n'est pas inutile d'insister.
Sous la monarchie, les gouvernements
avaient une autre manière de sortir.
Louis XVI a fini par une secousse telle
que le monde en a tremblé et en trem-
ble encore. Ce n'est pas seulement sa
couronne qui est tombée, c'est sa tête.
Et elle n'est pas tombée seule. L'ac-
cès de colère d'un peuple violenté et bru-
talisé pendant des siècles s'est rué
dans des représailles terribles. Les roya-
listes sont allés chercher les Prussiens
et, avec eux, ont envahi la patrie. La Ré-
publique a chassé l'étranger et n'a pas
tardé à lui rendre sa visite. Mais l'étran-
ger a gardé rancune de sa défaite, et de-
puis lors l'Europe a conspiré le meurtre
de la France.
La royauté avait amené l'ennemi ; l'em-
pire l'a attiré. Cela a coûté cher à la
France de se délivrer du premier Napo-
léon. Cela lui a coûté d'abord Leipsick et
l'invasion de 1814 ; puis, Napoléon ayant
trouvé que ce n'était pas assez et étant
revenu de l'île d'Elbe, il a fallu, pour
qu'il s'en allât définitivement, Waterloo
et l'invasion de 1815. C'est-à-dire, sans
compter l'humiliation, sept cents millions
à payer aux alliés, onze cent cinquante
mille soldats étrangers à loger et à nour-
rir pendant plus d'un mois et cent cin-
quante mille pendant trois ans, la spolia-
tion des musées, le démembrement du
territoire ; une réaction effrenée que l'his-
toire apelle avec Indulgence la ter-
reur blanche : à Avignon, l'assassi-
nat du maréchal Brune ; à Toulouse,
l'assassinat du général Ramel : à Mar-
seille, un massacre de femmes et d'en-
fants ; à Nîmes, l'égorgement de la gar-
nison après capitulation sur promesse de
la vie sauve, trente femmes éventrées dans
les rues, Trestaillons tuant qui bon lui
semblait et,par exemple, simplifiant l'achat
d'une maisun dont sa sœur avait envie
en brûlant la cervelle au propriétaire; à
Paris, le maréchal Ney et le général Labé-
doyère fusillés; à Bordeaux, les frères
Faucher fusillés ; à Lyon, le général Mou-
ton-Duvernet fusillé, et, quelques jours
après son exéculion, un banquet où les
royalistes se faisaient servir un foie
de mouton qu'ils perçaient de cent coups
de couteau; tant d'exécutions que lecœu r
manqua aux aides des bourreaux : à
Carcassonne, un jour d'exécution triple,
les aides refusèrent de dresser l'échafaud;
le bourreau ne put trouver qu'un porte-
faix qui lui fit payer très cher un coup de
main, et qui fut si peu fier de son acte
que, le soir même, il alla se noyer.
Quand ç'a été le tour de Charles X
d'être renversé, cela s'est fait à coups de
fusil dans les rues. Le sang a ruisselé sur
les pavés pendant trois jours.
Louis-Philippe a pris la place de'Char-
les X. Tant que le duc d'Orléans a vécu,
quelques personnes ont pu croire que le
règne avait un lendemain ; mais sa mort
leur a enlevé cette illusion, et, dès ce mo-
ment, l'opinion générale a été que la
royauté ne durerait pas plus que le roi.
Elle n'a pas duré même autant. Les trois
journées de juillet 1830 se sont répétées
en février 1848, et c'est aussi sous une
grêle de balles et sous une pluie de sang
que le roi des barricades a rejoint en exil
le roi du droit divin.
Et qui ne se souvient de l'inquiétude
qui s'empara des gens de bourse, en
1869, à la nouvelle que l'empereur était
malade ? Ils comprenaient que l'empire
n'était qu'en lui et mourrait avec lui ; ils
se sentaient devant l'inconnu ; les fonds
baissaient; toutes les affaires allaient de-
mander au portier des Tuileries des nou-
velles de leur santé, et s'épouvantaient
de ce que la France allait devenir le jour
où la mort d'un homme laisserait trente-
six millions d'hommes tout seuls. L'em-
pire n'a pas même attendu la mort de
l'empereur; il est mort le premier. Et de
quelle mort! de l'invasion. Et ce n'est pas
sept cents millions que son enterrement
nous a coûtés comme celui du premier
empire, c'est cinq milliards ; et ae n'est
pas Waterloo, c'est Sedan. Et si c'avait
été tout : mais l'Alsace et la Lorraine 1
Ainsi, voilà comment s'opèrent, en mo-
narchie, les changements de gouverne-
ment : une révolution ou une invasion,
choisissez 1
Nous venons d'assister à un change-
ment de gouvernement. Qu'a-t il fallu
pour cela? Une intervention de l'é-
tranger et un écrasement du pays ? non.
Une insurrection et trois jours de guerre
civile ? pas davantage. Il n'a fallu qu'un
vote. Il a suffi qu'il y eût qua-
torze députés de plus d'un côté que
de l'autre. Et ç'a été fait. Et personne
n'arésisté. Les plus irrités ont compris que
le changement était légal et qu'ils ne pou-
vaient lutter que légalement. Si un hum.
me devait sembler nécessaire aux « con-
servateurs n, c'était assurément celui qui,
venu au gouvernement quand la France
était ruinée, occupée, désespérée, exas-
pérée, avait refait l'armée et les finances,
bombardé Paris, trouvé les cinq milliards;
s'il y avait un homme qui paraissait diffi
cile à renverser, c'était celui qui, après
hésitation, venait de se décider à se met-
tre avec le pays ; s'il y avait un moment
où il était imprudent de toucher au gou-
vernement du pays, c'était le moment où
l'étranger n'était pas encore parti et où le
moindre désordre lui aurait été un pré-
texte de nous ressaisir. Il n'y a pas eu le
moindre désordre ; l'étranger n'a pas eu
de prétexte; la tranquillité n'a pas été
troublée, et ne le sera pas.
A quoi cela tient-il ? A ce qu'on est en
République, et qu'en République il n'y a
pas d'homme nécessaire. Un homme, si
considérable qu'il soit, peut manquer
:-:ans que la nation se croie perdue. Les
hommes passent, le pays reste.
Ces tranquilles transmissions du pou-
voir sont dans les habitudes de la Répu-
blique. Tous les présidents des Etats-Unis,
d#{Hii6~-W^hia§tôa jusqu'à* ilf&nt, se
sont succédé sans le moindre trouble. Il
y a quelques années, le président Lincoln
fut brusquement assassiné. Cela arrivait
dans un instant furieux, quand la plus
formidable guerre civile des temps mo-
dernes n'était pas encore éteinte. La
nation s'indigna et s'attrista, mais
ne s'effraya pas. C'eût été là un fier
haussement d'épaules si l'on avait dit
qu'un pays dépendait d'un citoyen ! C'é-
tait un bon serviteur de moins, mais il
restait le maître permanent, qu'on n'as-
sassinerait pas : le peuple. La vie pu-
blique ne fut pas même interrompue.
Nous avions déjà eu, en France, un
exemple de la facilité avec laquelle le
gouvernement républicain passe d'une
main à l'autre. On sait de quelle ma-
nière simple et loyale le général Cavai-
gnac se retira devant celui que le suf-
frage universel lui avait préféré. Il put
dire, à cette occasion, cette belle parole :
« Je ne suis pas tombé du pouvoir, j'en
suis descendu. »
Cette parole, M. Thiers a aussi le droit
de la dire, et nous ne doutons pas que le
maréchal Mac-Mahon ne puisse la ré-
péter le jour où il aura un successeur.
Telles sont les mœurs de la République.
Les monarchistes du 24 mai n'avaient
peut-être pas l'intention de le démontrer
une fois de plus, mais ils l'ont démontré
par le fait. Il leur sera- difficile désormais
de contester qu'il y ait une tout autre
garantie d'ordre et de stabilité dans le
maintien de la République que dans la
restauration d'une monarchie, sous la-
quelle il faudrait ignorer absolument
jusqu'à l'histoire de son temps pour ne
pas se demander, dès le premier jour, si
c'était la royauté : — A quand la révolu-
tion ? et, si c'était l'empire : - A quand
l'invasion?
AUGUSTE TACQUBRIB.
LA SÉANCE
« Des lois importantes qui touchent à
des intérêts commerciaux ou financiers
sont débattues dans vos commissions. Je
crois avoir choisi des ministres compétents
pour les discuter avec vous. »
Ainsi s'exprimait le nouveau président
de la République dans le message qui a été
lu lundi à l'Assemblée. Faudrait-il déjà ne
voir qu'une illusion dans cette bonne opi-
ni on que le maréchal avait de son minis-
tère?
Deux lois importantes ont été en effet
discutées hier devant l'Assemblée : celle
relative au chemin de l'Est, et celle qui a
trait à une modification de l'impôt du sel.
Sur l'une et sur l'autre, le nouveau gou-
vernement a été mis en demeure de don-
ner son opinion ; et sur l'une et sur l'au.
tre, le gouvernement a répondu qu'il n'a-
vait pas d'opinion à exprimer.
M. Casimir Perier, qui avait posé la pre-
mière question, M. Lepère, qui avait posé
la seconde, en ont été pour leurs frais de
curiosité.
Voilà qui est bien ; et, à ce compte-là,
nous reconnaissons que les crises minis-
térielles deviendront assez rares.
Le nouveau cabinet ne pourrait-il donc
-ubsister qu'à la condition de se désinté-
resser de toutes les grandes questions
d'affaires, et le doute philosophique, appii-
qué à ces matières, serait-il le seul prin-
cipe commun du prétendu ministère homo-
gène?
Ce n'était pas précisément là ce que
l'on prévoyait lorsque la nouvelle admi-
nistration s'est formée, à l'exclusion des
deux seuls hommes de tribune que pos-
sède la droite. On se figurait être en pré-
sence d'un ministère d'affaires; et cela
d'autant mieux que les journaux du parti
affirmaient que la politique allait être re-
léguée au second rang.
Cependant si, ne faisant point de poli-
tique — et pour cause -, il ne daigne pas
plus étudier les lois commerciales ou finan-
cières que son chef, M. de Brog ie, ne
daignait lire les lois constitutionnelles dé-
posées par M. Thiers, nous ne voyons pas
trop à quoi ce cabinet emploiera son
temps, une fois la distribution des places
terminée.
Qu'on ne dise pas que les nouveaux minis-
tres n'ont point eu le loisir de se faire une
opinion sur l'indemnité à accorder au che-
min de fer de l'Est ou sur la modification
proposée à l'impôt du sel. Ces projets de
loi sont depuis longtemps à l'ordre du
jour; ils ont été discutés dans les commis-
sions, et plus d'un membre du gouverne-
ment a pris part au débat. Avaient-ils donc
plus de lumières quand ils n'étaient que
simples députés?
Quoi qu'il en soit, il nous paraît difficile
que le duc de Broglie et ses honorables
collègues s'imaginent qu'il n'y a plus rien
à faire, en France, à présent qu'ils spnt
ministres. Il y a, comme avant, des ques-
tions graves à discuter, des intérêts à dé-
battre, des affaires à régler d'urgence. Il
ne faut pas croire qu'à tout cela on puisse
suffire, comme avec une formule magique,
en se proclamant « résolûment conserva-
teur », et encore plus résolument muet.
Ce serait là un aspect nouveau du par-
lementarisme, mais nous doutons qu'il
fût beaucoup goûté.
La Chambre, ne voulant sans doute pas
se montrer plus compétente que les mi-
nistres, a ajourné la solution de la ques-
tion relative au chemin de l'Est.
La proposition relative à l'impôt du sel,
et qui a pour objet d'égaliser la situation
des producteurs de l'Est et celle de leurs
concurrents de l'Ouest, a été prise en con-
sidération. Quand viendra la discussion,
le gouvernement aura peut-être eu le temps
de l'étudier.
A. GAULIER,
LE MOUVEMENT PRÉFECTORAL
Le mouvement préfectoral n'est peut-
être pas encore complet et définitif, mais
tel qu'il est, on peut déjà le juger et dé-
terminer les raisons politi.ques qui l'ont
inspiré.
Bien entendu, il est inutile de consta-
ter qu'il a eu pour but premier d'évincer
les quelques républicains qui restaient
dans l'administration. On s'attendait à
cet holocauste; et, pour le dire en pas-
sant, il ne nous inquiète guère au point
de vue politique, bien qu'il nous attriste
au point de vue de la gestion régulière
des intérêts départementaux. Nous avons
trop de raisons de croire que les nouveaux
venus n'auront pas la capacité de la plu-
part de leurs devanciers. Mais il était fa-
cile de prévoir que la coalition royaliste,
menée par les cléricaux, ferait moins de
cas des titres intellectuels de ses agents
que du nombre de leurs billets de confes-
sion. Après tout, les conseils généraux
sont là, et l'on aura beau faire, les déplo-
rables traditions administratives du 2 dé-
cembre ne seront pas reprises.
Ce qu'il y a d'important à noter, c'est
l'esprit politique qui se révèle dans les
nouvelles promotions.
Or, elles présentent trois caractères
bien remarquables :
1° Les grandes situations administrati-
ves$)nt confiées exclusivement aux or-
léanistes. C'est un orléaniste, M. Ferdi-
nand Duval, qui a, depuis hier matin, le
département de la Seine. C'est un orléa-
niste, M. de Guerle, ancien précepteur
dans la famille de Broglie, qui prend la
Gironde et Bordeaux. C'est un orléaniste,
très clérical, il est vrai, M. Ducros, qui
est envoyé à Lyon. C'est enfin un orléa-
niste, M. le comte d'Ideville, qui, préfet
d'Alger, va être le trait d'union entre no-
tre plus grande colonie et le ministère.
M. d'Ideville n'est même pas un orléanis-
te ordinaire, un orléaniste plus ou moins
platonique et lié aux partis les plus divers;
c'est un des intimes de M. le comte de
Paris. C'est un orléaniste enfin, M. Burin
du Buisson, un des derniers préfets de
Louis-Philippe, un préfet suivant le cœur
de M. Guizot, que l'on expédie dans la
Somme pour y continuer les œuvres de
M. de GuerIe.
2° La plupart des postes administratifs
de second ordre sont confiés à des bona-
partistes ou du moins à d'anciens fonc-
tionnaires de l'empire. M. Decazes, le
nouveau préfet de l'Indre, a été sous-pré-
fet du régime du 2 décembre ; il est allié
par son mariage à la famille de Sedan.
M. Henri Darcy, nommé préfet des Vos-
ges, avait été, sous Louis Bonaparte, maî
tre des requêtes au conseil d'Etat. M. de
Bure, dont M. de Broglie gratifie la Cor-
rèze, se rattache au régime bonapartiste,
non-seulement par mille faveurs obtenues,
mais par d'autres liens encore, que M. le
ministre de l'intérieur ne peut pas igno-
rer. M. le comte de Masin a été l'un des
favoris de M. de Lavalette, qui éleva pour
lui la sous-préfecture de Bergerac à la
dignité de sous-préfecture de lre classe.
M. Delagneau, le préfet actuel des Hautes-
Alpes, est le favori, non-seulement de
M. de Lavalette, mais de M. Magne et
même de M. C ément Duvernois. Citons
encore parmi les anciens fonctionnaires
de l'empire M. Buchot, préfet de l'Aude ;
M. Vivaux, préfet de la Corse ; M. de
Serres, préfet de l'Aveyron, et deux ou
trois autres.
3° Les légitimistes n'ont obtenu qu'une
'faiblerpartie du gâteau. Il seœWe ~)~a
ait tenu systématiquement à les sacrifier.
On leur a donné pour toute récompense
deux préfectures : celle de Saône-et-
Loire, avec M. Cotte, et celle de la Meuse,
avec M. Dauray. Encore M. Dauray avait-
il accepté une sous-préfecture des mains
de Louis Bonaparte.
Quand on examine, en critique impar-
tial, toutes ces nominations, on est peu
surpris de voir que les orléanistes sont
les privilégiés du nouveau mouvement
préfectoral. MM. de Broglie et Beulé,
c'est-à-dire le chef du cabinet et le mi-
nistre de l'intérieur, ont travaillé pour
leur parti : rien de plus naturel; mais
pourquoi ont-ils préféré les bonapartistes
aux légitimistes pour les positions qu'ils
ne pouvaient eux-mêmes occuper? La
question vaut peut-être la peine d'être
posée, et elle n'est pas très difficile à ré-
soudre.
Lés orléanistes se sont dit, très évidem-
ment, qu'après la victoire de la coalition
et les républicains étant évincés, ils avaient
surtout à redouter, à leur point de vue, le
point de vue parlementaire, les légitimistes.
Lesbonapartistes peuvent intriguer en de-
hors du Parlement, mais dans la Chambre
actuelle ils ne sont qu un appoint facile à
remplacer. Ils n'ont pas de force légale.
Ils seraient un obstacle impuissant à cer-
tains projets. D'ailleurs, les anciens fonc-
tionnaires de l'empire n'ont jamais passé
pour avoir une foi politique bien absolue;
il est aisé de lIes convertir. Ils n'étaient
pas bonapartistes de la veille, pourquoi
s'acharneraient-ils à être des bonapartis-
tes du lendemain? La tactique est donc
de les rallier au centre droit. La tactique
est surtout d'écarter, autant que possible,
les gens de la droite qui sont de composi-
tion plus difficile et qui peuvent s'appuyer
à la Chambre sur une minorité nombreu-
se et assez compacte. On leur donnera,
pour les consoler, des sous-préfectures.
Les sous-préfectures ne tirent pas à con-
séquence, mais les préfectures, non pas;
on les réserve ou aux amis ou aux enne-
mis impuissants.
Ces calculs sont-ils aussi habiles qu'ils
paraissent l'être? Les bonapartistes, aux-
quels on a déjà tant cédé, ne finiront-ils
pas par déborder les orléanistes ? C'est ce
que l'avenir nous apprendra. En ce qui
nous concerne, nous attachons aujour-
d'hui une très faible importance au nom
des préfets et à leurs tendances. Mais il
nous paraît utile de signaler au pays les
principes qui paraissent diriger le nou-
veau gouvernement, et les profondes di-
visions politiques qui séparent déjà les
vainqueurs du 24 mai. Les légitimistes
.ne s'aperçoivent pas encore qu'ils ont tiré
les marrons du feu au profit de leurs
compétiteurs; ils s'en apercevront bientôt.
FRÉDÉRIC IIIORm.
---- Mi
Nous avons parlé hier d'an bruit qui
avait couru à la Bourse : les ministres
devaient, dirait-on, proposer à l'Assem-
blée de proclamer la République et de dé-
clarer le maréchal Mac-Mahon président
pour cinq ans et irresponsable.
Le journal que l'Univers, lorsqu'il n'était
pas de la coalition, appelait dédaigneuse-
ment « le petit Français », et qui, mainte-
nant, du haut du portefeuille de M. de
Broglie et de la sonnette de M. Buffet,
peut appeler VUnivers « le petit Univers »,
convient que « cette idée a pu faire l'objet
de quelques conversations » ; mais il
ajoute qu'on est mal informé en voyant
là « un projet arrêté par les groupes de la
majorité », et qu' « il n'est question en ce
moment de déposer aucune proposition de
ce gînre ».
Ce demi-démenti ne nous interdit pas
de penser que nous pourrions assister
prochainement à ce curieux spectacle : la
République proclamée p*r ceux qui ont
renversé M. Thiers parce qu'il leur propo-
sait de proclamer la République.
LES COULISSES DE VERSAILLES
Jamais journée plus calme ne s'était
écoulée à Versailles. Ii semblerait, à en
juger par les apparences, que le pays ne
traverse aucune crise et que rien ne s'est
produit depuis huit jours. C'est le résultat
de l'attitude des républicains de toute
nuance. Les monarchistes avaient compté
sur une résistance plus ou moins vive qui
leur aurait offert le point d'appui néces-
saire pour leurs tentatives réactionnaires.
Au lieu de cela, ils ont trouvé partout
l'ordre, et le respect de la légalité.
Aussi ne pouvant s'attaquer à leurs ad-
versaires, les coalisés commencent à se
diviser entre eux.
Les légitimi tés ne dissimulent pas leur
prétention de revanche cléricale. Les bo-
napartistes menacent de se retirer de la
coalition si on ne leur accorde pas le com-
mandement de l'armée de Versailles et la
préfecture de police. Entre les deux, les
orléanistes s'efforcent de ramener l'accord
indispensable à la durée de la coalition,
sans y réussir.
-0-
La démission du marquis de Noail-
les, ministie de France à Washington,
connue dès hier à Versailles, avait causé
une vive émotion dans les groupes monar-
chistes.
L'honorable ambassadeur, qui, à diver-
ses reprises, s'était prononcé pour la Ré-
publique, n'a pas voulu s'associer une se-
conde à la politique de combat.
Aussi M. de Broglie se montrait-il hier
très affecté de cette retraite. La démission
de M. Lanfrey a causé aussi grand émoi
dans la coalition.
La Suisse, paraît-il, a clairement mani-
festé le désagrément qu'elle éprouverait à
recevoir un ministre français clérical, sur-
tout en ce moment où elle a de sérieux
démêlés avec le clergé. L'embarras du
nouveau ministère est très grand.
Non moins grandes sont les difficultés
qui 1 attendent dans la question italienne.
M. Fournier, notre ministre auprès du roi
Victor-Emmanuel, ne veut pas donner sa
démission. Il attend dignement sa révoca-
tion, pendant que les feuilles cléricales
le couvrent d'injures.
En principe, M. de Broglie est complè-
tement d'accord avec les cléricaux sur la
situation religieuse en Italie. Mais il n'ose
rappeler M. Fournier, de peur d'éveiller
les légitimes défiances de l'Italie.
—o—
Pour la Russie, on parle du remplace-
ment du général Leflô, démissionnaire, par
M. de Chaudordy.
—o—
C'est le général de cavalerie du Barrail
qui est définitivement nommé ministre de
la guerre.
—o—
M. d'Audiffret-Pasquier, furieux d'avoir
été sacrifié par ses amis aux bonapartistes
et de n'avoir pas reçu de portefeuille, fait
une sourde opposition au nouveau cabinet.
Pour l'apaiser on lui a offert le poste de
gouverneur civil de l'Algérie, en remplace-
ment de l'amiral de Gueydon; mais la com-
pensation lui a semblé insuffisante et il a
refusé.
C'est encore un symptôme de l'accord
parfait qui règne entre les coalisés.
-0-
La Chambre prendra vacances diman-
che, lundi et mardi prochains, en raison
des fêtes de la Pentecôte,
-o-
Le nouveau ministère songe à se créer
un moyen d'influence en abrogeant la loi
de l'impôt sur les matières premières. MM.
Magne et de la Bouillerie, minières des
finances et du commerce, s'occupent de
cette question et cherchent le moyen de
combler le déficit du budget par d'autres
ressources. Mais les populations indus-
trielles qu'on espère gagner par là ne sont
rien moins que disposées à donner leur
adhésion à la politique de combat. Le mi-
nistère peut en juger par l'attitude même
des députés républicains des départements
qu'a le plus mécontentés la politique éco-
nomique de M. Thiers.
-0-
En attendant que M. Thiers soit installé
dans le logement qu'il a loué, il habite
chez le général Charlemagne, boulevard
Malesherbes.
—o—
A la suite d'une lettre fort vive qu'il a
écrite à M. Beulé, ministre de l'intérieur,
le préfet du Doubs, M. de Flavigny, a été
révoqué hier, par dépêche télégraphique.
-0-
Il serait question d'abandonner le pro-
cès du maréchal Bazaine.
Les journaux de la coalition ne parvien-
nent p-is à prendre leur parti de la réap-
parition de M.'Thiers à la Chambre. Que
cet orateur désag éable soit là, prêt à de-
mander la parole, au lieu d'être allé faire
le « voyage lointain » qu'ils avaient es-
péré, cela les indigne.
Ce sont surtout les bonapartistes que
cela met dans une fureur difficile à dé-
crire. Hier, la Patrie se bornait à trouver
M. Thiers « bien mesquin » de vouloir
être encore député quand il n'est plus
président. Aujourd'hui, un second journal
bonapartiste se conteute encore de lui in-
sinuer que « l'accueil presque froid qui
lui a été fait » (tiens! nous qui avions
pris cet accueil pour une ovation!) devrait
lui inspirer la sage résolution de ne plus
revenir à l'Assemblée d'ici à que'que
temps. Mais un troisième journal de
vChislehurst — car ils sont quatre,
en « comptant le ConstitHtiunnei —* dé-
clare crânement que , si l'ex président
de la République se permettait de
faire de l'opposition au gouvernement qui
t'a si gracieusement jeié par terre, «une
pareille attitude serait véritablement crimi-
nelle et couvrirait M. Thiers d'un opprobre
tel que ses fautes et ses erreurs passées
ne seraient rien à côté d'une telle con-
duite. »
Nous nous imaginons que M. Thiers ne
sera pas découragé de ses intentions par
ces fureurs où il est capable de voir
au moins autant de frayeur que d'indigna-
tion.
- -
M. Ferdinand Duval, préfet de la Gi-
ronde, est nommé préfet du département
de la Seine, en remplacement de M. Cal-
mon, dont la démission a été acceptée.
LES ON-DIT
L'Exposition des œuvres des artistes
vivants, au palais des Champs-Elysées,
sera fermée le mardi 3 juin jusqu'au
jeudi 5 inclusivement, pour travaux inté-
rieurs.
La réouverture aura lieu le vendredi
6 juin, et l'Exposition sera définitive-
ment close le 25 juin à six heures du soir.
Durant cette nouvelle période, l'Exposi.
tion sera ouverte, comme précédemment,
tous les jours à dix heures et fermée à six
heures.
Par exception, le lundi, l'Exposition
n'ouvrira qu'à midi.
Le dimanche et le jeudi l'entrée sera
gratuite ; les autres jours le droit d'entrée
reste fixé à 1 franc par personne.
a IFa
Les obsèques de M. P. Lebrun ont eu
lieu hier à Saint-Thomas-d'Aquin.
Après la messe mortuaire, le corps a été
conduit à la gare de Strasbourg pour être
déposé à Provins dans un caveau de fa-
mille.
Les cordons du poêle étaient tenus par
MM. Patin et Camille Rousset, de FAca-
démie, en habits, et par deux parents du
défunt. Parmi les assistants, étaient MM.
Claude Bernard, Wallon, le duc de Noail-
les, Silvestre de Sacy, Ernest Legouvé,
Jules Sandeau, Camille Doucet, Autran,
Jules Janin, de Vieil-Castel.
Des soldats de la ligne formaient cor-
tège. Une députation de l'Imprimerie naî
tionaie, dont le défunt avait été le direc-
teur sous Louis-Philippe, suivait le cer-
cueil.
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t M. ERNEST LEFÉVRS
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LA STABILITÉ
Nous avons été les premiers à prendre
acte de la preuve qui vient d'être faite de
la supériorité de la République sur la
monarchie, au point de vue de l'ordre et
de la stabilité, par l'aisance avec laquelle
un gouvernement vient de faire place à
un autre. C'est là un fait sur lequel il
n'est pas inutile d'insister.
Sous la monarchie, les gouvernements
avaient une autre manière de sortir.
Louis XVI a fini par une secousse telle
que le monde en a tremblé et en trem-
ble encore. Ce n'est pas seulement sa
couronne qui est tombée, c'est sa tête.
Et elle n'est pas tombée seule. L'ac-
cès de colère d'un peuple violenté et bru-
talisé pendant des siècles s'est rué
dans des représailles terribles. Les roya-
listes sont allés chercher les Prussiens
et, avec eux, ont envahi la patrie. La Ré-
publique a chassé l'étranger et n'a pas
tardé à lui rendre sa visite. Mais l'étran-
ger a gardé rancune de sa défaite, et de-
puis lors l'Europe a conspiré le meurtre
de la France.
La royauté avait amené l'ennemi ; l'em-
pire l'a attiré. Cela a coûté cher à la
France de se délivrer du premier Napo-
léon. Cela lui a coûté d'abord Leipsick et
l'invasion de 1814 ; puis, Napoléon ayant
trouvé que ce n'était pas assez et étant
revenu de l'île d'Elbe, il a fallu, pour
qu'il s'en allât définitivement, Waterloo
et l'invasion de 1815. C'est-à-dire, sans
compter l'humiliation, sept cents millions
à payer aux alliés, onze cent cinquante
mille soldats étrangers à loger et à nour-
rir pendant plus d'un mois et cent cin-
quante mille pendant trois ans, la spolia-
tion des musées, le démembrement du
territoire ; une réaction effrenée que l'his-
toire apelle avec Indulgence la ter-
reur blanche : à Avignon, l'assassi-
nat du maréchal Brune ; à Toulouse,
l'assassinat du général Ramel : à Mar-
seille, un massacre de femmes et d'en-
fants ; à Nîmes, l'égorgement de la gar-
nison après capitulation sur promesse de
la vie sauve, trente femmes éventrées dans
les rues, Trestaillons tuant qui bon lui
semblait et,par exemple, simplifiant l'achat
d'une maisun dont sa sœur avait envie
en brûlant la cervelle au propriétaire; à
Paris, le maréchal Ney et le général Labé-
doyère fusillés; à Bordeaux, les frères
Faucher fusillés ; à Lyon, le général Mou-
ton-Duvernet fusillé, et, quelques jours
après son exéculion, un banquet où les
royalistes se faisaient servir un foie
de mouton qu'ils perçaient de cent coups
de couteau; tant d'exécutions que lecœu r
manqua aux aides des bourreaux : à
Carcassonne, un jour d'exécution triple,
les aides refusèrent de dresser l'échafaud;
le bourreau ne put trouver qu'un porte-
faix qui lui fit payer très cher un coup de
main, et qui fut si peu fier de son acte
que, le soir même, il alla se noyer.
Quand ç'a été le tour de Charles X
d'être renversé, cela s'est fait à coups de
fusil dans les rues. Le sang a ruisselé sur
les pavés pendant trois jours.
Louis-Philippe a pris la place de'Char-
les X. Tant que le duc d'Orléans a vécu,
quelques personnes ont pu croire que le
règne avait un lendemain ; mais sa mort
leur a enlevé cette illusion, et, dès ce mo-
ment, l'opinion générale a été que la
royauté ne durerait pas plus que le roi.
Elle n'a pas duré même autant. Les trois
journées de juillet 1830 se sont répétées
en février 1848, et c'est aussi sous une
grêle de balles et sous une pluie de sang
que le roi des barricades a rejoint en exil
le roi du droit divin.
Et qui ne se souvient de l'inquiétude
qui s'empara des gens de bourse, en
1869, à la nouvelle que l'empereur était
malade ? Ils comprenaient que l'empire
n'était qu'en lui et mourrait avec lui ; ils
se sentaient devant l'inconnu ; les fonds
baissaient; toutes les affaires allaient de-
mander au portier des Tuileries des nou-
velles de leur santé, et s'épouvantaient
de ce que la France allait devenir le jour
où la mort d'un homme laisserait trente-
six millions d'hommes tout seuls. L'em-
pire n'a pas même attendu la mort de
l'empereur; il est mort le premier. Et de
quelle mort! de l'invasion. Et ce n'est pas
sept cents millions que son enterrement
nous a coûtés comme celui du premier
empire, c'est cinq milliards ; et ae n'est
pas Waterloo, c'est Sedan. Et si c'avait
été tout : mais l'Alsace et la Lorraine 1
Ainsi, voilà comment s'opèrent, en mo-
narchie, les changements de gouverne-
ment : une révolution ou une invasion,
choisissez 1
Nous venons d'assister à un change-
ment de gouvernement. Qu'a-t il fallu
pour cela? Une intervention de l'é-
tranger et un écrasement du pays ? non.
Une insurrection et trois jours de guerre
civile ? pas davantage. Il n'a fallu qu'un
vote. Il a suffi qu'il y eût qua-
torze députés de plus d'un côté que
de l'autre. Et ç'a été fait. Et personne
n'arésisté. Les plus irrités ont compris que
le changement était légal et qu'ils ne pou-
vaient lutter que légalement. Si un hum.
me devait sembler nécessaire aux « con-
servateurs n, c'était assurément celui qui,
venu au gouvernement quand la France
était ruinée, occupée, désespérée, exas-
pérée, avait refait l'armée et les finances,
bombardé Paris, trouvé les cinq milliards;
s'il y avait un homme qui paraissait diffi
cile à renverser, c'était celui qui, après
hésitation, venait de se décider à se met-
tre avec le pays ; s'il y avait un moment
où il était imprudent de toucher au gou-
vernement du pays, c'était le moment où
l'étranger n'était pas encore parti et où le
moindre désordre lui aurait été un pré-
texte de nous ressaisir. Il n'y a pas eu le
moindre désordre ; l'étranger n'a pas eu
de prétexte; la tranquillité n'a pas été
troublée, et ne le sera pas.
A quoi cela tient-il ? A ce qu'on est en
République, et qu'en République il n'y a
pas d'homme nécessaire. Un homme, si
considérable qu'il soit, peut manquer
:-:ans que la nation se croie perdue. Les
hommes passent, le pays reste.
Ces tranquilles transmissions du pou-
voir sont dans les habitudes de la Répu-
blique. Tous les présidents des Etats-Unis,
d#{Hii6~-W^hia§tôa jusqu'à* ilf&nt, se
sont succédé sans le moindre trouble. Il
y a quelques années, le président Lincoln
fut brusquement assassiné. Cela arrivait
dans un instant furieux, quand la plus
formidable guerre civile des temps mo-
dernes n'était pas encore éteinte. La
nation s'indigna et s'attrista, mais
ne s'effraya pas. C'eût été là un fier
haussement d'épaules si l'on avait dit
qu'un pays dépendait d'un citoyen ! C'é-
tait un bon serviteur de moins, mais il
restait le maître permanent, qu'on n'as-
sassinerait pas : le peuple. La vie pu-
blique ne fut pas même interrompue.
Nous avions déjà eu, en France, un
exemple de la facilité avec laquelle le
gouvernement républicain passe d'une
main à l'autre. On sait de quelle ma-
nière simple et loyale le général Cavai-
gnac se retira devant celui que le suf-
frage universel lui avait préféré. Il put
dire, à cette occasion, cette belle parole :
« Je ne suis pas tombé du pouvoir, j'en
suis descendu. »
Cette parole, M. Thiers a aussi le droit
de la dire, et nous ne doutons pas que le
maréchal Mac-Mahon ne puisse la ré-
péter le jour où il aura un successeur.
Telles sont les mœurs de la République.
Les monarchistes du 24 mai n'avaient
peut-être pas l'intention de le démontrer
une fois de plus, mais ils l'ont démontré
par le fait. Il leur sera- difficile désormais
de contester qu'il y ait une tout autre
garantie d'ordre et de stabilité dans le
maintien de la République que dans la
restauration d'une monarchie, sous la-
quelle il faudrait ignorer absolument
jusqu'à l'histoire de son temps pour ne
pas se demander, dès le premier jour, si
c'était la royauté : — A quand la révolu-
tion ? et, si c'était l'empire : - A quand
l'invasion?
AUGUSTE TACQUBRIB.
LA SÉANCE
« Des lois importantes qui touchent à
des intérêts commerciaux ou financiers
sont débattues dans vos commissions. Je
crois avoir choisi des ministres compétents
pour les discuter avec vous. »
Ainsi s'exprimait le nouveau président
de la République dans le message qui a été
lu lundi à l'Assemblée. Faudrait-il déjà ne
voir qu'une illusion dans cette bonne opi-
ni on que le maréchal avait de son minis-
tère?
Deux lois importantes ont été en effet
discutées hier devant l'Assemblée : celle
relative au chemin de l'Est, et celle qui a
trait à une modification de l'impôt du sel.
Sur l'une et sur l'autre, le nouveau gou-
vernement a été mis en demeure de don-
ner son opinion ; et sur l'une et sur l'au.
tre, le gouvernement a répondu qu'il n'a-
vait pas d'opinion à exprimer.
M. Casimir Perier, qui avait posé la pre-
mière question, M. Lepère, qui avait posé
la seconde, en ont été pour leurs frais de
curiosité.
Voilà qui est bien ; et, à ce compte-là,
nous reconnaissons que les crises minis-
térielles deviendront assez rares.
Le nouveau cabinet ne pourrait-il donc
-ubsister qu'à la condition de se désinté-
resser de toutes les grandes questions
d'affaires, et le doute philosophique, appii-
qué à ces matières, serait-il le seul prin-
cipe commun du prétendu ministère homo-
gène?
Ce n'était pas précisément là ce que
l'on prévoyait lorsque la nouvelle admi-
nistration s'est formée, à l'exclusion des
deux seuls hommes de tribune que pos-
sède la droite. On se figurait être en pré-
sence d'un ministère d'affaires; et cela
d'autant mieux que les journaux du parti
affirmaient que la politique allait être re-
léguée au second rang.
Cependant si, ne faisant point de poli-
tique — et pour cause -, il ne daigne pas
plus étudier les lois commerciales ou finan-
cières que son chef, M. de Brog ie, ne
daignait lire les lois constitutionnelles dé-
posées par M. Thiers, nous ne voyons pas
trop à quoi ce cabinet emploiera son
temps, une fois la distribution des places
terminée.
Qu'on ne dise pas que les nouveaux minis-
tres n'ont point eu le loisir de se faire une
opinion sur l'indemnité à accorder au che-
min de fer de l'Est ou sur la modification
proposée à l'impôt du sel. Ces projets de
loi sont depuis longtemps à l'ordre du
jour; ils ont été discutés dans les commis-
sions, et plus d'un membre du gouverne-
ment a pris part au débat. Avaient-ils donc
plus de lumières quand ils n'étaient que
simples députés?
Quoi qu'il en soit, il nous paraît difficile
que le duc de Broglie et ses honorables
collègues s'imaginent qu'il n'y a plus rien
à faire, en France, à présent qu'ils spnt
ministres. Il y a, comme avant, des ques-
tions graves à discuter, des intérêts à dé-
battre, des affaires à régler d'urgence. Il
ne faut pas croire qu'à tout cela on puisse
suffire, comme avec une formule magique,
en se proclamant « résolûment conserva-
teur », et encore plus résolument muet.
Ce serait là un aspect nouveau du par-
lementarisme, mais nous doutons qu'il
fût beaucoup goûté.
La Chambre, ne voulant sans doute pas
se montrer plus compétente que les mi-
nistres, a ajourné la solution de la ques-
tion relative au chemin de l'Est.
La proposition relative à l'impôt du sel,
et qui a pour objet d'égaliser la situation
des producteurs de l'Est et celle de leurs
concurrents de l'Ouest, a été prise en con-
sidération. Quand viendra la discussion,
le gouvernement aura peut-être eu le temps
de l'étudier.
A. GAULIER,
LE MOUVEMENT PRÉFECTORAL
Le mouvement préfectoral n'est peut-
être pas encore complet et définitif, mais
tel qu'il est, on peut déjà le juger et dé-
terminer les raisons politi.ques qui l'ont
inspiré.
Bien entendu, il est inutile de consta-
ter qu'il a eu pour but premier d'évincer
les quelques républicains qui restaient
dans l'administration. On s'attendait à
cet holocauste; et, pour le dire en pas-
sant, il ne nous inquiète guère au point
de vue politique, bien qu'il nous attriste
au point de vue de la gestion régulière
des intérêts départementaux. Nous avons
trop de raisons de croire que les nouveaux
venus n'auront pas la capacité de la plu-
part de leurs devanciers. Mais il était fa-
cile de prévoir que la coalition royaliste,
menée par les cléricaux, ferait moins de
cas des titres intellectuels de ses agents
que du nombre de leurs billets de confes-
sion. Après tout, les conseils généraux
sont là, et l'on aura beau faire, les déplo-
rables traditions administratives du 2 dé-
cembre ne seront pas reprises.
Ce qu'il y a d'important à noter, c'est
l'esprit politique qui se révèle dans les
nouvelles promotions.
Or, elles présentent trois caractères
bien remarquables :
1° Les grandes situations administrati-
ves$)nt confiées exclusivement aux or-
léanistes. C'est un orléaniste, M. Ferdi-
nand Duval, qui a, depuis hier matin, le
département de la Seine. C'est un orléa-
niste, M. de Guerle, ancien précepteur
dans la famille de Broglie, qui prend la
Gironde et Bordeaux. C'est un orléaniste,
très clérical, il est vrai, M. Ducros, qui
est envoyé à Lyon. C'est enfin un orléa-
niste, M. le comte d'Ideville, qui, préfet
d'Alger, va être le trait d'union entre no-
tre plus grande colonie et le ministère.
M. d'Ideville n'est même pas un orléanis-
te ordinaire, un orléaniste plus ou moins
platonique et lié aux partis les plus divers;
c'est un des intimes de M. le comte de
Paris. C'est un orléaniste enfin, M. Burin
du Buisson, un des derniers préfets de
Louis-Philippe, un préfet suivant le cœur
de M. Guizot, que l'on expédie dans la
Somme pour y continuer les œuvres de
M. de GuerIe.
2° La plupart des postes administratifs
de second ordre sont confiés à des bona-
partistes ou du moins à d'anciens fonc-
tionnaires de l'empire. M. Decazes, le
nouveau préfet de l'Indre, a été sous-pré-
fet du régime du 2 décembre ; il est allié
par son mariage à la famille de Sedan.
M. Henri Darcy, nommé préfet des Vos-
ges, avait été, sous Louis Bonaparte, maî
tre des requêtes au conseil d'Etat. M. de
Bure, dont M. de Broglie gratifie la Cor-
rèze, se rattache au régime bonapartiste,
non-seulement par mille faveurs obtenues,
mais par d'autres liens encore, que M. le
ministre de l'intérieur ne peut pas igno-
rer. M. le comte de Masin a été l'un des
favoris de M. de Lavalette, qui éleva pour
lui la sous-préfecture de Bergerac à la
dignité de sous-préfecture de lre classe.
M. Delagneau, le préfet actuel des Hautes-
Alpes, est le favori, non-seulement de
M. de Lavalette, mais de M. Magne et
même de M. C ément Duvernois. Citons
encore parmi les anciens fonctionnaires
de l'empire M. Buchot, préfet de l'Aude ;
M. Vivaux, préfet de la Corse ; M. de
Serres, préfet de l'Aveyron, et deux ou
trois autres.
3° Les légitimistes n'ont obtenu qu'une
'faiblerpartie du gâteau. Il seœWe ~)~a
ait tenu systématiquement à les sacrifier.
On leur a donné pour toute récompense
deux préfectures : celle de Saône-et-
Loire, avec M. Cotte, et celle de la Meuse,
avec M. Dauray. Encore M. Dauray avait-
il accepté une sous-préfecture des mains
de Louis Bonaparte.
Quand on examine, en critique impar-
tial, toutes ces nominations, on est peu
surpris de voir que les orléanistes sont
les privilégiés du nouveau mouvement
préfectoral. MM. de Broglie et Beulé,
c'est-à-dire le chef du cabinet et le mi-
nistre de l'intérieur, ont travaillé pour
leur parti : rien de plus naturel; mais
pourquoi ont-ils préféré les bonapartistes
aux légitimistes pour les positions qu'ils
ne pouvaient eux-mêmes occuper? La
question vaut peut-être la peine d'être
posée, et elle n'est pas très difficile à ré-
soudre.
Lés orléanistes se sont dit, très évidem-
ment, qu'après la victoire de la coalition
et les républicains étant évincés, ils avaient
surtout à redouter, à leur point de vue, le
point de vue parlementaire, les légitimistes.
Lesbonapartistes peuvent intriguer en de-
hors du Parlement, mais dans la Chambre
actuelle ils ne sont qu un appoint facile à
remplacer. Ils n'ont pas de force légale.
Ils seraient un obstacle impuissant à cer-
tains projets. D'ailleurs, les anciens fonc-
tionnaires de l'empire n'ont jamais passé
pour avoir une foi politique bien absolue;
il est aisé de lIes convertir. Ils n'étaient
pas bonapartistes de la veille, pourquoi
s'acharneraient-ils à être des bonapartis-
tes du lendemain? La tactique est donc
de les rallier au centre droit. La tactique
est surtout d'écarter, autant que possible,
les gens de la droite qui sont de composi-
tion plus difficile et qui peuvent s'appuyer
à la Chambre sur une minorité nombreu-
se et assez compacte. On leur donnera,
pour les consoler, des sous-préfectures.
Les sous-préfectures ne tirent pas à con-
séquence, mais les préfectures, non pas;
on les réserve ou aux amis ou aux enne-
mis impuissants.
Ces calculs sont-ils aussi habiles qu'ils
paraissent l'être? Les bonapartistes, aux-
quels on a déjà tant cédé, ne finiront-ils
pas par déborder les orléanistes ? C'est ce
que l'avenir nous apprendra. En ce qui
nous concerne, nous attachons aujour-
d'hui une très faible importance au nom
des préfets et à leurs tendances. Mais il
nous paraît utile de signaler au pays les
principes qui paraissent diriger le nou-
veau gouvernement, et les profondes di-
visions politiques qui séparent déjà les
vainqueurs du 24 mai. Les légitimistes
.ne s'aperçoivent pas encore qu'ils ont tiré
les marrons du feu au profit de leurs
compétiteurs; ils s'en apercevront bientôt.
FRÉDÉRIC IIIORm.
---- Mi
Nous avons parlé hier d'an bruit qui
avait couru à la Bourse : les ministres
devaient, dirait-on, proposer à l'Assem-
blée de proclamer la République et de dé-
clarer le maréchal Mac-Mahon président
pour cinq ans et irresponsable.
Le journal que l'Univers, lorsqu'il n'était
pas de la coalition, appelait dédaigneuse-
ment « le petit Français », et qui, mainte-
nant, du haut du portefeuille de M. de
Broglie et de la sonnette de M. Buffet,
peut appeler VUnivers « le petit Univers »,
convient que « cette idée a pu faire l'objet
de quelques conversations » ; mais il
ajoute qu'on est mal informé en voyant
là « un projet arrêté par les groupes de la
majorité », et qu' « il n'est question en ce
moment de déposer aucune proposition de
ce gînre ».
Ce demi-démenti ne nous interdit pas
de penser que nous pourrions assister
prochainement à ce curieux spectacle : la
République proclamée p*r ceux qui ont
renversé M. Thiers parce qu'il leur propo-
sait de proclamer la République.
LES COULISSES DE VERSAILLES
Jamais journée plus calme ne s'était
écoulée à Versailles. Ii semblerait, à en
juger par les apparences, que le pays ne
traverse aucune crise et que rien ne s'est
produit depuis huit jours. C'est le résultat
de l'attitude des républicains de toute
nuance. Les monarchistes avaient compté
sur une résistance plus ou moins vive qui
leur aurait offert le point d'appui néces-
saire pour leurs tentatives réactionnaires.
Au lieu de cela, ils ont trouvé partout
l'ordre, et le respect de la légalité.
Aussi ne pouvant s'attaquer à leurs ad-
versaires, les coalisés commencent à se
diviser entre eux.
Les légitimi tés ne dissimulent pas leur
prétention de revanche cléricale. Les bo-
napartistes menacent de se retirer de la
coalition si on ne leur accorde pas le com-
mandement de l'armée de Versailles et la
préfecture de police. Entre les deux, les
orléanistes s'efforcent de ramener l'accord
indispensable à la durée de la coalition,
sans y réussir.
-0-
La démission du marquis de Noail-
les, ministie de France à Washington,
connue dès hier à Versailles, avait causé
une vive émotion dans les groupes monar-
chistes.
L'honorable ambassadeur, qui, à diver-
ses reprises, s'était prononcé pour la Ré-
publique, n'a pas voulu s'associer une se-
conde à la politique de combat.
Aussi M. de Broglie se montrait-il hier
très affecté de cette retraite. La démission
de M. Lanfrey a causé aussi grand émoi
dans la coalition.
La Suisse, paraît-il, a clairement mani-
festé le désagrément qu'elle éprouverait à
recevoir un ministre français clérical, sur-
tout en ce moment où elle a de sérieux
démêlés avec le clergé. L'embarras du
nouveau ministère est très grand.
Non moins grandes sont les difficultés
qui 1 attendent dans la question italienne.
M. Fournier, notre ministre auprès du roi
Victor-Emmanuel, ne veut pas donner sa
démission. Il attend dignement sa révoca-
tion, pendant que les feuilles cléricales
le couvrent d'injures.
En principe, M. de Broglie est complè-
tement d'accord avec les cléricaux sur la
situation religieuse en Italie. Mais il n'ose
rappeler M. Fournier, de peur d'éveiller
les légitimes défiances de l'Italie.
—o—
Pour la Russie, on parle du remplace-
ment du général Leflô, démissionnaire, par
M. de Chaudordy.
—o—
C'est le général de cavalerie du Barrail
qui est définitivement nommé ministre de
la guerre.
—o—
M. d'Audiffret-Pasquier, furieux d'avoir
été sacrifié par ses amis aux bonapartistes
et de n'avoir pas reçu de portefeuille, fait
une sourde opposition au nouveau cabinet.
Pour l'apaiser on lui a offert le poste de
gouverneur civil de l'Algérie, en remplace-
ment de l'amiral de Gueydon; mais la com-
pensation lui a semblé insuffisante et il a
refusé.
C'est encore un symptôme de l'accord
parfait qui règne entre les coalisés.
-0-
La Chambre prendra vacances diman-
che, lundi et mardi prochains, en raison
des fêtes de la Pentecôte,
-o-
Le nouveau ministère songe à se créer
un moyen d'influence en abrogeant la loi
de l'impôt sur les matières premières. MM.
Magne et de la Bouillerie, minières des
finances et du commerce, s'occupent de
cette question et cherchent le moyen de
combler le déficit du budget par d'autres
ressources. Mais les populations indus-
trielles qu'on espère gagner par là ne sont
rien moins que disposées à donner leur
adhésion à la politique de combat. Le mi-
nistère peut en juger par l'attitude même
des députés républicains des départements
qu'a le plus mécontentés la politique éco-
nomique de M. Thiers.
-0-
En attendant que M. Thiers soit installé
dans le logement qu'il a loué, il habite
chez le général Charlemagne, boulevard
Malesherbes.
—o—
A la suite d'une lettre fort vive qu'il a
écrite à M. Beulé, ministre de l'intérieur,
le préfet du Doubs, M. de Flavigny, a été
révoqué hier, par dépêche télégraphique.
-0-
Il serait question d'abandonner le pro-
cès du maréchal Bazaine.
Les journaux de la coalition ne parvien-
nent p-is à prendre leur parti de la réap-
parition de M.'Thiers à la Chambre. Que
cet orateur désag éable soit là, prêt à de-
mander la parole, au lieu d'être allé faire
le « voyage lointain » qu'ils avaient es-
péré, cela les indigne.
Ce sont surtout les bonapartistes que
cela met dans une fureur difficile à dé-
crire. Hier, la Patrie se bornait à trouver
M. Thiers « bien mesquin » de vouloir
être encore député quand il n'est plus
président. Aujourd'hui, un second journal
bonapartiste se conteute encore de lui in-
sinuer que « l'accueil presque froid qui
lui a été fait » (tiens! nous qui avions
pris cet accueil pour une ovation!) devrait
lui inspirer la sage résolution de ne plus
revenir à l'Assemblée d'ici à que'que
temps. Mais un troisième journal de
vChislehurst — car ils sont quatre,
en « comptant le ConstitHtiunnei —* dé-
clare crânement que , si l'ex président
de la République se permettait de
faire de l'opposition au gouvernement qui
t'a si gracieusement jeié par terre, «une
pareille attitude serait véritablement crimi-
nelle et couvrirait M. Thiers d'un opprobre
tel que ses fautes et ses erreurs passées
ne seraient rien à côté d'une telle con-
duite. »
Nous nous imaginons que M. Thiers ne
sera pas découragé de ses intentions par
ces fureurs où il est capable de voir
au moins autant de frayeur que d'indigna-
tion.
- -
M. Ferdinand Duval, préfet de la Gi-
ronde, est nommé préfet du département
de la Seine, en remplacement de M. Cal-
mon, dont la démission a été acceptée.
LES ON-DIT
L'Exposition des œuvres des artistes
vivants, au palais des Champs-Elysées,
sera fermée le mardi 3 juin jusqu'au
jeudi 5 inclusivement, pour travaux inté-
rieurs.
La réouverture aura lieu le vendredi
6 juin, et l'Exposition sera définitive-
ment close le 25 juin à six heures du soir.
Durant cette nouvelle période, l'Exposi.
tion sera ouverte, comme précédemment,
tous les jours à dix heures et fermée à six
heures.
Par exception, le lundi, l'Exposition
n'ouvrira qu'à midi.
Le dimanche et le jeudi l'entrée sera
gratuite ; les autres jours le droit d'entrée
reste fixé à 1 franc par personne.
a IFa
Les obsèques de M. P. Lebrun ont eu
lieu hier à Saint-Thomas-d'Aquin.
Après la messe mortuaire, le corps a été
conduit à la gare de Strasbourg pour être
déposé à Provins dans un caveau de fa-
mille.
Les cordons du poêle étaient tenus par
MM. Patin et Camille Rousset, de FAca-
démie, en habits, et par deux parents du
défunt. Parmi les assistants, étaient MM.
Claude Bernard, Wallon, le duc de Noail-
les, Silvestre de Sacy, Ernest Legouvé,
Jules Sandeau, Camille Doucet, Autran,
Jules Janin, de Vieil-Castel.
Des soldats de la ligne formaient cor-
tège. Une députation de l'Imprimerie naî
tionaie, dont le défunt avait été le direc-
teur sous Louis-Philippe, suivait le cer-
cueil.
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