Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-04-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 avril 1872 14 avril 1872
Description : 1872/04/14 (N779). 1872/04/14 (N779).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75301743
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2012
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RtItACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
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ANNONCES là M •
MM. Ch. LAGRANGE, CERF etW, -
6,- place de la Bourse, 6 NJ' l'
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LE RAPPEL
",: ADMINISTRATION
18, RUE DE VALOIS, se
.S.£.ElI':!'.
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ICTES ET PAROLES
par
VICTOR HUGO
L'INSTRUCTION LAÏQUE
Et quel temps fut jamais plus fertile en
miracles? Le miracle est devenu depuis
quelques mois une chose quotidienne, or-
dinairej normale. Les boiteux marchent,
et les aveugles voient comme au temps du
Christ. La Vierge apparaît à quelqu'un
tous les jours, aussi régulièrement que
les oiseaux des horloges badoises se met-
tent à chanter sur le coup de midi. C'est
tantôt un petit berger, tantôt un garde
champêtre qui aperçoit « la bonne dame »
« La bonne dame » leur fait à tous la
même recommandation : Priez 1 Le parti
clérical, qui n'a jamais été si puissant,
fait d'immenses efforts pour conquérir le
pouvoir. Il emploie Mgr Dupanloup et les
évêques à intimider et à inquiéter un
gouvernement trop facilement, hélas 1 in-
timidable. Grâce aux apparitions cons-
tantes de la Vierge, il espère rallier à lui
les pauvres, les faibles d'esprit et les gar-
des champêtres.
Le plan nous paraît mal oonçu. L'évê-
que d'Orléans, l'évêque de Poitiers, le
primat d'Aquitaine s'adressent au prési-
.lpnt 1 la République et aux commis-
ù..-.. l,oiice, c'est-à-dire aux lettrés et
aux sceptiques. On envoie la Vierge au
menu peuple. Elle se charge de la grosse
besogne. Pourquoi ? Rien ne parait plus
illogique. C'est M. Thiers que « la brave
dame » devrait visiter, non fes gardes
champêtres. Une entrevue de la Madone
et de l'auteur du Consulat et de t Empire,
aurait pour l'Eglise les plus heureux ré-
sultats. Qu'un petit gardeur de moutons
cause avec la mère du Christ, qu'en ré.
sulte-t-il ? Rien. Mais si la mère du Christ
s'entretenait avec les ministres, si elle dis-
sutait avec les membres de la Commission
de permanence, la face des choses pour-
rait changer. inotre politique extérieure
et intérieure serait peut-être sensiblement
et profondément modifiée 19 jour où l'on
aurait mis pendant une heure, face à face,
M. Dufaure et l'enfant Jésus.
Quoi qu'il en soit, ces apparitions de la
Vierge aux gardes champêtres prouvent,
d'après les feuilles cléricales, que la Vierge
aime encore la France. C'est à la rigueur
bien possible. On conviendra cependant
que c'est témoigner son affection d'une
manière bizarre que d'apparaitre aux gar-
des champêtres. La Vierge ferait peut-être
mieux, puisqu'elle dàigne faire quelque
chose, de payer pour nous trois milliards
à M. de Bismark, ou de nous donner des
canons, des fusils et un matériel suffisant.
Elle pourrait enseigner la géographie à
nos généraux, l'économie politique à nos
représentants ; elle pourrait démontrer à
M. Thiers la nécessité du service obliga-
toire, les inconvénients de la dénonciation
des traités de commerce, etc., etc. Il y a
là toute une série de miracles utiles que
je regrette de ne pas lui voir exploiter.
Nous ne prétendons pas nier ces mira-
cles. Evidemment les petits gardeurs de
moutons voient la Vierge, et les gardes
champêtres causent avec elle. Après tous
nos malheurs, toutes nos défaites, toutes
nos catastrophes, il est naturel que notre
pays soit rempli d'hallucinés. Les prêtres
exaltent les esprits chancelants et faibles.
Une garde champêtre peut se persuader
que du haut du ciel- Jéhovah a jeté les yeux
sur lui ; que les regards de la Vierge se
sont abaissés sur sa plaque et son coupe-
choux, qu'il est destiné à servir d'intermé-
diaire entre le gouvernement et les p«a^-
sances supérieures. L'extraordinaire se-
rait, qu'en ce moment, aucun garde
champêtre êt aucun gardeur de montons
ne se persuadassent ces choses. Si le mi-
racle par lui-même est discutable, la bonme
foi de ceux qui le voient et le comrtsBtcwt
ne nous semble pas douteuse.
Depuis vingt ans et plus, l'éduNtèDii
ast confiée au clergé. Depuis vingt ans
et plus, les enfants sont saturés d'idées
mystiques et de superstitions incon-
grues. Les esprits ont été faussés,
exaltés et abreuvés de chimères. Au-
cune manne intellectuelle ne leur a été
offerte. A la moindre secousse, ils tom-
bent dans l'hallucination et la folie. C'est
tout simple. Mais rien ne démontre mieux
que cet état mental, la nécessité de l'ins-
truction obligatoire et de l'instruction
laïque. Qu'il y ait place pour tous dans
nos écoles, que les professeurs s'abst'en-
nent d'enseigner la métaphysique chré-
tienne, et nous verrons finir « l'ère des
miracles ». L'eau de la Salette sera sans
vertu et la grotte de Lourdes sans mys-
tères. Le parti clérical, ne pouvant plus
alors exploiter l'ignorance publique, ces-
sera dé demander qu'on déclare la guerre
à l'Italie. Il cessera de conspirer contre la
République ; il cessera de troubler l'ordre
et d'outrager le sens commun.
EDOUARD LOCJUiOY.
LE DIXIÈME ACQUITTEMENT
Nous avons annoncé déjà l'acquitte-
ment de l'Avenir d'Auch, accusé d'ou-
trages à la commission des grâces ; mais
il importe, pour plus d'une raison, de reve-
nir sur un fait aussi significatif et de mon-
trer les leçons qu'il renferme,. t*
--Y/Avenir d'Auch "était le dixième jour-
nal poursuivi depar le vœu de la Chambre,
pour avoir blâmé des exécutions sanglan-
tes ; c'est le dixième acquitté. Ainsi, pas
une seule exception ne s'est produite;
l'homogénéité politique et morale de la
France s'est manifestée avec un ensemble
écrasant; le jury, représentation de l'opi-
nion publique, a été interrogé dans dix
affaires de premier ordre, il a été interro-
gé dans les départements les plus divers,
au centre de la France et à Ses extrémi-
tés, au midi et au nord, à l'est et à l'ouest,
et partout il a déclaré sur son âme et con-
science qu'il n'y avait pas délit à cen-
surer la commission des grâces.
Que prouve ce verdict universel du
jury?
Il prouve tout d'abord que l'Assemblée
de Versailles doit se retirer dans le plus
bref délai.
Aussi bien, elle avait dit au jury, à la
France : j'identifie ma cause avec celle de
la commission que j'ai nommée et que
l'on incrimine ; qui l'attaque m'attaque ;
qui l'outrage m'outrage, moi, représenta-
tion du pays, moi souveraine ; frappez
donc sévèrement, déclarez coupables les
journaux qui ont protesté contre ses déci-
sions.
Et la France a répondu dix fois, elle a
répondu partout : Nous les déclarons non
coupables.
Il est donc établi qu'il n'y a plus d'i-
dentité de tendances, de sentiments, d'i-
dées entre l'Assemblée et le pays ; que là
où l'Assemblée accuse, le pays absout ;
que sur les questions essentielles les élus
du 8 février 1870 et la nation française
de 1872 ont cessé de s'entendre, et que
par conséquent, à l'heure actuelle, la
France n'est plus réellement, sincèrement
représentée.
Au point de vue politique, le verdict
des dix jurys qui ont acquitté les dix
journaux est donc une pétition signée par
toute la France pour obtenir la convoca-
tion d'une nouvelle Assemblée.
Mais ce verdict a' une portée pkia
haute encore, parce qu'il résout une ques-
tion de morale publique, de justice et
d'humanité.
Il est une signification légale, écla-
tante, univers lie, adressée au gouver-
nement et à la Chambre, pour qu'on en
revienne, le plus tôt possible et sans
retour cette fois, à4'esprit et à la lettre de
ce grand décret républicain de 1848, qui
abolissait la peine de mort en matière po-
litique.
Ah 1 quand ce décret fut rendu, au mi-
lieu des applaudissements du peuple de
Paris et de toute l'Europe civilisée, qui
nous eût dit qu'un jour viendrait où des
vies humaines seraient sacrifiées par mil-
liers aux sombres exigences des passions
politiques? Il semblait consacré, sanc-
tionné à l'avance par nos mœurs elles-
mêmes. Les premières années de la Res-
tauration avaient été, sans doute, tachées
de sang ; qui ne se souvient des généraux
fusillés par les légitimistes, des abomi-
nables exploits desTrestaillons vainement
dénoncés par un procureur général, et
enfin des odieuses exécutions de Lyon ?
Mais, du moins, après ces premières
explosions de fanatisme, tout s'était régu-
larisé. On s'était pris d'une horreur légi-
1d!nB-.pqyl le sang humain versé après les
luttes cIviles. *+
Le peuple victorieux de Juillet avait
puni les ministres criminels qui avaient
voulu lui enlever tous ses droits par une
sorte de 2 décembre anticipé, mais il leur
avait laissé la vie sauve. Louis-Philippe,
assiégé par mille émeutes, mais nourri
dans les traditions du XVIII. siècle, avait
eu l'honneur d'épargner et BlanquietBar-
bès et Louis Bonaparte lui-même. L'é-
chafaud étendait encore ses bras rouges
sur la société; mais du moins l'échafaud
politique était aboli en fait, et quand la
seconde république l'abolit en droit, on
crut qu'il ne se relèverait jamais.
On se trompait. L'empire vint ; sour-
dement il fit revivre, il attisa tous les res-
sentiments, toutes les divisions, tous les
fanatismes. Il ne se contenta pas de mas-
sacrer la foule sur les boulevards pour as-
surer la réussite de -ces hideux projets ;
victorieux, il entreprit la chasse à l'hom-
me dans les bois ; il fusilla deux fois des
héros qui s'étaient levés au nom de la loi
outragée. Bien plus, il effaça une à une
dans les Ames toutes ces grandes notions
morales que la philosophie avait jadis
rendu populaires. Et alors l'homme cessa
-I-être sacré à l'homme. Dans une même
société, dans une même nation, il y eut
ces haines sauvages qui demandent le
sang, qui en ont soif, qui ne peuvent se
passer d'hécatombes. Les années 1870 et
1871 ont récolté avec horreur, dans des
tueries qu'abritaient tous les drapeaux, ce
qu'avait semé Yempire.
L'histoire dira un jour à qui revient la
dernière responsabilité de tant de drames
terribles.
Mais, en attendant, c'est une satisfac-
tion immense pour les penseurs, c'est un
honneur éternel pour le pays, que d'avoir
à constater qu'une année à peine après
les événements qui semblaient avoir bou-
leversé toutes les notions morales, la phi-
losophie humaine et clémente du XVIII*
siècle est restée maîtresse de l'opinion pu-
blique. Non, non, de quelque côté que la
mort pour cause politique ait été récla-
mée, la France n'est pas pour ceux qui
l'ont inaugurée de nouveau. La France est
restée digne d'elle-même et de ses tradi-
tions de 1848.
L'Avenir d'Auch, en envoyant par le
télégraphe la nouvelle de son acquitte-
ment, ajoutait ces mots : Vive la .Répu.
bîique !
Le verdict qui le met hors de cause ne
signifie pas seulement : Vive la Républi.
que! mais encore : Vive l'humanité 1
L'humanité est un élément, peut-être
l'élément essentiel de la justice hu-
maine.
FRÉDÉRIC MORIN
D'après la Patrie, la commission des ca"
pitulations ayant, sur la demande du ma-
réchal Bazaine, procédé à un supplément
d'instruction, serait arrivée à établir contre
lui, d'une manière irréfutable, les faits sui-
vants :
Il est prouYG qu'après avoir cembattu le 6
août et avoir repoussé l'ennemi, le maréchal,
qui n'avaîi pas engagé tous ses corps la Teille,
pouvait, le lendemain 17, recommencer la
lutte, battre les Allemands, qui n'attendaient
que le lendemain seulement leurs renforts,
marcher sur Verdun et de cette ville sur Châ-
loas.-~j. ,-- #
Il est prouvé également que le maréchal a
connu la marche de l'armée de Mac-Mahon, le
plan arrêté à Paris, et qu'il n'a pas fait ce qu'il
aurait pu faire pour opérer sa jonction avec
Mac-Mslion,
Il est "également prouvé que dès les pre-
miers jours de septembre, il a écouté les pro-
position. d'un agent inférieur qui lui offrait de
s'entremettre pour amener un arrangement
avec l'ennemi, et qu'il a perdu ainsi un temps
précieux pendant lequel il a consommé une
forte partie de ses vivres.
Il est prouvé enfin que lorsqu'il a capitulé,
il avait encore des vivres pour quelques jours,
et que s'il 'avait continué à retenir pendant
une semaine encore l'armée ennemie, il aurait
par ce service pu sauver l'armée de la Loire,
qui n'aurait pas eu devant elle, dans sa mar-
che sur Pithiriers, les forces de Frédéric-
Charles,
Si tout cela est prouvé, comme le dit la
Patrie et comme nous le croyons auwi, il
est également prouvé que M. Gambetta
n'a pas eu tort de qualifier, comme il l'a
fait, la conduite du maréchal, et enfin il
est prouvé que la résistance que M. Gam-
betta a su organiser sur la Loire aurait pu
sauver autre chose que l'honneur si la
trahison de Motz n'avait tout compro-
mis.
C'est là ce jque ne devrait pas oublier la
Pairie, qui inj urie l'ancien-membre de la
délégation de Tours, dans la page même
où elle rend un hommage involontaire à
sa clairvoyance et à son patriotisme.
—
Dans la lettre écrite par le ministre de
l'instruction publique au doyen de la Fa-
culté de médecine, à l'occasion de l'en.
quête Dolbeau, il y avait cette. phrase :
« Un confesseur ne dévoile pas les secrets de
la con fession, un maître ne déserte pas ses
élèves, un médecin ne livre pas son malade ;
ainsi le vent l'honneur professionnel, un dm
plus grands côtés de l'honneur. »
Or, à en croire les journaux du profes
seur, il résulte de l'enquête faite par le
conseil, de l'Assistance publique que M.
Dolbeau a dénoncé au chef du poste do
l'hôpital Beaujon la présence et la qualité
de Brédon,—qu'il a ainsi provoqué son ar-
restation,- donc, que «le médecin a livré
son malade. »
Nous attendons ce que va faire le minis-
tre de l'instruction publique, et nous nous
demandons si la jeunesse de France restera
condamnée à l'enseignement et à l'exem.-
ple d'un homme qui a pratiqué de cette
façon « l'honneur professionnel, un des
plus grands côtés de l'honneur. »
A. Pelleport.
LA JOURNEE POLITIQUE -
Le Times, de Londres, publie une dépêche
de son correspondant de Berlin qui affirme
que les dernières propositions financières
faites par le gouvernement français, dans
le but de hâter l'évacuation des départe-
ments occupés, n'ont pas été trouvées sa-
tisfaisantes.
M. Thiers reçoit aujourd'hui les félicita-
tions de la presse anglaise. Le Times avoue
que la solution nonnée à l'affaire des pas.:'
seports était, pour lui, inespérée. « M.'
Thiers^t-ilj donné u#' rare exeraple«"
Ce n'est pas souvent qu'un homme d Etat
arrivé à cet Age et à ce degré de puissance
abandonne volontiers des idées auxquelles
il s'est habitué et dans lesquelles il est
porté à persévérer par la déférence mémo
dont il est entouré. »
La Gazette officielle de Strasbourg publia
un article relatif au droit d'option réservé
aux Alsaciens et aux Lorrains.
La conclusion de cet article est celle-ci f
La seule faveur réservée aux Alsaciens res-
tés en Alsace, qui optent pour la nationai
lité française, c'est qu'ils peuvent émigrer.
En un mot, ils ont le droit de s'en aller,
voilà tout.
La feuille officielle de M. de Bismarck
déclare que, si l'on interprétait le traité
autrement, il en résulterait que l'Allema-
gne ne posséderait que le sol des pays an-,
nexés.
Cela veut dire que l'Allemagne trouva
plus naturel de s'emparer à la fois du sol et.
de la population, comme au bon vieux
temps. -
Nous avons parlé du conflit survenu entre.,,
M. de Kératry, préfet des Bouches-dû-f
Rhône, et la commission départementale.'
Le président de cette commission a cru1,
devoir mettre sons les yeux du ministre la;
correspondance échangée entre lui et l'ar? )
dent préfet. :
Appelé à Versailles, M. de Kératry a
donc trouvé le gouvernement parfaitement
informé, et il est à croire qu'il aura reçu.:
de sages conseils dont il ferait on ne peut
mieux de profiter.
Quelques uns pensent même que dans
un court délai M. de Kératry sera appelé W
d'autres fonctions et surtout à des fonc-
tions plus faciles.
La préfecture des Bouches-du-Rhôné
est trop importante pour qu'on ne songe
pas à la confier à un républicain d'abordé
puisque le pays est républicain, et ensuite'
à un fonctionnaire moins porté que M. de
Kératry à faire contre des émeutes, qui
pourraient se produire, de la stratégie pré-
ventive.
Le préfet d'Alger, celui du 4 septembre,
avait approuvé une délibération du conseil
municipal retirant aux instituteurs et ins-
titutrices congréganistes la direction des
écoles qui leur étaient confiées.
Le vice-amiral gouverneur vient d'an-
nule r cette décision préfectorale par un
arrêté publié dans le Menitevr de l'Algérie
du 6 avril.
Voilà donc la commune d'Alger con-i
damnée à l'enseignement congréganiste à
perpétuité.
L'amiral dit qu'il fait respecter la loi
violée par l'arrêté préfectoral. Je le veux
Bien. Mais que dire d'une loi qui ne per-
met pas à un conseil municipal, composé
de pères de familles, d'écarter des maîtres
qu'il juge dangereux?
La nouvelle de l'abdication prochaine
du prince Charles de Roumanie est forte-
ment accréditée dans les cercles officiels
de Berlin. En prévision de cet événement;
on assure qu'un traité éventuel de quadru^
pie alliance aurait été conclu entre l'Aller'
magne, l'Autriche, l'Italie et l'Angleterre,1
Ce traité, auquel le gouvernement turc au-*
rait donné son adhésion, stipulerait que,
V«uilleton du BAPFBli
DU 14 AVRIL 1872
T
te
LES
HOMMES DE L'EXIL
IAK
CHARLES HUGO
M. ÉMUE DE GIRARDIN
1
M. de Girardin était descendu à Bruxel.
les, à l'hôtel de Bellevue. Quand on allait
voir le rédacteur en chef de la Presse, on
le trouvait en robe de chambre, dans un
grand eabinet, largement éclairé par di
hautes fenêtres donnant sur la place
Royale. Il était assis devant une table
chargée de feuillets couverts de cette écri-
ture fine et rapide qui dénote l'écrivain
pressé de penser et pressé d'écrire. Les
pages, ou imprimées ou manuscrites,
étaient répandues jusque sur le tapis. M.
Emile de Girardin travaillait à cette épo-
que, si nous avons bonne mémoire, à son
étude sur le mariage, sur la femme et
l'état civil de l'enfant.
Yoir les numéros du 2 au 19 novembre i871 ,
les S. 7. 8, 31 nui et 2, 5, 6, 7, 8, 9 et 4
ivr&iS72,
Il y a des esprits où les idées se présen-
tent tout entières une à une, et d'après
un classement lent et successif, mysté-
rieux résultat de la pensée solitaire. Il y
en a d'autres, au contraire, où la pensée
est à l'état de foule, où morale, philoso-
phie, économie, religion, éducation, ques-
tions de finances, pénalité, histoire, pres-
se, tribune, le passé et le présent, la ré-
volution et la société, l'événement d'hier
et d'aujourd'hui, les faits coudoyant les
faits, en un mot, toute la multitude agitéo
et compacte des études possibles se préci-
pite à la fois.
Cet immense bruit de voix, ce flux et
ce reflux d'une mer, non pas de têtes,
mais d'idées, c'est le journalisme. La
conscience de l'historien est un tribunal;
l'âme du poëte est un sanctuaire ; l'es-
prit du journaliste est une place publi-
que.
M. de Girardin n'a fait que passer dans
t'exil. Pourquoi? Parce qu'il était journa-
liste; nous devrions dire parce qu'il était,
par excellence, le journaliste. L'exil est un
poste de combat pour l'historien, qui y
trouve aisément des bibliothèques et des
archives, pour l'orateur qui peut s'y créer
une chaire, pour le poëte qui y rencontre
partout le silence qu'il veut et l'isolement
qu'il aime.
Il n'en est pas un pour le journaliste
qui n'y est pas suivi par le public dont il
a besoin.
— Faites donc le grand journal de
l'exil 1 disait un jour, en mars 1852, dans
la rue de la Madeleine, M. Victor Hugo à
M. Emile de Girardin.
M. de Girardin hocha tristement la
tête. On ne fait pas le journal de la soli-
tude. On ne fait pas le journal du si-
Idnce.
Le journal de l'exil, pour qui? Pour
l'étranger? Il ne le comprendrait pas.
Pour la France? Elle ne l'entendrait pas,
A un esprit comme celui de M. de Gi-
rardin, Paris est nécessaire. Il demande
un auditoire de bruit. Il appelle la contra-
diction, l'objection, la lutte, le choc et
l'étincelle de la dispute. Cet attaqueur a
besoin de sentir le fer de la polémique.
Plus le fracas est grand autour de lui,
mieux il écoute. Le silence lui couperait
la parole. 1 a l'ouïe faite au tumulte et la
voix assouplie à la querelle. C'est à la me
lée des esprits qui! veut jeter la muUi
tude de ses vues. Il se plaît à répondre aux
cent voix de la presse et à se sentir re-
gardé par les cent yeux de l'opinion. Il
aime cette hydre et il affronte cet argus.
Passionné pour la liberté dont il a tou-
jours été le chevalier fidèle. (1), populaire
auprès des uns, haï des autres, suspect
ici et là influent, cuirassé de toutes pièces
et découvert de tous côtés, assailli dans sa
vie et dans sa fortune, guetté dans ses
arrière-pensées, conservateur par bou-
tades et brouillon par tempérament,
pratique pour ceux-ci, idéologue pour
ceux-là, réformateur convaincu et révo-
lutionnaire récalcitrant, décidé sur la dé-
fi) Le lecteur n'aura pas attendu ce passage
pour s'apercevoir que ce chapitre des Hommes
de l'exil a été écrit par Charles Hugo avant
1869,
mocratie et indifférent sur la République,
figure complexe, mobile, à la fois vulné-
rable et vivace, M. de Girardin ne pou-
vait être en scène qu'à Paris.
Il lui faut un gouvernement à attaquer
en détail et pied à pied, et Paris seul de-
vait fournir à cet assaillant multiple de
l'arbitraire les optimismes irascibles dont
il a besoin-. Il lui faut la vue du banc des
ministres et les divers fronts de bataille
de la majorité, du tiers parti et de l'oppo-
sition. C'est là — seulement là — qu'il ai-
me à se choisir fies adversaires, jetant et
recevant la provocation, épée aux mille
éclairs trempée dans le progrès, mais à
laquelle il manque la forte poignée répu-
blicaine.
Sans objection en effet comme sans
préférence devant la forme du gouverne-
ment, quelle qu'elle soit, acceptant les
yeux fermés la monarchie constitution-
nelle comme la République, et la Répu-
blique comme l'empire; indifférent sur
ce point capital, et oubliant que tout gou-
vernement contient rien que dans sa for-
me la négation ou l'affirmation du droit
humain, M. de Girardin a dû à cette neu-
tralité ses erreurs et ses fautes. Il eût
pu être l'homme d'un parti en même
temps que l'homme d'un principe. Il a
cru plus juste de séparer la liberté de la
république et d'épouser le principe sans
suivre le parti, ubiquité, politique qui a
dérouté sur lui l'opinion, éprise avant
tout de clarLé dans les idées comme dans
les hommes.
De là, entre le parti républicain et lui,
un abîme.
* JI
On a vu en M. de Girardin un ambi-
tieux. S'est-on trompé? Oui et non. Am-
bitieux de dignités, non ; ambitieux de
gouvernement, oui. Il ne s'en cache pas
d'ailleurs. Il aimerait le pouvoir, non pas,
dit-il, pour le pouvoir en lui-même, mais
pour l'utile instrument qu'il se sentirait
dans la main. C'est, à ce qu'il assure,
pour s'en servir, et non pour le servir
qu'il désire le gouvernement. Le but qu'il
a toujours poursuivi l'autorise à souhaiter
sous tous les régimes cet insaisissable mi-
nistère que tous lui refusent, et à s'offrir
même à la tyrannie, qui se garde bien de
l'accepter, et qui, en cela, est plus logi-
que que lui.
Caressant l'illusion de ce trône toujours
possible, il est, depuis trente ans, minis-
tre en expectative au département de la
liberté, et l'on peut accorder que ce qit
est ambitieux en lui, ce n'est pas son ca-
ractère, mais son programme. Or, la li-
berté ne s'offre pas, elle s'impose. Elle
entre au gouvernement, dans un jour de
révolution, par la porte de l'Hôtel de Ville,
au milieu d'un nuage de poudre et au
bruit des balles. Son portefeuille est la
cartouchière de Juillet et de Février.
Cette ambition, à la fois aveugle et dé-
sintéressée, nécessite en M. de Girardin
l'acceptation du fait accompli et l'absolu-
tion des origines. Il faut qu'il innocente
également tous les points de départ et qu'il
considère comme des eh-cari s les justes
sévérités de la conscience humaine sur
certaines dates sanglantes. Il donne ainsi
indistinctement à tous les gouvernements
un brevet de régularité et un blanc-seing
politique uniforme, qu'ils peuvent bien
ou mal remplir. Il les attend à I'oeuvre,
et, insoucieux des usurpations, ne les
condamne que sur le mauvais usage qu'ils
font du pouvoir usurpé.
Le gaspillage des finances, les arme-
ments excessifs, les expéditions ruineuses;
les lois maladroites et violentes : voilà les
seuls gmfs qu'il met à la charge du fait
accompli. Si le fait accompli gouvernait
bien, il le proposerait comme modèle au
jugement de l'histoire et s'étonnerait.
qu'elle restât sévère.
L'histoire pourtant maintient son arrêt,
car l'origine est ineffaçable, et, en l'ou-
bliant, M. de Girardin permet contre lui
cette critique grave qu'en politique il est
moins l'ennemi des crimes que des fautes;
Par toutes ces raisons, l'exil ne pouvait
être, pour lui, un poste de combat, ni
l'étranger un lieu de séjour. M. de Girar-
din devait donc rentrer, et il est rentré
en France. Enveloppé dans la majesté du
devoir solitaire, réduit à la protestatioIl:
lente et à la propagande clandestine;
sans vis-à-vis direct à provoquer sur
place, ne pouvant plus atteindre le desp «
tisme qu'à distance et pour ainsi dire du
regard, ce journaliste désarmé d'ennemis;
eût rendu sa plume au silence et senti la
mort dans l'immobilité de l'exemple.
CHARLES HUGO.
CA tuftpe,)
25 tfeMMiBtm~
(
RtItACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
De 3 d 5 hexves du soir
18.. XOJUDe VALOIS, il -
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ANNONCES là M •
MM. Ch. LAGRANGE, CERF etW, -
6,- place de la Bourse, 6 NJ' l'
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LE RAPPEL
",: ADMINISTRATION
18, RUE DE VALOIS, se
.S.£.ElI':!'.
-- PARIS
frois mois.;.; id »
Six mois. 20 »
DÉPARTEMENTS *
Trois mois. 13 Ml
Six mois,.,. 27 d
Adresser lettres et mandats
A. M. A. PELLEPORT
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primées.
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ICTES ET PAROLES
par
VICTOR HUGO
L'INSTRUCTION LAÏQUE
Et quel temps fut jamais plus fertile en
miracles? Le miracle est devenu depuis
quelques mois une chose quotidienne, or-
dinairej normale. Les boiteux marchent,
et les aveugles voient comme au temps du
Christ. La Vierge apparaît à quelqu'un
tous les jours, aussi régulièrement que
les oiseaux des horloges badoises se met-
tent à chanter sur le coup de midi. C'est
tantôt un petit berger, tantôt un garde
champêtre qui aperçoit « la bonne dame »
« La bonne dame » leur fait à tous la
même recommandation : Priez 1 Le parti
clérical, qui n'a jamais été si puissant,
fait d'immenses efforts pour conquérir le
pouvoir. Il emploie Mgr Dupanloup et les
évêques à intimider et à inquiéter un
gouvernement trop facilement, hélas 1 in-
timidable. Grâce aux apparitions cons-
tantes de la Vierge, il espère rallier à lui
les pauvres, les faibles d'esprit et les gar-
des champêtres.
Le plan nous paraît mal oonçu. L'évê-
que d'Orléans, l'évêque de Poitiers, le
primat d'Aquitaine s'adressent au prési-
.lpnt 1 la République et aux commis-
ù..-.. l,oiice, c'est-à-dire aux lettrés et
aux sceptiques. On envoie la Vierge au
menu peuple. Elle se charge de la grosse
besogne. Pourquoi ? Rien ne parait plus
illogique. C'est M. Thiers que « la brave
dame » devrait visiter, non fes gardes
champêtres. Une entrevue de la Madone
et de l'auteur du Consulat et de t Empire,
aurait pour l'Eglise les plus heureux ré-
sultats. Qu'un petit gardeur de moutons
cause avec la mère du Christ, qu'en ré.
sulte-t-il ? Rien. Mais si la mère du Christ
s'entretenait avec les ministres, si elle dis-
sutait avec les membres de la Commission
de permanence, la face des choses pour-
rait changer. inotre politique extérieure
et intérieure serait peut-être sensiblement
et profondément modifiée 19 jour où l'on
aurait mis pendant une heure, face à face,
M. Dufaure et l'enfant Jésus.
Quoi qu'il en soit, ces apparitions de la
Vierge aux gardes champêtres prouvent,
d'après les feuilles cléricales, que la Vierge
aime encore la France. C'est à la rigueur
bien possible. On conviendra cependant
que c'est témoigner son affection d'une
manière bizarre que d'apparaitre aux gar-
des champêtres. La Vierge ferait peut-être
mieux, puisqu'elle dàigne faire quelque
chose, de payer pour nous trois milliards
à M. de Bismark, ou de nous donner des
canons, des fusils et un matériel suffisant.
Elle pourrait enseigner la géographie à
nos généraux, l'économie politique à nos
représentants ; elle pourrait démontrer à
M. Thiers la nécessité du service obliga-
toire, les inconvénients de la dénonciation
des traités de commerce, etc., etc. Il y a
là toute une série de miracles utiles que
je regrette de ne pas lui voir exploiter.
Nous ne prétendons pas nier ces mira-
cles. Evidemment les petits gardeurs de
moutons voient la Vierge, et les gardes
champêtres causent avec elle. Après tous
nos malheurs, toutes nos défaites, toutes
nos catastrophes, il est naturel que notre
pays soit rempli d'hallucinés. Les prêtres
exaltent les esprits chancelants et faibles.
Une garde champêtre peut se persuader
que du haut du ciel- Jéhovah a jeté les yeux
sur lui ; que les regards de la Vierge se
sont abaissés sur sa plaque et son coupe-
choux, qu'il est destiné à servir d'intermé-
diaire entre le gouvernement et les p«a^-
sances supérieures. L'extraordinaire se-
rait, qu'en ce moment, aucun garde
champêtre êt aucun gardeur de montons
ne se persuadassent ces choses. Si le mi-
racle par lui-même est discutable, la bonme
foi de ceux qui le voient et le comrtsBtcwt
ne nous semble pas douteuse.
Depuis vingt ans et plus, l'éduNtèDii
ast confiée au clergé. Depuis vingt ans
et plus, les enfants sont saturés d'idées
mystiques et de superstitions incon-
grues. Les esprits ont été faussés,
exaltés et abreuvés de chimères. Au-
cune manne intellectuelle ne leur a été
offerte. A la moindre secousse, ils tom-
bent dans l'hallucination et la folie. C'est
tout simple. Mais rien ne démontre mieux
que cet état mental, la nécessité de l'ins-
truction obligatoire et de l'instruction
laïque. Qu'il y ait place pour tous dans
nos écoles, que les professeurs s'abst'en-
nent d'enseigner la métaphysique chré-
tienne, et nous verrons finir « l'ère des
miracles ». L'eau de la Salette sera sans
vertu et la grotte de Lourdes sans mys-
tères. Le parti clérical, ne pouvant plus
alors exploiter l'ignorance publique, ces-
sera dé demander qu'on déclare la guerre
à l'Italie. Il cessera de conspirer contre la
République ; il cessera de troubler l'ordre
et d'outrager le sens commun.
EDOUARD LOCJUiOY.
LE DIXIÈME ACQUITTEMENT
Nous avons annoncé déjà l'acquitte-
ment de l'Avenir d'Auch, accusé d'ou-
trages à la commission des grâces ; mais
il importe, pour plus d'une raison, de reve-
nir sur un fait aussi significatif et de mon-
trer les leçons qu'il renferme,. t*
--Y/Avenir d'Auch "était le dixième jour-
nal poursuivi depar le vœu de la Chambre,
pour avoir blâmé des exécutions sanglan-
tes ; c'est le dixième acquitté. Ainsi, pas
une seule exception ne s'est produite;
l'homogénéité politique et morale de la
France s'est manifestée avec un ensemble
écrasant; le jury, représentation de l'opi-
nion publique, a été interrogé dans dix
affaires de premier ordre, il a été interro-
gé dans les départements les plus divers,
au centre de la France et à Ses extrémi-
tés, au midi et au nord, à l'est et à l'ouest,
et partout il a déclaré sur son âme et con-
science qu'il n'y avait pas délit à cen-
surer la commission des grâces.
Que prouve ce verdict universel du
jury?
Il prouve tout d'abord que l'Assemblée
de Versailles doit se retirer dans le plus
bref délai.
Aussi bien, elle avait dit au jury, à la
France : j'identifie ma cause avec celle de
la commission que j'ai nommée et que
l'on incrimine ; qui l'attaque m'attaque ;
qui l'outrage m'outrage, moi, représenta-
tion du pays, moi souveraine ; frappez
donc sévèrement, déclarez coupables les
journaux qui ont protesté contre ses déci-
sions.
Et la France a répondu dix fois, elle a
répondu partout : Nous les déclarons non
coupables.
Il est donc établi qu'il n'y a plus d'i-
dentité de tendances, de sentiments, d'i-
dées entre l'Assemblée et le pays ; que là
où l'Assemblée accuse, le pays absout ;
que sur les questions essentielles les élus
du 8 février 1870 et la nation française
de 1872 ont cessé de s'entendre, et que
par conséquent, à l'heure actuelle, la
France n'est plus réellement, sincèrement
représentée.
Au point de vue politique, le verdict
des dix jurys qui ont acquitté les dix
journaux est donc une pétition signée par
toute la France pour obtenir la convoca-
tion d'une nouvelle Assemblée.
Mais ce verdict a' une portée pkia
haute encore, parce qu'il résout une ques-
tion de morale publique, de justice et
d'humanité.
Il est une signification légale, écla-
tante, univers lie, adressée au gouver-
nement et à la Chambre, pour qu'on en
revienne, le plus tôt possible et sans
retour cette fois, à4'esprit et à la lettre de
ce grand décret républicain de 1848, qui
abolissait la peine de mort en matière po-
litique.
Ah 1 quand ce décret fut rendu, au mi-
lieu des applaudissements du peuple de
Paris et de toute l'Europe civilisée, qui
nous eût dit qu'un jour viendrait où des
vies humaines seraient sacrifiées par mil-
liers aux sombres exigences des passions
politiques? Il semblait consacré, sanc-
tionné à l'avance par nos mœurs elles-
mêmes. Les premières années de la Res-
tauration avaient été, sans doute, tachées
de sang ; qui ne se souvient des généraux
fusillés par les légitimistes, des abomi-
nables exploits desTrestaillons vainement
dénoncés par un procureur général, et
enfin des odieuses exécutions de Lyon ?
Mais, du moins, après ces premières
explosions de fanatisme, tout s'était régu-
larisé. On s'était pris d'une horreur légi-
1d!nB-.pqyl le sang humain versé après les
luttes cIviles. *+
Le peuple victorieux de Juillet avait
puni les ministres criminels qui avaient
voulu lui enlever tous ses droits par une
sorte de 2 décembre anticipé, mais il leur
avait laissé la vie sauve. Louis-Philippe,
assiégé par mille émeutes, mais nourri
dans les traditions du XVIII. siècle, avait
eu l'honneur d'épargner et BlanquietBar-
bès et Louis Bonaparte lui-même. L'é-
chafaud étendait encore ses bras rouges
sur la société; mais du moins l'échafaud
politique était aboli en fait, et quand la
seconde république l'abolit en droit, on
crut qu'il ne se relèverait jamais.
On se trompait. L'empire vint ; sour-
dement il fit revivre, il attisa tous les res-
sentiments, toutes les divisions, tous les
fanatismes. Il ne se contenta pas de mas-
sacrer la foule sur les boulevards pour as-
surer la réussite de -ces hideux projets ;
victorieux, il entreprit la chasse à l'hom-
me dans les bois ; il fusilla deux fois des
héros qui s'étaient levés au nom de la loi
outragée. Bien plus, il effaça une à une
dans les Ames toutes ces grandes notions
morales que la philosophie avait jadis
rendu populaires. Et alors l'homme cessa
-I-être sacré à l'homme. Dans une même
société, dans une même nation, il y eut
ces haines sauvages qui demandent le
sang, qui en ont soif, qui ne peuvent se
passer d'hécatombes. Les années 1870 et
1871 ont récolté avec horreur, dans des
tueries qu'abritaient tous les drapeaux, ce
qu'avait semé Yempire.
L'histoire dira un jour à qui revient la
dernière responsabilité de tant de drames
terribles.
Mais, en attendant, c'est une satisfac-
tion immense pour les penseurs, c'est un
honneur éternel pour le pays, que d'avoir
à constater qu'une année à peine après
les événements qui semblaient avoir bou-
leversé toutes les notions morales, la phi-
losophie humaine et clémente du XVIII*
siècle est restée maîtresse de l'opinion pu-
blique. Non, non, de quelque côté que la
mort pour cause politique ait été récla-
mée, la France n'est pas pour ceux qui
l'ont inaugurée de nouveau. La France est
restée digne d'elle-même et de ses tradi-
tions de 1848.
L'Avenir d'Auch, en envoyant par le
télégraphe la nouvelle de son acquitte-
ment, ajoutait ces mots : Vive la .Répu.
bîique !
Le verdict qui le met hors de cause ne
signifie pas seulement : Vive la Républi.
que! mais encore : Vive l'humanité 1
L'humanité est un élément, peut-être
l'élément essentiel de la justice hu-
maine.
FRÉDÉRIC MORIN
D'après la Patrie, la commission des ca"
pitulations ayant, sur la demande du ma-
réchal Bazaine, procédé à un supplément
d'instruction, serait arrivée à établir contre
lui, d'une manière irréfutable, les faits sui-
vants :
Il est prouYG qu'après avoir cembattu le 6
août et avoir repoussé l'ennemi, le maréchal,
qui n'avaîi pas engagé tous ses corps la Teille,
pouvait, le lendemain 17, recommencer la
lutte, battre les Allemands, qui n'attendaient
que le lendemain seulement leurs renforts,
marcher sur Verdun et de cette ville sur Châ-
loas.-~j. ,-- #
Il est prouvé également que le maréchal a
connu la marche de l'armée de Mac-Mahon, le
plan arrêté à Paris, et qu'il n'a pas fait ce qu'il
aurait pu faire pour opérer sa jonction avec
Mac-Mslion,
Il est "également prouvé que dès les pre-
miers jours de septembre, il a écouté les pro-
position. d'un agent inférieur qui lui offrait de
s'entremettre pour amener un arrangement
avec l'ennemi, et qu'il a perdu ainsi un temps
précieux pendant lequel il a consommé une
forte partie de ses vivres.
Il est prouvé enfin que lorsqu'il a capitulé,
il avait encore des vivres pour quelques jours,
et que s'il 'avait continué à retenir pendant
une semaine encore l'armée ennemie, il aurait
par ce service pu sauver l'armée de la Loire,
qui n'aurait pas eu devant elle, dans sa mar-
che sur Pithiriers, les forces de Frédéric-
Charles,
Si tout cela est prouvé, comme le dit la
Patrie et comme nous le croyons auwi, il
est également prouvé que M. Gambetta
n'a pas eu tort de qualifier, comme il l'a
fait, la conduite du maréchal, et enfin il
est prouvé que la résistance que M. Gam-
betta a su organiser sur la Loire aurait pu
sauver autre chose que l'honneur si la
trahison de Motz n'avait tout compro-
mis.
C'est là ce jque ne devrait pas oublier la
Pairie, qui inj urie l'ancien-membre de la
délégation de Tours, dans la page même
où elle rend un hommage involontaire à
sa clairvoyance et à son patriotisme.
—
Dans la lettre écrite par le ministre de
l'instruction publique au doyen de la Fa-
culté de médecine, à l'occasion de l'en.
quête Dolbeau, il y avait cette. phrase :
« Un confesseur ne dévoile pas les secrets de
la con fession, un maître ne déserte pas ses
élèves, un médecin ne livre pas son malade ;
ainsi le vent l'honneur professionnel, un dm
plus grands côtés de l'honneur. »
Or, à en croire les journaux du profes
seur, il résulte de l'enquête faite par le
conseil, de l'Assistance publique que M.
Dolbeau a dénoncé au chef du poste do
l'hôpital Beaujon la présence et la qualité
de Brédon,—qu'il a ainsi provoqué son ar-
restation,- donc, que «le médecin a livré
son malade. »
Nous attendons ce que va faire le minis-
tre de l'instruction publique, et nous nous
demandons si la jeunesse de France restera
condamnée à l'enseignement et à l'exem.-
ple d'un homme qui a pratiqué de cette
façon « l'honneur professionnel, un des
plus grands côtés de l'honneur. »
A. Pelleport.
LA JOURNEE POLITIQUE -
Le Times, de Londres, publie une dépêche
de son correspondant de Berlin qui affirme
que les dernières propositions financières
faites par le gouvernement français, dans
le but de hâter l'évacuation des départe-
ments occupés, n'ont pas été trouvées sa-
tisfaisantes.
M. Thiers reçoit aujourd'hui les félicita-
tions de la presse anglaise. Le Times avoue
que la solution nonnée à l'affaire des pas.:'
seports était, pour lui, inespérée. « M.'
Thiers^t-ilj donné u#' rare exeraple«"
Ce n'est pas souvent qu'un homme d Etat
arrivé à cet Age et à ce degré de puissance
abandonne volontiers des idées auxquelles
il s'est habitué et dans lesquelles il est
porté à persévérer par la déférence mémo
dont il est entouré. »
La Gazette officielle de Strasbourg publia
un article relatif au droit d'option réservé
aux Alsaciens et aux Lorrains.
La conclusion de cet article est celle-ci f
La seule faveur réservée aux Alsaciens res-
tés en Alsace, qui optent pour la nationai
lité française, c'est qu'ils peuvent émigrer.
En un mot, ils ont le droit de s'en aller,
voilà tout.
La feuille officielle de M. de Bismarck
déclare que, si l'on interprétait le traité
autrement, il en résulterait que l'Allema-
gne ne posséderait que le sol des pays an-,
nexés.
Cela veut dire que l'Allemagne trouva
plus naturel de s'emparer à la fois du sol et.
de la population, comme au bon vieux
temps. -
Nous avons parlé du conflit survenu entre.,,
M. de Kératry, préfet des Bouches-dû-f
Rhône, et la commission départementale.'
Le président de cette commission a cru1,
devoir mettre sons les yeux du ministre la;
correspondance échangée entre lui et l'ar? )
dent préfet. :
Appelé à Versailles, M. de Kératry a
donc trouvé le gouvernement parfaitement
informé, et il est à croire qu'il aura reçu.:
de sages conseils dont il ferait on ne peut
mieux de profiter.
Quelques uns pensent même que dans
un court délai M. de Kératry sera appelé W
d'autres fonctions et surtout à des fonc-
tions plus faciles.
La préfecture des Bouches-du-Rhôné
est trop importante pour qu'on ne songe
pas à la confier à un républicain d'abordé
puisque le pays est républicain, et ensuite'
à un fonctionnaire moins porté que M. de
Kératry à faire contre des émeutes, qui
pourraient se produire, de la stratégie pré-
ventive.
Le préfet d'Alger, celui du 4 septembre,
avait approuvé une délibération du conseil
municipal retirant aux instituteurs et ins-
titutrices congréganistes la direction des
écoles qui leur étaient confiées.
Le vice-amiral gouverneur vient d'an-
nule r cette décision préfectorale par un
arrêté publié dans le Menitevr de l'Algérie
du 6 avril.
Voilà donc la commune d'Alger con-i
damnée à l'enseignement congréganiste à
perpétuité.
L'amiral dit qu'il fait respecter la loi
violée par l'arrêté préfectoral. Je le veux
Bien. Mais que dire d'une loi qui ne per-
met pas à un conseil municipal, composé
de pères de familles, d'écarter des maîtres
qu'il juge dangereux?
La nouvelle de l'abdication prochaine
du prince Charles de Roumanie est forte-
ment accréditée dans les cercles officiels
de Berlin. En prévision de cet événement;
on assure qu'un traité éventuel de quadru^
pie alliance aurait été conclu entre l'Aller'
magne, l'Autriche, l'Italie et l'Angleterre,1
Ce traité, auquel le gouvernement turc au-*
rait donné son adhésion, stipulerait que,
V«uilleton du BAPFBli
DU 14 AVRIL 1872
T
te
LES
HOMMES DE L'EXIL
IAK
CHARLES HUGO
M. ÉMUE DE GIRARDIN
1
M. de Girardin était descendu à Bruxel.
les, à l'hôtel de Bellevue. Quand on allait
voir le rédacteur en chef de la Presse, on
le trouvait en robe de chambre, dans un
grand eabinet, largement éclairé par di
hautes fenêtres donnant sur la place
Royale. Il était assis devant une table
chargée de feuillets couverts de cette écri-
ture fine et rapide qui dénote l'écrivain
pressé de penser et pressé d'écrire. Les
pages, ou imprimées ou manuscrites,
étaient répandues jusque sur le tapis. M.
Emile de Girardin travaillait à cette épo-
que, si nous avons bonne mémoire, à son
étude sur le mariage, sur la femme et
l'état civil de l'enfant.
Yoir les numéros du 2 au 19 novembre i871 ,
les S. 7. 8, 31 nui et 2, 5, 6, 7, 8, 9 et 4
ivr&iS72,
Il y a des esprits où les idées se présen-
tent tout entières une à une, et d'après
un classement lent et successif, mysté-
rieux résultat de la pensée solitaire. Il y
en a d'autres, au contraire, où la pensée
est à l'état de foule, où morale, philoso-
phie, économie, religion, éducation, ques-
tions de finances, pénalité, histoire, pres-
se, tribune, le passé et le présent, la ré-
volution et la société, l'événement d'hier
et d'aujourd'hui, les faits coudoyant les
faits, en un mot, toute la multitude agitéo
et compacte des études possibles se préci-
pite à la fois.
Cet immense bruit de voix, ce flux et
ce reflux d'une mer, non pas de têtes,
mais d'idées, c'est le journalisme. La
conscience de l'historien est un tribunal;
l'âme du poëte est un sanctuaire ; l'es-
prit du journaliste est une place publi-
que.
M. de Girardin n'a fait que passer dans
t'exil. Pourquoi? Parce qu'il était journa-
liste; nous devrions dire parce qu'il était,
par excellence, le journaliste. L'exil est un
poste de combat pour l'historien, qui y
trouve aisément des bibliothèques et des
archives, pour l'orateur qui peut s'y créer
une chaire, pour le poëte qui y rencontre
partout le silence qu'il veut et l'isolement
qu'il aime.
Il n'en est pas un pour le journaliste
qui n'y est pas suivi par le public dont il
a besoin.
— Faites donc le grand journal de
l'exil 1 disait un jour, en mars 1852, dans
la rue de la Madeleine, M. Victor Hugo à
M. Emile de Girardin.
M. de Girardin hocha tristement la
tête. On ne fait pas le journal de la soli-
tude. On ne fait pas le journal du si-
Idnce.
Le journal de l'exil, pour qui? Pour
l'étranger? Il ne le comprendrait pas.
Pour la France? Elle ne l'entendrait pas,
A un esprit comme celui de M. de Gi-
rardin, Paris est nécessaire. Il demande
un auditoire de bruit. Il appelle la contra-
diction, l'objection, la lutte, le choc et
l'étincelle de la dispute. Cet attaqueur a
besoin de sentir le fer de la polémique.
Plus le fracas est grand autour de lui,
mieux il écoute. Le silence lui couperait
la parole. 1 a l'ouïe faite au tumulte et la
voix assouplie à la querelle. C'est à la me
lée des esprits qui! veut jeter la muUi
tude de ses vues. Il se plaît à répondre aux
cent voix de la presse et à se sentir re-
gardé par les cent yeux de l'opinion. Il
aime cette hydre et il affronte cet argus.
Passionné pour la liberté dont il a tou-
jours été le chevalier fidèle. (1), populaire
auprès des uns, haï des autres, suspect
ici et là influent, cuirassé de toutes pièces
et découvert de tous côtés, assailli dans sa
vie et dans sa fortune, guetté dans ses
arrière-pensées, conservateur par bou-
tades et brouillon par tempérament,
pratique pour ceux-ci, idéologue pour
ceux-là, réformateur convaincu et révo-
lutionnaire récalcitrant, décidé sur la dé-
fi) Le lecteur n'aura pas attendu ce passage
pour s'apercevoir que ce chapitre des Hommes
de l'exil a été écrit par Charles Hugo avant
1869,
mocratie et indifférent sur la République,
figure complexe, mobile, à la fois vulné-
rable et vivace, M. de Girardin ne pou-
vait être en scène qu'à Paris.
Il lui faut un gouvernement à attaquer
en détail et pied à pied, et Paris seul de-
vait fournir à cet assaillant multiple de
l'arbitraire les optimismes irascibles dont
il a besoin-. Il lui faut la vue du banc des
ministres et les divers fronts de bataille
de la majorité, du tiers parti et de l'oppo-
sition. C'est là — seulement là — qu'il ai-
me à se choisir fies adversaires, jetant et
recevant la provocation, épée aux mille
éclairs trempée dans le progrès, mais à
laquelle il manque la forte poignée répu-
blicaine.
Sans objection en effet comme sans
préférence devant la forme du gouverne-
ment, quelle qu'elle soit, acceptant les
yeux fermés la monarchie constitution-
nelle comme la République, et la Répu-
blique comme l'empire; indifférent sur
ce point capital, et oubliant que tout gou-
vernement contient rien que dans sa for-
me la négation ou l'affirmation du droit
humain, M. de Girardin a dû à cette neu-
tralité ses erreurs et ses fautes. Il eût
pu être l'homme d'un parti en même
temps que l'homme d'un principe. Il a
cru plus juste de séparer la liberté de la
république et d'épouser le principe sans
suivre le parti, ubiquité, politique qui a
dérouté sur lui l'opinion, éprise avant
tout de clarLé dans les idées comme dans
les hommes.
De là, entre le parti républicain et lui,
un abîme.
* JI
On a vu en M. de Girardin un ambi-
tieux. S'est-on trompé? Oui et non. Am-
bitieux de dignités, non ; ambitieux de
gouvernement, oui. Il ne s'en cache pas
d'ailleurs. Il aimerait le pouvoir, non pas,
dit-il, pour le pouvoir en lui-même, mais
pour l'utile instrument qu'il se sentirait
dans la main. C'est, à ce qu'il assure,
pour s'en servir, et non pour le servir
qu'il désire le gouvernement. Le but qu'il
a toujours poursuivi l'autorise à souhaiter
sous tous les régimes cet insaisissable mi-
nistère que tous lui refusent, et à s'offrir
même à la tyrannie, qui se garde bien de
l'accepter, et qui, en cela, est plus logi-
que que lui.
Caressant l'illusion de ce trône toujours
possible, il est, depuis trente ans, minis-
tre en expectative au département de la
liberté, et l'on peut accorder que ce qit
est ambitieux en lui, ce n'est pas son ca-
ractère, mais son programme. Or, la li-
berté ne s'offre pas, elle s'impose. Elle
entre au gouvernement, dans un jour de
révolution, par la porte de l'Hôtel de Ville,
au milieu d'un nuage de poudre et au
bruit des balles. Son portefeuille est la
cartouchière de Juillet et de Février.
Cette ambition, à la fois aveugle et dé-
sintéressée, nécessite en M. de Girardin
l'acceptation du fait accompli et l'absolu-
tion des origines. Il faut qu'il innocente
également tous les points de départ et qu'il
considère comme des eh-cari s les justes
sévérités de la conscience humaine sur
certaines dates sanglantes. Il donne ainsi
indistinctement à tous les gouvernements
un brevet de régularité et un blanc-seing
politique uniforme, qu'ils peuvent bien
ou mal remplir. Il les attend à I'oeuvre,
et, insoucieux des usurpations, ne les
condamne que sur le mauvais usage qu'ils
font du pouvoir usurpé.
Le gaspillage des finances, les arme-
ments excessifs, les expéditions ruineuses;
les lois maladroites et violentes : voilà les
seuls gmfs qu'il met à la charge du fait
accompli. Si le fait accompli gouvernait
bien, il le proposerait comme modèle au
jugement de l'histoire et s'étonnerait.
qu'elle restât sévère.
L'histoire pourtant maintient son arrêt,
car l'origine est ineffaçable, et, en l'ou-
bliant, M. de Girardin permet contre lui
cette critique grave qu'en politique il est
moins l'ennemi des crimes que des fautes;
Par toutes ces raisons, l'exil ne pouvait
être, pour lui, un poste de combat, ni
l'étranger un lieu de séjour. M. de Girar-
din devait donc rentrer, et il est rentré
en France. Enveloppé dans la majesté du
devoir solitaire, réduit à la protestatioIl:
lente et à la propagande clandestine;
sans vis-à-vis direct à provoquer sur
place, ne pouvant plus atteindre le desp «
tisme qu'à distance et pour ainsi dire du
regard, ce journaliste désarmé d'ennemis;
eût rendu sa plume au silence et senti la
mort dans l'immobilité de l'exemple.
CHARLES HUGO.
CA tuftpe,)
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