Titre : Le Messager du Midi : journal du soir
Éditeur : [s.n.] (Montpellier)
Date d'édition : 1856-03-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34407648z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 mars 1856 17 mars 1856
Description : 1856/03/17 (A9,ED2,N76). 1856/03/17 (A9,ED2,N76).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG34 Collection numérique : BIPFPIG34
Description : Collection numérique : Collections de Montpellier... Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole
Description : Collection numérique : Presse locale ancienne Collection numérique : Presse locale ancienne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7372425w
Source : Montpellier Méditerranée Métropole - Médiathèque centrale Emile Zola, 1540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2021
73. — 9me AXXKE.
DEUX5EME EDITIOÎK.
1856. LUNDI 17 MARS.
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eORHHSPONDANTS DE L ADMINISTRATION CHARGÉS DM KECEVOIR LHS ABONNEMENTS.
p,,(; ; Lejolivot, rne M.-D.-de»-V»ctoiros, 23. Lunel : Pellet-Vedel. ( Narbonne : Oedien ,lib.
R , 'I Teissior, lib. Perpignan : Julla frère». iJiei-oïcm : tVàinsai. Sigeau : fouderoa»,
A.r.f.i-m ■ G!«œéni-Sl- U-j/iers : ViiUrot. Gigaao : Lavayase. AZende : Boyer, lib.
CeUa : Sery«i». BcJariaox:Prin-Ferr«t Castres :J»ïorii)jeiIier, l.
f-Ursaiile : T" Ciiioin. Asde : M. C.issan. Alais : M" Veirun. Ragnol» : Broche, libr.
Gu-aa**i«ee:Lajoax, l. Pôzena» : Richard. Anduse:Moliniéfrères. Limonx: B. Buy, libr.
(erpigfan s M'1* Tasla. Lodève : Bartbe*, lik. Carpentra* : Oddou. Castehiai.dary : iiourg,
Arles : Serre, lifc, îchez M.deMaslatrie.u.
8999K7SS, mk Babc»iona, en 1*libteria ie Tercspaor. Kl prseio d«3U3cri(ê!oii es de 110 fnsEeos I aSo;
PASAI3SÂKT TOUS 'LIS JOUKS.
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Les manuscrits déposés ne seront pas "rendus.
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un an. 6 mois. 8 mlgîj.
Hors du BépartemsaL iStr. Sifr. 12fr.
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CONDITIONS. — Les abonnement» çcî i e
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por.rïrai» de reconYrercart j. domicile. -se , /
-1KRONCES. — Correspondant! d Pari) 1
tM. Lafilte Bcllierei C», rue de îa Banque , 91
Isidore ï'o&taine, rue do ïrévise, ïî.
Le pnx de»insertionseat deS0 centiK*i la
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Ja journal.
HOHTPEUJEB.
lf MARS 1856.
NAiSSANGE
DU PRINCE IMPÉRIAL.
Cette nuit, à 3 heures un quart, l'Impé
ratrice est accouchée (l'un prince.
Le canon des Invalides a annoncé à la ea
pitale cet heureux événement.
L'impératrice et le prince impérial sont
en bonne santé.
Le prince Jérôme va mieux.
La Providence a voulu ajouter un nouveau
bienfait à tous eeux dont elle s'est plu à com
bler l'Empereur Napoléon. Elle vient de lui ac
corder un fils.
C'est cette nuit,à3 h. 1/4, queS.M. l'Impéra
trice a donné le jour à un prince, dont la nais
sance réalise le vœu le pins cher au cœur de
l'Empereur.
La Frane qui, par sept millions de suffrages
trois fois répétés, a rappelé la dynastie napo
léonienue, s8 réjouira d'un événement qui doit
consolider de plus en plus le trône impérial.
F. DAM.OU.
Nous avons parlé, il y a quelque temps, d'un
projet de loi présenté à la Chambre des repré
sentants de Belgique, au sujet de l'extradition
des individus accusés d'attautat coutre les sou
verains étrangers. Ce projet, renvoyé à l'exa
men d'une commission spéciale, a été présent é
de nouveau à la Chambre avec des modifica
tions. Le ministère ayant refusé de se rallier
au projet de la commission, une discussion de3
plus vives s'est engagée à ce sujet; quelques
membres, entre autres M. Nothomb, ministre
de la justiee; etM. Lebeau, en sont même venus
à des attaques persoHnielles.
Du resto, la principe de la loi proposés»
n'est pas contesté, et tous sont d'aecerd à re
connaître que l'assassin ne doit pas être pro
tégé contre l'extradition. Mais les opposants
aux projets du ministère cherchent à faire dé
finir plus exactement l'attentat, et à restrein
dre les cas de complieité dans lesquels l'ex
tradition serait aussi permise , afin qu'ou ne
puisse jamais éteadre arbitrairement cette ex
tradition aux crimes purement politiques. Jus
qu'ici la discussion n'a point abouti.
Nous devons signaler ici les causes de l'émo
tion profonde causée à Berlin par le dael de
M. de Rochow avec M. de Hinkeldey, et par la
mort de ce dernier.
M. da Rochow appartient à «e parti de réac
tion féodala , formé par de petits seigneurs
dela Marche et de la Poréranie, qui a ré
eemment réclamé, dans la Chambre , coatre
l'égalité, et en faveur des privilèges seigneu
riaux. M. de Hiukeldey, dont les fonctions
étaient un ministère des plus importants, s'é
montré l'adversaire de ce parti, de même
qu il avait été, en 1848 , celui du parti déma
gogique; inflexible daas l'accomplissement de
ses devoirs, il faisait respecter la loi par tous,
quelque fût leur rang. Violemment outragé par
M. de Rochow, à la suite, dit-on, de l'inter
vention de la polieedans une séance du jockey
elub, réuuion de la haute noblesse, M. de Ilin
keldey ne croit pas pouvoir se dispenser de
se battre, et on sait quelle a été l'issue du
duel.
Ou s'explique déjà l'émotion qui a été causée
par ce résultat : M. de Hinkeldey a été tué par
le chef d'un parti détesté; il est mort pour la
défense du droit commun, celà suffit pour que
sa mémoire soit populaire. Aussi, tandis que la
noblesse réclamait, pour M. de llochow, uneju
ridictien spéciale, la masse de la population se
préparait à faire, des funérailles du président
de la police, une manifestation contre le parti
féodîtl.
n. BH EROCA.
On sait que par un rapport ea date du 16 fé
vrier, revêtu de l'approbation de l'Empereur, M. le
ministre de l'instruction publique a institué un cours
d'agriculture pratique dans les éeoles normales pri
maires , afin qae les instituteurs des communes
rarales soient à mérr.e de donner à leurs élèves des
noiioiis agricoles et de faciliter la propagation des
procédés utiles là cù les innovations de la science
moderne ne pénètrent que diffie'lemeat.
L- Journal des Débits, en denaant son appreba
tîUii c\ ct'lltf coualalc 4'«© la, o©l licite i},* r]p,
l'Ëiat a été devancée «Lias cette voie par le zèle des
particuliers et des autorités lacales, notamment daus
e département de l'Oiss.
« Un des propriétaires les plus éelairés et les plus
considérés de ce département, M. le baron de Toe
queville, a pensé qu'un excellent moyen d'awélio
rer l'agriculture serait d'en enseiguer les principes
aux personnes qui, par leur positian, sont la plus à
même de les rcpaadr® et de les propager , c'est-à
dire aux enfants des agriculteurs qui sont élevés
dans lv;s colléaes, aux jeunes gens qui se destinent
à l'état ecclésiastique et qui rempliront plus tard les
fonctions de desservants dans les communes rura
les, et enfin aux élèves des écoles normales primai
res. Pénétré de cette idée, M. le baron de Tocque
ville n'a rien négligé pour la mettre en œuvre.
Cédant à ses instances , un ancien cultivateur, M.
Gossin, h«rnme aussi honorable que savant, est
vens *e fixer dans le département, où depuis huit
ans il donne des leçons d'économie agricole au
collège de Compiègne, au petit séminaire de
Nryon , au grand séminaire de Beauvais et à
l'éeole normale primaire établie dans la même villa
et dirigée par les Frères de la Doctrine chrétienne.
» Ëet enseignement a porté las meilleurs fruits
dans tout le d partement, où il a répandu le goût de
toutes les améliorations agricoles et popularisé l'ex
cellente methode d« drainage. Encouragé par ce
premier succès, M. le baron de Tocqueville a conça
!e projet de dater le département d'une institution
spéciale en ce genre. Il a fait au conseil général la
proposition de créer à Beauvais une école normale
d'agriculture. Le conseil géaéral s'est empressé d'a
dopter la proposition de M. de Tocqueville et de voter
des fonds en vue dela réaliser. De son côté, le mi
nistre de l'agriculture a pris l'engagement de eoa
Murir pour une subvention annuelle de 10,000 fr. à
eette création.
» Les kommas les plas recomasaadables du dé
partement et les autorités leeales, au nombre des
quelles il suffit de citer l'évèque et le préfet , se
sont assoeiés avea l'empressement le plus honorable
à la pensée de M. de Tocqueville. Des magistrat, des
fonctionnaires publies ont inserit leurs noms sur la
liste des professeurs qui remplirent les chaires da
noavel établissemest.
» L'école normale d'agriculture a été solennelle
ment installée à Beauvais, le 22 novembre dernier;
elle a été placée, comme lécele normale primaire,
s jus la direction d es Frères de la Doetrine chrétienne.
Ainsi que l'indique son titre, le premier, ls princi
pal but de «et établissement est de former des pro
fesseurs qui se répandront dans toute la France,
c.vce la miesioa de fosder des cours d'agricKiture
près des lycées, des séminaires et des écoles nor
males, partout eafin où le besoin s'en fera sentir.
y Le seeimd but de cette école est de compléter
par la pratique les leçons théoriques d'agriculture
que recevaient'déjà les élèves de l'éeole normale pri
maire établie à Bcauvpis ; en outre, elle doit offrir
un enseignement agricole aux jeunes gens qui ,
sans se dastiner aa professorat , annonceront uu
geût sérieux pour l'agriculture. Eile recevra les
jeunes gens qui lui seront envoyés à titre de bour
siers par les autres départements. Le département
de la Nièvre a le premier donné l'exemple eu en
voyant deux élèves. » Alloury. »
Le Journal des Débats applaudit à la création
de cet établissement modèle, de eette pépinière d'a
griculteurs, dont les bienfaits se feront sentir au
loi» eaas les régieus agricoles, et appelle à «e su
jet l'attention ssr les progrès de l'agriculture en
Angleterre.
Nous *e pouvons que nous associer aux éloges
que mérite l'initiative pri»e par M. le baron de
Taaqueville et reconnaître les services qu'il rend
li l'agriculture. Ce n'est pas que nous prenions le
change au sujet de renseignement agricole ; l'a
griculture consiste essentiellemeut dans la prati
que; c'est un art bien plus qu'une sciense , et rien
n'est plus fréquent que de voir complétement
échouer sur lo terrain les] pompeuses théories
élaborées par les agrieulteurs de cabinet. Les théo
ries ont toujours un caractère'géuéral, tandis que
les ressources , les moyens et les objets de la eul
turs varient dans chaque localité. C'est parla pra
tique et par l'exemple que ( l'eu devient agricul
teur. Ainsi, au moyen âge, lorsque; l'agriculture
sortit ce l'état d'abandon déplorable dans lequel
elle était totabée à la suite de l'invasion des Bar
bares, elle dut cette restauration aux moïses f
qui, prenant courageusement en main la charrue ,
« avaieiat défriché une quantité inuom'brable de
terrains déserts et les avaient changée en campa
gnes fertiles (1). »
Toutefois, oa ne peat contester l'utilité de l'ea
seignement agricole; il est incentestable que l'agri
culture doit profiter des découvertes faites dans
toutes les branches de la science, et que les cultiva
teurs doiveat recevoir utilement des notions sur la
composition des terres, la fabricatioa des engrais,
l'emploi des instruments nouveaux et la culture des
plantes récemment introduites. L'enseignement agri
cole est donc appelé à rendre des services certains'
pourvu qu'il se renferme dans les limites d« passi
ble, qu'il chereho à faire des cultivateurs et non
des savants.
A ce p»ifat de vue, la fondation de M. de Toeqae
ville est d'autant plus louable que la'prospérité agri
cole dépend surtout de l'initiative des propriétaires j
l'action du pouvoir central a toujours un certain
caractère de généralité, tandis que les efforts des
particuliers s,nt plus appropriés aux intérêts spé
ciaux de chaque région agricole. H. m Bhoca.
Une correspondance de Crimée, adressée aa
Journal du Loiret donne les détails suivants
sur la conclusion de l'armistice :
A neuf heures du matin, un peloton de Russes
descendit des hauteurs Mackensio, et s'avancèrent
lentement jusqu'à u.i petit ruisseau, issu des der
nières crues et cuulsnt parallèlement à la Teher
bsï*. lis venaient signer un armistice, et les pre
mières troupes qu'ils rencontrèrent furent celles
de la divisioa qui les avait abordés la première à
l'Alma : la lle division.
Le capitaine de garde à la tête du pont (du 2v)
les pria d'attesdro un peu. L'heure convenue était
dix heures, it ils se trouvaient en avance.
A dix heures, ie général Martimprey, peur la
France; uk général anglais, ie colonel piémontais
Petité, les chefs d'éiat-major des trois armées, al
lèrent au-devant du général russe, et après avoir
'1) Lebess, Dictionnaire encyclopédique.
FEUILLETON DU MESSAGER DU MIDI.
LE DERNIER DES FLIBUSTIERS
Pau G. DE LA LANDELLE.
(N* 128.)
• Seyit lames passèrent encore ; la septième emporta
les canons et la moitié des hommes. Sur le pont comme
dans les flancs du navire brisé, le chaos avait duré
près de dix minutes.
Puis, la mer redescendit, laissant à sec, non-seule
ment les deux principales parties du bâtiment et tout
le banc de réuifs, mais encore, autour de la chaîne
d'écueils, un assez grandespèace de sable fin couvert de
coquillages.
- Non ! sandious-cadédious ! s'écria le chevelier A ;n
eent dès qu'il put rouvrir la bouche, non, le proverbe
des llibustiers et des pirates de la Providence n'a pas
enco*e tout à fait menti.
Une corde dormante à la peinture, il s'approcha de
Béniowvski pour lui eiier à l oreille :
— La marée baisse, mon génér ;;!, et baisse furieu
sement à ce qu'il parait.
H parlait encore quand revint une lame unique dont
l'effet fut épouvantable.
La marée baissait bien réellement et baissait, avec
une rapidité inconnue eu tout autre parage. L'immense
vague, qui se brisa sur le banc, ne remonta donc plus
jusqu'au niveau du pont, niais elle prit l'arriére par
Ja carène, le souleva, et, en se retirant, le laissa re
tomber sur les rocs où il acheva de se tracasser. Les
membres désunis, les bordagss disjoints, les ponts ou
verts, la cargaison et les apparaux -roulèrent pèle-mèle.
Une foule de naufragés furent écrasés ; d'autres dispa
rurent encore, emportés avec les débris.
Quant à l'avant, qui souffrit un peu moins ce!e fois,
on le vit se renverser sur le côté du tribord dans lequel
pénétra profondément la fatale roche pointue, cause
première du naufrage.
Les trois lames d'ensuite n'arrivèrent pas jusqu'au
navire.
Les sept suivantes rejetèrent au bas des récifs un
certain nombre de cadavres et quelques matelots ac
crochés à des espars.
Moins d'un quart d'heure après, une plage d'une
lieue de circonférence s'étendait autour du banc, et
Béniowslû, secondé par le chevalier du Capricorne,
s'occupait de la construction de plusieurs radeaux.
Les moindres instants étaient d'un prix incalculable ;
la violence du llux devait évidemment être égale i celle
du reflux ; il fallait donc que les radeaux fussent prêts
à pousser au large, dès que déferlerait la première lame
de la marée montante. Heureusement, parmi les marins
français, se trouvaient beaucoup d'excellents matelots et
de charpentiers habiles. Sans-Quartier, |Jaml>e-d'Argent
et les aventuriers de Madagascar lirent des prodiges
sik: . les ordres de leur capitaine.
Ceux des'ancienSassociés qui avaient survécu aux nom
breux désastres de la campagne, parfaitement soumis à
la discipline, s'utilisèrent avec ardeur.
Trois radeaux chargés de vivres, d'armes et d'ustensi
les, pourvus chacun d'une boussole, d'un mât,d'une voile,
d'un grand aviron d" gouverne et de îames en nom
bre suffisant, étaient prêts a être lancés lorsque la ms-r
remonta.
iiéniovvski se chargea de diriger le premier, con
struit-à vingt-cinq mètres environ de la base du liane de
récifs, dans la direction du nord.
Le chevalier du Capricorne, qui n'abandonna pas son
dragon à la merci des ilots, prit le commandement du
second radeau, :très-i:igénieusement posé sur un écha_
faudage de barriques vides.
Yvan Sophronow et un jeune officier de la Douairière
avaient disposé le troisième sur des madriers placés eux
mêmes sur deux petites dunes de sable, alin qu'il pût
être [dus aisément mis à flot.
Vint le moment critique de l'appareillage ; les plus
braves pâlirent. De la'moiudre des maladresses, du plus
misérable accident allait dépendre leur salut. La tem
pête s'était graduellement apaisée, mais la houle était
encore très-forle, et chacun avait pu juger, peu d'heures
auparavant, de l'impétuosité inouïe des vagues dans ces
parages.
Béniovvski rangea ses hommes aux avirons, se mit lui
même à la rame de gouverne, et, voyant accourir la
lame, fit le commandement:
— A Dieu va 1
Les vingt avirons poussèrent le fond à la fois, le ra
deau flotta ; il fut enirainé par la première vague sans
raguer le sable. Peu s'en fallut pourtant qu'un choc ter
rible ne dispersât les frêles espars qui le soutenaient ;
car, entre la première et la deuxième lame, on manqua
de fond. Mais la voile fut (déployée à temps; moins
d'une minute après, les marins se sentaient sur plus de
vingt pieds d'eau.
Le chevalier du Capricorne ne fut ni moins habile,
ni moins heureux que Béniovvski.
— Encore une coque de parée !... Et vive Madagascar !
s'écria-t-il.
Mais presque aussitôt des cris de détresse se firent en
tendre la vague, qui souleva le radeau d'Yvan Sophro
n#\v, était trop courte; l'évolution ne put être accom
plie, et l'échafaudage, lourdement chargé , se brisa
sur les dunes sablonneuses.
L'on ne pouvait sans imprudence aller au secours de:.
naufragés. Béniowvski et Vincent du Capricorne se bor
nèrent à amener leurs voiles pour laisser iiler derrière
eux quelques corps llottants attachés à des cordes.
Plusieurs nageurs furent sauves de la sorte.
Les autres se noyèrent.
L infortuné Y van Sopiironow fut de ces derniers et
périt en iiommc de cœur, car, ayant un instant trouvé
fond, il cria de toutes ses forces à Béniovvski :
— Que Dieu vous protège, général !... Adieu, braves
compagnons!...
Lne vague , qui le saisit à ces mots, le jeta contre les
brisants avec une violence telle, que son cràue s'y
brisa. Le sang et la cerv«lle rejaillirent avee l'écume
des lames , le corps roula ensuite parmi les rochers que
la mer montante ne tarda pas à couvrir.
Ainsi périt le dernier des cinq compagnons de capti
vité qui avaient traversé les déserts de Sibérie avec le
général polonais, li n seul survivait encore ; maiscelui-là
comme Judas Iscariote, n'avait cessé de trahir • celui-là
était cause qu Àphanasie et le vicomte de Chaumont ne
partageaient plus la fortune ce Béniovvski.
La mort cruel le d Y\aa Sophronow, homme d'un ca
raclère lionora»ne, fidele serviteur et plus brave qu'on
ne devait s y attendre d après ses antécédents, acheva
de plonger dans la plus profonde tristesse le chef des
naufragés.
Le chevalier du Capricorne lui-même ne put se dé
tendre d un sentiment, d horreur.
Cependant, à iorce de voiles et de rames, les radeaux,
secondés par une fraiche brise du sud, gouvernaient les
terres les plus voisines, c'est-à-dire sur cet archipel Pou
liou (/'/ifngrande iie de Formose.
.\ (Aecntiauerf
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R , 'I Teissior, lib. Perpignan : Julla frère». iJiei-oïcm : tVàinsai. Sigeau : fouderoa»,
A.r.f.i-m ■ G!«œéni-Sl- U-j/iers : ViiUrot. Gigaao : Lavayase. AZende : Boyer, lib.
CeUa : Sery«i». BcJariaox:Prin-Ferr«t Castres :J»ïorii)jeiIier, l.
f-Ursaiile : T" Ciiioin. Asde : M. C.issan. Alais : M" Veirun. Ragnol» : Broche, libr.
Gu-aa**i«ee:Lajoax, l. Pôzena» : Richard. Anduse:Moliniéfrères. Limonx: B. Buy, libr.
(erpigfan s M'1* Tasla. Lodève : Bartbe*, lik. Carpentra* : Oddou. Castehiai.dary : iiourg,
Arles : Serre, lifc, îchez M.deMaslatrie.u.
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DU PRINCE IMPÉRIAL.
Cette nuit, à 3 heures un quart, l'Impé
ratrice est accouchée (l'un prince.
Le canon des Invalides a annoncé à la ea
pitale cet heureux événement.
L'impératrice et le prince impérial sont
en bonne santé.
Le prince Jérôme va mieux.
La Providence a voulu ajouter un nouveau
bienfait à tous eeux dont elle s'est plu à com
bler l'Empereur Napoléon. Elle vient de lui ac
corder un fils.
C'est cette nuit,à3 h. 1/4, queS.M. l'Impéra
trice a donné le jour à un prince, dont la nais
sance réalise le vœu le pins cher au cœur de
l'Empereur.
La Frane qui, par sept millions de suffrages
trois fois répétés, a rappelé la dynastie napo
léonienue, s8 réjouira d'un événement qui doit
consolider de plus en plus le trône impérial.
F. DAM.OU.
Nous avons parlé, il y a quelque temps, d'un
projet de loi présenté à la Chambre des repré
sentants de Belgique, au sujet de l'extradition
des individus accusés d'attautat coutre les sou
verains étrangers. Ce projet, renvoyé à l'exa
men d'une commission spéciale, a été présent é
de nouveau à la Chambre avec des modifica
tions. Le ministère ayant refusé de se rallier
au projet de la commission, une discussion de3
plus vives s'est engagée à ce sujet; quelques
membres, entre autres M. Nothomb, ministre
de la justiee; etM. Lebeau, en sont même venus
à des attaques persoHnielles.
Du resto, la principe de la loi proposés»
n'est pas contesté, et tous sont d'aecerd à re
connaître que l'assassin ne doit pas être pro
tégé contre l'extradition. Mais les opposants
aux projets du ministère cherchent à faire dé
finir plus exactement l'attentat, et à restrein
dre les cas de complieité dans lesquels l'ex
tradition serait aussi permise , afin qu'ou ne
puisse jamais éteadre arbitrairement cette ex
tradition aux crimes purement politiques. Jus
qu'ici la discussion n'a point abouti.
Nous devons signaler ici les causes de l'émo
tion profonde causée à Berlin par le dael de
M. de Rochow avec M. de Hinkeldey, et par la
mort de ce dernier.
M. da Rochow appartient à «e parti de réac
tion féodala , formé par de petits seigneurs
dela Marche et de la Poréranie, qui a ré
eemment réclamé, dans la Chambre , coatre
l'égalité, et en faveur des privilèges seigneu
riaux. M. de Hiukeldey, dont les fonctions
étaient un ministère des plus importants, s'é
montré l'adversaire de ce parti, de même
qu il avait été, en 1848 , celui du parti déma
gogique; inflexible daas l'accomplissement de
ses devoirs, il faisait respecter la loi par tous,
quelque fût leur rang. Violemment outragé par
M. de Rochow, à la suite, dit-on, de l'inter
vention de la polieedans une séance du jockey
elub, réuuion de la haute noblesse, M. de Ilin
keldey ne croit pas pouvoir se dispenser de
se battre, et on sait quelle a été l'issue du
duel.
Ou s'explique déjà l'émotion qui a été causée
par ce résultat : M. de Hinkeldey a été tué par
le chef d'un parti détesté; il est mort pour la
défense du droit commun, celà suffit pour que
sa mémoire soit populaire. Aussi, tandis que la
noblesse réclamait, pour M. de llochow, uneju
ridictien spéciale, la masse de la population se
préparait à faire, des funérailles du président
de la police, une manifestation contre le parti
féodîtl.
n. BH EROCA.
On sait que par un rapport ea date du 16 fé
vrier, revêtu de l'approbation de l'Empereur, M. le
ministre de l'instruction publique a institué un cours
d'agriculture pratique dans les éeoles normales pri
maires , afin qae les instituteurs des communes
rarales soient à mérr.e de donner à leurs élèves des
noiioiis agricoles et de faciliter la propagation des
procédés utiles là cù les innovations de la science
moderne ne pénètrent que diffie'lemeat.
L- Journal des Débits, en denaant son appreba
tîUii c\ ct'lltf coualalc 4'«© la, o©l licite i},* r]p,
l'Ëiat a été devancée «Lias cette voie par le zèle des
particuliers et des autorités lacales, notamment daus
e département de l'Oiss.
« Un des propriétaires les plus éelairés et les plus
considérés de ce département, M. le baron de Toe
queville, a pensé qu'un excellent moyen d'awélio
rer l'agriculture serait d'en enseiguer les principes
aux personnes qui, par leur positian, sont la plus à
même de les rcpaadr® et de les propager , c'est-à
dire aux enfants des agriculteurs qui sont élevés
dans lv;s colléaes, aux jeunes gens qui se destinent
à l'état ecclésiastique et qui rempliront plus tard les
fonctions de desservants dans les communes rura
les, et enfin aux élèves des écoles normales primai
res. Pénétré de cette idée, M. le baron de Tocque
ville n'a rien négligé pour la mettre en œuvre.
Cédant à ses instances , un ancien cultivateur, M.
Gossin, h«rnme aussi honorable que savant, est
vens *e fixer dans le département, où depuis huit
ans il donne des leçons d'économie agricole au
collège de Compiègne, au petit séminaire de
Nryon , au grand séminaire de Beauvais et à
l'éeole normale primaire établie dans la même villa
et dirigée par les Frères de la Doctrine chrétienne.
» Ëet enseignement a porté las meilleurs fruits
dans tout le d partement, où il a répandu le goût de
toutes les améliorations agricoles et popularisé l'ex
cellente methode d« drainage. Encouragé par ce
premier succès, M. le baron de Tocqueville a conça
!e projet de dater le département d'une institution
spéciale en ce genre. Il a fait au conseil général la
proposition de créer à Beauvais une école normale
d'agriculture. Le conseil géaéral s'est empressé d'a
dopter la proposition de M. de Tocqueville et de voter
des fonds en vue dela réaliser. De son côté, le mi
nistre de l'agriculture a pris l'engagement de eoa
Murir pour une subvention annuelle de 10,000 fr. à
eette création.
» Les kommas les plas recomasaadables du dé
partement et les autorités leeales, au nombre des
quelles il suffit de citer l'évèque et le préfet , se
sont assoeiés avea l'empressement le plus honorable
à la pensée de M. de Tocqueville. Des magistrat, des
fonctionnaires publies ont inserit leurs noms sur la
liste des professeurs qui remplirent les chaires da
noavel établissemest.
» L'école normale d'agriculture a été solennelle
ment installée à Beauvais, le 22 novembre dernier;
elle a été placée, comme lécele normale primaire,
s jus la direction d es Frères de la Doetrine chrétienne.
Ainsi que l'indique son titre, le premier, ls princi
pal but de «et établissement est de former des pro
fesseurs qui se répandront dans toute la France,
c.vce la miesioa de fosder des cours d'agricKiture
près des lycées, des séminaires et des écoles nor
males, partout eafin où le besoin s'en fera sentir.
y Le seeimd but de cette école est de compléter
par la pratique les leçons théoriques d'agriculture
que recevaient'déjà les élèves de l'éeole normale pri
maire établie à Bcauvpis ; en outre, elle doit offrir
un enseignement agricole aux jeunes gens qui ,
sans se dastiner aa professorat , annonceront uu
geût sérieux pour l'agriculture. Eile recevra les
jeunes gens qui lui seront envoyés à titre de bour
siers par les autres départements. Le département
de la Nièvre a le premier donné l'exemple eu en
voyant deux élèves. » Alloury. »
Le Journal des Débats applaudit à la création
de cet établissement modèle, de eette pépinière d'a
griculteurs, dont les bienfaits se feront sentir au
loi» eaas les régieus agricoles, et appelle à «e su
jet l'attention ssr les progrès de l'agriculture en
Angleterre.
Nous *e pouvons que nous associer aux éloges
que mérite l'initiative pri»e par M. le baron de
Taaqueville et reconnaître les services qu'il rend
li l'agriculture. Ce n'est pas que nous prenions le
change au sujet de renseignement agricole ; l'a
griculture consiste essentiellemeut dans la prati
que; c'est un art bien plus qu'une sciense , et rien
n'est plus fréquent que de voir complétement
échouer sur lo terrain les] pompeuses théories
élaborées par les agrieulteurs de cabinet. Les théo
ries ont toujours un caractère'géuéral, tandis que
les ressources , les moyens et les objets de la eul
turs varient dans chaque localité. C'est parla pra
tique et par l'exemple que ( l'eu devient agricul
teur. Ainsi, au moyen âge, lorsque; l'agriculture
sortit ce l'état d'abandon déplorable dans lequel
elle était totabée à la suite de l'invasion des Bar
bares, elle dut cette restauration aux moïses f
qui, prenant courageusement en main la charrue ,
« avaieiat défriché une quantité inuom'brable de
terrains déserts et les avaient changée en campa
gnes fertiles (1). »
Toutefois, oa ne peat contester l'utilité de l'ea
seignement agricole; il est incentestable que l'agri
culture doit profiter des découvertes faites dans
toutes les branches de la science, et que les cultiva
teurs doiveat recevoir utilement des notions sur la
composition des terres, la fabricatioa des engrais,
l'emploi des instruments nouveaux et la culture des
plantes récemment introduites. L'enseignement agri
cole est donc appelé à rendre des services certains'
pourvu qu'il se renferme dans les limites d« passi
ble, qu'il chereho à faire des cultivateurs et non
des savants.
A ce p»ifat de vue, la fondation de M. de Toeqae
ville est d'autant plus louable que la'prospérité agri
cole dépend surtout de l'initiative des propriétaires j
l'action du pouvoir central a toujours un certain
caractère de généralité, tandis que les efforts des
particuliers s,nt plus appropriés aux intérêts spé
ciaux de chaque région agricole. H. m Bhoca.
Une correspondance de Crimée, adressée aa
Journal du Loiret donne les détails suivants
sur la conclusion de l'armistice :
A neuf heures du matin, un peloton de Russes
descendit des hauteurs Mackensio, et s'avancèrent
lentement jusqu'à u.i petit ruisseau, issu des der
nières crues et cuulsnt parallèlement à la Teher
bsï*. lis venaient signer un armistice, et les pre
mières troupes qu'ils rencontrèrent furent celles
de la divisioa qui les avait abordés la première à
l'Alma : la lle division.
Le capitaine de garde à la tête du pont (du 2v)
les pria d'attesdro un peu. L'heure convenue était
dix heures, it ils se trouvaient en avance.
A dix heures, ie général Martimprey, peur la
France; uk général anglais, ie colonel piémontais
Petité, les chefs d'éiat-major des trois armées, al
lèrent au-devant du général russe, et après avoir
'1) Lebess, Dictionnaire encyclopédique.
FEUILLETON DU MESSAGER DU MIDI.
LE DERNIER DES FLIBUSTIERS
Pau G. DE LA LANDELLE.
(N* 128.)
• Seyit lames passèrent encore ; la septième emporta
les canons et la moitié des hommes. Sur le pont comme
dans les flancs du navire brisé, le chaos avait duré
près de dix minutes.
Puis, la mer redescendit, laissant à sec, non-seule
ment les deux principales parties du bâtiment et tout
le banc de réuifs, mais encore, autour de la chaîne
d'écueils, un assez grandespèace de sable fin couvert de
coquillages.
- Non ! sandious-cadédious ! s'écria le chevelier A ;n
eent dès qu'il put rouvrir la bouche, non, le proverbe
des llibustiers et des pirates de la Providence n'a pas
enco*e tout à fait menti.
Une corde dormante à la peinture, il s'approcha de
Béniowvski pour lui eiier à l oreille :
— La marée baisse, mon génér ;;!, et baisse furieu
sement à ce qu'il parait.
H parlait encore quand revint une lame unique dont
l'effet fut épouvantable.
La marée baissait bien réellement et baissait, avec
une rapidité inconnue eu tout autre parage. L'immense
vague, qui se brisa sur le banc, ne remonta donc plus
jusqu'au niveau du pont, niais elle prit l'arriére par
Ja carène, le souleva, et, en se retirant, le laissa re
tomber sur les rocs où il acheva de se tracasser. Les
membres désunis, les bordagss disjoints, les ponts ou
verts, la cargaison et les apparaux -roulèrent pèle-mèle.
Une foule de naufragés furent écrasés ; d'autres dispa
rurent encore, emportés avec les débris.
Quant à l'avant, qui souffrit un peu moins ce!e fois,
on le vit se renverser sur le côté du tribord dans lequel
pénétra profondément la fatale roche pointue, cause
première du naufrage.
Les trois lames d'ensuite n'arrivèrent pas jusqu'au
navire.
Les sept suivantes rejetèrent au bas des récifs un
certain nombre de cadavres et quelques matelots ac
crochés à des espars.
Moins d'un quart d'heure après, une plage d'une
lieue de circonférence s'étendait autour du banc, et
Béniowslû, secondé par le chevalier du Capricorne,
s'occupait de la construction de plusieurs radeaux.
Les moindres instants étaient d'un prix incalculable ;
la violence du llux devait évidemment être égale i celle
du reflux ; il fallait donc que les radeaux fussent prêts
à pousser au large, dès que déferlerait la première lame
de la marée montante. Heureusement, parmi les marins
français, se trouvaient beaucoup d'excellents matelots et
de charpentiers habiles. Sans-Quartier, |Jaml>e-d'Argent
et les aventuriers de Madagascar lirent des prodiges
sik: . les ordres de leur capitaine.
Ceux des'ancienSassociés qui avaient survécu aux nom
breux désastres de la campagne, parfaitement soumis à
la discipline, s'utilisèrent avec ardeur.
Trois radeaux chargés de vivres, d'armes et d'ustensi
les, pourvus chacun d'une boussole, d'un mât,d'une voile,
d'un grand aviron d" gouverne et de îames en nom
bre suffisant, étaient prêts a être lancés lorsque la ms-r
remonta.
iiéniovvski se chargea de diriger le premier, con
struit-à vingt-cinq mètres environ de la base du liane de
récifs, dans la direction du nord.
Le chevalier du Capricorne, qui n'abandonna pas son
dragon à la merci des ilots, prit le commandement du
second radeau, :très-i:igénieusement posé sur un écha_
faudage de barriques vides.
Yvan Sophronow et un jeune officier de la Douairière
avaient disposé le troisième sur des madriers placés eux
mêmes sur deux petites dunes de sable, alin qu'il pût
être [dus aisément mis à flot.
Vint le moment critique de l'appareillage ; les plus
braves pâlirent. De la'moiudre des maladresses, du plus
misérable accident allait dépendre leur salut. La tem
pête s'était graduellement apaisée, mais la houle était
encore très-forle, et chacun avait pu juger, peu d'heures
auparavant, de l'impétuosité inouïe des vagues dans ces
parages.
Béniovvski rangea ses hommes aux avirons, se mit lui
même à la rame de gouverne, et, voyant accourir la
lame, fit le commandement:
— A Dieu va 1
Les vingt avirons poussèrent le fond à la fois, le ra
deau flotta ; il fut enirainé par la première vague sans
raguer le sable. Peu s'en fallut pourtant qu'un choc ter
rible ne dispersât les frêles espars qui le soutenaient ;
car, entre la première et la deuxième lame, on manqua
de fond. Mais la voile fut (déployée à temps; moins
d'une minute après, les marins se sentaient sur plus de
vingt pieds d'eau.
Le chevalier du Capricorne ne fut ni moins habile,
ni moins heureux que Béniovvski.
— Encore une coque de parée !... Et vive Madagascar !
s'écria-t-il.
Mais presque aussitôt des cris de détresse se firent en
tendre la vague, qui souleva le radeau d'Yvan Sophro
n#\v, était trop courte; l'évolution ne put être accom
plie, et l'échafaudage, lourdement chargé , se brisa
sur les dunes sablonneuses.
L'on ne pouvait sans imprudence aller au secours de:.
naufragés. Béniowvski et Vincent du Capricorne se bor
nèrent à amener leurs voiles pour laisser iiler derrière
eux quelques corps llottants attachés à des cordes.
Plusieurs nageurs furent sauves de la sorte.
Les autres se noyèrent.
L infortuné Y van Sopiironow fut de ces derniers et
périt en iiommc de cœur, car, ayant un instant trouvé
fond, il cria de toutes ses forces à Béniovvski :
— Que Dieu vous protège, général !... Adieu, braves
compagnons!...
Lne vague , qui le saisit à ces mots, le jeta contre les
brisants avec une violence telle, que son cràue s'y
brisa. Le sang et la cerv«lle rejaillirent avee l'écume
des lames , le corps roula ensuite parmi les rochers que
la mer montante ne tarda pas à couvrir.
Ainsi périt le dernier des cinq compagnons de capti
vité qui avaient traversé les déserts de Sibérie avec le
général polonais, li n seul survivait encore ; maiscelui-là
comme Judas Iscariote, n'avait cessé de trahir • celui-là
était cause qu Àphanasie et le vicomte de Chaumont ne
partageaient plus la fortune ce Béniovvski.
La mort cruel le d Y\aa Sophronow, homme d'un ca
raclère lionora»ne, fidele serviteur et plus brave qu'on
ne devait s y attendre d après ses antécédents, acheva
de plonger dans la plus profonde tristesse le chef des
naufragés.
Le chevalier du Capricorne lui-même ne put se dé
tendre d un sentiment, d horreur.
Cependant, à iorce de voiles et de rames, les radeaux,
secondés par une fraiche brise du sud, gouvernaient les
terres les plus voisines, c'est-à-dire sur cet archipel Pou
liou (/'/ifngrande iie de Formose.
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