Titre : La République : journal démocratique du Midi
Éditeur : [s.n.] (Montpellier)
Date d'édition : 1873-01-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32852835d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 janvier 1873 25 janvier 1873
Description : 1873/01/25 (A5,ED1,N24). 1873/01/25 (A5,ED1,N24).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG34 Collection numérique : BIPFPIG34
Description : Collection numérique : Collections de Montpellier... Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole
Description : Collection numérique : Presse locale ancienne Collection numérique : Presse locale ancienne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k73516887
Source : Montpellier Méditerranée Métropole - Médiathèque centrale Emile Zola, 1547
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/08/2021
Samedi 25 Janvier 1873
15
Première Édition
ga ANNÉE M 24
ADMINISTRATION
REDACTION
Pour les Annonces on Abonnement*
s'adresser à
M. ANTERRIEU, Gérant.
4. — Boulevard Jeu-de-Paume,—-3
concerne la Rédaction doit
être adressé £
M. X.,lOXllS brlt
Rédacteur en chef
Legabounèmentspartenddut" etdu
16de chaque mois; ils sont payés d'à
vance ou par un mandat sur l a poste.
Ceux perçHS .à domicile supporteront
50 centinjes'po.ur/rais.derecouvremenl.
Les manuscrits déposés ne sont pas
rendus.
ABONNEMENTS
UN AN.. • - •
SIX MOIS..,
TROIS MOIS
ANNONCES.
RECLAMES.
Vente dans les Gares , 30 cent, le N
Gare de Montpellier, 15 — —
UN SCANDALE FINANCIER
M. MAX-RICHARD trouve inexacte la com¬
paraison faite par M Albert Grévy de M. Thiers
et du général Cavaignac. Eu 1848, la situation
était différente de celle d'aujourd'hui. Actuelle¬
ment, le territoire est occupé par l'étranger. Il
y a intérêt majeur à prévenir —- eu égard A cet
état anormal tout froissement entre le pou¬
voir exécutif et l'Assemblée.
La- situation sera différente lorsque deux
Chambres existeront ; mais actuellement il faut
se borner à chercher des tempéraments. En ce
qui concerne l'intervention de M. Thiers dans
la discussion des luis, il n'y a aucune difficulté.
Reste la question des interpellations. Pour la
trancher, M. Max-Richard propose d'ajouter à
l'art. 1er du projet de la sous-commission
l'alinéa suivant : « Néanmoins, lorsque le pré¬
sident de la République le juge nécessaire, il
est entendu par l'Assemblée dans la discussion
des lois et dans la discussion des questions se
rattachant soit aux relations de la France avec
les puissances étrangères, soit, au maintien de
l'ordre public dans le pays. Il informe, dans ce
cas l'Assemblée de sou intention par une mes¬
sage» .
M. MAX-RICHARD ajoute que la commission
entendrait M. Thiers avant d'adopter une ré¬
daction définitive.
M. BERTAULD fait remarquer qu'en dehors
des lois et des interpellations, il y a des ques¬
tions très-importantes à l'occasion desquelles
l'intervention du président de la République
peut être nécessaire ; notamment dans la ques¬
tion de la prorogation de l'Assemblée, de la pé¬
tition du prince. Napoléon, etc., cas que n'ont
prévus ni le projet de la sous-commission, ni
l'amendement Decazes, et au sujet desquels il
faudrait être fixé.
C'est un louable projet que celui de vouloir
assurer la sincérité du gouvernement parlemen¬
taire. Mais encore faut-il, pour atteindre ce but,
que les circonstances le permettent. Or, la res¬
ponsabilité ministérielle exige, pour être entiè¬
rement pratiquée, la distinction des pouvoirs,
et cette distinction n'existe nullement aujour¬
d'hui, avec une Assemblée unique et souveraine.
L'Assemblée peut dire à M. Thiers : « Vos mi¬
nistres ne me conviennent pas , preuez-en d'au¬
tres. » Mais M. Thiers ne peut pas répondre :
« Mes ministres ne vous conviennsnt pas,' soit ;
mais j'estime qu'ils conviennent au pays, con¬
sultons-le ». L'Assemblée est maîtresse absolue.
Suivant M. Berlauld , cette souveraineté doit
avoir des limites. Il n'est pas admissible que
l'Assemblée se déclare souveraine, mais irres¬
ponsable, et qu'elle rende le gouvernemeut res¬
ponsable de sou administration , des ministres
qu'elle lui impose. Si elle est absolument sou¬
veraine, qu'elle assume sur elle la responsabi¬
lité du gouvernement.
M. Bertauld conclut en proposant l'amende¬
ment suivant, destiné à figurer comme alinéa
dans l'article 1" ;
« Néanmoins, le président pourra être en¬
tendu sur les questions d'interpellations, lorsque
les interpellations seront relatives aux-affaires
étrangères ou qu'elles se rapporteront à la poli¬
tique générale du gouvernement.»
M. DUCHATEL est pour l'intervention de M..
Thiers dans les interpellations, et demande, en
outre, que M. Thiers soit entendu avant qu'on
ne prenne une décision définitive
Après une échange d'observations entre MM.
Sacaze, deCumont, Arago, d'Haussonville, de
Larcy, ce dernier met aux voix: 1° la question
de savoir si le président de la République sera
entendu actuellement avant tout vote.
Cette question est résolue négativement par
20 voix contre 8.
On met ensuite aux voix l'amendement du
duc de Decazes, qui est adopté par 19 voix contre
9, avec la réserve que tout ce qui est relatif aux
interpellations est ajourné jusqu'à la discussion
de l'article 2.
Après les deux votes, un débat s'engage entre
MM. Se Broglie, Duchâtel, i'Ebraly. Ernoul,
Arago, de la Bassetière, Sacaze, Grévy, d'Haus-
sonviHe, sur 1'question de savoir s'il y a lieu
de continuer l'étude successive du projet de la
sous-commission et de voter les différents arti¬
cles au fur et à mesure, avant de conférer de
nouveau avec M. Thiers.
IL en est décidé ainsi, et la commission adopte
l'ensemble de' l'article 1" et remet à vendredi
prochain la discussion de l'article 2.
côté, il paraîtrait que les Russesjrouveraient de
la part-'dukhan deKhiva el.de ses voisins une ré¬
sistance plus sérieuse qu'on ne l'avait eu d'a¬
bord, ce qui fait qu'outre une lutte vigoureuse
de la part des princes de cette contrée, la Russie
encore inquiétée par les dispositions hostiles
de l'Angleterre, se trouverait dans une si¬
tuation plus difficile qu'on se l'était imaginé
d'abord.
E. Pilleyiie.'
Sous ce titre, on lit dans l'Evénement :
Hier, grande rumeur à. la Bourse.
Le brnit courait que plusieurs spéculateurs
venaient d'être mis en état d'arrestation.
Nous avons envoyé immédiatement aux in¬
formations et voici les renseignements que
nous avons recueillis et que nous publions sous
toutes réserves:
Plusieurs administrateurs de Sociétés finan¬
cières sont inculpés.
Citons de suite la Société industrielle, ce qui
n'a rien d'étonnant, après le procès qui vient
d'avoir lieu et la condamnation de son directeur,
M. Bureau,
Tout le monde se rappelle les divers bruits
qui coururent, en 1871, lors de la fondation de
cette Société qui venait d'installer ses bureaux,
16, place Vendôme.
Spéculant sur la similitude des noms avec le
Crédit industriel, s'étant dè3 le début attachée
un personnel décoré, depuis les caissiers jus¬
qu'aux garçons de banque, ayant ensuite pour
compléter l'analogie avec le Crédit industriel,
loué de nouveaux locaux, rueTaitbout, elle était
parvenue à émettre un certain nombre de valeurs
grâce à la création de plusieurs succursales
dans les départements.
On finit cependant par découvrir des agisse¬
ments frauduleux.
M. Bureau fut arrêlé, condamné à 2 ans de
prison, et fila aussitôt en Angleterre après avoir
traversé la Belgique.
Les scellés furent apposés chez lui et à son ad¬
ministration.
M. Lambquin, commissaire aux délégations
judiciaires, s'est présenté aux bureaux du Cré¬
dit foncier de Suisse et du Crédit communal de
France, et s'est fait donner la liste des admi¬
nistrateurs.
M. Caperon, intéressé dans les affaires de la
Société des cinq villes; de la banque territoriale
d'Espagne, — dont le directeur est M. Clément
Duvernois, — du Crédit foncier Suisse et de la
Banque communale .a été mis en état d'arresta¬
tion.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, il n'est
pas encore relâché.
Il aurait déclaré, avant son arrestation,
qu'il resterait à son poste n'ayant rien à crain¬
dre .
Nous donnons enfin, sous lés même réserves,
la nouvelle de l'arrestation de MM. Pelletier,
Destrée et Max.
L'une des personnes arrêtées a été relâchée
dès hier soir :
Ces arrestations auraient été dues à la fuite
de M. Bureau.
On nous apporte, à la dernière heure, la nou¬
velle que les scellés auraient été mis chez M.
L..., ancien ministre de l'Empire, et chez d'au¬
tres personnes faisant partie de conseils d'admi¬
nistrations.
On comprendra facilement le motif qui nous
empêche d'insister aujourd'hui sur une affaire
aussi délicate, et que des bruits contradic¬
toires rendent encore fort difficile à débrouil¬
ler.
Au reste tout n'est pas fini. Nous donnerons
demain de nouveaux renseignements.
LA RÉPUBLIQUE & LES TROIS MONARCHIES
Les royalistes, ne sachant que répondre,
lorsqu'on leur objecte qu'il y a plusieurs
espèces de monarchie et qu'on leur demande
■laquelle ils veulent nous imposer, essaient
de donner le change à l'opinion publique et
de faire croire qu'il y a aussi plusieurs sortes
de République.
Les royalistes ne réussiront pas plus à
tromper les autres, qu'ils ne réussissent à se
tromper eux-mêmes. Ils savent fort bien
que la République -est une, d'une unité
absolue ; que la République est un principe,
un principe reposant sur le droit et la jus¬
tice, et qu'il n'est au pouvoir de personne de
le tronquer, de le mutiler, de lui donner
teLie ou telle forme, de lui faire subir telle ou
telle modification.
En vain on nous alléguera que le mot
républicain comporte les épithètes de con¬
servateur et de radical ; nous n'admettons
pas plus l'une que l'autre dénomination :
nous sommés purement ei simplement des
républicains, des républicains tout court, des
républicains sans dénomination. '
Nous ajouterons qu'il ne peut pas
être autrement. La République n'est pas une
de ces formes de gouvernement, qui prête
aux équivoques et aux compromis , dont
l'un accepte une partie sans accepter l'au¬
tre. La République existe ou elle n'existe
pas ; on la prend tout entière ou on la
la laisse tout entière.
Les épithètes de conservateur et de radical
peuvent signifier quelque chose dans le lan¬
gage habituel, mais en réalité elles ne signi¬
fient rien. Sous ces mots, il n'y a pas diver¬
gence de principe, mais simplement diver¬
gence de procédés, de méthode et de tacti¬
que. Le but où l'on vise- est le même; les
désirs et les aspirations sont identiques ; seu¬
lement les républicains conservateurs, sans
tenir compte de l'histoire, de l'expérience et
des souvenirs, veulent arriver à la Républi¬
que, à la République vraie, à la nôtre, dou¬
cement, lentement, progressivement, avec
tact et précaution, avec prudence et mesure,
— et ils ne s'aperçoivent pas qu'ils font ainsi
le jeu des monarchistes, qu'ils suivent une
voie pleine de dangers et de pièges, d'em¬
buscades et d'embûches, dans laquelle la Ré¬
publique a déjà été plusieurs fois terrassée et
égorgée.—Les républicains radicaux, au con¬
traire, veulent prendre la route la plus courte,
briser les obstacles an lieu de les tourner ;
la République est devant eux ; ils la voient,
ils la touchent : jamais on ne pourra les faire
consentir, sous prétexte d'habileté, à retour¬
ner en arrière, à faire de longs et périlleux
détours. Mais vienne le jour où la République
sera enfin assise sur des fondements solides,
et répandra à loisir ses bienfaits sur le pays
tout entier ; alors disparaîtront toutes ces
épithètes menteuses ; alors se produira
l'union, l'entente commune entre les frères
dissidents ; il n'y aura plus ni républicains
conservateurs ni républicains radicaux, —• il
n'y aura que des républicains.
Les monarchistes pourraient-ils en dire
autant? oseraient-ils soutenir qu'un jour
viendra où il ne restera plus qu'une espèce
de monarchie où, les bonapartistes, les légi¬
timistes, les orléanistes disparaissant, il ne
restera plus que des royalistes ?
Quelle que soit leur audace, ils ne l'ose¬
ront pas; ils savent trop bien qu'entre ces
trois espèces de monarchie, il y a antinomie,
antipathie absolue, et que jamais l'une ne
pourra se confondre dans l'autre.
Qu'a de commun la monarchie de droit di¬
vin, la monarchie vraie, la seule légitime,
celle qui peut appeler à son secours tous les
abus, toutes les erreurs, tous les préjugésd'uu
autre âge, cellequi peuts'appuyer sur de longs
siècles d'existence, avec la monarchie parle¬
mentaire de Louis-Philippe, cette monarchie
née de la ruse et de la perfidie, qui ne se
soutint que par la mauvaise foi et la
•corruption?
Qu'a de commun la monarchie bourgeoise,
hypocrite de Louis-Philippe avec la monar¬
chie des Napoléon, ce césarisme issu de la
force et qui ne se maintint que par la force,
qui n'eut jamais d'autres principes que les
MONTPELLIER
LA COMMISSION DES TRENTE,
(Séance du 22 janvier.)
La-commission des Trente a tenu une longue
séance qui n'a pas duré moins de trois heures,
de une à quatre heures de l'après-midi.
M. de Larcy, remis des suites de son accident,
présidait la séance.
On a repris 1a, discussion de l'amendement
Decazes, tendant à spécifier dans l'article 1er
qu'e le droit d'intervention du président de la
République dans les débats parlementaires est
limité à la «'discussion des lois ».
M. Albert GREVY combat, dans un remar¬
quable discours, la proposition de M. Decazes.
M. Grévy reconnaît que la responsabilité minis¬
térielle est un principe vrai ; mais M. le duc
Decazes, suivant lui, en fait une très-fausse
application. Il confond le président actuel de la
République avec un roi constitutionnel. Il se¬
rait plus exact d'assimiler M. Thiers au prési¬
dent du conseil des ministres. Or ce président,
sous la monarchie constitutionnelle, a toujours
eu le droit de participer à lous les débats par¬
lementaires, on ne le lui a jamais contesté.
Pour prouver qu'on n'eu voulait pas à la per¬
sonnalité même de M. Thiers, on l'a mis en pa¬
rallèle avec le président de la République de
1849, Louis Bonaparte, qui ne prenait part à au¬
cune des discussions de la Chambre. Mais on
oublie que Louis Bonaparte était l'élu direct du
suffrage universel, tandis que M. Thiers est
l'élu, le délégué de l'Assemblée nationale.
Pour être dans la vérité, il faut cemparer M.
Thiers au général Cavaignac qui, nommé par
l'Assemblée, sans cesse révocable par elle, avait
le droit de prendre part à tous ses débats. La loi
Rivet, eu donnant à M. Thiers le titre de prési¬
dent de la République, ne l'a pas dégagé de sa
responsabilité vis-à-vis de l'Assemblée. Lui-
même d'ailleurs n'a cessé de la revendiquer.
On ne peut donc pas l'exclure des débats parle¬
mentaires.
Dans une interpellation, c'est le gouverne¬
ment lui-même qui est directement eu cause.
Sa politique est discutée, critiquée , elle est à la
merci d'un ordre du jour motivé, et l'on vou¬
drait que M. Thiers, en qui cette politique se
personnifie, ne pût venir la défendre ?
On reconnaît i'impossibilitq d'interdire au
président de-ia République de prendre part à la
discussion des interpellations sur la politique
extérieure : mais on voudrait limiter sou inter¬
vention dans celles sur la politique intérieure,
aiix débats seuls où la politique générale sera
eu cause. Mais qui sera juge du caractère gé¬
néral ou restreint de l'interpellation? Si une
autorisation de l'Assemblée est nécessaire au
président de la République pour prendre part à
ia discussion, il y aura là une incessante cause
de conflits.
Comment préciser d'avance le caractère et
l'étendue d'une interpellation ? Sons une for¬
mule très-particulière , un député peut com¬
prendre un sujet d'une grande étendue, d'un
intérêt général. Ne peut-on pas supposer que
tel député qui, dans son interpellation , ne
voudra pas avoir pour contradicteur le prési¬
dent de la République, déguisera son interpel¬
lation , eu diminuera les apparences, sauf à lai
rendre, lors de la discussion, toute sa portée ?
On répond à cela que le projet indique que
toute interpellation ne pourra être adressée
qu'aux ministres. Veut-on dire par là qu'il est
interdit aux députés d'interpel.er sur la poli¬
tique générale ? Ce n'est pas admissible un seul
instant.
Si l'interpellation porte sur la politique
générale, à quel ministre sera-t-elle adressée?
Si l'on pouvait dire à M. Thiers: — Vous avez'
été jusqu'ici le chef du gouvernement, vous ae
le serez plus, vous cesserez d'être responsable,
— la restriction proposée par M. le duc De¬
cazes pourrait s'expliquer. Mais M. Thiers pour¬
rait répondre à son .côté : — H fallait me dire
que je n'étais pas responsable, à Bordeaux lors¬
que vous m'avez imposé ce pouvoir dont aucun
de vous ne voulait ; il fallait me le dire sous
la Commune ; il fallait me ledire quand je cher-
•çliaU e t recueillais les m illards nécessaires à
.notre rançon. Je sais trop bien depuis quand
vous vous plaignez de mon rôle de chef d u gou¬
vernement. C'est depuis le jour, où, daus mon
message, j'ai proclamé que la République était
le gouvernement légal, et que vouloir la ren¬
verser serait la plus redoutable des révolu¬
tions,
ECHOS DE PARIS ET DE VERSAILLES
22 janvier 1873.
M. Thiers a reçu auj ourd'hui les membres de
la quinzième commission des pétitions pour leur
expliquer, avant que le rapport qui sera présenté
devant l'Assemblée ne soit définitivement arrêté,
les considérations politiques qui l'ont déter¬
miné à chasser de France le prince Napoléon.
M. le président de la République a commencé
par rappeler que personnellement il n'a jamais
fait preuve d'une grande animosité contre les
membres de la famille Bonaparte. Il a ensuite
résumé en quelques mots les agissements bona¬
partistes dont le prince Napoléon s'était fait l'in¬
stigateur depuis sa rentrée eu France ,. et il a
ajouté qu'eu présence de l'attitude que ce der-
,aier semblait prendre daus le sein de son parti,
il avait jugé nécessaire, pour garantir la paix
publique , de prendre contre lui la mesure de
rigueur qui fait l'objet de la pétition. D'ailleurs
M. Thiers, malgré la retraite de. M. Victor Le-
franc, alors ministre de l'intérieur, accepte toute
la responsabilité de l'acte d'expulsion, et ne re¬
doute pas le blâme de l'Assemblée. Il exéipe
d'abord de la loi de déchéance votée par la Cham¬
bre contre toute la famille Bonaparte ; il croit
que cette loi ne doit pas se borner à déclarer
déchu Napoléon III, mais qu'elle doit empêcher
toute tentative de restauration napoléonienne.
Et il cite à l'appui de cette interprétation , des
précédents établis sous Louis XVIII et sous
Louis-Philippe. x
— Aujourd'hui, nouvelle réunion de la com¬
mission des Trente. II s'agit de l'amendement
de M. Decazes portant addition à l'article l"r des
mots « dans la discussion des lois », à la suite
des mots i « Le président est entendu par l'As¬
semblée toutes les fois qu'il en manifestera l'in-
tion par un message ». Comme nous avons eu
souvent l'occasion de ledire, ce point est celui
sur lequel M. Thiers est décidé à ne rien concé¬
der. Il n'est pas possible qu'on réduise le prési¬
dent de la République au simple rôle de prési¬
dent du conseil, irresponsable, dépouillé du
droit de défendre son gouvernement et ses actes.
Uue puissante raison, milite contre cette préten¬
tion à laquelle ia droite semble attacher uh
grand prix. Ecarter M. Thiers de la tribune
serait aller à l'enconlre de la constitution ac¬
tuelle des pouvoirs. M. Thiers n'est pas un roi
constitutionnel. Il ne tient pas du pays la prë-
Les dernières exécutions de Satory inspirent à
la République française les réflexions suivantes :
La commission des grâces, qui est souveraine,
vient d'affirmer sa toute -puissance en rejetant
trois pourvois de condamnés à mort Trois exé¬
cution out eu lieu hier matin à Satory. Les
malheureux qui sont tombés sous les balles
étaient inconnus,oubliés. Personue ne se rappe¬
lait leurs noms, personne ne se souvenait du
jugement qui les a frappés. Depuis de longs
mois, dans le cachot des condamnés à mort,
ils attendaient! On pensait, à Paris, on espérait
que toutes les peines capitales étaient commuées
La commission des grâces'eu a décidé autre¬
ment. Elle a jugé qu'il n'y avait pas encore assez
de sang, elle a jugé qu'il était bon de persister
daus la politique d'implacable répression La
France, à son tour, jugera cettepolitique. Puisse-
t-eile, dans l'avenir, ne pas l'expier trop cruel¬
lement 1 Quant à nous, nous ne nous sentons ni
assez libres ni assez calmes pour dire ici toute
notre pansée Uue observation cependant : M.
le président de la République ne comprendra-t-
il pas enfin à quelles extrémités fatales, de con¬
cession en concession, il se laisse entraîner ' Ne
comprendra-t-il pas quelle faute irréparable il
a commis en se déchargeant du droit fie grâce
sur une délégation anonyme, sur une responsa¬
bilité collective?
15
Première Édition
ga ANNÉE M 24
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4. — Boulevard Jeu-de-Paume,—-3
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Legabounèmentspartenddut" etdu
16de chaque mois; ils sont payés d'à
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Gare de Montpellier, 15 — —
UN SCANDALE FINANCIER
M. MAX-RICHARD trouve inexacte la com¬
paraison faite par M Albert Grévy de M. Thiers
et du général Cavaignac. Eu 1848, la situation
était différente de celle d'aujourd'hui. Actuelle¬
ment, le territoire est occupé par l'étranger. Il
y a intérêt majeur à prévenir —- eu égard A cet
état anormal tout froissement entre le pou¬
voir exécutif et l'Assemblée.
La- situation sera différente lorsque deux
Chambres existeront ; mais actuellement il faut
se borner à chercher des tempéraments. En ce
qui concerne l'intervention de M. Thiers dans
la discussion des luis, il n'y a aucune difficulté.
Reste la question des interpellations. Pour la
trancher, M. Max-Richard propose d'ajouter à
l'art. 1er du projet de la sous-commission
l'alinéa suivant : « Néanmoins, lorsque le pré¬
sident de la République le juge nécessaire, il
est entendu par l'Assemblée dans la discussion
des lois et dans la discussion des questions se
rattachant soit aux relations de la France avec
les puissances étrangères, soit, au maintien de
l'ordre public dans le pays. Il informe, dans ce
cas l'Assemblée de sou intention par une mes¬
sage» .
M. MAX-RICHARD ajoute que la commission
entendrait M. Thiers avant d'adopter une ré¬
daction définitive.
M. BERTAULD fait remarquer qu'en dehors
des lois et des interpellations, il y a des ques¬
tions très-importantes à l'occasion desquelles
l'intervention du président de la République
peut être nécessaire ; notamment dans la ques¬
tion de la prorogation de l'Assemblée, de la pé¬
tition du prince. Napoléon, etc., cas que n'ont
prévus ni le projet de la sous-commission, ni
l'amendement Decazes, et au sujet desquels il
faudrait être fixé.
C'est un louable projet que celui de vouloir
assurer la sincérité du gouvernement parlemen¬
taire. Mais encore faut-il, pour atteindre ce but,
que les circonstances le permettent. Or, la res¬
ponsabilité ministérielle exige, pour être entiè¬
rement pratiquée, la distinction des pouvoirs,
et cette distinction n'existe nullement aujour¬
d'hui, avec une Assemblée unique et souveraine.
L'Assemblée peut dire à M. Thiers : « Vos mi¬
nistres ne me conviennent pas , preuez-en d'au¬
tres. » Mais M. Thiers ne peut pas répondre :
« Mes ministres ne vous conviennsnt pas,' soit ;
mais j'estime qu'ils conviennent au pays, con¬
sultons-le ». L'Assemblée est maîtresse absolue.
Suivant M. Berlauld , cette souveraineté doit
avoir des limites. Il n'est pas admissible que
l'Assemblée se déclare souveraine, mais irres¬
ponsable, et qu'elle rende le gouvernemeut res¬
ponsable de sou administration , des ministres
qu'elle lui impose. Si elle est absolument sou¬
veraine, qu'elle assume sur elle la responsabi¬
lité du gouvernement.
M. Bertauld conclut en proposant l'amende¬
ment suivant, destiné à figurer comme alinéa
dans l'article 1" ;
« Néanmoins, le président pourra être en¬
tendu sur les questions d'interpellations, lorsque
les interpellations seront relatives aux-affaires
étrangères ou qu'elles se rapporteront à la poli¬
tique générale du gouvernement.»
M. DUCHATEL est pour l'intervention de M..
Thiers dans les interpellations, et demande, en
outre, que M. Thiers soit entendu avant qu'on
ne prenne une décision définitive
Après une échange d'observations entre MM.
Sacaze, deCumont, Arago, d'Haussonville, de
Larcy, ce dernier met aux voix: 1° la question
de savoir si le président de la République sera
entendu actuellement avant tout vote.
Cette question est résolue négativement par
20 voix contre 8.
On met ensuite aux voix l'amendement du
duc de Decazes, qui est adopté par 19 voix contre
9, avec la réserve que tout ce qui est relatif aux
interpellations est ajourné jusqu'à la discussion
de l'article 2.
Après les deux votes, un débat s'engage entre
MM. Se Broglie, Duchâtel, i'Ebraly. Ernoul,
Arago, de la Bassetière, Sacaze, Grévy, d'Haus-
sonviHe, sur 1'question de savoir s'il y a lieu
de continuer l'étude successive du projet de la
sous-commission et de voter les différents arti¬
cles au fur et à mesure, avant de conférer de
nouveau avec M. Thiers.
IL en est décidé ainsi, et la commission adopte
l'ensemble de' l'article 1" et remet à vendredi
prochain la discussion de l'article 2.
côté, il paraîtrait que les Russesjrouveraient de
la part-'dukhan deKhiva el.de ses voisins une ré¬
sistance plus sérieuse qu'on ne l'avait eu d'a¬
bord, ce qui fait qu'outre une lutte vigoureuse
de la part des princes de cette contrée, la Russie
encore inquiétée par les dispositions hostiles
de l'Angleterre, se trouverait dans une si¬
tuation plus difficile qu'on se l'était imaginé
d'abord.
E. Pilleyiie.'
Sous ce titre, on lit dans l'Evénement :
Hier, grande rumeur à. la Bourse.
Le brnit courait que plusieurs spéculateurs
venaient d'être mis en état d'arrestation.
Nous avons envoyé immédiatement aux in¬
formations et voici les renseignements que
nous avons recueillis et que nous publions sous
toutes réserves:
Plusieurs administrateurs de Sociétés finan¬
cières sont inculpés.
Citons de suite la Société industrielle, ce qui
n'a rien d'étonnant, après le procès qui vient
d'avoir lieu et la condamnation de son directeur,
M. Bureau,
Tout le monde se rappelle les divers bruits
qui coururent, en 1871, lors de la fondation de
cette Société qui venait d'installer ses bureaux,
16, place Vendôme.
Spéculant sur la similitude des noms avec le
Crédit industriel, s'étant dè3 le début attachée
un personnel décoré, depuis les caissiers jus¬
qu'aux garçons de banque, ayant ensuite pour
compléter l'analogie avec le Crédit industriel,
loué de nouveaux locaux, rueTaitbout, elle était
parvenue à émettre un certain nombre de valeurs
grâce à la création de plusieurs succursales
dans les départements.
On finit cependant par découvrir des agisse¬
ments frauduleux.
M. Bureau fut arrêlé, condamné à 2 ans de
prison, et fila aussitôt en Angleterre après avoir
traversé la Belgique.
Les scellés furent apposés chez lui et à son ad¬
ministration.
M. Lambquin, commissaire aux délégations
judiciaires, s'est présenté aux bureaux du Cré¬
dit foncier de Suisse et du Crédit communal de
France, et s'est fait donner la liste des admi¬
nistrateurs.
M. Caperon, intéressé dans les affaires de la
Société des cinq villes; de la banque territoriale
d'Espagne, — dont le directeur est M. Clément
Duvernois, — du Crédit foncier Suisse et de la
Banque communale .a été mis en état d'arresta¬
tion.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, il n'est
pas encore relâché.
Il aurait déclaré, avant son arrestation,
qu'il resterait à son poste n'ayant rien à crain¬
dre .
Nous donnons enfin, sous lés même réserves,
la nouvelle de l'arrestation de MM. Pelletier,
Destrée et Max.
L'une des personnes arrêtées a été relâchée
dès hier soir :
Ces arrestations auraient été dues à la fuite
de M. Bureau.
On nous apporte, à la dernière heure, la nou¬
velle que les scellés auraient été mis chez M.
L..., ancien ministre de l'Empire, et chez d'au¬
tres personnes faisant partie de conseils d'admi¬
nistrations.
On comprendra facilement le motif qui nous
empêche d'insister aujourd'hui sur une affaire
aussi délicate, et que des bruits contradic¬
toires rendent encore fort difficile à débrouil¬
ler.
Au reste tout n'est pas fini. Nous donnerons
demain de nouveaux renseignements.
LA RÉPUBLIQUE & LES TROIS MONARCHIES
Les royalistes, ne sachant que répondre,
lorsqu'on leur objecte qu'il y a plusieurs
espèces de monarchie et qu'on leur demande
■laquelle ils veulent nous imposer, essaient
de donner le change à l'opinion publique et
de faire croire qu'il y a aussi plusieurs sortes
de République.
Les royalistes ne réussiront pas plus à
tromper les autres, qu'ils ne réussissent à se
tromper eux-mêmes. Ils savent fort bien
que la République -est une, d'une unité
absolue ; que la République est un principe,
un principe reposant sur le droit et la jus¬
tice, et qu'il n'est au pouvoir de personne de
le tronquer, de le mutiler, de lui donner
teLie ou telle forme, de lui faire subir telle ou
telle modification.
En vain on nous alléguera que le mot
républicain comporte les épithètes de con¬
servateur et de radical ; nous n'admettons
pas plus l'une que l'autre dénomination :
nous sommés purement ei simplement des
républicains, des républicains tout court, des
républicains sans dénomination. '
Nous ajouterons qu'il ne peut pas
être autrement. La République n'est pas une
de ces formes de gouvernement, qui prête
aux équivoques et aux compromis , dont
l'un accepte une partie sans accepter l'au¬
tre. La République existe ou elle n'existe
pas ; on la prend tout entière ou on la
la laisse tout entière.
Les épithètes de conservateur et de radical
peuvent signifier quelque chose dans le lan¬
gage habituel, mais en réalité elles ne signi¬
fient rien. Sous ces mots, il n'y a pas diver¬
gence de principe, mais simplement diver¬
gence de procédés, de méthode et de tacti¬
que. Le but où l'on vise- est le même; les
désirs et les aspirations sont identiques ; seu¬
lement les républicains conservateurs, sans
tenir compte de l'histoire, de l'expérience et
des souvenirs, veulent arriver à la Républi¬
que, à la République vraie, à la nôtre, dou¬
cement, lentement, progressivement, avec
tact et précaution, avec prudence et mesure,
— et ils ne s'aperçoivent pas qu'ils font ainsi
le jeu des monarchistes, qu'ils suivent une
voie pleine de dangers et de pièges, d'em¬
buscades et d'embûches, dans laquelle la Ré¬
publique a déjà été plusieurs fois terrassée et
égorgée.—Les républicains radicaux, au con¬
traire, veulent prendre la route la plus courte,
briser les obstacles an lieu de les tourner ;
la République est devant eux ; ils la voient,
ils la touchent : jamais on ne pourra les faire
consentir, sous prétexte d'habileté, à retour¬
ner en arrière, à faire de longs et périlleux
détours. Mais vienne le jour où la République
sera enfin assise sur des fondements solides,
et répandra à loisir ses bienfaits sur le pays
tout entier ; alors disparaîtront toutes ces
épithètes menteuses ; alors se produira
l'union, l'entente commune entre les frères
dissidents ; il n'y aura plus ni républicains
conservateurs ni républicains radicaux, —• il
n'y aura que des républicains.
Les monarchistes pourraient-ils en dire
autant? oseraient-ils soutenir qu'un jour
viendra où il ne restera plus qu'une espèce
de monarchie où, les bonapartistes, les légi¬
timistes, les orléanistes disparaissant, il ne
restera plus que des royalistes ?
Quelle que soit leur audace, ils ne l'ose¬
ront pas; ils savent trop bien qu'entre ces
trois espèces de monarchie, il y a antinomie,
antipathie absolue, et que jamais l'une ne
pourra se confondre dans l'autre.
Qu'a de commun la monarchie de droit di¬
vin, la monarchie vraie, la seule légitime,
celle qui peut appeler à son secours tous les
abus, toutes les erreurs, tous les préjugésd'uu
autre âge, cellequi peuts'appuyer sur de longs
siècles d'existence, avec la monarchie parle¬
mentaire de Louis-Philippe, cette monarchie
née de la ruse et de la perfidie, qui ne se
soutint que par la mauvaise foi et la
•corruption?
Qu'a de commun la monarchie bourgeoise,
hypocrite de Louis-Philippe avec la monar¬
chie des Napoléon, ce césarisme issu de la
force et qui ne se maintint que par la force,
qui n'eut jamais d'autres principes que les
MONTPELLIER
LA COMMISSION DES TRENTE,
(Séance du 22 janvier.)
La-commission des Trente a tenu une longue
séance qui n'a pas duré moins de trois heures,
de une à quatre heures de l'après-midi.
M. de Larcy, remis des suites de son accident,
présidait la séance.
On a repris 1a, discussion de l'amendement
Decazes, tendant à spécifier dans l'article 1er
qu'e le droit d'intervention du président de la
République dans les débats parlementaires est
limité à la «'discussion des lois ».
M. Albert GREVY combat, dans un remar¬
quable discours, la proposition de M. Decazes.
M. Grévy reconnaît que la responsabilité minis¬
térielle est un principe vrai ; mais M. le duc
Decazes, suivant lui, en fait une très-fausse
application. Il confond le président actuel de la
République avec un roi constitutionnel. Il se¬
rait plus exact d'assimiler M. Thiers au prési¬
dent du conseil des ministres. Or ce président,
sous la monarchie constitutionnelle, a toujours
eu le droit de participer à lous les débats par¬
lementaires, on ne le lui a jamais contesté.
Pour prouver qu'on n'eu voulait pas à la per¬
sonnalité même de M. Thiers, on l'a mis en pa¬
rallèle avec le président de la République de
1849, Louis Bonaparte, qui ne prenait part à au¬
cune des discussions de la Chambre. Mais on
oublie que Louis Bonaparte était l'élu direct du
suffrage universel, tandis que M. Thiers est
l'élu, le délégué de l'Assemblée nationale.
Pour être dans la vérité, il faut cemparer M.
Thiers au général Cavaignac qui, nommé par
l'Assemblée, sans cesse révocable par elle, avait
le droit de prendre part à tous ses débats. La loi
Rivet, eu donnant à M. Thiers le titre de prési¬
dent de la République, ne l'a pas dégagé de sa
responsabilité vis-à-vis de l'Assemblée. Lui-
même d'ailleurs n'a cessé de la revendiquer.
On ne peut donc pas l'exclure des débats parle¬
mentaires.
Dans une interpellation, c'est le gouverne¬
ment lui-même qui est directement eu cause.
Sa politique est discutée, critiquée , elle est à la
merci d'un ordre du jour motivé, et l'on vou¬
drait que M. Thiers, en qui cette politique se
personnifie, ne pût venir la défendre ?
On reconnaît i'impossibilitq d'interdire au
président de-ia République de prendre part à la
discussion des interpellations sur la politique
extérieure : mais on voudrait limiter sou inter¬
vention dans celles sur la politique intérieure,
aiix débats seuls où la politique générale sera
eu cause. Mais qui sera juge du caractère gé¬
néral ou restreint de l'interpellation? Si une
autorisation de l'Assemblée est nécessaire au
président de la République pour prendre part à
ia discussion, il y aura là une incessante cause
de conflits.
Comment préciser d'avance le caractère et
l'étendue d'une interpellation ? Sons une for¬
mule très-particulière , un député peut com¬
prendre un sujet d'une grande étendue, d'un
intérêt général. Ne peut-on pas supposer que
tel député qui, dans son interpellation , ne
voudra pas avoir pour contradicteur le prési¬
dent de la République, déguisera son interpel¬
lation , eu diminuera les apparences, sauf à lai
rendre, lors de la discussion, toute sa portée ?
On répond à cela que le projet indique que
toute interpellation ne pourra être adressée
qu'aux ministres. Veut-on dire par là qu'il est
interdit aux députés d'interpel.er sur la poli¬
tique générale ? Ce n'est pas admissible un seul
instant.
Si l'interpellation porte sur la politique
générale, à quel ministre sera-t-elle adressée?
Si l'on pouvait dire à M. Thiers: — Vous avez'
été jusqu'ici le chef du gouvernement, vous ae
le serez plus, vous cesserez d'être responsable,
— la restriction proposée par M. le duc De¬
cazes pourrait s'expliquer. Mais M. Thiers pour¬
rait répondre à son .côté : — H fallait me dire
que je n'étais pas responsable, à Bordeaux lors¬
que vous m'avez imposé ce pouvoir dont aucun
de vous ne voulait ; il fallait me le dire sous
la Commune ; il fallait me ledire quand je cher-
•çliaU e t recueillais les m illards nécessaires à
.notre rançon. Je sais trop bien depuis quand
vous vous plaignez de mon rôle de chef d u gou¬
vernement. C'est depuis le jour, où, daus mon
message, j'ai proclamé que la République était
le gouvernement légal, et que vouloir la ren¬
verser serait la plus redoutable des révolu¬
tions,
ECHOS DE PARIS ET DE VERSAILLES
22 janvier 1873.
M. Thiers a reçu auj ourd'hui les membres de
la quinzième commission des pétitions pour leur
expliquer, avant que le rapport qui sera présenté
devant l'Assemblée ne soit définitivement arrêté,
les considérations politiques qui l'ont déter¬
miné à chasser de France le prince Napoléon.
M. le président de la République a commencé
par rappeler que personnellement il n'a jamais
fait preuve d'une grande animosité contre les
membres de la famille Bonaparte. Il a ensuite
résumé en quelques mots les agissements bona¬
partistes dont le prince Napoléon s'était fait l'in¬
stigateur depuis sa rentrée eu France ,. et il a
ajouté qu'eu présence de l'attitude que ce der-
,aier semblait prendre daus le sein de son parti,
il avait jugé nécessaire, pour garantir la paix
publique , de prendre contre lui la mesure de
rigueur qui fait l'objet de la pétition. D'ailleurs
M. Thiers, malgré la retraite de. M. Victor Le-
franc, alors ministre de l'intérieur, accepte toute
la responsabilité de l'acte d'expulsion, et ne re¬
doute pas le blâme de l'Assemblée. Il exéipe
d'abord de la loi de déchéance votée par la Cham¬
bre contre toute la famille Bonaparte ; il croit
que cette loi ne doit pas se borner à déclarer
déchu Napoléon III, mais qu'elle doit empêcher
toute tentative de restauration napoléonienne.
Et il cite à l'appui de cette interprétation , des
précédents établis sous Louis XVIII et sous
Louis-Philippe. x
— Aujourd'hui, nouvelle réunion de la com¬
mission des Trente. II s'agit de l'amendement
de M. Decazes portant addition à l'article l"r des
mots « dans la discussion des lois », à la suite
des mots i « Le président est entendu par l'As¬
semblée toutes les fois qu'il en manifestera l'in-
tion par un message ». Comme nous avons eu
souvent l'occasion de ledire, ce point est celui
sur lequel M. Thiers est décidé à ne rien concé¬
der. Il n'est pas possible qu'on réduise le prési¬
dent de la République au simple rôle de prési¬
dent du conseil, irresponsable, dépouillé du
droit de défendre son gouvernement et ses actes.
Uue puissante raison, milite contre cette préten¬
tion à laquelle ia droite semble attacher uh
grand prix. Ecarter M. Thiers de la tribune
serait aller à l'enconlre de la constitution ac¬
tuelle des pouvoirs. M. Thiers n'est pas un roi
constitutionnel. Il ne tient pas du pays la prë-
Les dernières exécutions de Satory inspirent à
la République française les réflexions suivantes :
La commission des grâces, qui est souveraine,
vient d'affirmer sa toute -puissance en rejetant
trois pourvois de condamnés à mort Trois exé¬
cution out eu lieu hier matin à Satory. Les
malheureux qui sont tombés sous les balles
étaient inconnus,oubliés. Personue ne se rappe¬
lait leurs noms, personne ne se souvenait du
jugement qui les a frappés. Depuis de longs
mois, dans le cachot des condamnés à mort,
ils attendaient! On pensait, à Paris, on espérait
que toutes les peines capitales étaient commuées
La commission des grâces'eu a décidé autre¬
ment. Elle a jugé qu'il n'y avait pas encore assez
de sang, elle a jugé qu'il était bon de persister
daus la politique d'implacable répression La
France, à son tour, jugera cettepolitique. Puisse-
t-eile, dans l'avenir, ne pas l'expier trop cruel¬
lement 1 Quant à nous, nous ne nous sentons ni
assez libres ni assez calmes pour dire ici toute
notre pansée Uue observation cependant : M.
le président de la République ne comprendra-t-
il pas enfin à quelles extrémités fatales, de con¬
cession en concession, il se laisse entraîner ' Ne
comprendra-t-il pas quelle faute irréparable il
a commis en se déchargeant du droit fie grâce
sur une délégation anonyme, sur une responsa¬
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