Titre : L'Aurore : littéraire, artistique, sociale / dir. Ernest Vaughan ; réd. Georges Clemenceau
Éditeur : L'Aurore (Paris)
Date d'édition : 1902-08-14
Contributeur : Vaughan, Ernest (1841-1929). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1902 14 août 1902
Description : 1902/08/14 (Numéro 1760). 1902/08/14 (Numéro 1760).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Sixième année. â Numéro 1760
13 Oora/fc-imosg
JEUDI 14 A.OCT 1902
Diwwtsu*
ERNEST VAUGHAN
ABONNEMENTS
Si* TMa
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Sine rr Smln-Oin î t1 3V- 16<- S.
DirARTEUKNTS 5 . 36 * 18 » jP â¢
%riL4iiaaR (UMION POSTALE). .49* 24 ⢠!*â¢
POUR LA RÉDACTION T
S'adresser à M. F. TALMÂN
S&rétairt En manuicrits non intérêt ne sont pat rendut
L'AURORE
Directeur
ERNEST VAUGHAN
LES ANNONCES SONT REÇUES :
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tr m BUREAUX Otl JOURNAL 142, AUC ËOKTMMJU
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faire à la quatrième pagex noire rwtir
iieau feuilleton,
BOT JOIRS AU CHATEAU
tx
He Revolutionnaire
L'esprit réactionnaire a mille façons
9o se manifester. Le moindre accident
d'automobile, par exemple, suffit à sou-
lever sa colère. En. vain ferait-on juste-
ment observer que les accidents de voi-
ture sont plus nombreux : ce n'est pas
6 l'imprudence ou û la maladresse qu'ils
Bn veulent, c'est au progrès. Toute inno-
vation, toute découverte eut également
te don de les exaspérer. Car la science
eâl la grande ennemie, celle qui fatale-
ment aura le dernier mot, la victoire dé-
finitive. Aussi est-elle l'objet- des plus
terribles réquisitoires, et, oes jours-ci en-
core, on la dénonçait comme la grande
coupable qui avait fait naître le mal phy-
sique et le mal inoral et par qui tout s'é-
tait perverti. Loin de nous donner la sé-
rénité, elle aurait aggravé nos incerti-
tudes et nos angoisses, détruit la foi
dans l'ame contemporaine.
La science fut chargée do tous les mé-
faits. On lui imputa tous les maux et
tous les vices i- «ni souffrent les sociétés
modernes Et l'on en vint à vanter l'i-
gnorance, le retour à l'aimable naïveté
du mandé, primitif.
Ainsi, à l'exemple fie Jean-Jacques,
parlent tous le® réactionnaires averes
ou dissimulés, tous les mystiques et,
Sous les snobs, tous les ennemis du pro-
grès, tous ceux qui condamnent la ral-
Bon, parce qu'elle est un obstacle à l'as-
servissement de l'humanité, à la domi-
nation religieuse.
A ces boutades sottes et acharnées,
d'excellents esprits répliquèrent avec un
haut bons sans que ,1a science jie pouvait
Être déclarée e*n faillite, parce qu'elle
n'avait rien promis, que d'ailleurs aile
ne prétendait pas tout découvrir et qu'il
convenait do lui faire crédit, par égard
pour ses conquêtes, déjà fort apprécia-
ntes.
Mais ce m'est pas encore assez dire. Il
ïaut proclamer que la science seule nous
.apporte des certitudes sur lesquelles
«uns [missions nous reposer ; que, hors
d'elle, il n'y a point de salut-, ei qu'il ne
nous reste rien, que le triste privilège
de nous égarer sans cesse de doute en
doute, d'erreur en erreur, dams le champ
infini des hypothèses vagues, des théo-
ries métaphysiques et des songe-creux
gui démoralisent et qui désespèrent.
De cette vérité, nous ne prétendons
pas convaincre M. Brunetière ni les ad-
versaires irréconoiliaihles de la démocra-
tie. lis haïssent la science, parce qu'elle
â est, au suprême degré, la grande révo-
lutionnaire-, on peut mâme dire la seule
Révolutionnaire.
Il est bien évident qu'auprès de ses
moindres résultais, les efforts les plus
généreux des apôtres qui rêvent de créer
un état nouveau de la société, de refaire
une âme au monde moderne, apparais-
sent parfois presque vains et frappés
d'impuissance. Leurs systèmes,qui, tous,
6e contredisant, se combattent, n'abou-
tissent souvent qu'à fomenter une agita-
tion stérile. L'abondance des mots et des
discours ne change pas le cours des cho-
ses, ne peut rien contre l'inextricable
fatalité des lois complexes et brutales
qui nous régissent. Les charagamente de
ministères ne déterminent aucune évo-
lution bien décisive, et les plU6 nobles
imaginations des sociologues ne par-
viennent pas à résoudre le6 problèmes
sociaux. Un événement imprévu survient
â¢qui, tout à coup, bouleverse tes concep-
tions les plus ingénieuses et on décou-
vre l'inanité profonde. Los grands ora-
teurs de la Convention crurent avoir
aboli le passé ; ils fondèrent l'an I dû la
République, comme pour attester que le
monde recommençait, à partir d'eux, at
que l'oeuvre des siècles antérieurs, char-
gée d'iniquités, était 1 jamais anéantie.
Sublime mais dérisoire orgueil ! Moins
do quinze ans après, an vit reparaître
tous les préjugés de l'ancien régime, l'E-
glise triomphante, le despotisme abso-
lu ; et il ne subsiste aujourd'hui de la
convention que le magnifique souvenir
de la plus formidable crise héroïque
qu'ait traversée l'humanilé. Telle est la
grande leçon d'humilité que nous in-
flige l'Histoire.
â La vérité est que les quelques progrès
accomplis, nous les devons à la science
seule. La moindre découverte de la chi-
mie a plus transformé la face du monde
et ouvert un plus large horizon à l'esprit
humain que toutes ces inutiles effusions
de sang qu'on appelle révolutions et qui
n'aboutirent qu'à des réactions violen-
tes et soudaines. Celui qui, le premier,
observa la force élastique de la vapeur
d'eau fut un bien plus grand révolution-
naire que Danton ou Robespierre. L'u-
nité de la nation française où s'efforcè-
rent, durant des siècles, tous les monar-
ques, depuis Louis XI jusqu'à Napo-
léon I", se trouva réalisée en moins de
vingt-cinq ans par le chemin de fer et le
télégraphe. Ces deux découvertes nous
cmt plus rapprochés de l'idéal, encore
lointain, de la fraternité humaine, que
la parole du Christ, répandue depuis près
ide deux mille ans à travers le monde.
Ët c'est en vain que l«s réactionnaires,
suivis des snobs et de quelques républi-
cains égalés qui en reviendront, Jan-
cent aujourd'hui parmi 'nous, l'idée de
décentralisation, désormais irréalisable.
Noua n'avons m&me pa.3 à mous en in-
quiéter. De plus en plus, avec les che-
mins de far. le télégraphe, le téléphone,
la province tondra 4 disparaitre; de plus
on plus, la science augmentera l'unité
et l'harmonie des peuples et des races.
Mais laissons les grandes découvertes
dont l'effet révolutionnaire est trop évi-
dent. Prenons un petit exemple : l'inven-
tion de l'automobile, dont les consequen-
ces, au point de vue social, nous frap-
pent davantage, parce qu'elle est toute
récente. N'apparait-il pas que !a seule
invention de l'automobile, voire die la
bicyclette, a pins transformé nos moeurs,
nos habitudes de vie, que ne firent ja-
mais les plus grandes secousses de la
politique î
Ah I que pèsent, si l'on veut bien y ré-
fléchir, les systèmes des plus fameux so-
ciologues, tous les rêves die reconstitu-
tion sociale, auprès de la plus modeste,
de la plus silencieuse trouvaille du sa-
vant dams son laboratoire 1 Tandis que la
presse s'occupe à faire une célébrité aux
chanteurs die café-concert, tandis qu'un
petit, scandale boulevardier stimule,
pendant quinze jours, la verve des chro-
niqueurs, là-bas, peut-être, au fond de
son laboratoire, ignoré de tous, un chi-
miste fiait une découverte qui va bientôt
révolutionner le monde, detruire d'un
coup leis combinaisons les plus audacieu-
ses des grands hommes d'Etat.
Méditons sur ces paroles que Zoûa
place dans la bouche d'un de se® person-
nages, à la fin de son roman Paris : a Je
vous le dis, la science est !a seule qui,
par-dessus les pauvres événements po-
litiques, l'agitation vaine des sectaires et
des ambitieux, travaille à l'humanité de
demain, en prépare la vérité, la justice,
la paix !... Ah l mon cher enfant, si vous
voulez bouleverser lo monde en essayant
d'y mettre un peu plue de bonheur, vous
n'avez qu'à rester chez vous, car te bon-
hour humain ne peut naître que de votre
fourneau de savant. »
Sans doute, il y a quelque exagération
dans ces paroles. Toujours l'humanité
restera frémissante en présence d'un au-
delà dont la science ne pénétrera peut-
être jamais le mystère; peut-être n'e-
claircira-t-etle jamais ce domaine de l'in-
connaissable dont parle Spencer. Mois,
du moins, elle diminuera de plus en plus
cet inconnu qui cause notre angois-
se, elle apaisera notre désir de savoir, et
qui peut dire même qu'elle ne parvien-
dra. pas, un jour, à étancher la soit d'i-
déal ? Tâchons, en attendant, comme
dit encore Zola, que l'inconnu ne do-
vienne pas de l'erreur. Et qu'importe,
d'ailleurs, si la science ne dissipe pas
toutes les ténèbres dont nous sommes
enveloppés ! Elle n'en demeure pas
moins notre unique sauvegarde contre
les folies et les crimes de ta superstition.
Grâce à elle, l'esprit de progrès conti-
nuera sa marche, au-dessus des fluctua-
tions de la politique, en dépit des gou-
vernements et des régimes qui se succè-
dent.
La réaction peut triompher momenta-
nément. Elle sera vaincue, en definitive
par la seule force du travail et de la
science invincible.
PAUL BRULAT.
UN MIRACLE, S. V. P.
Les « scientifiques et discrètes personnes »
composant la cléricaille de Bretagne sont sin-
gulièrement (3i retard- C'est très bien d'appe-
ler les paysans aux armes» d'affoler les fem-
mes possédées de la Vierge, de briser des scel-
lés, de se révolter contre la loi de son pays et
la parole de son Dieu. Mais il y a mîèux.
Quand les ancêtres de nos patriotes, de nos
Vïv' l'armée, de nos Viv' la liberté, égor-
geaient les enfants de la patrie, torturaient les
soldats français dépeçaient les fonctionnaires
républicains, leurs prêtres avaient au moins le
soin de leur donner l'approbation d'en haut.
Sur 'es autels, Marie saignait parce qu'on
avait guillotiné la Dubarry, saint Joseph per-
dait son auréole parce qu'on avait exécuté
Louis XVI. Le cri « Rendez-nous notre bon
curé » avait utî écho au ciel. Le cri « Rendez-
nous nos bonnes soeurs » n'en a aucun. Pas
d'autres manifestations divines que des dé-
raillements de trains de pèlerins ou le feu
dans les églises. L'appui du Raz Makonnen,
qui s'est affirmé aussi Breton que la pointe
du Raz, en allant visiter les Lazaristes avant
l'Opéra ne suffit pas. Non plus que celui de
la marquise de Mac-Mahon qui, écrivant com-
me parlait le maréchal, engage les hommes
noirs à continuer, en les félicitant « d'être ap-
puyés sur le mot » liberté. Il importe de frap-
per les imaginations par quelque bon tour de
Saint-Yves ou de Saint-Germain (comte de).
Au plus tôt un miracle! Mais là un miracle qui
renverse. Par exemple Coppée faisant un
beau vers, Jules Lemaître redressant sa taille,
Déroulède retrouvant la raison, Millevoye spi-
rituel, Pollonnais (oh! les méchants cambrio-
leurs qui ont volé tous ses trésors, même son
vocabulaire) parlant correctement, les dames
françaises ramenées à la jeunesse... Mais
j'exagère. Une thaumaturgie de seconde classe,
un miracle bon ordinaire suffira pour les mal-
heureux abêtis par l'éducation religieuse... Il
ne faut pourtant pas demander aux prêtres
des prodiges que Dieu lui-même ne saurait
accomplir.
DICK.
LA CALOTTE ET LE PLUMET
H y a quelques jours les paisibles habitants
Cte Chartres étaient surpris de voir de nom-
breux fantassins, en tenue de dimanche, pé-
nétrer dans la cathédrale et chacun de se
demander s'il s agissait de l'enterrement d'un
soldat ? â Et nnxi ; c'était tout simplement
îa fête du HJii" régiment dinfantsrie. La fête
du sabre pouvait-elle aller sans l'invitation
dru goupillon ?
Nous avons pu nous procurer le rapport
du 8 août tenant-colonel Clause. Le voici dans toute sa
saveur très laïque :
« Domain y août, J&to du régiment. Réveil
h ô six heures. Toute la batterie réunie son-
h nera le réveil en campagne ; on prendra la
o tenue habituelle du dimanche. A neuf heu-
a res : messe commemorative cour les morts
« du régiment dans la crypte de la cathé-
h drale. La 'messe sera dite par M. l'abbé
« Hervé, ancien aumônier en 1870.
« Les compagnies rassemblées à. huit bén-
it res quarante par les adjudants chî fonction-
« naires adjudants se rendront directement
« à. la crypte oii des places leur seront ré-
« servées.
On nous apprend en outre que les militai-
res du lUi^ qui se sont abstenus d'assister
au suint sacrifice de la messe» officiée par
M. l'abbé Hervé, directeur du cercle catholi-
que à Chartres, ont été soigneusement notés
pour les permissions prochaines.
Voilà de la pression ou je ne m'y connais
pas.
Que pense le ministre de la guerre de cette
façon de régler un cas de conscience ?
Th.
Lettre de M. Guieysse
Député du Morbihan
Mon cher Directeur,
Eloigné de Paris et prenant quelque
repos dans lo Midi, je ne me serais peut- !
être pas cru tenu de faire une profession
de foi nouvelle, mes idées étant., je l'es-
père, bien connues, si quelques hautes
personnalités près desquelles je pensais
que le gouvernement trouverait un en-
tier acquiescement^ ne s'étaient pronon-
cées contre les exécutions légales accom-
plies actuellement. Eu ce moment de 16-
pit pour lai Chambre, les membres du
Parlement peuvent facilement rester
dans la coulisse, mais puisque le pays
traverse une crise très grave, il me sem-
ble de toute nécessité en même temps
que de toute loyauté, que les députés ne
se contentent pas du rôle de spectateurs
et qu'ils assument par leur approbation
ou leurs critiques leur part de responsa-
bilité dans les actes du gouvernement.
J'avoue que les théories émises par les
défenseurs inattendus des congrégations
mettent le comble à ma surprise, et je
croyais vraiment bien percé à jour cet ar-
gument de la liberté dont les cléricaux
ont toujours usé et abusé pour nous bâil-
lonner.
Le procédé du pickpocket criant « Au
voleur » pour ne pas être pincé est un
peu vieux jeu. J'aurais peine à critiquer
le volé qui tenterait ij,e se faire rendre
par la force ce qui lui aurait été pris. Je
ne le verrais pas en mauvaise posture
parce que son voleur aurait le premier
fait appel aux gendarmes.
Avons donc une bonne fois le courage
rie nos opinions et contre ceux qui ont
l'énergie de les traduire en actes ne
jouons pas aux grands sentiments.
Ne sonVils pas stupéfiants, ces a anti-
cléricaux » dont la place semblait mar-
quée au premier rang des nôtres dans la
bataille et que nous voyons faire le jeu
des contempteurs du premier ministère
qui se soit efforcé de mettre une digue
aux empiétements du clergé î
Que le gouvernement trouve un élé-
ment de faiblesse chez ceux-là mêmes
qui devraient lui être un appui, cela me
semble inadmissible, presque une trahi-
son, et je ne voudrais pas, même par mon
silence, paraître m'y associer.
Les nouvelles que je reçois de Bretagnê
me font constater chez nos adversaires
une mentalité toute nouvelle et un chan-
gement de front extraordinaire. Ils sen- ;
tent bien qu'ils jouent, non la dernière,
mais la plus importante des parties; aussi |
ne pouvant trouver partout chez les I
soeurs la résistance qui sert leurs pro-
jets, ils ont été jusqu'à en enfermer dans
leurs écoles pour avoir un prétexte à ma-
nifestation. N'ont-ils pas contraint plu-
sieurs congrégations qui avaient de-
mandé l'autorisation prévue par la loi à
retirer leur demande ? N'y a-t-il pas là un
plan conçu de longue main, dans l'es-
poir d'amener un soulèvement de nos po-
pulations bretonnes î
Mais leur dessein a échoué ; il leur a
fallu concentrer leurs efforts sur quel-
ques points isolés pour n'arriver qu'à un
résultat piteux.
En Bretagne aussi les idées marchent,
et nous défions bien nos marquis et nos
ducs, nos généraux et amiraux du Parle-
ment de refaire une nouvelle chouan-
nerie pour défendre les prêtres et les
congrégations.
Remarquons, d'ailleurs, qu'ils avaient
escompté la sentimentalité publique.
Dans l'affaire actuelle, qui est de pure
forme, car il ne s'agit pas de la liberté de ,
l'enseignement comme 011 voudrait le :
faire croire, aucune difficulté n'est ve-
nue du cOté des hommes ; ce sont les
soeurs, ces « bonnes soeurs » au nom de
qui seules, une résistance a été faite.
Cette comédie n'a que trop duré, die va
finir sans avoir tourné au drame, comme
l'espéraient ses auteurs.
On oublie trop que le respect dos lois
est le premier devoir des citoyens. Assez
de déclamations ; toutes nos sympathies
ci celles de tous les républicains do prin-
cipe iront à un gouvernement d'action. Il
est plus que temps pour nous, au lieu de
chercher des prétextes spécieux pour
nous diviser, de montrer un peu plus de
cet esprit de solidarité qui est la grande
force de nos adversaires ; de soutenir
énergiquement oeux qui veulent enfin
abandonner l'éternelle politique d'inac-
tion, la seule que nous ayons su opposer
jusqu'à présent à la vigoureuse et inces-
sante action cléricale.
Cette triste fumistwiê qui consiste à
comparer la fermeture des congrégations
non autorisées aux actes contre les gré-
vistes trouve trop facilement crédit chez
les esprits superficiels. Je ne sache pas
qu'il y ait eu beaucoup de coups de fusil
tirés contra les « bonnes soeurs » ni cme
le sang des dames françaises ait été versé
sur la place de la Concorde ou ailleurs.
Le cas des congrégations me paraît
beaucoup moins intéressant que celui
des grévistes, puisqu'avec un peu de
bonne volonté, en se soumettant aux lois
tout simplement, celles-ci pouvaient con-
tinuer à se laisser vivre. Si, au prix d'une
simple formalité, les grévistes savaient
pouvoir obtenir les satisfactions â si lé-
gitimes la plupart du temps â qu'ils re-
vendiquent, m'est avis qu'ils n'hésite-
raient pas à s'y soumettre, évitant ainsi
les souffrances et les dangers que toute
grève porte en soi.
Assez de mauvais prétextes et d'argu-
ties spécieuses t lia loi a été votée ; nos
adversaires espéraient quo, comme trop
souvent, elle 11e serait pas appliquée. Le
gouvernement nous montre qu'ils se sont
trompés. Suivons-le, soutenons-le ferme-
ment ; ce n'est pas quand la bataille est
engagée que la moindre hésitalion peut
être admise.
Recevez, je vous prie, mon cher Direc-
teur, l'assurance de mes meilleurs senti-
ments dévoués.
GUIEYSSE.
Député du Morbihan.
LES
Annales de la Jeun lalp
Yoil " plus d'un mois que j'aurais dû
vous signaler l'apparition d'une nouvelle
revue mensuelle réellement digne de
toute votre sympathie et de tous vos en-
couragements.
Celte revue, dirigée par M. Georges
Etber, a pour titre : Les Annales de la
Jeunesse laïque. Ce titre est gros de pro-
messes et le troisième fascicule, qui
vient d'être mis en vente, permet d'af-
firmer que ces promesses seront te-
nues.
Les initiateurs des Annales de la Jeu-
nesse laïque se proposent de faire par la
plume et par la parole l'éducation laï-
que et républicaine de nos jeunes géné-
rations. lis ont formé « un noyau de jeu-
nes conférenciers qui iront en province
propager les idées laïques et républicai-
nes, dans les humbles bourgs, dans les
campagnes arriérées, que les grands
orateurs dédaignent ou négligent, qui
n'entendent parler politique qu'aux épo-
ques électorales, et où l'instituteur est
presque seul à lutter contre toutes les
foroes de réaction coalisées ».
Ils ont obtenu l'adhésion et la collabo-
ration de la plupart des écrivains dont
« l'art pour l'art » n'est pas l'unique de-
vise et qui mettent toute la puissance de
leur coeur et de leur talent au service
des idées de liberté, de justice et d'huma-
nité.
La liste en est déjà longue et s'aug-
mentera certainement encore.
l'aurore publiera régulièrement le
sommaire de chaque numéro des Anna-
les de la Jeunesse laïque. Ce sera pour
l'oeuvre de nos jeunes et vaillants confrè-
res la meilleure et la plua éloquente des
recommandations.
E. V,
Schos et Nouvelles
CALENDRIER. â Jeudi 14 août.
Lever du soleil, 4 h. 52; coucher, 1 h. 10.
Situation METEOROLOGIQUE Le baromètre reste
bas dans le nord et le sud-est. du continent. Deux I
minima (75S mm.), hier matin, près de Wisby et
de Constantinople. Les fortes pressions de l'ouest
de l'Europe se propagent vers le sud.
Le vent est faible du sud sur nos côles de la
Manche, du nord-ouest en Bretagne; il se calme
«ur las eûtes de Provence.
Ces pluies sont tombées sur le nord et l'ouest
de l'Europe; eu France, on a recueilli (î mm.
d'eau Limoges, 5 & Paris, 4 à Belfort.
Température : La température a baissé dans
ie sud du continent; elle était, hier mutin, de û*
à bodoe. 13° il Paris, 17" à Moscou, 25* a Malte.
On notait : 7* au puy Midi, â r au mont Mounier.
En France, un temps nuageux est probable; la :
température va se relever et se rapprocher de la
normale.
A Paris, hier, nuageux.
Baromètre de {'Aurore, à midi 564 mm.; à mi-
nuit 766 mm. 1. â !
Thermomètre de l'aurore ï maximura. la*3; mi-
nimum, 12*1.
Ephémirides. â Achèvement des constructions
du Louvre (1837).
VWVWVW
HILDEBRANDT GRACIÉ
On nia mie de Berlin, 13 août :
La Gazette de Cologne du 13 courant reproduit
3e récit d'un journal de Koentgsberg sur ta laçon â
scandaleuse dont le lieutenant Hildebrandt, con-
damnes pour avoir tué en duel soin camarade
Blaskowitz, a fêté, avec des officiers, sa sortie
de prison due & la clémence impériale: le 7 août, à
Isterburg, dîner auquel assistaient deux généraux
de brigade ; le 9 août, autre diner à Gumbin-
nenn, au nom des dragons et de l'artillerie, puis,
pour la conduite iï la gare, corlege des officiers
par les ruee dans des carrosses, avec un piqueur
en avant et une escorte en uniforme de cérômo-
nie, le lieutenant se pavanant dans un équipage &
quatre chevaux en compagnie d'autres officiers.
Tout en s'abstenant de critiquer la grace
qui était un droit de 1 empereur â et dont on
ignore d'ailleurs les dessous â la presse al-
lemande s'accorde è. demander que cette in-
décente cérémonie soit officiellement désa-
vouée, sinon châtiée comme elle le mérite,
â vwwvwv
L'HABIT NOIR
On sait quVi la cérémonie du couronne-
ment les ooslumes les plus variés, les plus ri-
chement chamarrés, faisaient assaut de luxe
et d'élégance. Parmi e$ chatoiement d'étoffes
somptueuses, on a remarqué l'habit noir, le
seul qui ftU visible à cette solennité, que por-
tait l'ambassadeur
A ce propos, on se rappellera qu'Edmond
About, voyageant jadis h Athènes, et reçu â
la cour, avait fait scandale en exhibant son
habit noir ail milieu d'une multitude de per-
sonnages plus ou moins ehamariés.
â Jê porte l'uniforme 4e bourgeois de Pa-
ris, dit-il, non sans fierté, pour s'excuser,
â wvyvvwv
BENASSIT
Le peintre Bénassit, qui vient de mourir
très oublié, s'était acquis, dans les intimités
littéraires d'ayant 1870. une très grande ré-
putation d'esprit acerbe ; il était inépuisable
en railleries et peut passer pour le créateur
du genre d'épigrammes qui s'est appelé de«
puis «< tes mots rosses
Il s'est en outre distingué par la façon dont
il accommodait en prose â et à rebours âles
fables de Lafontaine.. Voici on échantillon de
son procédé :
LES DEUX PIGEONS
ils s'aimaient d'amour tendre ; mais le pigeou
curieux et volage a ennuyait*
Il partit.
Où lut-il î â Partent,
Oti s'arreta-il ? â Nulle part " '
11 fut tour à tour peintre, musicien, homme
politique, épicier, journaliste ot financier. Pion
ne lui réussit. Alors il se décida à regagner son
nid.
Tirant la patte, l'aile basse, honteux, contus et
très écloppé, il finit par s'abattre sur une branche
voisine de son nid, d'où il s'échappait une déli-
cieuse odeur de cusine
Après un dernier effort, il vît, le pauvre... sa
pigeonne qui s'était fait accommoder aux petits
pois pour fa recevoir, et il la mangea,.
C'est l'imago de la vie.
Au fond, le caractère de Bénassit était lait
d'une grande timidité et d'un manque de
confiance en lui môme, qui l'empêchait, à la
fois, d'affirmer son talent de peintre et d'oser
se faire homme de lettres. Il eût réussi dans
l'un ou l'autre genre, s'il ne s'était laissé ré-
duire au rôle de plaisant par les camaros qui
ne comprenaient pas ce que son esprit fantai-
siste dissimulait d'amertume et de regrets,
â wvwwv*
UNE STATUE
Il vient d'arriver en gare de NeufchAteau,
à l'adresse du sous-pré/et, deux colis, dont
î'un contenait une statue en marbre repré-
sentant une femme qui prie à genoux. L'au-
tre caisse enfermait un piédestal de marbre,
avec cette inscription : « Jeanne d'Arc levée
à minuit pour écouter les voix ».
Cette statue sera placée dans la maison
historique de Domrreny
Le donateur est un nationaliste... anglais,
qui a promis de venir assister à l'inaugura-
tion,
«Wrt/VVVVM*
TRUST MONSTRE
D'après 1e Daily Express.
Un trust plus considérable encore que ce-
lui dé l'acier est sur le point d'être constitué
par les marchands de bois ; le capital do
cette société sera de 300 millions de livres
(T milliards et demi de francs). Les négocia-
tions ont été poursuivies depuis trois mois,
mais dans le plus grand secret, Le trust de
l'acier servirait de modèle, c'est-à-dire que le
trust rie comprendrait pas seulement les
grandes scieries de bois, mais aussi tous les
gros fabricants de matériaux en bois,
wwvvwv
1-E GRAIN DE BLÉ
D'après les curieuses expériences poursui-
vies en ce moment par M. Marquenne, l'émi-
nent professeur du Muséum, sur 4a germina-
tion. des graines, celles du blé ordinaire gar-
dent leur faculté germinative pendant une
dizaine d'armées. Il est par suite absolument
faux que les grains de blé trouvés dans les
tombeaux des Pharaons aient germé de nos
jours. C'est une légende qu'il n'est pas inutile
de démentir.
1 n'y a que la semence de la parole cléri-
cale qu'on voit encore germer aujourd'hui...
-dans les terrains mal cultivés,.
wvvwvvv
EN ESPAGNE
Les évêques qui ont assisté au Congrès ca-
tholique de Saint-Jacques de compostelle ont
adressé au gouvernement un rapport où ils
combattent vivement les réformes de l'ensei-
gnement préparées par le ministre de l'ins-
truction publique.
Ce rapport s'en prend aussi à ia presse qui,
disent les évéques, attaque les intérêts reli-
gieux ; il blâme aussi plusieurs ministres qui
soutiennent la presse dans celte campagne.
La résistance anticléricale, qui s'étend
partout en Europe, ne tarera pas è, devenir
vraiment catholique..,* c'est-à-dire univer-
selle,.
â¢vwvww*
ÇA ET LA
Petit Catéchisme du Libre Penseur. â
Sous ce titre, M. Charles Beauquier, député
du Doubs, à qui sont dus de remarquables su-
vrages de politique, d'esthétique et d'histoire,
nous donne aujourd'hui un commentaire fort
substantiel, et appliqué à la religion, de ce mot
profond de Montaigne ; Tout notre mal vient
d'ânerie.
Livre d'actualité s'il en fut, au moment des
troubles religieux qui divisent la France, cet
opuscule, dans une l'orme qui te rend accessible
à tous, car c'est une oeuvre de vulgarisation, lait
justice de toutes les croyances enfantine» qui
sont 3a base des religions. Mais l'auteur discute
surtout la religion catholique, dont le grotesque
ne le cède en rien aux autres cultes présents
ou passés. M. Beauquier a traité son sujet avec
autant d'esprit que d'autorité, et il a fait oeuvre
utile, H serait' a souhaiter que ces pages de non
sens lussent lues par tous les cléricaux. Peut-
être leur cécité intellectuelle en serait-elle atté-
nuée»^ si tant est qu'elle ne soit pas incurable.
LE MOT DE LA FIN
En vacances, & la campagne, un poète "pa-
risien essaye d'enthousiasmer une famille
bourgeoise en lui récitant les plus beaux poè-
mes connus.
Il lutté pourtant contre l'indifférence la
plus glaciale, jusqu'au moment où il déclame
ce vers de Baudelaire :
â Je bais le mouvement qui derange les
lignes.
â Ah l bravo, cette fols, -dit un des audi-
teurs , voilà un vers superbe et plein de vé-
rité. Moi aussi, j'exècre qu'on dérange les li-
gnes... quand je pêche.
Scaramouche.
PROBITÉ ET PRINCIPES
tM. Ernest Roche (Baptiste k'YIntransigeant
et à la Chambre) publie dans l'organe offi-
cieux des bonnes soeurs un article passable-
ment réjouissant
Il y est question tout d'abord de probité
privée â ma foi, autant parler de probilô
que de kleptomanie 1 â puis de la violation
la plus cynique des principes essentiels de
la République par les radicaux qui ont inau-
guré ce système, « inconnu avânt eux », pa-
rait-il.
Lorsqué Louis Bonaparle président de &
République, a fait Bon coup d'Etat du Deux-
Décembre, il n'a vraisemblablement, violé
aucun principe. Lorsque l'armée versai! aise
dans laquelle M. Roche {Ernest-Baptiste)
était sergeuf, Boulanger, lieutenant-colonel,
Galliffet général et Déroulède combattant di-
lettante, a égorgé sans (jugement trente-cinq
mille républicains, au nom de 4a République
elle-même, il n'y a eu non plus aucun prin-
cipe violé. Quand le général Mercier* traité
ia veille encore par l'Intransigeant de scete-
rat imbécile, a, pour; faire condamner Drey-
fus, soumis à ses juges des pièces non com-
muniquées 4 la défense, tout était encore
très correct. Très correct aussi les intri-
gues des Dupuy, Méline et Rubot, devenus
chers au bon journal' religioso-anticlericat
les tentatives de coup d'Etat de Déroulède,
les viols et assassinats d'Algérie* les decer-
vêlements antisémites 1
Far contre loa radicaux sont des monstres,
Brisson est un « jésuite » et Combes un
« vieux cafard », attendant le pourboire des
youpins et des congreganistes Irancs-ma-
çons.
â Nous espérons pour la vieille gaîté fran-
çaise que l'auteur de ces divagations don-
nera suite à son projet de demander a la
Chambre la séparation de l'Eglise el de l'E-
tat Ce jour-ia, il faudra préparer des caba-
nons dans les asîles d'aliénés pour les lec-
teurs de VIntransigeant^
Th.
SANS ÉNERGIE!
On n'a peut-être pas oublié que la Libre
Parole et la Patrie furent, avec le Gaulois,,
les deux journaux Le plus acharnés à im-
poser, en connaissance de cause, la mons-
trueuse alliance franeo-tsarienne. Dana
d'autres journaux, Il est vrai, le môme clai-
ron fut embouché,, mais par des hommes que
leur situation subalterne ou leur état mental
rendait irresponsables.
Or, voici comment le directeur de la Libre
Parole s'exprime sur ie compte du même
tsar qu'il lotiangea tant qu'il crut voir en
lui l'étouffeur triomphant de 1a révolution s
L'empereur Nicolas IF est un être sans carac*
1ère, qui sert de paravent a de Witte.
La Patrie, de son côté, reproduisant la
bruit que le tsar aurait exprimé l'intention
'd'abdiquer en faveur de son frère... à moins
que la tsarine ne se décide à lui donner un
fils, déclare :
Nicolas II, ajoute-t-on. serait complètement dé-
couragé en présence de la situation intérieure de
la Russie, et il sent qu'>iî ne possède ni l'énergie
morale ni la résistance physique nécessaires pour
vaincre les difficultés et pour lutter contre tes
hommes h l'esprit rétrograde qui l'entourent.
Ainsi, d'après les deux journaux sus-mert-
tionnés, le petit père, à part ses Incontesta-
bles aptitudes au tapage, aurait tout juste
la force de résistance d'une crème fouettée.
Tel est l'homme que la bande nationaliste
montrait aux excellents gogos, comme de-
vant assurer la reprise jle r Alsace-Lorraine t
Ch. M.
L'AMIRAL SERVAN
Le ministre de la miaiine a Infligé un blâ>
me, avec inscription au calepin, au contre-
amiral Servan, en raison" de communication;*!
faites h la presse par cet officier généraL
LIRE PLUS LOIN
Les Pupilles du Voaruit, par G, Lo porte. -«*.
Les Congrégations. â L'incident de Pon*
tivy.
AFFAIRES SIAMOISES
De récentes dépêches ont attiré l'attention
sur la presqu'île siamoise, et, bien que M.
KIobUkowsky, résident de France à Bang-
kok, arrivé lundi ù Marseille, .par l'Ausïra-
lien, nie q matiques soit effectuée, il n'en demeure pas
moins certain que, depuis 1e 5 juillet der-
nier, les choses ont pu empirer et que l'inté-
rimaire de la légation, M. Dutasfcat, a télé-
graphié à Saigon demandant son rappel.
Quelques journaux parisiens ont paru s'é-
tonner de cette situation ; l'un d'eux même a
jugé l'occasion propice peur se répandre en
invectives contre le gouvernement, qu'il ac-
cuse de tout le mal. Cette situation n'est
pourtant pas nouvelle ; il y a de longues an-
nées que le Siam est en état d'hostilités la-
tentes avec nous, et il a fallu, au cours de
ces derniers mois, toute la diplomatie de nos
représentants pour qu'un conflit ne soit pas
rendu inévitable.
L'Aurore s'est toujours montrée opposée h
toute politique extra-européenne, tendant à
i l'accroissement de notre domaine colonial.
Il y a assez à faire en France pour l'activité
de nos nationaux, sans aller répandre uni
dehors le meilleur de notre force.
Il ne s'agit plus maintenant de sabrer et
de conquérir des galons en tailladant des
peaux de nègres, de jaunes ou de rouges, iL
faut que nos colonies nous rapportent l'inté-
rêt du capital formidable que nous avons dé-
pensé.
Tout le monde ne pense pas ainsi ; M. Dom-
iner, ancien gouverneur de rindo-Cliine, tout
le premier, et c'est en grande partie à son
intervention plutôt malencontreuse, que nou&
devons 10 conflit actuel.
Les Siamois, comme tons les peuples d'o-
rigine malaise, sont d'une fourberie instinc-
tive. Dans leurs rapports avec les diverses
nations du monde, leur première idée est de
voir de quelle façon ils rouleront leurs ad-
versaires le plus aisément Tonjs les biais
leur sont bons, comme aussi tous les men-
songes. Jusque vers 1900 ils n'avaient eu
affaira qu'au ministère des affaires étrangè-
res, dans leurs rapports avec U France.
Dire que les choses allaient bien, serait,
exagérer, néanmoins chacun y mettait du
sien, et les relations demeuraient sinon cor-
diales du moins pacifiques. M. Doumer vint.
Cet ancien ministre des finances arriva i
Saïgon avec de grandes intentions.
Gouverneur dTndo-Chine, fi, non paà I
Vice-roi d'Extrême-Ûrîfeni, à. la bonne? heu-
re [ Ce fut l'ambition de son administra lion.
Non content de bouleverser, par des actes
ridicules, toute une colonie, non content d'é-
puiser ses ressources en subventionnant une
foule d'êtres inutiles qui, par chaque bateau,
vinrent successivement découvrir Saïgon,
Hanoi ou Tourane ; il fit tous ses efforts poiu'
acquérir une suzeraineté sur nos établisse-
ments d'Orient. Ce radical repenti avait en
lui des ambitions de seigneur féodal.
Ah ! ce pauvre budget dlndo-Chine, com-
me il en vit de drôles. On lui fit payer une
chaloupe à vapeur au consulat de France à
Shaù"5^ î une autre à la légation de Da ng-
]u>k ^ rar.-^3* de Fou-Tçhéou recevait des
commandés, si l orsenaf ils Saigon
ne suffisait pus à les besoins île llmln-
Chine. Puis un beau joiîFr comme couronne-
ment, on subventionna «aie ipission ethno-
logique à Java î Pauvres; patX'res contri-
buables !
Enfin, Un matin, M. Doumôî 1
h bord du Kersaint, bâtiment de l'Etat,
jpiiaé en x&cti vice-royal» ee fit transporté
13 Oora/fc-imosg
JEUDI 14 A.OCT 1902
Diwwtsu*
ERNEST VAUGHAN
ABONNEMENTS
Si* TMa
fjn an BkOÎI BOt
Sine rr Smln-Oin î t1 3V- 16<- S.
DirARTEUKNTS 5 . 36 * 18 » jP â¢
%riL4iiaaR (UMION POSTALE). .49* 24 ⢠!*â¢
POUR LA RÉDACTION T
S'adresser à M. F. TALMÂN
S&rétairt En manuicrits non intérêt ne sont pat rendut
L'AURORE
Directeur
ERNEST VAUGHAN
LES ANNONCES SONT REÇUES :
li'OrriCE D'ANNONCES» 10» pla» 4e la ta»
tr m BUREAUX Otl JOURNAL 142, AUC ËOKTMMJU
ADRESSER LETTRES ET MANDATS î
A M- A. BOUIT, Administrât®!**
Àwutsss TÉutortAPiiiQUB : AURORE-PÂRIf
Téléphone : 102-55
faire à la quatrième pagex noire rwtir
iieau feuilleton,
BOT JOIRS AU CHATEAU
tx
He Revolutionnaire
L'esprit réactionnaire a mille façons
9o se manifester. Le moindre accident
d'automobile, par exemple, suffit à sou-
lever sa colère. En. vain ferait-on juste-
ment observer que les accidents de voi-
ture sont plus nombreux : ce n'est pas
6 l'imprudence ou û la maladresse qu'ils
Bn veulent, c'est au progrès. Toute inno-
vation, toute découverte eut également
te don de les exaspérer. Car la science
eâl la grande ennemie, celle qui fatale-
ment aura le dernier mot, la victoire dé-
finitive. Aussi est-elle l'objet- des plus
terribles réquisitoires, et, oes jours-ci en-
core, on la dénonçait comme la grande
coupable qui avait fait naître le mal phy-
sique et le mal inoral et par qui tout s'é-
tait perverti. Loin de nous donner la sé-
rénité, elle aurait aggravé nos incerti-
tudes et nos angoisses, détruit la foi
dans l'ame contemporaine.
La science fut chargée do tous les mé-
faits. On lui imputa tous les maux et
tous les vices i- «ni souffrent les sociétés
modernes Et l'on en vint à vanter l'i-
gnorance, le retour à l'aimable naïveté
du mandé, primitif.
Ainsi, à l'exemple fie Jean-Jacques,
parlent tous le® réactionnaires averes
ou dissimulés, tous les mystiques et,
Sous les snobs, tous les ennemis du pro-
grès, tous ceux qui condamnent la ral-
Bon, parce qu'elle est un obstacle à l'as-
servissement de l'humanité, à la domi-
nation religieuse.
A ces boutades sottes et acharnées,
d'excellents esprits répliquèrent avec un
haut bons sans que ,1a science jie pouvait
Être déclarée e*n faillite, parce qu'elle
n'avait rien promis, que d'ailleurs aile
ne prétendait pas tout découvrir et qu'il
convenait do lui faire crédit, par égard
pour ses conquêtes, déjà fort apprécia-
ntes.
Mais ce m'est pas encore assez dire. Il
ïaut proclamer que la science seule nous
.apporte des certitudes sur lesquelles
«uns [missions nous reposer ; que, hors
d'elle, il n'y a point de salut-, ei qu'il ne
nous reste rien, que le triste privilège
de nous égarer sans cesse de doute en
doute, d'erreur en erreur, dams le champ
infini des hypothèses vagues, des théo-
ries métaphysiques et des songe-creux
gui démoralisent et qui désespèrent.
De cette vérité, nous ne prétendons
pas convaincre M. Brunetière ni les ad-
versaires irréconoiliaihles de la démocra-
tie. lis haïssent la science, parce qu'elle
â est, au suprême degré, la grande révo-
lutionnaire-, on peut mâme dire la seule
Révolutionnaire.
Il est bien évident qu'auprès de ses
moindres résultais, les efforts les plus
généreux des apôtres qui rêvent de créer
un état nouveau de la société, de refaire
une âme au monde moderne, apparais-
sent parfois presque vains et frappés
d'impuissance. Leurs systèmes,qui, tous,
6e contredisant, se combattent, n'abou-
tissent souvent qu'à fomenter une agita-
tion stérile. L'abondance des mots et des
discours ne change pas le cours des cho-
ses, ne peut rien contre l'inextricable
fatalité des lois complexes et brutales
qui nous régissent. Les charagamente de
ministères ne déterminent aucune évo-
lution bien décisive, et les plU6 nobles
imaginations des sociologues ne par-
viennent pas à résoudre le6 problèmes
sociaux. Un événement imprévu survient
â¢qui, tout à coup, bouleverse tes concep-
tions les plus ingénieuses et on décou-
vre l'inanité profonde. Los grands ora-
teurs de la Convention crurent avoir
aboli le passé ; ils fondèrent l'an I dû la
République, comme pour attester que le
monde recommençait, à partir d'eux, at
que l'oeuvre des siècles antérieurs, char-
gée d'iniquités, était 1 jamais anéantie.
Sublime mais dérisoire orgueil ! Moins
do quinze ans après, an vit reparaître
tous les préjugés de l'ancien régime, l'E-
glise triomphante, le despotisme abso-
lu ; et il ne subsiste aujourd'hui de la
convention que le magnifique souvenir
de la plus formidable crise héroïque
qu'ait traversée l'humanilé. Telle est la
grande leçon d'humilité que nous in-
flige l'Histoire.
â La vérité est que les quelques progrès
accomplis, nous les devons à la science
seule. La moindre découverte de la chi-
mie a plus transformé la face du monde
et ouvert un plus large horizon à l'esprit
humain que toutes ces inutiles effusions
de sang qu'on appelle révolutions et qui
n'aboutirent qu'à des réactions violen-
tes et soudaines. Celui qui, le premier,
observa la force élastique de la vapeur
d'eau fut un bien plus grand révolution-
naire que Danton ou Robespierre. L'u-
nité de la nation française où s'efforcè-
rent, durant des siècles, tous les monar-
ques, depuis Louis XI jusqu'à Napo-
léon I", se trouva réalisée en moins de
vingt-cinq ans par le chemin de fer et le
télégraphe. Ces deux découvertes nous
cmt plus rapprochés de l'idéal, encore
lointain, de la fraternité humaine, que
la parole du Christ, répandue depuis près
ide deux mille ans à travers le monde.
Ët c'est en vain que l«s réactionnaires,
suivis des snobs et de quelques républi-
cains égalés qui en reviendront, Jan-
cent aujourd'hui parmi 'nous, l'idée de
décentralisation, désormais irréalisable.
Noua n'avons m&me pa.3 à mous en in-
quiéter. De plus en plus, avec les che-
mins de far. le télégraphe, le téléphone,
la province tondra 4 disparaitre; de plus
on plus, la science augmentera l'unité
et l'harmonie des peuples et des races.
Mais laissons les grandes découvertes
dont l'effet révolutionnaire est trop évi-
dent. Prenons un petit exemple : l'inven-
tion de l'automobile, dont les consequen-
ces, au point de vue social, nous frap-
pent davantage, parce qu'elle est toute
récente. N'apparait-il pas que !a seule
invention de l'automobile, voire die la
bicyclette, a pins transformé nos moeurs,
nos habitudes de vie, que ne firent ja-
mais les plus grandes secousses de la
politique î
Ah I que pèsent, si l'on veut bien y ré-
fléchir, les systèmes des plus fameux so-
ciologues, tous les rêves die reconstitu-
tion sociale, auprès de la plus modeste,
de la plus silencieuse trouvaille du sa-
vant dams son laboratoire 1 Tandis que la
presse s'occupe à faire une célébrité aux
chanteurs die café-concert, tandis qu'un
petit, scandale boulevardier stimule,
pendant quinze jours, la verve des chro-
niqueurs, là-bas, peut-être, au fond de
son laboratoire, ignoré de tous, un chi-
miste fiait une découverte qui va bientôt
révolutionner le monde, detruire d'un
coup leis combinaisons les plus audacieu-
ses des grands hommes d'Etat.
Méditons sur ces paroles que Zoûa
place dans la bouche d'un de se® person-
nages, à la fin de son roman Paris : a Je
vous le dis, la science est !a seule qui,
par-dessus les pauvres événements po-
litiques, l'agitation vaine des sectaires et
des ambitieux, travaille à l'humanité de
demain, en prépare la vérité, la justice,
la paix !... Ah l mon cher enfant, si vous
voulez bouleverser lo monde en essayant
d'y mettre un peu plue de bonheur, vous
n'avez qu'à rester chez vous, car te bon-
hour humain ne peut naître que de votre
fourneau de savant. »
Sans doute, il y a quelque exagération
dans ces paroles. Toujours l'humanité
restera frémissante en présence d'un au-
delà dont la science ne pénétrera peut-
être jamais le mystère; peut-être n'e-
claircira-t-etle jamais ce domaine de l'in-
connaissable dont parle Spencer. Mois,
du moins, elle diminuera de plus en plus
cet inconnu qui cause notre angois-
se, elle apaisera notre désir de savoir, et
qui peut dire même qu'elle ne parvien-
dra. pas, un jour, à étancher la soit d'i-
déal ? Tâchons, en attendant, comme
dit encore Zola, que l'inconnu ne do-
vienne pas de l'erreur. Et qu'importe,
d'ailleurs, si la science ne dissipe pas
toutes les ténèbres dont nous sommes
enveloppés ! Elle n'en demeure pas
moins notre unique sauvegarde contre
les folies et les crimes de ta superstition.
Grâce à elle, l'esprit de progrès conti-
nuera sa marche, au-dessus des fluctua-
tions de la politique, en dépit des gou-
vernements et des régimes qui se succè-
dent.
La réaction peut triompher momenta-
nément. Elle sera vaincue, en definitive
par la seule force du travail et de la
science invincible.
PAUL BRULAT.
UN MIRACLE, S. V. P.
Les « scientifiques et discrètes personnes »
composant la cléricaille de Bretagne sont sin-
gulièrement (3i retard- C'est très bien d'appe-
ler les paysans aux armes» d'affoler les fem-
mes possédées de la Vierge, de briser des scel-
lés, de se révolter contre la loi de son pays et
la parole de son Dieu. Mais il y a mîèux.
Quand les ancêtres de nos patriotes, de nos
Vïv' l'armée, de nos Viv' la liberté, égor-
geaient les enfants de la patrie, torturaient les
soldats français dépeçaient les fonctionnaires
républicains, leurs prêtres avaient au moins le
soin de leur donner l'approbation d'en haut.
Sur 'es autels, Marie saignait parce qu'on
avait guillotiné la Dubarry, saint Joseph per-
dait son auréole parce qu'on avait exécuté
Louis XVI. Le cri « Rendez-nous notre bon
curé » avait utî écho au ciel. Le cri « Rendez-
nous nos bonnes soeurs » n'en a aucun. Pas
d'autres manifestations divines que des dé-
raillements de trains de pèlerins ou le feu
dans les églises. L'appui du Raz Makonnen,
qui s'est affirmé aussi Breton que la pointe
du Raz, en allant visiter les Lazaristes avant
l'Opéra ne suffit pas. Non plus que celui de
la marquise de Mac-Mahon qui, écrivant com-
me parlait le maréchal, engage les hommes
noirs à continuer, en les félicitant « d'être ap-
puyés sur le mot » liberté. Il importe de frap-
per les imaginations par quelque bon tour de
Saint-Yves ou de Saint-Germain (comte de).
Au plus tôt un miracle! Mais là un miracle qui
renverse. Par exemple Coppée faisant un
beau vers, Jules Lemaître redressant sa taille,
Déroulède retrouvant la raison, Millevoye spi-
rituel, Pollonnais (oh! les méchants cambrio-
leurs qui ont volé tous ses trésors, même son
vocabulaire) parlant correctement, les dames
françaises ramenées à la jeunesse... Mais
j'exagère. Une thaumaturgie de seconde classe,
un miracle bon ordinaire suffira pour les mal-
heureux abêtis par l'éducation religieuse... Il
ne faut pourtant pas demander aux prêtres
des prodiges que Dieu lui-même ne saurait
accomplir.
DICK.
LA CALOTTE ET LE PLUMET
H y a quelques jours les paisibles habitants
Cte Chartres étaient surpris de voir de nom-
breux fantassins, en tenue de dimanche, pé-
nétrer dans la cathédrale et chacun de se
demander s'il s agissait de l'enterrement d'un
soldat ? â Et nnxi ; c'était tout simplement
îa fête du HJii" régiment dinfantsrie. La fête
du sabre pouvait-elle aller sans l'invitation
dru goupillon ?
Nous avons pu nous procurer le rapport
du 8 août
saveur très laïque :
« Domain y août, J&to du régiment. Réveil
h ô six heures. Toute la batterie réunie son-
h nera le réveil en campagne ; on prendra la
o tenue habituelle du dimanche. A neuf heu-
a res : messe commemorative cour les morts
« du régiment dans la crypte de la cathé-
h drale. La 'messe sera dite par M. l'abbé
« Hervé, ancien aumônier en 1870.
« Les compagnies rassemblées à. huit bén-
it res quarante par les adjudants chî fonction-
« naires adjudants se rendront directement
« à. la crypte oii des places leur seront ré-
« servées.
On nous apprend en outre que les militai-
res du lUi^ qui se sont abstenus d'assister
au suint sacrifice de la messe» officiée par
M. l'abbé Hervé, directeur du cercle catholi-
que à Chartres, ont été soigneusement notés
pour les permissions prochaines.
Voilà de la pression ou je ne m'y connais
pas.
Que pense le ministre de la guerre de cette
façon de régler un cas de conscience ?
Th.
Lettre de M. Guieysse
Député du Morbihan
Mon cher Directeur,
Eloigné de Paris et prenant quelque
repos dans lo Midi, je ne me serais peut- !
être pas cru tenu de faire une profession
de foi nouvelle, mes idées étant., je l'es-
père, bien connues, si quelques hautes
personnalités près desquelles je pensais
que le gouvernement trouverait un en-
tier acquiescement^ ne s'étaient pronon-
cées contre les exécutions légales accom-
plies actuellement. Eu ce moment de 16-
pit pour lai Chambre, les membres du
Parlement peuvent facilement rester
dans la coulisse, mais puisque le pays
traverse une crise très grave, il me sem-
ble de toute nécessité en même temps
que de toute loyauté, que les députés ne
se contentent pas du rôle de spectateurs
et qu'ils assument par leur approbation
ou leurs critiques leur part de responsa-
bilité dans les actes du gouvernement.
J'avoue que les théories émises par les
défenseurs inattendus des congrégations
mettent le comble à ma surprise, et je
croyais vraiment bien percé à jour cet ar-
gument de la liberté dont les cléricaux
ont toujours usé et abusé pour nous bâil-
lonner.
Le procédé du pickpocket criant « Au
voleur » pour ne pas être pincé est un
peu vieux jeu. J'aurais peine à critiquer
le volé qui tenterait ij,e se faire rendre
par la force ce qui lui aurait été pris. Je
ne le verrais pas en mauvaise posture
parce que son voleur aurait le premier
fait appel aux gendarmes.
Avons donc une bonne fois le courage
rie nos opinions et contre ceux qui ont
l'énergie de les traduire en actes ne
jouons pas aux grands sentiments.
Ne sonVils pas stupéfiants, ces a anti-
cléricaux » dont la place semblait mar-
quée au premier rang des nôtres dans la
bataille et que nous voyons faire le jeu
des contempteurs du premier ministère
qui se soit efforcé de mettre une digue
aux empiétements du clergé î
Que le gouvernement trouve un élé-
ment de faiblesse chez ceux-là mêmes
qui devraient lui être un appui, cela me
semble inadmissible, presque une trahi-
son, et je ne voudrais pas, même par mon
silence, paraître m'y associer.
Les nouvelles que je reçois de Bretagnê
me font constater chez nos adversaires
une mentalité toute nouvelle et un chan-
gement de front extraordinaire. Ils sen- ;
tent bien qu'ils jouent, non la dernière,
mais la plus importante des parties; aussi |
ne pouvant trouver partout chez les I
soeurs la résistance qui sert leurs pro-
jets, ils ont été jusqu'à en enfermer dans
leurs écoles pour avoir un prétexte à ma-
nifestation. N'ont-ils pas contraint plu-
sieurs congrégations qui avaient de-
mandé l'autorisation prévue par la loi à
retirer leur demande ? N'y a-t-il pas là un
plan conçu de longue main, dans l'es-
poir d'amener un soulèvement de nos po-
pulations bretonnes î
Mais leur dessein a échoué ; il leur a
fallu concentrer leurs efforts sur quel-
ques points isolés pour n'arriver qu'à un
résultat piteux.
En Bretagne aussi les idées marchent,
et nous défions bien nos marquis et nos
ducs, nos généraux et amiraux du Parle-
ment de refaire une nouvelle chouan-
nerie pour défendre les prêtres et les
congrégations.
Remarquons, d'ailleurs, qu'ils avaient
escompté la sentimentalité publique.
Dans l'affaire actuelle, qui est de pure
forme, car il ne s'agit pas de la liberté de ,
l'enseignement comme 011 voudrait le :
faire croire, aucune difficulté n'est ve-
nue du cOté des hommes ; ce sont les
soeurs, ces « bonnes soeurs » au nom de
qui seules, une résistance a été faite.
Cette comédie n'a que trop duré, die va
finir sans avoir tourné au drame, comme
l'espéraient ses auteurs.
On oublie trop que le respect dos lois
est le premier devoir des citoyens. Assez
de déclamations ; toutes nos sympathies
ci celles de tous les républicains do prin-
cipe iront à un gouvernement d'action. Il
est plus que temps pour nous, au lieu de
chercher des prétextes spécieux pour
nous diviser, de montrer un peu plus de
cet esprit de solidarité qui est la grande
force de nos adversaires ; de soutenir
énergiquement oeux qui veulent enfin
abandonner l'éternelle politique d'inac-
tion, la seule que nous ayons su opposer
jusqu'à présent à la vigoureuse et inces-
sante action cléricale.
Cette triste fumistwiê qui consiste à
comparer la fermeture des congrégations
non autorisées aux actes contre les gré-
vistes trouve trop facilement crédit chez
les esprits superficiels. Je ne sache pas
qu'il y ait eu beaucoup de coups de fusil
tirés contra les « bonnes soeurs » ni cme
le sang des dames françaises ait été versé
sur la place de la Concorde ou ailleurs.
Le cas des congrégations me paraît
beaucoup moins intéressant que celui
des grévistes, puisqu'avec un peu de
bonne volonté, en se soumettant aux lois
tout simplement, celles-ci pouvaient con-
tinuer à se laisser vivre. Si, au prix d'une
simple formalité, les grévistes savaient
pouvoir obtenir les satisfactions â si lé-
gitimes la plupart du temps â qu'ils re-
vendiquent, m'est avis qu'ils n'hésite-
raient pas à s'y soumettre, évitant ainsi
les souffrances et les dangers que toute
grève porte en soi.
Assez de mauvais prétextes et d'argu-
ties spécieuses t lia loi a été votée ; nos
adversaires espéraient quo, comme trop
souvent, elle 11e serait pas appliquée. Le
gouvernement nous montre qu'ils se sont
trompés. Suivons-le, soutenons-le ferme-
ment ; ce n'est pas quand la bataille est
engagée que la moindre hésitalion peut
être admise.
Recevez, je vous prie, mon cher Direc-
teur, l'assurance de mes meilleurs senti-
ments dévoués.
GUIEYSSE.
Député du Morbihan.
LES
Annales de la Jeun lalp
Yoil " plus d'un mois que j'aurais dû
vous signaler l'apparition d'une nouvelle
revue mensuelle réellement digne de
toute votre sympathie et de tous vos en-
couragements.
Celte revue, dirigée par M. Georges
Etber, a pour titre : Les Annales de la
Jeunesse laïque. Ce titre est gros de pro-
messes et le troisième fascicule, qui
vient d'être mis en vente, permet d'af-
firmer que ces promesses seront te-
nues.
Les initiateurs des Annales de la Jeu-
nesse laïque se proposent de faire par la
plume et par la parole l'éducation laï-
que et républicaine de nos jeunes géné-
rations. lis ont formé « un noyau de jeu-
nes conférenciers qui iront en province
propager les idées laïques et républicai-
nes, dans les humbles bourgs, dans les
campagnes arriérées, que les grands
orateurs dédaignent ou négligent, qui
n'entendent parler politique qu'aux épo-
ques électorales, et où l'instituteur est
presque seul à lutter contre toutes les
foroes de réaction coalisées ».
Ils ont obtenu l'adhésion et la collabo-
ration de la plupart des écrivains dont
« l'art pour l'art » n'est pas l'unique de-
vise et qui mettent toute la puissance de
leur coeur et de leur talent au service
des idées de liberté, de justice et d'huma-
nité.
La liste en est déjà longue et s'aug-
mentera certainement encore.
l'aurore publiera régulièrement le
sommaire de chaque numéro des Anna-
les de la Jeunesse laïque. Ce sera pour
l'oeuvre de nos jeunes et vaillants confrè-
res la meilleure et la plua éloquente des
recommandations.
E. V,
Schos et Nouvelles
CALENDRIER. â Jeudi 14 août.
Lever du soleil, 4 h. 52; coucher, 1 h. 10.
Situation METEOROLOGIQUE Le baromètre reste
bas dans le nord et le sud-est. du continent. Deux I
minima (75S mm.), hier matin, près de Wisby et
de Constantinople. Les fortes pressions de l'ouest
de l'Europe se propagent vers le sud.
Le vent est faible du sud sur nos côles de la
Manche, du nord-ouest en Bretagne; il se calme
«ur las eûtes de Provence.
Ces pluies sont tombées sur le nord et l'ouest
de l'Europe; eu France, on a recueilli (î mm.
d'eau Limoges, 5 & Paris, 4 à Belfort.
Température : La température a baissé dans
ie sud du continent; elle était, hier mutin, de û*
à bodoe. 13° il Paris, 17" à Moscou, 25* a Malte.
On notait : 7* au puy
En France, un temps nuageux est probable; la :
température va se relever et se rapprocher de la
normale.
A Paris, hier, nuageux.
Baromètre de {'Aurore, à midi 564 mm.; à mi-
nuit 766 mm. 1. â !
Thermomètre de l'aurore ï maximura. la*3; mi-
nimum, 12*1.
Ephémirides. â Achèvement des constructions
du Louvre (1837).
VWVWVW
HILDEBRANDT GRACIÉ
On nia mie de Berlin, 13 août :
La Gazette de Cologne du 13 courant reproduit
3e récit d'un journal de Koentgsberg sur ta laçon â
scandaleuse dont le lieutenant Hildebrandt, con-
damnes pour avoir tué en duel soin camarade
Blaskowitz, a fêté, avec des officiers, sa sortie
de prison due & la clémence impériale: le 7 août, à
Isterburg, dîner auquel assistaient deux généraux
de brigade ; le 9 août, autre diner à Gumbin-
nenn, au nom des dragons et de l'artillerie, puis,
pour la conduite iï la gare, corlege des officiers
par les ruee dans des carrosses, avec un piqueur
en avant et une escorte en uniforme de cérômo-
nie, le lieutenant se pavanant dans un équipage &
quatre chevaux en compagnie d'autres officiers.
Tout en s'abstenant de critiquer la grace
qui était un droit de 1 empereur â et dont on
ignore d'ailleurs les dessous â la presse al-
lemande s'accorde è. demander que cette in-
décente cérémonie soit officiellement désa-
vouée, sinon châtiée comme elle le mérite,
â vwwvwv
L'HABIT NOIR
On sait quVi la cérémonie du couronne-
ment les ooslumes les plus variés, les plus ri-
chement chamarrés, faisaient assaut de luxe
et d'élégance. Parmi e$ chatoiement d'étoffes
somptueuses, on a remarqué l'habit noir, le
seul qui ftU visible à cette solennité, que por-
tait l'ambassadeur
A ce propos, on se rappellera qu'Edmond
About, voyageant jadis h Athènes, et reçu â
la cour, avait fait scandale en exhibant son
habit noir ail milieu d'une multitude de per-
sonnages plus ou moins ehamariés.
â Jê porte l'uniforme 4e bourgeois de Pa-
ris, dit-il, non sans fierté, pour s'excuser,
â wvyvvwv
BENASSIT
Le peintre Bénassit, qui vient de mourir
très oublié, s'était acquis, dans les intimités
littéraires d'ayant 1870. une très grande ré-
putation d'esprit acerbe ; il était inépuisable
en railleries et peut passer pour le créateur
du genre d'épigrammes qui s'est appelé de«
puis «< tes mots rosses
Il s'est en outre distingué par la façon dont
il accommodait en prose â et à rebours âles
fables de Lafontaine.. Voici on échantillon de
son procédé :
LES DEUX PIGEONS
ils s'aimaient d'amour tendre ; mais le pigeou
curieux et volage a ennuyait*
Il partit.
Où lut-il î â Partent,
Oti s'arreta-il ? â Nulle part " '
11 fut tour à tour peintre, musicien, homme
politique, épicier, journaliste ot financier. Pion
ne lui réussit. Alors il se décida à regagner son
nid.
Tirant la patte, l'aile basse, honteux, contus et
très écloppé, il finit par s'abattre sur une branche
voisine de son nid, d'où il s'échappait une déli-
cieuse odeur de cusine
Après un dernier effort, il vît, le pauvre... sa
pigeonne qui s'était fait accommoder aux petits
pois pour fa recevoir, et il la mangea,.
C'est l'imago de la vie.
Au fond, le caractère de Bénassit était lait
d'une grande timidité et d'un manque de
confiance en lui môme, qui l'empêchait, à la
fois, d'affirmer son talent de peintre et d'oser
se faire homme de lettres. Il eût réussi dans
l'un ou l'autre genre, s'il ne s'était laissé ré-
duire au rôle de plaisant par les camaros qui
ne comprenaient pas ce que son esprit fantai-
siste dissimulait d'amertume et de regrets,
â wvwwv*
UNE STATUE
Il vient d'arriver en gare de NeufchAteau,
à l'adresse du sous-pré/et, deux colis, dont
î'un contenait une statue en marbre repré-
sentant une femme qui prie à genoux. L'au-
tre caisse enfermait un piédestal de marbre,
avec cette inscription : « Jeanne d'Arc levée
à minuit pour écouter les voix ».
Cette statue sera placée dans la maison
historique de Domrreny
Le donateur est un nationaliste... anglais,
qui a promis de venir assister à l'inaugura-
tion,
«Wrt/VVVVM*
TRUST MONSTRE
D'après 1e Daily Express.
Un trust plus considérable encore que ce-
lui dé l'acier est sur le point d'être constitué
par les marchands de bois ; le capital do
cette société sera de 300 millions de livres
(T milliards et demi de francs). Les négocia-
tions ont été poursuivies depuis trois mois,
mais dans le plus grand secret, Le trust de
l'acier servirait de modèle, c'est-à-dire que le
trust rie comprendrait pas seulement les
grandes scieries de bois, mais aussi tous les
gros fabricants de matériaux en bois,
wwvvwv
1-E GRAIN DE BLÉ
D'après les curieuses expériences poursui-
vies en ce moment par M. Marquenne, l'émi-
nent professeur du Muséum, sur 4a germina-
tion. des graines, celles du blé ordinaire gar-
dent leur faculté germinative pendant une
dizaine d'armées. Il est par suite absolument
faux que les grains de blé trouvés dans les
tombeaux des Pharaons aient germé de nos
jours. C'est une légende qu'il n'est pas inutile
de démentir.
1 n'y a que la semence de la parole cléri-
cale qu'on voit encore germer aujourd'hui...
-dans les terrains mal cultivés,.
wvvwvvv
EN ESPAGNE
Les évêques qui ont assisté au Congrès ca-
tholique de Saint-Jacques de compostelle ont
adressé au gouvernement un rapport où ils
combattent vivement les réformes de l'ensei-
gnement préparées par le ministre de l'ins-
truction publique.
Ce rapport s'en prend aussi à ia presse qui,
disent les évéques, attaque les intérêts reli-
gieux ; il blâme aussi plusieurs ministres qui
soutiennent la presse dans celte campagne.
La résistance anticléricale, qui s'étend
partout en Europe, ne tarera pas è, devenir
vraiment catholique..,* c'est-à-dire univer-
selle,.
â¢vwvww*
ÇA ET LA
Petit Catéchisme du Libre Penseur. â
Sous ce titre, M. Charles Beauquier, député
du Doubs, à qui sont dus de remarquables su-
vrages de politique, d'esthétique et d'histoire,
nous donne aujourd'hui un commentaire fort
substantiel, et appliqué à la religion, de ce mot
profond de Montaigne ; Tout notre mal vient
d'ânerie.
Livre d'actualité s'il en fut, au moment des
troubles religieux qui divisent la France, cet
opuscule, dans une l'orme qui te rend accessible
à tous, car c'est une oeuvre de vulgarisation, lait
justice de toutes les croyances enfantine» qui
sont 3a base des religions. Mais l'auteur discute
surtout la religion catholique, dont le grotesque
ne le cède en rien aux autres cultes présents
ou passés. M. Beauquier a traité son sujet avec
autant d'esprit que d'autorité, et il a fait oeuvre
utile, H serait' a souhaiter que ces pages de non
sens lussent lues par tous les cléricaux. Peut-
être leur cécité intellectuelle en serait-elle atté-
nuée»^ si tant est qu'elle ne soit pas incurable.
LE MOT DE LA FIN
En vacances, & la campagne, un poète "pa-
risien essaye d'enthousiasmer une famille
bourgeoise en lui récitant les plus beaux poè-
mes connus.
Il lutté pourtant contre l'indifférence la
plus glaciale, jusqu'au moment où il déclame
ce vers de Baudelaire :
â Je bais le mouvement qui derange les
lignes.
â Ah l bravo, cette fols, -dit un des audi-
teurs , voilà un vers superbe et plein de vé-
rité. Moi aussi, j'exècre qu'on dérange les li-
gnes... quand je pêche.
Scaramouche.
PROBITÉ ET PRINCIPES
tM. Ernest Roche (Baptiste k'YIntransigeant
et à la Chambre) publie dans l'organe offi-
cieux des bonnes soeurs un article passable-
ment réjouissant
Il y est question tout d'abord de probité
privée â ma foi, autant parler de probilô
que de kleptomanie 1 â puis de la violation
la plus cynique des principes essentiels de
la République par les radicaux qui ont inau-
guré ce système, « inconnu avânt eux », pa-
rait-il.
Lorsqué Louis Bonaparle président de &
République, a fait Bon coup d'Etat du Deux-
Décembre, il n'a vraisemblablement, violé
aucun principe. Lorsque l'armée versai! aise
dans laquelle M. Roche {Ernest-Baptiste)
était sergeuf, Boulanger, lieutenant-colonel,
Galliffet général et Déroulède combattant di-
lettante, a égorgé sans (jugement trente-cinq
mille républicains, au nom de 4a République
elle-même, il n'y a eu non plus aucun prin-
cipe violé. Quand le général Mercier* traité
ia veille encore par l'Intransigeant de scete-
rat imbécile, a, pour; faire condamner Drey-
fus, soumis à ses juges des pièces non com-
muniquées 4 la défense, tout était encore
très correct. Très correct aussi les intri-
gues des Dupuy, Méline et Rubot, devenus
chers au bon journal' religioso-anticlericat
les tentatives de coup d'Etat de Déroulède,
les viols et assassinats d'Algérie* les decer-
vêlements antisémites 1
Far contre loa radicaux sont des monstres,
Brisson est un « jésuite » et Combes un
« vieux cafard », attendant le pourboire des
youpins et des congreganistes Irancs-ma-
çons.
â Nous espérons pour la vieille gaîté fran-
çaise que l'auteur de ces divagations don-
nera suite à son projet de demander a la
Chambre la séparation de l'Eglise el de l'E-
tat Ce jour-ia, il faudra préparer des caba-
nons dans les asîles d'aliénés pour les lec-
teurs de VIntransigeant^
Th.
SANS ÉNERGIE!
On n'a peut-être pas oublié que la Libre
Parole et la Patrie furent, avec le Gaulois,,
les deux journaux Le plus acharnés à im-
poser, en connaissance de cause, la mons-
trueuse alliance franeo-tsarienne. Dana
d'autres journaux, Il est vrai, le môme clai-
ron fut embouché,, mais par des hommes que
leur situation subalterne ou leur état mental
rendait irresponsables.
Or, voici comment le directeur de la Libre
Parole s'exprime sur ie compte du même
tsar qu'il lotiangea tant qu'il crut voir en
lui l'étouffeur triomphant de 1a révolution s
L'empereur Nicolas IF est un être sans carac*
1ère, qui sert de paravent a de Witte.
La Patrie, de son côté, reproduisant la
bruit que le tsar aurait exprimé l'intention
'd'abdiquer en faveur de son frère... à moins
que la tsarine ne se décide à lui donner un
fils, déclare :
Nicolas II, ajoute-t-on. serait complètement dé-
couragé en présence de la situation intérieure de
la Russie, et il sent qu'>iî ne possède ni l'énergie
morale ni la résistance physique nécessaires pour
vaincre les difficultés et pour lutter contre tes
hommes h l'esprit rétrograde qui l'entourent.
Ainsi, d'après les deux journaux sus-mert-
tionnés, le petit père, à part ses Incontesta-
bles aptitudes au tapage, aurait tout juste
la force de résistance d'une crème fouettée.
Tel est l'homme que la bande nationaliste
montrait aux excellents gogos, comme de-
vant assurer la reprise jle r Alsace-Lorraine t
Ch. M.
L'AMIRAL SERVAN
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me, avec inscription au calepin, au contre-
amiral Servan, en raison" de communication;*!
faites h la presse par cet officier généraL
LIRE PLUS LOIN
Les Pupilles du Voaruit, par G, Lo porte. -«*.
Les Congrégations. â L'incident de Pon*
tivy.
AFFAIRES SIAMOISES
De récentes dépêches ont attiré l'attention
sur la presqu'île siamoise, et, bien que M.
KIobUkowsky, résident de France à Bang-
kok, arrivé lundi ù Marseille, .par l'Ausïra-
lien, nie q
moins certain que, depuis 1e 5 juillet der-
nier, les choses ont pu empirer et que l'inté-
rimaire de la légation, M. Dutasfcat, a télé-
graphié à Saigon demandant son rappel.
Quelques journaux parisiens ont paru s'é-
tonner de cette situation ; l'un d'eux même a
jugé l'occasion propice peur se répandre en
invectives contre le gouvernement, qu'il ac-
cuse de tout le mal. Cette situation n'est
pourtant pas nouvelle ; il y a de longues an-
nées que le Siam est en état d'hostilités la-
tentes avec nous, et il a fallu, au cours de
ces derniers mois, toute la diplomatie de nos
représentants pour qu'un conflit ne soit pas
rendu inévitable.
L'Aurore s'est toujours montrée opposée h
toute politique extra-européenne, tendant à
i l'accroissement de notre domaine colonial.
Il y a assez à faire en France pour l'activité
de nos nationaux, sans aller répandre uni
dehors le meilleur de notre force.
Il ne s'agit plus maintenant de sabrer et
de conquérir des galons en tailladant des
peaux de nègres, de jaunes ou de rouges, iL
faut que nos colonies nous rapportent l'inté-
rêt du capital formidable que nous avons dé-
pensé.
Tout le monde ne pense pas ainsi ; M. Dom-
iner, ancien gouverneur de rindo-Cliine, tout
le premier, et c'est en grande partie à son
intervention plutôt malencontreuse, que nou&
devons 10 conflit actuel.
Les Siamois, comme tons les peuples d'o-
rigine malaise, sont d'une fourberie instinc-
tive. Dans leurs rapports avec les diverses
nations du monde, leur première idée est de
voir de quelle façon ils rouleront leurs ad-
versaires le plus aisément Tonjs les biais
leur sont bons, comme aussi tous les men-
songes. Jusque vers 1900 ils n'avaient eu
affaira qu'au ministère des affaires étrangè-
res, dans leurs rapports avec U France.
Dire que les choses allaient bien, serait,
exagérer, néanmoins chacun y mettait du
sien, et les relations demeuraient sinon cor-
diales du moins pacifiques. M. Doumer vint.
Cet ancien ministre des finances arriva i
Saïgon avec de grandes intentions.
Gouverneur dTndo-Chine, fi, non paà I
Vice-roi d'Extrême-Ûrîfeni, à. la bonne? heu-
re [ Ce fut l'ambition de son administra lion.
Non content de bouleverser, par des actes
ridicules, toute une colonie, non content d'é-
puiser ses ressources en subventionnant une
foule d'êtres inutiles qui, par chaque bateau,
vinrent successivement découvrir Saïgon,
Hanoi ou Tourane ; il fit tous ses efforts poiu'
acquérir une suzeraineté sur nos établisse-
ments d'Orient. Ce radical repenti avait en
lui des ambitions de seigneur féodal.
Ah ! ce pauvre budget dlndo-Chine, com-
me il en vit de drôles. On lui fit payer une
chaloupe à vapeur au consulat de France à
Shaù"5^ î une autre à la légation de Da ng-
]u>k ^ rar.-^3* de Fou-Tçhéou recevait des
commandés, si l orsenaf ils Saigon
ne suffisait pus à les besoins île llmln-
Chine. Puis un beau joiîFr comme couronne-
ment, on subventionna «aie ipission ethno-
logique à Java î Pauvres; patX'res contri-
buables !
Enfin, Un matin, M. Doumôî 1
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