Titre : L'Africain
Éditeur : [s.n.] (Constantine)
Date d'édition : 1865-10-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683432s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 octobre 1865 03 octobre 1865
Description : 1865/10/03 (A15,N1097). 1865/10/03 (A15,N1097).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7249332s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-4080
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2021
QUINZIÈME ANNÉE
MARDI 3 OCTOBRE
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
Place du Palais, 2
ÉCRIRE FRANCO
PRIX DU JOURNAL
Voir à U quatriém
Nous avons annoncé dans notre dernier nu
méro. d’après un renseignement inexact, que
les bateaux d'Alger faisaient quarantaine à
Philipperille.
Des informations plus récentes, puisées à
une source certaine, nous permettent de recti
fier cette erreur.
Les journaux d’Alger, que nous avons reçus
hier, constatent que l’état sanitaire de celle
ville est excellent.
Lunstanline, le 3 octobre 1865.
Ou lit dans le Moniteur :
« Les journaux s'évertuent depuis quelque
temps a prédire un changement dans les hom
mes et dans.les choses du Gouvernement.
* l's vont même jusqu'à indiquer le 11 oc
tobre comme l'époque où cet événement doit
avoir lieu.
» Nous sommes autorisés à déclarer que ces
bruits n’ont aucun fondement el sont inven
tés par la malveillance. »
Plusieurs journaux annoncent qu'on vient
de réorganiser au ministère de l’intérieur un
bureau spécial pour la presse départementale,
avec un chef et un sous-chef. Ce bureau n’e-
xislait plus depuis longtemps. Il est comme
tous les autres bureaux de la presse, dans les
attributions du directeur du cabinet.
Le bruit court qu’en raison des circulaires
de la France et de ‘Angleterre sur la conven-
tion de Gastein, les grandes puissances alle
mandes vont prendre entre elles de nouveaux
Arrangements destinés a consolider l'alliance
austro-prussienne.
On lit dans le Moniteur du soir :
• Une polémique s’esl engagée dernièrement
dans la presse au sujet de prétendues condi
tions que le cabinet français voudrait mettre
à l’évacuation des Etals romains, ainsi que sur
l’époque a laquelle elle devrait s’accomplir.
» Une saurait exister aucun doute relative-
L AFRICAIN
(2 R k IOURNAL POLITIQUE DE CONSTANTINE
PARAISSANT LES MARDI ET VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
ment aux intentions du gouvernement impé
rial. Aussitôt qu'il croira le moment venu, il
adoptera, de concert avec le gouvernement
pontifical, les dispositions nécessaires pour
commencer l’évacuation, de manière à ce
qu'elle soit complètement achevée dans le dé
lai fixé »
Une correspondance, envoyée de Paris à la
Franche-Comté. annonce que le conse I mu
nicipal de Pamiers (Ariége) a donné sa dé-
miss on en masse pour protester contre la no
mination du maire.
Le maire avait cependant été choisi parmi
les conseillers municipaux.
La Franche-Comté croit qu’il n’y aura pas
d’élection nouvelle, mais qu’une commission
municipale sera instituée pour faire fonction
de conseil.
A Turin l'anniversaire du 22 septembre n’a
pas pu échapper aux coupables tentatives du
parti d’action. La soirée a été orageuse. Un
meurtre a été commis, et l’émeute a recom
mencé le lendemain.
Nos correspondances de Rome, dit le Mémo
rial diplomatique, affirment positivement que
le saint- porc est dans l'intention de prononcer,
dans le consistoire prochain, une allocation où
il sera fait allusion aux négociations dont a
été chargé le commandeur Vegezzi.
Le pape s’exprimerait en des termes favora
bles aux efforts du roi Victor-Emmanuel, dans
des circonstances récentes, pour opérer la ré
conciliation de l’Eglise avec l’Italie.
Cette manifestation de Sa Sainteté serait
motivée principalement par la teneur d’une let
tre autographe du roi. que M. Boggio aurait
été chargé de lui remettre.
Nos informati ons nous font présumer, dit
la France, que la garnison française a Rome
sera diminuée d’un bataillon a la fin du mois
prochain.
Le ministère anglais vient, dit VEuropc,
d’adresser un mémoire énergique au cabinet
de Saint-Pétersbourg, au sujet de Ses ten lances
a étendre les frontières de la Russie vers l’A
sie centrale. Dans ce mémoire, le gouverne
| ment britannique invite le cabinet russe à
donner des explications et à faire des déclara
tions pour le maintien du statu quo des fron
tières actuelles de son empire.
1 . .
( Le cabinet de Saint-Pétersbourg a répondu
évasivement, déclarant que son intention n‘é-
• Jait que de consolider el garantir ses fron- ,
tières.
Une dépêche d'Athénes, du 22 septembre,
annonce que le roi Georges, voulant venir en
aide a la situation embarrassée du Trésor, a
renoncé à un tiers de sa liste civile.
On assure que les négociations pour un
traité de commerce entre la France et l’Au
triche seront bientôt reprises.
La Gaz> Ile de Londres annonce, sur l'au
torité d'une dépêche de Washington, que le
président Johnson a levé toutes les restrictions
qui avaient été maintenues jusqu'à présent sur
le commerce avec les Etals du Sud.
Les nouvelles sanitaires de Toulon sont très
favorables. Le choléra diminue d’intensité, les
cas deviennent plus rares et le nombre des dé
cès est en décroissance. La sécheresse et la cha
leur sont les seules causes qui entretiennent le
choléra. Les premières pluies, qui sont atten
dues avec impatience, le feront probablement
cesser tout a lait.
L'escadre d’évolutions est mouillée aux Iles
d'Hlyères et complètement isolée. L’état salu
taire des équipages est excellent.
La Gazette du Midi, de Marseille, annonce,
d’après des données qu’elle a lieu de croire
certaines, que 104.000 habitants de celle ville
ont émigré depuis l’ivasion du choléra.
Pour les entrefilets, ECG. LEMOINE.
LÉGALITÉ ET SCANDALE.
Depuis longtemps VIndépendant était pâle,
insipide ; ses augustes pages étaient vouées
aux fastidieuses théories en quatre-vingt-
dix-neuf chapitres, non compris la table des
- y
ABONNEMENTS ET ANSONCE:
Place du Palais, □
matières. Le robinet de la rédact
périodiquement, ri trois colonnes
es
mi
tiède coulaient silencieusement, pour aller se
perdre bientôt dans le sable de l'oubli.
indépendant se taisait, mais il n’en pen
sait pas moins : un collaborateur officieux avait
soin de noter et de classer les articles méchants
do i Africain (nous n avons point collectionné
les mér hauts articles de notre confren), il
fourbissit dus l’ombre sa grand plume do
combat, il brûlait de rentrer dans l'arène d'où
il était toujours sorti triomphalement en
rompant, comme un homme de cœur et d’hon
neur.
Enfin il éclate et nous apprend des choses
fort intéressantes pour nous et pour le pu
blic.
Il nous annonce qu’il s’est privé de la lec
ture de V Africain depuis • la fin janvier
dernier. » Cela paraîtra incroyable! s’écrie-
1 il l’as le moins du monde ; Indépendant
est de l’ecole de ceux qui n’oublieat absolument
que leurs défaites el n’apprennent rien. Illogi-
que par calcul, faisant de l'opposition a propos
de tout, voire même sans motif, \'Indépen
dant ne sait que flatter les passions d’une cer
taine caste implacable dans si haine et im
muable dans son aveuglement : faible mino
rité qui cherche a s'imposer en toute circons
tance.
Fidèle a sa vieille tactique, il. s’élève un
piédestal de ses propres mains, il s’aflirme
comme puissance redoutable, et se déclare
« Forgane fidèle et convaincu du sentiment
public. »
Ridieulus mus.
Et pourquoi celte recrudescence d’activité
malfaisante ?
Parce que le Conseil général, dans sa se
conde séance, a nommé deux délégués au
Conseil supérieur du gouvernement.
Malheureux conseillers ! quelle fatalité a pu
vous pousser à disposer de vos consciences et
de vos votes, sans avoir au préalable consulté
l’augure.
Dans cette mémorable séance du 19, vous
n’étiez que 14 membres, dont cinq indigènes;
FEUILLETON DE L’AFRICAIN
— 9 —
MADAME BAKBE-BLEUE
(Suite. )
VIII
LE BONHEUR.
Ceux-là, il le sont bien, sacrifièrent la vanité, le
plaisir, les attraits sensuels au besoin d’épancher
leur pensée et de la traduire sur la toile ou sur les
murailles des basiliques. Oui, Gaëteno est riche,
oui des valets s’empressont d’obéir à ses ordres,
et c’est pour lui que ce palazzo étale ses splen
deurs et ce parc ses ombrages ; mais Gaëtano est
en réalité plus pauvre que ne le fut l’infortuné
Antonio Allegri da Correggio quand, du fond de
son humble chaumière, il attachait l’auréole de
son génie à tant de chefs-d’œuvre que la postérité
a couronnés.
Gaëtano le comprend bien : ce n’est pas dans
le présent que l’artiste doit chercher à vivre, c’est
dans l'avenir. Les vaines considérations du bien- '
être et les satisfactions puériles de l’amour-propre 1
expirent à ses pieds : il grandit par la lutte, il se
purifie par la souffrance, il se complète par l'im
molation.
Cependant l’époux de Giulia reprendra-t-il ses ।
pinceaux délaissés? Se fera-t-il volontairement
une vie de labeur? Se soustraira-t-il à l’atmosphè
re du fur tiietile où il est plongé ?
Il y songe parfois ; mais une idée l’arrête : qui
lui révélera la vraie mesure de son talent et la juste
portée de ses efforts?
Quoi qu'en aient dit certains esprits amants du
paradoxe, on n’a jamais de génie pour soi tout
seul. Les écrits des solitaires ne s’échappèrent-ils
pas de la Thébaïde ?
— Mon Gaëtano, pourquoi penchez-vous ainsi
le front? Pourquoi un soupir s’est-il mêlé à vos
paroles de tendresse ? Pourquoi promener autour
de vous des regards inquiets ? Est-ce que cette
demeure à changé d’aspect à vos yeux? Est-ce
que je ne suis pas toujours la même? Et n'avez-
vous pas dit que c’était l’Éden sur la terre ?
— Oui, Giulia, ma belle et bonne Giulia, je l’ai
dit, et je le pense encore. Mais permettez-moi
d'ajouter qu’il ne faut rien moins que la perfec
tion des anges pour savoir savourer sans mélange,
sans interruption et sans changement, les joies
éternelles du paradis..
— J’entends, Gaëtano Vous trouvez votre '
existence trop uniforme L'ennui vous ga
gne !...
— Oh ! n'allez pas si loin, de grâce. Gemment
pouvez-vous me jeter une pareille accusation? Je ;
serais bien coupable si à vos bontés inouïes je ré- |
pondais par un sentiment de cette nature. Ce se
rait méconnaître tout ce qu’il y a en vous de char
me qui étonne, qui subjugue ; ce serait également
payer par l’ingratitude les faveurs incroyables
dont vous m’avez comblé. Me préserve le ciel de
descendre si bas dans ma propre estime ! Mais....
— Mais?... Achevez.
— Vous me pardonnerez ?
— Qu'est-ce que je ne te pardonnerais pas,
mon Gaëtano !
— Eh bien ! mon adorée, permets-moi de te
demander si ta résolution de ne plus sortir d’ici
est irrévocable ; si, par exemple, nous ne pour
rions pas quitter ce château pour y revenir ensuite
plus heureux que jamais lorsque nous nous serions
mêlés au monde pendant quelques jours...
Une pâleur subite couvrit le visage de la mar
quise.
— Il s’ennuie !... s’écria-t-elle.
Et de larmes jaillirent de ses yeux.
Déjà Gaëtano s’était précipité à genoux implo
rant son pardon. Mais le coup était porté, et Giu
lia , repoussant doucement son mari, répétait
d’une voix étouffée :
— Il s'ennuie !
— Non ! dit Gaëtano avec une chaleur qui avait
tout l'accent de la sincérité; non. ma Giulia, l’en
nui n'a point gagné mon cœur; je déclare même
qu’il est impossible de l'éprouver auprès de vous,
car il n’existe peut-être pas sur la terre une femme
dont l’esprit soit aussi charmant que le vôtre.
— Ah ! Gaëtano, parlez-vous sérieusement?
— Est-ce que vous pouvez douter de ma re
connaissance ?
— De votre reconnaissance, non, mais de votre
amour peut-être.
— Ne me faites pas cette injure. Elle me serait
trop pénible. Veuillez vous rendre justice, et vous
comprendrez aisément que mon amour n’a pu
cesser d’être immense. Je le déclare devant Dieu :
jusqu’au jour où j’ai eu le bonheur de vous con-
naître, je n’avais été épris que de mon art. Vous
m'avez révélé un sentiment qui semble placer
l'homme auprès de la divinité, et qui est sur la
terre un avant-goût du ciel. Vous avez daigné des
cendre jusqu’à moi, ou plutôt m’élever jusqu’à
vous. Et moi, j'aurais oublié tant de générosité !...
Non, non, Giulia, je suis, je serai toujours le
même. Mais ai-je pu vous offenser en vous deman
dant de promener un pcu notre bonheur dans le
monde?
Alfred des ESSARTS.
(La suite au prochain numéro.)
4
MARDI 3 OCTOBRE
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
Place du Palais, 2
ÉCRIRE FRANCO
PRIX DU JOURNAL
Voir à U quatriém
Nous avons annoncé dans notre dernier nu
méro. d’après un renseignement inexact, que
les bateaux d'Alger faisaient quarantaine à
Philipperille.
Des informations plus récentes, puisées à
une source certaine, nous permettent de recti
fier cette erreur.
Les journaux d’Alger, que nous avons reçus
hier, constatent que l’état sanitaire de celle
ville est excellent.
Lunstanline, le 3 octobre 1865.
Ou lit dans le Moniteur :
« Les journaux s'évertuent depuis quelque
temps a prédire un changement dans les hom
mes et dans.les choses du Gouvernement.
* l's vont même jusqu'à indiquer le 11 oc
tobre comme l'époque où cet événement doit
avoir lieu.
» Nous sommes autorisés à déclarer que ces
bruits n’ont aucun fondement el sont inven
tés par la malveillance. »
Plusieurs journaux annoncent qu'on vient
de réorganiser au ministère de l’intérieur un
bureau spécial pour la presse départementale,
avec un chef et un sous-chef. Ce bureau n’e-
xislait plus depuis longtemps. Il est comme
tous les autres bureaux de la presse, dans les
attributions du directeur du cabinet.
Le bruit court qu’en raison des circulaires
de la France et de ‘Angleterre sur la conven-
tion de Gastein, les grandes puissances alle
mandes vont prendre entre elles de nouveaux
Arrangements destinés a consolider l'alliance
austro-prussienne.
On lit dans le Moniteur du soir :
• Une polémique s’esl engagée dernièrement
dans la presse au sujet de prétendues condi
tions que le cabinet français voudrait mettre
à l’évacuation des Etals romains, ainsi que sur
l’époque a laquelle elle devrait s’accomplir.
» Une saurait exister aucun doute relative-
L AFRICAIN
(2 R k IOURNAL POLITIQUE DE CONSTANTINE
PARAISSANT LES MARDI ET VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
ment aux intentions du gouvernement impé
rial. Aussitôt qu'il croira le moment venu, il
adoptera, de concert avec le gouvernement
pontifical, les dispositions nécessaires pour
commencer l’évacuation, de manière à ce
qu'elle soit complètement achevée dans le dé
lai fixé »
Une correspondance, envoyée de Paris à la
Franche-Comté. annonce que le conse I mu
nicipal de Pamiers (Ariége) a donné sa dé-
miss on en masse pour protester contre la no
mination du maire.
Le maire avait cependant été choisi parmi
les conseillers municipaux.
La Franche-Comté croit qu’il n’y aura pas
d’élection nouvelle, mais qu’une commission
municipale sera instituée pour faire fonction
de conseil.
A Turin l'anniversaire du 22 septembre n’a
pas pu échapper aux coupables tentatives du
parti d’action. La soirée a été orageuse. Un
meurtre a été commis, et l’émeute a recom
mencé le lendemain.
Nos correspondances de Rome, dit le Mémo
rial diplomatique, affirment positivement que
le saint- porc est dans l'intention de prononcer,
dans le consistoire prochain, une allocation où
il sera fait allusion aux négociations dont a
été chargé le commandeur Vegezzi.
Le pape s’exprimerait en des termes favora
bles aux efforts du roi Victor-Emmanuel, dans
des circonstances récentes, pour opérer la ré
conciliation de l’Eglise avec l’Italie.
Cette manifestation de Sa Sainteté serait
motivée principalement par la teneur d’une let
tre autographe du roi. que M. Boggio aurait
été chargé de lui remettre.
Nos informati ons nous font présumer, dit
la France, que la garnison française a Rome
sera diminuée d’un bataillon a la fin du mois
prochain.
Le ministère anglais vient, dit VEuropc,
d’adresser un mémoire énergique au cabinet
de Saint-Pétersbourg, au sujet de Ses ten lances
a étendre les frontières de la Russie vers l’A
sie centrale. Dans ce mémoire, le gouverne
| ment britannique invite le cabinet russe à
donner des explications et à faire des déclara
tions pour le maintien du statu quo des fron
tières actuelles de son empire.
1 . .
( Le cabinet de Saint-Pétersbourg a répondu
évasivement, déclarant que son intention n‘é-
• Jait que de consolider el garantir ses fron- ,
tières.
Une dépêche d'Athénes, du 22 septembre,
annonce que le roi Georges, voulant venir en
aide a la situation embarrassée du Trésor, a
renoncé à un tiers de sa liste civile.
On assure que les négociations pour un
traité de commerce entre la France et l’Au
triche seront bientôt reprises.
La Gaz> Ile de Londres annonce, sur l'au
torité d'une dépêche de Washington, que le
président Johnson a levé toutes les restrictions
qui avaient été maintenues jusqu'à présent sur
le commerce avec les Etals du Sud.
Les nouvelles sanitaires de Toulon sont très
favorables. Le choléra diminue d’intensité, les
cas deviennent plus rares et le nombre des dé
cès est en décroissance. La sécheresse et la cha
leur sont les seules causes qui entretiennent le
choléra. Les premières pluies, qui sont atten
dues avec impatience, le feront probablement
cesser tout a lait.
L'escadre d’évolutions est mouillée aux Iles
d'Hlyères et complètement isolée. L’état salu
taire des équipages est excellent.
La Gazette du Midi, de Marseille, annonce,
d’après des données qu’elle a lieu de croire
certaines, que 104.000 habitants de celle ville
ont émigré depuis l’ivasion du choléra.
Pour les entrefilets, ECG. LEMOINE.
LÉGALITÉ ET SCANDALE.
Depuis longtemps VIndépendant était pâle,
insipide ; ses augustes pages étaient vouées
aux fastidieuses théories en quatre-vingt-
dix-neuf chapitres, non compris la table des
- y
ABONNEMENTS ET ANSONCE:
Place du Palais, □
matières. Le robinet de la rédact
périodiquement, ri trois colonnes
es
mi
tiède coulaient silencieusement, pour aller se
perdre bientôt dans le sable de l'oubli.
indépendant se taisait, mais il n’en pen
sait pas moins : un collaborateur officieux avait
soin de noter et de classer les articles méchants
do i Africain (nous n avons point collectionné
les mér hauts articles de notre confren), il
fourbissit dus l’ombre sa grand plume do
combat, il brûlait de rentrer dans l'arène d'où
il était toujours sorti triomphalement en
rompant, comme un homme de cœur et d’hon
neur.
Enfin il éclate et nous apprend des choses
fort intéressantes pour nous et pour le pu
blic.
Il nous annonce qu’il s’est privé de la lec
ture de V Africain depuis • la fin janvier
dernier. » Cela paraîtra incroyable! s’écrie-
1 il l’as le moins du monde ; Indépendant
est de l’ecole de ceux qui n’oublieat absolument
que leurs défaites el n’apprennent rien. Illogi-
que par calcul, faisant de l'opposition a propos
de tout, voire même sans motif, \'Indépen
dant ne sait que flatter les passions d’une cer
taine caste implacable dans si haine et im
muable dans son aveuglement : faible mino
rité qui cherche a s'imposer en toute circons
tance.
Fidèle a sa vieille tactique, il. s’élève un
piédestal de ses propres mains, il s’aflirme
comme puissance redoutable, et se déclare
« Forgane fidèle et convaincu du sentiment
public. »
Ridieulus mus.
Et pourquoi celte recrudescence d’activité
malfaisante ?
Parce que le Conseil général, dans sa se
conde séance, a nommé deux délégués au
Conseil supérieur du gouvernement.
Malheureux conseillers ! quelle fatalité a pu
vous pousser à disposer de vos consciences et
de vos votes, sans avoir au préalable consulté
l’augure.
Dans cette mémorable séance du 19, vous
n’étiez que 14 membres, dont cinq indigènes;
FEUILLETON DE L’AFRICAIN
— 9 —
MADAME BAKBE-BLEUE
(Suite. )
VIII
LE BONHEUR.
Ceux-là, il le sont bien, sacrifièrent la vanité, le
plaisir, les attraits sensuels au besoin d’épancher
leur pensée et de la traduire sur la toile ou sur les
murailles des basiliques. Oui, Gaëteno est riche,
oui des valets s’empressont d’obéir à ses ordres,
et c’est pour lui que ce palazzo étale ses splen
deurs et ce parc ses ombrages ; mais Gaëtano est
en réalité plus pauvre que ne le fut l’infortuné
Antonio Allegri da Correggio quand, du fond de
son humble chaumière, il attachait l’auréole de
son génie à tant de chefs-d’œuvre que la postérité
a couronnés.
Gaëtano le comprend bien : ce n’est pas dans
le présent que l’artiste doit chercher à vivre, c’est
dans l'avenir. Les vaines considérations du bien- '
être et les satisfactions puériles de l’amour-propre 1
expirent à ses pieds : il grandit par la lutte, il se
purifie par la souffrance, il se complète par l'im
molation.
Cependant l’époux de Giulia reprendra-t-il ses ।
pinceaux délaissés? Se fera-t-il volontairement
une vie de labeur? Se soustraira-t-il à l’atmosphè
re du fur tiietile où il est plongé ?
Il y songe parfois ; mais une idée l’arrête : qui
lui révélera la vraie mesure de son talent et la juste
portée de ses efforts?
Quoi qu'en aient dit certains esprits amants du
paradoxe, on n’a jamais de génie pour soi tout
seul. Les écrits des solitaires ne s’échappèrent-ils
pas de la Thébaïde ?
— Mon Gaëtano, pourquoi penchez-vous ainsi
le front? Pourquoi un soupir s’est-il mêlé à vos
paroles de tendresse ? Pourquoi promener autour
de vous des regards inquiets ? Est-ce que cette
demeure à changé d’aspect à vos yeux? Est-ce
que je ne suis pas toujours la même? Et n'avez-
vous pas dit que c’était l’Éden sur la terre ?
— Oui, Giulia, ma belle et bonne Giulia, je l’ai
dit, et je le pense encore. Mais permettez-moi
d'ajouter qu’il ne faut rien moins que la perfec
tion des anges pour savoir savourer sans mélange,
sans interruption et sans changement, les joies
éternelles du paradis..
— J’entends, Gaëtano Vous trouvez votre '
existence trop uniforme L'ennui vous ga
gne !...
— Oh ! n'allez pas si loin, de grâce. Gemment
pouvez-vous me jeter une pareille accusation? Je ;
serais bien coupable si à vos bontés inouïes je ré- |
pondais par un sentiment de cette nature. Ce se
rait méconnaître tout ce qu’il y a en vous de char
me qui étonne, qui subjugue ; ce serait également
payer par l’ingratitude les faveurs incroyables
dont vous m’avez comblé. Me préserve le ciel de
descendre si bas dans ma propre estime ! Mais....
— Mais?... Achevez.
— Vous me pardonnerez ?
— Qu'est-ce que je ne te pardonnerais pas,
mon Gaëtano !
— Eh bien ! mon adorée, permets-moi de te
demander si ta résolution de ne plus sortir d’ici
est irrévocable ; si, par exemple, nous ne pour
rions pas quitter ce château pour y revenir ensuite
plus heureux que jamais lorsque nous nous serions
mêlés au monde pendant quelques jours...
Une pâleur subite couvrit le visage de la mar
quise.
— Il s’ennuie !... s’écria-t-elle.
Et de larmes jaillirent de ses yeux.
Déjà Gaëtano s’était précipité à genoux implo
rant son pardon. Mais le coup était porté, et Giu
lia , repoussant doucement son mari, répétait
d’une voix étouffée :
— Il s'ennuie !
— Non ! dit Gaëtano avec une chaleur qui avait
tout l'accent de la sincérité; non. ma Giulia, l’en
nui n'a point gagné mon cœur; je déclare même
qu’il est impossible de l'éprouver auprès de vous,
car il n’existe peut-être pas sur la terre une femme
dont l’esprit soit aussi charmant que le vôtre.
— Ah ! Gaëtano, parlez-vous sérieusement?
— Est-ce que vous pouvez douter de ma re
connaissance ?
— De votre reconnaissance, non, mais de votre
amour peut-être.
— Ne me faites pas cette injure. Elle me serait
trop pénible. Veuillez vous rendre justice, et vous
comprendrez aisément que mon amour n’a pu
cesser d’être immense. Je le déclare devant Dieu :
jusqu’au jour où j’ai eu le bonheur de vous con-
naître, je n’avais été épris que de mon art. Vous
m'avez révélé un sentiment qui semble placer
l'homme auprès de la divinité, et qui est sur la
terre un avant-goût du ciel. Vous avez daigné des
cendre jusqu’à moi, ou plutôt m’élever jusqu’à
vous. Et moi, j'aurais oublié tant de générosité !...
Non, non, Giulia, je suis, je serai toujours le
même. Mais ai-je pu vous offenser en vous deman
dant de promener un pcu notre bonheur dans le
monde?
Alfred des ESSARTS.
(La suite au prochain numéro.)
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