Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-03-28
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mars 1887 28 mars 1887
Description : 1887/03/28 (Numéro 7044). 1887/03/28 (Numéro 7044).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k705863g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 28 Mars 1887
M* 704 -4. — Edition Quotidienne
Lundi 28 Mars 1887
ÉDITTPjN QUOTI DIENNE
P aris étranger
BT DÉMRTflMBNT» (DHIpH POSTAL^
On an." » . . . 55 » 66 #
Six mois. . . ; 2$ 50 34 » ,
Trois mois. . . 15 » 18 »
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Tiw«tT-, r ivr,o <' faris ... 1 . V 15 cent."'..7' '
UN NUMERO { Départements. 20
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonno & Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS . s; ÉTRANGER
ST DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
Un an . . . . 30 '» 1 38 »
Six mois. ... 16 t > 19 »
Trois mois. . . 8 50 - 10 »
Leà abonnements partent des 1™ et 16 de eliarçuo nioH
L 'UHIVERS ne répond pas des manuscrits quiluisont adressé? ;
. ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ", 6,'place do la Bourse
■amas
FRANCE
PARIS. 27 MARS 1887
Aurions-nouaune crise ministérielle
avant les vacances, de Pâques, pour
tant bien prochaines ? On ; se le de
mande dans les couloirs de là Gham-;
bre, ét nombreux , sont les députés et
nouvellistes qui croient à une chute
du ministère Goblet.
L'occasion de la 1 - crise serait, non
pas l'impôt de Quotité de M. Dauphin,
à la discussion immédiate duquel s'op
posera le cabinet, ce qui est flattéur
pour le ministre des finances ; mais la
discussion des crédits supplémentai
res dont M. Dauphin a besoin pour
l'administration centrale et qu'il s'est
réservé de réclamer lors de la discus
sion éeourtéedu budget de 1887. La
commissidn du budget s'est occupée
hier dé Ces crédits réclamés de façon
quelque peu irrégulière, et si elle ne
les a pas refusés ' immédiatement,
comme le voulait M. Jéan Casimir-
Perier, probablement l'organe dès op
portunistes,. elle a pris un biais qui
pourrait bien aboutir à un conflit. Or,
M. Goblet est décidé à: poser la question
de cabinet. La discussion viendra
sans doute mardi.
On trouvera plus loin quelques
détails sur l'entrevue de MM. Goblet'
et Dauphin avec la commission du
budget.
Hier, la Chambre des députés a votê ;
les droit? sur les bestiaux ; des amen
dements de la droite,. qui augmen
taient les droits proposés, les uns ent
êté reppussés, les autres acceptés à
une très faible majorité : au vote d'en->
semble la .majorité s'est relevée 1 ; elle
a-été de 328'-voix contre 207.
Commerannonçait Y Agence. Havas
dans son compte rendu du dernier,
eonseil des ministres, les généraux
Çillot et Saussier, qui arrivaient au
terme légal dé leur commandement,
oht été maintenus poup une nouvelle
période de trois années.' Nous sommes
loin de blâmer le maintien de géné
raux qui ont l'expérience du com
mandement et connaissent leur corps
d'armée ; mais nous ferons remarquer
une fois de plus la logique républi
caine., M. le maréchal de Mac-Mahon
a été forcé de donner, sa démission
parce qu'il ne voulait pas changer les.
commandants de corps d'armée, et
M. Grévy fait tout justement, sans
que les journaux opportunistes ou
même radicaux y trouvent à redire,
ce que voulait faire le maréchal. L'in-
eompétence de M. Grévy constitue
rait-elle une,excuse pour lui?
Pas encore de ministère en, Italie.
Les propos aigres-doux, plus aigres
que doux, continuent à s'échanger
entré/la presse - .russe et la : prësse alle
mande. Si la, triple alliance de l'Alle
magne, de l'Autriche et de l'Italie est
réellement renouvelée et si elle est
aussi solide qu'on affecte de le dire
dons certains milieux, les rapports
entre la Russie et l'Allemagne ne sont
pas absolument intimés; et, même
poùr la puissante Allemagne, la Russie
n'est pas une « quantité négligeable ».
La Gazette de l'Allemagne du Nord
fait en ce moment une campagne assez
Curieuse : elle s'efforce de prouver que,
comme M. de Bismarck l'a prétendu
à. la tribune, les catholiques du Centre
sont la cause du culturkampf, auquel:
le ^gouvernement allemand n'aurait
pâs songé sans* eux ; nous aurons à
revenir sur cette campagne, que nous
nous'bornons aujourd'hui à signaler.
Aï. Ribot, voulant- se distinguer, en
homme'modeste qui se sait digne d'o
vations plus sérieuses, des Trystram
et autres Riotteau, est arrivé hier à la
Chambre et, discrètement, a pris place"
àvant l'ouverture, de la séance. Quel
ques minutes plu? tard, il s'éclipsait
sans bruit, après avoir reçu,silencieu
sement; une douzaine de poignées de
imain. Nous allons donc revoir de nou-
•tèau le spectacle intéressant que nous
avons pu,- si souvent, contempler dans,
l'ancienne Chambre : M. Ribot, l'air
•digne, mais point à son aise, les bras
«croisés sut*, son, pupitre., comme pour
•défendre sa boîte â bulletins, l'œil
"fixant avec une attention soutenue la
.■belle tapisserie des Gôbelins qui s'é
tend derrière M. Floquet, s'abstenant,
•conscience lui commandait un vote
peu conforme à;ses intérêts, restant à
sa'placé, "jusqu'au bout, afin qu'on ne
s'avisât pas de voter pour lui, et, le
lendemain, porté' au Journal officiel
« Qommë ayant été retenu à la com
mission du budget ». Voilà qui vous
«donne, bien vite une.haute iaée d'un
«caractère ! '
Peut-être M. Ribot né s'est-il éclipsé'
avec cet empressement que parce
qu'il redoutait,, n'étant pas encore
membre d'une seule commission,de se
trouver, dès le premier jour, en face
d'un scrutin dangereux. Il aurait pu
rester : la Chambre, en effet, n'a eu,
«dans la séance d'hier, à émettre aucun
-vote de cettë nature. Après une ques
tion de M. Borie au ministre dè l'inté
rieur, question qui nous a révélé, jus
qu'à l'évidence, que la ville de Tulle
est administrée d une façon bien ré
publicaine, c'est-à-dire fort malhon
nête, on s'est occupé du projet de loi
sur les béstiàùx. Ce nous est un devoir
de féliciter nos élus; ils ne nous ont
point fait languir; ils ont expédié leâ
bœufs plus rapidement que les' blés,
les Vaches plus rapidement que' les
avoines, les veaux et les moutons plus
rapidement que les riz et les.daris. Ils
ont voté vite, et, somme toute,; bien.
S'ils ont repoussé le droit de cinquante
francs que M, Bigotdemandait sur les
bœufs, ils ont adopté celui de trente-
huit francs que la commission propo
sait à la Chambre. Les vaches paye
ront vingt francs par tête. ^es_ veaux,
huit francs. Les moutons,, cinq- Un
autre amendement de M. Bigot, sou
tenu par son auteur et parM.cfe Saisy,
appuyé par M. Méline, combattu par
MM. Rouvier et le ministre^Locltroy,
et frappant les viandes fraîches d'un
droit de douze francs sur chaque cen
taine de kilogrammes, a réuni 270
voix contre 240. C'est M. Yves Guyot
qùi avait appelé le ministre Lockroy,
instamment, à la tribune. Celui-ci doit
quelque peu lui en vouloir.
Les amendements qui donnaient
une affectation spéciale aux bénéfices
que le Trésor retirera des taxesj ont
été, à là suite d'un court débat, provi
soirement abandonnés par leurs au
teurs. Ils ont promis de les reproduire
devant la prochaine commission du
budget, et M. Dauphin a; promis de
les combattre... s'il est encore là.
Pierre Veùillot.
Le Concordat
II (1) .
0bli8ati0ns réciproques de l'égcise et
î .■ de l'état
La commission dite du Concordat
votait naguère à peu près unanime
ment le principe de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat. Plus récemment,
désireuse d'en venir au fait prompte-
ment, elle discutait la question de la
mise en pratique du principe proposée
par M. Yves Guyot : ne pourrait-on
pas laisser aux communes le soin dé
commencer 'sans délai la séparation,
en leur remettant leur part du budget
des cultes, avec la liberté d'exonérer
de leur contribution à ce budget les ci
toyens qui exprimeraient leur volonté
de ne pas la payer? Chose étonnante !
"le bon sens a triomphé. C'est aussi
presque unanimement que Cette pro
position insensée à été rejetée ; et la
commission attend désormais, pour se
réunir de nouveau, qu'on soumette à
son examen une proposition plus rai-,
sonnabl'é. Elle attendra longtemps.
Néanmoins la thèse est adoptée ; lé"
principe est voté. Oh î s'il y avait seu
lement quelque 1 apparence que la dé
nonciation au Concordat ou la sup
pression du , budget des cultes dût
aboutir à la- ruine finale de l'Eglise, on
agirait sans hésitation : au risque de
devenir maîtresse dès * corps, des
biens, des âmes, de la pensée, de la
conscience de tous les' Français ;
au risque de se voir obligée de four
nir, à chaque législature nouvelle,
une nouvelle doctrine d'Etat, une
nouvelle - philosophie, une nouvelle
morale, en un mot d'imposer pé
riodiquement les décisions - d'une
infaillibilité périodiquement chan
geante, l'odieuse secte ne reculerait
pas devant un coup de fureur néro-
nienive à porter aux catholiques. Mais,
si l'Eglise,, après la rupture et la spo
liation, allait se trouver plus libre et
plus forte?... Voilà le douteterrible qui
produit l'hésitation.
La passion de la tyrannie ne permet
pas aux chefs de la franc-maçonnerie
de comprendre le grand principe qui
empêche l'Eglise de dénoncer,, la pre
mière, un traité violé à son .détriment;
dans presque toutes ses. stipulations,
ce principe si simple, si évident pour
tout homme loyal et de bon sens, que
la santé du corps* social dépend de l'u
nion et de'la bonne harmonie de tou
tes les forces sociales, par conséquent
de l'union et de la bonne harmonie des ;
deux autorités ecclésiastique et civile.
Et c'est l'Eglise, accusée d'aspirer à
la domination politique universelle-
pàr ceux qui voudraient la supplanter
pour réduire les âmes à la plus hon
teuse' servitude^ c'est l'Eglise qui,
seule, par des concessions chaque jour
renouvelées, travaille à conserver à la
France la concorde et la paix sociale.
Mais ses adversaires, malgré qu'ils
en aient, travaillent pour son triom
phe. Les dernières convulsions, provo
quées de nos jours par la folie révolu
tionnaire, finiront bien par instruire le
peuple sur la valeur de ceux qui l'ex
ploitent et lui inspireront peut-être,
sans trop tarder le regret de s'etre sous
trait à l'autorité maternelle et tuté-
laire de l'Eglise. L'histoire,éclairée par
les événements contemporains, par les
proscriptions, les spoliations, les per
sécutions et les avanies de tout genre
qui affligent aujourd'hui les catholi
ques, ne pourra pas ne pas attester la
longanimité, les condescendances in
finies de l'Eglise, sa tolérance presque
sans limites, son respect absolu pour
la liberté politique des peuples, en ra
contant comment, depuis cent ans,
depuis le Concordat et par, le 'Concor-
> (1) Voir l'Univers deg 10 et 12 janvier,;
dat'même, toute l'action politique de
cette Eglise consiste surtout à mainte
nir en France la paix religieuse et sor
cialè, au prix des plus généreux sacri
fices.
L'Eglise, nous croyons qu'il, est
temps de le proclamer, n'a absolument
qu'une seule raison ; de désirerlemain-
tien du Concordat et c'est la crainte
des maux que la séparation causerait :
à la France ; car, cette raison écartée,
quel intérêt peut engager le SouveT
rain-Pontife à conserver un pareil
traité? Il ne faut pas moins que 1 igno
rance ou l'effronterie des ennemis de
l'Eglise pour affirmer, comme on l'a
fait souvent, que le Concordat sacrifie
les droits de l'Etat à l'Eglise et favorise
les empiétements de. cetté dernière.
Si nous relisons, article, par article*
la solennelle convention de 1801, qu'y
trouvons-hous, sinon une série inin
terrompue de concessions et de sacri
fices consentis par l'Eglise au profit
de l'Etat, sans aucune compensation ?
En écrivant ces mots « saris aucuue
compensation », nous ne voulons pas
certes, comme le£ révoltés du schisme
anticoncordataire, renier la signature
et l'autorité du Souverain-Pontife,
sous prétexte^ que Pie VII sacrifia les
droits de l'Eglise à un pouvoir révolu
tionnaire ; nous ne voulons même pas
affirmer que le premier consul .ne fit
rien pour la religion; nous disons sim
plement que chaque article du Concor
dat impose à l'Eglise une concession,
souvent d'énormes sacrifices très clai
rement énoncés, tandis que le gou
vernement français, pour qui l'alliance
avec l'Eglise était une affaire de vie ou
de mort, ne sacrifie rien, ne concède,
rien, et ne reconnaît en somme que
des droits plus anciens que lui, évi
demment acquis, possédés depuis des
siècles, inaliénables et indestructibles,
et dont il espère d'ailleurs bénéficier
autant que la religion elle-même.
Cette vérité apparaît dès le préam
bule du traité :
Le gouvernement de la République fran
çaise reconnaît que la religion catholique*
apostolique- et romaine est la. religion de
la jjrande majorité des Français.
Sa Sainteté reconnaît également que cette
même religion a retiré et attend encore en
ce moment le plus grand bien et le plus
grand éclat de l'établissement du culte ca
tholique en France et de la profession par
ticulière qu'en font les consuls de la répu
blique.
Le Souverain-Pontife accomplit, dèa
ces premiers mots du traité,le plus pé^
nible sacrifice. Sous cette formule in
sidieuse : « Le gouvernement de la
; République française reconnaît, etc. »,
Bonaparte imposait la renonciation à ;
ce titre de religion d'Etat acquis à
l'Eglise: catholique depuis l'origine
même de la France et maintenu, dans
le cours des siècles, par le peuple fran
çais et par ses rois, souvent au prix de
guerres cruelles. On force le Pape a
reconnaître en apparence l'égalité po
litique de tous les cultes, et on lui ac
corde en retour la simple constatation
d'un fait : on reconnaît que la religion
: catholique est la religion de la grande
majorité des français. Ce que va per
dre l'Eglise, tout le monde le voit,
mais la concession faite par l'Etat, où
est-elle? ' '
Cependant n'exagérons rien. Le Pa
pe, pour le bien delà paix, voulut bien
ne pas exiger que le titre de religion
d'Etat fut donné dans le traité à l'E
glise catholique ; mais il ne faut pas en
conclure que, par cet acte de pure to
lérance, il consacra la théorie révolu
tionnaire du droit de conscience,de l'é
galité des religions et de la neutralité
de l'Etat. Nous voulons, à cette occa
sion, rectifier une interprétation, er
ronée à notre avis, mais assez répan
due, du texte concordataire.
« Cè préambule, dit M. Em. Ôllivier,
consacre l'abolition d'une religion do
minante et la sécularisation de l'E
tat» (2). «Cela est vrai, » ajoute M. l'ab-
béJoly (3), citant cette opinion de M.
Ollivier, « cela est vrai. Depuis bien des
siècles, le catholicisme était,en France,
la religion dominante, la religion de
l'Etat lui-même. Son culte était le
seul dont l'exercice public fût autorisé.
..-ti Or, cet ordre de choses venait de
disparaître avec la Révolution. Etait-il
désirable ou même possible de le réta
blir ?' A' Rome,on le pensait d'abord. »
Et de ce que le pape sé résigna, non
sans.une immense douleur.(les Mé
moires .deConsalvi en font foi)à accep
ter la.formule impérieusement exigée
par Bonaparte, M. Joly paraît admet
tre que Pie VII changea d'avis. Mais
aucun document n'autorise à le croire.
Et qui ne voit la différence qui existe
entre le silence du Concordat, toléré
par le Pape, et l'abolition solennelle
d'un droit ? D'ailleurs.les prétentions
de Bonaparte n'allaient pas jusque-là.
Il voulait surtout faire' accepter le
Concordat ; or, comme le disait
en son nom le négociateur Bernier:
« Le titre de religion dominante eût
« effrayé," irrité même une partie n'o-
« table de la nation française. Le gou-
« vernement ne pouvait pas non plus
« se déclarer constitu'tionnellement ca-
,« tholique; c'eût été outrepasser ses
« droits et ses attributions. » Ces der
niers mots ne se comprennent guère,
et Bernier va se réfuter lui-même:
« Il était plus sage, continue-t-il, d'ap-
« puyer le titre que l'on donnait à la
« religion surun fait constant et avéré.
, (2) L'Egliseet l'Etat, t.'I, p. 110.
(3) Etude juridique et historique sur le Concor-
« Or, ce fait est que la grande majo-
« rité des Français tieut au çàtholi-
« cisme et désire pouvoir, le professer
« sans-crainte et sans entraves. Par ce
«• titre, aussi simple que vrai, la reli-
« gion acquiert le droit à une protec-
« tion ouverte et spéciale, parce qu'un
« gouvernement représentatif doit se
« conformer au vœu de la majorité
« de ceux qu'il représente. Elle est
« même, en ce sens, la religion légale et
« dominante, parce que aans une ré-
publique organisée comme l'est au-
« jourd'hui la France, le fondement.
« de toutes.les lois est l'avis du plus
« garnd nombre, et le vœu dominant,
« celui de la majorité. »
Donc, le Pape consentit à ce que le
gouvernement français ne se déclarât
pas constitutionnellement catholique;
mais Bernier reconnut que .le catholi
cisme était la religion légale et domi
nante, au sens politique, ou par un fait
devenu le principe du droit moderne.
Sans doute, sous l'ancien régime, le
titre de religion dominante était donné
au catholicisme en: vertu de son origi-'
ne reconnue divine; mais que nous im
porte? Pour établir que Pie VII con
sacra l'abolition d'une religion domi
nante, il faudrait prouver non seule
ment qu'il renonça au titre, mais
qu'il reconnut que le gouvernement
français pourrait légitimement faire
des lois contraires à Ta religion.
Non, le Souverain-Pontife ne consa
cra pas le droit révolutionnaire au dé
triment des droits de Jésus-Christ.
Toute sa conduite témoigna, au con
traire, de la répugnance que lui inspi
rait le silenee prudent qu'on exigeait
de lui. Mais, même en réservant le
droit, Pie VII faisait un sacrifice con-
sidérabïe ; il savait bien que la Révo
lution reviendrait à la charge et qu'on
abuserait des réticences du Concordat;
il ne lui était pas difficile de prévoir
qu'après avoir refusé de reconnaître
publiquement le. droit souverain de
l'Eglise, on en pourrait venir jusqu'à
lui créer le privilège dont elle jouit
aujourd'hui d'être la seule religion
persécutée.
. Ainsi, dès le préambule du Concor
dat, les sacrifices commencent de la-
part du Pape; du côté de' l'Etat, au
cune compensation. li en sera ainsi
jusqu'à là fin.
J.-H. Gastàing.
. (A suivre)
Sous ce titre:« Ces bons.cléricaux »,
YÀction du citoyen Michelin donne la
version suivante d'un fait qui lui pa
raît abominable et que dénoncent avec
une même colère la Justice, Ylntransi-
geant et nous {ne savons quels autres
organés de la libre-pensée révolution
naire:
La commission administrative de l'hôpi-
tal-hospice de Saint-Germain-en-Laye vient
de laïciser cet établissement à la suite d'un
fait véritablement scandaleux, qui montre
à- quel point les cléricaux poussent l'achar
nement quand ils'agit de voler un cadavre.
Voici les faits :
Dans les salles militaires de l'hôpital se
trouvait un sous-oificier du 33' régiment
d'infanterie, nommé Gatellier,' atteint de
tuberculose pulmonaire. . .
Le l' r mars, ùn peu. avant la visite du
major, la sœur Angèle,jugeant ce sous-offi
cier très malade, prit sur elle d'envoyer
chercher un prêtre pour le confesser et
l'administrer ; l'aumônier étant souffrant
fut remplacé ' dans cette circonstance par
l'un des vicaires de la paroisse.
A l'arrivée du médecin-major, la sœur
Angèle; chargée du service, le pria de vou
loir bien changer l'ordre suivi habituelle?
ment dans sa visite, l'informant qu'un prê
tre-se> trouvait alors dans la salle Cagnyé
avec M. Gatellier.
Le médecin, accéda à ce désir, persuadé
que ce prêtre avait été demandé par le ma
lade. Quel ne fut pas son étonnement lors
que, avant d'entrer dans la salle, il vit la
tante du malade venir vers lui tout , émue,
et lui dire combien son neveu était peiné
d'avoir reçu la visite du prêtre, qu'il n'avait
pas réclamée.
En entrant dans cette salle, il fut témoin
de l'angoisse et du désespoir du malheu
reux phtisique chez qui, a force de soins et
d'encouragements, il avait; pu entretenir
l'espérance de la guérison, pour adoucir'
dans la mesure du possible ses derniers
moments. Frappé de ce changement, il; in
terrogea le malade et ses voisins, et apprit
que, dans le but d'amener le moribond à se
confesser, le prêtre avait cru devoir' lui
dire qu'il était très malade et n'avait plus
que peu de temps à vivre.
Ces paroles sont celles textuellement ré
pétées 'par le malade à M. le médecin-
major, et h plusieurs de ses camarades à
différentes reprises dans la journée.
Indigné de ce fait, le- médecin rendit
compte à ses chefs et demanda immédia
tement, que la sœur Angèle fût retirée du
service militâîre.
Par ordre du général Rapp, sur la propo
sition de M. le médecin-major, la consigne
suivante a été affichée dans les salles mili
taires :
. ' .. . ; : .consigne..
Les malades ont la liberté la plus absolue en
matière de religion. Tonte latitude est, donnée'à
ceux qui voudront-l'assistance du; prêtre; mais,
dans ce cas, le sous-oflicier de planton devra
toujours être prévenu et s'assurer que le malade
y a : donné son consentement.
Signé: Général Rapp.
La commission de l'hospice a délibéré
ensuite sur la situation de la sœur Angèle,
et. décide que, cette sœur ne sera employée
dans aucun des services civils, et, par suite,
renvoyée immédiatement de> l'hôpital, à
moins toutefois que le médecin-major n'ait
eu l'intention de ne l'exclure que temporai
rement de son service et qu'il consente à la
reprendre. •
Pour éviter que des faits semblables.se
produisent dans' ies services civils, la caa
mission, à l'unanimité, vote l'ordrè du jour-
suivant ...... ... ..
Un aumônier .étant spécialement attaché au,
sérvice de.l'hôpital, aucun auti'e prêtre Jie
* pourra pénétrer dans les salles de.majades, sans
une autorisation de l'administration de ser-
, v j oe _. ^ ...
Bravo ! , ,
Voilà une .bonne èt salutaire mèsùre, et
nous ne pouvons qu en féliciter hautement
l'es membres delà cotamission et le maire
de Saint-Germain, l'honorable M. de Mor-
tillet, quij en. maintes, circonstances, a su
donner aux réactionnaires de toute classe
de sages et justes leçons. .
Si ce récit est exact, il y a en effet
là un fait abominable, mais c'est à la
charge des libre-penseurs sichaude-
mènt félicités ^v YAction qu'il faut le
relévèr comme une indignité.
Comment, voilà un malheureux soK
dat sur le point de mourir, on l'avoue,
et le médecin-major ne s'occupe que
de le tromper sur son état en lui per
suadant qu il pourra guérir et en l'en-,
dormànt ainsi sur le péril de sa situa
tion! Quel est lé catholique digne de ce
nom qui ne protesterait avec indigna
tion. çontre une semblable superche
rie dont les conséquences, au point
de vue de l'âme, peuvent être si fatales
au malheureux volontairement induit
de la sorte en erreur sur son état!
On dit, à la vérité, que le soldat dont
il s'agit aurait témoigné à une tante
le déplaisir qu'il avait de la venue du
prêtre. Mais est-ce bien sûr ? Et d'ail
leurs sait-on quels eussent été ses
vrais sentiments si on ne. lui avait
pas laisser ignorer qu'il était en péril
de mort ? N'eût-il pas, alors, appelé de
tous ses vœux ce médecin de l'âme
qu'on a si bien appelé le consolateur
des mourants ? La religieuse qui a
fait la lumière dans son esprit lui a
donc rendu le plus grand service et
encore une fois,il n'est pas un catholi
que digne de ce nom qui, en pareille
circonstance, ne fut heureux de rece
voir une pareille marque d'intérêt et
n'en dût avoir une infinie reconnais
sance. Si lareligieuse doit être réduite
au rôle d'infirmière laïque, soignant
le corps vaille que vaille, sans jamais
s'adresser à l'âme d'où le corps mêmô
reçoit si souvent quelque soulagement
que devient son ministère déshonoré ?
Quant à la consigne dont on rap
porte le texte, elle se rattache au sys
tème général de laïcisation, des hôpi
taux et en prend le caractère. Nous
n'avons; à ce propos, qu'à rappeler ce
que disait naguères avec tant d'auto
rité le cardinal Guibert. Protestant
contre cette laïcisation, il dénonçait
les mesures pareilles à la consigne
susdite comme de véritables cruautés à
l'endroit des pauvres malades, réduits
le plus souvent à l'état de ne pouvoir
spontanément exprimer une volonté
qui pourtant est au fond de leurs
cœurs, et à laquelle ils sont heureux
d'adhérer si on la leur propose.
Entraver ce ministère de charité,
c'est prendre une responsabilité grave
et pour tout dire. se. rendre coupable
d'un véritable attentat, par la raison
qu'il faut selon ce que dit- Nôtre-Sei
gneur, craindre ceux qui s'attaquent
aux. âmes; bien plus que les assassins
des corps. Or, ce sont de véritables
meurtriers des âmes,' ceux qui font
ainsi la gàrde autour des malades pour
en interdire l'accès à quiconque auo
rait souci de leur rappeler le ciel et
les éternelles destinées.
Auguste Roussel .
Bien, tel est le titre d'un article que
M. Henry Maret consacre dans le Ra
dical à l'examen de la situation politi
que. La conclusion en est curieuse,
non moins que certaine anecdote où
M. Clémenceau est mis en cause. Voi
ci toute la fin de l'article :
Au mois de décembre, lorsque le minis
tère Freycinet renversé eut été remplacé
par le ministère Freycinet rapetissé, j'étais
d'avis qu'on ne devait pas laisser exécuter
ce ressemelage. On m'objecta les étrennes ;
et Pelletan me dit : « Bah! Nous pouvons
bien lui donner un mois ; nous le renverse
rons .à la rentrée. », — « Il vaudrait mieux,
disais-je, ne pas le laisser se former. »
Un mois'après, à larentrée, on eut l'af
faire des fonds secrets. « Nous ne pouvons
pas, dit Clémenceau, renverser ce minis
tère au début ; on dirait que nous passons
notre temps à créer des crises (c!était bien
cffque j'avais prévu); donnons-lui, vaille
que vaille, son budget de 87,, et par consé
quent faisons-lui un crédit de deux moi*. »
— « Ce n'est pas, répondaisrje, un crédit de
deux mois, mais un crédit d'un an que vous
allez lui faire, attendu que la Chambre ne
discutera pas le nouveau budget avant un
an. ■■■■■ ■■-■■■.' -r ■■ ■ ■- \
Les choses se passent comme je les avais
{irévues. Pour sauver les apparences, on a >
aissé se constituer et on laisse durer un ca
binet, chargé de la plus grosse besogne que
jamais mmistrès aient eu à accomplir, et ;
qui, de l'aveu général, est composé, dans les '
principaux ministères, d'hommes manifeste
ment inférieurs à la tàche qu'ils' oht assumée.
Les éouries: d'Augias ont besoin d'un Herr
cule;' on^prend Jeanneton: et son plu
meau. ■
Or, voulez-vous que. je vous dise ce qui
va se passer, maintenant ?' Exactement ce
qui s'est passéTannée dernière, où. un mi
nistère, d'ailleurs moins bouffon, avait* fait
des promesses analogues. La commission
du budget sera aussi impuissante et ne
pourra avoir des intentions meilleures; car
les intentions de l'ancienne étaient exceilen-,
tes. Je me souviens que nous avions tous-
été nommés avec la mission de réduire les;
dépenses et do n'accepter aucun nouvel;
impôt.
A peine assis dans lé bureau, nous nous;
sommes, mis à la- besogne avec un désir,
- incère d'aboutir. Et pujs les discussions!
se spnt éternisées ; chaque rapporteur s'est
mis à défendre son .budget ; l'organisation
et Je mode dé travail étant,défectueux, peu
â peu les volontés së sbnt amollies, l'ob.sçu-
rite s'est faité, il â fallu faire droit aux ré--
clamations de celui-ci' ét dé celui-là. ; on se
serait peut-être entendu pour détruire, mais
il était impossible de s'entendre pour orga
niser, car une commission ri organisera ja
mais rien; toutes les, branches auxquelles,
on se.raccrochait se brisaient sous la main;
finalement on est arrivé devant la Cham
bre avec un tas d'à-peu-près ; la Chambre
s'est fâchée à son tour, elle a démoli au.
hasard pour tout rétablir .ensuite; et Gros-
Jean comme devant.
Eh bien! cette année; ce sera pis. Oh
s'entendra moins encore : la critique étant
aisée, tout le monde critiquera; mais l'art
étant difficile, on ne saura rien remplacer.
Toutes les fameuses aptitudes, dont je par
lais' l'autre jour, se contrecarreront, et nous
nous retrouverons en automne tout aussi
àvancés qu'au printemps.
Le résultat de toutes ces défaillances, dg'
tous ces atermoiements, de ■ioutes ces f'ai-
blesses, sera comme toujours : , ; ; '
Rien, rien, rien. — Henry Maret.
M. Henry Maret est un républicain
qui a ses moments de franchise. C'est
pourquoi ses aveux sont précieux à
recueillir.
La Semaine religieuse de Besançon
publie la note suivante :
Le Nouvelliste de Lyon a publié dans un
de ses derniers numéros le récit d'une pré
tendue conversation qu'aurait eue avec un
de ses rédacteurs Mgr l'archevêque de Be
sançon. ;
Nous sommes priés de déclarer que Mgr
Foulon n'à autorisé qui que ce soit à rap-:
porter comme venant de lui aucune des pa*
rôles qui lui sont prêtées et qui sont, du
reste, toutes relatives à des bruits colportés
depuis longtemps par d'autres journaux. ,
En outre, le récit du Nouvelliste contient
de graves et.nombreuses inexactitudes.
La conversation prêtée à Mgr Foulon
par le Nouvelliste de Lyon se rapportait,
pour la plus grande partie, à la ques
tion des évêchés de France vacants.
C'est pourquoi nous nous sommes
abstenus de la reproduire, Y Univers
ayant pour règle, en cette matière
particulièrement grave, de ne point
parler des nominations avant qu elles
aient été officiellement rendues publi
ques.
P. S.. — Voici textuellement la let
tre adressée par Mgr Foulon, au Noih
velliste de Lyon : ■ .
Rome, le 18 mars 1887.
Monsieur,
Je reçois do Paris le numéro du Nouvel-
velliste de Lyon du 12 mars, qui contient un
article où l'on veut bien s'occuper de moi.
Permettez-moi de vous exprimer le profond
étonnement qu'il me cause. On m'y prête
des sentiments et des appréciations contra
lesquels je proteste hautement, et je le fais
en regrettant que votre excellent journal
ait cru devoir accorder sa grande publicité
à des informations de cette nature.
Agréez, monsieur, l'assurance de ma con*
sidération très distinguée.
f Joseph , archevêque de Besançon.
On lit dans, le Nord, organe officieux
de la chancellerie russe..:
La paix actuelle, en somme, nous' paraît
solide parce qu'ellé reposé sur l'équilibre
des forces et des tendances adverses, en
même temps que sur la volonté des gou>
vernements et l'adhésion des, peuples. Ce
n'est pas sans aucun doute une ère nou
velle qui s'ouvre ; ce n'est pas l'Europe sé
transformant en une nouvelle Saleritè, vouée'
au culte des sentiments et des arts humani
taires ; mais si l'Europe demeure ce qu'elle
était, à savoir une grande caserne, -c'est
du moins une caserne où les armes sont
au repos — pour longtemps assure-t-on
et c'est déjà quelque chose ! ;
Depuis quelque temps certaines feuilles
allemandes, telles que le. Gazette de Colar
gne, \s. Neue freie Presse, pour ne citer que
celles-ci, se complaisent à revenir avec une
persistance .singulièrement opiniâtre sur. des
tentatives A'aUiance entre la Russie et la
France qui se seraient itérativement repro
duites à Paris. Nous aurions cru faire in
jure à la sagacité de nos lecteurss en ' les
mettant en garde contre de pareilles ma
nœuvres de plume, et nous nous'soucions
encore moins de remonter à leur source.
Mais puisqu'il ne suffit point, paratt-il, de
leur opposer le silence du dédain, nous
n'hésitons pas à déclarer que nous sommes
parfaitement en mesure de leur infliger le
démenti le plus formel et le plus autorisé!
Sapienti sat.
Lettres de Berlin
Berlin, 23'mars.,
Le fait suivant, communiqué par la Ga
zette de Silésie (Schlesische Volkszeitung)',
nous donne un avant-goût du traitement
qui attend les catholiques sous le régime
absolu de la notification préalable. Un curé
de Silésie, ecclésiastique' très zélé, qui,
après avoir occupé pendant vingt ans un
bénéfice de patronage royal, sollicitait une
autre cure, placée sous'le même patronage,
mais entraînant moins de fatigues, n'a pas
été recommandé par le landrath au prési
dent de la province, tout simplement parce
que les élections dans, sa paroisse ont
donné de mauvais résultats, l'adversaire
du Centre n'y ayant obtenu que quelques
.voix.
Le scrutin pour le Reichstag étant secret,
il est impossible desavoir au juste comment
le curé lui-même a voté ; mais on sait seu
lement que beaucoup de ses paroissiens
( ont donné leurs voix au. candidat du Centre ;
le curé a donc omis, d'agir contre le can
didat du Centre. Et c'est à cause de cette
M* 704 -4. — Edition Quotidienne
Lundi 28 Mars 1887
ÉDITTPjN QUOTI DIENNE
P aris étranger
BT DÉMRTflMBNT» (DHIpH POSTAL^
On an." » . . . 55 » 66 #
Six mois. . . ; 2$ 50 34 » ,
Trois mois. . . 15 » 18 »
I h abonnement* partent de* t« et 18 de chaque mol*
Tiw«tT-, r ivr,o <' faris ... 1 . V 15 cent."'..7' '
UN NUMERO { Départements. 20
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonno & Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS . s; ÉTRANGER
ST DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
Un an . . . . 30 '» 1 38 »
Six mois. ... 16 t > 19 »
Trois mois. . . 8 50 - 10 »
Leà abonnements partent des 1™ et 16 de eliarçuo nioH
L 'UHIVERS ne répond pas des manuscrits quiluisont adressé? ;
. ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ", 6,'place do la Bourse
■amas
FRANCE
PARIS. 27 MARS 1887
Aurions-nouaune crise ministérielle
avant les vacances, de Pâques, pour
tant bien prochaines ? On ; se le de
mande dans les couloirs de là Gham-;
bre, ét nombreux , sont les députés et
nouvellistes qui croient à une chute
du ministère Goblet.
L'occasion de la 1 - crise serait, non
pas l'impôt de Quotité de M. Dauphin,
à la discussion immédiate duquel s'op
posera le cabinet, ce qui est flattéur
pour le ministre des finances ; mais la
discussion des crédits supplémentai
res dont M. Dauphin a besoin pour
l'administration centrale et qu'il s'est
réservé de réclamer lors de la discus
sion éeourtéedu budget de 1887. La
commissidn du budget s'est occupée
hier dé Ces crédits réclamés de façon
quelque peu irrégulière, et si elle ne
les a pas refusés ' immédiatement,
comme le voulait M. Jéan Casimir-
Perier, probablement l'organe dès op
portunistes,. elle a pris un biais qui
pourrait bien aboutir à un conflit. Or,
M. Goblet est décidé à: poser la question
de cabinet. La discussion viendra
sans doute mardi.
On trouvera plus loin quelques
détails sur l'entrevue de MM. Goblet'
et Dauphin avec la commission du
budget.
Hier, la Chambre des députés a votê ;
les droit? sur les bestiaux ; des amen
dements de la droite,. qui augmen
taient les droits proposés, les uns ent
êté reppussés, les autres acceptés à
une très faible majorité : au vote d'en->
semble la .majorité s'est relevée 1 ; elle
a-été de 328'-voix contre 207.
Commerannonçait Y Agence. Havas
dans son compte rendu du dernier,
eonseil des ministres, les généraux
Çillot et Saussier, qui arrivaient au
terme légal dé leur commandement,
oht été maintenus poup une nouvelle
période de trois années.' Nous sommes
loin de blâmer le maintien de géné
raux qui ont l'expérience du com
mandement et connaissent leur corps
d'armée ; mais nous ferons remarquer
une fois de plus la logique républi
caine., M. le maréchal de Mac-Mahon
a été forcé de donner, sa démission
parce qu'il ne voulait pas changer les.
commandants de corps d'armée, et
M. Grévy fait tout justement, sans
que les journaux opportunistes ou
même radicaux y trouvent à redire,
ce que voulait faire le maréchal. L'in-
eompétence de M. Grévy constitue
rait-elle une,excuse pour lui?
Pas encore de ministère en, Italie.
Les propos aigres-doux, plus aigres
que doux, continuent à s'échanger
entré/la presse - .russe et la : prësse alle
mande. Si la, triple alliance de l'Alle
magne, de l'Autriche et de l'Italie est
réellement renouvelée et si elle est
aussi solide qu'on affecte de le dire
dons certains milieux, les rapports
entre la Russie et l'Allemagne ne sont
pas absolument intimés; et, même
poùr la puissante Allemagne, la Russie
n'est pas une « quantité négligeable ».
La Gazette de l'Allemagne du Nord
fait en ce moment une campagne assez
Curieuse : elle s'efforce de prouver que,
comme M. de Bismarck l'a prétendu
à. la tribune, les catholiques du Centre
sont la cause du culturkampf, auquel:
le ^gouvernement allemand n'aurait
pâs songé sans* eux ; nous aurons à
revenir sur cette campagne, que nous
nous'bornons aujourd'hui à signaler.
Aï. Ribot, voulant- se distinguer, en
homme'modeste qui se sait digne d'o
vations plus sérieuses, des Trystram
et autres Riotteau, est arrivé hier à la
Chambre et, discrètement, a pris place"
àvant l'ouverture, de la séance. Quel
ques minutes plu? tard, il s'éclipsait
sans bruit, après avoir reçu,silencieu
sement; une douzaine de poignées de
imain. Nous allons donc revoir de nou-
•tèau le spectacle intéressant que nous
avons pu,- si souvent, contempler dans,
l'ancienne Chambre : M. Ribot, l'air
•digne, mais point à son aise, les bras
«croisés sut*, son, pupitre., comme pour
•défendre sa boîte â bulletins, l'œil
"fixant avec une attention soutenue la
.■belle tapisserie des Gôbelins qui s'é
tend derrière M. Floquet, s'abstenant,
peu conforme à;ses intérêts, restant à
sa'placé, "jusqu'au bout, afin qu'on ne
s'avisât pas de voter pour lui, et, le
lendemain, porté' au Journal officiel
« Qommë ayant été retenu à la com
mission du budget ». Voilà qui vous
«donne, bien vite une.haute iaée d'un
«caractère ! '
Peut-être M. Ribot né s'est-il éclipsé'
avec cet empressement que parce
qu'il redoutait,, n'étant pas encore
membre d'une seule commission,de se
trouver, dès le premier jour, en face
d'un scrutin dangereux. Il aurait pu
rester : la Chambre, en effet, n'a eu,
«dans la séance d'hier, à émettre aucun
-vote de cettë nature. Après une ques
tion de M. Borie au ministre dè l'inté
rieur, question qui nous a révélé, jus
qu'à l'évidence, que la ville de Tulle
est administrée d une façon bien ré
publicaine, c'est-à-dire fort malhon
nête, on s'est occupé du projet de loi
sur les béstiàùx. Ce nous est un devoir
de féliciter nos élus; ils ne nous ont
point fait languir; ils ont expédié leâ
bœufs plus rapidement que les' blés,
les Vaches plus rapidement que' les
avoines, les veaux et les moutons plus
rapidement que les riz et les.daris. Ils
ont voté vite, et, somme toute,; bien.
S'ils ont repoussé le droit de cinquante
francs que M, Bigotdemandait sur les
bœufs, ils ont adopté celui de trente-
huit francs que la commission propo
sait à la Chambre. Les vaches paye
ront vingt francs par tête. ^es_ veaux,
huit francs. Les moutons,, cinq- Un
autre amendement de M. Bigot, sou
tenu par son auteur et parM.cfe Saisy,
appuyé par M. Méline, combattu par
MM. Rouvier et le ministre^Locltroy,
et frappant les viandes fraîches d'un
droit de douze francs sur chaque cen
taine de kilogrammes, a réuni 270
voix contre 240. C'est M. Yves Guyot
qùi avait appelé le ministre Lockroy,
instamment, à la tribune. Celui-ci doit
quelque peu lui en vouloir.
Les amendements qui donnaient
une affectation spéciale aux bénéfices
que le Trésor retirera des taxesj ont
été, à là suite d'un court débat, provi
soirement abandonnés par leurs au
teurs. Ils ont promis de les reproduire
devant la prochaine commission du
budget, et M. Dauphin a; promis de
les combattre... s'il est encore là.
Pierre Veùillot.
Le Concordat
II (1) .
0bli8ati0ns réciproques de l'égcise et
î .■ de l'état
La commission dite du Concordat
votait naguère à peu près unanime
ment le principe de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat. Plus récemment,
désireuse d'en venir au fait prompte-
ment, elle discutait la question de la
mise en pratique du principe proposée
par M. Yves Guyot : ne pourrait-on
pas laisser aux communes le soin dé
commencer 'sans délai la séparation,
en leur remettant leur part du budget
des cultes, avec la liberté d'exonérer
de leur contribution à ce budget les ci
toyens qui exprimeraient leur volonté
de ne pas la payer? Chose étonnante !
"le bon sens a triomphé. C'est aussi
presque unanimement que Cette pro
position insensée à été rejetée ; et la
commission attend désormais, pour se
réunir de nouveau, qu'on soumette à
son examen une proposition plus rai-,
sonnabl'é. Elle attendra longtemps.
Néanmoins la thèse est adoptée ; lé"
principe est voté. Oh î s'il y avait seu
lement quelque 1 apparence que la dé
nonciation au Concordat ou la sup
pression du , budget des cultes dût
aboutir à la- ruine finale de l'Eglise, on
agirait sans hésitation : au risque de
devenir maîtresse dès * corps, des
biens, des âmes, de la pensée, de la
conscience de tous les' Français ;
au risque de se voir obligée de four
nir, à chaque législature nouvelle,
une nouvelle doctrine d'Etat, une
nouvelle - philosophie, une nouvelle
morale, en un mot d'imposer pé
riodiquement les décisions - d'une
infaillibilité périodiquement chan
geante, l'odieuse secte ne reculerait
pas devant un coup de fureur néro-
nienive à porter aux catholiques. Mais,
si l'Eglise,, après la rupture et la spo
liation, allait se trouver plus libre et
plus forte?... Voilà le douteterrible qui
produit l'hésitation.
La passion de la tyrannie ne permet
pas aux chefs de la franc-maçonnerie
de comprendre le grand principe qui
empêche l'Eglise de dénoncer,, la pre
mière, un traité violé à son .détriment;
dans presque toutes ses. stipulations,
ce principe si simple, si évident pour
tout homme loyal et de bon sens, que
la santé du corps* social dépend de l'u
nion et de'la bonne harmonie de tou
tes les forces sociales, par conséquent
de l'union et de la bonne harmonie des ;
deux autorités ecclésiastique et civile.
Et c'est l'Eglise, accusée d'aspirer à
la domination politique universelle-
pàr ceux qui voudraient la supplanter
pour réduire les âmes à la plus hon
teuse' servitude^ c'est l'Eglise qui,
seule, par des concessions chaque jour
renouvelées, travaille à conserver à la
France la concorde et la paix sociale.
Mais ses adversaires, malgré qu'ils
en aient, travaillent pour son triom
phe. Les dernières convulsions, provo
quées de nos jours par la folie révolu
tionnaire, finiront bien par instruire le
peuple sur la valeur de ceux qui l'ex
ploitent et lui inspireront peut-être,
sans trop tarder le regret de s'etre sous
trait à l'autorité maternelle et tuté-
laire de l'Eglise. L'histoire,éclairée par
les événements contemporains, par les
proscriptions, les spoliations, les per
sécutions et les avanies de tout genre
qui affligent aujourd'hui les catholi
ques, ne pourra pas ne pas attester la
longanimité, les condescendances in
finies de l'Eglise, sa tolérance presque
sans limites, son respect absolu pour
la liberté politique des peuples, en ra
contant comment, depuis cent ans,
depuis le Concordat et par, le 'Concor-
> (1) Voir l'Univers deg 10 et 12 janvier,;
dat'même, toute l'action politique de
cette Eglise consiste surtout à mainte
nir en France la paix religieuse et sor
cialè, au prix des plus généreux sacri
fices.
L'Eglise, nous croyons qu'il, est
temps de le proclamer, n'a absolument
qu'une seule raison ; de désirerlemain-
tien du Concordat et c'est la crainte
des maux que la séparation causerait :
à la France ; car, cette raison écartée,
quel intérêt peut engager le SouveT
rain-Pontife à conserver un pareil
traité? Il ne faut pas moins que 1 igno
rance ou l'effronterie des ennemis de
l'Eglise pour affirmer, comme on l'a
fait souvent, que le Concordat sacrifie
les droits de l'Etat à l'Eglise et favorise
les empiétements de. cetté dernière.
Si nous relisons, article, par article*
la solennelle convention de 1801, qu'y
trouvons-hous, sinon une série inin
terrompue de concessions et de sacri
fices consentis par l'Eglise au profit
de l'Etat, sans aucune compensation ?
En écrivant ces mots « saris aucuue
compensation », nous ne voulons pas
certes, comme le£ révoltés du schisme
anticoncordataire, renier la signature
et l'autorité du Souverain-Pontife,
sous prétexte^ que Pie VII sacrifia les
droits de l'Eglise à un pouvoir révolu
tionnaire ; nous ne voulons même pas
affirmer que le premier consul .ne fit
rien pour la religion; nous disons sim
plement que chaque article du Concor
dat impose à l'Eglise une concession,
souvent d'énormes sacrifices très clai
rement énoncés, tandis que le gou
vernement français, pour qui l'alliance
avec l'Eglise était une affaire de vie ou
de mort, ne sacrifie rien, ne concède,
rien, et ne reconnaît en somme que
des droits plus anciens que lui, évi
demment acquis, possédés depuis des
siècles, inaliénables et indestructibles,
et dont il espère d'ailleurs bénéficier
autant que la religion elle-même.
Cette vérité apparaît dès le préam
bule du traité :
Le gouvernement de la République fran
çaise reconnaît que la religion catholique*
apostolique- et romaine est la. religion de
la jjrande majorité des Français.
Sa Sainteté reconnaît également que cette
même religion a retiré et attend encore en
ce moment le plus grand bien et le plus
grand éclat de l'établissement du culte ca
tholique en France et de la profession par
ticulière qu'en font les consuls de la répu
blique.
Le Souverain-Pontife accomplit, dèa
ces premiers mots du traité,le plus pé^
nible sacrifice. Sous cette formule in
sidieuse : « Le gouvernement de la
; République française reconnaît, etc. »,
Bonaparte imposait la renonciation à ;
ce titre de religion d'Etat acquis à
l'Eglise: catholique depuis l'origine
même de la France et maintenu, dans
le cours des siècles, par le peuple fran
çais et par ses rois, souvent au prix de
guerres cruelles. On force le Pape a
reconnaître en apparence l'égalité po
litique de tous les cultes, et on lui ac
corde en retour la simple constatation
d'un fait : on reconnaît que la religion
: catholique est la religion de la grande
majorité des français. Ce que va per
dre l'Eglise, tout le monde le voit,
mais la concession faite par l'Etat, où
est-elle? ' '
Cependant n'exagérons rien. Le Pa
pe, pour le bien delà paix, voulut bien
ne pas exiger que le titre de religion
d'Etat fut donné dans le traité à l'E
glise catholique ; mais il ne faut pas en
conclure que, par cet acte de pure to
lérance, il consacra la théorie révolu
tionnaire du droit de conscience,de l'é
galité des religions et de la neutralité
de l'Etat. Nous voulons, à cette occa
sion, rectifier une interprétation, er
ronée à notre avis, mais assez répan
due, du texte concordataire.
« Cè préambule, dit M. Em. Ôllivier,
consacre l'abolition d'une religion do
minante et la sécularisation de l'E
tat» (2). «Cela est vrai, » ajoute M. l'ab-
béJoly (3), citant cette opinion de M.
Ollivier, « cela est vrai. Depuis bien des
siècles, le catholicisme était,en France,
la religion dominante, la religion de
l'Etat lui-même. Son culte était le
seul dont l'exercice public fût autorisé.
..-ti Or, cet ordre de choses venait de
disparaître avec la Révolution. Etait-il
désirable ou même possible de le réta
blir ?' A' Rome,on le pensait d'abord. »
Et de ce que le pape sé résigna, non
sans.une immense douleur.(les Mé
moires .deConsalvi en font foi)à accep
ter la.formule impérieusement exigée
par Bonaparte, M. Joly paraît admet
tre que Pie VII changea d'avis. Mais
aucun document n'autorise à le croire.
Et qui ne voit la différence qui existe
entre le silence du Concordat, toléré
par le Pape, et l'abolition solennelle
d'un droit ? D'ailleurs.les prétentions
de Bonaparte n'allaient pas jusque-là.
Il voulait surtout faire' accepter le
Concordat ; or, comme le disait
en son nom le négociateur Bernier:
« Le titre de religion dominante eût
« effrayé," irrité même une partie n'o-
« table de la nation française. Le gou-
« vernement ne pouvait pas non plus
« se déclarer constitu'tionnellement ca-
,« tholique; c'eût été outrepasser ses
« droits et ses attributions. » Ces der
niers mots ne se comprennent guère,
et Bernier va se réfuter lui-même:
« Il était plus sage, continue-t-il, d'ap-
« puyer le titre que l'on donnait à la
« religion surun fait constant et avéré.
, (2) L'Egliseet l'Etat, t.'I, p. 110.
(3) Etude juridique et historique sur le Concor-
« Or, ce fait est que la grande majo-
« rité des Français tieut au çàtholi-
« cisme et désire pouvoir, le professer
« sans-crainte et sans entraves. Par ce
«• titre, aussi simple que vrai, la reli-
« gion acquiert le droit à une protec-
« tion ouverte et spéciale, parce qu'un
« gouvernement représentatif doit se
« conformer au vœu de la majorité
« de ceux qu'il représente. Elle est
« même, en ce sens, la religion légale et
« dominante, parce que aans une ré-
publique organisée comme l'est au-
« jourd'hui la France, le fondement.
« de toutes.les lois est l'avis du plus
« garnd nombre, et le vœu dominant,
« celui de la majorité. »
Donc, le Pape consentit à ce que le
gouvernement français ne se déclarât
pas constitutionnellement catholique;
mais Bernier reconnut que .le catholi
cisme était la religion légale et domi
nante, au sens politique, ou par un fait
devenu le principe du droit moderne.
Sans doute, sous l'ancien régime, le
titre de religion dominante était donné
au catholicisme en: vertu de son origi-'
ne reconnue divine; mais que nous im
porte? Pour établir que Pie VII con
sacra l'abolition d'une religion domi
nante, il faudrait prouver non seule
ment qu'il renonça au titre, mais
qu'il reconnut que le gouvernement
français pourrait légitimement faire
des lois contraires à Ta religion.
Non, le Souverain-Pontife ne consa
cra pas le droit révolutionnaire au dé
triment des droits de Jésus-Christ.
Toute sa conduite témoigna, au con
traire, de la répugnance que lui inspi
rait le silenee prudent qu'on exigeait
de lui. Mais, même en réservant le
droit, Pie VII faisait un sacrifice con-
sidérabïe ; il savait bien que la Révo
lution reviendrait à la charge et qu'on
abuserait des réticences du Concordat;
il ne lui était pas difficile de prévoir
qu'après avoir refusé de reconnaître
publiquement le. droit souverain de
l'Eglise, on en pourrait venir jusqu'à
lui créer le privilège dont elle jouit
aujourd'hui d'être la seule religion
persécutée.
. Ainsi, dès le préambule du Concor
dat, les sacrifices commencent de la-
part du Pape; du côté de' l'Etat, au
cune compensation. li en sera ainsi
jusqu'à là fin.
J.-H. Gastàing.
. (A suivre)
Sous ce titre:« Ces bons.cléricaux »,
YÀction du citoyen Michelin donne la
version suivante d'un fait qui lui pa
raît abominable et que dénoncent avec
une même colère la Justice, Ylntransi-
geant et nous {ne savons quels autres
organés de la libre-pensée révolution
naire:
La commission administrative de l'hôpi-
tal-hospice de Saint-Germain-en-Laye vient
de laïciser cet établissement à la suite d'un
fait véritablement scandaleux, qui montre
à- quel point les cléricaux poussent l'achar
nement quand ils'agit de voler un cadavre.
Voici les faits :
Dans les salles militaires de l'hôpital se
trouvait un sous-oificier du 33' régiment
d'infanterie, nommé Gatellier,' atteint de
tuberculose pulmonaire. . .
Le l' r mars, ùn peu. avant la visite du
major, la sœur Angèle,jugeant ce sous-offi
cier très malade, prit sur elle d'envoyer
chercher un prêtre pour le confesser et
l'administrer ; l'aumônier étant souffrant
fut remplacé ' dans cette circonstance par
l'un des vicaires de la paroisse.
A l'arrivée du médecin-major, la sœur
Angèle; chargée du service, le pria de vou
loir bien changer l'ordre suivi habituelle?
ment dans sa visite, l'informant qu'un prê
tre-se> trouvait alors dans la salle Cagnyé
avec M. Gatellier.
Le médecin, accéda à ce désir, persuadé
que ce prêtre avait été demandé par le ma
lade. Quel ne fut pas son étonnement lors
que, avant d'entrer dans la salle, il vit la
tante du malade venir vers lui tout , émue,
et lui dire combien son neveu était peiné
d'avoir reçu la visite du prêtre, qu'il n'avait
pas réclamée.
En entrant dans cette salle, il fut témoin
de l'angoisse et du désespoir du malheu
reux phtisique chez qui, a force de soins et
d'encouragements, il avait; pu entretenir
l'espérance de la guérison, pour adoucir'
dans la mesure du possible ses derniers
moments. Frappé de ce changement, il; in
terrogea le malade et ses voisins, et apprit
que, dans le but d'amener le moribond à se
confesser, le prêtre avait cru devoir' lui
dire qu'il était très malade et n'avait plus
que peu de temps à vivre.
Ces paroles sont celles textuellement ré
pétées 'par le malade à M. le médecin-
major, et h plusieurs de ses camarades à
différentes reprises dans la journée.
Indigné de ce fait, le- médecin rendit
compte à ses chefs et demanda immédia
tement, que la sœur Angèle fût retirée du
service militâîre.
Par ordre du général Rapp, sur la propo
sition de M. le médecin-major, la consigne
suivante a été affichée dans les salles mili
taires :
. ' .. . ; : .consigne..
Les malades ont la liberté la plus absolue en
matière de religion. Tonte latitude est, donnée'à
ceux qui voudront-l'assistance du; prêtre; mais,
dans ce cas, le sous-oflicier de planton devra
toujours être prévenu et s'assurer que le malade
y a : donné son consentement.
Signé: Général Rapp.
La commission de l'hospice a délibéré
ensuite sur la situation de la sœur Angèle,
et. décide que, cette sœur ne sera employée
dans aucun des services civils, et, par suite,
renvoyée immédiatement de> l'hôpital, à
moins toutefois que le médecin-major n'ait
eu l'intention de ne l'exclure que temporai
rement de son service et qu'il consente à la
reprendre. •
Pour éviter que des faits semblables.se
produisent dans' ies services civils, la caa
mission, à l'unanimité, vote l'ordrè du jour-
suivant ...... ... ..
Un aumônier .étant spécialement attaché au,
sérvice de.l'hôpital, aucun auti'e prêtre Jie
* pourra pénétrer dans les salles de.majades, sans
une autorisation de l'administration de ser-
, v j oe _. ^ ...
Bravo ! , ,
Voilà une .bonne èt salutaire mèsùre, et
nous ne pouvons qu en féliciter hautement
l'es membres delà cotamission et le maire
de Saint-Germain, l'honorable M. de Mor-
tillet, quij en. maintes, circonstances, a su
donner aux réactionnaires de toute classe
de sages et justes leçons. .
Si ce récit est exact, il y a en effet
là un fait abominable, mais c'est à la
charge des libre-penseurs sichaude-
mènt félicités ^v YAction qu'il faut le
relévèr comme une indignité.
Comment, voilà un malheureux soK
dat sur le point de mourir, on l'avoue,
et le médecin-major ne s'occupe que
de le tromper sur son état en lui per
suadant qu il pourra guérir et en l'en-,
dormànt ainsi sur le péril de sa situa
tion! Quel est lé catholique digne de ce
nom qui ne protesterait avec indigna
tion. çontre une semblable superche
rie dont les conséquences, au point
de vue de l'âme, peuvent être si fatales
au malheureux volontairement induit
de la sorte en erreur sur son état!
On dit, à la vérité, que le soldat dont
il s'agit aurait témoigné à une tante
le déplaisir qu'il avait de la venue du
prêtre. Mais est-ce bien sûr ? Et d'ail
leurs sait-on quels eussent été ses
vrais sentiments si on ne. lui avait
pas laisser ignorer qu'il était en péril
de mort ? N'eût-il pas, alors, appelé de
tous ses vœux ce médecin de l'âme
qu'on a si bien appelé le consolateur
des mourants ? La religieuse qui a
fait la lumière dans son esprit lui a
donc rendu le plus grand service et
encore une fois,il n'est pas un catholi
que digne de ce nom qui, en pareille
circonstance, ne fut heureux de rece
voir une pareille marque d'intérêt et
n'en dût avoir une infinie reconnais
sance. Si lareligieuse doit être réduite
au rôle d'infirmière laïque, soignant
le corps vaille que vaille, sans jamais
s'adresser à l'âme d'où le corps mêmô
reçoit si souvent quelque soulagement
que devient son ministère déshonoré ?
Quant à la consigne dont on rap
porte le texte, elle se rattache au sys
tème général de laïcisation, des hôpi
taux et en prend le caractère. Nous
n'avons; à ce propos, qu'à rappeler ce
que disait naguères avec tant d'auto
rité le cardinal Guibert. Protestant
contre cette laïcisation, il dénonçait
les mesures pareilles à la consigne
susdite comme de véritables cruautés à
l'endroit des pauvres malades, réduits
le plus souvent à l'état de ne pouvoir
spontanément exprimer une volonté
qui pourtant est au fond de leurs
cœurs, et à laquelle ils sont heureux
d'adhérer si on la leur propose.
Entraver ce ministère de charité,
c'est prendre une responsabilité grave
et pour tout dire. se. rendre coupable
d'un véritable attentat, par la raison
qu'il faut selon ce que dit- Nôtre-Sei
gneur, craindre ceux qui s'attaquent
aux. âmes; bien plus que les assassins
des corps. Or, ce sont de véritables
meurtriers des âmes,' ceux qui font
ainsi la gàrde autour des malades pour
en interdire l'accès à quiconque auo
rait souci de leur rappeler le ciel et
les éternelles destinées.
Auguste Roussel .
Bien, tel est le titre d'un article que
M. Henry Maret consacre dans le Ra
dical à l'examen de la situation politi
que. La conclusion en est curieuse,
non moins que certaine anecdote où
M. Clémenceau est mis en cause. Voi
ci toute la fin de l'article :
Au mois de décembre, lorsque le minis
tère Freycinet renversé eut été remplacé
par le ministère Freycinet rapetissé, j'étais
d'avis qu'on ne devait pas laisser exécuter
ce ressemelage. On m'objecta les étrennes ;
et Pelletan me dit : « Bah! Nous pouvons
bien lui donner un mois ; nous le renverse
rons .à la rentrée. », — « Il vaudrait mieux,
disais-je, ne pas le laisser se former. »
Un mois'après, à larentrée, on eut l'af
faire des fonds secrets. « Nous ne pouvons
pas, dit Clémenceau, renverser ce minis
tère au début ; on dirait que nous passons
notre temps à créer des crises (c!était bien
cffque j'avais prévu); donnons-lui, vaille
que vaille, son budget de 87,, et par consé
quent faisons-lui un crédit de deux moi*. »
— « Ce n'est pas, répondaisrje, un crédit de
deux mois, mais un crédit d'un an que vous
allez lui faire, attendu que la Chambre ne
discutera pas le nouveau budget avant un
an. ■■■■■ ■■-■■■.' -r ■■ ■ ■- \
Les choses se passent comme je les avais
{irévues. Pour sauver les apparences, on a >
aissé se constituer et on laisse durer un ca
binet, chargé de la plus grosse besogne que
jamais mmistrès aient eu à accomplir, et ;
qui, de l'aveu général, est composé, dans les '
principaux ministères, d'hommes manifeste
ment inférieurs à la tàche qu'ils' oht assumée.
Les éouries: d'Augias ont besoin d'un Herr
cule;' on^prend Jeanneton: et son plu
meau. ■
Or, voulez-vous que. je vous dise ce qui
va se passer, maintenant ?' Exactement ce
qui s'est passéTannée dernière, où. un mi
nistère, d'ailleurs moins bouffon, avait* fait
des promesses analogues. La commission
du budget sera aussi impuissante et ne
pourra avoir des intentions meilleures; car
les intentions de l'ancienne étaient exceilen-,
tes. Je me souviens que nous avions tous-
été nommés avec la mission de réduire les;
dépenses et do n'accepter aucun nouvel;
impôt.
A peine assis dans lé bureau, nous nous;
sommes, mis à la- besogne avec un désir,
- incère d'aboutir. Et pujs les discussions!
se spnt éternisées ; chaque rapporteur s'est
mis à défendre son .budget ; l'organisation
et Je mode dé travail étant,défectueux, peu
â peu les volontés së sbnt amollies, l'ob.sçu-
rite s'est faité, il â fallu faire droit aux ré--
clamations de celui-ci' ét dé celui-là. ; on se
serait peut-être entendu pour détruire, mais
il était impossible de s'entendre pour orga
niser, car une commission ri organisera ja
mais rien; toutes les, branches auxquelles,
on se.raccrochait se brisaient sous la main;
finalement on est arrivé devant la Cham
bre avec un tas d'à-peu-près ; la Chambre
s'est fâchée à son tour, elle a démoli au.
hasard pour tout rétablir .ensuite; et Gros-
Jean comme devant.
Eh bien! cette année; ce sera pis. Oh
s'entendra moins encore : la critique étant
aisée, tout le monde critiquera; mais l'art
étant difficile, on ne saura rien remplacer.
Toutes les fameuses aptitudes, dont je par
lais' l'autre jour, se contrecarreront, et nous
nous retrouverons en automne tout aussi
àvancés qu'au printemps.
Le résultat de toutes ces défaillances, dg'
tous ces atermoiements, de ■ioutes ces f'ai-
blesses, sera comme toujours : , ; ; '
Rien, rien, rien. — Henry Maret.
M. Henry Maret est un républicain
qui a ses moments de franchise. C'est
pourquoi ses aveux sont précieux à
recueillir.
La Semaine religieuse de Besançon
publie la note suivante :
Le Nouvelliste de Lyon a publié dans un
de ses derniers numéros le récit d'une pré
tendue conversation qu'aurait eue avec un
de ses rédacteurs Mgr l'archevêque de Be
sançon. ;
Nous sommes priés de déclarer que Mgr
Foulon n'à autorisé qui que ce soit à rap-:
porter comme venant de lui aucune des pa*
rôles qui lui sont prêtées et qui sont, du
reste, toutes relatives à des bruits colportés
depuis longtemps par d'autres journaux. ,
En outre, le récit du Nouvelliste contient
de graves et.nombreuses inexactitudes.
La conversation prêtée à Mgr Foulon
par le Nouvelliste de Lyon se rapportait,
pour la plus grande partie, à la ques
tion des évêchés de France vacants.
C'est pourquoi nous nous sommes
abstenus de la reproduire, Y Univers
ayant pour règle, en cette matière
particulièrement grave, de ne point
parler des nominations avant qu elles
aient été officiellement rendues publi
ques.
P. S.. — Voici textuellement la let
tre adressée par Mgr Foulon, au Noih
velliste de Lyon : ■ .
Rome, le 18 mars 1887.
Monsieur,
Je reçois do Paris le numéro du Nouvel-
velliste de Lyon du 12 mars, qui contient un
article où l'on veut bien s'occuper de moi.
Permettez-moi de vous exprimer le profond
étonnement qu'il me cause. On m'y prête
des sentiments et des appréciations contra
lesquels je proteste hautement, et je le fais
en regrettant que votre excellent journal
ait cru devoir accorder sa grande publicité
à des informations de cette nature.
Agréez, monsieur, l'assurance de ma con*
sidération très distinguée.
f Joseph , archevêque de Besançon.
On lit dans, le Nord, organe officieux
de la chancellerie russe..:
La paix actuelle, en somme, nous' paraît
solide parce qu'ellé reposé sur l'équilibre
des forces et des tendances adverses, en
même temps que sur la volonté des gou>
vernements et l'adhésion des, peuples. Ce
n'est pas sans aucun doute une ère nou
velle qui s'ouvre ; ce n'est pas l'Europe sé
transformant en une nouvelle Saleritè, vouée'
au culte des sentiments et des arts humani
taires ; mais si l'Europe demeure ce qu'elle
était, à savoir une grande caserne, -c'est
du moins une caserne où les armes sont
au repos — pour longtemps assure-t-on
et c'est déjà quelque chose ! ;
Depuis quelque temps certaines feuilles
allemandes, telles que le. Gazette de Colar
gne, \s. Neue freie Presse, pour ne citer que
celles-ci, se complaisent à revenir avec une
persistance .singulièrement opiniâtre sur. des
tentatives A'aUiance entre la Russie et la
France qui se seraient itérativement repro
duites à Paris. Nous aurions cru faire in
jure à la sagacité de nos lecteurss en ' les
mettant en garde contre de pareilles ma
nœuvres de plume, et nous nous'soucions
encore moins de remonter à leur source.
Mais puisqu'il ne suffit point, paratt-il, de
leur opposer le silence du dédain, nous
n'hésitons pas à déclarer que nous sommes
parfaitement en mesure de leur infliger le
démenti le plus formel et le plus autorisé!
Sapienti sat.
Lettres de Berlin
Berlin, 23'mars.,
Le fait suivant, communiqué par la Ga
zette de Silésie (Schlesische Volkszeitung)',
nous donne un avant-goût du traitement
qui attend les catholiques sous le régime
absolu de la notification préalable. Un curé
de Silésie, ecclésiastique' très zélé, qui,
après avoir occupé pendant vingt ans un
bénéfice de patronage royal, sollicitait une
autre cure, placée sous'le même patronage,
mais entraînant moins de fatigues, n'a pas
été recommandé par le landrath au prési
dent de la province, tout simplement parce
que les élections dans, sa paroisse ont
donné de mauvais résultats, l'adversaire
du Centre n'y ayant obtenu que quelques
.voix.
Le scrutin pour le Reichstag étant secret,
il est impossible desavoir au juste comment
le curé lui-même a voté ; mais on sait seu
lement que beaucoup de ses paroissiens
( ont donné leurs voix au. candidat du Centre ;
le curé a donc omis, d'agir contre le can
didat du Centre. Et c'est à cause de cette
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