Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1870-02-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1870 21 février 1870
Description : 1870/02/21 (Numéro 1022). 1870/02/21 (Numéro 1022).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
M. Ropers, chanoine honoraire de
Saint-Brieuo, curé de La Roche
Derrien -
Voilà bO ans que j'ai eu la
grâce de recevoir la prêtrise :
j'ai toujours cru et enseigné l'in
faillibilité du Souverain, Pontife
parlant ex cathedra. Quel ne sera
pas mon bonheur, avant de mou
rir, d'être confirmé dans ma foi
par celui à qui Jésus-Christ a
dit : Pasce oves meas, pasu: agnos
meos, confirma fratres tuos
Au Pape infaillible 25
M.Joseph Périgeois,curé de Mon-
treuil-Bellay (Maine-et-Loire)
Mitte eis, Domine, auxilium de
Sancto, et de Sion tuere eos 10
Mlle Anna de Chevigné de Mon-
treuil-Bellay 33
Une pauvre servante, Véronique
Coutoleau, de la même paroisse i
Total général
164,915 50
Un curé doyen du diocèse de Mon-
tauban nous écrit :
Je vous dirai 'qu'aucun de mes confrères
diocésains n'a été gratifié de l'envoi du pam
phlet Gratry. II faut que le clergé de Mon-
tauban soit bien mal noté en certains lieux :
Mgr Doney nous en avait déjà prévenus avant
son départ pour Rome. Que nous avons droit
d'être fiers de cette particularité, que les en
nemis de l'Eglise regardent notre attache
ment à la chaire de Saint-Pierre si inviola
ble, que la tentation ne leur vient même pas
de chercher à l'entraîner!
Gn n'imagine pas, à moins de les
lire, les bévues risibles que les jour
naux de la libre-pensée servent à leurs
lecteurs, lorsqu'il se mêlent de parler-
religion. Voici ce qu'on lit dans le
Rappel:
On ne sera peut-être pas fâché de savoir com
bien de personnes des deux sexes ont été ca
nonisées par Pie IX ?
Cinquante-deux.
Ses prédécesseurs n'en avaient canonisé, à
eux tous, que cent quinze.
Mais à ceux qui lui reprocheraient d'abuser
un peu du droit qu'il a de béatifier (que les
compositeurs n'aillent pas oublier l'a), le
Saint-Père peut répondre qu'il a encore moins
canonisé que canonné.
Vous entendez bien ! à eux tous , , les
prédécesseurs de Pie IX n'ont cano
nisé que cent quinze bienheureux !
Quant aux canonisations qui ont été
faites par Pie IX, nous ajouterons à la
stupéfaction du Rappel, en lui apprenant
* que le chiffre en est bien supérieur à
cinquande-deux.
S. Desquers.
Nouvelles politiques
Par décret inséré au Journal officiel , la
chambre de jugement de la haute cour de
justice est convoquée pour le lundi 21 mars
1870, à onze heures du matin, au palais de
justice de la ville de Tours, département
d'Indre-et-Loire. *
M. le conseiller Glandaz présidera la haute
cour de jugement. Les fonctions de procu
reur général près la haute cour seront rem
plies par M. Grandperret, procureur géné
ral près la cour impériale de Paris, assisté
de M. Bergognié, son substitut.
Dans les dix jours qui suivront la publica
tion du présent décret au Journal officiel , le
tirage au sort des jurés de la haute cour sera
effectué conformément à l'article 15 du séna-
tus-consulte du 10 juillet 1852, et ilsera pro
cédé aux convocations et aux débats suivant
les formes prescrites par la loi.
Un autre décret, contresigné Maurice Ri
chard, porte de 25 à 30 ans la limite d'âge
pour le concours des prix de Rome, ouvert à
tous les artistes français ou naturalisés fran
çais.
Par décret en date du 19 février 1870, ren
du sur la proposition de l'amiral ministre de
la marine et des colonies, M. Menche de
Loisne (Charles-Louis-Constant), préfet, a été
nommé gouverneur de la Martinique, en
remplacement de M. Bertier, nommé maître
des requêtes de première classe au Conseil
d'Etat. _
Par décret en date du 19 février 1870,
rendu sur la proposition de l'amiral ministre
de la marine et des colonies, M. Couturier
(Marie-Gabriel), directeur de l'intérieur à la
Martinique, a été nommé gouverneur de la
Guadeloupé et dépendances, en remplacement
de M. de Lormel, nommé gouverneur de la
Réunion. .
On sait que le centre gauche et le. centre
droit se sont réunis, chacun de leur côté,
vendredi soir. Voici l'ordre du jour que le
centre gauche a décidé de proposer lundi à la
Chambre :
« Le Corps législatif,
« Gonvaincu qu'il est du plus grand inté
rêt pour le pays que le régime nouveau s'af
firme de plus en plus par des actes et qu'il
tranche nettement avec le passé;
« Confiant dans les déclarations formelles
du ministère et dans ses promesses;
« Comptant spécialement sur la complète
réalisation du double programme auquel il a
adhéré, passe à l'ordre du jour. »
Au centre droit, on a surtout demandé des
explications à M. Emile Ollivier, présent. Ces
explicatipns données, le centre droit a résolû
de voter l'ordre du jour pur et simple sur
l'interpellation de M. Jules Favre.
Le Parlement rapporte la substance de cer
taines paroles prononcées par M. le garde
des sceaux dans cette réunion.
Les voici :
Une douzaine de journalistes, embusqués dans
les colonnes de quelques feuilles, sont ge.uls à
demander la dissolution de la Chambre.
Ils désirent la dissolution pour arriver au Pa
lais-Bourbon.
Nous regrettons fort d'être privés des lumiè
res de ces messieurs'(M. Emile Ollivier prononce
ces paroles en riant); mais, pour leur être agréa
bles, nous ne pouvons, ne d&vons ét ne vou
lons nous priver de la Chambre actuelle dont la
majorité est unie au gouvernement.
Quant à moi, messieurs, je suis né de la ma-
jorité, je désire vivre d'elle et mourir avec
elle.
Nous croyons.que M. Ollivier ne recueil
lera pas, pour ces paroles, les compliments de
M. Gucheval, de la Presse.
'rice Richard et Louvet sont venus à la réu
nion.
Avant l'arrivée des ministres, on a discuté
sommairement la question des maires, qui
est, dit-on, à l'étude dans les régions gouver
nementales. La réunion a paru d'avis qu'il
fallait • s'en tenir au programme du centre
droit, c'est-à-dire au choix obligatoire des
maires dans les conseils municipaux, jus
qu'après l'étude du système de décentralisa
tion.
M. Emile Ollivier a pris ensuite la parole
avec son talent accoutumé. Il a affirmé la so
lidarité entre tous les ministres qui, entrés
ensemble, ss retireront ensemble. Ensuite il
a écarté, au nom du cabinet, toute pensée de
dissolution.
MM. de Leusse, Vendre, Clément Duver-
nois et Aylies ont présenté ensuite quelques
observations, qui ont amené M. le garde
des sceaux à répéter ses premières déclara
tion.
Le président, M. le duc d'Albuléra, a alors
affirmé, au nom de la réunion, que le cabinet
aurait l'appui du centre droit dans les débats
qui vont s'ouvrir lundi.
Le Peuple ajoute quelques détails. Quatre-
vingts ou quatre-vingt-dix députés assistaient
à cette réunion. MM. Emile OUivier, Mau-
léiégrapliie privée
Notre correspondant particulier nous télégra
phie de la frontière romaine :
Rome, 18 février.
Dans l'espoir d'étouffer les germes de la scis
sion au sein de la communauté arménienne ca
tholique, le Pape envoie à Constantinople Mgr
Pluym avec des pouvoirs spéciaux.
Sternberg, 19 février.
Hier, a eu lieu ici l'ouverture de la session de.
la Diète mecklembourgeoisc.
La présidence ( directoriuni) a fait savoir à la
Chambre que la proposition de MM. Manicke et
Duggenkoppel, relative à la remise en vigueur
de la Constitution de 1869, avait été repoussée
par elle comme étant inconstitutionnelle. (Un-
geeignet.)
Madrid, 19 février.
L'Impartial dit que l'agitation carliste aug
mente principalement dans les provinces du
Nord. Déjà plusieurs chefs auraient quitté le
territoire français. — Les journaux absolutistes
pnblient une lettre par laquelle le général Ca
brera remercié ses électeurs.
Les journaux montpensiéristes publient une
lettre adressée par le duc de Montpensier à MM.
Campo-Sagrado et Mendez-Vigo, exprimant ses
remerciements aux électéurs des Asturies. Le
duc déclare dans cette lettre que l'Espagne est
aujourd'hui, par tradition, par adoption et par
affection, son unique patrie.
Florence, 19 février.
Le roi, avec le prince Humbert, est parti ce
matin pour Naples, accompagné des ministres
des affaires étrangères et de la marine.
Madrid, 19 février.
LesCortès se sont constituées en comité secret
à l'effet de discuter les affaires intérieures.
New-York, 18 février.
On mande du Mexique que les troupes de
Juarez, sous les ordres d'Escobedo, se sont reti
rées sur Guanajuato, le 7 février, devant les in
surgés, qui ont poursuivi leur marche en avant
en nombre supérieur.
Berlin, 19 février.
Séance du roichstag. — Répondant à l'inter
pellation de MM; Wiggers et consorts, M. Del-'
bruck, ministre d'Etat, dit que la convocation
de la dette mecklenbourgeoise a eu lieu alors
que le jour de la convocation du Reichstag n'é
tait pas encore fixé.
M. Delbruck ajoute que l'ajournement de la
convocation de la Diète mecklembourgeoise n'a
pas été possible, à raison du système de vote de
l'impôt qui est en vigueur dans ce pays.'.
Le traité de juridiction avec Bade est adopté
sans débat en première lecture.
La loi relative aux pensions des soldats ayant
appartenu à l'ancienne armée du Sleswig-Hols-
t'ein, est également adoptée sans discussion.
■ Bucharest, 19 février.
Mf Ç. A. Rosetti, dont l'élection de député a
été vérifiée par la Chambre, ayant été invité par
écrit par le président de prendre part aux tra
vaux de l'assemblée, lui a notifié aujourd'hui sa
démission par une lettre très insultante pour
l'assemblée.
Le bureau a été d'avis de ne pas donner lec
ture de cette lettre ; mais sur l'insistance de M.
G. J. Bratiano, la Chambre en a autorisé la lec
ture. _ . -
Cet incident a occasionné des débats très ora
geux, à la suite desquels sept député de la gau
che se sont retirés du sein de l'Asseml:
l'Assemblée.
(Agence Havas.)
Nous rendrons compte prochaine
ment d'une tragédie de M. l'abbé
Charpentier sur Jeanne d'Arc. En at
tendant, nous sommes heureux de re
produire ce qu'en dit une correspon
dance adressée à plusieurs journaux
de province :
Jeanne d'Arc conserve le privilège de ten
ter l'inspiration des poètes. M. l'abbé Char
pentier, directeur au collège Saint-Bertin à
baint-Omor, a consacré ses loisirs à composer
une tragédie sur Jeanne d'Arc. Dans cette
composition, éditée chez Palmé, oij retrouve,
la forte étoffe de nos vers français du dix-
septième siècle. Il y règne un souffle reli
gieux et patriotique qui n'inspire guère nos
poètes. C'est une pensée heureuse de couron
ner notre douce et chaste héroïne, quand nos
adversaires coulent la statue de son flétris—
seur. Vous respirez dans cette lecture un peu
du parfum de notre aimable antiquité na-
tiquité nationale ; vous découvrez un reflet
de ces rayonnements divins dont les saintes
du ciel avaient embelli le front de Jeanne.
Elle est douce comme une apparition céleste
au milieu des agitations tumultueuses de la
terre :
Du Christ, ami des Francs, je suis la messagère.
Mais, pour les Anglais, c'est autre chose :
Qui je suis? Nommez-moi la verge expiatrice
Dont il veut fustiger l'orgueil et l'injustice.
A cet œuvre fatal mon bras est consacré;
Vous- sortirez de France, ou de force ou de gré.
Le lecteur ne manquera non plus de re
marquer la scène septième du troisième acte,
et surtout la charmante scène qui le termine.
N'est-ce pas là le vrai Charles d'Orléans, et
ne croirait-on pas entendre un écho de ses
douces et dolentes complaintes ?
Messieurs les professeurs chargés des cours
libres, qui sont donnés tous les soirs, à huit
heures un quart, rue Bonaparte, 108, squs le
patronage de la Société d'éducation et d'en
seignement. traiteront spécialement dans les
leçons de la semaine prochaine, les sujets
suivants :
Lundi, 21 lévrier, à 8 h. 1/4. — Cours" de
littérature contemporaine. — M. l'abbé De-
mimuid. — Le génie du christianisme.
Mardi 22, à 8 h. 1 /-î. — De la conquête et
de la colonisation de l'Algérie.— M. Broutta.
Mercredi 23, à 8 h. 1/4. — Cours de bo
tanique. — M. le docteur Fournier. — La
respiration des plantes. :
Vendredi 25, à 8 1/4. — Conférence sur
l 'art de l 'éducation. — Le R. P.. Captier.
Samedi, 26 février, à 8 h. 1/4.— Coursde
géologie. — M. Baylq.
Nous rappelons en même temp„s à nos lec
teurs que M. de Lapparent, de l'Institut,
donnera dans le même local, rue Bonaparte,
108, le jeudi 24 février, à huit heures un
quart, sous le patronage de la Société d'édu
cation et d'enseignement, une conférence sur
Les rapports de la géologie et de la géographie.
On peut se procurer des cartes d'entrée
pour ces cours et conférences, soit au siège
de la Société, rue de Grenelle-Saint-Ger-
main, 82, soit rue Bonaparte, 108.
NOUVELLES DIVERSES
Par décret en date du 19 février, sont nom
més :
Conseiller à la cour impériale de Nancy, M.
Dumont, en remplacement de M. Degoutin, ad
mis sur sa demande à faire valoir ses droits à
la retraite et nommé conseiller honoraire.
Président du tribunal de première instance de
Bar-le-Duc (Meuse), M. Forjonnel.
Procureur impérial près le tribunal de pre
mière instance de Bar-le-Duc (Meuse), M. Be-
noist.
Procureur impérial près le tribunal de pre
mière instance do Neufchâteau (Vosges), M. Ma
delin.
Substitut du procureur impérial près le tri
bunal de première instance de Lunéville (Meur-
the), M. Robinet de Cléry.
Substitut du procureur impéri ni près le tri
bunal de première instance de Rcmiremont
(Vosges), M. Mathieu de Vienne. v
Jugé au tribunal de première instance do Ve-
soul (Haute-Saône), M. Dubois de Meyrignac,
en remplacement île M. Bardenet, admis à faire
valoir ses droits à la retraite et nommé juge
honoraire..
Juge au tribunal de première instance de
Lure (Haute-Saône), M. Griffond.
Juge au tribunal de première instance de Pa-
miers (Ariége), M. Pauly, en remplacement de
M. Pauly, admis à faire valoir ses droits à la
retraite et nommé juge honoraire.
Substitut du procureur impérial près le.tri
bunal de première instance de Corte (Corse), M.
Murati, en remplacement de M. Gail'ori, démis
sionnaire.
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance de Toulouse (Haute-Garonne), M. Gi-
zolme. • ~ -
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance d'Angers (Maine-et-Loire), M. Hilaire. _
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance' de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), M.
Sersiron.
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance de Mayenne (Mayenne), M. Baillergeau.
— Le Journal officiel publie les nominations de
présidents, de juges et de suppléants près dif
férents tribunaux de commerce.
— Par décret en date du 19 février, sont nom
més juges de paix des cantons suivants : de Fu-
may (Ardennes), M. Bertrand ; d'Aunay (Calva
dos), M. Touchard; de Barneville (Manche), M-
Gournay ; d'Orchies (Nord), M. Olivier ; d'Heu-
chin (Pas-de-Calais), M. Braure.
Et suppléants des juges de paix des cantons
suivants :
De Neuilly-Saint-Front (Aisne), M. Girbè ; de
la Palisse (Allier), M. Dessert; de Courçon (Cha
rente-Inférieure), M. Charrier; de Roanne (Loi
re), M. Veilleux; deBleymard (Lozère), M. Rou-
vière; de Langogne (Lozère), M. Rodier; de
Sompuits (Marne), M. Girardin; de Neuville-
sur-Saône (Rhône), M. Juron ; d'Yvetot (Seine-
Inférieure), M. Jouvin ; de Sainte-Hermine (Ven
dée), M. Guinaudeau ; de la Motte-Servolex (Sa
voie), M. Lapperrière; d'Evian (Haute-Savoie),
M. Andrier; de Batna (Algérie), M. Campin.
— Par décret, en date du 17 février, la société
anonyme existant à Nice sous la dénomination
de Société anonyme pour l'éclairage et le chauf
fage par le gaz, à Nice, est autorisée à se trans
former en société anonyme, dans les termes de
la loi du 24 juillet 1867.
— Par décret en date du 17 février, l'Empe
reur a nommé chevalier de l'ordre impérial de
la Légion d'honneur M. de Galard-Brassac de
Béarn, ex-capitaine d'état-major.
— Par décret en date du 19 février, M. Danos,
chef de Bataillon au 1 er régiment d'infanterie de
la marine, a été promu au grade de lieutenant-
colonel, en remplacement de M. Millet, décédé.
— Par décret en date du 19 février, MM. Da-
ban, capitaine au long cour, directeur de la
compagnie des Hirondelles ;
Heyrim, directeur de la Compagnie des ba
teaux à vapeur du bas de la rivière ;
Alis, syndic des pilotes;
Ont été nommés chevaliers de l'ordre impérial
de la Légion d'honneur, pour le courage et le
dévouement dont ils ont ,fait preuve pendant
l'incendie du port de Bordeaux, dans la nuit du
28 au 29 septembre 1869.
— Par décret en date du 15 février, M. le
marquis de Massa a été nommé écuyerde l'Em
pereur.
— Par décision en date du 19 février, l'amiral
ministre de la marine et des colonies a décerné
quinze médailles d'honneur en or et vingt-cinq
médailles d'argent aux personnes qni ont coopé
ré aux actes de sauvetage accomplis pendant
l'incendie du port de Bordeaux, dans la nuit du
28 au 29 septembre 1869.
L o Journal officiel publie la liste des négociants
et industriels français qui ont obtenu des.récom-
penses à l'Exposition internationale d'Altona.
En résumé, la France a eu :
1 médaille d'or unique à l'industrie française,
24 exposants hors concours, 33 diplômes d'hon
neur, 42 rappels de médailles d'or, 8 médailles
d'or, 111 médailles d'argent, 121 médailles de
bronze, 46 mentions honorables.
L'Exposition internationale d'Altona, en 1869,
comptait 3,600 exposants, industriels et agrico-
les, de tout pays.
La France y figurait pour 614 exposants, qui
ont obtenu 362 récompensés,
.— Le journal la Marseillaise a 'reçu hier une
nouvelle citation à comparaître, le samedi 19 fé
vrier, devant la 7° chambre, à l'occasion d'un
article intitulé : « Un refus d'impôt », et signé
Antonin Duhost et publié dans le numéro
d'hier. ;
MM. Barberet, gérant, et Dubosi, secrétaire-
rédacteur, sont prévenus du délit d'apologie de
faits qualifiés crimes ou délits par la loi pénale
et d'excitation à la désobéissance aux lois.
— S'il faut en croire le Figaro, le ministre de
l'intérieur et la préfecture de police auraient
ajouté une rente de 800 fr. à celle de 600 fr. que
l'Empereur avait déjà constituée à* la veuve
Mourot,
— La réunion extraordinaire du conseil géné
ral de l'Oise, qui devait avoir lieu le" 21 février,
est remise au 28 du même mois.
— L'Académie des sciences morales et politi
ques, dans sa séance du 19 février, jugeant le
concours ouvert par elle sur cette question :
« Etude sur les états généraux de France, consi
dérés au point de vue de leur influence positive
sur le gouvernement, » a décerné le prix de la
valeur de 2,500 fr. à M. Georges Picot, juge sup
pléant au tribunal de la Seine, pour son mé
moire inscrit sous le n° 3.
" Dans té mêmë concours, deux seconds prix ont
été décernés :
L'un, de 1,500 fr., à M. Arthur Desjardins
docteur ès lettres et en droit, premier avocat gé
néral près la cour d'Aix, pour son mémoire ins
crit sous le n° 1 ;
L'autre- de 1.200 fr., à M. D.-L. Gilbert, pour
son mémoire inscrit sous le n° 4.
Une mention honorable a été accordée au mé
moire inscrit sous le n° 2, et portant pour épi
graphe : Déposait potentes de sede et exaltavit ku-
mrlcs!
l e billet cacheté joint à ce mémoire ne sera
ouvert que si l'auteur en fait la demande ex
presse à l'Académie.
—Samedi de la semaine dernière, dit le Pdit-
Marseillais, le commandant do la frégate la G...,
qui se trouve en ce moment dans le port de Tou
lon, lit venir dans sachambre un quartier-maître
mécanicien et lui tint à peu près ce langage ren
versant :
— Monsieur, je suis heureux d'être le premier
à vous annoncer une bonne nouvelle.
Surprise du quartier-maître, qui s'attend à re
cevoir de l'avancement.
— Voici, ajoute le commandant enVlui présen
tent un pli volumineux, des papiers que je suis
chargé de vous remettre, et qui établissent votre
titre de duc et une fortuné de dénia ^millions cinq
cents mille francs. _
■ Le quartier-maître mécanicien était presque
fou de joie. Il s 'empara des papiers et s'empres
sa d'aller aussitôt l'aire part à ses camarades de
sa nouvelle fortune.
On nous assure que quelques heurt s après, il
se faisait avancer, par un banquier de Toulon ,
une somme de 20,000 fr., dont 10,000 furent im
médiatement versés pour être rbmis à celui qui
devait le remplacer pendant les quatre ans de
service qu'il avait encore à faire, il donna éga
lement un billet do mille francs au vaguemestre
qui avait été chercher à la poste la précieuse
lettre.
Ce n'est point une histoire inventée à plaisir,
car nous sommes en mesure d'en garantir la
parfaite exactitude.
— Le 11 courant a eu lieu à Londres, dans les
salons de Saint-James-Hall, la joûte de billard
entre deux joueurs célèbres. Roberts, qui depuis
vingt ans est le champion de ce noble jeu, n'a
vait jamais été battu par personne. Il s'est pré
senté-un rival pour lui disputer la palme. C'est
un jeune homme nommé Cook, qui depuis quel
que temps s'est fait connaître par une habileté
prodigieuse et se disait supérieur à tous les plus
forts amateurs de Londres. La partie était en
1,200 points; la salle était comble, le prince cle
Galles et plusieurs personnages de distinction
assistaient à cette lutte intéressante. Le jeune
Cook a gagné de 117 points. Le jeu a duré cinq
heures. ' ( Correspond. Bullier.)
— On lit dans Paris-Journal:
Le chef de l'importante maison de banque
Mussart, Andeoud et Cie, M. Mussart, vient do
mourir de la façon la plus malheureuse et la
plus imprévue.
Un éclat de bois était' tombé" dans un verre
placé auprès de son lit.
Dans la nuit, M. Mussart avala le contenu de
ce verre. L'éclat do bois, pénétrant' dans les in
testins, amena une perforation. La gangrène at
taqua la plaie, et la mort s'ensuivit presque im
médiatement.
M. Mussart n'était âgé que de cinquante-cinq
— M. Aliin, avocat à la cour de Paris, ancien
préfét du Jura, vient de mourir.
On annonce la mort récente de Mme la
baronne de Frémiot, née 1 comtesse de Dur-
fort.
Mme la baronne de Erémiot était, par son
mari, petite-nièce de sainte Frémiot de Chantai,
amie de saint François de Sales. Elle avait épou
sé, en premières noces, le maréchal marquis de
Beurnonville, ancien ambassadeur en Espagne,
ministre de la guerre et pair do France,
87 ans.
— On va placer des statues supportant, des
candélabres aux quatre angles du pont d'Arcole,
qui conduit, comme on le sait, de la place de
l'Hôtel-de-Ville à Notre-Dame.
Pour les nouvelles diverses , S. Desquers.
Avis «Uïcr»
C'est dans les bureaux du Petit Moniteur finan
cier, 66, rue de Lafayette, qu'il faut s'adresser
pour souscrire aux Obligations hypothécaires de la
Société métallurgique' de la Vienne. Ces obliga
tions, remboursables à 400 francs, sont émises à
235 francs et rapportent la francs d'intérêt. Le
premier versement n'est que de 50 francs; les
autres versements sont échelonnésjusqu'en mars
1871. Ces obligations constituent un placement
de tout repos, dont l'intérêt, amortissement com
pris, dépasse 8 p. 100.
Le Moniteur des Tirages financiers s'est depuis
longtemps fait accepter comme l'autorité la plus
compétente en matière financière. Aussi exact
dans ses renseignements qu'impartial dans ses
appréciations, il est devenu indispensable à la
fois le plus complet de tous les tirages et au ca
pitaliste qui cherche à employer ses fonds avec
profit et sécurité.
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE PARIS
(6 e chambre)
Audience du 16 février
Présidence de M. Brunet
affaire vkain-lucas. — escroqueries et abus
de confiance au préjudice de m. michel
chasles, membre de l'institut. — vente d'au-
tograpi1es faux.
Tous les journaux ont parlé d'une discussion
élevée dans lg sein de l'Académie des sciences,
à l'occasion d'une communication faite par l'un
de ses membres, M. Michel Chasles.
M. Michel Cliasles avait annoncé qu'il était
possesseur d'un grand nombre d'autographes,
parmi lesquels des lettres de Pascal, dont le
texte tendait à dépouiller Newton de son plus
beau titre de gloire, la découverte des lois de
l'attraction.
La discussion se prolongeait depuis deux ans;
elle ne s'était pas concentrée dans lo sein de l'A
cadémie; elle était devenue européenne ; les sa
vants de toutes les nations prenaient parti pour
ou contre, et on ne sait quelle solution serait
intervenue, si un beau jour n'avait éclaté un
fait des plus étranges et des plus imprévus, à
savoir : que les prétendues lettres autographes
produites par M. Michel Chasles étaient l'œuvre
d'un faussaire, d'un homme obscur, d'un sieur
Vrain-Lucas, qui, pendant une longue période
de temps, avait vendu à M. Michel Chasles de
faux autographes, de faux manuscrits, en nom
bre immense, plus de vingt-sept mille pièces,
que. celui-ci avait payées une somme évaluée à
près de 150,000 fr. Il y en avait de tous les per
sonnages, de tous les âges, de tous les lieux. Il
faut même renoncer à citer leurs noms; nous
mentionnons seulement les plus connus en sui
vant l'ordre alphabétiqde de l'inventaire. ■
Abailard, Abderame, Adam do Nevers, Adrien,
empereur; Agnès Sorel, Alberoni,. Alcibiade,
Anacréon, Anne do Bretagne, Sidoine Apollinai
re, Apulée, Aretin, Arioste, Attila, Auguste, em
pereur; Balzac (Guez de), Bayle, Bélisaire, Bcn-
serade, Blanche de Castille, Boccaco, do la Boô-
tie, Boileau, Bossuot, Bourdaloue, Brantôme,
Bulfon, Caligula, Cassini, Catherine de Médicis,
Catulle, Cervantes, les rois Charles V, VI, VII,
VIII et IX, Charles-Quint, Ciceron, Clémence
Isaure, les trois Clément, papes ; Clovis, Corné-
lie veuve Pompée, Dante, Descartes, Deshouliè-
res, Diane do Poitiers, Dioctétien, Duguesclin,
Eschyle, Eusèbe, Fénelon, la belle Feronniôre,
François I er , Frédégonde, Froissart, Gassendi,
Héloïse, Hérode, Ignace de Loyola, saint Jean,
Jeanne d'Arc, saint Jérôme, Judas Iscariote, Ju-
vénal, Kepler, Labruyère, La Vallière, Leibnitz,
Ninon de Lenclos, Lesage,. Lesueur, Locke, -,une
douzaine de Louis, rois de France ; Luther, Lu
crèce, Machiavel, Mahomet, Marat, Marot, Mé
cène, Michel-Ange, Montaigne, Montespan, Mon-,
tesquîeu, Néron, Newton, Nostradamus, Ovide,
saint Paul, Pépin-lo-Bref, Pétrarque, Pétrone,
Phèdre, Pierr.e-le-Grand, Piron, Platon, Pline,
Plutarque, Pompadour, Pompée, Poussin, Rabe
lais, Racan, Racine, Raphaël, Ronsard, Rubens,
Scaron, Schakespeare, Sévîgné, Sênèque, Socra-
te, Spinosa, Suétone, sainte Thérèse, Tibère,
Turenne, Voiture, Voltaire.
Nous nous arrêtons, voilà bien des noms ; ils
ne représentent pas la centième partie de ceux
compris dans l'inventaire.
La question était désormais vidée au sein de
l'Académie des sciences, et une autre s'élevait
aujourd'hui devant le Tribunal, celle de savoir
si le sieur Vrain-Lucas, on employant des ma
nœuvres frauduleuses, a escroqué tout ou partie
de Ja fortune d'autrui.
Vrain-Lucas est un homme do cinquante-
deux ans, de petite taille; il n'a pas de profes
sion-définie.'11 a reçu peu d'instruction,-mais il
-l'a complétée, dit-il, par de nombreuses lectu
res. C'est au milieu des vieux livres, dss vieux
manuscrits, des autographes de tous les âges
qu'il passe sa vie.
interrogatoire du prevenu
M. le président. — Vous avez abusé de la fa
çon la plus audacieuse de la passion d'un
vieillard, d'un savant, de sa passion jî de
collectionneur et de son amour patriotique,
pour le tromper indignement. Pendant un in
tervalle de six ou sept ans, vous lui avez vendu
de prétendus autographes, émanés des hommes
les plus illustres de tous les temps, de tous les
lieux. Ces pièces, qu'il croyait-vraies, histori
ques, au nombre do plus de 27,000, il vous les a
payées an. prix énorme de 140,000 francs, et,
vérification faite, il s'est trouvé que toutes ces
pièces, si on en excepte une on deux centaines,
qui n'ont aucune valeur, étaient des pièces
fausses, fabriquées par vous.
Vous avez fait encore un tort plus considéra
ble à M. Chasles, s'il est possible ; vous lui avez
causé une déception amére. Parmi les lettres
autographes que vous lui aviez vendues, il y en
avait deux signées : Biaise Pascal. M. Chasles a
produit ces deux lettres devant l'Académie des
sciences, dont il est membre, et, pendant de lon
gues séances, on a discuté sur ces lettres, qui
devaient, si elles étaient authentiques, dépouil
ler Newton du mérite de la découverte des lois
de l'attraction.
Il y avait deux ans que la discussion se pro
longeait, lorsque M. Chasles apprend que ces
lettres sont fausses, et qu'il est obligé do faire
l'humiliant aveu qu'il avait été trompé. .
Pour le tromper, vous avez inventé une fable :
vous lui avez dit qu'un comte de Boisjourdain,
émigré en 1791, avait quitté la France, empor
tant une riche collection d'autographes de tous
les âges ; qu'en so rendant en Amérique, il a-
vait fait naufrage ; qu'un certain nombre de
pièces avaient été détériorées par l'eau de la
mer, mais que le plus grand nombre était resté
en bon état.
Vous ajoutiez qu'un grand personnage était
devenu propriétaire de cette collection, sauvée
du naufrage, que vous étiez, son mandataire,
chargé de vendre aux savants les nombreuses
pièces de cotte riche- collection, et, à l'appui de
votre récit, vous représentiez à M. Chasles quel
ques-uns dos documents échappés du nau
frage.
Pour mieux le tromper vous avez eu recours
à d'autres manœuvres ; vous enveloppiez les au
tographes dans des chemises que vous disiez
réputées du collectionneur du dix-huitième siècle.
Toutes ces manœuvres réussiront, et M. Chasles
se décide à traiter avec vous. Le premier ouvra
ge que vous lui vendez, c'est un La Fontaine,
avec annotations de M.- le comte do Boisjour
dain, et vous le lui faites payer 900 fr. Recon
naissez-vous pour vrai cet abrégé des faits im
putés ?
Le sieur Lucas. — Pour une partie, mais pas
pour toutes.
D. Voulez-vous dire que parmi les nombreuses
pièces fausses que vous avez vendues au prix de
l'or, il s'en trouve quelques-unes qui sont
vraies? — Oui, monsieur, j'ai vendu plus de
30,000 pièces à M. Chasles, et il n'en représente
que 27,000; il y en a donc 3 ou 4,000 que M.
Chasles n'a pas montrées et qui sont authenti
ques.
D. Enfin, il y a au moins vingt-sept mille
pièces que vous auriez fabriquéés? — R. Oui,
monsieur.
D. Dans ces longues fraudes que vous avez
pratiquées, vous avez déployé une grande habi
leté, très grande,-et qu'on no devait pas attendre
d'un homme qui n'a reçu qu'une éducation plus
que médiocre. 11 est malheureux qu'un homme
de votre âge, si bien doué, ait employé de si bel
les qualités au mal.
Outre le délit d'escroquerie qui vous est im
puté, la prévention vous reproche encore un abus
do confiance au préjudice de M. Chasles; il vous
aurait prêté des,livres et vous les auriez vendus
à votre profit. — R. Nous faisions des échanges.
D. Oui, vous faisiez des échanges, mais en
dehors des échanges, vous avez gardé des livres
prêtés. — R. J'expliquerai tout cela dans un pe
tit mémoire que j'ai écrit, et dont je vous de
mande la permission de vous donner .lecture.
M. le président. — Plus tard, quand le mo
ment sera venu de présenter votre défense.
audition des témoins
Le premier témoin appelé à la barre est M.
Michel Chasles, âgé de soixante-seize ans, mem
bre de l'Académie des sciences ; un siège a été
préparé pour le vénérable académicien, mais M.
Chasles témoigne le désir de' parler debout; il
dépose :
11 y a longtemps que M. Lucas s'est présenté
chez moi; il arrivait do Château'dun et venait à
moi porteur d'une lettre d'un collectionneur dis
tingué de cette ville, ce qui me donna de la con
fiance. Lucas m'offrit des documents ; je les ac
ceptai, et dès ce moment il m'en apporta un
grand nombre.
La première lettre de Molière, je la payai
500 fr. ; la première de Rabelais me coûta 200 fr.;
j'en eus ensuite plus dé deux" mille. Les pre
mières lettres de Racine me coûtèrent aussi très
cher. J'ai toujours pris tout ce que Lucas m'a
apporté et je fui ai de même tout payé ; j'ai eu
aussi le malheur de faire quelques échanges de
livres précieux ; la somme que je lui ai donnée
est au moins de 140,000 fr. Tout cet argent était,
à ce que prétendait Lucas, pour le propriétaire
des autographes, lui ne touchait qu'un courtage
de 25 pour cent.
Aussi bien des fois lui ai-jo donné des grati
fications, car il me disait toujours avoir besoin
d'argent ; une ibis même, il me montra une af
fiche et me dit que ses meubles devaient être
vendus le lendemain ; à cette occasion, je lui
prêtai -1,800 fr. qu'il devait me rendre, ainsi que
diverses autres sommes que je lui avais déjà
prêtées ; il était donc ainsi mon débiteur d'à
peu près 3,880 fr., non compris dans les 140,000
fr., prix do ses autographes.
' M. Lucas a de plus gardé un manuscrit con
tenant des mignaturcs très fines ; pendant deux
ans je le lui ai redemandé, mais il ne mo l'a ja
mais rapporté ; il disait que la personne pour
laquelle je lo lui avais prêté, et qui était le pro
priétaire des autographes, l'avait placé dans sa
bibliothèque et n'avait pu lo lui remettre au
moment où il le réclamait. Un autre manuscrit
contenant également douze mignatures, et que
j'avais acheté 280 fr. à une vente rue Caumar-
tin, m'a été de même emporté par M. Lucas.
M. le président. — N'avez-vous jamais prêté
d'autres livres?
M. ChasleS.—En effet, un jour j'ouvris ma bi
bliothèque devant M. Lucas, et j'en tirai un La
Fontaine, en deux volumes illustrés, que je lui
prêtai; il les emporta et no me les a jamais
rendus ; ce fait remonte à plus de trois ans.
M. le président.—Comment expliquez-vous la
provenance dés pièces qui vous ont été remisçs
par Lucas ?
M. Chasles. — Très facilement ; les lettres de
Charlemagno, d'Alcuin, de Rabelais sont liées
par une concordance parfaite. Alcuin écrivait à
Charlemagno sur les manuscrits qu'il trouvait
à Taijbaye de Tours, do -même Rabelais avait
été envoyé à cette même abbaye par François I er ,
d'où il lui adressaitles lettres qu'il trouvait dans
les manuscrits ; il y a ainsi une centaine de. let
tres d'Alcuin et plus de doux mille de Rabelais.
M. le président. — Les unes peuvent expli
quer la réalité des autres.
M. Chasles. — Justement ; j'avais ainsi des
lettres do Thalês, traduites do cette façon, et
qui no m'étonnaient pas, par suite db leur pro-"
venance de l'abbaye de Tours. Pour les lettres
de Galilée, Louis XIV, qui tenait à en avoir, en
demanda à Cassini, qu'il chargea d'écrire la vie
de Galilée ; ce désir do Louis XIV était motivé
par l'intervention de Marie de Médicis auprès
du Papo, intervention qui avait sauvé la vie à
ce grand homme ; telle est la concordance de
toutes les lettres, c'est ce qui m'a permis de ré
pondre aux objections qui m'ont été faites. En
! 867, j'ai invité tout lo monde à prendre con
naissance de ces pièces, et un grand nombre de
personnes, même hors de l'Académie, sont ve
nues les vérifier. _
M. lo président. — C'est à vous le premier
qu'on a . dû do savoir que les pièces étaient
fausses.
M. Chasles. — Voici comment je lo découvris,
mais je veux dire d'abord que mes soupçons
avaient été éveillés par d'autres motifs; j'avais
prié M. lo préfet do police do faire surveiller
M. Lucas, parce que je craignais qu'il ne fit
passer plusieurs de ces pièces à l'étranger, c'est
ce qui a rerfdn sa capture plus facile ; j'avais
envoyé-à Florence, pour y être examinée par
une commission, une lettre do Galilée, fournie
par lui ; on me répondit qu'elle était fausse ; jo
m'en plaignis à M. Lucas, qui m'en donna une
autre que j'envoyai de nouveau à Florence.
M. le président. — Parlez-nous des manœu
vres employées. N'y a-t-il pas eu certaines pra« .
tiques pour vous faire croire que les pièces que
Lucas vous présentait avaient été immergées
'dans la mer lors d'un voyage du propriétaire de
ces pièces ? -
M. Chasles. — Effectivement; mais tout était.
si bien fait que je ctoyais-à'la vérité des pièces.
M. le président. — Lucas ne vous remettait-il
pas les pièces dans des chemises annotées par
M. de Boisjourdain ?
M. Chasles. — Oui, mais ce n'est que plus tard
que j'ai su le nom de Boisjourdain. Le posses
seur actuel des autographes était, d'après Lucas,
M. le comte de Boisjourdain, descendant de M.
de Boisjourdain; qui avait emporté sa collection
en- Amérique ; ce qui explique l'immersion de
certaines pièces pendant la traversée.
M. le président. — Est-ce que Lucas n'avait
pas le soin de venir vous trouver au moment où
vous sortiez de l'Académie, et où vous étiez pré
occupé? '
M. Chasles. — C'était, en effet, toujours à ce
moment, vers cinq ou six heures, et il m'atten
dait quelquefois une heure avant mon retour.
M, le président. — Lui disiez-vous les objec
tions qu'on vous faisait à l'Académie?
M. Chasles. — Non, il.me les disait lui-même
le lendemain.
M. le président. — Ne vous est-il pas arrivé de
parler à Lucas de vos doutes sur la sincérité des
pièces qu'il vous remettait ?
M. Chasles. — Plusieurs fois, en effet, je lui
dis : « Ces pièces sont mauvaises, apportez-moi
donc les bonnes. » Une fois même je lui dis :
« Le monsieur qui vous envoie me trompe, il me
donne des choses fausses, je le poursuivrai s'il,
le faut. » A cela il me répondit que ce monsieur
avait consulté son conseil, qui lui avait dit : « Le
mieux est de rendre l'argent et de reprendre vos
pièces; mais je né voulais pas rendre les pièces,
j'y tenais beaucoup puisque je les croyais
vraies. » ,
M. le président. — Vous pouvez vous retirer
si vous le désirez.
M. Chasles. — Je préfère rester..
M. le président, au prévenu. — Voici ce que
vous avez imaginé pour votre défense. Newton,
avez-vous dit, n'est qu'un plagiaire, il a voulu
s'attribuer la gloire d'une découverte qui, en
réalité, appartient à Pascal, et c'est pour réta
blir la vérité que j'ai agi comme je l'ai fait ; mais
les Jettres de Pascal ne sont qu'une fraction des
autographes que vous livriez, et ce n'est pas
sans doute pour la gloire nationale que vous re
mettiez à M. Chasles la lettre de Grégoire de
Tours, racontant l'histoire du vase de Boissons,
et la lettre de Lazare le ressuscité.
Dans les nombreux mémoires que- vous avez
écrits à M. le juge d'instruction, vous vous plai
gniez que M. Chasles payait trop bon marché!
(On rit.) Mais c'est une somme considérable que
vous avez touchée en huit ans, 140,000 francs!
Qu'avez-vous fait de cet argent, près de 20.000 fr.
par an ? -
R. J'achetais des documents.
D. Non, vous les preniez dans les livres; vous
travailliez toute la journée, vous n'avez pas fait
de dépenses folles, vous n'en aviez pas le temps ;
il doit vous rester quelque chose?
R. J'ai perdu sur des livres; j'en ai acheté
500 francs que je n'ai revendus que 300.
D. Je vous engage à dire la vérité. — R. 11 me
reste peut-être 2 à 3,000 fr.
D. Où? — _R. En petites choses de rien.
D. Tenez, il est bien tard pour l'avouer, mais
il est encore temps cependant de lo faire et de
dire où est cet argent et de réparer en partie le
tort que-vous avez fait à M. Chasles., Si vous
conservez la secrète pensée de profiter de ce que
vous avez reçu de M. Chasles, cela pourrait en
gager le Tribunal à prolonger votre -éjour en
prison. — R. J'ai quelques volumes, voilà tout.
D. Alors expliquez comment vous avez dé
pensé cette somme. Meniez-vous une vie de dé
sordres? — R. J'ai eu des malheurs , des
pertes. .
■D. Vous avez gardé de l'argent? — R. Je suis
sans argent dans le moment.
M. le président. — Faites approcher un autrfe
témoin. ,
M. Mabille, expert bibliothécaire à la biblio
thèque impériale. — M, Mabille rend compte de
la mission qui lui a été confiée.
D. Vous avez reconnu que quelques-unes des
pièces que vous avez examinées étaient authen
tiques? — R. Il y en a peut-être vingt ou vingt-
cinq; valant tout au plus 500 fr., avec les volu
mes vendus à M. Chasles. .
D. N'avez-vous pas remarqué qu'on avait em
ployé un artifice pour l'encre dont on s'est servi
pour écrire les pièces fausses? — Si, monsieur
le-président; si bien que soumise à un procédé
pour reconnaître si elle était ancienne ou non,
on a pu croire qu'elle était ancienne.
D, Par leur facture, les pièces n'avaient-elles
pas un lien entre elles? — R. Oui, elles se te
naient, pour la plus grande partie du moins,
elles concouraient au même but.
D. Los faussaires du genre do Lucas commet
tent quelquefois une faute, ils parlent dans leurs .
faux autographes de faits postérieurs en date..
Cette faute, Lucas l'a-t-il souvent commises ? —
R. Quelquefois, mais pas souvent. Je dois ce
pendant signaler une lettre de Louis XIV à Gali
lée, c'est un énorme anachronisme.
D. Ainsi Lucas a montré une grande intelli
gence? — R. Oui, monsieur.
D. Le prévenu allait souvent à la Bibliothèque
impériale?— R. Oui, monsieur.
D. Est-ce qu'à la Bibliothèque Sainte-Geneviè
ve, il n'était pas en suspicion? — R. Qui, mon- -
sieur.
D. Et à la Bibliothèque Mazarine, ont le sur
veillait également? — R. Oui monsieur.
D.. au prévenu. On a tout lieu de croire que
vous avez commis des détournements à la Bi
bliothèque Mazarine ou à celle do l'Arsenal. --
R. Je n'ai jamais remarqué qu'on m'y sur
veillât.
SI. lo président adresse à M: Mabille des élo
ges sur lo rapport qu'il a fait à la suite de la
mission que la justice lui avait confiée.
Louis Bordier, homme de lettres. — D. Vous
êtes, l'un des auteurs du remarquable rapport
que nous avons sous les yeux. Parmi les pièces
que vous avez été chargé d'examiner, y en avait-
il d'authentiques?... — R. Une centaine envi
ron, et sans valeur. Nous ne pensons pas "qu'elles
appartinssent à un dépôt public.
En dehors des pièces vendues à M. Chasles, il
n'y en a eu de vendues qu'à M. le marquis Du-
prat et à un employé d'un ministère. La ques
tion principale qui nous était soumise était de
savoir si le prévenu avait été capable de faire
toutes ces pièces et à lui seul. Notre réponse à
été affirmative. Lucas Et reçu un commencement
d'instruction, qu'il a complété par des lectures.
Nous n'avons trouvé aucun indice de complice.
D. Veuillez, monsieur, indiquer au tribunal
les artifices principaux dont il s'est servi.
R. 11 se disait le commissionnaire d'un collec
tionneur important. C'est comme cela qu'il ne
se faisait pas juge lui-même dos pièces qu'il
offrait et qu'il laissait l'acheteur s'enflammer.
Son encre était bien faite, et il employait du
papier adroitement préparé.
D. Quel était son procédé pour le papier ?
R. Son procédé le plus habituel était de le
roussir à la lampo. Il employait du vieux papier
collé, qu'il avait d'abord trempé dans l'eauiet
qu'il faisait roussir; ce qui le prouve, c'est que
les feuilles étaient brûlées au point de casser,,
tantôt à un point, tantôt à un autre. En mouil
lant les pièces, nous n'avons cependant pas pu
arriver au même résultat que lui. Nous avons '
eu entre les mains des pièces) qui avaient un
aspect noirâtre. ..■■-■■■
D. C'était une dissolution d'acide*gallique que
l'on avait versé dessus pour vérifier la date de
l'encre, qui a produit cette teinte ?
R. Nous ne sommes pas assez chimiste pour
nous prononcer sur ce point. - * r
Lucas. — Je mettais tout simplement qtfelque
chose dans l'encre..
M. le président. — Du reste, nous »1 ïb ~ tepons
pas beaucoup à drrulguer vosr procédés, ' qui
pourraient trouver des imitateurs.
Lucas. — Je faisais chauil'er, c'est vrai, mais
ce n'était pas pour roussir le papier- Au commen
cement, je mettais ce dont je rne servais sur le
papier. J'étais obligé de le mouiller; mais, par
la suite, jo l'ai mis dans l'encre, et alors je n'ai
plus eu besoin de laver.
Avant que la parole ne soit donnée à l'organe
du ministère-public, M e Helbronner, défenseur
du prévenu, dépose des conclusions.
M. l'avocat général Fourchy soutient ensuite
la prévention.
Vu l'heure avancée et pour donner à la défen
se pleine et entière latitude, M. le président
renvoie l'affaire à huitaine.
{Journaux-judiciaires.)
Saint-Brieuo, curé de La Roche
Derrien -
Voilà bO ans que j'ai eu la
grâce de recevoir la prêtrise :
j'ai toujours cru et enseigné l'in
faillibilité du Souverain, Pontife
parlant ex cathedra. Quel ne sera
pas mon bonheur, avant de mou
rir, d'être confirmé dans ma foi
par celui à qui Jésus-Christ a
dit : Pasce oves meas, pasu: agnos
meos, confirma fratres tuos
Au Pape infaillible 25
M.Joseph Périgeois,curé de Mon-
treuil-Bellay (Maine-et-Loire)
Mitte eis, Domine, auxilium de
Sancto, et de Sion tuere eos 10
Mlle Anna de Chevigné de Mon-
treuil-Bellay 33
Une pauvre servante, Véronique
Coutoleau, de la même paroisse i
Total général
164,915 50
Un curé doyen du diocèse de Mon-
tauban nous écrit :
Je vous dirai 'qu'aucun de mes confrères
diocésains n'a été gratifié de l'envoi du pam
phlet Gratry. II faut que le clergé de Mon-
tauban soit bien mal noté en certains lieux :
Mgr Doney nous en avait déjà prévenus avant
son départ pour Rome. Que nous avons droit
d'être fiers de cette particularité, que les en
nemis de l'Eglise regardent notre attache
ment à la chaire de Saint-Pierre si inviola
ble, que la tentation ne leur vient même pas
de chercher à l'entraîner!
Gn n'imagine pas, à moins de les
lire, les bévues risibles que les jour
naux de la libre-pensée servent à leurs
lecteurs, lorsqu'il se mêlent de parler-
religion. Voici ce qu'on lit dans le
Rappel:
On ne sera peut-être pas fâché de savoir com
bien de personnes des deux sexes ont été ca
nonisées par Pie IX ?
Cinquante-deux.
Ses prédécesseurs n'en avaient canonisé, à
eux tous, que cent quinze.
Mais à ceux qui lui reprocheraient d'abuser
un peu du droit qu'il a de béatifier (que les
compositeurs n'aillent pas oublier l'a), le
Saint-Père peut répondre qu'il a encore moins
canonisé que canonné.
Vous entendez bien ! à eux tous , , les
prédécesseurs de Pie IX n'ont cano
nisé que cent quinze bienheureux !
Quant aux canonisations qui ont été
faites par Pie IX, nous ajouterons à la
stupéfaction du Rappel, en lui apprenant
* que le chiffre en est bien supérieur à
cinquande-deux.
S. Desquers.
Nouvelles politiques
Par décret inséré au Journal officiel , la
chambre de jugement de la haute cour de
justice est convoquée pour le lundi 21 mars
1870, à onze heures du matin, au palais de
justice de la ville de Tours, département
d'Indre-et-Loire. *
M. le conseiller Glandaz présidera la haute
cour de jugement. Les fonctions de procu
reur général près la haute cour seront rem
plies par M. Grandperret, procureur géné
ral près la cour impériale de Paris, assisté
de M. Bergognié, son substitut.
Dans les dix jours qui suivront la publica
tion du présent décret au Journal officiel , le
tirage au sort des jurés de la haute cour sera
effectué conformément à l'article 15 du séna-
tus-consulte du 10 juillet 1852, et ilsera pro
cédé aux convocations et aux débats suivant
les formes prescrites par la loi.
Un autre décret, contresigné Maurice Ri
chard, porte de 25 à 30 ans la limite d'âge
pour le concours des prix de Rome, ouvert à
tous les artistes français ou naturalisés fran
çais.
Par décret en date du 19 février 1870, ren
du sur la proposition de l'amiral ministre de
la marine et des colonies, M. Menche de
Loisne (Charles-Louis-Constant), préfet, a été
nommé gouverneur de la Martinique, en
remplacement de M. Bertier, nommé maître
des requêtes de première classe au Conseil
d'Etat. _
Par décret en date du 19 février 1870,
rendu sur la proposition de l'amiral ministre
de la marine et des colonies, M. Couturier
(Marie-Gabriel), directeur de l'intérieur à la
Martinique, a été nommé gouverneur de la
Guadeloupé et dépendances, en remplacement
de M. de Lormel, nommé gouverneur de la
Réunion. .
On sait que le centre gauche et le. centre
droit se sont réunis, chacun de leur côté,
vendredi soir. Voici l'ordre du jour que le
centre gauche a décidé de proposer lundi à la
Chambre :
« Le Corps législatif,
« Gonvaincu qu'il est du plus grand inté
rêt pour le pays que le régime nouveau s'af
firme de plus en plus par des actes et qu'il
tranche nettement avec le passé;
« Confiant dans les déclarations formelles
du ministère et dans ses promesses;
« Comptant spécialement sur la complète
réalisation du double programme auquel il a
adhéré, passe à l'ordre du jour. »
Au centre droit, on a surtout demandé des
explications à M. Emile Ollivier, présent. Ces
explicatipns données, le centre droit a résolû
de voter l'ordre du jour pur et simple sur
l'interpellation de M. Jules Favre.
Le Parlement rapporte la substance de cer
taines paroles prononcées par M. le garde
des sceaux dans cette réunion.
Les voici :
Une douzaine de journalistes, embusqués dans
les colonnes de quelques feuilles, sont ge.uls à
demander la dissolution de la Chambre.
Ils désirent la dissolution pour arriver au Pa
lais-Bourbon.
Nous regrettons fort d'être privés des lumiè
res de ces messieurs'(M. Emile Ollivier prononce
ces paroles en riant); mais, pour leur être agréa
bles, nous ne pouvons, ne d&vons ét ne vou
lons nous priver de la Chambre actuelle dont la
majorité est unie au gouvernement.
Quant à moi, messieurs, je suis né de la ma-
jorité, je désire vivre d'elle et mourir avec
elle.
Nous croyons.que M. Ollivier ne recueil
lera pas, pour ces paroles, les compliments de
M. Gucheval, de la Presse.
'rice Richard et Louvet sont venus à la réu
nion.
Avant l'arrivée des ministres, on a discuté
sommairement la question des maires, qui
est, dit-on, à l'étude dans les régions gouver
nementales. La réunion a paru d'avis qu'il
fallait • s'en tenir au programme du centre
droit, c'est-à-dire au choix obligatoire des
maires dans les conseils municipaux, jus
qu'après l'étude du système de décentralisa
tion.
M. Emile Ollivier a pris ensuite la parole
avec son talent accoutumé. Il a affirmé la so
lidarité entre tous les ministres qui, entrés
ensemble, ss retireront ensemble. Ensuite il
a écarté, au nom du cabinet, toute pensée de
dissolution.
MM. de Leusse, Vendre, Clément Duver-
nois et Aylies ont présenté ensuite quelques
observations, qui ont amené M. le garde
des sceaux à répéter ses premières déclara
tion.
Le président, M. le duc d'Albuléra, a alors
affirmé, au nom de la réunion, que le cabinet
aurait l'appui du centre droit dans les débats
qui vont s'ouvrir lundi.
Le Peuple ajoute quelques détails. Quatre-
vingts ou quatre-vingt-dix députés assistaient
à cette réunion. MM. Emile OUivier, Mau-
léiégrapliie privée
Notre correspondant particulier nous télégra
phie de la frontière romaine :
Rome, 18 février.
Dans l'espoir d'étouffer les germes de la scis
sion au sein de la communauté arménienne ca
tholique, le Pape envoie à Constantinople Mgr
Pluym avec des pouvoirs spéciaux.
Sternberg, 19 février.
Hier, a eu lieu ici l'ouverture de la session de.
la Diète mecklembourgeoisc.
La présidence ( directoriuni) a fait savoir à la
Chambre que la proposition de MM. Manicke et
Duggenkoppel, relative à la remise en vigueur
de la Constitution de 1869, avait été repoussée
par elle comme étant inconstitutionnelle. (Un-
geeignet.)
Madrid, 19 février.
L'Impartial dit que l'agitation carliste aug
mente principalement dans les provinces du
Nord. Déjà plusieurs chefs auraient quitté le
territoire français. — Les journaux absolutistes
pnblient une lettre par laquelle le général Ca
brera remercié ses électeurs.
Les journaux montpensiéristes publient une
lettre adressée par le duc de Montpensier à MM.
Campo-Sagrado et Mendez-Vigo, exprimant ses
remerciements aux électéurs des Asturies. Le
duc déclare dans cette lettre que l'Espagne est
aujourd'hui, par tradition, par adoption et par
affection, son unique patrie.
Florence, 19 février.
Le roi, avec le prince Humbert, est parti ce
matin pour Naples, accompagné des ministres
des affaires étrangères et de la marine.
Madrid, 19 février.
LesCortès se sont constituées en comité secret
à l'effet de discuter les affaires intérieures.
New-York, 18 février.
On mande du Mexique que les troupes de
Juarez, sous les ordres d'Escobedo, se sont reti
rées sur Guanajuato, le 7 février, devant les in
surgés, qui ont poursuivi leur marche en avant
en nombre supérieur.
Berlin, 19 février.
Séance du roichstag. — Répondant à l'inter
pellation de MM; Wiggers et consorts, M. Del-'
bruck, ministre d'Etat, dit que la convocation
de la dette mecklenbourgeoise a eu lieu alors
que le jour de la convocation du Reichstag n'é
tait pas encore fixé.
M. Delbruck ajoute que l'ajournement de la
convocation de la Diète mecklembourgeoise n'a
pas été possible, à raison du système de vote de
l'impôt qui est en vigueur dans ce pays.'.
Le traité de juridiction avec Bade est adopté
sans débat en première lecture.
La loi relative aux pensions des soldats ayant
appartenu à l'ancienne armée du Sleswig-Hols-
t'ein, est également adoptée sans discussion.
■ Bucharest, 19 février.
Mf Ç. A. Rosetti, dont l'élection de député a
été vérifiée par la Chambre, ayant été invité par
écrit par le président de prendre part aux tra
vaux de l'assemblée, lui a notifié aujourd'hui sa
démission par une lettre très insultante pour
l'assemblée.
Le bureau a été d'avis de ne pas donner lec
ture de cette lettre ; mais sur l'insistance de M.
G. J. Bratiano, la Chambre en a autorisé la lec
ture. _ . -
Cet incident a occasionné des débats très ora
geux, à la suite desquels sept député de la gau
che se sont retirés du sein de l'Asseml:
l'Assemblée.
(Agence Havas.)
Nous rendrons compte prochaine
ment d'une tragédie de M. l'abbé
Charpentier sur Jeanne d'Arc. En at
tendant, nous sommes heureux de re
produire ce qu'en dit une correspon
dance adressée à plusieurs journaux
de province :
Jeanne d'Arc conserve le privilège de ten
ter l'inspiration des poètes. M. l'abbé Char
pentier, directeur au collège Saint-Bertin à
baint-Omor, a consacré ses loisirs à composer
une tragédie sur Jeanne d'Arc. Dans cette
composition, éditée chez Palmé, oij retrouve,
la forte étoffe de nos vers français du dix-
septième siècle. Il y règne un souffle reli
gieux et patriotique qui n'inspire guère nos
poètes. C'est une pensée heureuse de couron
ner notre douce et chaste héroïne, quand nos
adversaires coulent la statue de son flétris—
seur. Vous respirez dans cette lecture un peu
du parfum de notre aimable antiquité na-
tiquité nationale ; vous découvrez un reflet
de ces rayonnements divins dont les saintes
du ciel avaient embelli le front de Jeanne.
Elle est douce comme une apparition céleste
au milieu des agitations tumultueuses de la
terre :
Du Christ, ami des Francs, je suis la messagère.
Mais, pour les Anglais, c'est autre chose :
Qui je suis? Nommez-moi la verge expiatrice
Dont il veut fustiger l'orgueil et l'injustice.
A cet œuvre fatal mon bras est consacré;
Vous- sortirez de France, ou de force ou de gré.
Le lecteur ne manquera non plus de re
marquer la scène septième du troisième acte,
et surtout la charmante scène qui le termine.
N'est-ce pas là le vrai Charles d'Orléans, et
ne croirait-on pas entendre un écho de ses
douces et dolentes complaintes ?
Messieurs les professeurs chargés des cours
libres, qui sont donnés tous les soirs, à huit
heures un quart, rue Bonaparte, 108, squs le
patronage de la Société d'éducation et d'en
seignement. traiteront spécialement dans les
leçons de la semaine prochaine, les sujets
suivants :
Lundi, 21 lévrier, à 8 h. 1/4. — Cours" de
littérature contemporaine. — M. l'abbé De-
mimuid. — Le génie du christianisme.
Mardi 22, à 8 h. 1 /-î. — De la conquête et
de la colonisation de l'Algérie.— M. Broutta.
Mercredi 23, à 8 h. 1/4. — Cours de bo
tanique. — M. le docteur Fournier. — La
respiration des plantes. :
Vendredi 25, à 8 1/4. — Conférence sur
l 'art de l 'éducation. — Le R. P.. Captier.
Samedi, 26 février, à 8 h. 1/4.— Coursde
géologie. — M. Baylq.
Nous rappelons en même temp„s à nos lec
teurs que M. de Lapparent, de l'Institut,
donnera dans le même local, rue Bonaparte,
108, le jeudi 24 février, à huit heures un
quart, sous le patronage de la Société d'édu
cation et d'enseignement, une conférence sur
Les rapports de la géologie et de la géographie.
On peut se procurer des cartes d'entrée
pour ces cours et conférences, soit au siège
de la Société, rue de Grenelle-Saint-Ger-
main, 82, soit rue Bonaparte, 108.
NOUVELLES DIVERSES
Par décret en date du 19 février, sont nom
més :
Conseiller à la cour impériale de Nancy, M.
Dumont, en remplacement de M. Degoutin, ad
mis sur sa demande à faire valoir ses droits à
la retraite et nommé conseiller honoraire.
Président du tribunal de première instance de
Bar-le-Duc (Meuse), M. Forjonnel.
Procureur impérial près le tribunal de pre
mière instance de Bar-le-Duc (Meuse), M. Be-
noist.
Procureur impérial près le tribunal de pre
mière instance do Neufchâteau (Vosges), M. Ma
delin.
Substitut du procureur impérial près le tri
bunal de première instance de Lunéville (Meur-
the), M. Robinet de Cléry.
Substitut du procureur impéri ni près le tri
bunal de première instance de Rcmiremont
(Vosges), M. Mathieu de Vienne. v
Jugé au tribunal de première instance do Ve-
soul (Haute-Saône), M. Dubois de Meyrignac,
en remplacement île M. Bardenet, admis à faire
valoir ses droits à la retraite et nommé juge
honoraire..
Juge au tribunal de première instance de
Lure (Haute-Saône), M. Griffond.
Juge au tribunal de première instance de Pa-
miers (Ariége), M. Pauly, en remplacement de
M. Pauly, admis à faire valoir ses droits à la
retraite et nommé juge honoraire.
Substitut du procureur impérial près le.tri
bunal de première instance de Corte (Corse), M.
Murati, en remplacement de M. Gail'ori, démis
sionnaire.
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance de Toulouse (Haute-Garonne), M. Gi-
zolme. • ~ -
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance d'Angers (Maine-et-Loire), M. Hilaire. _
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance' de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), M.
Sersiron.
Juge suppléant au tribunal de première ins
tance de Mayenne (Mayenne), M. Baillergeau.
— Le Journal officiel publie les nominations de
présidents, de juges et de suppléants près dif
férents tribunaux de commerce.
— Par décret en date du 19 février, sont nom
més juges de paix des cantons suivants : de Fu-
may (Ardennes), M. Bertrand ; d'Aunay (Calva
dos), M. Touchard; de Barneville (Manche), M-
Gournay ; d'Orchies (Nord), M. Olivier ; d'Heu-
chin (Pas-de-Calais), M. Braure.
Et suppléants des juges de paix des cantons
suivants :
De Neuilly-Saint-Front (Aisne), M. Girbè ; de
la Palisse (Allier), M. Dessert; de Courçon (Cha
rente-Inférieure), M. Charrier; de Roanne (Loi
re), M. Veilleux; deBleymard (Lozère), M. Rou-
vière; de Langogne (Lozère), M. Rodier; de
Sompuits (Marne), M. Girardin; de Neuville-
sur-Saône (Rhône), M. Juron ; d'Yvetot (Seine-
Inférieure), M. Jouvin ; de Sainte-Hermine (Ven
dée), M. Guinaudeau ; de la Motte-Servolex (Sa
voie), M. Lapperrière; d'Evian (Haute-Savoie),
M. Andrier; de Batna (Algérie), M. Campin.
— Par décret, en date du 17 février, la société
anonyme existant à Nice sous la dénomination
de Société anonyme pour l'éclairage et le chauf
fage par le gaz, à Nice, est autorisée à se trans
former en société anonyme, dans les termes de
la loi du 24 juillet 1867.
— Par décret en date du 17 février, l'Empe
reur a nommé chevalier de l'ordre impérial de
la Légion d'honneur M. de Galard-Brassac de
Béarn, ex-capitaine d'état-major.
— Par décret en date du 19 février, M. Danos,
chef de Bataillon au 1 er régiment d'infanterie de
la marine, a été promu au grade de lieutenant-
colonel, en remplacement de M. Millet, décédé.
— Par décret en date du 19 février, MM. Da-
ban, capitaine au long cour, directeur de la
compagnie des Hirondelles ;
Heyrim, directeur de la Compagnie des ba
teaux à vapeur du bas de la rivière ;
Alis, syndic des pilotes;
Ont été nommés chevaliers de l'ordre impérial
de la Légion d'honneur, pour le courage et le
dévouement dont ils ont ,fait preuve pendant
l'incendie du port de Bordeaux, dans la nuit du
28 au 29 septembre 1869.
— Par décret en date du 15 février, M. le
marquis de Massa a été nommé écuyerde l'Em
pereur.
— Par décision en date du 19 février, l'amiral
ministre de la marine et des colonies a décerné
quinze médailles d'honneur en or et vingt-cinq
médailles d'argent aux personnes qni ont coopé
ré aux actes de sauvetage accomplis pendant
l'incendie du port de Bordeaux, dans la nuit du
28 au 29 septembre 1869.
L o Journal officiel publie la liste des négociants
et industriels français qui ont obtenu des.récom-
penses à l'Exposition internationale d'Altona.
En résumé, la France a eu :
1 médaille d'or unique à l'industrie française,
24 exposants hors concours, 33 diplômes d'hon
neur, 42 rappels de médailles d'or, 8 médailles
d'or, 111 médailles d'argent, 121 médailles de
bronze, 46 mentions honorables.
L'Exposition internationale d'Altona, en 1869,
comptait 3,600 exposants, industriels et agrico-
les, de tout pays.
La France y figurait pour 614 exposants, qui
ont obtenu 362 récompensés,
.— Le journal la Marseillaise a 'reçu hier une
nouvelle citation à comparaître, le samedi 19 fé
vrier, devant la 7° chambre, à l'occasion d'un
article intitulé : « Un refus d'impôt », et signé
Antonin Duhost et publié dans le numéro
d'hier. ;
MM. Barberet, gérant, et Dubosi, secrétaire-
rédacteur, sont prévenus du délit d'apologie de
faits qualifiés crimes ou délits par la loi pénale
et d'excitation à la désobéissance aux lois.
— S'il faut en croire le Figaro, le ministre de
l'intérieur et la préfecture de police auraient
ajouté une rente de 800 fr. à celle de 600 fr. que
l'Empereur avait déjà constituée à* la veuve
Mourot,
— La réunion extraordinaire du conseil géné
ral de l'Oise, qui devait avoir lieu le" 21 février,
est remise au 28 du même mois.
— L'Académie des sciences morales et politi
ques, dans sa séance du 19 février, jugeant le
concours ouvert par elle sur cette question :
« Etude sur les états généraux de France, consi
dérés au point de vue de leur influence positive
sur le gouvernement, » a décerné le prix de la
valeur de 2,500 fr. à M. Georges Picot, juge sup
pléant au tribunal de la Seine, pour son mé
moire inscrit sous le n° 3.
" Dans té mêmë concours, deux seconds prix ont
été décernés :
L'un, de 1,500 fr., à M. Arthur Desjardins
docteur ès lettres et en droit, premier avocat gé
néral près la cour d'Aix, pour son mémoire ins
crit sous le n° 1 ;
L'autre- de 1.200 fr., à M. D.-L. Gilbert, pour
son mémoire inscrit sous le n° 4.
Une mention honorable a été accordée au mé
moire inscrit sous le n° 2, et portant pour épi
graphe : Déposait potentes de sede et exaltavit ku-
mrlcs!
l e billet cacheté joint à ce mémoire ne sera
ouvert que si l'auteur en fait la demande ex
presse à l'Académie.
—Samedi de la semaine dernière, dit le Pdit-
Marseillais, le commandant do la frégate la G...,
qui se trouve en ce moment dans le port de Tou
lon, lit venir dans sachambre un quartier-maître
mécanicien et lui tint à peu près ce langage ren
versant :
— Monsieur, je suis heureux d'être le premier
à vous annoncer une bonne nouvelle.
Surprise du quartier-maître, qui s'attend à re
cevoir de l'avancement.
— Voici, ajoute le commandant enVlui présen
tent un pli volumineux, des papiers que je suis
chargé de vous remettre, et qui établissent votre
titre de duc et une fortuné de dénia ^millions cinq
cents mille francs. _
■ Le quartier-maître mécanicien était presque
fou de joie. Il s 'empara des papiers et s'empres
sa d'aller aussitôt l'aire part à ses camarades de
sa nouvelle fortune.
On nous assure que quelques heurt s après, il
se faisait avancer, par un banquier de Toulon ,
une somme de 20,000 fr., dont 10,000 furent im
médiatement versés pour être rbmis à celui qui
devait le remplacer pendant les quatre ans de
service qu'il avait encore à faire, il donna éga
lement un billet do mille francs au vaguemestre
qui avait été chercher à la poste la précieuse
lettre.
Ce n'est point une histoire inventée à plaisir,
car nous sommes en mesure d'en garantir la
parfaite exactitude.
— Le 11 courant a eu lieu à Londres, dans les
salons de Saint-James-Hall, la joûte de billard
entre deux joueurs célèbres. Roberts, qui depuis
vingt ans est le champion de ce noble jeu, n'a
vait jamais été battu par personne. Il s'est pré
senté-un rival pour lui disputer la palme. C'est
un jeune homme nommé Cook, qui depuis quel
que temps s'est fait connaître par une habileté
prodigieuse et se disait supérieur à tous les plus
forts amateurs de Londres. La partie était en
1,200 points; la salle était comble, le prince cle
Galles et plusieurs personnages de distinction
assistaient à cette lutte intéressante. Le jeune
Cook a gagné de 117 points. Le jeu a duré cinq
heures. ' ( Correspond. Bullier.)
— On lit dans Paris-Journal:
Le chef de l'importante maison de banque
Mussart, Andeoud et Cie, M. Mussart, vient do
mourir de la façon la plus malheureuse et la
plus imprévue.
Un éclat de bois était' tombé" dans un verre
placé auprès de son lit.
Dans la nuit, M. Mussart avala le contenu de
ce verre. L'éclat do bois, pénétrant' dans les in
testins, amena une perforation. La gangrène at
taqua la plaie, et la mort s'ensuivit presque im
médiatement.
M. Mussart n'était âgé que de cinquante-cinq
— M. Aliin, avocat à la cour de Paris, ancien
préfét du Jura, vient de mourir.
On annonce la mort récente de Mme la
baronne de Frémiot, née 1 comtesse de Dur-
fort.
Mme la baronne de Erémiot était, par son
mari, petite-nièce de sainte Frémiot de Chantai,
amie de saint François de Sales. Elle avait épou
sé, en premières noces, le maréchal marquis de
Beurnonville, ancien ambassadeur en Espagne,
ministre de la guerre et pair do France,
87 ans.
— On va placer des statues supportant, des
candélabres aux quatre angles du pont d'Arcole,
qui conduit, comme on le sait, de la place de
l'Hôtel-de-Ville à Notre-Dame.
Pour les nouvelles diverses , S. Desquers.
Avis «Uïcr»
C'est dans les bureaux du Petit Moniteur finan
cier, 66, rue de Lafayette, qu'il faut s'adresser
pour souscrire aux Obligations hypothécaires de la
Société métallurgique' de la Vienne. Ces obliga
tions, remboursables à 400 francs, sont émises à
235 francs et rapportent la francs d'intérêt. Le
premier versement n'est que de 50 francs; les
autres versements sont échelonnésjusqu'en mars
1871. Ces obligations constituent un placement
de tout repos, dont l'intérêt, amortissement com
pris, dépasse 8 p. 100.
Le Moniteur des Tirages financiers s'est depuis
longtemps fait accepter comme l'autorité la plus
compétente en matière financière. Aussi exact
dans ses renseignements qu'impartial dans ses
appréciations, il est devenu indispensable à la
fois le plus complet de tous les tirages et au ca
pitaliste qui cherche à employer ses fonds avec
profit et sécurité.
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE PARIS
(6 e chambre)
Audience du 16 février
Présidence de M. Brunet
affaire vkain-lucas. — escroqueries et abus
de confiance au préjudice de m. michel
chasles, membre de l'institut. — vente d'au-
tograpi1es faux.
Tous les journaux ont parlé d'une discussion
élevée dans lg sein de l'Académie des sciences,
à l'occasion d'une communication faite par l'un
de ses membres, M. Michel Chasles.
M. Michel Cliasles avait annoncé qu'il était
possesseur d'un grand nombre d'autographes,
parmi lesquels des lettres de Pascal, dont le
texte tendait à dépouiller Newton de son plus
beau titre de gloire, la découverte des lois de
l'attraction.
La discussion se prolongeait depuis deux ans;
elle ne s'était pas concentrée dans lo sein de l'A
cadémie; elle était devenue européenne ; les sa
vants de toutes les nations prenaient parti pour
ou contre, et on ne sait quelle solution serait
intervenue, si un beau jour n'avait éclaté un
fait des plus étranges et des plus imprévus, à
savoir : que les prétendues lettres autographes
produites par M. Michel Chasles étaient l'œuvre
d'un faussaire, d'un homme obscur, d'un sieur
Vrain-Lucas, qui, pendant une longue période
de temps, avait vendu à M. Michel Chasles de
faux autographes, de faux manuscrits, en nom
bre immense, plus de vingt-sept mille pièces,
que. celui-ci avait payées une somme évaluée à
près de 150,000 fr. Il y en avait de tous les per
sonnages, de tous les âges, de tous les lieux. Il
faut même renoncer à citer leurs noms; nous
mentionnons seulement les plus connus en sui
vant l'ordre alphabétiqde de l'inventaire. ■
Abailard, Abderame, Adam do Nevers, Adrien,
empereur; Agnès Sorel, Alberoni,. Alcibiade,
Anacréon, Anne do Bretagne, Sidoine Apollinai
re, Apulée, Aretin, Arioste, Attila, Auguste, em
pereur; Balzac (Guez de), Bayle, Bélisaire, Bcn-
serade, Blanche de Castille, Boccaco, do la Boô-
tie, Boileau, Bossuot, Bourdaloue, Brantôme,
Bulfon, Caligula, Cassini, Catherine de Médicis,
Catulle, Cervantes, les rois Charles V, VI, VII,
VIII et IX, Charles-Quint, Ciceron, Clémence
Isaure, les trois Clément, papes ; Clovis, Corné-
lie veuve Pompée, Dante, Descartes, Deshouliè-
res, Diane do Poitiers, Dioctétien, Duguesclin,
Eschyle, Eusèbe, Fénelon, la belle Feronniôre,
François I er , Frédégonde, Froissart, Gassendi,
Héloïse, Hérode, Ignace de Loyola, saint Jean,
Jeanne d'Arc, saint Jérôme, Judas Iscariote, Ju-
vénal, Kepler, Labruyère, La Vallière, Leibnitz,
Ninon de Lenclos, Lesage,. Lesueur, Locke, -,une
douzaine de Louis, rois de France ; Luther, Lu
crèce, Machiavel, Mahomet, Marat, Marot, Mé
cène, Michel-Ange, Montaigne, Montespan, Mon-,
tesquîeu, Néron, Newton, Nostradamus, Ovide,
saint Paul, Pépin-lo-Bref, Pétrarque, Pétrone,
Phèdre, Pierr.e-le-Grand, Piron, Platon, Pline,
Plutarque, Pompadour, Pompée, Poussin, Rabe
lais, Racan, Racine, Raphaël, Ronsard, Rubens,
Scaron, Schakespeare, Sévîgné, Sênèque, Socra-
te, Spinosa, Suétone, sainte Thérèse, Tibère,
Turenne, Voiture, Voltaire.
Nous nous arrêtons, voilà bien des noms ; ils
ne représentent pas la centième partie de ceux
compris dans l'inventaire.
La question était désormais vidée au sein de
l'Académie des sciences, et une autre s'élevait
aujourd'hui devant le Tribunal, celle de savoir
si le sieur Vrain-Lucas, on employant des ma
nœuvres frauduleuses, a escroqué tout ou partie
de Ja fortune d'autrui.
Vrain-Lucas est un homme do cinquante-
deux ans, de petite taille; il n'a pas de profes
sion-définie.'11 a reçu peu d'instruction,-mais il
-l'a complétée, dit-il, par de nombreuses lectu
res. C'est au milieu des vieux livres, dss vieux
manuscrits, des autographes de tous les âges
qu'il passe sa vie.
interrogatoire du prevenu
M. le président. — Vous avez abusé de la fa
çon la plus audacieuse de la passion d'un
vieillard, d'un savant, de sa passion jî de
collectionneur et de son amour patriotique,
pour le tromper indignement. Pendant un in
tervalle de six ou sept ans, vous lui avez vendu
de prétendus autographes, émanés des hommes
les plus illustres de tous les temps, de tous les
lieux. Ces pièces, qu'il croyait-vraies, histori
ques, au nombre do plus de 27,000, il vous les a
payées an. prix énorme de 140,000 francs, et,
vérification faite, il s'est trouvé que toutes ces
pièces, si on en excepte une on deux centaines,
qui n'ont aucune valeur, étaient des pièces
fausses, fabriquées par vous.
Vous avez fait encore un tort plus considéra
ble à M. Chasles, s'il est possible ; vous lui avez
causé une déception amére. Parmi les lettres
autographes que vous lui aviez vendues, il y en
avait deux signées : Biaise Pascal. M. Chasles a
produit ces deux lettres devant l'Académie des
sciences, dont il est membre, et, pendant de lon
gues séances, on a discuté sur ces lettres, qui
devaient, si elles étaient authentiques, dépouil
ler Newton du mérite de la découverte des lois
de l'attraction.
Il y avait deux ans que la discussion se pro
longeait, lorsque M. Chasles apprend que ces
lettres sont fausses, et qu'il est obligé do faire
l'humiliant aveu qu'il avait été trompé. .
Pour le tromper, vous avez inventé une fable :
vous lui avez dit qu'un comte de Boisjourdain,
émigré en 1791, avait quitté la France, empor
tant une riche collection d'autographes de tous
les âges ; qu'en so rendant en Amérique, il a-
vait fait naufrage ; qu'un certain nombre de
pièces avaient été détériorées par l'eau de la
mer, mais que le plus grand nombre était resté
en bon état.
Vous ajoutiez qu'un grand personnage était
devenu propriétaire de cette collection, sauvée
du naufrage, que vous étiez, son mandataire,
chargé de vendre aux savants les nombreuses
pièces de cotte riche- collection, et, à l'appui de
votre récit, vous représentiez à M. Chasles quel
ques-uns dos documents échappés du nau
frage.
Pour mieux le tromper vous avez eu recours
à d'autres manœuvres ; vous enveloppiez les au
tographes dans des chemises que vous disiez
réputées du collectionneur du dix-huitième siècle.
Toutes ces manœuvres réussiront, et M. Chasles
se décide à traiter avec vous. Le premier ouvra
ge que vous lui vendez, c'est un La Fontaine,
avec annotations de M.- le comte do Boisjour
dain, et vous le lui faites payer 900 fr. Recon
naissez-vous pour vrai cet abrégé des faits im
putés ?
Le sieur Lucas. — Pour une partie, mais pas
pour toutes.
D. Voulez-vous dire que parmi les nombreuses
pièces fausses que vous avez vendues au prix de
l'or, il s'en trouve quelques-unes qui sont
vraies? — Oui, monsieur, j'ai vendu plus de
30,000 pièces à M. Chasles, et il n'en représente
que 27,000; il y en a donc 3 ou 4,000 que M.
Chasles n'a pas montrées et qui sont authenti
ques.
D. Enfin, il y a au moins vingt-sept mille
pièces que vous auriez fabriquéés? — R. Oui,
monsieur.
D. Dans ces longues fraudes que vous avez
pratiquées, vous avez déployé une grande habi
leté, très grande,-et qu'on no devait pas attendre
d'un homme qui n'a reçu qu'une éducation plus
que médiocre. 11 est malheureux qu'un homme
de votre âge, si bien doué, ait employé de si bel
les qualités au mal.
Outre le délit d'escroquerie qui vous est im
puté, la prévention vous reproche encore un abus
do confiance au préjudice de M. Chasles; il vous
aurait prêté des,livres et vous les auriez vendus
à votre profit. — R. Nous faisions des échanges.
D. Oui, vous faisiez des échanges, mais en
dehors des échanges, vous avez gardé des livres
prêtés. — R. J'expliquerai tout cela dans un pe
tit mémoire que j'ai écrit, et dont je vous de
mande la permission de vous donner .lecture.
M. le président. — Plus tard, quand le mo
ment sera venu de présenter votre défense.
audition des témoins
Le premier témoin appelé à la barre est M.
Michel Chasles, âgé de soixante-seize ans, mem
bre de l'Académie des sciences ; un siège a été
préparé pour le vénérable académicien, mais M.
Chasles témoigne le désir de' parler debout; il
dépose :
11 y a longtemps que M. Lucas s'est présenté
chez moi; il arrivait do Château'dun et venait à
moi porteur d'une lettre d'un collectionneur dis
tingué de cette ville, ce qui me donna de la con
fiance. Lucas m'offrit des documents ; je les ac
ceptai, et dès ce moment il m'en apporta un
grand nombre.
La première lettre de Molière, je la payai
500 fr. ; la première de Rabelais me coûta 200 fr.;
j'en eus ensuite plus dé deux" mille. Les pre
mières lettres de Racine me coûtèrent aussi très
cher. J'ai toujours pris tout ce que Lucas m'a
apporté et je fui ai de même tout payé ; j'ai eu
aussi le malheur de faire quelques échanges de
livres précieux ; la somme que je lui ai donnée
est au moins de 140,000 fr. Tout cet argent était,
à ce que prétendait Lucas, pour le propriétaire
des autographes, lui ne touchait qu'un courtage
de 25 pour cent.
Aussi bien des fois lui ai-jo donné des grati
fications, car il me disait toujours avoir besoin
d'argent ; une ibis même, il me montra une af
fiche et me dit que ses meubles devaient être
vendus le lendemain ; à cette occasion, je lui
prêtai -1,800 fr. qu'il devait me rendre, ainsi que
diverses autres sommes que je lui avais déjà
prêtées ; il était donc ainsi mon débiteur d'à
peu près 3,880 fr., non compris dans les 140,000
fr., prix do ses autographes.
' M. Lucas a de plus gardé un manuscrit con
tenant des mignaturcs très fines ; pendant deux
ans je le lui ai redemandé, mais il ne mo l'a ja
mais rapporté ; il disait que la personne pour
laquelle je lo lui avais prêté, et qui était le pro
priétaire des autographes, l'avait placé dans sa
bibliothèque et n'avait pu lo lui remettre au
moment où il le réclamait. Un autre manuscrit
contenant également douze mignatures, et que
j'avais acheté 280 fr. à une vente rue Caumar-
tin, m'a été de même emporté par M. Lucas.
M. le président. — N'avez-vous jamais prêté
d'autres livres?
M. ChasleS.—En effet, un jour j'ouvris ma bi
bliothèque devant M. Lucas, et j'en tirai un La
Fontaine, en deux volumes illustrés, que je lui
prêtai; il les emporta et no me les a jamais
rendus ; ce fait remonte à plus de trois ans.
M. le président.—Comment expliquez-vous la
provenance dés pièces qui vous ont été remisçs
par Lucas ?
M. Chasles. — Très facilement ; les lettres de
Charlemagno, d'Alcuin, de Rabelais sont liées
par une concordance parfaite. Alcuin écrivait à
Charlemagno sur les manuscrits qu'il trouvait
à Taijbaye de Tours, do -même Rabelais avait
été envoyé à cette même abbaye par François I er ,
d'où il lui adressaitles lettres qu'il trouvait dans
les manuscrits ; il y a ainsi une centaine de. let
tres d'Alcuin et plus de doux mille de Rabelais.
M. le président. — Les unes peuvent expli
quer la réalité des autres.
M. Chasles. — Justement ; j'avais ainsi des
lettres do Thalês, traduites do cette façon, et
qui no m'étonnaient pas, par suite db leur pro-"
venance de l'abbaye de Tours. Pour les lettres
de Galilée, Louis XIV, qui tenait à en avoir, en
demanda à Cassini, qu'il chargea d'écrire la vie
de Galilée ; ce désir do Louis XIV était motivé
par l'intervention de Marie de Médicis auprès
du Papo, intervention qui avait sauvé la vie à
ce grand homme ; telle est la concordance de
toutes les lettres, c'est ce qui m'a permis de ré
pondre aux objections qui m'ont été faites. En
! 867, j'ai invité tout lo monde à prendre con
naissance de ces pièces, et un grand nombre de
personnes, même hors de l'Académie, sont ve
nues les vérifier. _
M. lo président. — C'est à vous le premier
qu'on a . dû do savoir que les pièces étaient
fausses.
M. Chasles. — Voici comment je lo découvris,
mais je veux dire d'abord que mes soupçons
avaient été éveillés par d'autres motifs; j'avais
prié M. lo préfet do police do faire surveiller
M. Lucas, parce que je craignais qu'il ne fit
passer plusieurs de ces pièces à l'étranger, c'est
ce qui a rerfdn sa capture plus facile ; j'avais
envoyé-à Florence, pour y être examinée par
une commission, une lettre do Galilée, fournie
par lui ; on me répondit qu'elle était fausse ; jo
m'en plaignis à M. Lucas, qui m'en donna une
autre que j'envoyai de nouveau à Florence.
M. le président. — Parlez-nous des manœu
vres employées. N'y a-t-il pas eu certaines pra« .
tiques pour vous faire croire que les pièces que
Lucas vous présentait avaient été immergées
'dans la mer lors d'un voyage du propriétaire de
ces pièces ? -
M. Chasles. — Effectivement; mais tout était.
si bien fait que je ctoyais-à'la vérité des pièces.
M. le président. — Lucas ne vous remettait-il
pas les pièces dans des chemises annotées par
M. de Boisjourdain ?
M. Chasles. — Oui, mais ce n'est que plus tard
que j'ai su le nom de Boisjourdain. Le posses
seur actuel des autographes était, d'après Lucas,
M. le comte de Boisjourdain, descendant de M.
de Boisjourdain; qui avait emporté sa collection
en- Amérique ; ce qui explique l'immersion de
certaines pièces pendant la traversée.
M. le président. — Est-ce que Lucas n'avait
pas le soin de venir vous trouver au moment où
vous sortiez de l'Académie, et où vous étiez pré
occupé? '
M. Chasles. — C'était, en effet, toujours à ce
moment, vers cinq ou six heures, et il m'atten
dait quelquefois une heure avant mon retour.
M, le président. — Lui disiez-vous les objec
tions qu'on vous faisait à l'Académie?
M. Chasles. — Non, il.me les disait lui-même
le lendemain.
M. le président. — Ne vous est-il pas arrivé de
parler à Lucas de vos doutes sur la sincérité des
pièces qu'il vous remettait ?
M. Chasles. — Plusieurs fois, en effet, je lui
dis : « Ces pièces sont mauvaises, apportez-moi
donc les bonnes. » Une fois même je lui dis :
« Le monsieur qui vous envoie me trompe, il me
donne des choses fausses, je le poursuivrai s'il,
le faut. » A cela il me répondit que ce monsieur
avait consulté son conseil, qui lui avait dit : « Le
mieux est de rendre l'argent et de reprendre vos
pièces; mais je né voulais pas rendre les pièces,
j'y tenais beaucoup puisque je les croyais
vraies. » ,
M. le président. — Vous pouvez vous retirer
si vous le désirez.
M. Chasles. — Je préfère rester..
M. le président, au prévenu. — Voici ce que
vous avez imaginé pour votre défense. Newton,
avez-vous dit, n'est qu'un plagiaire, il a voulu
s'attribuer la gloire d'une découverte qui, en
réalité, appartient à Pascal, et c'est pour réta
blir la vérité que j'ai agi comme je l'ai fait ; mais
les Jettres de Pascal ne sont qu'une fraction des
autographes que vous livriez, et ce n'est pas
sans doute pour la gloire nationale que vous re
mettiez à M. Chasles la lettre de Grégoire de
Tours, racontant l'histoire du vase de Boissons,
et la lettre de Lazare le ressuscité.
Dans les nombreux mémoires que- vous avez
écrits à M. le juge d'instruction, vous vous plai
gniez que M. Chasles payait trop bon marché!
(On rit.) Mais c'est une somme considérable que
vous avez touchée en huit ans, 140,000 francs!
Qu'avez-vous fait de cet argent, près de 20.000 fr.
par an ? -
R. J'achetais des documents.
D. Non, vous les preniez dans les livres; vous
travailliez toute la journée, vous n'avez pas fait
de dépenses folles, vous n'en aviez pas le temps ;
il doit vous rester quelque chose?
R. J'ai perdu sur des livres; j'en ai acheté
500 francs que je n'ai revendus que 300.
D. Je vous engage à dire la vérité. — R. 11 me
reste peut-être 2 à 3,000 fr.
D. Où? — _R. En petites choses de rien.
D. Tenez, il est bien tard pour l'avouer, mais
il est encore temps cependant de lo faire et de
dire où est cet argent et de réparer en partie le
tort que-vous avez fait à M. Chasles., Si vous
conservez la secrète pensée de profiter de ce que
vous avez reçu de M. Chasles, cela pourrait en
gager le Tribunal à prolonger votre -éjour en
prison. — R. J'ai quelques volumes, voilà tout.
D. Alors expliquez comment vous avez dé
pensé cette somme. Meniez-vous une vie de dé
sordres? — R. J'ai eu des malheurs , des
pertes. .
■D. Vous avez gardé de l'argent? — R. Je suis
sans argent dans le moment.
M. le président. — Faites approcher un autrfe
témoin. ,
M. Mabille, expert bibliothécaire à la biblio
thèque impériale. — M, Mabille rend compte de
la mission qui lui a été confiée.
D. Vous avez reconnu que quelques-unes des
pièces que vous avez examinées étaient authen
tiques? — R. Il y en a peut-être vingt ou vingt-
cinq; valant tout au plus 500 fr., avec les volu
mes vendus à M. Chasles. .
D. N'avez-vous pas remarqué qu'on avait em
ployé un artifice pour l'encre dont on s'est servi
pour écrire les pièces fausses? — Si, monsieur
le-président; si bien que soumise à un procédé
pour reconnaître si elle était ancienne ou non,
on a pu croire qu'elle était ancienne.
D, Par leur facture, les pièces n'avaient-elles
pas un lien entre elles? — R. Oui, elles se te
naient, pour la plus grande partie du moins,
elles concouraient au même but.
D. Los faussaires du genre do Lucas commet
tent quelquefois une faute, ils parlent dans leurs .
faux autographes de faits postérieurs en date..
Cette faute, Lucas l'a-t-il souvent commises ? —
R. Quelquefois, mais pas souvent. Je dois ce
pendant signaler une lettre de Louis XIV à Gali
lée, c'est un énorme anachronisme.
D. Ainsi Lucas a montré une grande intelli
gence? — R. Oui, monsieur.
D. Le prévenu allait souvent à la Bibliothèque
impériale?— R. Oui, monsieur.
D. Est-ce qu'à la Bibliothèque Sainte-Geneviè
ve, il n'était pas en suspicion? — R. Qui, mon- -
sieur.
D. Et à la Bibliothèque Mazarine, ont le sur
veillait également? — R. Oui monsieur.
D.. au prévenu. On a tout lieu de croire que
vous avez commis des détournements à la Bi
bliothèque Mazarine ou à celle do l'Arsenal. --
R. Je n'ai jamais remarqué qu'on m'y sur
veillât.
SI. lo président adresse à M: Mabille des élo
ges sur lo rapport qu'il a fait à la suite de la
mission que la justice lui avait confiée.
Louis Bordier, homme de lettres. — D. Vous
êtes, l'un des auteurs du remarquable rapport
que nous avons sous les yeux. Parmi les pièces
que vous avez été chargé d'examiner, y en avait-
il d'authentiques?... — R. Une centaine envi
ron, et sans valeur. Nous ne pensons pas "qu'elles
appartinssent à un dépôt public.
En dehors des pièces vendues à M. Chasles, il
n'y en a eu de vendues qu'à M. le marquis Du-
prat et à un employé d'un ministère. La ques
tion principale qui nous était soumise était de
savoir si le prévenu avait été capable de faire
toutes ces pièces et à lui seul. Notre réponse à
été affirmative. Lucas Et reçu un commencement
d'instruction, qu'il a complété par des lectures.
Nous n'avons trouvé aucun indice de complice.
D. Veuillez, monsieur, indiquer au tribunal
les artifices principaux dont il s'est servi.
R. 11 se disait le commissionnaire d'un collec
tionneur important. C'est comme cela qu'il ne
se faisait pas juge lui-même dos pièces qu'il
offrait et qu'il laissait l'acheteur s'enflammer.
Son encre était bien faite, et il employait du
papier adroitement préparé.
D. Quel était son procédé pour le papier ?
R. Son procédé le plus habituel était de le
roussir à la lampo. Il employait du vieux papier
collé, qu'il avait d'abord trempé dans l'eauiet
qu'il faisait roussir; ce qui le prouve, c'est que
les feuilles étaient brûlées au point de casser,,
tantôt à un point, tantôt à un autre. En mouil
lant les pièces, nous n'avons cependant pas pu
arriver au même résultat que lui. Nous avons '
eu entre les mains des pièces) qui avaient un
aspect noirâtre. ..■■-■■■
D. C'était une dissolution d'acide*gallique que
l'on avait versé dessus pour vérifier la date de
l'encre, qui a produit cette teinte ?
R. Nous ne sommes pas assez chimiste pour
nous prononcer sur ce point. - * r
Lucas. — Je mettais tout simplement qtfelque
chose dans l'encre..
M. le président. — Du reste, nous »1 ïb ~ tepons
pas beaucoup à drrulguer vosr procédés, ' qui
pourraient trouver des imitateurs.
Lucas. — Je faisais chauil'er, c'est vrai, mais
ce n'était pas pour roussir le papier- Au commen
cement, je mettais ce dont je rne servais sur le
papier. J'étais obligé de le mouiller; mais, par
la suite, jo l'ai mis dans l'encre, et alors je n'ai
plus eu besoin de laver.
Avant que la parole ne soit donnée à l'organe
du ministère-public, M e Helbronner, défenseur
du prévenu, dépose des conclusions.
M. l'avocat général Fourchy soutient ensuite
la prévention.
Vu l'heure avancée et pour donner à la défen
se pleine et entière latitude, M. le président
renvoie l'affaire à huitaine.
{Journaux-judiciaires.)
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