Titre : La Française : journal de progrès féminin
Auteur : Conseil national des femmes francaises. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-01-20
Contributeur : Misme, Jane (1865-1935). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327772596
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 janvier 1934 20 janvier 1934
Description : 1934/01/20 (A27,N1093). 1934/01/20 (A27,N1093).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k68161293
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6328
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2016
VINGT-SEPTIEME ANNEE — N* 1093
Le numéro
50 centimes
La Française
Journal d'information et d'action féminines
SAMEDI 20 JANVIER
• DIRECTION, Rédaction : 53. rue Scheffer. — PARIS 16
Administration : 108, Boulcv. St-Germain — PARIS 6*
(de 2 L 1/2 i 5 h. 1/2. samedi excepté)
(Fondatrice : JANE MISME)
ABONNEMENTS
France et Colonies
Etranger
24 fr. par an
40 fr. —
ÉLÉPHONE DANTON 48-65.
Directrice: G. BRUNSCHVICG
Chèques Postaux : 441-20 Paris
L’épouse du coupable
Nous avons publié samedi dernier, à
propos de l’affaire Stavisky, quelques
réflexions qui ont été retenues dans
République par M. Nicolas Lerouge.
après quelques petites flèches adressées
féminisme, voici ses commentaires et
conclusion :
La
Et
au
sa
Pour les militantes féministes, il s’agit, dans la
revendication générale de leurs droits, d’être,
même sur ce point spécial, logiques avec leur
doctrine. Si la femme n’est plus considérée com
me une perpétuelle mineure, évidemment, dans
bien des cas, sa responsabilité se modifie...
Pour moi, je n’aborderais pas le problème tout
à fait ainsi.
Je me placerais, tout d'abord, sur le plan sen
timental.
Or, la femme qui aime approuve ou excuse
l’homme, quoi qu’il ait fait.
Un père peut condamner. Une femme aimante
absout. Elle ne se pose même pas le problème
de la culpabilité. Elle dirait, comme dans le
poème de Maeterlinck :
Dites-lui que j'ai souri,
De peur qu’il ne pleure...
Elle trouvera toujours des excuses pour l hom
me, et l’enveloppera tout entier, comme d un
zaïmph, du voile magique de son amour et ce
sa foi.
C’ est pouiquoi l’être le plus taré, le plus vil,
trouve souvent à se réfugier dans ce sanctuaire
de la foi féminine, comme dans une tour enchan
tée, où il se trouve soudain revêtu, sinon d’inno
cence, du moins de pardon.
C’est pourquoi, mélancoliquement, je voudrais
conclure :
—• Si la femme d’un coupable, parée par lui
d'un luxe criminel, ne l’aime pas vraiment, elle
est complice.
Mais si elle l’aime, s’il n’y a jamais eu ce cou
pable, devant elle, mais un être cher en danger,
la complicité se dissout dans l’aveuglement de la
passion, et la femme est innocente, ou, du moins,
n’est pas complice.
Nous commenterons à notre tour l’opi
nion de M. Nicolas Lerouge sur la femme
du coupable, en le remerciant d’avoir tra
duit si exactement le point de vue senti
mental de l’homme qui s’attendrit devant
la généreuse et inconsciente amoureuse.
« La complicité de la femme se dissoud
dans l’aveuglement de la passion ». dé-
clare-t-il. La femme qui aime n’est donc
pas coupable de complicité, puisqu’elle n’a
pas à juger l’homme; «puisqu’elle ne se
pose même pas le problème de la culpabi
lité ».
(), vanité masculine, égoïsme sacré de
l’homme qui accepte si aisément le renon
cement de la conscience féminine en sa
faveur; qui comprend si mal l’âme de la
femme, celle âme si souvent plus « virile »
et plus désintéressée que la sienne!
Oui, la femme qui aime restera aux cô
tés de l’homme coupable dans les bons
et dans les mauvais jours. Mais si elle est
une
gré
non
pée
vraie femme, digne de conserver mal
tout notre respect, elle y demeurera
pas en jouisseuse aveugle ou en pou-
passionnée, mais en compagne cons
ciente qui accepte la complicité par
amour, par tendresse, par ce besoin de la
femme de protéger l’homme contre les
coups du dehors, quels qu’on puissent être
pour elle les conséquences et les risques.
Et si nous étions juge, Monsieur Nicolas
Lerouge, nous accorderions sans aucun
doute les circonstances atténuantes à une
telle femme; mais moralement, nous ne
pourrions vraiment l’absoudre, que si,
consciente du mal commis, elle avait
ré ¬
pugné à en jouir et s’engageait à tenter par
la suite, dans la mesure de ses forces et de
ses moyens, un effort de réparation.
C. Brunschvicg.
En Espagne
Les élections municipales de Catalogne
ont donné aux gauches la majorité absolue,
déclare unanimement la presse; aucun
journal de gauche n’a fait remarquer
que les femmes y ont pourtant pris part.
Oubli, ou mauvaise foi?
LE VOTE DES FEMMES
EN FRANCE
1901-1933
par Alice La Mazière
1901
La première proposition de loi déposée
sur le bureau de la Chambre date du 1e
juillet 1901. Elle était due à M. Gautret,
dont je tiens à citer le nom, car il ne faut
jamais oublier les précurseurs, presque
toujours méconnus d’ailleurs.
Elle comportait un article unique :
Le droit de vote dans les élections mu
nicipales, cantonales et législatives est ac
cordé aux femmes majeures, célibataires,
veuves ou divorcées.
Sous cette réserve, les conditions de vote
imposées aux électeurs sont exigibles des
femmes en tant qu’électrices.
Dans l’exposé des motifs de sapropo-
sition, M. Gautret cite un chiffre : sur 39
millions d’habitants que comptait alors no
tre pays, les femmes étaient en majorité
de plus d’un million. «.Seuls les hommes,
c’est-à-dire la minorité, se sont accordés le
suffrage universel... et se sont conduits, dit-
il, comme le laquais qui a dépossédé son
maître, comme l’intendant devenu le sei
gneur du château, d'autant plus dur, d’au-
tant plus arrogant avec les autres servi
teurs, que son élévation est plus récente.»
M. Gautret, en demandant le droit de
vote pour les célibataires, les veuves et
les divorcées, s’intéressait particulièrement
à celle catégorie de femmes qui, sans pro
tecteur, sans soutien, agissent véritable
ment comme chefs de famille et doivent
faire face, seules, aux difficultés de l’exis-
tence.
« Tant que l’homme, mari avant tout, a
nourri la femme et les enfants, comme il
avait la plus grande partie des charges, on
pouvait, à la rigueur, admettre qu’il eût
tous les droits.
« Mais déjà, au début du xxe siècle,
nombre de femmes sont occupées dans les
usines, les administrations, les grands ma
gasins. les ateliers, «condamnées au tra
vail, au célibat obligatoire ».
Contribuables au même titre que les
hommes, supportant des charges égales, el
les devraient, comme eux consentir l’impôt.
Le régime démocratique l’exige.
Renvoyée à la commission du suffrage
universel, la proposition de M. Gautret qui,
bien que timide, semblait à l’époque d’une
inconcevable hardiesse, ne fut jamais étu
diée et ne sortit jamais des cartons verts
où elle dort encore.
FERDINAND BUISSON
1906
Quelques années passèrent pendant les
quelles des pays étrangers comme la Suède,
la Norvège, quelques États de l’Amérique
du Nord appelaient leurs filles à la vie poli
tique. Ces mesures fécondes en heureux
résultats n’étaient point sans impression-
ner quelques-uns des esprits les plus réflé
chis du Parlement. Le 10 juillet 1906, M.
Dussaussoy demandait que les femmes, non
point certaines catégories, mais toutes, fus
sent appelées à élire les conseillers muni
cipaux et généraux.
«Qu’elle soit de condition bourgeoise et
propriétaire, que commerçante elle enri
chisse la communauté de ses gains person
nels, ou qu’encore par l’administration du
ménage et son travail domestique elle ap
porte au foyer un concours, sans doute dif
ficile à évaluer en argent, la femme ma
riée, aussi bien que la femme célibataire,
veuve ou divorcée, doit garder sa propre
vocation, son suffrage personnel.»
Cliché < Le Jour ».
Un meeting féminin a Madras
Au milieu ; Gandhi, récemment sorti de prison. A droite : Srimathi DURCA Bai, qui fut
emprisonnée pour ses campagnes en faveur de la résistance passive.
A l’appuii de sa thèse, et entre autres
exemples, M. Dussaussoy citait une com
mune de 420 habitants où 11 électeurs
n’étaient pas propriétaires, mais où 10 veu
ves, propriétaires ne votaient pas.
Cette proposition de loi eut plus de chan
ce que celle de M. Gautret. La commission
du suffrage universel, à qui elle avait été
renvoyée, s’en occupa et conclut à l’adop
tion du projet. Le rapport fut confié à
Ferdinand Buisson, dont la voix s’est tue,
elle aussi' — combien demeure-t-il de
champions de la cause féministe? — ré
digea un très gros rapport (déposé sur le
bureau de la Chambre le 16 juillet 1909)
et qui est en tous points remarquable. Cet
ancien instituteur, cet ancien ministre, cet
homme de bien, qui devait être plus tard
titulaire du prix Nobel pour la paix, étudia
la question avec toute son intelligence et
tout son cœur. Non seulement il résuma
la marche de la législation en ce qui con
cerne les droits partiels de suffrage obte
nus par la femme depuis 1789, mais il
donna un aperçu très complet alors, depuis
considérablement dépassé, de la situation
de la femme à l’étranger. Ces renseigne
ments puisés aux meilleures sources et
totalement ignorés chez nous à celle épo
que, devaient faire réfléchir le monde par
lementaire, toujours disposé à sourire, à se
moquer quand les femmes, par la voix de
leurs défenseurs, manifestaient le désir de
participer à la vie municipale et politique
du pays.
« La démocratie se reconnaît à ce signe,
disait F. Buisson, qu’elle considère le droit
au suffrage comme un droit naturel, dépen
dant de la. personne humaine, et indépen
dant des circonstances matérielles et mo
rales, économiques et sociales, où celle-ci
peut se trouver. »
Rien ne peut être ajouté à celte belle
définition.
Le rapport de Ferdinand Buisson fut re
pris le 10 juin 1910, par 163 députés. Cinq
jours plus tard, M. Albert Thomas, au nom
du groupe socialiste, lui donnait une ap
probation sans réserve.
Mais aucune hâte ne se manifeste au
Parlement de faire aboutir la réforme. Des
faits nouveaux étant survenus (dans nom
bre de pays étrangers les femmes, appelées
à prendre part aux élections municipales,
avaient vu s’étendre leurs droits et parti
cipaient maintenant au suffrage politique),
M. Ferdinand Buisson est invité à complé
ter son rapport, et c’est le 29 juillet 1913
qu’il dépose son nouveau travail sur le
bureau de la Chambre.
Entièrement favorable à la cause qu’il
défend et soutient, Ferdinand Buisson, se
fait néanmoins l’écho d’une crainte que
tels et tels ont formulée et qu’il est bon de
noter, car nous la retrouverons au cours
des années qui vont suivre :
— On a peur, dit-il, de certaines consé
quences politiques de l’électorat féminin.
En dépit de l’intérêt que suscitait le
rapport de Ferdinand 'Buisson, et peut-être
même à cause de l’importance du travail,
qu’il n’était point possible de traiter de
façon cavalière et désinvolte, la Chambre
de la xo législature ne prit point le temps
de l’examiner.
Il fut repris en 1914. Quelques mois
après, la guerre éclatait. Nul ne se dou
tait alors du rôle important que joueraient
les femmes pendant ces années douloureu
ses, et qu’entre leurs mains reposerait en
grande partie ce qui subsisterait de l’acti-
vité économique du pays.
Ce que furent leur vaillance, leur endu
rance, personne ne pouvait alors se le figu
rer.
Le cataclysme apportant avec lui de si
grands, de si .profonds bouleversements, ne
s'est pas abattu sur notre pays, sans que
la condition matérielle et morale des fem-
mes en ait été modifiée.
Pendant les hostilités, elles sont sorties
de leurs foyers. Bénévoles ou rémunérées,
bien que travaillant dans des conditions pé
nibles, elles ont pris goût à leur activité.
L’accomplissement de métiers jusqu’alors
réservés aux hommes et dont quelques-uns
étaient certes moins fatigants que nombre
de métiers dits féminins, la conquête de
l’indépendance économique, mère de fou
les les autres, a profondément modifié leur
mentalité et leur altitude devant la vie.
Il fallut recommencer sur de nouveaux
frais.
(à suivre}
Mrs. CHAPMAN CATT
Fondatrice de l’Alliance internationale pour le
Suffrage des Femmes, dont on vient de célébrer
à Nerv-Yorlf, le 9 janvier, le 75 e anniversaire.
Les suffragistes Françaises, reconnais
santes à Mrs Chapmann-Catt de tout ce
qu’elle, a fait pour la cause féminine en
France et dans le monde entier, lui en
voient à l’occasion de son 75 e anniversaire
leurs sentiments de respectueuse sympa
thie et leurs meilleurs vœux de succès pour
les entreprises qu’elle dirige encore avec
tant de courage et d’énergie.
POUR LE REDRESSEMENT MORAL
DU PAYS
GRAND MEETING
le 5 février, à 20 h. 30
SALLE WAGRAM (Voir, page 4)
Quelques opinions masculines
sur le voteïdes femmes
i
Les Femmes et le Fisc
Depuis de nombreuses années déjà, des
courageuses femmes qui ont toujours scru
puleusement rempli leurs devoirs d’épou
ses, de mères et de citoyennes, demandent
avec insistance que leur soient reconnus
les droits que comporte ce dernier titre.
Si la Chambre des Députés, à maintes
reprises et par d’importantes majorités qui
sont un hommage rendu aux qualités et aux
mérites de la Française, a bien voulu re
connaître le bien-fondé de ces demandes et
établir l’égalité complète des sexes dans la
nation, le Sénat, par contre, se confinant
dans des idées d’un autre âge, dictées par
un sot amour-propre masculin, s’est tou
jours refusé à les ratifier, faisant même
triompher l’équivoque en esquivant la dis
cussion.
Dans ces conditions que reste-t-il à
faire?
Lorsque une femme voyage en chemin de
fer, après avoir pris son ticket à la gare
de départ, la Compagnie lui assure la mê-
me place, le même confort, les mêmes
droits qu’aux hommes qui', pour le même
prix, voyagent dans le même train. Quand
elle va au spectacle, après en avoir acquit
té le prix à l’entrée, elle choisit sa place
et s’installe de même que les spectateurs
de l’autre sexe et sans que le gérant lui
ait demandé à la porte si elle vient pour
applaudir ou pour huer la pièce. Pourquoi
l’Etat agit-il autrement? Pourquoi, après
avoir encaissé l’argent des contribuables-
femmes ne leur donne-t-il pas le même
droit de contrôle et de critique qu’aux
contribuables hommes?
Nous posons la question aux Sénateurs,
nos adversaires, qui sont animés d’un es
prit de justice comme doivent l’être tous
les parlementaires, constructeurs des lois
de la République.
En bonnes et honnêtes citoyennes les
Françaises estiment que le respect des lois
du pays est le premier des devoirs, aussi
n’est-ce que par la légalité qu’elles veu
lent obtenir la reconnaissance de leurs
droits. Elles désapprouvent ceux qui pré
conisent la grève de l’impôt : l’impôt étant
volé il faut le payer.
D’autre part ne serait-il pas équitable,
que se voyant refuser l’accès aux droits
élémentaires de tout citoyen du contrôle
des dépenses et des actes de l’Etat, elles
soient exemptées de payer l’impôt. Nous
demandons aux groupes féministes de la
Chambre et du Sénat de faire incorporer
désormais dans la loi de finances un arti
cle final rédigé à peu près en ces termes .
«Les impôts contenus dans la présente
loi ne sont pas applicables aux femmes,
qu’elles soient célibataires ou chefs de fa-
mille, seuls les citoyens du sexe masculin
y sont astreints. Toutefois les ouvrières,
employées, fonctionnaires ou toutes autres
salariées dont le droit au travail est re
connu devront acquitter l’impôt sur les
salaires comme les hommes. Les commer
çantes et industrielles qui ont droit de vote
et d’éligibilité aux élections consulaires
devront, au même titre que les hommes,
acquitter les impôts spéciaux de leurs com
merces ou industries, tels que : patente,
droits d’inspection des fraudes. poids et
mesures, etc. ».
Les antiféministes du Sénat nentendent
pas sans doute, par ce terme, la haine de
la femme ou de tout ce qui touche aux
femmes et leur sentiment de justice ne se
refusera pas à admettre que puisqu’ils re
fusent aux Françaises l’égalité des droits
civiques, le droit de contrôle sur les dé
penses de l’Etat en leur refusant le droit
de vote, ils doivent en compensation les
exempter du devoir de payer l’impôt.
J. Pontier.
Le nouveau sénateur d’Oran
M. Roux-Fressineng, questionné par Mme
Abadie pendant les dernières élections, lui
a répondu :
Madame la Présidente,
J’ai déjà eu l’honneur de répondre à l’U.
F. S. F. que j’avais à plusieurs reprises
voté à la Chambre pour le Suffrage des
Femmes. z
Il va sans dire que je ne modifierai pas .
mon sentiment sur ce point, si je suis élu
sénateur et que j’interviendrai au Sénat
dans le même sens.
Veuillez agréer, Madame, mes respec
tueux hommages.
Signé : Roux-Fréssineng.
Nous notons avec plaisir l’opinion du
nouveau sénateur en le remerciant à
l’avance de l’appui qu’il nous apportera au
Palais du Luxembourg.
Le numéro
50 centimes
La Française
Journal d'information et d'action féminines
SAMEDI 20 JANVIER
• DIRECTION, Rédaction : 53. rue Scheffer. — PARIS 16
Administration : 108, Boulcv. St-Germain — PARIS 6*
(de 2 L 1/2 i 5 h. 1/2. samedi excepté)
(Fondatrice : JANE MISME)
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France et Colonies
Etranger
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40 fr. —
ÉLÉPHONE DANTON 48-65.
Directrice: G. BRUNSCHVICG
Chèques Postaux : 441-20 Paris
L’épouse du coupable
Nous avons publié samedi dernier, à
propos de l’affaire Stavisky, quelques
réflexions qui ont été retenues dans
République par M. Nicolas Lerouge.
après quelques petites flèches adressées
féminisme, voici ses commentaires et
conclusion :
La
Et
au
sa
Pour les militantes féministes, il s’agit, dans la
revendication générale de leurs droits, d’être,
même sur ce point spécial, logiques avec leur
doctrine. Si la femme n’est plus considérée com
me une perpétuelle mineure, évidemment, dans
bien des cas, sa responsabilité se modifie...
Pour moi, je n’aborderais pas le problème tout
à fait ainsi.
Je me placerais, tout d'abord, sur le plan sen
timental.
Or, la femme qui aime approuve ou excuse
l’homme, quoi qu’il ait fait.
Un père peut condamner. Une femme aimante
absout. Elle ne se pose même pas le problème
de la culpabilité. Elle dirait, comme dans le
poème de Maeterlinck :
Dites-lui que j'ai souri,
De peur qu’il ne pleure...
Elle trouvera toujours des excuses pour l hom
me, et l’enveloppera tout entier, comme d un
zaïmph, du voile magique de son amour et ce
sa foi.
C’ est pouiquoi l’être le plus taré, le plus vil,
trouve souvent à se réfugier dans ce sanctuaire
de la foi féminine, comme dans une tour enchan
tée, où il se trouve soudain revêtu, sinon d’inno
cence, du moins de pardon.
C’est pourquoi, mélancoliquement, je voudrais
conclure :
—• Si la femme d’un coupable, parée par lui
d'un luxe criminel, ne l’aime pas vraiment, elle
est complice.
Mais si elle l’aime, s’il n’y a jamais eu ce cou
pable, devant elle, mais un être cher en danger,
la complicité se dissout dans l’aveuglement de la
passion, et la femme est innocente, ou, du moins,
n’est pas complice.
Nous commenterons à notre tour l’opi
nion de M. Nicolas Lerouge sur la femme
du coupable, en le remerciant d’avoir tra
duit si exactement le point de vue senti
mental de l’homme qui s’attendrit devant
la généreuse et inconsciente amoureuse.
« La complicité de la femme se dissoud
dans l’aveuglement de la passion ». dé-
clare-t-il. La femme qui aime n’est donc
pas coupable de complicité, puisqu’elle n’a
pas à juger l’homme; «puisqu’elle ne se
pose même pas le problème de la culpabi
lité ».
(), vanité masculine, égoïsme sacré de
l’homme qui accepte si aisément le renon
cement de la conscience féminine en sa
faveur; qui comprend si mal l’âme de la
femme, celle âme si souvent plus « virile »
et plus désintéressée que la sienne!
Oui, la femme qui aime restera aux cô
tés de l’homme coupable dans les bons
et dans les mauvais jours. Mais si elle est
une
gré
non
pée
vraie femme, digne de conserver mal
tout notre respect, elle y demeurera
pas en jouisseuse aveugle ou en pou-
passionnée, mais en compagne cons
ciente qui accepte la complicité par
amour, par tendresse, par ce besoin de la
femme de protéger l’homme contre les
coups du dehors, quels qu’on puissent être
pour elle les conséquences et les risques.
Et si nous étions juge, Monsieur Nicolas
Lerouge, nous accorderions sans aucun
doute les circonstances atténuantes à une
telle femme; mais moralement, nous ne
pourrions vraiment l’absoudre, que si,
consciente du mal commis, elle avait
ré ¬
pugné à en jouir et s’engageait à tenter par
la suite, dans la mesure de ses forces et de
ses moyens, un effort de réparation.
C. Brunschvicg.
En Espagne
Les élections municipales de Catalogne
ont donné aux gauches la majorité absolue,
déclare unanimement la presse; aucun
journal de gauche n’a fait remarquer
que les femmes y ont pourtant pris part.
Oubli, ou mauvaise foi?
LE VOTE DES FEMMES
EN FRANCE
1901-1933
par Alice La Mazière
1901
La première proposition de loi déposée
sur le bureau de la Chambre date du 1e
juillet 1901. Elle était due à M. Gautret,
dont je tiens à citer le nom, car il ne faut
jamais oublier les précurseurs, presque
toujours méconnus d’ailleurs.
Elle comportait un article unique :
Le droit de vote dans les élections mu
nicipales, cantonales et législatives est ac
cordé aux femmes majeures, célibataires,
veuves ou divorcées.
Sous cette réserve, les conditions de vote
imposées aux électeurs sont exigibles des
femmes en tant qu’électrices.
Dans l’exposé des motifs de sapropo-
sition, M. Gautret cite un chiffre : sur 39
millions d’habitants que comptait alors no
tre pays, les femmes étaient en majorité
de plus d’un million. «.Seuls les hommes,
c’est-à-dire la minorité, se sont accordés le
suffrage universel... et se sont conduits, dit-
il, comme le laquais qui a dépossédé son
maître, comme l’intendant devenu le sei
gneur du château, d'autant plus dur, d’au-
tant plus arrogant avec les autres servi
teurs, que son élévation est plus récente.»
M. Gautret, en demandant le droit de
vote pour les célibataires, les veuves et
les divorcées, s’intéressait particulièrement
à celle catégorie de femmes qui, sans pro
tecteur, sans soutien, agissent véritable
ment comme chefs de famille et doivent
faire face, seules, aux difficultés de l’exis-
tence.
« Tant que l’homme, mari avant tout, a
nourri la femme et les enfants, comme il
avait la plus grande partie des charges, on
pouvait, à la rigueur, admettre qu’il eût
tous les droits.
« Mais déjà, au début du xxe siècle,
nombre de femmes sont occupées dans les
usines, les administrations, les grands ma
gasins. les ateliers, «condamnées au tra
vail, au célibat obligatoire ».
Contribuables au même titre que les
hommes, supportant des charges égales, el
les devraient, comme eux consentir l’impôt.
Le régime démocratique l’exige.
Renvoyée à la commission du suffrage
universel, la proposition de M. Gautret qui,
bien que timide, semblait à l’époque d’une
inconcevable hardiesse, ne fut jamais étu
diée et ne sortit jamais des cartons verts
où elle dort encore.
FERDINAND BUISSON
1906
Quelques années passèrent pendant les
quelles des pays étrangers comme la Suède,
la Norvège, quelques États de l’Amérique
du Nord appelaient leurs filles à la vie poli
tique. Ces mesures fécondes en heureux
résultats n’étaient point sans impression-
ner quelques-uns des esprits les plus réflé
chis du Parlement. Le 10 juillet 1906, M.
Dussaussoy demandait que les femmes, non
point certaines catégories, mais toutes, fus
sent appelées à élire les conseillers muni
cipaux et généraux.
«Qu’elle soit de condition bourgeoise et
propriétaire, que commerçante elle enri
chisse la communauté de ses gains person
nels, ou qu’encore par l’administration du
ménage et son travail domestique elle ap
porte au foyer un concours, sans doute dif
ficile à évaluer en argent, la femme ma
riée, aussi bien que la femme célibataire,
veuve ou divorcée, doit garder sa propre
vocation, son suffrage personnel.»
Cliché < Le Jour ».
Un meeting féminin a Madras
Au milieu ; Gandhi, récemment sorti de prison. A droite : Srimathi DURCA Bai, qui fut
emprisonnée pour ses campagnes en faveur de la résistance passive.
A l’appuii de sa thèse, et entre autres
exemples, M. Dussaussoy citait une com
mune de 420 habitants où 11 électeurs
n’étaient pas propriétaires, mais où 10 veu
ves, propriétaires ne votaient pas.
Cette proposition de loi eut plus de chan
ce que celle de M. Gautret. La commission
du suffrage universel, à qui elle avait été
renvoyée, s’en occupa et conclut à l’adop
tion du projet. Le rapport fut confié à
Ferdinand Buisson, dont la voix s’est tue,
elle aussi' — combien demeure-t-il de
champions de la cause féministe? — ré
digea un très gros rapport (déposé sur le
bureau de la Chambre le 16 juillet 1909)
et qui est en tous points remarquable. Cet
ancien instituteur, cet ancien ministre, cet
homme de bien, qui devait être plus tard
titulaire du prix Nobel pour la paix, étudia
la question avec toute son intelligence et
tout son cœur. Non seulement il résuma
la marche de la législation en ce qui con
cerne les droits partiels de suffrage obte
nus par la femme depuis 1789, mais il
donna un aperçu très complet alors, depuis
considérablement dépassé, de la situation
de la femme à l’étranger. Ces renseigne
ments puisés aux meilleures sources et
totalement ignorés chez nous à celle épo
que, devaient faire réfléchir le monde par
lementaire, toujours disposé à sourire, à se
moquer quand les femmes, par la voix de
leurs défenseurs, manifestaient le désir de
participer à la vie municipale et politique
du pays.
« La démocratie se reconnaît à ce signe,
disait F. Buisson, qu’elle considère le droit
au suffrage comme un droit naturel, dépen
dant de la. personne humaine, et indépen
dant des circonstances matérielles et mo
rales, économiques et sociales, où celle-ci
peut se trouver. »
Rien ne peut être ajouté à celte belle
définition.
Le rapport de Ferdinand Buisson fut re
pris le 10 juin 1910, par 163 députés. Cinq
jours plus tard, M. Albert Thomas, au nom
du groupe socialiste, lui donnait une ap
probation sans réserve.
Mais aucune hâte ne se manifeste au
Parlement de faire aboutir la réforme. Des
faits nouveaux étant survenus (dans nom
bre de pays étrangers les femmes, appelées
à prendre part aux élections municipales,
avaient vu s’étendre leurs droits et parti
cipaient maintenant au suffrage politique),
M. Ferdinand Buisson est invité à complé
ter son rapport, et c’est le 29 juillet 1913
qu’il dépose son nouveau travail sur le
bureau de la Chambre.
Entièrement favorable à la cause qu’il
défend et soutient, Ferdinand Buisson, se
fait néanmoins l’écho d’une crainte que
tels et tels ont formulée et qu’il est bon de
noter, car nous la retrouverons au cours
des années qui vont suivre :
— On a peur, dit-il, de certaines consé
quences politiques de l’électorat féminin.
En dépit de l’intérêt que suscitait le
rapport de Ferdinand 'Buisson, et peut-être
même à cause de l’importance du travail,
qu’il n’était point possible de traiter de
façon cavalière et désinvolte, la Chambre
de la xo législature ne prit point le temps
de l’examiner.
Il fut repris en 1914. Quelques mois
après, la guerre éclatait. Nul ne se dou
tait alors du rôle important que joueraient
les femmes pendant ces années douloureu
ses, et qu’entre leurs mains reposerait en
grande partie ce qui subsisterait de l’acti-
vité économique du pays.
Ce que furent leur vaillance, leur endu
rance, personne ne pouvait alors se le figu
rer.
Le cataclysme apportant avec lui de si
grands, de si .profonds bouleversements, ne
s'est pas abattu sur notre pays, sans que
la condition matérielle et morale des fem-
mes en ait été modifiée.
Pendant les hostilités, elles sont sorties
de leurs foyers. Bénévoles ou rémunérées,
bien que travaillant dans des conditions pé
nibles, elles ont pris goût à leur activité.
L’accomplissement de métiers jusqu’alors
réservés aux hommes et dont quelques-uns
étaient certes moins fatigants que nombre
de métiers dits féminins, la conquête de
l’indépendance économique, mère de fou
les les autres, a profondément modifié leur
mentalité et leur altitude devant la vie.
Il fallut recommencer sur de nouveaux
frais.
(à suivre}
Mrs. CHAPMAN CATT
Fondatrice de l’Alliance internationale pour le
Suffrage des Femmes, dont on vient de célébrer
à Nerv-Yorlf, le 9 janvier, le 75 e anniversaire.
Les suffragistes Françaises, reconnais
santes à Mrs Chapmann-Catt de tout ce
qu’elle, a fait pour la cause féminine en
France et dans le monde entier, lui en
voient à l’occasion de son 75 e anniversaire
leurs sentiments de respectueuse sympa
thie et leurs meilleurs vœux de succès pour
les entreprises qu’elle dirige encore avec
tant de courage et d’énergie.
POUR LE REDRESSEMENT MORAL
DU PAYS
GRAND MEETING
le 5 février, à 20 h. 30
SALLE WAGRAM (Voir, page 4)
Quelques opinions masculines
sur le voteïdes femmes
i
Les Femmes et le Fisc
Depuis de nombreuses années déjà, des
courageuses femmes qui ont toujours scru
puleusement rempli leurs devoirs d’épou
ses, de mères et de citoyennes, demandent
avec insistance que leur soient reconnus
les droits que comporte ce dernier titre.
Si la Chambre des Députés, à maintes
reprises et par d’importantes majorités qui
sont un hommage rendu aux qualités et aux
mérites de la Française, a bien voulu re
connaître le bien-fondé de ces demandes et
établir l’égalité complète des sexes dans la
nation, le Sénat, par contre, se confinant
dans des idées d’un autre âge, dictées par
un sot amour-propre masculin, s’est tou
jours refusé à les ratifier, faisant même
triompher l’équivoque en esquivant la dis
cussion.
Dans ces conditions que reste-t-il à
faire?
Lorsque une femme voyage en chemin de
fer, après avoir pris son ticket à la gare
de départ, la Compagnie lui assure la mê-
me place, le même confort, les mêmes
droits qu’aux hommes qui', pour le même
prix, voyagent dans le même train. Quand
elle va au spectacle, après en avoir acquit
té le prix à l’entrée, elle choisit sa place
et s’installe de même que les spectateurs
de l’autre sexe et sans que le gérant lui
ait demandé à la porte si elle vient pour
applaudir ou pour huer la pièce. Pourquoi
l’Etat agit-il autrement? Pourquoi, après
avoir encaissé l’argent des contribuables-
femmes ne leur donne-t-il pas le même
droit de contrôle et de critique qu’aux
contribuables hommes?
Nous posons la question aux Sénateurs,
nos adversaires, qui sont animés d’un es
prit de justice comme doivent l’être tous
les parlementaires, constructeurs des lois
de la République.
En bonnes et honnêtes citoyennes les
Françaises estiment que le respect des lois
du pays est le premier des devoirs, aussi
n’est-ce que par la légalité qu’elles veu
lent obtenir la reconnaissance de leurs
droits. Elles désapprouvent ceux qui pré
conisent la grève de l’impôt : l’impôt étant
volé il faut le payer.
D’autre part ne serait-il pas équitable,
que se voyant refuser l’accès aux droits
élémentaires de tout citoyen du contrôle
des dépenses et des actes de l’Etat, elles
soient exemptées de payer l’impôt. Nous
demandons aux groupes féministes de la
Chambre et du Sénat de faire incorporer
désormais dans la loi de finances un arti
cle final rédigé à peu près en ces termes .
«Les impôts contenus dans la présente
loi ne sont pas applicables aux femmes,
qu’elles soient célibataires ou chefs de fa-
mille, seuls les citoyens du sexe masculin
y sont astreints. Toutefois les ouvrières,
employées, fonctionnaires ou toutes autres
salariées dont le droit au travail est re
connu devront acquitter l’impôt sur les
salaires comme les hommes. Les commer
çantes et industrielles qui ont droit de vote
et d’éligibilité aux élections consulaires
devront, au même titre que les hommes,
acquitter les impôts spéciaux de leurs com
merces ou industries, tels que : patente,
droits d’inspection des fraudes. poids et
mesures, etc. ».
Les antiféministes du Sénat nentendent
pas sans doute, par ce terme, la haine de
la femme ou de tout ce qui touche aux
femmes et leur sentiment de justice ne se
refusera pas à admettre que puisqu’ils re
fusent aux Françaises l’égalité des droits
civiques, le droit de contrôle sur les dé
penses de l’Etat en leur refusant le droit
de vote, ils doivent en compensation les
exempter du devoir de payer l’impôt.
J. Pontier.
Le nouveau sénateur d’Oran
M. Roux-Fressineng, questionné par Mme
Abadie pendant les dernières élections, lui
a répondu :
Madame la Présidente,
J’ai déjà eu l’honneur de répondre à l’U.
F. S. F. que j’avais à plusieurs reprises
voté à la Chambre pour le Suffrage des
Femmes. z
Il va sans dire que je ne modifierai pas .
mon sentiment sur ce point, si je suis élu
sénateur et que j’interviendrai au Sénat
dans le même sens.
Veuillez agréer, Madame, mes respec
tueux hommages.
Signé : Roux-Fréssineng.
Nous notons avec plaisir l’opinion du
nouveau sénateur en le remerciant à
l’avance de l’appui qu’il nous apportera au
Palais du Luxembourg.
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