Titre : Le National
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-11-08
Contributeur : Rousset, Ildefonse (1817-1878). Directeur de publication
Contributeur : Maujan, Adolphe (1853-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32822280z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 novembre 1880 08 novembre 1880
Description : 1880/11/08 (A12,N4255). 1880/11/08 (A12,N4255).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k68063053
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, GR FOL-LC2-3194
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2016
*
Douzième année — N° 4,255
Paris : 10 centimes — Départements : 15 centimes
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Tes Annonces sont reçues aus buresux du Journal,
‘ VM Ch. Lagrange, Cerf ci C, G, place de la Bouts,
"et chez MM. Fauchey, Lafite et C.place de lu Bourse, 8.
• Notre-Dame-des-Victoires, 15
Tiudeut • Sactrut eu chef !
HECTOR PESSARD
PARIS, 7 NOVEMBRE 1880
* NOS AMIS CIVILS »
Hier, à Montaulan, le prieur d’un cou
vent de géorgiens a prononcé, dans le
trouble et la naïveté de son âme, une pa-
rôle historique : au commissaire qui le
sommait, ‘le par la loi, d’ouvrir sa porte :
u Ce n’est pas moi qui refuse, répondit le
bon père, ce sont nos amis civils. »
Ce mot éclaire la situation. L’Eglise est
le roseau qui plie : elle accepte bien des
hoses et se résigne à celles qu’elle n’ac-
cepte pas : demandez au premier Empire,
lemandez à la monarchie de Juillet. La
loi, quand le gouvernement veut s’en ser-
vir, lui a toujours inspiré une crainte sa-
hilaire : l'Eglise respecte naturellement
le gendarme.
Soin* liez-vous du 30 juin, de l’expul-
sion des jésuites. Les disciples de Loyola
font leurs affaires eux-mêmes; on ne les
mène pas; ils mènent les autres, quand ils
peuvent. Est-ce que les jésuites ont cré-
nelé leurs couvents, barricadé leurs por
tes, torpillé leurs vestibules, accumulé
chîties de sûreté, verrous et madriers?
Pas le moins du monde. Ils étaient trop
engagés pour céder de bonne grâce; ils
ont résisté aux ordres de la loi, mais ré-
sistépour la forme, rebelles de cœur beau
coup plus que défait. Il a fallu ouvrir
leurs serrures, il a fallu que les agents les
touchassent du doigt ; mais ce lut tout :
c’est la fiction de la résistance. Reconnais-
sons, surtout après ce qui s’est passé de
puis, que les jésuites sont restés convena
bles dans leur rébellion, que leur attitude
est demeurée correcte jusque dans l insu-
ordination.
Ce n’était pas l’affaire de leurs « amis
civils » relégués au second plan dans cette
mise en scène, réduits au rôle mesquin de
simples figurants. Il fallait autre chose
aux paladins du cléricalisme. Alors on est
allé trouver dominicains, carmes et capu-
cins, et on leur a dit : « Cela ne peut se
passer comme ça: il nous faut un rôle »,
et les impresarii du parti ont brossé les
décors, distribué les scènes, répété la pièce
à laquelle nous venons d’assister.
Le gouvernement ayant eu la mala-
dresse de faire traîner les choses en lon
gueur, à la plus grande joie des musca-
dius amateurs de barricades, on a vu des
acteurs volants faire de véritables « tour
nées » , se transporter successivement
aux quatre coins de la France, et courir
jouer leur grande scène dans quatre ou
cinq couvents de la province ou de la ca
pitale. M. Buffet lui-même, voltigeur de
la protestation, a manifesté deux fois en
quarante-huit heures, dans les Vosges,
unis à Paris.
Et voilà comment, derrière les barri
cades, derrière les verrous, derrière les
remparts de bancs et de chaises, derrière
les capucins ou les carmes, on a trouvé le
Seize-Mai! Oh ! il connaît son métier de
serre-file: autrefois il mettait le maréchal
en avant; aujourd’hui il pousse le frère
Chocarne ou le père Arsène, et ce naïf
géorgien de Mon tau ban répond dans la
sincérité de son cœur : « Monsieur le com-
miss aire, ce n'est pas moi, c’est lui ! «
Ils y étaient tous, et M. de Broglie, et
M. Buffet, et M. Depeyre, et les autres,
ratant leur petite guerre civile comme ils
avaient manqué leur coup d’Etat, rageurs,
impuissants et piteux, en 1880 comme
en 1877. Ils ont rendu aux moines un joli
service ! Ils ont compromis jusqu’à la di—
guité de leur fuite et jusqu’à la sincérité
de 1 urs protestations. De sorte que les
TEUILLETON DU NA TIOXAL
du 8 NOVEMRE 1880
REVUE DRAMATIQUE
'IC SIC AL.E A LITTÉRAIRE
LE NATIONAL
DE 1869
ABONNEMENTS
Paris
Départements. . . .1
Alsace-Lorraine..)
Etranger (Caron postale)
40 fr..
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20 fr.
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A NWTEDTNSTELS
Les Annonces sont recues aux burcaux du Journal,
cher MM, Cil Lagrange, Cerf et Ci, 6. place de la Bourso
et chez MM. I auchey, Laffite cl C, place du la Bourse, •,
Sous Ditedrut :
GEORGES EBSTEII
catholiques injustes mais sincères ne
peuvent plus invoquer la liberté de con
science offensée sans qu’on leur réponde :
Mais ce n’est que de la politique. La mo-
narchie ap] nraît derrière la religion, la
rancune de M. Buffet derrière les récla
mations du père Arsène, et telle devient
la confusion, que l’expulsion des congré
ganistes peut être considérée sans invrai
semblance comme le couronnement de la
victoire de la République sur le Seize-Mai.
Ce n’est à vrai dire qu’un échange de
mauvais services : le cléricalisme a fait
le Seize-Mai, l’a compromis et l’a tué. Le
Seize-Mai prend sa revanche et compro
met la religion. Il y a ainsi des alliances
plus pernicieuses que des hostilités. Le
clergé haut et bas, régulier et séculier,
ferait donc bien, à l’avenir, de se défier de
ses « amis civils ». Qu’il nous permette
de lui donner, dans ses malheurs, ce con
seil désintéressé.
Par un autre décret en date du même jour,
M. Charmes (Francis), sous-directeur à la direc-
lion des affaires étrangères, a été nommé mi-
nistre plénipotentiaire de seconde classe.
Par arrêté m. stériel en date du G novembre,
M. Jusserand, docteur ès-lettres, consul de 20
classe, a été nommé sous-chef du cabinet du
ministre des affaires étrangères.
Décision du Tribunal des conflits
Louis Bauzon.
DÉPÊCHES HAVAS
Le Cap, G novembre, soir.
Le chef des Basutos, Moletsane, s’était retran
ché sur une montagne, d’où il a été délogé le
31 octobre; la position qu'il occupait a été prise
d’assaut par les troupes anglaises. Mais, pendant
cette affaire, 5,OOÜ Basutos se présentaient devant
le village Lerethodi, occupé par un détache-
ment de troupes coloniales qui furent obligées de
Il n’est pas sans’ intérêt de rechercher
quelle est la situation que fait aux jésui
tes expulsés la décision du tribunal des
conflits. Nous allons examiner cette ques-
tien, au point de vue du droit positif, tel
qu’il résulte de la loi et de la jurispru
dence.
En confirmant les arrêtés de conflit pris
par les préfets du Nord et de Vaucluse, le
tribunal des conflits a constaté que l’au
torité judiciaire n’avait pas compétence
pour connaître d’une action basée sur
l’exécution du décret du 29 mars 1880.
Les Tembus sont en pleine révolte; on diri
des renforts surles points les plus importants.
Lisbonne, G novembre, soir,
française, composée des frégates
pour l’auger. Elle était dans les eaux du T
depuis le 2 novembre.
cercles diplomatiques
le Capitaine Fracasse, que les rapp
tendus entre la Bulgarie et l’Autriche
dit
ont
L’agent autrichien aurait fait des remontran
ces très vives au gouvernement bulgare, à la
suite de l’évasion d’un ancien officier autrichien
que ce dernier devait lui remettre.
Le gouvernement autrichien croit que le gou-
vernement bulgare a facilité cette évasion.
La Porte, par : uite des armements de la Grèce,
a avancé l'appel des redits.
On n’a aucune nouvelle importante de Dul-
cigno.
Ou assure que les Albanais seraient disposés à
cesser toute opposition, si on leur donnait l’as-
surance qu’on ne leur demanderai plus d’autres
sacridées t e rritoriaux.
Madrid. G novembre soir.
La Enoca dit que le comité madrilène des por-
leurs de la Dette devra seulement examiner la
question de savoir si l’opportunité de la conver-
au
Un conseil de cabinet a été tenu ce matin
1 ministère de ‘instruction publique, sous
présidence de M. Jules Ferry. Tous les
nion,qui s’est prolongée jusqu’à midi.
On a arrêté d'une façon définitive les ter
mes de la Déclaration qui doit être faite aux
Chambres, après demain.
Demain malin, par extraordinaire, il y
aura conseil des ministres à l’Elysée. Le
mouvement préfectoral sera soumis à la si
gnature du président de la République.
Par décret en date du 6 novembre, rendu sur
la proposition du ministre des affaires étran-
gères, M. Bertauld, sénateur, procureur général
près la cour de cassation, a été nommé président
du comité consultatif du contentieux, institué
près le département des affaires étrangères, en
remplacement de M. Dufaure, dont la démission
a été acceptée.
parait donc terminée, du moins dans sa
part ic judiciaire.
Ou lit dans le Français :
M. Tardif, membre du tribunal des conflits,
i conseiller honoraire à la cour de cassation, a
( adresse à M. Cazot sa démission dans les termes
suivants : •
Monsieur le garde des sceaux,
Ne voulant pas que mon nom soit attache à des
décisions qui blessent ma conscience de magis
trat, en consacrant des mesures que je considère
comme illégales, et que ma signature se trouve
au bas de celles qui seraient rendues à mon rap-
’port.jai l honneur de vous adresser ma démis-
sion de membre du tribunal des conflits; je fais
remettre au secrétariat du tribunal le
d.
aflaires dont j’étais rapporteur.
garde des sceaux, votre
Je suis, monsieur le
très humble serviteur.
6 novembre 1880.
On nous assure que
du tribunal des conflits
C. Tardif.
M. de Lavenay, membre
ancien président de sec-
lion au conseil d’Etat, a de même envoyé Si
mission de membre du tribunal des conflits
décret, ni sur celle des arrêtes préfecto-
rauxquien ont été la conséquence ; il
s’est borné à indiquer, dans les motifs de
sa décision, que, si les requérants se
croyaient fondés à soutenir l’illégalitéde
la mesure prise à leur égard, c’est à l’au-
II devint ensuite conseiller à la cour d appel,
puis président de chambres. Depuis sa re
traite, il était conseiller honoraire à la cour
de cassation.
M. de Lavenay est un ancien président de
section au conseil d’État.
Tous deux avaient été appelés à siéger au
tribunal des conflits par le tribunal lui-
même, qui se les était adjoints.
dresser.
L’autorité administ rat ive, en paroi 1 cas,
c’est le conseil d’Etat statuant au conten-
Le produit des impôts cl revenus indirects
pour le mois d'octobre dernier, comparé avec les
évaluations budgétaires, a donné une plus-value
de 15,838,000 fr., qui se décompose comme il
suit •
core aujourd’hui déférer à cette haute ju
ridiction le décret du 29 mars?
Non, elles ne le peuvent plus, attendu
que le délai de trois mois, pendant le-
quel le recours est ouvert, se trouve de
puis longtemps expiré. Elles ne peuvent
davantage, et pour la même raison, saisir
le conseil d’Etat d’un recours contre les
arrêtés des préfets du Nord et de Vau
cluse. Sans doute, elles se sont pourvues,
mais devant une juridiction incompéten-
te, et le tribunal des conflits a. déclaré
Enregistrement
Timbre
Douanes
< ontribut ions indirecte
Chiffre égal..
Par suite
1880, s’élève à 1
non avenues leur
Etions, qui ne Sal-
aucun effet jiri-
On ne manquera pas de prétendre qu’il
y a là un véritable déni de justice. Mais
les congrégations n’ont à s’en prendre
qu’à elles-mêmes de ce résultat négatif.
Les jurisconsultes très habiles qu’elles
ont consultés auraient pu leur conseiller
de se pourvoir en temps utile devant le
conseil d’Etat pour soutenir l’illég alité du
décret du 29 mar
aujourd’hui
leur recours
ou ne
s’ils s’y pourvoyaient
pourrait que rejeter
c’est la loi commune, et qui
doit s’appliquer à tout le monde.
Il resterait cependant aux congrégations
un moyen indirect de saisir la juridiction
dommages-intérêts, en alléguant le pré-
judice qui leur aurait été causé par les
agents de l’Etat. Eu cc eas, c’est le tribu
nal de droit commun en matière admi
nistrative, c’est-à-dire le ministre, qui
devrait être saisi au premier degré, sauf
Nous doutons fort que les congréga
tions s’engagent dans cette procédure.
Elles prétexteront du peu de confiance que
leur inspire la justice du conseil d’Etat;
mais, au fond, elles reconnaîtront qu’il
n’y a aucune chance d’obtenir gain de
cause, quand on réclame des dommages-
intérêts pour le tort causé par l’exécution
d’une mesure de police. L’affaire nous
".709.000
1 .963.000
2.925.000
5.85.000
15.838.000
le montant total de la
is le commencement de
1 20,000 fr.
EXÉCUTION DES DÉCRETS
Ont été expuls
franciscains
A
A
ans autres incidents que
missionnaires africains et les père
Pau. les rédemptoristes;
Belfort, les rédemptoristes;
Flavigny, les dominicains ;
Auch, les olivétains ;
Limoges, les franciscains;
Issoudun, les pères du Sacré-Cœur
Orléans, les pères de la Miséricorde
Argentan, les rédemptoristes ;
les rédemptoristes et les p:
ton-
nistes (l’évêque a excommunié tous ceux qui ap-
Au Mans, les capucins;
A Gordes (Vaucluse), les cisterciens ;
A Lugugé (Vienne), les bénédictins.
Voici maintenant quelques incidents curieux :
A Taraseon
Siège du couvent des premontrés
Tarascon, 5 novembre.
Pour l’expulsion des prémontrés, le
bruit courait depuis quelques jours qu’u-
tionetla clôture permettant de résister.
Le monastère est placé sur une colline et
se compose de plusieurs bâtiments, réu
nis autour de l’église. La porte d’entrée
principale est une grande grille, après
laquelle se trouve une cour menant au
Deux mille personnes environ sont en-
fermées dans le monastère, dont il va
falloir faire un véritable siège.
Un bataillon de 270 hommes du 1′1°
de ligne est venu d’Avignon. Toutes ces
troupes sont sous le commandement du
général Guyon-Vernier ; elles ont d’abord
campé à un kilomètre du couvent, près la
gare de Graveson.
A neuf heures, le commissaire cent ral,
accompagné de la gendarmerie, est venu
à la porte de la grille, où il fut accueilli
par les cris de : Vive la liberté! Vive la
religion !
Le père Hermann, secrétaire ; le père
Edmond, abbé mitré,sont arrivés escortés
de M. Cadillan, ancien député invalidé
du 16 mai, et M. Chauffard, et parlemen
tent à la grille avec le commissaire cen
tral. Celui-ci lit l’ordre préfectoral d’ex
pulsion et somme d’ouvrir.
MM. Cadillan et Chauffard répondent
qu’on n’ouvrira pas. Le père Hermann ex
communie solennellement le commissaire
central, qui se retire avec la gendarmerie
et va prévenir le général.
Pendant ce temps, le père Hermann in
vite la foule de ses amis à ne pas pousser
de cris contre l’armée. La foule répond
par des vivats et entonne le cantique Sau
vez Rome et la France !
A neuf heures et demie, un escadron de
dragons escalade, sur l’ordre du général,
la montagne pour tourner la position et
cerner le couvent.
Un bataillon du 14° arrive de front et
fait reculer les curieux, venus de Barben-
tane, de Graveson, de Tarascon et des vil-
lages voisins.
A midi, le monastère, crénelé comme
un château féodal, est complètement in
vesti. La foule est très calme. On trouve
sur les lieux M. Poubelle, préfet des
Bouches-du-Rhône, et M. Dugat-Estu-
hier, sous-préfet d Arles.
Un siège en règle va commencer.
On a d ù renoncer à employer la force
pour pénétrer dans l intérieur de l’en
ceinte du monastère. Un nouveau batail
lon du LM ’ a été envoyé pour renforcer les
troupes déjà sur les lieux.
Le siège se transforme en véritable
blocus.
On compte sur la famine pour faire
sortir les religieux et leurs amis.
Le général Guyon-Vernier, après avoir
pris ses dispositions, est rentré à Taras-
cou avec le sous-préfet d’Arles. Le préfet
est retourné à Marseille.
Un double cordon de troupes empêche
toute communication avec l’extérieur. La
consigne est de ne laisser entrer personne
et de laisser sort ir tout le monde. Aucune
nouv elle mesure n’a été prise aujourd’hui.
Hier matin, 250 femmes environ sont
sort ies du monastère.
La troupe s’est emparée d’une boulan
gerie qui était annexée au couvent.
Les soldats bivouaquent à la belle
étoile. L’intendance d’Avignon a reçu
l’ordre d'expédier 600 couver res.
A Lyon
Enterrement de Claudia# Cros
Nous avons annoncé hier, d’après une dé
pêche de Lyon, que les funérailles du jeune
Clandius Gros avaient eu lieu vendredi.
La cérémonie devait avoir lieu à trois
heures trois quarts, dit le Lyon républicain,
mais des deux heures et demie de 1 après-midi
la foule remplissait les abords de la maison
mort uaire.
Le cercueil était exposé dans une cham
bre du rez-de-chaussée. Il était couvert de
couronnes.
A quatre heures, le cortège s’est mis en
ma relie.
Malgré les protestations du père du jeune
homme et l'opposition formelle qu'il avait
formulée par écrit pour empêcher toute es
pece de manifestation politique, le cercued
était à peine entré dans l'église, accompagné
des membres de la famille et du conseil mu
nicipal, que deux personnes, portant une
couronne d'immortelles, ont gravi les mar
ches de l'escalier de l'église et se retournant
vers la foule, ont élevé la couronne sur la-
quelle on lisait ces mots :
.1 notre ami f'ros, assassiné, le 3 novembre,
par les sbires du cléricalisme
Sur d’autres couronnes offertes par les
amis du mort, on lit : « Souvenir d'amibe
A notre ami, victime du 3 novembre. Nous
ne l'oublierons jamais. » Mentionnons spé
cialement l'inscription « Un groupe de répu
blicains » placée sur une splendide courome
et portée par deux ex volontaires de 1870.
La foule était immense aux abords de la
gare de Perrache.
La police avait dû former un cordon pour
laisser le passage libre, et garderies grilles
pour permettre au convoi d’y pénétrer.
La foule remplissait la cour de la gare et le
cours du Midi.
M. Monny , garçon coiffeur, ami intime de
la victime, s avance alors et prononce ces
quelques mots :
Adieu, pauvre frère! au nom de tous tes amis
de la jeunesse lyonnaise. Tu es tombé victime
de ceux qui n’ont pas craint à recourir à l’assas-
sinat.
Ta demi ère parole a été : Vive la République!
Nous la répéterons tous ensemble : Vive la Ré-
publique !
Un immense cri de : Vive la République ! ré-
pond à ces paroles.
Le jeune ami de la victime reprend d’une voix
plus émue encore :
Adi u ! pauvre frère ’
Tu vois les manifestations qui e pro lui sent sur
ton cercueil. Tu emportes dans la tombe la pen
sée de tous les amis.
Tous ceux qui ont uivi ton cercueil ont hor
reurdu crime dont tu as été la triste victime.
Nous jurons tous une haine éternelle à ceux
qui t’ont lâchement assassiné.
Vive la République ! vivent les décrets!
Le Salut public prétend prouver que Clan
dius Crus n’a pas été tué par les cléricaux
mais par un de ceux qui luttaient contre en
L’agencella vas nous transmet les dépêche s
suivantes :
Marseille, G novembre.
Le siège de l'abbaye des Prémontrés, près de
Tarascon, continue : la troupe cerne toujours
le monastère, les dragons occupent la gare de
Graveson; il est impossible de forcer les ligne
A l’intérieur du monastère, calme parfait.
Le sous-préfet, que les Pères avaient fait de
mander, est arrivé en voilure; il a été accueitl*
par des huées. Le Père Herman a protesté contr
le blocus; le sous-préfet a répondu: « Le gou
vernement ne veut plu - d’efl raction. Ucontinuer
le siège un mois s’il le faut. »
Les Pères envoient une longue protestation au
juged’insiruction, au president de la cour, au,
journaux: ils font sortir les bouches inutile,
mais ils déclarent qu’ils n’ouvriront pas; ils ont
des vivres uffisamment.
Le Havre, G novembre, soir.
La commission du congrès ouvrier invite le-
délégués élus à la prévenir par télégramme, s’i
veulent recevoir leurs cartes pour voyager à
demi- place sur les chemins de fer.
Chambéry, 7 novembre.
Les trappistes de Tamié ont etc dispersés hier
matin. Cette opération a nécessité le concours de
sept brigades de gendarmerie et d’un détache-
ment de cinquante hommes de troupes de ligne.
Le préfet, parti d’Alberville à quatre heuresdu
matin, arrivait à Tamié avec le commandant de
gendarmerie à sept heures L’expulsion commen
cée. aussitôt n’a été terminée qu’à deux heures
et demie. Les trappistes uni soutenu un vérita
ble siège. Ce n'est qu'après trois heures d'efforts
qu’on a pu pénétrer dans le monastère. Les por
tes, blindées en fer, étaient étayées par d’énormes
madriers.
Les couloirs du convent étaient barricadés.
Toutes les cellules ont dû être ouvertes par la
force, et les trappistes, au nombre de vingt-
cinq, expulsés par la gendarmerie.
Les agents qui ont présidé à cette exécution
ont été excommuniés.
Sur l’ordre du préfet, les troupes et la gendar
merie sont restées à Tamié.
Odéon : Reprise de Chaetod ' Coeday. —Théâ-
tre-Francais : Iphiyeme en Auhde. — Re
naissance : Ifetle Lisette. — Quelques mots
sur t e Mijabitc et sur Juaecz, ou la guerre du
Jeique.
C " t à dessein et après mûre réflexion
Sue j’ai voulu attendre huit jours avant
tic parler de Charlotte Corday. Lors
même qu’une vieille et sincère amitié
ne m'unirait pas à M. de la Rounat, je
penserais qu’il convient d’avoir pour lui
ies plus grands égards et de lui témoi-
girer la meilleure sympathie. Depuis qu’il
est r devenu directeur de l'Odéon, il a fait
les plus ardents, les plus obstinés, les
pins louables efforts pour remettre ce
théâtre dans sa vraie voie, et pour le
rendre, comme c'est justice, à la Poésie et
à l'Histoire. Il serait donc coupable, au
premier chef, de l'atteindre dans ses
intérêts, que lui-même sacrifie avec tant
4e bravoure ; et qui ne sait qu’un juge-
ment sévère, publié au lendemain de la
représentation d'un drame, peut en en
traver, pour un instant du moins, le
succès matériel? Mais aujourd’hui ce
succès s’est affirmé de la manière la plus
éclatante : Charlotte Corday a produit
plus de onze raille francs en deux jours,
et désormais nul article de journal, quel
qu’il soit, n’y peut rien. La pièce, montée
avec goût, avec nie érudition sûre et
avsc l’expérience dramatique la plus
intuitive et la plus sagace, produit, et
a-delà, tous los résultats qu’on pouvait
attendre, cl il semble que désormais!
rien n’empeche d’en parler avec fran
chise. Eh bien! si, quelque chose encore
me gêne et me tourmente; c’est que Pon-
sard, à ce qu’il me paraît, avait le droit
de ne pas être remis sur la sellette, et
qu’on pouvait le regarder comme défini
tivement amnistié. Lorsqu’il fit jouer sa
Lucrèce, d’imprudents amis avaient osé
se servir de lui pour attaquer une re
nommée impérissable ; le temps, l’oubli,
les événements, le îlot des jours ont passé
sur ce semblant d’émeute, dont il eût été
équitable de ne pas réveiller le souvenir.
Ponsarda sa statue; il a obtenu sa su
prême apothéose, et je crois qu’on aurait
bien fait de le laisser dormir dans sa
gloire.
Prouver qu’il n’y a pas de pièce dans
Charlotte Corday, et montrer que ce
poème est plein de vers faibles et de fer
mes impropres, ne serait-ce pas là un bel
emploi de notre temps! Pour peindre la
lutte de la Convention et de la Gironde,
et surtout pour faire parler
Toi, Charlotte Corday, vous, madame Roland,
Camille Desmoulins, saignant et contemplant,
Robespierre à l’œil froid, Danton aux cris super-
I bes;
ce qu’il fallait, avant tout, c t t ! génie .
« Querelle de tonnerres, » dit Victor Hu
go en résumant le chapitre de ^onQuatre-
vinyt-treize, où il a deviné l’entretien de
« ces trois hommes formidables ». On ne re
proche pas à un homme de n’être pas un
génie, et Ponsard ne saurait être mis en
cause, parce qu’il avait entrepris une tâ
che au-dessus de ses forces. Mais n’eût-
elle ] as été au-dessus des forces de tout
le monde? Si dans la pièce de Ponsard,
Charlotte Corday est si peu mêlée au dra
me, si son rôle ne se compose que de mo
nologues, c’est qu’eu réalité elle fut seule
dans la vie, et avec quelque tact, avec
quelque discrétion qu’il l’ait fait, Pon
sard a encore beaucoup trop accentué son
prétendu et chimérfqus «amour pour Bar-
baroux, qu’elle vit deux fois seulement.
« Fouquier-Tinville, dit Michelet, écri
vait au comité de sûreté: Qu’il venait
d’être informé qu’elle était aimée de Bel-
su ace, qu’elle avait voulu venger Bel-
sunce, et son parent Biron, récemment
dénoncé par Marat, que Barbaroux l’avait
poussée, etc. J
Roman absurde, dont il n’osa pas mê
me parler dans son réquisitoire. Le pu
blic ne s’y trompait pas. Tout le monde
comprit qu’elle était seule, qu’elle n’avait
eu de conseil que celui de son courage, de
son dévouement, de son fanatisme. » Char-
lotte n’est pas une virago, une héroïne
tragique ; c’est une créature pleine de
douceur et de pitié, qui de loin, dans sa
province , attribuait à Marat tous les
meurtres, et qui crut, en détruisant une
seule vie, en sauver des milliers d’autres.
« La paix ! la paix ! répétait-elle sans
cesse, et c’est la paix qu’elle avait voulu
assurer par un acte qui lui faisait hor
reur. Nourrie des vers de son aïeul Cor-
neille et ayant en elle pour la patrie un
amour cornélien, elle la vit abandonnée,
lorsque le sept juillet, sur la prairie de
Caen, au lieu de trente mille hommes at
tendus pour layuerre de Marat, il en vint
trente. Prise d’une immense pitié, elle se
dévoua pour exterminer le meurtrier de
la Loi et pour que la Paix pût refleurir.
On sait quel charme irrésist ible cl le exerça
sur les prisonniers, sur le président du
tribunal, qui voulut la sauver et so per
dit, sur tous ceux qui l’approchèrent.
Mais do quoi se compose son histoire ?
Du projet né et éclos dans son sein, de
l’achat du couteau, du meurtre de Marat,
du jugement et de la condamnation, et
enfin de celle scène suprême qui n’appar
tient pas au drame, ou la jeune vict ime,
au bruit de l’orage, meurt dans son man
teau rouge et dans la pourpre du soir,
laissant sa divine et sanglante image à
ceux qui, comme Adam Lux, voudront la
rejoindre dans la tombe, et à ceux qui,
plus tard écriront, comme Pouchkine,
V Hymne au poignard. Ses querelles, et
elle en eut, furent toutes intérieures ; ja
mais elle n’est mêlée au combat de la vie
agissante; tout ce qui s’est passé en elle
est en effet matière à monologues; niais
où trouver là-dedans une scène tragique?
Tous les historiens s’accordent à dire
que la voix harmonieuse, presque enfan
tine, au timbre d’argent, de M 110 Marie-
Charlotte Corday d’Armont était d’une
séduction inoubliable. Il aurait donc
fallu, pour la représenter, chercher une
actrice dont la voix eût cette même dou
ceur; mais en fait de tragédiennes, nous
n’avons pas le choix. Mm Tessandier est
une artiste d’un talent heurté, inégal,
mais d’une fougue heureuse et d une
incontestable puissance; elle a eu des
moments superbes, intelligente toujours,
et dramatique toutes les fois que son
rôle le lui a permis ; ce n’est pas sa faute
si elle ne pouvait nous rendre une na
ture si opposée à la sienne, et les doux
cheveux cendrés de Charlotte. M. Du-
mainea l’ampleur, le grand geste, la voix
tonitruante de Danton. M. Clément. Just
a fait de son Marat, soigneusement étu
dié, une création très étonnante, et
M. François est une vivante photogra
phie de Robespierre. M. Chelles a repré
senté avec beaucoup d’ardeur et de
charme le poétique personnage de Barba
roux ; M. Albert Lambert a interprété
celui de Vergniaud d’une façon tout à fait
remarquable; M. Porel prête sa verve et
son autorité au petit rôle de l’orateur po
pulaire, que jadis M. Got non plus n’a
vait pas trouvé trop petit pour lui, et
M"® Lauriane, dont la diction est excel
lente, a été justement applaudie dans
celui de la jeune femme, créé jadis par
Favart. Il faut louer sans restriction
le metteur en scène, qui a su jeter partout
du mouvement et de la vie, notamment
dais i acte du Palais-Royal, où le peintre
aussi a créé l’illusion la plus absolue. En
somme, la tentative de M. de la Rounat
est des plus heureuses ; il a voulu mon
trer sa prédilection pour le drame histo
rique, et j’imagine qu’il ne changerait pas
d’opinion, même s’il rencontrait un poète
de génie.
La Comédie-Française nous a rendu
Iphigénie en Aulidr, et je ne saurais voir
ces mots sur l’affiche sans sentir battre
mon vieux cœur, tant la Grèce héroïque
est la vraie patrie de quiconque agouté
au généreux vin de la poésie ! O surprise!
pour la première fois depuis (pie nous
sommes au monde, nous avons vu des Grecs
(pii ont l’air de Grecs ; cet Achille avec
son casque d’or ailé à l’aigrette blanche,
avec sa petite cuirasse aux dessins d’é-
caille de tortue, avec son audacieuse tuni-
que débordant l’armure, et avec ses belles
cnémides, est véritablement un héros tel
que nous les décrit Homère, et le visage,
les bras, la belle prestance de M. Mounet-
Sully achèvent la réalité du personnage.
M. Maubant, costumé en Agamemnon,
avec une robe de pourpre violette et un
manteau de pourpre écarlate ; M"e Bar-
tet, divinement drapée, comme la Polym
nie, dans une souple et fine étoffe blan-
che, faisant de beaux plis de marbre ;
M n ® Martin, d’une pâleur chaude et
orientale, dans ses vêtements orangés
comme le crépuscule ; Mme Favart, admi-
wblement belle sous son manteau royal,
nous donnent véritablement une impres
sion antique; enfin, les broderies d’or
prennent la légèreté qu’elles ont dans les
tissus d’Orient, et ne se montrent plus
lourdes et massives comme dans les habits
des généraux ; le manteau d’Eriphile,
dont la bordure est brodée en couleur, est
parfaitement asiatique et barbare. Que de
progrès la plastique a faits au théâtre,
grâce surtout à M. Emile Perrin, et com
me nous voilà loin des caricatures grec
ques qui jadis posaient inconsciemment
pour le cruel crayon de Daumier ! Ah ! si
l’on pouvait avoir çe§ costumes-là et la
poésie !
Mai-, Seigneur, en un jour, ce serait trop de joie!
Me voilà forcé de répéter ce que j’ai dit
en vingt occasions : individuellement , les
comédiens ont joué avec lopins grand ta-
lent; mais dans cette exécution remar-
quablea plus d’un titre, L'AME RACINIENNE
est complètement absente. Mmes Favart,
Bartet, MM. Maubant et Mounet -Sully
nous ont montré une Cl y temnestre, une
Iphigénie, un Agamemnon, un Achille
vrais, tragiques, intéressants, émouvants,
mais qui ne sont pas ceux de Racine. Sur
ce point, la Comédie-Française est entê-
téo; je le suis aussi, et comme la Comédie-
Française durera plus longtemps que moi,
l'affaire sera facilement arrangée. Or,
voici ce dont la Comédie no veut passe
souvenir, et coque, moi, je ne saurais ou-
blier. Non-seulement chaque poète a sa
langue et son style à lui, mais chaque
porte a sa musique particulière, et le
dire sur une musique autre que la sienne,
c’est proprement renouvel rla plaisanterie
qui consiste à chanter la Marseillaise sur
l'air de la Grâce de Dieu. Or, Iphigénie en
Aulide n’a pas été dite, cette fois, sur le
rhythme de la musique racinienne. lia
langue des vers, telle que Racine l’a com-
prise et telle que nous la comprenons
après lui, est un chant; elle ne saurait
donc être coupée par des hoquets et des
sanglots réels, puisque ces éclats de h
douleur ou de la violence sont exprimés
dans les vers par des mots qui en sont la
transposition poétique.
De même, le comédien ne doit passe
permettre des oppositions et de brusques
changements de voix; ces effets, s’ils doi-
veut être produits, regardent le poète, qui
les réalise par des combinaisons variées
de sons; et l’acteur, pour bien faire, n’a
qu’à dire les vers tels qu’ils sont écrits,
sans jamais en ralentir, ou en presser,ou
en briser l'harmonie. Enfin, chaque poële
veut être interprété selon la contexture cl
la couleur de son si vie; c’est ce uu’on m
Douzième année — N° 4,255
Paris : 10 centimes — Départements : 15 centimes
etc.
fr. 60
fr. 5e
r- 6
"D.
ay,42.
e, 25.
ors, 39.
du-Sain.
leauvais,9.
Tics, 277.
lolic, 15.
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o4 me-des-Victoires, 49
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6 MOIS.
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alsacc-Lorraine..
pranger(Unionpostale)
GO
30
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ATUTNGPTCEES
Tes Annonces sont reçues aus buresux du Journal,
‘ VM Ch. Lagrange, Cerf ci C, G, place de la Bouts,
"et chez MM. Fauchey, Lafite et C.place de lu Bourse, 8.
• Notre-Dame-des-Victoires, 15
Tiudeut • Sactrut eu chef !
HECTOR PESSARD
PARIS, 7 NOVEMBRE 1880
* NOS AMIS CIVILS »
Hier, à Montaulan, le prieur d’un cou
vent de géorgiens a prononcé, dans le
trouble et la naïveté de son âme, une pa-
rôle historique : au commissaire qui le
sommait, ‘le par la loi, d’ouvrir sa porte :
u Ce n’est pas moi qui refuse, répondit le
bon père, ce sont nos amis civils. »
Ce mot éclaire la situation. L’Eglise est
le roseau qui plie : elle accepte bien des
hoses et se résigne à celles qu’elle n’ac-
cepte pas : demandez au premier Empire,
lemandez à la monarchie de Juillet. La
loi, quand le gouvernement veut s’en ser-
vir, lui a toujours inspiré une crainte sa-
hilaire : l'Eglise respecte naturellement
le gendarme.
Soin* liez-vous du 30 juin, de l’expul-
sion des jésuites. Les disciples de Loyola
font leurs affaires eux-mêmes; on ne les
mène pas; ils mènent les autres, quand ils
peuvent. Est-ce que les jésuites ont cré-
nelé leurs couvents, barricadé leurs por
tes, torpillé leurs vestibules, accumulé
chîties de sûreté, verrous et madriers?
Pas le moins du monde. Ils étaient trop
engagés pour céder de bonne grâce; ils
ont résisté aux ordres de la loi, mais ré-
sistépour la forme, rebelles de cœur beau
coup plus que défait. Il a fallu ouvrir
leurs serrures, il a fallu que les agents les
touchassent du doigt ; mais ce lut tout :
c’est la fiction de la résistance. Reconnais-
sons, surtout après ce qui s’est passé de
puis, que les jésuites sont restés convena
bles dans leur rébellion, que leur attitude
est demeurée correcte jusque dans l insu-
ordination.
Ce n’était pas l’affaire de leurs « amis
civils » relégués au second plan dans cette
mise en scène, réduits au rôle mesquin de
simples figurants. Il fallait autre chose
aux paladins du cléricalisme. Alors on est
allé trouver dominicains, carmes et capu-
cins, et on leur a dit : « Cela ne peut se
passer comme ça: il nous faut un rôle »,
et les impresarii du parti ont brossé les
décors, distribué les scènes, répété la pièce
à laquelle nous venons d’assister.
Le gouvernement ayant eu la mala-
dresse de faire traîner les choses en lon
gueur, à la plus grande joie des musca-
dius amateurs de barricades, on a vu des
acteurs volants faire de véritables « tour
nées » , se transporter successivement
aux quatre coins de la France, et courir
jouer leur grande scène dans quatre ou
cinq couvents de la province ou de la ca
pitale. M. Buffet lui-même, voltigeur de
la protestation, a manifesté deux fois en
quarante-huit heures, dans les Vosges,
unis à Paris.
Et voilà comment, derrière les barri
cades, derrière les verrous, derrière les
remparts de bancs et de chaises, derrière
les capucins ou les carmes, on a trouvé le
Seize-Mai! Oh ! il connaît son métier de
serre-file: autrefois il mettait le maréchal
en avant; aujourd’hui il pousse le frère
Chocarne ou le père Arsène, et ce naïf
géorgien de Mon tau ban répond dans la
sincérité de son cœur : « Monsieur le com-
miss aire, ce n'est pas moi, c’est lui ! «
Ils y étaient tous, et M. de Broglie, et
M. Buffet, et M. Depeyre, et les autres,
ratant leur petite guerre civile comme ils
avaient manqué leur coup d’Etat, rageurs,
impuissants et piteux, en 1880 comme
en 1877. Ils ont rendu aux moines un joli
service ! Ils ont compromis jusqu’à la di—
guité de leur fuite et jusqu’à la sincérité
de 1 urs protestations. De sorte que les
TEUILLETON DU NA TIOXAL
du 8 NOVEMRE 1880
REVUE DRAMATIQUE
'IC SIC AL.E A LITTÉRAIRE
LE NATIONAL
DE 1869
ABONNEMENTS
Paris
Départements. . . .1
Alsace-Lorraine..)
Etranger (Caron postale)
40 fr..
60
20 fr.
«G
30
U9KM
3 wots
13
A NWTEDTNSTELS
Les Annonces sont recues aux burcaux du Journal,
cher MM, Cil Lagrange, Cerf et Ci, 6. place de la Bourso
et chez MM. I auchey, Laffite cl C, place du la Bourse, •,
Sous Ditedrut :
GEORGES EBSTEII
catholiques injustes mais sincères ne
peuvent plus invoquer la liberté de con
science offensée sans qu’on leur réponde :
Mais ce n’est que de la politique. La mo-
narchie ap] nraît derrière la religion, la
rancune de M. Buffet derrière les récla
mations du père Arsène, et telle devient
la confusion, que l’expulsion des congré
ganistes peut être considérée sans invrai
semblance comme le couronnement de la
victoire de la République sur le Seize-Mai.
Ce n’est à vrai dire qu’un échange de
mauvais services : le cléricalisme a fait
le Seize-Mai, l’a compromis et l’a tué. Le
Seize-Mai prend sa revanche et compro
met la religion. Il y a ainsi des alliances
plus pernicieuses que des hostilités. Le
clergé haut et bas, régulier et séculier,
ferait donc bien, à l’avenir, de se défier de
ses « amis civils ». Qu’il nous permette
de lui donner, dans ses malheurs, ce con
seil désintéressé.
Par un autre décret en date du même jour,
M. Charmes (Francis), sous-directeur à la direc-
lion des affaires étrangères, a été nommé mi-
nistre plénipotentiaire de seconde classe.
Par arrêté m. stériel en date du G novembre,
M. Jusserand, docteur ès-lettres, consul de 20
classe, a été nommé sous-chef du cabinet du
ministre des affaires étrangères.
Décision du Tribunal des conflits
Louis Bauzon.
DÉPÊCHES HAVAS
Le Cap, G novembre, soir.
Le chef des Basutos, Moletsane, s’était retran
ché sur une montagne, d’où il a été délogé le
31 octobre; la position qu'il occupait a été prise
d’assaut par les troupes anglaises. Mais, pendant
cette affaire, 5,OOÜ Basutos se présentaient devant
le village Lerethodi, occupé par un détache-
ment de troupes coloniales qui furent obligées de
Il n’est pas sans’ intérêt de rechercher
quelle est la situation que fait aux jésui
tes expulsés la décision du tribunal des
conflits. Nous allons examiner cette ques-
tien, au point de vue du droit positif, tel
qu’il résulte de la loi et de la jurispru
dence.
En confirmant les arrêtés de conflit pris
par les préfets du Nord et de Vaucluse, le
tribunal des conflits a constaté que l’au
torité judiciaire n’avait pas compétence
pour connaître d’une action basée sur
l’exécution du décret du 29 mars 1880.
Les Tembus sont en pleine révolte; on diri
des renforts surles points les plus importants.
Lisbonne, G novembre, soir,
française, composée des frégates
pour l’auger. Elle était dans les eaux du T
depuis le 2 novembre.
cercles diplomatiques
le Capitaine Fracasse, que les rapp
tendus entre la Bulgarie et l’Autriche
dit
ont
L’agent autrichien aurait fait des remontran
ces très vives au gouvernement bulgare, à la
suite de l’évasion d’un ancien officier autrichien
que ce dernier devait lui remettre.
Le gouvernement autrichien croit que le gou-
vernement bulgare a facilité cette évasion.
La Porte, par : uite des armements de la Grèce,
a avancé l'appel des redits.
On n’a aucune nouvelle importante de Dul-
cigno.
Ou assure que les Albanais seraient disposés à
cesser toute opposition, si on leur donnait l’as-
surance qu’on ne leur demanderai plus d’autres
sacridées t e rritoriaux.
Madrid. G novembre soir.
La Enoca dit que le comité madrilène des por-
leurs de la Dette devra seulement examiner la
question de savoir si l’opportunité de la conver-
au
Un conseil de cabinet a été tenu ce matin
1 ministère de ‘instruction publique, sous
présidence de M. Jules Ferry. Tous les
nion,qui s’est prolongée jusqu’à midi.
On a arrêté d'une façon définitive les ter
mes de la Déclaration qui doit être faite aux
Chambres, après demain.
Demain malin, par extraordinaire, il y
aura conseil des ministres à l’Elysée. Le
mouvement préfectoral sera soumis à la si
gnature du président de la République.
Par décret en date du 6 novembre, rendu sur
la proposition du ministre des affaires étran-
gères, M. Bertauld, sénateur, procureur général
près la cour de cassation, a été nommé président
du comité consultatif du contentieux, institué
près le département des affaires étrangères, en
remplacement de M. Dufaure, dont la démission
a été acceptée.
parait donc terminée, du moins dans sa
part ic judiciaire.
Ou lit dans le Français :
M. Tardif, membre du tribunal des conflits,
i conseiller honoraire à la cour de cassation, a
( adresse à M. Cazot sa démission dans les termes
suivants : •
Monsieur le garde des sceaux,
Ne voulant pas que mon nom soit attache à des
décisions qui blessent ma conscience de magis
trat, en consacrant des mesures que je considère
comme illégales, et que ma signature se trouve
au bas de celles qui seraient rendues à mon rap-
’port.jai l honneur de vous adresser ma démis-
sion de membre du tribunal des conflits; je fais
remettre au secrétariat du tribunal le
d.
aflaires dont j’étais rapporteur.
garde des sceaux, votre
Je suis, monsieur le
très humble serviteur.
6 novembre 1880.
On nous assure que
du tribunal des conflits
C. Tardif.
M. de Lavenay, membre
ancien président de sec-
lion au conseil d’Etat, a de même envoyé Si
mission de membre du tribunal des conflits
décret, ni sur celle des arrêtes préfecto-
rauxquien ont été la conséquence ; il
s’est borné à indiquer, dans les motifs de
sa décision, que, si les requérants se
croyaient fondés à soutenir l’illégalitéde
la mesure prise à leur égard, c’est à l’au-
II devint ensuite conseiller à la cour d appel,
puis président de chambres. Depuis sa re
traite, il était conseiller honoraire à la cour
de cassation.
M. de Lavenay est un ancien président de
section au conseil d’État.
Tous deux avaient été appelés à siéger au
tribunal des conflits par le tribunal lui-
même, qui se les était adjoints.
dresser.
L’autorité administ rat ive, en paroi 1 cas,
c’est le conseil d’Etat statuant au conten-
Le produit des impôts cl revenus indirects
pour le mois d'octobre dernier, comparé avec les
évaluations budgétaires, a donné une plus-value
de 15,838,000 fr., qui se décompose comme il
suit •
core aujourd’hui déférer à cette haute ju
ridiction le décret du 29 mars?
Non, elles ne le peuvent plus, attendu
que le délai de trois mois, pendant le-
quel le recours est ouvert, se trouve de
puis longtemps expiré. Elles ne peuvent
davantage, et pour la même raison, saisir
le conseil d’Etat d’un recours contre les
arrêtés des préfets du Nord et de Vau
cluse. Sans doute, elles se sont pourvues,
mais devant une juridiction incompéten-
te, et le tribunal des conflits a. déclaré
Enregistrement
Timbre
Douanes
< ontribut ions indirecte
Chiffre égal..
Par suite
1880, s’élève à 1
non avenues leur
Etions, qui ne Sal-
aucun effet jiri-
On ne manquera pas de prétendre qu’il
y a là un véritable déni de justice. Mais
les congrégations n’ont à s’en prendre
qu’à elles-mêmes de ce résultat négatif.
Les jurisconsultes très habiles qu’elles
ont consultés auraient pu leur conseiller
de se pourvoir en temps utile devant le
conseil d’Etat pour soutenir l’illég alité du
décret du 29 mar
aujourd’hui
leur recours
ou ne
s’ils s’y pourvoyaient
pourrait que rejeter
c’est la loi commune, et qui
doit s’appliquer à tout le monde.
Il resterait cependant aux congrégations
un moyen indirect de saisir la juridiction
dommages-intérêts, en alléguant le pré-
judice qui leur aurait été causé par les
agents de l’Etat. Eu cc eas, c’est le tribu
nal de droit commun en matière admi
nistrative, c’est-à-dire le ministre, qui
devrait être saisi au premier degré, sauf
Nous doutons fort que les congréga
tions s’engagent dans cette procédure.
Elles prétexteront du peu de confiance que
leur inspire la justice du conseil d’Etat;
mais, au fond, elles reconnaîtront qu’il
n’y a aucune chance d’obtenir gain de
cause, quand on réclame des dommages-
intérêts pour le tort causé par l’exécution
d’une mesure de police. L’affaire nous
".709.000
1 .963.000
2.925.000
5.85.000
15.838.000
le montant total de la
is le commencement de
1 20,000 fr.
EXÉCUTION DES DÉCRETS
Ont été expuls
franciscains
A
A
ans autres incidents que
missionnaires africains et les père
Pau. les rédemptoristes;
Belfort, les rédemptoristes;
Flavigny, les dominicains ;
Auch, les olivétains ;
Limoges, les franciscains;
Issoudun, les pères du Sacré-Cœur
Orléans, les pères de la Miséricorde
Argentan, les rédemptoristes ;
les rédemptoristes et les p:
ton-
nistes (l’évêque a excommunié tous ceux qui ap-
Au Mans, les capucins;
A Gordes (Vaucluse), les cisterciens ;
A Lugugé (Vienne), les bénédictins.
Voici maintenant quelques incidents curieux :
A Taraseon
Siège du couvent des premontrés
Tarascon, 5 novembre.
Pour l’expulsion des prémontrés, le
bruit courait depuis quelques jours qu’u-
tionetla clôture permettant de résister.
Le monastère est placé sur une colline et
se compose de plusieurs bâtiments, réu
nis autour de l’église. La porte d’entrée
principale est une grande grille, après
laquelle se trouve une cour menant au
Deux mille personnes environ sont en-
fermées dans le monastère, dont il va
falloir faire un véritable siège.
Un bataillon de 270 hommes du 1′1°
de ligne est venu d’Avignon. Toutes ces
troupes sont sous le commandement du
général Guyon-Vernier ; elles ont d’abord
campé à un kilomètre du couvent, près la
gare de Graveson.
A neuf heures, le commissaire cent ral,
accompagné de la gendarmerie, est venu
à la porte de la grille, où il fut accueilli
par les cris de : Vive la liberté! Vive la
religion !
Le père Hermann, secrétaire ; le père
Edmond, abbé mitré,sont arrivés escortés
de M. Cadillan, ancien député invalidé
du 16 mai, et M. Chauffard, et parlemen
tent à la grille avec le commissaire cen
tral. Celui-ci lit l’ordre préfectoral d’ex
pulsion et somme d’ouvrir.
MM. Cadillan et Chauffard répondent
qu’on n’ouvrira pas. Le père Hermann ex
communie solennellement le commissaire
central, qui se retire avec la gendarmerie
et va prévenir le général.
Pendant ce temps, le père Hermann in
vite la foule de ses amis à ne pas pousser
de cris contre l’armée. La foule répond
par des vivats et entonne le cantique Sau
vez Rome et la France !
A neuf heures et demie, un escadron de
dragons escalade, sur l’ordre du général,
la montagne pour tourner la position et
cerner le couvent.
Un bataillon du 14° arrive de front et
fait reculer les curieux, venus de Barben-
tane, de Graveson, de Tarascon et des vil-
lages voisins.
A midi, le monastère, crénelé comme
un château féodal, est complètement in
vesti. La foule est très calme. On trouve
sur les lieux M. Poubelle, préfet des
Bouches-du-Rhône, et M. Dugat-Estu-
hier, sous-préfet d Arles.
Un siège en règle va commencer.
On a d ù renoncer à employer la force
pour pénétrer dans l intérieur de l’en
ceinte du monastère. Un nouveau batail
lon du LM ’ a été envoyé pour renforcer les
troupes déjà sur les lieux.
Le siège se transforme en véritable
blocus.
On compte sur la famine pour faire
sortir les religieux et leurs amis.
Le général Guyon-Vernier, après avoir
pris ses dispositions, est rentré à Taras-
cou avec le sous-préfet d’Arles. Le préfet
est retourné à Marseille.
Un double cordon de troupes empêche
toute communication avec l’extérieur. La
consigne est de ne laisser entrer personne
et de laisser sort ir tout le monde. Aucune
nouv elle mesure n’a été prise aujourd’hui.
Hier matin, 250 femmes environ sont
sort ies du monastère.
La troupe s’est emparée d’une boulan
gerie qui était annexée au couvent.
Les soldats bivouaquent à la belle
étoile. L’intendance d’Avignon a reçu
l’ordre d'expédier 600 couver res.
A Lyon
Enterrement de Claudia# Cros
Nous avons annoncé hier, d’après une dé
pêche de Lyon, que les funérailles du jeune
Clandius Gros avaient eu lieu vendredi.
La cérémonie devait avoir lieu à trois
heures trois quarts, dit le Lyon républicain,
mais des deux heures et demie de 1 après-midi
la foule remplissait les abords de la maison
mort uaire.
Le cercueil était exposé dans une cham
bre du rez-de-chaussée. Il était couvert de
couronnes.
A quatre heures, le cortège s’est mis en
ma relie.
Malgré les protestations du père du jeune
homme et l'opposition formelle qu'il avait
formulée par écrit pour empêcher toute es
pece de manifestation politique, le cercued
était à peine entré dans l'église, accompagné
des membres de la famille et du conseil mu
nicipal, que deux personnes, portant une
couronne d'immortelles, ont gravi les mar
ches de l'escalier de l'église et se retournant
vers la foule, ont élevé la couronne sur la-
quelle on lisait ces mots :
.1 notre ami f'ros, assassiné, le 3 novembre,
par les sbires du cléricalisme
Sur d’autres couronnes offertes par les
amis du mort, on lit : « Souvenir d'amibe
A notre ami, victime du 3 novembre. Nous
ne l'oublierons jamais. » Mentionnons spé
cialement l'inscription « Un groupe de répu
blicains » placée sur une splendide courome
et portée par deux ex volontaires de 1870.
La foule était immense aux abords de la
gare de Perrache.
La police avait dû former un cordon pour
laisser le passage libre, et garderies grilles
pour permettre au convoi d’y pénétrer.
La foule remplissait la cour de la gare et le
cours du Midi.
M. Monny , garçon coiffeur, ami intime de
la victime, s avance alors et prononce ces
quelques mots :
Adieu, pauvre frère! au nom de tous tes amis
de la jeunesse lyonnaise. Tu es tombé victime
de ceux qui n’ont pas craint à recourir à l’assas-
sinat.
Ta demi ère parole a été : Vive la République!
Nous la répéterons tous ensemble : Vive la Ré-
publique !
Un immense cri de : Vive la République ! ré-
pond à ces paroles.
Le jeune ami de la victime reprend d’une voix
plus émue encore :
Adi u ! pauvre frère ’
Tu vois les manifestations qui e pro lui sent sur
ton cercueil. Tu emportes dans la tombe la pen
sée de tous les amis.
Tous ceux qui ont uivi ton cercueil ont hor
reurdu crime dont tu as été la triste victime.
Nous jurons tous une haine éternelle à ceux
qui t’ont lâchement assassiné.
Vive la République ! vivent les décrets!
Le Salut public prétend prouver que Clan
dius Crus n’a pas été tué par les cléricaux
mais par un de ceux qui luttaient contre en
L’agencella vas nous transmet les dépêche s
suivantes :
Marseille, G novembre.
Le siège de l'abbaye des Prémontrés, près de
Tarascon, continue : la troupe cerne toujours
le monastère, les dragons occupent la gare de
Graveson; il est impossible de forcer les ligne
A l’intérieur du monastère, calme parfait.
Le sous-préfet, que les Pères avaient fait de
mander, est arrivé en voilure; il a été accueitl*
par des huées. Le Père Herman a protesté contr
le blocus; le sous-préfet a répondu: « Le gou
vernement ne veut plu - d’efl raction. Ucontinuer
le siège un mois s’il le faut. »
Les Pères envoient une longue protestation au
juged’insiruction, au president de la cour, au,
journaux: ils font sortir les bouches inutile,
mais ils déclarent qu’ils n’ouvriront pas; ils ont
des vivres uffisamment.
Le Havre, G novembre, soir.
La commission du congrès ouvrier invite le-
délégués élus à la prévenir par télégramme, s’i
veulent recevoir leurs cartes pour voyager à
demi- place sur les chemins de fer.
Chambéry, 7 novembre.
Les trappistes de Tamié ont etc dispersés hier
matin. Cette opération a nécessité le concours de
sept brigades de gendarmerie et d’un détache-
ment de cinquante hommes de troupes de ligne.
Le préfet, parti d’Alberville à quatre heuresdu
matin, arrivait à Tamié avec le commandant de
gendarmerie à sept heures L’expulsion commen
cée. aussitôt n’a été terminée qu’à deux heures
et demie. Les trappistes uni soutenu un vérita
ble siège. Ce n'est qu'après trois heures d'efforts
qu’on a pu pénétrer dans le monastère. Les por
tes, blindées en fer, étaient étayées par d’énormes
madriers.
Les couloirs du convent étaient barricadés.
Toutes les cellules ont dû être ouvertes par la
force, et les trappistes, au nombre de vingt-
cinq, expulsés par la gendarmerie.
Les agents qui ont présidé à cette exécution
ont été excommuniés.
Sur l’ordre du préfet, les troupes et la gendar
merie sont restées à Tamié.
Odéon : Reprise de Chaetod ' Coeday. —Théâ-
tre-Francais : Iphiyeme en Auhde. — Re
naissance : Ifetle Lisette. — Quelques mots
sur t e Mijabitc et sur Juaecz, ou la guerre du
Jeique.
C " t à dessein et après mûre réflexion
Sue j’ai voulu attendre huit jours avant
tic parler de Charlotte Corday. Lors
même qu’une vieille et sincère amitié
ne m'unirait pas à M. de la Rounat, je
penserais qu’il convient d’avoir pour lui
ies plus grands égards et de lui témoi-
girer la meilleure sympathie. Depuis qu’il
est r devenu directeur de l'Odéon, il a fait
les plus ardents, les plus obstinés, les
pins louables efforts pour remettre ce
théâtre dans sa vraie voie, et pour le
rendre, comme c'est justice, à la Poésie et
à l'Histoire. Il serait donc coupable, au
premier chef, de l'atteindre dans ses
intérêts, que lui-même sacrifie avec tant
4e bravoure ; et qui ne sait qu’un juge-
ment sévère, publié au lendemain de la
représentation d'un drame, peut en en
traver, pour un instant du moins, le
succès matériel? Mais aujourd’hui ce
succès s’est affirmé de la manière la plus
éclatante : Charlotte Corday a produit
plus de onze raille francs en deux jours,
et désormais nul article de journal, quel
qu’il soit, n’y peut rien. La pièce, montée
avec goût, avec nie érudition sûre et
avsc l’expérience dramatique la plus
intuitive et la plus sagace, produit, et
a-delà, tous los résultats qu’on pouvait
attendre, cl il semble que désormais!
rien n’empeche d’en parler avec fran
chise. Eh bien! si, quelque chose encore
me gêne et me tourmente; c’est que Pon-
sard, à ce qu’il me paraît, avait le droit
de ne pas être remis sur la sellette, et
qu’on pouvait le regarder comme défini
tivement amnistié. Lorsqu’il fit jouer sa
Lucrèce, d’imprudents amis avaient osé
se servir de lui pour attaquer une re
nommée impérissable ; le temps, l’oubli,
les événements, le îlot des jours ont passé
sur ce semblant d’émeute, dont il eût été
équitable de ne pas réveiller le souvenir.
Ponsarda sa statue; il a obtenu sa su
prême apothéose, et je crois qu’on aurait
bien fait de le laisser dormir dans sa
gloire.
Prouver qu’il n’y a pas de pièce dans
Charlotte Corday, et montrer que ce
poème est plein de vers faibles et de fer
mes impropres, ne serait-ce pas là un bel
emploi de notre temps! Pour peindre la
lutte de la Convention et de la Gironde,
et surtout pour faire parler
Toi, Charlotte Corday, vous, madame Roland,
Camille Desmoulins, saignant et contemplant,
Robespierre à l’œil froid, Danton aux cris super-
I bes;
ce qu’il fallait, avant tout, c t t ! génie .
« Querelle de tonnerres, » dit Victor Hu
go en résumant le chapitre de ^onQuatre-
vinyt-treize, où il a deviné l’entretien de
« ces trois hommes formidables ». On ne re
proche pas à un homme de n’être pas un
génie, et Ponsard ne saurait être mis en
cause, parce qu’il avait entrepris une tâ
che au-dessus de ses forces. Mais n’eût-
elle ] as été au-dessus des forces de tout
le monde? Si dans la pièce de Ponsard,
Charlotte Corday est si peu mêlée au dra
me, si son rôle ne se compose que de mo
nologues, c’est qu’eu réalité elle fut seule
dans la vie, et avec quelque tact, avec
quelque discrétion qu’il l’ait fait, Pon
sard a encore beaucoup trop accentué son
prétendu et chimérfqus «amour pour Bar-
baroux, qu’elle vit deux fois seulement.
« Fouquier-Tinville, dit Michelet, écri
vait au comité de sûreté: Qu’il venait
d’être informé qu’elle était aimée de Bel-
su ace, qu’elle avait voulu venger Bel-
sunce, et son parent Biron, récemment
dénoncé par Marat, que Barbaroux l’avait
poussée, etc. J
Roman absurde, dont il n’osa pas mê
me parler dans son réquisitoire. Le pu
blic ne s’y trompait pas. Tout le monde
comprit qu’elle était seule, qu’elle n’avait
eu de conseil que celui de son courage, de
son dévouement, de son fanatisme. » Char-
lotte n’est pas une virago, une héroïne
tragique ; c’est une créature pleine de
douceur et de pitié, qui de loin, dans sa
province , attribuait à Marat tous les
meurtres, et qui crut, en détruisant une
seule vie, en sauver des milliers d’autres.
« La paix ! la paix ! répétait-elle sans
cesse, et c’est la paix qu’elle avait voulu
assurer par un acte qui lui faisait hor
reur. Nourrie des vers de son aïeul Cor-
neille et ayant en elle pour la patrie un
amour cornélien, elle la vit abandonnée,
lorsque le sept juillet, sur la prairie de
Caen, au lieu de trente mille hommes at
tendus pour layuerre de Marat, il en vint
trente. Prise d’une immense pitié, elle se
dévoua pour exterminer le meurtrier de
la Loi et pour que la Paix pût refleurir.
On sait quel charme irrésist ible cl le exerça
sur les prisonniers, sur le président du
tribunal, qui voulut la sauver et so per
dit, sur tous ceux qui l’approchèrent.
Mais do quoi se compose son histoire ?
Du projet né et éclos dans son sein, de
l’achat du couteau, du meurtre de Marat,
du jugement et de la condamnation, et
enfin de celle scène suprême qui n’appar
tient pas au drame, ou la jeune vict ime,
au bruit de l’orage, meurt dans son man
teau rouge et dans la pourpre du soir,
laissant sa divine et sanglante image à
ceux qui, comme Adam Lux, voudront la
rejoindre dans la tombe, et à ceux qui,
plus tard écriront, comme Pouchkine,
V Hymne au poignard. Ses querelles, et
elle en eut, furent toutes intérieures ; ja
mais elle n’est mêlée au combat de la vie
agissante; tout ce qui s’est passé en elle
est en effet matière à monologues; niais
où trouver là-dedans une scène tragique?
Tous les historiens s’accordent à dire
que la voix harmonieuse, presque enfan
tine, au timbre d’argent, de M 110 Marie-
Charlotte Corday d’Armont était d’une
séduction inoubliable. Il aurait donc
fallu, pour la représenter, chercher une
actrice dont la voix eût cette même dou
ceur; mais en fait de tragédiennes, nous
n’avons pas le choix. Mm Tessandier est
une artiste d’un talent heurté, inégal,
mais d’une fougue heureuse et d une
incontestable puissance; elle a eu des
moments superbes, intelligente toujours,
et dramatique toutes les fois que son
rôle le lui a permis ; ce n’est pas sa faute
si elle ne pouvait nous rendre une na
ture si opposée à la sienne, et les doux
cheveux cendrés de Charlotte. M. Du-
mainea l’ampleur, le grand geste, la voix
tonitruante de Danton. M. Clément. Just
a fait de son Marat, soigneusement étu
dié, une création très étonnante, et
M. François est une vivante photogra
phie de Robespierre. M. Chelles a repré
senté avec beaucoup d’ardeur et de
charme le poétique personnage de Barba
roux ; M. Albert Lambert a interprété
celui de Vergniaud d’une façon tout à fait
remarquable; M. Porel prête sa verve et
son autorité au petit rôle de l’orateur po
pulaire, que jadis M. Got non plus n’a
vait pas trouvé trop petit pour lui, et
M"® Lauriane, dont la diction est excel
lente, a été justement applaudie dans
celui de la jeune femme, créé jadis par
Favart. Il faut louer sans restriction
le metteur en scène, qui a su jeter partout
du mouvement et de la vie, notamment
dais i acte du Palais-Royal, où le peintre
aussi a créé l’illusion la plus absolue. En
somme, la tentative de M. de la Rounat
est des plus heureuses ; il a voulu mon
trer sa prédilection pour le drame histo
rique, et j’imagine qu’il ne changerait pas
d’opinion, même s’il rencontrait un poète
de génie.
La Comédie-Française nous a rendu
Iphigénie en Aulidr, et je ne saurais voir
ces mots sur l’affiche sans sentir battre
mon vieux cœur, tant la Grèce héroïque
est la vraie patrie de quiconque agouté
au généreux vin de la poésie ! O surprise!
pour la première fois depuis (pie nous
sommes au monde, nous avons vu des Grecs
(pii ont l’air de Grecs ; cet Achille avec
son casque d’or ailé à l’aigrette blanche,
avec sa petite cuirasse aux dessins d’é-
caille de tortue, avec son audacieuse tuni-
que débordant l’armure, et avec ses belles
cnémides, est véritablement un héros tel
que nous les décrit Homère, et le visage,
les bras, la belle prestance de M. Mounet-
Sully achèvent la réalité du personnage.
M. Maubant, costumé en Agamemnon,
avec une robe de pourpre violette et un
manteau de pourpre écarlate ; M"e Bar-
tet, divinement drapée, comme la Polym
nie, dans une souple et fine étoffe blan-
che, faisant de beaux plis de marbre ;
M n ® Martin, d’une pâleur chaude et
orientale, dans ses vêtements orangés
comme le crépuscule ; Mme Favart, admi-
wblement belle sous son manteau royal,
nous donnent véritablement une impres
sion antique; enfin, les broderies d’or
prennent la légèreté qu’elles ont dans les
tissus d’Orient, et ne se montrent plus
lourdes et massives comme dans les habits
des généraux ; le manteau d’Eriphile,
dont la bordure est brodée en couleur, est
parfaitement asiatique et barbare. Que de
progrès la plastique a faits au théâtre,
grâce surtout à M. Emile Perrin, et com
me nous voilà loin des caricatures grec
ques qui jadis posaient inconsciemment
pour le cruel crayon de Daumier ! Ah ! si
l’on pouvait avoir çe§ costumes-là et la
poésie !
Mai-, Seigneur, en un jour, ce serait trop de joie!
Me voilà forcé de répéter ce que j’ai dit
en vingt occasions : individuellement , les
comédiens ont joué avec lopins grand ta-
lent; mais dans cette exécution remar-
quablea plus d’un titre, L'AME RACINIENNE
est complètement absente. Mmes Favart,
Bartet, MM. Maubant et Mounet -Sully
nous ont montré une Cl y temnestre, une
Iphigénie, un Agamemnon, un Achille
vrais, tragiques, intéressants, émouvants,
mais qui ne sont pas ceux de Racine. Sur
ce point, la Comédie-Française est entê-
téo; je le suis aussi, et comme la Comédie-
Française durera plus longtemps que moi,
l'affaire sera facilement arrangée. Or,
voici ce dont la Comédie no veut passe
souvenir, et coque, moi, je ne saurais ou-
blier. Non-seulement chaque poète a sa
langue et son style à lui, mais chaque
porte a sa musique particulière, et le
dire sur une musique autre que la sienne,
c’est proprement renouvel rla plaisanterie
qui consiste à chanter la Marseillaise sur
l'air de la Grâce de Dieu. Or, Iphigénie en
Aulide n’a pas été dite, cette fois, sur le
rhythme de la musique racinienne. lia
langue des vers, telle que Racine l’a com-
prise et telle que nous la comprenons
après lui, est un chant; elle ne saurait
donc être coupée par des hoquets et des
sanglots réels, puisque ces éclats de h
douleur ou de la violence sont exprimés
dans les vers par des mots qui en sont la
transposition poétique.
De même, le comédien ne doit passe
permettre des oppositions et de brusques
changements de voix; ces effets, s’ils doi-
veut être produits, regardent le poète, qui
les réalise par des combinaisons variées
de sons; et l’acteur, pour bien faire, n’a
qu’à dire les vers tels qu’ils sont écrits,
sans jamais en ralentir, ou en presser,ou
en briser l'harmonie. Enfin, chaque poële
veut être interprété selon la contexture cl
la couleur de son si vie; c’est ce uu’on m
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