Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-05
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 juillet 1870 05 juillet 1870
Description : 1870/07/05 (Numéro 186). 1870/07/05 (Numéro 186).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
88' ANNÉE. —M*' 100.
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BUREAUX A PARIS : rue de Valois (Paiais-ftoyal), n # 10:
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MAUDI 5 JUILLET 1870.
ABONNEKENS DES DÉPARTEMENS ~pb
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ê!K MOIS S2 m.
wà&. . , . . . 64 fa.
FOUR les pats étrangers, voit le tableau
;■ publié les 5 et 20 de chaque mois.
GIBIAT, directeur politique.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
ABONNEMENS DE FARIS
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SIX MOIS. **•
M SU.--.' . . . SS ra
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de modification par l'administration du journal.
AVIS./.
, t
actionnaires de-la Société
dês~lfournaux-Réimis le Constitution
nel el le Pays sont prévenus qu'ils
pourront toucher, à partir du Mardi
15 juillet 1870, tous les jours non
fériés, de onze heures à trois heures,
à la Caisse du Constitutionnel , 10, rue
de Valois, le coupon n° |$ échu le
•1 er juillet 1870, soit 42 fr. 150 par
action, sans aucune retenue.
PAK1S, 4 JUILLET.
Le Corps Législatif a commencé aujour
d'hui la discussion générale des lois
.financières sur les crédits supplémentai
res.de 1868, 1869,1870 et sur le budget pri
mitif de^ 1871. Autrefois la discussion
générale du budget était l'occasion- d'une
sorte de tournoi oratoire où la politique
intérieure èt extérieure était examinée
dans son ensemble. Il n'en sera pas ainsi
cette année.
Le complet exercice du droit d'inter
pellation, les questions adressées aux
ministres responsables sur chaque évé
nement au moment où il se produisait,
enlin, la.faculté d'initiative des lois par
laquelle chaque député peiït exprimer ses
vœux et ses idées, toute cette pratique
quotidienne des plus larges prérogatives
du régime parlementaire a restitué celte
année à. la discussion générale du budget
son caractère spécial. Les orateurs qui y
ont pris part ont parlé exclusivement de
finances.
Au moment où viendra le budget spé
cial des ministères, les. questions de poli
tique étrangère et intérieure qui s'y rat
tachent seront l'objet d'une discussion
plus préçise et plus utile que ne l'était au
trefois la revue encyclopédique à laquelle
la Chambre avait l'habitude de consacrer
plusieurs séances. C'est ainsi qu'aujour
d'hui M. Genton a annoncé qu'il ajour
nait au moment où viendrait le ministère
des affaires étrangères la discussion de
son interpellation sur le maintien des Ca
pitulations qui régissent la situation des
Français en Orient et en Egypte.
MM. Latour-du-Moulin, Barthélemy-
Saint-Hilaire, Mony et Germain ont pré
senté sur l'ensemble de la situation fi
nancière des observations fort intéres
santes, bien qu'elles rie soient pas toutes
également neuves.
Il nous a semblé que tous ces orateurs
traduisaient un vœu partagé par la ma
jorité de leurs collègues, en demandant
que lai distinction entre le budget ordi
naire, le-budget extraordinaire et le bud
get d'amortissement soit supprimée. 11
ne doit y avoir qu'un budget, a dit M.
Germain, le budget de la France, se résu
mant en trois chiffres : le chiffre des re
cettes, celui des dépenses, et celui de
l'excédant des recettes ou des dépenses.
C'est seulement par cette simplifica
tion que le véritable état financier appa
raîtra clairement à tous les yeux et què
tomberont toutes les illusions facilitées
par une classification compliquée.
On sait que le gouvernement est déjà
entré dans cette voie. M.-Magne, tout
en maintenant la distinction entre le
budget ordinaire et l'extraordinaire, les
avait cependant réunis dans la même
Toi, de manière que la balance du budget,
extraordinaire était bien réellement la
balance des deux budgets reunis.
On veut aller plus loin aujourd'hui: on
propose de supprimer le budget spécial
de l'amortissement, et de réunir les arti
cles qui le composent au budget général.
Il paraît assez probable que le Corps Lé-
gislatifrest disposé à adopter cette réfor
me, à laquelle le nouveau ministre des
finances n'est sans doute pasplus contraire
que la commission. L'expérience démôû-..
tre en effet que le fonctionnement d'une"
caisse d'amortissement qui ne puise pas
ses fonds dans un excédant bien réel
de recettes est une fiction pure, et une
fiction qui n'est pas sans danger, car
elle fait croire à une réduction de la dette
tandis qu'en réalité, si le budget n'est pas
en équibre, la dette augmente.
Le budget préparé pour 1871 par le
gouvernement et la commission est-il
réellement en équilibre? M. Germain l'a '
nié énergiquement. Il a appuyé son dire
de quelques observations présentées avec
une impétuosité juvénile que la Chambre
n'est guère habituée à rencontrer chez
les financiers. .
M. Germain, en effet, n'a pas seulement
beaucoup de fougue et d'ardeur. Il est fa
milier avec les affaires financières ; il en
connaît la pratique et il en parle avec
précision la langue spéciale. Il arrivera à
acquérir dans ces matières une autorité
réelle, lorsqu'il apportera dans l'exposé
de ses idées un peu plus de sang-froid et
de maturité.
Le projet de budget, bien loin d'être*
en équilibre, présente, selon lek député
de l'Ain, un déficit de 55 millions. La
commission a cru voir un excédant au
lieu d'un déficit, par la double raison
qu'elle a admis dans les recettes norma
les une somme de 16,666,000 francs, dont
la source est un-emprunt déguisé, et que,,
d'autre part, elle a omis de faire figurer
dans les dépenses une somme de 70 mil
lions. ■ •- ,
La recette de 16 millions provient de
l'annuité reçue de la Société algérienne.
Les-70 millions de dépense consistent
dans la part afférente à l'année 1871 dans
les subventions accordées aux six gran
des compagnies de chemins de fer, sub
ventions qui seront payées à l'aide d'un ■
véritable emprunt d'après la proposition
de. M. Soube-yran. ■. . •- ; • . ■ ^
Au point de vue d'une rigueur finan
cière absolue ët si l'on voulait faire payer
avec les ressources propres de chaque an
née môme les dépenses extraordinaires
des travaux publics, M. Germain a raison,
le projet de budget de 1871 ne pourrait
pas être déclaré en équilibre.
Nous sommes malheureusement enco
re loin de pouvoir apporter dans nos bud
gets cette sévère perfection théorique,
bien qu'il soit incontestable qu'une amé
lioration considérable a été réalisée de
puis deux ans.
■Mais ce qui peut inspirer de sérieuses
espérances pour l'avenir, c'est la-ferme
volonté qui anime tout le monde d'ap
porter un terme au développement crois
sant des dépenses.
Sur ce point il y a unanimité sur tous
les bancs de la Chambre. Dans son excel
lent discours, M. Barthélemy-Saint-IIi-
laire a'signalé un fait qui lui est commun
avec tous ses collègues, en rappelant que
ges électeurs lui ont donné mandat d'ap
porter dans le contrôle du budget une
énergique et persévérante attention:
Pour rendre ce contrôle de la Chambre
plus étroit et plus efficace, M. Barthélc-
my-Saint-Hilaire a demandé, après M.
Latour-du-Moulin, la suppression du droit
de virement que possède aujourd'hui le
gouvernement, et la spécialité des crédits
votés par le Corps Législatif.
La commission ni lé gouvernement ne
pensent pas sans doute qu'il soit possible
d'aller aussi loin; mais ils se sont mi s
d'accord pour décider que la prochaine
loi de finances contiendra la nomenclatu
re des crédits qui pourront désormais'
être augmentés par les ministres parvoie
de virement.
Ce premier pas vers la spécialité prouve
que la Chambre tend à devenir "de plus en |
plus maîtresse absolue des finances. C'est 1
un signe que nos mœurs financières s'a
méliorent. Nous aurons à signuler^'au-'
très preuves de cette amélioration dans
la suite de la discussion.
c. barbe.'
BULLETIN POLITIQUE.
Une dépêche do Madrid confirme la
nouvelle que nous donnions hier sous
toutes réserves, et annonce que le prince
de Hohenzollern a accepté la.couronne
que lui offrait le maréchal Prim. L'agence
Havas ajoute que celle candidatui'ejseïait
proclamée en dehors des Cortès. Ce serait
donc une sorte de coup d'Etat du comte
de Reus. Ce qu'il y a d'étrange dans une
pareille façon d'agir ne serait peut-êtro
pas une-raison de regarder ce brui t com
me peu fondé. L'Espagne est un pays où.
les choses ne se passent' pas toujours de
la façon la plus régulière, surtout depuis
quelques années. Les tfivisionsj^ui ré
gnaient au sein du Parlement de'Madrid
et son impuissance à sortir du provisoi
re étaient bien propres à tenter un esprit
aventureux et entreprenant comme le
maréchal Prim. y
S'il en est ainsi, la maison de Hohen
zollern prendrait définitivemen t à tâche
de fournir des princes aux peuples en ré
volution, comme la maison de Cobourg
en fournissait-aux peuples dont le sceptre-
tombait en qùenouille. . L'exemple du
prince de Roumanie était- cependant fait
pour inspirer aux nlembres de sa -famille
quelque hésitation en pareil cas ,-.car le
successeur du colonel Couza a dû se con
vaincre que ce n'est pas un héritage sans
épines que l'héritage des souverains ren
versés. Mais il y a des tentations auxquel
les tout le monde ne résiste pas.
En attendant que des nouvelles plus
détaillées et plus précises confirment ou
détruisent le bruit qui nous arrive de
l'autre côté des Pyrénées^ nous nous bor
nerons à exprimer nos doutes.;. Le maré
chal Prim a pris envers les-CoPtès des en
gagements qui ne lui permettraient^ans
doute pas d'agir définitivemenfctdetout'
conclure avantje retour des députes de
la nation. Nous suspendrons doutant plus
notre jugement, que le fait ne ; nous paraît
pas encore .certain.
Que l'Espagne ait ou non un roi, elle a
toujours à lutter contre des difficultés
sans cesse renaissantes. Il n'est pas très
sùr que l'insurrection de Cubâ-^pit bien
réprimée, et l'on nous écrit ijiie te gou
vernement do Washington ^-oûdfait dé
terminer une démarche collective '''êtes
grandes puissances qui rappelât , le&'bël-
ligérants à des sentiments plus humains.
La lutte continue donc, et oorilinue 'avec
le caractère de violence et 4<3.-haine que
l'on a déjà trop souvent signalé?-
Le gouvernement anglais s^'est-décidé
ment reconstitué, avec lord Granville
aux affaires étrangères, lord Kimberley
aux colonies, lord-Halifax au sceau privé,
M. Forster, vice-président de la commis
sion de l'instruction publique, qui jus
qu'ici n'avait pas de siège dans le cabinet,
en reçoit un, comme on pouvait s'y at
tendre à la suite du brillant rôle qu'il
joue dans la discussion du bill de l'ins
truction obligatoire.
La nomination de M. Granville était at
tendue. « Lord Granville, disait la der
nière Saturday Review, est désigné par le
consentement général pour l'office va
cant, non-seulement par son rang dans le
gouvernement, mais parce qu'il possède
beaucoup des qualités qui distinguaient
lord Clarendon. Cosmopolite par la con
naissance des langues et par. l'habitude
du monde, il a, comme lord Clarendon,
une réputation méritée de sociabilité.
Une longue expérience comme leader de
la Chambre des lords a attesté son calme
et son habileté dans l'art de ménager les
hommes. »
TÉLÉGRAPHIE
AGENCE HAVAS
Angleterre.
Londres, 4 juillet.
Les modifications. suivantes dans le cabi
net viennent d'être définitivement arrêtées ;
LOrd Granville,- affaires étrangères; lord
• ■Kimberley, colonies; lord Halifax, lord du
• sceau privé (lord privy scal). M. Forster,
? vice-président de la commission de l'instruc
tion publique, a aussi un siège dans le ca-
; , Amérique.
La Havane, 2 juillet.
Un grand meeting de planteurs a eu lieu
? aujourd'hui. On y a presque unanimement
. voté une résolution pour l'abolition de l'es
clavage. . .
*"• Portugal.
Lisbonne, -1 juillet. .
Il n'y a pas eii de troubles à Larnejo ni
«ailleurs.
• Une tranquillité parfaite règne dans tout
le'rovaume.
SERVICE DE NUIT.
Etats-Unis.
Washington, 4 juillet.
M. Boutwell, ministre des finances, a or
donné la vente-de 4- millions-de tibllars en
or et l'achat de 4 millions de dollars en obli
gations de l'Etat pendant le mois de juillet.
La ville d'Oroville en Californie a été en
tièrement détruite par un incendie.
Autriche.
Gracovie, 4 juillet.
Le Czas déclare qu'il soutiendra le minis-
t tère, parce que les tendances du cabinet ac-
' tuel sont d'accord avec les opinions qu'il dé-
. fend depuis des années.
Le Czas dit que les intérêts polonais sont
: aujourd'hui tellement unis à ceux de l'Au
triche qu'il désire pouvoir être ministériel.
Égypte.
. Alexandrie, 4 juillet.
Le khédive est parti ce matin jour Gons-
tantinople. " -
. ■ - Espagne.
. ! Madrid, 4 juillet.
Jous les-ministres partiront ce soir pour
. la'Grania où ils se réuniront en conseil pour
discuter la candidature du prince Léonold
- de Hohenzollern qui a accepté l'offre qui lui
a été faite de la couronné d'Espagne.
. A la suite des scènes regrettables qui ont
!• eu lieu entre les libéraux et les carlistes, le
casino carliste a été fermé; le gouvernement
t est intervenu pour maintenir l'ordre,
Portugal.
Lisbonne, 4 juillet.
Le gouvernement a envoyé l'ordre au
gouverneur' de la Guinée portugaise de re
cevoir officiellement des autorités anglaises
la possession de l'île de Bolama.
Suisse. ,
Berne, 4;juillet.
Les Chambres fédérales ont .'ouvert leur
sessiçn aujourd'hui et ont ainsi "constitué
leurs bureaux : .
Conseil national : président, M. Auder-
wert; «coprésident, M. Brunner.
Conseil des Etats : président, M. Stocker ;
vice-président, M. Keller.
Italie.
r. frary.
. Florence, 4 juillet, 2 h. 30, soir,
ja Société des chemins de fer de la Haute-
Italie a signé aujourd'hui avec le gouverne
ment une convention avantageuse pour les
deux parties.
Rome,-4 jpillet.
La discussion sur le quatrième chapitre
relatif à la suprématie du Pape a été close
ce matin, les orateurs restant encore inscrits
ayant renoncé à la parole.
'On croit que la première séance publique
aura lieu le 17 courant.
COURS DE LA BOURSE.
cours de clôture , le 2 le 4 Hausse Baisse
3 0/0aucompt. 72i60 72.60 » » » »
—fin du mois. 72.70 72.65 » •» » 05
4 l /2aucompt. 104. » 104.75 » » » 25
à la candidature au trône du prince Léo-
pqldde Hohenzollern. Mais, dans des évé
nements de cette nature, il est essentiel,
pour tout esprit politique, de remonter
aux origines et aux causes qui ont amené
une telle situation.
Ainsi, on voudra s© rappeler què plu
sieurs mois avant l'insurrection d'Espa
gne en septembre 1868, des journaux
étrangers avaient recueilli, sur l'attitude
prise par M. de Bismark dans les allaires
d'Espagne, des bruits qui ont trouvé alors
accès dans la presse française et ont don
né lieu à des commentaires très accen
tués. On prétendait que ceux qiîi plus
tard furent les chefs du mouvement
insurrectionnel, agissaient d'accord avec
le ministre prussien pour renverser la,
reine Isabelle et mettre sur le trône 1«
duc de Montpensier; l'on ajoutait que des
agents deschefs espagnolss'étaient rendus
à Berlin et en avaient rapporté des en
couragements moraux et matériels.
Ces bruits furent aussitôt démentis par
les journaux de Berlin. Ils affirmaient
que. non-seulement M. de Bismark ne
s'était en aucune façon immiscé dans
les affaires d'Espagne, mais encore qu'au
cun Espagnol n'était venu à Berlin, si ce
n'est M. Rancez, ministre- d'Espagne en
Prusse. Ils allaient même jusqu'à dire
quf» ce diplomate s'était beaucoup moins
occupé de politique que ne le comportait
et ne l'exigeait sa position.
Quelques mois après, l'insurrection
éclate en Espagne. Plusieurs journaux,
reproduisent les mêmes bruits et ajou
tent qu'à Cadix étaient arrivés, des ba
teaux portant des secours d'argent "d'ori
gine prussienne.
Par une coïncidence singulière, ce mê
me M. Rancez qui; au dire des journaux
prussiens, avait failli à ses devoirs politi
ques sous le gouvernement de la rei,ne
Isabelle, fut, un des premiers , l'objet
d'une promotion de la part du gouverne
ment-provisoire d'Espagne:il fut nommé
gouverneur de Cadix.
A la même époque^ de nombreuses
correspondances, publiées dans des jour
naux de toutes nuances, rapportaient un
mot que Mi dë Bismark aurait prononcé
à la première nouvelle de l'insurrection
de Madrid: « Voilà ma planche de salut.»
Amis et adversaires du ministre prussien
n'avaient qu'un seul commentaire pour
ce mot : il voulait dire, selon eux, que les
troubles d'Espagne, les ' candidatures
qu'ils allaient faire naître, seraient un
embarras pour la France.
Qu'ya-t-ileu devrai dans ces bruits?
L'événement d'aujourd'hui forme-t-il un
-anneau dans cette chaîne de faits qui,
il y a deux ans, circulaient dans tou
te l'Europe? L'éminent homme d'Etat qui
dirige les destinées de la Prusse avait-
il mis en avant, pour le trône d'Espagne,
le duc de Montpensier dont il connais
sait l'impopularité, afin de lui substituer,
au moment opportun, la candidature d'un
prince prussien ?
Nous ne saurions répondre, .des à pré
sent, à toutes ces questions. Le fait cer
tain, c'es t cette candidature dont le moin
dre inconvénient est d'inquiéter l'Europe,
mais dont le plus sérieux danger e§t, se
lon toute prévision, de fournir l'aliment
d'une nouvelle, guerre civile en Espagne.
Nous ne pouvons pas encore apprécier,
à l'heure qu'il est, le fait considérable qui
nous est "annoncé de Madrid, relativement
c. piel.
Le prince de Hohenzollern porte les noms
de : . .
LeojooW-Etienne-Gharles-Antoine-Gustave-
Edouard-Thassilo/
Il est né le 22 septembre 1835 et occupe le
grade de lieutenant en premier dans le
1 er régiment de la garde à pied du roi Guil
laume. .
Prince héréditaire de Hohenzollern r Sig-
maringen, il est fils du prince Charles ae
Hohenzollern et de la princesse Joséphina
de Bade, sœur du grand-duc actuel.
■ Son frère cadet, le prince Charles, a reçu
le trône de Roumanie après la chute du
prince Couza.
L'Univers fait un récit inexact d'une
trswe qui a eu'lieu entre M.'Emil
vier et quelques députés. M. le ga^_
sceaux notamment n'a jamais diWi
membres de la minorité de 1 éffisc
aient réclamé l'évacuation de Ro^g. ^
cun prélat français n'a jamais ^ddriri
conseil au gouvernement de l'Empfe
h. delarôthu.
On lit dans le Moniteur : ■;
« Il se confirme que le ministre des affai
res étrangères se prépare à communiquer,
prochainement au Sénat et au Corps Lé
gislatif la correspondance relative au Conci
le. D'après les avis les plus autorisés, la- dis
cussion du schéma portant définition de 1 in
faillibilité se terminerait dans le courant ue
la semaine. *
Amendement au projet de budget.géné-
ral des-dépenses et des recettes de l'exercice
1871, présenté par M. Garnier-Pagès. ■
Art. 1 er . A partir de la promulgation de la pré
sente loi, le maximum des versements aux caisses
d'épargne, fixé pour chaque déposant,-par. la loi
du 30-juin 1851-, a mille francs, sfôt.' eleve a deux
mille francs. K .
Art. 2. Lorsque la somme ve'rsee par-un dépo
sant aura atteint la somme de deux cent.fraifcs,
l'administration de la caisse d 'épargne °acnetera,
pour le compte du déposant et sans frais, urt
un coupon de Rente de 3 francs de la dette ins
crite et successivement au fur et à mesure de ses
versements jusqu'à la limite indiquée, par larti-
clc 1 er .
Art." 3. l 'administration pourra rester ^déten
teur des coupons de rente .ainsi achetés pour
compte du déposant. ... ... ,
' Art. 4. Le déposant aura toujours 3a faculté as
réclamer le montant de ses versements, soit en
coupons de rente, soit en espèces par la vente
effectuée pour son compte et sans frais des sus
dits coupons, dans les quinze jours qui suivront
la demande de remboursement à l'administra
tion. , • .
Art. 5. La différence en plus ou en moins pro
venant de là réalisation des coupons de rente
appartenant au déposant sera portéeà son compta.
Art. 6. La présente loi sera applicable a tous les
déposants qui, dans le mois, n'auront pas recla^
me le remboursement de leurs versements.
Art. 7. Les, coupons de rente qui seront attri
bués à ces déposants serojlt- pris sur les rentes
achetées par la Caisse des dépôts' et consigna
tions, pour compte' des Cai'ss.es d'épargne, et
taxées au cours moyeii de ces acquisitions.
Voici I« scrutin par appel nominal sur
les conclusions de la commission tendant
-à rejeter la demande des princes d'Or
léans. ..
ont voté contre': .
MM. Barantè -(le!-l)aron de): Barthélémy Saint-
Hilaire. Betlimonfe ; .
Ghoîseul (de). Grémieux.
Dufort de Civrac (lo.comta de).
•Esquiros. Estanceliii".
Favre (Jules). „ , „ .
Girault. Glais-Bizoin. Grammont (le marquis
de). G-uyot-MontpayrouX.
. .(aval "(I.éopold).
Kératry (le comte de). ; (
Laroche-Joubert. Lirneu. Lenreton (le géné
ral). Le Cesne. Lclèvre-Pontalis.
Magnin. Malèzieux. Marinier (le duc de). Alo-
nier de là Sizeranne (-le vicomte). ,
Pelletan. Picard. Pire de Rosnyvinen (le mar
quis de). '
Simon (Jules). Steenackers. ■
Thiers. . ..
Wilson.
' n'ont pas piîis part au vote :
MM. Arago, Barillon, Bourgoing(le baron de),
Buisson, Garré-Kérisouët, Gharleniagne, Glinsto-
phle, Cosserat, Dalloz (Edouard), Daru (le comte),
David (Ferdinand), Delebecque, Deltheil, Dessai-
gnes, Besseaux, Doriali, Dupont (Paul), Estour-
mel (le comte d'), Ferry (Jules), I 1 ieury (Ansel
me), Gagneur, Garnier-Pagès, Girod (de l'Ain),
Grevv, Grollier, Guiraud (Léonce de), Hesecques
(le comte d'), Jouvencel (de), Keller, Ladoucette
(le baron de), Lagrange (le comte Frédéric de),
Le Clerc .d'Osmonviile, Mangini, Marion, Ma
thieu (Pas-de-Calais), Monjaret de Kerjégu, Mon-
neraye (de la), Noualhier, Ordinaire, Petit (Guil
laume), Piennës (le marquis de), Pinart (Pas-de-
Calais) Planat, Poëze (le comte de la), xiaspail,
Riùndel, Rôchefort, Schneider, Thoinnel de la
Turmélière, Yvoire (le baron d'). '
absents par congés :
MM. Alquier (le baron), André (Charente),
Bancel, Boduin, Boucaumont, Boucnetal-Laro-
che, Bussierre (le baron de), Campaigno (le mar
quis de), Champagny (le comte P.-J. de), Cham-
pagny (le comte Nap. de), Charpin-Feugerulles
(le comte de), Descours (Laurent). Donimartiu
(le baron de), Eschassériaux (le baron), l'orçado
la Roquette (de), Fould (Adoljjhe). Fould (Gusta
ve), Gambetta, Le Roux (Charles), Lesperut (le
baron), Malaussena, Millon, Montagnac (de), Mo-
rin, Murât (le comte Joachim). logent Samt-
Laurens, NoUbel (Henri), Pamard, Pierres (le ba
ron de), Rampont, Reille (le baron) (Tarn), Reille
(le comte) (Eure- et-Loir), Rochemure (le comte
de), Tachard, Tillancourt (de), Vast-Vimeux (le
baron), "Werié, Zorn deBulach (le baron).
Tous les autres députés ont voté pour.
BMKi
FEl'ILLETOX DU COSSTITUTîOm, S Jlll.
LE
DSi!
PAGES DE FAMILLE
PAR
A. DE LAMARTINE
« (28 octobre.) J'ai ramené tristement
mon .fils à Lyon. Ma mère qui est dans sa
petite terre'de Rieux, auprès de Montmi-
rail, et qui a trouvé toutes ses affaires rui
nées à son retour , me presse lettre sur
lettre d'aller la rejoindre et la consoler à
Rieux. J'irai seule, sans enfant et sans do
mestique, afin de ne pas multiplier les
dépenses : ne serait-il pas bien mal à moi
de rechercher' mes commodités et mes
vanités , pendant que ma mère et tant
d'autres personnes qui valent mieux que
moi soutirent les cruels embarras de leur
fortune perdue ?
» J'ai mis ma petite fille en nourrice
chez une jolie paysanne à Millyafin
d'être libre de faire ce grand voyage;
je me sens assez de force, je suis lé
gère comme à quinze ans. Hier, j'allai
entendre la messe à pied à Bussière, vil
lage encore assez éloigné de Milly; il
faisait mauvais temps et il y avait mau-
Droits de propriété et de traduction'^réservés.
vais chemin, mais je me sentais une ex
trême élasticité qui est la, meilleure
preuve de la santé. Cela me . rappelait
mes jeunes ans, et, entre autres, une
promenade que .j'ai faite une fois avec,
mon père et ma sœur de Rochemont, du
château de Saint-Cloud au. château de
Meudon, et où il me semblait vraiment
que je marchais en l'air-et sans toucher la
terre que pour rebondir.
» Ma pauvre tante qui m'a élevée dans
ma première enfance est morte; je suis
tourmentée du sort de la vieille Jacque
line, sa femme de chambre, qufa été une
seconde mère pour moi, et qui va se trou
ver dans l'isolement etpeut-être dans l'in
digence; je voudrais à tout prix la re
cueillir chez moi; la famille s'y oppose,
mon mari craint avec raison de mécon
tenter en ceci ses frères et ses sœurs de qui
nous dépendons beaucoup pour nos en
fants; il me propose de payer en secret
une pension à Jacqueline dans une mai
son à Lyon, où elle sera à l'abri de la mi
sère et de l'ab,andon; mais je voudrais
remplir mes devoirs de reconnaissance
envers cette pauvre fille dans toute leur
étendue; si j'étais à sa place et elle à la
mienne, rien ne l'aurait empêchée de me
recueillir jusque dans son lit. »
« (17 décembre 1802.) Alphonse vient
de s'échapper de son collège avec deux
de ses camarades qu'il a entraînés, Mes
sieurs de Veydel ; on les a rattrapés à six
lieues de Lyon. La réclusion du collège
lui était depuis quelque temps insuppor
table; je suis bien attristée de cet événe
ment, son caractère d'indépendance m'ef
fraie, je crains çle l'avoir gâté; on a eu de
la peine à lui faire écrire une lettre d'ex
cuse et de repentir à son père.
» Je lis toujours les Confessions de
saint Augustin; c'est bien à propos; je
veux imiter, autant qu'il sera en moi, sa
mère sainte Monique, et, à son exemple,
prier et prier sans cesse pour mes en
fants. »
« (14 janvier 1803.) Jesuis arrivée hier à
Ri'eux, après un voyage bien pénible et un
séjour-de quelquesjournêes à Paris.De Cou-
lommiers àRieux, j'ai été obligée de faire
la roule à cheval, sur un chevaî de fermier
qu'un enfant menait par la bride ; il fai
sait un vent du nord glacial ; j'ai souffert
sur les neiges ce qu'on doit souffrir en
Sibérie. Jamais je ne peindrai la joie que
j'ai eue de revoir ma pauvre mère ; elle a
été bien saisie elle-même d'émotion en
m'embrassant ; ce moment m'a fait ou
blier toutes mes peines. Mo voilà établie
dans celte chère maison de Rieux, où j'ai
passé quelques mois d'été dans mon enfan
ce! Ah! si l'onretrouvait avecles lieux tout
ce qui les animait et les vivifiait autre
fois ! Mà pauvre mère est bien changée
par les adversités, les exils, les voyages,
les soucis d'existence qui la dévorent,
pour elle, pour mon frère et mes sœurs!
«Elle me raconte, le soir, mille choses
intéressantes, soit relatives à notre famil
le, soit relatives aux voyages qu'elle vient
,de faire avec les princesses. J'admire tou
jours davantage son esprit, sa résolution,
son bon conseil dans les choses difficiles,
son ménagement habile et convenable,
mais cependant honnête etferme, des
caractères. Il est bien pruel à son âge
d'être dans une situation aussi embar
rassée et aussi précaire; elle est bien
vieillie du visage|, mais elle est tou
jours vive et gaie de conversation. Que
je voudrais être assez riche et assez
indépendante pour l'aider efficacement
dans le rétablissement de sa fortune 1
Mais hélas ! je ne puis que si peu de
chose, pris sur mon superflu de ma propre
maison" et de mes enfants! .Je veux
écrire ici tout ce qu'elle me dira de re
marquable. Elle m'a appris hier que
notre famille., vient du- Vivarais, et
qu'ùne demoiselle des Roys y possède
encore à Montfaucon le fief de Rubec
en qualité d'héritière de la branche aî
née de la maison ; ce fief doit reve
nir après elle à ma mère. Je désire tant
ce qui pourrait adoucir la fin de sa vie !
elle est obligée, à-son âge, de se priver de
femme'dé chambre; je songerai à" elle
quand je croirai avoir à me plaindre de
mon sort. Mon Dieu! venez à son secours,
adoucissez sa vieillesse après une vie si
Agitée, et si pleine !
» Elle m'a conté ce soir beaucoup de
choses de Mme de la Reynière, la veuve
du fermier générai, dont elle est parente
et avec laquelle elle est restée intimement
liée. M. d'Orsay est notre parent par cette
môme famille : il a épousé une princesse
d'Allemagne parente du. roi de Prusse.
;M. d'Orsay, fils de celuirlà, a épousé
une princesse italienne, mais d'une moins
illustre maison. Ces entretiens au coin du
feu nous rappellent successivement tou
tes les personnes avec lesquelles ma mère
a véçu et que j'ai vues avec elle dans mon
enfance; hélas! il en reste -peu afirès la
secousse qui a dispersé toutes ces famil
les.
» Je' consigne ici une. anecdote bien
étrange sur J.-J. Rousseau et la maréchale
de Luxembourg, avec laquelle ma mère
était fort liée. La maréchale de Luxem
bourg, très amie aussi de Rousseau, sut
que la femme avec laquelle il vivait était en
ceinte; elle craignaitque Rousseau ne vou
lût jeter, comme il avaitdéjàfaittrois fois,
cet enfant aux Enfants-Trouvés; elle alla
trouver M. Tronchin, de Genève, ami par
ticulier de J.-J. Rousseau, et Je pria ins
tamment de lui faire apporter cet enfant
dont elle prendrait soin. M. Tronchin
en parla à Rousseau .qui parut y donner
son consentement ; il le dit aussi à la
mère qui fut ivre de joie; aussitôt qu'elle
fut accouchée, cette pauvre femme fit
avertir Tronchin ; il vint, il vit un bel
enfant qui était un garçon plein de vie, il
prit l'heure avec la mère pour revenir
le .lendemain chercher l'enfant; mais
à minuit Rousseau, vêtu d'un manteau
de couleur sombre, s'approcha du lit
de l'accouchée et, malgré ses cris, em
porta lui-même son fils . pour le • per
dre, -sans marque de reconnaissance,
dans un hospice ! Voilà l'homme dont
tant de gens exaltent la sensibilité, disait
ma mère; moi je dis:voilà un insensé
dont la tête malade a égaré le cœur. Hé
las ! le génie n'est souvent, quand il ne
repose pas sur le bon sens, qu'un premjer
accès de délire : le Tasse et Rousseau en
sont la preuve. Acceptons le génie si Dieu
le donne, mais souhaitons le bon sens à
nos enfants !
» Il fait un froid extrême; il tombe de
la neige à gros flocons, toute cette cam
pagne, aussi loin que portent les yeux, en
est couverte. Je lis Tacite et d'autres his
toriens de l'antiquité dont ma mère a eu
le goût toute sa vie; elle a pris ce goût,
je pense, dans la société des hommes de
lettres, et des philosophes qui remplis
saient son salon au Palais-Royal.
» Ce matin un prêtre. quiVtient compa
gnie à mamère, l'abbé Cliauvéau, homme
de beaucoup de mérite et de piété, nous
a dit la messe ; il y a eu un baptême ; j'ai
été bien émue ; les baptêmes m'attendris
sent toujours, parce qu'ils me: rappellent
mes enfants...
» J'ai été visiter une pauvre femme en
couches malade, mais privée des.secours
qui ont adouci- pour moi cet état ; en ré
fléchissant à son déiiûment et aux dé
licatesses dont je suis entourée, j'ai-
pris la ferme résolution de ne m'épar-
gner. en rien, ni en fatigue, ni en
bonne nourriture, ni en fagots pour le feu,
ni même en argent quand j'en puis éco
nomiser un peu, pour soulager celles de
ces pauvres paysannes qui seront à ma
portée. Comme oir est plus sensible aux
souffrances qu'on a éprouvées soi-même
ou qu'on voit de ses- propres yeux! La
charité indirecte est bien bonne, mais la
charité directe de la main à la main, du
coeur au cœur est bien plus efficace. Mon
Dieu, rappelez-moi souvent ces bonnes ré
solutions; point de légèreté, d'oubli, de
langueur dans le devoir 1
» Ce soir j'ai lu Tacite; cet historien me
plaît bien plus que les autres : il m'émeut
et il m'édifie presque en racontant; les
autres ne font que m'instruire. La biblio-'
thèque de mon père ici est riche en his
toire ; _ cela dégoûte heureusement des
romans et des lectures légères; temps
perdu.
A. I6E
(La suite à un jprochain mmero.)
sa;
BUREAUX A PARIS : rue de Valois (Paiais-ftoyal), n # 10:
B
MAUDI 5 JUILLET 1870.
ABONNEKENS DES DÉPARTEMENS ~pb
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TROIS W «@fk.
ê!K MOIS S2 m.
wà&. . , . . . 64 fa.
FOUR les pats étrangers, voit le tableau
;■ publié les 5 et 20 de chaque mois.
GIBIAT, directeur politique.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
ABONNEMENS DE FARIS
TRCiS BSOIS.. . : . 48 fb.
SIX MOIS. **•
M SU.--.' . . . SS ra
il SÏ1ÉR0 S© ŒTIMBS.
^es abonnemens datent des '2?I 6t 16
de chaque mois.
is lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
- Les A nnonces sont reçues chez MM. Eauchey, Laffite, Bulîier et G",
place de la Bourse, 8; à M.'Duport, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve d'examen, et, s il y a liexE„
de modification par l'administration du journal.
AVIS./.
, t
actionnaires de-la Société
dês~lfournaux-Réimis le Constitution
nel el le Pays sont prévenus qu'ils
pourront toucher, à partir du Mardi
15 juillet 1870, tous les jours non
fériés, de onze heures à trois heures,
à la Caisse du Constitutionnel , 10, rue
de Valois, le coupon n° |$ échu le
•1 er juillet 1870, soit 42 fr. 150 par
action, sans aucune retenue.
PAK1S, 4 JUILLET.
Le Corps Législatif a commencé aujour
d'hui la discussion générale des lois
.financières sur les crédits supplémentai
res.de 1868, 1869,1870 et sur le budget pri
mitif de^ 1871. Autrefois la discussion
générale du budget était l'occasion- d'une
sorte de tournoi oratoire où la politique
intérieure èt extérieure était examinée
dans son ensemble. Il n'en sera pas ainsi
cette année.
Le complet exercice du droit d'inter
pellation, les questions adressées aux
ministres responsables sur chaque évé
nement au moment où il se produisait,
enlin, la.faculté d'initiative des lois par
laquelle chaque député peiït exprimer ses
vœux et ses idées, toute cette pratique
quotidienne des plus larges prérogatives
du régime parlementaire a restitué celte
année à. la discussion générale du budget
son caractère spécial. Les orateurs qui y
ont pris part ont parlé exclusivement de
finances.
Au moment où viendra le budget spé
cial des ministères, les. questions de poli
tique étrangère et intérieure qui s'y rat
tachent seront l'objet d'une discussion
plus préçise et plus utile que ne l'était au
trefois la revue encyclopédique à laquelle
la Chambre avait l'habitude de consacrer
plusieurs séances. C'est ainsi qu'aujour
d'hui M. Genton a annoncé qu'il ajour
nait au moment où viendrait le ministère
des affaires étrangères la discussion de
son interpellation sur le maintien des Ca
pitulations qui régissent la situation des
Français en Orient et en Egypte.
MM. Latour-du-Moulin, Barthélemy-
Saint-Hilaire, Mony et Germain ont pré
senté sur l'ensemble de la situation fi
nancière des observations fort intéres
santes, bien qu'elles rie soient pas toutes
également neuves.
Il nous a semblé que tous ces orateurs
traduisaient un vœu partagé par la ma
jorité de leurs collègues, en demandant
que lai distinction entre le budget ordi
naire, le-budget extraordinaire et le bud
get d'amortissement soit supprimée. 11
ne doit y avoir qu'un budget, a dit M.
Germain, le budget de la France, se résu
mant en trois chiffres : le chiffre des re
cettes, celui des dépenses, et celui de
l'excédant des recettes ou des dépenses.
C'est seulement par cette simplifica
tion que le véritable état financier appa
raîtra clairement à tous les yeux et què
tomberont toutes les illusions facilitées
par une classification compliquée.
On sait que le gouvernement est déjà
entré dans cette voie. M.-Magne, tout
en maintenant la distinction entre le
budget ordinaire et l'extraordinaire, les
avait cependant réunis dans la même
Toi, de manière que la balance du budget,
extraordinaire était bien réellement la
balance des deux budgets reunis.
On veut aller plus loin aujourd'hui: on
propose de supprimer le budget spécial
de l'amortissement, et de réunir les arti
cles qui le composent au budget général.
Il paraît assez probable que le Corps Lé-
gislatifrest disposé à adopter cette réfor
me, à laquelle le nouveau ministre des
finances n'est sans doute pasplus contraire
que la commission. L'expérience démôû-..
tre en effet que le fonctionnement d'une"
caisse d'amortissement qui ne puise pas
ses fonds dans un excédant bien réel
de recettes est une fiction pure, et une
fiction qui n'est pas sans danger, car
elle fait croire à une réduction de la dette
tandis qu'en réalité, si le budget n'est pas
en équibre, la dette augmente.
Le budget préparé pour 1871 par le
gouvernement et la commission est-il
réellement en équilibre? M. Germain l'a '
nié énergiquement. Il a appuyé son dire
de quelques observations présentées avec
une impétuosité juvénile que la Chambre
n'est guère habituée à rencontrer chez
les financiers. .
M. Germain, en effet, n'a pas seulement
beaucoup de fougue et d'ardeur. Il est fa
milier avec les affaires financières ; il en
connaît la pratique et il en parle avec
précision la langue spéciale. Il arrivera à
acquérir dans ces matières une autorité
réelle, lorsqu'il apportera dans l'exposé
de ses idées un peu plus de sang-froid et
de maturité.
Le projet de budget, bien loin d'être*
en équilibre, présente, selon lek député
de l'Ain, un déficit de 55 millions. La
commission a cru voir un excédant au
lieu d'un déficit, par la double raison
qu'elle a admis dans les recettes norma
les une somme de 16,666,000 francs, dont
la source est un-emprunt déguisé, et que,,
d'autre part, elle a omis de faire figurer
dans les dépenses une somme de 70 mil
lions. ■ •- ,
La recette de 16 millions provient de
l'annuité reçue de la Société algérienne.
Les-70 millions de dépense consistent
dans la part afférente à l'année 1871 dans
les subventions accordées aux six gran
des compagnies de chemins de fer, sub
ventions qui seront payées à l'aide d'un ■
véritable emprunt d'après la proposition
de. M. Soube-yran. ■. . •- ; • . ■ ^
Au point de vue d'une rigueur finan
cière absolue ët si l'on voulait faire payer
avec les ressources propres de chaque an
née môme les dépenses extraordinaires
des travaux publics, M. Germain a raison,
le projet de budget de 1871 ne pourrait
pas être déclaré en équilibre.
Nous sommes malheureusement enco
re loin de pouvoir apporter dans nos bud
gets cette sévère perfection théorique,
bien qu'il soit incontestable qu'une amé
lioration considérable a été réalisée de
puis deux ans.
■Mais ce qui peut inspirer de sérieuses
espérances pour l'avenir, c'est la-ferme
volonté qui anime tout le monde d'ap
porter un terme au développement crois
sant des dépenses.
Sur ce point il y a unanimité sur tous
les bancs de la Chambre. Dans son excel
lent discours, M. Barthélemy-Saint-IIi-
laire a'signalé un fait qui lui est commun
avec tous ses collègues, en rappelant que
ges électeurs lui ont donné mandat d'ap
porter dans le contrôle du budget une
énergique et persévérante attention:
Pour rendre ce contrôle de la Chambre
plus étroit et plus efficace, M. Barthélc-
my-Saint-Hilaire a demandé, après M.
Latour-du-Moulin, la suppression du droit
de virement que possède aujourd'hui le
gouvernement, et la spécialité des crédits
votés par le Corps Législatif.
La commission ni lé gouvernement ne
pensent pas sans doute qu'il soit possible
d'aller aussi loin; mais ils se sont mi s
d'accord pour décider que la prochaine
loi de finances contiendra la nomenclatu
re des crédits qui pourront désormais'
être augmentés par les ministres parvoie
de virement.
Ce premier pas vers la spécialité prouve
que la Chambre tend à devenir "de plus en |
plus maîtresse absolue des finances. C'est 1
un signe que nos mœurs financières s'a
méliorent. Nous aurons à signuler^'au-'
très preuves de cette amélioration dans
la suite de la discussion.
c. barbe.'
BULLETIN POLITIQUE.
Une dépêche do Madrid confirme la
nouvelle que nous donnions hier sous
toutes réserves, et annonce que le prince
de Hohenzollern a accepté la.couronne
que lui offrait le maréchal Prim. L'agence
Havas ajoute que celle candidatui'ejseïait
proclamée en dehors des Cortès. Ce serait
donc une sorte de coup d'Etat du comte
de Reus. Ce qu'il y a d'étrange dans une
pareille façon d'agir ne serait peut-êtro
pas une-raison de regarder ce brui t com
me peu fondé. L'Espagne est un pays où.
les choses ne se passent' pas toujours de
la façon la plus régulière, surtout depuis
quelques années. Les tfivisionsj^ui ré
gnaient au sein du Parlement de'Madrid
et son impuissance à sortir du provisoi
re étaient bien propres à tenter un esprit
aventureux et entreprenant comme le
maréchal Prim. y
S'il en est ainsi, la maison de Hohen
zollern prendrait définitivemen t à tâche
de fournir des princes aux peuples en ré
volution, comme la maison de Cobourg
en fournissait-aux peuples dont le sceptre-
tombait en qùenouille. . L'exemple du
prince de Roumanie était- cependant fait
pour inspirer aux nlembres de sa -famille
quelque hésitation en pareil cas ,-.car le
successeur du colonel Couza a dû se con
vaincre que ce n'est pas un héritage sans
épines que l'héritage des souverains ren
versés. Mais il y a des tentations auxquel
les tout le monde ne résiste pas.
En attendant que des nouvelles plus
détaillées et plus précises confirment ou
détruisent le bruit qui nous arrive de
l'autre côté des Pyrénées^ nous nous bor
nerons à exprimer nos doutes.;. Le maré
chal Prim a pris envers les-CoPtès des en
gagements qui ne lui permettraient^ans
doute pas d'agir définitivemenfctdetout'
conclure avantje retour des députes de
la nation. Nous suspendrons doutant plus
notre jugement, que le fait ne ; nous paraît
pas encore .certain.
Que l'Espagne ait ou non un roi, elle a
toujours à lutter contre des difficultés
sans cesse renaissantes. Il n'est pas très
sùr que l'insurrection de Cubâ-^pit bien
réprimée, et l'on nous écrit ijiie te gou
vernement do Washington ^-oûdfait dé
terminer une démarche collective '''êtes
grandes puissances qui rappelât , le&'bël-
ligérants à des sentiments plus humains.
La lutte continue donc, et oorilinue 'avec
le caractère de violence et 4<3.-haine que
l'on a déjà trop souvent signalé?-
Le gouvernement anglais s^'est-décidé
ment reconstitué, avec lord Granville
aux affaires étrangères, lord Kimberley
aux colonies, lord-Halifax au sceau privé,
M. Forster, vice-président de la commis
sion de l'instruction publique, qui jus
qu'ici n'avait pas de siège dans le cabinet,
en reçoit un, comme on pouvait s'y at
tendre à la suite du brillant rôle qu'il
joue dans la discussion du bill de l'ins
truction obligatoire.
La nomination de M. Granville était at
tendue. « Lord Granville, disait la der
nière Saturday Review, est désigné par le
consentement général pour l'office va
cant, non-seulement par son rang dans le
gouvernement, mais parce qu'il possède
beaucoup des qualités qui distinguaient
lord Clarendon. Cosmopolite par la con
naissance des langues et par. l'habitude
du monde, il a, comme lord Clarendon,
une réputation méritée de sociabilité.
Une longue expérience comme leader de
la Chambre des lords a attesté son calme
et son habileté dans l'art de ménager les
hommes. »
TÉLÉGRAPHIE
AGENCE HAVAS
Angleterre.
Londres, 4 juillet.
Les modifications. suivantes dans le cabi
net viennent d'être définitivement arrêtées ;
LOrd Granville,- affaires étrangères; lord
• ■Kimberley, colonies; lord Halifax, lord du
• sceau privé (lord privy scal). M. Forster,
? vice-président de la commission de l'instruc
tion publique, a aussi un siège dans le ca-
; , Amérique.
La Havane, 2 juillet.
Un grand meeting de planteurs a eu lieu
? aujourd'hui. On y a presque unanimement
. voté une résolution pour l'abolition de l'es
clavage. . .
*"• Portugal.
Lisbonne, -1 juillet. .
Il n'y a pas eii de troubles à Larnejo ni
«ailleurs.
• Une tranquillité parfaite règne dans tout
le'rovaume.
SERVICE DE NUIT.
Etats-Unis.
Washington, 4 juillet.
M. Boutwell, ministre des finances, a or
donné la vente-de 4- millions-de tibllars en
or et l'achat de 4 millions de dollars en obli
gations de l'Etat pendant le mois de juillet.
La ville d'Oroville en Californie a été en
tièrement détruite par un incendie.
Autriche.
Gracovie, 4 juillet.
Le Czas déclare qu'il soutiendra le minis-
t tère, parce que les tendances du cabinet ac-
' tuel sont d'accord avec les opinions qu'il dé-
. fend depuis des années.
Le Czas dit que les intérêts polonais sont
: aujourd'hui tellement unis à ceux de l'Au
triche qu'il désire pouvoir être ministériel.
Égypte.
. Alexandrie, 4 juillet.
Le khédive est parti ce matin jour Gons-
tantinople. " -
. ■ - Espagne.
. ! Madrid, 4 juillet.
Jous les-ministres partiront ce soir pour
. la'Grania où ils se réuniront en conseil pour
discuter la candidature du prince Léonold
- de Hohenzollern qui a accepté l'offre qui lui
a été faite de la couronné d'Espagne.
. A la suite des scènes regrettables qui ont
!• eu lieu entre les libéraux et les carlistes, le
casino carliste a été fermé; le gouvernement
t est intervenu pour maintenir l'ordre,
Portugal.
Lisbonne, 4 juillet.
Le gouvernement a envoyé l'ordre au
gouverneur' de la Guinée portugaise de re
cevoir officiellement des autorités anglaises
la possession de l'île de Bolama.
Suisse. ,
Berne, 4;juillet.
Les Chambres fédérales ont .'ouvert leur
sessiçn aujourd'hui et ont ainsi "constitué
leurs bureaux : .
Conseil national : président, M. Auder-
wert; «coprésident, M. Brunner.
Conseil des Etats : président, M. Stocker ;
vice-président, M. Keller.
Italie.
r. frary.
. Florence, 4 juillet, 2 h. 30, soir,
ja Société des chemins de fer de la Haute-
Italie a signé aujourd'hui avec le gouverne
ment une convention avantageuse pour les
deux parties.
Rome,-4 jpillet.
La discussion sur le quatrième chapitre
relatif à la suprématie du Pape a été close
ce matin, les orateurs restant encore inscrits
ayant renoncé à la parole.
'On croit que la première séance publique
aura lieu le 17 courant.
COURS DE LA BOURSE.
cours de clôture , le 2 le 4 Hausse Baisse
3 0/0aucompt. 72i60 72.60 » » » »
—fin du mois. 72.70 72.65 » •» » 05
4 l /2aucompt. 104. » 104.75 » » » 25
à la candidature au trône du prince Léo-
pqldde Hohenzollern. Mais, dans des évé
nements de cette nature, il est essentiel,
pour tout esprit politique, de remonter
aux origines et aux causes qui ont amené
une telle situation.
Ainsi, on voudra s© rappeler què plu
sieurs mois avant l'insurrection d'Espa
gne en septembre 1868, des journaux
étrangers avaient recueilli, sur l'attitude
prise par M. de Bismark dans les allaires
d'Espagne, des bruits qui ont trouvé alors
accès dans la presse française et ont don
né lieu à des commentaires très accen
tués. On prétendait que ceux qiîi plus
tard furent les chefs du mouvement
insurrectionnel, agissaient d'accord avec
le ministre prussien pour renverser la,
reine Isabelle et mettre sur le trône 1«
duc de Montpensier; l'on ajoutait que des
agents deschefs espagnolss'étaient rendus
à Berlin et en avaient rapporté des en
couragements moraux et matériels.
Ces bruits furent aussitôt démentis par
les journaux de Berlin. Ils affirmaient
que. non-seulement M. de Bismark ne
s'était en aucune façon immiscé dans
les affaires d'Espagne, mais encore qu'au
cun Espagnol n'était venu à Berlin, si ce
n'est M. Rancez, ministre- d'Espagne en
Prusse. Ils allaient même jusqu'à dire
quf» ce diplomate s'était beaucoup moins
occupé de politique que ne le comportait
et ne l'exigeait sa position.
Quelques mois après, l'insurrection
éclate en Espagne. Plusieurs journaux,
reproduisent les mêmes bruits et ajou
tent qu'à Cadix étaient arrivés, des ba
teaux portant des secours d'argent "d'ori
gine prussienne.
Par une coïncidence singulière, ce mê
me M. Rancez qui; au dire des journaux
prussiens, avait failli à ses devoirs politi
ques sous le gouvernement de la rei,ne
Isabelle, fut, un des premiers , l'objet
d'une promotion de la part du gouverne
ment-provisoire d'Espagne:il fut nommé
gouverneur de Cadix.
A la même époque^ de nombreuses
correspondances, publiées dans des jour
naux de toutes nuances, rapportaient un
mot que Mi dë Bismark aurait prononcé
à la première nouvelle de l'insurrection
de Madrid: « Voilà ma planche de salut.»
Amis et adversaires du ministre prussien
n'avaient qu'un seul commentaire pour
ce mot : il voulait dire, selon eux, que les
troubles d'Espagne, les ' candidatures
qu'ils allaient faire naître, seraient un
embarras pour la France.
Qu'ya-t-ileu devrai dans ces bruits?
L'événement d'aujourd'hui forme-t-il un
-anneau dans cette chaîne de faits qui,
il y a deux ans, circulaient dans tou
te l'Europe? L'éminent homme d'Etat qui
dirige les destinées de la Prusse avait-
il mis en avant, pour le trône d'Espagne,
le duc de Montpensier dont il connais
sait l'impopularité, afin de lui substituer,
au moment opportun, la candidature d'un
prince prussien ?
Nous ne saurions répondre, .des à pré
sent, à toutes ces questions. Le fait cer
tain, c'es t cette candidature dont le moin
dre inconvénient est d'inquiéter l'Europe,
mais dont le plus sérieux danger e§t, se
lon toute prévision, de fournir l'aliment
d'une nouvelle, guerre civile en Espagne.
Nous ne pouvons pas encore apprécier,
à l'heure qu'il est, le fait considérable qui
nous est "annoncé de Madrid, relativement
c. piel.
Le prince de Hohenzollern porte les noms
de : . .
LeojooW-Etienne-Gharles-Antoine-Gustave-
Edouard-Thassilo/
Il est né le 22 septembre 1835 et occupe le
grade de lieutenant en premier dans le
1 er régiment de la garde à pied du roi Guil
laume. .
Prince héréditaire de Hohenzollern r Sig-
maringen, il est fils du prince Charles ae
Hohenzollern et de la princesse Joséphina
de Bade, sœur du grand-duc actuel.
■ Son frère cadet, le prince Charles, a reçu
le trône de Roumanie après la chute du
prince Couza.
L'Univers fait un récit inexact d'une
trswe qui a eu'lieu entre M.'Emil
vier et quelques députés. M. le ga^_
sceaux notamment n'a jamais diWi
membres de la minorité de 1 éffisc
aient réclamé l'évacuation de Ro^g. ^
cun prélat français n'a jamais ^ddriri
conseil au gouvernement de l'Empfe
h. delarôthu.
On lit dans le Moniteur : ■;
« Il se confirme que le ministre des affai
res étrangères se prépare à communiquer,
prochainement au Sénat et au Corps Lé
gislatif la correspondance relative au Conci
le. D'après les avis les plus autorisés, la- dis
cussion du schéma portant définition de 1 in
faillibilité se terminerait dans le courant ue
la semaine. *
Amendement au projet de budget.géné-
ral des-dépenses et des recettes de l'exercice
1871, présenté par M. Garnier-Pagès. ■
Art. 1 er . A partir de la promulgation de la pré
sente loi, le maximum des versements aux caisses
d'épargne, fixé pour chaque déposant,-par. la loi
du 30-juin 1851-, a mille francs, sfôt.' eleve a deux
mille francs. K .
Art. 2. Lorsque la somme ve'rsee par-un dépo
sant aura atteint la somme de deux cent.fraifcs,
l'administration de la caisse d 'épargne °acnetera,
pour le compte du déposant et sans frais, urt
un coupon de Rente de 3 francs de la dette ins
crite et successivement au fur et à mesure de ses
versements jusqu'à la limite indiquée, par larti-
clc 1 er .
Art." 3. l 'administration pourra rester ^déten
teur des coupons de rente .ainsi achetés pour
compte du déposant. ... ... ,
' Art. 4. Le déposant aura toujours 3a faculté as
réclamer le montant de ses versements, soit en
coupons de rente, soit en espèces par la vente
effectuée pour son compte et sans frais des sus
dits coupons, dans les quinze jours qui suivront
la demande de remboursement à l'administra
tion. , • .
Art. 5. La différence en plus ou en moins pro
venant de là réalisation des coupons de rente
appartenant au déposant sera portéeà son compta.
Art. 6. La présente loi sera applicable a tous les
déposants qui, dans le mois, n'auront pas recla^
me le remboursement de leurs versements.
Art. 7. Les, coupons de rente qui seront attri
bués à ces déposants serojlt- pris sur les rentes
achetées par la Caisse des dépôts' et consigna
tions, pour compte' des Cai'ss.es d'épargne, et
taxées au cours moyeii de ces acquisitions.
Voici I« scrutin par appel nominal sur
les conclusions de la commission tendant
-à rejeter la demande des princes d'Or
léans. ..
ont voté contre': .
MM. Barantè -(le!-l)aron de): Barthélémy Saint-
Hilaire. Betlimonfe ; .
Ghoîseul (de). Grémieux.
Dufort de Civrac (lo.comta de).
•Esquiros. Estanceliii".
Favre (Jules). „ , „ .
Girault. Glais-Bizoin. Grammont (le marquis
de). G-uyot-MontpayrouX.
. .(aval "(I.éopold).
Kératry (le comte de). ; (
Laroche-Joubert. Lirneu. Lenreton (le géné
ral). Le Cesne. Lclèvre-Pontalis.
Magnin. Malèzieux. Marinier (le duc de). Alo-
nier de là Sizeranne (-le vicomte). ,
Pelletan. Picard. Pire de Rosnyvinen (le mar
quis de). '
Simon (Jules). Steenackers. ■
Thiers. . ..
Wilson.
' n'ont pas piîis part au vote :
MM. Arago, Barillon, Bourgoing(le baron de),
Buisson, Garré-Kérisouët, Gharleniagne, Glinsto-
phle, Cosserat, Dalloz (Edouard), Daru (le comte),
David (Ferdinand), Delebecque, Deltheil, Dessai-
gnes, Besseaux, Doriali, Dupont (Paul), Estour-
mel (le comte d'), Ferry (Jules), I 1 ieury (Ansel
me), Gagneur, Garnier-Pagès, Girod (de l'Ain),
Grevv, Grollier, Guiraud (Léonce de), Hesecques
(le comte d'), Jouvencel (de), Keller, Ladoucette
(le baron de), Lagrange (le comte Frédéric de),
Le Clerc .d'Osmonviile, Mangini, Marion, Ma
thieu (Pas-de-Calais), Monjaret de Kerjégu, Mon-
neraye (de la), Noualhier, Ordinaire, Petit (Guil
laume), Piennës (le marquis de), Pinart (Pas-de-
Calais) Planat, Poëze (le comte de la), xiaspail,
Riùndel, Rôchefort, Schneider, Thoinnel de la
Turmélière, Yvoire (le baron d'). '
absents par congés :
MM. Alquier (le baron), André (Charente),
Bancel, Boduin, Boucaumont, Boucnetal-Laro-
che, Bussierre (le baron de), Campaigno (le mar
quis de), Champagny (le comte P.-J. de), Cham-
pagny (le comte Nap. de), Charpin-Feugerulles
(le comte de), Descours (Laurent). Donimartiu
(le baron de), Eschassériaux (le baron), l'orçado
la Roquette (de), Fould (Adoljjhe). Fould (Gusta
ve), Gambetta, Le Roux (Charles), Lesperut (le
baron), Malaussena, Millon, Montagnac (de), Mo-
rin, Murât (le comte Joachim). logent Samt-
Laurens, NoUbel (Henri), Pamard, Pierres (le ba
ron de), Rampont, Reille (le baron) (Tarn), Reille
(le comte) (Eure- et-Loir), Rochemure (le comte
de), Tachard, Tillancourt (de), Vast-Vimeux (le
baron), "Werié, Zorn deBulach (le baron).
Tous les autres députés ont voté pour.
BMKi
FEl'ILLETOX DU COSSTITUTîOm, S Jlll.
LE
DSi!
PAGES DE FAMILLE
PAR
A. DE LAMARTINE
« (28 octobre.) J'ai ramené tristement
mon .fils à Lyon. Ma mère qui est dans sa
petite terre'de Rieux, auprès de Montmi-
rail, et qui a trouvé toutes ses affaires rui
nées à son retour , me presse lettre sur
lettre d'aller la rejoindre et la consoler à
Rieux. J'irai seule, sans enfant et sans do
mestique, afin de ne pas multiplier les
dépenses : ne serait-il pas bien mal à moi
de rechercher' mes commodités et mes
vanités , pendant que ma mère et tant
d'autres personnes qui valent mieux que
moi soutirent les cruels embarras de leur
fortune perdue ?
» J'ai mis ma petite fille en nourrice
chez une jolie paysanne à Millyafin
d'être libre de faire ce grand voyage;
je me sens assez de force, je suis lé
gère comme à quinze ans. Hier, j'allai
entendre la messe à pied à Bussière, vil
lage encore assez éloigné de Milly; il
faisait mauvais temps et il y avait mau-
Droits de propriété et de traduction'^réservés.
vais chemin, mais je me sentais une ex
trême élasticité qui est la, meilleure
preuve de la santé. Cela me . rappelait
mes jeunes ans, et, entre autres, une
promenade que .j'ai faite une fois avec,
mon père et ma sœur de Rochemont, du
château de Saint-Cloud au. château de
Meudon, et où il me semblait vraiment
que je marchais en l'air-et sans toucher la
terre que pour rebondir.
» Ma pauvre tante qui m'a élevée dans
ma première enfance est morte; je suis
tourmentée du sort de la vieille Jacque
line, sa femme de chambre, qufa été une
seconde mère pour moi, et qui va se trou
ver dans l'isolement etpeut-être dans l'in
digence; je voudrais à tout prix la re
cueillir chez moi; la famille s'y oppose,
mon mari craint avec raison de mécon
tenter en ceci ses frères et ses sœurs de qui
nous dépendons beaucoup pour nos en
fants; il me propose de payer en secret
une pension à Jacqueline dans une mai
son à Lyon, où elle sera à l'abri de la mi
sère et de l'ab,andon; mais je voudrais
remplir mes devoirs de reconnaissance
envers cette pauvre fille dans toute leur
étendue; si j'étais à sa place et elle à la
mienne, rien ne l'aurait empêchée de me
recueillir jusque dans son lit. »
« (17 décembre 1802.) Alphonse vient
de s'échapper de son collège avec deux
de ses camarades qu'il a entraînés, Mes
sieurs de Veydel ; on les a rattrapés à six
lieues de Lyon. La réclusion du collège
lui était depuis quelque temps insuppor
table; je suis bien attristée de cet événe
ment, son caractère d'indépendance m'ef
fraie, je crains çle l'avoir gâté; on a eu de
la peine à lui faire écrire une lettre d'ex
cuse et de repentir à son père.
» Je lis toujours les Confessions de
saint Augustin; c'est bien à propos; je
veux imiter, autant qu'il sera en moi, sa
mère sainte Monique, et, à son exemple,
prier et prier sans cesse pour mes en
fants. »
« (14 janvier 1803.) Jesuis arrivée hier à
Ri'eux, après un voyage bien pénible et un
séjour-de quelquesjournêes à Paris.De Cou-
lommiers àRieux, j'ai été obligée de faire
la roule à cheval, sur un chevaî de fermier
qu'un enfant menait par la bride ; il fai
sait un vent du nord glacial ; j'ai souffert
sur les neiges ce qu'on doit souffrir en
Sibérie. Jamais je ne peindrai la joie que
j'ai eue de revoir ma pauvre mère ; elle a
été bien saisie elle-même d'émotion en
m'embrassant ; ce moment m'a fait ou
blier toutes mes peines. Mo voilà établie
dans celte chère maison de Rieux, où j'ai
passé quelques mois d'été dans mon enfan
ce! Ah! si l'onretrouvait avecles lieux tout
ce qui les animait et les vivifiait autre
fois ! Mà pauvre mère est bien changée
par les adversités, les exils, les voyages,
les soucis d'existence qui la dévorent,
pour elle, pour mon frère et mes sœurs!
«Elle me raconte, le soir, mille choses
intéressantes, soit relatives à notre famil
le, soit relatives aux voyages qu'elle vient
,de faire avec les princesses. J'admire tou
jours davantage son esprit, sa résolution,
son bon conseil dans les choses difficiles,
son ménagement habile et convenable,
mais cependant honnête etferme, des
caractères. Il est bien pruel à son âge
d'être dans une situation aussi embar
rassée et aussi précaire; elle est bien
vieillie du visage|, mais elle est tou
jours vive et gaie de conversation. Que
je voudrais être assez riche et assez
indépendante pour l'aider efficacement
dans le rétablissement de sa fortune 1
Mais hélas ! je ne puis que si peu de
chose, pris sur mon superflu de ma propre
maison" et de mes enfants! .Je veux
écrire ici tout ce qu'elle me dira de re
marquable. Elle m'a appris hier que
notre famille., vient du- Vivarais, et
qu'ùne demoiselle des Roys y possède
encore à Montfaucon le fief de Rubec
en qualité d'héritière de la branche aî
née de la maison ; ce fief doit reve
nir après elle à ma mère. Je désire tant
ce qui pourrait adoucir la fin de sa vie !
elle est obligée, à-son âge, de se priver de
femme'dé chambre; je songerai à" elle
quand je croirai avoir à me plaindre de
mon sort. Mon Dieu! venez à son secours,
adoucissez sa vieillesse après une vie si
Agitée, et si pleine !
» Elle m'a conté ce soir beaucoup de
choses de Mme de la Reynière, la veuve
du fermier générai, dont elle est parente
et avec laquelle elle est restée intimement
liée. M. d'Orsay est notre parent par cette
môme famille : il a épousé une princesse
d'Allemagne parente du. roi de Prusse.
;M. d'Orsay, fils de celuirlà, a épousé
une princesse italienne, mais d'une moins
illustre maison. Ces entretiens au coin du
feu nous rappellent successivement tou
tes les personnes avec lesquelles ma mère
a véçu et que j'ai vues avec elle dans mon
enfance; hélas! il en reste -peu afirès la
secousse qui a dispersé toutes ces famil
les.
» Je' consigne ici une. anecdote bien
étrange sur J.-J. Rousseau et la maréchale
de Luxembourg, avec laquelle ma mère
était fort liée. La maréchale de Luxem
bourg, très amie aussi de Rousseau, sut
que la femme avec laquelle il vivait était en
ceinte; elle craignaitque Rousseau ne vou
lût jeter, comme il avaitdéjàfaittrois fois,
cet enfant aux Enfants-Trouvés; elle alla
trouver M. Tronchin, de Genève, ami par
ticulier de J.-J. Rousseau, et Je pria ins
tamment de lui faire apporter cet enfant
dont elle prendrait soin. M. Tronchin
en parla à Rousseau .qui parut y donner
son consentement ; il le dit aussi à la
mère qui fut ivre de joie; aussitôt qu'elle
fut accouchée, cette pauvre femme fit
avertir Tronchin ; il vint, il vit un bel
enfant qui était un garçon plein de vie, il
prit l'heure avec la mère pour revenir
le .lendemain chercher l'enfant; mais
à minuit Rousseau, vêtu d'un manteau
de couleur sombre, s'approcha du lit
de l'accouchée et, malgré ses cris, em
porta lui-même son fils . pour le • per
dre, -sans marque de reconnaissance,
dans un hospice ! Voilà l'homme dont
tant de gens exaltent la sensibilité, disait
ma mère; moi je dis:voilà un insensé
dont la tête malade a égaré le cœur. Hé
las ! le génie n'est souvent, quand il ne
repose pas sur le bon sens, qu'un premjer
accès de délire : le Tasse et Rousseau en
sont la preuve. Acceptons le génie si Dieu
le donne, mais souhaitons le bon sens à
nos enfants !
» Il fait un froid extrême; il tombe de
la neige à gros flocons, toute cette cam
pagne, aussi loin que portent les yeux, en
est couverte. Je lis Tacite et d'autres his
toriens de l'antiquité dont ma mère a eu
le goût toute sa vie; elle a pris ce goût,
je pense, dans la société des hommes de
lettres, et des philosophes qui remplis
saient son salon au Palais-Royal.
» Ce matin un prêtre. quiVtient compa
gnie à mamère, l'abbé Cliauvéau, homme
de beaucoup de mérite et de piété, nous
a dit la messe ; il y a eu un baptême ; j'ai
été bien émue ; les baptêmes m'attendris
sent toujours, parce qu'ils me: rappellent
mes enfants...
» J'ai été visiter une pauvre femme en
couches malade, mais privée des.secours
qui ont adouci- pour moi cet état ; en ré
fléchissant à son déiiûment et aux dé
licatesses dont je suis entourée, j'ai-
pris la ferme résolution de ne m'épar-
gner. en rien, ni en fatigue, ni en
bonne nourriture, ni en fagots pour le feu,
ni même en argent quand j'en puis éco
nomiser un peu, pour soulager celles de
ces pauvres paysannes qui seront à ma
portée. Comme oir est plus sensible aux
souffrances qu'on a éprouvées soi-même
ou qu'on voit de ses- propres yeux! La
charité indirecte est bien bonne, mais la
charité directe de la main à la main, du
coeur au cœur est bien plus efficace. Mon
Dieu, rappelez-moi souvent ces bonnes ré
solutions; point de légèreté, d'oubli, de
langueur dans le devoir 1
» Ce soir j'ai lu Tacite; cet historien me
plaît bien plus que les autres : il m'émeut
et il m'édifie presque en racontant; les
autres ne font que m'instruire. La biblio-'
thèque de mon père ici est riche en his
toire ; _ cela dégoûte heureusement des
romans et des lectures légères; temps
perdu.
A. I6E
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