Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-03-02
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 mars 1870 02 mars 1870
Description : 1870/03/02 (Numéro 61). 1870/03/02 (Numéro 61).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
55e ATOEE.—N* 61.
abonnemens des dépàrte3œns.
• trois mois 16 n;
SIX mois 32 ïs*
• ON AN .'.v??» , ,'.v«Vj* M FI»
POUR -LES PAYS ÉTRANGERS, VOir le tllbleau
publié le» s os iO de chaque mois.
Imprimerie du Constituiionnel,
' ■ E'. îigtbut et c°.
rue des Bons-rEofans, 19.
BUREAUX A PARIS: rnë de Valôfs (Palais^Royal); a; 10.
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JOURNAL POLITIQtlB
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MERCREDI 2 MARS 11170.
ABONNEMENS DE PARIS^
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SIX MOIS.
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un numéro mè : centimes, £
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. Les abonnemens datent des J or et 16[&
de chaque mois.
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les lettres-ou envols d'argent non affranchis s'ont-rlfu
; Los aTticles déposés ne sont pas rendus.
Les A nnonces sont reçues chez MM. F auchet , L affite, B ullier et G 8 ,
place de la Bourse, 8, à M. D uport; 7, rue Ûoq-IIérqn, et au bureau du journal.
Los Annonces
ne sont reçues que sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu,
de modification par l'admistration [du journal.
SZSEJ
•*.-v »>-twy»ryyr
PARIS, I" MARS.
Les journaux qui prêchent la croisade de
l'opposition constitutionnelle n'ont guère réus
si jusqu'ici à justifier le nom qu'ils vou
draient donner à leur parti. Dans la guerre
très vivo qu'ils font au ministère, ils cher
chent tous les jours du renfort dans les co
lonnes du Sièck et de l'Avenir nationul,
-qui no sont pas précisément des opposans
constitutionnels.
Il n'y a pas grand inconvénient pour per
sonne à ce que le Peuple français et le Pu-
- blic reproduisent les attaques de MM. Pey-
rat, Ténot et autres contre le cabinet du 2
janvier. Mais il paraît plus difficile d'ad
mettre que, dans le sein du Corps Législa
tif, MM. Jérôme David, Duvernois, Dréolle,
Du Mirai, Wclles de Lavalette et les autres
5G, se coalisent avec MM. Jules Favre, Em
manuel Arago, Gambelta et Raspail.
A moins de ne représenter que des rancu
nes ou des ambitions personnelles, l'oppo
sition constitutionnelle de droite devra avoir
son programme particulier, non moins dif
férent de celui 3e la gauche extrême que
du programme ministériel.
' L'extrême gauche 1 ,"cela'n'est un mystère
pour..personnâ, vise à préparer la Républi
que par le renversement de ce* qui est.
Les chefs des 56 , s'il Tallait en juger par
le langage des journaux qui parlent en leur
nom, ne seraient pas moins désireux que
les républicains de renverser le ministère
actuel. S'ils veulent persister dans cette
campagne, il faudra évidemment qu'ils fas
sent connaitre quel but politique ils se pro
posent d'atteindrS, quelles idées ils combat
tent, quelles idées ils aspirent à faire triom
pher. ■ . ,
Le cabinet du 2 janvier personnifie aux
veux du pays le rétablissement du régime
parlementaire. Que représentent, que veu
lent représenter les Sfi ? Est-ce l'esprit de
■ la Constitution de' 1852 avant le sénalus-
consulte du S septembre ,? Leurs antécédens
pourraient le faire croire. Le Peuple fran
çais cependant proteste qu'il n'en est rien.
11 repousse toute pensée de réaction. L'op
position constitutionnelle, dit-il, sera plus
libérale, plus disposée aux larges réformes,
plus démocratique que le ministère.
Nous pourrions croire M. Clément Du
vernois sur parole, s'il était à lui seul maî
tre du programme des 56. M. Duvernois est
animé d'un vif désir de a faire grand. » Il a
consacré au service de la liberté la première
moitié de sa vie ; il souhaite ardemment la
servir encore au pouvoir. Mais le rédacteur
en chef du Peuple français s'apercevra pro
bablement bientôt combien ses idées déton
nent et font disparate dans le milie v u où il
s'est jeté. .
Jusqu'à présent les seuls faits certains
d'après lesquels le public puisse juger les 56,
c'est qu'avant le sénatus-consulte, tous, ou à
peu près tous, se sont opposés autant qu'ils
l'ont pu aux réformes libérales et phrlemen-
taires ; et que, dans la séance du 24 février,
ils ont demandé le maintien du.systèn?e des
candidatures officielles; Gela ne constitue
pas des titres suffisant pour se dire plus li
béraux, plus démocratiques, plus disposés
aux grandes réformes que le ministère.
Les nouvelles de l'extérieur sont sans in
térêt. -.■■■■•
Nous ne trouvons à signaler que la nou
velle donnée par les journaux anglais d'une
réunion des pairs conservateurs tenue sa
medi à Lobdrës. Sur là motion du marquis
dé Salisbûry, appuyée par le nouveau comte
de Derby, les pairs présens à la réunion ont
offert le titre de leader du parti conserva
teur dans la Chambre des lords au duc de
Ric}imond. Le duc n'a fait aucune diffi
culté d'accepter l'honneur et la responsabi
lité qui iui étaient offert#.
• fie tilre avait été offert, comme on le sait,
au comte de Derby et à lord Salisbûry.
Ceux-ci l'avaient refusé, et comme non-
seulement, ils persistaient dans leurs réso
lutions, mais qu'en outre ils appuyaient
chaudement l'offre faite au duc, celui-ci
n'avait aucun motif d'hésiter.
Là Pall Mail Gazette fait à ce propos une
réflexion assez juste :
a Les idées politiques de tous les partis,
dit-elle, et en particulier celles des conser
vateurs sont assez embrouillées en ce mo
ment. Ce n'est pas trop dire que d'affirmer
qu'il n'y a pas d'opposition dans l'instant ac
tuel. Le ducdeRichmond, dontles idées sont
modérées et qui n'est pas fait pour les luttes
vives et les résolutions extrêmes, représente
donc très bien le parti conservateur dans sa
situation actuelle. » '
G. B akbb.
TÉLÉGRAPHIE FSSVÉE.
agence havas.
Êïsgletcwe.
Londres, 28 février, 8 h: 2S soir.
Chambre des communes. — M. Gladstone, ré
pondant h M. Beaumont, dit que la déclaration
de M. LoAve'a trait seulement au principe des
traités de commerce et nonr pas aux cas parti
culiers. Le chancelier do l'Echiquier, M. Lowe,
ajoute qu'à cet égard son opinion est très élas
tique; le gouvernement présentera demnin-te
traité de commerce avec l'Autriche, dont tous
les membres du ministère sont collectivement
responsables.
Sir Charles Adderley demande au directeur
général des postes si les différences qui.exislont
entre le système compliqué des poids anglais et
le systèmo-métrique si remarquable pour sa
simplicité, et qui est maintenant adopté par tou
te l'Europe, n'a point obligé les Anglais, dans lo
traité posta! avec la France, à accepter le poids
d'un tiers d'onco comme étant l'équivalent du
poids de dix grammes qui est, en réalité, plus
faible d'un sixième, et s'il no serait pas disposé
à remédier à cette inégalité par l'usagd de poids
corrospondans, ce qui constituerait de la part
du gouvernement un exemple en favour de
l'adoption du système le plus généralement
suivi.
Le marquis do Ilartington dit qu'il no voit
aucun inconvénient dans le système pratique
adopté.
Il espère que la France adoptera comme éta
lon le poids de 1 !> grammes correspondant à la
demi-once anglaise.
Turqtsie.
Marseill", 1 er mars.
Les lettres do Conslanlinoplo mandent que le
sultan, sur la demande du khédive, a envoyé
une soixantaine do décorations du MedjiditVft
de l'Os manié pour les fonctionnaires égyp
tiens. '*
Lo grand-vizir a écrit au cardinal Antonelli
pour l'affairo des Arménien^ catholiques diîsi-
dens.
Ktaiic.
Notre correspondant particulier nous télégra
phe do la frontièro romaine •
Rome, 28 févrior,
La police a autorisé, pour aujourd'hui et de
main; le port d'un masque sur lo visage dans
le's rues. Cette concession est faito pour la se
conde fois depuis 18S50. La calme est parfait. Lo
parti unitaire garde une attitude impassible. Il
tombe une pluie -continuelle. Le carnaval est
pou animé.
La Correspondance du Nord-Est publie
la dépêche suivante :
Berlin, 28 février, 11 h. 40 m. soir.
Les progressistes ont déposé un projet de loi
modifiant l'article 32 de la constitution fédéralo
et accordant aux députés du R«îchstag une in
demnité de frais de voyage et de séjour.
Les nationaux-libéraux commencent à faire
de l'opposition au gouvernement ; lo député
Laiker vient do prononcer un discours très
applaudi contre Ja peine do mort.
Les avis du Venezuela annoncent. le succès
des rebelles. Plusieurs villes ont été prises.
' L'insurrection est en piogrôs au Guatemala.
Les rebelles sont, commandés par 1e -général
Cruz.
Prmsse.
Berlin,.!" mars.
Le Reichsfag a conlinué aujourd'hui les dé
bats sur la question do la suppression do la
peine de mort.
M. de Bismark s'est prononcé, dans un long
discours, pour le maintien do la peine do mort.
Il a dit que si cotte poine était supprimée, lo
Code pénal obtiendrait difficilement la majorité
dan§ le conseil fédéral, et que toutes los voix
et loute l'influence do la Prusso seraient em
ployées pour son maintien.
Malgré cette déclaration, la suppression do
la peine de mort a été votée par 118 voix con
tre-81, conformément aux propositions do MM.
Fries et-Kirchmann. '
■ COURS RE LA BOURSE.
confis t>e c I i O turh . le 28 le. i" Hausse, Bs.kssa
36/Qaucompt. 74. » 74 12 » 12 »
—Fin du mois. 73 9.Î 74.15 » 17 »
41/2aucompt. 104.75 105 » » 25
»,
»
» »
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR.
SERVICE DE NUI*.
Aaaérlque.
New-York, 19 février.
(Par le paquebot-poste de la compagniegé-
nérale transatlantique. Ville de Paris.)
Lo président Grant a exprimé ses sympathies
aux Cubains, mais i! est résolu pour le moment
à no pas intervenir. Les Espagnols déploient
toutes leurs forces pour écraser l'insurrection.
Le général G'oyonecho est en marcho costre les
insurgés.
Le 13 février, Santa-Anna a reçu l'ordre de
quitter la Havane par le premier steamer. Le
secrétaire Seward a quitté la Havane lo 10, so
tendant à Baltimore.
La révolution so propa'ge au Meiiquo.
La liberté de l'enseignement supérieur
vient d'être, au Sénat, l'objet d'une grande
^discussion. Depuis longtemps elle est récla-.j
rmée ; mais on ne rompt pas avec d'anciennes "*■
traditions aussi aisément qu'on rédige des
pétitions; il faut donner à l'opinion le
temps de se saisir de la question, do l'exa
miner sous toutes ses formes, d'en peser les
inconvénions et les avantages, sauf à se de
mander ensuite s'il faut ouvrir d'autres voies
que celles où jusqu'ici se sont avancées les
générations. C'est ce qui explique les résis
tances que cette réforme a rencontrées.
Aujourd'hui, le moment est venu où son
étude peut être, impartialement abordée,'
sans autre préoccupation que celle de don
ner à la liberté des citoyens et aux droits-
imprescriptibles de l'Etat toutes les satisfac
tions, toutes les garanties qu'ils peuvent
réclamer.
La première condition à remplir, c'est de
ne pas perdre de vue qu'avant tout, non-
seùlement il faut empêcher le niveau des
études de s'abaisser, mais qu'il imporié de
no'rien négliger pour qu'au contraire,Vil est
possible, il soit notablement élevé. Eo ma
tière d'enseignement, telle doit être la pre
mière, la constante préoccupation des grands
pouvoirs publics.
La liberté ne peut pas servir à l'appau
vrissement du trésor littéraire et scientifi
que que les siècles passés et les institutions
anciennes nous ont légué comme un dépôt
sacré; elle doit être un moyen de.perfec
tionnement et non un instrument de déca
dence intellectuelle et morale.
Sur ce principe tout Je monde est 'd'ac
cord. .
M. Quentin-Bauchart admet, dans son re-,
marquable rapport, une liberté sagement
pondérée qui assure aux familles le choix.
entre des maîtres capables et dignes et s'é
loigne autant du nionopole établi par le dé
cret de 1808 que de la liberté sans limites
que demandent des esprits aventureux et
irréfléchis.
M. Segris, ministre de l'instruction publi
que, parlant au nom du gouvernement, &
déclaré qu'il acceptait le principe de là li
berté et 4e la concurrence, comme un élé
ment de force, comme une incitation nou
velle, non en abdiquant les devoirs de l'E
tat, mais avec la ferme volonté que l'Uni
versité re^te le type modèle et régulateur
de l'enseignement .supérieur dans notre
pays.
Le Sénat l'a également admis par son vote
de renvoi des pétitions dont il était saisi,
au ministre de l'instruction publique.
C'est encore le principe de Ja liberté
qu'admet, dans un remarquable travail pu
blié le 1 er février par la Revue des Deux-
Mondes, M. Albert Duruy.
' Nous devons donc nous attendre à voir la
« ^bert# do l'enseignement supérieur procla-
. mée dans un avenir prochain. ■ - ^ -
Mais, le principe une fois admis, tout
n'est pas dit.
Reste, en effet, la question d'organisation.
Organiser la liberté, c'est donner, avons-
nous dit, une égale satisfaction au droit in
dividuel et à celui de l'Etat.
Or, ce n'est pas tout, à fait ainsi que l'en
tendaient los pétitionnaires. Pour eux, en
pareille matière, l'individu est tout et l'Etat
n'est rien. Selon les uns, ce n'est pas la con
currence, avec ou sans condition, qu'il faut
consacrer, c'est l'abandon complet et absolu
de l'éducation nationale, à tous les degrés,
aux combinaisons diverses de l'initiative
privée, comme une industrie ordinaire.
Us nient le droit de l'Etat d'entretenir au
cune école et de rétribuer aucun professeur,
et, comme conséquence de cotte théorie ra
dicale, ils concluent à la suppression du
budget de l'instruction publique.
« L'Etat, disent-ils, n'est pas juge par lui-
même des doctrines, et ne peut légitime
ment imposer aux élèves et aux professeurs
telle ou telle opinion philosophique, reli-<
gieuse ou scientifique. Inacceptable dans
des matières médicales ou scientifiques, son
ingérence dans des matières philosophiques
1s? fcèf ; tjligwujses ;€oastitue une Atteinte grave à
"la liberté des consciences et des cultes.
» Le régime de la liberté aura pour con
séquence forcée, en supprimant l'action de
l'Etat dans des matières qui sont hors de
sa compétence, do décharger le gouverne
ment d'une responsabilité trop lourde à
porter dans la situation actuelle des es
prits. »
Les autres, sans aller aussi loin, pla
cent l'Elat et l'individu sur le pied d'éga
lité. Ils assimilent la liberté de l'enseigne
ment supérieur à la liberté des cultes, qui
est et doit être absolue, et demandent la li
berté comme en Belgique.
Nous n'essaierons pas même de démon
trer combien la première thèse est insoute
nable, incompatible avec les grands intérêts
de la science et des lettres.
Mais quelle est donc cette liberté comme
en Belgique que demandent les autres péti
tionnaires?
Il importe de savoir ce qu'elle est avant
de vouloir la donner à la France.
A cet égard, M. Duruy, sénateur, dans un
discours qu'on ne saurait trop méditer, nous
a complètement é iifiés.
On a bientôt dit : la liberté comïne en Al
lemagne, la liberté comme en Angleterre, la
liberté comme en Belgique ; on en parle
même avec une certaine assurance, et en
réalité on ignore complètement et ce qu'est
cette prétendue liberté, et où elle nous con-
duirait, si nous l'inscrivions en têie de nos
programmes.
Aujourd'hui, la lumière est faite, et, à
moins'do se tromper volontairement, il ost
"impossible de ne pas se faire une idée exacte
d'un état de choses dont les Belges eux-mê
mes ne voudront bientôt plus.
En Belgique, la Constitution proclame la
liberté absolue de l'enseignement, sans con
trôle, sans surveillance. L'article 40 de la
loi du 15 juillet 1849 porte :
« Le gouvernement compose chaque jury
d'examen de telle sorte que les professeurs
de l'enseignement dirigé ou subsidié par
, l'Etat et ceux de l'enseignement privé soient
appelés-en nombre égal. Le président du
jury est choisi en dehors du corps ensei
gnant. »
Les jurys d'examen sont donc composés,
par moitié, de professeurs appartenant à
l'enseignement publiG et de professeurs ap
partenant à l'enseignement libre, et présidés
par une personne étrangère à l'ensëigne-
irient.
De plus, l'organisation des examens est
telle qu'il a été nécessaire de simplifier ces
épreuves, Les examens ne portent plus
sur les matières de l'enseignement donnant
Ijou à la délivrance de simples certificats ;
or, àin'si que l'a si justement fait remarquer
m. DurUy au Sénat,.e'-esilà la partie vivante
de l'enseignement : c'est la logique et la phi
losophie morale, c'est la zoologie et la miné
ralogie, c'est la statique élémentaire, ce sont
les élémens de chimie inorganique; en ma :
tièro médicale, ce sont les élémens de l'ana-
tomie comparée, c'est la pathologie géné
rale, l'anatomio pathologique, l'hygiène pu
blique et privée, la médecine légale.
Parmi les cours à certificats, c'est-à-dire
inutiles, puisqu'ils restent en dehors des
examens, figurent encore, en ce qui touche
l'enseignement du droit, l'encyclopédie du
droit, l'introduction liistorique au cours du
droit civil, l'exposé, des principes généraux
du Code civil ; le droit naturel ou la philo
sophie- du droit ; l'histoire politique mo
derne ; le droit public ét l'économie poli
tique; la procédure civile, le droit com
mercial.
.Qu'est-il résulté de cette organisation vi
cieuse de la liberté? pn abaissement rapide
et vraiment désastreux du niveau das études.
L'opinion pdbliqué s'en est "émue; de
toulos parts des plaintes se sont élevées.
C'est M. Spring, c'est le docteur Nypels, c'est
le corps académique, c'est l'université do
Liège, c'e'stM. Glùgè, recteur de l'université
libre do Bruxelles, c'estl'université deGând,
c'est la presse, c'est le gouvernement.enfin
qui condamnent un état de choses que des
voix imprudentes réclament à grands cris
pour la France. . V
11 faut remercier les hommes autorisés
qui, allant au fond des choses et étudiant
une question'complètement ignorée des pé
titionnaires, ont fait la lumière sur un aussi
grave sujet, nous ont montré la vérité et ont
réduit à sa juste valeur une liberté qui n'est
que l'abandon des droits les plus sacrés de
l'Etat et, pour la nation qui a voulu en faire
l'essai,une cause accidentelle, il faut l'espé
rer, d'abaissement et de déchéance intellec
tuelle,, si nous en croyons les témoignages
irrécusables de ses hommes d'Etat, de ses
professeurs lës plus émihens et des princi
paux organes de-l'opinion publique.
Noiis sommes de ceux qui ne veulent pas
qu'une telle expérience soit faite par la
France.
Proclamons la liberté, soit; mais que
l'Etat arrête Je programme des examens,
nomme les jurys; qu'il confère seul les
grades et détermine les conditions auxquel
les ils seront accordés.
Cette solution^ qui est celle do M. Quen
tin-Bauchart, de M. le ministre de l'instruc
tion publique, dé M. Duruy, qui est aussi,
croyons-nous, celle du Sénat, donne à la
fois satisfaction aux partisans de la liberté
et à ceux que préoccupe justement ia gloiro
littéraire et scientifique de la France.
Ne nous gardons pas seulement de ne pas
déchoir dans l'estime du monde' civilisé ;
augmentons par tous les moyens l'influence
et le rayonnement do nos idées ; mais pour
y arriver, défions-nous des expériences ir
réfléchies ; gardons ce que nous avons et
améliorons-le ; sachons surtout ne pas le
sacrifier à de funestes ou chimériques pro
jets dictés par un esprit de secte ou de par
ti, plutôt que par le bien de l'Etat.
am. matagrin.
Le Peuple français publie un article qui ne
sera pas moins remarqué que celui qu'il in
titulait dernièrement : l'Opposition constitu
tionnelle, ; mais autant il était vif et parais
sait mécontent dans le premier, autant il se.
montre radouci dans le second. -
Il déclare nettement qu'il ne blâme pas
ceux des députésducentredroitqui ont voté
l'ordre du jour pur et {simple, et qu'il s'agit
non pas de ressusciter le groupe de la rue
de l'Arcade, mais simplement de reconsti
tuer le centre droit, « en dehors dos chefs
qui l'ont abandonné et des compromissions
qui l'ont faussé en d'autres termes, le
Peuple français annonce que Je centre droit
so reformera, non pas contre le ministère,
mais en dehors du ministère.
' C'est là ce que \QPeuplç françmsai\\&Tn\ par
« préparer l'opposition, constitutionnelle; »
nous croyons qu'il seiait, mieux-de dire-qu'-il
prépare la réconciliation de la oioiteetciu
pouvoir. C'est, à la fc-if, plus patriotique et
plus habile.
A m. M atagsin.
Sous ce titre : les Revemns, la France pu
blia un article qui renferma dos considéra
tions dont nous devons reconnaître la par
faite justesse et à la pensée duquel nous ne
pouvons que nous associer :
■ Lo Français nous demanda en cptoi nous
apercevons, sur la scène politique, lu reflet du
22 février 1843. Nous pourrions lui demander,
Esm
SSSSBASSi&SœmS
snj
lo voir lui-mômo devenu, do concert avec le
Journal des Débals, l 'Union ot la Gazelle de
Fravce, lo champion uititré des ministres do
J'Empiro.
Mais nous n'avons nul motif poux nous léfu-
gier dans les finesses ou les équivoquéa do la
polémique. Nous tenons, au contraire, h ca
qu'il no puisse y avoir ni doufo nur notre pen
sée, ni méprise sur r otro attitude, dans un mo
ment où les'causes oie confusion tendont à se
muliipiier-.
Lo Français a raison do no point nous con
fondre avec ceux qui cherchent à propager « la
banale accusation d'un prétendu complot or
léaniste. » C'est avec une sincérité qui no. noua
colite nul etfort, que nous avons toujours rendu
et continuons à rendre hommage à la droiture
do caractère aussi bien qu'à la loyauté d'inten
tions des ministres du 2 janvier.Nous ne voyons
pas seulement en eux, commo on l'a dit à jusfo
titre,"# un cabinet d'honnûtes gens; » nous les
avons accueillis, dès lo premier, jour, commo
formant peut-être la meilleure combinaison gou
vernementale que l'on pût souhaiter pour ache
ver et couronner la révolution pacifique com
mencée parle Message du 11 juillet 1869. Leur
ijrogrammo est lo fcôlro dans tous ses poin'3
essentiels; et les réserves que nqus avons pu
avoir à faire sur tel ou tel point do coiiduito,
pas.plus quo la façon particulière dont nous
croyons devons envisager leur position sur 1e
terrain parlemen'uiro, n'altèrent en rien notre
adhésion.
Mais ni l'estime que nous professons pour
l'ensemble des membres du cabinet, ni la-sym
pathie et les liens personnels qui nous attachent
à" quelques-uns d'entre eux, ni la conformité
générale do leurs principes politiques avec nos
propres idées ne sauraient nous aveugler ou
nous imposer silence sur l'erreur fondamen
tale par laquello ils sont- en train de fausser ia
situation.
Cette erreur, c'est d'avoir perdu de vue quo
la première nécessité do leur rrdssion était de
rompre avec tous, les passés b la fois, pour
dégager d'un seul coup le chemin de l'avenir
de toutes les traditions qùi avaient fait leur
temps. -
En devenant le signal d'un rapprochement
presque inespéré entre des partis trop long
temps divisés, l'avènement aux affaires des
nouveaux minisires leur imposait sans doute
l'obligation do faire accueil à tous ceux qui
venaient ou revenaient leur tendre la main.
Mais il leur imposait aussi le devoir d'éviter
tout co qui pouvait tondre à éveiller des sus
ceptibilités, en créant dos distinctions. Dans
l'accomplissement do cette double tâche, ils
nous permettront de leur dire qu'ils so sont
trop attachés à la première partie et qu'ils n'ont
pas assez tenu compte de la seconde.
Nous sommes très persuadés que, dans l'em
pressement avec lequel ils ont fêté le retour à
ta vie publique des notabilités de ï'arteien régi
me parlementaire, là déférence personnelle est
eniréo pour beaucoup plus que Je calcul politi
que. Mais cet empresssement n'en a pas moins
pris, dans ses manifestations, le caractère d'une
préférence qui, après avoir été une faute, n'est
pas éloignée de devenir un danger.
On n'aurait éprouvé ni surprise, ni ombrage
à voir des hommes tels que M.,Odil'on Barrot et
M. Guizot salués avec le respect auquel leur
donne droit leur âge, traités avec la considé
ration qne mérite leur renommée. On n'a pu
se défendre d'un étonnement légitime,- en les
voyant érigés en arbitres des plus, importantes
réformes et en conseillers intimes du nouveau
gouvernement. Puis, à ce premier sentiment
n'a pas tardé à en succéder un autre plus vif
encore, lorsqu'on a mesuré do jour en jour la
part sans cesse grandissante qui était faito à
ces représentansda passé, à leurs disciples et i
leurs amis, au détriment de ceux qui personni
fient la génération nouvelle et qui en repré
sentent les idées.
Ouvrir la carrière à ces derniers était Ja pen
sée et le besoin dominans de la masse cfu pnys.
C'est eu grande partie contro les obstacles qui
leur en fermaient l'entrée que s'était fait lo
mouvement d'opinion d'où a surgi'la révolution
politique do l'année dernière. Comment lo son-
timent public ne serait-il pas froissé par le ré-
isultat diamétralement, contraire nuque! on est
arrivé? Comment le soupçon d'un parti pris et
feuilleton du Constituiionnel, 2 mars.
ME AMIE DE PENSION
La pauvre Lilas se trouva donc toute seu
le, en face de son travail, du travail ingrat
qui devait la nourrir ; elle s'y attacha pour
tant parce qu'elle y trouvait le repos et que
c'était un moyen de vivre qui lui permettait
de fuir le théâtre.
Son père revint au bout d'un trimestre,
beaucoup plus pauvre encore qu'il n'était
pafli, ce qui ne semblait point possible au
premier abord ; et, quand sa tille lui en fit
tristement la remarque :
— Nos vies d'artiste seules, dit-il, ont le
secret de ces mystères !
Puis il se mil à bâtir ses châteaux en Es-
pagtio, édifiant toujours des montdgnes d'é-
cus et de gloire sur la réussite de sa fille au
théâtre. Aussi se mit-il à lui donner des le
çons de cet art sans pareil dont il était un
si remarquable interprète ; il lui apprenait
à gonfler sa voix,à la doubler de volume en
emprudtant aux notes sourdes ou criardes,
selon les circonstances, le sujet d'effets ex
traordinaires ; ses beaux bras, il les lui fai
sait aller et veuir comme les signes télé
graphiques avant l'invention de l'électricité;
et le coup de grâce à donner aux futurs
speclateurs, c'était un regard tantôt terri
ble, tantôt suppliant, mais toujours égaré,
qui ne pouvait manquer-de faire merveilles.
Lilàs, bien convaincue enfle que sa vie
menaçait de redevenir absolument ce qu'elle
était avant le départ de son père, touterem-
plie des désespoirs et des espérances pater
nelles, mais toujours ballottée par un début
et par un refus, par un refus et par un dé
but, la pauvre fille, dis-je, à bout d'é
nergie et de patience, abandonna à M.
Wolfreild le petit logement où elle s'é
tait retirée et où elle avait travaillé pen
dant son absence, elle lui laissa aussi les
quelques écus qu'elle avait gagnés, et se re
tira pour avoir toutes ses heures à elle, tou
tes ses heures qui suffisaient à peine au (rai
vail qui la devait nourrir, elle se retira et
s'installa tant bien que mat dans uné autre
petite mansarde où son père ne véhait plus
que de temps à autre ot. rien'que pour y
déplorer sa solitude en même temps que
l'ingratitude des enfans en général et dosa
fille en particulier.
Tous ces discours, la jeune fille les com
prenait parfaitement dès les premiers mots,
car elle allait au tiroir où elle mettait-lo mo
deste produit de son ouvrage, elle prenait ce
qu'il pouvait y avoir, généralement une
somme bien minime, puis elle la remettait
au vieux comédien qui la soulevait dans-to
creux de sa main d'un air de profonde pitié.
Alors il embrassait sa fille au front d'un air
protecteur, et lui disait :
— Tu n'as pas voulu avoir des châteaux
et des diainans, dos palais, des chevaux,des
voitures, de l'or à remuer à la pelle ;.tu nel'as
pas voulu; notre misère vient de loi, folle,
qui a pris le mauvais chemin alors qu'il était
si facile de prendre le bon. Mais c'est égal,
tu es une bonne fille tout de même, et je no
puis m'empêclier do l'aimer, ajoutait-il en
forme do péroraison; lu me donnes ce que
tu peux, tout ce que tu peux, hélas! je n'en
fuis pas demander davantage. Et, levant les
paules, après avoir parcouru du regard la
mansarde de la jeune fille, il descendait
les escaliers en fredonnant un air quelcon
que; mais, quand il avait atteint la ïue, il
se -redressait, faisait le moulinet d'un air
joyeux en agitant en l'air une canne qui
semblait être sa compagne inséparable et il
courait à quelque cabaret borgne rejoindre
les camarades qui, comme lui, étaient en
disponibilité.
Mais un jour Paméla tomba malade ; cela
arrive vite alors qu'on travaille à outrance ;
son père était resïé quelque temps à Paris,
cherchant un trou, selon son expression, et
tant qu'il n'avait rien trouvé il fallait que sa
fille trouvât, elle, de quoi le faire déjeuner
et de quoi le faire dîner lorsqu'il n'avait
pas réussi à mettre la main sur un camara
de heureux, assez heureux pour l'inviter à
prendre avec lui l'un de ses deux repas.
Mais ess réncontres-là étaient rares : les ca
marades avaient, presque réglementaire
ment, le gousset aussi vide que lui, si bien
que la .jeune fille, sentant ses forces dimi
nuer, chercha à entrer dans un magasin où le
travail de la couture, moins assidu, 4ui
serait moins pénible, espérait-elle.
Son père venait enfin de.partir avec une
fiutre trbupe quelconque, pour quelque pays
imaginaire , puisqu'on Têvait d'y faire for
tune. Ds ce côté-là, elle était uu peu tran
quille , mais êlle était si lasse ët si complè
tement à bout de forces, qu'à peine un mois
se fut-il écoulé qu'elle se sentit incapable
de rester assisô sur une chaise , et la plus
légère broderie semblait un poids insuppor
table à ses mains affaiblies.
— Restez au lit, lui dit la maîtresse ; et
force lui fut en effet de regagner sa mansar
de et de se coucher. On montait le soir clnz
elle, on y entrait aussi le matin pour lui
porter les objets de première nécessité à
l'existence ; mais néanmoins elle se sentait
tous les jours plus faible et plus malado,
et les soins qu'on lui donnait ainsi en cou
rant n'étaient, certes, point de nature à lui
aider à se rèmettre promplement.
—Je ne puispourtantpas mourir ainsi tou
te seule,se disait-elle en songeant tristement
à sa situation qui n'avait en effet rien de
brillant ni de gai.
Qui puis-je appeler près de moi? Ja ne'
connais-personne. Dans la condition où je
suis maintenant pas uno ouvrière n'est mon
amie, je ne suis l'amie d'aucune d'elles.
Tant que j'ai été bien portante, je me suis
tenue éloignée de personnes que je ne con
naissais pas; ellës-îjro viendront pas à mon
appel; et puis, les pauvres filles, leur temps
est pris comme le mien l'était, c'est leur
' seule richesse, il faut travailler tous les
jours pour manger quotidiennement.
Parmi les amis de mon père, pas un ne
m'est assez sympathique pour que je veuille
lui devoir quelque chose; puis, me l'avoue-
rai-je à moi-même! ils me font peur, je me
sens mal à l'aise avec eux, ils plaisantent
de tout et de tous; ils ne sont point mé
dians pourtant, mais j'aimerais réellement
mieux mourir toute seule que de les appe
ler, sans compter qu'ils pourraient bien
n'avoir pas le temps de venir, pauvres gens!
N'est pas charitable qui veut parmi les mal
heureux.
Allons au hasard, dit-elle, et que Dieu
me guide.
Elle voyait bien voltiger au-devant de sa
pensée quelques visages d'hommes jeunes
qui avaient poursuivi la pauvre ouvrière de
leurs séductions.
Soyez sûrs qu'aux heures de souffrance,
d'abandon, de misère, il n'y a pas une fem
me, quelque pauvre, quelque vertueuso
qu'elle soit, qui ne se souvienne d'un éclair
joyeux jeté sur sa vie, d'une tentation de
bonheur passée; et ce qui distingue les Don
Juan des autres hommes, c'est qu'ils pres
sentent ces heures-là, et sont toujours prêts
I profiter d'une passagère faiblesse, d'un
moment de défaillance.
La solitude, le froid, la faim, la peur i
bien légitime de.l'isolement ont plus perdu
de femmes.que l'espérance du plaisir, que
l'appât du luxe, ce grand ministre des sé
ductions féminines.
Lilas se souvint alors d'un homme jeune
et charmant entre tous qui l'avait suivie
souvent, qui avait employé, pour arriver
jusqu'à elle, les mille et un moyens qui sont
à la portée des hommes jeunes, riches et dé
sœuvrés, qui veulent faire leur maîtresse
d'une femm» qui leur plaît.
Cet homme avait toujours su garder vis-
à-vis de Lilas, même en la' poursuivant,
une allure demi-respectueuse et caressante,
cette allure des gentilshommes"de la vieille
aristocratie qui savent conserver en toute
occasion des formes qui feraient presque
excuser le but qu'ils poursuivent.
Lilas n'y avait fait, pour ainsi dire, aucu
ne attention jusqu'à cette mauvaise heure ;
ce souvenir, pas plus que celui de tant
d'autres, ne s'était présenté' à son esprit
comme un entraînement avec lequel il lui
faudrait lutter; elle n'avait jamais mis dans
les choses "possibles qu'elle pouvait faiblir
un instant ; et jamais,non plus, avant cette
frayeur en face de son abandon, de lâ mi
sère et de la maladie, l'image de cet homme
n'avait hanté son esprit.
Mais il.est.de.terribl.es instang djips.la yie
de certaines femmes; la misère est lourde à
porter pour les natures fières et distinguées.
La souffrance physique abat parfois les es
prits les plus forts, les consciences les plus
droites.
Lilas avait peur, réellement peur : la fiè
vre agitait tout son corps de tremblemens.
nerveux,* un petit frisson faisait claquer ses
dents les unes contre !és autres; elle aurait
peut-être faibli s'il avait été là; s'il lui avait
tendu les bras, elle s'y fût h coup sûr lais
sée aller, car souffrir seule c'est deux fois
Souffrir pour une femme, et Lilas était
seule depuis bien longtemps.
Mais tout cela ne fut qu'une mauvaise
pensée qui dura juste le temps qu'elle mit
à se traîner de son lit à une petite table en
bois dans laquelle il y avait son livre de
prières qu'elle prit à deux mains.
— Allons, répéta-t-elle, à la grâce de Dieu,
que sa bonté me guide 1
A chaque feuillet il y avait une de ces
gravures religieuses, pieux.souvenir que les
jeunes filles échangent entre elles, aux fêtes
de l'Eglise, en mettant au révers de l'image
leur nom et quelques paroles affectueuses
qui doivent rappeler l'amie "dans les jours à
venir. . '
. « Que Dieu me guide ! d avait dit Lilas, et
après avoir fait une croix du bout de son
doigt amaigri et fluet sur la tranche du li
vre, elle introduisit son ongle rosé entre les
feuillets; leîivre s'ouvrit et elle Jut le nom
qui était tracé au dos de la pieuse image
que le hasard avait choisie.
—C 'est laProviderice qui le veut, dit la jeu
ne fille, quand elle eut remis chaque chose
à sa place; c'était elle en effet que j'aimais
la mieux à la pension; elle était ma petite
fille et j'ai pris grand soin d'elle et de son
éducation. Mais se souviendra-t-elle? mur
mura tristement la pauvre Lilas entre deux,
soupirs; elle est riche, elle est noble, elle est
heureuse, elle a donc bien des raisons pour
ne point conserver la mémoire du temps
passé. A-t-on besoin de souvenirs quand la
présent est beau ?... Puis encore, au milieu
de loutes les joies qui doivent l'entoufer,
trouvera-t-elle le temps de, me répondre?
quant à vepir elle-même, je n'ose ni ne dois
l'espérer.
Sans douter encore tout à. fait, Lilas eut
un triste sourire-:, quand on souffre, quand
on est pauvre et seule, on a d'autant plus
le droit de se méfier des autres que le pré
sent et le passé sont là, enseignant terrible-
abonnemens des dépàrte3œns.
• trois mois 16 n;
SIX mois 32 ïs*
• ON AN .'.v??» , ,'.v«Vj* M FI»
POUR -LES PAYS ÉTRANGERS, VOir le tllbleau
publié le» s os iO de chaque mois.
Imprimerie du Constituiionnel,
' ■ E'. îigtbut et c°.
rue des Bons-rEofans, 19.
BUREAUX A PARIS: rnë de Valôfs (Palais^Royal); a; 10.
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JOURNAL POLITIQtlB
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UMTERSEL.
MERCREDI 2 MARS 11170.
ABONNEMENS DE PARIS^
.TROIS M0Ï8 4 < ..
SIX MOIS.
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un numéro mè : centimes, £
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. Les abonnemens datent des J or et 16[&
de chaque mois.
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les lettres-ou envols d'argent non affranchis s'ont-rlfu
; Los aTticles déposés ne sont pas rendus.
Les A nnonces sont reçues chez MM. F auchet , L affite, B ullier et G 8 ,
place de la Bourse, 8, à M. D uport; 7, rue Ûoq-IIérqn, et au bureau du journal.
Los Annonces
ne sont reçues que sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu,
de modification par l'admistration [du journal.
SZSEJ
•*.-v »>-twy»ryyr
PARIS, I" MARS.
Les journaux qui prêchent la croisade de
l'opposition constitutionnelle n'ont guère réus
si jusqu'ici à justifier le nom qu'ils vou
draient donner à leur parti. Dans la guerre
très vivo qu'ils font au ministère, ils cher
chent tous les jours du renfort dans les co
lonnes du Sièck et de l'Avenir nationul,
-qui no sont pas précisément des opposans
constitutionnels.
Il n'y a pas grand inconvénient pour per
sonne à ce que le Peuple français et le Pu-
- blic reproduisent les attaques de MM. Pey-
rat, Ténot et autres contre le cabinet du 2
janvier. Mais il paraît plus difficile d'ad
mettre que, dans le sein du Corps Législa
tif, MM. Jérôme David, Duvernois, Dréolle,
Du Mirai, Wclles de Lavalette et les autres
5G, se coalisent avec MM. Jules Favre, Em
manuel Arago, Gambelta et Raspail.
A moins de ne représenter que des rancu
nes ou des ambitions personnelles, l'oppo
sition constitutionnelle de droite devra avoir
son programme particulier, non moins dif
férent de celui 3e la gauche extrême que
du programme ministériel.
' L'extrême gauche 1 ,"cela'n'est un mystère
pour..personnâ, vise à préparer la Républi
que par le renversement de ce* qui est.
Les chefs des 56 , s'il Tallait en juger par
le langage des journaux qui parlent en leur
nom, ne seraient pas moins désireux que
les républicains de renverser le ministère
actuel. S'ils veulent persister dans cette
campagne, il faudra évidemment qu'ils fas
sent connaitre quel but politique ils se pro
posent d'atteindrS, quelles idées ils combat
tent, quelles idées ils aspirent à faire triom
pher. ■ . ,
Le cabinet du 2 janvier personnifie aux
veux du pays le rétablissement du régime
parlementaire. Que représentent, que veu
lent représenter les Sfi ? Est-ce l'esprit de
■ la Constitution de' 1852 avant le sénalus-
consulte du S septembre ,? Leurs antécédens
pourraient le faire croire. Le Peuple fran
çais cependant proteste qu'il n'en est rien.
11 repousse toute pensée de réaction. L'op
position constitutionnelle, dit-il, sera plus
libérale, plus disposée aux larges réformes,
plus démocratique que le ministère.
Nous pourrions croire M. Clément Du
vernois sur parole, s'il était à lui seul maî
tre du programme des 56. M. Duvernois est
animé d'un vif désir de a faire grand. » Il a
consacré au service de la liberté la première
moitié de sa vie ; il souhaite ardemment la
servir encore au pouvoir. Mais le rédacteur
en chef du Peuple français s'apercevra pro
bablement bientôt combien ses idées déton
nent et font disparate dans le milie v u où il
s'est jeté. .
Jusqu'à présent les seuls faits certains
d'après lesquels le public puisse juger les 56,
c'est qu'avant le sénatus-consulte, tous, ou à
peu près tous, se sont opposés autant qu'ils
l'ont pu aux réformes libérales et phrlemen-
taires ; et que, dans la séance du 24 février,
ils ont demandé le maintien du.systèn?e des
candidatures officielles; Gela ne constitue
pas des titres suffisant pour se dire plus li
béraux, plus démocratiques, plus disposés
aux grandes réformes que le ministère.
Les nouvelles de l'extérieur sont sans in
térêt. -.■■■■•
Nous ne trouvons à signaler que la nou
velle donnée par les journaux anglais d'une
réunion des pairs conservateurs tenue sa
medi à Lobdrës. Sur là motion du marquis
dé Salisbûry, appuyée par le nouveau comte
de Derby, les pairs présens à la réunion ont
offert le titre de leader du parti conserva
teur dans la Chambre des lords au duc de
Ric}imond. Le duc n'a fait aucune diffi
culté d'accepter l'honneur et la responsabi
lité qui iui étaient offert#.
• fie tilre avait été offert, comme on le sait,
au comte de Derby et à lord Salisbûry.
Ceux-ci l'avaient refusé, et comme non-
seulement, ils persistaient dans leurs réso
lutions, mais qu'en outre ils appuyaient
chaudement l'offre faite au duc, celui-ci
n'avait aucun motif d'hésiter.
Là Pall Mail Gazette fait à ce propos une
réflexion assez juste :
a Les idées politiques de tous les partis,
dit-elle, et en particulier celles des conser
vateurs sont assez embrouillées en ce mo
ment. Ce n'est pas trop dire que d'affirmer
qu'il n'y a pas d'opposition dans l'instant ac
tuel. Le ducdeRichmond, dontles idées sont
modérées et qui n'est pas fait pour les luttes
vives et les résolutions extrêmes, représente
donc très bien le parti conservateur dans sa
situation actuelle. » '
G. B akbb.
TÉLÉGRAPHIE FSSVÉE.
agence havas.
Êïsgletcwe.
Londres, 28 février, 8 h: 2S soir.
Chambre des communes. — M. Gladstone, ré
pondant h M. Beaumont, dit que la déclaration
de M. LoAve'a trait seulement au principe des
traités de commerce et nonr pas aux cas parti
culiers. Le chancelier do l'Echiquier, M. Lowe,
ajoute qu'à cet égard son opinion est très élas
tique; le gouvernement présentera demnin-te
traité de commerce avec l'Autriche, dont tous
les membres du ministère sont collectivement
responsables.
Sir Charles Adderley demande au directeur
général des postes si les différences qui.exislont
entre le système compliqué des poids anglais et
le systèmo-métrique si remarquable pour sa
simplicité, et qui est maintenant adopté par tou
te l'Europe, n'a point obligé les Anglais, dans lo
traité posta! avec la France, à accepter le poids
d'un tiers d'onco comme étant l'équivalent du
poids de dix grammes qui est, en réalité, plus
faible d'un sixième, et s'il no serait pas disposé
à remédier à cette inégalité par l'usagd de poids
corrospondans, ce qui constituerait de la part
du gouvernement un exemple en favour de
l'adoption du système le plus généralement
suivi.
Le marquis do Ilartington dit qu'il no voit
aucun inconvénient dans le système pratique
adopté.
Il espère que la France adoptera comme éta
lon le poids de 1 !> grammes correspondant à la
demi-once anglaise.
Turqtsie.
Marseill", 1 er mars.
Les lettres do Conslanlinoplo mandent que le
sultan, sur la demande du khédive, a envoyé
une soixantaine do décorations du MedjiditVft
de l'Os manié pour les fonctionnaires égyp
tiens. '*
Lo grand-vizir a écrit au cardinal Antonelli
pour l'affairo des Arménien^ catholiques diîsi-
dens.
Ktaiic.
Notre correspondant particulier nous télégra
phe do la frontièro romaine •
Rome, 28 févrior,
La police a autorisé, pour aujourd'hui et de
main; le port d'un masque sur lo visage dans
le's rues. Cette concession est faito pour la se
conde fois depuis 18S50. La calme est parfait. Lo
parti unitaire garde une attitude impassible. Il
tombe une pluie -continuelle. Le carnaval est
pou animé.
La Correspondance du Nord-Est publie
la dépêche suivante :
Berlin, 28 février, 11 h. 40 m. soir.
Les progressistes ont déposé un projet de loi
modifiant l'article 32 de la constitution fédéralo
et accordant aux députés du R«îchstag une in
demnité de frais de voyage et de séjour.
Les nationaux-libéraux commencent à faire
de l'opposition au gouvernement ; lo député
Laiker vient do prononcer un discours très
applaudi contre Ja peine do mort.
Les avis du Venezuela annoncent. le succès
des rebelles. Plusieurs villes ont été prises.
' L'insurrection est en piogrôs au Guatemala.
Les rebelles sont, commandés par 1e -général
Cruz.
Prmsse.
Berlin,.!" mars.
Le Reichsfag a conlinué aujourd'hui les dé
bats sur la question do la suppression do la
peine de mort.
M. de Bismark s'est prononcé, dans un long
discours, pour le maintien do la peine do mort.
Il a dit que si cotte poine était supprimée, lo
Code pénal obtiendrait difficilement la majorité
dan§ le conseil fédéral, et que toutes los voix
et loute l'influence do la Prusso seraient em
ployées pour son maintien.
Malgré cette déclaration, la suppression do
la peine de mort a été votée par 118 voix con
tre-81, conformément aux propositions do MM.
Fries et-Kirchmann. '
■ COURS RE LA BOURSE.
confis t>e c I i O turh . le 28 le. i" Hausse, Bs.kssa
36/Qaucompt. 74. » 74 12 » 12 »
—Fin du mois. 73 9.Î 74.15 » 17 »
41/2aucompt. 104.75 105 » » 25
»,
»
» »
L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR.
SERVICE DE NUI*.
Aaaérlque.
New-York, 19 février.
(Par le paquebot-poste de la compagniegé-
nérale transatlantique. Ville de Paris.)
Lo président Grant a exprimé ses sympathies
aux Cubains, mais i! est résolu pour le moment
à no pas intervenir. Les Espagnols déploient
toutes leurs forces pour écraser l'insurrection.
Le général G'oyonecho est en marcho costre les
insurgés.
Le 13 février, Santa-Anna a reçu l'ordre de
quitter la Havane par le premier steamer. Le
secrétaire Seward a quitté la Havane lo 10, so
tendant à Baltimore.
La révolution so propa'ge au Meiiquo.
La liberté de l'enseignement supérieur
vient d'être, au Sénat, l'objet d'une grande
^discussion. Depuis longtemps elle est récla-.j
rmée ; mais on ne rompt pas avec d'anciennes "*■
traditions aussi aisément qu'on rédige des
pétitions; il faut donner à l'opinion le
temps de se saisir de la question, do l'exa
miner sous toutes ses formes, d'en peser les
inconvénions et les avantages, sauf à se de
mander ensuite s'il faut ouvrir d'autres voies
que celles où jusqu'ici se sont avancées les
générations. C'est ce qui explique les résis
tances que cette réforme a rencontrées.
Aujourd'hui, le moment est venu où son
étude peut être, impartialement abordée,'
sans autre préoccupation que celle de don
ner à la liberté des citoyens et aux droits-
imprescriptibles de l'Etat toutes les satisfac
tions, toutes les garanties qu'ils peuvent
réclamer.
La première condition à remplir, c'est de
ne pas perdre de vue qu'avant tout, non-
seùlement il faut empêcher le niveau des
études de s'abaisser, mais qu'il imporié de
no'rien négliger pour qu'au contraire,Vil est
possible, il soit notablement élevé. Eo ma
tière d'enseignement, telle doit être la pre
mière, la constante préoccupation des grands
pouvoirs publics.
La liberté ne peut pas servir à l'appau
vrissement du trésor littéraire et scientifi
que que les siècles passés et les institutions
anciennes nous ont légué comme un dépôt
sacré; elle doit être un moyen de.perfec
tionnement et non un instrument de déca
dence intellectuelle et morale.
Sur ce principe tout Je monde est 'd'ac
cord. .
M. Quentin-Bauchart admet, dans son re-,
marquable rapport, une liberté sagement
pondérée qui assure aux familles le choix.
entre des maîtres capables et dignes et s'é
loigne autant du nionopole établi par le dé
cret de 1808 que de la liberté sans limites
que demandent des esprits aventureux et
irréfléchis.
M. Segris, ministre de l'instruction publi
que, parlant au nom du gouvernement, &
déclaré qu'il acceptait le principe de là li
berté et 4e la concurrence, comme un élé
ment de force, comme une incitation nou
velle, non en abdiquant les devoirs de l'E
tat, mais avec la ferme volonté que l'Uni
versité re^te le type modèle et régulateur
de l'enseignement .supérieur dans notre
pays.
Le Sénat l'a également admis par son vote
de renvoi des pétitions dont il était saisi,
au ministre de l'instruction publique.
C'est encore le principe de Ja liberté
qu'admet, dans un remarquable travail pu
blié le 1 er février par la Revue des Deux-
Mondes, M. Albert Duruy.
' Nous devons donc nous attendre à voir la
« ^bert# do l'enseignement supérieur procla-
. mée dans un avenir prochain. ■ - ^ -
Mais, le principe une fois admis, tout
n'est pas dit.
Reste, en effet, la question d'organisation.
Organiser la liberté, c'est donner, avons-
nous dit, une égale satisfaction au droit in
dividuel et à celui de l'Etat.
Or, ce n'est pas tout, à fait ainsi que l'en
tendaient los pétitionnaires. Pour eux, en
pareille matière, l'individu est tout et l'Etat
n'est rien. Selon les uns, ce n'est pas la con
currence, avec ou sans condition, qu'il faut
consacrer, c'est l'abandon complet et absolu
de l'éducation nationale, à tous les degrés,
aux combinaisons diverses de l'initiative
privée, comme une industrie ordinaire.
Us nient le droit de l'Etat d'entretenir au
cune école et de rétribuer aucun professeur,
et, comme conséquence de cotte théorie ra
dicale, ils concluent à la suppression du
budget de l'instruction publique.
« L'Etat, disent-ils, n'est pas juge par lui-
même des doctrines, et ne peut légitime
ment imposer aux élèves et aux professeurs
telle ou telle opinion philosophique, reli-<
gieuse ou scientifique. Inacceptable dans
des matières médicales ou scientifiques, son
ingérence dans des matières philosophiques
1s? fcèf ; tjligwujses ;€oastitue une Atteinte grave à
"la liberté des consciences et des cultes.
» Le régime de la liberté aura pour con
séquence forcée, en supprimant l'action de
l'Etat dans des matières qui sont hors de
sa compétence, do décharger le gouverne
ment d'une responsabilité trop lourde à
porter dans la situation actuelle des es
prits. »
Les autres, sans aller aussi loin, pla
cent l'Elat et l'individu sur le pied d'éga
lité. Ils assimilent la liberté de l'enseigne
ment supérieur à la liberté des cultes, qui
est et doit être absolue, et demandent la li
berté comme en Belgique.
Nous n'essaierons pas même de démon
trer combien la première thèse est insoute
nable, incompatible avec les grands intérêts
de la science et des lettres.
Mais quelle est donc cette liberté comme
en Belgique que demandent les autres péti
tionnaires?
Il importe de savoir ce qu'elle est avant
de vouloir la donner à la France.
A cet égard, M. Duruy, sénateur, dans un
discours qu'on ne saurait trop méditer, nous
a complètement é iifiés.
On a bientôt dit : la liberté comïne en Al
lemagne, la liberté comme en Angleterre, la
liberté comme en Belgique ; on en parle
même avec une certaine assurance, et en
réalité on ignore complètement et ce qu'est
cette prétendue liberté, et où elle nous con-
duirait, si nous l'inscrivions en têie de nos
programmes.
Aujourd'hui, la lumière est faite, et, à
moins'do se tromper volontairement, il ost
"impossible de ne pas se faire une idée exacte
d'un état de choses dont les Belges eux-mê
mes ne voudront bientôt plus.
En Belgique, la Constitution proclame la
liberté absolue de l'enseignement, sans con
trôle, sans surveillance. L'article 40 de la
loi du 15 juillet 1849 porte :
« Le gouvernement compose chaque jury
d'examen de telle sorte que les professeurs
de l'enseignement dirigé ou subsidié par
, l'Etat et ceux de l'enseignement privé soient
appelés-en nombre égal. Le président du
jury est choisi en dehors du corps ensei
gnant. »
Les jurys d'examen sont donc composés,
par moitié, de professeurs appartenant à
l'enseignement publiG et de professeurs ap
partenant à l'enseignement libre, et présidés
par une personne étrangère à l'ensëigne-
irient.
De plus, l'organisation des examens est
telle qu'il a été nécessaire de simplifier ces
épreuves, Les examens ne portent plus
sur les matières de l'enseignement donnant
Ijou à la délivrance de simples certificats ;
or, àin'si que l'a si justement fait remarquer
m. DurUy au Sénat,.e'-esilà la partie vivante
de l'enseignement : c'est la logique et la phi
losophie morale, c'est la zoologie et la miné
ralogie, c'est la statique élémentaire, ce sont
les élémens de chimie inorganique; en ma :
tièro médicale, ce sont les élémens de l'ana-
tomie comparée, c'est la pathologie géné
rale, l'anatomio pathologique, l'hygiène pu
blique et privée, la médecine légale.
Parmi les cours à certificats, c'est-à-dire
inutiles, puisqu'ils restent en dehors des
examens, figurent encore, en ce qui touche
l'enseignement du droit, l'encyclopédie du
droit, l'introduction liistorique au cours du
droit civil, l'exposé, des principes généraux
du Code civil ; le droit naturel ou la philo
sophie- du droit ; l'histoire politique mo
derne ; le droit public ét l'économie poli
tique; la procédure civile, le droit com
mercial.
.Qu'est-il résulté de cette organisation vi
cieuse de la liberté? pn abaissement rapide
et vraiment désastreux du niveau das études.
L'opinion pdbliqué s'en est "émue; de
toulos parts des plaintes se sont élevées.
C'est M. Spring, c'est le docteur Nypels, c'est
le corps académique, c'est l'université do
Liège, c'e'stM. Glùgè, recteur de l'université
libre do Bruxelles, c'estl'université deGând,
c'est la presse, c'est le gouvernement.enfin
qui condamnent un état de choses que des
voix imprudentes réclament à grands cris
pour la France. . V
11 faut remercier les hommes autorisés
qui, allant au fond des choses et étudiant
une question'complètement ignorée des pé
titionnaires, ont fait la lumière sur un aussi
grave sujet, nous ont montré la vérité et ont
réduit à sa juste valeur une liberté qui n'est
que l'abandon des droits les plus sacrés de
l'Etat et, pour la nation qui a voulu en faire
l'essai,une cause accidentelle, il faut l'espé
rer, d'abaissement et de déchéance intellec
tuelle,, si nous en croyons les témoignages
irrécusables de ses hommes d'Etat, de ses
professeurs lës plus émihens et des princi
paux organes de-l'opinion publique.
Noiis sommes de ceux qui ne veulent pas
qu'une telle expérience soit faite par la
France.
Proclamons la liberté, soit; mais que
l'Etat arrête Je programme des examens,
nomme les jurys; qu'il confère seul les
grades et détermine les conditions auxquel
les ils seront accordés.
Cette solution^ qui est celle do M. Quen
tin-Bauchart, de M. le ministre de l'instruc
tion publique, dé M. Duruy, qui est aussi,
croyons-nous, celle du Sénat, donne à la
fois satisfaction aux partisans de la liberté
et à ceux que préoccupe justement ia gloiro
littéraire et scientifique de la France.
Ne nous gardons pas seulement de ne pas
déchoir dans l'estime du monde' civilisé ;
augmentons par tous les moyens l'influence
et le rayonnement do nos idées ; mais pour
y arriver, défions-nous des expériences ir
réfléchies ; gardons ce que nous avons et
améliorons-le ; sachons surtout ne pas le
sacrifier à de funestes ou chimériques pro
jets dictés par un esprit de secte ou de par
ti, plutôt que par le bien de l'Etat.
am. matagrin.
Le Peuple français publie un article qui ne
sera pas moins remarqué que celui qu'il in
titulait dernièrement : l'Opposition constitu
tionnelle, ; mais autant il était vif et parais
sait mécontent dans le premier, autant il se.
montre radouci dans le second. -
Il déclare nettement qu'il ne blâme pas
ceux des députésducentredroitqui ont voté
l'ordre du jour pur et {simple, et qu'il s'agit
non pas de ressusciter le groupe de la rue
de l'Arcade, mais simplement de reconsti
tuer le centre droit, « en dehors dos chefs
qui l'ont abandonné et des compromissions
qui l'ont faussé en d'autres termes, le
Peuple français annonce que Je centre droit
so reformera, non pas contre le ministère,
mais en dehors du ministère.
' C'est là ce que \QPeuplç françmsai\\&Tn\ par
« préparer l'opposition, constitutionnelle; »
nous croyons qu'il seiait, mieux-de dire-qu'-il
prépare la réconciliation de la oioiteetciu
pouvoir. C'est, à la fc-if, plus patriotique et
plus habile.
A m. M atagsin.
Sous ce titre : les Revemns, la France pu
blia un article qui renferma dos considéra
tions dont nous devons reconnaître la par
faite justesse et à la pensée duquel nous ne
pouvons que nous associer :
■ Lo Français nous demanda en cptoi nous
apercevons, sur la scène politique, lu reflet du
22 février 1843. Nous pourrions lui demander,
Esm
SSSSBASSi&SœmS
snj
lo voir lui-mômo devenu, do concert avec le
Journal des Débals, l 'Union ot la Gazelle de
Fravce, lo champion uititré des ministres do
J'Empiro.
Mais nous n'avons nul motif poux nous léfu-
gier dans les finesses ou les équivoquéa do la
polémique. Nous tenons, au contraire, h ca
qu'il no puisse y avoir ni doufo nur notre pen
sée, ni méprise sur r otro attitude, dans un mo
ment où les'causes oie confusion tendont à se
muliipiier-.
Lo Français a raison do no point nous con
fondre avec ceux qui cherchent à propager « la
banale accusation d'un prétendu complot or
léaniste. » C'est avec une sincérité qui no. noua
colite nul etfort, que nous avons toujours rendu
et continuons à rendre hommage à la droiture
do caractère aussi bien qu'à la loyauté d'inten
tions des ministres du 2 janvier.Nous ne voyons
pas seulement en eux, commo on l'a dit à jusfo
titre,"# un cabinet d'honnûtes gens; » nous les
avons accueillis, dès lo premier, jour, commo
formant peut-être la meilleure combinaison gou
vernementale que l'on pût souhaiter pour ache
ver et couronner la révolution pacifique com
mencée parle Message du 11 juillet 1869. Leur
ijrogrammo est lo fcôlro dans tous ses poin'3
essentiels; et les réserves que nqus avons pu
avoir à faire sur tel ou tel point do coiiduito,
pas.plus quo la façon particulière dont nous
croyons devons envisager leur position sur 1e
terrain parlemen'uiro, n'altèrent en rien notre
adhésion.
Mais ni l'estime que nous professons pour
l'ensemble des membres du cabinet, ni la-sym
pathie et les liens personnels qui nous attachent
à" quelques-uns d'entre eux, ni la conformité
générale do leurs principes politiques avec nos
propres idées ne sauraient nous aveugler ou
nous imposer silence sur l'erreur fondamen
tale par laquello ils sont- en train de fausser ia
situation.
Cette erreur, c'est d'avoir perdu de vue quo
la première nécessité do leur rrdssion était de
rompre avec tous, les passés b la fois, pour
dégager d'un seul coup le chemin de l'avenir
de toutes les traditions qùi avaient fait leur
temps. -
En devenant le signal d'un rapprochement
presque inespéré entre des partis trop long
temps divisés, l'avènement aux affaires des
nouveaux minisires leur imposait sans doute
l'obligation do faire accueil à tous ceux qui
venaient ou revenaient leur tendre la main.
Mais il leur imposait aussi le devoir d'éviter
tout co qui pouvait tondre à éveiller des sus
ceptibilités, en créant dos distinctions. Dans
l'accomplissement do cette double tâche, ils
nous permettront de leur dire qu'ils so sont
trop attachés à la première partie et qu'ils n'ont
pas assez tenu compte de la seconde.
Nous sommes très persuadés que, dans l'em
pressement avec lequel ils ont fêté le retour à
ta vie publique des notabilités de ï'arteien régi
me parlementaire, là déférence personnelle est
eniréo pour beaucoup plus que Je calcul politi
que. Mais cet empresssement n'en a pas moins
pris, dans ses manifestations, le caractère d'une
préférence qui, après avoir été une faute, n'est
pas éloignée de devenir un danger.
On n'aurait éprouvé ni surprise, ni ombrage
à voir des hommes tels que M.,Odil'on Barrot et
M. Guizot salués avec le respect auquel leur
donne droit leur âge, traités avec la considé
ration qne mérite leur renommée. On n'a pu
se défendre d'un étonnement légitime,- en les
voyant érigés en arbitres des plus, importantes
réformes et en conseillers intimes du nouveau
gouvernement. Puis, à ce premier sentiment
n'a pas tardé à en succéder un autre plus vif
encore, lorsqu'on a mesuré do jour en jour la
part sans cesse grandissante qui était faito à
ces représentansda passé, à leurs disciples et i
leurs amis, au détriment de ceux qui personni
fient la génération nouvelle et qui en repré
sentent les idées.
Ouvrir la carrière à ces derniers était Ja pen
sée et le besoin dominans de la masse cfu pnys.
C'est eu grande partie contro les obstacles qui
leur en fermaient l'entrée que s'était fait lo
mouvement d'opinion d'où a surgi'la révolution
politique do l'année dernière. Comment lo son-
timent public ne serait-il pas froissé par le ré-
isultat diamétralement, contraire nuque! on est
arrivé? Comment le soupçon d'un parti pris et
feuilleton du Constituiionnel, 2 mars.
ME AMIE DE PENSION
La pauvre Lilas se trouva donc toute seu
le, en face de son travail, du travail ingrat
qui devait la nourrir ; elle s'y attacha pour
tant parce qu'elle y trouvait le repos et que
c'était un moyen de vivre qui lui permettait
de fuir le théâtre.
Son père revint au bout d'un trimestre,
beaucoup plus pauvre encore qu'il n'était
pafli, ce qui ne semblait point possible au
premier abord ; et, quand sa tille lui en fit
tristement la remarque :
— Nos vies d'artiste seules, dit-il, ont le
secret de ces mystères !
Puis il se mil à bâtir ses châteaux en Es-
pagtio, édifiant toujours des montdgnes d'é-
cus et de gloire sur la réussite de sa fille au
théâtre. Aussi se mit-il à lui donner des le
çons de cet art sans pareil dont il était un
si remarquable interprète ; il lui apprenait
à gonfler sa voix,à la doubler de volume en
emprudtant aux notes sourdes ou criardes,
selon les circonstances, le sujet d'effets ex
traordinaires ; ses beaux bras, il les lui fai
sait aller et veuir comme les signes télé
graphiques avant l'invention de l'électricité;
et le coup de grâce à donner aux futurs
speclateurs, c'était un regard tantôt terri
ble, tantôt suppliant, mais toujours égaré,
qui ne pouvait manquer-de faire merveilles.
Lilàs, bien convaincue enfle que sa vie
menaçait de redevenir absolument ce qu'elle
était avant le départ de son père, touterem-
plie des désespoirs et des espérances pater
nelles, mais toujours ballottée par un début
et par un refus, par un refus et par un dé
but, la pauvre fille, dis-je, à bout d'é
nergie et de patience, abandonna à M.
Wolfreild le petit logement où elle s'é
tait retirée et où elle avait travaillé pen
dant son absence, elle lui laissa aussi les
quelques écus qu'elle avait gagnés, et se re
tira pour avoir toutes ses heures à elle, tou
tes ses heures qui suffisaient à peine au (rai
vail qui la devait nourrir, elle se retira et
s'installa tant bien que mat dans uné autre
petite mansarde où son père ne véhait plus
que de temps à autre ot. rien'que pour y
déplorer sa solitude en même temps que
l'ingratitude des enfans en général et dosa
fille en particulier.
Tous ces discours, la jeune fille les com
prenait parfaitement dès les premiers mots,
car elle allait au tiroir où elle mettait-lo mo
deste produit de son ouvrage, elle prenait ce
qu'il pouvait y avoir, généralement une
somme bien minime, puis elle la remettait
au vieux comédien qui la soulevait dans-to
creux de sa main d'un air de profonde pitié.
Alors il embrassait sa fille au front d'un air
protecteur, et lui disait :
— Tu n'as pas voulu avoir des châteaux
et des diainans, dos palais, des chevaux,des
voitures, de l'or à remuer à la pelle ;.tu nel'as
pas voulu; notre misère vient de loi, folle,
qui a pris le mauvais chemin alors qu'il était
si facile de prendre le bon. Mais c'est égal,
tu es une bonne fille tout de même, et je no
puis m'empêclier do l'aimer, ajoutait-il en
forme do péroraison; lu me donnes ce que
tu peux, tout ce que tu peux, hélas! je n'en
fuis pas demander davantage. Et, levant les
paules, après avoir parcouru du regard la
mansarde de la jeune fille, il descendait
les escaliers en fredonnant un air quelcon
que; mais, quand il avait atteint la ïue, il
se -redressait, faisait le moulinet d'un air
joyeux en agitant en l'air une canne qui
semblait être sa compagne inséparable et il
courait à quelque cabaret borgne rejoindre
les camarades qui, comme lui, étaient en
disponibilité.
Mais un jour Paméla tomba malade ; cela
arrive vite alors qu'on travaille à outrance ;
son père était resïé quelque temps à Paris,
cherchant un trou, selon son expression, et
tant qu'il n'avait rien trouvé il fallait que sa
fille trouvât, elle, de quoi le faire déjeuner
et de quoi le faire dîner lorsqu'il n'avait
pas réussi à mettre la main sur un camara
de heureux, assez heureux pour l'inviter à
prendre avec lui l'un de ses deux repas.
Mais ess réncontres-là étaient rares : les ca
marades avaient, presque réglementaire
ment, le gousset aussi vide que lui, si bien
que la .jeune fille, sentant ses forces dimi
nuer, chercha à entrer dans un magasin où le
travail de la couture, moins assidu, 4ui
serait moins pénible, espérait-elle.
Son père venait enfin de.partir avec une
fiutre trbupe quelconque, pour quelque pays
imaginaire , puisqu'on Têvait d'y faire for
tune. Ds ce côté-là, elle était uu peu tran
quille , mais êlle était si lasse ët si complè
tement à bout de forces, qu'à peine un mois
se fut-il écoulé qu'elle se sentit incapable
de rester assisô sur une chaise , et la plus
légère broderie semblait un poids insuppor
table à ses mains affaiblies.
— Restez au lit, lui dit la maîtresse ; et
force lui fut en effet de regagner sa mansar
de et de se coucher. On montait le soir clnz
elle, on y entrait aussi le matin pour lui
porter les objets de première nécessité à
l'existence ; mais néanmoins elle se sentait
tous les jours plus faible et plus malado,
et les soins qu'on lui donnait ainsi en cou
rant n'étaient, certes, point de nature à lui
aider à se rèmettre promplement.
—Je ne puispourtantpas mourir ainsi tou
te seule,se disait-elle en songeant tristement
à sa situation qui n'avait en effet rien de
brillant ni de gai.
Qui puis-je appeler près de moi? Ja ne'
connais-personne. Dans la condition où je
suis maintenant pas uno ouvrière n'est mon
amie, je ne suis l'amie d'aucune d'elles.
Tant que j'ai été bien portante, je me suis
tenue éloignée de personnes que je ne con
naissais pas; ellës-îjro viendront pas à mon
appel; et puis, les pauvres filles, leur temps
est pris comme le mien l'était, c'est leur
' seule richesse, il faut travailler tous les
jours pour manger quotidiennement.
Parmi les amis de mon père, pas un ne
m'est assez sympathique pour que je veuille
lui devoir quelque chose; puis, me l'avoue-
rai-je à moi-même! ils me font peur, je me
sens mal à l'aise avec eux, ils plaisantent
de tout et de tous; ils ne sont point mé
dians pourtant, mais j'aimerais réellement
mieux mourir toute seule que de les appe
ler, sans compter qu'ils pourraient bien
n'avoir pas le temps de venir, pauvres gens!
N'est pas charitable qui veut parmi les mal
heureux.
Allons au hasard, dit-elle, et que Dieu
me guide.
Elle voyait bien voltiger au-devant de sa
pensée quelques visages d'hommes jeunes
qui avaient poursuivi la pauvre ouvrière de
leurs séductions.
Soyez sûrs qu'aux heures de souffrance,
d'abandon, de misère, il n'y a pas une fem
me, quelque pauvre, quelque vertueuso
qu'elle soit, qui ne se souvienne d'un éclair
joyeux jeté sur sa vie, d'une tentation de
bonheur passée; et ce qui distingue les Don
Juan des autres hommes, c'est qu'ils pres
sentent ces heures-là, et sont toujours prêts
I profiter d'une passagère faiblesse, d'un
moment de défaillance.
La solitude, le froid, la faim, la peur i
bien légitime de.l'isolement ont plus perdu
de femmes.que l'espérance du plaisir, que
l'appât du luxe, ce grand ministre des sé
ductions féminines.
Lilas se souvint alors d'un homme jeune
et charmant entre tous qui l'avait suivie
souvent, qui avait employé, pour arriver
jusqu'à elle, les mille et un moyens qui sont
à la portée des hommes jeunes, riches et dé
sœuvrés, qui veulent faire leur maîtresse
d'une femm» qui leur plaît.
Cet homme avait toujours su garder vis-
à-vis de Lilas, même en la' poursuivant,
une allure demi-respectueuse et caressante,
cette allure des gentilshommes"de la vieille
aristocratie qui savent conserver en toute
occasion des formes qui feraient presque
excuser le but qu'ils poursuivent.
Lilas n'y avait fait, pour ainsi dire, aucu
ne attention jusqu'à cette mauvaise heure ;
ce souvenir, pas plus que celui de tant
d'autres, ne s'était présenté' à son esprit
comme un entraînement avec lequel il lui
faudrait lutter; elle n'avait jamais mis dans
les choses "possibles qu'elle pouvait faiblir
un instant ; et jamais,non plus, avant cette
frayeur en face de son abandon, de lâ mi
sère et de la maladie, l'image de cet homme
n'avait hanté son esprit.
Mais il.est.de.terribl.es instang djips.la yie
de certaines femmes; la misère est lourde à
porter pour les natures fières et distinguées.
La souffrance physique abat parfois les es
prits les plus forts, les consciences les plus
droites.
Lilas avait peur, réellement peur : la fiè
vre agitait tout son corps de tremblemens.
nerveux,* un petit frisson faisait claquer ses
dents les unes contre !és autres; elle aurait
peut-être faibli s'il avait été là; s'il lui avait
tendu les bras, elle s'y fût h coup sûr lais
sée aller, car souffrir seule c'est deux fois
Souffrir pour une femme, et Lilas était
seule depuis bien longtemps.
Mais tout cela ne fut qu'une mauvaise
pensée qui dura juste le temps qu'elle mit
à se traîner de son lit à une petite table en
bois dans laquelle il y avait son livre de
prières qu'elle prit à deux mains.
— Allons, répéta-t-elle, à la grâce de Dieu,
que sa bonté me guide 1
A chaque feuillet il y avait une de ces
gravures religieuses, pieux.souvenir que les
jeunes filles échangent entre elles, aux fêtes
de l'Eglise, en mettant au révers de l'image
leur nom et quelques paroles affectueuses
qui doivent rappeler l'amie "dans les jours à
venir. . '
. « Que Dieu me guide ! d avait dit Lilas, et
après avoir fait une croix du bout de son
doigt amaigri et fluet sur la tranche du li
vre, elle introduisit son ongle rosé entre les
feuillets; leîivre s'ouvrit et elle Jut le nom
qui était tracé au dos de la pieuse image
que le hasard avait choisie.
—C 'est laProviderice qui le veut, dit la jeu
ne fille, quand elle eut remis chaque chose
à sa place; c'était elle en effet que j'aimais
la mieux à la pension; elle était ma petite
fille et j'ai pris grand soin d'elle et de son
éducation. Mais se souviendra-t-elle? mur
mura tristement la pauvre Lilas entre deux,
soupirs; elle est riche, elle est noble, elle est
heureuse, elle a donc bien des raisons pour
ne point conserver la mémoire du temps
passé. A-t-on besoin de souvenirs quand la
présent est beau ?... Puis encore, au milieu
de loutes les joies qui doivent l'entoufer,
trouvera-t-elle le temps de, me répondre?
quant à vepir elle-même, je n'ose ni ne dois
l'espérer.
Sans douter encore tout à. fait, Lilas eut
un triste sourire-:, quand on souffre, quand
on est pauvre et seule, on a d'autant plus
le droit de se méfier des autres que le pré
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