Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-02-26
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 février 1870 26 février 1870
Description : 1870/02/26 (Numéro 57). 1870/02/26 (Numéro 57).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
. SS« AVXEE.r-N* 87.
"T* 'Jt f V».
abonnees des dêpmtemens.
TROIS MOîS...,,i»> *6
•SIX mois..,,.,.,.,» .32 PS.
ON AN.;.-..•v.-.: 64 rs.
pour les pays étrangers , voir le tableau
publié /os s ei so de .chaque moïî>.
Imprimerie du Constitutionnel,
E: IGïbiat et C.
rue des Bons-EDfans, 19.
BOREAUX A PARIS:' ruâ âë Valois
B
SAMEDI m FEVRIER 11170.
JOURNIIî POLITIQUE lïTTEMTBE, UJM1VEKSEL.
' ABONNEMENS DE PARIS.
trois moisiv.vri^ 43 mu
six m0is. t » «;s,M »> a 26 fk> •'
un an.". 82 fk.
un [numéro ho centimes* .
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de chaque mois. i
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Les articles» déposés ne sont pas rendus.
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place de la Bourse, 8, à M.D uport ,7, rue Goq-IIéron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues quô sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu,
de modification par l'adinistration [du journal.
MM. les souscripteurs dont l'abonnement
expire le 28 février sont priés de le re
nouveler immédiatement, s'ils no veulent pas
;éprouver de retard dans la réception du
journal.
PARIS, *25 FEVRIER.
Une déclaration de M. de Kératry, une
nouvelle proposition de loi de M. Steenac-
kers, la discussion sur les monnaies ponti
ficales, une conversation sur la publicité
des - séances de la commission d'enquête
parlementaire, telle est, dans le plus impor
tant de son menu, la séance d'aujourd'hui.
Les paroles de M. de Kératry caractéri
sent la situation ; elles sont , en tout cas ,
un sérieux indice de l'heureuse disposi
tion des esprits. Le député de la gauche a
annoncé que, pour ne pas créer d'embarras
au ministère au moment où il montrait une
altitude si honnête et si courageuse, il ..rôti
rait son interpellation relative aux jésuites
jusqu'au jour où la question de la liberté
des associations sera soumise à la Chambre.
Nous devons ajouter que tout ce qui a été
dit aujourd'hui à la séance et le ton sur le
quel se sont exprimés les orateurs attestent
une heureuse détente des esprits et une vé
ritable émulation dans la conciliation et
la courtoisie;
M. Steenaclcers a déposé une proposition
de loi relative aux exécutions capitales, qui
n'auraient plus lieu que dans l'intérieur dés
prisons. L'auteur de la proposition distin
gue entre les assistans obligés et les assis -
taus facultatifs. L'énumération de ces der
niers a excité.l'hilarité de la Chambre. Rire
à-propos de choses aussi lugubres! C'est
vrai;, la Chambre a ri de. ces billets de
faveur accordés aux conseilsgénéraux, aux
représentant de là presse etc.; la liste était
assez longue; on voyait' que M. Steenaclcers,
qui est l'équité même, avait été préoccupé
de l'idée de ne pas faire de jaloux.
Quant à la discussion sur les monnaies
pontificales, nous ne voulons en retenir que
ceci, c'est que l'Etat estdispssé à reprendre
ces monnaies pour -leur valeur intrinsèque,
c'est-à-dire pour 91 centimes par franc.
Si la Chambre entend imposer au Trésor
..une perte plus forte, il lui sera nécessaire
d'ouvrir un crédit au ministre des finances
qui a déclaré ne pas vouloir sous sa res
ponsabilité, inscrire une somme quelcon
que au passif du budget:
Le.reste do la séance a été -consacré à la
discussion des conclusions du rapport de la
commission d'enquête parlementaire sur la .
publicité de ses séances. Ces conclusions
.organisent la publicité la plus large, et la
Ghambre s'y est associée par un vote una-
nimel'Elle s'est ensuite ajournée au 7 mars.
AME. MATAGSIH.
BULLETIN POLITIQUE.
La haute politique a enfin fait son appari
tion dans le Reichstag de l'Allemagne du
Nord. Le parti national-libéral a profite de
"la troisième lecture du traité de juridiction
.conclu avec Bade, pour jouer sa grande
carte, pour faire cette manifestation écla
tante , préparée, annoncée, contremandée
;«st reprise tant de fois, et qui consistait
à demander, par la-voie, d'une résolution,
le passage' dii Rubicon-Mein : l'entrée ou
plutôt l'admission du grandrduché de Bade
dans la Confédération du Nord. Le morneut
était solennel; le parti du vifeux National-
verein s'était engagé dans un débat sur
ïe point capital de son programme :
il fallait vaincre ou mourir. Or, il a suc
combé sans obtenir même une de ces satis
factions, théoriques qui avaient été jus
qu'ici le prix de ses compromis avec les
sages lenteurs du gouvernement fédéral.
On trouvera plus loin le résumé télégraphi
que de laséance duReichstagd'hier et les im
portantes déclarations du chancelier fédéra'..
M. de Bismark a_ fermemeaLscm tenu la politi:
que du statu quo; il a opposé àla demandede
MM. Lasker et amis de graves raisons d'op
portunité d'abord, la question de cabinet en
suite. Nous aurons à examiner et 1 probable
ment à discuter le premier discours du chan
celier, quand nous en aurons sous les yeux le
texte complet; mais nous devons applaudir
dès aujourd'hui la manière catégorique dont
M. de Bismark a repoussé une motion qui,
dans la situation actuelle, était un véritable
défi jeté à l'Europe. Que maintenant le
parti national-libéral ait voulu encore une
fois masquer sa retraite sous une préten
due conformité do vues avec le pouvoir
fédéral, voilà qui importe fortpeu. Les dé
clarations de M. de Bismark, telles du moins
que. le télégraphe nous les transmet, ne
peuvent avoir qu'une seule signification : le }
maintien pur et simple et pour un teihps
indéfini de l'état de choses créé par le trai
té de Prague.
Le roi de Saxe vient de clore, en person
ne, la session des Chambres. Ce discours
passe sous silence, il est vrai, les votes rela
tifs aux dépenses militaires et diplomati
ques, mais il ne parle pas non plus, ni de
l'unité nationale, ni de la Confédération du
Nord. Le roi Jean n'a pas voulu froisser le
cabinet de Berlin; mais il s'est bien gardé
aussi de flatter les espérances du National-
verein qui voudrait faire disparaître de la
carte le vieux royaume de Saxe.
Dans un banquet de l'association des
chambres de commerce, qui a eu lieu avant-
hier, à Londres et qui a réuni les repré-
sentans de presque tous les gran ds centres
commerciaux du royaume, la question des
traités de commerce a été l'objet de plu
sieurs discours. M. Newdegaie ayant répété
le reproche adressé par nos protectionnistes
au gouvernement français, à savoir que le ca-
binetdeLondres n'aurait pas consulté, avant
de conclure les traités de 1860, les grandes
corporations commerciales dû royaume, M.
Baines a défendu ces traités, œuvre de M.
Cobden, dont Je nom, a-t-il dit, est vénéré
par les chambres de commerce.
1 « Non-seulement», a ajouté M.Baines,or ces
chambres.ont appuyé les traités, mais il y as,
dans cette assemblée même plusieurs per- 5
soçnages qui sont allés à Paris pour pren-?
dre part aux négociations.» L'orateur a rap
pelé que les, traités avaient été annoncés'
dans le discours du trône et discutés à fondi
daùs la Chambre des communes. . i
édouard simon;
télégaafhse
AGENCE HA VAS. .
Ëtatl-Cnll.
Washington, .24 février.
Le Sénat a adoplé une résolution déclarant
qu'il n'y a pas lièu d'augmenter le papier-mon-:
naio.
SPrasse.
Berlin, 24 février.
Séance du Reichstag. -- A, l'occasion do la?
troisième lecture du traité de juridiction conclu:
avec Bade, MM; Lasker et cônsorts présentent,
au nom du parti national libéral, une résolution
rendant honunago aux aspirations nationales
dupouple badQls' et de son gouvernement et*
tondant à dt!claror que le but de ces aspirations
est la prompte accession du grand-duché de.Ba-:
de à . la Confédération de l'Allemagne du Nord.:
M. de Blankenbourg,; membre du parti con
servateur, présente un amendement tendant à
supprimer le dernier passage relatif à l'accession
de Bade à la Confédération de l'Allemagne du
Nord. ' ' :
Uue longue discussion s'engage.
M. de Bismark combat la proposition Lasker
et appuie l'amendement Blaokenbourg. Il sa:
plaît à reconnaître les aspirations nationales
du gouvernement badois, mais pour l'accession,
do Bade h la Confédération un empressement;
réciproque et absolu, libre de toute) pression,;
serait pourtant nécessaire. L'accession à la Con
fédération n'est pas désirable pour le moment,
car l'entrée de Bado dans la Confédération fe-
.rait obstacle au progrès de .l'idée nationale dans
le Sud et favoriserait on Bavière les ■ agitations
électorales hostiles. En dehors de la Confédéra
tion, Bade exercera une influence plus salu
taire et plus -féconde dans l'intérêt do l'idée
nationale.
Dans les circonstances présentes, la Confédéra
tion du Nord serait dans l'obligation do repousser
toute proposition diresto tondant-l'accession do
Bade à la Confédération, sauf à so réserver do
désigner elle-même le moment qui lui semble
rait pins favorablo. M. de Bismark insiste sur
les résultats déjà acquis au point de vue de
l'unité aliemando et sur la puissance de la posi
tion prise dans le Sud par 1 o roi de Prusse. Il
demande comme marque de continuation de
confiance; le rejet de la proposition Lasker.
M. de Bismark prend une seconde fois la pa-,
rôle pour répondre au député Miquel. Il déclare
quo l'adoption de la proposition Laskor équi
vaudrait, à ses yeux,, à un vote de méfiance
contre sa politique.
M. Lœwe, membre du parti progressiste, com
bat la partio de la proposition Lasker relative à
l'accession de Bade à. la Confédération.
M. Lasker retire, sa motion par le motif que
le chancelier fédéral a exposé au nom du gou
vernement des idées conformes à son vœu; que
les auteurs de la- motion n'avaient, pas eu l'in
tention d'émettre un vote do méfiance et enfin
parco que la discussion engagée sur cette mo
tion impliquait un . vote de reconnaissance à
l'adresse du gouvernement badois:
Ensuite, le traité do juridiction est adopté
en troisième lecture.
Trieste, 2!i février.
•Le vapeur Plut on, do la Compagnie du Lloyd,
s'est é.cnoaô près de Varna. Ce bâtiment jauge
6S2 tonneaux et a une force de 400 chevaux.
Le vapeur Stadion , du.Lloyd, est parti immé
diatement do Constantinople à son secours.
Les passagers ontété sauvés, mais lo Plut on
est sérieusement en danger. '
■ Constantinople, 22 février.
(Arrivée seulement le 28 au matin.)
On annonce que M. Oatrey, conseiller de l'am
bassade française à Constantinople, partira de
main pour la France en vertu d'un congé.
Bspagïio.
Madrid, 23 février, 10 h; soir
(arrivée seulement le 28 au matin).
M.' Péralès a été nommé vice-président des
Cortès par 109 voix contre 23 accordées à M.
Figueras.
L'Impartial dit que le mouvement carliste de
vait commencer dans quatre jours sous le com
mandement de don Carlos ; mais quo don Car
los a été arrêté hier à Lyon par les autorités
françaises et invité à fixer sa résidence dans lo
Nord de la Franco. En présence de cette invita
tion, il avait préférer retourner à Genève.
• s Madrid, 24 février, 8 h. 38 du soir.
Uno longue discussion a eu lieu aujourd'hui,
aux Corfôs, sur la demande en'autorisation do
poursuites forméo contre l'archovêqno de San
tiago, à, cause de sa réponse à la circulaire du
ministre do la justico.
La séance continue. .
EtaiSe. .
Home, 24 février soir.
Le duc et la duchesse do Mouène et le princo
des Àsturies sont arrivés ce soir par là voie de
mer.
France. •• • .-
Marseille, 24 février, soir.
La Gazelle du Midi dit que le duc de.Modène
s'est embarqué ici : pour Romo, et non pas ve
nant de Rdino à Lyon. La Gazette ajquto quo le
duc n'a remis aucune somme à don Carlos, et
que le voyage de tous deux à Lyon était pure
ment privé. *
SERVICE DE NUIT.
Pmsse. .
BeTlin, 28 février.
La Gazette de l'Allemagne du Nord .déclare
mensongère,, l'assertion du Standard, d'après
laquelle M. Daru, ministre des affaires étrangè
res de France, aurait adressé à Berlin une in
terpellation au sujet du discours prononcé par
le roi à l'ouverture du Reichstag, et aurait ob
tenu des explications satisfaisantes.
~ PrJncfpantés-Danubleniiea.
Bucharost, 25 février.
La Chambre des députés a alloué au minis
tère une somme de 200,000 fr., sans affectation
d'emploi. .
La Chambre a refusé ensuite toute subven
tion ultérieure aux écoles catholiques.
Italie.
Floronce, 28 février'.
Un décret royal ordonno l'exécution du traité
conclu entre l'Italie et les Pays-Bas pour l'ex
tradition réciproquo des malfaiteurs.;,
Naples, 23 février.
Le roi est parti pour Florence par la Voie de
Foggia.
; Les ministres des affaires étrangères et de
l'intérieur partiront demain par la voie do Rome;
La séance d'hier a été la plus émouvante
à laquelle il nous ait été donné d'assister.
C'est, • croyons-nous, la première fois
qu'un ministre ose déclarer à la tribune, en
face d'une Chambre issue des candidatures
officielles, que désormais le gouvernement
assistera impassible à la lutte électorale,
qu'il n'influencera ni par un acte ni par un
mot les décisions d.u. suffrage universel, et
qu'il attendra confiant ou résigné le verdict
de la nation.
Et ceux-là mêmes qui se sentaient direc
tement atteints dans leur passé, dans leur
avenir même, par les paroles du ministre,
se sont inclinés devant les nécessités delà
situation présente, fit, se laissant aller à l'ir
résistible courant de l'opinion, ils ont voté
selon les vœux du pays.
• 'Ne semble-t-il pas qu'il y ait, dans cette
mémorable journée du 24 février 1870, com
me un écho, un souvenir de la nuit du 4
août 1789 ? ■ :
La majorité, répudiant la candidature of
ficielle au pied de la statue de la liberté,
-n'est-ce pas la noblesse brûlant ses titres
sur l'autel de la patrie ?
Et la gauche n'a-t-elle pas donné une grande
preuve de justice et de modération en ap
plaudissant au magnifique discours de M.
le garde des sceaux, en votant l'ordre du
; jour pur et simple ?
Et l'extrême droite elle-même, ce groupe
de 66 dissidens, qui s'accroche, avec une
1 louable ténacité, aux ruines du vieil édifice,
-n'a-t-elle pas donné un rare exemple de dé
sintéressement ?
Si, en effet, grâce à ses énergiques efforts,
. elle avait réussi à sauver la candidature of
ficielle, n'est-il pas évident qu'elle eût
consommé sa propre déchéance. Opposition
de droite; naturellement hostile à un minis
tère de centre, elle était destinée à périr,
victime de la plus prochaine application du
système?
Certes, M.Emile Ollivier a fait aux exi
gences de la situation les sacrifices les -plus
laiges, les plus complets. .
Il pouvait, sans blesser aucune suscepti
bilité-légitime, maintenir, en fait,, ce droit
de désignation qu'il reconnaît en principe;
les ministres actuels ne sont pas seulement
.les détenteurs du pouvoir, ils sont encore
les chefs du parti qui les .a portés aux affai
res; et à ce titre on ne pouvait leur refuser
la faculté de distinguer et d'avouer leurs
partisans.
Ainsi font en Angleterre les chefs des
deux grands partis "qui gouvernent alterna
tivement. . "
Mais le ministère Ollivier a pleine' con
fiance dans les sentimens du pays, il croit
que lé suffrage universel peut se suffire à
lui-même et qu'il est temps de l'émaBciper;
En èela, se trompe-t-il, comme le suppose
l'extrême droite?
Nous ne le croyons pas.
Quoi qu'on en^disey la France est un pays
d'ordre et de liberté. Si on la livre à elle-
même , elle pourra sans doute éprouver
quelques hésitations passagères ; en ceTlains
cas, elle méconnaîtra ses propres intérêts,!
nous dirons même ses propres opinions y
mais après ces premières incertitudes, son;
instinct infaillible lui indiquera ce qu'il
faut faire, la route qu'il convient de suii
vre, les hommes qu'il importe de choisir;;
et toujours, à l'heure d'une crise, les forces,
conservatrices domineront, vaincront les
forces révolutionnaires. . »
Et n'avons-nous pas le grand exemple
que nous offre l'histoire delà seconde ré
publique?
En 1848, un gouvernement révolutionnai-!
re mit tout en œuvre pour obtenir dy pays
une assemblée révolutionnaire; .
On inventa pour ces premières élections
■générales des manœuvres inconnues; par
tout où cela était possible, les commissaires
: du gouvernement usaient des pouvoirs qui
-leur étaient confiés, pour poser et appuyer
. leurs propres candidatures.
Ces efforts furent vains, et la France, cette
. France que l'on nous représente comme do-
eile, asservie, résista à l'action gouverne
mentale et nomma une majorité de droite.
Plus tard, elle envoya à la Législative ! une
Ghambre qui prépara la contre-révolution.
Ces souvenirs ne doivent-ils pas nous
rassurer sur les conséquences des élections
libres?
Le parti conservateur, nous dira-t-on,
n'est pas organisé, prêt à la lutte.—Nous ré
pondrons :
Si le parti conservateur n'est (pas organi
sé, s'il n'est paà prêt à la lutte, c'est parce
que, pendant dix-huit ans, l'écrasante tu
telle du gouvernement a énervé ses forces,
affaibli son'action. .
Tienne la bataille, et s'il ne se sent plus
protégé par une puissance supérieure, il se
réveillera, il se TanimeTa; le sentiment delà
conservation lui rendra une volonté qu'il n'a
. plus, une énergie qu'il a perdue.
Et s'il en était autrement, si nous étions
vraiment incapables de nous défendre
nous-mêmes, si nous ne pouvions nous
passer de l'humiliante protection du mi
nistre, du préfet, du sous-préfet et du
maire, -alors renonçons à la liberté, car nous
en sommes indignes.
Mais nous avons meilleure opinion de
nous-mêmes. Nous croyons fermement que
les futures élections générales donneront
un éclatant ..démenti à la fois à ceux qui
prétendent que le suffrage universel ne peut
fonctionner librement, et à ceux qui affir
ment que l'Empire n'est pas l'expression
sincère des vœux du pays;
Aux adversaires de la démocratie comme
aux ennemis de la dynastie. '
R obert M itchell.
' COURS DE LA. BOURSE.
codes de cloture, le 24 le 29 iîaubs0. balsss
36/0 au compt. - 73 85 73 90 » OS
—Fin du mois. 73 90 73 90 » »
41/2au compt. Î04 75 105. » » 25
» >
» »
» »
M. de Girardin, appréciant dans la Liberté
la situation qui résulte de l'accueil sympa
thique fait par la majorité du Corps Légis
latif, aux déclarations, du ministère, es
time que cette situation peut se résumer
ainsi :
« Triple Tevanche contre la république du
24 février, contre lo coup d'Etat du 2 décembre
1881 et contre l'Empire du 21 novembre 1882,
prise, le 22 février 1870, par le gouvernement
du 22 février 1848, moins les d'Orléans, plus
les Bonapartes-, n'étant changée que la dynas
tie. » ,
Selon M; de Girardin, la politique qui
triomphe aujourd'hui est donc celle du 22
février 1848, avec cette seule différence
qu'au lieu d'être occupé par un d'Orléans,
le trône est occupé par un Bonaparte.
On lit d'autre part dans le Parlement :
Nous avons entendu dire ce matin à un hom
me éminent que : « Le discours lu hier par le
comte Daru et la situation qui en résultait
mettaient la Franco juste au vingt-deux fé*
vrier 1848. A cette différence près que, au lieu
de Ja;royauté, nous avons un Empire, et au
lieu de Louis-Philippe I° r , nous avons Napo*
léon III ; au lieu d'une dynastie ayant perdu
l'affection de la France, nous avons une dynas
tie conservant, en dépit de tout, sa popularité.»
- Il nous semble impossible d'apprécier
plus inexactement que ces deux journaux
la situation actuelle de là France et de son
gouvernement.
Par qui Louis-Philippe avait-il été ap
pelé au trône et par qui la Ghambre des dé
putés de 1848 avait-elle été nommée? Par
trois cent mille électeurs censitaires.
Par qui l'Empereur Napoléon. III et le
Corps Législatif actuel ont-ils été élus ? Par
10 suffrage universel ; par le concoure
tous les citoyens sans exception.
- ~4Sst -=ee que -é&tte première diffère:
damentale pemet d'assimiler le gi
ment de 1848 au gouvernement de
Mais voici une autre dissemblanc'
faut être-aveugle pour ne pas voir.
En 1848 la politique du Roi, du ministèri
et de la Chambre était de n'accorder au
cune des réformes que demandait l'oppo
sition, énergiquement soutenue par l'opi
nion publique. Dans la lutte provoquée par
cette résistance le trône de Louis-Philippe a
été brisé.
La politique* pratiquée aujourd'hui par
l'Empereur, par le ministère et par le Corps
Législatif a été de satisfaire tous les vœux
du pays. Les réformes réalisées depuis six
mois ont été assez considérables pour méri
ter le n®m de révolution pacifique. Elles se
complètent chaque jour, et M. Daru a résu
mé exactement toute la politique actuelle
par ces mots : « Désarmer loyalement l'op
position de ses griefs légitimes. »
Tandis que la majorité satisfaite de 1848
a suivi Louis-Philippe et M. Guizot dans
leur résistance obstinée à l'extension du
droit électoral, l'Empereur, après avoir déjà
tant cétié, a autorisé le ministère à aban
donner le système des candidatures officiel
les ; le Corps Législatif a ratifié cette con
cession à l'opinion publique par 188 voix
contre 56.
Aussi, comparant à notre tour 1848 à,1870,
nous dirons : Les événemens de 1848 ont
montré par quelle résistance aveugle finis
sent les gouvememens et les dynasties;
l'histoire des événemens qui s'accomplis
sent aujourd'hui enseignera, au contraire
par quelles sggès concessions on évite lés
révolutions.
Voilà la vérité sur ces deux époques, et
non pas l'assimilation étrange faite par le
Parlement et la Liberté.
Sans doute si l'on ne vçut voir qu'un
côté des formes politiques, c'est le système
parlementaire qui prévaut en 1870, comme
11 y a vingt-deux ans ; le gouvernement par
lementaire, c'est-à-dire la direction du gou
vernement donnée à un ministère tirant son
origine et sa force de la Chambre élective.
• Mais est-il permis de méconnaître la puis
sance supérieure etla solidité des institutions
d'aujourd'hui, fondées sur.le . suffrage uni
versel ?
Elus par quelques milliers de privilégiés,
les députés du temps de Louis-Philippe, ne
représentaient qu'une infime minorité de la
nation. Ils étaient, par conséquent, exposés
à en méconnaître les vœux, à en contredire
la volonté. De là, des chances de luttes, où le
gouvernement pouvait se trouver le plus
faible, où il n'osait même pas se défendre
jusqu'au bout; luttes que la dynastie arrêtait
en prenant le chemin de l'exil.
Une Chambre nommée par le suffrage
universel est assurée au contraire de repré
senter la nation entière. Elle ne'peut être
en conflit qu'avec des minorités que la con
science du droit de la souveraineté natio
nale impose de réprimer quand elles font
appel à la force.
Voilà pourquoi nous avons la ferme con
fiance que le régime parlementaire, qui a
échoué en 1830 et 1843 avec le suffrage res
treint , est définitivement fondé parmi
nous avec le suffrage universel et l'Empire,
en 1870.
c. barbe.
Le ministère continue à recevoir des
adresses de tous les peiuts de la France.
Voici celle qu'il a reçue de Besançon*
Messieurs les ministres,
Le nouvel ordre de choses inauguré par lo
choix du ministère n'a pas tardé à faire sentir
dans nos localités ses nombreuses influenees.
Feuilleton du Constitutionnel, 26 îév.
IJNE AMIE DE PENSION
— Croyez-vous, par hasard, Mademoiselle
ma fille, reprit le vieillard-avec indignation
et volubilité en se drapant dans son man
teau comme don César de. Bazan dans sa
guenille, que je vous ai fait élever pour
faire de vous une saltimbanque, une cabo-
line, une comédienne ordinaire même?
Non, ma fille, non, vous jouerez les reines,
oui, les reines ; je ne saurais vous voir dans
un rôle subalterne. Vous traînerez le man
teau de cour, vous porterez une couronne,
et je toucherai pour vous le prix d'un enga
gement princier : voilà ce qoe je veux, car à
dater de ce jour, je passe votre intendant,
Madame la princesse 1
Vous avez, Paméla,_ la voix la plus belle
que je connaisse, et je m'y connais, je vous
Je jure ; malgré que'l'on ne dise pas tou
jours un mensonge en affirmant que j'ai des
graillons dans la voix et que je ne chante
pas excessivement juste. Les malheurs 1
l'âge! le chagrin 1 tout cela, il faut bien l'a
vouer , a quelque peu endommagé mon
instrument; mais l'oreille, mais l'oreille est
toujours la même, plus délicate et plu?dif
ficile même que par le passé; et quand je
parle, je puis le faire en connaisseur, Made
moiselle Wolfreild, n'en doutez pas. Vous
avez aussi la méthode la plus parfaite que
l'on puisse voir; n'avez-vous pas de même
la tournure d'une duchesse? oui, d'une du
chesse, ma fille ! ne faites pas de modestie,
je vous prie, c'est une vertu tout à fait inu
tile aux artistes qui se destinent au théâtre.
Votre visage est divin , vous avez enfin
tout ce qu'il faut pour réusbir sur les plan
ches, c'est moi qui vous l'affirme et dé plus
vous aurez pour professeur votre père , le
premier professeur du monde , je puis le
dire. Vous avez donc en face de vous la for
tune et la gloire , quelle perspective 1 des
succès et des bravos, et vous refuseriez tout
cela pour vous. acharner à tirer l'aiguille
tout le jour, sans honneur et sans profit,!
Ah 1 Paméla, Paméla 1 s'écria le vieillard,
vous me tuerez peut-être, mais à coup sûr
yous me rendrez fou en parlant ainsi que
vous le faites; vous êtes une ingrate , vous
vous Tefusez à faire le bonheur de votre pau
vre vieux père ; j'en perdrai l'esprit.
— Mon père, par pitié, s'écria Lilas, ne mo
dites pas de semblables paroles, elles m'affli
gent énormément; et surtout ne, songez pas à
me faire entrer au théâ'tre, j'y serais toujours
déplacée, parce que je n'y connais rien ,
parce que cela m'est antipathique et que
pour une vie et un travail semblables^ il faut
y être-pliée de bonne heure; sans cela on n'y
fait jamais rien de bon. .
— Renverser ainsi toutes mes espérances,
sans la moindre raison valable, ne pas croire
à un talent qui est incontestable, se méfier
de la clarté et- de la justesse de mes conseils
et de mes appréciations : dis-moi donc, tout
de suite, sans tant de phrases, que je n'ai pas
le moindre jugement, moi le grand artiste,
moi qui ai touché à toutes les branches*de
l'art. Car sachez, ma fille, que j'ai joué la
tragédie comme _TaIma, "]'ai"joué du cor
comme on n'en joue pas, le monde entier
ne contient pas un homme auquel je puisse
me comparer; j'ai donné des leçons de danse
à faire pâlir de jalousie tous les chefs de
ballet passés, présens et futurs; j'ai : porté
crayons comme Mangfn, parce que je n'a
vais pas, parce que je n'ai jamais eu l'a
vance nécessaire pour les acheter ces crayons
et l'équipage indispensable; j'ai pourtant
ciré les bottes d'un homme riche pendant
bien longtemps, pour oblenir qu'il mo com
manditât, et j'avais une telle envie d'arriver
à la fortune, que je l'écoutais chanter faux,
tous les jours, sans siffler; parfois même
je poussais la lâcheté jusqu'à crier: bravo,
bravissimo !
— Mais encore,-mon père, dit la jeune
'fille qui essaya de placer un mot, mais en
vain; écoutez-moi, écoutez la raison, mon
père.
Mais le musicien poursuivait avec unç
vivacité sans pareille :
— t Oui, oui, Paméla, j'ai toujours pour
suivi la réalisation do mon rêve, le seul rê
ve qu'un grand esprit se puisse permettre,
la gloire-avec la fortune .Maintenant elle est
là, cette chose toujours attendue, toujours
enviée, toujours espérée, elle est là, à la
portée de ma main, à la portée de votre vo
lonté, et c'est vous, vous; mon enfant,
vous aussi - moh seul trésor à cette heu
re, qui renverseriez l'édifice que j'ai élevé
de mes propres mains, avec tant "de soins
et de si nombreuses peines. Vous êtes une
ingrate, indigne de mes bontés et de ma
sollicitude; vous, êtes une fille sans juge
ment, vous dis-je. Ne préférez-vous pas,
malheureuse que vous êtes, cet étroit et fort
laid logis pas mal mansardé et peu clos aux
palais enchantés que vous ne-pouvez man
quer d'avoir? non, non, à toutes ces splen
deurs vous préférez un travail manuel, vous
faites le labeur d'une servante; fi! fi 1 vous
dis-je, vous, la fille d'un homme comme
moi ! .
Et le malheureux laissa retomber le long
de son corps les deux bras qu'il avait levés
vers le ciel, comme pour le prendre à té
moin du malheur qui l'accablait.
— Vous n'avez pourtant pas uu reproche
à m'adresser, ma fille, voyons; cherchons un
peu, que me reprochez-vous? De n'être pas
telle? Non, n'est-ce, pas, ce serait illogique,
car> vous êtes belle comme les anges, sauf
leur docilité qui vous est tout à fait étran
gère; vous êtes savante comme un académi-i
cien,'pourle moins, Mademoiselle, car,-,j'ai
connu des académiciens qui n'étaient pas
forts, je vous assure ! .
Ah] ma fille, je vous maudirais vrai
ment de toute mon âme, à cause de vos re
fus , si nous autres, pauvres braves' cœurs
de pères et. d'artistes, nous savions maudire
nos enfans. Ah I Paméla, je vous aime plus
que vous n'aimerez jamais ce pauvre hom-
, me qui vous â élevée.
— Mon père, faites de moi ce que vous
voudrez, dit Lilas en laissant couler sur ses
joues des larmes que sa résignation doulou
reuse lui arrachait ; mais ne doutez jamais
de mon affection et de la reconnaissance que
j'ai pour toute la peine que vous avez prise
afin de me faire élever, ; j'ai un chagrin mor
tel à vous obéir, mais je ferai néanmoins
selon votre volonté.
— Vrai ! bien vrai ! ma fille, ma gloire,
ma meilleure élève, tu seras une artiste su
blime, comme Mars, comme Georges^ com
me Clairon ! . •
— Je serai tout ce que .vous voudrez, mon
père, dit la pauvre fille. ,
— Alors sois gaie tout de suite pour com
mencer, car tous nos amis vont venir te
complimenter ; je ne voulais pas te le dire
comme cela dès le début, mais ils savent la
bonne fortune qui nous arrive et ils vont
accourir : il ne faut pas qu'on te trouve en
saule pleureur, ce serait honteux pour l'art
et pour ton père qui t'ouvre les portes du
temple.
Un mois après, dans un des petits théâ
tres de la banlieue, Lilas débutait dans la
Tour de Nesle'; son père en avait décidé
ainsi, elfe obéissait; elle y traînait des cos
tumes sales et passés qui, de loin, faisaient
encore leur grand, leur superbe effet au$
yeux des.spectateurs peu difficiles. Mais
que ces vêtemens étaient portés avec ré4-
pugnance par.elle ! Elle trouvait à ces ori
peaux, qui sortaient du magasin du théâ
tre, une odeur nauséabonde qui lui soule
vait le cœur. . . ,
C'était la première fois de sa vie. que la
jeune fille mettait un vêtement qui n'avait-
pas été fait pour.elle, et.qui avaitpréalablei-
ment été porté par d'autres ; ;mais cette sen
sation douloureuse qu'éprouvait Lilasîpassa
tout à fait inaperçue .- son père était dans ,le
ravissement de la*voir attifée de la sorte et
ne semblait pas se douter de tout ce qu'elle
souffrait; if n'eûtdpnné, pour rien au mon
de, son rôle de père de la.débutante..
• Elle entra en scène et dit son rôle avec ce
tact parfait d'une femme qui sait lire et di
re ; sur une grande scène elle aurait eu un
succès fou.
Les autres acteurs, gens consacrés dans
le métier, faisaient des gestes qui tout au
tour d'eux remplissaient l'air de mouve
ment, et leurs voix prenaientdes intonations
étranges, tantôt de colère, tantôt de -fureur
à faux qui, comparés à la voix juste, à l'ex
pression vraie dont Lilas parlait bien plutôt
quelle ne récitait, faisaient un curieux con
traste ; elle avait l'air d'être entourée de dé
moniaques .
Mais le public, habitué aux grands gestes,
aux yeux Toulés comme des yeux de possé
dés, à la voix hors nature, applaudissait ces
artistes connus et aimés; ceux dont elle coti-'
naissait de longue date les contorsions et les
écarts de voix et de langage.
Aussi M. Wolfreild, en père mal contant,
après lui avoir fait "maint et maint reproche
sur ce qu'il appelait sa froideur, son calme
désolant, sur son manque d'âme et de feu,
eut-il la douleur do lui annoncer qu'on la re
fuserait à l'avenir partout, qu'elle ne trou
verait pas un tréteau où débiter une parade;
il ajouta que personne ne pouvait compren
dre comment la fille d'un homme qui met
tait tant d'action et tant d'entrain dans les
rôles dont il était chargé, en mettait elle-
même si peu.
Il était désespéré, ce malheureux père,
tous ses rêves s'envolaient, et il fut de',l'avis
de i'aveuglo directeur pour blâmer à ou»
trance le jeu et la diction de Lilas.
Il gronda sa fille, il la ! secoua (pour parler
son langagehabituel), et,après avoirpendant
quelques mois recommencé ses courses in
fructueuses pour trouver un engagementà s'a
fille, après avoir essuyé une foule dé refus
qui devaient faire honneur à la ténacité et
à l'amour théâtral du pèra de la jeune fille,
la pauvre enfant eut enfin la permission de
reprendre, mais rien que momeptanément,
sa modeste aiguille.
Car M. Wolfreild partait.pbur la province,
ainsi qu'il vint l'annoncer à sa fille, afin, di-
sait-il, de : savoir, en compagaie de quel
ques-uns de seschers et remarquables amis,
esprits curieux comme lui, à quel degré de
civilisation les habitans de ces pays étaient
arrivés, et ce en notant l'enthousiasme mon
nayé que feraient naître leurs représenta
tions.
Il partait toute une troupe de comédiens
éprouvés, gens ayant fait de nombreuses
campagnes et pouvant, au besoin, jouer la
comédie, le drame, le vaudeville, et chan
ter le grand opéra, de même . déclamer la
tragédie; Ali ! la tragédie; c'était son fait)
à lui, le beau Wolfreild.
Mie IPAGS&ércim
[La suite à un prochain numéro).
"T* 'Jt f V».
abonnees des dêpmtemens.
TROIS MOîS...,,i»> *6
•SIX mois..,,.,.,.,» .32 PS.
ON AN.;.-..•v.-.: 64 rs.
pour les pays étrangers , voir le tableau
publié /os s ei so de .chaque moïî>.
Imprimerie du Constitutionnel,
E: IGïbiat et C.
rue des Bons-EDfans, 19.
BOREAUX A PARIS:' ruâ âë Valois
B
SAMEDI m FEVRIER 11170.
JOURNIIî POLITIQUE lïTTEMTBE, UJM1VEKSEL.
' ABONNEMENS DE PARIS.
trois moisiv.vri^ 43 mu
six m0is. t » «;s,M »> a 26 fk> •'
un an.". 82 fk.
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Les articles» déposés ne sont pas rendus.
Les A nnonces sont reçues chez MM. F auchey, L affite, B ullier et C e ,
place de la Bourse, 8, à M.D uport ,7, rue Goq-IIéron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues quô sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu,
de modification par l'adinistration [du journal.
MM. les souscripteurs dont l'abonnement
expire le 28 février sont priés de le re
nouveler immédiatement, s'ils no veulent pas
;éprouver de retard dans la réception du
journal.
PARIS, *25 FEVRIER.
Une déclaration de M. de Kératry, une
nouvelle proposition de loi de M. Steenac-
kers, la discussion sur les monnaies ponti
ficales, une conversation sur la publicité
des - séances de la commission d'enquête
parlementaire, telle est, dans le plus impor
tant de son menu, la séance d'aujourd'hui.
Les paroles de M. de Kératry caractéri
sent la situation ; elles sont , en tout cas ,
un sérieux indice de l'heureuse disposi
tion des esprits. Le député de la gauche a
annoncé que, pour ne pas créer d'embarras
au ministère au moment où il montrait une
altitude si honnête et si courageuse, il ..rôti
rait son interpellation relative aux jésuites
jusqu'au jour où la question de la liberté
des associations sera soumise à la Chambre.
Nous devons ajouter que tout ce qui a été
dit aujourd'hui à la séance et le ton sur le
quel se sont exprimés les orateurs attestent
une heureuse détente des esprits et une vé
ritable émulation dans la conciliation et
la courtoisie;
M. Steenaclcers a déposé une proposition
de loi relative aux exécutions capitales, qui
n'auraient plus lieu que dans l'intérieur dés
prisons. L'auteur de la proposition distin
gue entre les assistans obligés et les assis -
taus facultatifs. L'énumération de ces der
niers a excité.l'hilarité de la Chambre. Rire
à-propos de choses aussi lugubres! C'est
vrai;, la Chambre a ri de. ces billets de
faveur accordés aux conseilsgénéraux, aux
représentant de là presse etc.; la liste était
assez longue; on voyait' que M. Steenaclcers,
qui est l'équité même, avait été préoccupé
de l'idée de ne pas faire de jaloux.
Quant à la discussion sur les monnaies
pontificales, nous ne voulons en retenir que
ceci, c'est que l'Etat estdispssé à reprendre
ces monnaies pour -leur valeur intrinsèque,
c'est-à-dire pour 91 centimes par franc.
Si la Chambre entend imposer au Trésor
..une perte plus forte, il lui sera nécessaire
d'ouvrir un crédit au ministre des finances
qui a déclaré ne pas vouloir sous sa res
ponsabilité, inscrire une somme quelcon
que au passif du budget:
Le.reste do la séance a été -consacré à la
discussion des conclusions du rapport de la
commission d'enquête parlementaire sur la .
publicité de ses séances. Ces conclusions
.organisent la publicité la plus large, et la
Ghambre s'y est associée par un vote una-
nimel'Elle s'est ensuite ajournée au 7 mars.
AME. MATAGSIH.
BULLETIN POLITIQUE.
La haute politique a enfin fait son appari
tion dans le Reichstag de l'Allemagne du
Nord. Le parti national-libéral a profite de
"la troisième lecture du traité de juridiction
.conclu avec Bade, pour jouer sa grande
carte, pour faire cette manifestation écla
tante , préparée, annoncée, contremandée
;«st reprise tant de fois, et qui consistait
à demander, par la-voie, d'une résolution,
le passage' dii Rubicon-Mein : l'entrée ou
plutôt l'admission du grandrduché de Bade
dans la Confédération du Nord. Le morneut
était solennel; le parti du vifeux National-
verein s'était engagé dans un débat sur
ïe point capital de son programme :
il fallait vaincre ou mourir. Or, il a suc
combé sans obtenir même une de ces satis
factions, théoriques qui avaient été jus
qu'ici le prix de ses compromis avec les
sages lenteurs du gouvernement fédéral.
On trouvera plus loin le résumé télégraphi
que de laséance duReichstagd'hier et les im
portantes déclarations du chancelier fédéra'..
M. de Bismark a_ fermemeaLscm tenu la politi:
que du statu quo; il a opposé àla demandede
MM. Lasker et amis de graves raisons d'op
portunité d'abord, la question de cabinet en
suite. Nous aurons à examiner et 1 probable
ment à discuter le premier discours du chan
celier, quand nous en aurons sous les yeux le
texte complet; mais nous devons applaudir
dès aujourd'hui la manière catégorique dont
M. de Bismark a repoussé une motion qui,
dans la situation actuelle, était un véritable
défi jeté à l'Europe. Que maintenant le
parti national-libéral ait voulu encore une
fois masquer sa retraite sous une préten
due conformité do vues avec le pouvoir
fédéral, voilà qui importe fortpeu. Les dé
clarations de M. de Bismark, telles du moins
que. le télégraphe nous les transmet, ne
peuvent avoir qu'une seule signification : le }
maintien pur et simple et pour un teihps
indéfini de l'état de choses créé par le trai
té de Prague.
Le roi de Saxe vient de clore, en person
ne, la session des Chambres. Ce discours
passe sous silence, il est vrai, les votes rela
tifs aux dépenses militaires et diplomati
ques, mais il ne parle pas non plus, ni de
l'unité nationale, ni de la Confédération du
Nord. Le roi Jean n'a pas voulu froisser le
cabinet de Berlin; mais il s'est bien gardé
aussi de flatter les espérances du National-
verein qui voudrait faire disparaître de la
carte le vieux royaume de Saxe.
Dans un banquet de l'association des
chambres de commerce, qui a eu lieu avant-
hier, à Londres et qui a réuni les repré-
sentans de presque tous les gran ds centres
commerciaux du royaume, la question des
traités de commerce a été l'objet de plu
sieurs discours. M. Newdegaie ayant répété
le reproche adressé par nos protectionnistes
au gouvernement français, à savoir que le ca-
binetdeLondres n'aurait pas consulté, avant
de conclure les traités de 1860, les grandes
corporations commerciales dû royaume, M.
Baines a défendu ces traités, œuvre de M.
Cobden, dont Je nom, a-t-il dit, est vénéré
par les chambres de commerce.
1 « Non-seulement», a ajouté M.Baines,or ces
chambres.ont appuyé les traités, mais il y as,
dans cette assemblée même plusieurs per- 5
soçnages qui sont allés à Paris pour pren-?
dre part aux négociations.» L'orateur a rap
pelé que les, traités avaient été annoncés'
dans le discours du trône et discutés à fondi
daùs la Chambre des communes. . i
édouard simon;
télégaafhse
AGENCE HA VAS. .
Ëtatl-Cnll.
Washington, .24 février.
Le Sénat a adoplé une résolution déclarant
qu'il n'y a pas lièu d'augmenter le papier-mon-:
naio.
SPrasse.
Berlin, 24 février.
Séance du Reichstag. -- A, l'occasion do la?
troisième lecture du traité de juridiction conclu:
avec Bade, MM; Lasker et cônsorts présentent,
au nom du parti national libéral, une résolution
rendant honunago aux aspirations nationales
dupouple badQls' et de son gouvernement et*
tondant à dt!claror que le but de ces aspirations
est la prompte accession du grand-duché de.Ba-:
de à . la Confédération de l'Allemagne du Nord.:
M. de Blankenbourg,; membre du parti con
servateur, présente un amendement tendant à
supprimer le dernier passage relatif à l'accession
de Bade à la Confédération de l'Allemagne du
Nord. ' ' :
Uue longue discussion s'engage.
M. de Bismark combat la proposition Lasker
et appuie l'amendement Blaokenbourg. Il sa:
plaît à reconnaître les aspirations nationales
du gouvernement badois, mais pour l'accession,
do Bade h la Confédération un empressement;
réciproque et absolu, libre de toute) pression,;
serait pourtant nécessaire. L'accession à la Con
fédération n'est pas désirable pour le moment,
car l'entrée de Bado dans la Confédération fe-
.rait obstacle au progrès de .l'idée nationale dans
le Sud et favoriserait on Bavière les ■ agitations
électorales hostiles. En dehors de la Confédéra
tion, Bade exercera une influence plus salu
taire et plus -féconde dans l'intérêt do l'idée
nationale.
Dans les circonstances présentes, la Confédéra
tion du Nord serait dans l'obligation do repousser
toute proposition diresto tondant-l'accession do
Bade à la Confédération, sauf à so réserver do
désigner elle-même le moment qui lui semble
rait pins favorablo. M. de Bismark insiste sur
les résultats déjà acquis au point de vue de
l'unité aliemando et sur la puissance de la posi
tion prise dans le Sud par 1 o roi de Prusse. Il
demande comme marque de continuation de
confiance; le rejet de la proposition Lasker.
M. de Bismark prend une seconde fois la pa-,
rôle pour répondre au député Miquel. Il déclare
quo l'adoption de la proposition Laskor équi
vaudrait, à ses yeux,, à un vote de méfiance
contre sa politique.
M. Lœwe, membre du parti progressiste, com
bat la partio de la proposition Lasker relative à
l'accession de Bade à. la Confédération.
M. Lasker retire, sa motion par le motif que
le chancelier fédéral a exposé au nom du gou
vernement des idées conformes à son vœu; que
les auteurs de la- motion n'avaient, pas eu l'in
tention d'émettre un vote do méfiance et enfin
parco que la discussion engagée sur cette mo
tion impliquait un . vote de reconnaissance à
l'adresse du gouvernement badois:
Ensuite, le traité do juridiction est adopté
en troisième lecture.
Trieste, 2!i février.
•Le vapeur Plut on, do la Compagnie du Lloyd,
s'est é.cnoaô près de Varna. Ce bâtiment jauge
6S2 tonneaux et a une force de 400 chevaux.
Le vapeur Stadion , du.Lloyd, est parti immé
diatement do Constantinople à son secours.
Les passagers ontété sauvés, mais lo Plut on
est sérieusement en danger. '
■ Constantinople, 22 février.
(Arrivée seulement le 28 au matin.)
On annonce que M. Oatrey, conseiller de l'am
bassade française à Constantinople, partira de
main pour la France en vertu d'un congé.
Bspagïio.
Madrid, 23 février, 10 h; soir
(arrivée seulement le 28 au matin).
M.' Péralès a été nommé vice-président des
Cortès par 109 voix contre 23 accordées à M.
Figueras.
L'Impartial dit que le mouvement carliste de
vait commencer dans quatre jours sous le com
mandement de don Carlos ; mais quo don Car
los a été arrêté hier à Lyon par les autorités
françaises et invité à fixer sa résidence dans lo
Nord de la Franco. En présence de cette invita
tion, il avait préférer retourner à Genève.
• s Madrid, 24 février, 8 h. 38 du soir.
Uno longue discussion a eu lieu aujourd'hui,
aux Corfôs, sur la demande en'autorisation do
poursuites forméo contre l'archovêqno de San
tiago, à, cause de sa réponse à la circulaire du
ministre do la justico.
La séance continue. .
EtaiSe. .
Home, 24 février soir.
Le duc et la duchesse do Mouène et le princo
des Àsturies sont arrivés ce soir par là voie de
mer.
France. •• • .-
Marseille, 24 février, soir.
La Gazelle du Midi dit que le duc de.Modène
s'est embarqué ici : pour Romo, et non pas ve
nant de Rdino à Lyon. La Gazette ajquto quo le
duc n'a remis aucune somme à don Carlos, et
que le voyage de tous deux à Lyon était pure
ment privé. *
SERVICE DE NUIT.
Pmsse. .
BeTlin, 28 février.
La Gazette de l'Allemagne du Nord .déclare
mensongère,, l'assertion du Standard, d'après
laquelle M. Daru, ministre des affaires étrangè
res de France, aurait adressé à Berlin une in
terpellation au sujet du discours prononcé par
le roi à l'ouverture du Reichstag, et aurait ob
tenu des explications satisfaisantes.
~ PrJncfpantés-Danubleniiea.
Bucharost, 25 février.
La Chambre des députés a alloué au minis
tère une somme de 200,000 fr., sans affectation
d'emploi. .
La Chambre a refusé ensuite toute subven
tion ultérieure aux écoles catholiques.
Italie.
Floronce, 28 février'.
Un décret royal ordonno l'exécution du traité
conclu entre l'Italie et les Pays-Bas pour l'ex
tradition réciproquo des malfaiteurs.;,
Naples, 23 février.
Le roi est parti pour Florence par la Voie de
Foggia.
; Les ministres des affaires étrangères et de
l'intérieur partiront demain par la voie do Rome;
La séance d'hier a été la plus émouvante
à laquelle il nous ait été donné d'assister.
C'est, • croyons-nous, la première fois
qu'un ministre ose déclarer à la tribune, en
face d'une Chambre issue des candidatures
officielles, que désormais le gouvernement
assistera impassible à la lutte électorale,
qu'il n'influencera ni par un acte ni par un
mot les décisions d.u. suffrage universel, et
qu'il attendra confiant ou résigné le verdict
de la nation.
Et ceux-là mêmes qui se sentaient direc
tement atteints dans leur passé, dans leur
avenir même, par les paroles du ministre,
se sont inclinés devant les nécessités delà
situation présente, fit, se laissant aller à l'ir
résistible courant de l'opinion, ils ont voté
selon les vœux du pays.
• 'Ne semble-t-il pas qu'il y ait, dans cette
mémorable journée du 24 février 1870, com
me un écho, un souvenir de la nuit du 4
août 1789 ? ■ :
La majorité, répudiant la candidature of
ficielle au pied de la statue de la liberté,
-n'est-ce pas la noblesse brûlant ses titres
sur l'autel de la patrie ?
Et la gauche n'a-t-elle pas donné une grande
preuve de justice et de modération en ap
plaudissant au magnifique discours de M.
le garde des sceaux, en votant l'ordre du
; jour pur et simple ?
Et l'extrême droite elle-même, ce groupe
de 66 dissidens, qui s'accroche, avec une
1 louable ténacité, aux ruines du vieil édifice,
-n'a-t-elle pas donné un rare exemple de dé
sintéressement ?
Si, en effet, grâce à ses énergiques efforts,
. elle avait réussi à sauver la candidature of
ficielle, n'est-il pas évident qu'elle eût
consommé sa propre déchéance. Opposition
de droite; naturellement hostile à un minis
tère de centre, elle était destinée à périr,
victime de la plus prochaine application du
système?
Certes, M.Emile Ollivier a fait aux exi
gences de la situation les sacrifices les -plus
laiges, les plus complets. .
Il pouvait, sans blesser aucune suscepti
bilité-légitime, maintenir, en fait,, ce droit
de désignation qu'il reconnaît en principe;
les ministres actuels ne sont pas seulement
.les détenteurs du pouvoir, ils sont encore
les chefs du parti qui les .a portés aux affai
res; et à ce titre on ne pouvait leur refuser
la faculté de distinguer et d'avouer leurs
partisans.
Ainsi font en Angleterre les chefs des
deux grands partis "qui gouvernent alterna
tivement. . "
Mais le ministère Ollivier a pleine' con
fiance dans les sentimens du pays, il croit
que lé suffrage universel peut se suffire à
lui-même et qu'il est temps de l'émaBciper;
En èela, se trompe-t-il, comme le suppose
l'extrême droite?
Nous ne le croyons pas.
Quoi qu'on en^disey la France est un pays
d'ordre et de liberté. Si on la livre à elle-
même , elle pourra sans doute éprouver
quelques hésitations passagères ; en ceTlains
cas, elle méconnaîtra ses propres intérêts,!
nous dirons même ses propres opinions y
mais après ces premières incertitudes, son;
instinct infaillible lui indiquera ce qu'il
faut faire, la route qu'il convient de suii
vre, les hommes qu'il importe de choisir;;
et toujours, à l'heure d'une crise, les forces,
conservatrices domineront, vaincront les
forces révolutionnaires. . »
Et n'avons-nous pas le grand exemple
que nous offre l'histoire delà seconde ré
publique?
En 1848, un gouvernement révolutionnai-!
re mit tout en œuvre pour obtenir dy pays
une assemblée révolutionnaire; .
On inventa pour ces premières élections
■générales des manœuvres inconnues; par
tout où cela était possible, les commissaires
: du gouvernement usaient des pouvoirs qui
-leur étaient confiés, pour poser et appuyer
. leurs propres candidatures.
Ces efforts furent vains, et la France, cette
. France que l'on nous représente comme do-
eile, asservie, résista à l'action gouverne
mentale et nomma une majorité de droite.
Plus tard, elle envoya à la Législative ! une
Ghambre qui prépara la contre-révolution.
Ces souvenirs ne doivent-ils pas nous
rassurer sur les conséquences des élections
libres?
Le parti conservateur, nous dira-t-on,
n'est pas organisé, prêt à la lutte.—Nous ré
pondrons :
Si le parti conservateur n'est (pas organi
sé, s'il n'est paà prêt à la lutte, c'est parce
que, pendant dix-huit ans, l'écrasante tu
telle du gouvernement a énervé ses forces,
affaibli son'action. .
Tienne la bataille, et s'il ne se sent plus
protégé par une puissance supérieure, il se
réveillera, il se TanimeTa; le sentiment delà
conservation lui rendra une volonté qu'il n'a
. plus, une énergie qu'il a perdue.
Et s'il en était autrement, si nous étions
vraiment incapables de nous défendre
nous-mêmes, si nous ne pouvions nous
passer de l'humiliante protection du mi
nistre, du préfet, du sous-préfet et du
maire, -alors renonçons à la liberté, car nous
en sommes indignes.
Mais nous avons meilleure opinion de
nous-mêmes. Nous croyons fermement que
les futures élections générales donneront
un éclatant ..démenti à la fois à ceux qui
prétendent que le suffrage universel ne peut
fonctionner librement, et à ceux qui affir
ment que l'Empire n'est pas l'expression
sincère des vœux du pays;
Aux adversaires de la démocratie comme
aux ennemis de la dynastie. '
R obert M itchell.
' COURS DE LA. BOURSE.
codes de cloture, le 24 le 29 iîaubs0. balsss
36/0 au compt. - 73 85 73 90 » OS
—Fin du mois. 73 90 73 90 » »
41/2au compt. Î04 75 105. » » 25
» >
» »
» »
M. de Girardin, appréciant dans la Liberté
la situation qui résulte de l'accueil sympa
thique fait par la majorité du Corps Légis
latif, aux déclarations, du ministère, es
time que cette situation peut se résumer
ainsi :
« Triple Tevanche contre la république du
24 février, contre lo coup d'Etat du 2 décembre
1881 et contre l'Empire du 21 novembre 1882,
prise, le 22 février 1870, par le gouvernement
du 22 février 1848, moins les d'Orléans, plus
les Bonapartes-, n'étant changée que la dynas
tie. » ,
Selon M; de Girardin, la politique qui
triomphe aujourd'hui est donc celle du 22
février 1848, avec cette seule différence
qu'au lieu d'être occupé par un d'Orléans,
le trône est occupé par un Bonaparte.
On lit d'autre part dans le Parlement :
Nous avons entendu dire ce matin à un hom
me éminent que : « Le discours lu hier par le
comte Daru et la situation qui en résultait
mettaient la Franco juste au vingt-deux fé*
vrier 1848. A cette différence près que, au lieu
de Ja;royauté, nous avons un Empire, et au
lieu de Louis-Philippe I° r , nous avons Napo*
léon III ; au lieu d'une dynastie ayant perdu
l'affection de la France, nous avons une dynas
tie conservant, en dépit de tout, sa popularité.»
- Il nous semble impossible d'apprécier
plus inexactement que ces deux journaux
la situation actuelle de là France et de son
gouvernement.
Par qui Louis-Philippe avait-il été ap
pelé au trône et par qui la Ghambre des dé
putés de 1848 avait-elle été nommée? Par
trois cent mille électeurs censitaires.
Par qui l'Empereur Napoléon. III et le
Corps Législatif actuel ont-ils été élus ? Par
10 suffrage universel ; par le concoure
tous les citoyens sans exception.
- ~4Sst -=ee que -é&tte première diffère:
damentale pemet d'assimiler le gi
ment de 1848 au gouvernement de
Mais voici une autre dissemblanc'
faut être-aveugle pour ne pas voir.
En 1848 la politique du Roi, du ministèri
et de la Chambre était de n'accorder au
cune des réformes que demandait l'oppo
sition, énergiquement soutenue par l'opi
nion publique. Dans la lutte provoquée par
cette résistance le trône de Louis-Philippe a
été brisé.
La politique* pratiquée aujourd'hui par
l'Empereur, par le ministère et par le Corps
Législatif a été de satisfaire tous les vœux
du pays. Les réformes réalisées depuis six
mois ont été assez considérables pour méri
ter le n®m de révolution pacifique. Elles se
complètent chaque jour, et M. Daru a résu
mé exactement toute la politique actuelle
par ces mots : « Désarmer loyalement l'op
position de ses griefs légitimes. »
Tandis que la majorité satisfaite de 1848
a suivi Louis-Philippe et M. Guizot dans
leur résistance obstinée à l'extension du
droit électoral, l'Empereur, après avoir déjà
tant cétié, a autorisé le ministère à aban
donner le système des candidatures officiel
les ; le Corps Législatif a ratifié cette con
cession à l'opinion publique par 188 voix
contre 56.
Aussi, comparant à notre tour 1848 à,1870,
nous dirons : Les événemens de 1848 ont
montré par quelle résistance aveugle finis
sent les gouvememens et les dynasties;
l'histoire des événemens qui s'accomplis
sent aujourd'hui enseignera, au contraire
par quelles sggès concessions on évite lés
révolutions.
Voilà la vérité sur ces deux époques, et
non pas l'assimilation étrange faite par le
Parlement et la Liberté.
Sans doute si l'on ne vçut voir qu'un
côté des formes politiques, c'est le système
parlementaire qui prévaut en 1870, comme
11 y a vingt-deux ans ; le gouvernement par
lementaire, c'est-à-dire la direction du gou
vernement donnée à un ministère tirant son
origine et sa force de la Chambre élective.
• Mais est-il permis de méconnaître la puis
sance supérieure etla solidité des institutions
d'aujourd'hui, fondées sur.le . suffrage uni
versel ?
Elus par quelques milliers de privilégiés,
les députés du temps de Louis-Philippe, ne
représentaient qu'une infime minorité de la
nation. Ils étaient, par conséquent, exposés
à en méconnaître les vœux, à en contredire
la volonté. De là, des chances de luttes, où le
gouvernement pouvait se trouver le plus
faible, où il n'osait même pas se défendre
jusqu'au bout; luttes que la dynastie arrêtait
en prenant le chemin de l'exil.
Une Chambre nommée par le suffrage
universel est assurée au contraire de repré
senter la nation entière. Elle ne'peut être
en conflit qu'avec des minorités que la con
science du droit de la souveraineté natio
nale impose de réprimer quand elles font
appel à la force.
Voilà pourquoi nous avons la ferme con
fiance que le régime parlementaire, qui a
échoué en 1830 et 1843 avec le suffrage res
treint , est définitivement fondé parmi
nous avec le suffrage universel et l'Empire,
en 1870.
c. barbe.
Le ministère continue à recevoir des
adresses de tous les peiuts de la France.
Voici celle qu'il a reçue de Besançon*
Messieurs les ministres,
Le nouvel ordre de choses inauguré par lo
choix du ministère n'a pas tardé à faire sentir
dans nos localités ses nombreuses influenees.
Feuilleton du Constitutionnel, 26 îév.
IJNE AMIE DE PENSION
— Croyez-vous, par hasard, Mademoiselle
ma fille, reprit le vieillard-avec indignation
et volubilité en se drapant dans son man
teau comme don César de. Bazan dans sa
guenille, que je vous ai fait élever pour
faire de vous une saltimbanque, une cabo-
line, une comédienne ordinaire même?
Non, ma fille, non, vous jouerez les reines,
oui, les reines ; je ne saurais vous voir dans
un rôle subalterne. Vous traînerez le man
teau de cour, vous porterez une couronne,
et je toucherai pour vous le prix d'un enga
gement princier : voilà ce qoe je veux, car à
dater de ce jour, je passe votre intendant,
Madame la princesse 1
Vous avez, Paméla,_ la voix la plus belle
que je connaisse, et je m'y connais, je vous
Je jure ; malgré que'l'on ne dise pas tou
jours un mensonge en affirmant que j'ai des
graillons dans la voix et que je ne chante
pas excessivement juste. Les malheurs 1
l'âge! le chagrin 1 tout cela, il faut bien l'a
vouer , a quelque peu endommagé mon
instrument; mais l'oreille, mais l'oreille est
toujours la même, plus délicate et plu?dif
ficile même que par le passé; et quand je
parle, je puis le faire en connaisseur, Made
moiselle Wolfreild, n'en doutez pas. Vous
avez aussi la méthode la plus parfaite que
l'on puisse voir; n'avez-vous pas de même
la tournure d'une duchesse? oui, d'une du
chesse, ma fille ! ne faites pas de modestie,
je vous prie, c'est une vertu tout à fait inu
tile aux artistes qui se destinent au théâtre.
Votre visage est divin , vous avez enfin
tout ce qu'il faut pour réusbir sur les plan
ches, c'est moi qui vous l'affirme et dé plus
vous aurez pour professeur votre père , le
premier professeur du monde , je puis le
dire. Vous avez donc en face de vous la for
tune et la gloire , quelle perspective 1 des
succès et des bravos, et vous refuseriez tout
cela pour vous. acharner à tirer l'aiguille
tout le jour, sans honneur et sans profit,!
Ah 1 Paméla, Paméla 1 s'écria le vieillard,
vous me tuerez peut-être, mais à coup sûr
yous me rendrez fou en parlant ainsi que
vous le faites; vous êtes une ingrate , vous
vous Tefusez à faire le bonheur de votre pau
vre vieux père ; j'en perdrai l'esprit.
— Mon père, par pitié, s'écria Lilas, ne mo
dites pas de semblables paroles, elles m'affli
gent énormément; et surtout ne, songez pas à
me faire entrer au théâ'tre, j'y serais toujours
déplacée, parce que je n'y connais rien ,
parce que cela m'est antipathique et que
pour une vie et un travail semblables^ il faut
y être-pliée de bonne heure; sans cela on n'y
fait jamais rien de bon. .
— Renverser ainsi toutes mes espérances,
sans la moindre raison valable, ne pas croire
à un talent qui est incontestable, se méfier
de la clarté et- de la justesse de mes conseils
et de mes appréciations : dis-moi donc, tout
de suite, sans tant de phrases, que je n'ai pas
le moindre jugement, moi le grand artiste,
moi qui ai touché à toutes les branches*de
l'art. Car sachez, ma fille, que j'ai joué la
tragédie comme _TaIma, "]'ai"joué du cor
comme on n'en joue pas, le monde entier
ne contient pas un homme auquel je puisse
me comparer; j'ai donné des leçons de danse
à faire pâlir de jalousie tous les chefs de
ballet passés, présens et futurs; j'ai : porté
crayons comme Mangfn, parce que je n'a
vais pas, parce que je n'ai jamais eu l'a
vance nécessaire pour les acheter ces crayons
et l'équipage indispensable; j'ai pourtant
ciré les bottes d'un homme riche pendant
bien longtemps, pour oblenir qu'il mo com
manditât, et j'avais une telle envie d'arriver
à la fortune, que je l'écoutais chanter faux,
tous les jours, sans siffler; parfois même
je poussais la lâcheté jusqu'à crier: bravo,
bravissimo !
— Mais encore,-mon père, dit la jeune
'fille qui essaya de placer un mot, mais en
vain; écoutez-moi, écoutez la raison, mon
père.
Mais le musicien poursuivait avec unç
vivacité sans pareille :
— t Oui, oui, Paméla, j'ai toujours pour
suivi la réalisation do mon rêve, le seul rê
ve qu'un grand esprit se puisse permettre,
la gloire-avec la fortune .Maintenant elle est
là, cette chose toujours attendue, toujours
enviée, toujours espérée, elle est là, à la
portée de ma main, à la portée de votre vo
lonté, et c'est vous, vous; mon enfant,
vous aussi - moh seul trésor à cette heu
re, qui renverseriez l'édifice que j'ai élevé
de mes propres mains, avec tant "de soins
et de si nombreuses peines. Vous êtes une
ingrate, indigne de mes bontés et de ma
sollicitude; vous, êtes une fille sans juge
ment, vous dis-je. Ne préférez-vous pas,
malheureuse que vous êtes, cet étroit et fort
laid logis pas mal mansardé et peu clos aux
palais enchantés que vous ne-pouvez man
quer d'avoir? non, non, à toutes ces splen
deurs vous préférez un travail manuel, vous
faites le labeur d'une servante; fi! fi 1 vous
dis-je, vous, la fille d'un homme comme
moi ! .
Et le malheureux laissa retomber le long
de son corps les deux bras qu'il avait levés
vers le ciel, comme pour le prendre à té
moin du malheur qui l'accablait.
— Vous n'avez pourtant pas uu reproche
à m'adresser, ma fille, voyons; cherchons un
peu, que me reprochez-vous? De n'être pas
telle? Non, n'est-ce, pas, ce serait illogique,
car> vous êtes belle comme les anges, sauf
leur docilité qui vous est tout à fait étran
gère; vous êtes savante comme un académi-i
cien,'pourle moins, Mademoiselle, car,-,j'ai
connu des académiciens qui n'étaient pas
forts, je vous assure ! .
Ah] ma fille, je vous maudirais vrai
ment de toute mon âme, à cause de vos re
fus , si nous autres, pauvres braves' cœurs
de pères et. d'artistes, nous savions maudire
nos enfans. Ah I Paméla, je vous aime plus
que vous n'aimerez jamais ce pauvre hom-
, me qui vous â élevée.
— Mon père, faites de moi ce que vous
voudrez, dit Lilas en laissant couler sur ses
joues des larmes que sa résignation doulou
reuse lui arrachait ; mais ne doutez jamais
de mon affection et de la reconnaissance que
j'ai pour toute la peine que vous avez prise
afin de me faire élever, ; j'ai un chagrin mor
tel à vous obéir, mais je ferai néanmoins
selon votre volonté.
— Vrai ! bien vrai ! ma fille, ma gloire,
ma meilleure élève, tu seras une artiste su
blime, comme Mars, comme Georges^ com
me Clairon ! . •
— Je serai tout ce que .vous voudrez, mon
père, dit la pauvre fille. ,
— Alors sois gaie tout de suite pour com
mencer, car tous nos amis vont venir te
complimenter ; je ne voulais pas te le dire
comme cela dès le début, mais ils savent la
bonne fortune qui nous arrive et ils vont
accourir : il ne faut pas qu'on te trouve en
saule pleureur, ce serait honteux pour l'art
et pour ton père qui t'ouvre les portes du
temple.
Un mois après, dans un des petits théâ
tres de la banlieue, Lilas débutait dans la
Tour de Nesle'; son père en avait décidé
ainsi, elfe obéissait; elle y traînait des cos
tumes sales et passés qui, de loin, faisaient
encore leur grand, leur superbe effet au$
yeux des.spectateurs peu difficiles. Mais
que ces vêtemens étaient portés avec ré4-
pugnance par.elle ! Elle trouvait à ces ori
peaux, qui sortaient du magasin du théâ
tre, une odeur nauséabonde qui lui soule
vait le cœur. . . ,
C'était la première fois de sa vie. que la
jeune fille mettait un vêtement qui n'avait-
pas été fait pour.elle, et.qui avaitpréalablei-
ment été porté par d'autres ; ;mais cette sen
sation douloureuse qu'éprouvait Lilasîpassa
tout à fait inaperçue .- son père était dans ,le
ravissement de la*voir attifée de la sorte et
ne semblait pas se douter de tout ce qu'elle
souffrait; if n'eûtdpnné, pour rien au mon
de, son rôle de père de la.débutante..
• Elle entra en scène et dit son rôle avec ce
tact parfait d'une femme qui sait lire et di
re ; sur une grande scène elle aurait eu un
succès fou.
Les autres acteurs, gens consacrés dans
le métier, faisaient des gestes qui tout au
tour d'eux remplissaient l'air de mouve
ment, et leurs voix prenaientdes intonations
étranges, tantôt de colère, tantôt de -fureur
à faux qui, comparés à la voix juste, à l'ex
pression vraie dont Lilas parlait bien plutôt
quelle ne récitait, faisaient un curieux con
traste ; elle avait l'air d'être entourée de dé
moniaques .
Mais le public, habitué aux grands gestes,
aux yeux Toulés comme des yeux de possé
dés, à la voix hors nature, applaudissait ces
artistes connus et aimés; ceux dont elle coti-'
naissait de longue date les contorsions et les
écarts de voix et de langage.
Aussi M. Wolfreild, en père mal contant,
après lui avoir fait "maint et maint reproche
sur ce qu'il appelait sa froideur, son calme
désolant, sur son manque d'âme et de feu,
eut-il la douleur do lui annoncer qu'on la re
fuserait à l'avenir partout, qu'elle ne trou
verait pas un tréteau où débiter une parade;
il ajouta que personne ne pouvait compren
dre comment la fille d'un homme qui met
tait tant d'action et tant d'entrain dans les
rôles dont il était chargé, en mettait elle-
même si peu.
Il était désespéré, ce malheureux père,
tous ses rêves s'envolaient, et il fut de',l'avis
de i'aveuglo directeur pour blâmer à ou»
trance le jeu et la diction de Lilas.
Il gronda sa fille, il la ! secoua (pour parler
son langagehabituel), et,après avoirpendant
quelques mois recommencé ses courses in
fructueuses pour trouver un engagementà s'a
fille, après avoir essuyé une foule dé refus
qui devaient faire honneur à la ténacité et
à l'amour théâtral du pèra de la jeune fille,
la pauvre enfant eut enfin la permission de
reprendre, mais rien que momeptanément,
sa modeste aiguille.
Car M. Wolfreild partait.pbur la province,
ainsi qu'il vint l'annoncer à sa fille, afin, di-
sait-il, de : savoir, en compagaie de quel
ques-uns de seschers et remarquables amis,
esprits curieux comme lui, à quel degré de
civilisation les habitans de ces pays étaient
arrivés, et ce en notant l'enthousiasme mon
nayé que feraient naître leurs représenta
tions.
Il partait toute une troupe de comédiens
éprouvés, gens ayant fait de nombreuses
campagnes et pouvant, au besoin, jouer la
comédie, le drame, le vaudeville, et chan
ter le grand opéra, de même . déclamer la
tragédie; Ali ! la tragédie; c'était son fait)
à lui, le beau Wolfreild.
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