Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-02-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 février 1870 24 février 1870
Description : 1870/02/24 (Numéro 55). 1870/02/24 (Numéro 55).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
SS« ANNEE.—Si" S8.
BUREAJJX A PARIS: ru« de Valois.(Palais-Royal)
'K.^'r i.I-:I,_\!,\ ,
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JEUDI 24 FEVRIER S 870.
aimmmmtemaitmeeB«mB!aa^utuiMmiMiBmœitumeti&S3>sfaimsieas9 ■■
ABONNEMËNS DES DÉPARTEMENS.
TROIS MOIS
SIX MOIS.... y..,.v
ON AN«> Hji-rveai
16 FS.
32 FB J
61* F&. !
-PODR LES PAYS ÉTRANGERS, YOÎT le tableau
publié les s et 19 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. IG ibut et C®.
rue des Bons-EDfans,' 19.
JOURNAL POLITIQUE LITTEE4TRE UNIVERSEL.
ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS .'.nV.'. v 13 Fa.
SIX MOIS.!....i.'fS ra -
UN AN,.v».v.»: B2
UN .NUMÉRO 20 CENTIMES,
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place de la Bourse, 8, à M.'D uport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu,
tion par l'adïnistration [du journal. >
de modification
PARIS, 25 FEVRIER.
Contrairement à l'opinion générale, la dis
cussion sur l'interpellation relative aux can
didatures officielles ne s'est pas terminée
aujourd'hui. .
On comprend aisément que la Chambre,
Ou plutôt la majorité, attache une grande
importance à une question qui doit lui te
nir au cœur; cependant, nous avouons que
nous ne comprenons pas cet ajournement
s du résultat final> après les déclarations si
explicites, si nettes, de M. le gaTde des
sceaux.
Il semble que chacun doive savoir à quoi
s'en tenir sur la politique du gouvernement
et nous ne voyons pas ce qu'une séance de
plus peut ajouter à la vive lumière que la
discussion' d'aujourd'hui a jetée, sur la
question. " #
L'opposition voulait connaître l'opinion
du gouvernement ; à cet égard elle ne sau
rait plus avoir de doutes. A quoi bon, dès
lors, prolongerons discussion qui, au point
où elle en est arrivée, ne saurait plus rien
apprendre à personne ?
M. Ém. Ollivier a exposé la doctrine gou
vernementale, en tant que thèse générale et
théorie ; il a fait plus : il a dit, en termes
qui ne peuvent laisser d'hésitation dans
aucun esprjt, quelle 'attitude le cabinet
comptait-observer. - >
En théorie, lis' droit du gouvernement,
c'est là faculté d'indiquer ses préférences,
défaire connaître à ses amis le candidat
qui, suivant lui> représente le mieux sa
politique; mais le cabinet professe le res
pect le plus absolu de la volonté du pays,
de la souveraineté nationale, et il entend ne
pasuser dece droit. Son principe,c'est la neu
tralité la plus absolue. Il voudrait que les
mœurs politiques fussent assez viriles pour
que le gouvernement n'eût pas à" intervenir;
que les comités du parti'ministériel s'orga
nisassent en regard deceux de l'opposition ;
gue les amis du gouvernement apprissent à
se compter, à s'organiser; L'intérêt social,
bien" supérieur! un intérêt politique tou
jours passager, l'èxige. !
Cè n'est pas au gouvernement à soutenir
ses amis ; c'est à. ces derniers-qu'il appar
tient de soutenir le gouvernement.
À ces déclarations, si explicites, M. Segris
estvènù joindre les siennes; il a dit qu'il était
résolu à interdire aux instituteurs toute es
pèce d'imtaixiion dans les opérations-élec
torales.
Ce programme a provoqué les énergiques
approbations de la gauche^ Nous ne saurions
dire qu'il ait câusé une aussi agréable sur
prise à la majorité.
Ce n'est 'pas, en effet, sur de telles décla
rations qu'elle semblait compter, si nous
en jugeons paT les discours de MM. Du Mi
rai et Dugué de la Fauconnerie.
M. Du Miral nesauraitconaprendre la neu
tralité du gouvernement ; M. Dugué . de la
Fauconnerie admet, lui aussi, une certaine
intervention légale; c# dont: il,ns veut pas,
c'est de l'ingérence arbitraire-.
Mais, en pareille matièrèj où commencé,
où flùit l'arbitraire? L'intervention du pou-
Toir, à quelque titrerque ce soit, n'est-elle
pas déjà l'arbitraire, et'M. Grévy n'avait-il
pas raison quand il disait : aLa simple dési
gnation fait sortir lo" gouvernement du rôle
où il devrait se renfermer, car elle entraîne
^forcément l'intervention directe. Quand le
gouvernement se prononce, il ne peut pas
s 'exposer à ùn échec et, coûte que coûte,.il
faut qu'il ait raison ?»
' M. Em. Ollivîrêr l'a parfaitement compris,
ètc'est ce qui l'a-amenéà faire à la Chambre
et au pays les' déclarations si nettes, si caté
goriques qui forment le fond dason discours.
M. Chevandier da Valdrôme s'était borné
à donner l'assurance que le gouvernement
n'exercerait sur la volonté des électeurs au
cune jjression^âbusive ; mais il ajoutait
qu'il se réservait de dire où étaient ses amis,
où étaient ses ennemis.
. M. Emile Ollivier est allé pluslein et, aux
applaudissemens de là gauche, il a professé
lerespect le plus absolu dusuffrageuniversel.
C'est, : en d'autres ternies, la liberté électo
rale la plus entière,, la plus loyale, qu'a
proclamée l'honorable garde des sceaux.
Nous n'hésitons'pas à le dire : pour nous,
la Yérité est là. Cette vérité n'est périlleuse
qu'à la condition que le parti gouvernemental
s'abandonnera'lui-môme; mais n'est-il pas
temps qu'il s'habitue à faire face à ses ad
versaires et qu'il cempte sur ses propr#s
forces, plutôtque "sur celles que la centralisa
tion administrative met aux mains du. pou
voir? Ainsi que M. Emile Ollivier l'a dit avec
un courage dont il faut lui savoir gré : c'est
à lui à soutenir le gouvernement et non au
gouvernement à le soutenir. - :
Il faut savoir gfé à M. le garde des sceaux
de ses fîères et énergiques déclarations.
Loin de se décourager, nous souhaitons
que la majorité puise dans la situation
qui lui est faite\ une nouvelle énergie, des
dispositions plus viriles. 'L'administration
et la justice doivent rester en dehors.des
compétitions électorales. La lutte ne peut
qu'être égale entre tous lespartis.Le jour où
ils sauront que la victoire doit rester au plus
énergique, au plus actif,, à celui qui procla
me les principes lts plus justes, les plus en
harmonie avec les intérêts de tous, la cau
se du gouvernement du pays par le pays se
ra gagnée. ; ;
Quant à nous-qui voulons- la sincérité du
gouvernement représentatif, nous nous ran
geons sans réserves aux ^doctrines de M.
Emile Ollivier ; car, à nos yeux, elles sau
vegardent le principe, même du gouverne
ment parlementaire, dont la force dépend
désormais de son union intime, franche,
indissoluble aygc le pays.
■-■■■■■■■. < AM. MATAGR1N.
BULLETIN POLITIQUE.
Il y a des gens qui sont bien difficiles à
contenter, par la raison toute simple qu'ils
ne veulent pas s'avouer contentés ;. il,,y. a
aussi des gens qui questionnent toujours et
prétendent qu'on ne leur a pas. répondu
parce qu'on leur a répondu des vérités du
res à avaler. Le Siècle appartient à ces deux
catégories'd'esprits. Seul peut-être "do- tous
les organes de la presse, il trouve que M. le
ministre des affaires, étrangères n'a pa? ré
pondu à M. Jules Favre., Oh I nous sau
vons -bien . pourquoi le Siècle entend si
mal. C'est que M. le comte Daru a rappe
lé^ bien'à propos, qu'en 1848, alors que les
amis du Siècle étaient au pouvoir, les insi
nuations maj veillantes et haineuses diri
gées aujourd'hui contre le ministère du 2
janvier ont été dirigées contre MM. Jules
Favre, Garnier-Pagès, • Bastide, Lamartine.
Rappeler , les mésaventures da ces Mes
sieurs, honnis alors- par lès radicaux ,
c'est toucher à une plaie vive du Siècle
et de quelques-uns de ses inspirateurs ac
tuels. Nous \disons « quelques-uns », parce
que nous ne saurions jamais admettre-que
certains hommes honorables, modérés, dé
voués à la cause de l'ordre, et qui sont in
téressés dans l'entreprise du journal le Siè
cle, approuvassent les violences et les invec
tives rivolutionpqires qui s'étalent,journel
lement dans les colonnes de cette feuille. *
Ces hommes, conservateurs et libéraux,
feraient certainement acte de «. civisme », en
imposant un_peu de mesure aux.fougueux
adeptes de la « jeune république » . ; •
- 11 y a, dans le discours^ de M. Daru, en
core un autre point qui mérite tout particu
lièrement attention. L'honorable ministre,
s'.expliquant sur la situation du cabinet vis-
à-vis de la Chambre, a fait ressortir cette
pensée éminemment constitutionnelle : Le
jour où la majorité refuserait son concours
aux ministres, ceux-ci en appelleraient au
souverain, pour qu'il décide entre la. majo
rité et le cabinet. Cette déclaration, ferme
sans manquer de déférence à l'égard de la
Chambr^ met à leur place bien des. choses
que la polémique et les discours de la gau
che sur la dissolution avaient cherché à dé
placer.
Enfin, Êi nous avions à rechercher les mo
tifs du vote d'hier; nous dirions que, par
son vote même, la majorité a réellement dé
montré qu'elle représente le' sentiment du
pays, qui veut le progrès libéral sur la base
du sénatus-consulte de septembre et du
programme du ministère, mais qui veut
dès à présent que la Chambre, faisant trêve
aux discussions oiseuses et aux questions,
futiles, arrive promptèment aux réformes
pratiques et à l'expédition des affaires ur
gentes,
. Le jeune comte de Derby a cru devoir re
fuser le poste de Jeader que-le parti conser
vateur de la Chambre des lords lui avait of
fert; Il explique cette résolution dans une
lettre adressée à lord Colville et publiée .par
le Globe. « Pour qu'un parti », dit-il , « soit
dirigé d'une manière avantageuse, il est es
sentiel que son chef ait en même temps de
l'influence et de l'expérience. Sans cela, non-
seulement les affaires du-parti, mais celles
du peuple lui-même, en souffrent.' Or, je
n'ai pas besoin de vous dire que je suis
nouveau venu dans la Chambre des ; Iordg ;
vous ne m'accuserez donc point d'affecter la
modestie si je prétends que la situation de
chef de parti, quelque honorable et imr
portante qu'elle soit, ne me semble con
venir, ni â mes habitudes ni à mon tempéra
ment. »
Une dépêche adressée de Genève à l'A
gence Ilavas annonce que don' Carlos qui
s'était rendu à Lyon avec quelques-uns de
ses partisans, a été invité à s'éloigner des
frontières de l'Espagne* Le gouvernement
français n'a pu agir autrement à moins dé
froisser le gouvernement -établi à Madrid et
avec lequel la France entretient de bons
rapports. Voilà, si nous nanous trompons,
tout ce qu'il convient de voir dans cet inci
dent. ~
Le duc de Madrid a préféré retourner en
Suisse.- . , •; i '
EDOUARD SIMON.
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
AGENCE ÎIAVAS.
' Etats-Unis.
New ïork, 22 février,
Sur le territoire do la Rivière Rouge, le chef
insurgé Riell a fait emprisonner lo gouverneur
de la Compagnie de la baio de Hudson et les
•autres'employés pour avoir essayé de persua
der aux habitans d'abandonner l'insurrection.
Le bruit court que la résolution proposée ù la
Chambre de Washington, en faveur do l'aug-,
mentation du papier-monuaié, rencontrerait au,
Sénat une vigoureuse .opposition*. ' - '
. ^ésulsse. ..
Genève, 22 février, soir. _
Don Carlos vient d'arriver dans notre ville".
Voici, d'après, les rensèignemens qui nous
parviennent, «e qui a motivé l'arrivée du pré
tendant espagnol sur notre territoire. r '
Don Carlos, voyageant avec un passeport au
trichien, au nom du marquis d'Alcantara, était
arrivé à Lyon, où il s'est rencontré avec le due
do Modène, venant de'Romo, lequel'lui aurait
remis''des fonds assez considérables des
tinés à faire la contre-révolution en Espagne.
Don Carlos, en quittant Lyon, devait, assure-
t-on, se diriger sur la frontière d'Espagne. Les
autorités françaises avisées lui communiqué-.
rent le désir du. gouvernement français de le
voir séjourner dans une ville du nord do la
France, s'il ne préférait aller à,l'étranger.
.... Beat Garros, .ayant opté pour l'étranger, fut
accojïipagné jusqu'à la frontière suisse. Il était
accompagné, à Lyon, de personnes importantes
de son parti, lesquelles so sont cachées ou dis
persées. • v
teBeagia®. .
- Madrid, 21 février.
Une manifestation pacifique a eu lieu. Plu
sieurs milliers d'ouvriers se sont réunis, do-
mandant du travail au ministre des travaux pu
blics.
Demain se réunira un nouveau meeting.
Aux Cor lès, M. Canovas a présenté une péti
tion signée de 9,000 Cubains et Espagnols,
-demandant l'ajournement, des débals s »r la con
stitution de PuertorRico.
1 Après une vive discussion engagée entre MM.
Canovas, Romero et les députés de Puerto-Rico,
1e débat a été ajourné.
■■ Italie. ■ '
Florence', 23 février.
- Les journaux de Naples continuent à donner
des détails sur.la crise dos banques dites d'u
sure; Leur passif s'élèverait à plusieurs mil
lions.
,Les saisies et les arrestations continuent.
France;
. Toulon, 22 février, soir.
La tempête, soufflant du nord-ouest, a re
tardé lo départ'des trois navires égyptiens cé^
dés à la Turquie. Djemil-Pacha a engagé dés
marins du commerce pour former .des équipa
ges provisoires, et a réglé définitivement toute
cette affaire.
SERVICE DE NUIT.
PjPŒflg®.
- Berlin, 23 février.
La Gazette de la Croix publie une dépêche
de Saint-Pétersbourg portant quo M. .Burlin-
game, chef do l'ambassade chinoise, est mort
ce matin.
■ • -Avtrleke.
Vienne, 23 février.
Hier, M. Jay, ministre d«s Etats-Unis d'Amé
rique, a donné, à l'occasion do l'anniversaire de
la naissance de Washington, un dînpr diploma
tique auauol ont assisté M. do Beust et les
chefs des légations étrangères. M. de Beust a
porté - un toast dans lequel il a fait allusion à
l'accusation portée contre lui do vouloir intro
duire des changemens dans la politique inté
rieure ; en terminant, il a déclaré que, dans
tous les cas, il ne désirait aucun changement
dans, les rapports amicaux qui existent entré
l'Autriche et les Etats-Unis d'Amérique. Le duc
do Grammont, ambassadeur de France, a parlé
delà vieille amitié qui unit la France et l'Améri
que et a vivement exprimé les vœux que son
souverain forme pour le maintien inaltérable de
cetté amitié. , .
Egypte.'
Port-Saïd, 22 février. '
Le vapeur des Messageries impérial Meïnam
de 2,000 tannes, calant 8 mètres 90, venant de
Calcutta et allant à Marseille, a traversé le ca
nal de Suez. ' '
Transitent, dans cette, même journée du 22
février, quatre vapeurs anglais. : Breadalbane,
Hotspur, Spartan et IleadquuUers.
Ont transité en outre, depuis le 1 er février :
8 steamers anglais, 1 steamer espagnol, 1 stea
mer et 'l voilier autrichiens, 2 steamers et 2
voiliers égyptiens, 1 steamer turc et l voilier
français. ! \
COURS DE LA. BOURSE. '
COUBSDB CLOTURE. 1« 22 !& 23 HïUSSe. BiUSSi
36/0aucompt. 73 85 7.4 05 » 20 » »
■^-Fin du mois. 73 87 74.10 » 22 » »
41/2aucompt. 104. » 104.70 » 70 » »
M. le comte Daru a obtenu hier un très
grand et à notre sens très légitime succès.. Il
a parlé net et droit,, il a-dit ce qu'il avait à
dire, sans chercher à atténuer l'expression
de : sa pensée par des circonlocutions habi
les. Son discours peut se résumer ainsi r
. « Nous avons accepté le pouvoir, parce
que nous avons vu la possibilité et nous
nous sommes senti la. force do fonder en
France,un régime sincèrement libéral. Nous
savons où nous allons et ce que nous vou
lons faire. Si la Chambre ne nous crée pas
de difficultés, nous nous appuierons sur elle
sans discuter ses origines. Si elle nous re
fuse .son concours, -nous conseillerons à
l'Empereur d'opter entre elle et nous. »
Ce langage ne nous déplaît point et l'at
titude presque enthousiaste de la Chambre
dénoté qu'elle comprend à merveille la si
tuation qui lui est faite par l'avènement d'un
ministère et l'adoption d'un système entiè
rement nouveaux.
Toutefois, bien (jue nous soyons*très por
té à applaudir à toute déclaration franche
il nous paraît que le ministère aurait pu ap
porter quelques ménagemens dans l'exposé
de ses intentions.
En suspendant à la voûte du Corps Légis
latif une dissolution tle Damoclès, M. le
comte Daru entame forcément l'indépen
dance de la Chambre et il lui enlève un peu
de cette autorité qui lui .est si nécessaire
en raison même des attaques dont elle est
l'objet. ■
Il ne convient pas cependant de nous
montrer plus susceptible que la Chambre
elle-même. Les députés,,en adhérant pure
ment et simplement au programme minis
tériel -qui comporte une dissolution éven
tuelle, ont paru comprendre que si l'accord
entre une Chambre élue sous un autre ré
gime et un ministère qui est l'expression
bien évidente des aspirations nouvelles ve
nait à se rompre, l'Empereur ferait sage
ment de consulter le pays sur l'ensemble, de
la situation. . '
Il y a là une preuve de bon sens et de
patriotisme dont il faut tenir compte h
notre représentation nationale.
Dans sa réplique à M. le comte Daru
M. Jules Favre a été plus heureux qu'à la
précédente séance. Il a dit de fort bonnes
choses, et surtout il nous a donné une in
dication précieuse, qu'il importe de ne pas
laisser perdre ; c'est que l'opposition se
fractionne et que la portion la plus modérée
de la .gauche n'attend qu'une'nouvelle
étape libérale pour se rapprocher.
Cette étape se fera. Il viendra un jou
où personne ne poûrra plus méconnaître la
volonté du pays , manifestée par de-libres
élections, où la légitimité du Corps Lé
gislatif ne. sera plus contestée par per
sonne. Ce jour-là, M. Jules Favre et ses
amis se rallieront ; il. ne restera en dehors
du terrain constitutionnel que cette opposi
tion haineuse et malsaine, dont nul gouver
nement ne peut espérer, et nous ajouterons
ne doit rechercher, le concours : l'œuvre sera
achevée.
v : R obert M itchell.
Le deuxième projet de loi déposé par M.
de Kératry demande la création d'une mili
ce algérienne, recrutée exclusivement parmi
les militaires âgés de vingt-quatre ans.
Ces miliciens occuperont la zone fron
tière qui sépare le Tell du Sahara; chacun
d'eux recevra vingt hectares de terrain gra
tuit et s'engagera en échange à prendre les
armes, à la première réquisition, jusqu'à
trente-cinq ans févoluSi
L'article 3 du projet de loi prescrit un
uniforme et spécifie que les miliciens seront
soumis à la discipline militaire et à un rè
glement intérieur déterminé ultérieure
ment.
Nous avouons humblement ne pas com
prendre comment un pareil projet a pu éma
ner d'un membre de la gauche, c'est-à-dire
de cette fraction de la Chambre qui ne cesse
de demander la suppression du gouverne
ment militaire de : notre coloniè algérienne.
L'idée de former des cosaques algériens
nous avait paru d'autant plus singulière!,
que nous croyions nous rappeler que ces
organisations étaient inconciliables avec un
régime civil et même avec l'état social actuel
des nations civilisées.
Pour l'édification du public nous don
nons quelques ' renseignemens 1 sommaires
■ sur les milices préposées à la garde, des "fron
tières chez les autres peuples.-'
Les cosaques forment des colonies mili
taires tout le long des frontières méridio
nales de la Russie, de l'embouchure du
Dniester à celle de j'Amour, et sont chargés
de la double mission d'assurer le servie
militaire de leurs provinces et- de Cultiver //?- ,
les terres qui leur sont concédées. Ils CVr-
ment dix groupes- annés dont les princi6^^J. ; ; KV'': l Si ;
sont formés par les cosaques de la mer
ou Tchernomores, les cosaques du Donr*''^-7^?
Cauease," d'Orenbourg et de Sibérie/V£fe^';V v ; 5 '/.<
population cosaque, y compris les Bac^^f^'^
kirs, s'élève en tout à 2,462,000 âmes, et- ~
peut mettre en ligne 216,000 hommes. .
Chaque armée de cosaques est comman
dée par un chef qui réunit dans sa main les
pouvoirs civils et militaires. Les pays cosa-.
ques sont divisés en arrondissemens, ^eux-
ci en communes ou stanitzes. - Chaque sta-
nitze a une sorte de maire, élu pour trois
ans, chargé de l'administrer. A l'exception
de quelques hauts fonctionnaires d'origine
russe, nommés par lè czar, l'organisation
dexes tribus est essentiellement démocra
tique. . *
Si c'est là ce que désire M. de Kératry,
qu'il le dise tout de suite, nous lui ferons
seulement observer que les Cosaques ont
autour d'eux des espaces immenses que n'au
raient pas nos colonies de l'Algérie où, de
même qu'au Mexique, la moindre parcelle
'du sol a un propriétaire.
L'ensemble du projet de M. de Kératry
semble indiquer que son auteur s'est pluldt
inspiré de l'organisation des régimens fron
tières de l'empire aus,tro-hongrois. La lie-
vue militaire française , . du 1 er novembre
1869, a publié sur les confins militaires une
étud* consciencieuse dont nous conseillons
la lecture aux personnes que séduirait l'K'
dée d'une milice algérienne.
Voici, en résumé, ce que la Revue nous
apprend sur ces colonies, dont l'organisa-.
. tion est peu connue en France.
Dans un conseil des ministres tenu à
Vienne, à la fin du mois d'août, et présidé
par l'Empereur en personne, la dissolution
des confins militaires a été décidée en prin
cipe. Un décret impérial rendu en confor
mité de cette décision a déjà -commencé à
être mis en vigueur. • . / . •
Ces colonies ont été organisées vers lo
milieu du seizième siècle, par Ferdinand I er ,
le successeur de Charles - Quint comme
empereur d'Allemagne. De même les milices
dont M. de Kératry demande la eréation,
elles avaient pour mission de défendre la
frontière contre les incursions musulmanes,
et pour les dédommager on leur donna des
tenes exemptes de toute taxe. Ces terres
représentaient ainsi l'équivalent du service
militaire exigé des colons.
Jusque-là, rien de plus simple ; se/ule-
ment il devint impossible à un étranger do
s'établir dans les confins ; car il lui fallait
préalablement obtenir une permission spé
ciale pour s'installer,et se soumettre ensuite
aux obligations du service militaire.'Cela
explique pourquoi il n'y a dans les confins
ni industriel, ni commerçant. Le paysan y
est à la fois laboureur et soldat \ les ' admi
nistrateurs, les maires des communes, les
juges, les instituteurs. sont des milita'ires
pçur la plupart officiers.-
Avec ce régime, les confins sont restés en
arrière de la civilisation moderne/leurs hà-.'
bitans ont vécu dans un état de pauvreté
et d'ignorance d'autant plus regrettable que
cette fertile contrée renferme dans son sein
d'abondantes richesses encore inexploitées.
Ces diverses causes ont amené la dissolu
tion des conflins."
. Pour tout observateur impartial, il est
évident que le projet de milice de M. de Ké
ratry donnerait dans un avenir peu éloigné
les mêmes résultats négatifs. Une fois les
terres occupées et divisées par tranches de
vingt hectares entre les chefs de famille ins
tallés les premiers, que ferait-on des excé-
dans de population? Ces exemples ne prou-*
vent-ils pas que la création d'une milice al
gérienne dans ces conditions n'est qu'une
chimère qui peut séduire à première vue
mais na supporterait pas un instant "les
épreuves d'une application sérieuse?
, Prenons donc pour modèles les Aï^îo-
Saxons, nos maîtres à tous dans l'art si dif
ficile de la colonisation. Ils instituent des
milices dans les provinces pacifiées, et em
ploient exclusivement les tro.upes régulières
à contenir: des voisins incommodes. Aux
Etats-Unis, 1 armés tout entière, à l'excep
tion de quelques faibles détachemens, est
cantonnée dans les Border States pour s'op-
Ji'eunictoh du Constitutioanel, 24 fév.
UNE AMIE DU PENSION
Paméla Wolfreild avait été élevée dans un
des grands pensionnats,de Pajis, au milieu
la finance, et quelques-unes à cette partie
du commercé qui'finit à la longue, à force
de labeur, d'économie et de savoir compter
deux fois le même sol, par se faire un bla
son de sa caisse.' ■
Car, à l'heure présente, les écus sont une
noblesse, hélas 1 ët ils ne sont ni la .moins
■ insolente, ni la moins, redoutable surtout,
de toutes les 1 aristocraties de- notre épo
que.
Paméla Wolfreild n'appartenait à au
cune de ces coteries, elle ne rejetait d'au
cune de ces castes, elle n'avait ni fortune,
ni nom, ni relation, ce qui tient quelque
fois, je devrais dire le plus souvent, au
temps'où nous vivons; ce qui tientj dis-je,
presque toujours lieu de l'un et dfi l'au
tre.: - - ■■■■ V" .
Elle était la fille d'un organiste de je ne.
sais plus quelle brillante paroisse de Paris;
est organiste avait été recommandé à la
propriétaire et maîtresse da ce .grand peur-
sionnat, par une influente et pieuse dame,
par une de ces dames qui placent toujours
avantageusement les gens qui- tiennent à l'E
glise par un lien quelconque. Cette présen
tation avait été fàite avec' des mots si bien
«ouverts dé sourire, * si parfaitement ipsj-
nuans et.avec de si savantes réticences, quo
La maîtresêe de pension né crut pas prudent
de refuser l'organiste comme professeur en
seignant la musique profane et sacrée aux
jeunes filles dont J'éducattès llîi é'ait confiée.
" Cet organiste était' uti grand bel hotrnnè,
de quarante-huit à cinquante" ans, sur le
visage duquel la misère et la vie sous tou
tes ses formes désastreuses, diverses et pas
sionnées, avaient laissé les profondes; traces >
d'un passage difficile.
Qu'and la maîtresse et le musicien furent
en.préspnee l'un de'l'autre pour la première
foi?, et qu'ils eurent à traiter des conventions
qui les devaient lier ensemble par un coin de
leurs intérêts, ils se considérèrent des deux
parts assez curieusement et avec la minu
tieuse attention de gens qui ont à each'er ce
qui sepasse en eux, non-seulement dans la
crainte d'être exploités, mais encore en re
doutant de trouver un ennemi dans leur fu
tur associé, car la méfiance est encore la
commune et très légitime maladie de notre
tjsmps.
Cet homme sèrait-il un espion de quelque
famille influente, tenant soit au curé de; la
paroisse, soit à quelque institution religieu
se rivale ? se. demanda la maîtresse assez
anxieuse et fort perplexe. Peut-être joue-t-
il les deux rôles à la fois, se répondit-elie;
ce qui était peu fait pour la rassurer, car
on a beau être le souverain absolu de tout
un petit monde, on a toujours beaucoup da'
choses à redouter, quand on a une position
qui relève du bon plaisir de tant de mères
et d'un si grand nombre de gens- pouvant
avoir une influence suf ces ipamans - là
dont l'humeur ne jouit pas de l'infaillibilité
papate.
—• Comment cet}e femme va-t-elle m'ac-
cueiilir, se disait tout,bàs, § P en "
dant ce temps-là,l'organiste, qui ne se sen
tait lui aussi que tout juste à son aise pen
dant cette première entrevue, et de combien
déchirés me faudrart-il réduire, on sa
faveur, .la total de mes leçons quotidiennes?
Car il était bie» pprsijadjB que pour l'accep
teril fallait que la maîtresse y trouât son
avantage, écus sonnans.
Néanmoins, les.longues réflexions ne
semblaient pas Être de la compétence du
musicien, pas plus que 1/3 déd ( ai.e <}e Ja, dis
cussion, avec ses mille ciie.œijis détournés j
alors il se rapprocha un peu vîvement'dô la'
maîtresse, tourna une ou deux secondes son
chapeau passé dans ses mains anxieuses,
puis il lui dit brusquement, d'un air A demi
tyon enfant, à.demi brutal :
— Madame, si j'avais l'honneur d'être
connu de vous, vous sauriez que'je ne vais
jamais par quatre sentiers pour arriver k>
mon but ; comme je désire que vous eh soyez
persuadée tout de suite, je vais vous ex
pliquer immédiatement eten quelques mots
quelles sont mes ambitions.
Je vous écoute, Monsieur, , tresse en minaudant. ; ,
Le musicien n'y fit pas attention , ; il
en avait bien vu. d'autres, aussi continua-
t-il: .
— Je yeux gagner assez d'argent pour
pouvoir, d'ici à. pas trop longtemps, me re
monter une , gardé-robe d'artiste et mettre
mes cosiumes," mon talent et moi aux pieds
d'un directeur un^peu soigné. • -
La dame eut un mouvement d'éloijhe-
ment très naturellement joué.
— Vous'voyez ça d'ici, continua le musi
cien.
— Mais, Monsieur... 1 s'écria la maîtresse.
-~Baste,on fait son salut et sa fortune par
tout, et pour être l'interprète des chefs-d'œu-
vres des grands maîlros, je. vous prie de croi
re que je n'en suis pas moins un fort hon
nête.homme et un très bon chrétien. Je
me trquye dans une msûvaise passe, très
mauvaise, ët pour cela j'ai accepté d'être
organiste; mais cela n'est pas mon art : mon
art c'est le théâtre. Il me faut donc quet-
qijps sacs de nulle francs pour me remon
ter; alors", bonsoir la compagnie, plus per
sonne à l'orgue, plus personne à la pension,
car vôyez-vous, Madame, ces "messieurs des
églisesned,Qnneqtpoaî , jouer leurs antiennes,
dont je fais des po.ème§, que bien juste de
quoi ne pas mourir de faicù. Ils ûe àoqt pas
généreux, mésseigaeurs les prêtres, c'est là,
je vous le jure, leur moindre défaut; regar
dez pljitôt mon équipage qui l'atteste haute
ment. • r ^ *
Le fait'est qu'il n'était pas élégant, le mu
sicien; aussi se mit-il-à rire,tout liaut et de
bon cœur de la saillie qu'il venait de faire,
car jamais plus pauvre mine et plus triste
mise n'avaient été étalées plus gàîment.
—« Chut 1 chut ! dit alors la maîtresse
de pension, en faisant de grands signes des
yeux, de la tête et même de la main pour
imposer silence- au bruyant causeur : par
lez bas, lui, dit-elle, de grâce, Monsieur,
veillez sur vos paroles; sait-on jamais qui
p.eut nous entendre? Les murs ont des
oreilles et les plus petites ne sont pas les
moins redoutables : petites oreilles, grande
langue; faites votre profit de ce proverbe
dont vous ne sauriez trop vous pénétrer.
— Je vais parler bas, -reprit lo maître de
musique, et vous ; dire ma seconde ambi
tion; puisque je jo.ue avec vous cartes sur
table, pas'de réticences; que voulez-vous!
c'est ma nature à moi, j'ai le cœur sur ïa
main.
J'ai une fille, côntinna-t-il, mais là, un
amour de petite fille: elle a huit ans, cotte
mignonne ; mais, voyez-vous, c'est un mi
racle d'enfant.; elle lit la musique comme
vous, Madame, vous pourriez lire un livre
imprimé par l'imprimerie impériale; elle
chante comme chantait la fljalibran; elle
touche du piano presque aussi bien que
moiY cette'mignonnè c'est un Listz. en ju-
Eon, je vous l'affirme sur mon honneur. Eh
ien I je voudrais que ma. fille entrât chez
vous comme élève, et que vous me la gar
diez jusqu'à ce qu'elle soit "une grande de
moiselle. Je lui veux une éducation super
be, je me charge de continuer seul son édu
cation musicale; mais pour-tout le resté,
cela ne regardera que vous, vous-ne ferez
jamais trop bien, et. je vous revaudrai votre
peine et vos déboursés sur les leçons que
voustae ferez donner dans votre pension
nât: Enfyn. il me semble que nous Wus ar
rangerons toujours facilement, vous et moi;
pourvu que vous y mettiez un peu de bon
ne volonté ; moi, de mon côté, je suis dis
posé à en mettre beaucoup.
— Je ne demande pas mieux, Monsieur,
je vous iprie de la croire } rçjjqiyljt 1'$ maî
tresse de pension qui, après avoir réfléchi
un-instant, reprit : Amenez-moi votre fille
quand vous voudrez, car, ainsi que vous le
dites, j'aime à croire que nous nous arran-:
gérons toujours à notre commune satisfac
tion.
— Demain matin, en venant pour donner
mes premières leçons, si vous Je voulez
bien, je vous présenterai Paméla ; le plus
tôt ne sera que le mieux. • L'enfant sera
beaucoup plus heureuse chez vous que chez
moi : car ma vie manque d'ordre, de calme,
de suite ; que voulez-vous! c'est le malheur
de toutes les "vies d'artiste, la muse nous
mène, et nous ne prenons jamais la peine
dé considérer les chemins,par lesquels il lui
plaît de nous conduire. , ,
•— Et puis je vous donnerai, si vous juge?
que ce soit assez pour les soins musicaux
que vous prendrez de mes élèves, continua
la maîtresse de pension, la somme de cent
francs par mois ; mais je me chargerai non-
seulement do l'éducation de la petite, ma.is
encore de toutes les menues dépenses qui la
pourraient concerner 5- j'en ferai? mon en
fant I soupira la daçoe, afin de prendre le
pauvre et fol artiste par le cœiir. Ah ! c'est
c'est prendre charge d'âme et charge d'écus
aussi, je vous l'affirme ! Si j'insiste là-des
sus, c'est que je voudrais vous voir prendre
cette considération au taux qu'elle mérite.
— La seconde paytie de votrè discours me
semble assez belle, Madame, je ne saurais
vous lo dissimuler;- mais la première est
bien légère, ma parole d'hqnn&ur, reprit
l'organiste, qui avait employé à cette' phrase
toqte lq finesse de dissimulation dont il était
capable5 et, certes, il lui en avait fallu beau
coup pour ne pas être ébloui, dès le princi
pe, des offres qu'on lui faisait et qui dépas
saient ses plus secrètes, comme sç$ plus
ambitieuses espérances.
La maîtresse avait les'iêmerit fui* ' *
cul (elle était très foïib ; . ■:* co ,
pbi<¥r«s otl i la science des
pJM? 8 ' femme-là)'i J'ai au moins
vingt élèves qui apprennent la musique
quelquefois plus, à trois francs par cachet*
au bout du mois, cela fait neufc&nts francs!
Si j'en donne cent à ce monsieur et que sa
fiUa m'en coûte deul fois autant, et c'est
tout le bout du monde, il me restera enco
re six cents francs, ce qui est bien raison
nable pour un gain aussi facilement acquis
de ma partisans compter qu'en élevant la
petite fille chez moi, le père pourra trouver
mieux ailleurs, sans jamais obéir à l'envie
de me quitter; puis la charité est très bien
vue dans la situation que j'occupe et je "re
tirerai un grand avantage d'avoir, aux yeux
de tout le monde, adopté cette pauvre peti
te, presque par bonté d'âme.
— Ah ! Monsieur,, reprit-elle tout haut '
votre fille sera- auprès de moi comme auprès
d'une mère, et les appointemens que je vous
offre, joints aux charges de son éducation
de son entretien et d© sa nourriture, sont ié
vous assure, tout ce qu'il m'est possible de
taire pour attacher un maître de musique à
mon établissement:car rien n'est capricieux
comme le goût des enfant, par contre com
me la volonté des pârens, pour cet art'd'a
grément, Si.cela ne vous semble pas suffi--
sant... j'aurais le très vif regret... "
— Vraiment si, interrompit l'organiste
qui craignait de voir la maîtres^ âe pen
sion sç dédire; il faut bien accepter ce que
vous m offrez; mais je ne, "ie fais que dans
1 intérêt de l'enfant. AUens, j'accepte n'en
parlons plus. E,t saluant théâtralement la
dame, tr$s heureuse de ce résultat il
joignit le geste à la parole, s'empara de son
chapeau, salua de nouveau jusqu'à terre et
sortit vivement. .
^ Cas conventions avaient donné une mè*e
a Pamela et ce fut sous ces auspices qu'elle
entra dans une des plus brillantes pensions
dePaqs.
HIe D'IGOttHË,
{La suile à un prochain numéro).
BUREAJJX A PARIS: ru« de Valois.(Palais-Royal)
'K.^'r i.I-:I,_\!,\ ,
5»W
^ B
JEUDI 24 FEVRIER S 870.
aimmmmtemaitmeeB«mB!aa^utuiMmiMiBmœitumeti&S3>sfaimsieas9 ■■
ABONNEMËNS DES DÉPARTEMENS.
TROIS MOIS
SIX MOIS.... y..,.v
ON AN«> Hji-rveai
16 FS.
32 FB J
61* F&. !
-PODR LES PAYS ÉTRANGERS, YOÎT le tableau
publié les s et 19 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
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JOURNAL POLITIQUE LITTEE4TRE UNIVERSEL.
ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS .'.nV.'. v 13 Fa.
SIX MOIS.!....i.'fS ra -
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Los articles' déposés ne sont pas rendus."
Les A nnonces sont reçues chez MJL F auchet , L affite, B uixie» et C e ,
place de la Bourse, 8, à M.'D uport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve d'examen, et, s'il y a lieu,
tion par l'adïnistration [du journal. >
de modification
PARIS, 25 FEVRIER.
Contrairement à l'opinion générale, la dis
cussion sur l'interpellation relative aux can
didatures officielles ne s'est pas terminée
aujourd'hui. .
On comprend aisément que la Chambre,
Ou plutôt la majorité, attache une grande
importance à une question qui doit lui te
nir au cœur; cependant, nous avouons que
nous ne comprenons pas cet ajournement
s du résultat final> après les déclarations si
explicites, si nettes, de M. le gaTde des
sceaux.
Il semble que chacun doive savoir à quoi
s'en tenir sur la politique du gouvernement
et nous ne voyons pas ce qu'une séance de
plus peut ajouter à la vive lumière que la
discussion' d'aujourd'hui a jetée, sur la
question. " #
L'opposition voulait connaître l'opinion
du gouvernement ; à cet égard elle ne sau
rait plus avoir de doutes. A quoi bon, dès
lors, prolongerons discussion qui, au point
où elle en est arrivée, ne saurait plus rien
apprendre à personne ?
M. Ém. Ollivier a exposé la doctrine gou
vernementale, en tant que thèse générale et
théorie ; il a fait plus : il a dit, en termes
qui ne peuvent laisser d'hésitation dans
aucun esprjt, quelle 'attitude le cabinet
comptait-observer. - >
En théorie, lis' droit du gouvernement,
c'est là faculté d'indiquer ses préférences,
défaire connaître à ses amis le candidat
qui, suivant lui> représente le mieux sa
politique; mais le cabinet professe le res
pect le plus absolu de la volonté du pays,
de la souveraineté nationale, et il entend ne
pasuser dece droit. Son principe,c'est la neu
tralité la plus absolue. Il voudrait que les
mœurs politiques fussent assez viriles pour
que le gouvernement n'eût pas à" intervenir;
que les comités du parti'ministériel s'orga
nisassent en regard deceux de l'opposition ;
gue les amis du gouvernement apprissent à
se compter, à s'organiser; L'intérêt social,
bien" supérieur! un intérêt politique tou
jours passager, l'èxige. !
Cè n'est pas au gouvernement à soutenir
ses amis ; c'est à. ces derniers-qu'il appar
tient de soutenir le gouvernement.
À ces déclarations, si explicites, M. Segris
estvènù joindre les siennes; il a dit qu'il était
résolu à interdire aux instituteurs toute es
pèce d'imtaixiion dans les opérations-élec
torales.
Ce programme a provoqué les énergiques
approbations de la gauche^ Nous ne saurions
dire qu'il ait câusé une aussi agréable sur
prise à la majorité.
Ce n'est 'pas, en effet, sur de telles décla
rations qu'elle semblait compter, si nous
en jugeons paT les discours de MM. Du Mi
rai et Dugué de la Fauconnerie.
M. Du Miral nesauraitconaprendre la neu
tralité du gouvernement ; M. Dugué . de la
Fauconnerie admet, lui aussi, une certaine
intervention légale; c# dont: il,ns veut pas,
c'est de l'ingérence arbitraire-.
Mais, en pareille matièrèj où commencé,
où flùit l'arbitraire? L'intervention du pou-
Toir, à quelque titrerque ce soit, n'est-elle
pas déjà l'arbitraire, et'M. Grévy n'avait-il
pas raison quand il disait : aLa simple dési
gnation fait sortir lo" gouvernement du rôle
où il devrait se renfermer, car elle entraîne
^forcément l'intervention directe. Quand le
gouvernement se prononce, il ne peut pas
s 'exposer à ùn échec et, coûte que coûte,.il
faut qu'il ait raison ?»
' M. Em. Ollivîrêr l'a parfaitement compris,
ètc'est ce qui l'a-amenéà faire à la Chambre
et au pays les' déclarations si nettes, si caté
goriques qui forment le fond dason discours.
M. Chevandier da Valdrôme s'était borné
à donner l'assurance que le gouvernement
n'exercerait sur la volonté des électeurs au
cune jjression^âbusive ; mais il ajoutait
qu'il se réservait de dire où étaient ses amis,
où étaient ses ennemis.
. M. Emile Ollivier est allé pluslein et, aux
applaudissemens de là gauche, il a professé
lerespect le plus absolu dusuffrageuniversel.
C'est, : en d'autres ternies, la liberté électo
rale la plus entière,, la plus loyale, qu'a
proclamée l'honorable garde des sceaux.
Nous n'hésitons'pas à le dire : pour nous,
la Yérité est là. Cette vérité n'est périlleuse
qu'à la condition que le parti gouvernemental
s'abandonnera'lui-môme; mais n'est-il pas
temps qu'il s'habitue à faire face à ses ad
versaires et qu'il cempte sur ses propr#s
forces, plutôtque "sur celles que la centralisa
tion administrative met aux mains du. pou
voir? Ainsi que M. Emile Ollivier l'a dit avec
un courage dont il faut lui savoir gré : c'est
à lui à soutenir le gouvernement et non au
gouvernement à le soutenir. - :
Il faut savoir gfé à M. le garde des sceaux
de ses fîères et énergiques déclarations.
Loin de se décourager, nous souhaitons
que la majorité puise dans la situation
qui lui est faite\ une nouvelle énergie, des
dispositions plus viriles. 'L'administration
et la justice doivent rester en dehors.des
compétitions électorales. La lutte ne peut
qu'être égale entre tous lespartis.Le jour où
ils sauront que la victoire doit rester au plus
énergique, au plus actif,, à celui qui procla
me les principes lts plus justes, les plus en
harmonie avec les intérêts de tous, la cau
se du gouvernement du pays par le pays se
ra gagnée. ; ;
Quant à nous-qui voulons- la sincérité du
gouvernement représentatif, nous nous ran
geons sans réserves aux ^doctrines de M.
Emile Ollivier ; car, à nos yeux, elles sau
vegardent le principe, même du gouverne
ment parlementaire, dont la force dépend
désormais de son union intime, franche,
indissoluble aygc le pays.
■-■■■■■■■. < AM. MATAGR1N.
BULLETIN POLITIQUE.
Il y a des gens qui sont bien difficiles à
contenter, par la raison toute simple qu'ils
ne veulent pas s'avouer contentés ;. il,,y. a
aussi des gens qui questionnent toujours et
prétendent qu'on ne leur a pas. répondu
parce qu'on leur a répondu des vérités du
res à avaler. Le Siècle appartient à ces deux
catégories'd'esprits. Seul peut-être "do- tous
les organes de la presse, il trouve que M. le
ministre des affaires, étrangères n'a pa? ré
pondu à M. Jules Favre., Oh I nous sau
vons -bien . pourquoi le Siècle entend si
mal. C'est que M. le comte Daru a rappe
lé^ bien'à propos, qu'en 1848, alors que les
amis du Siècle étaient au pouvoir, les insi
nuations maj veillantes et haineuses diri
gées aujourd'hui contre le ministère du 2
janvier ont été dirigées contre MM. Jules
Favre, Garnier-Pagès, • Bastide, Lamartine.
Rappeler , les mésaventures da ces Mes
sieurs, honnis alors- par lès radicaux ,
c'est toucher à une plaie vive du Siècle
et de quelques-uns de ses inspirateurs ac
tuels. Nous \disons « quelques-uns », parce
que nous ne saurions jamais admettre-que
certains hommes honorables, modérés, dé
voués à la cause de l'ordre, et qui sont in
téressés dans l'entreprise du journal le Siè
cle, approuvassent les violences et les invec
tives rivolutionpqires qui s'étalent,journel
lement dans les colonnes de cette feuille. *
Ces hommes, conservateurs et libéraux,
feraient certainement acte de «. civisme », en
imposant un_peu de mesure aux.fougueux
adeptes de la « jeune république » . ; •
- 11 y a, dans le discours^ de M. Daru, en
core un autre point qui mérite tout particu
lièrement attention. L'honorable ministre,
s'.expliquant sur la situation du cabinet vis-
à-vis de la Chambre, a fait ressortir cette
pensée éminemment constitutionnelle : Le
jour où la majorité refuserait son concours
aux ministres, ceux-ci en appelleraient au
souverain, pour qu'il décide entre la. majo
rité et le cabinet. Cette déclaration, ferme
sans manquer de déférence à l'égard de la
Chambr^ met à leur place bien des. choses
que la polémique et les discours de la gau
che sur la dissolution avaient cherché à dé
placer.
Enfin, Êi nous avions à rechercher les mo
tifs du vote d'hier; nous dirions que, par
son vote même, la majorité a réellement dé
montré qu'elle représente le' sentiment du
pays, qui veut le progrès libéral sur la base
du sénatus-consulte de septembre et du
programme du ministère, mais qui veut
dès à présent que la Chambre, faisant trêve
aux discussions oiseuses et aux questions,
futiles, arrive promptèment aux réformes
pratiques et à l'expédition des affaires ur
gentes,
. Le jeune comte de Derby a cru devoir re
fuser le poste de Jeader que-le parti conser
vateur de la Chambre des lords lui avait of
fert; Il explique cette résolution dans une
lettre adressée à lord Colville et publiée .par
le Globe. « Pour qu'un parti », dit-il , « soit
dirigé d'une manière avantageuse, il est es
sentiel que son chef ait en même temps de
l'influence et de l'expérience. Sans cela, non-
seulement les affaires du-parti, mais celles
du peuple lui-même, en souffrent.' Or, je
n'ai pas besoin de vous dire que je suis
nouveau venu dans la Chambre des ; Iordg ;
vous ne m'accuserez donc point d'affecter la
modestie si je prétends que la situation de
chef de parti, quelque honorable et imr
portante qu'elle soit, ne me semble con
venir, ni â mes habitudes ni à mon tempéra
ment. »
Une dépêche adressée de Genève à l'A
gence Ilavas annonce que don' Carlos qui
s'était rendu à Lyon avec quelques-uns de
ses partisans, a été invité à s'éloigner des
frontières de l'Espagne* Le gouvernement
français n'a pu agir autrement à moins dé
froisser le gouvernement -établi à Madrid et
avec lequel la France entretient de bons
rapports. Voilà, si nous nanous trompons,
tout ce qu'il convient de voir dans cet inci
dent. ~
Le duc de Madrid a préféré retourner en
Suisse.- . , •; i '
EDOUARD SIMON.
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
AGENCE ÎIAVAS.
' Etats-Unis.
New ïork, 22 février,
Sur le territoire do la Rivière Rouge, le chef
insurgé Riell a fait emprisonner lo gouverneur
de la Compagnie de la baio de Hudson et les
•autres'employés pour avoir essayé de persua
der aux habitans d'abandonner l'insurrection.
Le bruit court que la résolution proposée ù la
Chambre de Washington, en faveur do l'aug-,
mentation du papier-monuaié, rencontrerait au,
Sénat une vigoureuse .opposition*. ' - '
. ^ésulsse. ..
Genève, 22 février, soir. _
Don Carlos vient d'arriver dans notre ville".
Voici, d'après, les rensèignemens qui nous
parviennent, «e qui a motivé l'arrivée du pré
tendant espagnol sur notre territoire. r '
Don Carlos, voyageant avec un passeport au
trichien, au nom du marquis d'Alcantara, était
arrivé à Lyon, où il s'est rencontré avec le due
do Modène, venant de'Romo, lequel'lui aurait
remis''des fonds assez considérables des
tinés à faire la contre-révolution en Espagne.
Don Carlos, en quittant Lyon, devait, assure-
t-on, se diriger sur la frontière d'Espagne. Les
autorités françaises avisées lui communiqué-.
rent le désir du. gouvernement français de le
voir séjourner dans une ville du nord do la
France, s'il ne préférait aller à,l'étranger.
.... Beat Garros, .ayant opté pour l'étranger, fut
accojïipagné jusqu'à la frontière suisse. Il était
accompagné, à Lyon, de personnes importantes
de son parti, lesquelles so sont cachées ou dis
persées. • v
teBeagia®. .
- Madrid, 21 février.
Une manifestation pacifique a eu lieu. Plu
sieurs milliers d'ouvriers se sont réunis, do-
mandant du travail au ministre des travaux pu
blics.
Demain se réunira un nouveau meeting.
Aux Cor lès, M. Canovas a présenté une péti
tion signée de 9,000 Cubains et Espagnols,
-demandant l'ajournement, des débals s »r la con
stitution de PuertorRico.
1 Après une vive discussion engagée entre MM.
Canovas, Romero et les députés de Puerto-Rico,
1e débat a été ajourné.
■■ Italie. ■ '
Florence', 23 février.
- Les journaux de Naples continuent à donner
des détails sur.la crise dos banques dites d'u
sure; Leur passif s'élèverait à plusieurs mil
lions.
,Les saisies et les arrestations continuent.
France;
. Toulon, 22 février, soir.
La tempête, soufflant du nord-ouest, a re
tardé lo départ'des trois navires égyptiens cé^
dés à la Turquie. Djemil-Pacha a engagé dés
marins du commerce pour former .des équipa
ges provisoires, et a réglé définitivement toute
cette affaire.
SERVICE DE NUIT.
PjPŒflg®.
- Berlin, 23 février.
La Gazette de la Croix publie une dépêche
de Saint-Pétersbourg portant quo M. .Burlin-
game, chef do l'ambassade chinoise, est mort
ce matin.
■ • -Avtrleke.
Vienne, 23 février.
Hier, M. Jay, ministre d«s Etats-Unis d'Amé
rique, a donné, à l'occasion do l'anniversaire de
la naissance de Washington, un dînpr diploma
tique auauol ont assisté M. do Beust et les
chefs des légations étrangères. M. de Beust a
porté - un toast dans lequel il a fait allusion à
l'accusation portée contre lui do vouloir intro
duire des changemens dans la politique inté
rieure ; en terminant, il a déclaré que, dans
tous les cas, il ne désirait aucun changement
dans, les rapports amicaux qui existent entré
l'Autriche et les Etats-Unis d'Amérique. Le duc
do Grammont, ambassadeur de France, a parlé
delà vieille amitié qui unit la France et l'Améri
que et a vivement exprimé les vœux que son
souverain forme pour le maintien inaltérable de
cetté amitié. , .
Egypte.'
Port-Saïd, 22 février. '
Le vapeur des Messageries impérial Meïnam
de 2,000 tannes, calant 8 mètres 90, venant de
Calcutta et allant à Marseille, a traversé le ca
nal de Suez. ' '
Transitent, dans cette, même journée du 22
février, quatre vapeurs anglais. : Breadalbane,
Hotspur, Spartan et IleadquuUers.
Ont transité en outre, depuis le 1 er février :
8 steamers anglais, 1 steamer espagnol, 1 stea
mer et 'l voilier autrichiens, 2 steamers et 2
voiliers égyptiens, 1 steamer turc et l voilier
français. ! \
COURS DE LA. BOURSE. '
COUBSDB CLOTURE. 1« 22 !& 23 HïUSSe. BiUSSi
36/0aucompt. 73 85 7.4 05 » 20 » »
■^-Fin du mois. 73 87 74.10 » 22 » »
41/2aucompt. 104. » 104.70 » 70 » »
M. le comte Daru a obtenu hier un très
grand et à notre sens très légitime succès.. Il
a parlé net et droit,, il a-dit ce qu'il avait à
dire, sans chercher à atténuer l'expression
de : sa pensée par des circonlocutions habi
les. Son discours peut se résumer ainsi r
. « Nous avons accepté le pouvoir, parce
que nous avons vu la possibilité et nous
nous sommes senti la. force do fonder en
France,un régime sincèrement libéral. Nous
savons où nous allons et ce que nous vou
lons faire. Si la Chambre ne nous crée pas
de difficultés, nous nous appuierons sur elle
sans discuter ses origines. Si elle nous re
fuse .son concours, -nous conseillerons à
l'Empereur d'opter entre elle et nous. »
Ce langage ne nous déplaît point et l'at
titude presque enthousiaste de la Chambre
dénoté qu'elle comprend à merveille la si
tuation qui lui est faite par l'avènement d'un
ministère et l'adoption d'un système entiè
rement nouveaux.
Toutefois, bien (jue nous soyons*très por
té à applaudir à toute déclaration franche
il nous paraît que le ministère aurait pu ap
porter quelques ménagemens dans l'exposé
de ses intentions.
En suspendant à la voûte du Corps Légis
latif une dissolution tle Damoclès, M. le
comte Daru entame forcément l'indépen
dance de la Chambre et il lui enlève un peu
de cette autorité qui lui .est si nécessaire
en raison même des attaques dont elle est
l'objet. ■
Il ne convient pas cependant de nous
montrer plus susceptible que la Chambre
elle-même. Les députés,,en adhérant pure
ment et simplement au programme minis
tériel -qui comporte une dissolution éven
tuelle, ont paru comprendre que si l'accord
entre une Chambre élue sous un autre ré
gime et un ministère qui est l'expression
bien évidente des aspirations nouvelles ve
nait à se rompre, l'Empereur ferait sage
ment de consulter le pays sur l'ensemble, de
la situation. . '
Il y a là une preuve de bon sens et de
patriotisme dont il faut tenir compte h
notre représentation nationale.
Dans sa réplique à M. le comte Daru
M. Jules Favre a été plus heureux qu'à la
précédente séance. Il a dit de fort bonnes
choses, et surtout il nous a donné une in
dication précieuse, qu'il importe de ne pas
laisser perdre ; c'est que l'opposition se
fractionne et que la portion la plus modérée
de la .gauche n'attend qu'une'nouvelle
étape libérale pour se rapprocher.
Cette étape se fera. Il viendra un jou
où personne ne poûrra plus méconnaître la
volonté du pays , manifestée par de-libres
élections, où la légitimité du Corps Lé
gislatif ne. sera plus contestée par per
sonne. Ce jour-là, M. Jules Favre et ses
amis se rallieront ; il. ne restera en dehors
du terrain constitutionnel que cette opposi
tion haineuse et malsaine, dont nul gouver
nement ne peut espérer, et nous ajouterons
ne doit rechercher, le concours : l'œuvre sera
achevée.
v : R obert M itchell.
Le deuxième projet de loi déposé par M.
de Kératry demande la création d'une mili
ce algérienne, recrutée exclusivement parmi
les militaires âgés de vingt-quatre ans.
Ces miliciens occuperont la zone fron
tière qui sépare le Tell du Sahara; chacun
d'eux recevra vingt hectares de terrain gra
tuit et s'engagera en échange à prendre les
armes, à la première réquisition, jusqu'à
trente-cinq ans févoluSi
L'article 3 du projet de loi prescrit un
uniforme et spécifie que les miliciens seront
soumis à la discipline militaire et à un rè
glement intérieur déterminé ultérieure
ment.
Nous avouons humblement ne pas com
prendre comment un pareil projet a pu éma
ner d'un membre de la gauche, c'est-à-dire
de cette fraction de la Chambre qui ne cesse
de demander la suppression du gouverne
ment militaire de : notre coloniè algérienne.
L'idée de former des cosaques algériens
nous avait paru d'autant plus singulière!,
que nous croyions nous rappeler que ces
organisations étaient inconciliables avec un
régime civil et même avec l'état social actuel
des nations civilisées.
Pour l'édification du public nous don
nons quelques ' renseignemens 1 sommaires
■ sur les milices préposées à la garde, des "fron
tières chez les autres peuples.-'
Les cosaques forment des colonies mili
taires tout le long des frontières méridio
nales de la Russie, de l'embouchure du
Dniester à celle de j'Amour, et sont chargés
de la double mission d'assurer le servie
militaire de leurs provinces et- de Cultiver //?- ,
les terres qui leur sont concédées. Ils CVr-
ment dix groupes- annés dont les princi6^^J. ; ; KV'': l Si ;
sont formés par les cosaques de la mer
ou Tchernomores, les cosaques du Donr*''^-7^?
Cauease," d'Orenbourg et de Sibérie/V£fe^';V v ; 5 '/.<
population cosaque, y compris les Bac^^f^'^
kirs, s'élève en tout à 2,462,000 âmes, et- ~
peut mettre en ligne 216,000 hommes. .
Chaque armée de cosaques est comman
dée par un chef qui réunit dans sa main les
pouvoirs civils et militaires. Les pays cosa-.
ques sont divisés en arrondissemens, ^eux-
ci en communes ou stanitzes. - Chaque sta-
nitze a une sorte de maire, élu pour trois
ans, chargé de l'administrer. A l'exception
de quelques hauts fonctionnaires d'origine
russe, nommés par lè czar, l'organisation
dexes tribus est essentiellement démocra
tique. . *
Si c'est là ce que désire M. de Kératry,
qu'il le dise tout de suite, nous lui ferons
seulement observer que les Cosaques ont
autour d'eux des espaces immenses que n'au
raient pas nos colonies de l'Algérie où, de
même qu'au Mexique, la moindre parcelle
'du sol a un propriétaire.
L'ensemble du projet de M. de Kératry
semble indiquer que son auteur s'est pluldt
inspiré de l'organisation des régimens fron
tières de l'empire aus,tro-hongrois. La lie-
vue militaire française , . du 1 er novembre
1869, a publié sur les confins militaires une
étud* consciencieuse dont nous conseillons
la lecture aux personnes que séduirait l'K'
dée d'une milice algérienne.
Voici, en résumé, ce que la Revue nous
apprend sur ces colonies, dont l'organisa-.
. tion est peu connue en France.
Dans un conseil des ministres tenu à
Vienne, à la fin du mois d'août, et présidé
par l'Empereur en personne, la dissolution
des confins militaires a été décidée en prin
cipe. Un décret impérial rendu en confor
mité de cette décision a déjà -commencé à
être mis en vigueur. • . / . •
Ces colonies ont été organisées vers lo
milieu du seizième siècle, par Ferdinand I er ,
le successeur de Charles - Quint comme
empereur d'Allemagne. De même les milices
dont M. de Kératry demande la eréation,
elles avaient pour mission de défendre la
frontière contre les incursions musulmanes,
et pour les dédommager on leur donna des
tenes exemptes de toute taxe. Ces terres
représentaient ainsi l'équivalent du service
militaire exigé des colons.
Jusque-là, rien de plus simple ; se/ule-
ment il devint impossible à un étranger do
s'établir dans les confins ; car il lui fallait
préalablement obtenir une permission spé
ciale pour s'installer,et se soumettre ensuite
aux obligations du service militaire.'Cela
explique pourquoi il n'y a dans les confins
ni industriel, ni commerçant. Le paysan y
est à la fois laboureur et soldat \ les ' admi
nistrateurs, les maires des communes, les
juges, les instituteurs. sont des milita'ires
pçur la plupart officiers.-
Avec ce régime, les confins sont restés en
arrière de la civilisation moderne/leurs hà-.'
bitans ont vécu dans un état de pauvreté
et d'ignorance d'autant plus regrettable que
cette fertile contrée renferme dans son sein
d'abondantes richesses encore inexploitées.
Ces diverses causes ont amené la dissolu
tion des conflins."
. Pour tout observateur impartial, il est
évident que le projet de milice de M. de Ké
ratry donnerait dans un avenir peu éloigné
les mêmes résultats négatifs. Une fois les
terres occupées et divisées par tranches de
vingt hectares entre les chefs de famille ins
tallés les premiers, que ferait-on des excé-
dans de population? Ces exemples ne prou-*
vent-ils pas que la création d'une milice al
gérienne dans ces conditions n'est qu'une
chimère qui peut séduire à première vue
mais na supporterait pas un instant "les
épreuves d'une application sérieuse?
, Prenons donc pour modèles les Aï^îo-
Saxons, nos maîtres à tous dans l'art si dif
ficile de la colonisation. Ils instituent des
milices dans les provinces pacifiées, et em
ploient exclusivement les tro.upes régulières
à contenir: des voisins incommodes. Aux
Etats-Unis, 1 armés tout entière, à l'excep
tion de quelques faibles détachemens, est
cantonnée dans les Border States pour s'op-
Ji'eunictoh du Constitutioanel, 24 fév.
UNE AMIE DU PENSION
Paméla Wolfreild avait été élevée dans un
des grands pensionnats,de Pajis, au milieu
la finance, et quelques-unes à cette partie
du commercé qui'finit à la longue, à force
de labeur, d'économie et de savoir compter
deux fois le même sol, par se faire un bla
son de sa caisse.' ■
Car, à l'heure présente, les écus sont une
noblesse, hélas 1 ët ils ne sont ni la .moins
■ insolente, ni la moins, redoutable surtout,
de toutes les 1 aristocraties de- notre épo
que.
Paméla Wolfreild n'appartenait à au
cune de ces coteries, elle ne rejetait d'au
cune de ces castes, elle n'avait ni fortune,
ni nom, ni relation, ce qui tient quelque
fois, je devrais dire le plus souvent, au
temps'où nous vivons; ce qui tientj dis-je,
presque toujours lieu de l'un et dfi l'au
tre.: - - ■■■■ V" .
Elle était la fille d'un organiste de je ne.
sais plus quelle brillante paroisse de Paris;
est organiste avait été recommandé à la
propriétaire et maîtresse da ce .grand peur-
sionnat, par une influente et pieuse dame,
par une de ces dames qui placent toujours
avantageusement les gens qui- tiennent à l'E
glise par un lien quelconque. Cette présen
tation avait été fàite avec' des mots si bien
«ouverts dé sourire, * si parfaitement ipsj-
nuans et.avec de si savantes réticences, quo
La maîtresêe de pension né crut pas prudent
de refuser l'organiste comme professeur en
seignant la musique profane et sacrée aux
jeunes filles dont J'éducattès llîi é'ait confiée.
" Cet organiste était' uti grand bel hotrnnè,
de quarante-huit à cinquante" ans, sur le
visage duquel la misère et la vie sous tou
tes ses formes désastreuses, diverses et pas
sionnées, avaient laissé les profondes; traces >
d'un passage difficile.
Qu'and la maîtresse et le musicien furent
en.préspnee l'un de'l'autre pour la première
foi?, et qu'ils eurent à traiter des conventions
qui les devaient lier ensemble par un coin de
leurs intérêts, ils se considérèrent des deux
parts assez curieusement et avec la minu
tieuse attention de gens qui ont à each'er ce
qui sepasse en eux, non-seulement dans la
crainte d'être exploités, mais encore en re
doutant de trouver un ennemi dans leur fu
tur associé, car la méfiance est encore la
commune et très légitime maladie de notre
tjsmps.
Cet homme sèrait-il un espion de quelque
famille influente, tenant soit au curé de; la
paroisse, soit à quelque institution religieu
se rivale ? se. demanda la maîtresse assez
anxieuse et fort perplexe. Peut-être joue-t-
il les deux rôles à la fois, se répondit-elie;
ce qui était peu fait pour la rassurer, car
on a beau être le souverain absolu de tout
un petit monde, on a toujours beaucoup da'
choses à redouter, quand on a une position
qui relève du bon plaisir de tant de mères
et d'un si grand nombre de gens- pouvant
avoir une influence suf ces ipamans - là
dont l'humeur ne jouit pas de l'infaillibilité
papate.
—• Comment cet}e femme va-t-elle m'ac-
cueiilir, se disait tout,bàs, § P en "
dant ce temps-là,l'organiste, qui ne se sen
tait lui aussi que tout juste à son aise pen
dant cette première entrevue, et de combien
déchirés me faudrart-il réduire, on sa
faveur, .la total de mes leçons quotidiennes?
Car il était bie» pprsijadjB que pour l'accep
teril fallait que la maîtresse y trouât son
avantage, écus sonnans.
Néanmoins, les.longues réflexions ne
semblaient pas Être de la compétence du
musicien, pas plus que 1/3 déd ( ai.e <}e Ja, dis
cussion, avec ses mille ciie.œijis détournés j
alors il se rapprocha un peu vîvement'dô la'
maîtresse, tourna une ou deux secondes son
chapeau passé dans ses mains anxieuses,
puis il lui dit brusquement, d'un air A demi
tyon enfant, à.demi brutal :
— Madame, si j'avais l'honneur d'être
connu de vous, vous sauriez que'je ne vais
jamais par quatre sentiers pour arriver k>
mon but ; comme je désire que vous eh soyez
persuadée tout de suite, je vais vous ex
pliquer immédiatement eten quelques mots
quelles sont mes ambitions.
Je vous écoute, Monsieur, ,
Le musicien n'y fit pas attention , ; il
en avait bien vu. d'autres, aussi continua-
t-il: .
— Je yeux gagner assez d'argent pour
pouvoir, d'ici à. pas trop longtemps, me re
monter une , gardé-robe d'artiste et mettre
mes cosiumes," mon talent et moi aux pieds
d'un directeur un^peu soigné. • -
La dame eut un mouvement d'éloijhe-
ment très naturellement joué.
— Vous'voyez ça d'ici, continua le musi
cien.
— Mais, Monsieur... 1 s'écria la maîtresse.
-~Baste,on fait son salut et sa fortune par
tout, et pour être l'interprète des chefs-d'œu-
vres des grands maîlros, je. vous prie de croi
re que je n'en suis pas moins un fort hon
nête.homme et un très bon chrétien. Je
me trquye dans une msûvaise passe, très
mauvaise, ët pour cela j'ai accepté d'être
organiste; mais cela n'est pas mon art : mon
art c'est le théâtre. Il me faut donc quet-
qijps sacs de nulle francs pour me remon
ter; alors", bonsoir la compagnie, plus per
sonne à l'orgue, plus personne à la pension,
car vôyez-vous, Madame, ces "messieurs des
églisesned,Qnneqtpoaî , jouer leurs antiennes,
dont je fais des po.ème§, que bien juste de
quoi ne pas mourir de faicù. Ils ûe àoqt pas
généreux, mésseigaeurs les prêtres, c'est là,
je vous le jure, leur moindre défaut; regar
dez pljitôt mon équipage qui l'atteste haute
ment. • r ^ *
Le fait'est qu'il n'était pas élégant, le mu
sicien; aussi se mit-il-à rire,tout liaut et de
bon cœur de la saillie qu'il venait de faire,
car jamais plus pauvre mine et plus triste
mise n'avaient été étalées plus gàîment.
—« Chut 1 chut ! dit alors la maîtresse
de pension, en faisant de grands signes des
yeux, de la tête et même de la main pour
imposer silence- au bruyant causeur : par
lez bas, lui, dit-elle, de grâce, Monsieur,
veillez sur vos paroles; sait-on jamais qui
p.eut nous entendre? Les murs ont des
oreilles et les plus petites ne sont pas les
moins redoutables : petites oreilles, grande
langue; faites votre profit de ce proverbe
dont vous ne sauriez trop vous pénétrer.
— Je vais parler bas, -reprit lo maître de
musique, et vous ; dire ma seconde ambi
tion; puisque je jo.ue avec vous cartes sur
table, pas'de réticences; que voulez-vous!
c'est ma nature à moi, j'ai le cœur sur ïa
main.
J'ai une fille, côntinna-t-il, mais là, un
amour de petite fille: elle a huit ans, cotte
mignonne ; mais, voyez-vous, c'est un mi
racle d'enfant.; elle lit la musique comme
vous, Madame, vous pourriez lire un livre
imprimé par l'imprimerie impériale; elle
chante comme chantait la fljalibran; elle
touche du piano presque aussi bien que
moiY cette'mignonnè c'est un Listz. en ju-
Eon, je vous l'affirme sur mon honneur. Eh
ien I je voudrais que ma. fille entrât chez
vous comme élève, et que vous me la gar
diez jusqu'à ce qu'elle soit "une grande de
moiselle. Je lui veux une éducation super
be, je me charge de continuer seul son édu
cation musicale; mais pour-tout le resté,
cela ne regardera que vous, vous-ne ferez
jamais trop bien, et. je vous revaudrai votre
peine et vos déboursés sur les leçons que
voustae ferez donner dans votre pension
nât: Enfyn. il me semble que nous Wus ar
rangerons toujours facilement, vous et moi;
pourvu que vous y mettiez un peu de bon
ne volonté ; moi, de mon côté, je suis dis
posé à en mettre beaucoup.
— Je ne demande pas mieux, Monsieur,
je vous iprie de la croire } rçjjqiyljt 1'$ maî
tresse de pension qui, après avoir réfléchi
un-instant, reprit : Amenez-moi votre fille
quand vous voudrez, car, ainsi que vous le
dites, j'aime à croire que nous nous arran-:
gérons toujours à notre commune satisfac
tion.
— Demain matin, en venant pour donner
mes premières leçons, si vous Je voulez
bien, je vous présenterai Paméla ; le plus
tôt ne sera que le mieux. • L'enfant sera
beaucoup plus heureuse chez vous que chez
moi : car ma vie manque d'ordre, de calme,
de suite ; que voulez-vous! c'est le malheur
de toutes les "vies d'artiste, la muse nous
mène, et nous ne prenons jamais la peine
dé considérer les chemins,par lesquels il lui
plaît de nous conduire. , ,
•— Et puis je vous donnerai, si vous juge?
que ce soit assez pour les soins musicaux
que vous prendrez de mes élèves, continua
la maîtresse de pension, la somme de cent
francs par mois ; mais je me chargerai non-
seulement do l'éducation de la petite, ma.is
encore de toutes les menues dépenses qui la
pourraient concerner 5- j'en ferai? mon en
fant I soupira la daçoe, afin de prendre le
pauvre et fol artiste par le cœiir. Ah ! c'est
c'est prendre charge d'âme et charge d'écus
aussi, je vous l'affirme ! Si j'insiste là-des
sus, c'est que je voudrais vous voir prendre
cette considération au taux qu'elle mérite.
— La seconde paytie de votrè discours me
semble assez belle, Madame, je ne saurais
vous lo dissimuler;- mais la première est
bien légère, ma parole d'hqnn&ur, reprit
l'organiste, qui avait employé à cette' phrase
toqte lq finesse de dissimulation dont il était
capable5 et, certes, il lui en avait fallu beau
coup pour ne pas être ébloui, dès le princi
pe, des offres qu'on lui faisait et qui dépas
saient ses plus secrètes, comme sç$ plus
ambitieuses espérances.
La maîtresse avait les'iêmerit fui* ' *
cul (elle était très foïib ; . ■:* co ,
pbi<¥r«s otl i la science des
pJM? 8 ' femme-là)'i J'ai au moins
vingt élèves qui apprennent la musique
quelquefois plus, à trois francs par cachet*
au bout du mois, cela fait neufc&nts francs!
Si j'en donne cent à ce monsieur et que sa
fiUa m'en coûte deul fois autant, et c'est
tout le bout du monde, il me restera enco
re six cents francs, ce qui est bien raison
nable pour un gain aussi facilement acquis
de ma partisans compter qu'en élevant la
petite fille chez moi, le père pourra trouver
mieux ailleurs, sans jamais obéir à l'envie
de me quitter; puis la charité est très bien
vue dans la situation que j'occupe et je "re
tirerai un grand avantage d'avoir, aux yeux
de tout le monde, adopté cette pauvre peti
te, presque par bonté d'âme.
— Ah ! Monsieur,, reprit-elle tout haut '
votre fille sera- auprès de moi comme auprès
d'une mère, et les appointemens que je vous
offre, joints aux charges de son éducation
de son entretien et d© sa nourriture, sont ié
vous assure, tout ce qu'il m'est possible de
taire pour attacher un maître de musique à
mon établissement:car rien n'est capricieux
comme le goût des enfant, par contre com
me la volonté des pârens, pour cet art'd'a
grément, Si.cela ne vous semble pas suffi--
sant... j'aurais le très vif regret... "
— Vraiment si, interrompit l'organiste
qui craignait de voir la maîtres^ âe pen
sion sç dédire; il faut bien accepter ce que
vous m offrez; mais je ne, "ie fais que dans
1 intérêt de l'enfant. AUens, j'accepte n'en
parlons plus. E,t saluant théâtralement la
dame, tr$s heureuse de ce résultat il
joignit le geste à la parole, s'empara de son
chapeau, salua de nouveau jusqu'à terre et
sortit vivement. .
^ Cas conventions avaient donné une mè*e
a Pamela et ce fut sous ces auspices qu'elle
entra dans une des plus brillantes pensions
dePaqs.
HIe D'IGOttHË,
{La suile à un prochain numéro).
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