Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-10-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1869 01 octobre 1869
Description : 1869/10/01 (Numéro 274). 1869/10/01 (Numéro 274).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
54* ANNEE.—M* 274.
ABQNNESENS .DES DÉPARTEMENT.
SUREAU! A PAULS ; rue de Valois (Palais-Royal)/ n? 10:
VENDREDI 1 er OCTOBRE 1869.
TROIS MOIS.......
SIX MOIS....-
UN AN....- ...
ftope ïks pats ktrangëhs , voir le tableau
publié les s et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. Gibiat et C e .
" ruedeâBons-Enïans, 19.
JOURNAIi POLITIQUE LITTERAIRE UMVERSEL.
un numéro .centimes;
■ ■ 1 f '~
Les abonnemqng datent dés y*
Ho Ah^miû rrtAÏa .
i Le mode d' abonnement le l'envoi d'un bon do posta ou d'un effet
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Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve tfexamen,, et, s'il y a lieu, de modification par t administration
du journal. ■. y;., ' >
■ttr?
PARIS 9 50 SEPTESIRR^
Les journaux de vienne sont à peu près
unanimes dans leurs appréciations de la vi
site du prince royal de Prusse et du rappro
chement présumé entre les cours de Berlin
et de Vienne. Tous, ils désirent ce rappro
chement en tant qu'offrant un gage du main
tien de la paix. Mais, tous aussi, ils deman
dent que ce rapprochement ne ralentisse pas
la marche libérale du gouvernement autri
chien et ne porte pas préjudice aux intérêts
fondamentaux, de l'Autriche, intérêts qui
sont identiques avec ceux de l'équilibre eu
ropéen.
On remarquera à ce sujet l'article publié
par la Presse de Vienne, feuille que l'on
considère comme reflétant les opinions du
ministère. Voici comment s'exprime cette
feuille :
: « La tension qui a existé jusqu'ici dans
-'les rapports entre les deux pays ne peut
disparaître réellement que si l'on s'entend
sur une nouvelle base acceptable. Jusqu'ici,
c'est dans le sud de l'Allemagne que résidait
la cause, principale des différends; il faudra
donc se v mettre d'accord sur le point liti
gieux. Cela nepeut avoir lieu que si, à Berlin
.comme à Vienne, on renonce, honnêtement
et sincèrement, à exercer toute influence
impérative sur la marche des choses dans
l'Allemagne méridionale et qu'on laisse la
situation dans le sud se développer d'elle-
même. Si les deux parties acceptent hon
nêtement cette idée, des rapports de bon
voisinage entre elles sont non-seulement
possibles, mais même assurés. »
La feuille viennoise pose encore une au
tre condition : le maintien des relations d'a
mitié entre l'Autriche et la France. Elle'dit
.■ à ce sujet :'
« Mais il faudra que la réconciliation sur
cette base porte encore un autre caractère si
elle doit répondre aux intérêts de l'Autri
che. Il faut qu'elle n'altèie en aucune ma
nières les relations amicales de l'Autriche
avec la France et son gouvernement. D'a
près ce qui a transpiré sur le voyage de
lord Glarendon, et ses conférences avec
les hommes d'Etat du sud de l'Allema-
gng et des membres marquans du gou
vernement français-, une pareille entente
n'est pas invraisemblable. Si elle se réalise,
en effet, nous sommes prêts à accueillir avec
joie tout nouvel ami qui nous aidera de fait
à assurer le maintien de la paix. Mais pous-'
ser un vieil ami dans le camp de l'ennemi,
pour .acquérir un nouvel'ami, ce serait une
politique qui ne répondrait pas aux intérêts
réels de l'Autriche et à laquelle personne
n'a songé chez nous. »
^Ce langage es^aussi formel que possible
et', nous le répétons, s'il exprime l'opinion
du cabinet de Vienne, il est aussi l'écho de
l'opinion générale de la monarchie austro-
hongroise.
■ ' 1 '• u •
Quant à la question badoise, il est à pré
voir que les députés appartenant au parti
national-libéral, fidèles au mot d'ordre de
leurs amis de Berlin, présenteront à la
Chambse de Carlsruhe une motion deman
dant l'entrée du grand-duché dans la Con
fédération du Nord.
Mais, jil importe de ne pas se laisser
éblouir par un vote affirmatif de la Cham
bre badoise, élue sous les auspices d'un
ministère complètement soumis aux volon
tés du parti national-libéral. Le jour où les
gouvernemens de Berlin et de Carlsruhe dé
montreront , d'une manière irréfragable,
qu'ils n'entendent exercer aucune espèce de
pression sur les volontés des populations
badeises, ce jour-là seulement un vote de
■«es populations aura une véritable valeur
ppiorale aux yeux de l'Europe.
C'est demain que s'ouvre la Diète provin
ciale de Bohême, à Prague. Plusieurs minis
tres sont membres de cette assemblée : ce
sont MM. de Beust, le comte Tâaffe, Herbst,
de Plener et Hasner. Ils doivent assister à la
séance d 'Quverture.
Les membres allemands de la Diète de
Bohême se proposent de faire une tentative
de conciliation, à l'effet d'empêcher les dé
putés tchèques de déposer de nouveau leurs
mantfats.
Les différentes Diètes provinciales de
l'empire devront avoir terminé leurs tra
vaux d'ici au 23 octobre, la réunion du Par
lement de Vienne étant fixée au 9 novembre.
Au 2 octobre prochain expire la conven
tion de cartel entre la Prusse et la Russie,
convention qui a donné lieu à de vifs débats
dans la dernière session des Chambres prus
siennes. La convention n'a point été renou
velée. Si, à l'avenir, la conclusion d'une
convention de ce genre devenait nécessaire,
elle prendrait probablement la forme d'une
convention entre la Russie et la Confédéra
tion du Nord. .
EnocAKD S imon.
Par décret en date du 29 septembre, l'in
térim du ministère de l'intérieur, confié,
pendant l'absence de S. Exc. M. de Forcade
la Roquette, à S. Exc. M. Duvergier, garde
des sceaux, ministre de la justiee et des
cultes, a cessé à partir du même jour.
[Journal officiel.)
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
agence havas.
ABIglcSeFFO,
Londres, 30 septembre.
Le Times annonce que le gouvernement du
Pérou a vendu à une association déniaisons
allemandes et françaises, deux millions de ton
neaux de guano, dont la moitié est embarquée
ou même déjà .arrivée en Europe.
Etats-Unis.
New-York, 28 septembre.
(Par le câblo français.)
Le steamer Westphalia^ do la Compagnie
hambourgeojse-américaine, parti du Havre le
18 courant, est arrivé à New-York aujourd'hui.
, • • ■ New-York^, 29 septembre.
(Par le câble transatlantique français.)
Le bureau de la direction de l'or n'est pas en
core ouvert. Les cours des valeurs manquent
généralement de fixité. A la Bourse, les joueurs
à la hausse sur l'or sont dans une agitation fé
brile. Plusieurs grandes maisons qui jouaient à
la hausse sur l'or ont fait faillite ou ont suspen
du leurs paiemens. ,
Prasw.
Berlin, 29 septembre.
On lit dans la .Correspondance provinciale ;
Le prince royal ira rendre visite à la famille
impériale d'Autriche. S. A. R. prendra, sur l'in
vitation de l'empereur, résident dans le palais
impérial (Hofburg). Ensuite, le prince se rendra
en Italie, où il s'embarquera sur l'Hertha. L'es
cadre de l'Allemagne du Nord l'accompagnera
en Orient. Après un séjour de pltisiéurs jours à
Gonstantinople, le prince se rendra par l'Asie-
Miheure et la Paléstine à Suez, où il assistera à
l'inauguration du canal. L'absence du prince
sera de deux mois*. Pendant ce temps, la prin
cesse royale visitera le sud de la France et lr
Suisse française.
M. de Bismark ne reviendra pas à Berlin poui
la session du Parlement. >
La convention-cartel, conclue entre la Prusse
et la Russie, expire le 2 octobre prochain. Ella
n'a pas été renouvelée.
L'Empereur Napoléon est. complètement re
mis de sa récente indisposition. Ainsi, la cause
des appréhensions qu'on a conçues naguère à
ce Sujet a complètement disparu.
Saxe.
Dresde, 29 septembre.
Les représentations au théâtre de la Cour
recommenceront dans la seconde quinzaine de
novembre. Le roi a autorisé l'érection d'un
édifice provisoire. . .
Ss^aene.
Madrid, 29 septembre" soir.
On assure qu'une commission de quinze dé-
" putés sera chargée d'étudier et de préparer la
solution de la question des candidatures au trô
ne d'Espagne.
SERVICE. DE NUIT.
Saxe.
Dresde, 30 septembre.
Aujourd'hui a eu lieu l'ouverture définitive
des Chambres. ;
Le discours du trône annonce une suite de
projets plus ou moins importans ■ il insiste sur
la situation respectée de la Saxe tant à-l'intérieur
de la Confédération de l'Allemagne du Nord que
vis-à-vis des puissances étrangères.
Il, signale les efforts tout particuliers que le
roi a faits pour établir et consolider l'édifice fé
déral sur la base de la Constitution fédérale.
Le discours ajoute qu'il faut néanmoins agir
pour que les limites que la Constitution fédéra
le a tracées entre la Confédération et les Etats
isolés soient maintenues et que l'on ne dépasse
pas le point au delà duquel il ne ^resterait plus
aux Etats isolés ni assez d'indépendance ni as
sez de prestige pour agir comme des membres
vïvaees et-énergiques de la Confédération et
pour régler leurs affaires propres d'une manière
conforme à leurs besoins.
Le roi espère avec une ferme confiance que
l'on suivra cette voie,«et qu'ainsi le plus parfait
accord sera maintenu entre lui et ses confér
dérés. ^
ItaïSe..
Florence, 30 septembre.
M. Mancardi, directeur de la dette publique,
se rendra le 7 octobre à Rome, afin d'y arrêter
les bases de la liquidation de la dette pontifi
cale. •
M. de Bannevilte est attendu le même jour à
Rome..
COURS DE LA BOURSE.
cours de clôture, (a 29 m 30 Hausse. Baisse,
30/0aucompt. 71 10 71.35 » 25 » »
—Fin du mois. 71.07 71.27 s 20 » s
41/2aucompt. 101 25 100.50 » 25 » »
Qu'est devenu ce temps heureux, âgé
d'or de l'opposition, où les orléanistes, les
radicauy, les légitimistes et les libres pen
seurs fraternisaient dans une accolade fa
milière, marchaient la main dans la ièain,
et soufflaient la Marseillaise dans les mêmes
roseaux?
En ce temps-là les nuances se fondaient
harmonieusement, M. Victor Hugo appelait
Berryer « le rossignol qui chante dans les
coeurs, » et se réservait le rôle plus mo
deste de tr brin d'herbe qui, écoute. »
; M. Thiers défendait M. Jules Far: cg":î~
me naguère il patronnait M. Gambetta. Et
tous, monarchistes et républicains, loups et
agneaux, chats et souris, buvaient à la mê
me fontaine, et dormaient sous le même
toit.
Pour mieux oublier leurs haines passées,
pour éloigner tout ce qui pouvait troubler la
quiétude de leur douce association, ils
avaient renoncé à leurs dénominations par
ticulières; ils avaient adopté un seul èt mê
me nom de famille : l'Union libérale 1
Hélas 1 la famille est divisée, la colère di
vine a visité l'Union libérale, et maintenant,
dispersés, ennemis, ils retournent contre
éux-mêmes les armes qui nous devaient
anéantir et s'entre-déchirent.
L 'opposition irréconciliable, qui se pré
tend seule en possession de la révélation dé
mocratique, a mis sans façon se3 anciens
associés à la porte.
Dans cette languè inimitable que le Père
Duchesne a légué à ses petits-fils, le citoyen
Delescluze leur signifie un congé en bonne
et due forme : ; .
« Allez-vous-en, adorateurs de la pièce ide
cent sous, croupiers du juste milieu, etc., etc.,
l'avenir est à nous, la France nous appar
tient. Toute conception autre que la nôtre
n'a aucune chance de prévaloir devant le
suffrage universel rendu à la liberté. » i
Et le citoyen Delescluze conseille à MM.
Guizot, Barrot et à leurs adeptes de «s'enga
ger comnie ouvriers de la dernière heure
dans les. rangs bonapartistes. »
Le conseil est fort sage.
Il n'y a plus, en effet, aujourd'hui que
deux partis en présençe: le parti libéral
constitutionnel qui, depuis le 12 juillet, se
confond avec le parti dynastique; et le parti
des révolutionnaires autoritaires, anarchis
tes, communistes, etc., etc.
Sous quel drapeau s'enrôleront les or
léanistes actifs, intelligens, ceux qui pen
sent que la France a besein du concours de
tous les hommes éclairés, et qui rougiraient
de constituer la petite armée des boudeurs
impuis sans?
Le terra ip constitutionnel n'est-il pas assez
'large pour que,désormais ils puissent y vi
vre à l'aise? ~
L'Empire leur .a rendu les libertés qu'ils
avaient perdues; il a résolu les problèmes
qu'ils, jugeaient insolubles. Que demande
raient-ils aujourd'hui que l'on ne puisse
leur promettre ou leur accorder ?
Qu'ils viennent donc à nous ; qu'ils y
viennent sans trouble et sans embarras,
puisque sur ce terrain de la réconciliation,
c'est l'Empire qui a fait les premiers pas.
\La question de principe est résolue de
manière à donner satisfaction à tous les par
tis honnêtes, et avec le suffrage universel, il
ne saurait y avoir de question de personnes.
ROBERT MITCHEIX.
C'est une croyance commune à presque
tous les socialistes, c'est le point de départ
de tous leurs systènies, qu'il serait juste de
supprimer le,prêt à intérêt et de ne plus ac
corder au capital aucune part dans les bé
néfices de l'industrie et du commerce, M.
Coûtant partage cette croyance (1). Selon lui
« l'argent prêté ne doit trouver auôun inté-
'» rêt, aucun dividende. L'intérêt est le ver
» rongeur des industries, la liste civile des
» inutiles. »
Nous avons sommairement indiqué la
première objection que soulève cette doc
trine. Il n'y aura plus de prêteurs le jour où
la somme prêtée ne rapportera aucun inté
rêt. Celui qui possède un capitai ne com
mettra jamais la folie de s'en dessaisir, de
ne plus l'avoir à sa libre disposition, de s'ex
poser même à le perdre à jamais, si, en
- compensation de ces incouvéniens et de ces
risques, il n'a pas une rente annuelle fixe
ou une chance éventuelle d» gain. Il aimera
bien mieux garder son argent dans son cof
fre-fort, l'enterrer dans sa cave.
Ou bien, il achètera une terre, une mai
son, dont le fermage et le loyer lui rappor
teront un revenu.
" Il faut être trois fois aveugle pour ne pas
Ië comprendre, c'est supprimer le prêt lui-
même que de supprimer l'intérêt de l'ar
gent. .
Or, qui souffrirait le plus le jour où le
prêt à intérêt aurait disparu ?
Je né possède point de capital, je n'ai que
mes mains et mon intelligence. Si je n'ob
tiens point de secours étranger, je dois me
borner à un travail journalier dont la rétri
bution suffira à me faire vivre, mais ne me
permet aucune espérance de fortune.
Je trouve quelqu'un qui a, au contraire,
un capital, recueilli en héritage ou fruit.de
ses économies. S'il me le prête, je pourrai
entreprendre un commerce, construire un
atelier ou une usine, utiliser toute mon in
telligence et mon activité, tirer profit de
mes connaissances, de mon habileté au né
goce, de mes inventions. Au lieu d'un sa
laire quotidien, je réaliserai dès bénéfices
(i) Voir
septembre.
le Constitutionnel des 26, 27, £8 et 29
doubles ou triples, centuples peut-être.
N'ai-je pas tout avantage à obtenir ce prêt ?
En échange du capital qu'il m'aura prêté
et qu'il s'exposera à pèrdré, si j'étais mal
honnête, maladroit ou simplement malheu
reux, je lui donnerai, si je /éussis, une part
de mes bénéfices, un intérêt annuel ou un
dividende. N'est-ce pas juste? Doit-il courir,
sans compensation des chances de "perte ?
J'apporte mon travail, il apporte son ca
pital qu'il expose et sans lequel mon travail
resterait stérile. Ces deux apports sont éga
lement nécessaires à la prospérité de mon
entreprise; ils peuvent être perdus l'un et
l'autre en cas d'insuccès. Evidemment il est
juste que le gain, s'il y en a, soit partagé
comme les risques. Voilà pour l'équité de
ce contrat que vous voulez interdire.
Mais au point de v«e de l'utilité, ce n'est
pas le prêteur, c'est moi qui perdrai le plus
à votre interdiction. Ma_part de bénéfices
m'aurait, en effet,' conduit au bout de quel
ques ( années à l'aisance, peut-être à la for
tune. Et c'est pour améliorer mon sort que
vous ' voulez me priver de ces chances et
circonscrire mon avenir dans les limites
étroites de ceux qui n'ont ni le désir, ni la
force, ni la faculté de s'élever à rien I
C'est bien toujours le même résultat de
tous vos systèmes, : chercher une prétendue
égalité, non pas en faisant monter tout le.
monde, mais en abaissant au dernier ni
veau tous ceux qui pourraient s'élever.
Voilà, au point de vue individuel, les con
séquences de l'interdiction du prêt à intérêt.
Au point de vue général de la' société entiè
re, c'est bien pis. '
Chez toutes les nations où le commerce
des capitaux n'est pas développé et libre ,
l'industrie et le commerce restent dans l'en
fance; la production suffit à peine aux be
soins les plus élémentaires de la vie ; la ci
vilisation et le bien-être n'existent pas.
Sans le prêt des capitaux, sans leur as
sociation au travail,, la, main-d'œuvre reste â
l'état rudimentaire. Elle ne peut se procu
rer ni outils perfectionnés, ni machines, ni
approvisionneffiens de matières premières.
On'a le charron, le tisserand de village, ou
le pauvre forgeron avec son petit soufflet de
forge ; on a la barque fragile du pêcheur.
Qui a fondé nos puissantes usines, établi
notre fécond outillage, construit ces manu
factures qui fournissent des vêtemens à
l'univers, ces flottes qui vont dans le monde
entier chercher les matières premières
et distribuer les produits de notre indus
trie nationale? L'argent avec lequel tous ces
instrumens de travail ont été créés et se
multiplient, il a été risqué dans ces entre
prises, toujours aléatoires, en échange de
l'intérêt qu'on lui a payé ou des dividendes
qu'on lui a attribués. Sans la participation
du capital aux bénéfices, notre industrie en
serait au point où elle est chez les Arabes et
les Kabyles.
Personne ne songerait à dépenser soç ar
gent dans la construction, d'un vaisseau ou
d'une maison, s'il lui fallait livrer son vais
seau à des matelots ou sa maison à des lo
cataires qui ne lui donneraient f ni bénéfice
ni loyer.
Exiger en principe l'abolition du prêt à in
térêt, dire que le dividende servi au capital
est le ver rongeur des industries : c'est tarir ,
les sources mêmes du travail, c'est enlever à'
l'activité individuelle et nationale Un élé
ment sans lequel elle ne peut vivre; c'est
enlever à la plupart d'entre nous les meil
leures chances de fortune et préparer l'im
puissance, et l'apauvrissement de la société
tout entière. ■
Il reste à montrer combien est chimérique
l'espérance nourrie par les. socialistes d'é-
l'chapper à ces fatales conséquences de la
suppression du prêt à intérêt, au moyen
de combinaisons qui fe'raiènt de l'Etat le com
manditaire universel et le pourvoyeur géné
ral des associations de travailleurs.
C. BARBE.
NOUVELLES POLITIQUES.
L'Empereur a absolument repris ses an
ciennes habitudes. On a remarqué que mer
credi il a.repris ses déjeuners avec les mi
nistres. Rien ne saurait mieux prouver le
parfait rétablissement de la santé de Sa
Majesté.
S. M. l'Impératrice a dû partir aujourd'hui
de Spint-Cloud, à cinq heures et demie,
pour son voyage en Orient.
Nous sommes en.mesure d'affirmer que
les travaux de ventilation qui s'exécutaient
dans la salle des séances du Corps Législatif
sont complètement terminés.
L'honorable président du Corps Législatif
a même donné des ordres pour que tous les
travaux en cours d'exécution dans le palais
législatif fussent terminés pour le 15 oc
tobre.
Le personnel même sera au grand com
plet, à cette époque. Des demandes de con
gé ont été refusées pour qu'à cette date
aucun service ne soit entravé.
Nous ne tirons aucune induction, nous
nous bornons à constater des faits.
On assure que dans le dernier conseil des
ministres, on s'est occupé des six élections
qui restent à faire pour compléter le nom
bre légal des députés au Corps Législatif, et
que les électeurs seront convoqués dans les
premiers jours" de novembre. En cas de va
cances par option ou autrement, les collè
ges électoraux doivent pourvoir à la vacance
dans le délai de six mois.
Ce délai n'expirera qu'au mois de décem
bre. Mais l'article 5 du décret du» 2 février
1852 exige que l'intervalle entre la promul
gation du décret et l'ouverture des collèges
électoraux soit de vingt jours au moins. La
convocation doit donc avoir lieu en novem
bre.
Le Public confirme qu'aucune résolution
n'a été prise hier, en ce qui concerne la con
vocation du Corps Législatif.
4 « Il est toutefois certain aujourd'hui, dit-il,
que la date du 26 octobre no sera pas. adoptée
par le gouvernement.
» Il aurait été question, aussi dans le eon'seii
d'hier, d'un projet do sénatus-consulte portant
obligation de choisir les maires dans lo conseil
municipal de chaque commune, et sur la pré
sentation du conseil.
» Ce projet, étudié par M. de Forcade, aurait
l'adhésion complète de l'Empereur. »
Hier, après le conseil des ioainistres, l'Em
pereur a reçu le prince Napoléon et la prin
cesse Clotilde, qui avaient dîné la veille au
palais de Saint-Cloud. , ,
Sa Majesté a fait ensuite une longue pro
menade dans le parc et, en rentrant, elle a
admis M. de Banneville en audience parti
culière.
Le prince de La Tour d'Auvergne, minis
tre des affaires étrangères, a fait visite hier
soir à l'hôtel Bristol au prince et à la prin
cesse de Galles qui doivent, partir aujour
d'hui.pour l'Angleterre.
Nous lisons dans la Presse ê
Le ministre de l'intérieur a adressé aux pré
fets une circulaire ayant pour objet da pres
crire une enquête sur lo régime de l'imprimerie
et de la librairie. La circulaire est accompagnée
d'un questionnaire qui a été communiqué - par»
les maires à tous les imprimeurs et iibrairés
brevetés ; ceux-ci doivent répondre à la. fin de
ce mois aux diverses questions qui leur sont
posées.
Ces questions poriont sur le maintien ou sur
la suppression du brevet pour l'exercice de la
profession d'imprimeur et pour celle do li
braire.
Le ministre de l'intérieur soumettra au con
seil d'Etat les résultats de cette enquête, c'est-
à-dire les réponses dos détenteurs des brevets,
a'fcftWW
Feuilleton du Constitutionnel, 1 er oct.
LA DESTINEE
Deuxième parité.
■ ' . ék. %
MEDJÉ.
Le lendemain, Jacques et Merîjé quittaient
le Marabout. La jeune fille, sans trop savoir
pourquoi, était émue, toute frémissante :
elle avait la fièvre <îe l'impatiepce et de l'at
tente.
Elle %e saurait' jamais assez tôt ce que
Laure voulait lui dire, ni pourquoi elle la
faisait revenir si subitement en ville.
Jacques qui ne se souciait pas de la faire
marcher pendant la chaleur du jour, modéra
quelque peu son empressement le lende
main, de telle sorte que l'on n'atteignit Al
ger qu'assez tard dans la soirée.
Il fallait s'habiller. •
Si peu coquette que l'on soit, cela de
mande toujours un peu de temps. Le géné
rai, de son côté, se faisait bien souvent at
tendre. Il se trouvait toujours qu'il avait mille
choses à faire au dernier moment. Medjé
le savait; aussi pour ne pas l'exposer à la
tentation de s'oublier dans la lecture de sa.
correspondance, elle entra la premièro.da.os
la maison, et avisant dans un coin du vesti
bule un paquet de cartes et de lettres dé
posées, suivant l'habitude, sur un grand
plateau du Maroc, elle s'en empara leste-
mont, et fit tout disparaître sous la mousse
d'un vase de fleurs.
—- Elles seront bien là pour passer la
nuit, se dit-elle à demi-voix, et avec un
demi-sourire... Je les y retrouverai demain
{Voir le Constitutionnel du 30 septembre.)
matin, et je les enverrai au général à la
pointe d'i jour. Il les lira en entendant son
ner la diane ; cela occupera son petit lever.
Ceci fait, elle monta chez elle, et, emprun
tant le secours de Fatma, plus zélée qu'ha
bile, elle improvisa la plus blanche et la plus
fraîche toilettequi pût embellir ses dix-huit
printemps.
Uae heure plus tard, elle faisait son en
trée dans les salons de Mme de'Nesle, au
bras du général, qui semblait se parer or
gueilleusement de,sa beauté. '
•^Le premier regard de Medjé chercha Laure
sans toutefois parvenir à la rencontrer.
Après avoir salué la maîtresse de la mai
son, elle s'assit à la place que M. d'Ambleu-
se choisit pour elle, et, tout en attendant
assez impatiemment que son amie vint à
elle, elle se mit à regarder la fête,' déjà dans
tout son éclat.
En ce moment, l'orchestre jouait une
vais», et, par les portes ouvertes à deux
battans, passait d'une pièce dans l'autre le
tourbillon des couples enlacés.
Pour, Medjé, absente d'Afrique depuis
bientôt trois ans, il n'y avait guère dans ce
bal que des visages inconnus, Dans ces
colonies où l'en va moins pour y demeurer
que pour y faire fortune, et où les fonction
naires eux-mêrejes ne vont guère chercher
autre chose que de l'avancement, la société
se renouvelle promptement et change inces
samment d'aspect. La jeune fille, en reve
nant dans sa patrie, ne trouvait plus qu'un
monde d'étrangers.
Tout à coup, cependant, on la vit chau-
ger de couleur; £11 e devint plus blanche que
sa robe; un léger frisson agita ses lèvres, et
subitement ses.yeux arrondis prirent une
fixité effrayante.
Par bonheur, personne ne l'observait en
ce moment, car il eût été trop aisé de devi
ner que la crise d'un grand drame boule
versait son èms.
A quelques pas d'elle, l'un sur l'autre ap
puyés, presque dans les bras l'un de l'autre,
elle venait d'apercevoir deux êtres qu'elle
croyait maintenant bien loin d'elle, et dont
elle n'avait jamais soupçonné l'intimité —
deux êtrèsqui avaient tenu, dont l'un tenait
encore une grande place dans sa vie. . ■
Lucien Berthault et Andrée de Meillan
valsaient ensemble ! "
Le masqué hideux de la Méduse, présen
té tout à coup aux regardg de la jeuoe fille,
ne l'eût point frappée d'une plus mortelle
horreur que les traits charmans de Mlle de
Meillan. Il lui sembla jjue tout tournait au
tour d'elle, que le parquet de la salle
de bal s'entir'ouvrait et.ou'elle s'abîmait dans
les entrailles de la terre avec Andrée, Lu
cien et tous les danseurs.
— Prends garde, mon cher cœur 1 lui dit
tout bas une voix amie ; on te surveille et
tu te perds !
C'était Mlle de Nesle, que la valse venait
de ramener dans ce salon et qui, en aperce
vant Medjé et en voyant son trouble, était
venue l'avertir. •
Mais, en ce mopient, la pupille de M.
d'Ambleuse n'avait pas la conscience de ce
que les mots voulaient dire.
— Ils sè connaissent donc? demanda-t-elle
à Laure, d'une voix brèvç et saccadée.
— Il le faut bien, répliqua celle-ci, car
ils sont venus chez nous ensemble»,H est
entré en donnant le bras à la marquise de
Meillan, qui est maintenant dans l'autre sa
lon. Mlle Andrée était conduite par son père.
— Ah ! ils se connaissent, continua Medjé,
répondant à sa pensée, bien plus qu'aux pa
roles de son aimable compagne.
— Je ne sais pas s'ils se connaissaient au
paravant, reprit Laure.; mais ils sont venus
de France ici sur le même bateau, et je crois
qu'ils se sont beaucoup vus à Alger tu
comprends que j'ai voulu que tu fusses
avertie..... J'ai eu raison, n'est-ce pas ?
— Cent fois raison 1 murmura, les lèvres
serrées,Medjé qui |entit s'éveiller en elle les
fauves ardeurs du -sang africain.
Mlle d® Nesle lui serra doucement la
main.
— Savoir! savoir ! je veux savoir ! conti
nua Medjé. Tout, tout plutôt que le doute !
s'il l'aime, qu'il le dise ! tout sera fini... Je
l'arracherai de mon cœur, dût mon cœur
s "en briser... et dussé-je'en mourir !
— Pas en plein bal, fit Laure, ea essayant
de sourire, car elle se sentait observée; viens
dans ma chambre, pour te remettre un
peu...' . >
. — Us sont là ! ils sont ensemble !... èt tu
veux que ja m'en aille ! Ah! tu ne me con
nais guère, répliqua Medjé, avec un accent
profond qui fit tressaillir sa douce com
pagne- ■ .
— Alors, je ne te quitte point! ditLaure.en
s'asseyant près de la belle Arabe, dont l'œil
noir lançait en ce raomant des éclairs fa-
rouches.
Cependant, le capitaine Berthault et Mlle
de Meillan, suivant le mouvement , géné
ral qui entraînait tous lès danseurs, venaient
de passer dans l'autre pièce, et Mecijé qui
ne les voyait, plus, tenait toujours ses rs-
.gards ardçns fixés sur la porte par laquelle
ils venaient de disparaîtrè. Elle eût voulu
pouvoir les suivre.
— Calme-toi donc, chère folle, je t'en sup-"
plie, dit Mlle de Nesle; veux-tu donc que
je me repente de l'avoir avertie ? Un peu de
patience, je t'en conjure ! Tout s'expliquera,
et tu verras que tu te seras fait inutilement
du'mal. <
Et elle ajouta, sans se rendre compte à
elle-même de la portée de son observation,
qui allait certes plus loin qu'elle ne le
croyait : ,
— Pense donc ! si le général te voyait en-
ce moment.
— Tu as raison ! il ne faut pas qu'ifme
voieî il est si bon ! cela lui fait toujours de
la pejne quand je souffre.
L'esprit vient vite aux filles ; Laure, pour
toute réponse, jeta un regard à son amie, et
ne prononça-pas une parole dé plus.
La valse finissait, et la plupart'des cou
ples revenaient dans le grand salon. Lucien
lui-même y reparut bientôt, donnant le
bras'à la belle Andrée, qu'il ramenait à sa
place.
La fille d'Antoinette jetait ce soir-là un ,vif
éclat de beauté. Comme sa mère, dont, elle
avait les cheveux blonds, le teint d'une
fraîcheur de rose et les yeux bleus pleins
de lumière, elle savait déjà prendre avec les
hommes des façons d'une coquetterie cares
sante qui devaient faire croire à chacun
d'eux qu'il était l'aimé et lo préféré entre
tous. Ceci avait été de tout temps la grand
art de la marquise^
Andrée s'avançait donc, au bras du jeune
capitaioe7 la tête un peuirenversée, faisant
sentir du bras son poids léger, souriante, et
avec cette démarche onduleuse et souple
dont, seul, le gracieux balancement du col
-des cygnes peut donner une juste idée.
Tout à coup, elle aperçut Medjé qu'elle
n'avait pas encore vue.
—: Eh ! mais, il me semble que je ne me
trompe pas, dit-elle à Lucien; voila bien, là-
bas, contre cette fenêtre, la pupille du ba
ron d'Ambleuse, votre général, Medjé,... la
belle Africaine.
— Oui, c'est elle, .en effet, répliqua l'offi
cier qui venait de reconnaître la jeune fille.
Elle est donc de vos amies?
— Dé pension ! Mais, puisqu'elle est:ici.
le général ne doit pas être loin ! continua-
t-elie avec moins de sincérité que de mali
ce; car on assure qu'ils ne se'quittent.pas.
— Mais, Mademoiselle, un père ne quitte
pas sa fille ! répliqua Lucien gravement.
-^•C'est absolument ce que je voulais dire.
Mais ne trouvez-vous point qu'avec son front
pâle et ses yeux sombres, elle est belle
comme un soir d'automne ?
— Et vous, riposta le jeune homme, vous
êtes charmante comme une matinée de prin
temps. , .
— Peut-être vous embarrasserait-on beau
coup si l'on vous demandait ce que vous
préférez du soir ou du matin ?
Et sans attendre sa réponse, ejle ajouta :
— Vrai! j'aime beaucoup Medjé! Nous
étions fort liées à la pension de Norville. On
nous appelait les inséparables. Ç!est bien le
cas de nous réunir... au moins pour cinq
minutes. Je vais aller lui dire que je suis là.
Vous me reconduirez ensuite à ma place.
Elle s'approcha do Medjé, le sourire aux
lèvres et la main ouverte. -
— Eh bien! belle fugitive, dit-elle à son
ancienne compagne, c'est donc ainsi que tu
pars sans prévenir ; il faut donc aller te re
lancer jusqu'au fond des déserts si l'on veut
avoir de tes nouvelles.». Mais ceci ne m'ar
rête pas, petite ingrate ! Tu n'as pas voulu
venir me voir à Paris; je viens, moi, te voir
en Afrique ! Dis, maintenant, laquelle de
nous deux aime l'autre ?
Medjé, sérieuse comme sa race, laissa pas
ser ce torrent de paroles sans même essayer
de l'arrêter; mais pendant que la brillante
Andrée semait ainsi les fleurs de sa rhétori
que, la pupille du baron d'Ambleuse, at
tentive ét grave, scrutait de son regard pro
fond les yeux de Lucien, qm se tenait un
peu en arrière, et comme à l'écart, discrète
ment; pour ne pas troubler l'entretien, des
deux jçunes filles.
— Tu es bien heureuse, toi, dit enfin
Medjé, si tu fais ce que tu veux! Moi, je fais
ce que veulent les autres. L© général m'a
dit : Nous partons l et je suis partie. " .
— L'obéissance passive, genre militaire !
fit Andrée en riant ; j'avoue que cette façon
d'?gir ne m'amuserai} pas beaucoup !
— Comme si l'on ne faisait que ce qui
amuse !
Medjé. à ce moment, feignit de reconnaî
tre pour la pramière fois Lucien, à qui elle
avait rendu très légèrement son salut.
— Ehl mais, dit-elle, M. le capitaine Ber
thault... si je ne me trompe. .
— Lui-même, Mademoiselle, et certes,
très étonné que vous lui fassiez l'honneur
de vous souvenir encore de lui.
. — Mon Dieu! Monsieur, je n'ai pas grand
mérite à cela. Mon tuteur m'a trop souvent
parlé de vous pour qu'il me fût possible de
vous oublier,—quand même je l'aurais-
voulu... et je vous avais trop de reconnais
sance pour le vouloir.
— Me voilà maintenant plus que payé de
ce que tout autre eût fait à ma place, dit.
Lucien en s'inclinant devant la jeune Arabe.
Andrée renversa un peu sa tête blonde-en
arrière, et les enveloppa tous deux d'un
regard plus savant que son âge.
-Est-ce que,, par,,hasard, ils s'enten
draient? se demanda-;t-e]le à elle-même, et
un soupçon qui ressemblait à de la jalousie
la mordit au cœur. A nous tTois, mainte
nant ; c'est le cas de jouer serré !
- ÏLohIs
f La mite i un prochain numérp.)
ABQNNESENS .DES DÉPARTEMENT.
SUREAU! A PAULS ; rue de Valois (Palais-Royal)/ n? 10:
VENDREDI 1 er OCTOBRE 1869.
TROIS MOIS.......
SIX MOIS....-
UN AN....- ...
ftope ïks pats ktrangëhs , voir le tableau
publié les s et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. Gibiat et C e .
" ruedeâBons-Enïans, 19.
JOURNAIi POLITIQUE LITTERAIRE UMVERSEL.
un numéro .centimes;
■ ■ 1 f '~
Les abonnemqng datent dés y*
Ho Ah^miû rrtAÏa .
i Le mode d' abonnement le l'envoi d'un bon do posta ou d'un effet
eut Paris, à, l'ordre de^^àiinsrKAtJSO^ du journal, r. de Valois, n. 10.
Lés lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles déposés^ne sont pas rendus.
de chaque mois..;
S 'adresser pour les A nnonces à MM. F aochey , L àffite, et G®,' sy ■
place de la. Bourse, 8, à M. D éport, 7, me Coq-Héron, ôt au bureau du joikàal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve tfexamen,, et, s'il y a lieu, de modification par t administration
du journal. ■. y;., ' >
■ttr?
PARIS 9 50 SEPTESIRR^
Les journaux de vienne sont à peu près
unanimes dans leurs appréciations de la vi
site du prince royal de Prusse et du rappro
chement présumé entre les cours de Berlin
et de Vienne. Tous, ils désirent ce rappro
chement en tant qu'offrant un gage du main
tien de la paix. Mais, tous aussi, ils deman
dent que ce rapprochement ne ralentisse pas
la marche libérale du gouvernement autri
chien et ne porte pas préjudice aux intérêts
fondamentaux, de l'Autriche, intérêts qui
sont identiques avec ceux de l'équilibre eu
ropéen.
On remarquera à ce sujet l'article publié
par la Presse de Vienne, feuille que l'on
considère comme reflétant les opinions du
ministère. Voici comment s'exprime cette
feuille :
: « La tension qui a existé jusqu'ici dans
-'les rapports entre les deux pays ne peut
disparaître réellement que si l'on s'entend
sur une nouvelle base acceptable. Jusqu'ici,
c'est dans le sud de l'Allemagne que résidait
la cause, principale des différends; il faudra
donc se v mettre d'accord sur le point liti
gieux. Cela nepeut avoir lieu que si, à Berlin
.comme à Vienne, on renonce, honnêtement
et sincèrement, à exercer toute influence
impérative sur la marche des choses dans
l'Allemagne méridionale et qu'on laisse la
situation dans le sud se développer d'elle-
même. Si les deux parties acceptent hon
nêtement cette idée, des rapports de bon
voisinage entre elles sont non-seulement
possibles, mais même assurés. »
La feuille viennoise pose encore une au
tre condition : le maintien des relations d'a
mitié entre l'Autriche et la France. Elle'dit
.■ à ce sujet :'
« Mais il faudra que la réconciliation sur
cette base porte encore un autre caractère si
elle doit répondre aux intérêts de l'Autri
che. Il faut qu'elle n'altèie en aucune ma
nières les relations amicales de l'Autriche
avec la France et son gouvernement. D'a
près ce qui a transpiré sur le voyage de
lord Glarendon, et ses conférences avec
les hommes d'Etat du sud de l'Allema-
gng et des membres marquans du gou
vernement français-, une pareille entente
n'est pas invraisemblable. Si elle se réalise,
en effet, nous sommes prêts à accueillir avec
joie tout nouvel ami qui nous aidera de fait
à assurer le maintien de la paix. Mais pous-'
ser un vieil ami dans le camp de l'ennemi,
pour .acquérir un nouvel'ami, ce serait une
politique qui ne répondrait pas aux intérêts
réels de l'Autriche et à laquelle personne
n'a songé chez nous. »
^Ce langage es^aussi formel que possible
et', nous le répétons, s'il exprime l'opinion
du cabinet de Vienne, il est aussi l'écho de
l'opinion générale de la monarchie austro-
hongroise.
■ ' 1 '• u •
Quant à la question badoise, il est à pré
voir que les députés appartenant au parti
national-libéral, fidèles au mot d'ordre de
leurs amis de Berlin, présenteront à la
Chambse de Carlsruhe une motion deman
dant l'entrée du grand-duché dans la Con
fédération du Nord.
Mais, jil importe de ne pas se laisser
éblouir par un vote affirmatif de la Cham
bre badoise, élue sous les auspices d'un
ministère complètement soumis aux volon
tés du parti national-libéral. Le jour où les
gouvernemens de Berlin et de Carlsruhe dé
montreront , d'une manière irréfragable,
qu'ils n'entendent exercer aucune espèce de
pression sur les volontés des populations
badeises, ce jour-là seulement un vote de
■«es populations aura une véritable valeur
ppiorale aux yeux de l'Europe.
C'est demain que s'ouvre la Diète provin
ciale de Bohême, à Prague. Plusieurs minis
tres sont membres de cette assemblée : ce
sont MM. de Beust, le comte Tâaffe, Herbst,
de Plener et Hasner. Ils doivent assister à la
séance d 'Quverture.
Les membres allemands de la Diète de
Bohême se proposent de faire une tentative
de conciliation, à l'effet d'empêcher les dé
putés tchèques de déposer de nouveau leurs
mantfats.
Les différentes Diètes provinciales de
l'empire devront avoir terminé leurs tra
vaux d'ici au 23 octobre, la réunion du Par
lement de Vienne étant fixée au 9 novembre.
Au 2 octobre prochain expire la conven
tion de cartel entre la Prusse et la Russie,
convention qui a donné lieu à de vifs débats
dans la dernière session des Chambres prus
siennes. La convention n'a point été renou
velée. Si, à l'avenir, la conclusion d'une
convention de ce genre devenait nécessaire,
elle prendrait probablement la forme d'une
convention entre la Russie et la Confédéra
tion du Nord. .
EnocAKD S imon.
Par décret en date du 29 septembre, l'in
térim du ministère de l'intérieur, confié,
pendant l'absence de S. Exc. M. de Forcade
la Roquette, à S. Exc. M. Duvergier, garde
des sceaux, ministre de la justiee et des
cultes, a cessé à partir du même jour.
[Journal officiel.)
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
agence havas.
ABIglcSeFFO,
Londres, 30 septembre.
Le Times annonce que le gouvernement du
Pérou a vendu à une association déniaisons
allemandes et françaises, deux millions de ton
neaux de guano, dont la moitié est embarquée
ou même déjà .arrivée en Europe.
Etats-Unis.
New-York, 28 septembre.
(Par le câblo français.)
Le steamer Westphalia^ do la Compagnie
hambourgeojse-américaine, parti du Havre le
18 courant, est arrivé à New-York aujourd'hui.
, • • ■ New-York^, 29 septembre.
(Par le câble transatlantique français.)
Le bureau de la direction de l'or n'est pas en
core ouvert. Les cours des valeurs manquent
généralement de fixité. A la Bourse, les joueurs
à la hausse sur l'or sont dans une agitation fé
brile. Plusieurs grandes maisons qui jouaient à
la hausse sur l'or ont fait faillite ou ont suspen
du leurs paiemens. ,
Prasw.
Berlin, 29 septembre.
On lit dans la .Correspondance provinciale ;
Le prince royal ira rendre visite à la famille
impériale d'Autriche. S. A. R. prendra, sur l'in
vitation de l'empereur, résident dans le palais
impérial (Hofburg). Ensuite, le prince se rendra
en Italie, où il s'embarquera sur l'Hertha. L'es
cadre de l'Allemagne du Nord l'accompagnera
en Orient. Après un séjour de pltisiéurs jours à
Gonstantinople, le prince se rendra par l'Asie-
Miheure et la Paléstine à Suez, où il assistera à
l'inauguration du canal. L'absence du prince
sera de deux mois*. Pendant ce temps, la prin
cesse royale visitera le sud de la France et lr
Suisse française.
M. de Bismark ne reviendra pas à Berlin poui
la session du Parlement. >
La convention-cartel, conclue entre la Prusse
et la Russie, expire le 2 octobre prochain. Ella
n'a pas été renouvelée.
L'Empereur Napoléon est. complètement re
mis de sa récente indisposition. Ainsi, la cause
des appréhensions qu'on a conçues naguère à
ce Sujet a complètement disparu.
Saxe.
Dresde, 29 septembre.
Les représentations au théâtre de la Cour
recommenceront dans la seconde quinzaine de
novembre. Le roi a autorisé l'érection d'un
édifice provisoire. . .
Ss^aene.
Madrid, 29 septembre" soir.
On assure qu'une commission de quinze dé-
" putés sera chargée d'étudier et de préparer la
solution de la question des candidatures au trô
ne d'Espagne.
SERVICE. DE NUIT.
Saxe.
Dresde, 30 septembre.
Aujourd'hui a eu lieu l'ouverture définitive
des Chambres. ;
Le discours du trône annonce une suite de
projets plus ou moins importans ■ il insiste sur
la situation respectée de la Saxe tant à-l'intérieur
de la Confédération de l'Allemagne du Nord que
vis-à-vis des puissances étrangères.
Il, signale les efforts tout particuliers que le
roi a faits pour établir et consolider l'édifice fé
déral sur la base de la Constitution fédérale.
Le discours ajoute qu'il faut néanmoins agir
pour que les limites que la Constitution fédéra
le a tracées entre la Confédération et les Etats
isolés soient maintenues et que l'on ne dépasse
pas le point au delà duquel il ne ^resterait plus
aux Etats isolés ni assez d'indépendance ni as
sez de prestige pour agir comme des membres
vïvaees et-énergiques de la Confédération et
pour régler leurs affaires propres d'une manière
conforme à leurs besoins.
Le roi espère avec une ferme confiance que
l'on suivra cette voie,«et qu'ainsi le plus parfait
accord sera maintenu entre lui et ses confér
dérés. ^
ItaïSe..
Florence, 30 septembre.
M. Mancardi, directeur de la dette publique,
se rendra le 7 octobre à Rome, afin d'y arrêter
les bases de la liquidation de la dette pontifi
cale. •
M. de Bannevilte est attendu le même jour à
Rome..
COURS DE LA BOURSE.
cours de clôture, (a 29 m 30 Hausse. Baisse,
30/0aucompt. 71 10 71.35 » 25 » »
—Fin du mois. 71.07 71.27 s 20 » s
41/2aucompt. 101 25 100.50 » 25 » »
Qu'est devenu ce temps heureux, âgé
d'or de l'opposition, où les orléanistes, les
radicauy, les légitimistes et les libres pen
seurs fraternisaient dans une accolade fa
milière, marchaient la main dans la ièain,
et soufflaient la Marseillaise dans les mêmes
roseaux?
En ce temps-là les nuances se fondaient
harmonieusement, M. Victor Hugo appelait
Berryer « le rossignol qui chante dans les
coeurs, » et se réservait le rôle plus mo
deste de tr brin d'herbe qui, écoute. »
; M. Thiers défendait M. Jules Far: cg":î~
me naguère il patronnait M. Gambetta. Et
tous, monarchistes et républicains, loups et
agneaux, chats et souris, buvaient à la mê
me fontaine, et dormaient sous le même
toit.
Pour mieux oublier leurs haines passées,
pour éloigner tout ce qui pouvait troubler la
quiétude de leur douce association, ils
avaient renoncé à leurs dénominations par
ticulières; ils avaient adopté un seul èt mê
me nom de famille : l'Union libérale 1
Hélas 1 la famille est divisée, la colère di
vine a visité l'Union libérale, et maintenant,
dispersés, ennemis, ils retournent contre
éux-mêmes les armes qui nous devaient
anéantir et s'entre-déchirent.
L 'opposition irréconciliable, qui se pré
tend seule en possession de la révélation dé
mocratique, a mis sans façon se3 anciens
associés à la porte.
Dans cette languè inimitable que le Père
Duchesne a légué à ses petits-fils, le citoyen
Delescluze leur signifie un congé en bonne
et due forme : ; .
« Allez-vous-en, adorateurs de la pièce ide
cent sous, croupiers du juste milieu, etc., etc.,
l'avenir est à nous, la France nous appar
tient. Toute conception autre que la nôtre
n'a aucune chance de prévaloir devant le
suffrage universel rendu à la liberté. » i
Et le citoyen Delescluze conseille à MM.
Guizot, Barrot et à leurs adeptes de «s'enga
ger comnie ouvriers de la dernière heure
dans les. rangs bonapartistes. »
Le conseil est fort sage.
Il n'y a plus, en effet, aujourd'hui que
deux partis en présençe: le parti libéral
constitutionnel qui, depuis le 12 juillet, se
confond avec le parti dynastique; et le parti
des révolutionnaires autoritaires, anarchis
tes, communistes, etc., etc.
Sous quel drapeau s'enrôleront les or
léanistes actifs, intelligens, ceux qui pen
sent que la France a besein du concours de
tous les hommes éclairés, et qui rougiraient
de constituer la petite armée des boudeurs
impuis sans?
Le terra ip constitutionnel n'est-il pas assez
'large pour que,désormais ils puissent y vi
vre à l'aise? ~
L'Empire leur .a rendu les libertés qu'ils
avaient perdues; il a résolu les problèmes
qu'ils, jugeaient insolubles. Que demande
raient-ils aujourd'hui que l'on ne puisse
leur promettre ou leur accorder ?
Qu'ils viennent donc à nous ; qu'ils y
viennent sans trouble et sans embarras,
puisque sur ce terrain de la réconciliation,
c'est l'Empire qui a fait les premiers pas.
\La question de principe est résolue de
manière à donner satisfaction à tous les par
tis honnêtes, et avec le suffrage universel, il
ne saurait y avoir de question de personnes.
ROBERT MITCHEIX.
C'est une croyance commune à presque
tous les socialistes, c'est le point de départ
de tous leurs systènies, qu'il serait juste de
supprimer le,prêt à intérêt et de ne plus ac
corder au capital aucune part dans les bé
néfices de l'industrie et du commerce, M.
Coûtant partage cette croyance (1). Selon lui
« l'argent prêté ne doit trouver auôun inté-
'» rêt, aucun dividende. L'intérêt est le ver
» rongeur des industries, la liste civile des
» inutiles. »
Nous avons sommairement indiqué la
première objection que soulève cette doc
trine. Il n'y aura plus de prêteurs le jour où
la somme prêtée ne rapportera aucun inté
rêt. Celui qui possède un capitai ne com
mettra jamais la folie de s'en dessaisir, de
ne plus l'avoir à sa libre disposition, de s'ex
poser même à le perdre à jamais, si, en
- compensation de ces incouvéniens et de ces
risques, il n'a pas une rente annuelle fixe
ou une chance éventuelle d» gain. Il aimera
bien mieux garder son argent dans son cof
fre-fort, l'enterrer dans sa cave.
Ou bien, il achètera une terre, une mai
son, dont le fermage et le loyer lui rappor
teront un revenu.
" Il faut être trois fois aveugle pour ne pas
Ië comprendre, c'est supprimer le prêt lui-
même que de supprimer l'intérêt de l'ar
gent. .
Or, qui souffrirait le plus le jour où le
prêt à intérêt aurait disparu ?
Je né possède point de capital, je n'ai que
mes mains et mon intelligence. Si je n'ob
tiens point de secours étranger, je dois me
borner à un travail journalier dont la rétri
bution suffira à me faire vivre, mais ne me
permet aucune espérance de fortune.
Je trouve quelqu'un qui a, au contraire,
un capital, recueilli en héritage ou fruit.de
ses économies. S'il me le prête, je pourrai
entreprendre un commerce, construire un
atelier ou une usine, utiliser toute mon in
telligence et mon activité, tirer profit de
mes connaissances, de mon habileté au né
goce, de mes inventions. Au lieu d'un sa
laire quotidien, je réaliserai dès bénéfices
(i) Voir
septembre.
le Constitutionnel des 26, 27, £8 et 29
doubles ou triples, centuples peut-être.
N'ai-je pas tout avantage à obtenir ce prêt ?
En échange du capital qu'il m'aura prêté
et qu'il s'exposera à pèrdré, si j'étais mal
honnête, maladroit ou simplement malheu
reux, je lui donnerai, si je /éussis, une part
de mes bénéfices, un intérêt annuel ou un
dividende. N'est-ce pas juste? Doit-il courir,
sans compensation des chances de "perte ?
J'apporte mon travail, il apporte son ca
pital qu'il expose et sans lequel mon travail
resterait stérile. Ces deux apports sont éga
lement nécessaires à la prospérité de mon
entreprise; ils peuvent être perdus l'un et
l'autre en cas d'insuccès. Evidemment il est
juste que le gain, s'il y en a, soit partagé
comme les risques. Voilà pour l'équité de
ce contrat que vous voulez interdire.
Mais au point de v«e de l'utilité, ce n'est
pas le prêteur, c'est moi qui perdrai le plus
à votre interdiction. Ma_part de bénéfices
m'aurait, en effet,' conduit au bout de quel
ques ( années à l'aisance, peut-être à la for
tune. Et c'est pour améliorer mon sort que
vous ' voulez me priver de ces chances et
circonscrire mon avenir dans les limites
étroites de ceux qui n'ont ni le désir, ni la
force, ni la faculté de s'élever à rien I
C'est bien toujours le même résultat de
tous vos systèmes, : chercher une prétendue
égalité, non pas en faisant monter tout le.
monde, mais en abaissant au dernier ni
veau tous ceux qui pourraient s'élever.
Voilà, au point de vue individuel, les con
séquences de l'interdiction du prêt à intérêt.
Au point de vue général de la' société entiè
re, c'est bien pis. '
Chez toutes les nations où le commerce
des capitaux n'est pas développé et libre ,
l'industrie et le commerce restent dans l'en
fance; la production suffit à peine aux be
soins les plus élémentaires de la vie ; la ci
vilisation et le bien-être n'existent pas.
Sans le prêt des capitaux, sans leur as
sociation au travail,, la, main-d'œuvre reste â
l'état rudimentaire. Elle ne peut se procu
rer ni outils perfectionnés, ni machines, ni
approvisionneffiens de matières premières.
On'a le charron, le tisserand de village, ou
le pauvre forgeron avec son petit soufflet de
forge ; on a la barque fragile du pêcheur.
Qui a fondé nos puissantes usines, établi
notre fécond outillage, construit ces manu
factures qui fournissent des vêtemens à
l'univers, ces flottes qui vont dans le monde
entier chercher les matières premières
et distribuer les produits de notre indus
trie nationale? L'argent avec lequel tous ces
instrumens de travail ont été créés et se
multiplient, il a été risqué dans ces entre
prises, toujours aléatoires, en échange de
l'intérêt qu'on lui a payé ou des dividendes
qu'on lui a attribués. Sans la participation
du capital aux bénéfices, notre industrie en
serait au point où elle est chez les Arabes et
les Kabyles.
Personne ne songerait à dépenser soç ar
gent dans la construction, d'un vaisseau ou
d'une maison, s'il lui fallait livrer son vais
seau à des matelots ou sa maison à des lo
cataires qui ne lui donneraient f ni bénéfice
ni loyer.
Exiger en principe l'abolition du prêt à in
térêt, dire que le dividende servi au capital
est le ver rongeur des industries : c'est tarir ,
les sources mêmes du travail, c'est enlever à'
l'activité individuelle et nationale Un élé
ment sans lequel elle ne peut vivre; c'est
enlever à la plupart d'entre nous les meil
leures chances de fortune et préparer l'im
puissance, et l'apauvrissement de la société
tout entière. ■
Il reste à montrer combien est chimérique
l'espérance nourrie par les. socialistes d'é-
l'chapper à ces fatales conséquences de la
suppression du prêt à intérêt, au moyen
de combinaisons qui fe'raiènt de l'Etat le com
manditaire universel et le pourvoyeur géné
ral des associations de travailleurs.
C. BARBE.
NOUVELLES POLITIQUES.
L'Empereur a absolument repris ses an
ciennes habitudes. On a remarqué que mer
credi il a.repris ses déjeuners avec les mi
nistres. Rien ne saurait mieux prouver le
parfait rétablissement de la santé de Sa
Majesté.
S. M. l'Impératrice a dû partir aujourd'hui
de Spint-Cloud, à cinq heures et demie,
pour son voyage en Orient.
Nous sommes en.mesure d'affirmer que
les travaux de ventilation qui s'exécutaient
dans la salle des séances du Corps Législatif
sont complètement terminés.
L'honorable président du Corps Législatif
a même donné des ordres pour que tous les
travaux en cours d'exécution dans le palais
législatif fussent terminés pour le 15 oc
tobre.
Le personnel même sera au grand com
plet, à cette époque. Des demandes de con
gé ont été refusées pour qu'à cette date
aucun service ne soit entravé.
Nous ne tirons aucune induction, nous
nous bornons à constater des faits.
On assure que dans le dernier conseil des
ministres, on s'est occupé des six élections
qui restent à faire pour compléter le nom
bre légal des députés au Corps Législatif, et
que les électeurs seront convoqués dans les
premiers jours" de novembre. En cas de va
cances par option ou autrement, les collè
ges électoraux doivent pourvoir à la vacance
dans le délai de six mois.
Ce délai n'expirera qu'au mois de décem
bre. Mais l'article 5 du décret du» 2 février
1852 exige que l'intervalle entre la promul
gation du décret et l'ouverture des collèges
électoraux soit de vingt jours au moins. La
convocation doit donc avoir lieu en novem
bre.
Le Public confirme qu'aucune résolution
n'a été prise hier, en ce qui concerne la con
vocation du Corps Législatif.
4 « Il est toutefois certain aujourd'hui, dit-il,
que la date du 26 octobre no sera pas. adoptée
par le gouvernement.
» Il aurait été question, aussi dans le eon'seii
d'hier, d'un projet do sénatus-consulte portant
obligation de choisir les maires dans lo conseil
municipal de chaque commune, et sur la pré
sentation du conseil.
» Ce projet, étudié par M. de Forcade, aurait
l'adhésion complète de l'Empereur. »
Hier, après le conseil des ioainistres, l'Em
pereur a reçu le prince Napoléon et la prin
cesse Clotilde, qui avaient dîné la veille au
palais de Saint-Cloud. , ,
Sa Majesté a fait ensuite une longue pro
menade dans le parc et, en rentrant, elle a
admis M. de Banneville en audience parti
culière.
Le prince de La Tour d'Auvergne, minis
tre des affaires étrangères, a fait visite hier
soir à l'hôtel Bristol au prince et à la prin
cesse de Galles qui doivent, partir aujour
d'hui.pour l'Angleterre.
Nous lisons dans la Presse ê
Le ministre de l'intérieur a adressé aux pré
fets une circulaire ayant pour objet da pres
crire une enquête sur lo régime de l'imprimerie
et de la librairie. La circulaire est accompagnée
d'un questionnaire qui a été communiqué - par»
les maires à tous les imprimeurs et iibrairés
brevetés ; ceux-ci doivent répondre à la. fin de
ce mois aux diverses questions qui leur sont
posées.
Ces questions poriont sur le maintien ou sur
la suppression du brevet pour l'exercice de la
profession d'imprimeur et pour celle do li
braire.
Le ministre de l'intérieur soumettra au con
seil d'Etat les résultats de cette enquête, c'est-
à-dire les réponses dos détenteurs des brevets,
a'fcftWW
Feuilleton du Constitutionnel, 1 er oct.
LA DESTINEE
Deuxième parité.
■ ' . ék. %
MEDJÉ.
Le lendemain, Jacques et Merîjé quittaient
le Marabout. La jeune fille, sans trop savoir
pourquoi, était émue, toute frémissante :
elle avait la fièvre <îe l'impatiepce et de l'at
tente.
Elle %e saurait' jamais assez tôt ce que
Laure voulait lui dire, ni pourquoi elle la
faisait revenir si subitement en ville.
Jacques qui ne se souciait pas de la faire
marcher pendant la chaleur du jour, modéra
quelque peu son empressement le lende
main, de telle sorte que l'on n'atteignit Al
ger qu'assez tard dans la soirée.
Il fallait s'habiller. •
Si peu coquette que l'on soit, cela de
mande toujours un peu de temps. Le géné
rai, de son côté, se faisait bien souvent at
tendre. Il se trouvait toujours qu'il avait mille
choses à faire au dernier moment. Medjé
le savait; aussi pour ne pas l'exposer à la
tentation de s'oublier dans la lecture de sa.
correspondance, elle entra la premièro.da.os
la maison, et avisant dans un coin du vesti
bule un paquet de cartes et de lettres dé
posées, suivant l'habitude, sur un grand
plateau du Maroc, elle s'en empara leste-
mont, et fit tout disparaître sous la mousse
d'un vase de fleurs.
—- Elles seront bien là pour passer la
nuit, se dit-elle à demi-voix, et avec un
demi-sourire... Je les y retrouverai demain
{Voir le Constitutionnel du 30 septembre.)
matin, et je les enverrai au général à la
pointe d'i jour. Il les lira en entendant son
ner la diane ; cela occupera son petit lever.
Ceci fait, elle monta chez elle, et, emprun
tant le secours de Fatma, plus zélée qu'ha
bile, elle improvisa la plus blanche et la plus
fraîche toilettequi pût embellir ses dix-huit
printemps.
Uae heure plus tard, elle faisait son en
trée dans les salons de Mme de'Nesle, au
bras du général, qui semblait se parer or
gueilleusement de,sa beauté. '
•^Le premier regard de Medjé chercha Laure
sans toutefois parvenir à la rencontrer.
Après avoir salué la maîtresse de la mai
son, elle s'assit à la place que M. d'Ambleu-
se choisit pour elle, et, tout en attendant
assez impatiemment que son amie vint à
elle, elle se mit à regarder la fête,' déjà dans
tout son éclat.
En ce moment, l'orchestre jouait une
vais», et, par les portes ouvertes à deux
battans, passait d'une pièce dans l'autre le
tourbillon des couples enlacés.
Pour, Medjé, absente d'Afrique depuis
bientôt trois ans, il n'y avait guère dans ce
bal que des visages inconnus, Dans ces
colonies où l'en va moins pour y demeurer
que pour y faire fortune, et où les fonction
naires eux-mêrejes ne vont guère chercher
autre chose que de l'avancement, la société
se renouvelle promptement et change inces
samment d'aspect. La jeune fille, en reve
nant dans sa patrie, ne trouvait plus qu'un
monde d'étrangers.
Tout à coup, cependant, on la vit chau-
ger de couleur; £11 e devint plus blanche que
sa robe; un léger frisson agita ses lèvres, et
subitement ses.yeux arrondis prirent une
fixité effrayante.
Par bonheur, personne ne l'observait en
ce moment, car il eût été trop aisé de devi
ner que la crise d'un grand drame boule
versait son èms.
A quelques pas d'elle, l'un sur l'autre ap
puyés, presque dans les bras l'un de l'autre,
elle venait d'apercevoir deux êtres qu'elle
croyait maintenant bien loin d'elle, et dont
elle n'avait jamais soupçonné l'intimité —
deux êtrèsqui avaient tenu, dont l'un tenait
encore une grande place dans sa vie. . ■
Lucien Berthault et Andrée de Meillan
valsaient ensemble ! "
Le masqué hideux de la Méduse, présen
té tout à coup aux regardg de la jeuoe fille,
ne l'eût point frappée d'une plus mortelle
horreur que les traits charmans de Mlle de
Meillan. Il lui sembla jjue tout tournait au
tour d'elle, que le parquet de la salle
de bal s'entir'ouvrait et.ou'elle s'abîmait dans
les entrailles de la terre avec Andrée, Lu
cien et tous les danseurs.
— Prends garde, mon cher cœur 1 lui dit
tout bas une voix amie ; on te surveille et
tu te perds !
C'était Mlle de Nesle, que la valse venait
de ramener dans ce salon et qui, en aperce
vant Medjé et en voyant son trouble, était
venue l'avertir. •
Mais, en ce mopient, la pupille de M.
d'Ambleuse n'avait pas la conscience de ce
que les mots voulaient dire.
— Ils sè connaissent donc? demanda-t-elle
à Laure, d'une voix brèvç et saccadée.
— Il le faut bien, répliqua celle-ci, car
ils sont venus chez nous ensemble»,H est
entré en donnant le bras à la marquise de
Meillan, qui est maintenant dans l'autre sa
lon. Mlle Andrée était conduite par son père.
— Ah ! ils se connaissent, continua Medjé,
répondant à sa pensée, bien plus qu'aux pa
roles de son aimable compagne.
— Je ne sais pas s'ils se connaissaient au
paravant, reprit Laure.; mais ils sont venus
de France ici sur le même bateau, et je crois
qu'ils se sont beaucoup vus à Alger tu
comprends que j'ai voulu que tu fusses
avertie..... J'ai eu raison, n'est-ce pas ?
— Cent fois raison 1 murmura, les lèvres
serrées,Medjé qui |entit s'éveiller en elle les
fauves ardeurs du -sang africain.
Mlle d® Nesle lui serra doucement la
main.
— Savoir! savoir ! je veux savoir ! conti
nua Medjé. Tout, tout plutôt que le doute !
s'il l'aime, qu'il le dise ! tout sera fini... Je
l'arracherai de mon cœur, dût mon cœur
s "en briser... et dussé-je'en mourir !
— Pas en plein bal, fit Laure, ea essayant
de sourire, car elle se sentait observée; viens
dans ma chambre, pour te remettre un
peu...' . >
. — Us sont là ! ils sont ensemble !... èt tu
veux que ja m'en aille ! Ah! tu ne me con
nais guère, répliqua Medjé, avec un accent
profond qui fit tressaillir sa douce com
pagne- ■ .
— Alors, je ne te quitte point! ditLaure.en
s'asseyant près de la belle Arabe, dont l'œil
noir lançait en ce raomant des éclairs fa-
rouches.
Cependant, le capitaine Berthault et Mlle
de Meillan, suivant le mouvement , géné
ral qui entraînait tous lès danseurs, venaient
de passer dans l'autre pièce, et Mecijé qui
ne les voyait, plus, tenait toujours ses rs-
.gards ardçns fixés sur la porte par laquelle
ils venaient de disparaîtrè. Elle eût voulu
pouvoir les suivre.
— Calme-toi donc, chère folle, je t'en sup-"
plie, dit Mlle de Nesle; veux-tu donc que
je me repente de l'avoir avertie ? Un peu de
patience, je t'en conjure ! Tout s'expliquera,
et tu verras que tu te seras fait inutilement
du'mal. <
Et elle ajouta, sans se rendre compte à
elle-même de la portée de son observation,
qui allait certes plus loin qu'elle ne le
croyait : ,
— Pense donc ! si le général te voyait en-
ce moment.
— Tu as raison ! il ne faut pas qu'ifme
voieî il est si bon ! cela lui fait toujours de
la pejne quand je souffre.
L'esprit vient vite aux filles ; Laure, pour
toute réponse, jeta un regard à son amie, et
ne prononça-pas une parole dé plus.
La valse finissait, et la plupart'des cou
ples revenaient dans le grand salon. Lucien
lui-même y reparut bientôt, donnant le
bras'à la belle Andrée, qu'il ramenait à sa
place.
La fille d'Antoinette jetait ce soir-là un ,vif
éclat de beauté. Comme sa mère, dont, elle
avait les cheveux blonds, le teint d'une
fraîcheur de rose et les yeux bleus pleins
de lumière, elle savait déjà prendre avec les
hommes des façons d'une coquetterie cares
sante qui devaient faire croire à chacun
d'eux qu'il était l'aimé et lo préféré entre
tous. Ceci avait été de tout temps la grand
art de la marquise^
Andrée s'avançait donc, au bras du jeune
capitaioe7 la tête un peuirenversée, faisant
sentir du bras son poids léger, souriante, et
avec cette démarche onduleuse et souple
dont, seul, le gracieux balancement du col
-des cygnes peut donner une juste idée.
Tout à coup, elle aperçut Medjé qu'elle
n'avait pas encore vue.
—: Eh ! mais, il me semble que je ne me
trompe pas, dit-elle à Lucien; voila bien, là-
bas, contre cette fenêtre, la pupille du ba
ron d'Ambleuse, votre général, Medjé,... la
belle Africaine.
— Oui, c'est elle, .en effet, répliqua l'offi
cier qui venait de reconnaître la jeune fille.
Elle est donc de vos amies?
— Dé pension ! Mais, puisqu'elle est:ici.
le général ne doit pas être loin ! continua-
t-elie avec moins de sincérité que de mali
ce; car on assure qu'ils ne se'quittent.pas.
— Mais, Mademoiselle, un père ne quitte
pas sa fille ! répliqua Lucien gravement.
-^•C'est absolument ce que je voulais dire.
Mais ne trouvez-vous point qu'avec son front
pâle et ses yeux sombres, elle est belle
comme un soir d'automne ?
— Et vous, riposta le jeune homme, vous
êtes charmante comme une matinée de prin
temps. , .
— Peut-être vous embarrasserait-on beau
coup si l'on vous demandait ce que vous
préférez du soir ou du matin ?
Et sans attendre sa réponse, ejle ajouta :
— Vrai! j'aime beaucoup Medjé! Nous
étions fort liées à la pension de Norville. On
nous appelait les inséparables. Ç!est bien le
cas de nous réunir... au moins pour cinq
minutes. Je vais aller lui dire que je suis là.
Vous me reconduirez ensuite à ma place.
Elle s'approcha do Medjé, le sourire aux
lèvres et la main ouverte. -
— Eh bien! belle fugitive, dit-elle à son
ancienne compagne, c'est donc ainsi que tu
pars sans prévenir ; il faut donc aller te re
lancer jusqu'au fond des déserts si l'on veut
avoir de tes nouvelles.». Mais ceci ne m'ar
rête pas, petite ingrate ! Tu n'as pas voulu
venir me voir à Paris; je viens, moi, te voir
en Afrique ! Dis, maintenant, laquelle de
nous deux aime l'autre ?
Medjé, sérieuse comme sa race, laissa pas
ser ce torrent de paroles sans même essayer
de l'arrêter; mais pendant que la brillante
Andrée semait ainsi les fleurs de sa rhétori
que, la pupille du baron d'Ambleuse, at
tentive ét grave, scrutait de son regard pro
fond les yeux de Lucien, qm se tenait un
peu en arrière, et comme à l'écart, discrète
ment; pour ne pas troubler l'entretien, des
deux jçunes filles.
— Tu es bien heureuse, toi, dit enfin
Medjé, si tu fais ce que tu veux! Moi, je fais
ce que veulent les autres. L© général m'a
dit : Nous partons l et je suis partie. " .
— L'obéissance passive, genre militaire !
fit Andrée en riant ; j'avoue que cette façon
d'?gir ne m'amuserai} pas beaucoup !
— Comme si l'on ne faisait que ce qui
amuse !
Medjé. à ce moment, feignit de reconnaî
tre pour la pramière fois Lucien, à qui elle
avait rendu très légèrement son salut.
— Ehl mais, dit-elle, M. le capitaine Ber
thault... si je ne me trompe. .
— Lui-même, Mademoiselle, et certes,
très étonné que vous lui fassiez l'honneur
de vous souvenir encore de lui.
. — Mon Dieu! Monsieur, je n'ai pas grand
mérite à cela. Mon tuteur m'a trop souvent
parlé de vous pour qu'il me fût possible de
vous oublier,—quand même je l'aurais-
voulu... et je vous avais trop de reconnais
sance pour le vouloir.
— Me voilà maintenant plus que payé de
ce que tout autre eût fait à ma place, dit.
Lucien en s'inclinant devant la jeune Arabe.
Andrée renversa un peu sa tête blonde-en
arrière, et les enveloppa tous deux d'un
regard plus savant que son âge.
-Est-ce que,, par,,hasard, ils s'enten
draient? se demanda-;t-e]le à elle-même, et
un soupçon qui ressemblait à de la jalousie
la mordit au cœur. A nous tTois, mainte
nant ; c'est le cas de jouer serré !
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