Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-09-25
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 septembre 1869 25 septembre 1869
Description : 1869/09/25 (Numéro 268). 1869/09/25 (Numéro 268).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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■W 268,
SUREAUX » PARIS t rue de Valois (Palais-Royal),' n; 10;
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SAMEDI 58 septembre tss».
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A.B0NNESEN8 DES B&PMTEMK&S,
1R0IS MOIS 16 FR.
SIX MOIS 32 FR.
UN AN 64 FR.
> POtJB I,ES PAYS ÉTRANGERS, VOlr 16 tablefiU
publié les 5 et 20 de chaque mois,
Imprimerie çlu Constitutionnel,
E. Gibiat et c.
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SIX MOIS...
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S 'adresser pour les A nnonces à MM. F auchey , L affits , B ullier, çt G 0 ,
place de la Bourse, 8, à M. D uport , 7, rue Goq-IIéron,'"ei au bureau du jourii'
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve $ examen,, et, s'il y a lieu, de modification par
* • du journal,
PARIS, 24 SEPTEMBRE
La presse ministérielle de Berlin, par l'or
gane de la Gazette de la Croix, rompt enfin
le silence au sujet des bruits relatifs à l'en
trée du grand-duché de Bade dans la Gonfé
, dération du Nord. Cette feuille confirme, ce
que nous n'avons cessé d'objecter à quel
ques-uns de nos confrères, à savoir que,
cette fois, l'alarme n'a pas été donnée par les
spéculateurs de Bourse, mais par les feuilles
prussiennes elles-mêmes.
La Gazette de la Croix s'exprime ainsi :
« La Gazette de Magdebourg a publié na-
» guère avec grand fracas une correspon-
» dance à sensation relative à l'entrée soi-
» disant imminente de Bade dans la Confé-
» dératien de l'Allemagne du Nord. Les
» renseignemens donnés par cette feuille,
» malgré le ton d'assurance avec lequel ils
» étaient formulés, reçurent aussitôt de qui
» de droit les démentis les plus énergiques.
» Cependant le journal national libéral af-
» firmait avec une obstination incompré-
» hensible l'exactitude de son correspondait.
» Nous apprenons aujourd'hui de bonne
» source que toute cette affaire n'est , qu'une
» invention de correspondant. Un corres
# pondant, qui ne puise notoirement ses
» renseignemens que dans sa propre imagi-
» nation, avait communiqué ce puff à une
» feuille badoise, où le correspondant na-
» tional-libéral de la Gazette de Magde-
» bourg à Bade l'a péché en toute bâtç pour
» le transmettre à la Gazette avec des am-
» plifications tirées de son propre fonds. »
La Gazette de la Croix va trop loin, selon
nous, lorqu'elle affirme que le correspon
dant badois a inventé la nouvelle. 11 est
parfaitement avéré que les nationaux-libér-
raux de Berlin ont des coréligionnaires à
Carlsruhe et à Heidelberg, qui voudraient
forcer la main à M. de Bismark en amenant
les Chambres badoises à demander l'entrée
de Bade dans l'Union du Nord.
Il n'en est pas moins évident, d'autre part,
que la Gazette de la Croix a voulu infliger
un désaveu à ces tentatives. M. de Bismark
ne juge-t-il pas le, moment opportun?ou
bien serait-il content, en présence d'un
vote de la Chambre badoise, de ^en
trer sa modération? Voilà ce, que nous ne
.saurions dire.
Le langage des feuilles annexionnistes de
Berlin et de Carlsruhe a eu cela, de bon
d'avertir l'opinion publique de l'Europe.
Pour avoir signalé les articles de ces jour
naux, on n'est pas alarmiste, comme le
prétend le Journal des Débats. Ce journal
doit être convaincu aujourd'hui que les
bruits dont il faisait si bon marché
ont leur fondement et ses correspôndans
prussiens eux-mêmes, le lui auront confir
mé. Aussi sommes-nous, dans cette ques
tion, de l'avis du Peuple français : il im
porte, en effet, que les mêmes journaux
qui, en 1866, encourageaient la politique de
conquête en Allemagne, ne puissent au
jourd'hui endormir l'opinion^ ou lui donner
le change sur ce qui se passe à notre porte.
Nous ne vouions pas de chauvinisme, mais
nous ne voulons pas davantage d'une po
litique de quiétude et d'effacement.
- Le gouvernement espagnol est en butte
aux agitations du parti républicain. Les
républicains, qui,, dès le début, n'ont accep
té qu'à conjre-cœur la prédominance des
générkùxÇî
teïùhrer, "
sfs de l'insurreetion de sep-
ilent, à tout prix, s'emparer
Les troubles et le meurtre
irragone montrent de quoi sont capa
bles les partisans de la république en Espa
gne. Le ministère se trouve aujourd'hui
dans l'alternative d'abdiquer ou de sévir : il
a résolu -de sévir. La chose n'est pas facile,
attendu que les républicains ont été des auxi
liaires actifs et utiles de la première heure.
Mais enfin, si l'armée est avec le ministère,
le résultat de la luttç n'est pas douteux,
malgré les défis ..que lancent au gou
vernement les divers orateurs des clubs.
On peut donc prédire que le ministère
aura raison des barricades; reste la ques
tion du lendemain, et celle-là reste entière
tant que l'Espagne n'aura pas trouvé un
prince assez énergique et assez populaire
pour entreprendre la régénération de ce
grand et malheureux pays.
E douard S imon.
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
AGENCE HAVAS.
Affl£8eîeB'i»e.
Londres, 23 septembre, soir.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'Angle
terre donne les résultats suivans :
Augmentation : Portefeuille, 22,8851. st.
— Compte du Trésor 169,0331. st.
— Réserve des billets, 12,6981. st.
Diminution : Comptes particul. 203,2991. st.
— Encaisse métall., 212,3851. st.
Amérique.
New-York, 23 septembre, soir
(par le câble français).
Un conseil des ministres sera tenu demain à
l'effet de discuter la question de Cuba.
Le New-York Herald, le New-York Times et
la Tribune annoncent que le gouvernement ^de
Washington approuve la conduite du général
Sickles.
La convention républicaine 4e Massachussets
a adopté une résolution en faveur de la non-
intervention dans lis dftaïus do Cuba, sauf une
simple médiation, résolution déclarant que les
insurgés n'ont pas encore droit au titre de bel-
ligérans.
Serbie.
Belgrade, 24 septembre.
M. Kosta Zukitch, ministre des finances en
retraite, a été nommé représentant de Serbie à
Bucharest.
ISsgfagisie.
Madrid, 24 septembre.
La Gazette publie un décret portant dissolu
tion deda commission instituée en 188b, à l'ef
fet de reviser le Code de commerce et instituant
une nouvelle commission chargée de rédiger
d'urgence un nouveau Code de commerce sur
les bases suivantes :
1° Liberté de trafic et d'association ; 2° sup
pression des monopoles et des privilèges.
Le gouverneur de Madrid a suspendu les
séances du club républicain de la Montagne, par
suite de l'adoption par çe club d'une résolution
antimonarchique.
L'Impartial dément formellement la nouvelle
de troubles qui auraient éclaté à Barcelone. ,
SERVICE de; nuit.
Angleterre.
Londres, 24 septembre.
Le Times publie une dépêche de Philadelphie
en date du 23 septembre, disant que le gouver
nement américain n'a pas désavoué la conduite
du général Sickles, mais qu'il la soutient. La
dépêche ajoute que la politique américaine à
l'égard de Cuba n'a pas change, mais que cer
tains ménagemens sont conseillés au général
Sickles.
Grond-Onehife de Bade.
Carlsruhe, 24 septembre.
Aujourd'hui a eu lieu l'ouverture des Cham
bres badoises.
Le discours du trône constate d'abord qu'au-
cug pas décisif^'a été fait dans le développe
ment national de l'Allemagne depuis la derniè
re, session.
Toutefois le grand-duc se réjouit de voir des
relations de plus en plus étroites s'établir entre
Bade et la Confédération de l'Allemagne du
Nord.
Il cçnstate avec plaisir que le progrès de la
conscience nationale est le point de départ d'un
sentiment de eolidarité commune de plus en
plus énergique entre tous les Etats allemands.
Le discours signale les traités qui garantis
sent le maintien de la propriété commune du
matériel des anciennes forteresses générales de
Mayence, d'UÎm, deRadstadt et de Landau entre
tous les Etats signataires.
Il ajoute que, conjointement avec les com
missions de forteresses, est constituée une com
mission d'inspection commune avec la Confé
dération du Nord. Grâce à ces traités, un systè
me de défense commune est garanti pratique
ment entre l'Allemagne du Nord et l'Allemagne
du Sud, système dont la nécessité est partout
reconnue.
Dans la réunion du conseil fédéral dpuanier
et du Parlement douanier, la coopération étroite
de tous les Etats allemands s'est manifestée
heureusement sur le terrain limité qui était as
signé à ces assemblées.
Le discours du trône espère que la Confédé
ration prendra ultérieurement un développe
ment plus grand et que sa constitution se con
solidera. Il signale la communauté de Ja vie
économique de l'Allemagne qui doit s'affir
mer par l'extension à toute l'Allemagne du sys
tème de poids et mesures qui est en vigueur
dans la Confédération de l'Allemagne du Nord.
Il mentionne les traités de commenSfef iifr na
vigation, postaux et télégraphiques qui ont été
conclus par le Zollverein (union douanière).
Il signale l'introduction dans le grand-duché
de Bade d'une organisation militaire conforme
è celle qui existe dans la Confédération de l'Al
lemagne du Nord. Grâce à cette organisation,
les troupes badoises peuvent entrer dans les
rangs de l'armée fédérale de l'Allemagne du
Nord au même titre que les troupes fédérales,
pour la défense de la patrie commune.
Le discours du trône mentionne les traités de
libre pratique militaire conclus avec la Confé
dération de l'Allemagne du Nord et qui doivent
être présentés aux Chambres. Grâce à ces trai
tés, l'unité de la force militaire allemande s'est
heureusement affirmée.
Le grand^duc espère que la puissance militai
re de l'Allemagne ne sera pas appelée à un
emploi sérieux; néanmoins la valeur et le ca
ractère indispensable de cette puissance ne doi
vent pas être mécsnnus au point de vue natio
nal.
Le gouvernement proposera la prolongation
pendant aeux ans de la loi sur le contingent et
il demandera que les Chambres votent les dé
penses militaires réduites h leur minimum, dé
penses sans lesquelles il ne serait pas possible
de maintenir l'armée badoise au degré de va
leur militaire qu'elle a atteint.
Le discours du trône parle ensuite des ques
tions intérieures ; il signale la célébration du
cinquantième anniversaire de la constitution et
les changemens constitutionnels à présenter
aux Chambres ; il annonce ensuite la présenta
tion de divers projets de loi concernant la pro
cédure criminelle, la responsabilité ministérielle,
le renvoi de tous les crimes politiques au jury,
le mariage civil obligatoire, les dispositions sup
plémentaires à ajouter à la loi sur l'instruction,
la simplification de l'organisme des autorités
communales et l'extension de l'autonomie des
communes, les routes, les chemins de fer, les
canaux, etc.
II annonce, en .outre, un projet de loi relatif
à la fondation d'une Banque d'après le système
qui existe dans l'Allemagne du Nord, ainsi
qu'une loi sur les associations industrielles et
économiques.
Le discours du trône rend hommage au dévoû-
ment constant et à l'abnégation avec lesquels la
population a supporté les surcroîts de charges
qui lui ont été imposés. Le gouvernement s'ef
force de réduire le plus possible les dépenses de
l'Etat.
Le discours du trône conclut par ces mets :
« J'ai la confiance que nous atteindrons paci
fiquement les buts que nous poursuivons. »
Danemark.
Copenhague, 24 septembre.
On annonce, officiellement que le ministre de
l'intérieur, le ministre des cultes et le ministre
de la manne ont été, sur leur demande, relevés
de leurs fonctions.
. Ont tfté nommés : minifctro-de l'intérieur, M.
Haffoer ; ministre des cultes, M. llosenœrn.
Le ministre de la guerre sera chargé, en ou
tre, du ministère do la marine.
, Siaisse.
Berne, 24 septembre.
Le royaume de Wurtemberg ayant offert une
subvention pour le chemin de fer du Saint-Go-
thard, le conseil fédéral l'invite à envoyer des
délégués à la conférence de Berne.
COURS DE LA BOURSE.
cours de clôture. 16 23 le 24 Hausse. Baisse.
30/0aucompt. 70 70 70 40 ?» » 30
—Fin du mois. 70,65 70.35
41/2au compt. 100.50 101 50
» 30
» »
• Palais de St-Cloud, le 23 septembre.
S. Exc. Djémil-Pacha, ambassadeur ex
traordinaire et plénipotentiaire de S. M. I. le
sultan, a eu l'honneur d'être reçu aujour
d'hui par Leurs Majestés.
L'Empereur çi reçu aujourd'hui les lettres
par lesquelles S. M. la reine "du Royaume-
Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande ac
crédite auprès de l'Empereur l'honorable
Lionel Sackville West en qualité de ministre
plénipotentiaire, pendant l'absencede S. Exc.
lord Lyons, ambassadeur de S. M. Britan
nique;
Et la lettre par laquelle S. M. l'empereur
du Brésil fait connaître à Sa Majesté la nais
sance d'un prince, fils de S. A. le duc de
Saxe et de S. A. Madame la princesse dona
Leopoldina, son épouse.
[Journal officiel.)
Le Temps nous semble manquer de logi
que 1
La Chambre, nous dit-il, n'est pas indé
pendante; elle ne représente pas le pays.
Elue par la grâce de l'administration, elle
ne peut se dégager de ses attaches origi
nelles ; donc il faut avant tout dissoudre la
Chambre, et faire des élections libres.
Mais, continue le Temps, des élections li
bres, cela suppose les circonscriptions élec
torales revisées, les maires nommés par les
communes, la défense légale faite aux fonc
tionnaires de s'immiscer dans le serutin : en
d'autres termes, l'abolition de l'article 75.
Enfin, ces réformes doivent de toute néces
sité précéder les élections libres, dont elles
sent l'indispensable garantie.
Le Temps oublie de nous dire par quels
procédés il compte faire inscrire dans nos
Codes les réformes qu'il réclame, et que
nous réclamons avec lui.
La révision des circonscriptions électora
les ne peut s'opérer qu'au moyen d'une loi.
Une loi, ne peut être votée que par le
Corps Législatif.
Or, si le Corps Législatif ne représente
pas le pays, s'il n'est pas indépendant, s'il
n'existe que par un caprice gouvernemen
tal, il serait imprudent de lui demander de
vouloir bien voter l'abolition des candidatu
res officielles , c'est-à-dire sa propre dé
chéance.
De deux choses l'une :
Ou la Chambre réformera la loi électorale
dans un sens libéral, et alors il serait in
juste de la dissoudre puisqu'elle aura fait
preuve de patriotisme et d'abnégation ;
Ou elle laissera aux mains de l'admi
nistration tous les élémens constitutifs de la
candidature officielle, et alors la dissolution
serait sans intérêt.
Nous croyons, nous, que la Chambre ac
tuelle sera plus indépendante qu'on ne le
suppose généralement.
Jusqu'ici élis dépendait du ministère, qui
pouvait à son gré, et selon qu'il octroyait
ou refusait l'investiture officielle, faire ou
défaire les députés de la majorité.
Aujourd'hui les termes sont renversés.
C'est le gouvernement qui dépend de la
Chambre. C'est la majorité-qui peut à son
gré faire ou défaire les cabinets.
Les députés ne relèvent plus que da leurs
électeurs, et ils savent fort bien qu'aux élec
tions prochaines ils n'auront plus à compter
que sur Dieu et leur bon droit.
Obéir au- suffrage universel, s'incliner
devant l'opinion, remplir honnêtement et
scrupuleusement son maudat n'est plus
seulement un devoir pour le député qui
tient à garder sa place, c'est encore une né
cessité:
ROBERT MITCHEIX.
Décidément le Siècle aurait grand besoin
de suivre un cours de droit constitutionnel.
Il ignore ce que tout le monde sait, ce qu'un
journal, en tous cas, devrait savoir.
Nous avons relevé déjà quelques-unes de
ses erreurs. En voici une qui dépasse peut-
être toutes les autres. Nous lisons dans son
dernier numéro :
La Constitution ne dit pas non plus expressé
ment quelle sera la durée de chaque scission.
MaftPBlio dit à l'article 44 : « Les sessions ordi
naires du Corps Législatif durent'trois mois. »
La Constitution ne s'explique pas davantage
sur les sessions qui durent plus de trois mois.
Autant d'erreurs que de mots. Nous vou
drions ne pas relever de pareils lapsus;
mais le pouvons-nous? Faut-il laisser se
propager des inexactitudes aussi manifestes?
Le Siècle ne connaît évidemment que l'an
cien texte de la Constitution, manié et re
manié d'abord en ce sens que les sessions
purent être prolongées par décret; ensuite
vint le sénatus-consulte du 18 juillet 1866,
portant, article 5 :
« La disposition de l'article 41 de la Cons
titution du 14 janvier 1852, qui limite à trois
mois la durée des sessions ordinaires du
Corps Législatif est abrogée ; un décret de
l'Empereur prononce la clôture de la ses
sion. »
Que reste-t-il donc de l'article 41 que cite
gravement le Siècle ? _ "
Enfin, ce journal ne se rappelle donc pas
la session de 1868 qui. dura près de huit
mois ?
Nous recommandons à noire confrère de
réfléchirà deux fois, désormais, avant d'ar
gumenter sur des textes.
Après le reproche de mauvaise foi que le
Siècle ne mérite pas dans la circonstance,
celui d'ignorance est le plus dur qui se
puisse recevoir.
Nous serions heureux pour le Siècle qu'il
se l'épargnât à l'avenir.
AM. MATAGRIN.
Le Moniteur universel apprécie comme
nous la nomination du général Fleury au
poste d'ambassadeur de France à Saint-Pé
tersbourg :
Il nous sera permis, dit ce journal, de rap
peler le rôle important que Mr le général Fleury
a joué dans les récentes réformes constitution
nelles. Bien avant l'interpellation des 116, il
s'était montré le partisan dévoué et convaincu
de la transformation de l'Empire autoritaire en
Empire libéral, et n'avait pas hésité à mettre
son influence personnelle au service de la cause
que le message impérial du 12 juillet a fait
triompher.
La haute situation diplomatique cjue reçoit lé
général Fleury peut donc être considérée à jus
te titre comme un nouveau trait-d'union entre
l'Empereur et les amis des libertés constitu
tionnelles, et à ce point de vue, dans les cir
constances où elle se produit, èlje revêt une si
gnification politique qui ne saurait nous échap
per.—E. Bauer. -
Le Peuple français n'est pas moins expli-
r cite, à cet égard, que le Moniteur :
Plusieurs journaux annoncent ce matin que
M. le général Floury va être envoyé h Saint-Pé
tersbourg en qualité d'ambassadeur. Ils ont rai
son de s'en féliciter.
Brillant soldat en Afrique, le général Fleury
s'est associe à la fortune du prince Louis-Napo
léon avant l eiecuon du 10 décembre, et depuis
il a ete t un des serviteurs les plus dévoués du
prince dont il avait éié 1 un des premiers amis.
Dans ces dornieres années. — ce n est un mys
tère Dour personne.—le général a constamment
servi lesidees politiques qui ont triomphé succès-,
sivoment le 19 janvier !8U7 et le 11 juillet 1869.
La transformation libérale de l'Empire n'a pas
eu de défenseur plus habile et plus convaincu.
L'arrivée du générai Fleury sur le terrain de la
politique officielle est donc une preuve que le
gouvernement, après avoir adopté le program
me libéral, n hésuera pas à prendre aussi les
hommes qui le représentent depuis longtemps.
C'est ce point de Vue qui a particulièrement at
tiré l'attention du Constitutionnel.
Mais il est également notoire que dans des
circonstances graves, M. le général Fleury a été
chargé de missions très délicates qu'il a tou
jours conduites avec la plus grande habileté et
accomplies avec le plus grand bonheur. Il n'est
donc pas surprenant que l'on attacho une gran
de importance à l'envoi du général Fleury à
Saint-Pétersbourg.—Cléça. Duvernois. '
Nous lisons dans le Journal de Paris :
Lo Constitutionnel célèbre cette nomination
de M. 1e général Fleury dont il avqit été si sou
vent question et sans résultat sous le ministère
de M. Rouher, comme une victoire du parti des
116. Il est certain que M. le général Fleury tient
plus ou moins aujourd'hui à la fraction du,
parti gouvernemental qui est entrée aux affai
res après le message du 12 juillet. Il est cer
tain également qu'il est de ceux qui ont vu
sans déplaisir l'éloignement do M. Rouher.
Cette évolution de M. le général Fleury
vers le parti libéral ou tout au moins vers le
tiers parti, peut surprendre. Mais n'a-t-on pas
vu déjà M. dp Maupas, dont le rôle a été plus
actif,et la responsabilité bien autrement enga
gée dans les événemens qui ont amoné la Cons
titution de 1882, attaquer l'édifice do l'Empire
absolu qu'il avait aide lui-même à construire T
Nous lisons dans la France:
Non-seulement nous sommes en mesure de
confirmer la nouvelle donnée ce matin par le
Constitutionnel, et d'après laquelle 1e général
Fleury serait envoyé comme ambassadeur a
Saint-Petorsbourg. mais nous pouvons ajouter
que. dans les cercles politiques, on considère
cetfe nomination comme un succès pour les in
fluences libérales qui s'agitent autour du chef
de l'Etat. Le général Floury aurait dans ces der
niers temps fait entendre à l'Empereur des con
seils très libéraux. M. do La Valette et M. Rou
her eiaient très liosuies à to. Fleury : 11s s e-
taient opposes à ce qu 11 tûr envoyé à Florence. -
NOUVELLES POLITIQUES.
La baisse a eacore persisté aujourd'hui à
la Bourse.
Le bruit a couru que l'Empereur était de
nouveau malade ; il est complètement in
exact; rien n'est changé dans l'état de santé
de l'Empereur. La véritable cause de la
baisse, e'est la situation du marché finan
cier à l'étranger.
Nous lisons dans le Moniteur universel :
L'Empereur, complètement rétabli, a repris
toutes ses-habitudes.
H est inexact; ainsi qu'on l'avait prétendu,
que les docteurs Nélaton et Fauvel aient été
mandé3 à Saint-Cloud.
Ce matin, vendredi, après avoir travaillé avec
M. le préfet do police, i'Etnpereur â fait une
longue promenade à pied dans le jardin réser
vé du palais de Saint-Cloud. -
A une heure de l'après-midi, l'Empereur a
reçu le prince Napoléon. Sa Majesté doit sortir
en voiture dans l'après-midi.
Le conseil des ministres est convoqué pour
demain 5 samedi, à dix heures.
Le départ de l'Impératrice pour l'Orient reste
fixé au 2 octobre.
La visite faite hier à Ssint-ClouJ par Dje-
mii-Pacha était une visite de congé.
Feuilleton du Constitutionnel, 25 sept.
LA DESTINEE
Deuxième partie.
MEDJÉ.
' Une période de plus de trois ans, à cette
époque de la vie où les changemens sont si
rapides,les transformations si soudaines, où
les mois, les semaines et les jours semblent
ne venir S noiis que les mains pleines de
présens, avait eu sur elle une influencesin-
gulièrement heureuse. Sa beauté s'était en
quelque sorte accomplie. A dix-sept ans, on
lui en eût donné vingt, tant sa généreuse
nature s'était rapidement développée ; l'état
maladif qui, trop souvent, accompagne la
croissance, et dont on avait pu se plaindre à
. son arrivée à Paris, avait fait place à la san-
të la plus magnifique.
Sa taille, tout en gardant sa sveltesse élé
gante, avait acquis une plénitude et des ron
deurs qui la rendaient plus attrayante. Mçdjé
.atteignait maintenant c» point culminant,
qui est comme le solstice d® la perfection
féminine. Elle rayonnait; elle éclatait.
La civilisation l'avait en quelque sorte mé
nagée, et, tout en lui donnant beaucoup, lui
avait laissé un je ne sais quoi d'original,
que nous appellerions volontier le parfum
•du disert, et qui la payait d'un charme par
fois irrésistible.
M. d'Ambleuse ne pouvait se lasser m da
la voir ni de l'entendre. Illui faisait mille
questions à la fois, et buvait, pour ainsi
dire les paroles sur ses lèvres. Dans tout ce
qu'e'lle lui disait, il cherchait des indices de
son âme ; il voulait savoir ce que l'absence
avait fait d'elle, quels changemens étaient
survenus dans sa manière d'être, de penser, de
sentir. Il n'ignorait point, cependant, que
la femme ne se révèle pas en un jour, et
semble se livrer, elle se garde encore, et
.qu'elle ne montre jamais ce qu'il lui plaît
{Voir le Constitutionnel du 24 septembre.)
de cacher. Jacques n'eut pas même cons
cience de l'état nerveux où l'absence de
Lucien Berthault mettait sa pupille ; son
âme ne fut même pas atteinte par le soupçon.
Quand on eut effleuré toutes Jes questions
relatives au-présent et au passé, il fallut
bien parler de l'avenir.
Le général dit à la jeune fille qu'il avait
l'intention de la ramener prochainement en
Afrique; sans doute elle s'y plairait mieux
qu'en France.
— Est-ce que la patrie n'est pas toujours
le pays que Ton préfère à tous les autres ?
ajouta-t-il.
—. Je ne sais pas, répondit-elle, avec sa
grâce enchanteresse ; tout ce que je puis
dire, c'est que là où tu es c'est pour inoi la
patrie.
— Voilà qui est bien pensé et bien dit !
fit le général, en lui donnant son baiser d'a
dieu. Je suis venu ici au débotté , — tant
j'avais hâte de te voir, — et sans même sa
voir où je loge. Je vais me mettre en quête
d'^in petit trou pour nous deux.
— Il n'a pas dit pour nous trois ! pensa
Medjé, dont le cœur se serra.
— Tu as fait ta rhétorique, l'an passé,
continua le général ; il te reste ta vie entière
pour faire ta philosophie. C'est le monde
qui te donnera les livres où tu l'apprendra.
Ils ne sont pas imprimés, et n'en coûtent
pas moins chers. Tu vas dire adieu à tes
jeunes amies. Je t'emmènerai demain.
— Demain, pensa Medjé, demain, il fau
dra bien qu'il parle !
A la récréation suivante, la jeune Arabe
fit part à son petit cercle du grand événe
ment; c'était là une nouvelle à sensation.
Toutes la félicitèrent et chacune se plaignit.
Elle était vraiment aimée, et on sentait sa
perte. On eût dit qu'en s'en allant, elle lais
sait derrière elle un vide que rien ne pour
rait combler. Elle avait le don de "se rendre
partout nécessaire.
Andrée, qui était toujours restée au pre
mier rang de ses intimes, devait quitter elle-
même le pensionnat à la fin de l'année clas
sique. Elle n'éprouva donc point, en écou
tant l'annonce de départ que lui faisait
Medjé, une de ces incurables peines que l'on
ressent quand on perd ce qu'on aime, —
que l'on aime d'amour ou d'amitié. Non ! sa
tristesse, au contraire, était singulièrement
modérée et .calme.
Ca qui contrariait davantage la fille d'An
toinette, égoïste et personnelle déjà comme
sa mère, c'était de voir son amie partir la
première — partir quand elle-même restait
— et la devancer dans le monde, où. elles
auraient dû paraître le même soir, comme
deux astres jumeaux. Il lui aurait plu da
vantage qu'elles fissent leur début, ensem
ble, et elle en voulait presque à la pupille
du baron d'Ambleuse, de ce' qu'elle ne
l'attendait point, comme si la faute en était
à Medjé. Mlle de Meillan avait été aussi un
Eeu piquée du refus par lequel M. d'Am-
leuse avait répondu à Finvitation adressée
à sa petite amie. Ce refus lui avait semblé
étrange, bizarre, inexplicable, eu égard sur
tout à la position de la marquise, recher
chée, entourée, ' fêtée, adulée pàr tout le
monde. Andrée commença autour d'elle
une véritable enquête; elle interrogea avec
beaucoup de diplomatie tout ce qui pou
vait lui répondre. Les premières person
nes à qui elle s'adressa furent discrètes;
mais elles le furent trop, ce qui est encore
une façon de ne l'être point assez, car elles
répondirent d'une façon tellement évasive, •
qu'Andrée se sentit piquée au jeu. Elevée
dans un milieu qui avait développé plus que
de raison certains instincts de sa nature et cer
tains côtésde son intelligence, elle fit si bien
et poussa si habilement dans toutes les di
rections ses investigations incessantes, arra
chant aux uns et autres, tantôt par insinua
tion, tantôt par surprise, des lambeaux de
vérité, qu 'elle fiait par apprendre une par
tie des choses et par deviner le reste.
Elle avait eu jusqu'ici assez de délicatesse
pour ne jamais faire part à son amie de ses
étranges découvertes. A quoi bon, si ce n'est
à la blesser dans ses sentimens de naïve ad
miration et de respectueuse tendresse pour son
tuteur? Andrée n'en était pas encoreàl'âge de
ces cruautés froides, surtout quand on ne la
provoquait pas. Mais du moment où elle vit
.que son amie partait, la laissant seule, elle
ne put se refuser au plaisir de faire quel
ques allusions qui, pour être détournées,
n'en étaient pas moins amères.
Ainsi, quand Medjé, lui annonçant son
départ, essaya de la consoler en lui promet
tant de la revoir bientôt et de rapprocher
leur deux vies un moment séparées :
— Ne nous berçons pas de cet espoir ! ré
pondit un peu sèchement la fille d'Antoi
nette. Ton tuteur ne nous aime pas!., et il
a peut-être ses raisons pour ne pas nous ai
mer. Quand tu étais à la "pension, loin de
lui, il t'a empêchée de sortir chez nous.
Maintenant que te voilà dehors, — et avec
lui — il t'empêchera de me voir !... Oh ! ce
la ne me surprend pas, va ! et ce n'est pas
sur lui que je compte pour nous retrouver,
mais sur le hasard... qui joue, dit-on, un si
grand rôle dans la vie des femmes...
— Le hasard ne nous servira guère d'ici
quelque temps, fit Medjé en secouant tris
tement sa belle tête ; le général va partir
très prochainement pour l'Afrique, et il
m'emmène avec lui...
- — Naturellement ! fit Andrée, dont les
sourcils blonds prirent, en se rapprochant,
une expression qui n'était pas positivement
bonpe.
— Gomme tu me dis cela ! fit Medjé, tout
à la fois surprise et affligée.
—Eh 1 comment veux-tu donc que je te le
dise? Mais, qui sait ? ajouta-t-elle, en se ra
doucissant, et en prenant un petit air mysté
rieux, les montagnes ne se rencontrent pas;
mais les hommes se rencontrent et les
femmes aussi !
Sur ce mot-là les deux jeunes filles se
quittèrent ; chacune d'elles emportait de
cette dernière entrevue une impression pé-
niblej plus douloureuse chez Medjé, mêlée,
chez Mlle de Meillan, d'une certaine irrita
tion mal contenue.
Mais les chagrins, d'ailleurs peu profonds,
de la fille de Sidi-Ismaïl-Ben-Mohammed
allaient avoir pour eux les puissantes diver
sions de la vie au grand air, d'un long
voyage, du retour dans la patrie, —
et surtout de cette attente, anxieuse jus
qu'à la fièvre, où la jetait la pensée de
revoir bientôt Lucien. Qu'il faut donc peu
de chose pour, prendre l'âme des jeunes
filles quand on a contre elles et pour soi la
complicité de leur innocence et de leur jeu
nesse même ! 1
Le général tint parole à sa pupille, et, dès
le lendemain, il vint la chercher.
Medjé quittait le pensionnat pour tou
jours : elle faisait son prepier pas dans le
monde, dans la liberté, dans la vie... Elle
eût voulu le faire en s'appuyant au bras
d'un ami. Et quel ami lui serait jamais
plus dévoué, plus tendre, plus affectueux
et meilleur que celui qui revenait ainsi
vers elle, l'âme remplie d'elle ? Mais déjà
celui-là s'effaçait, ou du moins'se relé
guait au second plan. Ce n'était plus lui
qui tçnaiit la première place dans le cœur de
cette 'chère ingrate.
Bien qu'il ne dût passer qu'un seul mois
à Paris, M. d'Ambleuse voulut donner à la
jeune fille une installation plus confortable
et plus élégante qu'à l'époque de son arri
vée. Il prit un joli appartement aux Champs-
Elysées et s'accorda le luxe d'un coupé pour
les courses en ville, et d'une calèche pour
les promenades au bois.
Ce pauvre Jacques s'était rarement senti
dans une disposition d'âme plus heureuse.
Il n'y a jamais de grand bonheur sans un
peu d'aveuglement.
Après les fatigues, les dangers, les bles
sures, les inquiétudes de toute sorte de
cette longue campagne, si noblement ter
minée pour lui, il. avait eu vraiment be
soin du congé qu'il avait demandé et ob
tenu. Il se disposait à en jouir. Il se com
plaisait dans la présence de Medjé, retirée
de la pension, revenue près de lui, et vivant
à ses côtés. Il ne prévoyait pas encore, il ne
voulait pas prévoir l'événement qui les sé
parerait un jour. Pourquoi songer à l'avenir
triste, quand le présent était si doux? Après
l'avoir si cruellement éprouvé tout d'abord,
la fortune, capricieuse comme une femme,
n'avait donc plus pour lui maintenant que
des sourires.
A ce grand bonheur venait encore s'ajou
ter, comme par surcroît, toutes sortes de pe
tits plaisirs, qui en doublaient le prix. N'é
tait-ce pas pour lui la plus aimable-tâche
que d'initier à la vie du monde cette jeu
ne et charmante fille, toute pleine de grâ
ce et d'intelligence, à laquelle sa naïveté
même ajoutait un charme nouveau? Elle
allait de jour en jour ,se développer sur ses
yeux; il verrait les idées naître en elies; il
assisterait à une nouvelle transformation; il
serait là quand la chrysalide entr'ouvrirait
i ses voiles d'or, et que le papillon nouveau
s'élancerait dans l'air, en secouant ses ailes
brillantes et diaprées. . .
Mais il fallait d'abord opérer upe autre
métamorphose, qui, pour être, plqs mo
deste, n'en intéressait pas jqaoins la jeune
• fille. Il fallait, de la pensionnaire, faire une
femme à la mode du jour, avec la collabo
ration dévouée, mais cnère, des couturières,
des lin pères, des modistes et autres faiseu
ses, qui* vivent de l'exploitation lorq ment
entendue des besoins, réels ou fsetu; qui
tourmentent la plus coquette moitié du genre
humain. C'était plaisir, du reste, que do
travailler à l'embellissement de cett.< Iw,ju
té : tout lui allait bien et elle allait bien à
tout. Si les grandes artistes aux doigts de
fée qui décident les grayes questions du
costume contemporain, qui disent, à chaque
saison : «-Ceci se portera-, et ce!-a ne se
portera point ! » avaient pu se servir d'elle
comme d'une réclame vivante et d'un pros
pectus animé, elles eussent payé cher le
droit de produire dans le monde cet échan
tillon de leur savoir-faire et de leur goO.î,
Medjé ne portait pas la toilette : ellp la pa
rait !
Bien que Jacques se fût fait, à propos de
sa pupille, le plan de conduite le plus rai
sonnable, bien qu'il fût décidé à la mainte
nir toujours dans une voie calme et. pru
dente, éloignée des exagérations auxquelles
se laissent entraîner trop de fermes, à notre
époque, il ne pouvait cependant,résister,aux
séductions qui venaient .l'assaillir de,toutes
parts en lui montrant en perspective cette
jeune et rayonnante beauté^ parée de toutes
les séductions qui captivent' les intelligen
ces, séduisent les cœurs et domptent les
volontés.
Medjé, du reste, s'accomplissait et s'ache
vait. de jour en jour. La jeune fille tenait
toutes les'promesses de l'enfant ; on ne pou
vait la voir sans que, tout aussitôt, se pré
sentât à l'esprit l'idée rassurante de cette
harmonieuse union d'une âme saine dans
un corps sain. Tout en elle était d'accord, et
il n'y avait point une fausse note d?ns la
symphonie de sa beauté.
La grandeet mystérieuse tendresse qui lui
remplissait l'âme jetait sur sa physionomie
je ne. sais quel reflet d'idéalité'dont aucune"
analyse n'arriverait à préciser Je caractère :
cela se devine, cela se sent; mais cela ne
s'explique pas. Si Jes fummes savaient à
quel point l'amour les rend jolies, toutes,
voudraient aimer !
Cependant, depuis le retour du général à
Paris, Medjé n'avait pas même ent^ôiu tiro-
noncer le nom de Lucien Bertii^olî. Etpit-ce
oubli? La chose était invraisemblable" car
venant du générai, oubli tût voulu dire
gratitude, et l'ip;;ratifude, qui eû- éié inox- '
cusable en pareil cas, n'éï.dl pas moine im
possible. A quoi fallait-il donc attribuer ce
silence? était-ce distraction ou parti pris?
ment elle s'était trou\6'-, (-ans une di^pos;-
tion d'esprit plus perplexe, et elle ne savait
par quel Kioyen en sortir. La seul» pense©
d'une question à faim au général là trou
blait profouoemeut. C'était à ses yeux une
sorte d'inconvenance dont elle ne ®e sentait
pas capable. Il fallait attendre. Mais à net
âge des expansions ardentes, où, de toutes
parts, le cœur débordé, l'attente est singu
lièrement cruelle.
. Louis ENAlii/r.
{La suite â un prochain numéro.)
■W 268,
SUREAUX » PARIS t rue de Valois (Palais-Royal),' n; 10;
B
SAMEDI 58 septembre tss».
rasvsanË
3®sseï
z?m
A.B0NNESEN8 DES B&PMTEMK&S,
1R0IS MOIS 16 FR.
SIX MOIS 32 FR.
UN AN 64 FR.
> POtJB I,ES PAYS ÉTRANGERS, VOlr 16 tablefiU
publié les 5 et 20 de chaque mois,
Imprimerie çlu Constitutionnel,
E. Gibiat et c.
rue des Bons-Enfans, 19.
ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS
SIX MOIS...
UN AN
13 FR.
26 FR.
52 FR.
JODEMIî POLITIQUE LITTERAIRE, UNIVERSEL.
UN NUMÉRO
Les abonnement datent dès i* r at
V de chaque mois.
Le mode c I' abonnement le plus simpJ*0^^1"^nYOiM'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de t'ADMiwsyR^^E0R{dd jôaraal, r. de Valois, n. 10.
lés lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés. '
Les articles déposés,ne sont pas rendus.
S 'adresser pour les A nnonces à MM. F auchey , L affits , B ullier, çt G 0 ,
place de la Bourse, 8, à M. D uport , 7, rue Goq-IIéron,'"ei au bureau du jourii'
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve $ examen,, et, s'il y a lieu, de modification par
* • du journal,
PARIS, 24 SEPTEMBRE
La presse ministérielle de Berlin, par l'or
gane de la Gazette de la Croix, rompt enfin
le silence au sujet des bruits relatifs à l'en
trée du grand-duché de Bade dans la Gonfé
, dération du Nord. Cette feuille confirme, ce
que nous n'avons cessé d'objecter à quel
ques-uns de nos confrères, à savoir que,
cette fois, l'alarme n'a pas été donnée par les
spéculateurs de Bourse, mais par les feuilles
prussiennes elles-mêmes.
La Gazette de la Croix s'exprime ainsi :
« La Gazette de Magdebourg a publié na-
» guère avec grand fracas une correspon-
» dance à sensation relative à l'entrée soi-
» disant imminente de Bade dans la Confé-
» dératien de l'Allemagne du Nord. Les
» renseignemens donnés par cette feuille,
» malgré le ton d'assurance avec lequel ils
» étaient formulés, reçurent aussitôt de qui
» de droit les démentis les plus énergiques.
» Cependant le journal national libéral af-
» firmait avec une obstination incompré-
» hensible l'exactitude de son correspondait.
» Nous apprenons aujourd'hui de bonne
» source que toute cette affaire n'est , qu'une
» invention de correspondant. Un corres
# pondant, qui ne puise notoirement ses
» renseignemens que dans sa propre imagi-
» nation, avait communiqué ce puff à une
» feuille badoise, où le correspondant na-
» tional-libéral de la Gazette de Magde-
» bourg à Bade l'a péché en toute bâtç pour
» le transmettre à la Gazette avec des am-
» plifications tirées de son propre fonds. »
La Gazette de la Croix va trop loin, selon
nous, lorqu'elle affirme que le correspon
dant badois a inventé la nouvelle. 11 est
parfaitement avéré que les nationaux-libér-
raux de Berlin ont des coréligionnaires à
Carlsruhe et à Heidelberg, qui voudraient
forcer la main à M. de Bismark en amenant
les Chambres badoises à demander l'entrée
de Bade dans l'Union du Nord.
Il n'en est pas moins évident, d'autre part,
que la Gazette de la Croix a voulu infliger
un désaveu à ces tentatives. M. de Bismark
ne juge-t-il pas le, moment opportun?ou
bien serait-il content, en présence d'un
vote de la Chambre badoise, de ^en
trer sa modération? Voilà ce, que nous ne
.saurions dire.
Le langage des feuilles annexionnistes de
Berlin et de Carlsruhe a eu cela, de bon
d'avertir l'opinion publique de l'Europe.
Pour avoir signalé les articles de ces jour
naux, on n'est pas alarmiste, comme le
prétend le Journal des Débats. Ce journal
doit être convaincu aujourd'hui que les
bruits dont il faisait si bon marché
ont leur fondement et ses correspôndans
prussiens eux-mêmes, le lui auront confir
mé. Aussi sommes-nous, dans cette ques
tion, de l'avis du Peuple français : il im
porte, en effet, que les mêmes journaux
qui, en 1866, encourageaient la politique de
conquête en Allemagne, ne puissent au
jourd'hui endormir l'opinion^ ou lui donner
le change sur ce qui se passe à notre porte.
Nous ne vouions pas de chauvinisme, mais
nous ne voulons pas davantage d'une po
litique de quiétude et d'effacement.
- Le gouvernement espagnol est en butte
aux agitations du parti républicain. Les
républicains, qui,, dès le début, n'ont accep
té qu'à conjre-cœur la prédominance des
générkùxÇî
teïùhrer, "
sfs de l'insurreetion de sep-
ilent, à tout prix, s'emparer
Les troubles et le meurtre
irragone montrent de quoi sont capa
bles les partisans de la république en Espa
gne. Le ministère se trouve aujourd'hui
dans l'alternative d'abdiquer ou de sévir : il
a résolu -de sévir. La chose n'est pas facile,
attendu que les républicains ont été des auxi
liaires actifs et utiles de la première heure.
Mais enfin, si l'armée est avec le ministère,
le résultat de la luttç n'est pas douteux,
malgré les défis ..que lancent au gou
vernement les divers orateurs des clubs.
On peut donc prédire que le ministère
aura raison des barricades; reste la ques
tion du lendemain, et celle-là reste entière
tant que l'Espagne n'aura pas trouvé un
prince assez énergique et assez populaire
pour entreprendre la régénération de ce
grand et malheureux pays.
E douard S imon.
TÉLÉGRAPHIE PRIVÉE.
AGENCE HAVAS.
Affl£8eîeB'i»e.
Londres, 23 septembre, soir.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'Angle
terre donne les résultats suivans :
Augmentation : Portefeuille, 22,8851. st.
— Compte du Trésor 169,0331. st.
— Réserve des billets, 12,6981. st.
Diminution : Comptes particul. 203,2991. st.
— Encaisse métall., 212,3851. st.
Amérique.
New-York, 23 septembre, soir
(par le câble français).
Un conseil des ministres sera tenu demain à
l'effet de discuter la question de Cuba.
Le New-York Herald, le New-York Times et
la Tribune annoncent que le gouvernement ^de
Washington approuve la conduite du général
Sickles.
La convention républicaine 4e Massachussets
a adopté une résolution en faveur de la non-
intervention dans lis dftaïus do Cuba, sauf une
simple médiation, résolution déclarant que les
insurgés n'ont pas encore droit au titre de bel-
ligérans.
Serbie.
Belgrade, 24 septembre.
M. Kosta Zukitch, ministre des finances en
retraite, a été nommé représentant de Serbie à
Bucharest.
ISsgfagisie.
Madrid, 24 septembre.
La Gazette publie un décret portant dissolu
tion deda commission instituée en 188b, à l'ef
fet de reviser le Code de commerce et instituant
une nouvelle commission chargée de rédiger
d'urgence un nouveau Code de commerce sur
les bases suivantes :
1° Liberté de trafic et d'association ; 2° sup
pression des monopoles et des privilèges.
Le gouverneur de Madrid a suspendu les
séances du club républicain de la Montagne, par
suite de l'adoption par çe club d'une résolution
antimonarchique.
L'Impartial dément formellement la nouvelle
de troubles qui auraient éclaté à Barcelone. ,
SERVICE de; nuit.
Angleterre.
Londres, 24 septembre.
Le Times publie une dépêche de Philadelphie
en date du 23 septembre, disant que le gouver
nement américain n'a pas désavoué la conduite
du général Sickles, mais qu'il la soutient. La
dépêche ajoute que la politique américaine à
l'égard de Cuba n'a pas change, mais que cer
tains ménagemens sont conseillés au général
Sickles.
Grond-Onehife de Bade.
Carlsruhe, 24 septembre.
Aujourd'hui a eu lieu l'ouverture des Cham
bres badoises.
Le discours du trône constate d'abord qu'au-
cug pas décisif^'a été fait dans le développe
ment national de l'Allemagne depuis la derniè
re, session.
Toutefois le grand-duc se réjouit de voir des
relations de plus en plus étroites s'établir entre
Bade et la Confédération de l'Allemagne du
Nord.
Il cçnstate avec plaisir que le progrès de la
conscience nationale est le point de départ d'un
sentiment de eolidarité commune de plus en
plus énergique entre tous les Etats allemands.
Le discours signale les traités qui garantis
sent le maintien de la propriété commune du
matériel des anciennes forteresses générales de
Mayence, d'UÎm, deRadstadt et de Landau entre
tous les Etats signataires.
Il ajoute que, conjointement avec les com
missions de forteresses, est constituée une com
mission d'inspection commune avec la Confé
dération du Nord. Grâce à ces traités, un systè
me de défense commune est garanti pratique
ment entre l'Allemagne du Nord et l'Allemagne
du Sud, système dont la nécessité est partout
reconnue.
Dans la réunion du conseil fédéral dpuanier
et du Parlement douanier, la coopération étroite
de tous les Etats allemands s'est manifestée
heureusement sur le terrain limité qui était as
signé à ces assemblées.
Le discours du trône espère que la Confédé
ration prendra ultérieurement un développe
ment plus grand et que sa constitution se con
solidera. Il signale la communauté de Ja vie
économique de l'Allemagne qui doit s'affir
mer par l'extension à toute l'Allemagne du sys
tème de poids et mesures qui est en vigueur
dans la Confédération de l'Allemagne du Nord.
Il mentionne les traités de commenSfef iifr na
vigation, postaux et télégraphiques qui ont été
conclus par le Zollverein (union douanière).
Il signale l'introduction dans le grand-duché
de Bade d'une organisation militaire conforme
è celle qui existe dans la Confédération de l'Al
lemagne du Nord. Grâce à cette organisation,
les troupes badoises peuvent entrer dans les
rangs de l'armée fédérale de l'Allemagne du
Nord au même titre que les troupes fédérales,
pour la défense de la patrie commune.
Le discours du trône mentionne les traités de
libre pratique militaire conclus avec la Confé
dération de l'Allemagne du Nord et qui doivent
être présentés aux Chambres. Grâce à ces trai
tés, l'unité de la force militaire allemande s'est
heureusement affirmée.
Le grand^duc espère que la puissance militai
re de l'Allemagne ne sera pas appelée à un
emploi sérieux; néanmoins la valeur et le ca
ractère indispensable de cette puissance ne doi
vent pas être mécsnnus au point de vue natio
nal.
Le gouvernement proposera la prolongation
pendant aeux ans de la loi sur le contingent et
il demandera que les Chambres votent les dé
penses militaires réduites h leur minimum, dé
penses sans lesquelles il ne serait pas possible
de maintenir l'armée badoise au degré de va
leur militaire qu'elle a atteint.
Le discours du trône parle ensuite des ques
tions intérieures ; il signale la célébration du
cinquantième anniversaire de la constitution et
les changemens constitutionnels à présenter
aux Chambres ; il annonce ensuite la présenta
tion de divers projets de loi concernant la pro
cédure criminelle, la responsabilité ministérielle,
le renvoi de tous les crimes politiques au jury,
le mariage civil obligatoire, les dispositions sup
plémentaires à ajouter à la loi sur l'instruction,
la simplification de l'organisme des autorités
communales et l'extension de l'autonomie des
communes, les routes, les chemins de fer, les
canaux, etc.
II annonce, en .outre, un projet de loi relatif
à la fondation d'une Banque d'après le système
qui existe dans l'Allemagne du Nord, ainsi
qu'une loi sur les associations industrielles et
économiques.
Le discours du trône rend hommage au dévoû-
ment constant et à l'abnégation avec lesquels la
population a supporté les surcroîts de charges
qui lui ont été imposés. Le gouvernement s'ef
force de réduire le plus possible les dépenses de
l'Etat.
Le discours du trône conclut par ces mets :
« J'ai la confiance que nous atteindrons paci
fiquement les buts que nous poursuivons. »
Danemark.
Copenhague, 24 septembre.
On annonce, officiellement que le ministre de
l'intérieur, le ministre des cultes et le ministre
de la manne ont été, sur leur demande, relevés
de leurs fonctions.
. Ont tfté nommés : minifctro-de l'intérieur, M.
Haffoer ; ministre des cultes, M. llosenœrn.
Le ministre de la guerre sera chargé, en ou
tre, du ministère do la marine.
, Siaisse.
Berne, 24 septembre.
Le royaume de Wurtemberg ayant offert une
subvention pour le chemin de fer du Saint-Go-
thard, le conseil fédéral l'invite à envoyer des
délégués à la conférence de Berne.
COURS DE LA BOURSE.
cours de clôture. 16 23 le 24 Hausse. Baisse.
30/0aucompt. 70 70 70 40 ?» » 30
—Fin du mois. 70,65 70.35
41/2au compt. 100.50 101 50
» 30
» »
• Palais de St-Cloud, le 23 septembre.
S. Exc. Djémil-Pacha, ambassadeur ex
traordinaire et plénipotentiaire de S. M. I. le
sultan, a eu l'honneur d'être reçu aujour
d'hui par Leurs Majestés.
L'Empereur çi reçu aujourd'hui les lettres
par lesquelles S. M. la reine "du Royaume-
Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande ac
crédite auprès de l'Empereur l'honorable
Lionel Sackville West en qualité de ministre
plénipotentiaire, pendant l'absencede S. Exc.
lord Lyons, ambassadeur de S. M. Britan
nique;
Et la lettre par laquelle S. M. l'empereur
du Brésil fait connaître à Sa Majesté la nais
sance d'un prince, fils de S. A. le duc de
Saxe et de S. A. Madame la princesse dona
Leopoldina, son épouse.
[Journal officiel.)
Le Temps nous semble manquer de logi
que 1
La Chambre, nous dit-il, n'est pas indé
pendante; elle ne représente pas le pays.
Elue par la grâce de l'administration, elle
ne peut se dégager de ses attaches origi
nelles ; donc il faut avant tout dissoudre la
Chambre, et faire des élections libres.
Mais, continue le Temps, des élections li
bres, cela suppose les circonscriptions élec
torales revisées, les maires nommés par les
communes, la défense légale faite aux fonc
tionnaires de s'immiscer dans le serutin : en
d'autres termes, l'abolition de l'article 75.
Enfin, ces réformes doivent de toute néces
sité précéder les élections libres, dont elles
sent l'indispensable garantie.
Le Temps oublie de nous dire par quels
procédés il compte faire inscrire dans nos
Codes les réformes qu'il réclame, et que
nous réclamons avec lui.
La révision des circonscriptions électora
les ne peut s'opérer qu'au moyen d'une loi.
Une loi, ne peut être votée que par le
Corps Législatif.
Or, si le Corps Législatif ne représente
pas le pays, s'il n'est pas indépendant, s'il
n'existe que par un caprice gouvernemen
tal, il serait imprudent de lui demander de
vouloir bien voter l'abolition des candidatu
res officielles , c'est-à-dire sa propre dé
chéance.
De deux choses l'une :
Ou la Chambre réformera la loi électorale
dans un sens libéral, et alors il serait in
juste de la dissoudre puisqu'elle aura fait
preuve de patriotisme et d'abnégation ;
Ou elle laissera aux mains de l'admi
nistration tous les élémens constitutifs de la
candidature officielle, et alors la dissolution
serait sans intérêt.
Nous croyons, nous, que la Chambre ac
tuelle sera plus indépendante qu'on ne le
suppose généralement.
Jusqu'ici élis dépendait du ministère, qui
pouvait à son gré, et selon qu'il octroyait
ou refusait l'investiture officielle, faire ou
défaire les députés de la majorité.
Aujourd'hui les termes sont renversés.
C'est le gouvernement qui dépend de la
Chambre. C'est la majorité-qui peut à son
gré faire ou défaire les cabinets.
Les députés ne relèvent plus que da leurs
électeurs, et ils savent fort bien qu'aux élec
tions prochaines ils n'auront plus à compter
que sur Dieu et leur bon droit.
Obéir au- suffrage universel, s'incliner
devant l'opinion, remplir honnêtement et
scrupuleusement son maudat n'est plus
seulement un devoir pour le député qui
tient à garder sa place, c'est encore une né
cessité:
ROBERT MITCHEIX.
Décidément le Siècle aurait grand besoin
de suivre un cours de droit constitutionnel.
Il ignore ce que tout le monde sait, ce qu'un
journal, en tous cas, devrait savoir.
Nous avons relevé déjà quelques-unes de
ses erreurs. En voici une qui dépasse peut-
être toutes les autres. Nous lisons dans son
dernier numéro :
La Constitution ne dit pas non plus expressé
ment quelle sera la durée de chaque scission.
MaftPBlio dit à l'article 44 : « Les sessions ordi
naires du Corps Législatif durent'trois mois. »
La Constitution ne s'explique pas davantage
sur les sessions qui durent plus de trois mois.
Autant d'erreurs que de mots. Nous vou
drions ne pas relever de pareils lapsus;
mais le pouvons-nous? Faut-il laisser se
propager des inexactitudes aussi manifestes?
Le Siècle ne connaît évidemment que l'an
cien texte de la Constitution, manié et re
manié d'abord en ce sens que les sessions
purent être prolongées par décret; ensuite
vint le sénatus-consulte du 18 juillet 1866,
portant, article 5 :
« La disposition de l'article 41 de la Cons
titution du 14 janvier 1852, qui limite à trois
mois la durée des sessions ordinaires du
Corps Législatif est abrogée ; un décret de
l'Empereur prononce la clôture de la ses
sion. »
Que reste-t-il donc de l'article 41 que cite
gravement le Siècle ? _ "
Enfin, ce journal ne se rappelle donc pas
la session de 1868 qui. dura près de huit
mois ?
Nous recommandons à noire confrère de
réfléchirà deux fois, désormais, avant d'ar
gumenter sur des textes.
Après le reproche de mauvaise foi que le
Siècle ne mérite pas dans la circonstance,
celui d'ignorance est le plus dur qui se
puisse recevoir.
Nous serions heureux pour le Siècle qu'il
se l'épargnât à l'avenir.
AM. MATAGRIN.
Le Moniteur universel apprécie comme
nous la nomination du général Fleury au
poste d'ambassadeur de France à Saint-Pé
tersbourg :
Il nous sera permis, dit ce journal, de rap
peler le rôle important que Mr le général Fleury
a joué dans les récentes réformes constitution
nelles. Bien avant l'interpellation des 116, il
s'était montré le partisan dévoué et convaincu
de la transformation de l'Empire autoritaire en
Empire libéral, et n'avait pas hésité à mettre
son influence personnelle au service de la cause
que le message impérial du 12 juillet a fait
triompher.
La haute situation diplomatique cjue reçoit lé
général Fleury peut donc être considérée à jus
te titre comme un nouveau trait-d'union entre
l'Empereur et les amis des libertés constitu
tionnelles, et à ce point de vue, dans les cir
constances où elle se produit, èlje revêt une si
gnification politique qui ne saurait nous échap
per.—E. Bauer. -
Le Peuple français n'est pas moins expli-
r cite, à cet égard, que le Moniteur :
Plusieurs journaux annoncent ce matin que
M. le général Floury va être envoyé h Saint-Pé
tersbourg en qualité d'ambassadeur. Ils ont rai
son de s'en féliciter.
Brillant soldat en Afrique, le général Fleury
s'est associe à la fortune du prince Louis-Napo
léon avant l eiecuon du 10 décembre, et depuis
il a ete t un des serviteurs les plus dévoués du
prince dont il avait éié 1 un des premiers amis.
Dans ces dornieres années. — ce n est un mys
tère Dour personne.—le général a constamment
servi lesidees politiques qui ont triomphé succès-,
sivoment le 19 janvier !8U7 et le 11 juillet 1869.
La transformation libérale de l'Empire n'a pas
eu de défenseur plus habile et plus convaincu.
L'arrivée du générai Fleury sur le terrain de la
politique officielle est donc une preuve que le
gouvernement, après avoir adopté le program
me libéral, n hésuera pas à prendre aussi les
hommes qui le représentent depuis longtemps.
C'est ce point de Vue qui a particulièrement at
tiré l'attention du Constitutionnel.
Mais il est également notoire que dans des
circonstances graves, M. le général Fleury a été
chargé de missions très délicates qu'il a tou
jours conduites avec la plus grande habileté et
accomplies avec le plus grand bonheur. Il n'est
donc pas surprenant que l'on attacho une gran
de importance à l'envoi du général Fleury à
Saint-Pétersbourg.—Cléça. Duvernois. '
Nous lisons dans le Journal de Paris :
Lo Constitutionnel célèbre cette nomination
de M. 1e général Fleury dont il avqit été si sou
vent question et sans résultat sous le ministère
de M. Rouher, comme une victoire du parti des
116. Il est certain que M. le général Fleury tient
plus ou moins aujourd'hui à la fraction du,
parti gouvernemental qui est entrée aux affai
res après le message du 12 juillet. Il est cer
tain également qu'il est de ceux qui ont vu
sans déplaisir l'éloignement do M. Rouher.
Cette évolution de M. le général Fleury
vers le parti libéral ou tout au moins vers le
tiers parti, peut surprendre. Mais n'a-t-on pas
vu déjà M. dp Maupas, dont le rôle a été plus
actif,et la responsabilité bien autrement enga
gée dans les événemens qui ont amoné la Cons
titution de 1882, attaquer l'édifice do l'Empire
absolu qu'il avait aide lui-même à construire T
Nous lisons dans la France:
Non-seulement nous sommes en mesure de
confirmer la nouvelle donnée ce matin par le
Constitutionnel, et d'après laquelle 1e général
Fleury serait envoyé comme ambassadeur a
Saint-Petorsbourg. mais nous pouvons ajouter
que. dans les cercles politiques, on considère
cetfe nomination comme un succès pour les in
fluences libérales qui s'agitent autour du chef
de l'Etat. Le général Floury aurait dans ces der
niers temps fait entendre à l'Empereur des con
seils très libéraux. M. do La Valette et M. Rou
her eiaient très liosuies à to. Fleury : 11s s e-
taient opposes à ce qu 11 tûr envoyé à Florence. -
NOUVELLES POLITIQUES.
La baisse a eacore persisté aujourd'hui à
la Bourse.
Le bruit a couru que l'Empereur était de
nouveau malade ; il est complètement in
exact; rien n'est changé dans l'état de santé
de l'Empereur. La véritable cause de la
baisse, e'est la situation du marché finan
cier à l'étranger.
Nous lisons dans le Moniteur universel :
L'Empereur, complètement rétabli, a repris
toutes ses-habitudes.
H est inexact; ainsi qu'on l'avait prétendu,
que les docteurs Nélaton et Fauvel aient été
mandé3 à Saint-Cloud.
Ce matin, vendredi, après avoir travaillé avec
M. le préfet do police, i'Etnpereur â fait une
longue promenade à pied dans le jardin réser
vé du palais de Saint-Cloud. -
A une heure de l'après-midi, l'Empereur a
reçu le prince Napoléon. Sa Majesté doit sortir
en voiture dans l'après-midi.
Le conseil des ministres est convoqué pour
demain 5 samedi, à dix heures.
Le départ de l'Impératrice pour l'Orient reste
fixé au 2 octobre.
La visite faite hier à Ssint-ClouJ par Dje-
mii-Pacha était une visite de congé.
Feuilleton du Constitutionnel, 25 sept.
LA DESTINEE
Deuxième partie.
MEDJÉ.
' Une période de plus de trois ans, à cette
époque de la vie où les changemens sont si
rapides,les transformations si soudaines, où
les mois, les semaines et les jours semblent
ne venir S noiis que les mains pleines de
présens, avait eu sur elle une influencesin-
gulièrement heureuse. Sa beauté s'était en
quelque sorte accomplie. A dix-sept ans, on
lui en eût donné vingt, tant sa généreuse
nature s'était rapidement développée ; l'état
maladif qui, trop souvent, accompagne la
croissance, et dont on avait pu se plaindre à
. son arrivée à Paris, avait fait place à la san-
të la plus magnifique.
Sa taille, tout en gardant sa sveltesse élé
gante, avait acquis une plénitude et des ron
deurs qui la rendaient plus attrayante. Mçdjé
.atteignait maintenant c» point culminant,
qui est comme le solstice d® la perfection
féminine. Elle rayonnait; elle éclatait.
La civilisation l'avait en quelque sorte mé
nagée, et, tout en lui donnant beaucoup, lui
avait laissé un je ne sais quoi d'original,
que nous appellerions volontier le parfum
•du disert, et qui la payait d'un charme par
fois irrésistible.
M. d'Ambleuse ne pouvait se lasser m da
la voir ni de l'entendre. Illui faisait mille
questions à la fois, et buvait, pour ainsi
dire les paroles sur ses lèvres. Dans tout ce
qu'e'lle lui disait, il cherchait des indices de
son âme ; il voulait savoir ce que l'absence
avait fait d'elle, quels changemens étaient
survenus dans sa manière d'être, de penser, de
sentir. Il n'ignorait point, cependant, que
la femme ne se révèle pas en un jour, et
.qu'elle ne montre jamais ce qu'il lui plaît
{Voir le Constitutionnel du 24 septembre.)
de cacher. Jacques n'eut pas même cons
cience de l'état nerveux où l'absence de
Lucien Berthault mettait sa pupille ; son
âme ne fut même pas atteinte par le soupçon.
Quand on eut effleuré toutes Jes questions
relatives au-présent et au passé, il fallut
bien parler de l'avenir.
Le général dit à la jeune fille qu'il avait
l'intention de la ramener prochainement en
Afrique; sans doute elle s'y plairait mieux
qu'en France.
— Est-ce que la patrie n'est pas toujours
le pays que Ton préfère à tous les autres ?
ajouta-t-il.
—. Je ne sais pas, répondit-elle, avec sa
grâce enchanteresse ; tout ce que je puis
dire, c'est que là où tu es c'est pour inoi la
patrie.
— Voilà qui est bien pensé et bien dit !
fit le général, en lui donnant son baiser d'a
dieu. Je suis venu ici au débotté , — tant
j'avais hâte de te voir, — et sans même sa
voir où je loge. Je vais me mettre en quête
d'^in petit trou pour nous deux.
— Il n'a pas dit pour nous trois ! pensa
Medjé, dont le cœur se serra.
— Tu as fait ta rhétorique, l'an passé,
continua le général ; il te reste ta vie entière
pour faire ta philosophie. C'est le monde
qui te donnera les livres où tu l'apprendra.
Ils ne sont pas imprimés, et n'en coûtent
pas moins chers. Tu vas dire adieu à tes
jeunes amies. Je t'emmènerai demain.
— Demain, pensa Medjé, demain, il fau
dra bien qu'il parle !
A la récréation suivante, la jeune Arabe
fit part à son petit cercle du grand événe
ment; c'était là une nouvelle à sensation.
Toutes la félicitèrent et chacune se plaignit.
Elle était vraiment aimée, et on sentait sa
perte. On eût dit qu'en s'en allant, elle lais
sait derrière elle un vide que rien ne pour
rait combler. Elle avait le don de "se rendre
partout nécessaire.
Andrée, qui était toujours restée au pre
mier rang de ses intimes, devait quitter elle-
même le pensionnat à la fin de l'année clas
sique. Elle n'éprouva donc point, en écou
tant l'annonce de départ que lui faisait
Medjé, une de ces incurables peines que l'on
ressent quand on perd ce qu'on aime, —
que l'on aime d'amour ou d'amitié. Non ! sa
tristesse, au contraire, était singulièrement
modérée et .calme.
Ca qui contrariait davantage la fille d'An
toinette, égoïste et personnelle déjà comme
sa mère, c'était de voir son amie partir la
première — partir quand elle-même restait
— et la devancer dans le monde, où. elles
auraient dû paraître le même soir, comme
deux astres jumeaux. Il lui aurait plu da
vantage qu'elles fissent leur début, ensem
ble, et elle en voulait presque à la pupille
du baron d'Ambleuse, de ce' qu'elle ne
l'attendait point, comme si la faute en était
à Medjé. Mlle de Meillan avait été aussi un
Eeu piquée du refus par lequel M. d'Am-
leuse avait répondu à Finvitation adressée
à sa petite amie. Ce refus lui avait semblé
étrange, bizarre, inexplicable, eu égard sur
tout à la position de la marquise, recher
chée, entourée, ' fêtée, adulée pàr tout le
monde. Andrée commença autour d'elle
une véritable enquête; elle interrogea avec
beaucoup de diplomatie tout ce qui pou
vait lui répondre. Les premières person
nes à qui elle s'adressa furent discrètes;
mais elles le furent trop, ce qui est encore
une façon de ne l'être point assez, car elles
répondirent d'une façon tellement évasive, •
qu'Andrée se sentit piquée au jeu. Elevée
dans un milieu qui avait développé plus que
de raison certains instincts de sa nature et cer
tains côtésde son intelligence, elle fit si bien
et poussa si habilement dans toutes les di
rections ses investigations incessantes, arra
chant aux uns et autres, tantôt par insinua
tion, tantôt par surprise, des lambeaux de
vérité, qu 'elle fiait par apprendre une par
tie des choses et par deviner le reste.
Elle avait eu jusqu'ici assez de délicatesse
pour ne jamais faire part à son amie de ses
étranges découvertes. A quoi bon, si ce n'est
à la blesser dans ses sentimens de naïve ad
miration et de respectueuse tendresse pour son
tuteur? Andrée n'en était pas encoreàl'âge de
ces cruautés froides, surtout quand on ne la
provoquait pas. Mais du moment où elle vit
.que son amie partait, la laissant seule, elle
ne put se refuser au plaisir de faire quel
ques allusions qui, pour être détournées,
n'en étaient pas moins amères.
Ainsi, quand Medjé, lui annonçant son
départ, essaya de la consoler en lui promet
tant de la revoir bientôt et de rapprocher
leur deux vies un moment séparées :
— Ne nous berçons pas de cet espoir ! ré
pondit un peu sèchement la fille d'Antoi
nette. Ton tuteur ne nous aime pas!., et il
a peut-être ses raisons pour ne pas nous ai
mer. Quand tu étais à la "pension, loin de
lui, il t'a empêchée de sortir chez nous.
Maintenant que te voilà dehors, — et avec
lui — il t'empêchera de me voir !... Oh ! ce
la ne me surprend pas, va ! et ce n'est pas
sur lui que je compte pour nous retrouver,
mais sur le hasard... qui joue, dit-on, un si
grand rôle dans la vie des femmes...
— Le hasard ne nous servira guère d'ici
quelque temps, fit Medjé en secouant tris
tement sa belle tête ; le général va partir
très prochainement pour l'Afrique, et il
m'emmène avec lui...
- — Naturellement ! fit Andrée, dont les
sourcils blonds prirent, en se rapprochant,
une expression qui n'était pas positivement
bonpe.
— Gomme tu me dis cela ! fit Medjé, tout
à la fois surprise et affligée.
—Eh 1 comment veux-tu donc que je te le
dise? Mais, qui sait ? ajouta-t-elle, en se ra
doucissant, et en prenant un petit air mysté
rieux, les montagnes ne se rencontrent pas;
mais les hommes se rencontrent et les
femmes aussi !
Sur ce mot-là les deux jeunes filles se
quittèrent ; chacune d'elles emportait de
cette dernière entrevue une impression pé-
niblej plus douloureuse chez Medjé, mêlée,
chez Mlle de Meillan, d'une certaine irrita
tion mal contenue.
Mais les chagrins, d'ailleurs peu profonds,
de la fille de Sidi-Ismaïl-Ben-Mohammed
allaient avoir pour eux les puissantes diver
sions de la vie au grand air, d'un long
voyage, du retour dans la patrie, —
et surtout de cette attente, anxieuse jus
qu'à la fièvre, où la jetait la pensée de
revoir bientôt Lucien. Qu'il faut donc peu
de chose pour, prendre l'âme des jeunes
filles quand on a contre elles et pour soi la
complicité de leur innocence et de leur jeu
nesse même ! 1
Le général tint parole à sa pupille, et, dès
le lendemain, il vint la chercher.
Medjé quittait le pensionnat pour tou
jours : elle faisait son prepier pas dans le
monde, dans la liberté, dans la vie... Elle
eût voulu le faire en s'appuyant au bras
d'un ami. Et quel ami lui serait jamais
plus dévoué, plus tendre, plus affectueux
et meilleur que celui qui revenait ainsi
vers elle, l'âme remplie d'elle ? Mais déjà
celui-là s'effaçait, ou du moins'se relé
guait au second plan. Ce n'était plus lui
qui tçnaiit la première place dans le cœur de
cette 'chère ingrate.
Bien qu'il ne dût passer qu'un seul mois
à Paris, M. d'Ambleuse voulut donner à la
jeune fille une installation plus confortable
et plus élégante qu'à l'époque de son arri
vée. Il prit un joli appartement aux Champs-
Elysées et s'accorda le luxe d'un coupé pour
les courses en ville, et d'une calèche pour
les promenades au bois.
Ce pauvre Jacques s'était rarement senti
dans une disposition d'âme plus heureuse.
Il n'y a jamais de grand bonheur sans un
peu d'aveuglement.
Après les fatigues, les dangers, les bles
sures, les inquiétudes de toute sorte de
cette longue campagne, si noblement ter
minée pour lui, il. avait eu vraiment be
soin du congé qu'il avait demandé et ob
tenu. Il se disposait à en jouir. Il se com
plaisait dans la présence de Medjé, retirée
de la pension, revenue près de lui, et vivant
à ses côtés. Il ne prévoyait pas encore, il ne
voulait pas prévoir l'événement qui les sé
parerait un jour. Pourquoi songer à l'avenir
triste, quand le présent était si doux? Après
l'avoir si cruellement éprouvé tout d'abord,
la fortune, capricieuse comme une femme,
n'avait donc plus pour lui maintenant que
des sourires.
A ce grand bonheur venait encore s'ajou
ter, comme par surcroît, toutes sortes de pe
tits plaisirs, qui en doublaient le prix. N'é
tait-ce pas pour lui la plus aimable-tâche
que d'initier à la vie du monde cette jeu
ne et charmante fille, toute pleine de grâ
ce et d'intelligence, à laquelle sa naïveté
même ajoutait un charme nouveau? Elle
allait de jour en jour ,se développer sur ses
yeux; il verrait les idées naître en elies; il
assisterait à une nouvelle transformation; il
serait là quand la chrysalide entr'ouvrirait
i ses voiles d'or, et que le papillon nouveau
s'élancerait dans l'air, en secouant ses ailes
brillantes et diaprées. . .
Mais il fallait d'abord opérer upe autre
métamorphose, qui, pour être, plqs mo
deste, n'en intéressait pas jqaoins la jeune
• fille. Il fallait, de la pensionnaire, faire une
femme à la mode du jour, avec la collabo
ration dévouée, mais cnère, des couturières,
des lin pères, des modistes et autres faiseu
ses, qui* vivent de l'exploitation lorq ment
entendue des besoins, réels ou fsetu; qui
tourmentent la plus coquette moitié du genre
humain. C'était plaisir, du reste, que do
travailler à l'embellissement de cett.< Iw,ju
té : tout lui allait bien et elle allait bien à
tout. Si les grandes artistes aux doigts de
fée qui décident les grayes questions du
costume contemporain, qui disent, à chaque
saison : «-Ceci se portera-, et ce!-a ne se
portera point ! » avaient pu se servir d'elle
comme d'une réclame vivante et d'un pros
pectus animé, elles eussent payé cher le
droit de produire dans le monde cet échan
tillon de leur savoir-faire et de leur goO.î,
Medjé ne portait pas la toilette : ellp la pa
rait !
Bien que Jacques se fût fait, à propos de
sa pupille, le plan de conduite le plus rai
sonnable, bien qu'il fût décidé à la mainte
nir toujours dans une voie calme et. pru
dente, éloignée des exagérations auxquelles
se laissent entraîner trop de fermes, à notre
époque, il ne pouvait cependant,résister,aux
séductions qui venaient .l'assaillir de,toutes
parts en lui montrant en perspective cette
jeune et rayonnante beauté^ parée de toutes
les séductions qui captivent' les intelligen
ces, séduisent les cœurs et domptent les
volontés.
Medjé, du reste, s'accomplissait et s'ache
vait. de jour en jour. La jeune fille tenait
toutes les'promesses de l'enfant ; on ne pou
vait la voir sans que, tout aussitôt, se pré
sentât à l'esprit l'idée rassurante de cette
harmonieuse union d'une âme saine dans
un corps sain. Tout en elle était d'accord, et
il n'y avait point une fausse note d?ns la
symphonie de sa beauté.
La grandeet mystérieuse tendresse qui lui
remplissait l'âme jetait sur sa physionomie
je ne. sais quel reflet d'idéalité'dont aucune"
analyse n'arriverait à préciser Je caractère :
cela se devine, cela se sent; mais cela ne
s'explique pas. Si Jes fummes savaient à
quel point l'amour les rend jolies, toutes,
voudraient aimer !
Cependant, depuis le retour du général à
Paris, Medjé n'avait pas même ent^ôiu tiro-
noncer le nom de Lucien Bertii^olî. Etpit-ce
oubli? La chose était invraisemblable" car
venant du générai, oubli tût voulu dire
gratitude, et l'ip;;ratifude, qui eû- éié inox- '
cusable en pareil cas, n'éï.dl pas moine im
possible. A quoi fallait-il donc attribuer ce
silence? était-ce distraction ou parti pris?
ment elle s'était trou\6'-, (-ans une di^pos;-
tion d'esprit plus perplexe, et elle ne savait
par quel Kioyen en sortir. La seul» pense©
d'une question à faim au général là trou
blait profouoemeut. C'était à ses yeux une
sorte d'inconvenance dont elle ne ®e sentait
pas capable. Il fallait attendre. Mais à net
âge des expansions ardentes, où, de toutes
parts, le cœur débordé, l'attente est singu
lièrement cruelle.
. Louis ENAlii/r.
{La suite â un prochain numéro.)
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