Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-09-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 septembre 1869 01 septembre 1869
Description : 1869/09/01 (Numéro 244). 1869/09/01 (Numéro 244).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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54® A1VIVEE.—IV* 244»
abonnemens des dépaatembns,
trois mob.:;;.;. 16.fe;
. six mois 82 FR.
■UNAN...-.V 64 Fa.
_ y «i «- i.n PAtrs Élu A ngers , voir le tableau
pùbiiô les s et 30 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. Gibiat et C\
g^niedesfions-Erifans, 19.
te niade d'AtiOMËatfiirr le plus simpte
BUREAUX ff* PARIS ? rue de Valois (Palais-Royal)? n? 102
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HERGREM r r SEPTEMBRE 1869,
, ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS......; 13 fr."
SIX MOIS.........; *26 FR.
un' apî.i.......... 32 FB.
UN NUMÉRO 520 CENTIMES.
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iiir Paris, à l'ordre de L'AD.MiNis^^fÈuà ÛiijbUrnal, r, de Valois, n. 10.
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JOURNAL POLITIQUE
?i d'un bon de poste ou d'un effet
LITTERAIRE UNIVERSEL.
et 16
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les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles.déposés.ne son|,pas rendus.
. 'Les abonnemena datent dès 1
6 de chaque mois.
S'adresser pour les A nnonces à MM. F auchey, L affitk, B cllier, et Cf, -
place de la Bourse, 8, à M. uuport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve c£ examen,, et, s'il y a lieu, de modification par » admtntstraitesi
du journal.
PARIS, 51 AOUT,
■ Nous continuons à suivre avec intérêt les
travaux des deux .délégations de l'empire
austro-hongrois. Par suite de nouvelles con
cessions mutuelles, l'accord s'est fait sur
1 tous les points, sauf deux, qui sont : la
subvention du Lloyd et le crédit à allouer au
ministre de la guerre: pour la construction
de monitors sur le Danube.
ta délégation hongroise avait voté le
Bfédit demandé par le ministre de la guerre
pour établir sur le bas Danube uneflo-
tille de monitors,: apte à opérer au besoin
jusque dans la mer Noire.,C'est toujours,
comme en voit, la préoccupation des inté
rêts tië l'empire en'Orient. Les députés au
trichiens, qui se montrent au contraire peu
soucieux de voir l'Autriche s'engager de ce
côté, avaient refusé le crédit.
iPour-terminer le différend qui a persisté
sur ces deux points, une délibération com
mune des deux délégations a eu lieu hier
matin. Cette séance des deux assemblées
excitait à Vienne une certaine curiosité,
parce que., depuis l'institution des déléga
tions, c'est la première fois qu'elles sont
appelées à voter ensemble. Aucune diffi
culté, aucun incident fâcheux ne s'est pro
duit. La plus grande partie des députés po
lonais, bien que faisant partie dû Reichs-
fath, ont voté avec la délégation hongroise,
dont les résolutions ont ainsi définitivement
prévalu.
hi Les travaux de - la session se sont trouvés
terminés par ce vote. La séance de clôture a
eu lieu dans les deux délégations le soir
même. On lira plus loin la courte analyse
donnée par le télégraphe du discours qu'a
prononcéà cette occasion M. deBeust. Faisant
allusion à l'empressement avec lequel ont
été votés les crédits de la guerre et de la
kftàrihe que le gouvernement avait jugés né
cessaires dans l'état actuel de l'Europe, M.
deBeust a dit :
a Les résultats de cette session de la dé
légation ont une importançe qui sera appré
ciée certainement jusqu'à l'étranger: ils
contribueront à assurer le maintien partout
désiré de la paix. » :
Le chancelier de l'Empire avait exprimé,
si nous ne nous' trompons, exactement ,1a
même pensée dans son discours d'ouvertu
re : La paix serait compromise si nous n'é
tions pas prêts à faire la guerre.
' C'est assurément aussi eo que pense le roi
de Prusse, qui s'attache à justifier déplus
on plus la qualification de sergent instruc
teur couronné, par laquelle ses sujets le dé
signent .quelquefois. Le roi Guillaume est
vraiment infatigable. Revue hier, revue au
jourd'hui,' grandes . manœuvres demain, et
Toilà quinze jours que cela dure, dit une cor
respondance de Berlin, qu'on lira plus loin.
Cette même lettre de Berlin que nous em
pruntons à la Correspondance du Nurd-Esl
mentiônce l'agitation qui commence à se
# produire dans le Sleswig du Nord. Voici
de .quoi il s'agit :
L'article S du traité de Prague porte que
les districts du Sleswig septentrional seront
rendus au Danemark, si la population en
exprime la volonté par ton vote. Le gouver
nement prussien a trouvé jusqu'ici un ex-
celleat moyen d'échapper à l'application 'de
cet article. ] .
, Il n'a pas provoqué le vote dont il s'agit.
Et lorsque le Danemark l'a invité à y faire
procéder, Ml de Bismark a répoadu au Da
nemark et aux diplomates qui ont appuyé
sa réclamation que la Prusse entendait être
seule juge du moment où la vote lui paraî
trait opportun.
Quelques journaux, danois ont fini par
imaginer un moyen d'échapper aux fins de
non recevoir de la Prusse. Ils ont mis en
ayant l'idée d'un vote spontané de la popu
lation du Sleswig en dehors de toute initia
tive de la part du gouvernement. Or, voici I
que qu£terzjb citoyens de l'île d'Alsen invi
lent àuvertjBment leurs compatriotes à sui
t vi e ce èwfseil.
>} JlJgjrôfe public aurait lieu dans chaque
paroisse, sous la présidence de commissai-
res choisis par la population, et chargés de
déterminer le lieu, le jour, la forme du vote
et le mode de dépouillement. Les procès-
verbaux des opérations seraient ensuite por
tés à la connaissance du gouvernement
prussien.
Les journaux officieux de Berlin com
mencent à se montrer inquiets de cette agi
tation qui pourrait bien se développer et qui
aura dans tous les cas pour résultat 40 rap
peler à l'Europe entière la façon dont la
Prusse respecte les traités.
On sait les efforts persévérans de la Rus
sie pour faire disparaître les derniers restes
de la nationalité polonaise. Ce travail d'assi
milation est poussé à une exagération dont
le traiî suivant donnera la mesure. Une let
tre de Varsovie du 27 août raconte que l'hor
loge placée à l'Hôtel-de-Ville ne marquera
plus à l'avenir l'heure de Varsovie, mais
celle de Saint-Pétersbourg. :
Voilà certes une idée cosaque !
C. BARBE.
?miV£E.
ASEHSB BAYAS.
Etats-Uni».
New-York, 30 août
' (par le câble français)
Le gouvernement continuera, pendant le mois
de septembre, d'acheter, chaque semaine, des
bonds américains pour deux millions de dollars,
conformément aux décisons du Congrès. Il achè
tera, de plus, toutes les deux semaines, pour
un million de dollars, des bonds destinés au
fonds d'amortissement.
Vienne, 30 août, soir.
Les divergences delà délégation du Reichs-
rath et de la délégation hongroise sur le budget
ayant été, par suite de concessions mutuelles,
réduites à deux points seulement, une réunion
commune des deux délégations a eu lieu ce
matin. Les points en litige ont été vidés dans le
sens des résolutions hongroises, plusieurs mem
bres de la délégation du Reichsrath ayant voté
avec la délégation hongrois».
Dans une dernière séance tenue dans l'après-
midi, les travaux ayant été déclarés terminés,
la session des délégations a été cîose.
Vienne, 30 août, soir.
Aujourd'hui a eu lieu la séance de clôture de
la délégation du Roichsratri. M. de Beust a com
muniqué à rassemblée la sanction donnée par
l'Empereur aux décisions do Ja délégation,
ainsi que les remercîmens de l'empereur pour
l'empressement avec lequel e>ie a pris en con
sidération les besoins collectifs de la monar
chie,
M. de Beust a conclu en ess termes :
« Los résultats de cotte session do la déléga
tion ont une importance qui s(>ra appréciée cer
tainement jusqu'à l'étraniger : ils contribueront
à assurer le maintien partout désiré de la'
paix. » <•
La délégation hongroise a été close d'une fa
çon analogue.
Vienne, 30 août, soir.
L'assertion de plusieurs journaux, d'après'la-
quelle ja banque de Vienne aurait suspendu ses
paiemens, ne repose sur aucun fondement."
• Ce bruit, qui a couru également à Berlin,
semble ne devoir son origine qu'à une spécula
tion de Bourse.
Vienne, 30 août, 9 h. soir.
Aujourd'hui a eu lieu la première séance des
deux délégations délibérant en commun.
Il s'agissait de tràncher par un vote commun
les points qui étaient un sujet do dissentiment
entre les deux assemblées. .
Dans la question concernant la subvention
du Lloyd autrichien, les Hongrois l'ont emporté
à la majorité de 30 voix.
Sur le chapitre relatif aux ^monitors à cons
truire sur le Danube et que voulait rayer du
budget la délégation autrichienne, les Hongrois,
qui votent pour le crédit demandé, l'ont égale
ment emporté à une majorité de 20 voix.
Les Polonais ont voté, dans les deux,cas,
avec la délégation hongroise.
Les délégations ont terminé leurs travaux.
Elles ont accordé, en définitive :
Pour le budget des affaires étrangères, crédits
ordinaires et extraordinaires, 4,114,471 florins;
pour celui da la guerre, 73,6(53,987florins;pour
la marine, 9,833,268 florins; pour le ministère
des finances et le contrôle, 1,847,866 florins. •.
{Correspondance du Nord-Est.)
33Sm
SVImefpaïEtÈs-EBRueEMenEïes. ■
\ • '{ ' ; ' •
Bucharest, 3Q gqût^oiç.
Le prinee Charles est parti hî$r pour le' caûipî
S. A. sera de retour dans huit jours.
On assure qu'elle partira lundi de la semaine
prochaine pour son voyage à'l'étranger.
L'empereur de Russie a envoyé au prince
Charles les 'insignes de l'ordre d'AIexandre-
Newski et au prince Ghika, président du conseil,
les insignes de l'ordre de Sainte-Anne.
. Snlss®.
, . Berne, 31 août.
La Prusse a adhéré au projet de conférence
international^ pour le chemin de fer du Saint-
Gothard. Le conseil fédéral fixera prochaine
ment l'époque de la réunion de la conférence,
.ESgpagsae.
Madrid, 30 août, soir. -
Le second chef de 4a bande du curé 4'Alcala,
el Negrito, a été grièvement blessé en faisant
résistance aux soldats qui l'ont capturé après la
dispersion des quelques hommes qu'il aVait en
core avec lui.
Madrid, 30 août.
L'Impartial annonce que le général Izquier-
do a repris aujourd'hui ses fonctions de capi
taine général de Madrid:
Un télégramme de Burgos porte que les frè
res Hierros ont levé une bande. Des troupes
sont parties à leur poursuite. 1 « :
A Castellon, un grand nombre d'individus
ayant fait partie de bandes actuellement dissou
tes, entre autres les deux fils Galindo, se pré
sentent aux autorités.
ÏÉfflïS®. • < . '
_ Florence, 30 août, soir.
' Le roi sera dé retour ici, demain, à trois heu
res de l'a pTès- midi. . ^
Les" dépêches d'Ajaccio constatent que l'Im
pératrice et le Prince Impérial continuent d'être,
dans cette ville, l'objet de démonstrations en
thousiastes.
Venise, 30 août, soir.
La Gazette de Venise dit que la municipalité
a été prévenue que l'Impératrice des Français
gardera pendant son séjour à Venise le plus
strict incognito, et qu'on' ne donnera, par suite,
aucune fête officielle. Un comité a été cepen
dant constitué par un certain nombre de parti
culiers afin de rendre, à cette occasion, le séjour
de Venise plus agréable.
; France.
Bordeaux, 30 août, soir.
M. Silvela, ministre d'Etat espagnol/est arri
vé ici, se rendant à Vichy.
SERVICE DE NUIT.
Etetg*IJnli.
New-York, 31 août.
, (Par le câbie transatlantique français).
Le bruit court que le projet tendant à l'achat
de Cuba par les Cubains est appûyé par l'Amé
rique. 1 • ' (
Aucune action importante n'a été engagée
par les troupes espagnoles. Ua ne signale que
quelques escarmouches.
• > ategwgc.'. - *
. Marseille, 31 août.
Les lettres de Constantinople sont du 28 août,
elles portent qu'après la réceptionse du khédive qui a été apportée par Talaat-Pa-
cha , le conseil des ministres a délibéré sur les
garanties à exiger de l'Egypte.
Les ambassadeurs des puissances européen
nes ont pris connaissance de- la lettre du khé
dive et l'oaLapprouvée.
On assure que lé khédive attendra lo départ
de Musîapha-Fazil pour se rendre à Constanti
nople.
Un camp de 20,000 hommes a été établi à
Béicos, où l'Impératrice doit passer les troupes
en revue. ^
graisse.
Berne, '31 août)
En suite de l'adhésion de la Prusse, de l'Italie
et du grand-duché de Bade au projet de confé
rence relatif à la construction d'un chemin de
fer par le Saint-Gothard, le consul fédéral hel
vétique a décidé de fixer ay 15 septembre l'épo
que de la réunion de cette conférence.
France. >
Toulon, 31 août.
L'escadre, croise 1 en vue de Toulon en atten
dant l'Aigle,
On annonce pour demain un simulacre de
combat naval. . . ,
Le départ de l'Impératrice, aura lieu le 2
septembre, à sept heures du matin.
Toulon, 31 août.
L'Aigle est signalé en vue de l'escadre qui
mouille au large.
Tous les bâiimens sont pavoisés.
Après un simulacre de combat naval, la flotte
rentre dans la rade ; el!ô est saluée par une
salve d'artillerie. •
Une foule immense assiste à ce spectacle
émouvant.
Feuilleton du Constitutionnel 1 er sept.
LA DESTINÉE
Deuxième partie.
, MEDJÉ.
1.
Il y avait six mois que ces graves événe-
mens s'étaient accomplis, quand, au début
de ce récit, nous avons rencontré le baron
d'Ambleuse, le commandant Jacques, com
me l'appelaient ses soldats, à la prise d'une
redoute arabe.
Les circonstances pénibles qu'il venait de
traverser avaient exercé sur lui une influen
ce facile à comprendre. 11 était en ce mo
ment comme le naufragé qui a vu tout pé
rir avec le vaisseau qui lo portait. C'était
toute sa vie qui sombrait. Après avoir souf
fert d'un amour malheureux, il souffrait
maintenant d'un amour mort. Au moment
eù ces crises terribles se dénouent, un grand
.vide se fait toujours dans notra existence ;
celle qui était tout disparaît; il 11e nous res
te rien du passé, et nous n'osons pas regar
der du côté de l'avenir. Le deuil est partout ;
nulle part la consolation.
M. d'Ambleuse ne pouvait non^lus s'em
pêcher de regretter parfois l'issue fatale de
son duel.. Bien qu'il vécût au milieu d'un
monde où les implacables exigences du
(Voir le Constitutionnel du 29 aoClt.)
point d'honneur n'entretiennent pas dans
les âmes un rëspect exagéré de la vie
numame, il n'en avait pas moins le re
mords de cette jeune et brillante existence
impitoyablement tranchée par ses maids.
Quand il examinait froidement les choses,
il était bien forcé de convenir avec lui-mê-
*mé que dans cette affaire, si fâcheusement
terminée, son rôie avait été celui de provo
cateur. Il était bien certain qu'il n'aimait pas
le prince; mais pouvait-on dire que ce fût là
u ne raison sqifisante pour le tuer? Et pour
tant, il n'avait pas reculé devant l'insulte
froidement méditée, qui avait rendu néces
saire cette réparation par les armes, suivie
d'une catastrophe irréparable. Qui donc l'a
vait constitué vengeur du marquis et re
dresseur des torts de sa femme*? Il était
d'autant moins autorisé à s'attribuer un tel
rôle quB le prince, après tout, n'avait fait
autre chose que ce qu'il avait souhaité de
faire lui-même sans y pouvoir réussir.
11 n'avait donc pas le droit de s'absoudre
à ses propres yeux, et le souvenir de.cet
homme injustement mis à mort jetait par
fois sur son front une ombre sinistre. 11 en
était arrivé à cet état d'atonie morale, où
l'on nia plus le courage de se rattacher à
rien, et où l'on se laissa flotter au gré
des évéuemens, comme la barque dé
semparée flotte au gré] des vagues qui se
jouent d'elle dans la tourmente.
11 était, cependant, jeune encore, et par
mi ces nobles créatures, dont la pitié com
patissante est l'apanage presque céleste ,
beaucoup n'auraient pas demandé mieux
que d'adoucir l'amertume de ses chagrins,
liais M. d'Ambleuse portait haut le sen
timent de sa dignité et Je respect de lui-
même : il ne foulait plus rien recevoir de
l'amour, parce qu'il ne pouvait plus Tien lui
rendre désormais. Il ne se croyait plus "capa
ble d'aimer : tout était fini pour lui.
L'introduction brusque de'la petite Arabe
dans sa vie, au moment où il ne voyait déjà ,
plus que le vide autour de lui, eut quelque
chose dé véritablement "providentiel. Où l'a
mour a sombré, la paternité peut surgir.
Presque toujours, presque-partout elle lui
survit, comme pour nous consoler de sa
perte. Jacques ne pouvait plus aimer qu'un
enfant. Fatigué'de la passion, il se réfu- ;
giait avec bonheur dans la tendresse.
Bientôt Medjé lui prit l'âme. -
Elle fit mieux : elle eréa en lui une âçie
nouvelle. Ces coeurs de lion sont les vrais
cœurs de père. Ces hommes qui, à chaque
heure du jour et de la nuit, sur l'ordre
d'un chef, pour une idée, que souvent ils
ne partagent pas, jouent leur vie avec une
.héroïque indifférence, voient souvent s'é
panouir en eux, comme une merveil
leuse- fleur, le sentiment le plus exquis
et la plus suave tendresse. M. d'Ambleuse
adoral'enfant que le hasardjlui avait donnée.
Je ne dirai point qu'elle devint le but de sa
vie ; elle fut sa vie même. Présente, il s'oc
cupait d'elle; absente, elle le préoccupait.
C'était elle partout, elle toujours. Quand il
avait-rempli les devoirs, du service, son bon
heur était de rentrer chez lui pour se réfu
gier près d'elle. Avant de l'avoir trouvée, il
ne songeait qu'à fuir cet intérieur froid et
désolé que n'enchantait pour lui la chère
présence d'aucune créature aimée. Mainte
nant, au contraire, il -sa hâtait d'y revenir
pour jouir des innocentes caresses de sa
chère Medjé?,pour écouter son légor babil
lage, frais comme un, gazouillement d'oi
seau, pour voir ses joyeux ébafsJ
L'enfant, de son côté, Sans se douter en
core de tout ce qu'elle devait à M. .d'Ara-
bleusfc, se sentait remplie d'affection et de.
reconnaissance naïve pour l'homme qui
l'entourait de tant de soins et de tant "de gâ
teries charmantes. Elle lui savait-peut être
COURS DE LA BOURSE.
couks de clôture , le 3» le 31 Hausse. Baisse.
30/0aucompt. 72. » 72 25 » 25 » »
—Fin du mois. 71 92 72 25 » 32 » »
41/2aucompt. 104.65 104.75 » 10 » »
NOUVELLES POLITIQUES.
Les renseignemens que nous recevons à
la dernière heure sur la santé de l'Empereur
constatent que Sa Majesté^ après une excel
lente nuit,/a pu reprendre son train de vie
ordinaire. «
Toutes les probabilités sont en faveur du
voyage de l'Etaperèur au camp de Châlons.
Le Gaulois dit, à ce sujet, que des ordres
viennent d'être envoyés au quartier impé
rial pour qu'on y prépare lés équipages du
souverain et tout le matériel.
« Demain, le conseil des ministres doit dé
libérer sur là question de la reprise de la
session du Corps Législatif. On croit à la
convocation des députés pour le 20 Où le 27
septembre pour terminer la vérification des
pouvoirs.
sera achevée. Pour peu qu'à cette opération
viennent se joindre quelques incidens résul
tant d'interpellations qui paraissent devoir
être demandées sur certains points delà
politique intérieure, la sessîÔn pbuTrait biçn
avoir une durée de trois semaines à un moisi
On nous assure que la commission du
Sénat a rejeté aujourd'hui les amèndemens
que nfous avons signalés hier.
M. le président du Sénat se propose, dit
on, de prendre une part très active aux dé
bats qui doivent s'ouvrir demain au Sénat. •
, On annonce pour ce soir le départ de Pa
ris de M. Emilio CastelaT, le célèbre orateur
et chef du parti républicain en Espagne. ,
, AM. SIATAGRIN. '
Un certain nombre de résultats de la ses
sion des conseils généraux et des vœux ex
primés parcesassemblées sont déjà connus.
Ces résultats embrassent — jusqu'à lundi
soir — 82 départemens. Sur ce nombre, huit
ont exprimé des. voeux ayant un caractère
politique à un degré quelconque. Ces vœux
se décomposent ainsi :
Six ont demandé que les maires soient
pris, à l'avenir, dans les conseils munici
paux. '
Deux ont réclamé une modification à l'ar
ticle 75 de la Constitution de l'an VIII.
i Ces questions ont été soulevées dans un
grand nombre do conseils généraux. Con
trairement aux précédens, elles ont été l'ob-
j-et d'un examen direct. Sauf les cas très
rares où le- président a déclaré qu'elles ne
pouvaient être discutées, parce qu'elles sor
taient des attributions du conseil, ces ques
tions ont été renvoyées à l'examen de 1a
commission des vœux, qui a fait son rap
port au conseil, et c'est l'assemblée elle-
même qui a 4l c i4é que les vœux né pou
vaient être 'accueillis. '
Cette procédure directe a eu pour effet de
laisser toute action a y ux délibérations de ces
corps sans qu'aucune pression ait été exer
cée sur eux. y
Les vœux sur le choix des maires ont eu
un sort à peu près analogue ; ils étaient for
mulés de trois manières :
1° Que les maires fussent pris dorénavant
dans, le sein du conseil municipal. Neuf
conseils généraux, saisis de ce vœu, l'ont
rejeté ; six l'ont adopté,
2° Que les maires fussent nommés à l'a
venir par ces conseils municipaux ou sur
une liste de présentation de ces conseils. —
24 conseils généraux ont été saisis de ce
vœu : Pas un seul ne, l'a accueilli. >
3° Que les maires fussent nommés direc
tement par les électeurs. — Cinq cun eila
généraux ont été appelés à examiner celto
question ; tous ^ont passé à l'ordre du jour
plus de gré d'une orange 'ou d'une tarte aux
fraises que de ses jours préservés par lui.
Mais qu'importe d'où vient la reconnais
sance? Que le cœur la ressente, voilà tout
ce qu'on peut lui denjânder.
Mais la petite Medjé n'était pas seulement
la pupille chérie du commandant Jacques.
On eût pu dire qu'elle était aussi la fille du
régiment. Tout le monde la choyait et elle
aimait tout le inonde. C'était plaisir de la
voir tirer la moustache grise des vieux gro
gnards, qui se laissaient faire. On n'eût pu
" rêver un charmant plus lutin : elle répandait
partout autour d'elle l'animation et la gaîté.
Elle jetait son éclat pétillant sur la vie par
fois monotone et triste du soldat, comme
une radieuse broderie fait courir se£ fleurs
brillantes sur la trame d'une étoffe sombre.
' ./Vivant ainsi au milieu de cette adorable
gâterie de tous, Medjé pouvait bien se ven
ter d'être la plus heureuse petite créature
qu'il y eût en ce moment sous îe soleil d 'A
frique.
II.
Enlevée subitement à la vie de la tribu,
dans un âge. où les habitudes-ne, sont pas
encore enracinées, et ou les impressions
s'effacent en se succédant, elle avait assez
promptement oublié les doux loisir de la
•tente, le charme du désert, et la poésie des
voyages Irrans. Sans doute, elle avait arro
sé de larmes abondantes la mort de sa mère,
massacrée sous ses yeux ; elle avait amère-
mertt regretté son père, le grand chef à la
barbe noire, qui était tombé sur la brèche
sanglante, en défendant les siens.
Mais cette douleur avait été chez elle une
explosion aussi passagère que violente: elle
avait eu plus de force que de durée. Les pleurs
séchant vite dans les yeux des enfàn^. A
mesure que le temps qui marchait toujours
ou ont prononcé la question préalable.
On voit £ar cet exposé que la grande
majorité* des- conseils- généraux n'est pas
sortie du cercle des attributions qui leur
ont été tracées par la loi. En effet, sur les
82 assemblées dont nous venons de résumer
succinctement les travaux, huit seulement
ont formulé définitivement des vœux poli
tiques. -
C. FIEL.
M. Alfred Le Roux, ministre de l'agricul
ture et du commerce, a prononcé le dis
cours suivant à l'ouverture du conseil gé-
néral de la Vendée :
« Messieurs,
» Ma première pensée, en vous trouvant de nou
veau réunis, est une pensée de regrets que vous
partagez tous. Je cherche, vainement à mes' côtés
notre honorable collègue, le général baron de Les-
pinay, membre de ce conseil depuis bien des an
nées et vice-président depuis 1861.
» Vous connaissez, sans que j'aie besoin de les
rappeler longuement, ses brillans services militai
res, l'honorabilité si complète de sa noble existence
èt cette parfaite aménité de formes qui rendait ses
rapports si agréables, et profitait aux affaires dans
le sein de vos commissions. En proclamant ces
qualités et les sentimens qu'inspire une telle perte,
je suis, j'en suis convaincu, votre fidèle, interprète,
Permettez-moi seulement d'ajouter à ce témoignage
collectif le souvenir personnelque je garde des liens
d'estime et d'affection qui nous unissaient.
» Depuis.notre séparation, de grands faits se sont
•accomplis, ils appartiennent trop à l'ordre politique
pour que je 3 puisse les apprécier ici. Mais, en don
nant satisfaction, à de saines idées de libertés, ils
me paraissent tellement liés à la prospérité publi
que, dont' le développement est votre censtante
'préoccupation, que j'ose me'féliciter d'avoir pu y
prendre part.
• : si je reviens parmi vous avec un titre nouveau,
soyez assurés, Messieurs, qu'il me laissera ce que
j'étais avant : un collègue plein de sympathie pour
vous qui m'avez toujours si bien accueilli, et animé
d'un dévoûment absolu pour notre beau et fertile
département. En créant un ministère spécial de
l'agriculture et du commerce, l'Empereur a voulu
donner un gage évident de l'intérêt qu'il porte à ces
deux grandes parties de son gouvernement.
l » la,réaljsa.tioH de cette pensée devient désor
mais le but de tous mes efforts, et je suis heureux
Id^y .voir, un lien de plus avefc notre contrée éminem
ment rurale. Lorsque l'agriculture se recommande
ainsi partout à ma sollicitude, ne m'est-il pas per
mis d'en éprouver une toute particulière pour nos
campagnes, si riches en produits 'de toutes sortes ?
Ne puis-'ja pas, mieux que personne, rendre témoi
gnage à vos constans efforts pour l'amélioration in
cessante des pays, dont vous représentez si bien les,
intérêts i J.-.'j ;i ; * . v , "
» J.&S -ptogrès.de,l'instruction publique, du bien-
être moral et matériel :des populations, les moyens
fa'ciles'ét Rapides de- communication y figurent en
pretBÎéliô" "Hgn'e. Aussii en même temps que nous
hûto'ns" la construction ou réparation de nos églises,
presbytères et maisons'd'école, devons-nous stimu
ler, autant*qu'il est en nous, le bon entretien et l'a
chèvement de nos chemins, comme l'établissement
et le complément de nos voies ferrées et naviga
bles.
» Dans ce dernier ordre d'idées, le raccordement
de la ligne des Charentes à celle d'Angers à Niort,
mérite-votre actif et sérieux concours. Je continue
rai à m'associer à vos efforts pour tout ce qui pour
ra en hûter,l'exécution. J'espère obtenir prochaine
ment un crédit pour, les travaux de la rivière Ven
dée, déjà approuvés en principe, et-je suis tout dis
pose à me faire l'organe de vos vœux pour l'accé
lération de ceux du port des Sables.
» Enfin, vos demandes en faveur du canal de Lu-
çon ne sont pas demeurées stériles. Je me félicité
d'avoir* pu en hâter la réalisation, qui ne saurait
maintenant dépasser là prochaine adjudication fixée
au 10 septembre prochain. -
» Avant de vous rendre à vos travaux, permet
tez-moi un hiot sur la loi annoncée qui doit vous
confier la nomination de votre président, de vos
vice-présidens et secrétaires. Vous m'avez témoi
gné trop de sympathie jusqu'ici pour que je n'aie
pas dû me faire la douce illusion qu'à côté de la
confiance dont m'honorait l'Empereur, vous vouliez
bien aussi m'honorer de la vôtre. Laissez-moi vous
en remercier cordialement, Messieurs, et vous dire
que, quel que soit mon titre désormais, je serai tou
jours heureux et lier de siéger parmi vous. »
i Le maréchal Randon, président du conseil
général de .l'Isère, a, clans la séance d'ou
verture, prononcé le discours suivant :
r - - ■
' « Messieurs et chers collègues,
» Chaque année, quand nous nous réunissons,
notre pensée se reporte.vers ceux de nos collègues
que la mort a enlevas, et ua sentiment de tristesse
s empare de nous.
» Depuis ia dernière session, en l'espace de quel-
l'éloignait de l'épouvantable catastrophe
qui avait eu pour elle de si graves con
séquences; elle oubliait le passé de plus
en plus, et se laissait emporter, insou
ciante comme la jeunesse, vers ses destinées
nouvelles. Pouvait-il en êtro autrement ?
N'était-elle point à cette époque heureuse de
la vie où l'âme, confiante et naïve, s'entr'ou-
vre comme une fleur, et, comme la fleur
aussi, ne demande qu'à donner son parfum
de tendresse?
Elle payait en bonne grâce les bontés du
commandant, et, adorée par lui, elle l'ai
mait à son tour, autant que son jeune cœur
pouvait ailier. Il ne serait pas juste de dire
que les Arabes n'aient pas d'alftclion pour
leurs enfans. Les droits de la nature soat
imprescriptibles. Mais cetteidée, arrêtée dans
leur âme avec la fermeté d'un dogme social,
de la supériorité de l'homme sur Ja femme,
et de l'obéissance passive que celle-ci doit à
celui-là, influe singulièrement, à leur insu
peut-être, sur l'éducation qu'on donne aux
filles.
"Dès leurs jeunes années'on les forme as
sez rudement à la discipline sous laquelle,
plus tard,'il faudra qu'elles ploient tou
jours. Même dans les familles riches et sous
les grandes tentes, on n'a pas pour les chè
res mignonnes ces gentillesses de façons,
ces câlineries .affectueuses, ces douceurs ca
ressantes dont M. d'Ambleuse entourait
Medjé. Aussi grandissait-elle près de lui, li
bre, fière, heureuse. ,
Sa b»auté se développait merveillfuse-
men4 dans cette atmosphère de tranquillité
et de sérénité morales. L'influence des mi
lieux se fait sentir sur la plante humaine
comme sur toute autre.
Medjé' avait gardé sans doute tous les
traits qui distinguent et-caractérisent sa
belle et noble race. El te avait gardé da la
femme arabe cette pâleur chaude, bloud8
I
ques mois, le conseil général a/perdu trois de
membres : MM. de Mépieu, Donnât et Eéal.
» Je n'entreprendrai pas de faire leur éloge
"ïré^âis rdas rne-permettrez de rappeler en
ques mots les qualités qu'ils possédaient et qui
ont rendus chers à nos souvenirs.
» Vous avez tous apprécié t'anjéhité du caractère
de M. de Mépieu, sa parfaite loyauté et cette inta- (
rissable obligeance qui l'avait rendu si populaire'
dans l'arrondissement quHl représentait à la Cham
bre des députés. . ■
» M. Donnât était arrivé parmi nous, précédé
d'une réputation qu'il ne tarda pas à justifier dans
Ja discussion des affaires à laquelle il prit part. Son
âge, sa robuste santé nous faisaient espérer que,
pendant de longues années encore, il consacrerait
au pays son expérience et les lumières de son es
prit. -
s Que vous dirai-je de M. Réal ? Que, ses débuts
au barreau comme dans l'administration furent éga
lement brillans ; qu'aux qualités solides de l'esprit,
il joignait celles du cœur, et qu'il compta pendant sa
vie des amis aussi fidèles que dévoués, au nombre
desquels je réclame ma place.
» C'était un digne enfant de Grenoble; sa ville na-
tale en était fière, et ses concitoyens ont éprouvé
une légitime affliction de sa fin prématurée.
» Je viens, Messieurs, de payer un juste tribut de
regrets aux membres du conseil général qui, dans,
l'intervalle des déux sessions, ont cessé de vivre.
» Ce n'est pas la seule perte qu'ait faite le dépar
tement: M. Reneufve, notre ancien préfet, a reçu
une autre destination, "
' » J'exprime certainement un 'désir conforme à
votre propre pensée en manifestant l'espoir de voir
à l'avenir rester plus longtemps parmi nous le chef
de l'administration dépàrteméntale, appelé à veiller
à des intérêts qui réclament une étude sérieuse.
>f Notre nouveau préfet arrive à peine au milieu
de nous. Qu'il soit le bienvenu! Il aura notre con
cours franc et loyal, comme nous sommes accoutu
més de le donner aux fonctionnaires qui ont là mis
sion d'administrër notre département.
» Des modifications considérables vont être ap
portées à la Constitution du pays. L'Empereur, con
fiant en la force de son gouvernement et en la sa
gesse de la nation, croit le moment venu d'accroître
les libertés publiques et, usant de sa prérogative
constitutionnelle, efface, par une amnistie générale,
les traces de nos discordes civiles.
» C'est sous l'impression de ces généreuses réso
lutions, gages de paix et d'union parmi les citoyens,
que va s'inaugurer la nouvelle administration du dé
partement. Elle y puisera une influence toute par
ticulière pour assurer le .bien-être et ' la prospérité
de cette patriotique population qui joint à nn vif
sentiment de la liberté un dévoûnwnt sincère pour
l'Empereur'et pour sa dynastie. »
creuse .—M. Du Mirai, président du Con
seil général de la Creuse, a prononcé le dis
cours suivant à l'ouverture de ce conseil
A la voilie delà réalisation du progrès libérai
qui va rendre à nos assemblées départementa
les' la nomination de leuTS bureaux, 'le gouver
nement de l'Empereur semble avoir pris poux
règle de maintenir ceux de la session dernière..
• C'est à cette mesure, d'un caractère général,
que je dois naturellement attribuer l'honneur de
vous présider encore cette année, pour la troi
sième fois.
Je ne me propose pas de vous entreteuir
longtemps des faits qui se sont accomplis dans
le département depuis que nous nous sommes
séparés; : '■;■■■■■■■■ ■ '<■" • >
Vous avez tous applaudi aux distinctions mé
ritées >q[ui sont venues chercher deux 'de nos
collègoes. y .
Le contours régional qui s'est tenu à Guéret,
au mois de juin.dernier,*a été la preuve écla-
tanto des progrès sensibles de notre agriculture.
Je ne dois pas non plus passer sous silence
les changemens qui se sont opérés dans le per
sonnel de notre administration départementale,
et vous m'approuverez, j'en suis sûr, d'expri
mer à leur occasion 1e regret de leur excessive
fréquence. ,
Mais l'importance relative de nos événement
locaux est singulièrement donpnee parcelle des
grands faits politiques qui se sont produits de
puis les élections dernières et seront incessam
ment consommés. -
-Il n'est aucun de vous qui ne s'en soit indi
viduellement préoccupé ; nous avons ie droit, .
et, si je ne m abuse, le devoir de les apprécier
ensemblo.
Permettez-moi do vous en dire mon senti
ment personnel et de vous proposer la résolution
que me semblent conseiller les circonstances.
L'amnistie, dans mon opinion, a été un acte
de politique intelligente non moins que de gé
néreuse clémence. . ,
S'il ne parvient pas à éteindre les passions
hostiies, il est au. moins permis d'espérer qu'il
en apaisera l'ardeur.
L'indulgence que le pouvoir montre aujour
d'hui, si la sévérité redevient nécessaire, au lieu
de rendre plus difficile dans l'avenir la^ ferme
application des lois, lui assurera, de la part do.
l'opimoa publique,- uns piUs énergique adhé- ,
sion. . . ' ■'
Le but principal, presque exclusif,liusénatus-
consulle, est d'augmenter les attributions et le
pouvoir de celle de nos grandes assemblées qui
et comme ambrée, qui a rendu célèbre le
teint des Mauresques; la, lèvre rouge comme
la fleur du grenadier-;-" l'ovale allongé du visa
ge ; le grand œil fendu en amande, dont la
prunëllanoire; un peu dilatée, semble mper
dans la-lumière, avec ce cristallin d'un blanc
bleuâtre, qui frappe l'Europt-fq il'éloiwt—
ment et d'admiration la première fois qu'il'
le rencontre et le contemple. Ajoutez ces
longs cils, légèrement entre-croisés par le
bijut, qui donnent tant de douceur au re
gard, et tant de profondeur aussi, et ce sauf-
cil étroit dont l'arc brun se détache avec tant
de netteté sur la blancheur du front.
Mais l'expression qui animait tout cela
n'était point ce qu'elle eût été, si Mudjé fût
restée sous la tente. C'étaient bien y-is mê
mes traits, nous l'avons du, mais déjà c'é
tait une autre âme répandue sur ces traits,
c'était une physionomie toute nouvelle. La
liberté morale dont t^ile jouissait, l'atli-c-
tueus» bienveillance ' dont elle se sentait
entourée, l'atmosphère intelligente- où elle
vivait, tout semblait se refléter sur ce jeune
et charmant visage,. Jacques -la 'regardait
courir et jouer; il la 'voyait lutinçr sa gazelle,
butiner lès fleurs de son jardin, <-io\er de.-:
pyramides d-3 sable croulant, et tremper
sf-'s mains-dans la vasque de marbro do sa
fonîaine, où l'eau tombait en murmurant.
Il lui semblait qu'elle mettait à toute cbo?e
une grâce particulière; il s'émerveillait de
ses moindres gestes., admirait de bonne fui
ses mots enfaniins; il eûtjpassé volontiers
sa vie à la voir et à l'entendre. • ■»
M. le baron d'Amhieuso, au retour de l'ex
pédition qui lui avait valu son grade de lieu
tenant-colonel — et Medjé, la; plus douce et
la plus chère conquête qu'il eût jamais fai
te,— avait été dirigé, avec son régiment, sur
Alger. Il y avait assez longtemps qu'il tenait
la campagne ; il avait supporté assez de fa
tigues, accompli assez de travaux! pour avoir
. ! h
54® A1VIVEE.—IV* 244»
abonnemens des dépaatembns,
trois mob.:;;.;. 16.fe;
. six mois 82 FR.
■UNAN...-.V 64 Fa.
_ y «i «- i.n PAtrs Élu A ngers , voir le tableau
pùbiiô les s et 30 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. Gibiat et C\
g^niedesfions-Erifans, 19.
te niade d'AtiOMËatfiirr le plus simpte
BUREAUX ff* PARIS ? rue de Valois (Palais-Royal)? n? 102
E
HERGREM r r SEPTEMBRE 1869,
, ABONNEMENS DE PARIS.
TROIS MOIS......; 13 fr."
SIX MOIS.........; *26 FR.
un' apî.i.......... 32 FB.
UN NUMÉRO 520 CENTIMES.
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iiir Paris, à l'ordre de L'AD.MiNis^^fÈuà ÛiijbUrnal, r, de Valois, n. 10.
-ST '
JOURNAL POLITIQUE
?i d'un bon de poste ou d'un effet
LITTERAIRE UNIVERSEL.
et 16
-y
les lettres ou envois d'argent non affranchis sont refusés.
Les articles.déposés.ne son|,pas rendus.
. 'Les abonnemena datent dès 1
6 de chaque mois.
S'adresser pour les A nnonces à MM. F auchey, L affitk, B cllier, et Cf, -
place de la Bourse, 8, à M. uuport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve c£ examen,, et, s'il y a lieu, de modification par » admtntstraitesi
du journal.
PARIS, 51 AOUT,
■ Nous continuons à suivre avec intérêt les
travaux des deux .délégations de l'empire
austro-hongrois. Par suite de nouvelles con
cessions mutuelles, l'accord s'est fait sur
1 tous les points, sauf deux, qui sont : la
subvention du Lloyd et le crédit à allouer au
ministre de la guerre: pour la construction
de monitors sur le Danube.
ta délégation hongroise avait voté le
Bfédit demandé par le ministre de la guerre
pour établir sur le bas Danube uneflo-
tille de monitors,: apte à opérer au besoin
jusque dans la mer Noire.,C'est toujours,
comme en voit, la préoccupation des inté
rêts tië l'empire en'Orient. Les députés au
trichiens, qui se montrent au contraire peu
soucieux de voir l'Autriche s'engager de ce
côté, avaient refusé le crédit.
iPour-terminer le différend qui a persisté
sur ces deux points, une délibération com
mune des deux délégations a eu lieu hier
matin. Cette séance des deux assemblées
excitait à Vienne une certaine curiosité,
parce que., depuis l'institution des déléga
tions, c'est la première fois qu'elles sont
appelées à voter ensemble. Aucune diffi
culté, aucun incident fâcheux ne s'est pro
duit. La plus grande partie des députés po
lonais, bien que faisant partie dû Reichs-
fath, ont voté avec la délégation hongroise,
dont les résolutions ont ainsi définitivement
prévalu.
hi Les travaux de - la session se sont trouvés
terminés par ce vote. La séance de clôture a
eu lieu dans les deux délégations le soir
même. On lira plus loin la courte analyse
donnée par le télégraphe du discours qu'a
prononcéà cette occasion M. deBeust. Faisant
allusion à l'empressement avec lequel ont
été votés les crédits de la guerre et de la
kftàrihe que le gouvernement avait jugés né
cessaires dans l'état actuel de l'Europe, M.
deBeust a dit :
a Les résultats de cette session de la dé
légation ont une importançe qui sera appré
ciée certainement jusqu'à l'étranger: ils
contribueront à assurer le maintien partout
désiré de la paix. » :
Le chancelier de l'Empire avait exprimé,
si nous ne nous' trompons, exactement ,1a
même pensée dans son discours d'ouvertu
re : La paix serait compromise si nous n'é
tions pas prêts à faire la guerre.
' C'est assurément aussi eo que pense le roi
de Prusse, qui s'attache à justifier déplus
on plus la qualification de sergent instruc
teur couronné, par laquelle ses sujets le dé
signent .quelquefois. Le roi Guillaume est
vraiment infatigable. Revue hier, revue au
jourd'hui,' grandes . manœuvres demain, et
Toilà quinze jours que cela dure, dit une cor
respondance de Berlin, qu'on lira plus loin.
Cette même lettre de Berlin que nous em
pruntons à la Correspondance du Nurd-Esl
mentiônce l'agitation qui commence à se
# produire dans le Sleswig du Nord. Voici
de .quoi il s'agit :
L'article S du traité de Prague porte que
les districts du Sleswig septentrional seront
rendus au Danemark, si la population en
exprime la volonté par ton vote. Le gouver
nement prussien a trouvé jusqu'ici un ex-
celleat moyen d'échapper à l'application 'de
cet article. ] .
, Il n'a pas provoqué le vote dont il s'agit.
Et lorsque le Danemark l'a invité à y faire
procéder, Ml de Bismark a répoadu au Da
nemark et aux diplomates qui ont appuyé
sa réclamation que la Prusse entendait être
seule juge du moment où la vote lui paraî
trait opportun.
Quelques journaux, danois ont fini par
imaginer un moyen d'échapper aux fins de
non recevoir de la Prusse. Ils ont mis en
ayant l'idée d'un vote spontané de la popu
lation du Sleswig en dehors de toute initia
tive de la part du gouvernement. Or, voici I
que qu£terzjb citoyens de l'île d'Alsen invi
lent àuvertjBment leurs compatriotes à sui
t vi e ce èwfseil.
>} JlJgjrôfe public aurait lieu dans chaque
paroisse, sous la présidence de commissai-
res choisis par la population, et chargés de
déterminer le lieu, le jour, la forme du vote
et le mode de dépouillement. Les procès-
verbaux des opérations seraient ensuite por
tés à la connaissance du gouvernement
prussien.
Les journaux officieux de Berlin com
mencent à se montrer inquiets de cette agi
tation qui pourrait bien se développer et qui
aura dans tous les cas pour résultat 40 rap
peler à l'Europe entière la façon dont la
Prusse respecte les traités.
On sait les efforts persévérans de la Rus
sie pour faire disparaître les derniers restes
de la nationalité polonaise. Ce travail d'assi
milation est poussé à une exagération dont
le traiî suivant donnera la mesure. Une let
tre de Varsovie du 27 août raconte que l'hor
loge placée à l'Hôtel-de-Ville ne marquera
plus à l'avenir l'heure de Varsovie, mais
celle de Saint-Pétersbourg. :
Voilà certes une idée cosaque !
C. BARBE.
?miV£E.
ASEHSB BAYAS.
Etats-Uni».
New-York, 30 août
' (par le câble français)
Le gouvernement continuera, pendant le mois
de septembre, d'acheter, chaque semaine, des
bonds américains pour deux millions de dollars,
conformément aux décisons du Congrès. Il achè
tera, de plus, toutes les deux semaines, pour
un million de dollars, des bonds destinés au
fonds d'amortissement.
Vienne, 30 août, soir.
Les divergences delà délégation du Reichs-
rath et de la délégation hongroise sur le budget
ayant été, par suite de concessions mutuelles,
réduites à deux points seulement, une réunion
commune des deux délégations a eu lieu ce
matin. Les points en litige ont été vidés dans le
sens des résolutions hongroises, plusieurs mem
bres de la délégation du Reichsrath ayant voté
avec la délégation hongrois».
Dans une dernière séance tenue dans l'après-
midi, les travaux ayant été déclarés terminés,
la session des délégations a été cîose.
Vienne, 30 août, soir.
Aujourd'hui a eu lieu la séance de clôture de
la délégation du Roichsratri. M. de Beust a com
muniqué à rassemblée la sanction donnée par
l'Empereur aux décisions do Ja délégation,
ainsi que les remercîmens de l'empereur pour
l'empressement avec lequel e>ie a pris en con
sidération les besoins collectifs de la monar
chie,
M. de Beust a conclu en ess termes :
« Los résultats de cotte session do la déléga
tion ont une importance qui s(>ra appréciée cer
tainement jusqu'à l'étraniger : ils contribueront
à assurer le maintien partout désiré de la'
paix. » <•
La délégation hongroise a été close d'une fa
çon analogue.
Vienne, 30 août, soir.
L'assertion de plusieurs journaux, d'après'la-
quelle ja banque de Vienne aurait suspendu ses
paiemens, ne repose sur aucun fondement."
• Ce bruit, qui a couru également à Berlin,
semble ne devoir son origine qu'à une spécula
tion de Bourse.
Vienne, 30 août, 9 h. soir.
Aujourd'hui a eu lieu la première séance des
deux délégations délibérant en commun.
Il s'agissait de tràncher par un vote commun
les points qui étaient un sujet do dissentiment
entre les deux assemblées. .
Dans la question concernant la subvention
du Lloyd autrichien, les Hongrois l'ont emporté
à la majorité de 30 voix.
Sur le chapitre relatif aux ^monitors à cons
truire sur le Danube et que voulait rayer du
budget la délégation autrichienne, les Hongrois,
qui votent pour le crédit demandé, l'ont égale
ment emporté à une majorité de 20 voix.
Les Polonais ont voté, dans les deux,cas,
avec la délégation hongroise.
Les délégations ont terminé leurs travaux.
Elles ont accordé, en définitive :
Pour le budget des affaires étrangères, crédits
ordinaires et extraordinaires, 4,114,471 florins;
pour celui da la guerre, 73,6(53,987florins;pour
la marine, 9,833,268 florins; pour le ministère
des finances et le contrôle, 1,847,866 florins. •.
{Correspondance du Nord-Est.)
33Sm
SVImefpaïEtÈs-EBRueEMenEïes. ■
\ • '{ ' ; ' •
Bucharest, 3Q gqût^oiç.
Le prinee Charles est parti hî$r pour le' caûipî
S. A. sera de retour dans huit jours.
On assure qu'elle partira lundi de la semaine
prochaine pour son voyage à'l'étranger.
L'empereur de Russie a envoyé au prince
Charles les 'insignes de l'ordre d'AIexandre-
Newski et au prince Ghika, président du conseil,
les insignes de l'ordre de Sainte-Anne.
. Snlss®.
, . Berne, 31 août.
La Prusse a adhéré au projet de conférence
international^ pour le chemin de fer du Saint-
Gothard. Le conseil fédéral fixera prochaine
ment l'époque de la réunion de la conférence,
.ESgpagsae.
Madrid, 30 août, soir. -
Le second chef de 4a bande du curé 4'Alcala,
el Negrito, a été grièvement blessé en faisant
résistance aux soldats qui l'ont capturé après la
dispersion des quelques hommes qu'il aVait en
core avec lui.
Madrid, 30 août.
L'Impartial annonce que le général Izquier-
do a repris aujourd'hui ses fonctions de capi
taine général de Madrid:
Un télégramme de Burgos porte que les frè
res Hierros ont levé une bande. Des troupes
sont parties à leur poursuite. 1 « :
A Castellon, un grand nombre d'individus
ayant fait partie de bandes actuellement dissou
tes, entre autres les deux fils Galindo, se pré
sentent aux autorités.
ÏÉfflïS®. • < . '
_ Florence, 30 août, soir.
' Le roi sera dé retour ici, demain, à trois heu
res de l'a pTès- midi. . ^
Les" dépêches d'Ajaccio constatent que l'Im
pératrice et le Prince Impérial continuent d'être,
dans cette ville, l'objet de démonstrations en
thousiastes.
Venise, 30 août, soir.
La Gazette de Venise dit que la municipalité
a été prévenue que l'Impératrice des Français
gardera pendant son séjour à Venise le plus
strict incognito, et qu'on' ne donnera, par suite,
aucune fête officielle. Un comité a été cepen
dant constitué par un certain nombre de parti
culiers afin de rendre, à cette occasion, le séjour
de Venise plus agréable.
; France.
Bordeaux, 30 août, soir.
M. Silvela, ministre d'Etat espagnol/est arri
vé ici, se rendant à Vichy.
SERVICE DE NUIT.
Etetg*IJnli.
New-York, 31 août.
, (Par le câbie transatlantique français).
Le bruit court que le projet tendant à l'achat
de Cuba par les Cubains est appûyé par l'Amé
rique. 1 • ' (
Aucune action importante n'a été engagée
par les troupes espagnoles. Ua ne signale que
quelques escarmouches.
• > ategwgc.'. - *
. Marseille, 31 août.
Les lettres de Constantinople sont du 28 août,
elles portent qu'après la réception
cha , le conseil des ministres a délibéré sur les
garanties à exiger de l'Egypte.
Les ambassadeurs des puissances européen
nes ont pris connaissance de- la lettre du khé
dive et l'oaLapprouvée.
On assure que lé khédive attendra lo départ
de Musîapha-Fazil pour se rendre à Constanti
nople.
Un camp de 20,000 hommes a été établi à
Béicos, où l'Impératrice doit passer les troupes
en revue. ^
graisse.
Berne, '31 août)
En suite de l'adhésion de la Prusse, de l'Italie
et du grand-duché de Bade au projet de confé
rence relatif à la construction d'un chemin de
fer par le Saint-Gothard, le consul fédéral hel
vétique a décidé de fixer ay 15 septembre l'épo
que de la réunion de cette conférence.
France. >
Toulon, 31 août.
L'escadre, croise 1 en vue de Toulon en atten
dant l'Aigle,
On annonce pour demain un simulacre de
combat naval. . . ,
Le départ de l'Impératrice, aura lieu le 2
septembre, à sept heures du matin.
Toulon, 31 août.
L'Aigle est signalé en vue de l'escadre qui
mouille au large.
Tous les bâiimens sont pavoisés.
Après un simulacre de combat naval, la flotte
rentre dans la rade ; el!ô est saluée par une
salve d'artillerie. •
Une foule immense assiste à ce spectacle
émouvant.
Feuilleton du Constitutionnel 1 er sept.
LA DESTINÉE
Deuxième partie.
, MEDJÉ.
1.
Il y avait six mois que ces graves événe-
mens s'étaient accomplis, quand, au début
de ce récit, nous avons rencontré le baron
d'Ambleuse, le commandant Jacques, com
me l'appelaient ses soldats, à la prise d'une
redoute arabe.
Les circonstances pénibles qu'il venait de
traverser avaient exercé sur lui une influen
ce facile à comprendre. 11 était en ce mo
ment comme le naufragé qui a vu tout pé
rir avec le vaisseau qui lo portait. C'était
toute sa vie qui sombrait. Après avoir souf
fert d'un amour malheureux, il souffrait
maintenant d'un amour mort. Au moment
eù ces crises terribles se dénouent, un grand
.vide se fait toujours dans notra existence ;
celle qui était tout disparaît; il 11e nous res
te rien du passé, et nous n'osons pas regar
der du côté de l'avenir. Le deuil est partout ;
nulle part la consolation.
M. d'Ambleuse ne pouvait non^lus s'em
pêcher de regretter parfois l'issue fatale de
son duel.. Bien qu'il vécût au milieu d'un
monde où les implacables exigences du
(Voir le Constitutionnel du 29 aoClt.)
point d'honneur n'entretiennent pas dans
les âmes un rëspect exagéré de la vie
numame, il n'en avait pas moins le re
mords de cette jeune et brillante existence
impitoyablement tranchée par ses maids.
Quand il examinait froidement les choses,
il était bien forcé de convenir avec lui-mê-
*mé que dans cette affaire, si fâcheusement
terminée, son rôie avait été celui de provo
cateur. Il était bien certain qu'il n'aimait pas
le prince; mais pouvait-on dire que ce fût là
u ne raison sqifisante pour le tuer? Et pour
tant, il n'avait pas reculé devant l'insulte
froidement méditée, qui avait rendu néces
saire cette réparation par les armes, suivie
d'une catastrophe irréparable. Qui donc l'a
vait constitué vengeur du marquis et re
dresseur des torts de sa femme*? Il était
d'autant moins autorisé à s'attribuer un tel
rôle quB le prince, après tout, n'avait fait
autre chose que ce qu'il avait souhaité de
faire lui-même sans y pouvoir réussir.
11 n'avait donc pas le droit de s'absoudre
à ses propres yeux, et le souvenir de.cet
homme injustement mis à mort jetait par
fois sur son front une ombre sinistre. 11 en
était arrivé à cet état d'atonie morale, où
l'on nia plus le courage de se rattacher à
rien, et où l'on se laissa flotter au gré
des évéuemens, comme la barque dé
semparée flotte au gré] des vagues qui se
jouent d'elle dans la tourmente.
11 était, cependant, jeune encore, et par
mi ces nobles créatures, dont la pitié com
patissante est l'apanage presque céleste ,
beaucoup n'auraient pas demandé mieux
que d'adoucir l'amertume de ses chagrins,
liais M. d'Ambleuse portait haut le sen
timent de sa dignité et Je respect de lui-
même : il ne foulait plus rien recevoir de
l'amour, parce qu'il ne pouvait plus Tien lui
rendre désormais. Il ne se croyait plus "capa
ble d'aimer : tout était fini pour lui.
L'introduction brusque de'la petite Arabe
dans sa vie, au moment où il ne voyait déjà ,
plus que le vide autour de lui, eut quelque
chose dé véritablement "providentiel. Où l'a
mour a sombré, la paternité peut surgir.
Presque toujours, presque-partout elle lui
survit, comme pour nous consoler de sa
perte. Jacques ne pouvait plus aimer qu'un
enfant. Fatigué'de la passion, il se réfu- ;
giait avec bonheur dans la tendresse.
Bientôt Medjé lui prit l'âme. -
Elle fit mieux : elle eréa en lui une âçie
nouvelle. Ces coeurs de lion sont les vrais
cœurs de père. Ces hommes qui, à chaque
heure du jour et de la nuit, sur l'ordre
d'un chef, pour une idée, que souvent ils
ne partagent pas, jouent leur vie avec une
.héroïque indifférence, voient souvent s'é
panouir en eux, comme une merveil
leuse- fleur, le sentiment le plus exquis
et la plus suave tendresse. M. d'Ambleuse
adoral'enfant que le hasardjlui avait donnée.
Je ne dirai point qu'elle devint le but de sa
vie ; elle fut sa vie même. Présente, il s'oc
cupait d'elle; absente, elle le préoccupait.
C'était elle partout, elle toujours. Quand il
avait-rempli les devoirs, du service, son bon
heur était de rentrer chez lui pour se réfu
gier près d'elle. Avant de l'avoir trouvée, il
ne songeait qu'à fuir cet intérieur froid et
désolé que n'enchantait pour lui la chère
présence d'aucune créature aimée. Mainte
nant, au contraire, il -sa hâtait d'y revenir
pour jouir des innocentes caresses de sa
chère Medjé?,pour écouter son légor babil
lage, frais comme un, gazouillement d'oi
seau, pour voir ses joyeux ébafsJ
L'enfant, de son côté, Sans se douter en
core de tout ce qu'elle devait à M. .d'Ara-
bleusfc, se sentait remplie d'affection et de.
reconnaissance naïve pour l'homme qui
l'entourait de tant de soins et de tant "de gâ
teries charmantes. Elle lui savait-peut être
COURS DE LA BOURSE.
couks de clôture , le 3» le 31 Hausse. Baisse.
30/0aucompt. 72. » 72 25 » 25 » »
—Fin du mois. 71 92 72 25 » 32 » »
41/2aucompt. 104.65 104.75 » 10 » »
NOUVELLES POLITIQUES.
Les renseignemens que nous recevons à
la dernière heure sur la santé de l'Empereur
constatent que Sa Majesté^ après une excel
lente nuit,/a pu reprendre son train de vie
ordinaire. «
Toutes les probabilités sont en faveur du
voyage de l'Etaperèur au camp de Châlons.
Le Gaulois dit, à ce sujet, que des ordres
viennent d'être envoyés au quartier impé
rial pour qu'on y prépare lés équipages du
souverain et tout le matériel.
« Demain, le conseil des ministres doit dé
libérer sur là question de la reprise de la
session du Corps Législatif. On croit à la
convocation des députés pour le 20 Où le 27
septembre pour terminer la vérification des
pouvoirs.
sera achevée. Pour peu qu'à cette opération
viennent se joindre quelques incidens résul
tant d'interpellations qui paraissent devoir
être demandées sur certains points delà
politique intérieure, la sessîÔn pbuTrait biçn
avoir une durée de trois semaines à un moisi
On nous assure que la commission du
Sénat a rejeté aujourd'hui les amèndemens
que nfous avons signalés hier.
M. le président du Sénat se propose, dit
on, de prendre une part très active aux dé
bats qui doivent s'ouvrir demain au Sénat. •
, On annonce pour ce soir le départ de Pa
ris de M. Emilio CastelaT, le célèbre orateur
et chef du parti républicain en Espagne. ,
, AM. SIATAGRIN. '
Un certain nombre de résultats de la ses
sion des conseils généraux et des vœux ex
primés parcesassemblées sont déjà connus.
Ces résultats embrassent — jusqu'à lundi
soir — 82 départemens. Sur ce nombre, huit
ont exprimé des. voeux ayant un caractère
politique à un degré quelconque. Ces vœux
se décomposent ainsi :
Six ont demandé que les maires soient
pris, à l'avenir, dans les conseils munici
paux. '
Deux ont réclamé une modification à l'ar
ticle 75 de la Constitution de l'an VIII.
i Ces questions ont été soulevées dans un
grand nombre do conseils généraux. Con
trairement aux précédens, elles ont été l'ob-
j-et d'un examen direct. Sauf les cas très
rares où le- président a déclaré qu'elles ne
pouvaient être discutées, parce qu'elles sor
taient des attributions du conseil, ces ques
tions ont été renvoyées à l'examen de 1a
commission des vœux, qui a fait son rap
port au conseil, et c'est l'assemblée elle-
même qui a 4l c i4é que les vœux né pou
vaient être 'accueillis. '
Cette procédure directe a eu pour effet de
laisser toute action a y ux délibérations de ces
corps sans qu'aucune pression ait été exer
cée sur eux. y
Les vœux sur le choix des maires ont eu
un sort à peu près analogue ; ils étaient for
mulés de trois manières :
1° Que les maires fussent pris dorénavant
dans, le sein du conseil municipal. Neuf
conseils généraux, saisis de ce vœu, l'ont
rejeté ; six l'ont adopté,
2° Que les maires fussent nommés à l'a
venir par ces conseils municipaux ou sur
une liste de présentation de ces conseils. —
24 conseils généraux ont été saisis de ce
vœu : Pas un seul ne, l'a accueilli. >
3° Que les maires fussent nommés direc
tement par les électeurs. — Cinq cun eila
généraux ont été appelés à examiner celto
question ; tous ^ont passé à l'ordre du jour
plus de gré d'une orange 'ou d'une tarte aux
fraises que de ses jours préservés par lui.
Mais qu'importe d'où vient la reconnais
sance? Que le cœur la ressente, voilà tout
ce qu'on peut lui denjânder.
Mais la petite Medjé n'était pas seulement
la pupille chérie du commandant Jacques.
On eût pu dire qu'elle était aussi la fille du
régiment. Tout le monde la choyait et elle
aimait tout le inonde. C'était plaisir de la
voir tirer la moustache grise des vieux gro
gnards, qui se laissaient faire. On n'eût pu
" rêver un charmant plus lutin : elle répandait
partout autour d'elle l'animation et la gaîté.
Elle jetait son éclat pétillant sur la vie par
fois monotone et triste du soldat, comme
une radieuse broderie fait courir se£ fleurs
brillantes sur la trame d'une étoffe sombre.
' ./Vivant ainsi au milieu de cette adorable
gâterie de tous, Medjé pouvait bien se ven
ter d'être la plus heureuse petite créature
qu'il y eût en ce moment sous îe soleil d 'A
frique.
II.
Enlevée subitement à la vie de la tribu,
dans un âge. où les habitudes-ne, sont pas
encore enracinées, et ou les impressions
s'effacent en se succédant, elle avait assez
promptement oublié les doux loisir de la
•tente, le charme du désert, et la poésie des
voyages Irrans. Sans doute, elle avait arro
sé de larmes abondantes la mort de sa mère,
massacrée sous ses yeux ; elle avait amère-
mertt regretté son père, le grand chef à la
barbe noire, qui était tombé sur la brèche
sanglante, en défendant les siens.
Mais cette douleur avait été chez elle une
explosion aussi passagère que violente: elle
avait eu plus de force que de durée. Les pleurs
séchant vite dans les yeux des enfàn^. A
mesure que le temps qui marchait toujours
ou ont prononcé la question préalable.
On voit £ar cet exposé que la grande
majorité* des- conseils- généraux n'est pas
sortie du cercle des attributions qui leur
ont été tracées par la loi. En effet, sur les
82 assemblées dont nous venons de résumer
succinctement les travaux, huit seulement
ont formulé définitivement des vœux poli
tiques. -
C. FIEL.
M. Alfred Le Roux, ministre de l'agricul
ture et du commerce, a prononcé le dis
cours suivant à l'ouverture du conseil gé-
néral de la Vendée :
« Messieurs,
» Ma première pensée, en vous trouvant de nou
veau réunis, est une pensée de regrets que vous
partagez tous. Je cherche, vainement à mes' côtés
notre honorable collègue, le général baron de Les-
pinay, membre de ce conseil depuis bien des an
nées et vice-président depuis 1861.
» Vous connaissez, sans que j'aie besoin de les
rappeler longuement, ses brillans services militai
res, l'honorabilité si complète de sa noble existence
èt cette parfaite aménité de formes qui rendait ses
rapports si agréables, et profitait aux affaires dans
le sein de vos commissions. En proclamant ces
qualités et les sentimens qu'inspire une telle perte,
je suis, j'en suis convaincu, votre fidèle, interprète,
Permettez-moi seulement d'ajouter à ce témoignage
collectif le souvenir personnelque je garde des liens
d'estime et d'affection qui nous unissaient.
» Depuis.notre séparation, de grands faits se sont
•accomplis, ils appartiennent trop à l'ordre politique
pour que je 3 puisse les apprécier ici. Mais, en don
nant satisfaction, à de saines idées de libertés, ils
me paraissent tellement liés à la prospérité publi
que, dont' le développement est votre censtante
'préoccupation, que j'ose me'féliciter d'avoir pu y
prendre part.
• : si je reviens parmi vous avec un titre nouveau,
soyez assurés, Messieurs, qu'il me laissera ce que
j'étais avant : un collègue plein de sympathie pour
vous qui m'avez toujours si bien accueilli, et animé
d'un dévoûment absolu pour notre beau et fertile
département. En créant un ministère spécial de
l'agriculture et du commerce, l'Empereur a voulu
donner un gage évident de l'intérêt qu'il porte à ces
deux grandes parties de son gouvernement.
l » la,réaljsa.tioH de cette pensée devient désor
mais le but de tous mes efforts, et je suis heureux
Id^y .voir, un lien de plus avefc notre contrée éminem
ment rurale. Lorsque l'agriculture se recommande
ainsi partout à ma sollicitude, ne m'est-il pas per
mis d'en éprouver une toute particulière pour nos
campagnes, si riches en produits 'de toutes sortes ?
Ne puis-'ja pas, mieux que personne, rendre témoi
gnage à vos constans efforts pour l'amélioration in
cessante des pays, dont vous représentez si bien les,
intérêts i J.-.'j ;i ; * . v , "
» J.&S -ptogrès.de,l'instruction publique, du bien-
être moral et matériel :des populations, les moyens
fa'ciles'ét Rapides de- communication y figurent en
pretBÎéliô" "Hgn'e. Aussii en même temps que nous
hûto'ns" la construction ou réparation de nos églises,
presbytères et maisons'd'école, devons-nous stimu
ler, autant*qu'il est en nous, le bon entretien et l'a
chèvement de nos chemins, comme l'établissement
et le complément de nos voies ferrées et naviga
bles.
» Dans ce dernier ordre d'idées, le raccordement
de la ligne des Charentes à celle d'Angers à Niort,
mérite-votre actif et sérieux concours. Je continue
rai à m'associer à vos efforts pour tout ce qui pour
ra en hûter,l'exécution. J'espère obtenir prochaine
ment un crédit pour, les travaux de la rivière Ven
dée, déjà approuvés en principe, et-je suis tout dis
pose à me faire l'organe de vos vœux pour l'accé
lération de ceux du port des Sables.
» Enfin, vos demandes en faveur du canal de Lu-
çon ne sont pas demeurées stériles. Je me félicité
d'avoir* pu en hâter la réalisation, qui ne saurait
maintenant dépasser là prochaine adjudication fixée
au 10 septembre prochain. -
» Avant de vous rendre à vos travaux, permet
tez-moi un hiot sur la loi annoncée qui doit vous
confier la nomination de votre président, de vos
vice-présidens et secrétaires. Vous m'avez témoi
gné trop de sympathie jusqu'ici pour que je n'aie
pas dû me faire la douce illusion qu'à côté de la
confiance dont m'honorait l'Empereur, vous vouliez
bien aussi m'honorer de la vôtre. Laissez-moi vous
en remercier cordialement, Messieurs, et vous dire
que, quel que soit mon titre désormais, je serai tou
jours heureux et lier de siéger parmi vous. »
i Le maréchal Randon, président du conseil
général de .l'Isère, a, clans la séance d'ou
verture, prononcé le discours suivant :
r - - ■
' « Messieurs et chers collègues,
» Chaque année, quand nous nous réunissons,
notre pensée se reporte.vers ceux de nos collègues
que la mort a enlevas, et ua sentiment de tristesse
s empare de nous.
» Depuis ia dernière session, en l'espace de quel-
l'éloignait de l'épouvantable catastrophe
qui avait eu pour elle de si graves con
séquences; elle oubliait le passé de plus
en plus, et se laissait emporter, insou
ciante comme la jeunesse, vers ses destinées
nouvelles. Pouvait-il en êtro autrement ?
N'était-elle point à cette époque heureuse de
la vie où l'âme, confiante et naïve, s'entr'ou-
vre comme une fleur, et, comme la fleur
aussi, ne demande qu'à donner son parfum
de tendresse?
Elle payait en bonne grâce les bontés du
commandant, et, adorée par lui, elle l'ai
mait à son tour, autant que son jeune cœur
pouvait ailier. Il ne serait pas juste de dire
que les Arabes n'aient pas d'alftclion pour
leurs enfans. Les droits de la nature soat
imprescriptibles. Mais cetteidée, arrêtée dans
leur âme avec la fermeté d'un dogme social,
de la supériorité de l'homme sur Ja femme,
et de l'obéissance passive que celle-ci doit à
celui-là, influe singulièrement, à leur insu
peut-être, sur l'éducation qu'on donne aux
filles.
"Dès leurs jeunes années'on les forme as
sez rudement à la discipline sous laquelle,
plus tard,'il faudra qu'elles ploient tou
jours. Même dans les familles riches et sous
les grandes tentes, on n'a pas pour les chè
res mignonnes ces gentillesses de façons,
ces câlineries .affectueuses, ces douceurs ca
ressantes dont M. d'Ambleuse entourait
Medjé. Aussi grandissait-elle près de lui, li
bre, fière, heureuse. ,
Sa b»auté se développait merveillfuse-
men4 dans cette atmosphère de tranquillité
et de sérénité morales. L'influence des mi
lieux se fait sentir sur la plante humaine
comme sur toute autre.
Medjé' avait gardé sans doute tous les
traits qui distinguent et-caractérisent sa
belle et noble race. El te avait gardé da la
femme arabe cette pâleur chaude, bloud8
I
ques mois, le conseil général a/perdu trois de
membres : MM. de Mépieu, Donnât et Eéal.
» Je n'entreprendrai pas de faire leur éloge
"ïré^âis rdas rne-permettrez de rappeler en
ques mots les qualités qu'ils possédaient et qui
ont rendus chers à nos souvenirs.
» Vous avez tous apprécié t'anjéhité du caractère
de M. de Mépieu, sa parfaite loyauté et cette inta- (
rissable obligeance qui l'avait rendu si populaire'
dans l'arrondissement quHl représentait à la Cham
bre des députés. . ■
» M. Donnât était arrivé parmi nous, précédé
d'une réputation qu'il ne tarda pas à justifier dans
Ja discussion des affaires à laquelle il prit part. Son
âge, sa robuste santé nous faisaient espérer que,
pendant de longues années encore, il consacrerait
au pays son expérience et les lumières de son es
prit. -
s Que vous dirai-je de M. Réal ? Que, ses débuts
au barreau comme dans l'administration furent éga
lement brillans ; qu'aux qualités solides de l'esprit,
il joignait celles du cœur, et qu'il compta pendant sa
vie des amis aussi fidèles que dévoués, au nombre
desquels je réclame ma place.
» C'était un digne enfant de Grenoble; sa ville na-
tale en était fière, et ses concitoyens ont éprouvé
une légitime affliction de sa fin prématurée.
» Je viens, Messieurs, de payer un juste tribut de
regrets aux membres du conseil général qui, dans,
l'intervalle des déux sessions, ont cessé de vivre.
» Ce n'est pas la seule perte qu'ait faite le dépar
tement: M. Reneufve, notre ancien préfet, a reçu
une autre destination, "
' » J'exprime certainement un 'désir conforme à
votre propre pensée en manifestant l'espoir de voir
à l'avenir rester plus longtemps parmi nous le chef
de l'administration dépàrteméntale, appelé à veiller
à des intérêts qui réclament une étude sérieuse.
>f Notre nouveau préfet arrive à peine au milieu
de nous. Qu'il soit le bienvenu! Il aura notre con
cours franc et loyal, comme nous sommes accoutu
més de le donner aux fonctionnaires qui ont là mis
sion d'administrër notre département.
» Des modifications considérables vont être ap
portées à la Constitution du pays. L'Empereur, con
fiant en la force de son gouvernement et en la sa
gesse de la nation, croit le moment venu d'accroître
les libertés publiques et, usant de sa prérogative
constitutionnelle, efface, par une amnistie générale,
les traces de nos discordes civiles.
» C'est sous l'impression de ces généreuses réso
lutions, gages de paix et d'union parmi les citoyens,
que va s'inaugurer la nouvelle administration du dé
partement. Elle y puisera une influence toute par
ticulière pour assurer le .bien-être et ' la prospérité
de cette patriotique population qui joint à nn vif
sentiment de la liberté un dévoûnwnt sincère pour
l'Empereur'et pour sa dynastie. »
creuse .—M. Du Mirai, président du Con
seil général de la Creuse, a prononcé le dis
cours suivant à l'ouverture de ce conseil
A la voilie delà réalisation du progrès libérai
qui va rendre à nos assemblées départementa
les' la nomination de leuTS bureaux, 'le gouver
nement de l'Empereur semble avoir pris poux
règle de maintenir ceux de la session dernière..
• C'est à cette mesure, d'un caractère général,
que je dois naturellement attribuer l'honneur de
vous présider encore cette année, pour la troi
sième fois.
Je ne me propose pas de vous entreteuir
longtemps des faits qui se sont accomplis dans
le département depuis que nous nous sommes
séparés; : '■;■■■■■■■■ ■ '<■" • >
Vous avez tous applaudi aux distinctions mé
ritées >q[ui sont venues chercher deux 'de nos
collègoes. y .
Le contours régional qui s'est tenu à Guéret,
au mois de juin.dernier,*a été la preuve écla-
tanto des progrès sensibles de notre agriculture.
Je ne dois pas non plus passer sous silence
les changemens qui se sont opérés dans le per
sonnel de notre administration départementale,
et vous m'approuverez, j'en suis sûr, d'expri
mer à leur occasion 1e regret de leur excessive
fréquence. ,
Mais l'importance relative de nos événement
locaux est singulièrement donpnee parcelle des
grands faits politiques qui se sont produits de
puis les élections dernières et seront incessam
ment consommés. -
-Il n'est aucun de vous qui ne s'en soit indi
viduellement préoccupé ; nous avons ie droit, .
et, si je ne m abuse, le devoir de les apprécier
ensemblo.
Permettez-moi do vous en dire mon senti
ment personnel et de vous proposer la résolution
que me semblent conseiller les circonstances.
L'amnistie, dans mon opinion, a été un acte
de politique intelligente non moins que de gé
néreuse clémence. . ,
S'il ne parvient pas à éteindre les passions
hostiies, il est au. moins permis d'espérer qu'il
en apaisera l'ardeur.
L'indulgence que le pouvoir montre aujour
d'hui, si la sévérité redevient nécessaire, au lieu
de rendre plus difficile dans l'avenir la^ ferme
application des lois, lui assurera, de la part do.
l'opimoa publique,- uns piUs énergique adhé- ,
sion. . . ' ■'
Le but principal, presque exclusif,liusénatus-
consulle, est d'augmenter les attributions et le
pouvoir de celle de nos grandes assemblées qui
et comme ambrée, qui a rendu célèbre le
teint des Mauresques; la, lèvre rouge comme
la fleur du grenadier-;-" l'ovale allongé du visa
ge ; le grand œil fendu en amande, dont la
prunëllanoire; un peu dilatée, semble mper
dans la-lumière, avec ce cristallin d'un blanc
bleuâtre, qui frappe l'Europt-fq il'éloiwt—
ment et d'admiration la première fois qu'il'
le rencontre et le contemple. Ajoutez ces
longs cils, légèrement entre-croisés par le
bijut, qui donnent tant de douceur au re
gard, et tant de profondeur aussi, et ce sauf-
cil étroit dont l'arc brun se détache avec tant
de netteté sur la blancheur du front.
Mais l'expression qui animait tout cela
n'était point ce qu'elle eût été, si Mudjé fût
restée sous la tente. C'étaient bien y-is mê
mes traits, nous l'avons du, mais déjà c'é
tait une autre âme répandue sur ces traits,
c'était une physionomie toute nouvelle. La
liberté morale dont t^ile jouissait, l'atli-c-
tueus» bienveillance ' dont elle se sentait
entourée, l'atmosphère intelligente- où elle
vivait, tout semblait se refléter sur ce jeune
et charmant visage,. Jacques -la 'regardait
courir et jouer; il la 'voyait lutinçr sa gazelle,
butiner lès fleurs de son jardin, <-io\er de.-:
pyramides d-3 sable croulant, et tremper
sf-'s mains-dans la vasque de marbro do sa
fonîaine, où l'eau tombait en murmurant.
Il lui semblait qu'elle mettait à toute cbo?e
une grâce particulière; il s'émerveillait de
ses moindres gestes., admirait de bonne fui
ses mots enfaniins; il eûtjpassé volontiers
sa vie à la voir et à l'entendre. • ■»
M. le baron d'Amhieuso, au retour de l'ex
pédition qui lui avait valu son grade de lieu
tenant-colonel — et Medjé, la; plus douce et
la plus chère conquête qu'il eût jamais fai
te,— avait été dirigé, avec son régiment, sur
Alger. Il y avait assez longtemps qu'il tenait
la campagne ; il avait supporté assez de fa
tigues, accompli assez de travaux! pour avoir
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