Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-17
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 17 juillet 1869 17 juillet 1869
Description : 1869/07/17 (Numéro 198). 1869/07/17 (Numéro 198).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6754117
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
&MMEE."
ABoNNKtëENS uKS DJSPAKTKMENS.
BUREAUX A! PARIS « ras de taloi* (Jt^ais-Koya1)? a: m
bitiïk&iuH
*f 4/ iLâ- j I j A j j . i . jà. «..■ •»
TROIS MOIS 16 fr.
SIX MOIS... .. 82 fr.
UN AN.... ......... 64 fr.
•»®£iismies pays étrangers , voir le tableau
publié les S et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et G»,
rue des Bons-Enfans, 19.
TROIS MOIS..... 1 .. 13 fr.
SIX MOIS... 26 fr.
UN AN 52 FR.
UN NUMÉRO 20 CENTIMES,
JOURNAL BOUTIQUE LITTERAIRE. DHTVERSEL.
Le mode ( I' abonkement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
.» sur Paris, à l'ordre de, L'ADinmsTitATEoa du journal, r. de Valois, n. 10.
Les lettres ou envols d'argent non affranchis sont refuses.
Les articles déposés,ne sont pas rendus.
PARIS ,
v\
•s, 1
■ .
9l'îm{)oitàn.cê
"dr
.. Si le publie ne jugeait
. événemens que par les
certains journaux, "il serait-
gulières méprises.
Une transformation dans notre système
politique vient d'être décidée. L'Empire
parlementaire remplace l'Empire autotitâi-
re„C'tst assurément, le plus grand fait qui
se soit produit parmi .nous depuis dix-huit
ans: Sfes conséquences pour l'avenir de la
JF-rance seront immenses; heureuses, si la
' transforihatj'drn est prompte et complète;
" déplorables, si elle est mal conduite et si
■ .elle échoue. " >
J . Dans de telles circonstances il est clair que
l'unique préoccupation des bons citoyens
"devrait être d'aider loyalement le gouverne
ment dans la tâche qu'il a entreprise pour
~ satisfaire les vœux du pays. Et quant aux
hommes trop engagés dans les partis hosti
les pour donner aucun concours à l'Empire,
' il semble qu'un sentiment de décence et la
conscience de leurs devoirs patriotiques
leur imposent du moins de ne pas ajouter
• aux <îifAcuités de la situation.
« Quelle est cependant l'attitude d'une par
tie de la.presse? Une sorte de coalition se
forme entre les journaux radicaux révolu
tionnaires et les organes de l'extrême droite
. du Corps Législatif pour faire échouer les
" rèfpEPies quj.sQnt en .voie d'éiaboration,
- drins les esprits la défiance et l'irritation.
Dans .cette campagne antigouvernemen
tale, et, il faut Abien le dire, anti-patrioti
que, le Public se distingue à côté des plus
- violeiis'irréconciliables. Selon lui, tout est
"• mauvais rians'ce .qui Re fait, le fond et la
■ ' forme.^Mais^Cjest la'Çprpie surtout contre la
quelle M. Dïéoîle épuise les termes les plus
• «mers He la critique.
On ,rf osé proroger le Corps Législatif pour
.,i : un : tèmps indétermiflé ! Voilà le grand grief.
1 Prisse encore pour.'k'iprorogation; car on est
le Sénat va se réunir ; le temps presse, par
conséquent, et il n'y en a plus à perdre en
critiques rétrospectives qui divisent et pas
sionnent inutilement les-esprits.
Nous publions plus loin le commence
ment de la discussion à la Chambre des
communes dubill sur l'Eglise-d'Irlande. Mr-
Gladstone a proposé, avec une certaine rai
deur et presque sans discussion, le rejet de
ftrns les amendemens adoptés, par les
lords. La majorité de la Chambre, une
majorité d'environ. 90 voix, s'est associée
par deux premiers votes importans à ces
conclusions. La résistance de M. Disraeli n'a
fait que provoquer une déclaration dédai
gneuse de M. Gladstone. La Chambre des
lords, a dit ce dernier, ne paraît pas* plus
se douter qu'un homme lancé eu ballon de
la position que les membres des Commu
nes doivent aux suffrages du pays. Peut-
être ce langage n'est-il pas de nature à pré
venir un conflit entra les deux Chambres.
C. B arbe.
COURS DE LA BOURSE.
cttuksdk clotcat:. lô 13 te j6
§8,-0 au cci2£t.
-Fin 4a Ktois.
41/S.au «smtii
71.80
71 90
103.25
71.75
71.80
103 75
Hausse. Baisse.
05
9
»
50
10
»
mmtBx
ÏÉLÈGBAsfMlS PRIVÉE.
agence HAVAS-
AragleteM»®
Londres, 1S juillet, 11 h. 27, soir.
La Ghambre des communes a rejeté, par 346
voix contre 222, l'amendement introduit par la
Chambre des lords au préambule du bill d'abo
lition de l'Eglise d'Irlande, amendement ten
dant à autoriser l'application de l'excédant des
biens de l'Eglise d'Irlande à la dotation des cul-
tës catholique et presbytérien.
Londrès, 16 juillet, 2 h. 40 m. du matin.
La Chambre des communes a rejeté, par 3*23
voix contre 237, l'amendement de la Chambre
des lords autorisant les commissaires ecclé
siastiques à donner au clerger catholique les
maisons et les terres curiales.
Londres, 16 juillet.
'bien forcé de* reco'ntkre que la Chambre \ „ Lord Derby et -quarante-six membres de la
- ., ., t ' . ,, ,, Chambre des lords ont publie une protestation
ne pouvait siéger sans avoir en rl olla • • ■ ■ - r
face d'elle
un ministère qui eût qualité pour parler au
nom'dugouvernement. Or,l'ancien ministère
n'existe plus, ftt le nouveau n'est pas encore
constitué. Le ferait-il, on doit bien accorder
, quelques -jours à ,^es membres pour con-
-certer leurprograrçime, rédiger les séhatus-
^ ■ consultes et préparer.les autres mesures à
s'oijiiétt.re atfx Chambres. Tout cela exige
quelquç,temps et un temps que personne
ne peut èncore déterminer.
La ' niesure si amèrement bl âmée étajt
donc .indispensable. Nos critiques le" sen
tent, êt, pour faire illusion au public, c'est
surtout à la forme qu'il s'en prennent. Eh
quoi 1 s'écrient en chœur les Brid'oison
de la droite et de la gauche, on a osé faire
paraître dans le Journal officiel le décret
' ,dé prorogation avant de l'avoir lu au Corps
Législatif. Quelle inconvenance, quel oubli
: de la forme !
Sans discuter si des raisons graves, que
l'attitude du Public suffirait à faire deviner,
ne commandaient pas cette publication pré-
'jjfejtée à laquelle se rattachait l'annonce
«^fléîla. retraite définitive du ministère, en ad-
atettant même que le procédé ait été inso-
lite'iet jusqu'à un certain point irrégulier,
,est-cequa ce formalisme.mérite l'importance
qu'on lui donne?
;"*■ L^rqu'll s'agit de faire réussir la transfor-
matidn ïibérale de nos institutions, est-on
■ bien venu à éterniser sur cette question de
tiétail une polémique irritante? La presse
n'a-l—elle pas un meilleur rôle à jouer ? Ne
servirait-elle pas mieux la cause de la li
berté et les intérêts du pays eu s'attachant
à faire naître, par uue {jijuus&ion .approfon
die, u r J gt n i ac'or J d i> sui 1 & ques
tions «'e réf )ruio ' uo h» ir o-« ^ mp-r-al
à laissées daus un certain vague, et sur les
quelles le Sénat et le nouveau ministère vont
avoir à formuler des lois?
C'est sur cette étude sérieuse qu'il serait
bon de concentrer ses efforts et d'appeler
^attention du public. Dans quelques jours
contre là troisièmë lecture du bill d'abolition de
l'église d'Irlande.
Eiate^Ussis.
New-York, 13 juillet.
Un détachement de cavalerie , sous le corrj
mandement du général Carr, a surpris les In
diens Choyennes et eu a tué cinquante.
Le vote sur la Constitution da Texas a été. fixé
au 13 novembre.
• New-York, 15 juillet.
Le président Grant a mis toutes les forces de
terre et de mer à la disposition des autorités ju
diciaire de l'Etat de New-York pour empêcher
toute expédition contre Cuba.
■ ; A-ïstrScSae.. '
Vienne, 16 juillet.
La JSouvelle Presse libre annonce que l'ar
chiduc Guillaume a été nommé commandant
en chef de la landwehr de l'Ouest.
Linz, 16 juillet.
Le bruit court que l'évêque de Linz a refusé
la grâce de l'Empereur.
Russie.
Posen, 16 juillet.
Des avis de Varsovie venant de bonne source
portent que le prince Gortchakoff a formelle
ment repoussé la démarche faite par la curie
romaine en vue d'obtenir pour les évêques de
P.ussie l'autorisation de prendre- part aux tra
vaux du prochain concile œcuménique.
Portugal.
Lisbonne, 14 juillet.
Le paquebot des messageries impériales, parti
de Rio dé Janeiro le 25 juin, apporte les malles
de la Plata et du Brésil. -
Les nouvelles du Paraguay confirment les
mouvement déjà annoncés de l'armée alliée qui
prenait position le long du chemin de fer de
Villarica, en face des retranchamens de Lopez,
qui allaient être attaques. _
Lo général brésilien, Mena Barreto, avaitanéan-
ti, auprès de Villarica, une colonne détaohee
paraguayenne, avait délivré des prisonniers et
emmené4,000personnes dj iu populouo , cuiio.
Au mêmemouiezti, io ««{Ubral Camura, oper.«nt au -
non u J' Vsfru ïuiik, i, aiU 'ju",' 1 . ut g .u ti-on pa-
raguayeiifiO de San Pedio, fui tudiJ ijOOht'inmes
( t > ui i <'/i< il 00 |ni onnu-T?-, 1"2 (:.!iiU'i.i3 et quai-
ques laiinliit».
l o traité pour l'établissement d'un gouverne
ment provisoire au Paraguay avait été signé.
■■ Malle. \
Florence, 1 y juillet, soir;
La Correspondance italienne annonce qu'hier
a eu lieu, à Bruxelles, l'échange des ratifica-
tions de l'acte d'extradition conclu èntre la Bel- | j*
gique et l'Italie..
SERVICE DE NUIT.
®,spagrme.
Madrid, 16 juillet.^ ,fc
Stir un^pïopositîôn émanant de deux ntém- »
bres de chaque parti, y compris lo parti répu
blicain, les Cortôs ont .ajourné lours séances au
1" octobre.
Une commission de huit membres nommés .
par la Chambre veillera à l'intégrité de la Cons
titution. ' i
Nous lisons dans la Pairie :
^-•"L'Empereur^a hier jeudi, à Saint-Cloud,
leg députés ffont les pouvoirs n'ont pas encore
été vérifiés. Sa Majesté leur a fait un gracieux
accueil, et leur a dit qu'elle ne pouvait prendre
aucune, décision au sujet ,de. la.convocation du
Gorpa Législatif, avaria .constitution du nou
veau ministère^last» ce dernier, qui délibérera
sur l'opportuns©' de' la fin .de. la prorogation.
On lit dans le Mémorial diplomatique : '
« En lisant les documens relatifs à la solution
définitive du différend franco-belge, il ne faut
pas trop se hâter d'abonder dans le sens de
l' Indépendance belge, qui, appréciant le résultat;
des délibérations de la commission mixte, 's'é-'
crié : « Voilà donc comment se termine cet in-
» cident si grave,- cette dramatique affaire ! Ja-
» mais montagne en travail n'accoucha d'un
» plus mince avorton. »
» Pour des causes faciles à expliquer, les do
cumens dont il s'agit ne glissent que légère
ment sur la grave question qui a été pour «insi
dire le nœud des difficultés : celle que le Cons
titutionnel a si bien indiquée en faisant ressor
tir l'importance du droit acquis à la France de
traverser avec son matériel la ligne des che
mins de fer belges. Cette stipulation, comme
notre confrère le fait remarquer à bon droit,
équivaut à la fermeture pour la Prusse de l'en
trée par la Meuse én cas d'une guerre entre elle
et la France. '
» L'accord sur ce point délicat entre le cabi
net de Pariset celui de Bruxelles n'a-pas été aus
si facile à établir qu'on le pense: non pas que'
la Belgique refusât d'en concéder le principe,
mais elle craignait d'éveiller les susceptibilités de
la Prusseetde s'attirer peut-être des observations,
de la part des autres puissance qui ont garanti
la neutralité de son territoire. Les commissaires
belges insistèrent donc sur une rédaction con
cise et sommaire du protocole final ; mais les
commissaires français exigèrent que le proto
cole fût rédigé dap's des termes n'admettant ni
équivoques ni contestations. C'est là la pierre
d'achoppement dont ont parlé plusieurs jour
naux, annonçant qu'à la dernière heure les né-s
goîiations allaient être interrompues. >% I
» Un des délégués belges partit le 2 de ce
mois pour Bruxelles afin de soumettre l'état des
choses à l'appréciation deson gouvernement. Il
revint bientôt à Paris, porteur d'un double pro
jet de rédaction, dont il était autorisé à laisser
le choix au gouvernement français, tout "en se
déclarant prêt à parapher les deux à la fois pour
vider la question. La commission mixte se réu
nit dans la journée du C courant, et parapha
les deux projets de rédaction. Nous étions donc
fondés à affirmer, dans notre dernier numéro,
que les délibérations de la commission avaient
réellement abouti à un accord complet des deux
gouvernemens.
» Il ne restait plus qu'à résoudre une ques
tion de forme : choisir l'un ou l'autre dos pro
jets de rédaction présentés par le gouvernement
belge et paraphé par la commission. Le conseil
des ministres, réuni le 7 de ce mois sous 'la
présidence de l'Empereur à Saint-Cloud, se pro
nonça pour celui des protocoles que vient de
publier le Journal officiel , et que le 9, la com-
mission, assemblée pour
revêtu de sa signature. »
la dernière fois, a
LA CRISE MINISTÉRIELLE.
Veudredi, 9 h. du soir.
Voici les nouvelles qui circulent en ce
moment et qu'on nous donne comme de
vant être insérées au Journal officiel de de
main :
M. Rouher serait nommé chancelier de
l'Empire, avec la présidence à vie du Séuat.
Les ministères d'Etat et de la maison de
l'Empereur seraient supprimés. ■
Le ministère serait ainsi composé :
M. de Forcade, à l'intérieur;
M. Magne, aux finances ;
M. Duvergier, ,à la justice ;
' M. de La Tour d'Auvergne, aux affaires
étrangères ;
M. le .vicomte de La Guéronnière, à l'ins
truction publique ;
M. le maréchal Niel, à la guerre :
M. l'amiral Rigault de Genou'illy, à la ma
rine ;
M. Gressier, aux travaux publics, avec les
travaux de la ville de Paris; i
M. Alfred Le Roux, au commerce.
Nous lis,ans clans .le Moniteur universel : '
. Les députés du centre gauche qui ont eu part
à là conversation de l'Empereur ont trouvé lé
souverain peu communicatif qn matière politi
que.
Il pariait plus volontiers de ia pluie et du
beau temps.
Les abonnemens datent dès 1 er et 16
de chaque mois.
S'adresser pour les A nnonces à MM. F adchey, L aïfite, B uluer, et C e ,
place de la Bourse, 8, à M. D dport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve dexamen,. et,s'il y a lieu, de modification par C administration
du journal.
■ — Lo temps, sire, est toujours beau quand
les affaires vont bien, a répondu l'un d'eux.
— Mais elles vont très bien, a répondu l'Em
pereur : non-seulement la Bourse ne baisse pas,
mais elle monte.
Nous lisons dans le Journal de Paris :
Quelques nouveaux détails nous arrivent sur
la réception d'hier soir à Saint-Cloud. Cette ré-
' ception a été très nombreuse et très brillante.
À neuf heures et demie, l'Empereur a' reçu
dans la salle de billards M. Du Mirai et ses co-
pétitionnaires non encore vérifiés. L'entrevue
a été très courte. L'Empereur se serait borné à
leur dire : « J'aurai égard à la position qui vous
est faite. »
L'Empereur s'est entretenu successivement
avec MM. de Forcade La Roquette, Jérôme Da
vid, Segris, Alfred Le Roux, La Tour-du-Mou-
lin, Busson-Billault, Laroche Joubert, et à deux
reprises avec M. Nogent Saint-Laurens. 1
M. Dugué de La Fauconnerie s'est entretenu
longuement avec l'Impéralrico.
S'adressant à M. Sfgris, l'Empereur lui avait
fait cette question énigmatique : « Avez-vous vu
mon minis'tre de l'intérieur? — Oui, sire ! et je
remercie Votre Majesté, » aurait répondu M. Se
gris. .
On assure que, quelques instans après, M.
de Forcado avait annoncé d'une manière posi
tive l'entrée de MM. Segris et Le Roux dans le
, nouveau ministère.
Mais M. Segris aurait dit à plusieurs de ses
callègues^ « Je suis bien plu&,éloigné.d'un por
tefeuille qu'on ne lë suppose. » Somme toute,
la réception d'hier n'a rien appris à personne.
Voici, à peu de chose près, 3e texte même
de la lettre adressée par l'Empereur à l'ex-
miaistre, et qui lui fut portée par M. Schnei
der :
Mon cher Monsieur Rouher,
Voici les décrets que vous aurez à publier.
M. Schneider m'a donné de si bons motifs pour
proroger, sans date déterminée, le Corps Lé-
giplatif, que j'y ai souscrit.
(Suivent les décrets.)
Croyez, mon cher Monsieur Rouher, à tous
mes regrets de vous voir vous éloigner de moi,
et à ma vieille amitié. r
NAPOLÉON.
En quittant Cercey, ce no serait pas en Alle
magne, mais en Suisse que se rendrait, accom-
"pagné do sa -famille, i'ex-ministre d'Etat.
' AM. MATAGRIN.
ECHOS PARLEMENTAIRES..
Vendredi, 2 h. du soir.
On croit Aujourd'hui que Ja Chambre ne
sera pas convoquée. avant la promulgation
du sénatus-consulte. ,
. .Joute la question serait de savoir si la
Chambré sera réunie immédiatement après
le sénatus-consuîte pour la continuation de
la session extraordinaire ou si elle sera con
voquée seulement en novembre, en session
ordinaire. x
Vendredi, six heures.
Les députés sont toujours très nombreux
au Corps Législatif. La soirée d'hier à Saint-
Cloud ne paraît pas avoir fixé leurs idées
sur les résultats probables de la situation
actuelle. On se demande avec une certaine
anxiété si la prorogation'durera longtemps
encore. Beaucoup de députés voudraient
partir et n'osent. Quelques-uns ont nette
ment consulté M; le président Schneider,
qui leur aurait répondu évasivement, ou
leur aurait dit qu'il ne poutait leur donner
de réponse précise.
Ce matin, on croyait généralement que
les séances seraient reprises dès lundi. Ce
Soir, on prétendait que, la dissolution de la
Chambre étant inévitable, le gouvernement
se déciderait peut-être à la prononcer dès è
présent.
Au fond, il est sûr que personne ne sait
rie» ; du moins rien de précis. Les résolu
tions du gouvernement ne sont probable
ment pas encore arrê'éf:- ; et en tout ens, si
eîies sqnt prises, elles le sont depuis peu et
n'ont'pas encore eu le temps de s'ébruiter.
Ou continuait à « supposer » des minis
tères. Les noms qui revenaient'le plus sou
vent étaient ceux de MM, Schneider (finan
ces), Segris, Louvet, Drouyn deLhuys. On
parlait aussi de MM. de Parieu, Nogent Saint-
Laurens, Busson-Billault.
Mais personne absolument n'était en me
sure de préciser quoi que ce soit. Les con
jectures abondent, les nouvelles manquent:
On racontait que l'Empereur aurait ré
pondu aux instances des non validés de
mandant. la convocation prochaine de la
Chambre, par ces mots, ou à peu près : « Je
ne suis plus le maître; quand j'aurai des
ministres, je leur soumettrai la question en
conseil, et j'approuverai votre demande. »
Cette répouse spirituelle et passablement
maligne; faite d'ailleurs avec ce sourire doux
qui est habituel à l'Empereur, a produit son
effet.
préoccupations personnelles exagérées, de ses
déceptions et de celles du publie.
» Déjà les adversaires : nés du progrj
béral actuel essaient de rentrer dans^la/piace
par la porte que leur ouvrent ces """" "
incertitudes. — E. Bauer. »
La question de dissolution était /vivement"
discutée. Les argumens principaux invo
qués de part et d'autre étaient à peu près
ceux-ci :
En faveur de la dissolution : Il n'y a pas
de majorité bien décidée dans le Corps Lé
gislatif. Entre l'extrême droite et l'extrême
gauche, un ministère libéral ne pourra
trouver une majorité stable, solide, qui lui
crée une base suffisante.
Tôt ou tard, il faudra dissoudre. Par le
décret de prorogation, on a eu les inconvé-
niens de la mesure ; il est bon d'en avoir les
avantages.
Contre la dissolution : Il y a une majori
té; elle est conservatrice, elle sera libérale.
Ce n'est pas impunément qu'on pourrait
exposer le pays , deux fois «n quelques
mois, aux agitations de la période électo
rale.
D'ailleurs, les élections nouvelles ce serait
l'inconnu ; enfin, il est impolitique de dis
soudre une Chambre dont le dévoûment est
sûr, sans l'avoir au moins mise à l'essai.
Nous devons dire que, malgré ces argu
mens, les partisans da la dissolution parais
saient avoir le dessus.
C. PlEL.
On lit dans le Moniteur :
« Il est très possible qu 7 un décret convoquant
le Corps Législatif pour mardi prochain parais
se demain au Journal officiel.
. » Indices. — L'Empereur a remis à ce soir la
réception des députés non validés, qui devait
avait lieu hier, et a promis, dit-on, à M. Du
Mirai, qui s'était rendu près de lui, que la nou
velle convocation de la Chambre serait immé
diatement examinée en conseil. Enfin, il lui au
rait donné les assurances les' plus formelles sur
la prompte cessation d'une mesure prise à bon
ne intention, mais qui, par un malentendu ré
parable, avait exciié les susceptibilités de la
Chambre et du pays.
A Autre indice. — MM. les députés n'ont pas .
été invités à passer hier à la questure pour tou
cher, leur indemnité, ce qui fait supposer une
reprise prochaine de la session.
».On ne paraît pas se rendre compte suffisam
ment, dans les journaux et dans le public, do la
nature des difficultés que rencontre en co mo
ment la formation du nouveau mimslère. Au
premier abord il semblait tout naturel quo les
ministres démissionnaires fussent remplacés en
très grande parue par des meiabr.es" do la Cham
bre. Mais nous avons io regret de,aire qu'au
cun, parmi ceux dont les noms ont été mis eh
avaur, n'a répondu avec empressement aux
suggestions qui ontpu leur venir. En effet, jus
qu'au jour ou les réformes annoncées par le.
message impérial seront promulguées, l'incom
patibilité originelle subsiste entra le mandat
éi "Ctîf et lés fonctions do ministre ; or les mem
bres du centre gauche indiqués pour recevoir
des portefeuilles . héaiteai beaucoup à se sou -
mettre à la réélection.
» Tel est, croyons-nous, l'obstacle principal
qui a empêché jusqu'ici toutes les combinai
sons ministérielles proposées d'aboutir. Nous
aurions souhaité que, dans, une circonstance
aussi grave et aus&i urgente, le parti libéral
constitutionnel montrât un peu plus de dé
voûment à l'intérêt- public et engageât plus
prompiemmt sa responsabilité dans une sisua-
tion qui, dans co qu'elle est, est .sou œuvre pro
pre ; mais les résistances que nous mention
nons ici ont été, parait-il, jusqu'à hier absolu
ment inébranlables, en sorte que ce matin,
après quarante-huit heures de pourparlers, les
choses étaient à peu près aussi avancées qu'à
ia première heure de la erise._
» Si les considérations qui ont déterminé la
conduite des membres du centre gauche sont ■
définitives, il faut donc s'attendre à voir le
chef de l'Blat obligé de confier l'exéeutio'îi des
réformes promises à un ministère pris en de
hors de la Chambre. Dans ces conditions res
treintes, aura-t-il l'autorité suffisante pour con
duire à bien; p,voc sincérité et'autorité, un pro
gramme aussi étendu et aussi ihiporiaut? Nous
le désirons certainement ; mais si par hasard,
ce que nous ne voulons pas prévoir, ce pro
gramme ne donnait pas dans la suite tout ce
que semblent lui" assurer dès à présent l'incon
testable rectitude et les vues généreuses de
l'Empereur, le parti libéral constitutionnel ne
devrait s'en prendre qu'à lui-même et à ses
M. de Pire adresse la lettre suhl^tà au-
Ui>h>. • V** '
Siècle
Pans, le mercredi 14 juillet ÏÎT6
Messieurs, les rédacteurs,
Dans le numéro du journal le Siècle de ce
matin, ajoutant une phrase au compte rendu du
Journal officiel de l Empire de la dernière
séance d'hier au Corps Législatif, vous me faites
Cfier Vive l'Empereur dans la solitude. Mon.
cri a été unique selon votre récit ; il est com
plètement inexact.
Je n'ai point crié.
Ça ne m'empêche pas d'avoir ce cri national
gravé dans le cœur bien plus encore par amour
de la France que par mon dévoûment inalté
rable à la dynastie impériale.
Veuillez, je vous prie, Messieurs les rédac
teurs, insérer cette rectification dans un des
prochains numéros de votre journal.
Veuillez aussi agréer l'assurance de mes sen-
timens distingués, a. DE pire.
M. Ernest Picard a adressé la lettre sui
vante à un électeur de la 4 e circonscription
de 4a Seine :
Monsieur et cher concitoyen,.
Avant d'opter entre Paris et l'Hérault.
consulté mes collègues, et recueilli jusqu'au
dernier moment les opinions de mes électeurs
La déterminahon que j'ai prise m\été dictée
par eux, mais. }& m'y suis 'conforme^parce que
j'avais la conviction d'accomplir le devoir que
le temps présent nO'us impose, on laissant libre
la circonscription qui offre 1e moins tie chances
à la candidature officielle.
Les liens qui m'attachent à Paris fi'on reste
ront pas moins intacts, je l'espere. Ce n'ost pas •
devant les électeurs qui 1 m'ont soutenu depuis ■
dix ans avec tant d'affection que j'aurai besoin
do justifier ma conduite. Je pense n'être jamais
en plus grande harmonie avec eux que le jour -
où je mets l'intérêt général au-dessus do toute.*
considération.
Recevez, Monsieur et chrr concitoyen, l'assu
rance de mon entier dévoûment.
ernest picard! v
Nous lisons dans le Moniteur unfyers/jl :
Jeudi à une heure, M. Duruy présidait le
Conseil impérial de l'instruction pubiiq' ae au _
quel il doit soumettre^ nous dit-oo, de?, projets
de réformes considérables. Nous, s'ouhaitdns
qu'il puisse accomplir toute son œu.we Nous
sommes heureux de pouvoir mettre SO q S ] es
.yeux de nos lecteurs îes principaux amende
mens et les conclusions do la nota qui doit, être
soumise au conseil.
Parmi les élèves actuellement inscrits'dans ies fa-
cultes de droit, un grand nombre, au lieu da s,e des
tiner aux carrières judiciaires telles que la magis
trature et le barreau , se préparent a exercer des:
fonctions administratives , à faire partie r!t:s con
seils locaux électifs, ou à embrasser des pri .f *s *-,ions
qui touchent aux finances, à l'industrie ou a-'j corn*'
merce.
On a.pensé 1° qu'il fallait procéder, d'aliohi nar
l'organisation d un enseignement aunp\ e à la u.-. ité
de droit de Paris ; ^
2» Que tes .deux catégories dVcudiana suivraient'
en commun eemms cours, .p>.'d'autres soient
spéciaux à chaque catégorie .*
3° Que pour'.es étudiais de'la session écokomiaoe
le diplôme de bachelier ès lettres ne. s^ra pas re
quit pourrait eire remplacé-par le diplôme de ba-
chelier ès scwnces ou par le brevet de câpa" i é de
l'enseignement spécial ; apa_.uo ut.
1° Que les grades à obtenir par les élèvèR i de la
deuxième section sont ceux de bachelier et HcSnc é
ès sciences administratives et économiques.
Tout eiève inscrit sur les registres.de la" Faculté
de droit de Paris _ peut, sans avoir à payer d'autres
droits que les frais d examens et de aiiilom 1 -! subir-
les épreuves dans les deux se/eiions. Toutefois l'é-
leve inscrit dans la d- uxièrno section ntï petvt su bip-
les examens de la première que s'il jus tifié du grade
de bachelier es-lettres. . b
Les études pour la licence dan3 la section sdmi-
mstrative et économique durent trois ans'. '
.. L tansfeignement compreud : ,
Eu première année : '
.Un cours de eode Napoléon. (Des persoi^W- ( W
îens s.t des diflerentes môdificatïons de/ la pro-
biens
priélé);
raux); C0UrS d ' éC0!1(imi6 Politique (Princîpesjfgôné-
Un couya sur l'organisation judiciaire et la'procé
dure civile (Principes généraux}; . ' ■
Un cours du droit public; ...
Un cours de droit criminel (r> n c p<_ s mr)
En deuxième annee : •• *y; y --- tu -V.
,. Un cours de code Napoléon (s, ceiwt !r ia-
tîons et testamety;,;-obligations cnn-vpiili.»inoih~ pt
eogagemens^saiw. conveutiou; prescription)- -
Un cours qq .droit commercial et industrie' (Frn~
notaie industrielle. Banques et institution* "
Economie commerciale. Juridiction c u
de crédit.
■ Un cours de drpit'adminifti: tif (0 r n.satmu ad
ministrative de In Frnnr-- - " '" Uutl
de l'Etal).
En troisième anroee - -
Un cours i i \ j( -
vonte, ootw fe t u 't
thèques) ; •
Un cours droit com mer.
nomig foncière ; denouenes.
Un cours de droit adm
que); k
• Un-cours de droit des gens (PriDcïpes généraux)
. Il sera pourvu, s'il y a lieu, par des décrets ulié-
neura, soit à 1 organisation d'une section adminïs-
âdmioistration générale
•u («outrât de
•s, privilèges et tiypo'I
uial et indusfr/el (fïco-
. agens et transports) ;
nairatif (Fortune publi-
leuilietoa du fienslLtutionnel, 17 juillet.
LA . .DESTINÉE
PROLOGUE
II.
C'était, on peut le dire, le type le plus vrai
de Ja beauté orientai : un ovale, sensible
ment allen^é; un front légèrement renflé
aux tempes,- et couronné d'épais cheveux
bruns; de grands yeux, qui semblaient na
ger dans la lumière et avoir des rayons pour
regards; le tfeinl pâ'e, mais de cetUUpâ-
lfeur oiiaude ,• «rdente, pour ainsi dire,
qite les seules régions du midi connaissent,
et qui rappelle la nuance à la fois délicate
,et vigoureuse de certains camélias blancs. La
houfifie était uu peu plus grandn que celles
«des joii-es femmes du siècle, dernier, qui ne
pouvaient manger - que la moitié d'une ceri
se à la fois, et ses lèvres .étaient assez
épaisses ; ■ mais elles avaient un éclat si
vj{ et si ..rouge qu'eues eussent fait pâ-
iir îa fleur du grenadier, .et elj?,s laissaient
voir, jeti s'en(r'i;uvr£uî, de petites .:'i;Rts qui
brillaient .comme une nacre humi ae. S, on
(Voir le Constitutionnel du juillet.)
sourire était une lueur argentée qui éclairait
son visage. Son mr.nton, très fin, se termi
nait par uue petite fossette, qui lui donnait js
ne sais quoi de piquant et de mutin, d'un
effet inattendu, et d'une grâce extrême. Le
corps, jeune et souple, restait caché sous
des enveloppes trop flottantes pour qu'on
pût juger encore,de ses perfections; mais la
main était petite et charmante, et les chaus
sures, déchirées parles fatigues de la route,
laissaient voir un pied mince et cambré.
La mignonne créature était encore tout
émue, et l'expression deson regard gardait,
de sors trouble môme, un je ne'-sais'quoi
d'un peu sauvage ,qui, tout d'abord, éton
nait. Mais «n pouvait aisément s'imaginer
que, sous l'influence d'un autre sentiment,
ces beaux grands yeux, sombres et profonds,
pouvaient avoir autant de douceur que de
malice.
Le commandant comprit-il ou devina-t-il
tout cela ? Je ne sais. Tout ce que je puis
dire c'est qu'il ne s'en préoccupait guère. Ce
n'est point parce qu'elle était belle qu'il
avait sauvé cette enfant, c'est, parce qu'il
l'avait vun seule, faible, abandonnée. Eu la
sauvant, il n'avait obéi qu'à la seule pitié.
Son cœur était bon, aussi exempt d'égoïsme
que puisse l'être un cœur d'homme. Le ha-
j-ard voulait que ?a protégée fût une ravis
sante petite créature; il en était bien aise!
mais, en' vérité, ce n'était pas sa faute : il
n'en savait rien quand il avait volé si géné
reusement h son secours.
L'enfance est douée d'un i.istinct vrai-
m^M.t njci'VF'illi iix, et d'u-e finisse de per
ception que rien no saurait mettra en dé
faut. ,îl y a des choses sur lesquelles on la
tromperait plus malaisément que l'âge mûr.
.Elle devine, elle sent, elle sait qui l'aime',
et, par une louchante réciprocité, promple-
ment elle aime aussi.
L'enfant portait, suivant la coutume ara
be, une sorte d'amuletie suspendue à son
cou, et, selon la croyance de ses pères, des
tinée à lui porter bonheur. C'était un ver
set du Coran, écrit sur une bande étroite de
parchemin, et enfermé dans un peO sac
ae cuir couvert de broderies aux ïiches cou
leurs.
« Allah protège l'innocence, et l'ombre
de sa droite s'étend à jamais , comme un
bouclier, sur tout ce qui est faible et petit. »
Au-dessus du sac, sur une petite, pierre
verte, nuanco qui promet la félicité, ces
beaux caractères de la calligraphie arabe,
qui, d'une inscription, font uu ornement/
laissaient- lire un nom de femme :
MEDJÉ! '
e
— Tu t'appelles doncMedjé? lui demanda
le commandant qui lui avait passé un bras
autour de la tailla et qui l'apprivoisait peu à
peu.
— Oui, répondit-elle, c'est mon nom, je
m'appelle Mi'djé!
Celle-ci était manière, continua-1-elle
en montrant du doigt le cadavre mutilé de
lafemn j i ianà es pieds.
Cotruie il j «ir ait linsi, en regardant la
morte, l ir ïîi ummencèrent à couler.
L'offic il e jj it avec son mouchoir,
— par «, t j 3s lèvres.
La [ttit Aral tout-effarée encore des
scène; dt, carnage auxquelles, depuis trop
longtemps déjà, elle était contrainte d'assis
ter, semblait "goûter avec une joie étonnée
la protection inattendue que lui offrait un
de ces Français qu'on lui.avait toujours dé
peints comme les mortels ennemis de sa
race. Elle était touchée de voir que celui-ci,
au lieu de lui faire du mal, se montrait si
affectueux et si bon. Elle ne lui parlait pas
encore librement. Mais, déjà moins farou
che, elle attachait sur son libérateur de longs
regards qui parlaient pour elle et qui re
merciaient.
Le son de la langue maternelle dans une
bouche étrangère avait résonné en elle com
me la plus suave musique; ses fibres les
plus intimes avaient vibré;, on eût dit une
caresse autour de son cœur. Elle ne se con
tentait plus d'accepter cette protection gé
néreuse, elle allait au-devant d'elle, toute
prête à la solliciter. L'officier fut touché
lui-même de ce.* qu'il y avait de - spon
tané, d'involontaire et. de naïf dans pet-
te sympathie naissante. Il approcha l'en
fant de sa poitrine, passa la main dans ses
Ipngs cheveux, et baisa ses yeux fermés, en-
t(^è humides. Mais l'enfant ne le laissa pas
faite'; se laissant glisser, elle cpula jusqu'à
ses pieds, et, prenant la main, qui l'avait
sauvée, elle !a porta vivement à sa poitrine,
puis à son front ; pilis elle y colla ses lèvres.
jjntre eux deux, c'était comme un pacte
d'adoptiop qui venait de se signer,
111.
Cependant la guerre achevait d'accomplir
son oeuvre grandiose et terrible. Le dernier
rempart.de la rébellion était renversé; les
tirailleurs poursuivait les vaincus, que la
fuiie dispersait dans toutes les directions; il
ne restait plus qu'à cqeillir le fruit san
glant de la victoire,
Le gértéral voulut camper sur le champ de
bataille couvert de morts, que l'ennemi nous
avait abandonné... Nos soldats avaient bien
mérité quelques heures d'un repos qui de
vaient leur paraître plus doux sur le théâtre
même de leur triomphe. •
Mais la victoire-et la défaite ne sont pas
tout dans la guerre : il y a les suites du
c'ombat, plus terribles que le combat lui-
même. (Après la bataille, l'humanité uu mo
ment oubliée reprend ses droits. Il faut re
lever ses blessés, enterrer ses'morts.. Et ces
devoirs suprêmes, ou ne les'rend pas. seu
lement aux siens : on les reaa. à l'ennemi
lui-même. Ces soins pénibles, mais néces
saires, allaient retenir un jour ou deux la co-'
loniie victorieuse au tenue extrême de son
expédition.
Le commandant fut donc obligé de cher
cher un abri pour sa petite conquête.
La mêlée avait-été si ardente, si furieuse
sur la brèche et autour des ouvrages de ter
re, qu'il était en quelque sorte impossible
de faire un pas sans fouler aux pieds quel
que cadavre,
L'officier -eût bien voulu pouvoir enlever
tou t de suite l'en fant loin de là ; il eût épar
gné. Ainsi un spectacle cryel à cette jeune
ame, déjà tant remuée par tout ce qu'elle
venait de voir et d'entendre. Mais, par mal
heur,. il n'avait pas entre-les mains la ba
guette d'un enchanteur ; homme, il devait
se soumettre aux nécessités humaines. Il m
pouvait faire uue route royale tout exprès
pourMedjé.
Lès siens étaient tombés autour de la i'oune
fille, serrés comme les épis que la faux du
moissonneur couche sur le sillon. Il fallait
bien, au moment où elle s'éloignait v qu'e
sa fuite,effleurât leurs cadavres... '
> Et ma mère? dit 1 enfant, au moment
ou le commandant l'emmenait.
. Tu la reverras plus tard, répondit ce
lui-ci; maintenant, il faut venir 1
EJle essuya une larme, et, sans ajouter uas
parole, suivit son guide. . ' .
Les armées de tous les pays 5 dans les mê
mes extrémités, ont. recoure.dux mêaies.
moyens. On sent qu'il est nécessaire d'ea
mur vite, après une bataille, et l'on fait touit
ce. qii'ù faut pour cela. ;. ,
. A dix pas de la brèche où ie-combat avait
été le plus acharné, et, par conséquent, les
morts plus nombreux, on avait creusé', largo
et profonde, la fosse qui devait îecovoir'
tous les vaincus. .
Elle était sur la route même que l'officier
devait parcourir-avec Medjé, pou'» gagner les
tentes où il espérait lui faire goûrepos dont elle avait si grand besoin. , ;
Il marchait vile, la tenant par la main. 'A
pas inégaux, mais de son mieux,' elle jfe
suivait. Do temps en temps, elle retournait
la tôt©, comme. malgré pour regarder
îes soldats en train,d'accomplir leur beso
gne sinistre.
Tout à coap elle s'arrêta, en proie a une
sorte • de surexcitation vertigineuse, et', se
cramponna en quelque sorte à la min qu'elle
tejaait, — puis,, i a lâchant tout à coup, elle-
bQadit_ Y«rs un cadavre, que deux hommes;
achevaient de dépouiller, en s'écriant :
ABoNNKtëENS uKS DJSPAKTKMENS.
BUREAUX A! PARIS « ras de taloi* (Jt^ais-Koya1)? a: m
bitiïk&iuH
*f 4/ iLâ- j I j A j j . i . jà. «..■ •»
TROIS MOIS 16 fr.
SIX MOIS... .. 82 fr.
UN AN.... ......... 64 fr.
•»®£iismies pays étrangers , voir le tableau
publié les S et 20 de chaque mois.
Imprimerie du Constitutionnel,
E. G ibiat et G»,
rue des Bons-Enfans, 19.
TROIS MOIS..... 1 .. 13 fr.
SIX MOIS... 26 fr.
UN AN 52 FR.
UN NUMÉRO 20 CENTIMES,
JOURNAL BOUTIQUE LITTERAIRE. DHTVERSEL.
Le mode ( I' abonkement le plus simple est l'envoi d'un bon de poste ou d'un effet
.» sur Paris, à l'ordre de, L'ADinmsTitATEoa du journal, r. de Valois, n. 10.
Les lettres ou envols d'argent non affranchis sont refuses.
Les articles déposés,ne sont pas rendus.
PARIS ,
v\
•s, 1
■ .
9l'îm{)oitàn.cê
"dr
.. Si le publie ne jugeait
. événemens que par les
certains journaux, "il serait-
gulières méprises.
Une transformation dans notre système
politique vient d'être décidée. L'Empire
parlementaire remplace l'Empire autotitâi-
re„C'tst assurément, le plus grand fait qui
se soit produit parmi .nous depuis dix-huit
ans: Sfes conséquences pour l'avenir de la
JF-rance seront immenses; heureuses, si la
' transforihatj'drn est prompte et complète;
" déplorables, si elle est mal conduite et si
■ .elle échoue. " >
J . Dans de telles circonstances il est clair que
l'unique préoccupation des bons citoyens
"devrait être d'aider loyalement le gouverne
ment dans la tâche qu'il a entreprise pour
~ satisfaire les vœux du pays. Et quant aux
hommes trop engagés dans les partis hosti
les pour donner aucun concours à l'Empire,
' il semble qu'un sentiment de décence et la
conscience de leurs devoirs patriotiques
leur imposent du moins de ne pas ajouter
• aux <îifAcuités de la situation.
« Quelle est cependant l'attitude d'une par
tie de la.presse? Une sorte de coalition se
forme entre les journaux radicaux révolu
tionnaires et les organes de l'extrême droite
. du Corps Législatif pour faire échouer les
" rèfpEPies quj.sQnt en .voie d'éiaboration,
Dans .cette campagne antigouvernemen
tale, et, il faut Abien le dire, anti-patrioti
que, le Public se distingue à côté des plus
- violeiis'irréconciliables. Selon lui, tout est
"• mauvais rians'ce .qui Re fait, le fond et la
■ ' forme.^Mais^Cjest la'Çprpie surtout contre la
quelle M. Dïéoîle épuise les termes les plus
• «mers He la critique.
On ,rf osé proroger le Corps Législatif pour
.,i : un : tèmps indétermiflé ! Voilà le grand grief.
1 Prisse encore pour.'k'iprorogation; car on est
le Sénat va se réunir ; le temps presse, par
conséquent, et il n'y en a plus à perdre en
critiques rétrospectives qui divisent et pas
sionnent inutilement les-esprits.
Nous publions plus loin le commence
ment de la discussion à la Chambre des
communes dubill sur l'Eglise-d'Irlande. Mr-
Gladstone a proposé, avec une certaine rai
deur et presque sans discussion, le rejet de
ftrns les amendemens adoptés, par les
lords. La majorité de la Chambre, une
majorité d'environ. 90 voix, s'est associée
par deux premiers votes importans à ces
conclusions. La résistance de M. Disraeli n'a
fait que provoquer une déclaration dédai
gneuse de M. Gladstone. La Chambre des
lords, a dit ce dernier, ne paraît pas* plus
se douter qu'un homme lancé eu ballon de
la position que les membres des Commu
nes doivent aux suffrages du pays. Peut-
être ce langage n'est-il pas de nature à pré
venir un conflit entra les deux Chambres.
C. B arbe.
COURS DE LA BOURSE.
cttuksdk clotcat:. lô 13 te j6
§8,-0 au cci2£t.
-Fin 4a Ktois.
41/S.au «smtii
71.80
71 90
103.25
71.75
71.80
103 75
Hausse. Baisse.
05
9
»
50
10
»
mmtBx
ÏÉLÈGBAsfMlS PRIVÉE.
agence HAVAS-
AragleteM»®
Londres, 1S juillet, 11 h. 27, soir.
La Ghambre des communes a rejeté, par 346
voix contre 222, l'amendement introduit par la
Chambre des lords au préambule du bill d'abo
lition de l'Eglise d'Irlande, amendement ten
dant à autoriser l'application de l'excédant des
biens de l'Eglise d'Irlande à la dotation des cul-
tës catholique et presbytérien.
Londrès, 16 juillet, 2 h. 40 m. du matin.
La Chambre des communes a rejeté, par 3*23
voix contre 237, l'amendement de la Chambre
des lords autorisant les commissaires ecclé
siastiques à donner au clerger catholique les
maisons et les terres curiales.
Londres, 16 juillet.
'bien forcé de* reco'ntkre que la Chambre \ „ Lord Derby et -quarante-six membres de la
- ., ., t ' . ,, ,, Chambre des lords ont publie une protestation
ne pouvait siéger sans avoir en rl olla • • ■ ■ - r
face d'elle
un ministère qui eût qualité pour parler au
nom'dugouvernement. Or,l'ancien ministère
n'existe plus, ftt le nouveau n'est pas encore
constitué. Le ferait-il, on doit bien accorder
, quelques -jours à ,^es membres pour con-
-certer leurprograrçime, rédiger les séhatus-
^ ■ consultes et préparer.les autres mesures à
s'oijiiétt.re atfx Chambres. Tout cela exige
quelquç,temps et un temps que personne
ne peut èncore déterminer.
La ' niesure si amèrement bl âmée étajt
donc .indispensable. Nos critiques le" sen
tent, êt, pour faire illusion au public, c'est
surtout à la forme qu'il s'en prennent. Eh
quoi 1 s'écrient en chœur les Brid'oison
de la droite et de la gauche, on a osé faire
paraître dans le Journal officiel le décret
' ,dé prorogation avant de l'avoir lu au Corps
Législatif. Quelle inconvenance, quel oubli
: de la forme !
Sans discuter si des raisons graves, que
l'attitude du Public suffirait à faire deviner,
ne commandaient pas cette publication pré-
'jjfejtée à laquelle se rattachait l'annonce
«^fléîla. retraite définitive du ministère, en ad-
atettant même que le procédé ait été inso-
lite'iet jusqu'à un certain point irrégulier,
,est-cequa ce formalisme.mérite l'importance
qu'on lui donne?
;"*■ L^rqu'll s'agit de faire réussir la transfor-
matidn ïibérale de nos institutions, est-on
■ bien venu à éterniser sur cette question de
tiétail une polémique irritante? La presse
n'a-l—elle pas un meilleur rôle à jouer ? Ne
servirait-elle pas mieux la cause de la li
berté et les intérêts du pays eu s'attachant
à faire naître, par uue {jijuus&ion .approfon
die, u r J gt n i ac'or J d i> sui 1 & ques
tions «'e réf )ruio ' uo h» ir o-« ^ mp-r-al
à laissées daus un certain vague, et sur les
quelles le Sénat et le nouveau ministère vont
avoir à formuler des lois?
C'est sur cette étude sérieuse qu'il serait
bon de concentrer ses efforts et d'appeler
^attention du public. Dans quelques jours
contre là troisièmë lecture du bill d'abolition de
l'église d'Irlande.
Eiate^Ussis.
New-York, 13 juillet.
Un détachement de cavalerie , sous le corrj
mandement du général Carr, a surpris les In
diens Choyennes et eu a tué cinquante.
Le vote sur la Constitution da Texas a été. fixé
au 13 novembre.
• New-York, 15 juillet.
Le président Grant a mis toutes les forces de
terre et de mer à la disposition des autorités ju
diciaire de l'Etat de New-York pour empêcher
toute expédition contre Cuba.
■ ; A-ïstrScSae.. '
Vienne, 16 juillet.
La JSouvelle Presse libre annonce que l'ar
chiduc Guillaume a été nommé commandant
en chef de la landwehr de l'Ouest.
Linz, 16 juillet.
Le bruit court que l'évêque de Linz a refusé
la grâce de l'Empereur.
Russie.
Posen, 16 juillet.
Des avis de Varsovie venant de bonne source
portent que le prince Gortchakoff a formelle
ment repoussé la démarche faite par la curie
romaine en vue d'obtenir pour les évêques de
P.ussie l'autorisation de prendre- part aux tra
vaux du prochain concile œcuménique.
Portugal.
Lisbonne, 14 juillet.
Le paquebot des messageries impériales, parti
de Rio dé Janeiro le 25 juin, apporte les malles
de la Plata et du Brésil. -
Les nouvelles du Paraguay confirment les
mouvement déjà annoncés de l'armée alliée qui
prenait position le long du chemin de fer de
Villarica, en face des retranchamens de Lopez,
qui allaient être attaques. _
Lo général brésilien, Mena Barreto, avaitanéan-
ti, auprès de Villarica, une colonne détaohee
paraguayenne, avait délivré des prisonniers et
emmené4,000personnes dj iu populouo , cuiio.
Au mêmemouiezti, io ««{Ubral Camura, oper.«nt au -
non u J' Vsfru ïuiik, i, aiU 'ju",' 1 . ut g .u ti-on pa-
raguayeiifiO de San Pedio, fui tudiJ ijOOht'inmes
( t > ui i <'/i< il 00 |ni onnu-T?-, 1"2 (:.!iiU'i.i3 et quai-
ques laiinliit».
l o traité pour l'établissement d'un gouverne
ment provisoire au Paraguay avait été signé.
■■ Malle. \
Florence, 1 y juillet, soir;
La Correspondance italienne annonce qu'hier
a eu lieu, à Bruxelles, l'échange des ratifica-
tions de l'acte d'extradition conclu èntre la Bel- | j*
gique et l'Italie..
SERVICE DE NUIT.
®,spagrme.
Madrid, 16 juillet.^ ,fc
Stir un^pïopositîôn émanant de deux ntém- »
bres de chaque parti, y compris lo parti répu
blicain, les Cortôs ont .ajourné lours séances au
1" octobre.
Une commission de huit membres nommés .
par la Chambre veillera à l'intégrité de la Cons
titution. ' i
Nous lisons dans la Pairie :
^-•"L'Empereur^a hier jeudi, à Saint-Cloud,
leg députés ffont les pouvoirs n'ont pas encore
été vérifiés. Sa Majesté leur a fait un gracieux
accueil, et leur a dit qu'elle ne pouvait prendre
aucune, décision au sujet ,de. la.convocation du
Gorpa Législatif, avaria .constitution du nou
veau ministère^last» ce dernier, qui délibérera
sur l'opportuns©' de' la fin .de. la prorogation.
On lit dans le Mémorial diplomatique : '
« En lisant les documens relatifs à la solution
définitive du différend franco-belge, il ne faut
pas trop se hâter d'abonder dans le sens de
l' Indépendance belge, qui, appréciant le résultat;
des délibérations de la commission mixte, 's'é-'
crié : « Voilà donc comment se termine cet in-
» cident si grave,- cette dramatique affaire ! Ja-
» mais montagne en travail n'accoucha d'un
» plus mince avorton. »
» Pour des causes faciles à expliquer, les do
cumens dont il s'agit ne glissent que légère
ment sur la grave question qui a été pour «insi
dire le nœud des difficultés : celle que le Cons
titutionnel a si bien indiquée en faisant ressor
tir l'importance du droit acquis à la France de
traverser avec son matériel la ligne des che
mins de fer belges. Cette stipulation, comme
notre confrère le fait remarquer à bon droit,
équivaut à la fermeture pour la Prusse de l'en
trée par la Meuse én cas d'une guerre entre elle
et la France. '
» L'accord sur ce point délicat entre le cabi
net de Pariset celui de Bruxelles n'a-pas été aus
si facile à établir qu'on le pense: non pas que'
la Belgique refusât d'en concéder le principe,
mais elle craignait d'éveiller les susceptibilités de
la Prusseetde s'attirer peut-être des observations,
de la part des autres puissance qui ont garanti
la neutralité de son territoire. Les commissaires
belges insistèrent donc sur une rédaction con
cise et sommaire du protocole final ; mais les
commissaires français exigèrent que le proto
cole fût rédigé dap's des termes n'admettant ni
équivoques ni contestations. C'est là la pierre
d'achoppement dont ont parlé plusieurs jour
naux, annonçant qu'à la dernière heure les né-s
goîiations allaient être interrompues. >% I
» Un des délégués belges partit le 2 de ce
mois pour Bruxelles afin de soumettre l'état des
choses à l'appréciation deson gouvernement. Il
revint bientôt à Paris, porteur d'un double pro
jet de rédaction, dont il était autorisé à laisser
le choix au gouvernement français, tout "en se
déclarant prêt à parapher les deux à la fois pour
vider la question. La commission mixte se réu
nit dans la journée du C courant, et parapha
les deux projets de rédaction. Nous étions donc
fondés à affirmer, dans notre dernier numéro,
que les délibérations de la commission avaient
réellement abouti à un accord complet des deux
gouvernemens.
» Il ne restait plus qu'à résoudre une ques
tion de forme : choisir l'un ou l'autre dos pro
jets de rédaction présentés par le gouvernement
belge et paraphé par la commission. Le conseil
des ministres, réuni le 7 de ce mois sous 'la
présidence de l'Empereur à Saint-Cloud, se pro
nonça pour celui des protocoles que vient de
publier le Journal officiel , et que le 9, la com-
mission, assemblée pour
revêtu de sa signature. »
la dernière fois, a
LA CRISE MINISTÉRIELLE.
Veudredi, 9 h. du soir.
Voici les nouvelles qui circulent en ce
moment et qu'on nous donne comme de
vant être insérées au Journal officiel de de
main :
M. Rouher serait nommé chancelier de
l'Empire, avec la présidence à vie du Séuat.
Les ministères d'Etat et de la maison de
l'Empereur seraient supprimés. ■
Le ministère serait ainsi composé :
M. de Forcade, à l'intérieur;
M. Magne, aux finances ;
M. Duvergier, ,à la justice ;
' M. de La Tour d'Auvergne, aux affaires
étrangères ;
M. le .vicomte de La Guéronnière, à l'ins
truction publique ;
M. le maréchal Niel, à la guerre :
M. l'amiral Rigault de Genou'illy, à la ma
rine ;
M. Gressier, aux travaux publics, avec les
travaux de la ville de Paris; i
M. Alfred Le Roux, au commerce.
Nous lis,ans clans .le Moniteur universel : '
. Les députés du centre gauche qui ont eu part
à là conversation de l'Empereur ont trouvé lé
souverain peu communicatif qn matière politi
que.
Il pariait plus volontiers de ia pluie et du
beau temps.
Les abonnemens datent dès 1 er et 16
de chaque mois.
S'adresser pour les A nnonces à MM. F adchey, L aïfite, B uluer, et C e ,
place de la Bourse, 8, à M. D dport , 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
Les Annonces ne sont reçues que sous la réserve dexamen,. et,s'il y a lieu, de modification par C administration
du journal.
■ — Lo temps, sire, est toujours beau quand
les affaires vont bien, a répondu l'un d'eux.
— Mais elles vont très bien, a répondu l'Em
pereur : non-seulement la Bourse ne baisse pas,
mais elle monte.
Nous lisons dans le Journal de Paris :
Quelques nouveaux détails nous arrivent sur
la réception d'hier soir à Saint-Cloud. Cette ré-
' ception a été très nombreuse et très brillante.
À neuf heures et demie, l'Empereur a' reçu
dans la salle de billards M. Du Mirai et ses co-
pétitionnaires non encore vérifiés. L'entrevue
a été très courte. L'Empereur se serait borné à
leur dire : « J'aurai égard à la position qui vous
est faite. »
L'Empereur s'est entretenu successivement
avec MM. de Forcade La Roquette, Jérôme Da
vid, Segris, Alfred Le Roux, La Tour-du-Mou-
lin, Busson-Billault, Laroche Joubert, et à deux
reprises avec M. Nogent Saint-Laurens. 1
M. Dugué de La Fauconnerie s'est entretenu
longuement avec l'Impéralrico.
S'adressant à M. Sfgris, l'Empereur lui avait
fait cette question énigmatique : « Avez-vous vu
mon minis'tre de l'intérieur? — Oui, sire ! et je
remercie Votre Majesté, » aurait répondu M. Se
gris. .
On assure que, quelques instans après, M.
de Forcado avait annoncé d'une manière posi
tive l'entrée de MM. Segris et Le Roux dans le
, nouveau ministère.
Mais M. Segris aurait dit à plusieurs de ses
callègues^ « Je suis bien plu&,éloigné.d'un por
tefeuille qu'on ne lë suppose. » Somme toute,
la réception d'hier n'a rien appris à personne.
Voici, à peu de chose près, 3e texte même
de la lettre adressée par l'Empereur à l'ex-
miaistre, et qui lui fut portée par M. Schnei
der :
Mon cher Monsieur Rouher,
Voici les décrets que vous aurez à publier.
M. Schneider m'a donné de si bons motifs pour
proroger, sans date déterminée, le Corps Lé-
giplatif, que j'y ai souscrit.
(Suivent les décrets.)
Croyez, mon cher Monsieur Rouher, à tous
mes regrets de vous voir vous éloigner de moi,
et à ma vieille amitié. r
NAPOLÉON.
En quittant Cercey, ce no serait pas en Alle
magne, mais en Suisse que se rendrait, accom-
"pagné do sa -famille, i'ex-ministre d'Etat.
' AM. MATAGRIN.
ECHOS PARLEMENTAIRES..
Vendredi, 2 h. du soir.
On croit Aujourd'hui que Ja Chambre ne
sera pas convoquée. avant la promulgation
du sénatus-consulte. ,
. .Joute la question serait de savoir si la
Chambré sera réunie immédiatement après
le sénatus-consuîte pour la continuation de
la session extraordinaire ou si elle sera con
voquée seulement en novembre, en session
ordinaire. x
Vendredi, six heures.
Les députés sont toujours très nombreux
au Corps Législatif. La soirée d'hier à Saint-
Cloud ne paraît pas avoir fixé leurs idées
sur les résultats probables de la situation
actuelle. On se demande avec une certaine
anxiété si la prorogation'durera longtemps
encore. Beaucoup de députés voudraient
partir et n'osent. Quelques-uns ont nette
ment consulté M; le président Schneider,
qui leur aurait répondu évasivement, ou
leur aurait dit qu'il ne poutait leur donner
de réponse précise.
Ce matin, on croyait généralement que
les séances seraient reprises dès lundi. Ce
Soir, on prétendait que, la dissolution de la
Chambre étant inévitable, le gouvernement
se déciderait peut-être à la prononcer dès è
présent.
Au fond, il est sûr que personne ne sait
rie» ; du moins rien de précis. Les résolu
tions du gouvernement ne sont probable
ment pas encore arrê'éf:- ; et en tout ens, si
eîies sqnt prises, elles le sont depuis peu et
n'ont'pas encore eu le temps de s'ébruiter.
Ou continuait à « supposer » des minis
tères. Les noms qui revenaient'le plus sou
vent étaient ceux de MM, Schneider (finan
ces), Segris, Louvet, Drouyn deLhuys. On
parlait aussi de MM. de Parieu, Nogent Saint-
Laurens, Busson-Billault.
Mais personne absolument n'était en me
sure de préciser quoi que ce soit. Les con
jectures abondent, les nouvelles manquent:
On racontait que l'Empereur aurait ré
pondu aux instances des non validés de
mandant. la convocation prochaine de la
Chambre, par ces mots, ou à peu près : « Je
ne suis plus le maître; quand j'aurai des
ministres, je leur soumettrai la question en
conseil, et j'approuverai votre demande. »
Cette répouse spirituelle et passablement
maligne; faite d'ailleurs avec ce sourire doux
qui est habituel à l'Empereur, a produit son
effet.
préoccupations personnelles exagérées, de ses
déceptions et de celles du publie.
» Déjà les adversaires : nés du progrj
béral actuel essaient de rentrer dans^la/piace
par la porte que leur ouvrent ces """" "
incertitudes. — E. Bauer. »
La question de dissolution était /vivement"
discutée. Les argumens principaux invo
qués de part et d'autre étaient à peu près
ceux-ci :
En faveur de la dissolution : Il n'y a pas
de majorité bien décidée dans le Corps Lé
gislatif. Entre l'extrême droite et l'extrême
gauche, un ministère libéral ne pourra
trouver une majorité stable, solide, qui lui
crée une base suffisante.
Tôt ou tard, il faudra dissoudre. Par le
décret de prorogation, on a eu les inconvé-
niens de la mesure ; il est bon d'en avoir les
avantages.
Contre la dissolution : Il y a une majori
té; elle est conservatrice, elle sera libérale.
Ce n'est pas impunément qu'on pourrait
exposer le pays , deux fois «n quelques
mois, aux agitations de la période électo
rale.
D'ailleurs, les élections nouvelles ce serait
l'inconnu ; enfin, il est impolitique de dis
soudre une Chambre dont le dévoûment est
sûr, sans l'avoir au moins mise à l'essai.
Nous devons dire que, malgré ces argu
mens, les partisans da la dissolution parais
saient avoir le dessus.
C. PlEL.
On lit dans le Moniteur :
« Il est très possible qu 7 un décret convoquant
le Corps Législatif pour mardi prochain parais
se demain au Journal officiel.
. » Indices. — L'Empereur a remis à ce soir la
réception des députés non validés, qui devait
avait lieu hier, et a promis, dit-on, à M. Du
Mirai, qui s'était rendu près de lui, que la nou
velle convocation de la Chambre serait immé
diatement examinée en conseil. Enfin, il lui au
rait donné les assurances les' plus formelles sur
la prompte cessation d'une mesure prise à bon
ne intention, mais qui, par un malentendu ré
parable, avait exciié les susceptibilités de la
Chambre et du pays.
A Autre indice. — MM. les députés n'ont pas .
été invités à passer hier à la questure pour tou
cher, leur indemnité, ce qui fait supposer une
reprise prochaine de la session.
».On ne paraît pas se rendre compte suffisam
ment, dans les journaux et dans le public, do la
nature des difficultés que rencontre en co mo
ment la formation du nouveau mimslère. Au
premier abord il semblait tout naturel quo les
ministres démissionnaires fussent remplacés en
très grande parue par des meiabr.es" do la Cham
bre. Mais nous avons io regret de,aire qu'au
cun, parmi ceux dont les noms ont été mis eh
avaur, n'a répondu avec empressement aux
suggestions qui ontpu leur venir. En effet, jus
qu'au jour ou les réformes annoncées par le.
message impérial seront promulguées, l'incom
patibilité originelle subsiste entra le mandat
éi "Ctîf et lés fonctions do ministre ; or les mem
bres du centre gauche indiqués pour recevoir
des portefeuilles . héaiteai beaucoup à se sou -
mettre à la réélection.
» Tel est, croyons-nous, l'obstacle principal
qui a empêché jusqu'ici toutes les combinai
sons ministérielles proposées d'aboutir. Nous
aurions souhaité que, dans, une circonstance
aussi grave et aus&i urgente, le parti libéral
constitutionnel montrât un peu plus de dé
voûment à l'intérêt- public et engageât plus
prompiemmt sa responsabilité dans une sisua-
tion qui, dans co qu'elle est, est .sou œuvre pro
pre ; mais les résistances que nous mention
nons ici ont été, parait-il, jusqu'à hier absolu
ment inébranlables, en sorte que ce matin,
après quarante-huit heures de pourparlers, les
choses étaient à peu près aussi avancées qu'à
ia première heure de la erise._
» Si les considérations qui ont déterminé la
conduite des membres du centre gauche sont ■
définitives, il faut donc s'attendre à voir le
chef de l'Blat obligé de confier l'exéeutio'îi des
réformes promises à un ministère pris en de
hors de la Chambre. Dans ces conditions res
treintes, aura-t-il l'autorité suffisante pour con
duire à bien; p,voc sincérité et'autorité, un pro
gramme aussi étendu et aussi ihiporiaut? Nous
le désirons certainement ; mais si par hasard,
ce que nous ne voulons pas prévoir, ce pro
gramme ne donnait pas dans la suite tout ce
que semblent lui" assurer dès à présent l'incon
testable rectitude et les vues généreuses de
l'Empereur, le parti libéral constitutionnel ne
devrait s'en prendre qu'à lui-même et à ses
M. de Pire adresse la lettre suhl^tà au-
Ui>h>. • V** '
Siècle
Pans, le mercredi 14 juillet ÏÎT6
Messieurs, les rédacteurs,
Dans le numéro du journal le Siècle de ce
matin, ajoutant une phrase au compte rendu du
Journal officiel de l Empire de la dernière
séance d'hier au Corps Législatif, vous me faites
Cfier Vive l'Empereur dans la solitude. Mon.
cri a été unique selon votre récit ; il est com
plètement inexact.
Je n'ai point crié.
Ça ne m'empêche pas d'avoir ce cri national
gravé dans le cœur bien plus encore par amour
de la France que par mon dévoûment inalté
rable à la dynastie impériale.
Veuillez, je vous prie, Messieurs les rédac
teurs, insérer cette rectification dans un des
prochains numéros de votre journal.
Veuillez aussi agréer l'assurance de mes sen-
timens distingués, a. DE pire.
M. Ernest Picard a adressé la lettre sui
vante à un électeur de la 4 e circonscription
de 4a Seine :
Monsieur et cher concitoyen,.
Avant d'opter entre Paris et l'Hérault.
consulté mes collègues, et recueilli jusqu'au
dernier moment les opinions de mes électeurs
La déterminahon que j'ai prise m\été dictée
par eux, mais. }& m'y suis 'conforme^parce que
j'avais la conviction d'accomplir le devoir que
le temps présent nO'us impose, on laissant libre
la circonscription qui offre 1e moins tie chances
à la candidature officielle.
Les liens qui m'attachent à Paris fi'on reste
ront pas moins intacts, je l'espere. Ce n'ost pas •
devant les électeurs qui 1 m'ont soutenu depuis ■
dix ans avec tant d'affection que j'aurai besoin
do justifier ma conduite. Je pense n'être jamais
en plus grande harmonie avec eux que le jour -
où je mets l'intérêt général au-dessus do toute.*
considération.
Recevez, Monsieur et chrr concitoyen, l'assu
rance de mon entier dévoûment.
ernest picard! v
Nous lisons dans le Moniteur unfyers/jl :
Jeudi à une heure, M. Duruy présidait le
Conseil impérial de l'instruction pubiiq' ae au _
quel il doit soumettre^ nous dit-oo, de?, projets
de réformes considérables. Nous, s'ouhaitdns
qu'il puisse accomplir toute son œu.we Nous
sommes heureux de pouvoir mettre SO q S ] es
.yeux de nos lecteurs îes principaux amende
mens et les conclusions do la nota qui doit, être
soumise au conseil.
Parmi les élèves actuellement inscrits'dans ies fa-
cultes de droit, un grand nombre, au lieu da s,e des
tiner aux carrières judiciaires telles que la magis
trature et le barreau , se préparent a exercer des:
fonctions administratives , à faire partie r!t:s con
seils locaux électifs, ou à embrasser des pri .f *s *-,ions
qui touchent aux finances, à l'industrie ou a-'j corn*'
merce.
On a.pensé 1° qu'il fallait procéder, d'aliohi nar
l'organisation d un enseignement aunp\ e à la u.-. ité
de droit de Paris ; ^
2» Que tes .deux catégories dVcudiana suivraient'
en commun eemms cours, .p>.'d'autres soient
spéciaux à chaque catégorie .*
3° Que pour'.es étudiais de'la session écokomiaoe
le diplôme de bachelier ès lettres ne. s^ra pas re
quit pourrait eire remplacé-par le diplôme de ba-
chelier ès scwnces ou par le brevet de câpa" i é de
l'enseignement spécial ; apa_.uo ut.
1° Que les grades à obtenir par les élèvèR i de la
deuxième section sont ceux de bachelier et HcSnc é
ès sciences administratives et économiques.
Tout eiève inscrit sur les registres.de la" Faculté
de droit de Paris _ peut, sans avoir à payer d'autres
droits que les frais d examens et de aiiilom 1 -! subir-
les épreuves dans les deux se/eiions. Toutefois l'é-
leve inscrit dans la d- uxièrno section ntï petvt su bip-
les examens de la première que s'il jus tifié du grade
de bachelier es-lettres. . b
Les études pour la licence dan3 la section sdmi-
mstrative et économique durent trois ans'. '
.. L tansfeignement compreud : ,
Eu première année : '
.Un cours de eode Napoléon. (Des persoi^W- ( W
îens s.t des diflerentes môdificatïons de/ la pro-
biens
priélé);
raux); C0UrS d ' éC0!1(imi6 Politique (Princîpesjfgôné-
Un couya sur l'organisation judiciaire et la'procé
dure civile (Principes généraux}; . ' ■
Un cours du droit public; ...
Un cours de droit criminel (r> n c p<_ s mr)
En deuxième annee : •• *y; y --- tu -V.
,. Un cours de code Napoléon (s, ceiwt !r ia-
tîons et testamety;,;-obligations cnn-vpiili.»inoih~ pt
eogagemens^saiw. conveutiou; prescription)- -
Un cours qq .droit commercial et industrie' (Frn~
notaie industrielle. Banques et institution* "
Economie commerciale. Juridiction c u
de crédit.
■ Un cours de drpit'adminifti: tif (0 r n.satmu ad
ministrative de In Frnnr-- - " '" Uutl
de l'Etal).
En troisième anroee - -
Un cours i i \ j( -
vonte, ootw fe t u 't
thèques) ; •
Un cours droit com mer.
nomig foncière ; denouenes.
Un cours de droit adm
que); k
• Un-cours de droit des gens (PriDcïpes généraux)
. Il sera pourvu, s'il y a lieu, par des décrets ulié-
neura, soit à 1 organisation d'une section adminïs-
âdmioistration générale
•u («outrât de
•s, privilèges et tiypo'I
uial et indusfr/el (fïco-
. agens et transports) ;
nairatif (Fortune publi-
leuilietoa du fienslLtutionnel, 17 juillet.
LA . .DESTINÉE
PROLOGUE
II.
C'était, on peut le dire, le type le plus vrai
de Ja beauté orientai : un ovale, sensible
ment allen^é; un front légèrement renflé
aux tempes,- et couronné d'épais cheveux
bruns; de grands yeux, qui semblaient na
ger dans la lumière et avoir des rayons pour
regards; le tfeinl pâ'e, mais de cetUUpâ-
lfeur oiiaude ,• «rdente, pour ainsi dire,
qite les seules régions du midi connaissent,
et qui rappelle la nuance à la fois délicate
,et vigoureuse de certains camélias blancs. La
houfifie était uu peu plus grandn que celles
«des joii-es femmes du siècle, dernier, qui ne
pouvaient manger - que la moitié d'une ceri
se à la fois, et ses lèvres .étaient assez
épaisses ; ■ mais elles avaient un éclat si
vj{ et si ..rouge qu'eues eussent fait pâ-
iir îa fleur du grenadier, .et elj?,s laissaient
voir, jeti s'en(r'i;uvr£uî, de petites .:'i;Rts qui
brillaient .comme une nacre humi ae. S, on
(Voir le Constitutionnel du juillet.)
sourire était une lueur argentée qui éclairait
son visage. Son mr.nton, très fin, se termi
nait par uue petite fossette, qui lui donnait js
ne sais quoi de piquant et de mutin, d'un
effet inattendu, et d'une grâce extrême. Le
corps, jeune et souple, restait caché sous
des enveloppes trop flottantes pour qu'on
pût juger encore,de ses perfections; mais la
main était petite et charmante, et les chaus
sures, déchirées parles fatigues de la route,
laissaient voir un pied mince et cambré.
La mignonne créature était encore tout
émue, et l'expression deson regard gardait,
de sors trouble môme, un je ne'-sais'quoi
d'un peu sauvage ,qui, tout d'abord, éton
nait. Mais «n pouvait aisément s'imaginer
que, sous l'influence d'un autre sentiment,
ces beaux grands yeux, sombres et profonds,
pouvaient avoir autant de douceur que de
malice.
Le commandant comprit-il ou devina-t-il
tout cela ? Je ne sais. Tout ce que je puis
dire c'est qu'il ne s'en préoccupait guère. Ce
n'est point parce qu'elle était belle qu'il
avait sauvé cette enfant, c'est, parce qu'il
l'avait vun seule, faible, abandonnée. Eu la
sauvant, il n'avait obéi qu'à la seule pitié.
Son cœur était bon, aussi exempt d'égoïsme
que puisse l'être un cœur d'homme. Le ha-
j-ard voulait que ?a protégée fût une ravis
sante petite créature; il en était bien aise!
mais, en' vérité, ce n'était pas sa faute : il
n'en savait rien quand il avait volé si géné
reusement h son secours.
L'enfance est douée d'un i.istinct vrai-
m^M.t njci'VF'illi iix, et d'u-e finisse de per
ception que rien no saurait mettra en dé
faut. ,îl y a des choses sur lesquelles on la
tromperait plus malaisément que l'âge mûr.
.Elle devine, elle sent, elle sait qui l'aime',
et, par une louchante réciprocité, promple-
ment elle aime aussi.
L'enfant portait, suivant la coutume ara
be, une sorte d'amuletie suspendue à son
cou, et, selon la croyance de ses pères, des
tinée à lui porter bonheur. C'était un ver
set du Coran, écrit sur une bande étroite de
parchemin, et enfermé dans un peO sac
ae cuir couvert de broderies aux ïiches cou
leurs.
« Allah protège l'innocence, et l'ombre
de sa droite s'étend à jamais , comme un
bouclier, sur tout ce qui est faible et petit. »
Au-dessus du sac, sur une petite, pierre
verte, nuanco qui promet la félicité, ces
beaux caractères de la calligraphie arabe,
qui, d'une inscription, font uu ornement/
laissaient- lire un nom de femme :
MEDJÉ! '
e
— Tu t'appelles doncMedjé? lui demanda
le commandant qui lui avait passé un bras
autour de la tailla et qui l'apprivoisait peu à
peu.
— Oui, répondit-elle, c'est mon nom, je
m'appelle Mi'djé!
Celle-ci était manière, continua-1-elle
en montrant du doigt le cadavre mutilé de
lafemn j i ianà es pieds.
Cotruie il j «ir ait linsi, en regardant la
morte, l ir ïîi ummencèrent à couler.
L'offic il e jj it avec son mouchoir,
— par «, t j 3s lèvres.
La [ttit Aral tout-effarée encore des
scène; dt, carnage auxquelles, depuis trop
longtemps déjà, elle était contrainte d'assis
ter, semblait "goûter avec une joie étonnée
la protection inattendue que lui offrait un
de ces Français qu'on lui.avait toujours dé
peints comme les mortels ennemis de sa
race. Elle était touchée de voir que celui-ci,
au lieu de lui faire du mal, se montrait si
affectueux et si bon. Elle ne lui parlait pas
encore librement. Mais, déjà moins farou
che, elle attachait sur son libérateur de longs
regards qui parlaient pour elle et qui re
merciaient.
Le son de la langue maternelle dans une
bouche étrangère avait résonné en elle com
me la plus suave musique; ses fibres les
plus intimes avaient vibré;, on eût dit une
caresse autour de son cœur. Elle ne se con
tentait plus d'accepter cette protection gé
néreuse, elle allait au-devant d'elle, toute
prête à la solliciter. L'officier fut touché
lui-même de ce.* qu'il y avait de - spon
tané, d'involontaire et. de naïf dans pet-
te sympathie naissante. Il approcha l'en
fant de sa poitrine, passa la main dans ses
Ipngs cheveux, et baisa ses yeux fermés, en-
t(^è humides. Mais l'enfant ne le laissa pas
faite'; se laissant glisser, elle cpula jusqu'à
ses pieds, et, prenant la main, qui l'avait
sauvée, elle !a porta vivement à sa poitrine,
puis à son front ; pilis elle y colla ses lèvres.
jjntre eux deux, c'était comme un pacte
d'adoptiop qui venait de se signer,
111.
Cependant la guerre achevait d'accomplir
son oeuvre grandiose et terrible. Le dernier
rempart.de la rébellion était renversé; les
tirailleurs poursuivait les vaincus, que la
fuiie dispersait dans toutes les directions; il
ne restait plus qu'à cqeillir le fruit san
glant de la victoire,
Le gértéral voulut camper sur le champ de
bataille couvert de morts, que l'ennemi nous
avait abandonné... Nos soldats avaient bien
mérité quelques heures d'un repos qui de
vaient leur paraître plus doux sur le théâtre
même de leur triomphe. •
Mais la victoire-et la défaite ne sont pas
tout dans la guerre : il y a les suites du
c'ombat, plus terribles que le combat lui-
même. (Après la bataille, l'humanité uu mo
ment oubliée reprend ses droits. Il faut re
lever ses blessés, enterrer ses'morts.. Et ces
devoirs suprêmes, ou ne les'rend pas. seu
lement aux siens : on les reaa. à l'ennemi
lui-même. Ces soins pénibles, mais néces
saires, allaient retenir un jour ou deux la co-'
loniie victorieuse au tenue extrême de son
expédition.
Le commandant fut donc obligé de cher
cher un abri pour sa petite conquête.
La mêlée avait-été si ardente, si furieuse
sur la brèche et autour des ouvrages de ter
re, qu'il était en quelque sorte impossible
de faire un pas sans fouler aux pieds quel
que cadavre,
L'officier -eût bien voulu pouvoir enlever
tou t de suite l'en fant loin de là ; il eût épar
gné. Ainsi un spectacle cryel à cette jeune
ame, déjà tant remuée par tout ce qu'elle
venait de voir et d'entendre. Mais, par mal
heur,. il n'avait pas entre-les mains la ba
guette d'un enchanteur ; homme, il devait
se soumettre aux nécessités humaines. Il m
pouvait faire uue route royale tout exprès
pourMedjé.
Lès siens étaient tombés autour de la i'oune
fille, serrés comme les épis que la faux du
moissonneur couche sur le sillon. Il fallait
bien, au moment où elle s'éloignait v qu'e
sa fuite,effleurât leurs cadavres... '
> Et ma mère? dit 1 enfant, au moment
ou le commandant l'emmenait.
. Tu la reverras plus tard, répondit ce
lui-ci; maintenant, il faut venir 1
EJle essuya une larme, et, sans ajouter uas
parole, suivit son guide. . ' .
Les armées de tous les pays 5 dans les mê
mes extrémités, ont. recoure.dux mêaies.
moyens. On sent qu'il est nécessaire d'ea
mur vite, après une bataille, et l'on fait touit
ce. qii'ù faut pour cela. ;. ,
. A dix pas de la brèche où ie-combat avait
été le plus acharné, et, par conséquent, les
morts plus nombreux, on avait creusé', largo
et profonde, la fosse qui devait îecovoir'
tous les vaincus. .
Elle était sur la route même que l'officier
devait parcourir-avec Medjé, pou'» gagner les
tentes où il espérait lui faire goûrepos dont elle avait si grand besoin. , ;
Il marchait vile, la tenant par la main. 'A
pas inégaux, mais de son mieux,' elle jfe
suivait. Do temps en temps, elle retournait
la tôt©, comme. malgré pour regarder
îes soldats en train,d'accomplir leur beso
gne sinistre.
Tout à coap elle s'arrêta, en proie a une
sorte • de surexcitation vertigineuse, et', se
cramponna en quelque sorte à la min qu'elle
tejaait, — puis,, i a lâchant tout à coup, elle-
bQadit_ Y«rs un cadavre, que deux hommes;
achevaient de dépouiller, en s'écriant :
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.75%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.75%.
- Collections numériques similaires Christine de Pisan Christine de Pisan /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Christine de Pisan" or dc.contributor adj "Christine de Pisan")
- Auteurs similaires Christine de Pisan Christine de Pisan /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Christine de Pisan" or dc.contributor adj "Christine de Pisan")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6754117/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6754117/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6754117/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6754117/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6754117
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6754117
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6754117/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest