Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-06-04
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 juin 1902 04 juin 1902
Description : 1902/06/04 (A6,N1638). 1902/06/04 (A6,N1638).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67057530
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2016
La Fronde
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. Passage de la Bible à Ure et 4 m6d1t8t
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22 MAÏ 1902
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LA FRO:\"'OE, journal quotidien, poli-
tique, littéraire, t-..' «liriffé, administre*
rédigé, composé par des femmes.
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Monnaie de midi à 3 h. Trésor de Notre-Dame
sainte Chapelle et Panthéon de 10 h. à 4 h./jua-
lides musée et tombeau, de midi à 3 h. Jardin
des plantes, la ménagerie, de 1 h. à 5 h.; galerie
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,Trocadéro de 9 h. à 11 h. et de 1 h. à 3 h. Palais
de SI-Germain de 10 h. 1/2 à 4 h. palais de Fontai-
nebteau de 11 h. à 4 h. Versailles, le Palais et les
Trianons de 11 h. à 4 b. Le Jeu de Paume de
midi & 4 b. I
Une Enquête
S'il y eut une plate-forme électorale,
1uivant une expression qui fut pittores-
que avant d'être consacrée, ç'a été cer-
tainement la loi sur les associations et,
par suite, la qutstion de la liberté de
l'enseignement.
Autour de cette question se livrera la
première grande bataille parlemen-
L Revue blanche a donc été bien ins-
Firée en procédant à une Enquête sur
Education auprès d'un certain nombre
d'écrivains célèbres ou connus.
A chacun d'eux, elle demanda s il avait
.■Stê élevé dans un établissement laïque
ou religieux ; quelle influence il attri-
buait à l'éducation reçue, dans le déve-
loppement de sa « personne intellectuelle
st morale ». Ce qu il pensait de la liberté
de l'enseignement, et de l'emploi du mot
liberté en la circonstance. Et l'on a plai-
sir à voir d'accord en leur condamnation
de la loi Falloux plus de la moitié des
écrivains qui ont répondu. (1).
Trois femmes seulement furent inter-
rogees ou envoyèrent leur opinion ;
Mais, non avares de confidences et de
confidences charmantes, Mmes Lucie
Delarue-Mardrus, et Marcelle Tinayre
n'ont pris parti ni pour l'Etat ni pour
l'Eghso. « C'est un problème trop com-
pliqué pour que j'aie la prétention de le
résoudre en quelques lignes », déclare
Mme Marcelle Tinayre, qui, d'ailleurs,
B'BVOUO très sceptique sur les résultats
bonb ou mauvais de l'éducation. Et Mme
Lucie Delarue-Mardrus n'envisage la
Question de liberté qu'au point de vue
très important, il va sans dire — do
l'emprisonnement de l'enfance et de 1 a-
dolescence dans les internats soit laï-
ques, boit religieux.
Page éloquente, au reste, dans sa pitié
pour ces « troupeaux de collégiens en
unitorme et en rang » qu'on voit passer
dan» les rues « avec de pauvres figures
de forçats précoces, menés par quelques
gardes-chiourme effrayants a regarder »
Page même plus qu'éloquente, d une
hardie justesse philosophique, quand
elle prédit l'horreur dont on sera frappé
un jour en songeant qu'au sortir du ba-
gne des collèges, « les jeunes condamnés
étaient envoyés au régiment et que, de
travaux forcés en travaux forcés, leur
jeunesse passait escamotée par le crime
collectif des parents, des professeurs et
des gouvernements » ; enfin, que ce
cri m & ne pouvait préparer que des es-
claves ou des révoltés inutiles, malheu-
reux et dangereux. »!
No tri vaillante et spirituelle camarade
Andrée Téry est la seule femme qui n'ait
pas reculé ou biaisé devant la question
de la liberté de l'enseignement telle
qu elle va se poser demain à la Cham-
bre.
Et c'est une joie pour nous, des phra-
ses comme celle-ci : « 11 ne faut pas dire
!iberlé de l'enseignement, mais ensei-
gnement de liberté. La liberté n est pas
(e principe, mais la fin de 1 "éducation...
Comment àvec de l'autorité faire de la
liberté? Voilà tout le problème. Tous
nos efforts doivent tendre à réduire au
minimum cette autorité redoutable du
pédagogue en môme temps que le dog-
matisme scolaire. C'est pour cette rai-
(1) C'est-à-dire MM. Henry Bérenger, Saint-
Georges de Boubélier, Fernand Gregh, Paul
Hftrvieu. Gustave Kabn, Léopold Lacour Ma-
rio* AiT Leblond, Naurice Le Blond, J*®"
monoier, Félix Le Dantec, Ma^erlinclf Oetav"
liirlffan, Andrée Téry, Emile Zola.
son. ajoutée aux précédentes, que je rap-
porte à l'Etat le droit d'enseigner. Car
t'autorité de l'Etat... collective, diffuse,
impersonnelle, est encore la moins ty-
rannique, »
J'ajouterai seulement pour mon compte
que cet idéal : l'Etat républicain ensei-
gnant, ne peut être qu'un idéal provi-
soire, un idéal de combat, pour le temps,
long sans doute, où l'esprit moderne
devra rester armé et cuirassé en face de
l'Eglise et contre les coalitions formées
par cette Eglise si habile à grouper et
diriger toutes les survivances morales
du passé, tous les privilèges économi-
ques, tous les mécontentements acci-
dentels..
Les monopoles de l 'Etat, en quelque
domaine que ce soit, doivent, en effet,
se considérer comme des expédients, et
ce n'est pas notre faute si le monopole
de renseignement apparaît aujourd bui
tel un moyen de défense et d'action ab-
solument nécessaire. Tant pis pour la
réaction multiple et une qui rêvait en-
core, il y a un mois, de tout balayer.
Trattres par candeur, les républicains
qu'une espèce de libéralisme mystique
a tournés contre l'Etat laïque, au souffle
menteur de la formule : liberté de l'en-
seignement, quand c'est l'Eglise, tou-
jours avide de domination, et d ailleurs
établie sur un Credo philosophique et
scientifique, négateur de toute liberté
spirituelle, qui pousse ce cri en appa-
rence si beau !
Mais j'y reviens : le. but définitif n est
pas dans cette image de l'Etat professeur
et professeur unique, à tous les degrés.
Plus ou moins nettement, quelques-
uns des écrivains consultés par la Revue
Blanche ont eu soin de l'indiquer : des
jours viendront où l'enseignement pourra
être libre, où l'idéal philosophique de li-
berté pourra être aussi l'idéal social, où,
nulle force de réaction ne jouant plus
sur le mot, il faudra bien donner la
chose — au profit tout ensemble de l'in-
dividu et de la collectivité assouplie,
apaisée.
Ces jours, nous ne les verrons pas ;
voilà ce qui est certain aussi, du moins
très probable..
Quand un pays a derrière lui des siè-
cles de catholicisme; quand l'Eglise, as-
surément déchue, garde cependant as-
sez d'empire sur l'opinion pourempecher
tant de libres-penseurs d'agir conformé-
ment à leurs idées; quand elle règne en-
core sur les principaux actes de la vie,
car un bien petit nombre de personnes
osent mépriser l'intervention du prêtre
pour leur mariage ou leur enterrement,
ou lors de la naissance d'un enfant;
quand l'atavisme et le respect humain
prêtent à la foi mourante un tel appui de
lâchetés, — et que des intérêts de classe,
des vanités de castes (ou de parvenus)
soutiennent cet appui du formidable con-
cours de l'argent, remettent chaque an-
née des milliers d'enfants à la Congré-
gation pour qu'elle fasse d 'eux, futurs
' dirigeants, autant de jésuites laïques; il
1 n'y a guère à espérer qu'on verra 1 au-
rore des temps de liberté.
On n'a, républicain, libre-penseur sin-
' cère, qu'un devoir : fermer toute école
! congréganiste et môme simplement con-
. fessionnelle.......
. L'abrogation de la loi Falloux est une
mesure de Salut public.
HARLOR.
En Chasse, en Chasse
Ombre légère
Qui suis mes pas,
Ne t'en ras pas,
Non 1 non ! non 1
Tout le monde a chaud, mais nul n'a
aussi chaud que la police dont le per$on~
nel est sur les dents à force d être sur
pied, ce qui est une situation difficile et
presque insoutenable.
Mais aussi les faits sont extraordinai-
res.
Chamisso et Andersen ont raconté l'his-
toire affligeante de personnages qui
avaient perdu leur ombre. Mais iamais,
jusqu'ici, on n'avait vu des ombres (/ut
avaient perdu leur personnage. Et c est
ce qui arrive pourtant à la famille Hum-
fert.
On ne la trouve nulle part, mais on dé-ji
couvre son ombre en mille lieux divers.
Et cette ombre même est multiple, avec
des formes variées, largement fastueuses
ou humblement étriquées, tantôt unique
et tantôt trinitaire.
On l'a vite à Liverpool sur une terrasse
d?hôtel; on Fa vue à Lisbonne dans les
rues de la cité; on Fa vue de loin arriver
sur Patras... Mais surtout, elle affecte un
goût spécial pour les automobiles, ou dit
moins, c'est en ce véhicule, dernier bien-
fait de la science, que Fœil de la police,
hanté par le mirage ou la réalité — chi 10
sa ? — la distingue sans cesse.
Voilà pourquoi on a arrêté en Alle-
magne une automobile noire qui, per-
quisilion faite, ne contenait que des
princes.. avoir
Voilà pourquoi on est certain cr avoir
entrevu Fobjet de tant de VŒUX dans
une automobile blanche qui traversait la
place de la Concorde, bien que celle au-
tomobile, ainsi fJtlil ig été prouvé ensuite,
ne renfermât que des Parisiens sans his-
toire.y oi/à pourquoi, enfin, on l'a retrouvé
dans une automobile e de couleur grenat »
qui — circonstance aggravante —possé-
dait une - galerie » et se dirigeait vers
Mont-de-Marsan.
Des télégrammes secrets furent échan-
gés, et le parquet de Bordeaux s'agita.
L'automobile grenat, portant toujours
sa galerie, arriva bien a Mont-de-Marsan.
Mais quand elle fut ouverte, il en sortit
un pharmacien.
Lorsqufil sut qu'on lavait pris pour
Mme Humbert, il tira de cette erreur
beaucoup de vanité et une clientèle nom-
oreuse.
J. HELLÉ.
Chez Mlle Delasalle
1 J*
Les femmes artistes n'ont pas à se plain- t<
dre pour le quart d'heure : on s'applique à ti
reconnaître leur talent ; hier, c'était Mlle
Duffau qui obtenait sa seconde médaille, t<
aujourd 'hui, c'est Mlle Angèle Delasalle qui n
voit son beau portrait de Benjamin Cons- n
tant acheté par l'Etat pour être placé au v
Musée du Luxembourg. dl
Mlle Delasalle, une des élèves préférées n
du maître qui vient de mourir, compte du éi
reste parmi les personnalités artistiques.
Bien que jeune encore, elle a déjà obtenu n
de nombreuses récompenses et l'apprécia- d
tion dernière de Benjamin Constant la sa-
crant « maître nouveau » n'est pas parmi 1
les moindres, au contraire. j
En dépit de sa notoriété Mlle Delasalle est 1
accueillante et d'une simplicité aimable qui li
s'effarouche un peu des compliments que h
lui vaut le magistral portrait qui va faire s<
son entrée au Luxembourg. t4
— Ahl mon pauvre cher maître, me dit
avec une émotion mal contenue Mlle Dela- s
1 salle, comme je suis heureuse d avoir pu e
avant sa mort lui donner la joie de voir son t<
portrait acheté par l'Etat. fi
« Caril aimait beaucoup ce tte toile. «C est r
comme cela que je me comprends s écriait- tj
il parfois, oui, c'est bien moi, et c est ainsi fi
que je voudrais passer à la postéttté rh
« Aussi quel plaisir il a ressenti en ap- ti
prenant la décision de MM. Leygues et Rou- e
Ton. Je ne pouvais à ce moment-là m imagi- c
ner que la mort était si près de le frapper.
« Je travaillais chez lui pour le distraire ; q
durant les heures de bonne causerie, nous à
parlions de l'avenir, et sa pensée était loin à
de l'abominable réalité. »
Mlle Delasalle qui m'a reçue dans un char- t
mant salon qui porte l'empreinte de son
tempérament très artistique et très person- ,
nel, est en blouse de travail; pour toule pa- .
rure, un simple collier d'argent finement J
ciselé, qui tranche sur la simplicité du vê-
tement..
Avec une courtoisie exquise, elle se prête
aux exigences d'un important question-
naire biographique.
Parisienne, née à Paris, de parents pari-
siens — ce qui n'est déjà pas si commun — g
elle est l'élève de Benjamin Constant et de s
Jean-Paul Laurens.. c
Enfant,elle adorait les enluminures et les j
images, et déjà se développait en elle,
l'amour du dessin et du coloris.. (
Elle fit ses études chez les Dames Anglai- j
ses de Neuilly, le fameux couvent de (
George Sand, qu'elle ne quitta que pour ,
s'adonner complètement à la peinture. (
Toute jeune encore, dès 1895,elle obtenait ,
une mention ; c'était te commencement de j
ses succès. En 1897, elle décrochait sa troi- ,
sième médaille, bientôt d'u... deuxième ; on j
lui décernait une bourse de voyage qui lui l
permettait de visiter l'Angleterre, la Hol-
lande, l'Italie et une petite partie de 1 'Alle- ,
magne; pèlerinage fort fructueux pour (
l'art du reste, puisque l'Etat achetait plu-
sieurs études faites au cours de ce voyage.
En 1900,Mlle Delasalle obtint une médaillé
d'argent; entre temps elle avait été choisie
pour le prix Piot. Parmi les merveilleuses
œuvres de cette artiste de tempérament, on
peut citer l' Abreuvoir du Pont de Saint-Cloud
d'un coloris si vivant, la Forge, une puis-
sante étude d'une virilité superbe qui fut
achetée pour le musée de Rouen et le Ter-
rassier, un vrai morceau de maître acquis
par la ville de Paris pour le Petit Palais.
Peu à peu, notre causerie devient plus
amicale, Mlle Delasalle me parle de Mme
Clémence Royer, notre éminente collabora-
trice, dont la place demeure toujours dou-
loureusement vide parmi nous, et elle me
conte comment elle put faire le portrait
de cette femme si remarquable.
C'était quelques jours avant la mort de
Mme Clémence Royer et l'œuvre de Mlle
Delasalle est d'autant plus intéressante, que
c'est un document unique. C'est M. Benja-
min Constant qui se chargea de demander
à Mme Clémence Royer une cc pose » de fa-
veur pour l'élève qu'il admirait.
— Celas'est passé bien simplement,m t ex-
plique l'artiste. J'avais lu le discours admi-
rable prononcé par Mme Clémence Royer au
banquet qu'on lui ayait offert pour fêter sa
nomination de chevalière de la Légion
d'honneur.. , ,,
« Enthousiasmée, j'envoyai la découpure
, de cette belle page a Londres, en écrivant
à mon vénéré maître tout ce que je pen-
sais du puissant cerveau de Mme Royer.
— Puisqu'il en est ainsi, me répondit-il,
puisque vous admirez comme il le mérite
cet esprit supérieur, il faut faire le portrait
de Mme Clémence Royer, ce sera une belle
CBUVT6
« Et, en effet, M. Benjamin Constant pria
; cette femme si supérieure de m accorder
; Quelques séances.
« Voici la lettre délicieuse qu 'il reçut en
réponse à sa demande, je la conserve com-
me un gage précieux :
Monsieur,
Je vous remercie de votre bienveillante lettre
! et me sens très flattée de votre demande. Je se-
; rai très heureuse de voir mon vieux visage re-
. preduit par une femme qui a mérité vos suf-
frages, et suis toute prête à me mettre à sa dis-
position. Il y a toutefois une difficulté. Je suis
' impotente, prisonnière tout l'hiver, dans 1 at-
: mosphère du calorifère, qui redoute les chan-
. gements de température, ne sort plus qu accom-
pagnée, même en voiture, et dont les jambes se
1 relurent à monter les escaliers. Comment faire
i en pareille occurence ? Où est l atelier de Mlle
. Delasallc? et surtout à quel étage?
Votre lettre, monsieur, m'apprend que vous
» êtes mon voisin; pourriez-vous offrir fhospita-
► lité à l artiste et au modèle?
J'aurais ainsi l'occasion de vous connaltre, de
vous remercier de vive voix de toutes les choses
aimables que m'apporte votre lettre.
Peut-être que votre santé meilleure vous per-
i mettra, en passant devant ma porte, de venir
me donner réponse ou que Mlle Delasalle me
, fera le plaisir de me l'apporter.
Recevez je vous prie, Monsieur, avec l expres-
5 sion de mon admiration pour l'un des grands
l peintres du siècle, l'assurance cordiale de mes
sentiments de confraternité intellectuelle.
CLKMBNCB Rona.
» Ce 12 janvier 1902. , .
55, Boulevard Bineau, Neuilly (Seine).
• , Les séances commencèrent, non point
chez Mlle Delasalle ni chez M. Benjamin
» Constant, mais dans la petite chambre, si
- pittoresquement encombrée de la maison
5 Galignani.
Malheurensement, le portrait dut être
achevé à traits rapides ; la maladie alitait
bientôt notre éminente collaboratrice qui
• s'éteignait doucement laissant d'unanimes
s regrets dans le monde savant, et un vrai
. chagrin au cœur de ses fidèles amis.
t Et Mlle Delnsalle, qui a également pris un
croquis de Clémence Royer sur son lit de
r mort, évoque le souvenir des heures pas-
séesdans la cellule de Gaglignani tandis
qu'elle essayait de faire revivre sur la toile
la phy sionomie si particulière et si origi- i
nale de son modèle.
— Elle étaU si bonne et si charmante, me
dit l'artiste, elle avait un sourire si gentil
pour s'écrier : « allons, je vois qu'il faut que
je penche la tête, pwsque vous vous met-
tez à pencher aussi la vôtre pour m'aver-
tir. Là ; est-ce bien ainsi ?»
Clémence Royer est représentée assise,
tenant un livre sur ses genoux. La robe
n'avait pas été sans préoccuper cet éton-
nant esprit, resté féminin, en dépit de sa
vigueur et de sa virilité,et l artiste avait dû
donner son goût, et tranquilliser Mme Clé-
mence Royer, en l'assurant que sa toilette
était des plus convenables.
La mort vient interrompre le travail :
mais il était assez avancé pour être terminé
de mémoire. ....
— Ce portrait n'est pas aussi fini que je
l'aurais désiré, m'explique Mlle Delasalle,
j'aurais traits aimé rendre fout ce que je sentais ;
'aurais voulu en quelque sorte fouiller les
raits de cette éminente petite vieille, pour
lui faire exprimer toutes les hautes pen-
sées nées derrière le front têtu mais si in-
telligent de cette admirable femme.
Telle qu'elle est 1 'œuvre de Mlle Dela-
salle est des plus belles; la phyaionomie
expressive de Clémence Royer est interpré-
tée avec un rare talent et un bonheur par-
fait. C'est le portrait d'une femme supé-
rieure exécute par un vrai maître, et l ar-
tiste peut compter, non sans quelque
fierté, parmi ses meilleurs morceaux, cette
rtmiebrossée en quelque jours, dans l'é-
troite chambrette de la maison Galignagni
en tête à tête avec l'exquise femme que fut
Clémence Royer.
Et nous sommes heureuses de songer
que celle qui nous fut chère, n'est pas tout
à fait perdue pour ses amis, puisque grâce
à Mlle Delasalle, la physionomie si fine de
la « grande Bretonne •» demeure fixée pour
j toujours.
MARIE-LOUISE-NÉRON.
La Vérité sur la fausse
proclamation du Tsar
Détails inédits
Nous tenons d'un témoin dont il n y a pas -
à suspecter la véracité, des détails curieux
sur la façon dont fut lancée la fausse pro-
clamation du Tsar dont il fut question dans
la presse. ,
Voici les faits tels qu ils se sont passés , :
Quelques officiers de gendarmerie avant à
leur tète un général, arrivèrent à Poltawa i
et se firent conduire à l'administration com- e
munale de la ville où ils donnèrent au syn- <
die l'ordre d'assembler le conseil commu- j
nal, pour qu'il leur permît d'exposer aux a
habitants la volonté du Tsar contenue dans (
un décret en lettres d'or revêtue du sceau <
Impérial et du sceau de l 'Etat, dont le géné- i
ral était porteur.
Le syndic n'osa opposer aucune résis-, .
tance à un ordre ainsi formulé et ne se
douta nullement du piège... i
Le conseil communal, une fois réuni, le
général fit la lecture du décret impérial ,
par lequel le Tsar était censé donner au |
peuple tous les domaines des propriétaires |
et il aliéner à son profit tous les biens des ,
\ seigneurs. La lecture de ce décret mit les ]
f paysans dans une extrême agitation. Ils se {
' mirent à hurler, à trépigner de joie et à
L exiger du syndic qu'il les mettrait immé-
; diatement en possession de tout ce que les
seigneurs possédaient. i
Le malheureux syndic venait de com-
' prendre la comédie des faux officiers nihi-
' listes déguisés dont il s'était fait involon-
" tairement le complice....
Voulant gagner du temps, pendant lequel,
5 il envoya chercher le chef du district(Zemsko
I Natchalnikl) et un régiment de milice, il
entra en pourparlers avec le faux général
' et des délégués des habitants.
5 Sur ces entrefaites, les faux représentants
31 de l'Ordre Impérial disparurent et lorsque
" le chef du district voulut instruire les pay-
p sans de l'infâme supercherie dont ils ve-
" naient tous d'être victimes ceux-ci trop
excités ne voulurent rien entendre.
Furieux de' leur déconvenue, lorsque le
■ chef du district eut refusé de les mettre en
J possession des biens seigneuriaux, ils se
i ruèrent sur les maisons, cassant, sacca-
II geant tout, ivres de rage et de destruction.
Les gardiens des propriétés attaquées
® fuyaient abandonnant leur petit avoir, ne
't voulant pas être immolés à la cause de
l- leurs maîtres....
Trois régiments parvinrent difficilement
1 , à calmer le peuple qui ne voulait pas ad-
® mettre qu'on l'ait trompé. Plus de quatre
lt cents paysans furent tués par la troupe,
® qui sur 1 ordre des officiers n'hésita pas à
faire feu sur les rebelles.
a Beaucoup de propriétés sont détruites,
r entr'autres la célèbre Dikanka, ancien ma-
noir du prince Kotchoubey, victime de Pierre
n Le Grand...
i- Voici quelques notes historiques sur celle
Lorsq,tie :Massiépa eut conçu le plan de
'8 séparer la Petite Russie de sa grande sœur,
s- d'en faire une principauté indépendante et
s- médita de trahir le Tsar Pierre-le-Grand,
f- qui avait en lui la plus grande confiance,
?* c'est Kotchoubey, qui le déféra au Tsar, mais
!? Pierre-le-Grand, sur de la fidélité de Mas-
; siépa que lui-même avait nommé Hetmann
de fa Petite Russie, (chef des régiments de
je cosaques) ne vit en Kotchoubey qu un déla-
e teur il avait en horreur les dénonciateurs)
le ét le livra ainsi que son ami Islera à la ven-
1 s geance de Massiépa qui fut terrible. Tous
a* deux furent suppliciés.
Plus tard, Pierre-le-Grand regretta ame-
le rement cet acte, lorsqu'il appril que Mas-
.B ' siépa était en relations politiques avec
Charles XII, roi de Suède, et qu'il appela ce
r- dernier à son secours pour délivrer la Pe-
ir tite Russie avec sa parole de la soumettre
e au protectorat de Charles XII..
18 1- CbarlesXIl, célèbre conquérant, vint avec
sa grande armée, mais il fut battu par
11,9 Pierre-le-Grand sous Poltawa, et tous deux
blessés mortellement, n'échappèrent à leurs
ennemis que par la fuite.
Depuis, cette belle et riche Dikanika de-
vint un lieu historique de pèlerinage, où il
it était de tradition de garder la mémoire du
n chef martyr.
si La chambre habitée par le prince Kot.
n eboubey de son vivant fut conservée in-
tacte. C'était une vaste pièce au milieu de
e laquelle était un grand fauteuil à bras, dans
it lequel on avait placé un mannequin revêtu
li du bel uniforme de guerre que portait le
15 vieux prince (cuirasse, casque a visière,
li armes, etc.), jusqu'aux bottes à
rien ne manquait pour complèter I 'illusioil.
n C'était bien Kotchoubey sur son fauteuil ar-
le morié. Autour de lui, d'autres mannequins,
1- des chevaliers bardés de fer semblaient
is lui rendre hommage. Sur les murs, se li-
e saient des édits des Tsars. Et dans un cof-
i- fret précieux, un portrait et une boucle de
cheveux de la malheureuse fille de la vic-
te time de Massiépa, ^atî$^igigf laquelle fut 1§J
cause involontaire de la perte de son illus-
tre père.
A peine âgée de dix-sept ans, elle se
croyait éprise du vieux l'lassiépa qui en
avait soixante, aveuglée qu'elle était par
son admiration pour le favori de Pierre-le-
Grand. Et comme son père s'était opposé à
cette union, sachant le malheur qui mena-
çait son enfant, elle n'hésita pas à quitter
la maison paternelle pour suivre dans sa
faite, môme dans ses exploits contre sa
patrie, l'homme qui était le meurtrier de
son père et qui sut prendre sur son imagi-
nation fascinée d'adolescente un si grand
empire. " „
Après la mort de Massiépa, M&trowna
prit le voile et mourut au couvent.
C'est cette célèbre propriété à laquelle se
rattachaient tant de faits historiques, qui
vient d'être détruite complètement.
A Toula, et un peu partout en Russie
éclatèrent des émeutes que la force publi-
que parvint à réprimer sans trop de pertes.
La révolte sévit partout, habilement di-
rigée par les sociétés secrètes qui attisent
la flamme de la rébellion. On a plusieurs
raisons de croire que les fauteurs des trou-
bles se cachent à Saratow où ils ont leur
typographie souterraine.
La lutte est terrible quand les ennemis
sont invisibles. Aussi des milliers de vic-
times innocentes sont tombées à côté des
coupables..
La Russie traverse une crise sociale. Es-
pérons que les esprits éclairés et justes
triompheront de quelques fanatiques dont
la prétention décisive est de faire trembler
tous les trônes sur leur base et qui. pour
atteindre leur but, ne reculent devant au-
cun moyen d'illégalité, d'injustice et de ter-
rorisaUon. , ...
Le fanatisme social politique ou religieux
entraîne toujours aux pires excès, contre
lesquels la lutte ouverte est malheureuse-
ment impossible.
Il est à. désirer que l'intervention du gou-
vernement russe mette fin au plus tôt, à des
désordres qui compromettent la sécurité de
la nation.
M. DE LYS.
Nouvelles féministes
Amérique
Miss Tora!, une jeune Mexicaine, qui a fait ses
études de médecine à Cincinnati vient de passer son
examen final avec beaucoup de succès. Elle va se ren-
dre à. Guanajuato (Mexique'. où elle a exercé sa
profession conjointement à celle de missionnaire. Elle
a passé les quatre années de ses études dans le Il Home
des Diaconesses Il de Cincinuati et y a reçu une édu-
cation très complète qui la prépare à remplir conscien-
cieusement le poste auquel elle est appelée.
Indes
Voici une légende indienne sur la création de la
femme : . , uMvers. .
< Lorsque Vulcain, créateur de 1 univers, voulut
créer la femme, il s'aperçut qu'il avait employé tous
les matériaux dont il déposait dans la fabrication de
l'homme. Il prit alors les replis du serpent, I adhé-
rence de la plante grimpante, le tremblement de 1 herbe,
l'élancement du roseau, le velouté de la fleur, la lé-
gèreté de la feuille, le regard de la gazelle, la gaite du
rayon de soleil, les larmes des nuages, 1 inconstance
du vent, la douceur du miel, la cruauté du tigre, la
chaleur torride du feu, l'effet engourdissant de la glace
et le bavardage de la pie, et par la combinaison de ces
éléments, Vulcain créa l'être de beauté, la (emme..1
Japon
Les progrès du féminisme sont au Japon d'une ra-
pidité foudroyante.
A la tête au mouvement se trouve Mme Hatayamo,
femme d'uu ancien ministre. Déjà se sont formées
quatre importantes sociétés pour le relèvement et
l'avancement de la femme au point de vue moral,
intellectuel, physique et social. Des résultats prati-
ques sont déjà acquis : l'admission des femmes dans
les services des postes et télégraphes. De nombreuses
maisons de commerce ouvrent leurs bureaux aux
Japonaises et les y appellent comme comptables ou
clercs.
On dit...
LE FAUTEUIL DU COURONNEMENT
Le fauteuil qui doit servir au couronnement
du roi d'Angleterre n'est pas ce qu'un vain
peuple pense. Ce meuble respectable que les
Anglais appellent « The Coronation Chair >
ne sort bien entendu, ni du Faubourg Saint-
Antoine, ni de chez les Waring and Gilow,
encore moins des ateliers où fleurit le modem
style.
Le trône antique date du temps d'Edouard
le Confesseur qui rebâtit le fameux minster
ou moustier des Bénédictins de l'ile de Thorn
et légua à la monarchie anglaise la couronne
et la c Chaise » du Sacre. Tout en chêne,
très vermoulue, la respectable relique est cri-
blée de petits trous de la grandeur d'un grain
de plomb.
Edouard VII y prendra place sur un cous-
sin de drap d'or et de pourpre.
MAIS OU SONT LES PELOUSES D'ANTAN?
Un naïf, peu au courant des habitudes ad-
ministratives, disait qu'il est étrange que
l'administration municipale n'ait pas encore
mis en état les terrains occupés, jadis, aux
Champs-Elysées, par l'ancien Cirque d'Eté...
En effet, on nous avait annoncé, il y a plu-
sieurs mois, que, tous nouveaux projets de
reconstruction ayant été définitivement re-
poussés, les murs bâtis par la société en fail-
lite allaient être rasés et remplacés par des
pelouses et des massifs.
La solution parut excellente, car les fleurs
et la verdure se font de plus en plus rares
aux Champs-Elysées, envahis chaque jour
par de nouveaux beuglants.
Or, la première partie du programme a bien
été remplie. Les murs ont été rasés. En fixant
un délai pour leur démolition, l'administration
avait même fait montre d'un empressement
que l'on pouvait juger de bon augure.
Mais ceci fait, elle se reposa. La palissade
existe toujours et, derrière ses planches, s *&
tend maintenant un vaste terrain ravagé.
A quand les pelouses, à quand les fleurs
promises î
LA PÊCHE MIRACULEUSE
Si les pêcheurs de perles ont de fréquentes
déceptions, ils ont parfois de précieuses trou-
vailles. L'un d'eux, de Perth, en Australie, a
découvert une perle phénoménale, non seule-
ment comme grosseur, mais aussi comme
orient. Cette merveille a du reste été aussitôt
achetée par un groupe de négociants, la co-
quette somme de 15,000 livres, autrement dit
A75.000 francs....
%roiU pêche rçj£çuleu«et
STATISTICIEN CONTRE STATISTICIEN
Le péril de la dépopulation dont les statisti"
dens nous menace à propos de tout et de
rien ne, serait qu'un pénl imaginaire 1 •
A statisticien, statisticien et demi. Un de
nos confrères, M. Marcel Réjà, vient de pu-
blier un étude très documentée, à l'effet de
démontrer que les doléances sur la crise de la
natalité chez nous ne sont point aussi justi-
fiées qu'on veut bien le dire.
D'après les travaux de H olt Schoting, te
nombre des naissances pour 120,000 habitants
a diminué : pour la France de 35 ; pour l'Al-
lemagne de 40 ; pour l'Autnche et l'Italie de
21; pour le Royaume-Uni de 53. et pour l'An..
gleterre seule de bi.
La France n'a donc fait que précéder les au-
tres pays dans ce mouvement de diminution.
Mais elle est déjà distancée.
Donc, rien à craindre.
LA DAME D. VOILÉE.
NOUVELLES
Déplacements
Le roi Léopold de Belgique qui était &
Chanlilly depuis dimanche est parh lundi
soir par l'express de 6 il. 25 se rendant &
Bruxelles.
-
La princesse Radolin femme de l'ambas-
sadeur d AUemagne à Paris a quitté Paris
se rendant à Berlin.
Académie de Médecine
La séance s'est ressentie de la chaleur et
de rapproche des départs en villégiature,
aussi n'y a-t-il à signaler qu'une très sa.
vante communication de M. Laver an sur les
trépanozomes et les céphalozomes, et une
présentation faite par M. Lannelongue d'un
mémoire de M. le docteur Albert Ilagalski
de Folkestone sur l'origine phénicienne de
la lèpre en Bretagne.
D'après l'auteur, le Mal de Saint-Lazare
en Armorique serait un reliquat du pas-
sage des Phéniciens dans ce pays et remon-
leraitàune époque antérieure à la conquête
romaine, ainsi qu'il résulte des diverses
recherches qu'il a faites en s'appuyant sur
la linguistique, l'archéologie, les supersti-
tions locales, etc.
Mondanité
Très élégante malt née dimancne cnez
Mme Jules ïoutain, dans ses salons de la
rue du Printemps pour l'audition d'oeuvres
de M. Albert Lavtgnac. Très applaudis -
Miles Gilberte Baulavon dans Sicilienne et
Menuet et Mlle NoélyVlgnal avec une Barcs'
rolle et Tarentelle à quatre mains jouée avec
le maître et qui a été bissée, M. Marcel
Brun dans Gavotte et Musette ; ces jeunes
élèves de Mlle Juliette Toutain font le plus
grand honneur à la charmante artiste.
Mlle Demangeot a merveilleusement chanté
Pâques fleuries qu'elle a dû bisser. M. H. Ca-
sadessus a eu un vrai succès avec des pièces
d'alto et de viole d'amour. Le maître acclamé
fiar la nombreuse assistance a vivement
félicité ses interprètes; Mlle Henriot a ré-
cité d'une façon charmante des poésies.
Remarqué parmi les invités:
Mmes de Kerbertin, marquise de Martel.,
de Saint-André, Mme et Mlle Villejean, M.
et Mme Casimir Berger, M. et Mme Brun.
MUe Auguez, M. et Mlle de Boulloche, Mme
la comtesse de Siraudin, Mme et Mlle Joly,
Mlle Pergeaux, Miles d'Espagne, Rideau.
Paulet, Levy, M. et Mme Lahitte, M. Mou-
quet, M. et Mme René Bertrand, M. Henri
Lutz, Mme et Mlle de Tanguy, Mme du
Bief etc.
Diverses
Suivant l'usage, M. Léon Bourgeois, nré*
sident provisoire de la Chambre des dépu'
tés, est allé hier après-midi. à l'issue de la
séance de la Chambre rendre visite au Pré-
sident de la République.
1.~~
Mme Emile Loubet reprendra ses récep-
tions à partir de lundi prochain, 9 juin à
3 heures.
vw
Le comité de la Ligue franco-italienne
offre ce matin dans les salons du Grand
Véfour, au Palais-Royal un déjeuner à l'é-
minent artiste italien M. Novelli.
Nécrologie
L'incinération du corps de M. Louis Ga-
lien a eu lieu lundi, au Père-Lachaise. M.
Galien à laissé à l'Etat toute sa fortune qui
s'élève à environ 12 millions à charge tic
verser 80,000 francs à une œuvre charitable
et 30,000 francs à la Société pour la propa-
gation de l'incinération.
M. Galien, fils d'un maître de postes, de-
venu orphelin de bonne heure était venu
à Paris pour suivre ses études philosophi-
curant les années qui suivirent, il par-
courut le monde, curieux des religions, des
mœurs et des civilisations, Ses investiga-
tions s'étaient surtout portées vers l'Orient,
où il avait approfondi les doctrines du
bouddhisme et du brahmanisme.
Revenu en France, il vécut pendant plus
de quarante années à la Ferté-sous-Jouarre.
Il séjourna durant plusieurs années a
Paris où il vivait au milieu de ses auteurs
favoris : Horace, Virgile, Epictete, Scueque
et Marc Aurèle..
Il est mort à quatre-vingt-quinze ans
formulant ainsi ses dernières volontés :
« Je veux que ma fortune revienne à
l'Etat, comme mon corps reviendra au
Grand Tout. »
LA CRISE
Maintenant que la démission du cabi-
net Waldeck-Rousseau est officielle, 10
Président de la République va sans tar..
der, faire appeler le personnage politique
chargé de constituer le nouveau mi-
nistère..
Mais, au préalable, le chef de ..1 Etat
recevra ce matin les présidents des deux
Chambres......
Il est toujours question d "un ministèreA
Combes ou Brisson avec le concours de
M. Rouvier aux Finances; M. Delcasse
et le général André conserveraient leurs
portefeuilles. Les autres départements
ministériels seraient attribués à MM.
Berteaux, Mougeot, Chaumié, Dubief et
Trouillot.
Ce ne sont là que des probabilités, les
rectitudes en pareille matière exigent la
consécration de l'Officiel»
H. S.
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Téléphone 221.71
Les annonces sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lasranae et Cerf.
6, place de la Boum, Paris.
LA FRO:\"'OE, journal quotidien, poli-
tique, littéraire, t-..' «liriffé, administre*
rédigé, composé par des femmes.
Les manuscrits non insérés etc sont pas rendus.
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VArvat de 10 h. à * h. Ste Geneviève de 10
b. à 3 h. et de 6 h. à 10 b.; de la Ville de Paris
Groupe de la Solidarité des femmes, à t heures.
Réunion. Mairie du VI. arrondissement place
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Congrès national, du t"r roi des Belges (1831).
Procession des canotiers à Et.on(Wiudsor). ^__ia
Mus i(i ues militaires : De 4 heures à 5 heum.
Square tir) Vaugirard. - Square du Temple.
,.* Visites aux Musées : Du Louvre, de 9 h. à 4 h.
Cluny de 11 h. à 4 h. Luxembourg de 9 h. à 4 h.
Guimet de midi à 4heures Rotais de Justice,
de 11 h. à 4 h. Ilotel de Ville de 2 h. à 3 h.
Monnaie de midi à 3 h. Trésor de Notre-Dame
sainte Chapelle et Panthéon de 10 h. à 4 h./jua-
lides musée et tombeau, de midi à 3 h. Jardin
des plantes, la ménagerie, de 1 h. à 5 h.; galerie
d'histoire naturelle, de 11 h. à 3 h. Aquarium du
,Trocadéro de 9 h. à 11 h. et de 1 h. à 3 h. Palais
de SI-Germain de 10 h. 1/2 à 4 h. palais de Fontai-
nebteau de 11 h. à 4 h. Versailles, le Palais et les
Trianons de 11 h. à 4 b. Le Jeu de Paume de
midi & 4 b. I
Une Enquête
S'il y eut une plate-forme électorale,
1uivant une expression qui fut pittores-
que avant d'être consacrée, ç'a été cer-
tainement la loi sur les associations et,
par suite, la qutstion de la liberté de
l'enseignement.
Autour de cette question se livrera la
première grande bataille parlemen-
L Revue blanche a donc été bien ins-
Firée en procédant à une Enquête sur
Education auprès d'un certain nombre
d'écrivains célèbres ou connus.
A chacun d'eux, elle demanda s il avait
.■Stê élevé dans un établissement laïque
ou religieux ; quelle influence il attri-
buait à l'éducation reçue, dans le déve-
loppement de sa « personne intellectuelle
st morale ». Ce qu il pensait de la liberté
de l'enseignement, et de l'emploi du mot
liberté en la circonstance. Et l'on a plai-
sir à voir d'accord en leur condamnation
de la loi Falloux plus de la moitié des
écrivains qui ont répondu. (1).
Trois femmes seulement furent inter-
rogees ou envoyèrent leur opinion ;
Mais, non avares de confidences et de
confidences charmantes, Mmes Lucie
Delarue-Mardrus, et Marcelle Tinayre
n'ont pris parti ni pour l'Etat ni pour
l'Eghso. « C'est un problème trop com-
pliqué pour que j'aie la prétention de le
résoudre en quelques lignes », déclare
Mme Marcelle Tinayre, qui, d'ailleurs,
B'BVOUO très sceptique sur les résultats
bonb ou mauvais de l'éducation. Et Mme
Lucie Delarue-Mardrus n'envisage la
Question de liberté qu'au point de vue
très important, il va sans dire — do
l'emprisonnement de l'enfance et de 1 a-
dolescence dans les internats soit laï-
ques, boit religieux.
Page éloquente, au reste, dans sa pitié
pour ces « troupeaux de collégiens en
unitorme et en rang » qu'on voit passer
dan» les rues « avec de pauvres figures
de forçats précoces, menés par quelques
gardes-chiourme effrayants a regarder »
Page même plus qu'éloquente, d une
hardie justesse philosophique, quand
elle prédit l'horreur dont on sera frappé
un jour en songeant qu'au sortir du ba-
gne des collèges, « les jeunes condamnés
étaient envoyés au régiment et que, de
travaux forcés en travaux forcés, leur
jeunesse passait escamotée par le crime
collectif des parents, des professeurs et
des gouvernements » ; enfin, que ce
cri m & ne pouvait préparer que des es-
claves ou des révoltés inutiles, malheu-
reux et dangereux. »!
No tri vaillante et spirituelle camarade
Andrée Téry est la seule femme qui n'ait
pas reculé ou biaisé devant la question
de la liberté de l'enseignement telle
qu elle va se poser demain à la Cham-
bre.
Et c'est une joie pour nous, des phra-
ses comme celle-ci : « 11 ne faut pas dire
!iberlé de l'enseignement, mais ensei-
gnement de liberté. La liberté n est pas
(e principe, mais la fin de 1 "éducation...
Comment àvec de l'autorité faire de la
liberté? Voilà tout le problème. Tous
nos efforts doivent tendre à réduire au
minimum cette autorité redoutable du
pédagogue en môme temps que le dog-
matisme scolaire. C'est pour cette rai-
(1) C'est-à-dire MM. Henry Bérenger, Saint-
Georges de Boubélier, Fernand Gregh, Paul
Hftrvieu. Gustave Kabn, Léopold Lacour Ma-
rio* AiT Leblond, Naurice Le Blond, J*®"
monoier, Félix Le Dantec, Ma^erlinclf Oetav"
liirlffan, Andrée Téry, Emile Zola.
son. ajoutée aux précédentes, que je rap-
porte à l'Etat le droit d'enseigner. Car
t'autorité de l'Etat... collective, diffuse,
impersonnelle, est encore la moins ty-
rannique, »
J'ajouterai seulement pour mon compte
que cet idéal : l'Etat républicain ensei-
gnant, ne peut être qu'un idéal provi-
soire, un idéal de combat, pour le temps,
long sans doute, où l'esprit moderne
devra rester armé et cuirassé en face de
l'Eglise et contre les coalitions formées
par cette Eglise si habile à grouper et
diriger toutes les survivances morales
du passé, tous les privilèges économi-
ques, tous les mécontentements acci-
dentels..
Les monopoles de l 'Etat, en quelque
domaine que ce soit, doivent, en effet,
se considérer comme des expédients, et
ce n'est pas notre faute si le monopole
de renseignement apparaît aujourd bui
tel un moyen de défense et d'action ab-
solument nécessaire. Tant pis pour la
réaction multiple et une qui rêvait en-
core, il y a un mois, de tout balayer.
Trattres par candeur, les républicains
qu'une espèce de libéralisme mystique
a tournés contre l'Etat laïque, au souffle
menteur de la formule : liberté de l'en-
seignement, quand c'est l'Eglise, tou-
jours avide de domination, et d ailleurs
établie sur un Credo philosophique et
scientifique, négateur de toute liberté
spirituelle, qui pousse ce cri en appa-
rence si beau !
Mais j'y reviens : le. but définitif n est
pas dans cette image de l'Etat professeur
et professeur unique, à tous les degrés.
Plus ou moins nettement, quelques-
uns des écrivains consultés par la Revue
Blanche ont eu soin de l'indiquer : des
jours viendront où l'enseignement pourra
être libre, où l'idéal philosophique de li-
berté pourra être aussi l'idéal social, où,
nulle force de réaction ne jouant plus
sur le mot, il faudra bien donner la
chose — au profit tout ensemble de l'in-
dividu et de la collectivité assouplie,
apaisée.
Ces jours, nous ne les verrons pas ;
voilà ce qui est certain aussi, du moins
très probable..
Quand un pays a derrière lui des siè-
cles de catholicisme; quand l'Eglise, as-
surément déchue, garde cependant as-
sez d'empire sur l'opinion pourempecher
tant de libres-penseurs d'agir conformé-
ment à leurs idées; quand elle règne en-
core sur les principaux actes de la vie,
car un bien petit nombre de personnes
osent mépriser l'intervention du prêtre
pour leur mariage ou leur enterrement,
ou lors de la naissance d'un enfant;
quand l'atavisme et le respect humain
prêtent à la foi mourante un tel appui de
lâchetés, — et que des intérêts de classe,
des vanités de castes (ou de parvenus)
soutiennent cet appui du formidable con-
cours de l'argent, remettent chaque an-
née des milliers d'enfants à la Congré-
gation pour qu'elle fasse d 'eux, futurs
' dirigeants, autant de jésuites laïques; il
1 n'y a guère à espérer qu'on verra 1 au-
rore des temps de liberté.
On n'a, républicain, libre-penseur sin-
' cère, qu'un devoir : fermer toute école
! congréganiste et môme simplement con-
. fessionnelle.......
. L'abrogation de la loi Falloux est une
mesure de Salut public.
HARLOR.
En Chasse, en Chasse
Ombre légère
Qui suis mes pas,
Ne t'en ras pas,
Non 1 non ! non 1
Tout le monde a chaud, mais nul n'a
aussi chaud que la police dont le per$on~
nel est sur les dents à force d être sur
pied, ce qui est une situation difficile et
presque insoutenable.
Mais aussi les faits sont extraordinai-
res.
Chamisso et Andersen ont raconté l'his-
toire affligeante de personnages qui
avaient perdu leur ombre. Mais iamais,
jusqu'ici, on n'avait vu des ombres (/ut
avaient perdu leur personnage. Et c est
ce qui arrive pourtant à la famille Hum-
fert.
On ne la trouve nulle part, mais on dé-ji
couvre son ombre en mille lieux divers.
Et cette ombre même est multiple, avec
des formes variées, largement fastueuses
ou humblement étriquées, tantôt unique
et tantôt trinitaire.
On l'a vite à Liverpool sur une terrasse
d?hôtel; on Fa vue à Lisbonne dans les
rues de la cité; on Fa vue de loin arriver
sur Patras... Mais surtout, elle affecte un
goût spécial pour les automobiles, ou dit
moins, c'est en ce véhicule, dernier bien-
fait de la science, que Fœil de la police,
hanté par le mirage ou la réalité — chi 10
sa ? — la distingue sans cesse.
Voilà pourquoi on a arrêté en Alle-
magne une automobile noire qui, per-
quisilion faite, ne contenait que des
princes.. avoir
Voilà pourquoi on est certain cr avoir
entrevu Fobjet de tant de VŒUX dans
une automobile blanche qui traversait la
place de la Concorde, bien que celle au-
tomobile, ainsi fJtlil ig été prouvé ensuite,
ne renfermât que des Parisiens sans his-
toire.y oi/à pourquoi, enfin, on l'a retrouvé
dans une automobile e de couleur grenat »
qui — circonstance aggravante —possé-
dait une - galerie » et se dirigeait vers
Mont-de-Marsan.
Des télégrammes secrets furent échan-
gés, et le parquet de Bordeaux s'agita.
L'automobile grenat, portant toujours
sa galerie, arriva bien a Mont-de-Marsan.
Mais quand elle fut ouverte, il en sortit
un pharmacien.
Lorsqufil sut qu'on lavait pris pour
Mme Humbert, il tira de cette erreur
beaucoup de vanité et une clientèle nom-
oreuse.
J. HELLÉ.
Chez Mlle Delasalle
1 J*
Les femmes artistes n'ont pas à se plain- t<
dre pour le quart d'heure : on s'applique à ti
reconnaître leur talent ; hier, c'était Mlle
Duffau qui obtenait sa seconde médaille, t<
aujourd 'hui, c'est Mlle Angèle Delasalle qui n
voit son beau portrait de Benjamin Cons- n
tant acheté par l'Etat pour être placé au v
Musée du Luxembourg. dl
Mlle Delasalle, une des élèves préférées n
du maître qui vient de mourir, compte du éi
reste parmi les personnalités artistiques.
Bien que jeune encore, elle a déjà obtenu n
de nombreuses récompenses et l'apprécia- d
tion dernière de Benjamin Constant la sa-
crant « maître nouveau » n'est pas parmi 1
les moindres, au contraire. j
En dépit de sa notoriété Mlle Delasalle est 1
accueillante et d'une simplicité aimable qui li
s'effarouche un peu des compliments que h
lui vaut le magistral portrait qui va faire s<
son entrée au Luxembourg. t4
— Ahl mon pauvre cher maître, me dit
avec une émotion mal contenue Mlle Dela- s
1 salle, comme je suis heureuse d avoir pu e
avant sa mort lui donner la joie de voir son t<
portrait acheté par l'Etat. fi
« Caril aimait beaucoup ce tte toile. «C est r
comme cela que je me comprends s écriait- tj
il parfois, oui, c'est bien moi, et c est ainsi fi
que je voudrais passer à la postéttté rh
« Aussi quel plaisir il a ressenti en ap- ti
prenant la décision de MM. Leygues et Rou- e
Ton. Je ne pouvais à ce moment-là m imagi- c
ner que la mort était si près de le frapper.
« Je travaillais chez lui pour le distraire ; q
durant les heures de bonne causerie, nous à
parlions de l'avenir, et sa pensée était loin à
de l'abominable réalité. »
Mlle Delasalle qui m'a reçue dans un char- t
mant salon qui porte l'empreinte de son
tempérament très artistique et très person- ,
nel, est en blouse de travail; pour toule pa- .
rure, un simple collier d'argent finement J
ciselé, qui tranche sur la simplicité du vê-
tement..
Avec une courtoisie exquise, elle se prête
aux exigences d'un important question-
naire biographique.
Parisienne, née à Paris, de parents pari-
siens — ce qui n'est déjà pas si commun — g
elle est l'élève de Benjamin Constant et de s
Jean-Paul Laurens.. c
Enfant,elle adorait les enluminures et les j
images, et déjà se développait en elle,
l'amour du dessin et du coloris.. (
Elle fit ses études chez les Dames Anglai- j
ses de Neuilly, le fameux couvent de (
George Sand, qu'elle ne quitta que pour ,
s'adonner complètement à la peinture. (
Toute jeune encore, dès 1895,elle obtenait ,
une mention ; c'était te commencement de j
ses succès. En 1897, elle décrochait sa troi- ,
sième médaille, bientôt d'u... deuxième ; on j
lui décernait une bourse de voyage qui lui l
permettait de visiter l'Angleterre, la Hol-
lande, l'Italie et une petite partie de 1 'Alle- ,
magne; pèlerinage fort fructueux pour (
l'art du reste, puisque l'Etat achetait plu-
sieurs études faites au cours de ce voyage.
En 1900,Mlle Delasalle obtint une médaillé
d'argent; entre temps elle avait été choisie
pour le prix Piot. Parmi les merveilleuses
œuvres de cette artiste de tempérament, on
peut citer l' Abreuvoir du Pont de Saint-Cloud
d'un coloris si vivant, la Forge, une puis-
sante étude d'une virilité superbe qui fut
achetée pour le musée de Rouen et le Ter-
rassier, un vrai morceau de maître acquis
par la ville de Paris pour le Petit Palais.
Peu à peu, notre causerie devient plus
amicale, Mlle Delasalle me parle de Mme
Clémence Royer, notre éminente collabora-
trice, dont la place demeure toujours dou-
loureusement vide parmi nous, et elle me
conte comment elle put faire le portrait
de cette femme si remarquable.
C'était quelques jours avant la mort de
Mme Clémence Royer et l'œuvre de Mlle
Delasalle est d'autant plus intéressante, que
c'est un document unique. C'est M. Benja-
min Constant qui se chargea de demander
à Mme Clémence Royer une cc pose » de fa-
veur pour l'élève qu'il admirait.
— Celas'est passé bien simplement,m t ex-
plique l'artiste. J'avais lu le discours admi-
rable prononcé par Mme Clémence Royer au
banquet qu'on lui ayait offert pour fêter sa
nomination de chevalière de la Légion
d'honneur.. , ,,
« Enthousiasmée, j'envoyai la découpure
, de cette belle page a Londres, en écrivant
à mon vénéré maître tout ce que je pen-
sais du puissant cerveau de Mme Royer.
— Puisqu'il en est ainsi, me répondit-il,
puisque vous admirez comme il le mérite
cet esprit supérieur, il faut faire le portrait
de Mme Clémence Royer, ce sera une belle
CBUVT6
« Et, en effet, M. Benjamin Constant pria
; cette femme si supérieure de m accorder
; Quelques séances.
« Voici la lettre délicieuse qu 'il reçut en
réponse à sa demande, je la conserve com-
me un gage précieux :
Monsieur,
Je vous remercie de votre bienveillante lettre
! et me sens très flattée de votre demande. Je se-
; rai très heureuse de voir mon vieux visage re-
. preduit par une femme qui a mérité vos suf-
frages, et suis toute prête à me mettre à sa dis-
position. Il y a toutefois une difficulté. Je suis
' impotente, prisonnière tout l'hiver, dans 1 at-
: mosphère du calorifère, qui redoute les chan-
. gements de température, ne sort plus qu accom-
pagnée, même en voiture, et dont les jambes se
1 relurent à monter les escaliers. Comment faire
i en pareille occurence ? Où est l atelier de Mlle
. Delasallc? et surtout à quel étage?
Votre lettre, monsieur, m'apprend que vous
» êtes mon voisin; pourriez-vous offrir fhospita-
► lité à l artiste et au modèle?
J'aurais ainsi l'occasion de vous connaltre, de
vous remercier de vive voix de toutes les choses
aimables que m'apporte votre lettre.
Peut-être que votre santé meilleure vous per-
i mettra, en passant devant ma porte, de venir
me donner réponse ou que Mlle Delasalle me
, fera le plaisir de me l'apporter.
Recevez je vous prie, Monsieur, avec l expres-
5 sion de mon admiration pour l'un des grands
l peintres du siècle, l'assurance cordiale de mes
sentiments de confraternité intellectuelle.
CLKMBNCB Rona.
» Ce 12 janvier 1902. , .
55, Boulevard Bineau, Neuilly (Seine).
• , Les séances commencèrent, non point
chez Mlle Delasalle ni chez M. Benjamin
» Constant, mais dans la petite chambre, si
- pittoresquement encombrée de la maison
5 Galignani.
Malheurensement, le portrait dut être
achevé à traits rapides ; la maladie alitait
bientôt notre éminente collaboratrice qui
• s'éteignait doucement laissant d'unanimes
s regrets dans le monde savant, et un vrai
. chagrin au cœur de ses fidèles amis.
t Et Mlle Delnsalle, qui a également pris un
croquis de Clémence Royer sur son lit de
r mort, évoque le souvenir des heures pas-
séesdans la cellule de Gaglignani tandis
qu'elle essayait de faire revivre sur la toile
la phy sionomie si particulière et si origi- i
nale de son modèle.
— Elle étaU si bonne et si charmante, me
dit l'artiste, elle avait un sourire si gentil
pour s'écrier : « allons, je vois qu'il faut que
je penche la tête, pwsque vous vous met-
tez à pencher aussi la vôtre pour m'aver-
tir. Là ; est-ce bien ainsi ?»
Clémence Royer est représentée assise,
tenant un livre sur ses genoux. La robe
n'avait pas été sans préoccuper cet éton-
nant esprit, resté féminin, en dépit de sa
vigueur et de sa virilité,et l artiste avait dû
donner son goût, et tranquilliser Mme Clé-
mence Royer, en l'assurant que sa toilette
était des plus convenables.
La mort vient interrompre le travail :
mais il était assez avancé pour être terminé
de mémoire. ....
— Ce portrait n'est pas aussi fini que je
l'aurais désiré, m'explique Mlle Delasalle,
j'aurais traits aimé rendre fout ce que je sentais ;
'aurais voulu en quelque sorte fouiller les
raits de cette éminente petite vieille, pour
lui faire exprimer toutes les hautes pen-
sées nées derrière le front têtu mais si in-
telligent de cette admirable femme.
Telle qu'elle est 1 'œuvre de Mlle Dela-
salle est des plus belles; la phyaionomie
expressive de Clémence Royer est interpré-
tée avec un rare talent et un bonheur par-
fait. C'est le portrait d'une femme supé-
rieure exécute par un vrai maître, et l ar-
tiste peut compter, non sans quelque
fierté, parmi ses meilleurs morceaux, cette
rtmiebrossée en quelque jours, dans l'é-
troite chambrette de la maison Galignagni
en tête à tête avec l'exquise femme que fut
Clémence Royer.
Et nous sommes heureuses de songer
que celle qui nous fut chère, n'est pas tout
à fait perdue pour ses amis, puisque grâce
à Mlle Delasalle, la physionomie si fine de
la « grande Bretonne •» demeure fixée pour
j toujours.
MARIE-LOUISE-NÉRON.
La Vérité sur la fausse
proclamation du Tsar
Détails inédits
Nous tenons d'un témoin dont il n y a pas -
à suspecter la véracité, des détails curieux
sur la façon dont fut lancée la fausse pro-
clamation du Tsar dont il fut question dans
la presse. ,
Voici les faits tels qu ils se sont passés , :
Quelques officiers de gendarmerie avant à
leur tète un général, arrivèrent à Poltawa i
et se firent conduire à l'administration com- e
munale de la ville où ils donnèrent au syn- <
die l'ordre d'assembler le conseil commu- j
nal, pour qu'il leur permît d'exposer aux a
habitants la volonté du Tsar contenue dans (
un décret en lettres d'or revêtue du sceau <
Impérial et du sceau de l 'Etat, dont le géné- i
ral était porteur.
Le syndic n'osa opposer aucune résis-, .
tance à un ordre ainsi formulé et ne se
douta nullement du piège... i
Le conseil communal, une fois réuni, le
général fit la lecture du décret impérial ,
par lequel le Tsar était censé donner au |
peuple tous les domaines des propriétaires |
et il aliéner à son profit tous les biens des ,
\ seigneurs. La lecture de ce décret mit les ]
f paysans dans une extrême agitation. Ils se {
' mirent à hurler, à trépigner de joie et à
L exiger du syndic qu'il les mettrait immé-
; diatement en possession de tout ce que les
seigneurs possédaient. i
Le malheureux syndic venait de com-
' prendre la comédie des faux officiers nihi-
' listes déguisés dont il s'était fait involon-
" tairement le complice....
Voulant gagner du temps, pendant lequel,
5 il envoya chercher le chef du district(Zemsko
I Natchalnikl) et un régiment de milice, il
entra en pourparlers avec le faux général
' et des délégués des habitants.
5 Sur ces entrefaites, les faux représentants
31 de l'Ordre Impérial disparurent et lorsque
" le chef du district voulut instruire les pay-
p sans de l'infâme supercherie dont ils ve-
" naient tous d'être victimes ceux-ci trop
excités ne voulurent rien entendre.
Furieux de' leur déconvenue, lorsque le
■ chef du district eut refusé de les mettre en
J possession des biens seigneuriaux, ils se
i ruèrent sur les maisons, cassant, sacca-
II geant tout, ivres de rage et de destruction.
Les gardiens des propriétés attaquées
® fuyaient abandonnant leur petit avoir, ne
't voulant pas être immolés à la cause de
l- leurs maîtres....
Trois régiments parvinrent difficilement
1 , à calmer le peuple qui ne voulait pas ad-
® mettre qu'on l'ait trompé. Plus de quatre
lt cents paysans furent tués par la troupe,
® qui sur 1 ordre des officiers n'hésita pas à
faire feu sur les rebelles.
a Beaucoup de propriétés sont détruites,
r entr'autres la célèbre Dikanka, ancien ma-
noir du prince Kotchoubey, victime de Pierre
n Le Grand...
i- Voici quelques notes historiques sur celle
Lorsq,tie :Massiépa eut conçu le plan de
'8 séparer la Petite Russie de sa grande sœur,
s- d'en faire une principauté indépendante et
s- médita de trahir le Tsar Pierre-le-Grand,
f- qui avait en lui la plus grande confiance,
?* c'est Kotchoubey, qui le déféra au Tsar, mais
!? Pierre-le-Grand, sur de la fidélité de Mas-
; siépa que lui-même avait nommé Hetmann
de fa Petite Russie, (chef des régiments de
je cosaques) ne vit en Kotchoubey qu un déla-
e teur il avait en horreur les dénonciateurs)
le ét le livra ainsi que son ami Islera à la ven-
1 s geance de Massiépa qui fut terrible. Tous
a* deux furent suppliciés.
Plus tard, Pierre-le-Grand regretta ame-
le rement cet acte, lorsqu'il appril que Mas-
.B ' siépa était en relations politiques avec
Charles XII, roi de Suède, et qu'il appela ce
r- dernier à son secours pour délivrer la Pe-
ir tite Russie avec sa parole de la soumettre
e au protectorat de Charles XII..
18 1- CbarlesXIl, célèbre conquérant, vint avec
sa grande armée, mais il fut battu par
11,9 Pierre-le-Grand sous Poltawa, et tous deux
blessés mortellement, n'échappèrent à leurs
ennemis que par la fuite.
Depuis, cette belle et riche Dikanika de-
vint un lieu historique de pèlerinage, où il
it était de tradition de garder la mémoire du
n chef martyr.
si La chambre habitée par le prince Kot.
n eboubey de son vivant fut conservée in-
tacte. C'était une vaste pièce au milieu de
e laquelle était un grand fauteuil à bras, dans
it lequel on avait placé un mannequin revêtu
li du bel uniforme de guerre que portait le
15 vieux prince (cuirasse, casque a visière,
li armes, etc.), jusqu'aux bottes à
rien ne manquait pour complèter I 'illusioil.
n C'était bien Kotchoubey sur son fauteuil ar-
le morié. Autour de lui, d'autres mannequins,
1- des chevaliers bardés de fer semblaient
is lui rendre hommage. Sur les murs, se li-
e saient des édits des Tsars. Et dans un cof-
i- fret précieux, un portrait et une boucle de
cheveux de la malheureuse fille de la vic-
te time de Massiépa, ^atî$^igigf laquelle fut 1§J
cause involontaire de la perte de son illus-
tre père.
A peine âgée de dix-sept ans, elle se
croyait éprise du vieux l'lassiépa qui en
avait soixante, aveuglée qu'elle était par
son admiration pour le favori de Pierre-le-
Grand. Et comme son père s'était opposé à
cette union, sachant le malheur qui mena-
çait son enfant, elle n'hésita pas à quitter
la maison paternelle pour suivre dans sa
faite, môme dans ses exploits contre sa
patrie, l'homme qui était le meurtrier de
son père et qui sut prendre sur son imagi-
nation fascinée d'adolescente un si grand
empire. " „
Après la mort de Massiépa, M&trowna
prit le voile et mourut au couvent.
C'est cette célèbre propriété à laquelle se
rattachaient tant de faits historiques, qui
vient d'être détruite complètement.
A Toula, et un peu partout en Russie
éclatèrent des émeutes que la force publi-
que parvint à réprimer sans trop de pertes.
La révolte sévit partout, habilement di-
rigée par les sociétés secrètes qui attisent
la flamme de la rébellion. On a plusieurs
raisons de croire que les fauteurs des trou-
bles se cachent à Saratow où ils ont leur
typographie souterraine.
La lutte est terrible quand les ennemis
sont invisibles. Aussi des milliers de vic-
times innocentes sont tombées à côté des
coupables..
La Russie traverse une crise sociale. Es-
pérons que les esprits éclairés et justes
triompheront de quelques fanatiques dont
la prétention décisive est de faire trembler
tous les trônes sur leur base et qui. pour
atteindre leur but, ne reculent devant au-
cun moyen d'illégalité, d'injustice et de ter-
rorisaUon. , ...
Le fanatisme social politique ou religieux
entraîne toujours aux pires excès, contre
lesquels la lutte ouverte est malheureuse-
ment impossible.
Il est à. désirer que l'intervention du gou-
vernement russe mette fin au plus tôt, à des
désordres qui compromettent la sécurité de
la nation.
M. DE LYS.
Nouvelles féministes
Amérique
Miss Tora!, une jeune Mexicaine, qui a fait ses
études de médecine à Cincinnati vient de passer son
examen final avec beaucoup de succès. Elle va se ren-
dre à. Guanajuato (Mexique'. où elle a exercé sa
profession conjointement à celle de missionnaire. Elle
a passé les quatre années de ses études dans le Il Home
des Diaconesses Il de Cincinuati et y a reçu une édu-
cation très complète qui la prépare à remplir conscien-
cieusement le poste auquel elle est appelée.
Indes
Voici une légende indienne sur la création de la
femme : . , uMvers. .
< Lorsque Vulcain, créateur de 1 univers, voulut
créer la femme, il s'aperçut qu'il avait employé tous
les matériaux dont il déposait dans la fabrication de
l'homme. Il prit alors les replis du serpent, I adhé-
rence de la plante grimpante, le tremblement de 1 herbe,
l'élancement du roseau, le velouté de la fleur, la lé-
gèreté de la feuille, le regard de la gazelle, la gaite du
rayon de soleil, les larmes des nuages, 1 inconstance
du vent, la douceur du miel, la cruauté du tigre, la
chaleur torride du feu, l'effet engourdissant de la glace
et le bavardage de la pie, et par la combinaison de ces
éléments, Vulcain créa l'être de beauté, la (emme..1
Japon
Les progrès du féminisme sont au Japon d'une ra-
pidité foudroyante.
A la tête au mouvement se trouve Mme Hatayamo,
femme d'uu ancien ministre. Déjà se sont formées
quatre importantes sociétés pour le relèvement et
l'avancement de la femme au point de vue moral,
intellectuel, physique et social. Des résultats prati-
ques sont déjà acquis : l'admission des femmes dans
les services des postes et télégraphes. De nombreuses
maisons de commerce ouvrent leurs bureaux aux
Japonaises et les y appellent comme comptables ou
clercs.
On dit...
LE FAUTEUIL DU COURONNEMENT
Le fauteuil qui doit servir au couronnement
du roi d'Angleterre n'est pas ce qu'un vain
peuple pense. Ce meuble respectable que les
Anglais appellent « The Coronation Chair >
ne sort bien entendu, ni du Faubourg Saint-
Antoine, ni de chez les Waring and Gilow,
encore moins des ateliers où fleurit le modem
style.
Le trône antique date du temps d'Edouard
le Confesseur qui rebâtit le fameux minster
ou moustier des Bénédictins de l'ile de Thorn
et légua à la monarchie anglaise la couronne
et la c Chaise » du Sacre. Tout en chêne,
très vermoulue, la respectable relique est cri-
blée de petits trous de la grandeur d'un grain
de plomb.
Edouard VII y prendra place sur un cous-
sin de drap d'or et de pourpre.
MAIS OU SONT LES PELOUSES D'ANTAN?
Un naïf, peu au courant des habitudes ad-
ministratives, disait qu'il est étrange que
l'administration municipale n'ait pas encore
mis en état les terrains occupés, jadis, aux
Champs-Elysées, par l'ancien Cirque d'Eté...
En effet, on nous avait annoncé, il y a plu-
sieurs mois, que, tous nouveaux projets de
reconstruction ayant été définitivement re-
poussés, les murs bâtis par la société en fail-
lite allaient être rasés et remplacés par des
pelouses et des massifs.
La solution parut excellente, car les fleurs
et la verdure se font de plus en plus rares
aux Champs-Elysées, envahis chaque jour
par de nouveaux beuglants.
Or, la première partie du programme a bien
été remplie. Les murs ont été rasés. En fixant
un délai pour leur démolition, l'administration
avait même fait montre d'un empressement
que l'on pouvait juger de bon augure.
Mais ceci fait, elle se reposa. La palissade
existe toujours et, derrière ses planches, s *&
tend maintenant un vaste terrain ravagé.
A quand les pelouses, à quand les fleurs
promises î
LA PÊCHE MIRACULEUSE
Si les pêcheurs de perles ont de fréquentes
déceptions, ils ont parfois de précieuses trou-
vailles. L'un d'eux, de Perth, en Australie, a
découvert une perle phénoménale, non seule-
ment comme grosseur, mais aussi comme
orient. Cette merveille a du reste été aussitôt
achetée par un groupe de négociants, la co-
quette somme de 15,000 livres, autrement dit
A75.000 francs....
%roiU pêche rçj£çuleu«et
STATISTICIEN CONTRE STATISTICIEN
Le péril de la dépopulation dont les statisti"
dens nous menace à propos de tout et de
rien ne, serait qu'un pénl imaginaire 1 •
A statisticien, statisticien et demi. Un de
nos confrères, M. Marcel Réjà, vient de pu-
blier un étude très documentée, à l'effet de
démontrer que les doléances sur la crise de la
natalité chez nous ne sont point aussi justi-
fiées qu'on veut bien le dire.
D'après les travaux de H olt Schoting, te
nombre des naissances pour 120,000 habitants
a diminué : pour la France de 35 ; pour l'Al-
lemagne de 40 ; pour l'Autnche et l'Italie de
21; pour le Royaume-Uni de 53. et pour l'An..
gleterre seule de bi.
La France n'a donc fait que précéder les au-
tres pays dans ce mouvement de diminution.
Mais elle est déjà distancée.
Donc, rien à craindre.
LA DAME D. VOILÉE.
NOUVELLES
Déplacements
Le roi Léopold de Belgique qui était &
Chanlilly depuis dimanche est parh lundi
soir par l'express de 6 il. 25 se rendant &
Bruxelles.
-
La princesse Radolin femme de l'ambas-
sadeur d AUemagne à Paris a quitté Paris
se rendant à Berlin.
Académie de Médecine
La séance s'est ressentie de la chaleur et
de rapproche des départs en villégiature,
aussi n'y a-t-il à signaler qu'une très sa.
vante communication de M. Laver an sur les
trépanozomes et les céphalozomes, et une
présentation faite par M. Lannelongue d'un
mémoire de M. le docteur Albert Ilagalski
de Folkestone sur l'origine phénicienne de
la lèpre en Bretagne.
D'après l'auteur, le Mal de Saint-Lazare
en Armorique serait un reliquat du pas-
sage des Phéniciens dans ce pays et remon-
leraitàune époque antérieure à la conquête
romaine, ainsi qu'il résulte des diverses
recherches qu'il a faites en s'appuyant sur
la linguistique, l'archéologie, les supersti-
tions locales, etc.
Mondanité
Très élégante malt née dimancne cnez
Mme Jules ïoutain, dans ses salons de la
rue du Printemps pour l'audition d'oeuvres
de M. Albert Lavtgnac. Très applaudis -
Miles Gilberte Baulavon dans Sicilienne et
Menuet et Mlle NoélyVlgnal avec une Barcs'
rolle et Tarentelle à quatre mains jouée avec
le maître et qui a été bissée, M. Marcel
Brun dans Gavotte et Musette ; ces jeunes
élèves de Mlle Juliette Toutain font le plus
grand honneur à la charmante artiste.
Mlle Demangeot a merveilleusement chanté
Pâques fleuries qu'elle a dû bisser. M. H. Ca-
sadessus a eu un vrai succès avec des pièces
d'alto et de viole d'amour. Le maître acclamé
fiar la nombreuse assistance a vivement
félicité ses interprètes; Mlle Henriot a ré-
cité d'une façon charmante des poésies.
Remarqué parmi les invités:
Mmes de Kerbertin, marquise de Martel.,
de Saint-André, Mme et Mlle Villejean, M.
et Mme Casimir Berger, M. et Mme Brun.
MUe Auguez, M. et Mlle de Boulloche, Mme
la comtesse de Siraudin, Mme et Mlle Joly,
Mlle Pergeaux, Miles d'Espagne, Rideau.
Paulet, Levy, M. et Mme Lahitte, M. Mou-
quet, M. et Mme René Bertrand, M. Henri
Lutz, Mme et Mlle de Tanguy, Mme du
Bief etc.
Diverses
Suivant l'usage, M. Léon Bourgeois, nré*
sident provisoire de la Chambre des dépu'
tés, est allé hier après-midi. à l'issue de la
séance de la Chambre rendre visite au Pré-
sident de la République.
1.~~
Mme Emile Loubet reprendra ses récep-
tions à partir de lundi prochain, 9 juin à
3 heures.
vw
Le comité de la Ligue franco-italienne
offre ce matin dans les salons du Grand
Véfour, au Palais-Royal un déjeuner à l'é-
minent artiste italien M. Novelli.
Nécrologie
L'incinération du corps de M. Louis Ga-
lien a eu lieu lundi, au Père-Lachaise. M.
Galien à laissé à l'Etat toute sa fortune qui
s'élève à environ 12 millions à charge tic
verser 80,000 francs à une œuvre charitable
et 30,000 francs à la Société pour la propa-
gation de l'incinération.
M. Galien, fils d'un maître de postes, de-
venu orphelin de bonne heure était venu
à Paris pour suivre ses études philosophi-
curant les années qui suivirent, il par-
courut le monde, curieux des religions, des
mœurs et des civilisations, Ses investiga-
tions s'étaient surtout portées vers l'Orient,
où il avait approfondi les doctrines du
bouddhisme et du brahmanisme.
Revenu en France, il vécut pendant plus
de quarante années à la Ferté-sous-Jouarre.
Il séjourna durant plusieurs années a
Paris où il vivait au milieu de ses auteurs
favoris : Horace, Virgile, Epictete, Scueque
et Marc Aurèle..
Il est mort à quatre-vingt-quinze ans
formulant ainsi ses dernières volontés :
« Je veux que ma fortune revienne à
l'Etat, comme mon corps reviendra au
Grand Tout. »
LA CRISE
Maintenant que la démission du cabi-
net Waldeck-Rousseau est officielle, 10
Président de la République va sans tar..
der, faire appeler le personnage politique
chargé de constituer le nouveau mi-
nistère..
Mais, au préalable, le chef de ..1 Etat
recevra ce matin les présidents des deux
Chambres......
Il est toujours question d "un ministèreA
Combes ou Brisson avec le concours de
M. Rouvier aux Finances; M. Delcasse
et le général André conserveraient leurs
portefeuilles. Les autres départements
ministériels seraient attribués à MM.
Berteaux, Mougeot, Chaumié, Dubief et
Trouillot.
Ce ne sont là que des probabilités, les
rectitudes en pareille matière exigent la
consécration de l'Officiel»
H. S.
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