Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-12-26
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 décembre 1899 26 décembre 1899
Description : 1899/12/26 (A3,N748). 1899/12/26 (A3,N748).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703867r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
. TROISIÈME ANNÉE. — IP 748
MARDI 26 DËC^BHE 1890. — SAINT ËTTENNIS^
' CE NUMÉRO : CINQ' oexitimeffî \
CIIENDRIER RÉPUBLIUU1
5 NIVOSE AN CVIII
-
-1»,
CALENDRIER PROTESTAIT
Passages de la Bible & lire et à :njJitv
ACTES VII, 55
CIlMOfflEi! Illite
ii DÉCEMBRE 1333
u~
CALENDRIER ISRAÉLITE
24 TÉBETH ANNÉE 3333
Prix des Abonnements :
PARIS Un An 20 fr. Six Mois 10 fr. 50 Trois Mois 5 fr. 5G.
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des femmes.
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la rédaction doivent être envoyées à Mme
Emmy Fournier, rédactrice en chef da la
FRONDE.
Aujourd'hui
mess=""26 décembre
A l'Elysée, conseil des ministres.
A 1 h., au Luxembourg, séance de la Haute-
Cour.
Fête de l'Arbre de Noël organisée par les
Associations alsaciennes, au cirque d'hiver.
Chez Marguery, à 9 h , réunion des restaura-
teurs, limonadiers et concessionnaires d'attrac-
lions diverses à l'Exposition de 1000. !
Univcr.-ité populaire, 157, faubourg Saint-An- ¡
toine, à 8 h. t)2 conférence par M. V. Charbon-
nel : Le Pape Léon XIII et la politique du Vati-
can à propos de Joachim l'ecci, parti, des Houx.
Visites aux Musées du Louvre, du Luxembourg,
de 10 h. à 4 h.; Cluny, de 11 h. a 4 h.; Guimet et
Galliera, de midi à 4 h ; Palais de Justice, de Il h.
à 4 h ; Hôtel de-Ville, de 2 à 3 h.; Monnaie, de
midi à 3 h.; Trésor de Notre-Dame, Sainte-Chapelle
eL ranlfieon, do 10 h. à 4 h.; Invalùtes, musée et
tombeau, de midi à 3 h.; Jardin dus Plantes, la
ménagerje, de 1 h. à 5 h.; galerie d'histoire na-
turelle, de Il h. à 3 h.; Aquarium du Trocadéro,
de li à 11 h. et de 1 à 3 h.; Valais de Saint-Ger-
niant, de 10 h. 1/2 à 4 h.; Palais de Fontaine-
bleau, de lt h à 4 h.; Versailles : le P.dais et les
Trianons, de 11 à 5 h.; Le Jeu de Paume, de midi
à 4 heures. M usée Carnavalet, de 11 Ii. à i h.
Essais sur
les Femmes
La toilette de Nicole
Dans son cabinetde toilette très éclairé,
Nicole en corset jupon de gala, en
souliers brodés, assise devant la chemi-
née se chauffe mélancoliquement. Elle
attend Mariette qui n'en finit plus de
coucher les enfants et de qui elle a be-
soin pour achever sa toilette. Ils vont ce
soir, René et elle, au bal de Marguerite
Trabère. son amie d'enfance, mariée à
Paris et qu'elle y a retrouvée.
Le premier bal à Paris 1 Nicole a certes
appelé de tous ses vœux cette occasion
d'entreprendre avec sa beauté, la con-
quête de la capitale. L'heure est venue
et Nicole se sent triste. Qui sait? après
tout, une soirée de Paris, une soirée de
province, ce n'est peut-être pas si diffé-
rent! Et d'abord, cela prélude de m'me.
Il faut s'habiller en grand tralala, c'est-
à-dire se décolleter. Pas plus à Paris
qu'à Carpentras, on n'a encore imaginé
mieux pour comble de parure que de se
mettre nue. Les convenances, qui défen-
dent d'ôler ses bas si l'on se trouve plus
de d::mx, ordonnent d'enlever sa chemise
dès qu'on est cinquante. Il semble que
les femmes aient retourné la devise du
Gascon :
— C'est le moment de nous cacher,
montrons-nous !
Nicole contemple avec concupiscence
deux Tanagra qui exécutent sur sa
cheminée leurs évolutions immobiles,
Avaient elles de la chance,ces Antiques!
Elles sont là qui dansent, voilées de la
tète aux pieds. Le coup d'œil n'y perd
rien, l'indiscrétion étant la vertu essen-
tielle des draperies, on les voit des pieds
ia la tète. A la bonne heure, c'est de l'en-
sciiiL>IQ cela! L'harmonie ininterrompue
de la ligne, mise en valeur, continuée,
développée, par le jeu mouvant des
cto'Yes.
Nicole coule des yeux navrés vers sa
robe de salin rose,allongée sur une ban-
quette au fond de la pièce ; les yeux na-
vrés de Nicole s'arrêtent plus navrés en-
core sur la vaste échancrure qui bâille
entre les épaulettes.
La porte s'ouvre. C'est Mariette.
Mariette manipule un moment sur la
toilette des objets qu'elle y trouve prépa-
rés. Puis, solennelle, comme un prêtre
qui monte à l'autel, une cuvette minus-
cule d'une main, une minuscule éponge
de l'autre, elle s'avance vers sa maî-
tresse. Nicole regarde venir Mariette, la
cuvette et I,ér)onge ; et l'abîme de déso-
lation où gtt son âme se creuse un peu
plus.
Mariette badigeonne de blanc les épau-
les de Madame. Nicole n'est pourtantpoint
noire. Et encore Victor Hugo n'a-t-il
point célébré les nudités brunes de la
Esmeralda. Mais la bohémienne n'ôtait
sa gorgerette qu'aux yeux du capitaine
Phœbus. Au bal, pour tout le monde, il
n'est ni collet blond ni brun qui tienne :
il faut être blanche, d'un beau blanc de
céruse saupoudré de bismuth. Nicole
sacrifie au ravalement de rigneur, le
grain délicat, le ton doucement rosé de
sa peau.
Voilà qui est fait, Nicole éternue dans
un nuage de poudre. Hostile, elle mar-
che vers la robe rose libéralement dé-
colletée et s'y insinue de mauvaise grâce.
Les panneaux de glace lui renvoient
l'image d'une créature bizarre mi-satin,
mi-chair. Elle appelle :
— René!
Le mari qui s'babille dans sa chambre
parait. Nicole se campe devant lui, agres-
sive :
— René ! me trouves-tu plus jolie ainsi
que d'ordinaire ?
René Granval ébauche une moue,
hausse l'épaule. Il ne sait pas. Pour lui,
Nicole en robe de nuit, en robe de bal
ou sans robe aucune, c'est sa Nicole
toujour de même. Il s'assied, et enfile
ses gants.
Mariette part chercher la voiture.
— Tu as beau dire, fait Nicole à René,
qui n'a rien dit, cette lucarne de peau —
un mot de Gyp — ça n'embellit pas, au
contraire. Les plus jolies têtes ainsi dé-
garnies, isolées de la parure, perdent
leur expression. Nos coquettes aïeules
du siècle dernier le savaient bien, qui
pour garder, en dépit da décolleté, son
importance au visage, l'entouraient de
coiffures volumineuses, de colliers les
uns sur les autres, l'illuminaient de
rouge, le piquaient de mouches.
Nous autres, nous sommes simplistes,
nous dédaignons ces artifices. Or, le dé-
colleté en soi, qu'est-ce, je te le de-
mande...
On peut demander tout ce qu'on vou-
dra à NI. (îranval; il n'entend pas; il
boutonne son deuxième gant!...
.... sinon un reste de barbarie, une de
ces lacunes que les peuples primitifs
laissaient à leurs peaux de bêtes, faute
de savoir les ajuster aux contours du
corps, de même qu'ils allaient jambes et
bras nus parce qu'ils ignoraient l'art de
tailler des manches et de tricoter des
bas. Nos vieux Francs, hommes et fem-
mes s'habillaient de la même soie échan-
crée. Oserais-tu dire que ces messieurs
y missent de la coquetterie? Aujour-
d'hui, encore au fond le l'Orient attardé
où les zen dans les harems ne portent
rien du tout sous leurs jupes évasées
d'étoffes raides, c'est tout simplement
qu'elles n'ont point appris à confection-
ner des combinaisons, si tu en veux une
preuve...
René fait signe que oui;. H veut la
preuve.
— Récemment, un marchand avisé
ayant fait offrir dans un sérail royal
d'affreux maillots de coton blanc, les
princesses les ont achetés et s'en parent
avec ivresse.
— Mon petit chat, dit René, tu me fais
songer aux prédicateurs de la Renais-
sance.
Il s'en va : il a encore son pardessus
et son chapeau à prendre. Nicole conti-
nue in petto son monologue.
— L'instinct civilisateur nous veut
vêtus. Le uu vivant n'est bon que pour
les abandons de l'intimité ou la rusticité
de la pleine nature ; on n'en saurait faire
une élégance.
Nicole songe a toutes les disgrâces
dont paraîtront affligés tout à l'heure
dans les lumières fausses, parmi les voi-
sinages de couleurs hasardeux, dans
l'agitation, dans le froid, dans la chaleur,
dans les promiscuités, les décolletés les
plus charmants. Puis elle soupire.
— On devrait au moins pouvoir choi-
sir ce qu'on montre. L'égalité n'est qu'un
mot.
J'ai oublié de vous dire que le galbe
des épaules de Nicole laisse à désirer.
Quant elle avait dix-huit ans elle s'en
consolait en pensant que l'heure de la
maturité n'avait point sonné. Mais elle
avance vers la trentaine et ses épaules
s'obstine à ne point mûrir.
Si vous me demandez maintenant
pourquoi la robe rose s'ouvre au delà de
tout ce que réclame le cérémonial le plus
exigeant, je vous répondrai que Nicole
avec des épaules indigentes a, comme
dit Musset « la poitrine bien » ; Nicole
est polie; elle sait qu'il ne convient point
d'offrir les épines sans les roses; c'est
pourquoi elle veille à ce que sa coutu-
rière ait le coup de ciseau généreux.
Mariette revient par une porte, René
rentre par l'autre. Il tient aux doigts un
vieux petit volume qu'il remet à sa
femme. Nicole, étonnée, pressée par Ma-
riette qui l'enroule dans son manteau, le
pose sur la cheminée et n'a que le temps
d'apercevoir le titre : De l'abus des nudi-
tés de gorge.
Nicole comprend que René se moque
de son pedar.tisme.
JANE MISMK
Ceux qui n'ont pas
Réveillonné
L'étalage de la grande épicerie dé-
borde sur le trottoir : les oies, les din-
dons, les canards s'alignent en théories
dodues. au-dessus des amoncellements
multicolores de dragées et de fondants.
Les acheteurs se bousculent, lds garçons
| s'affairent, le patron resplendit...
Un couple de pauvres gens lorgne les
somptueuses victuailles. Au milieu des
remous de la foule, dans la cohue des
bonnes et des ménagères, ils demeurent
immobiles, en extase.
Tout à coup, la femme se décide, ac-
coste un garçon :
— Combien la moitié d'un lapin?
— Le lapin, c'est à la livre, madame...
seize sous...
Hésitante, elle regarde son homme,
qui l'encourage d'un clin d'œil :
— Vas-y 1 La moitié, ça ne doit pas
être bien lourd.
Sur un tas sanglant de bHes écor-
chées, le garçon saisit un lapin par les
pattes, d'un couteau preste le fend de la
queue au museau, le couche en rond sur
la balance et proclame :
— Il y en a pour quarante-deux sous,
la petite mère.
— Quarante-deux sous ! répète la
femme; et, consternée, elle regarde lon-
guement une pièce de deux francs au
creux de sa main gercée,
Puis, timide :
— Vous ne pourriez pas m'en enlever
pour deux sous ?
— Ce n'est pas possible, Madame, ré-
plique le garçon,péremptoire ; ça gâterait
la bête.
— Mais le foie ?
— Y a pas de foie qui tienne; c'est
quarante-deux sous, à prendre ou à
laisser.
Le couple se consulte :
— Tas pas deux sous ?
— Tu sais bien que non...
— Personne ne pourrait te les prê-
ter?
Cependant le garçon s'impatiente, hêlé
par autres clientes.
— Faut vous décider, j'ai pas que vous
à servirl...
— Soyez gentil, supplie la femme,
laissez-le moi pour quarante sous.
Mais le garçon tourne le dos, dédai-
gneux.
— Allons, pas tant de raisons, fait
[texte illisible]
l'homme avec un regard circulaire,
comme pour s'assurer que personne
n'a souri. On sait ce que c'est que du
lapin, pas vrai?
Et ils s'éloignent, serrés l'un contre
l'autre, la femme, ia tête basse, semble
plus humble encore; l'homme, les mains
dans les poches, se redresse, plastronne,
l'air goguenard.
Avec deux sous, j'aurais pu faire deux
hcureux;mais ce pauvre diable m'a paru
si superbe, si « César de Bazan » que je
n'ai pas osé les lui offrir...
UNE PASSANTE.
LA LOI COCULA
Il lui restera, ce nom à désinence la-
tine qui évoque l'idée de quelque loi tri-
bunitienne. Ce sont ses adversaires qui
le lui ont donné ; parce qu'un conseiller
général de ce nom, jusqu'ici resté obscur,
en a eu le premier l'idée. Elle a ce résul-
tat de jeter l'émoi dans le camp clérical.
Si on y crie si fort, c'est qu'on se sent
touché au bon endroit, à la fibre sensi-
ble. Il appert de cela que ladite loi ne
„. sera pas aussi inefficace qus se fllait.à
dire M. Jules Roche. ~ ' j?
A cet égard notre consœur lui a tres
pertinemment répondu dans la Fronde
que si l'enseignement des Jésuites en-
fanta parfois un Voltaire, c'est par mé-
garde et bien malgré lui. Il y a, en effet,
des esprits, en petit nombre malheureu-
sement, qui résistent à toutes les défor-
mations. Comme des ressorts de bon
acier, ils se redressent de toutes les
courbures. Mais combien d'autres res-
tent à jamais fléchis, tordus, gauchis
sous les mains qui les ont plies! Si notre
génération est si veule, si molle, si flot-
tante dans ses convictions, n'en faut-il
point chercher la raison dans un ensei-
gnement contradictoire qui prétend
concilier l'inconciliable et fabriquer des
savants avec des croyants ? Comme ré-
sultat il produit des sceptiques qui ne sa-
vent, ni ne croient, et demandent,
comme Pilate : qu'est-ce que la vérité?
C'est d'ailleurs commode pour ceux qui
passent leur vie à ménager la chèvre et
le chou, à dire aux uns : je suis o:seau,
voyez mes ailes ; aux autres, je suis
souris, voyez mes pieds. Cela fait des
animaux mi-partis, qui ne ressemblent
que vaguement à des hommes. Tel est le
gros troupeau de Panurge que forme
l'Eglise dans ses écoles, l'un nourrissant
l'autre et réciproquement.
La raison du succès des écoles congré-
ganistes, selon M. Cornély, c'est qu'elles
réalisent, mieux que celles de l'Univer-
sité, la vie de famille. Il peut au moins
paraître singulier que des hommes qui
font vœu de célibat.comprenncnt mieux
la vie de famille que des professeurs,
presque tous mariés ou destinés à
l'être. Il y aurait un moyen pour que
nos lycées réalisent la vie de famille,
ce serait d'y introduire des femmes,
sinon comme professeurs, du moins
comme surveillantes des classes, des ré-
créations, des réfectoires, et de tout ce
qui concerne l'hygiène. Même comme
proviseurs,elles remplaceraient les hom-
mes avec avantage. De telles fonctions
ne conviendraient point à des jeunes
femmes, mais il des aïeules, à des fem-
mes entre quarante et soixante ans, qui,
après avoir élevé des, fils, auraient quel-
que expérience des petits travers de la
jeunesse et uneindulgente sévérité pour
ses écarts, quand la vivacité du tempéra-
ment y a plus de part que la méchan-
ceté.
M. Cornély conseille au contraire de
nommer des prêtres proviseurs dans les
lycées de l'Etat. Gribouille n'aurait pas
imaginé mieux. Cette fois notre éminent
confrère a manqué à son habitude
d'avoir de l'esprit. Cela lui arrive régu-
lièrement, quant il sent fermenter en
lui le vieux levain catholique qui, dans
son état normal, disparaît sous une cou-
che épaisse d'hérésie inconsciente. Cet
homme-là eût été brûlé vif, et la hart au
cou, au Moyen âge ! Mais sous le ponti-
ficat de Léon XIII, pour lequel il aime à
dire son admiration, il est avec le ciel et
son église des accommodements.
La loi Cocula inanquera-t-elle son but,
comme le dit M. Jules Roche? Bien
qu'elle ne soit qu'en projet, elle a eu
déjà ce résultat de relever relativement
la population des institutions laïques de-
puis la rentrée. C'est que si les mères se
préoccupent surtout du bien-êlre maté-
riel de leurs chers petits, quand ils quit-
tent leurs jupes, et si elles sont aisé-
ment séduites par les conseils de leurs
confesseurs qui leur montrent les insti-
tutions congréganistes comme des pa-
radis pour les enfants, les papas songent
surtout aux succès de leurs héritiers
dans la vie. Jusqu'ici le monde clérical, si
ardent contre l'aide mutuelle des sociétés
maçonniques, a constitué une franc-ma-
çonnerie bien autrement nombreuse et
plus solidement hiérarchisée, ou de géné-
ration en génération, on se fait la courte-
échelle pour occuper exclusivement tou-
tes les positions sociales avantageuses,
celles qui donnent autorité ou fortune.
Du moment qu'il cesserait d'en être
ainsi, et que le titre d'élève des jésuites
deviendrait une tare, une défaveur, un
1 obstacle aux rapides avancements : bon-
I soir, messieurs les curés, diraient les pè-
res, qui n'y tiennent pas autrement, et
! qui savent à quoi s'en tenir sur la valeur
scientifique de leur enseignement. Voilà
pourquoi l'Eglise et ses défenseurs sont
si acharnés coioiignem. Cocula, et s'ef-
forcent de la ridiculiser.
C'est surtout au nom du principe de la
liberté de l'enseignement qu'ils l'atta-
quent. On veut détruire l'enseignement
libre. Ici, faisons nos réserves. Le vérita-
ble enseignement libre, c'est-à-dire lai-
que, indépendant, en fait n'existe plus.
Il a été écrasé entre l'enseignement de
l'Etat et celui des congrégations qui a
vraiment mauvaise grâce à se décorer
du titre d'enseignement libre, puisque il
est étroitement dépendant des principes,
des doctrines, des traditions de l'Eglise
et de son chef suprême, le pape. Ce n'est
donc point la liberté de l'enseignement
qui est en cause. Il s'agit de la lutte en-
tre deux monopoles, entre deux hiérar-
chies, irrémédiablement hostiles et en-
nemies, au point qu'il faut que l'une tue
l'autre.
Les défenseurs des congrégations di-
sent, avec Joseph de Maistre, aux défen-
seurs de la société laïque. « Quand vous
êtes au pouvoir nous vous demandons la
liberté au nom de vos principes ; nous
vous la refusons au nom des nôtres,
quand nous sommes les maîtres ».
Qu'on retourne l'argument. Que la so-
ciété laïque refuse à l'église, en vertu de
ses propres principes,la liberté que celle-
ci lui dénierait, si elle redevenait mal-
tresse.
La liberté d'enseigner suppose des
conditions de compétence. Tout institu-
teur, dans notre société moderne, doit
faire ses preuves de capacité scientifique
et d'indépendance d'esprit. Sa raison
doit être en équilibre, et son jugement
affranchi de ces idées préconçues qu'on
appelle des dogmes. 11 doit savoir et non
pas croire.. Les déments, les idiots, les
\ nifiinnr>r';"r"* fan.iliqMAa. jia nflmfflnUirf-
! tendre à la dignité d 'i*nstl-tuteur's. On
n'autoriserait pas à tenir école publique
un homme qui soutiendrait que le pro-
duit de deux nombres, au-dessus de
deux, est égal à leur somme, ou que le
diamèlre d'un cercle est égal à sa cir-
conférence. Cn individu qui fait semblant
de croire la douzaine de thèses absurdes
qui constituent le Symbole de NieÚü,
doit a fortiori être exclu du droit d'en-
seigner. Il ne peut avoir la liberté de
tenir école et de communiquer sa folio
à des enfants dont l'Etat est le tuteur lé-
gal, même contre l'autorité paternelle,
quand celle-ci devient abusive. Do même
qu'aujourd'hui il y a une loi qui protège
l'enfant contre les sévices physiques de
parents indignes et le soustrait à leur
pouvoir, de même l'Etat est intéressé à
ce que les familes ne déforment pas la
raison de leurs enfants par un enseigne-
ment qui trouble leur intelligence et dé-
truit l'équilibre de leur jugement.
Dins notre société moderne, aucune
école dite confessionnelle, dirigée par
des pr'tres d'une quelconque de ces reli-
gions qui se prétendent révélées par voie
surnaturelle, ne saurait être tolérée ;
que ces prêtres soient bouddhistes ou
mahométans, ou juifs ou chrétiens, de
toutes les sectes.
Quant aux prêtres de l'église romaine,
il y a à leur interdire l'enseignement de
l'enfance, une raison de plus, c'est que
la papauté étant un pouvoir internatio-
nal, il est souverainement imprudent de
laisser ses congrégations s'emparer de
l'esprit de la jeunesse.
Que l'Eglise subisse donc sans s'en
plaindre, la loi Cocula, dans la crainte de
quelque chose de pire. Cette loi est insuf-
fisante, voi!à son toi t ; mais en attendant
mieux, c'est un progrès.
CLÉMENCE ROYER.
GRACE
Une institutrice française,Louise Mas-
set, récemment condamnée à mort en
Angleterre,pour avoir assasssiné son en-
fant, doit être exécutée Ir. U janvier pro-
chain... Telle est la triste nouvelle que la
presse anglaise vient de nous apporte!' et
qui a impressionné les lectrices de la
Fronde a tel point que j'ai reçu, hier, des
quatre coins delà France, des lettres d'ins-
titutrices me priant de vouloir bien pren-
dre l'initiative d'une pétition qui serait
adressée à la reine Victoria pour la sup-
plier de gracier une femme, coupable
certainement du plus monstrueux des
crimes, mais ayant.droità la pitié comme
tout être humain.
Ces lettres me disaient aussi que la
Fronde est mieux placée que qui que cc
soit pour remplir une pareille mission.
D'abord, parce que la condamnée, mère
d'un enfant naturel, est, elle aussi, une
victime; la victime des préjugés sociaux
que la Fronde combat et qui font trop
souvent, de la maternité illégitime une
tare inelfaçaulc,un invincible obstacle au
relèvement. Ensuite, parce que la Fronde
n'ayant cessé de protester contre !es in-
qualifiables attaques dirigées récemment
contre les Anglais et la reine Victoria
elle-même, par une partie de la presse
française, s'est créé, en Angleterre de
sérieuses sympathies, et que sa voix doit
y être entendue.
Je n'ai pas été la seule à recevoir
de semblables lettres, puisque l'une de
de mes plus éminentes collaboratrices,
Mme Pauline Kergomard m'écrit :
Madame la Directrice,
Je viens de recevoir une lettre dont j'ex-
trais les passages suivants :
Il Je suis toute bouleversée par l'article
ci-joint du Petit Parisien de ce jour dont
voici les termes :
L'exécution de Louise Masset, l'institutrice
française condamnée à la peine capitale pour
avoir assassiné son petit garçon trouvé mort
dans un lavatonj de la gareide Daltlin, près
de Brighton, est fixé au mardi i) anru'r.
La malheureuse, qui aurait commis son
crime parce que l'existence de cet enfant illé-
gitime pouvait faire échouer un mariage qui
s'offrait fi elle, est dans un état d'affaissement
complet ei la suite des longs débats, auxquels a
donné lieu cette affaire.
« Quoique notre cœur maternel se révolte
d'horreur contre un tel crime, nous som-
mes prises d'une immense pitié pour la
coupable qui doit être torturée par les re-
mords et par les affres du supplice. !
Il Au nom même de l'humanité qu'elle a si
cruellement blessée, du patriotisme qu'elle
a si ignominieusement outragé, de la. soli-
darité qu'elle a méconnue, nousvenons im-
plorer le secours de votre plume... etc.
1( Nous voudrions que la malheureuse
Louise Masset eût la vie sauve et que sa
peine fut commuée, lui laissant le temps
de déplorer et d'expier son crime horrible.
(t Voulez-vous vous mettre à la tête des
institutrices de France, cemmunales et li-
[texteillisible]
bres qui se grouperont autour de nous
pour qu'on lui accorde le droit dp, vivre?
« Un immense mouvement, un appel à la
clémence retentissant jusqu'au delà du
oélroil, de puissantes autorités a gagner à
notre cause sont les éléments indispensa-
bles à la solution demandée.
Il Voulez-vous, Madame, être l'éloquente
avocate de cette cause ? etc... »
Vve Foit'r]FR *FIIOESClIrL.
directricd de l'Ecole maternelle,
9, rue de Moussy. »
J'ai répondu :
Je ne puis ni ne veux me soustraire à
l'honneur d'être le porte-drapeau de la pi-
tié.
Même isolé des circonstances qui, d'après
le Petit Parisie.i l'ont aggravé, le crime do
Louise Masset est abominable. Mais la pitié
ne serait plus elle-même si elle se laissait
éloutrer par l'indignité des coupables. Elle
veut s'exercer, même en faveur de la mère
qui a lut-- son entant, et l'âme angoissée,
nous supplions respectueusement Sa Ma-
jesté le Reine d'Angleterre de laisser la vie
sauve à notre compatriote indigne.
Mais notre (Irapeau de pitié est aussi un
drapeau de justice.
La vie humaine est sacrée!
Elle est sacrée pour la société comme
pour chaque individu.
Parce qu'un de ses membres a commis,
ont pu l'acheminer et dont maint individu
ont leur part de responsai.iiitc (dans le cas
de Louise Masset, le p.--rc de l'entant illégi-
time) parce qu'un de ses membres m,'¡ par
la passion, a commis un crime, elle n'a pas
le devoir d'être rroidemcnt,impasstbtetn(.'at
criminelle il son tour.
I Nous protestons donc contre la peine de
sr.ort, reste de l'ancienue barbarie;
Contre la peine de mort appliquée par
des hommes sujets a l'erreur;
Contre la peine de mort, si féconde en
suggestions criminelles; que ses partisans
sont réduits a la faire exercer à IliJ ¡s-clos...
comme font les assassins eux-mêmes.
Au nom de la justice, comme au nom de
la pitié, nous supplions respectueusement
Sa Majesté la Heine d'Angleterre de lv.sser
la vie à notre compatriote indigne...
Voulez-vous nous aider, chère madam.î,
et. donner l'hospitalité de la Fronde à cette
supplique.
PAULI-,E KERGOMAUD.
Chevalier de la Légion d'honneur.
J'espère que Mme Pauline Kergomard
m'a fait l'honneur de ne pas douter un
instant de ma. réponse?
Je prie les institutrices qui. depuis la
fondation de ce journal, n'ont ces-:é-
d'être ses lectrices fidèles, de joindre
leurs prières aux nôtres et de nous aider
à sauver une malheureuse des rigueurs
de la loi anglaise.
La Fronde publiera demain une sup-
plique à la reine Victoria. Il faut souhai-
ter qu'elle réunisse un grand nombre de
signatures et que nous puissions prou-
ver une fois de plus que la ,-olidarité fé-
mininn n'fst. nrts un v.iin mot.
M. D
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ministration de la Fronde leur déli-
vrera, des médecins, des femmes doc-
teurs en médecine, des chirurgiens-
dentistes en qui elles peuvent avoir
toute confiance, dont les noms et les
adresses seront donnés aux bureaux
du journal, et qui veulent bien met-
tre au service de nos abonnées leur
science et leur dévouement.
Il est superflu d'insister sur les avanta-
ges DE CETTE PB F. ME INIQUE, et
sur les sacrifices que s'impose la FJlO.VDE
pour ètre agréable et utile à ses lectrices
et leur permettre d'avoir
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nucure — Coiffeur — Bains — Photo-
graphie et un journal quotidien, sé-
rieux, intéressant et bien renseigné.
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nes qu'un abonnerum cf un an a la
1BONDE.
La Potinière
Alors que tout ici est pris et laid — oh! Ir gris
si tant ! — notre imagination aime à errer vers
ces régions bénies (JÙ, comme dit la chmsott, fleurit
l'oranger et le citronnier, ou, sous un ciel toujours
l'icu éclosent les roses, les cglantines et les violettes
embaumées et le mimosa d'or.
Mais heureusement, pour nous, habitants d'une ville
aujourd'hui froide et brumeuse, que l'un pen S", là-has,
au pays du réve. à cueillir, chaque malin, dans le»
vastes champs fleuris, une abondante moÍ';..;O/!1 qui tout#
fra!c'te est envoyée à la grande maison de Heurs natu-
l'elles lîi iavigne, 10 et 12, rue Hrémonticr.
Et c'est de là que encore tout étourdies les. char-
jmnUs voyageuses s'éparpillent pour réjouir le « hullle.
Lie.) c1nuJ lIes frileuses Parisiennes.
LES VEILLÉES
Des Couturières
Nous approchons de l'époque bénie on
tous les commerçants parisiens espèrent
réaliser de fantastiques bénéfices. Dann
trois mois et demi doit s'ouvrir cette
brillante Exposition, où sont conviés
tous les peuples de la terre. Les étran-
gers, qui nous ont quelque peu boudas
dans ces dernières années, vont affluer
.vers la ville Lumièce, vers la capitale.*
ee4it
Tout fait prévoir que dans nos ateliers
de couture, en l!JOJ, le surmenage est à
craindre ;on me prévient,en effet,« qu'une
délégation de la Chambre syndicale des
patrons couturiers est allée demander
au ministre du commerce et de l'indus-
trie, d'étendre en vue de l'Exposition, la
tolérance que la loi leur accorde, de faire
faire à leurs ouvrières,des heures supplé-
mentaires », autrement dit des veillées.
La Chambre syndicale des ouvrières a
proteste, parait-il, et demandé que l'au-
torisation ne fût pas accordée; mais
toutes les ouvrières ne sont pas d'ac-
cord sur ce point.
Voilà une question très intéressante
et très grave. D'une part, en efTct, nous
avons des chefs de maison, ayant peu
travaillé depuis plusieurs années, par
suite des événements politiques, et
ayant eu à lutter péniblement, pour
faire face aux dépenses que ne cou-
vraient pas les recettes; beaucoup ont
succombé à la peine et ont été ruines ;
les autres n'ont été soutenus que par la
certitude de pouvoir combler, pendant
la duiée de l'Exposition, les pertes faites
antérieurement; leurs créanciers atten-
dent plus ou moins patiemment.
D'autre part, nous avons les ouvrières
qui, elles aussi, ont souffert du chômage
et ont, peut-être, accumulé les dettes,
afin de pourvoir aux besoins pressants
de la famille ; ces ouvrières se sont dit :
l'Exposition va nous fournir du travail
bien payé, nous ne bouderons pas à la
besogne et, avec du courage, nous paie-
rons nos dettes et mettrons quelque
chose de côté pour l'avenir.
Ici,intervient la loi de protection, con-
tre laquelle je me suis toujours élevée;
cette de loi de iSU2 interdit, en effet, aux
femmes plus de onze heures de travail
par jour ; je suis d'avis que la limite
d'heures doit être indiquée par la forco
physique de l'être humain et par l'infc-
rît privé bien compris.
Nous avons toutes fait, plus ou moins,
de tl'a'. aux a l'aiguille ; nous savons quo
les premières heures donnent un travail
meilleur, plus soigné, que celui produit
dans les heures de fatigue.
Je crois qu'il est impossible de pro-
dmrc chaque jour onze heures de bon
travail,et que les heuressupplémentaircs
sont désastreuses pour la santé des ou-
vri'-rcs, aussi bien que pour l'intérêt du
patron, ayant souci de la bonne renom-
mée de sa maison.
Comment concilier toutes ces exi-
gences? En persuadant aux ouvrières
couturières dont le nombre est évalué
pour Paris a plus da cent mille, qu'elles
doivent s'unir dans un vaste Syndicat,
que ce Syndicat doit être dirigé et admi-
nistré par des femmes choisies dans- leurs
rangs et connaissant vraiment leurs be-
soins. Les syndiquées étudieront les
réformes nécessaires, elles traiteront
avec les patrons, réclameront d'abord
des ateliers sains et bien aérés, oii uno
station prolongée ne les anémiera pas
trop vite. Elles feront augmenter leur
salaire et, par leur caisse de secours,
soutiendront leurs sœurs malades ou
sans travail ; elles créeront un asile do
convalescence a la campagne pour celles
qui ont besoin de reprendre des forces, à
l'air pur et au soleil.
Quel résultat est impossible il cent
mille unités, réunies en unseul elfort de
volonté pour le bien ?
Qu'on ne vienne pas dire que cet'o
union est une utopie; beaucoup d'hom-
mes l'ont réalisée, et si les femmes la
veulent sérieusement, elles y arriveront
promptement. Aucune loi n'est néces-
saire pour cela. Les ouvrières se plai-
gnent, elles ont raison, mais les plaintes
ne servent à rien, il faut agir.
On nous dit : Mais les grèves sont im-
possibles et inutiles ; derrière celles qui
menacent de se retirer, il y en a des mil-
liers prêtes à prendre la place. Sans
doute, mais il faut reconnaître, tout d'a-
bord, que les bonnes mains sont rares;
il est plus difficile qu'on ne croit, de rem-
placer les bonnes ouvrières, et lorsquo
celles-ci améliorent leur situation, la
proportion s'établit pour toutes et les
petites mains elles-mêmes, obtiennent
des augmentations.
Pour obvier au surcroît de travail
imené chaque année par la saison do
printemps et d'automne, et augmenté en
1000 par le contingent des visiteuses
étrangères, il serait urgent d'engager un
plus grand nombre de mains afin de ne
ruiner la santé de personne et de per-
mettre au plus grand nombre possible,
[le recevoir la précieuse manne qui va
tomber, non du Ciel, mais des bourses
exotiques.
A quand la première réunion, a la
Bourse du Travail, du Syndicat des ctnl
milles couturières ?
MARIA POGNON.
. TROISIÈME ANNÉE. — IP 748
MARDI 26 DËC^BHE 1890. — SAINT ËTTENNIS^
' CE NUMÉRO : CINQ' oexitimeffî \
CIIENDRIER RÉPUBLIUU1
5 NIVOSE AN CVIII
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ACTES VII, 55
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ii DÉCEMBRE 1333
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JjA FRONDE, journal quotidien,
. politique, littéraire, est dirigé,
administré, rédigé, composé pa2
des femmes.
Toutes les communications relatives à
la rédaction doivent être envoyées à Mme
Emmy Fournier, rédactrice en chef da la
FRONDE.
Aujourd'hui
mess=""26 décembre
A l'Elysée, conseil des ministres.
A 1 h., au Luxembourg, séance de la Haute-
Cour.
Fête de l'Arbre de Noël organisée par les
Associations alsaciennes, au cirque d'hiver.
Chez Marguery, à 9 h , réunion des restaura-
teurs, limonadiers et concessionnaires d'attrac-
lions diverses à l'Exposition de 1000. !
Univcr.-ité populaire, 157, faubourg Saint-An- ¡
toine, à 8 h. t)2 conférence par M. V. Charbon-
nel : Le Pape Léon XIII et la politique du Vati-
can à propos de Joachim l'ecci, parti, des Houx.
Visites aux Musées du Louvre, du Luxembourg,
de 10 h. à 4 h.; Cluny, de 11 h. a 4 h.; Guimet et
Galliera, de midi à 4 h ; Palais de Justice, de Il h.
à 4 h ; Hôtel de-Ville, de 2 à 3 h.; Monnaie, de
midi à 3 h.; Trésor de Notre-Dame, Sainte-Chapelle
eL ranlfieon, do 10 h. à 4 h.; Invalùtes, musée et
tombeau, de midi à 3 h.; Jardin dus Plantes, la
ménagerje, de 1 h. à 5 h.; galerie d'histoire na-
turelle, de Il h. à 3 h.; Aquarium du Trocadéro,
de li à 11 h. et de 1 à 3 h.; Valais de Saint-Ger-
niant, de 10 h. 1/2 à 4 h.; Palais de Fontaine-
bleau, de lt h à 4 h.; Versailles : le P.dais et les
Trianons, de 11 à 5 h.; Le Jeu de Paume, de midi
à 4 heures. M usée Carnavalet, de 11 Ii. à i h.
Essais sur
les Femmes
La toilette de Nicole
Dans son cabinetde toilette très éclairé,
Nicole en corset jupon de gala, en
souliers brodés, assise devant la chemi-
née se chauffe mélancoliquement. Elle
attend Mariette qui n'en finit plus de
coucher les enfants et de qui elle a be-
soin pour achever sa toilette. Ils vont ce
soir, René et elle, au bal de Marguerite
Trabère. son amie d'enfance, mariée à
Paris et qu'elle y a retrouvée.
Le premier bal à Paris 1 Nicole a certes
appelé de tous ses vœux cette occasion
d'entreprendre avec sa beauté, la con-
quête de la capitale. L'heure est venue
et Nicole se sent triste. Qui sait? après
tout, une soirée de Paris, une soirée de
province, ce n'est peut-être pas si diffé-
rent! Et d'abord, cela prélude de m'me.
Il faut s'habiller en grand tralala, c'est-
à-dire se décolleter. Pas plus à Paris
qu'à Carpentras, on n'a encore imaginé
mieux pour comble de parure que de se
mettre nue. Les convenances, qui défen-
dent d'ôler ses bas si l'on se trouve plus
de d::mx, ordonnent d'enlever sa chemise
dès qu'on est cinquante. Il semble que
les femmes aient retourné la devise du
Gascon :
— C'est le moment de nous cacher,
montrons-nous !
Nicole contemple avec concupiscence
deux Tanagra qui exécutent sur sa
cheminée leurs évolutions immobiles,
Avaient elles de la chance,ces Antiques!
Elles sont là qui dansent, voilées de la
tète aux pieds. Le coup d'œil n'y perd
rien, l'indiscrétion étant la vertu essen-
tielle des draperies, on les voit des pieds
ia la tète. A la bonne heure, c'est de l'en-
sciiiL>IQ cela! L'harmonie ininterrompue
de la ligne, mise en valeur, continuée,
développée, par le jeu mouvant des
cto'Yes.
Nicole coule des yeux navrés vers sa
robe de salin rose,allongée sur une ban-
quette au fond de la pièce ; les yeux na-
vrés de Nicole s'arrêtent plus navrés en-
core sur la vaste échancrure qui bâille
entre les épaulettes.
La porte s'ouvre. C'est Mariette.
Mariette manipule un moment sur la
toilette des objets qu'elle y trouve prépa-
rés. Puis, solennelle, comme un prêtre
qui monte à l'autel, une cuvette minus-
cule d'une main, une minuscule éponge
de l'autre, elle s'avance vers sa maî-
tresse. Nicole regarde venir Mariette, la
cuvette et I,ér)onge ; et l'abîme de déso-
lation où gtt son âme se creuse un peu
plus.
Mariette badigeonne de blanc les épau-
les de Madame. Nicole n'est pourtantpoint
noire. Et encore Victor Hugo n'a-t-il
point célébré les nudités brunes de la
Esmeralda. Mais la bohémienne n'ôtait
sa gorgerette qu'aux yeux du capitaine
Phœbus. Au bal, pour tout le monde, il
n'est ni collet blond ni brun qui tienne :
il faut être blanche, d'un beau blanc de
céruse saupoudré de bismuth. Nicole
sacrifie au ravalement de rigneur, le
grain délicat, le ton doucement rosé de
sa peau.
Voilà qui est fait, Nicole éternue dans
un nuage de poudre. Hostile, elle mar-
che vers la robe rose libéralement dé-
colletée et s'y insinue de mauvaise grâce.
Les panneaux de glace lui renvoient
l'image d'une créature bizarre mi-satin,
mi-chair. Elle appelle :
— René!
Le mari qui s'babille dans sa chambre
parait. Nicole se campe devant lui, agres-
sive :
— René ! me trouves-tu plus jolie ainsi
que d'ordinaire ?
René Granval ébauche une moue,
hausse l'épaule. Il ne sait pas. Pour lui,
Nicole en robe de nuit, en robe de bal
ou sans robe aucune, c'est sa Nicole
toujour de même. Il s'assied, et enfile
ses gants.
Mariette part chercher la voiture.
— Tu as beau dire, fait Nicole à René,
qui n'a rien dit, cette lucarne de peau —
un mot de Gyp — ça n'embellit pas, au
contraire. Les plus jolies têtes ainsi dé-
garnies, isolées de la parure, perdent
leur expression. Nos coquettes aïeules
du siècle dernier le savaient bien, qui
pour garder, en dépit da décolleté, son
importance au visage, l'entouraient de
coiffures volumineuses, de colliers les
uns sur les autres, l'illuminaient de
rouge, le piquaient de mouches.
Nous autres, nous sommes simplistes,
nous dédaignons ces artifices. Or, le dé-
colleté en soi, qu'est-ce, je te le de-
mande...
On peut demander tout ce qu'on vou-
dra à NI. (îranval; il n'entend pas; il
boutonne son deuxième gant!...
.... sinon un reste de barbarie, une de
ces lacunes que les peuples primitifs
laissaient à leurs peaux de bêtes, faute
de savoir les ajuster aux contours du
corps, de même qu'ils allaient jambes et
bras nus parce qu'ils ignoraient l'art de
tailler des manches et de tricoter des
bas. Nos vieux Francs, hommes et fem-
mes s'habillaient de la même soie échan-
crée. Oserais-tu dire que ces messieurs
y missent de la coquetterie? Aujour-
d'hui, encore au fond le l'Orient attardé
où les zen dans les harems ne portent
rien du tout sous leurs jupes évasées
d'étoffes raides, c'est tout simplement
qu'elles n'ont point appris à confection-
ner des combinaisons, si tu en veux une
preuve...
René fait signe que oui;. H veut la
preuve.
— Récemment, un marchand avisé
ayant fait offrir dans un sérail royal
d'affreux maillots de coton blanc, les
princesses les ont achetés et s'en parent
avec ivresse.
— Mon petit chat, dit René, tu me fais
songer aux prédicateurs de la Renais-
sance.
Il s'en va : il a encore son pardessus
et son chapeau à prendre. Nicole conti-
nue in petto son monologue.
— L'instinct civilisateur nous veut
vêtus. Le uu vivant n'est bon que pour
les abandons de l'intimité ou la rusticité
de la pleine nature ; on n'en saurait faire
une élégance.
Nicole songe a toutes les disgrâces
dont paraîtront affligés tout à l'heure
dans les lumières fausses, parmi les voi-
sinages de couleurs hasardeux, dans
l'agitation, dans le froid, dans la chaleur,
dans les promiscuités, les décolletés les
plus charmants. Puis elle soupire.
— On devrait au moins pouvoir choi-
sir ce qu'on montre. L'égalité n'est qu'un
mot.
J'ai oublié de vous dire que le galbe
des épaules de Nicole laisse à désirer.
Quant elle avait dix-huit ans elle s'en
consolait en pensant que l'heure de la
maturité n'avait point sonné. Mais elle
avance vers la trentaine et ses épaules
s'obstine à ne point mûrir.
Si vous me demandez maintenant
pourquoi la robe rose s'ouvre au delà de
tout ce que réclame le cérémonial le plus
exigeant, je vous répondrai que Nicole
avec des épaules indigentes a, comme
dit Musset « la poitrine bien » ; Nicole
est polie; elle sait qu'il ne convient point
d'offrir les épines sans les roses; c'est
pourquoi elle veille à ce que sa coutu-
rière ait le coup de ciseau généreux.
Mariette revient par une porte, René
rentre par l'autre. Il tient aux doigts un
vieux petit volume qu'il remet à sa
femme. Nicole, étonnée, pressée par Ma-
riette qui l'enroule dans son manteau, le
pose sur la cheminée et n'a que le temps
d'apercevoir le titre : De l'abus des nudi-
tés de gorge.
Nicole comprend que René se moque
de son pedar.tisme.
JANE MISMK
Ceux qui n'ont pas
Réveillonné
L'étalage de la grande épicerie dé-
borde sur le trottoir : les oies, les din-
dons, les canards s'alignent en théories
dodues. au-dessus des amoncellements
multicolores de dragées et de fondants.
Les acheteurs se bousculent, lds garçons
| s'affairent, le patron resplendit...
Un couple de pauvres gens lorgne les
somptueuses victuailles. Au milieu des
remous de la foule, dans la cohue des
bonnes et des ménagères, ils demeurent
immobiles, en extase.
Tout à coup, la femme se décide, ac-
coste un garçon :
— Combien la moitié d'un lapin?
— Le lapin, c'est à la livre, madame...
seize sous...
Hésitante, elle regarde son homme,
qui l'encourage d'un clin d'œil :
— Vas-y 1 La moitié, ça ne doit pas
être bien lourd.
Sur un tas sanglant de bHes écor-
chées, le garçon saisit un lapin par les
pattes, d'un couteau preste le fend de la
queue au museau, le couche en rond sur
la balance et proclame :
— Il y en a pour quarante-deux sous,
la petite mère.
— Quarante-deux sous ! répète la
femme; et, consternée, elle regarde lon-
guement une pièce de deux francs au
creux de sa main gercée,
Puis, timide :
— Vous ne pourriez pas m'en enlever
pour deux sous ?
— Ce n'est pas possible, Madame, ré-
plique le garçon,péremptoire ; ça gâterait
la bête.
— Mais le foie ?
— Y a pas de foie qui tienne; c'est
quarante-deux sous, à prendre ou à
laisser.
Le couple se consulte :
— Tas pas deux sous ?
— Tu sais bien que non...
— Personne ne pourrait te les prê-
ter?
Cependant le garçon s'impatiente, hêlé
par autres clientes.
— Faut vous décider, j'ai pas que vous
à servirl...
— Soyez gentil, supplie la femme,
laissez-le moi pour quarante sous.
Mais le garçon tourne le dos, dédai-
gneux.
— Allons, pas tant de raisons, fait
[texte illisible]
l'homme avec un regard circulaire,
comme pour s'assurer que personne
n'a souri. On sait ce que c'est que du
lapin, pas vrai?
Et ils s'éloignent, serrés l'un contre
l'autre, la femme, ia tête basse, semble
plus humble encore; l'homme, les mains
dans les poches, se redresse, plastronne,
l'air goguenard.
Avec deux sous, j'aurais pu faire deux
hcureux;mais ce pauvre diable m'a paru
si superbe, si « César de Bazan » que je
n'ai pas osé les lui offrir...
UNE PASSANTE.
LA LOI COCULA
Il lui restera, ce nom à désinence la-
tine qui évoque l'idée de quelque loi tri-
bunitienne. Ce sont ses adversaires qui
le lui ont donné ; parce qu'un conseiller
général de ce nom, jusqu'ici resté obscur,
en a eu le premier l'idée. Elle a ce résul-
tat de jeter l'émoi dans le camp clérical.
Si on y crie si fort, c'est qu'on se sent
touché au bon endroit, à la fibre sensi-
ble. Il appert de cela que ladite loi ne
„. sera pas aussi inefficace qus se fllait.à
dire M. Jules Roche. ~ ' j?
A cet égard notre consœur lui a tres
pertinemment répondu dans la Fronde
que si l'enseignement des Jésuites en-
fanta parfois un Voltaire, c'est par mé-
garde et bien malgré lui. Il y a, en effet,
des esprits, en petit nombre malheureu-
sement, qui résistent à toutes les défor-
mations. Comme des ressorts de bon
acier, ils se redressent de toutes les
courbures. Mais combien d'autres res-
tent à jamais fléchis, tordus, gauchis
sous les mains qui les ont plies! Si notre
génération est si veule, si molle, si flot-
tante dans ses convictions, n'en faut-il
point chercher la raison dans un ensei-
gnement contradictoire qui prétend
concilier l'inconciliable et fabriquer des
savants avec des croyants ? Comme ré-
sultat il produit des sceptiques qui ne sa-
vent, ni ne croient, et demandent,
comme Pilate : qu'est-ce que la vérité?
C'est d'ailleurs commode pour ceux qui
passent leur vie à ménager la chèvre et
le chou, à dire aux uns : je suis o:seau,
voyez mes ailes ; aux autres, je suis
souris, voyez mes pieds. Cela fait des
animaux mi-partis, qui ne ressemblent
que vaguement à des hommes. Tel est le
gros troupeau de Panurge que forme
l'Eglise dans ses écoles, l'un nourrissant
l'autre et réciproquement.
La raison du succès des écoles congré-
ganistes, selon M. Cornély, c'est qu'elles
réalisent, mieux que celles de l'Univer-
sité, la vie de famille. Il peut au moins
paraître singulier que des hommes qui
font vœu de célibat.comprenncnt mieux
la vie de famille que des professeurs,
presque tous mariés ou destinés à
l'être. Il y aurait un moyen pour que
nos lycées réalisent la vie de famille,
ce serait d'y introduire des femmes,
sinon comme professeurs, du moins
comme surveillantes des classes, des ré-
créations, des réfectoires, et de tout ce
qui concerne l'hygiène. Même comme
proviseurs,elles remplaceraient les hom-
mes avec avantage. De telles fonctions
ne conviendraient point à des jeunes
femmes, mais il des aïeules, à des fem-
mes entre quarante et soixante ans, qui,
après avoir élevé des, fils, auraient quel-
que expérience des petits travers de la
jeunesse et uneindulgente sévérité pour
ses écarts, quand la vivacité du tempéra-
ment y a plus de part que la méchan-
ceté.
M. Cornély conseille au contraire de
nommer des prêtres proviseurs dans les
lycées de l'Etat. Gribouille n'aurait pas
imaginé mieux. Cette fois notre éminent
confrère a manqué à son habitude
d'avoir de l'esprit. Cela lui arrive régu-
lièrement, quant il sent fermenter en
lui le vieux levain catholique qui, dans
son état normal, disparaît sous une cou-
che épaisse d'hérésie inconsciente. Cet
homme-là eût été brûlé vif, et la hart au
cou, au Moyen âge ! Mais sous le ponti-
ficat de Léon XIII, pour lequel il aime à
dire son admiration, il est avec le ciel et
son église des accommodements.
La loi Cocula inanquera-t-elle son but,
comme le dit M. Jules Roche? Bien
qu'elle ne soit qu'en projet, elle a eu
déjà ce résultat de relever relativement
la population des institutions laïques de-
puis la rentrée. C'est que si les mères se
préoccupent surtout du bien-êlre maté-
riel de leurs chers petits, quand ils quit-
tent leurs jupes, et si elles sont aisé-
ment séduites par les conseils de leurs
confesseurs qui leur montrent les insti-
tutions congréganistes comme des pa-
radis pour les enfants, les papas songent
surtout aux succès de leurs héritiers
dans la vie. Jusqu'ici le monde clérical, si
ardent contre l'aide mutuelle des sociétés
maçonniques, a constitué une franc-ma-
çonnerie bien autrement nombreuse et
plus solidement hiérarchisée, ou de géné-
ration en génération, on se fait la courte-
échelle pour occuper exclusivement tou-
tes les positions sociales avantageuses,
celles qui donnent autorité ou fortune.
Du moment qu'il cesserait d'en être
ainsi, et que le titre d'élève des jésuites
deviendrait une tare, une défaveur, un
1 obstacle aux rapides avancements : bon-
I soir, messieurs les curés, diraient les pè-
res, qui n'y tiennent pas autrement, et
! qui savent à quoi s'en tenir sur la valeur
scientifique de leur enseignement. Voilà
pourquoi l'Eglise et ses défenseurs sont
si acharnés coioiignem. Cocula, et s'ef-
forcent de la ridiculiser.
C'est surtout au nom du principe de la
liberté de l'enseignement qu'ils l'atta-
quent. On veut détruire l'enseignement
libre. Ici, faisons nos réserves. Le vérita-
ble enseignement libre, c'est-à-dire lai-
que, indépendant, en fait n'existe plus.
Il a été écrasé entre l'enseignement de
l'Etat et celui des congrégations qui a
vraiment mauvaise grâce à se décorer
du titre d'enseignement libre, puisque il
est étroitement dépendant des principes,
des doctrines, des traditions de l'Eglise
et de son chef suprême, le pape. Ce n'est
donc point la liberté de l'enseignement
qui est en cause. Il s'agit de la lutte en-
tre deux monopoles, entre deux hiérar-
chies, irrémédiablement hostiles et en-
nemies, au point qu'il faut que l'une tue
l'autre.
Les défenseurs des congrégations di-
sent, avec Joseph de Maistre, aux défen-
seurs de la société laïque. « Quand vous
êtes au pouvoir nous vous demandons la
liberté au nom de vos principes ; nous
vous la refusons au nom des nôtres,
quand nous sommes les maîtres ».
Qu'on retourne l'argument. Que la so-
ciété laïque refuse à l'église, en vertu de
ses propres principes,la liberté que celle-
ci lui dénierait, si elle redevenait mal-
tresse.
La liberté d'enseigner suppose des
conditions de compétence. Tout institu-
teur, dans notre société moderne, doit
faire ses preuves de capacité scientifique
et d'indépendance d'esprit. Sa raison
doit être en équilibre, et son jugement
affranchi de ces idées préconçues qu'on
appelle des dogmes. 11 doit savoir et non
pas croire.. Les déments, les idiots, les
\ nifiinnr>r';"r"* fan.iliqMAa. jia nflmfflnUirf-
! tendre à la dignité d 'i*nstl-tuteur's. On
n'autoriserait pas à tenir école publique
un homme qui soutiendrait que le pro-
duit de deux nombres, au-dessus de
deux, est égal à leur somme, ou que le
diamèlre d'un cercle est égal à sa cir-
conférence. Cn individu qui fait semblant
de croire la douzaine de thèses absurdes
qui constituent le Symbole de NieÚü,
doit a fortiori être exclu du droit d'en-
seigner. Il ne peut avoir la liberté de
tenir école et de communiquer sa folio
à des enfants dont l'Etat est le tuteur lé-
gal, même contre l'autorité paternelle,
quand celle-ci devient abusive. Do même
qu'aujourd'hui il y a une loi qui protège
l'enfant contre les sévices physiques de
parents indignes et le soustrait à leur
pouvoir, de même l'Etat est intéressé à
ce que les familes ne déforment pas la
raison de leurs enfants par un enseigne-
ment qui trouble leur intelligence et dé-
truit l'équilibre de leur jugement.
Dins notre société moderne, aucune
école dite confessionnelle, dirigée par
des pr'tres d'une quelconque de ces reli-
gions qui se prétendent révélées par voie
surnaturelle, ne saurait être tolérée ;
que ces prêtres soient bouddhistes ou
mahométans, ou juifs ou chrétiens, de
toutes les sectes.
Quant aux prêtres de l'église romaine,
il y a à leur interdire l'enseignement de
l'enfance, une raison de plus, c'est que
la papauté étant un pouvoir internatio-
nal, il est souverainement imprudent de
laisser ses congrégations s'emparer de
l'esprit de la jeunesse.
Que l'Eglise subisse donc sans s'en
plaindre, la loi Cocula, dans la crainte de
quelque chose de pire. Cette loi est insuf-
fisante, voi!à son toi t ; mais en attendant
mieux, c'est un progrès.
CLÉMENCE ROYER.
GRACE
Une institutrice française,Louise Mas-
set, récemment condamnée à mort en
Angleterre,pour avoir assasssiné son en-
fant, doit être exécutée Ir. U janvier pro-
chain... Telle est la triste nouvelle que la
presse anglaise vient de nous apporte!' et
qui a impressionné les lectrices de la
Fronde a tel point que j'ai reçu, hier, des
quatre coins delà France, des lettres d'ins-
titutrices me priant de vouloir bien pren-
dre l'initiative d'une pétition qui serait
adressée à la reine Victoria pour la sup-
plier de gracier une femme, coupable
certainement du plus monstrueux des
crimes, mais ayant.droità la pitié comme
tout être humain.
Ces lettres me disaient aussi que la
Fronde est mieux placée que qui que cc
soit pour remplir une pareille mission.
D'abord, parce que la condamnée, mère
d'un enfant naturel, est, elle aussi, une
victime; la victime des préjugés sociaux
que la Fronde combat et qui font trop
souvent, de la maternité illégitime une
tare inelfaçaulc,un invincible obstacle au
relèvement. Ensuite, parce que la Fronde
n'ayant cessé de protester contre !es in-
qualifiables attaques dirigées récemment
contre les Anglais et la reine Victoria
elle-même, par une partie de la presse
française, s'est créé, en Angleterre de
sérieuses sympathies, et que sa voix doit
y être entendue.
Je n'ai pas été la seule à recevoir
de semblables lettres, puisque l'une de
de mes plus éminentes collaboratrices,
Mme Pauline Kergomard m'écrit :
Madame la Directrice,
Je viens de recevoir une lettre dont j'ex-
trais les passages suivants :
Il Je suis toute bouleversée par l'article
ci-joint du Petit Parisien de ce jour dont
voici les termes :
L'exécution de Louise Masset, l'institutrice
française condamnée à la peine capitale pour
avoir assassiné son petit garçon trouvé mort
dans un lavatonj de la gareide Daltlin, près
de Brighton, est fixé au mardi i) anru'r.
La malheureuse, qui aurait commis son
crime parce que l'existence de cet enfant illé-
gitime pouvait faire échouer un mariage qui
s'offrait fi elle, est dans un état d'affaissement
complet ei la suite des longs débats, auxquels a
donné lieu cette affaire.
« Quoique notre cœur maternel se révolte
d'horreur contre un tel crime, nous som-
mes prises d'une immense pitié pour la
coupable qui doit être torturée par les re-
mords et par les affres du supplice. !
Il Au nom même de l'humanité qu'elle a si
cruellement blessée, du patriotisme qu'elle
a si ignominieusement outragé, de la. soli-
darité qu'elle a méconnue, nousvenons im-
plorer le secours de votre plume... etc.
1( Nous voudrions que la malheureuse
Louise Masset eût la vie sauve et que sa
peine fut commuée, lui laissant le temps
de déplorer et d'expier son crime horrible.
(t Voulez-vous vous mettre à la tête des
institutrices de France, cemmunales et li-
[texteillisible]
bres qui se grouperont autour de nous
pour qu'on lui accorde le droit dp, vivre?
« Un immense mouvement, un appel à la
clémence retentissant jusqu'au delà du
oélroil, de puissantes autorités a gagner à
notre cause sont les éléments indispensa-
bles à la solution demandée.
Il Voulez-vous, Madame, être l'éloquente
avocate de cette cause ? etc... »
Vve Foit'r]FR *FIIOESClIrL.
directricd de l'Ecole maternelle,
9, rue de Moussy. »
J'ai répondu :
Je ne puis ni ne veux me soustraire à
l'honneur d'être le porte-drapeau de la pi-
tié.
Même isolé des circonstances qui, d'après
le Petit Parisie.i l'ont aggravé, le crime do
Louise Masset est abominable. Mais la pitié
ne serait plus elle-même si elle se laissait
éloutrer par l'indignité des coupables. Elle
veut s'exercer, même en faveur de la mère
qui a lut-- son entant, et l'âme angoissée,
nous supplions respectueusement Sa Ma-
jesté le Reine d'Angleterre de laisser la vie
sauve à notre compatriote indigne.
Mais notre (Irapeau de pitié est aussi un
drapeau de justice.
La vie humaine est sacrée!
Elle est sacrée pour la société comme
pour chaque individu.
Parce qu'un de ses membres a commis,
ont pu l'acheminer et dont maint individu
ont leur part de responsai.iiitc (dans le cas
de Louise Masset, le p.--rc de l'entant illégi-
time) parce qu'un de ses membres m,'¡ par
la passion, a commis un crime, elle n'a pas
le devoir d'être rroidemcnt,impasstbtetn(.'at
criminelle il son tour.
I Nous protestons donc contre la peine de
sr.ort, reste de l'ancienue barbarie;
Contre la peine de mort appliquée par
des hommes sujets a l'erreur;
Contre la peine de mort, si féconde en
suggestions criminelles; que ses partisans
sont réduits a la faire exercer à IliJ ¡s-clos...
comme font les assassins eux-mêmes.
Au nom de la justice, comme au nom de
la pitié, nous supplions respectueusement
Sa Majesté la Heine d'Angleterre de lv.sser
la vie à notre compatriote indigne...
Voulez-vous nous aider, chère madam.î,
et. donner l'hospitalité de la Fronde à cette
supplique.
PAULI-,E KERGOMAUD.
Chevalier de la Légion d'honneur.
J'espère que Mme Pauline Kergomard
m'a fait l'honneur de ne pas douter un
instant de ma. réponse?
Je prie les institutrices qui. depuis la
fondation de ce journal, n'ont ces-:é-
d'être ses lectrices fidèles, de joindre
leurs prières aux nôtres et de nous aider
à sauver une malheureuse des rigueurs
de la loi anglaise.
La Fronde publiera demain une sup-
plique à la reine Victoria. Il faut souhai-
ter qu'elle réunisse un grand nombre de
signatures et que nous puissions prou-
ver une fois de plus que la ,-olidarité fé-
mininn n'fst. nrts un v.iin mot.
M. D
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Mais heureusement, pour nous, habitants d'une ville
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fra!c'te est envoyée à la grande maison de Heurs natu-
l'elles lîi iavigne, 10 et 12, rue Hrémonticr.
Et c'est de là que encore tout étourdies les. char-
jmnUs voyageuses s'éparpillent pour réjouir le « hullle.
Lie.) c1nuJ lIes frileuses Parisiennes.
LES VEILLÉES
Des Couturières
Nous approchons de l'époque bénie on
tous les commerçants parisiens espèrent
réaliser de fantastiques bénéfices. Dann
trois mois et demi doit s'ouvrir cette
brillante Exposition, où sont conviés
tous les peuples de la terre. Les étran-
gers, qui nous ont quelque peu boudas
dans ces dernières années, vont affluer
.vers la ville Lumièce, vers la capitale.*
ee4it
Tout fait prévoir que dans nos ateliers
de couture, en l!JOJ, le surmenage est à
craindre ;on me prévient,en effet,« qu'une
délégation de la Chambre syndicale des
patrons couturiers est allée demander
au ministre du commerce et de l'indus-
trie, d'étendre en vue de l'Exposition, la
tolérance que la loi leur accorde, de faire
faire à leurs ouvrières,des heures supplé-
mentaires », autrement dit des veillées.
La Chambre syndicale des ouvrières a
proteste, parait-il, et demandé que l'au-
torisation ne fût pas accordée; mais
toutes les ouvrières ne sont pas d'ac-
cord sur ce point.
Voilà une question très intéressante
et très grave. D'une part, en efTct, nous
avons des chefs de maison, ayant peu
travaillé depuis plusieurs années, par
suite des événements politiques, et
ayant eu à lutter péniblement, pour
faire face aux dépenses que ne cou-
vraient pas les recettes; beaucoup ont
succombé à la peine et ont été ruines ;
les autres n'ont été soutenus que par la
certitude de pouvoir combler, pendant
la duiée de l'Exposition, les pertes faites
antérieurement; leurs créanciers atten-
dent plus ou moins patiemment.
D'autre part, nous avons les ouvrières
qui, elles aussi, ont souffert du chômage
et ont, peut-être, accumulé les dettes,
afin de pourvoir aux besoins pressants
de la famille ; ces ouvrières se sont dit :
l'Exposition va nous fournir du travail
bien payé, nous ne bouderons pas à la
besogne et, avec du courage, nous paie-
rons nos dettes et mettrons quelque
chose de côté pour l'avenir.
Ici,intervient la loi de protection, con-
tre laquelle je me suis toujours élevée;
cette de loi de iSU2 interdit, en effet, aux
femmes plus de onze heures de travail
par jour ; je suis d'avis que la limite
d'heures doit être indiquée par la forco
physique de l'être humain et par l'infc-
rît privé bien compris.
Nous avons toutes fait, plus ou moins,
de tl'a'. aux a l'aiguille ; nous savons quo
les premières heures donnent un travail
meilleur, plus soigné, que celui produit
dans les heures de fatigue.
Je crois qu'il est impossible de pro-
dmrc chaque jour onze heures de bon
travail,et que les heuressupplémentaircs
sont désastreuses pour la santé des ou-
vri'-rcs, aussi bien que pour l'intérêt du
patron, ayant souci de la bonne renom-
mée de sa maison.
Comment concilier toutes ces exi-
gences? En persuadant aux ouvrières
couturières dont le nombre est évalué
pour Paris a plus da cent mille, qu'elles
doivent s'unir dans un vaste Syndicat,
que ce Syndicat doit être dirigé et admi-
nistré par des femmes choisies dans- leurs
rangs et connaissant vraiment leurs be-
soins. Les syndiquées étudieront les
réformes nécessaires, elles traiteront
avec les patrons, réclameront d'abord
des ateliers sains et bien aérés, oii uno
station prolongée ne les anémiera pas
trop vite. Elles feront augmenter leur
salaire et, par leur caisse de secours,
soutiendront leurs sœurs malades ou
sans travail ; elles créeront un asile do
convalescence a la campagne pour celles
qui ont besoin de reprendre des forces, à
l'air pur et au soleil.
Quel résultat est impossible il cent
mille unités, réunies en unseul elfort de
volonté pour le bien ?
Qu'on ne vienne pas dire que cet'o
union est une utopie; beaucoup d'hom-
mes l'ont réalisée, et si les femmes la
veulent sérieusement, elles y arriveront
promptement. Aucune loi n'est néces-
saire pour cela. Les ouvrières se plai-
gnent, elles ont raison, mais les plaintes
ne servent à rien, il faut agir.
On nous dit : Mais les grèves sont im-
possibles et inutiles ; derrière celles qui
menacent de se retirer, il y en a des mil-
liers prêtes à prendre la place. Sans
doute, mais il faut reconnaître, tout d'a-
bord, que les bonnes mains sont rares;
il est plus difficile qu'on ne croit, de rem-
placer les bonnes ouvrières, et lorsquo
celles-ci améliorent leur situation, la
proportion s'établit pour toutes et les
petites mains elles-mêmes, obtiennent
des augmentations.
Pour obvier au surcroît de travail
imené chaque année par la saison do
printemps et d'automne, et augmenté en
1000 par le contingent des visiteuses
étrangères, il serait urgent d'engager un
plus grand nombre de mains afin de ne
ruiner la santé de personne et de per-
mettre au plus grand nombre possible,
[le recevoir la précieuse manne qui va
tomber, non du Ciel, mais des bourses
exotiques.
A quand la première réunion, a la
Bourse du Travail, du Syndicat des ctnl
milles couturières ?
MARIA POGNON.
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