Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-11-07
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 novembre 1899 07 novembre 1899
Description : 1899/11/07 (A3,N699). 1899/11/07 (A3,N699).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67038188
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
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[texte illisible]
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17 BRUMAIRE AN CVIU.
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CALENDRIER PROTESTANT
1 passages de la Bible à lire et à aa:idiLe
JONAS II, 8-10. .4
1-
CILEVDRIEI B9:S!
28 OCTOBRE 153J
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CALENDRIER ISRAÉLITE
5 KISLEW ANNÉE 3830
+'+ÊtiÊmm^ÊammÊmmmmammmtÊÊmÊi—mBÈBiÊimiÊÊmÊmi^^^^^^^~
Prix des Abonnements :
pARls Un An 20 fr. Six Mois 10 fr. 50 Trois Mois 5 fr. 50.
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE — « fr. - 18 12 fr. a - 6Jr. •
ETRANGE* (UNION POSTALE) — 35 Ir. — t8 fr. • — loir. a 1
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directrice; 4 MARGUERITE DURAND
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Les »nnnnn«M sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lagrange et Cerf, - -
6, place de la Bourse, ParJn.
LA. FBONDE. journal quotidien,
politique, littéraire, est dirige,
Administré, rédigé, compose P0*
femmes.
!!"" -
Aujourd'hu
7 novembre
A l'Elyséc. Conseil des ministres.
A 1 h. 1/2 courses à Saint-Ouen.
Fôte protestante de la liétorme.
bosle Aéunion de la Liguedu Droitdes Femmes, 8 h.1/2
ansie hall de la Fronde.
Au Ladies' Club, diner sur invitation.
Saint-Antoine, à 8 h. 112, conférence.
Visites aux Musées du IAuvre, du Luxembourg,
le 10 h. à 4 h.; Cluny, de 11 h. à4 h.; Guimet et
Galliera, de midi à 4 h ; Palais de Justice, de 11 h.
à 4 h ; Hôtel de-Ville, de 2 à 3 h.; Monnaie, de
midi à 3 h.; Trésor de Notre-Dame, Sainte-Chapelle
ït Panthéon, de 10 h. à 4 h.; Invaüfles, musée et
tombeau, de midi à 3 h.; Jardin des Plantes, la
- ménagerie, de 1 h. à 5 h.; galerie d'histoire na-
turelle, de Il h. à 3 h.; Aquarium du 1 rocadero,
je 9 à 11 h. et de 1 à 3 h.; Palais de Saint-Ger-
main, de 10 h. 1/2 à 4 h.; Palais de Fontaine-
Ileau, de Il h. à 4 h.; Versailles : le Palais et les
l'rianons. de 11 à 5 h.; Le Jeu de Paume. de midi
à 4 heures. Mu,ee Carnavalet, de 11 h. à 4 h.
PIEUX MENSONGE
Il était joli, d'une beauté tout affinée
fle petit prince. Il ressemblait à sa mère :
de grandes boucles blondes tombant au-
tour de son front pur de quatre ans ; de
beaux yeux doux, au regard caressant,
de grands yeux bruns, veloutés, dans
cette petite figure aux chairs délicates ;
une bouche adorable, toute plisséc, des
lèvres d'enfant qui appellent les bai-
sers... une bouche aux lignes indécises,
que l'âge seul marquera de décision. —
Un cher petit être, adoré par sa mère
qui concentre en lui tout le bonheur de
sa vie, qui réalise en lui les rêves de
toute une jeunesse.
Le père,lui,grand chasseur,nature rus-
tre n'avait guère le temps de se consacrer
ni à sa femme, ni à son enfant. — Une
vie tout en dehors. — Parfois, pourtant,
de sa main rude il caressait la tête blonde
de son fils, un peu de la même manière
qu'il la passait sur le poil de son chien
favori.
... Mais la mère et l'enfant étaient tou-
jours ensemble. Oh! la délicieuse petite
vie à deux! Ensemble ils couraient dans
les grandes allées du parc, jouaient, et
se couchaient sur les vastes pelouses ;
en hiver, blottis tous deux dans une
targe et vieille bergère d'autrefois, elle
lui racontait bien doucement des contes,
et le bois flambait joyeusement dans la
vaste cheminée. Le soir, au crépuscule,
cette flamme jetait des ombres sinistres
dans la grande salle ; alors tous deux
avaient un peu peur, et se tenaient tran-
quilles, en se caressant, jusqu'au mo-
ment où les hautes lampes à colonne
Illuminaient..., écartaient tout ce noir.
Lui, l'enfant,ne connaissait que le pré-
sent ; elle, la mère entrevoyait déjà l'a-
venir, où l'enfant devenu homme serait
son soutien, sa gloire ; où son intelli-
gence serait fixée sur autre chose qu'un
fusil à deux coups,ou un chien bon cou-
reur.ll Hait tellement à ellc,rien qu'à elle:
ce large front rayonnant,ces beaux yeux
veloutés, si doux. ces boucles d'or, tout
cela était d'elle. En rien il ne tenait du
père, ce père si rude, qui les aban-
donnait, pour qui ils étaient si peu de
chose.
Un jour, un beau jour d'été, un jour
bù tout jouit du bonheur d'être, il arriva
une chose atroce.
La mère lisait, assise à l'ombre, sous
de vieux ormes, près du château ; de
temps en temps, elle posait son livre, et
regardait, distraite, inconsciemment heu-
reuse de sa jeunesse, du beau temps. Le
soleil arrivait en plaques dorées à tra-
vers l'épais feuillage des arbres. Parfois,
le petit venait la détourner de sa lecture,
en lui parlant de sa voix qu'elle adorait,
en qu tant un baiser de ses lèvres roses.
Elle se disait : la vie est bonne, malgré
toutes les déceptions, maigré le vide du
cœur dont elle avait tant souffert avant
la naissance du cher petit. Il avait tout
comblé, elle n'était plus ni amante, ni
épouse — elle était mure ; son cœur était
tout plein de cet amour ; son âme pou-
vait s'élever à Dieu en un hymne de
louange :
La vie est bonne.
Depuis un instant, à moitié endormie
par la chaleur lourde, par le bourdonne-
ment des mouches, par le souffle léger
du vent d'été dans les branches, elle se
réveilla tout à coup. une angoisse lui te-
nant le cœur, un pressentiment. N'a-
t-ellc pas, comme à travers un rêve, en-
tendu un cri étouffe? N'y a-t-il pas long-
temps que le petit n'est pas venu rôder
autour d'elle ?... Elle se lève, elle court,
elle appelle, et enfin, toujours guidée
par cette terreur indéfinie, elle pénètre
dans la cuisine, et là, sur le sol,inanimé,
la figure tuméfiée, les beaux yeux fer-
més, gontlés, toute la peau, naguère si
rosé, enflée en une ampoule hideuse, les
boucles d'or souillées, humides, glt son
trésor, son enfant bien-aimé.
Entré par hasard dans la cuisine, il
l'avait trouvée vide ; mais sur le four-
neau ronronnait une marmite d'où
s'échappait, pareille à de beaux nuages
blancs, une vapeur épaisse. Intrigué,
curieux, il l'avait tirée de ses petites
mains d'enfant, trop faibles pour em-
pêcher libre. le lourd ustensile de perdre l'équi-
ibre.
................
Elle ne rêve plus, elle ne rêvera plus
jamais que la vie est bonne.
La chambre est fermée, les volets sont
clos ; !1 y pénètre à peine assez de lu-
mière pour qu'avec un sentiment mêlé
d'horreur, d'amour, et de pitié intense,
elle puisse regarder, contempler toujours
cette petite figure devenue pitoyable, re-
poussante.
Il avait tant souffert : longtemps des
linges avaient caché à l'air et à la vue
. . 'COs plaies horribles, et lorsqu'enfln on
avait pu découvrir les brûlures cicatri-
sées. cotte tète si chère, ai rayonnante
de beauté enfantine, était devenue af-
freuse. Les belles boucles étaient enle-
vées par plaques jusque sur le front ;
cette bouche qui était un bouton de rose,
avait maintenant les li vres amincies, j
tordues, desséchées, flétries en un rictus
grimaçant ; les joues pâlies, d'une vieil-
lesse précoce, avaient la peau tirée, ten-
due ; et les yeux aux cils brûlés étaient
tout blancs, sans regard, — aveugles. —
Oh ! ces yeux surtout, qui voudraient
voir ; cette angoisse perpétuelle sur cette
figure monstrueuse !
Il faut lui" parler tout le temps, pour
qu'il ne se sente pas seul. Dans son
obscurité, il a peur de la solitude. Il
reste longtemps, assis sur sa petite
chaise devant sa mère, à la fixer sans la
voir, et il lui demande pourquoi elle y
est,... — sans y être.
— Elle chante, elle lui conte des his-
toires comme autrefois. — Elle pleure,
mais sa voix ne tremble pas.
Elle pleure le jour, elle pleure la nuit...
Elle le fait sauter sur ses genoux comme
autrefois;' elle baiae ses grand^voux
blancs, cette bouclii qui fut si fraîche,
au rira enfantin, et qui n'est que plus
laide quand elle sourit, avec une multi-
tude de petits plis dans la peau violette j
des joues. Comme autrefois aussi elle lui
dit : « Que tu es beau, mon chéri. »
Pour lui elle n'a rien de change dans
sa manière d'être, dans la tendresse de
ses caresses, dans la douceur de sa voix.
Pourtant il pleure souvent, lui qui ne
connaissait que le rire.
La nuit, quand il dort, et que sur
l'oreiller repose cette tète d'être à jamais
abîmé, elle se met il côté de lui et ra-
mène doucement sur cette figure tant
aimée les boucles de cheveux blonds.
Alors, à travers ses larmes, elle reste
longtemps à le regarder, se l'imaginant
comme autrefois, si joli.
Le temps est à la pluie. Le ciel est
gris; il pleut tout le jour; les feuilles
jaunissent et tombent; c'est la fin d un
bel été.
— Pourquoi, maman, est-ce que je
ne vois plus? Dis, est-ce fini? Est-ce que
je ne te verrai plus jamais? Dis... je ne
te verrai plus ? Caresse-moi, ma petite
maman. Et il penche sa tête vers la main
qu'il aime.
— Il pleut mon amour, il pleut. Ce
n'est pas la peine de voir : le ciel est
tout gris. »
Et pendant l'automne, et pendant le
long hiver, c'est toujours la même ré-
ponse à la même triste question. — Le
père n'entre jamais dans cette chambre
d'enfant. Le petit ne s'en aperçoit pas.
... Mais voici : le temps se remet au
beau ; une matinée de printemps chaude
et parfumée, un soleil resplendissant; le
ciel est tout bleu et les oiseaux chantent
gaiement dans les branches dépouil-
lées.
La ffi;\re est dans la chambre lorsque
le petit se réveille : —Oh! maman, j'ca-
tends les petits oiseaux ; il fait beau, dis,
je vais te voir !
Elle ouvre les volets, puis les fenêtres,
et la lumière entre en flots, du blond, du
blond, de l'or plein la chambre.
Elle se détourne amèrement de cette
lumière, de cette joie,de toute cette exu-
bérance de vie ; ses joues sont inondées
de pleurs. Elle le saisit dans ses bras ;
elle le caresse en murmurant :
— Hélas ! cher petit, le ciel est toujours
gris... »
MME BEIGH NORTON.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Réforme indispensable
C'est l'avant-déjeuner, la bonne heure
de banlieue, de province, où le père,
tandis que la maman, les filles vaquent
au ménage, que les fils donnent un coup
d'œil au jardinet, sous les fenêtres, c'est
l'heure ou le chef de famille prend con-
naissance des journaux de Paris.
Sa voix parfois s'élève, tantôt gogue-
narde, tantôt grave, tantôt surprise 011
indignée, au hasard des nouvelles qu il
communique à tout son petit monde. On
échange des réflexions, tandis que les
mains ne demeurent point inactives. C'est
l'alimentation quotidienne des esprits en-
tre les deux premiers repas du jour.
Tout à coup, un grand cri, si affreux,
si atroce, qu'il parait échapper à quelque
supplicié dont on arrache les entrailles,
l'interjection en qui semble se résumer
toute l'humaine douleur.
— Ah!
Chacun s'est arrêté en sa tâche, comme
figé par l'accent précurseur de quelque
catastrophe. On regarde le père, défiguré,
blême, entre les doigts de qui le journal
tremble. Puis toutes les émotions se dé-
chaînent en un flux de paroles :
— Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce
qui arrive ?
Le malheureux essaie de feindre :
— Rien... rien... je me suis trompé, il
n'y a rien.
Mais la mère a tôt fait de lui enlever
la feuille des mains.
Et elle tombe raide, battant F a ir d'un
geste de désespoir.
C'est très simple : leur fils est mort.
Ils l'avaient donné à la patrie, c'était
un soldat, un explorateur — ils en étaient
fiers. Voilà qu'il a été mangé par les
tigres, comme Montagne, ou tué par les
sauvages, comme tant d autres; et la
France étant trop pauvre pour paver ses
deuils et ses dettes, n'a averti la famille
que télé graphiquement, au petit bonheur
d'une dépêche égarée ou en attente à la
municipalité.
Or la presse, renseignée, parle... et de
telles nouvelles sont annoncées par sa
voix.
C'est ce qui vient d' arriver pour la fa-
mille Bretonnet, à Saint-Maur-les-Fossés,
aux portes de Parisl
Voilà dix ans que je mène campagne
contre si cruel abus; que le prêche ren-
voi d'un délisiui aux jamtllei^parce que
c'est juste, parce que c'est humain, parce
que c'est du! Le ministère des Colonies,
en la circonstance. se trouve couvert par
la dépêche adressée au maire. Soit. Seu-
lement, il faut prévoir même les fatalités
d'erreur ou d' absciice. Il y a, dans les bu-
reaux, assez de ronds-de-cuir inoccupés, à
qui une promenade ferait du bien ; — et
quelle Compagnie de chemin de fer ose-
rait refuser la franchise du parcours, à
dépareillés fins ?
Les questions de budget n'existent pas,
vis-à-vis d'un devoir si absolu. Qu'on éco-
nomi.îe sur le gâchis, sur le coulage, sur
l'excès de chauffage qui s'en va par les
fenêtres ouvertes, sur les épingles, la
ficelle, les pains a cacheter !... Il y aura
(et au-delà 1) de quoi subvenir à la dé-
cence du regret envers les parents dont
l'Etat est le débiteur.
Quand s'tl décidera-t-on ?
SÉVERINE.
LE XIXe CONGRÈS
de la Ligne de l'Enseignement
^utouWo^mbre i8 Les séances du congrès sont si char-
gées, les obligations des congressistes
— de ceux surtout qui font partie des
bureaux — sont si nombreuses qu'il est
à peu près impossible de les raconter.
et de les commenter — ce qui est beau-
coup plus important — en des lettres
quotidiennes. Je me propose de le faire
à Paris, à tête reposée.
Ainsi voici un aperçu de notre journée
d'hier, samedi 4 novembre :
Dès neuf heures dû matin,séances des
commissions, jusqu'à onze heures, à
moins que l'on ne se soit échappé des
salles, à dix heures ot demie, pour assis-
ter à l'inauguration des villas achetées
pour les ébats des enfants des écoles
primaires : l'une pour les garçons, l'au-
tre pour les filles ; la Villa des Rosiers
pour les uns, la Villa Méricant pour les
autres, situées à deux extrémités oppo-
sées de la ville. (Je donne ce détail, afin
de rassurer les âmes pudiques pour les-
quelles les jeux en commun d'enfants
des deux sexes sont un des signes de la
perversité des esprits laïques).
A midi déjeuner offert par le conseil
général de la Ligue aux autorités toutou-
saines.
Bon déjeuner, tr~s cordial, qui a fait
verser, dans les journaux adverses, plus
d'encre venimeuse que los bouteilles de
champagne de chez Tivolier n'en ont
versé dans nos verres, à 2 heures séance
plénière jusqu'à 7 heures; a 8 h. 112
soirée de gala au Capitole, soirée qui
s'est transformée en matinée, puisqu'elle
s'est prolongée jusqu'à une heure après
minuit.
Et maintenant — dimanche 9 heures
— il faut s'habiller en hâte pour assister
à l'inauguration d'un groupe scolaire,
puis déjeuner à la Préfecture, puis as-
sister il la séance solennelle de clôture,
puis au banquet...
Oh! je sais bien ce que l'on dira, ou
plutôt ce que l'on dit chez... les autres :
« trop de banqueta, trop de musique,
trop de temps perdu Il; mais oii donc
ont-ils vu ces « autres » que l'on puisse
faire oeuvre commune lorsque l'on ne
se connaît pas? Et depuis quand les
« agapes »» ne sont-elles plus le meilleur
moyen de rapprocher les esprits,de faire
naître les sympathies? Reste la question
du menu que l'on est libre de discuter.
La question capitale dans ce congres
d'éducation laïque, c'est sans contredit
la laïcisation du personnel enseignant
qui, seule, pourra faire celle des esprits.
Il s'agit, en effet, de savoir si la France
qui a fait la Révolution rétrogradera j us-
qu'en 1700 ou si, reprenant l'œuvre si
crânement entreprise, alors, elle retrou-
vera ses positions,hélas ! perdues.
Certes, il est douloureux de ne pou-
voir traiter un pays par la liberté abso-
lue; c'est m'me avec un réel déchire-
ment que certaines âmes sont forcées
de reconnaitre l'obligation morale do se
défendre; mais la guerre est déclarée et
tout ce que nous pouvons faire vrai-
ment c'est d'opposer aux armes empoi-
sonnées de nos adversaires, des armes
loyales, des armes dignes de nous.
Et c'est pourquoi nous demandons,
comme minimum («nous", en ce moment
c'est le congrès) que tout Français aspi-
rant à enseigner dans un établissement
public ou libre soit muni de titres de ca-
pacité — ceci sauvegardera, au moins,
l'instruction des enfants élevés dans les
écoles libres (écoles de tout ordre); en-
suite que l'Etat ne choisisse ses fonction-
naires que parmi ceux qui auront fait,
soit entièrement soit partiellement,leurs
études dans un établissement public.
Et de cela la presse réactionnaire
exulte « ils se déshonorent eux-mêmes,
s'écrie-t-elle en renonçant à leurs prin-
cipes. « jr ..
C'est un peu comme s ils écrivaient
que les Boers se déshonorent en se dé-
fendant contre les Anglais !
C'est surtout pour conserver son in-
fluence sur l'esprit féminin que le parti
adverse emploie ses armes les plus
meurtrières, et malheureusement, par-
fois, de notre côté même, et je dirais
presque par notre naïveté ou notre bonne
foi, nous laissons passer en congrès des
amendements dangereux. Cela a failli
nous arriver hier : Un membre bien in-
tentionné, j'aime à le croire, demandait
que les femmes des instituteurs pourvues
du brevet fussent nommées concurrem-
ment avec les élèves de l'école normale .
— Parfait, ai-je répondu, si l'on me
prouve que les idées philosophiques
soient ce que recherche l'homme qui
prend femme Il.
Et j'ai eu la joie de faire repousser l a-
mendement.
Mais je le répète, ces questions sont
trop graves pour les sabrer ainsi ; j Y re-
viendrai et je dis seulement ce matin,
que de notre congrès est un acte de défense
e l'esprit laïque, comme notre Ligue
est une ligue de propagande Idique.
PAULINE KERGOMARD.
SALAIRES DE FAMINE
En 1893, une commission officielle, com-
posée de députés, de sociologues eL de fé- 1
ministes, entreprit une enquête sur les
conditions de travail et les salaires des ou-
vrières viennoises. La publication des ré-
sultat de l'enquête provoqua partout des j
cris d'indignation. |
Voici dans ses grandes lignes, le tableau |
dessiné par les enquêteurs : des salaires
moyens de G à 8 fr. par semaine, réduits
par beaucoup de morte-saison et de chô-
mage. La prostitution, devenue l'unique
moyen de subsistance de ces malheureuses.
Des conditions de travail très défavora-
bles, ateliers exigus et souvent insalubres.
Un apprentissage mal compris, mal orga-
nisé, visant plutôt l'exploitation de l'ap-
prentie que sa préparation solide à une
profession rémunératrice.
Il ya quelque temps une enquête pareille
sur la situation économique et morale des
ouvrières a été entreprise hLcmberg, en Ga-
licie. Nons avons sous les yeux les résultats
do ces investigations, qui révèlent une mi-
sère analogue à celle des ouvrières vien-
noises, sinon parfois pire.
-On. A interrogé 60 .femmes représentant
18 branches de l'activité féminine, et l'on a
fait entre autres les constatations suivan-
tes :
Les travaux les plus pénibles sont exé-
cutés par les femmes aides-maçons et les
tuiliôres.lOlles travaillent tOil 11 heures par
jour, portent de lourds fardeaux, montent,
chargées sur dos échafaudages, restent
coUt'béo:;,pliées on deux toute une journée.
Les maçonnes sont obligées d'attendre cha-
que matin en plein air, qu'on vienne tes
louer, les campagnardes leur font une forte
concurrence, les ouvriers et les contre-
maîtres n'ont pour elles ni égards ni res-
pect.
Ce (Ltr labeur est payé 0.80 à 1.20 par
jour. La morte saison pour les maçonnes
dure du mois do novembre au mois de j
mars..
Les travaux à l'aiguille, moins pénibles,
mais demandant un apprentissage de 3 ou
4 ans, sont encore plus mal payés que les
gros travaux dont nous venons de parler.
Les ouvrières de l'aiguille débutent avec
4 à 5 francs p ir mois et ne dépassent pas,
ordinairement 16 à 20 francs de gain men-
suel.
3J francs par mois est le salaire maxi-
mum dans la confection. Les couturières
qui travaillent à la journée dans les mai-
sons bourgeoises obtiennent 1 fr. à 1 fr. 20
par jour. Mais elles sont nourries.
Chose étrange, la lingère galicienne ga-
gne davantage que la couturière. Une ou-
vrière habile à se faire 2 francs par jour.
Une brodeuse adroite en gagne aulant. Il
y a des ateliers de braderie qui payent à
leurs ouvrières 36 à 40 francs par mois.
C'est le Pérou. Mais les mains ordinaires
évidemment n'y arrivent pas. !
La modisto est, en Galicie comme ail-
leurs, la reine des ouvrières de l'aiguille.
11 est vrai qu elle débute avec 4 à 8 frs par
mois. Mais au bout de sept années elle
en gagne 20, puis dans les grands magasins
de modes elle monte jusqu'à rJO, même à
80 frs par mois.
C'est à donner le vertige aux autres.
Entre les sommets du travail féminin et
ses bas-fonds se placent les industries
moyennes, le blanchissage, l'imprimerie, la
reliure.
Les blanchisseuses, qui travaillent qua-
torze heures, gagnent 1 fr. 60 par jour,
mais, vivant au dehors, elles dépensent
aussi beaucoup'.
Dans l'imprimerie, la femme n'est qu une
aide, qui surveille tes machines et fait des
emballages. Son rôle dans la reliure est
également celui d'une subalterne. Les sa-
laires sont de 28 à 30 francs par mois.
Mais comme ces occupations sont peu pe-
nibles et que le travail est régulier, beau-
coup de femmes les préfèrent à la couture,,
par exemple.
Li triste situation des ouvrières tember-
geoises est indéniable. Mais on peut. espé-
rer qu'on y portera remède. La femme de
cœur et de savoir qui, s'inspirant de J'en-
quête viennoise, a entrepris l'enquête en
Galicie, ne s'en tiendra pas à la paperasse.
Mme Dascynska, professeur d'économie
politique à l'Université de Cracovie, entend
organiser ou faire organiser les ouvrières
iimbergeoises, les éclairer sur leur situa-
tion et oppose l'action syndicate à l'exploi-
tation de l'ouvrière.
Ello aura comme auxiliaires dans la lutte
non seulement ses collègues de l'enquête,
mais aussi la vaillante revue viennoise :
Les Documents des femmes, à laquelle nous
avons emDruntà ces détails.
SIGMA.
Une Exploratrice
Mme Jean Pomerol
Nous trouvons Mme Jean Pomeroi dans
un petit appartement de la rue de Babylo-
ne, pied à terre, à l'aspect oriental, avec
ses tentures d'étoffes algériennes, ses ta-
pis de prières et ses mille riens, poteries
grossières, nattes linement lissécs,coumns
tressés par les femmes du désert, etc.,
rapportés avec das précautions infinies et
qui doivent rappeler à leur propriétaire
des mondes de souvenirs.
Assez grande, forte, la physionomie ac-
cueillante, les yeux largement fendus, un
peu clignotants sous de longs cils, de beaux
cheveux noirs tordus sans prétention, voilà
l'exploratrice.
Très femme pourtant et demeurée co-
quette, en dépit des deux années passées
dans les sables du Sahara. I
Sur un coin de table, un jeune Arabe, un
superbe gamin vient de servir le thé. La
mine éveillée, il est charmant, ma foi, sous
sa chéchia rouge crânement posée sur sa
tête brune. Sa peau a des tons de bronze
florentin, son regard est vif, intelligent et
dans sa gandoura, avec ses bras nus mus-
clés, ses jambes finas, sa carrure bien
prise, on dirait une statuette mignonne,
joliment fignolée.
C est Miloud-ben-Chélioni,un petit domes-
tique ramené de là-bas. Il peut avoir de
onze à douze ans, mais il ignore son Age,
n'ayant pas d'état civil. Très attaché à Mme
Pomerol, il ne semble pas regretter, du
moins pour le moment, les grands espaces,
le rutilant soleil de chez lui, ni le gourbi
où il a laissé les siens.
Il est content, et un sourire large épa-
nouit sa petite physionomie, montrant ses
dents blanches dans des gencives de corail.
-- Des détails sur mon voyage ? s'écrie
dès notre première question Mme Jean Po-
merol, mais je vous dirai tout d'abord qu'il
a été des plus intéressants. Trop court seu-
lement je dois l'avouer. 1
Et l'exploratrice nous conte sa vie peD-
dant ces deux années qu'elle a.passées dans I
le Sahara, partant de Lagouat pour visiter
ensuite Gardaia, Elgoléa, Ouargla et ren-
trant enfin, contrainte par la maladie, par
Tuggurt et BIskra.
Aime Pomerol avait obtenu de suivre un
convoi militaire et tout en conservant ses
vêtements féminins, elle vécut comme le
soldat, partageant la pitance souvent mai-
gre, se contentant de la ration d'eau, et
mangeant à l'étape ainsique les camarades,
un plat uniforme, du chameau bouilli ou a
la vinaigrette.
— Triste menu, fait en souriant la jeune
femme, car la viande de chameau est peu
nourrissante et d'un goût fade ressemblant
à de très mauvais bœuf.
Une interrogation se presse sur nos lè-
vres.
— Mais cnfln,pourquoi êtes vous allée au
désert ? comme voyage d'agrément.cette pe-
tite partie nous semble plutôt manquer de
confortable. '
— J'avoue que l'on est sans cesse privé
du strict nécessaire,etque pour une femme
cette situation est encore plus horrible,
mais je n'ai qu'un regret c'est d'avoir été
forcée de rentrer un an plus tôt que je ne
me le proposais.
Devant ma moue d'étonnement Mme Jean
Pomerol de s'exclamer.
— C'est si intéressant 1 Je me sais dêcidêè
à. ce voyage pour étudier los mœurs des
tribus du désert, pour noter leurs coutu-
mes, vivre de leur vie, et relever aussi les
anciens vestiges d'une autre civilisation à
laquelle ces peuplades ont dû appartenir.
Il est curieux de retrouver à l'aide do fai-
bles. indices, pierres gravées, légendes,
mots dénaturés, les traces des grandes in-
vasions, des mélanges dont ces races là
sont sorties.
« C'est un souci d'écrivain consciencieux
qui m'a poussée à entreprendre cette longue
et très pénible excursion qu'aucune femme
encore, m'a-t on dit, n'a tentée. J'ai du
reste envoyé déjà dans différents journaux
des relations détaillées sur les pays où
j'ai séjourné avec des photographies repro-
duisant les villages, les oasis et des types
variés d'hommes, de femmes, d'enfants.
Mme Pomerol va publier ègalemeut un ro-
man Y Haleine du désert, et elle en prépare
un autre sur les questions religieuses du
Sahara.
Au point de vue féminin l'exploratrice
nous entretient des dissemblances qui exis-
tent entre les différentes peuplades se par-
tageant le désert.
Chez les Rouar'a les femmes sont sauva-
ges, voilées non seulement de la mante qui
dérobe le visage, miis encore ensevelies
sous une longue couverture de laine qui
dissimule toutes lesfformes. Presque es-
claves du mari, elles ne doivent converser
avec aucun homme,et dans larue elles pas-
sent rapides frôlant les maisons, se détour-
nant craintives à l'approche d'un étranger.
Leurs occupations sont douces. Elles
chantent ctdansent, s'amusant entre elles à
des jeux locaux. Leurs travaux consistent à
filer la laine, à la tisser et à teindre les
étoffes sorties de leurs métiers. Les hom-
mes cultivent les jardins etpiochent la mai-
gre terre dont ils tirent une piètre récolte.
■ L'or et l'argent sont presque inconnus, la
monnaie est rare et l'on pratique encore
couramment. l'écliatige.
Demeurées très superstitieuses, les fem-
mes rouar'a croient à l'impureté du routni
(chrétien).
Et Mtic Pomerol noi3 conte avec humour
sa première visite dans un des villages
rouar'a. Les femmes affolées pleuraient sur
son passage, jetant au ciel leurs lamenta-
lions aigu 's. La Française avait souillé leur
demeure et elles invoquaient la clémence
d'Allah,
— Une des plus gracieuses visions et des
olus tristes à la fois que j'ai rapportées de
là-has, nous dit l'exploratrice, est celle
d'une noce. L'épousée pouvait avoir huit
ans et le mari soixante. La fillette chétive,
mignonne, avec ses grands yeux de ga-
zelle me faisait mal à voir. Le cortège 63
composait de petites femmes déjà mariées
dont les âges variaient entre douze et qua-
torze ans.... -,
« Quelques-unes étaient mères, mais la
plupart conservaient les mièvreries d atti-
tudes, la gracilité des fillettes de chez nous,
et cc!a m'attristait. Je n'aime pas voir
effeuiller les roses avant leur éclosion.
Les femmes Touaregs sont beaucoup plus
libres que leurs compagnes des autres tri-
bus. On pourrait même dire qu'il y a chez
ce oeuple comme un reste de vieille civili-
sation morte. Une légende veut que les
Touaregs aient pour ancêtres une poignée
de Français; des soldais deSaint-Lodis, as-
su re-t-on, qui se seraient mêlés à des Car-
thaginois, pour s'établir d'tons un coin du
désert.
Ce qu'il y a de certain,c'est que les meil.
leures féministes se contenteraient des pré-
rogatives dont jouissent les femmes toua-
regs, qui semblent détenir l'élément intelli-
gent du pays.
Elles savent toutes lire cependant que
leurs maris restent dans une complété
ignorance. Elles sortent librement sans se
couvrir le visage ; les hommes sont voilés
et ne consentent que très rarement à mon-
trer leurs traits.
Mme Pomerol, possède cependant la pho-
tographio d'Ouen-Titi frère du grand chef
des Touaregs, qui est venu en France et a
reçu une certaine éducation. En dépit de
son séjour chez nous, il a fallu insister
beaucoup pour obtenir la faveur d'une pose
devant le kodack.
Les femmes assistent aux conseils des
anciens et, autre faveur, héritent entière-
ment de leur mari,rccueittcnt même le droit
au pouvoir de guerre et ce avant les en-
fants, s'il y en a.
On n'est pas plus féministe.
Comme mœurs... un grAnd relâchement
est admis. La répudiation est à l'ordre du
jour et il n'est pas rare de rencontrer un
homme qui vient de prendre épouse pour
la douzième fois..
Voilà des criminels endurcis et persévé-
rants, il faut l'avouer...
Le3 Touaregs sont bonnes mères, elles
chérissent leurs petits et ne les maltraitent
point. Mais là s'arrêtent leurs soins; un en-
fant n'est jamais lavé par sa maman tant
qu'il est jeune. On le vêt de neuf,aux fêtes,
et l'habit demeure sur lui jusqu'à ce qu'il
tombe d'usure. „
— Au demeurant, ces femrnes-là sont
fort heureuses, nous dit Mme Jean Pomerol.
Elles travaillent peu, ne filant et tissant que
pour les besoins de leur ménage. Les hom-
mes cousent et lavent. Les ustensiles de
cuisine, cruches, plats, poteries diverses
sont également façonnés par les femmes
qui les décorent grossièrement de dessins
barbares aux teintes vives.
Les deuils sont rigoureux et pendant les
dix mois qui suivent la perte d'un être cher
les moules h poteries doivent être délais-
sés. Si la vaisselle manque, on a racours à
une amie, mais on ne pétrit pas la terre. Le
grand signe de douleur consistant à ne pas
se nettoyer, à ne pas touoher l'eau.
Mme Pomerol entraînée par ses souve-
nirs récents, nous tient sous le charme,
pendant des heures et des heures. C'est un
vrai voyage que nous accomplissons en
pensée avec elle, et ce n'est pas un simple
article, qu'il faudrait, pour conter tous les
détails intéressants, petits eûtes intimes de
la vie de ces nomades, passions, joie, dou-
leur, replis de l'lime, fouillés ou surpris,
par l'exploratrice durant de longs et pa-
tients mois sous le soleil de feu et la mor-
sure des sables, ce serait des pages, des
pages encore... Mais Mme Pomerol est une
de nos confrères, elle se chargera de cette
besogne, ou plutôt de ce plaisir l'a.
MARIE-LOUISE NÉRON.
La Potinière
La minuscule République de Saint Marin célébrait
dimanche dernier, sa fête de l'Indépendance.
Depuis la fin du quatrième siècle, époque à laquelle
remonte sa fondation, le petit Etat, au milieu des
guerres et des révolutions, toujours demeura libre.
La population de la République est de 9.53 j habi-
tants. On s'y marie jeune : les hommes dès l'âge de
quatorze ans, les filles dès l'âge de douze ans.
De doue publique, il n'y ea a pas, et les lettres
pour le territoire circulent en franchise.
Si bien que la riche et prospère République peut.
pour ses fêtes, dépenser des sommas folles... Parmi
toutes les merveilles, on remarquait, nous dit-on, des
fleurs superbes a profusion. Les commuides avaient
été faites à Paris chez le grand touriste Delavigne.dont
la maison de vente SI trouve 10 et 12, rue Urémon-
tier.
Et c'est parmi orchidées et chrysanthèmes, fleurs
venues de France, que le drapoau de Saint-Marin,blan»
et bleu a flotté avec sa devisa : Libcrtas,
Le mariage de l'archiduchesse Stéphanie est retardé,
et, peut-être, compromis à j-innis si, comme on
l'annonce, le pape s'ca mèle.
Mais, en revanche, le mariage morganatique de
l'archiduc Frauçois-Ferdinand avec la comtesse Sophie
Chotek aura lieu prochainement. L'Empereur se laisse
fléchir.
D'ailleurs, la comtesse Sophie Chotek, de par si
mère née de Crov, pas;ùde d'après le Gatha, seule à
l'exclusion de la famille Chotek, le droit d'alliance avec
les familles royales régnantes. Enfiu, ce ne serait pas
la première fois que les Habsbourg s'allieraient à une
simple comtesse, voire mime à une humble bergère.
Jadis, l'archiduc Jean épou* i la belle postière de
IHeran, fille d'un maître de poste, pour l'avoir vue ga-
loper devant lui d'un relai à l'autre, conduisant et fai-
sant claquer allègrement son fouet. L'archiduc Henri
a épousé une cantatrice, et l'archiduc Salvator, avant
de quitter l'Autriche sous le nom de Jean Orth avait
épousé une actrice qu'il a emmenée et qui a disparu
avec lui.....
Nos pensées reviennent soudain à la très noble et
très malheureuse princesse Stéphanie. Seule, demeu-
re ra-t-ci le sans amour ?
Pour elle, comme pour l'héritier de son trône, l'em-
pereur François-Joseph, n'aura-t-il pas un regard
d'indulirence. de clémence ?
On dit...
HAMLET ET LE GRAND-DUC CONS
TANTIN
Le grand-duc Constantin a, paran-u, n'a
duit Ilamlet en vers russes.
El les journaux russes racontent que la
saison dernière des fragments de cette co-
médie furent joués au Palais de Marbre,
résidence du grand-duc, avec le traducteur
en personne dans lo rôle d'Hamlet, et des
officiers du régiment du grand-duc dans les
autres rôles masculins.
Il y eut trois représentations, la premiè-
re, pour l'le, in p(,-retir et la familleimpùriale -.
la seconde,pour le monde officiel, diploma-
tique, artiste ; et la troisième,pour le corps
d'officiers du régiment du grand-duc.
Cette saison-ci, l'Empereur a exprimé le
désir d'entendre la pièce entière. La repré-
sentation aura lieu dans l'intimité, après
l'expiration du grand deuil actuel de la
cour.
MISS FLORENCE MARRYATT
L'Angleterre vient de perdre un de ses
romanciers les plus populaires, Miss Flo-
rence Marryatt.
Miss Florence Marryatt était la fille du
célèbre marin qui commandait un des bâti-
ments de la station de Sainte-Hélène à
l'époque de la mort de Napoléon. Quelle
que fùt sa réputation comme officier, le ca-
pitaine Marryatt est surtout connu comma
écrivain; ses romans, dont tous les sujots
sont empruntés à la vie maritime, offrent,
encore, pour les Anglais, un plus grand
attrait que ceux de sa fille.
Cependant beaucoup des romans de Miss
Florence Marryatt, tel que The Beauliful
Soul, ont obtenu un succès retentissant en
Europe...
Mais attirée vers le spiritisme, elle s y
livra tout entière et écrivit un livre fort
intéressant World's Spirits.
Très belle, d'une beauté que rAge ne de-
vail pas détruire Miss Florence jusque dans
les dernières années excitait l'admiration
de tous ceux qui l'approchaient.
AIDEZ-NOUS A FONDER DES CRÈCHES
La distinguée présidente de I Œuvre dei
er,icheq parisiennes, Mme Marguerite Crcm'
niiz, fait entendre en ce moment une fois
encore sa devise au public.
L'ouvre, dont le but est la création et
l'entretien de crèches dans les quartier,
populaires qui en manquent, vient d'entre-
prendre d'en construire une à la Santé.
E 'Etat, pour faciliter cette fondation, a au-
torisé Mme Cremnitz à organiser la loterie
que nous annonçons en ce moment et dont
le tirage aura lieu ie 8 décembre prochain
à la vente de charité annuelle de l'œuv!'o.
Nous nous faisons ici un devoir naturel
de nous associer à des efforts pour le sou-
lagement de l'enfance. Après avoir, poui
notre part,répondu à l'appel de Mme Crem-
nitz, nous recommandons do tout notro
pouvoir sa loterie et sa vente à. nos lectri-
ces.
LA TÉLÉGRAPHIE SANS FIL
D'après une interview de M. Marconi, t
berd de la Grande -Duchesse, à New-York,
publiée par la Tribuna, l'inventeur des pro-
cédés pratiques de la télégraphie sans fil,
a dit que ses appareils fonctionnaient.aeja
en Angleterre à une distance de 200 mine s,
mais -qu'il espérait pouvoir transmettre
messages à des distances encore p
grandes.Ce but fait aujourd'hui l'objet de sel
études.
L'ODEUR DE L'EAU DISTILLES
Psychological Review raconte que M. bios-
son, de l'Université de Wypming voulant
démontrer une fois déplus la puissance dt
m
ftwwwftMg Alflftlll. — lp lOI.
[texte illisible]
tx NU~ : «MUQ o«mtima*
C&LEKDMEI atpmlclm -
17 BRUMAIRE AN CVIU.
.
-.
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1 passages de la Bible à lire et à aa:idiLe
JONAS II, 8-10. .4
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directrice; 4 MARGUERITE DURAND
ou_a_&
.
.
Les »nnnnn«M sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lagrange et Cerf, - -
6, place de la Bourse, ParJn.
LA. FBONDE. journal quotidien,
politique, littéraire, est dirige,
Administré, rédigé, compose P0*
femmes.
!!"" -
Aujourd'hu
7 novembre
A l'Elyséc. Conseil des ministres.
A 1 h. 1/2 courses à Saint-Ouen.
Fôte protestante de la liétorme.
bosle Aéunion de la Liguedu Droitdes Femmes, 8 h.1/2
ansie hall de la Fronde.
Au Ladies' Club, diner sur invitation.
Saint-Antoine, à 8 h. 112, conférence.
Visites aux Musées du IAuvre, du Luxembourg,
le 10 h. à 4 h.; Cluny, de 11 h. à4 h.; Guimet et
Galliera, de midi à 4 h ; Palais de Justice, de 11 h.
à 4 h ; Hôtel de-Ville, de 2 à 3 h.; Monnaie, de
midi à 3 h.; Trésor de Notre-Dame, Sainte-Chapelle
ït Panthéon, de 10 h. à 4 h.; Invaüfles, musée et
tombeau, de midi à 3 h.; Jardin des Plantes, la
- ménagerie, de 1 h. à 5 h.; galerie d'histoire na-
turelle, de Il h. à 3 h.; Aquarium du 1 rocadero,
je 9 à 11 h. et de 1 à 3 h.; Palais de Saint-Ger-
main, de 10 h. 1/2 à 4 h.; Palais de Fontaine-
Ileau, de Il h. à 4 h.; Versailles : le Palais et les
l'rianons. de 11 à 5 h.; Le Jeu de Paume. de midi
à 4 heures. Mu,ee Carnavalet, de 11 h. à 4 h.
PIEUX MENSONGE
Il était joli, d'une beauté tout affinée
fle petit prince. Il ressemblait à sa mère :
de grandes boucles blondes tombant au-
tour de son front pur de quatre ans ; de
beaux yeux doux, au regard caressant,
de grands yeux bruns, veloutés, dans
cette petite figure aux chairs délicates ;
une bouche adorable, toute plisséc, des
lèvres d'enfant qui appellent les bai-
sers... une bouche aux lignes indécises,
que l'âge seul marquera de décision. —
Un cher petit être, adoré par sa mère
qui concentre en lui tout le bonheur de
sa vie, qui réalise en lui les rêves de
toute une jeunesse.
Le père,lui,grand chasseur,nature rus-
tre n'avait guère le temps de se consacrer
ni à sa femme, ni à son enfant. — Une
vie tout en dehors. — Parfois, pourtant,
de sa main rude il caressait la tête blonde
de son fils, un peu de la même manière
qu'il la passait sur le poil de son chien
favori.
... Mais la mère et l'enfant étaient tou-
jours ensemble. Oh! la délicieuse petite
vie à deux! Ensemble ils couraient dans
les grandes allées du parc, jouaient, et
se couchaient sur les vastes pelouses ;
en hiver, blottis tous deux dans une
targe et vieille bergère d'autrefois, elle
lui racontait bien doucement des contes,
et le bois flambait joyeusement dans la
vaste cheminée. Le soir, au crépuscule,
cette flamme jetait des ombres sinistres
dans la grande salle ; alors tous deux
avaient un peu peur, et se tenaient tran-
quilles, en se caressant, jusqu'au mo-
ment où les hautes lampes à colonne
Illuminaient..., écartaient tout ce noir.
Lui, l'enfant,ne connaissait que le pré-
sent ; elle, la mère entrevoyait déjà l'a-
venir, où l'enfant devenu homme serait
son soutien, sa gloire ; où son intelli-
gence serait fixée sur autre chose qu'un
fusil à deux coups,ou un chien bon cou-
reur.ll Hait tellement à ellc,rien qu'à elle:
ce large front rayonnant,ces beaux yeux
veloutés, si doux. ces boucles d'or, tout
cela était d'elle. En rien il ne tenait du
père, ce père si rude, qui les aban-
donnait, pour qui ils étaient si peu de
chose.
Un jour, un beau jour d'été, un jour
bù tout jouit du bonheur d'être, il arriva
une chose atroce.
La mère lisait, assise à l'ombre, sous
de vieux ormes, près du château ; de
temps en temps, elle posait son livre, et
regardait, distraite, inconsciemment heu-
reuse de sa jeunesse, du beau temps. Le
soleil arrivait en plaques dorées à tra-
vers l'épais feuillage des arbres. Parfois,
le petit venait la détourner de sa lecture,
en lui parlant de sa voix qu'elle adorait,
en qu tant un baiser de ses lèvres roses.
Elle se disait : la vie est bonne, malgré
toutes les déceptions, maigré le vide du
cœur dont elle avait tant souffert avant
la naissance du cher petit. Il avait tout
comblé, elle n'était plus ni amante, ni
épouse — elle était mure ; son cœur était
tout plein de cet amour ; son âme pou-
vait s'élever à Dieu en un hymne de
louange :
La vie est bonne.
Depuis un instant, à moitié endormie
par la chaleur lourde, par le bourdonne-
ment des mouches, par le souffle léger
du vent d'été dans les branches, elle se
réveilla tout à coup. une angoisse lui te-
nant le cœur, un pressentiment. N'a-
t-ellc pas, comme à travers un rêve, en-
tendu un cri étouffe? N'y a-t-il pas long-
temps que le petit n'est pas venu rôder
autour d'elle ?... Elle se lève, elle court,
elle appelle, et enfin, toujours guidée
par cette terreur indéfinie, elle pénètre
dans la cuisine, et là, sur le sol,inanimé,
la figure tuméfiée, les beaux yeux fer-
més, gontlés, toute la peau, naguère si
rosé, enflée en une ampoule hideuse, les
boucles d'or souillées, humides, glt son
trésor, son enfant bien-aimé.
Entré par hasard dans la cuisine, il
l'avait trouvée vide ; mais sur le four-
neau ronronnait une marmite d'où
s'échappait, pareille à de beaux nuages
blancs, une vapeur épaisse. Intrigué,
curieux, il l'avait tirée de ses petites
mains d'enfant, trop faibles pour em-
pêcher libre. le lourd ustensile de perdre l'équi-
ibre.
................
Elle ne rêve plus, elle ne rêvera plus
jamais que la vie est bonne.
La chambre est fermée, les volets sont
clos ; !1 y pénètre à peine assez de lu-
mière pour qu'avec un sentiment mêlé
d'horreur, d'amour, et de pitié intense,
elle puisse regarder, contempler toujours
cette petite figure devenue pitoyable, re-
poussante.
Il avait tant souffert : longtemps des
linges avaient caché à l'air et à la vue
. . 'COs plaies horribles, et lorsqu'enfln on
avait pu découvrir les brûlures cicatri-
sées. cotte tète si chère, ai rayonnante
de beauté enfantine, était devenue af-
freuse. Les belles boucles étaient enle-
vées par plaques jusque sur le front ;
cette bouche qui était un bouton de rose,
avait maintenant les li vres amincies, j
tordues, desséchées, flétries en un rictus
grimaçant ; les joues pâlies, d'une vieil-
lesse précoce, avaient la peau tirée, ten-
due ; et les yeux aux cils brûlés étaient
tout blancs, sans regard, — aveugles. —
Oh ! ces yeux surtout, qui voudraient
voir ; cette angoisse perpétuelle sur cette
figure monstrueuse !
Il faut lui" parler tout le temps, pour
qu'il ne se sente pas seul. Dans son
obscurité, il a peur de la solitude. Il
reste longtemps, assis sur sa petite
chaise devant sa mère, à la fixer sans la
voir, et il lui demande pourquoi elle y
est,... — sans y être.
— Elle chante, elle lui conte des his-
toires comme autrefois. — Elle pleure,
mais sa voix ne tremble pas.
Elle pleure le jour, elle pleure la nuit...
Elle le fait sauter sur ses genoux comme
autrefois;' elle baiae ses grand^voux
blancs, cette bouclii qui fut si fraîche,
au rira enfantin, et qui n'est que plus
laide quand elle sourit, avec une multi-
tude de petits plis dans la peau violette j
des joues. Comme autrefois aussi elle lui
dit : « Que tu es beau, mon chéri. »
Pour lui elle n'a rien de change dans
sa manière d'être, dans la tendresse de
ses caresses, dans la douceur de sa voix.
Pourtant il pleure souvent, lui qui ne
connaissait que le rire.
La nuit, quand il dort, et que sur
l'oreiller repose cette tète d'être à jamais
abîmé, elle se met il côté de lui et ra-
mène doucement sur cette figure tant
aimée les boucles de cheveux blonds.
Alors, à travers ses larmes, elle reste
longtemps à le regarder, se l'imaginant
comme autrefois, si joli.
Le temps est à la pluie. Le ciel est
gris; il pleut tout le jour; les feuilles
jaunissent et tombent; c'est la fin d un
bel été.
— Pourquoi, maman, est-ce que je
ne vois plus? Dis, est-ce fini? Est-ce que
je ne te verrai plus jamais? Dis... je ne
te verrai plus ? Caresse-moi, ma petite
maman. Et il penche sa tête vers la main
qu'il aime.
— Il pleut mon amour, il pleut. Ce
n'est pas la peine de voir : le ciel est
tout gris. »
Et pendant l'automne, et pendant le
long hiver, c'est toujours la même ré-
ponse à la même triste question. — Le
père n'entre jamais dans cette chambre
d'enfant. Le petit ne s'en aperçoit pas.
... Mais voici : le temps se remet au
beau ; une matinée de printemps chaude
et parfumée, un soleil resplendissant; le
ciel est tout bleu et les oiseaux chantent
gaiement dans les branches dépouil-
lées.
La ffi;\re est dans la chambre lorsque
le petit se réveille : —Oh! maman, j'ca-
tends les petits oiseaux ; il fait beau, dis,
je vais te voir !
Elle ouvre les volets, puis les fenêtres,
et la lumière entre en flots, du blond, du
blond, de l'or plein la chambre.
Elle se détourne amèrement de cette
lumière, de cette joie,de toute cette exu-
bérance de vie ; ses joues sont inondées
de pleurs. Elle le saisit dans ses bras ;
elle le caresse en murmurant :
— Hélas ! cher petit, le ciel est toujours
gris... »
MME BEIGH NORTON.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Réforme indispensable
C'est l'avant-déjeuner, la bonne heure
de banlieue, de province, où le père,
tandis que la maman, les filles vaquent
au ménage, que les fils donnent un coup
d'œil au jardinet, sous les fenêtres, c'est
l'heure ou le chef de famille prend con-
naissance des journaux de Paris.
Sa voix parfois s'élève, tantôt gogue-
narde, tantôt grave, tantôt surprise 011
indignée, au hasard des nouvelles qu il
communique à tout son petit monde. On
échange des réflexions, tandis que les
mains ne demeurent point inactives. C'est
l'alimentation quotidienne des esprits en-
tre les deux premiers repas du jour.
Tout à coup, un grand cri, si affreux,
si atroce, qu'il parait échapper à quelque
supplicié dont on arrache les entrailles,
l'interjection en qui semble se résumer
toute l'humaine douleur.
— Ah!
Chacun s'est arrêté en sa tâche, comme
figé par l'accent précurseur de quelque
catastrophe. On regarde le père, défiguré,
blême, entre les doigts de qui le journal
tremble. Puis toutes les émotions se dé-
chaînent en un flux de paroles :
— Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce
qui arrive ?
Le malheureux essaie de feindre :
— Rien... rien... je me suis trompé, il
n'y a rien.
Mais la mère a tôt fait de lui enlever
la feuille des mains.
Et elle tombe raide, battant F a ir d'un
geste de désespoir.
C'est très simple : leur fils est mort.
Ils l'avaient donné à la patrie, c'était
un soldat, un explorateur — ils en étaient
fiers. Voilà qu'il a été mangé par les
tigres, comme Montagne, ou tué par les
sauvages, comme tant d autres; et la
France étant trop pauvre pour paver ses
deuils et ses dettes, n'a averti la famille
que télé graphiquement, au petit bonheur
d'une dépêche égarée ou en attente à la
municipalité.
Or la presse, renseignée, parle... et de
telles nouvelles sont annoncées par sa
voix.
C'est ce qui vient d' arriver pour la fa-
mille Bretonnet, à Saint-Maur-les-Fossés,
aux portes de Parisl
Voilà dix ans que je mène campagne
contre si cruel abus; que le prêche ren-
voi d'un délisiui aux jamtllei^parce que
c'est juste, parce que c'est humain, parce
que c'est du! Le ministère des Colonies,
en la circonstance. se trouve couvert par
la dépêche adressée au maire. Soit. Seu-
lement, il faut prévoir même les fatalités
d'erreur ou d' absciice. Il y a, dans les bu-
reaux, assez de ronds-de-cuir inoccupés, à
qui une promenade ferait du bien ; — et
quelle Compagnie de chemin de fer ose-
rait refuser la franchise du parcours, à
dépareillés fins ?
Les questions de budget n'existent pas,
vis-à-vis d'un devoir si absolu. Qu'on éco-
nomi.îe sur le gâchis, sur le coulage, sur
l'excès de chauffage qui s'en va par les
fenêtres ouvertes, sur les épingles, la
ficelle, les pains a cacheter !... Il y aura
(et au-delà 1) de quoi subvenir à la dé-
cence du regret envers les parents dont
l'Etat est le débiteur.
Quand s'tl décidera-t-on ?
SÉVERINE.
LE XIXe CONGRÈS
de la Ligne de l'Enseignement
^utouWo^mbre i8
gées, les obligations des congressistes
— de ceux surtout qui font partie des
bureaux — sont si nombreuses qu'il est
à peu près impossible de les raconter.
et de les commenter — ce qui est beau-
coup plus important — en des lettres
quotidiennes. Je me propose de le faire
à Paris, à tête reposée.
Ainsi voici un aperçu de notre journée
d'hier, samedi 4 novembre :
Dès neuf heures dû matin,séances des
commissions, jusqu'à onze heures, à
moins que l'on ne se soit échappé des
salles, à dix heures ot demie, pour assis-
ter à l'inauguration des villas achetées
pour les ébats des enfants des écoles
primaires : l'une pour les garçons, l'au-
tre pour les filles ; la Villa des Rosiers
pour les uns, la Villa Méricant pour les
autres, situées à deux extrémités oppo-
sées de la ville. (Je donne ce détail, afin
de rassurer les âmes pudiques pour les-
quelles les jeux en commun d'enfants
des deux sexes sont un des signes de la
perversité des esprits laïques).
A midi déjeuner offert par le conseil
général de la Ligue aux autorités toutou-
saines.
Bon déjeuner, tr~s cordial, qui a fait
verser, dans les journaux adverses, plus
d'encre venimeuse que los bouteilles de
champagne de chez Tivolier n'en ont
versé dans nos verres, à 2 heures séance
plénière jusqu'à 7 heures; a 8 h. 112
soirée de gala au Capitole, soirée qui
s'est transformée en matinée, puisqu'elle
s'est prolongée jusqu'à une heure après
minuit.
Et maintenant — dimanche 9 heures
— il faut s'habiller en hâte pour assister
à l'inauguration d'un groupe scolaire,
puis déjeuner à la Préfecture, puis as-
sister il la séance solennelle de clôture,
puis au banquet...
Oh! je sais bien ce que l'on dira, ou
plutôt ce que l'on dit chez... les autres :
« trop de banqueta, trop de musique,
trop de temps perdu Il; mais oii donc
ont-ils vu ces « autres » que l'on puisse
faire oeuvre commune lorsque l'on ne
se connaît pas? Et depuis quand les
« agapes »» ne sont-elles plus le meilleur
moyen de rapprocher les esprits,de faire
naître les sympathies? Reste la question
du menu que l'on est libre de discuter.
La question capitale dans ce congres
d'éducation laïque, c'est sans contredit
la laïcisation du personnel enseignant
qui, seule, pourra faire celle des esprits.
Il s'agit, en effet, de savoir si la France
qui a fait la Révolution rétrogradera j us-
qu'en 1700 ou si, reprenant l'œuvre si
crânement entreprise, alors, elle retrou-
vera ses positions,hélas ! perdues.
Certes, il est douloureux de ne pou-
voir traiter un pays par la liberté abso-
lue; c'est m'me avec un réel déchire-
ment que certaines âmes sont forcées
de reconnaitre l'obligation morale do se
défendre; mais la guerre est déclarée et
tout ce que nous pouvons faire vrai-
ment c'est d'opposer aux armes empoi-
sonnées de nos adversaires, des armes
loyales, des armes dignes de nous.
Et c'est pourquoi nous demandons,
comme minimum («nous", en ce moment
c'est le congrès) que tout Français aspi-
rant à enseigner dans un établissement
public ou libre soit muni de titres de ca-
pacité — ceci sauvegardera, au moins,
l'instruction des enfants élevés dans les
écoles libres (écoles de tout ordre); en-
suite que l'Etat ne choisisse ses fonction-
naires que parmi ceux qui auront fait,
soit entièrement soit partiellement,leurs
études dans un établissement public.
Et de cela la presse réactionnaire
exulte « ils se déshonorent eux-mêmes,
s'écrie-t-elle en renonçant à leurs prin-
cipes. « jr ..
C'est un peu comme s ils écrivaient
que les Boers se déshonorent en se dé-
fendant contre les Anglais !
C'est surtout pour conserver son in-
fluence sur l'esprit féminin que le parti
adverse emploie ses armes les plus
meurtrières, et malheureusement, par-
fois, de notre côté même, et je dirais
presque par notre naïveté ou notre bonne
foi, nous laissons passer en congrès des
amendements dangereux. Cela a failli
nous arriver hier : Un membre bien in-
tentionné, j'aime à le croire, demandait
que les femmes des instituteurs pourvues
du brevet fussent nommées concurrem-
ment avec les élèves de l'école normale .
— Parfait, ai-je répondu, si l'on me
prouve que les idées philosophiques
soient ce que recherche l'homme qui
prend femme Il.
Et j'ai eu la joie de faire repousser l a-
mendement.
Mais je le répète, ces questions sont
trop graves pour les sabrer ainsi ; j Y re-
viendrai et je dis seulement ce matin,
que de notre congrès est un acte de défense
e l'esprit laïque, comme notre Ligue
est une ligue de propagande Idique.
PAULINE KERGOMARD.
SALAIRES DE FAMINE
En 1893, une commission officielle, com-
posée de députés, de sociologues eL de fé- 1
ministes, entreprit une enquête sur les
conditions de travail et les salaires des ou-
vrières viennoises. La publication des ré-
sultat de l'enquête provoqua partout des j
cris d'indignation. |
Voici dans ses grandes lignes, le tableau |
dessiné par les enquêteurs : des salaires
moyens de G à 8 fr. par semaine, réduits
par beaucoup de morte-saison et de chô-
mage. La prostitution, devenue l'unique
moyen de subsistance de ces malheureuses.
Des conditions de travail très défavora-
bles, ateliers exigus et souvent insalubres.
Un apprentissage mal compris, mal orga-
nisé, visant plutôt l'exploitation de l'ap-
prentie que sa préparation solide à une
profession rémunératrice.
Il ya quelque temps une enquête pareille
sur la situation économique et morale des
ouvrières a été entreprise hLcmberg, en Ga-
licie. Nons avons sous les yeux les résultats
do ces investigations, qui révèlent une mi-
sère analogue à celle des ouvrières vien-
noises, sinon parfois pire.
-On. A interrogé 60 .femmes représentant
18 branches de l'activité féminine, et l'on a
fait entre autres les constatations suivan-
tes :
Les travaux les plus pénibles sont exé-
cutés par les femmes aides-maçons et les
tuiliôres.lOlles travaillent tOil 11 heures par
jour, portent de lourds fardeaux, montent,
chargées sur dos échafaudages, restent
coUt'béo:;,pliées on deux toute une journée.
Les maçonnes sont obligées d'attendre cha-
que matin en plein air, qu'on vienne tes
louer, les campagnardes leur font une forte
concurrence, les ouvriers et les contre-
maîtres n'ont pour elles ni égards ni res-
pect.
Ce (Ltr labeur est payé 0.80 à 1.20 par
jour. La morte saison pour les maçonnes
dure du mois do novembre au mois de j
mars..
Les travaux à l'aiguille, moins pénibles,
mais demandant un apprentissage de 3 ou
4 ans, sont encore plus mal payés que les
gros travaux dont nous venons de parler.
Les ouvrières de l'aiguille débutent avec
4 à 5 francs p ir mois et ne dépassent pas,
ordinairement 16 à 20 francs de gain men-
suel.
3J francs par mois est le salaire maxi-
mum dans la confection. Les couturières
qui travaillent à la journée dans les mai-
sons bourgeoises obtiennent 1 fr. à 1 fr. 20
par jour. Mais elles sont nourries.
Chose étrange, la lingère galicienne ga-
gne davantage que la couturière. Une ou-
vrière habile à se faire 2 francs par jour.
Une brodeuse adroite en gagne aulant. Il
y a des ateliers de braderie qui payent à
leurs ouvrières 36 à 40 francs par mois.
C'est le Pérou. Mais les mains ordinaires
évidemment n'y arrivent pas. !
La modisto est, en Galicie comme ail-
leurs, la reine des ouvrières de l'aiguille.
11 est vrai qu elle débute avec 4 à 8 frs par
mois. Mais au bout de sept années elle
en gagne 20, puis dans les grands magasins
de modes elle monte jusqu'à rJO, même à
80 frs par mois.
C'est à donner le vertige aux autres.
Entre les sommets du travail féminin et
ses bas-fonds se placent les industries
moyennes, le blanchissage, l'imprimerie, la
reliure.
Les blanchisseuses, qui travaillent qua-
torze heures, gagnent 1 fr. 60 par jour,
mais, vivant au dehors, elles dépensent
aussi beaucoup'.
Dans l'imprimerie, la femme n'est qu une
aide, qui surveille tes machines et fait des
emballages. Son rôle dans la reliure est
également celui d'une subalterne. Les sa-
laires sont de 28 à 30 francs par mois.
Mais comme ces occupations sont peu pe-
nibles et que le travail est régulier, beau-
coup de femmes les préfèrent à la couture,,
par exemple.
Li triste situation des ouvrières tember-
geoises est indéniable. Mais on peut. espé-
rer qu'on y portera remède. La femme de
cœur et de savoir qui, s'inspirant de J'en-
quête viennoise, a entrepris l'enquête en
Galicie, ne s'en tiendra pas à la paperasse.
Mme Dascynska, professeur d'économie
politique à l'Université de Cracovie, entend
organiser ou faire organiser les ouvrières
iimbergeoises, les éclairer sur leur situa-
tion et oppose l'action syndicate à l'exploi-
tation de l'ouvrière.
Ello aura comme auxiliaires dans la lutte
non seulement ses collègues de l'enquête,
mais aussi la vaillante revue viennoise :
Les Documents des femmes, à laquelle nous
avons emDruntà ces détails.
SIGMA.
Une Exploratrice
Mme Jean Pomerol
Nous trouvons Mme Jean Pomeroi dans
un petit appartement de la rue de Babylo-
ne, pied à terre, à l'aspect oriental, avec
ses tentures d'étoffes algériennes, ses ta-
pis de prières et ses mille riens, poteries
grossières, nattes linement lissécs,coumns
tressés par les femmes du désert, etc.,
rapportés avec das précautions infinies et
qui doivent rappeler à leur propriétaire
des mondes de souvenirs.
Assez grande, forte, la physionomie ac-
cueillante, les yeux largement fendus, un
peu clignotants sous de longs cils, de beaux
cheveux noirs tordus sans prétention, voilà
l'exploratrice.
Très femme pourtant et demeurée co-
quette, en dépit des deux années passées
dans les sables du Sahara. I
Sur un coin de table, un jeune Arabe, un
superbe gamin vient de servir le thé. La
mine éveillée, il est charmant, ma foi, sous
sa chéchia rouge crânement posée sur sa
tête brune. Sa peau a des tons de bronze
florentin, son regard est vif, intelligent et
dans sa gandoura, avec ses bras nus mus-
clés, ses jambes finas, sa carrure bien
prise, on dirait une statuette mignonne,
joliment fignolée.
C est Miloud-ben-Chélioni,un petit domes-
tique ramené de là-bas. Il peut avoir de
onze à douze ans, mais il ignore son Age,
n'ayant pas d'état civil. Très attaché à Mme
Pomerol, il ne semble pas regretter, du
moins pour le moment, les grands espaces,
le rutilant soleil de chez lui, ni le gourbi
où il a laissé les siens.
Il est content, et un sourire large épa-
nouit sa petite physionomie, montrant ses
dents blanches dans des gencives de corail.
-- Des détails sur mon voyage ? s'écrie
dès notre première question Mme Jean Po-
merol, mais je vous dirai tout d'abord qu'il
a été des plus intéressants. Trop court seu-
lement je dois l'avouer. 1
Et l'exploratrice nous conte sa vie peD-
dant ces deux années qu'elle a.passées dans I
le Sahara, partant de Lagouat pour visiter
ensuite Gardaia, Elgoléa, Ouargla et ren-
trant enfin, contrainte par la maladie, par
Tuggurt et BIskra.
Aime Pomerol avait obtenu de suivre un
convoi militaire et tout en conservant ses
vêtements féminins, elle vécut comme le
soldat, partageant la pitance souvent mai-
gre, se contentant de la ration d'eau, et
mangeant à l'étape ainsique les camarades,
un plat uniforme, du chameau bouilli ou a
la vinaigrette.
— Triste menu, fait en souriant la jeune
femme, car la viande de chameau est peu
nourrissante et d'un goût fade ressemblant
à de très mauvais bœuf.
Une interrogation se presse sur nos lè-
vres.
— Mais cnfln,pourquoi êtes vous allée au
désert ? comme voyage d'agrément.cette pe-
tite partie nous semble plutôt manquer de
confortable. '
— J'avoue que l'on est sans cesse privé
du strict nécessaire,etque pour une femme
cette situation est encore plus horrible,
mais je n'ai qu'un regret c'est d'avoir été
forcée de rentrer un an plus tôt que je ne
me le proposais.
Devant ma moue d'étonnement Mme Jean
Pomerol de s'exclamer.
— C'est si intéressant 1 Je me sais dêcidêè
à. ce voyage pour étudier los mœurs des
tribus du désert, pour noter leurs coutu-
mes, vivre de leur vie, et relever aussi les
anciens vestiges d'une autre civilisation à
laquelle ces peuplades ont dû appartenir.
Il est curieux de retrouver à l'aide do fai-
bles. indices, pierres gravées, légendes,
mots dénaturés, les traces des grandes in-
vasions, des mélanges dont ces races là
sont sorties.
« C'est un souci d'écrivain consciencieux
qui m'a poussée à entreprendre cette longue
et très pénible excursion qu'aucune femme
encore, m'a-t on dit, n'a tentée. J'ai du
reste envoyé déjà dans différents journaux
des relations détaillées sur les pays où
j'ai séjourné avec des photographies repro-
duisant les villages, les oasis et des types
variés d'hommes, de femmes, d'enfants.
Mme Pomerol va publier ègalemeut un ro-
man Y Haleine du désert, et elle en prépare
un autre sur les questions religieuses du
Sahara.
Au point de vue féminin l'exploratrice
nous entretient des dissemblances qui exis-
tent entre les différentes peuplades se par-
tageant le désert.
Chez les Rouar'a les femmes sont sauva-
ges, voilées non seulement de la mante qui
dérobe le visage, miis encore ensevelies
sous une longue couverture de laine qui
dissimule toutes lesfformes. Presque es-
claves du mari, elles ne doivent converser
avec aucun homme,et dans larue elles pas-
sent rapides frôlant les maisons, se détour-
nant craintives à l'approche d'un étranger.
Leurs occupations sont douces. Elles
chantent ctdansent, s'amusant entre elles à
des jeux locaux. Leurs travaux consistent à
filer la laine, à la tisser et à teindre les
étoffes sorties de leurs métiers. Les hom-
mes cultivent les jardins etpiochent la mai-
gre terre dont ils tirent une piètre récolte.
■ L'or et l'argent sont presque inconnus, la
monnaie est rare et l'on pratique encore
couramment. l'écliatige.
Demeurées très superstitieuses, les fem-
mes rouar'a croient à l'impureté du routni
(chrétien).
Et Mtic Pomerol noi3 conte avec humour
sa première visite dans un des villages
rouar'a. Les femmes affolées pleuraient sur
son passage, jetant au ciel leurs lamenta-
lions aigu 's. La Française avait souillé leur
demeure et elles invoquaient la clémence
d'Allah,
— Une des plus gracieuses visions et des
olus tristes à la fois que j'ai rapportées de
là-has, nous dit l'exploratrice, est celle
d'une noce. L'épousée pouvait avoir huit
ans et le mari soixante. La fillette chétive,
mignonne, avec ses grands yeux de ga-
zelle me faisait mal à voir. Le cortège 63
composait de petites femmes déjà mariées
dont les âges variaient entre douze et qua-
torze ans.... -,
« Quelques-unes étaient mères, mais la
plupart conservaient les mièvreries d atti-
tudes, la gracilité des fillettes de chez nous,
et cc!a m'attristait. Je n'aime pas voir
effeuiller les roses avant leur éclosion.
Les femmes Touaregs sont beaucoup plus
libres que leurs compagnes des autres tri-
bus. On pourrait même dire qu'il y a chez
ce oeuple comme un reste de vieille civili-
sation morte. Une légende veut que les
Touaregs aient pour ancêtres une poignée
de Français; des soldais deSaint-Lodis, as-
su re-t-on, qui se seraient mêlés à des Car-
thaginois, pour s'établir d'tons un coin du
désert.
Ce qu'il y a de certain,c'est que les meil.
leures féministes se contenteraient des pré-
rogatives dont jouissent les femmes toua-
regs, qui semblent détenir l'élément intelli-
gent du pays.
Elles savent toutes lire cependant que
leurs maris restent dans une complété
ignorance. Elles sortent librement sans se
couvrir le visage ; les hommes sont voilés
et ne consentent que très rarement à mon-
trer leurs traits.
Mme Pomerol, possède cependant la pho-
tographio d'Ouen-Titi frère du grand chef
des Touaregs, qui est venu en France et a
reçu une certaine éducation. En dépit de
son séjour chez nous, il a fallu insister
beaucoup pour obtenir la faveur d'une pose
devant le kodack.
Les femmes assistent aux conseils des
anciens et, autre faveur, héritent entière-
ment de leur mari,rccueittcnt même le droit
au pouvoir de guerre et ce avant les en-
fants, s'il y en a.
On n'est pas plus féministe.
Comme mœurs... un grAnd relâchement
est admis. La répudiation est à l'ordre du
jour et il n'est pas rare de rencontrer un
homme qui vient de prendre épouse pour
la douzième fois..
Voilà des criminels endurcis et persévé-
rants, il faut l'avouer...
Le3 Touaregs sont bonnes mères, elles
chérissent leurs petits et ne les maltraitent
point. Mais là s'arrêtent leurs soins; un en-
fant n'est jamais lavé par sa maman tant
qu'il est jeune. On le vêt de neuf,aux fêtes,
et l'habit demeure sur lui jusqu'à ce qu'il
tombe d'usure. „
— Au demeurant, ces femrnes-là sont
fort heureuses, nous dit Mme Jean Pomerol.
Elles travaillent peu, ne filant et tissant que
pour les besoins de leur ménage. Les hom-
mes cousent et lavent. Les ustensiles de
cuisine, cruches, plats, poteries diverses
sont également façonnés par les femmes
qui les décorent grossièrement de dessins
barbares aux teintes vives.
Les deuils sont rigoureux et pendant les
dix mois qui suivent la perte d'un être cher
les moules h poteries doivent être délais-
sés. Si la vaisselle manque, on a racours à
une amie, mais on ne pétrit pas la terre. Le
grand signe de douleur consistant à ne pas
se nettoyer, à ne pas touoher l'eau.
Mme Pomerol entraînée par ses souve-
nirs récents, nous tient sous le charme,
pendant des heures et des heures. C'est un
vrai voyage que nous accomplissons en
pensée avec elle, et ce n'est pas un simple
article, qu'il faudrait, pour conter tous les
détails intéressants, petits eûtes intimes de
la vie de ces nomades, passions, joie, dou-
leur, replis de l'lime, fouillés ou surpris,
par l'exploratrice durant de longs et pa-
tients mois sous le soleil de feu et la mor-
sure des sables, ce serait des pages, des
pages encore... Mais Mme Pomerol est une
de nos confrères, elle se chargera de cette
besogne, ou plutôt de ce plaisir l'a.
MARIE-LOUISE NÉRON.
La Potinière
La minuscule République de Saint Marin célébrait
dimanche dernier, sa fête de l'Indépendance.
Depuis la fin du quatrième siècle, époque à laquelle
remonte sa fondation, le petit Etat, au milieu des
guerres et des révolutions, toujours demeura libre.
La population de la République est de 9.53 j habi-
tants. On s'y marie jeune : les hommes dès l'âge de
quatorze ans, les filles dès l'âge de douze ans.
De doue publique, il n'y ea a pas, et les lettres
pour le territoire circulent en franchise.
Si bien que la riche et prospère République peut.
pour ses fêtes, dépenser des sommas folles... Parmi
toutes les merveilles, on remarquait, nous dit-on, des
fleurs superbes a profusion. Les commuides avaient
été faites à Paris chez le grand touriste Delavigne.dont
la maison de vente SI trouve 10 et 12, rue Urémon-
tier.
Et c'est parmi orchidées et chrysanthèmes, fleurs
venues de France, que le drapoau de Saint-Marin,blan»
et bleu a flotté avec sa devisa : Libcrtas,
Le mariage de l'archiduchesse Stéphanie est retardé,
et, peut-être, compromis à j-innis si, comme on
l'annonce, le pape s'ca mèle.
Mais, en revanche, le mariage morganatique de
l'archiduc Frauçois-Ferdinand avec la comtesse Sophie
Chotek aura lieu prochainement. L'Empereur se laisse
fléchir.
D'ailleurs, la comtesse Sophie Chotek, de par si
mère née de Crov, pas;ùde d'après le Gatha, seule à
l'exclusion de la famille Chotek, le droit d'alliance avec
les familles royales régnantes. Enfiu, ce ne serait pas
la première fois que les Habsbourg s'allieraient à une
simple comtesse, voire mime à une humble bergère.
Jadis, l'archiduc Jean épou* i la belle postière de
IHeran, fille d'un maître de poste, pour l'avoir vue ga-
loper devant lui d'un relai à l'autre, conduisant et fai-
sant claquer allègrement son fouet. L'archiduc Henri
a épousé une cantatrice, et l'archiduc Salvator, avant
de quitter l'Autriche sous le nom de Jean Orth avait
épousé une actrice qu'il a emmenée et qui a disparu
avec lui.....
Nos pensées reviennent soudain à la très noble et
très malheureuse princesse Stéphanie. Seule, demeu-
re ra-t-ci le sans amour ?
Pour elle, comme pour l'héritier de son trône, l'em-
pereur François-Joseph, n'aura-t-il pas un regard
d'indulirence. de clémence ?
On dit...
HAMLET ET LE GRAND-DUC CONS
TANTIN
Le grand-duc Constantin a, paran-u, n'a
duit Ilamlet en vers russes.
El les journaux russes racontent que la
saison dernière des fragments de cette co-
médie furent joués au Palais de Marbre,
résidence du grand-duc, avec le traducteur
en personne dans lo rôle d'Hamlet, et des
officiers du régiment du grand-duc dans les
autres rôles masculins.
Il y eut trois représentations, la premiè-
re, pour l'le, in p(,-retir et la familleimpùriale -.
la seconde,pour le monde officiel, diploma-
tique, artiste ; et la troisième,pour le corps
d'officiers du régiment du grand-duc.
Cette saison-ci, l'Empereur a exprimé le
désir d'entendre la pièce entière. La repré-
sentation aura lieu dans l'intimité, après
l'expiration du grand deuil actuel de la
cour.
MISS FLORENCE MARRYATT
L'Angleterre vient de perdre un de ses
romanciers les plus populaires, Miss Flo-
rence Marryatt.
Miss Florence Marryatt était la fille du
célèbre marin qui commandait un des bâti-
ments de la station de Sainte-Hélène à
l'époque de la mort de Napoléon. Quelle
que fùt sa réputation comme officier, le ca-
pitaine Marryatt est surtout connu comma
écrivain; ses romans, dont tous les sujots
sont empruntés à la vie maritime, offrent,
encore, pour les Anglais, un plus grand
attrait que ceux de sa fille.
Cependant beaucoup des romans de Miss
Florence Marryatt, tel que The Beauliful
Soul, ont obtenu un succès retentissant en
Europe...
Mais attirée vers le spiritisme, elle s y
livra tout entière et écrivit un livre fort
intéressant World's Spirits.
Très belle, d'une beauté que rAge ne de-
vail pas détruire Miss Florence jusque dans
les dernières années excitait l'admiration
de tous ceux qui l'approchaient.
AIDEZ-NOUS A FONDER DES CRÈCHES
La distinguée présidente de I Œuvre dei
er,icheq parisiennes, Mme Marguerite Crcm'
niiz, fait entendre en ce moment une fois
encore sa devise au public.
L'ouvre, dont le but est la création et
l'entretien de crèches dans les quartier,
populaires qui en manquent, vient d'entre-
prendre d'en construire une à la Santé.
E 'Etat, pour faciliter cette fondation, a au-
torisé Mme Cremnitz à organiser la loterie
que nous annonçons en ce moment et dont
le tirage aura lieu ie 8 décembre prochain
à la vente de charité annuelle de l'œuv!'o.
Nous nous faisons ici un devoir naturel
de nous associer à des efforts pour le sou-
lagement de l'enfance. Après avoir, poui
notre part,répondu à l'appel de Mme Crem-
nitz, nous recommandons do tout notro
pouvoir sa loterie et sa vente à. nos lectri-
ces.
LA TÉLÉGRAPHIE SANS FIL
D'après une interview de M. Marconi, t
berd de la Grande -Duchesse, à New-York,
publiée par la Tribuna, l'inventeur des pro-
cédés pratiques de la télégraphie sans fil,
a dit que ses appareils fonctionnaient.aeja
en Angleterre à une distance de 200 mine s,
mais -qu'il espérait pouvoir transmettre
messages à des distances encore p
grandes.Ce but fait aujourd'hui l'objet de sel
études.
L'ODEUR DE L'EAU DISTILLES
Psychological Review raconte que M. bios-
son, de l'Université de Wypming voulant
démontrer une fois déplus la puissance dt
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