Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-10-07
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 octobre 1899 07 octobre 1899
Description : 1899/10/07 (A3,N668). 1899/10/07 (A3,N668).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67037875
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
ft018JtMÊ ÀKÏFÊB. -■ W OM
.
-
: SÀ&fKM t ûCTÉSM - ~ . lle . ' ' .......
1 - . %Mdbà»ÉL-- 1 1 ' • 7 i ~. 1
CALERMIfl armucu
. #A VENDËMIAIRE AN GVffl
0
M-.
CALENDRIER PROTESTANT
Passages de la Bible à lira et & auditif
LUC XIV, 7-11.
.JS iii (,' l.' ...... ' - IV..
tlLENWia«B5$f ;•'...
• '* « $ '♦•••/.* * • . - . «r
^ a^sspTmiûa» uw
^ w r'-0."\i7 • i -< * '
A-Sr» •
caunoiueb.isu£uti ; v.
'fi . .. -W • • 1..I •*•' •* » '••
. a HÉtéCHVAN ANNÉE 5530
M''" '-.."" w. « .. —• " ,
* : • * j
— if. —
. Prix de» Abonnements s
PAWB . '. Un An » Ir. Six MoM-e3 fr. M I%vb Moi** fr. 50.
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE — 24 fr. — 12 fr. a — G fr. -
ETRANQEII (UNION P08TAL8) — 35 fr. — 18 fr. • — . 10 fr. a
* * DiMCcryMCM ' rttiftïwntii/m r'iti^i ainui '*.
rDtr^^> et AtoinfafanMon : i4, roo Salnl-Georgc».
6 place de la Boan&^ris!^ *&-* T.' les e"■
... r LA FRONDE, journal qugtitllen,
, . peUtlqlle, littéraire, est dirigé»
administré, ridigé, composé paf
des femmes.
Aujourd'hui
Samedi 7 octobre
A 1 h. 112 r nurses au Bois de Boulogne.
'lj.;ilr'oe l'Observatoire, à2heures. Demander
UII" curie. — Visite aux catacombes.
A 4 h. l'inauguration des salles de l'Etablisse-
ment d- Pneuinothérapie. 23. rue Dalill.
Ilihliothèque d'éducation libertaire, :If,, rue
Tilon, à M ||. t '2 conférence par M. Ch. Nl;tlat(j :
Civilises et i nnùtifs.
As~ft'*i ùioï) Am.-c.ile du quartier de la Santé
salie de l'Association, 2, passage Dareau, à 1) h.
du suis-. Conférence sur le Socialisme ci la
chanson •jtOfiitMire par M. Victor Churbunnt'I.
Visitus irt r Musées Il', Louvre, .'u ' n,c<%mbnurq,
de y h. 't i h.; <» •alliera. «Î#Ï midi À 4 h ; l'lllaJ... (le Justice, tic 11 h.
à 4 li : llvtc' de 2 à 3 h,; Monnaie, de
midi à ;î 11. Trrsor île 'voIre-!Ja",,', Sainte-l'haprïlc
et l'. ¡f","m. de lo h. à 4 h.; Invalide,... musée et
tlHlJbf!:1U. -e mid, à 3 h.; Jardin de, Plantes, lu
trienugerio, de 1 h. à 5 h.; galerie d'histoire na-
turelk. d(- Il h. à :$ h.; .1r¡IU¡;'j¡¡'IfI, ¡j'l Iroctulrro,
,,10.: 3 à 11 Il, et do 1 à 3 h.; Palai-i (I.? Saint-Gcr-
■nam, du 10 Il. 1 il 4 h.; palai* de Fontaine-
MutU, de Il h à 4 Il,; Ver.o;';illl!,ç : le Palais et les
« Ti'iaiinuH. III) Il à 5 h.:' Le Jeu de Pauinc. de midi
à 4 heurce. Mutés ^ainaoakk de ltt h- Vfc1* .-M ,
La Gosseline
Un dimanche matin, radieux de so'eit,
Juliette, (oute pâlotte dans sa toilette
dairc de zéphir à douze sous, agita timi-
dement le timbre que la nouvelle docto-
resse venait de faire placer .'L sa porte.
Htt installant son cabinet dans ce pau-
vre quartier de Delleville, la vaillante
philanthrope se souciait peu de jeter de
Ja poudre aux yeux, aussi rn toute sim-
plicité, vint-elle: ouvrir elle-même à la
consultante.
— Je voudrais parler à Madame le
Docteur? dit Juliette.
— 'Vnst moi ! répondit la jeune
femme de sa voix douce et pénétrante :
L,'ti'é.rez !.., Ici !...
Puis la faisant asseoir :
Il Qujvex-vons. mon enfanl'! Vous j
sonnrex?... Quel est votre âge ?...
— Seize ans. madame ! Ce que j'ai !...
Je i iiri:o:e... des vomissements, mal
Îurtout !... Hier, j'ai dù revenir de ,l'ate-
ier sans linir ma journée.
— Ali ! J'ah !.., Et... on est sage??...
— Maintenant? Oui, Madame. Er-
nest '. a "'c marier afin de prendre un
étal iL son compte, alor3 il m'a quittée,
•;u :--e comprend, mais, avant,nous étions
Ct:semb!c.
-- Oui :,.. Je saisis'... Et avant... Er-
nest. \\)113 viviez seule'!
— <>h ! tout comme ! .t'avais terminé
mon apprentissage. Après la mort de
p.tpa. maman s'était éclipsée , je ne Sil-
vais plus où la prendre, Krncst et moi,
on s'est rencontré aux Buttes... Ces ma-
t-ta,-es-Izt, <*a se fait, ça se défait, sans
malice, allez, .Madame! D'ailleurs, je
n'ai besoin de personne, je suis crarnis-
smse aux corsages dans la maison Mer-
lin, on me paie fr. 50, sans mes veil-
lées, et pas de morte saison !
— 13ien!... Mais, c'est que je dois
vous dire... vos malaises, vos vomisse-
men!s cesseront... en revanche... dans
quelques mois, vous connaîtrez la joie
de posséder un beau bébé !
Eit disant ce mot ti joie »» la doctoresse
planta droit ses prunelles dans celles de
Juliette qui, subitement, abaissa ses
paupières et fixa la terre.
.t J'ai ilit la joie... Comprenez-moi,
ma pauvre petite. A votre âge avoir eu
un... ami qui, déjà, vous a quittée ; être
condamnée par votre isolement, votre
gracieuse jeunesse à la prise et il l'aban-
don de quelque autre Krnest: risquer d'é-
tape en H¡¡,pc, de devenir une de ces
•malheureuses femmes dont on tait le !
nom, et, dans ce chaos oil vous alliez S
sombrer, voir surgir l'honneur ! Pouvoir ]
acquérir te droit au respect ! Etre mûre, i
en un moi... Mais c'est la joie, c'est l'a- (
venir, malgré les durs sacrifices que i
vous aurez a en éprouver sur t'heurc !
Ainsi, longtemps, parla la femme de '
science et de cœur.exposant des raisons, [
infusant en l'esprit précoce de l'ouvrière il
la semence de bon nens, de moralité, de l
devoir qu'on avait oublié d'y semer. g
Et sous la chaleur de son âme s'ouvrit c
a la lumière, à la fierté, la petite âme de
lix lille des faubourgs. ^
— Ce que vous me dites-HI, Madame Q
ie docteur, non, je ne l'aurais pas pensé
,..;lJu)(', mais, me voilà remuée et toute à
contente: Bien sûr que je vais faire de (J
mon mieux pour qu'au moment venu t
vous trouviez un bel enfant ! Pas besoin c
de père pour le soigner comme un prince d
ce {.e{it-ià* )t sera bien heureux de m'ap- ti
peler un jour maman ! l<
Maman .'!!
Et deux larmes — pur cristal échoppé Z
de la source de tendresse gisante au 1
cœur des femmes — coulèrent, silen-
cieuses, sur les joues pâlottes de Ju-
liette.
A partir de ce moment, docile aux con- li
seils de celle que le hasard lui donnait s(
comme protectrice, on la vit se transfor- Ll
nier. Elle, qui comme un moineau franc,
vivait de fantaisie, se mit à compter ses Gi
«ains, à régler ses dépenses, épargnant CIla
les fanfreluches, la parfumerie de bazar, 111
les (leurs qu'elle aimait follement. Elle pl
changea son garni pour une chambrette ti(
saine et claire, munie d'un appareil sur v(
lequel — négligeant désormais les petits dL
pains et la charcuterie — elle fricotait, m
avec économie, au retour de l'atelier, la au
..oupe du soir et les repas du lendemain. t
Elle put, grâce à ce régime, porter
Allègrement son fruit sans perdre au- ICI
eune heure de travail, et, semaine par toi
semaine, ranger une petite somme, — fri
sine fortune, — avec laquelle elle espé- SCI
fait bien faire face à toutes les dépenses *
de l'avénement de son petit roi. fj
r — Il ne nattra pas à l'hospice 1 — di. Îl '
paît-elle dans son mince orgueil, — et, a,
je veux qu'il soit nourri comme les ri- sei
&bes,du lait d'unenoarrice mprvsuiUçlJe. JIlJ
18, Cette idée fixe était née chez elle un
ré. après-midi férié, oit assise aux Champs-
av Elysécs" elle s'était plue dans l'admira-
tion des bébés, à lier connaissance avec
- un trio de belles nounous du Morvan.'
Donner il son enfant une nourrice de 1
i scmbtableoriginc.tuiapparaissaitcommc
lecomble de lasécurité et du confortable.
— Sans compter que c'est un pays
ier chouette dont je ne me fais guère l'idée,
paraît-il je Je l'irài voir quand mon gosse
sc~ y sera. Pour sur S
uc La doctoresse aidant, les projets de
.o : Juliette purent se réaliser.
L'enfant vint au monde dans la saine
j,e chambrotte. La mère fut soignée suffi-
ra samment par la vieille concierge de
; l'immeuble, et, la nourrice — une solide
gaillarde de Montigny en Morvan, —
h. procurée à prix raisonnable.
de Lo !:cxc du nouveau-né manquait seul
Ilr. au programme, « le gosse Il se trouvait
i". être une jolie petite tille, potelée, rose,
ia- frétillante à plaisir. j
ro, Ce léger déboire ne changea rien au j
'fci rayonnant bonheur de l'accouchée, elle
es tic se lassait point de regarder la mi- !
idt gnon ne, de baiser avec attendrissement I
• seriiwiaXimiLiMj R9
Avant de s'ahtcr: elle avait disposé sur |
Isa commode la layette confectionnée co- I
quettcment par ses doigts de fée. On la I
lui avait a sa demande, apportée sur .ion I
lit; maintenant, au .moment de l'cmpa- I
quêter, elle indiquait à Reine Goguclat, I
la nourrice, la manière, de laver et rc- I
passer les menus objets sans les déclii- I
• « rer. Elle lui compta aussi les 27) francs I
)- I d'avance du mois et le prix de son voya- I
j ge, non, sans qu'un nuage d'inquiétude
i- passât sur son front, iL la pensée qu'il ne
;C I restait plus en sa bourse que juste la I
le j somme nécessaire pour gagner la date it I
i- I laquelle elle croyait pouvoir se remettre I
a J ait travail. j
I « Bah ! résumait-elle, en manière de J
c I consolation, le plus fort est fait ! La sai- j
I son approche Oil on me donnera mon
c augmentation! Alors, « par ici la sortie! Il
: | :tjoutait-cHc, en gavroche, montrant son
I poupon. j
i Quand la porte se referma sur la nour- j
s I rice emportant l'enfant dans ses langes I
I un f,-ratitt froid ellleura le dos de la jeune I
• I mère, il lui sembla qu'en cet instant, sa I
1 j vie et son courage partaient avec elle. 1
- I Mais vite, le raisonnement si sage de I 1
I « Madame le Docteur » — comme elle se I
I plaisait encore à nommer sa grande (
- amie —se déroula devant elle et dompta I I j
11 la défaillance. ;
>| Il Au revoir, mon amour! — cria-t- j <
» I elle, la voix mouillée, il bientôt! Va! » J l
-j Une année s'est t'coutrc dans un la- J *
I beur assidu sans permettre il Juliette de i
I l'Úaliscr', — dépenses ordinaires payées, I •'
! I - la somme nécessaire à l'accomplisse- I
• ment (Iii voyage eu Morran. " I s
J Un billet de cinquante francs, au I p
j moins, est indispensable pour faire face J 1
J aux frais de chemin de fer et dr séjour. J
J Il faut compter aussi la petite gratifica- £
I tiou à Heine Coguctat, si, comme les I J
J lettres t'affirment. « la gosseline Il déjà I
I marche seule et montre quelques jolies I d
I queuotles. I
I De jour en jour, augmentent sa stricte j -
| économie, son ardeur au travltil. Enfin, j 1
récompensée de son zèle et de son habi- j J
leté, elle passe dcuxu'mc eonLrc-mal- [
tresse dans la maison Merlin, avec I
4 fr. r»Q de paie et de légers bénéfices I
d'inventaires. Oh ! bonheur, la tirelire I
I s'rmplil !... La voilà a point !... I
I La " gosseline » marche sur ses quinze I
I mois! Juliette se prépare au voyage. I
Onze heures de trajet, voiture com- j t
prise, pas d'express pour les troisièmes I '
I classes ! Les pauvres ont du temps il I Jî)
perdre'!... \
Pour éviter le mécontentement des j
patrons, et sacrifier le moins possible de '
son salaire, elle pa!'(.!r.t le samedi soir, I , •
rentrera à Paris, polir 1lieure de t'atclicr. I „
I le mardi matin suivant. Deux nuits en j .*
I wagon pour l'aller et le retour, c'f'st '
I encore deux jour entiers et une nuit a
passer près de sa chère gossclinc ! .
— Comme c'est peu pour tant d'ar-
gent! Mais il faut savoir se contenter, i
n'est-ce pas?... Bien beau déjà d'arriver
a faire ce qu'on désire ! dit-elle en cm- •
brassant amicalement quelques-unes de
ses compagnes d'atelier qui ont voulu la
conduire iL la gare.
— Bon voyage, madame la Morvan- ^
delle ! Il a répondu ! essaim des jeunes T
abeilles en fermant la portière.
Oh ! oui. Bon voyage ! Cours à la joie,
il l'avenir, exquise petil<; crcaturc. éclose .
dans le ruisseau de Paris, régénérée,
transformée par l'enfant !.. Je te salue,
en passant, comme la Heur d'espérance
de notre sexe !... De notre sexe parfois
tant avili nar l'hommn ni - /•t?nï«;fr>e cic
lois.
ANNE DE COURMONT.
L'EXPOSITION DE 1900
A COVENT-GARDEN
On sait que tous les hivers, à Londres, ont
lieu à Covent-(»arden, des bals masqués qui
sont à peu près semblables à nos bals cos-
tumés de l'Opéra.
Or, cette année, les directeurs de Covenl-
Garden, MM. llcndle et Forsyth, sont venus
chez nous chercher une idée nouvelle pour
la mise en scène de lotir bal d'ouverture.
Ils feront représenter en carton tout une
partie importante de notre future exposi-
tion. En entrant dans la saile du théâtre on
verra devant soi seuéroulcr la vaste étendue
du Champ-de-Mars et l'immense dôme for-
mé par la tour Kitfcl. Lorsque le visiteur
aura passe sous la tour il verra devant lui
le Palais de l'Electricité et le Château d'eau
qui seront, dit-on, des merveilles de repro-
duction exacte. La construction oui s'appel-
lera Le Tour du Monde où seront représentés
tous les titres de l'architecture nationale
française sera aussi représentée sur la
scène de Covent-Garden.
Quant aux bars qui, les autres années, se
sont trouvés disséminés dans la salle du
théâtre, ils seront réunis pour ne former
qu'un seul édifice sous la dénomination du
Café Parisien. Des tlrinfil variées y seront
servies par des jeunes luimaittt en costu-
mes ffançait. CLAIRS DE PAATZ.
LE DIABLE
En termes peu compréhensibles, le sain
; office nous défend les expériences noubeltei
de magnétisme et d'hypnotisme c où il s'agit
» de faits qui dépassent certainement les force:
( de de la nature. » Accoutumée au bon fran.
çais — j'ai un secrétaire pour me traduire les
journaux nationalistes — accoutumée, dis-je,
au bon français, je me cassais la tête sur ce
i rébus théologique — vainement. Après deux
■ heures de travail infructueux, j'allai voir un
très vieux chanoine, cadet de famille à qui la
chute des Bourbons ravit l'espoir d'un évéché,
Il se console de sa disgrâce par la fréquenta-
tion des bons auteurs latins et d'un cuisinier
de génie.
Il me reçut gracieusement.
c Carabosse, dit-il, vous êtes malicieuse
dans vos articles, vous compromettez votre
salut.
— C'est justement pour cela que je viens,
monsieur; donnez-moi un conseil utile ». - Et
je lui montrai la phrase ambiguë.
Il lut, réfléchit, et parla ainsi :
* Carabosse, écoutez-moi bien. Vous voyez,
« les expériences déjà faites » — sauf scan-
dale s'entend car « Malheur A celui par qui
le scandale arrive 10 — sont permises. Les
nouvelles, sont défendues. Pourquoi? Tout
simplement parce que. nouvelles, elles « défen-
► pMpeifMlus tuimwA.
tuellement connues du public. Or, si le public
voit des expériences qui paraissent sarnatu-
r^'llcs — et il les verra puisqu'elles sont dé
dues — plutôt que demander et croirè vos
explications scicntiftqucs, exactes mais diffi-
ciles, il attribuera ces merveilles au diable.'
C'est là que l'Eglise les attend. »
Je dus ouvrir des yeux énormes, car il s'im-
patienta :
« Vous ne comprenez pas. C'est clair, cepen-
dant. Le diable est là, le diable qui invite à
tout ce qui présente un puissant attrait r vo-
lupté, danger ou science. On lui cède, on se
repent et l'on recourt bien vite au prêtre. Le
diable, c'est le percepteur de l'iiglise.
— Bien, répondis-je, mais quand la diable-
rie s'explique ?
— Alors, on n'y songe plus. Voyez Gatitéc...
la barbarie de l'époque... la théocratie... ré-
gime disparu... Cependant, ils viennent aux
écoles et payent les dispenses. On ne leur de-
mande pas plus. Si la découverte s'affirme,
nous convenons qu'on s'est trompé... et nous
défendons autre chose. 11 ne faut pas que le
peuple sache, ou bien il faut qu'il sache par i
nous, a notre façon. Vous comprenez ?
— Fort bien, c'est la question d'argent.
— C'est le nerf des batailles. Moi qui les
vois faire d'ici, je ris parfois des pénitentes ,
qui portent leur pieux argent aux œuvres du
duc d'Orléans ou du « martyr » Jules Guérin.
- un bandit qui, certainement ne croit ni à
Dieu ni .t diable. Kt tous les moyens sont li-
cites, pour accomplir l'œuvre de Dieu, depuis-
les chemises trop ajourées que l'on fabrique
au Bon Pasteur jusqu'aux (journaux qui ont
ce programme ». flît il me découpa ceci dans
le Tout Pari* Catholique :
le Que tout lecteur découpe le bulletin d'abon-
nement et nous l'envoie signé;
2* Que tout commerçant catholique et ami de
la Franco insère une annonce dans nolre
Journal ;
.'i® Que tout lecteur fasse un effort pour
s'adresser à nos commerçants recommandés;
4* Que les personnes qui disposent de fonds
pour une œuvre sérieuse n'oublient pas le
Tout-Paria Catholique.
* Oh ! mon cher abbé, m'écriai-je, faut-il rire
ou faut-il pleurer? Est-ce odieux ou ridicule?
Que faites-vous dans cette galère, vous qui les
connaissez si bien i »
Il eut un sourire de malice l.autaine. c Moi,
dit-il, ift traduis Pronnrce. »
CARABOSSE.
La Marche à l'Etoile
Etoiles, millions t!'¡;toilc=" qui vers nous
Cligne/, si doucement des jeui, je vous implore,
Je vous implore et vous supplie à deux geuou:t...
Je ne prétends point qu'en écrivant, il
y a dix ou quinze ans, ces vers. Ilichopin
ait eu précisément l'intention de définir
l'ordinaire mentalité de nos traïneurs de
sabre. Mais, si plus tard quelque histo-
1 rien de l'affaire Dreyfus cherche une épi-
graphe à son œuvre, il me semble que
ce tercet pourra très exactement lui con-
venir. A mon sens, il nous révèle le mo-
bile secret de la plupart des « agisse-
ments » qui nous ont surpris ; il résume
| il la fois toute la psychologie et toute la
morale militaires...
On me conte que ces doux clins d'yeux
des étoiles, chantés par Itichepin, ne se-
raient pas étrangers à l'attitude du co-
lonel jouant au cours du procès de Ren-
nes. Reconnaître l'innocence de Dreyfus,
c'était s'aliéner à tout jamais la sympa-
thie des grands chefs. Sans doute, con-
firmer la sentence de 1894, c'était mé-
contenter le gouvernement. Mais les mi-
nistres passent, et le Père Du Lac reste.
Justice bien ordonnée... S'il avait quel-
que conscience, je veux dire conscience
de ses intérêts, le colonel Jouaust devait
condamner Dreyfus.
Il le condamna.
• •
Je dénombrais hier les nouveaux offi-
ciers gentilshommes (nouveaux ne se
^ rapporte qu'à officiers) dont la récente
promotion de St-Cyr va gratifier la Hé-
publique. La plupart ont trois ou quatre
noms en cascade. Je sais bien qu'ils sont
irresponsables de leur ascendance, et je
ne suis pas assez injuste pour leur re-
procher 1er avec Mac Nab de ne pas s'appe-'
er « comme tout le monde ». Je les
plains seulement d'ètre affligés de noms
à traînes. Je les compare à cet invalide,'
concierge du ministère de la guerre, qui
fut célèbre pour ses moustaches. Oh !
ces moustaches ! Elles étaient aiguisées
comme un sabre.fourbics au cosmétique,
| et si longues, si longues, que le brave
[ homme était contraint de se mettre de
I travers pour franchir la porte qu'il était
chargé d'ouvrir. J'imagine que ces fu-
turs sous-Heutenants, à plusieurs déno-
minateurs, doivent être parfois aussi
embarrassés de leur patronvmie que le
vieux concierge de ses moustaches...
Les pères du colonel Jouaust lui ont '
épargné ce souci. Mais, à la différence de '
l'invalide arrêté aux portes par ses mous-
taches trop longues, c'est son nom trop \
court qui lui interdit l'accès des salons
de l'aristocratie bretonne. En vain Mme
Jouaust déplore la médiocrité de ces exi- 1
gences mondaines. Elle sent qu'il faut à 1
son nom, pour faire figure, la rallonge 1
-CuQgj&juncjd'a^ruche. Si l'en tient à I
distance Mme Jouaust, on accueillera,
les bras ouverts, Mme Trois-Etoiles. Gé-
nérale de brigade ! Au moins, elle sera
de quelque chose.
C'est ainsi que Dreyfus fut de nouveau
condamné. Par malheur, voici que la
justice immanente qui corrige parfois la
justice bien ordonnée, déjoue les calculs
du colonel, Ce n'est plus la commission
supérieure de classement qui nomme les
généraux, cette commission que Cle-
menceau définit « un corps anonyme,
irresponsable, directement placé par la
nature de ses origines sous l'autorité des
moines. » Un récent décret attribue au
ministre de la guerre le choix des offi-
ciers supérieurs. Sans compter que le
ministère dure. et s'affermit...
Le colonel Jouaust en est réduit à se
souvenir une fois de plus qu'il fut élève
des jésuites. Sournoisement, il s'appli-
que il réparer son erreur. Il procède donc
dans l'intimité à la revision du jugement
qu'il a rendu. Il déclare que Dreyfus n'est I
pas coupable, il affirme qu'il ne l'a pas
condamné. Aujourd'hui, sur sa parole,
les plus défiants considèrent le colonel
comme l'un des deux officiers qui votè-
rsoiUfeoqiiittement...^-* -
Aussi bien, tous les membres du Con-
seil de guerre, escomptant l'inviolable
secret des délibérations, veulent être ces
deux-là. N'étaient-ils réellement que
deux? Chacun des juges, bien bas, con-
fie maintenant à qui veut l'entendre
quelles raisons impérieuses il eut de
croire à l'innocence de celui qu'ils con-
damnèrent. Nous avons rêvé sans doute,
nous avons mal lu, mal entendu. Ils ont.
tous les sept, voté comme un seul
homme... Et l'on ne peut pas dire que les
cinq coupables qui se condamnèrent à
Rennes soient tout iL fait des menteurs.
Non, ils ne mentent qu'à moitié, car ces
gens-là n'ont môme pas la franchise de
leurs mensonges. Par leur verdict jésui-
tique, n'ont-ils pas répondu oui et non à
la question posée?
C'est derrière cette misérable équivo-
que, apparemment, que se dérobe M.
Jouaust. Inutile, colonel ! Pour devenir
général, il ne suffit pas de montrer que
l'on sait battre en retraite.
UNE PASSANTE.
LE BEAU
et l'Éducation Populaire
t La Fronde a donné en son temps la cir-,
s culaire du ministre de l'Instruction publique
au sujet de la décoration des écoles. J'ea
• cite deux passages pour mémoire :
s II ne faut pas seulement que ces écoles soient
B bien installées et bien tenues, que leur aspect
inspire aux enfants le sentiment de la propreté
t" et de l'ordre, il convient qu'elles aient une ph y-
sionomie souriatilc et gaie. L'école, telle que
Il nous la concevons, n'est pas un lieu de passage
ï où l'on vient s'instruire de six à treize ans ; elle
doit être une maison familiale, un foyer où l'on
ï revient adulte après y avoir vécu enfant, 011
? l'on retrouve dans l'ancien maître un conseiller,
j dans les anciens condisciples des amis. 01'1 l'on
se réunit le soir pour compléter son instruc-
tion. Je désire que ces maisons d'amilié et de
' solidarité aient une décoration qui leur soit ap-
propriée.
Il importe, en outre, de développer de bonne
. heure chez les enfants, dans la mesure qui con-
vient à leur âge, le sentiment du beau. h'autres
i peuples l'ont déjà compris. Ou doit l'oublier
' moins qu'ai-llcur:J dans notre pays, 011, depuis
dix siècles, l'art s'est épanoui d'âge eu âge avec
une si merveilleuse originalité 'sous des formes
sans cesse renouvelées, et oii t int d'industries
en vivent. Il lie saurait être question d'intro-
duire l'histoire de l'art à l'école etcmentaire. 11
suffit d'éveiller le goût, d'ouvrir en quelque
sorte et d'exercer tft yeux des élèves par des
images qu'ils puissent aisément comprendre.
Je suis. pour ma part, bien reconnais-
sante à M. Leygucs d'avoir songé à rem-
placer, par une échappée sur la côte d'azur,
et par les eaux cristallisées des cascades
pyrénéennes, l'horrible « écorché ", les
champignons vénéneux l' et les CC animaux
nuisibles à l'agriculture »qui remplaçaient
eux-mêmes avec quelque avantage : ;< Adam
et Eve au milieu des animaux ", nos « pre-
miers parents », aussi monstrueux que
leurs... sujets (jU bieu encore la « sortie de
l'arche ».
C'est parfait, je le répète. Mais que l'on
songe aussi il la rue !
le.n ce moment, la fête du lion de Belfort ,
bat son plein, et si les habitants de la place
et des rues adjacentes ne sont pas encore
enragés, il s'en faut de peu.
La place même est ruisselante de Lumiè- 1
res, de luxe, de splendeurs , l'aspect en est i
aussi admirable que celui de telfc grande |
scène de Paris où l'on joue des féeries; on |
me dit, d'ailleurs, que tel manège oit les che- |
vaux sont remplacés par des cochons, a j
coûté cent mille francs; et que tel autre, <
où des lapins blancs servent de « coursiers .
rapides », on a coûté trois cent mille. Mais
la queue de la fête, l'endroit 011 les baraques
sont accessibles aux plus petites bourses
est immonde!
Les yeux, le nez, le bon goiit, la décence
même, sonL choqués horriblement : il y a
[ un « musée des supplices ", un « nègre »
(des Batignoltes), qui inange de la viande C
crue, assaisonnée de goudron fumant; une 1
femme qui exerce son.., art... bruyant au a
Moulin Rouge, et qui a bien voulu se dt'ran- v
ger pour se faire entendre des habituels du
XIV-. s
... Et tout cela au profit de la Caisse des Eco-
Les ; c'est scandaleux ! Il faut se liguer con- {1
tre ces horreurs. *'
Ouverture de l'Université populaire
La Fronde a annoncé l'ouverture de l'U-
niversitu populaire. Ce sera lundi prochain
à 8 heures du soir. Le dimanche 15 aura
lieu la première réunion amicale, h i heu-
res avec te concours de Maurice Bouchor.
Le soir, j aurais un grand plaisir à offrir une
tasse de ttié à mes amis de la Fronde.
Le local est admirablement approprié à
ce que veut faire l'association ; mais les
murs attendent encore les œuvres d'art qui
doivent les orner. Je dis cela tout bas aux
artistes et aux possesseurs d'objets d'art.
Nous voudrions bien faire une concurrence
heureuse aux vulgarités révoltantes des
c fêtes de uartier. 9 !
PAULINE KERGOMARD.
Lb service de 1... FSOH9E sert
Usât gratuitement pendant on «a
à toute* les institutrices nyaati
fuaené ai J«njm»l tnis ifcljaQi
ttCttU it» rab ~. >
Pietrus Jacobus Joubert
GÉNÉRAL EN CHEF DES FORCES TRANSVAALIENNES
1 En face de l'armée britannique, Sir Red-
a vers Buller (dont nous avons donné la bio-
a graphie jeudi) trouvera à la tète des troupes
Ls sud-africaines, le général Joubert, général
n en chef.
is C est un caractère qui sort de l ordinaire,
'- que ce vieux Ilurqher, né au Transvaal
, comme le Président Kriiger, et dévoué corps
'' et âme à la jeune llépublique qu'il a tant
£ contribué il, fonder.
s Fils d'une vieille famille huguenote de
u France, il est né il Congo, en 1831.
i- En 18S0, il formait, avec Krùgcr et Pré-
e lorius, le triumvirat qui proclama l'indé-
pendance de la llépublique Sud-Africaine,
Q dont la conséquence fui. la guerre avec
l'Angleterre. Ce fut alors que Joubert prit
p le commandement des troupes transvaa-
liennes qui inlligèrent à l'Angleterre de si
c cruelles défalt,3S, à. Laing-a-Neck, à Ingono
t River, à Majuba II il t. C'est depuis ces dé-
t faites répétées, que l'Angleterre jugea PttU-
s dent de se tenir coi. Aujourd'hui, rdle cher-
ij che l'occasion, toujours poursuivie, et de
j so venger et de s'annexer un pays, dont t'a
richesse aut'i!cre a étonné le moude et
rempli les Anglais de la plus amère et vi-
' rulente convoitise.
Comme organisateur, le général Joubert
2 s'ost montré absolument génial par la façon
s dont il a établi 1 1 mobilisation de ses trou-
î pes.
Le pays est divise en dix-sept régions,
> chacune commandée par un chef etsubdi-
' visée en sections, toujours prêtes à répon-
' dre au premier appit.
Il suffit au généra.1 Joubert de lancer un
• ordre pour que dans chaque section un
. homme à cheval le communique au galop
l à tous les subordonnés de façon a ce que,
-, en 48, heures, tous les hommes soient on
t ligne munis de provisions et de munitions
toujours prêtes pouf quinze jours.
; Mais ce résultat remarquable n'a été ob-
| tenu que par une éducation de peuple
! borr commencée dès t'cn'ancc.
En effet, les écoles étant fort distantes
. les unes des autres ainsi que de la rési-
dence des parents, chaque enfant était
. instruit, dans son plus jeune Age, à se dé-
fendre lui-même contre les dangers de la
, route, sans cesse menacée par les Cafres.
chacun d'eux muni d'un fusil et de muni-
tions, s'exerçait à tirer le gibier rencontré
en chemin, aussi les Cafres prirent-ils l'ha-
bitude de redouter ces enfants à 1'1'1',1 exercé ]
, dont les coups de fusils manquaient rare- !
ment leur proie. ,
C'est surtout à l'occasion de l'échauffou-
réc Jameson que se montrèrent l'autorité j
et le sang-froid du général Joubert.
Lorsque les envahisseurs soudoyés par
l'Angletorre furent honteusemsnt pris et
généreusement épargnés par les Boèrs, le
général Joubert eut tort iL faire pour maî-
triser la juste colère des Transvaaliens;
10.000 hommes étaient assemblés autour de
la prison oil les assaillants avaient été en- J
fermés et tous criaient : « A mort! >» contre
les prisonniers.
Le général Joubert sortit et leur dit : ;
c( Frères Burghcrs, si vous aviez un beau
« troupeau de moutons et si des chiens, ap-
« partenanl à vos voisins, étaient venus 1
« pour les tuer, que feriez-vous 'Prendriez- 1
« vous vos fusils nour tuer ces chiens et
« vous exposer il do plus loris dommages 1
« que ceux résultant du troupeau détruit? i
« Ne vaudrait-il pas mieux dire aux pro- -
« priétair(-s de ces chiens : reprenez tes et <
c( payez-iuoi le tort qu'ils m'oat fait? »
Ce raisonnement provoqua un silence- -
dont Joubert profita pour ajouter: «Eh! I
Bien, chiens de nos voisins sont ici, en pri- s
sont.. JI
Le but était atteint, et, grâce à l'intelli- c
gente initiative du général Joubert, t'irrita- à
tion fut calmée, et la folie coupable, du
Dr Jameson n'eut pas les désastreuses con-
séquences qu'elle menaçait d'avoir. t
L'Angleterre paya et tout rentra dans J<
l'ordre. I
Itc.sle à savoir si l'affront reçu n'engcll-
drera pas de graves conséquences. u
Si l'idée de derrière la tète des Anglais e
consiste à vouloir s'emparer du Transvaal ;
si c'est une lutte entre l'Angleterre et les ~
fils de la Hollande, nous ne sommes pas au q
bout, et nul ne peut en prévoir les consé- u
quenccs. JJ
Mais s'il ne s agit que d'une vengeance, Il
d'un point d'honneur, d'une convoitise lo-
cale, év(;illéo par l'or des mines transvaa- p;
iiennes dont ta production, comme celle de (':
tous les pays aurifères, no saurait être quo 1;
limitée à un laps de temps plus ou moins l
long, alors, les Anglais sont trop pratiques j?
et trop raisonnables pour se risquer dans -
une entreprise onéreuse et d'une issue dou-
louse. "
gl1 tout cas, le général Joubert est un 11
homme avec qui il faut grandement comp- jV
ter et les tioi*,rs sont un peuple dont l'exis - 1 *
tence et l'attitude sont trop respectables et
trop significatives pour qu'un peuple sage
les attaque sans de bonnes raisons — bon-
nes raisons que le monde entier se refuse r .
encore à admettre.
Chez M. Mougeot
Le paiement des téléphonistes
lin journal du soir annonçait, hicr, que les
employés des cabines téléphoniques do
Paris n'avaient pas encore touché leurs
appointements du mois de septembre der-
nier, et notre confrère ayant recueilli les
doléances de ces employés nous exprimait
son étonnement à ce sujet
Nous avons demandé à M. Mougeot co
qui avait pu donner naissance à ce regret-
table état de choses, et le très aimable sous-
secrétaire des postes a bien voulu nous
donner l'explication suivante -
c J'ai envoyé, il y a plusieurs jours déjà,
nous a dit M. Moug-cui., une circulaire d:ms
les divers bureaux de poste de Par:r. à
l'effel de portera la connaissance des l'cee-
veurs que des rassures avaient été prises
par moi pour que chaque petit téléphoniste
des cabines do Paris pitt toucher ses ap-
pointements directement au bureau qu'il
dessert.
M Jusqu'ici, ces employés, dissémines dans
les divers quartiers de Paris, étaient forcés
d'émarger à l'administration centrale et
des chèques leur étaientremis sur la caisse
municipale.
« Pour faciliter les services je donnai donc
les ordres dont je viens de vous parler,
mais il est probable que j'ai été mal com-
pris et que les receveurs ont cru qu'il s'a-
gissait, d'une mesure facultative et non
d'une prespription générale.
«On a pense sans doute que le nouveau
mode de paiement ne devrait être appliqué
qu'aux employés qui en feraient la demande,
alors que je désirais, au contraire, leur évÀ-
tor à tous des démarches inutiles.
«Aujourd'hui même j'ai pris des mesurât
pour faire cesser cetto fâcheuse môprjsd
ce soir tous les paiements seront effeotuéi
et les choses rentreront dans l'ordre. "
Le téléphone de Paris à Berlin
Nous profitons de notre présence :m
sous-secrétariat des postes pour demander
a M. Mougeot quelques renseignements
sur la nouvelle ligne téléphonique oui va
être établie entre Paris et Ucrlin,
Un accord étant intervenu entra la France
et l 'Allemag!ia sur la question Lle rétablis-
sement d'une ligne reliant les capitales .tex
UMix pays, M. Mougeot envoya, il y a iliie! -
que tempj, à Berlin, deux ingénieurs de.
son administration, MM. Prouin el Kain, qu'
furent chargés de s'entendre avec les re-
présentants du ministère des postes et t.jk'-
graphes allemand.
Do retour à Paris, ces messieurs élaborè-
rent un projet qui fut soumis au ministre
allemand, et pleinement approuvé par
celui-ci.
On a calculé que de Paris à la frontière,
la ligne coûtera environ 750,000 francs et
pour couvrir cette somme, l'Etal s'est as-
sure le concours de grandes sociétés finan-
cières et de diverses chambres de com-
merce.
En Allemagne, c est le gouvernement qui
fera 1 avance des fonds et prendra à sa
charge la construction de la ligne sur tout
son territoire.
Les traités établis entre les deux pays so-
ront basés sur ceux qui existent aclncllo-
ment entre l'administration française et la
Belgique et t '. Suisse.
Pour les taxes, on divisera chaque pays
en deux zones et une conversation de trois
minutes coûtera 2 francs pour la première
zone et 4 francs pour la deuxième.
Pour les communications urgentes il y
aura des triples taxes qui s'élèveront à un
maximum de 155 francs par uni Lé de con-
versation et t.-m tentera ainsi d'établir UCÎS
communications à taxes réduites (1 fr. r»0
et 2 fr.) pour les communications entre
villes voisines de la frontière.
L'itinéraire du circuit Paris-Berlin, com-
prendra 1100 kilomètres environ et sera il!
suivant :
Paris, Chatons sur-Marne, Verdun, Metz,
Francfort.sur-tc-Mein et Berlin.
On espère que si rien ne vient entraver 1:1.
marche des travaux la ligne téléphonique
Paris-Berlin pourra commencer à fonct'ner au moment de l'inauguration de l'Expo-
sition.
— D'ailleurs, revenez dans quelques
jours, nous a dit fort aimablement M. Mou-
geot, et je pourrai peut-être vous donner
de nouveaux détails, car j'espère recevoir
du ministère des affaires étrangères le dou-
ble du projet de convention définitive meut
réclé et anorouvé II-
JEANNE BRÉMOND.
On dit...
LA PREMIERE FEMME AÉRONAUTE
La première femme qui s'éleva dans lu.*
airs, en ballon, était une b'ran'.nsc. Mme
Tihlc,
Son expérience, assurément h-'u'dit*. eu!
lieu le 4 juin 1781, il Lyon, on présemx de,
M. le comte de Vaga, l'ûi de Suéde.
Elle partit, avec; un seul compagnon. M.
Fleurant, peintre en IJ,Hirncnt dans la gale-
rie d'une montgolfière, ou ballon à tenue
23 mètres (70 pieds de diamètre, nommé lÓ
« Gustave H,
Le temps était calme, ils s'élevèrent ëi
28 mètres environ passèrent au-df. Ilhône et de la Saône, et allèrent descendra
sans accident, au milieu d'une prairie.
Alors Mme Tible, lestement sauta à lerre.
en parfaile sauté, et ravie de son vo\&e;c
aérien.
Le ballon était lancé...
Ce r"ll aussitôt la mode d'aller en aéros-
tat, d'avoir son aérostat, comme on a ;tu-
IOnrd'hui son automobile.
UN PAS EN AVANT...
La cause féministe vient encore de faire
un pas en avant -- non pas en France, m
en Europe — aux Etats-Unis.
En effet, parmi les commissaires que le
gouvernement des Etats-Unis de l'Améri-
que du Nord a nommes pour l'Exposition (le
l'.KX), il se trouve une femme, Mme Mao-H-v
Harrison, fille de l'ancien préstdctU. de 1-s
ttépu blique.
Mme Mac-Kee Harrisson est très connue
par ses ouvrages d'économie poli tu j ne;
c'est de l'avis de tous une femme d'u:t(
h 'i nf A vnlnim
LA POPULATION BLANCHE DANS L'A-
FRIQUE DU SUD
A la veille de tit guerre qui — helas ! on
n'en peut plus douter — va éclater ;ttt
Transvaal, il est intéressant de donner io
chiffre exact de la population blanche dans
l'Afrique du Sud.
Colonie du Cap (Bechuanaîand compris) :
205,200 Hollandais ; 194,800 Anglais.
Basul.olan(l : 300 Hollandais; 350 :\nA'lals.
Etat libre d'Orange: 78, HYJ Hollandais :
50.000 Anglais.
Natal. avec le Zoulouland : 0,500 Hollan-
dais ; 45.000 Anglais.
Transvaal: 80,000 Hollandais; 121,050 Aii-
glais,
Ithodesia : 1,500 Hollandais, 1 à 3,050 An-
glais.
Au lotal : 431,900 Hollandais et 3S3.000 An-
glais.
C'cst, on le voit, une guerre de races.
Mais, si les Anglais soutenus pur la nn'tc-
palric sont presque surs de triompher
contre tout droit des gens, il n'en est pat
moins vrai que la lutte sera dure et diffi-
cile. Les Hollandais, nombreux en Afrique.
en 11 m n t en fYkn H r*r»
INTERPRÉTATION DE LA DIVINE CO-
MÉDIE
Une artiste italienne, tragédienne dis
grand talent, Mme Giacinta Pezzana, fait
annoncer qu'elle interprétera prochaine-
ment sur la scène 1:1 ()îvîiic conv-dir fi,-
Dante. File a l'intention de déclamer l'u?u-
i vro tout entière a.-ec accompagnement
de projections luminouses.
C'est là une tentative intéressante mais
non pas absolument originale, comme un
pourrait Je croire. Déjà d'autres, avant
Mme Pezzana, n'avaient pas reculé devant
un pareil effort.
L'acteur Luigi Monti en a le premier fait
l'expérience; il a été sirtté. Seul Guslavo
Modena, un des plus grands artistes ita-
liens de co siècle, a réussi à obtenir quel-
ques effets scéniques en plongeant le théâ-
tre où il récitait le chef-d'œuvre de Dante
dans une obscurité presque complète.
Espérons que, sous la claire lumière, ss
pleine beauté, Giacinta Pezzana réussi,.
mieux nue ses nrédécesseiirs.
L'INCIDENT JOSEPH RENAUD-BOU-
CHARDON
MM. Paul Nadar et Hobcrl Charvav, t6-
moins quo notre confrère Josejrti liénaui
ft018JtMÊ ÀKÏFÊB. -■ W OM
.
-
: SÀ&fKM t ûCTÉSM - ~ . lle . ' ' .......
1 - . %Mdbà»ÉL-- 1 1 ' • 7 i ~. 1
CALERMIfl armucu
. #A VENDËMIAIRE AN GVffl
0
M-.
CALENDRIER PROTESTANT
Passages de la Bible à lira et & auditif
LUC XIV, 7-11.
.JS iii (,' l.' ...... ' - IV..
tlLENWia«B5$f ;•'...
• '* « $ '♦•••/.* * • . - . «r
^ a^sspTmiûa» uw
^ w r'-0."\i7 • i -< * '
A-Sr» •
caunoiueb.isu£uti ; v.
'fi . .. -W • • 1..I •*•' •* » '••
. a HÉtéCHVAN ANNÉE 5530
M''" '-.."" w. « .. —• " ,
* : • * j
— if. —
. Prix de» Abonnements s
PAWB . '. Un An » Ir. Six MoM-e3 fr. M I%vb Moi** fr. 50.
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE — 24 fr. — 12 fr. a — G fr. -
ETRANQEII (UNION P08TAL8) — 35 fr. — 18 fr. • — . 10 fr. a
* * DiMCcryMCM ' rttiftïwntii/m r'iti^i ainui '*.
rDtr^^> et AtoinfafanMon : i4, roo Salnl-Georgc».
6 place de la Boan&^ris!^ *&-* T.' les e"■
... r LA FRONDE, journal qugtitllen,
, . peUtlqlle, littéraire, est dirigé»
administré, ridigé, composé paf
des femmes.
Aujourd'hui
Samedi 7 octobre
A 1 h. 112 r nurses au Bois de Boulogne.
'lj.;ilr'oe l'Observatoire, à2heures. Demander
UII" curie. — Visite aux catacombes.
A 4 h. l'inauguration des salles de l'Etablisse-
ment d- Pneuinothérapie. 23. rue Dalill.
Ilihliothèque d'éducation libertaire, :If,, rue
Tilon, à M ||. t '2 conférence par M. Ch. Nl;tlat(j :
Civilises et i nnùtifs.
As~ft'*i ùioï) Am.-c.ile du quartier de la Santé
salie de l'Association, 2, passage Dareau, à 1) h.
du suis-. Conférence sur le Socialisme ci la
chanson •jtOfiitMire par M. Victor Churbunnt'I.
Visitus irt r Musées Il', Louvre, .'u ' n,c<%mbnurq,
de y h. 't i h.; <
à 4 li : llvtc' de 2 à 3 h,; Monnaie, de
midi à ;î 11. Trrsor île 'voIre-!Ja",,', Sainte-l'haprïlc
et l'. ¡f","m. de lo h. à 4 h.; Invalide,... musée et
tlHlJbf!:1U. -e mid, à 3 h.; Jardin de, Plantes, lu
trienugerio, de 1 h. à 5 h.; galerie d'histoire na-
turelk. d(- Il h. à :$ h.; .1r¡IU¡;'j¡¡'IfI, ¡j'l Iroctulrro,
,,10.: 3 à 11 Il, et do 1 à 3 h.; Palai-i (I.? Saint-Gcr-
■nam, du 10 Il. 1 il 4 h.; palai* de Fontaine-
MutU, de Il h à 4 Il,; Ver.o;';illl!,ç : le Palais et les
« Ti'iaiinuH. III) Il à 5 h.:' Le Jeu de Pauinc. de midi
à 4 heurce. Mutés ^ainaoakk de ltt h- Vfc1* .-M ,
La Gosseline
Un dimanche matin, radieux de so'eit,
Juliette, (oute pâlotte dans sa toilette
dairc de zéphir à douze sous, agita timi-
dement le timbre que la nouvelle docto-
resse venait de faire placer .'L sa porte.
Htt installant son cabinet dans ce pau-
vre quartier de Delleville, la vaillante
philanthrope se souciait peu de jeter de
Ja poudre aux yeux, aussi rn toute sim-
plicité, vint-elle: ouvrir elle-même à la
consultante.
— Je voudrais parler à Madame le
Docteur? dit Juliette.
— 'Vnst moi ! répondit la jeune
femme de sa voix douce et pénétrante :
L,'ti'é.rez !.., Ici !...
Puis la faisant asseoir :
Il Qujvex-vons. mon enfanl'! Vous j
sonnrex?... Quel est votre âge ?...
— Seize ans. madame ! Ce que j'ai !...
Je i iiri:o:e... des vomissements, mal
Îurtout !... Hier, j'ai dù revenir de ,l'ate-
ier sans linir ma journée.
— Ali ! J'ah !.., Et... on est sage??...
— Maintenant? Oui, Madame. Er-
nest '. a "'c marier afin de prendre un
étal iL son compte, alor3 il m'a quittée,
•;u :--e comprend, mais, avant,nous étions
Ct:semb!c.
-- Oui :,.. Je saisis'... Et avant... Er-
nest. \\)113 viviez seule'!
— <>h ! tout comme ! .t'avais terminé
mon apprentissage. Après la mort de
p.tpa. maman s'était éclipsée , je ne Sil-
vais plus où la prendre, Krncst et moi,
on s'est rencontré aux Buttes... Ces ma-
t-ta,-es-Izt, <*a se fait, ça se défait, sans
malice, allez, .Madame! D'ailleurs, je
n'ai besoin de personne, je suis crarnis-
smse aux corsages dans la maison Mer-
lin, on me paie fr. 50, sans mes veil-
lées, et pas de morte saison !
— 13ien!... Mais, c'est que je dois
vous dire... vos malaises, vos vomisse-
men!s cesseront... en revanche... dans
quelques mois, vous connaîtrez la joie
de posséder un beau bébé !
Eit disant ce mot ti joie »» la doctoresse
planta droit ses prunelles dans celles de
Juliette qui, subitement, abaissa ses
paupières et fixa la terre.
.t J'ai ilit la joie... Comprenez-moi,
ma pauvre petite. A votre âge avoir eu
un... ami qui, déjà, vous a quittée ; être
condamnée par votre isolement, votre
gracieuse jeunesse à la prise et il l'aban-
don de quelque autre Krnest: risquer d'é-
tape en H¡¡,pc, de devenir une de ces
•malheureuses femmes dont on tait le !
nom, et, dans ce chaos oil vous alliez S
sombrer, voir surgir l'honneur ! Pouvoir ]
acquérir te droit au respect ! Etre mûre, i
en un moi... Mais c'est la joie, c'est l'a- (
venir, malgré les durs sacrifices que i
vous aurez a en éprouver sur t'heurc !
Ainsi, longtemps, parla la femme de '
science et de cœur.exposant des raisons, [
infusant en l'esprit précoce de l'ouvrière il
la semence de bon nens, de moralité, de l
devoir qu'on avait oublié d'y semer. g
Et sous la chaleur de son âme s'ouvrit c
a la lumière, à la fierté, la petite âme de
lix lille des faubourgs. ^
— Ce que vous me dites-HI, Madame Q
ie docteur, non, je ne l'aurais pas pensé
,..;lJu)(', mais, me voilà remuée et toute à
contente: Bien sûr que je vais faire de (J
mon mieux pour qu'au moment venu t
vous trouviez un bel enfant ! Pas besoin c
de père pour le soigner comme un prince d
ce {.e{it-ià* )t sera bien heureux de m'ap- ti
peler un jour maman ! l<
Maman .'!!
Et deux larmes — pur cristal échoppé Z
de la source de tendresse gisante au 1
cœur des femmes — coulèrent, silen-
cieuses, sur les joues pâlottes de Ju-
liette.
A partir de ce moment, docile aux con- li
seils de celle que le hasard lui donnait s(
comme protectrice, on la vit se transfor- Ll
nier. Elle, qui comme un moineau franc,
vivait de fantaisie, se mit à compter ses Gi
«ains, à régler ses dépenses, épargnant CIla
les fanfreluches, la parfumerie de bazar, 111
les (leurs qu'elle aimait follement. Elle pl
changea son garni pour une chambrette ti(
saine et claire, munie d'un appareil sur v(
lequel — négligeant désormais les petits dL
pains et la charcuterie — elle fricotait, m
avec économie, au retour de l'atelier, la au
..oupe du soir et les repas du lendemain. t
Elle put, grâce à ce régime, porter
Allègrement son fruit sans perdre au- ICI
eune heure de travail, et, semaine par toi
semaine, ranger une petite somme, — fri
sine fortune, — avec laquelle elle espé- SCI
fait bien faire face à toutes les dépenses *
de l'avénement de son petit roi. fj
r — Il ne nattra pas à l'hospice 1 — di. Îl '
paît-elle dans son mince orgueil, — et, a,
je veux qu'il soit nourri comme les ri- sei
&bes,du lait d'unenoarrice mprvsuiUçlJe. JIlJ
18, Cette idée fixe était née chez elle un
ré. après-midi férié, oit assise aux Champs-
av Elysécs" elle s'était plue dans l'admira-
tion des bébés, à lier connaissance avec
- un trio de belles nounous du Morvan.'
Donner il son enfant une nourrice de 1
i scmbtableoriginc.tuiapparaissaitcommc
lecomble de lasécurité et du confortable.
— Sans compter que c'est un pays
ier chouette dont je ne me fais guère l'idée,
paraît-il je Je l'irài voir quand mon gosse
sc~ y sera. Pour sur S
uc La doctoresse aidant, les projets de
.o : Juliette purent se réaliser.
L'enfant vint au monde dans la saine
j,e chambrotte. La mère fut soignée suffi-
ra samment par la vieille concierge de
; l'immeuble, et, la nourrice — une solide
gaillarde de Montigny en Morvan, —
h. procurée à prix raisonnable.
de Lo !:cxc du nouveau-né manquait seul
Ilr. au programme, « le gosse Il se trouvait
i". être une jolie petite tille, potelée, rose,
ia- frétillante à plaisir. j
ro, Ce léger déboire ne changea rien au j
'fci rayonnant bonheur de l'accouchée, elle
es tic se lassait point de regarder la mi- !
idt gnon ne, de baiser avec attendrissement I
• seriiwiaXimiLiMj R9
Avant de s'ahtcr: elle avait disposé sur |
Isa commode la layette confectionnée co- I
quettcment par ses doigts de fée. On la I
lui avait a sa demande, apportée sur .ion I
lit; maintenant, au .moment de l'cmpa- I
quêter, elle indiquait à Reine Goguclat, I
la nourrice, la manière, de laver et rc- I
passer les menus objets sans les déclii- I
• « rer. Elle lui compta aussi les 27) francs I
)- I d'avance du mois et le prix de son voya- I
j ge, non, sans qu'un nuage d'inquiétude
i- passât sur son front, iL la pensée qu'il ne
;C I restait plus en sa bourse que juste la I
le j somme nécessaire pour gagner la date it I
i- I laquelle elle croyait pouvoir se remettre I
a J ait travail. j
I « Bah ! résumait-elle, en manière de J
c I consolation, le plus fort est fait ! La sai- j
I son approche Oil on me donnera mon
c augmentation! Alors, « par ici la sortie! Il
: | :tjoutait-cHc, en gavroche, montrant son
I poupon. j
i Quand la porte se referma sur la nour- j
s I rice emportant l'enfant dans ses langes I
I un f,-ratitt froid ellleura le dos de la jeune I
• I mère, il lui sembla qu'en cet instant, sa I
1 j vie et son courage partaient avec elle. 1
- I Mais vite, le raisonnement si sage de I 1
I « Madame le Docteur » — comme elle se I
I plaisait encore à nommer sa grande (
- amie —se déroula devant elle et dompta I I j
11 la défaillance. ;
>| Il Au revoir, mon amour! — cria-t- j <
» I elle, la voix mouillée, il bientôt! Va! » J l
-j Une année s'est t'coutrc dans un la- J *
I beur assidu sans permettre il Juliette de i
I l'Úaliscr', — dépenses ordinaires payées, I •'
! I - la somme nécessaire à l'accomplisse- I
• ment (Iii voyage eu Morran. " I s
J Un billet de cinquante francs, au I p
j moins, est indispensable pour faire face J 1
J aux frais de chemin de fer et dr séjour. J
J Il faut compter aussi la petite gratifica- £
I tiou à Heine Coguctat, si, comme les I J
J lettres t'affirment. « la gosseline Il déjà I
I marche seule et montre quelques jolies I d
I queuotles. I
I De jour en jour, augmentent sa stricte j -
| économie, son ardeur au travltil. Enfin, j 1
récompensée de son zèle et de son habi- j J
leté, elle passe dcuxu'mc eonLrc-mal- [
tresse dans la maison Merlin, avec I
4 fr. r»Q de paie et de légers bénéfices I
d'inventaires. Oh ! bonheur, la tirelire I
I s'rmplil !... La voilà a point !... I
I La " gosseline » marche sur ses quinze I
I mois! Juliette se prépare au voyage. I
Onze heures de trajet, voiture com- j t
prise, pas d'express pour les troisièmes I '
I classes ! Les pauvres ont du temps il I Jî)
perdre'!... \
Pour éviter le mécontentement des j
patrons, et sacrifier le moins possible de '
son salaire, elle pa!'(.!r.t le samedi soir, I , •
rentrera à Paris, polir 1lieure de t'atclicr. I „
I le mardi matin suivant. Deux nuits en j .*
I wagon pour l'aller et le retour, c'f'st '
I encore deux jour entiers et une nuit a
passer près de sa chère gossclinc ! .
— Comme c'est peu pour tant d'ar-
gent! Mais il faut savoir se contenter, i
n'est-ce pas?... Bien beau déjà d'arriver
a faire ce qu'on désire ! dit-elle en cm- •
brassant amicalement quelques-unes de
ses compagnes d'atelier qui ont voulu la
conduire iL la gare.
— Bon voyage, madame la Morvan- ^
delle ! Il a répondu ! essaim des jeunes T
abeilles en fermant la portière.
Oh ! oui. Bon voyage ! Cours à la joie,
il l'avenir, exquise petil<; crcaturc. éclose .
dans le ruisseau de Paris, régénérée,
transformée par l'enfant !.. Je te salue,
en passant, comme la Heur d'espérance
de notre sexe !... De notre sexe parfois
tant avili nar l'hommn ni - /•t?nï«;fr>e cic
lois.
ANNE DE COURMONT.
L'EXPOSITION DE 1900
A COVENT-GARDEN
On sait que tous les hivers, à Londres, ont
lieu à Covent-(»arden, des bals masqués qui
sont à peu près semblables à nos bals cos-
tumés de l'Opéra.
Or, cette année, les directeurs de Covenl-
Garden, MM. llcndle et Forsyth, sont venus
chez nous chercher une idée nouvelle pour
la mise en scène de lotir bal d'ouverture.
Ils feront représenter en carton tout une
partie importante de notre future exposi-
tion. En entrant dans la saile du théâtre on
verra devant soi seuéroulcr la vaste étendue
du Champ-de-Mars et l'immense dôme for-
mé par la tour Kitfcl. Lorsque le visiteur
aura passe sous la tour il verra devant lui
le Palais de l'Electricité et le Château d'eau
qui seront, dit-on, des merveilles de repro-
duction exacte. La construction oui s'appel-
lera Le Tour du Monde où seront représentés
tous les titres de l'architecture nationale
française sera aussi représentée sur la
scène de Covent-Garden.
Quant aux bars qui, les autres années, se
sont trouvés disséminés dans la salle du
théâtre, ils seront réunis pour ne former
qu'un seul édifice sous la dénomination du
Café Parisien. Des tlrinfil variées y seront
servies par des jeunes luimaittt en costu-
mes ffançait. CLAIRS DE PAATZ.
LE DIABLE
En termes peu compréhensibles, le sain
; office nous défend les expériences noubeltei
de magnétisme et d'hypnotisme c où il s'agit
» de faits qui dépassent certainement les force:
( de de la nature. » Accoutumée au bon fran.
çais — j'ai un secrétaire pour me traduire les
journaux nationalistes — accoutumée, dis-je,
au bon français, je me cassais la tête sur ce
i rébus théologique — vainement. Après deux
■ heures de travail infructueux, j'allai voir un
très vieux chanoine, cadet de famille à qui la
chute des Bourbons ravit l'espoir d'un évéché,
Il se console de sa disgrâce par la fréquenta-
tion des bons auteurs latins et d'un cuisinier
de génie.
Il me reçut gracieusement.
c Carabosse, dit-il, vous êtes malicieuse
dans vos articles, vous compromettez votre
salut.
— C'est justement pour cela que je viens,
monsieur; donnez-moi un conseil utile ». - Et
je lui montrai la phrase ambiguë.
Il lut, réfléchit, et parla ainsi :
* Carabosse, écoutez-moi bien. Vous voyez,
« les expériences déjà faites » — sauf scan-
dale s'entend car « Malheur A celui par qui
le scandale arrive 10 — sont permises. Les
nouvelles, sont défendues. Pourquoi? Tout
simplement parce que. nouvelles, elles « défen-
► pMpeifMlus tuimwA.
tuellement connues du public. Or, si le public
voit des expériences qui paraissent sarnatu-
r^'llcs — et il les verra puisqu'elles sont dé
dues — plutôt que demander et croirè vos
explications scicntiftqucs, exactes mais diffi-
ciles, il attribuera ces merveilles au diable.'
C'est là que l'Eglise les attend. »
Je dus ouvrir des yeux énormes, car il s'im-
patienta :
« Vous ne comprenez pas. C'est clair, cepen-
dant. Le diable est là, le diable qui invite à
tout ce qui présente un puissant attrait r vo-
lupté, danger ou science. On lui cède, on se
repent et l'on recourt bien vite au prêtre. Le
diable, c'est le percepteur de l'iiglise.
— Bien, répondis-je, mais quand la diable-
rie s'explique ?
— Alors, on n'y songe plus. Voyez Gatitéc...
la barbarie de l'époque... la théocratie... ré-
gime disparu... Cependant, ils viennent aux
écoles et payent les dispenses. On ne leur de-
mande pas plus. Si la découverte s'affirme,
nous convenons qu'on s'est trompé... et nous
défendons autre chose. 11 ne faut pas que le
peuple sache, ou bien il faut qu'il sache par i
nous, a notre façon. Vous comprenez ?
— Fort bien, c'est la question d'argent.
— C'est le nerf des batailles. Moi qui les
vois faire d'ici, je ris parfois des pénitentes ,
qui portent leur pieux argent aux œuvres du
duc d'Orléans ou du « martyr » Jules Guérin.
- un bandit qui, certainement ne croit ni à
Dieu ni .t diable. Kt tous les moyens sont li-
cites, pour accomplir l'œuvre de Dieu, depuis-
les chemises trop ajourées que l'on fabrique
au Bon Pasteur jusqu'aux (journaux qui ont
ce programme ». flît il me découpa ceci dans
le Tout Pari* Catholique :
le Que tout lecteur découpe le bulletin d'abon-
nement et nous l'envoie signé;
2* Que tout commerçant catholique et ami de
la Franco insère une annonce dans nolre
Journal ;
.'i® Que tout lecteur fasse un effort pour
s'adresser à nos commerçants recommandés;
4* Que les personnes qui disposent de fonds
pour une œuvre sérieuse n'oublient pas le
Tout-Paria Catholique.
* Oh ! mon cher abbé, m'écriai-je, faut-il rire
ou faut-il pleurer? Est-ce odieux ou ridicule?
Que faites-vous dans cette galère, vous qui les
connaissez si bien i »
Il eut un sourire de malice l.autaine. c Moi,
dit-il, ift traduis Pronnrce. »
CARABOSSE.
La Marche à l'Etoile
Etoiles, millions t!'¡;toilc=" qui vers nous
Cligne/, si doucement des jeui, je vous implore,
Je vous implore et vous supplie à deux geuou:t...
Je ne prétends point qu'en écrivant, il
y a dix ou quinze ans, ces vers. Ilichopin
ait eu précisément l'intention de définir
l'ordinaire mentalité de nos traïneurs de
sabre. Mais, si plus tard quelque histo-
1 rien de l'affaire Dreyfus cherche une épi-
graphe à son œuvre, il me semble que
ce tercet pourra très exactement lui con-
venir. A mon sens, il nous révèle le mo-
bile secret de la plupart des « agisse-
ments » qui nous ont surpris ; il résume
| il la fois toute la psychologie et toute la
morale militaires...
On me conte que ces doux clins d'yeux
des étoiles, chantés par Itichepin, ne se-
raient pas étrangers à l'attitude du co-
lonel jouant au cours du procès de Ren-
nes. Reconnaître l'innocence de Dreyfus,
c'était s'aliéner à tout jamais la sympa-
thie des grands chefs. Sans doute, con-
firmer la sentence de 1894, c'était mé-
contenter le gouvernement. Mais les mi-
nistres passent, et le Père Du Lac reste.
Justice bien ordonnée... S'il avait quel-
que conscience, je veux dire conscience
de ses intérêts, le colonel Jouaust devait
condamner Dreyfus.
Il le condamna.
• •
Je dénombrais hier les nouveaux offi-
ciers gentilshommes (nouveaux ne se
^ rapporte qu'à officiers) dont la récente
promotion de St-Cyr va gratifier la Hé-
publique. La plupart ont trois ou quatre
noms en cascade. Je sais bien qu'ils sont
irresponsables de leur ascendance, et je
ne suis pas assez injuste pour leur re-
procher 1er avec Mac Nab de ne pas s'appe-'
er « comme tout le monde ». Je les
plains seulement d'ètre affligés de noms
à traînes. Je les compare à cet invalide,'
concierge du ministère de la guerre, qui
fut célèbre pour ses moustaches. Oh !
ces moustaches ! Elles étaient aiguisées
comme un sabre.fourbics au cosmétique,
| et si longues, si longues, que le brave
[ homme était contraint de se mettre de
I travers pour franchir la porte qu'il était
chargé d'ouvrir. J'imagine que ces fu-
turs sous-Heutenants, à plusieurs déno-
minateurs, doivent être parfois aussi
embarrassés de leur patronvmie que le
vieux concierge de ses moustaches...
Les pères du colonel Jouaust lui ont '
épargné ce souci. Mais, à la différence de '
l'invalide arrêté aux portes par ses mous-
taches trop longues, c'est son nom trop \
court qui lui interdit l'accès des salons
de l'aristocratie bretonne. En vain Mme
Jouaust déplore la médiocrité de ces exi- 1
gences mondaines. Elle sent qu'il faut à 1
son nom, pour faire figure, la rallonge 1
-CuQgj&juncjd'a^ruche. Si l'en tient à I
distance Mme Jouaust, on accueillera,
les bras ouverts, Mme Trois-Etoiles. Gé-
nérale de brigade ! Au moins, elle sera
de quelque chose.
C'est ainsi que Dreyfus fut de nouveau
condamné. Par malheur, voici que la
justice immanente qui corrige parfois la
justice bien ordonnée, déjoue les calculs
du colonel, Ce n'est plus la commission
supérieure de classement qui nomme les
généraux, cette commission que Cle-
menceau définit « un corps anonyme,
irresponsable, directement placé par la
nature de ses origines sous l'autorité des
moines. » Un récent décret attribue au
ministre de la guerre le choix des offi-
ciers supérieurs. Sans compter que le
ministère dure. et s'affermit...
Le colonel Jouaust en est réduit à se
souvenir une fois de plus qu'il fut élève
des jésuites. Sournoisement, il s'appli-
que il réparer son erreur. Il procède donc
dans l'intimité à la revision du jugement
qu'il a rendu. Il déclare que Dreyfus n'est I
pas coupable, il affirme qu'il ne l'a pas
condamné. Aujourd'hui, sur sa parole,
les plus défiants considèrent le colonel
comme l'un des deux officiers qui votè-
rsoiUfeoqiiittement...^-* -
Aussi bien, tous les membres du Con-
seil de guerre, escomptant l'inviolable
secret des délibérations, veulent être ces
deux-là. N'étaient-ils réellement que
deux? Chacun des juges, bien bas, con-
fie maintenant à qui veut l'entendre
quelles raisons impérieuses il eut de
croire à l'innocence de celui qu'ils con-
damnèrent. Nous avons rêvé sans doute,
nous avons mal lu, mal entendu. Ils ont.
tous les sept, voté comme un seul
homme... Et l'on ne peut pas dire que les
cinq coupables qui se condamnèrent à
Rennes soient tout iL fait des menteurs.
Non, ils ne mentent qu'à moitié, car ces
gens-là n'ont môme pas la franchise de
leurs mensonges. Par leur verdict jésui-
tique, n'ont-ils pas répondu oui et non à
la question posée?
C'est derrière cette misérable équivo-
que, apparemment, que se dérobe M.
Jouaust. Inutile, colonel ! Pour devenir
général, il ne suffit pas de montrer que
l'on sait battre en retraite.
UNE PASSANTE.
LE BEAU
et l'Éducation Populaire
t La Fronde a donné en son temps la cir-,
s culaire du ministre de l'Instruction publique
au sujet de la décoration des écoles. J'ea
• cite deux passages pour mémoire :
s II ne faut pas seulement que ces écoles soient
B bien installées et bien tenues, que leur aspect
inspire aux enfants le sentiment de la propreté
t" et de l'ordre, il convient qu'elles aient une ph y-
sionomie souriatilc et gaie. L'école, telle que
Il nous la concevons, n'est pas un lieu de passage
ï où l'on vient s'instruire de six à treize ans ; elle
doit être une maison familiale, un foyer où l'on
ï revient adulte après y avoir vécu enfant, 011
? l'on retrouve dans l'ancien maître un conseiller,
j dans les anciens condisciples des amis. 01'1 l'on
se réunit le soir pour compléter son instruc-
tion. Je désire que ces maisons d'amilié et de
' solidarité aient une décoration qui leur soit ap-
propriée.
Il importe, en outre, de développer de bonne
. heure chez les enfants, dans la mesure qui con-
vient à leur âge, le sentiment du beau. h'autres
i peuples l'ont déjà compris. Ou doit l'oublier
' moins qu'ai-llcur:J dans notre pays, 011, depuis
dix siècles, l'art s'est épanoui d'âge eu âge avec
une si merveilleuse originalité 'sous des formes
sans cesse renouvelées, et oii t int d'industries
en vivent. Il lie saurait être question d'intro-
duire l'histoire de l'art à l'école etcmentaire. 11
suffit d'éveiller le goût, d'ouvrir en quelque
sorte et d'exercer tft yeux des élèves par des
images qu'ils puissent aisément comprendre.
Je suis. pour ma part, bien reconnais-
sante à M. Leygucs d'avoir songé à rem-
placer, par une échappée sur la côte d'azur,
et par les eaux cristallisées des cascades
pyrénéennes, l'horrible « écorché ", les
champignons vénéneux l' et les CC animaux
nuisibles à l'agriculture »qui remplaçaient
eux-mêmes avec quelque avantage : ;< Adam
et Eve au milieu des animaux ", nos « pre-
miers parents », aussi monstrueux que
leurs... sujets (jU bieu encore la « sortie de
l'arche ».
C'est parfait, je le répète. Mais que l'on
songe aussi il la rue !
le.n ce moment, la fête du lion de Belfort ,
bat son plein, et si les habitants de la place
et des rues adjacentes ne sont pas encore
enragés, il s'en faut de peu.
La place même est ruisselante de Lumiè- 1
res, de luxe, de splendeurs , l'aspect en est i
aussi admirable que celui de telfc grande |
scène de Paris où l'on joue des féeries; on |
me dit, d'ailleurs, que tel manège oit les che- |
vaux sont remplacés par des cochons, a j
coûté cent mille francs; et que tel autre, <
où des lapins blancs servent de « coursiers .
rapides », on a coûté trois cent mille. Mais
la queue de la fête, l'endroit 011 les baraques
sont accessibles aux plus petites bourses
est immonde!
Les yeux, le nez, le bon goiit, la décence
même, sonL choqués horriblement : il y a
[ un « musée des supplices ", un « nègre »
(des Batignoltes), qui inange de la viande C
crue, assaisonnée de goudron fumant; une 1
femme qui exerce son.., art... bruyant au a
Moulin Rouge, et qui a bien voulu se dt'ran- v
ger pour se faire entendre des habituels du
XIV-. s
... Et tout cela au profit de la Caisse des Eco-
Les ; c'est scandaleux ! Il faut se liguer con- {1
tre ces horreurs. *'
Ouverture de l'Université populaire
La Fronde a annoncé l'ouverture de l'U-
niversitu populaire. Ce sera lundi prochain
à 8 heures du soir. Le dimanche 15 aura
lieu la première réunion amicale, h i heu-
res avec te concours de Maurice Bouchor.
Le soir, j aurais un grand plaisir à offrir une
tasse de ttié à mes amis de la Fronde.
Le local est admirablement approprié à
ce que veut faire l'association ; mais les
murs attendent encore les œuvres d'art qui
doivent les orner. Je dis cela tout bas aux
artistes et aux possesseurs d'objets d'art.
Nous voudrions bien faire une concurrence
heureuse aux vulgarités révoltantes des
c fêtes de uartier. 9 !
PAULINE KERGOMARD.
Lb service de 1... FSOH9E sert
Usât gratuitement pendant on «a
à toute* les institutrices nyaati
fuaené ai J«njm»l tnis ifcljaQi
ttCttU it» rab ~. >
Pietrus Jacobus Joubert
GÉNÉRAL EN CHEF DES FORCES TRANSVAALIENNES
1 En face de l'armée britannique, Sir Red-
a vers Buller (dont nous avons donné la bio-
a graphie jeudi) trouvera à la tète des troupes
Ls sud-africaines, le général Joubert, général
n en chef.
is C est un caractère qui sort de l ordinaire,
'- que ce vieux Ilurqher, né au Transvaal
, comme le Président Kriiger, et dévoué corps
'' et âme à la jeune llépublique qu'il a tant
£ contribué il, fonder.
s Fils d'une vieille famille huguenote de
u France, il est né il Congo, en 1831.
i- En 18S0, il formait, avec Krùgcr et Pré-
e lorius, le triumvirat qui proclama l'indé-
pendance de la llépublique Sud-Africaine,
Q dont la conséquence fui. la guerre avec
l'Angleterre. Ce fut alors que Joubert prit
p le commandement des troupes transvaa-
liennes qui inlligèrent à l'Angleterre de si
c cruelles défalt,3S, à. Laing-a-Neck, à Ingono
t River, à Majuba II il t. C'est depuis ces dé-
t faites répétées, que l'Angleterre jugea PttU-
s dent de se tenir coi. Aujourd'hui, rdle cher-
ij che l'occasion, toujours poursuivie, et de
j so venger et de s'annexer un pays, dont t'a
richesse aut'i!cre a étonné le moude et
rempli les Anglais de la plus amère et vi-
' rulente convoitise.
Comme organisateur, le général Joubert
2 s'ost montré absolument génial par la façon
s dont il a établi 1 1 mobilisation de ses trou-
î pes.
Le pays est divise en dix-sept régions,
> chacune commandée par un chef etsubdi-
' visée en sections, toujours prêtes à répon-
' dre au premier appit.
Il suffit au généra.1 Joubert de lancer un
• ordre pour que dans chaque section un
. homme à cheval le communique au galop
l à tous les subordonnés de façon a ce que,
-, en 48, heures, tous les hommes soient on
t ligne munis de provisions et de munitions
toujours prêtes pouf quinze jours.
; Mais ce résultat remarquable n'a été ob-
| tenu que par une éducation de peuple
! borr commencée dès t'cn'ancc.
En effet, les écoles étant fort distantes
. les unes des autres ainsi que de la rési-
dence des parents, chaque enfant était
. instruit, dans son plus jeune Age, à se dé-
fendre lui-même contre les dangers de la
, route, sans cesse menacée par les Cafres.
chacun d'eux muni d'un fusil et de muni-
tions, s'exerçait à tirer le gibier rencontré
en chemin, aussi les Cafres prirent-ils l'ha-
bitude de redouter ces enfants à 1'1'1',1 exercé ]
, dont les coups de fusils manquaient rare- !
ment leur proie. ,
C'est surtout à l'occasion de l'échauffou-
réc Jameson que se montrèrent l'autorité j
et le sang-froid du général Joubert.
Lorsque les envahisseurs soudoyés par
l'Angletorre furent honteusemsnt pris et
généreusement épargnés par les Boèrs, le
général Joubert eut tort iL faire pour maî-
triser la juste colère des Transvaaliens;
10.000 hommes étaient assemblés autour de
la prison oil les assaillants avaient été en- J
fermés et tous criaient : « A mort! >» contre
les prisonniers.
Le général Joubert sortit et leur dit : ;
c( Frères Burghcrs, si vous aviez un beau
« troupeau de moutons et si des chiens, ap-
« partenanl à vos voisins, étaient venus 1
« pour les tuer, que feriez-vous 'Prendriez- 1
« vous vos fusils nour tuer ces chiens et
« vous exposer il do plus loris dommages 1
« que ceux résultant du troupeau détruit? i
« Ne vaudrait-il pas mieux dire aux pro- -
« priétair(-s de ces chiens : reprenez tes et <
c( payez-iuoi le tort qu'ils m'oat fait? »
Ce raisonnement provoqua un silence- -
dont Joubert profita pour ajouter: «Eh! I
Bien, chiens de nos voisins sont ici, en pri- s
sont.. JI
Le but était atteint, et, grâce à l'intelli- c
gente initiative du général Joubert, t'irrita- à
tion fut calmée, et la folie coupable, du
Dr Jameson n'eut pas les désastreuses con-
séquences qu'elle menaçait d'avoir. t
L'Angleterre paya et tout rentra dans J<
l'ordre. I
Itc.sle à savoir si l'affront reçu n'engcll-
drera pas de graves conséquences. u
Si l'idée de derrière la tète des Anglais e
consiste à vouloir s'emparer du Transvaal ;
si c'est une lutte entre l'Angleterre et les ~
fils de la Hollande, nous ne sommes pas au q
bout, et nul ne peut en prévoir les consé- u
quenccs. JJ
Mais s'il ne s agit que d'une vengeance, Il
d'un point d'honneur, d'une convoitise lo-
cale, év(;illéo par l'or des mines transvaa- p;
iiennes dont ta production, comme celle de (':
tous les pays aurifères, no saurait être quo 1;
limitée à un laps de temps plus ou moins l
long, alors, les Anglais sont trop pratiques j?
et trop raisonnables pour se risquer dans -
une entreprise onéreuse et d'une issue dou-
louse. "
gl1 tout cas, le général Joubert est un 11
homme avec qui il faut grandement comp- jV
ter et les tioi*,rs sont un peuple dont l'exis - 1 *
tence et l'attitude sont trop respectables et
trop significatives pour qu'un peuple sage
les attaque sans de bonnes raisons — bon-
nes raisons que le monde entier se refuse r .
encore à admettre.
Chez M. Mougeot
Le paiement des téléphonistes
lin journal du soir annonçait, hicr, que les
employés des cabines téléphoniques do
Paris n'avaient pas encore touché leurs
appointements du mois de septembre der-
nier, et notre confrère ayant recueilli les
doléances de ces employés nous exprimait
son étonnement à ce sujet
Nous avons demandé à M. Mougeot co
qui avait pu donner naissance à ce regret-
table état de choses, et le très aimable sous-
secrétaire des postes a bien voulu nous
donner l'explication suivante -
c J'ai envoyé, il y a plusieurs jours déjà,
nous a dit M. Moug-cui., une circulaire d:ms
les divers bureaux de poste de Par:r. à
l'effel de portera la connaissance des l'cee-
veurs que des rassures avaient été prises
par moi pour que chaque petit téléphoniste
des cabines do Paris pitt toucher ses ap-
pointements directement au bureau qu'il
dessert.
M Jusqu'ici, ces employés, dissémines dans
les divers quartiers de Paris, étaient forcés
d'émarger à l'administration centrale et
des chèques leur étaientremis sur la caisse
municipale.
« Pour faciliter les services je donnai donc
les ordres dont je viens de vous parler,
mais il est probable que j'ai été mal com-
pris et que les receveurs ont cru qu'il s'a-
gissait, d'une mesure facultative et non
d'une prespription générale.
«On a pense sans doute que le nouveau
mode de paiement ne devrait être appliqué
qu'aux employés qui en feraient la demande,
alors que je désirais, au contraire, leur évÀ-
tor à tous des démarches inutiles.
«Aujourd'hui même j'ai pris des mesurât
pour faire cesser cetto fâcheuse môprjsd
ce soir tous les paiements seront effeotuéi
et les choses rentreront dans l'ordre. "
Le téléphone de Paris à Berlin
Nous profitons de notre présence :m
sous-secrétariat des postes pour demander
a M. Mougeot quelques renseignements
sur la nouvelle ligne téléphonique oui va
être établie entre Paris et Ucrlin,
Un accord étant intervenu entra la France
et l 'Allemag!ia sur la question Lle rétablis-
sement d'une ligne reliant les capitales .tex
UMix pays, M. Mougeot envoya, il y a iliie! -
que tempj, à Berlin, deux ingénieurs de.
son administration, MM. Prouin el Kain, qu'
furent chargés de s'entendre avec les re-
présentants du ministère des postes et t.jk'-
graphes allemand.
Do retour à Paris, ces messieurs élaborè-
rent un projet qui fut soumis au ministre
allemand, et pleinement approuvé par
celui-ci.
On a calculé que de Paris à la frontière,
la ligne coûtera environ 750,000 francs et
pour couvrir cette somme, l'Etal s'est as-
sure le concours de grandes sociétés finan-
cières et de diverses chambres de com-
merce.
En Allemagne, c est le gouvernement qui
fera 1 avance des fonds et prendra à sa
charge la construction de la ligne sur tout
son territoire.
Les traités établis entre les deux pays so-
ront basés sur ceux qui existent aclncllo-
ment entre l'administration française et la
Belgique et t '. Suisse.
Pour les taxes, on divisera chaque pays
en deux zones et une conversation de trois
minutes coûtera 2 francs pour la première
zone et 4 francs pour la deuxième.
Pour les communications urgentes il y
aura des triples taxes qui s'élèveront à un
maximum de 155 francs par uni Lé de con-
versation et t.-m tentera ainsi d'établir UCÎS
communications à taxes réduites (1 fr. r»0
et 2 fr.) pour les communications entre
villes voisines de la frontière.
L'itinéraire du circuit Paris-Berlin, com-
prendra 1100 kilomètres environ et sera il!
suivant :
Paris, Chatons sur-Marne, Verdun, Metz,
Francfort.sur-tc-Mein et Berlin.
On espère que si rien ne vient entraver 1:1.
marche des travaux la ligne téléphonique
Paris-Berlin pourra commencer à fonct'
sition.
— D'ailleurs, revenez dans quelques
jours, nous a dit fort aimablement M. Mou-
geot, et je pourrai peut-être vous donner
de nouveaux détails, car j'espère recevoir
du ministère des affaires étrangères le dou-
ble du projet de convention définitive meut
réclé et anorouvé II-
JEANNE BRÉMOND.
On dit...
LA PREMIERE FEMME AÉRONAUTE
La première femme qui s'éleva dans lu.*
airs, en ballon, était une b'ran'.nsc. Mme
Tihlc,
Son expérience, assurément h-'u'dit*. eu!
lieu le 4 juin 1781, il Lyon, on présemx de,
M. le comte de Vaga, l'ûi de Suéde.
Elle partit, avec; un seul compagnon. M.
Fleurant, peintre en IJ,Hirncnt dans la gale-
rie d'une montgolfière, ou ballon à tenue
23 mètres (70 pieds de diamètre, nommé lÓ
« Gustave H,
Le temps était calme, ils s'élevèrent ëi
28 mètres environ passèrent au-df.
sans accident, au milieu d'une prairie.
Alors Mme Tible, lestement sauta à lerre.
en parfaile sauté, et ravie de son vo\&e;c
aérien.
Le ballon était lancé...
Ce r"ll aussitôt la mode d'aller en aéros-
tat, d'avoir son aérostat, comme on a ;tu-
IOnrd'hui son automobile.
UN PAS EN AVANT...
La cause féministe vient encore de faire
un pas en avant -- non pas en France, m
en Europe — aux Etats-Unis.
En effet, parmi les commissaires que le
gouvernement des Etats-Unis de l'Améri-
que du Nord a nommes pour l'Exposition (le
l'.KX), il se trouve une femme, Mme Mao-H-v
Harrison, fille de l'ancien préstdctU. de 1-s
ttépu blique.
Mme Mac-Kee Harrisson est très connue
par ses ouvrages d'économie poli tu j ne;
c'est de l'avis de tous une femme d'u:t(
h 'i nf A vnlnim
LA POPULATION BLANCHE DANS L'A-
FRIQUE DU SUD
A la veille de tit guerre qui — helas ! on
n'en peut plus douter — va éclater ;ttt
Transvaal, il est intéressant de donner io
chiffre exact de la population blanche dans
l'Afrique du Sud.
Colonie du Cap (Bechuanaîand compris) :
205,200 Hollandais ; 194,800 Anglais.
Basul.olan(l : 300 Hollandais; 350 :\nA'lals.
Etat libre d'Orange: 78, HYJ Hollandais :
50.000 Anglais.
Natal. avec le Zoulouland : 0,500 Hollan-
dais ; 45.000 Anglais.
Transvaal: 80,000 Hollandais; 121,050 Aii-
glais,
Ithodesia : 1,500 Hollandais, 1 à 3,050 An-
glais.
Au lotal : 431,900 Hollandais et 3S3.000 An-
glais.
C'cst, on le voit, une guerre de races.
Mais, si les Anglais soutenus pur la nn'tc-
palric sont presque surs de triompher
contre tout droit des gens, il n'en est pat
moins vrai que la lutte sera dure et diffi-
cile. Les Hollandais, nombreux en Afrique.
en 11 m n t en fYkn H r*r»
INTERPRÉTATION DE LA DIVINE CO-
MÉDIE
Une artiste italienne, tragédienne dis
grand talent, Mme Giacinta Pezzana, fait
annoncer qu'elle interprétera prochaine-
ment sur la scène 1:1 ()îvîiic conv-dir fi,-
Dante. File a l'intention de déclamer l'u?u-
i vro tout entière a.-ec accompagnement
de projections luminouses.
C'est là une tentative intéressante mais
non pas absolument originale, comme un
pourrait Je croire. Déjà d'autres, avant
Mme Pezzana, n'avaient pas reculé devant
un pareil effort.
L'acteur Luigi Monti en a le premier fait
l'expérience; il a été sirtté. Seul Guslavo
Modena, un des plus grands artistes ita-
liens de co siècle, a réussi à obtenir quel-
ques effets scéniques en plongeant le théâ-
tre où il récitait le chef-d'œuvre de Dante
dans une obscurité presque complète.
Espérons que, sous la claire lumière, ss
pleine beauté, Giacinta Pezzana réussi,.
mieux nue ses nrédécesseiirs.
L'INCIDENT JOSEPH RENAUD-BOU-
CHARDON
MM. Paul Nadar et Hobcrl Charvav, t6-
moins quo notre confrère Josejrti liénaui
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 76.67%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 76.67%.
- Auteurs similaires Photographies de l'Agence Rol Photographies de l'Agence Rol /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pho20Rol"[Du 5 au 15 octobre 1933, 27e Salon international de l'automobile au Grand Palais,] pont et système d'attache du tracteur Chenard Walker semi-porteur type "Centaure", charge 12 à 20 tonnes : [photographie de presse] / [Agence Rol] /ark:/12148/btv1b53284154v.highres [Du 5 au 15 octobre 1933, 27e Salon international de l'automobile au Grand Palais,] moteur à essence du tracteur Chenard Walker : [photographie de presse] / [Agence Rol] /ark:/12148/btv1b532841559.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k67037875/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k67037875/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k67037875/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k67037875/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k67037875
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k67037875
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k67037875/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest