Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-11-11
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 novembre 1898 11 novembre 1898
Description : 1898/11/11 (A2,N338). 1898/11/11 (A2,N338).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67034570
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
AUTOUR DE LA REVISION
A la Cour de Cassation
La chambre criminelle de la COur son de
Cassation a renoncé hier à
dience habituelle du jeudi,et depuis midi,
elle a entendu M. Cavaisnao qui a continue
sa ¡I:'posilion commencée avant-hier.
Façons connaître comment la chambre
criminelle tic la Cour de ^^f procèdela
à son information supplémentaire sur la
demande en revision Dreyfus.
u-i conseillers siègent dans la saUe d'au-
ilienco dans le même ordre qu ils oceu-
paient pendant les trois audiences pubU-
mies ou on entendit le rapport de V. Bard,
le r-iiuisiioire de M. Maniu et la plaidoi-
rie de M' Mornard. Pendant ces audiences,
M. Baril, en sa qualité de rapporteur, occu-
pait le fauteuil à droite du président hœw;
il occupe toujours la même place.
Tous les conseillers sont en robe.
Les témoins convoqués sont introduits
dans la salle d'audience. Après qu ils ont
prêté serment, ils sont invités à s asseoir
— un fauteuil leur est réservéau milieu du
prétoire — et iL faire leur déposition. Si les
conseillers \'eu!ent poser des questions
pour faire préciser certains points, ces
questions sont transmises par le président
aux léi-noins.
l.es dépositions ne sont pas sLénogra-
phiées. Seul, en dehors des conseillers, le
are filer de la chambre criminelle est pré-
sent. iL)uzLn J un témoin a parlé pendant
une heure environ, sa déposition est inter-
rompue pour lui permettre de reconstituer
avec les noies prises par le greffier cequ il
a dit. C'est un fort long travail : la recons-
ti t-.i I ion d'une déposition, quia duré une
hni-e, exiire p!us de deux heures; et en-
core, clans ces conditions, cette reconstitu-
tion n'est-clle qu'un résumé.
Ajoutons que les témoins ne peuvent se
Servir d'aucun papier, d'aucune note.
Les mêmes mesures d'ordre que ces
jours passés étaient prises à la Cour de
Cassation....
tJuo:qu'll n'y ait pas un curieux, ni même
tin avocat dans la galerie des Prisonniers,
on voit plusieurs agents des brigades des
recherches errant mélancoliquement, et,
dès neuf heures, plusieurs gardes de Paris,
!'arm..' au bras, sont postes dans la galerie
Saint-Louis.
A la porte de l'entrée des magistrats, se
tient un huissier du parquet de la cour cri-
minellc. chargé de recevoir et de protéger,
au besoin les témoins qui se présenteront.
Les « aveux »
Le Figaro dit que la chambre criminelle
de la Cour de cassation, avant J'audition des
«vn/'raux Mercier, Billot et de M.Cavaiçiiac,
avai t procédé i. l'examen de diverses pièces
du dossier, entre autres, l'affaire dite « des
a\"I'\IX u I-:tlc ". aurait, ajoute le Figaro, décidé
d'écarter cette affaire etde n'en tenir aucun
compte dans son enquête, la conversa-
tion .ln capitaine Lebrun-Renault ne con-
tenant :mronc indication formelle, aucun
ln 1..- précis,et ayant été rapportée dans des
condi!i''!î-i trop confuses, plus de trois ans
ai rês l'a dégradation de Dreyfus. »
'<>He déclaration est conforme à la saine
r:-i»oii. En matière de justice on ne peut
admettre que des choses positives et si on
avait toujours agi de la sorte que de maux
«Missent été évités.
Le barreau de Londres et Me Labori
.\u banquet du lord-maire dont nous par-
Ions d'autre part, le solicitor général, pre-
nant la parole au nom du barreau, a fait
allusion aux services que l'ordre des avo-
cats rend à la justice, il a cité l'exemple de
M' Labori qui, a-L-il dit, 4f dans une affaire
des plus difticnltueuses sur laquelle le
IWIII.lc entier a les yeux lixés, exposé à
Joules les tempêtes de l'impopularité, a su
conduire cette affaire avec tant d'habileté
r.1 do courage, en montrant non seulement
les qualités intellectuelles qui distinguent
les membres du barreau français, mais en-
t'orc ^es qualités morales qui lui permet-
tent. d'accomplir son devoir dans les cir-
constances les plus pénibles qu'on puisse
imaginer >•.
Sur M. Lœw
Le Matin avait reproduit dans sa revue
de 1;1 pr. sse d'avant-hier, une coupure d'un
nr!;. l - dans lequel M. Lœw, président de
la f!mnbrc criminelle tle la Cour de cassa-
.¡I,n, élait appelé » frl'ro de notaire prus-
sien » et représenté comme vendu à 1 Alle-
magne.
Le lits lt3 M. Lccw adresse au Matin les
renseignements suivants,qu'il lui demande
de mettre sous les yeux de ses lecteurs:
Après ! annexion de J'Alsacc-Lorraine,
I11hl1 j't're. refusant les ofl'n.sdu gouverne-
ment allemand, opta pour la France et alla
y poursuivre sa carrière,
•< son frère,qui était notaire à Strasbourg
et qui, n ayan> qu'une fille, n'avait pas à se
pî-i oi cuper do la question du service mil i-
lairc pour ses enfants, devint Allemand
sans (,,'ti:'", au même titre que tous ceux de
81S compatriotes qui ne f uittèrent pas l'Al-
î-aee. et conserva son etu.!c, comme la pres-
que totalité de ses co'icc'ucs.
«• Accuser ces deux hommes de trahir
la traru'c, à laquelle le premier fail hon-
ci,lit- et qui n'a rien à reprocher à l'autre,
vietinie, comme c!!e, d'un désastre dont
nos e toute l'Agace, o't les deux frères sont uni-
v?r-etiernent cslimôs el qui n'avait pas in-
tér-.*-t il voir la germanisation favorisée par
le tlép .rt t!t. tous ses enfants.
.......wir . YoUl..... la
avoir - aD frère en Alsace- J'àjoote
notaires, là-bas, ne sont pas des foWioD-
naires et Qu'il était doue tout naturel de les
voir conserver leurs études, de même que
les industriels conservèrent leurs fabriques
et les négociants leur commerce.
« Quant à la religion de mon père,bien que
je ne considère nullement comme inju-
rieuse la qualification de juif, je tiens ce-
Kndant à vous déclarer que M. Louis
ÎW, président de la chambre criminelle.
ne s'appelle pas Lévy, n'est pas Israélite et
n'a jamais eu d'IsraélIte ni dans sa famille
ni parmi ses ascendants. »
La saisie d'une lettre
du commandant Esterhazy
Voici les détails nouveaux que nous
avons pu recueillir au sujet des perquisi-
tions qui ont été faites avant-hier chez di-
verses personnes. Au mois de Février der-
nier, au cours du procès Zola, M. Alfred
CaUé, huissier, 61, rue de Belleville, avait
dit à plusieurs reprises au Palais :
« Si j'étais Dreyfusard, Je donnerais beau-
coup d'argent pour avoir certaine lettre que
je sais. n Ce propos fut entendu par un
avoué, M* W., qui crut devoir informer la
Cour de cassation qu'un document impor-
tant se trouvait entre les mains de M* Callé.
Comme nous l'avons déjà dit hier, M. At-
thaîin, membre de la chambre criminelle
de la Cour de cassation, chargé de suivre
cette information, donna une commission
rogatoire au juge d'instruction, M. Josse,
qui fil procéder à la perquisition et à la
saisie...
L'opération donna un butin assez impor-
tant, moins encore par le nombre des piè-
ces à trouvées que par leur caractère. C'é-
taient, pour la plupart, des demandes de
sursis adressées par le commandant Es-
terhazy à l'homme d.affatres que certains
créanciers avaientchargésdele poursuivre.
Parmi elles. il s'en trouvait une, écrite,
comme nous l'avons dit, sur papier pelure
semblable au papier pelure du bordereau
et datée du mois de septembre 1894, c'est-
à-dire trois mois avant le procès Dreyrus.
Esterhazy priait son créancier de lui ac-
corder du temps, et parmi d'autres phrases
que nous ne saurions rappeler de mémoire
se trouvait celle-ci :
« Je pars pour le camp de Chatons, el,
dans quelques semaines, je serai à même
de liquider ma situation. »
Cette lettre, après la saisie, fut mise sous
les yeux de diverses personnes en état d'en
garantir l'autbenlicile. Elle passa entre les
mains des magistrats, qui pouvaient la
comparer au bordereau. Ecrite, comme lui,
au recto et au verso, elle offrait, grâce à la
similitude abso ue des deux papiers, une
ressemblance d'écriture « effrayante >».
Un de nos confrères du Malin avait an-
noncé qu'une perquisition avait eu lieu
chez un agent d'affaires, M. Moslay qui ha-
bite 52 rue de Belleville.
Nous nous sommes rendue chez ce mon-
sieur qui nous a déclaré qu'il y avait erreur
et qu'il n'y avait pu avoir chez lui aucune
perquisition attendu qu'il n'avait jamais eu
en sa possession aucun papier émanant de
M. Esterhazy.
« Si, par hasard, j'avais été mêle à cette
affaire, nous dit-il, j'aurais fait mon devoir
de citoyen, en faisant parvenir aux juges,
les documents que j'aurais pu avoir, mais
jamais je n'ai vu M. Esterhazy, jamais per-
sonne ne m'a donné de créance a recouvrer
et je vais envoyer à votre confrère une
lettre de rectification. »
Nous traversons la rue de Belleville et au
numéro 61, dans une petite maison à un
otage, nous trouvons 1 étude de M* Alfred
Callé...
Ici, nous nous heurtons à un mur. Le si-
lence le plus absolu est de rigueur et il
nous est répondu qu'on ne sait même pas
ce que nous voulons dire. C'est trop; l'exa-
gération même du mystère et des réticen-
ces nous indique suffisamment que cette
fois il n'y a pas erreur et que c'est bien là
que les documents ont été trouvés et d'ici
a peu de temps sans doute nous saurons
quelle peut-être leur importance.
D'ailleurs, ce n'est pas la seule opération
~ judiciaire qui aurait été faite par M. le juge
d'instruction Josse. Ce magistrat, agissant
en vertu de commissions rogatoires signées
, de M. le conseiller ALthalin, aurait saisi
chez deux autres personnes qui se sont
trouvées jadis en relations d'affaires avec
le commandant Esterhazy des lettres écrites
sur du papier absolument identique à celui
du bordereau.
Les noms des deux personnes en ques-
tion ont été prononcés, mais comme nous
n'avons pu acquérir à ce sujet aucune cer-
titude, nous ne les répéterons pas, aujour-
d'hui, du moins. t
Un des deux personnages désignes fut
fortement compromis dans l'affaire Lehaudy
qui lui valut même une condamnation
assez dure, et il n'y aurait rien d'extraor-
dinaire à ce qu'il fût en relations avec
Esterhazy.
Nous % savons de source certaine, que
rex-commandanl fut autrefois lié avec la
seconde personne dont nous avons entendu
citer le nom, mais comme il s'agit ici d'un
homme parfaitement honorable, qui, lors
de la guerre de IB70 se conduisit comme un
héros et reçut au champ de bataille la croix
de la Légion d'honneur, nous voulons croire
1 qu'aucune relation n'existe plus entre lui
et l'abject personnage qu'est M. Esterhazy,
et c'est pourquoi nous nous refusons pour
l'instant à le nommer.
J. B.
AU PARLEMENT
La Chambre
Cinq minutes de séance & une heure,
pour le tirage au sort des bureaux qui se
sont réunis à trois heures pour élire la
commission du budget, ils ont siégé
jusqu'à cinq heures et demie pour la plu-
Voici les noms des 33 commissaires
élus :
1" bureau, MM. Rouvier, Georges Berger, Le
Mvre de Vilers.
i bureau, MM. BoAriaD, Berthelot,Tourgnol.
3* bureau, MM. Dulau, Maurice Faure, Sauzet.
4* bureau, MM. Boudenoot, P. Baudin, Le
lIoIpe.
5* bureau, MM. Mesureur, Bérard, S&!!a.
e- bureau, MM. Pelletan, Lasserre, Thierry.
7* bureau, MM. G. Cochery, Doumergue, SI-
bine.
8, bureau, MM. de la Porte, Pourquery de
Boiaserio. Dubief.
9* bureau, MM. Demarçay, Berteaux, Bourrât.
10' bureau, MM. Merlou, Le Héritée, Dumont
(Jura).
11. bureau, )(M.Chevaller.DaJarcü n-Beaumetl,
Ricard (Côte d'Or).
La commission élue hier comprend
19 radicaux ou radicaux-socialistes, et
14 républicains-progressistes.
Les dix-neuf membres radicaux sont :
MM. BerLbelot, Maurice-Faure, Pierre
Baudin, Mesureur, Bérard, Salis, Pelle-
tan, Doumergue, de la Porte, Pourquery
de Boisserin, Dubief, Berteaux, Bourrat,
Merlou, Le Hérissé, Dumont, Dujardin-
Baumetz, Ricard (Côte-d'Or), Tourgnol.
Il y a donc 27 nouveaux élus, mais sur
ce nombre il y en a 15 qui, comme MM.
Rouvier et Cochery, avait fait partie de
commissions antérieures à celle de ioUo.
Trois anciens ministres, et trois vice-
présidents de la Chambre actuelle. MM.
Maurice Faure, Cochery et Mesureur.
Il y a 12 membres n'ayant jamais été
commissaires du budget,eL cinq députés
élus pour la première fois en mai der-
nier. Ce sont MM. Berthelot, Pierre
Baudin, Tourgnol, Dumont et Thierry.
La commission se réunira aujourd liui
pour se constituer.
Il est fort probable que M. Rouvier
dont la haute compétence est incontestée,
sera élu président.
HÉLÈNE SÉE.
Au Sénat
La séance d'hier était complètement ré-
servée à M. Le Provost de Launay. Le séna-
leuI" des Côtcs-da-Nord avait quelques ex-
plications à solliciter de M. Charles Dupuy
et quelques conseils à donner à M. de
Freycinet.
Le président du conseil a fait la déclara-
tion suivante :
« Le gouvernement a délibéré sur la
question. Il a pris connaissance du livre de
M. Urbain Uohier, l'Armée contre la Nation,
que M. Le Provost de Launay avait signalé,
et, après en avoir pris connaissance, il a
décidé que le ministre de la guerre et le
ministre de la marine adresseraient au
garde des sceaux une plainte contre l'au-
teur de l'ouvrage. I-
I. Dans ces conditions, je pense que 1 in-
terpellation n'a plus de raison d'être. »
M. Le Provost de Launay s'est déclaré
satisfait, tout en se défendant d'avoir dé-
noncé un livre en particulier; il affirme
avoir voulu simplement signaler dune
façon générale les attaques contre l'armée.
Il passe ensuite à son interpellation rela-
tive aux manœuvres de l'été dernier, et où
la mortalité des hommes était due 'aux fati-
gues excessives
Le ministre de la guerre, étranger aux
faits qui se sont passés avant son arrivée
rue St-Dominique, constate qu'en effet les
accidents ont été nombreux. M. de Freyci-
net affirme que les manœuvres auront lieu
à l'avenir dans les dernier3 jours d'aoùt et
qu'il rappellera dans une nouvelle circu-
laire les prescriptions antérieures, en les
accentuant, dans le sens qu'indique M. Le
Provost de Launay.
11 ne restait plus à celui-ci qu'à remer-
~ cier les ministres. M. Le Provost de Lau-
nay se confond, salue et sort, suivi de tous
les sénateurs..
D'accord avec M. de Freycinet, 1 inter-
pellation de M. Labbé sur les mesures qui
ont été prises à l'occasion de l'épidémie de
lièvre typhoïde qui a éclaté dans la garni-
son de Lure, est lixée au vendredi 10, et la
séance est levée.
Réunion de groupes
L'Union républicaine du Sénat, réunie
sous la présidence de M. Guyot, du Rhône,
a nommé une commission composée de
MM. Rambaud, Clamageran, Dusolier et
Pozzi, chargée d'examiner les moyens ca-
pables d'empêcher l'envahissement des
écoles nationales par les élèves des institu-
tions congréganistes, et pour ce faire, de
rétablir le certificat d'études.
L'Union s'est occupée,enoutre,dela ques-
tion des octrois. Elle a émis le vœu qu'il
soit accordé un ajournement de l'applica-
tion de la loi sur les boissons hygiéniques
aux villes oui en exprimeraient le désir.
H. S.
lem'
de
dâfm-
Ucture}ils seront
".,.) 4 14 Détection.
CHOSES DE L'ENSEIGNEMENT
Le de Besançon a dé-
cidé UcrM® ÏL* 'M uUé des ScIences d"un
emploi de iifï'lilgTil r complémentaire* de
botanique sgPpRiuiemiiitt ou traitemmt:
3'^fcaoimodôaveeWfetià fttHMi, à M. le recteur de
V kraAAml* Ja 'ihfcàÉtt«on. sous un délai de 41Iiue
jours à partir V* présente publication.
Bxtseig&eaMBl pou&" — Peetas vacants.
In*p©otta* dw ren»ei«aement primaire
Cosne, Lo4he; Mamjols, Quimperié, Siste-
ron.
' sceau, nomal» dlastitwteur»
PfofetlOrat. (lettres)
Auch, Besançon, Gllaumont. (aUfemaad}, Douait
Mâeen.
Ecole annexe
La Roche-sur-Yon, Limoges.
Ecoles primaires »Pénou« I%de des garçons de
Un emploi de délégué pour cinq heures de ma-
thématiques à Ilgeofe CoiberL
Ecoles prlmal»s supérieures de garçons du
département
Tours (lettres), Elbeuf Elbeut(seieaces), Nantel (scien-
ces), La Seyne (sciences).
Ecole Nationale professionnelle de Mantes
1 emploi de chef d'atelier ;
1 emploi d'adjudant surveillant;
1 emploi de contre-maître électricien.
La réouverture des cours normaux de gym-
nastique institués en faveur de MM. les institu-
teurs et de Mmes les Institutrices des êooles1898-le,
bliques est axée, pour 1 année scolaire
au 15 novembre 1898 et leur fermeture au t- juin
isw.ceis cours auront lieu pour MM. les institu-
teurs au gymnase Voltaire, le lundi et le ven-
dredi. deVheurea à 6 heures du soir, et, pour
Mmes les tesfiteWeas, au gymnase Huygens, le
mardi et le wu", de 5 heures à 6 heures.
Ils 9mt-,i «pétialement réserves aux membres
du *te*éwT»piant. des écoles publiques de
Pans et du département de la Seine.
Toutefois, les personnes munies :
élémentaire et se destinant à 1 enseignement
~ -pourrgnt « admise sur leur demande.
Par armé préfectoral en date des 28 septembre
13 et 18 octobre
Mme Scbwéster, ets......pourvue du certdlcat d apti-
tude à !'eMX$aement des travaux manuels dans
les écoles primaires supérieures est nommée
maîtresse-auxiliaire, du travail manuel à J'é-
cole primaire supérieure Edgar Quinet.MUe Cou-
zinie maîtresse-répétitrice auxiliaire à 1 école
primaire supérieure Sophie Germain y est
nommée commis expéditionnaire, emploi nou-
veau, Mme Tridon, née Huguemn, suppléante
départementale, institutrice, est nommee direc-
trice de récole primaire ne Bagneux, emploi lai-
cisé, Mme Ayraud-Degeorge. directrice de 1 école
de ililc-o, rue Barbanegrt1 (IX* arrondissement)
est transférée en la méme qualité à 1 école de
filles rue de Meaux (IX* arrondissement), en
remplacement de Mme Desnoyers, décédée.
Mlle Brayer (Marie-Aline), directrice de 1 ',ùcole
de tilles rU8 Delouvain (ttf* arrondissement), est
transférée, en la même qualité, à 1 école de filles
rne Barbanègre (t9' arrondissement), en rem-
placement de Mme Ayraud Degeorge, tranférée
rue de Meaux.
Mme Govaln, née Bieker, institutrice titulaire
adjointe à l'école de filles rue Delouvain (19* ar-
rondislSement), est nommée directrice de
ladite ecole en remplacement de Mlle Brayer,
transférée rue Barbanègre.
Par arrêté préfectoral, en date du 29 août 1898,
ayanteffetdul" octobre suivant:
Mme Camboué, née Tarride, directrice de
l'école publique de filles rue de 'VattiA'nies (12*
nrrondlssoment), est transférée, en la morne
quatité, à l'école publique de filles rue Pignon
U2* arrondissement), en remplacement de Mme
Ozanne, dWdée.
Mme Pottet, néé Bertin, directrice de l'éeo:e
publique maternelle rue Madame <6* arrondisse-
ment), est transférée en la mème qualité, à
l'école publique de filles rue de Rennes 16- ar-
rondissement),en remplacement de Mme Mairet,
à la retraite......
Mlle Mégret (Aimée'. directrice de l 'école pu-
blique de filles, place Jeanne Uarc (13. arrondis-
sement^, est transférée, en la même qualité, à
l'école publique de IUles boulevard Arago (14-
arrondissement, en remplacement de Mme De-
vaux, à la retraite.
Mme Panel, née Jenuroy, directrice de , 1 'école
publique des filles rue de la Tombe-Issoire
Tu* arrondimement', est transférée, en la même
qualité, à l'école de tilles rue Delambre tU. ar-
rondiSMment), en remplacement de Mme Deville,
à la retraite. '
Mine Préfol, née Maréchal, directriee de l e
cole élémentaire de garçons rue Saintc-Croix-de-
la-Bretonnerie (l'arrondissement est transférée,
en la même qualité, à Fécoie de tilles rue du
Renard, en remplacement de Mme Housse!, à la
Mme Soubiran, née Fillette,institutrice titulaire
adjointe à récole publique de mies rue de Tol-
biac, 159 (13* arrondissement), est nommée direc-
trice à l'école de filles rue Vandrezanno (11.. ar-
rondissement), en remplacement le Mme Baste,
à la retraite...............
Mme Guimet de la Martinière, institutrice ti-
tulaire adjointe chargée, à titre provisoire de la
direction de l'école de filles rue de Pomard
(12, arrondissement), est nommée directrice en
la même école, emploi- vacant.
Mme Dusré. née Bosseur, directrice de 1 eco!e,
maternstfejiâpàwe Ouêménée (4* afr.o»aisse-
ment) est tihaMèrèe en la même qualité, à I é-
look éléarataire de jeunes garçons rue Sainte-
*a
NSQÉMMSSMSÉ ASIÉWS Al
jmmit Pl«Mrude
remglacanent de Mme Gomboué, transférée
"Mme Silo- née Alleaume, IDIUtatrice tlto- <
laIre adjointe à l'école de filles rue de la Tombe
Issoirâ(M« arMndiMemeM), est nommée dIreo-
Vice en la même école, m remplacement de !
Mme Panel, transférée rue DeIamIre.
MUe Collumeau (Eugénie-Séverine), instita-
triee titulaire adjointe àl'éoole de film rue du
Faubourg-Saint-Deais (io- arrondissement), eet
nommée directrice à l'école de filles place
J«ane-d'Am, n (13* arrondiwement), en_ rem-
B!aeement de Mlle l^gret, transférée boulevard
Mme BUlle! née Antonin, directrice de Té»Hs
élémentaire de Jeunes garçons rue de la Ro-
quette (XIe arrondissement) eat transférée en la
même qualité à l'école de filles, rue Trousseau
(même arrondissement), emploi vacant.
La l~ commission du conseil supérieur de l'édu-
cation physique c'est réunie ces jours derniers au
ministère de rinstructloa pubiiaue, MM la pré-
sidence de M. Chartes Casai*, président da
l'Union des sociétés de gymnastique de France.
MM. Gréard, recteur de l'académie de Paria,
RaMer et Bayet, directeurs au mmietèfe, assis-
taient à la séance.,
A la ..te de cette réunion, les vaux suivants
ont été adoptés à l'unanimité :
1* Il y a lieU d'élever le niveau de lédueattoa
physique et d'en définir les méthodes;
2* Il y a lieu en conséquence de pourvoir à
l'organteation d'un enseignement normal supé-
rieur en créant des cours normaux universitaires
et en instituant un certificat supérieur d apti-
tude à cet enseignenient.
La commission a adopté ensuite un vœu de M.
Grébauval relatif à la nécessité de donner des
avantages pécuniaires à ceux qui, pourvus du
certificat d%putude à l'enseignement de 1 éduca-
tion physique, donnent cet enseignement dans
les écoles primaires.
Enfin, la commission a adopté le vœu déposé
par M. Cazalet, a que les études soient entrepri-
ses le plus tôt possible à l'effet de doter les
lycées et collèges d'écoles de bains par asper-
sion 0, conformément à l'esprit de la circulaire
i ministérielle de 1890 et au vœu émis par le
! comité supérieur consultatif d'hygiène publique
I de France le 19 décembre 1892.
Ici, je mets de côté mes grands ciseaux, et je
trempe ma plume dans l'encrier. C'est bien en-
tendu, pour engager les lecteurs de la Fronde à
. se réjouir des décisions prises par la 2* commis-
sion du Conseil supérieur de l'éducation physi-
que ; mais c'est aussi pour leur faire remarquer
que ce qu'il importerait, avant tout, si l'on ne
veut rendre illusoires toutes les décisions subsé-
Suentes, ce serait de veiller au libre et naturel
développement de l'enfant dans les premières
années de sa vie, au lieu de l'entraver systéma-
tiquement dans nos éwles.
Si je ne craignais de marcher sur les plates-
bandes de ma collaboratrice « Madeleine » je di-
rais même que pour connaître la triste genèse
d'une éducation, qui atrophie au lieu de déve-
lopper, il faut visiter les enfants élevée à la
campagne par des nourrices mercenaires. Mais
mon jardin e-:t assez jgrand pour contenir la
quantité de pierres que j al dans mon sac, et mes
écoles maternelles troublent assez ma conscience
pour que je borne mes critiques à ce qui les
concerne, c'est-à-dire a ce que je connais bien.
Il n'y en a pas un de vous qui n'ait eu auprès
de lui, soit constamment, soit par intervalles,
cette joie vivante qui s'appelle un petit enfant.
Vous pouvez donc — comme moi — reconsti-
tuer, par la pensée, la journée d'un de ces petits
individus en miniature (entre deux ans et si
ans : c'est l'Age de l'école maternelle).
Cette journée se dépense en une activité sans
.trêve ni repos. Il ne saurait d'ailleurs être ques-
tion de se reposer, lorsque l'on ne se fatigue pas;
et l'enfant se meut par un besoin de sa nature.
S'il s'arrête, s'il s'asseoit ou s'étend, s'il ne va
plus d'une chose à l'autre sans s'arrêter à au-
cune, la mère s'inquiète, le fantôme de la cruelle
et inexorable méningite se dresse devant elle.
A l'école maternelle, cependant, sauf aux heu-
res de récréation, l'on exige de l'enfant une
quasi immobilité, Mais ces heures de récréation
inscrites sur l'emploi du temps, dénoncent, pour
qui réfléchit, la culpabilité du système. S il y a
» récréation ». C'est que l'on veut détendre les
membres de i'enfant et reposer son esprit (?), Il
était donc » en classe » dans une situation anor-
male,
J'écris ces lignes avec autant de précautions
que j'en prendrais pour marcher sur des œufs
ou sur des pointes de clous. C'est que, voulant
dire la vérité, je tiens cependant à ménager les
justes susceptibilités d'un personnel très dévoué,
qui n'est pas libre de faire tout ce qu il veut,
comme il le voudrait, et qui est, de plus, 1 es-
clave d'installations défectueuses ou insuffisan-
tes, lorsqu'elles ne sont pas è., la fois insuffi-
santes et défectueuses.... ,
Il faut cependant avertir I 'opinion, la préoccu-
per, l'engager même à entrer en campagne, de
telle sorte qu'aidés par elle,, ceux à qui incombe
le devoir d'organiser l'éducation enfantine, selon
les lois de la nature et qui en ont le devoir, se
mettent résolument à l'œuvre.
Jusqu'ici je ne trouve que des encouragements.
Tout le monde — même et surtout dans 1 admi-
nistration trouve que j'ai raison: qu'un entant de
2 à 6 ans à l'école, c'est une anomalie, comme
des oiseaux en cage; qu'il ne faut à aucun prix,
da qljC les écoles maternelles ressemblent — même
e loin — à une école, et cependant, sauf excep-
tions, entre huit et neuf heures du matin, ccst-
à-dire avant que les exercices proprement dits
ne commencent, les enfants sont assis et oisifs.
De neuf heures el demie à onze heures, ils sont,
en classe,assis encore et, de plus, victimes d'un
enseignement sans proportion et inutile, puisque
l'enfant n'apprend que par la méthode expéri-
mentale : et l'après-midi, c'est la même chose.
A ce métier le corps est loin de trouver son
compte (nous parlerons une autre fois de 1 es-
prit'. II faut donc absolument changer de sys-
tème. Toute personne qui rct!echit pense comme
moi, comme vous, comme nous tous: il n y a
plus que l'adversaire insaisissable qui entrave
notre bonne volonté. Cet adversaire ce H est pas
l'administration..
Alors? ce sont les familles ignorantes, ce sont
les nn'-tUtfés. c'est peut-être aussi notre manque
de résolution. 11 faudra bien que cela vienne
pourtant, si nous ne voulons pas que le conseil
1 supérieur de l'éducation physique ne soit forcé
de céder la place à un conseil supérieur d édu-
1 j cation orthopédique.
PAULINE KERGOMARD.
A L'Etranger
Politique
La «lafarwgranes da M. DdUM6 a permis entjs
ne nous entrions dans une sphère hp.<ûNrneat.
vec sa dignité et son '-Jola France «rtsortte
a oa mauft18 IIUI. Lord SaUstwry a parlé, *
est l'élément il... qui, avee M correction dé
ingage et d'attitude, nous a servi de prineiMt
oxlaire. Le premier mlnirtre, III analmni le
ftle du conseil européen, dit qu il vient d abou-
r & un résultat qui n'est pas dénué pour tous.
-Ua dénouement satisfaisant. La France répo-
Ilca1u va, ainsi que nous l'espérons, se rallier
nom une fois à rAngleterreJibérale.
Nous sommes aussi éloignés des actes de dé-
monstrations armées de la part de la Grande
tretagne, que nous en étions rapprochés il y a
œlques jours. Assurément, toute cause de dta-
orde n'est pu "ate. a Je ne dis pu,a déclaré
lOrd SaU8bitr1 ,qae l'occasion de froissement ne
e produira pas de »uvuu. » Sans doute lors-
ut! .'!lCin de réglementer définitivement le
roit de cirftiauoa à travers l'Egypte, mainte»
evendieations recommenceront a surgir mais
eus rswtrsna aatnbBnant^smrane peurelle
ntente politique; bien quelaFranco n'ait mi»
ieu de redouter outre mesure les préparatifs
le nos voisins, elle est heureuse de constater
ue les conseils de la sagesse ont prévalu pour
mpécher que la situaton géographique C:J8
inq mondes n'ait été Changée quand même une
•me de Mro. l'eût snfvie « la merre avaH.
daté. Désermak,n listera. donc à garder la neutralité. Quant aux
«ssortissants de cette taetlcpse, Ils ouvrent le
ihamp aux plus vastes hypothèses. L'incident
le FMhod& serrira-t-il de point de départ à une
igue germano-franco russe? d'autres arme-
nents de l'Allemagne et de la Russie vont-Ils
'épondre à ceux de l'Angletorre pour permettre
LUX puissances de défendre leurs possessions
lans le Pacifique? tout est possible. Ce qu'il
tous importe en ce moment, c'est l'issue de la
irise permettant à deux grandes nations de
poursuivre leur évolution à travers l'histoire.
Une chose a cependant le droit de nous sur-
jrendre, c'est qu'au moment de l'adhérence à
a conférence du désarmement, la terreur naît
m Russie sous les formes d'une jacquerie.
Sur tous les points de l'empire des émeutes
)nt éclaté; des bandes de paysans affolés, minés
ïar la misère, ont saccagé les habitations des
Seigneurs. Devant les troubles ruraux qui vont
toujours grossissant des instructions mlniBté-
rielles ont été données aux fonctionnaires pro-
vinciaux afin qu'ils aient à sévir avec la plus
p-ande ngueur sur les populations ouvrières et
paysannes. Des troupes seront envoyées dès le
lébut des agitations que les fonctionnaires ont
le devoir de prévenir en les étouffant par la
mise en accusation immédiate des personnes
81En Autriche, la lutte des nationalités continue.
La démission en masse des députés des partis
allemands est discuté., dans les clubs vivemsnt
lu Reichrath autrichien.
En Egypte, ordre est donné au Caire au capA-
taine Marchand, au capitaine Baratter et au ser-
rent Dat, de partir pour Fashoda afin de faire
évacuer la place. La garnison française sortira
par le Nil Bleu..
Kane-yu-Mcï, l'un des mandarins réformée,
se sauvant, précipitamment pour fuir la colère .
de l'Impératrice douarière, a déclaré au repré-
sentant du Times qui l'a rencontré à Hong-Kong»
Îue l'on accusait formellement la souveraine
d'avoir détourné 60 raillions de taëls. Ces 60 mil-
lions avaient été mis de côté pour la flotte et
les chemins de fer. De plus, il prétend qu'un
intrigant nommé Li-Quen-Hien, habite au palus
et exerce un grand empire sur l'Impératrice;,
que de plus il se fait payer par tous les vice-
rois qni ont besoin de ses services. Kang-yu-
Meï a enfin affirmé que l'influence de l'empe-
reur était absolument annihilée.
MADEMOISELLE.
Egypte
Le commandant Marchand arrivera ce soir au
Caire; je n'ai pas besoin de vous dire avec
quelle anxiété le parti franco-égyptien attend la
solution des affaires de Fashoda. Mais les jour-
naux qui nousarriveutd'Europe ne laissent ries
deviner tant les nouvelles qu'ils nous apportent
sont contradictoires.
En attendant d'être renseignée, la population
se console par l'espoir des nombreuses visites
annoncées pour le mois prochain. Il serait a dé-
sirer que les touristes de marques tiennent
leurs promesses, et viennent un peu consoler
les commerçants de la grande déception que le
Kaiser leur a donnée en renonçant a ses projets
de voyage au Caire.
Plusieurs romanciers et journalistes français
sont attendus ces jours-ci, enlr'autres René
Bazin. '.%I. Léon Oandi!iot,accompagnerait,dit-on»
son ami et interprète Noblet. qui fait partie de
notre troupe de comédie.
Gabriel d'Annunzio nous promet aussi ea vi- /
site et déjà les « jolies madames - du high-hfe
cairotte, frémissent d'impatience à 1 idée de re-
cevoir le psychologue dont l'Italie s'honore.
Le prince d'Arembcrg viendra aussi avec 80a
fils le prince Pierre, accompagnés du comte et
de la comtesse Jean de Ganay, née de Bchague,
de la comtesse René de Béarn et du comte et de
la comtesse Le Marois, née d'Haussonvitle. «
La colonie anglaise sera brillamment repré-
sentée. Sir Ed. Maltet et sa famille ouvriront la
marche.Plus exacte qu'aucun,ta princesse de Chimay,
de trop célèbre mémoire, a voulu être la pre-
mière a revoir le soleil d'Egypte et le vieux Nil.
Elle est depuis un mois installée au Caire en
compagnie du tZigane eberà son cœur; et le petit
commerce des photographies va son tram. A tou-
tes les dovantures, dans tous les ,'illage:-;,parmi
les curiosités des foires et l'encombrement des
marchés locaux, le passant est honteusement
poursuivi par de petits bonshommes qui le plus
simplement du monde offrent, le sourire aux
livres, la. foutouraphie de la lirincesse Clo.-itiiié
dans des costumes que la vérité seule pourrait
envier.. et les Arabes passent silencieux et
méprisants, après avoir jeté sur les portraits un
regard plus éloquent que des paroles. Et malgré
sof, le cœur se serre, devant l'impossibilité où
l'on se trouve de dire à ces hommes ignorants
que toutes les princesses d'Europe ne sont
point semblables à cette Yankee, et que cette
femme est heureusement une exception.
Mais l'effet est produit et le bédouin, le cheik
ou le petit marchand d'amulettes qui a tenu une
minute dans ses mains l'image infâme, en ren-
(1)
LA TRIBUNE
11 NOVEMBRE 1898
UTOPIES ET UTOPISTES
Celle rubrique forme MI feuilleton estant
éonl le sujet change tous les trois jours.
Nous sommes dans la socor. de moitié
du xvi® sicrlc cl dans la première partie
tiu XVII..
Lo trône U'Anglcicrre est occupé jus-
qu'en 1001 par Kliâftbelh, fille d'Anne de
Boicyn et de Il t'n ri VIII, et, sous Jac-
ques' 1", qui lui succédera, la grande
chancellerie qu'avait illustrée la haute
intégrité cie Thomas More (1) sera repré-
sentée — et il faut bien Jo dire, hélas?
df shonoréc — par l'homme qui nous
occupe aujourj'hu', le grand philosophe
Bacon..
Francis Bacon,c'est encore un Anglais ;
c'est encore un homme d'Etat; c'est en-
core un penseur; c'est encore un uto-
piste *, c'est comme Thomas More, un es-
prit prompt, d'une finesse qui va jusqu'à
lu ruse, un courtisan d'une parfaite amé-
nité. On pourrait multiplier les points de
contact, i-t, malgré toutes ces analogies,
rien de plus opposé peut-être que les ca-
ractères de More et de Bacon.
On s'étendrait indéllniment sur les
détails de la vie de More avec une sym-
pathie que peuvent diminuer, mais non.
'détruire, les erreurs où il tomba; tandis
que l'on éprouve, au souvenir de Bacon,
une gène d'autant plus grande, à racon-
ter sa vie, que l'on professe une plus
grande admiration pour son génie.
t Faut-il, comme certains apologistes, ne
parler que de ses écrits? ou, commecer-
t (j) Voir la Tribune des 26* 27 el iuUlet..
tains biographes, vouloir justifier quand
môme les moins honorables de ses ac-
tes? Je ne le crois pas.
« On doit des égards aux vivants,
maison ne doi taux morts que la vérité »,
disait Voltaire. N'en déplaise à l'auteur
de Zaïre, je pense qu'on doit des égards
aux morts et aux vivants, mais qu 'on
doit aussi à tous, et avant tout, la vérité :
non seulement la vérité qui consiste à
dire ce qui est vrai, mais, de plus, celle
qui consiste à ne pas taire ce qu'il faut
dire. C'est pourquoi j'étudierai 1 un après
l'autre, en toute impartialité, les deux
aspects de cette incomparable physio-
nomie : le politique vénal et le penseur
fécond.
Bacon naquit à Londres le 22 janvier
1001. Son père, Nicolas Bacon, occupait
la charge de Lord Keeper of the Great
Seal of England (garde du grand Sceau
d'Angleterre) et sa mère Anne Cooke
était fille de Sir Anthony Cooke, précep-
teur d'Edouard VI. Très instruite, possé-
dant le grec, le latin, le français et l'ita-
lien, il est probable qu'elle fut la pre-
mière éducatrice de son plus jeune fils
Francis (1) qui avait beaucoup hérité
d'elle pour les goûts et aptitudes. Une
des sœurs de Lady Bacon avait épousé
Cecil, Lord Burleigh, ministre d'Elisa-
beth, de sorte que notre héros était le
neveu de ce fameux homme d'Etat.
Ainsi apparenté, à une époque où la
naissance était le plus sûr gage de suc-
cès, Bacon semblait destiné à conquérir
promptement la plui brillante carrière :
nous verrons plus tard ce qu'il en fut.
Il venait d'atteindre sa onzième année
i lorsqu'on l'envoya au Collège de la Tri-
(i) Dans tous les livres français, on l'ap-
pelle PraDoots Bacon : je ne vois pas pour-
quoi, à ce compte, Shakespeare ne serait
pas apppelé Guillaume, puisque Guillaume
est t'équivalent de William, et comme je ne
puis pas m'accoutumera un semblable tra-
vestissement, je m'en tiens à ma vieille ha-
bitude : ne pu traduire les noms propres
deperions*»
nité, à l'Université de Cambridge où il
resta jusqu'en 1576, avee son frère
Anthony. Au sortir de l'Université il alla
étudier le droit à Gray's Inn ; puis, sui-
vant la coutume du temps, il s'embar-
qua pour la France. Au mois de fé-
vrier 1579 (1) la mort subite de son père,
survenue avant que celui ci n'eût pris
en faveur de son jeune fils les disposi-
tions projetées, ne lui laissait que sa
part légale, bien insuffisante, malheu-
reusement, pour sa fastueuse prodiga-
lité.
Ce fut en vain qu'il demanda un poste
à la cour. La reine, qui s'était plu aux •
vives et spirituelles réparties de celui
Keeper, qu'eUe avait surnommé the Young Lord
eeper, semblait moins empressée à
profiter du savoir et des talents excep-
tionnels de l'homme qu'elle ne l'avait
été à s'émerveiller des facultés précoces
de l'enfant.
Macaulay recherche la cause de cet
échec, prélude d'une série d'autres et
l'attribue à l'ambition paternelle du Lord
Trésorier : « Il n'est pas probable, dit-il,
qu'un homme dont le caractère était na-
turellementdoux,dont les mœurs étaient
courtoises, qui, toute sa vie, ménagea
ses intérêts d'avenir avec le plus grand
soin, qui poussait jusqu'à en être re-
préhensible la crainte d'offenser les
puissants, eût donné une juste cause de
déplaisir à un parent qui avait la faculté
de lui rendre un service essentiel ou de
lui faire un irréparable tort ». L'explica-
tion qu'il trouve à la conduite de Bur-
leigh est la crainte chez celui-ci, de
voir son neveu s'élever aux dépens de
son fils,Robert Cecil, sur lequel il fondait
de très hautes espérances.
Quel qu'ait été son mobile, le mauvais
vouloir de l'oncle se montre inébranlable
et le pauvre Francis,bien qu'il ftU le jeune
homme le plus accompli de son temps,
que du son père eût été le plus intime ami
u ministre et que lui-même eût adressé
à son oncle et a sa tante des supplica-
(1) 1580 suivant certains biographes.
tions ardentes, d'une humilité presque
servile, le pauvre Francis, dis-je, fut
obligé de retourner ù l'élude des lois. et,
quelques temps après, débuta au bar-
reau.
« Bacon a un grand esprit et beaucoup
de science, mais en droit, il montre vite
le fond de son savoir qui est peu pro-
fond ». Ce jugement exprimé par la
reine, et très probablement insinué à la
souveraine par de perfides ennemis,
puis très ouvertement proclamé par
Coke, Solicitor General, trouva des
oreilles crédules, malgré son invraisem-
blance. .
Enfin en 1581, Bacon est envoyé a la
Chambre des Communes et, six ans plus
tardtElisabeth le nommeConseil extraor-
dinaire do la Couronne, titre exclusive-
ment honorifique. Avec une persévé-
rance et une patience dignes d t un meil-
leur sort, il continue de solliciter de ses
puissante adversaires une place modeste
a la cour qui pût lui laisser assez de loi-
sirs pour woei, les sciences de brigands
qui m infectent le domaine, savoir : les
rritJoh a, les arguments ineptes,lu
expMttiim aumongères, les préjugés po-
pulafre* & remplacer ce tnste bagage par
de et des inventions ettilef.
Il veuMpfMir* au moûts simple pionnier
dans liij) friirir de la vérité qui est, dit-on,
si profimèitt si obscure.
BaoaÉrfobtient de lord Burleigh que
la sumyïpee du greffe de la Chambre
Etoilée t&tte charge devait lui rappor-
ter para» §600 livres (1), mais il lui fal-
lut aMeawM la vacance de longues an-
nées, pMéaftt lesquelles il s'endetta af-
freuseiftént.
En ttfeiittégca au Parlement pour le
comté de IIWcnosex. Il voulait être à la
fois DQ1JJIIJaire et bien en cour, résultat
difficile Àaiteindrc,même pour un homme
de sa MM'tMM et de son talent. Ayant
fait, avfeflKCès, opposition au gouver-
nemcâii ÉVF 800 question IInanclère, la
reine tallfiji bien sentir son méconten-
t$mi»|fëicrut dcvoif, une fois déplus,
s'abaisser aux plates excuses et aux trop
servi les prières et qu'il ne se laissa plus
jamais entraîner par le zèle du bien pu-
blic.
Ben Jonson, qui eut le bonheur d' en-
tendre plaider Bacon comme avocat, a
laissé une description souvent citée sur
son éloquence noble et serrée, comman-
dant à son gré le sentiment des juges et
forçant l'attention de tous : « Ses audi-
teurs, dit-il, ne pouvaient tousser ou dé-
tourner les regards de lui sans faire une
perte... la crainte de chacun était de le
voir finir. » , ,, ..
Un homme d'une grande séduction,
jeune, brave, éloquent, généreux et en-
thousiaste, défenseur des opprimés, pro-
tecteur du mérite méconnu, régnait
maintenant sur l'esprit de la reine ; c'était
le comte d'Essex. Son âme naturelle-
ment portée à l'admiration fut fascinée
par le génie et le savoir de Bacon. Une
étroite liaison s'établit entre eux, et,
lorsqu'en 100.1 le poste d'Attomey géné-
ral devint vacant et- que Bacon le solli-
cita, Essex l'appuya de tout son pouvoir,
sans succès d'mlleurs ; on donna la place
à Coke. Le comte alors demanda en fa-
veur de son protégé, la charge de tSoli-
citor général que laissait le nouvel Qu,
et, là encore, il échoua. Il en fut ores
irrité. Pour se consoler, il fit don à son
ami d'une terre située près de Twic-
kenham et estimée près de 2,000 liv. et.
et cela — de l'aveu de Bacon lui-même
— d'une façon si noble et si aimable
que la manière valait plus que la chose.
C'était, du reste, un des plus beaux côtés
de sa nature que la délicatesse avec la-
quelle il faisait des obligés : il voulait
leur affection et non leur reconnaissance ;
il les traitait d'égal à égal, et la har-
diesse qu'il mettait dans ses rapports
avec la souveraine faisait contraste avec
les égards dont il gratifiait ses infé-
rieurs.Ses libéralités et les recommandations
(t) Il s'agit bien entendu, de la livre an-
glaise, qui ?aut m franos de notre moft-
naifc
qu'il adressa, en partant pour son expé-
dition d'Espagne, à plusieurs de ses amis,
au sujet de Francis Bacon, ne sortirent
pas celui-ci des embarras financiers. Il
fut poursuivi et mis en prison pour det-
tes. Notre grand homme songea à se ti-
rer des difficultés en contractant un ma-
riage d'argent avec une Lady Halton;
mats, de nouveau, il fut supplanté par
son ancien rival Coke. auquel, il faut le
dire, ce succès coûta cher, car la dame
était une véritable shrew (t).
Poussé par une aveugle ambition de
gloire mihtaire, le comte d'Essex avait
commis de grosses fautes. D'ailleurs, s'if
avait les hautes vertus qui conquièrent la
popularité, il lui manquait la plupart des
qualités et des défauts qui maintiennent
longtemps en place un courtisan.
Son caractère franc et susceptible, en-
tier et obstiné, et, parfois, hautain et
provoquant, lui avait attiré bien des
heurts avec ElisabeUl,ei bien des haines
à la cour. Son administration en Irlande
avait été déplorable et acheva de le taire
tomber. Bacon, nous devons le recon-
naître, n'épargna pas à son ami de
très judicieux conseils, que celui-ci était
bien incapable de suivre, et tenta mème
de le réconcier avec la reine.
LOUISE MARBEL.
(A Suivre.)
(t) La langue française n'a pas d'équiva-
lent absolu; nous traduisons, par à peu
près, une femme acariâtre, ou une mégère.
t Imdiêa«n»mhH lui iitfii Ut tmOaik
de CIL ptvt%om
A la Cour de Cassation
La chambre criminelle de la COur son de
Cassation a renoncé hier à
dience habituelle du jeudi,et depuis midi,
elle a entendu M. Cavaisnao qui a continue
sa ¡I:'posilion commencée avant-hier.
Façons connaître comment la chambre
criminelle tic la Cour de ^^f procèdela
à son information supplémentaire sur la
demande en revision Dreyfus.
u-i conseillers siègent dans la saUe d'au-
ilienco dans le même ordre qu ils oceu-
paient pendant les trois audiences pubU-
mies ou on entendit le rapport de V. Bard,
le r-iiuisiioire de M. Maniu et la plaidoi-
rie de M' Mornard. Pendant ces audiences,
M. Baril, en sa qualité de rapporteur, occu-
pait le fauteuil à droite du président hœw;
il occupe toujours la même place.
Tous les conseillers sont en robe.
Les témoins convoqués sont introduits
dans la salle d'audience. Après qu ils ont
prêté serment, ils sont invités à s asseoir
— un fauteuil leur est réservéau milieu du
prétoire — et iL faire leur déposition. Si les
conseillers \'eu!ent poser des questions
pour faire préciser certains points, ces
questions sont transmises par le président
aux léi-noins.
l.es dépositions ne sont pas sLénogra-
phiées. Seul, en dehors des conseillers, le
are filer de la chambre criminelle est pré-
sent. iL)uzLn J un témoin a parlé pendant
une heure environ, sa déposition est inter-
rompue pour lui permettre de reconstituer
avec les noies prises par le greffier cequ il
a dit. C'est un fort long travail : la recons-
ti t-.i I ion d'une déposition, quia duré une
hni-e, exiire p!us de deux heures; et en-
core, clans ces conditions, cette reconstitu-
tion n'est-clle qu'un résumé.
Ajoutons que les témoins ne peuvent se
Servir d'aucun papier, d'aucune note.
Les mêmes mesures d'ordre que ces
jours passés étaient prises à la Cour de
Cassation....
tJuo:qu'll n'y ait pas un curieux, ni même
tin avocat dans la galerie des Prisonniers,
on voit plusieurs agents des brigades des
recherches errant mélancoliquement, et,
dès neuf heures, plusieurs gardes de Paris,
!'arm..' au bras, sont postes dans la galerie
Saint-Louis.
A la porte de l'entrée des magistrats, se
tient un huissier du parquet de la cour cri-
minellc. chargé de recevoir et de protéger,
au besoin les témoins qui se présenteront.
Les « aveux »
Le Figaro dit que la chambre criminelle
de la Cour de cassation, avant J'audition des
«vn/'raux Mercier, Billot et de M.Cavaiçiiac,
avai t procédé i. l'examen de diverses pièces
du dossier, entre autres, l'affaire dite « des
a\"I'\IX u I-:tlc ". aurait, ajoute le Figaro, décidé
d'écarter cette affaire etde n'en tenir aucun
compte dans son enquête, la conversa-
tion .ln capitaine Lebrun-Renault ne con-
tenant :mronc indication formelle, aucun
ln 1..- précis,et ayant été rapportée dans des
condi!i''!î-i trop confuses, plus de trois ans
ai rês l'a dégradation de Dreyfus. »
'<>He déclaration est conforme à la saine
r:-i»oii. En matière de justice on ne peut
admettre que des choses positives et si on
avait toujours agi de la sorte que de maux
«Missent été évités.
Le barreau de Londres et Me Labori
.\u banquet du lord-maire dont nous par-
Ions d'autre part, le solicitor général, pre-
nant la parole au nom du barreau, a fait
allusion aux services que l'ordre des avo-
cats rend à la justice, il a cité l'exemple de
M' Labori qui, a-L-il dit, 4f dans une affaire
des plus difticnltueuses sur laquelle le
IWIII.lc entier a les yeux lixés, exposé à
Joules les tempêtes de l'impopularité, a su
conduire cette affaire avec tant d'habileté
r.1 do courage, en montrant non seulement
les qualités intellectuelles qui distinguent
les membres du barreau français, mais en-
t'orc ^es qualités morales qui lui permet-
tent. d'accomplir son devoir dans les cir-
constances les plus pénibles qu'on puisse
imaginer >•.
Sur M. Lœw
Le Matin avait reproduit dans sa revue
de 1;1 pr. sse d'avant-hier, une coupure d'un
nr!;. l - dans lequel M. Lœw, président de
la f!mnbrc criminelle tle la Cour de cassa-
.¡I,n, élait appelé » frl'ro de notaire prus-
sien » et représenté comme vendu à 1 Alle-
magne.
Le lits lt3 M. Lccw adresse au Matin les
renseignements suivants,qu'il lui demande
de mettre sous les yeux de ses lecteurs:
Après ! annexion de J'Alsacc-Lorraine,
I11hl1 j't're. refusant les ofl'n.sdu gouverne-
ment allemand, opta pour la France et alla
y poursuivre sa carrière,
•< son frère,qui était notaire à Strasbourg
et qui, n ayan> qu'une fille, n'avait pas à se
pî-i oi cuper do la question du service mil i-
lairc pour ses enfants, devint Allemand
sans (,,'ti:'", au même titre que tous ceux de
81S compatriotes qui ne f uittèrent pas l'Al-
î-aee. et conserva son etu.!c, comme la pres-
que totalité de ses co'icc'ucs.
«• Accuser ces deux hommes de trahir
la traru'c, à laquelle le premier fail hon-
ci,lit- et qui n'a rien à reprocher à l'autre,
vietinie, comme c!!e, d'un désastre dont
nos e
v?r-etiernent cslimôs el qui n'avait pas in-
tér-.*-t il voir la germanisation favorisée par
le tlép .rt t!t. tous ses enfants.
.......wir . YoUl..... la
avoir - aD frère en Alsace- J'àjoote
notaires, là-bas, ne sont pas des foWioD-
naires et Qu'il était doue tout naturel de les
voir conserver leurs études, de même que
les industriels conservèrent leurs fabriques
et les négociants leur commerce.
« Quant à la religion de mon père,bien que
je ne considère nullement comme inju-
rieuse la qualification de juif, je tiens ce-
Kndant à vous déclarer que M. Louis
ÎW, président de la chambre criminelle.
ne s'appelle pas Lévy, n'est pas Israélite et
n'a jamais eu d'IsraélIte ni dans sa famille
ni parmi ses ascendants. »
La saisie d'une lettre
du commandant Esterhazy
Voici les détails nouveaux que nous
avons pu recueillir au sujet des perquisi-
tions qui ont été faites avant-hier chez di-
verses personnes. Au mois de Février der-
nier, au cours du procès Zola, M. Alfred
CaUé, huissier, 61, rue de Belleville, avait
dit à plusieurs reprises au Palais :
« Si j'étais Dreyfusard, Je donnerais beau-
coup d'argent pour avoir certaine lettre que
je sais. n Ce propos fut entendu par un
avoué, M* W., qui crut devoir informer la
Cour de cassation qu'un document impor-
tant se trouvait entre les mains de M* Callé.
Comme nous l'avons déjà dit hier, M. At-
thaîin, membre de la chambre criminelle
de la Cour de cassation, chargé de suivre
cette information, donna une commission
rogatoire au juge d'instruction, M. Josse,
qui fil procéder à la perquisition et à la
saisie...
L'opération donna un butin assez impor-
tant, moins encore par le nombre des piè-
ces à trouvées que par leur caractère. C'é-
taient, pour la plupart, des demandes de
sursis adressées par le commandant Es-
terhazy à l'homme d.affatres que certains
créanciers avaientchargésdele poursuivre.
Parmi elles. il s'en trouvait une, écrite,
comme nous l'avons dit, sur papier pelure
semblable au papier pelure du bordereau
et datée du mois de septembre 1894, c'est-
à-dire trois mois avant le procès Dreyrus.
Esterhazy priait son créancier de lui ac-
corder du temps, et parmi d'autres phrases
que nous ne saurions rappeler de mémoire
se trouvait celle-ci :
« Je pars pour le camp de Chatons, el,
dans quelques semaines, je serai à même
de liquider ma situation. »
Cette lettre, après la saisie, fut mise sous
les yeux de diverses personnes en état d'en
garantir l'autbenlicile. Elle passa entre les
mains des magistrats, qui pouvaient la
comparer au bordereau. Ecrite, comme lui,
au recto et au verso, elle offrait, grâce à la
similitude abso ue des deux papiers, une
ressemblance d'écriture « effrayante >».
Un de nos confrères du Malin avait an-
noncé qu'une perquisition avait eu lieu
chez un agent d'affaires, M. Moslay qui ha-
bite 52 rue de Belleville.
Nous nous sommes rendue chez ce mon-
sieur qui nous a déclaré qu'il y avait erreur
et qu'il n'y avait pu avoir chez lui aucune
perquisition attendu qu'il n'avait jamais eu
en sa possession aucun papier émanant de
M. Esterhazy.
« Si, par hasard, j'avais été mêle à cette
affaire, nous dit-il, j'aurais fait mon devoir
de citoyen, en faisant parvenir aux juges,
les documents que j'aurais pu avoir, mais
jamais je n'ai vu M. Esterhazy, jamais per-
sonne ne m'a donné de créance a recouvrer
et je vais envoyer à votre confrère une
lettre de rectification. »
Nous traversons la rue de Belleville et au
numéro 61, dans une petite maison à un
otage, nous trouvons 1 étude de M* Alfred
Callé...
Ici, nous nous heurtons à un mur. Le si-
lence le plus absolu est de rigueur et il
nous est répondu qu'on ne sait même pas
ce que nous voulons dire. C'est trop; l'exa-
gération même du mystère et des réticen-
ces nous indique suffisamment que cette
fois il n'y a pas erreur et que c'est bien là
que les documents ont été trouvés et d'ici
a peu de temps sans doute nous saurons
quelle peut-être leur importance.
D'ailleurs, ce n'est pas la seule opération
~ judiciaire qui aurait été faite par M. le juge
d'instruction Josse. Ce magistrat, agissant
en vertu de commissions rogatoires signées
, de M. le conseiller ALthalin, aurait saisi
chez deux autres personnes qui se sont
trouvées jadis en relations d'affaires avec
le commandant Esterhazy des lettres écrites
sur du papier absolument identique à celui
du bordereau.
Les noms des deux personnes en ques-
tion ont été prononcés, mais comme nous
n'avons pu acquérir à ce sujet aucune cer-
titude, nous ne les répéterons pas, aujour-
d'hui, du moins. t
Un des deux personnages désignes fut
fortement compromis dans l'affaire Lehaudy
qui lui valut même une condamnation
assez dure, et il n'y aurait rien d'extraor-
dinaire à ce qu'il fût en relations avec
Esterhazy.
Nous % savons de source certaine, que
rex-commandanl fut autrefois lié avec la
seconde personne dont nous avons entendu
citer le nom, mais comme il s'agit ici d'un
homme parfaitement honorable, qui, lors
de la guerre de IB70 se conduisit comme un
héros et reçut au champ de bataille la croix
de la Légion d'honneur, nous voulons croire
1 qu'aucune relation n'existe plus entre lui
et l'abject personnage qu'est M. Esterhazy,
et c'est pourquoi nous nous refusons pour
l'instant à le nommer.
J. B.
AU PARLEMENT
La Chambre
Cinq minutes de séance & une heure,
pour le tirage au sort des bureaux qui se
sont réunis à trois heures pour élire la
commission du budget, ils ont siégé
jusqu'à cinq heures et demie pour la plu-
Voici les noms des 33 commissaires
élus :
1" bureau, MM. Rouvier, Georges Berger, Le
Mvre de Vilers.
i bureau, MM. BoAriaD, Berthelot,Tourgnol.
3* bureau, MM. Dulau, Maurice Faure, Sauzet.
4* bureau, MM. Boudenoot, P. Baudin, Le
lIoIpe.
5* bureau, MM. Mesureur, Bérard, S&!!a.
e- bureau, MM. Pelletan, Lasserre, Thierry.
7* bureau, MM. G. Cochery, Doumergue, SI-
bine.
8, bureau, MM. de la Porte, Pourquery de
Boiaserio. Dubief.
9* bureau, MM. Demarçay, Berteaux, Bourrât.
10' bureau, MM. Merlou, Le Héritée, Dumont
(Jura).
11. bureau, )(M.Chevaller.DaJarcü n-Beaumetl,
Ricard (Côte d'Or).
La commission élue hier comprend
19 radicaux ou radicaux-socialistes, et
14 républicains-progressistes.
Les dix-neuf membres radicaux sont :
MM. BerLbelot, Maurice-Faure, Pierre
Baudin, Mesureur, Bérard, Salis, Pelle-
tan, Doumergue, de la Porte, Pourquery
de Boisserin, Dubief, Berteaux, Bourrat,
Merlou, Le Hérissé, Dumont, Dujardin-
Baumetz, Ricard (Côte-d'Or), Tourgnol.
Il y a donc 27 nouveaux élus, mais sur
ce nombre il y en a 15 qui, comme MM.
Rouvier et Cochery, avait fait partie de
commissions antérieures à celle de ioUo.
Trois anciens ministres, et trois vice-
présidents de la Chambre actuelle. MM.
Maurice Faure, Cochery et Mesureur.
Il y a 12 membres n'ayant jamais été
commissaires du budget,eL cinq députés
élus pour la première fois en mai der-
nier. Ce sont MM. Berthelot, Pierre
Baudin, Tourgnol, Dumont et Thierry.
La commission se réunira aujourd liui
pour se constituer.
Il est fort probable que M. Rouvier
dont la haute compétence est incontestée,
sera élu président.
HÉLÈNE SÉE.
Au Sénat
La séance d'hier était complètement ré-
servée à M. Le Provost de Launay. Le séna-
leuI" des Côtcs-da-Nord avait quelques ex-
plications à solliciter de M. Charles Dupuy
et quelques conseils à donner à M. de
Freycinet.
Le président du conseil a fait la déclara-
tion suivante :
« Le gouvernement a délibéré sur la
question. Il a pris connaissance du livre de
M. Urbain Uohier, l'Armée contre la Nation,
que M. Le Provost de Launay avait signalé,
et, après en avoir pris connaissance, il a
décidé que le ministre de la guerre et le
ministre de la marine adresseraient au
garde des sceaux une plainte contre l'au-
teur de l'ouvrage. I-
I. Dans ces conditions, je pense que 1 in-
terpellation n'a plus de raison d'être. »
M. Le Provost de Launay s'est déclaré
satisfait, tout en se défendant d'avoir dé-
noncé un livre en particulier; il affirme
avoir voulu simplement signaler dune
façon générale les attaques contre l'armée.
Il passe ensuite à son interpellation rela-
tive aux manœuvres de l'été dernier, et où
la mortalité des hommes était due 'aux fati-
gues excessives
Le ministre de la guerre, étranger aux
faits qui se sont passés avant son arrivée
rue St-Dominique, constate qu'en effet les
accidents ont été nombreux. M. de Freyci-
net affirme que les manœuvres auront lieu
à l'avenir dans les dernier3 jours d'aoùt et
qu'il rappellera dans une nouvelle circu-
laire les prescriptions antérieures, en les
accentuant, dans le sens qu'indique M. Le
Provost de Launay.
11 ne restait plus à celui-ci qu'à remer-
~ cier les ministres. M. Le Provost de Lau-
nay se confond, salue et sort, suivi de tous
les sénateurs..
D'accord avec M. de Freycinet, 1 inter-
pellation de M. Labbé sur les mesures qui
ont été prises à l'occasion de l'épidémie de
lièvre typhoïde qui a éclaté dans la garni-
son de Lure, est lixée au vendredi 10, et la
séance est levée.
Réunion de groupes
L'Union républicaine du Sénat, réunie
sous la présidence de M. Guyot, du Rhône,
a nommé une commission composée de
MM. Rambaud, Clamageran, Dusolier et
Pozzi, chargée d'examiner les moyens ca-
pables d'empêcher l'envahissement des
écoles nationales par les élèves des institu-
tions congréganistes, et pour ce faire, de
rétablir le certificat d'études.
L'Union s'est occupée,enoutre,dela ques-
tion des octrois. Elle a émis le vœu qu'il
soit accordé un ajournement de l'applica-
tion de la loi sur les boissons hygiéniques
aux villes oui en exprimeraient le désir.
H. S.
lem'
de
dâfm-
Ucture}ils seront
".,.) 4 14 Détection.
CHOSES DE L'ENSEIGNEMENT
Le de Besançon a dé-
cidé UcrM® ÏL* 'M uUé des ScIences d"un
emploi de iifï'lilgTil r complémentaire* de
botanique sgPpRiuiemiiitt ou traitemmt:
3'^fcao
V kraAAml* Ja 'ihfcàÉtt«on. sous un délai de 41Iiue
jours à partir V* présente publication.
Bxtseig&eaMBl pou&" — Peetas vacants.
In*p©otta* dw ren»ei«aement primaire
Cosne, Lo4he; Mamjols, Quimperié, Siste-
ron.
' sceau, nomal» dlastitwteur»
PfofetlOrat. (lettres)
Auch, Besançon, Gllaumont. (aUfemaad}, Douait
Mâeen.
Ecole annexe
La Roche-sur-Yon, Limoges.
Ecoles primaires »Pénou« I%de des garçons de
Un emploi de délégué pour cinq heures de ma-
thématiques à Ilgeofe CoiberL
Ecoles prlmal»s supérieures de garçons du
département
Tours (lettres), Elbeuf Elbeut(seieaces), Nantel (scien-
ces), La Seyne (sciences).
Ecole Nationale professionnelle de Mantes
1 emploi de chef d'atelier ;
1 emploi d'adjudant surveillant;
1 emploi de contre-maître électricien.
La réouverture des cours normaux de gym-
nastique institués en faveur de MM. les institu-
teurs et de Mmes les Institutrices des êooles1898-le,
bliques est axée, pour 1 année scolaire
au 15 novembre 1898 et leur fermeture au t- juin
isw.ceis cours auront lieu pour MM. les institu-
teurs au gymnase Voltaire, le lundi et le ven-
dredi. deVheurea à 6 heures du soir, et, pour
Mmes les tesfiteWeas, au gymnase Huygens, le
mardi et le wu", de 5 heures à 6 heures.
Ils 9mt-,i «pétialement réserves aux membres
du *te*éwT»piant. des écoles publiques de
Pans et du département de la Seine.
Toutefois, les personnes munies :
élémentaire et se destinant à 1 enseignement
~ -pourrgnt « admise sur leur demande.
Par armé préfectoral en date des 28 septembre
13 et 18 octobre
Mme Scbwéster, ets......pourvue du certdlcat d apti-
tude à !'eMX$aement des travaux manuels dans
les écoles primaires supérieures est nommée
maîtresse-auxiliaire, du travail manuel à J'é-
cole primaire supérieure Edgar Quinet.MUe Cou-
zinie maîtresse-répétitrice auxiliaire à 1 école
primaire supérieure Sophie Germain y est
nommée commis expéditionnaire, emploi nou-
veau, Mme Tridon, née Huguemn, suppléante
départementale, institutrice, est nommee direc-
trice de récole primaire ne Bagneux, emploi lai-
cisé, Mme Ayraud-Degeorge. directrice de 1 école
de ililc-o, rue Barbanegrt1 (IX* arrondissement)
est transférée en la méme qualité à 1 école de
filles rue de Meaux (IX* arrondissement), en
remplacement de Mme Desnoyers, décédée.
Mlle Brayer (Marie-Aline), directrice de 1 ',ùcole
de tilles rU8 Delouvain (ttf* arrondissement), est
transférée, en la même qualité, à 1 école de filles
rne Barbanègre (t9' arrondissement), en rem-
placement de Mme Ayraud Degeorge, tranférée
rue de Meaux.
Mme Govaln, née Bieker, institutrice titulaire
adjointe à l'école de filles rue Delouvain (19* ar-
rondislSement), est nommée directrice de
ladite ecole en remplacement de Mlle Brayer,
transférée rue Barbanègre.
Par arrêté préfectoral, en date du 29 août 1898,
ayanteffetdul" octobre suivant:
Mme Camboué, née Tarride, directrice de
l'école publique de filles rue de 'VattiA'nies (12*
nrrondlssoment), est transférée, en la morne
quatité, à l'école publique de filles rue Pignon
U2* arrondissement), en remplacement de Mme
Ozanne, dWdée.
Mme Pottet, néé Bertin, directrice de l'éeo:e
publique maternelle rue Madame <6* arrondisse-
ment), est transférée en la mème qualité, à
l'école publique de filles rue de Rennes 16- ar-
rondissement),en remplacement de Mme Mairet,
à la retraite......
Mlle Mégret (Aimée'. directrice de l 'école pu-
blique de filles, place Jeanne Uarc (13. arrondis-
sement^, est transférée, en la même qualité, à
l'école publique de IUles boulevard Arago (14-
arrondissement, en remplacement de Mme De-
vaux, à la retraite.
Mme Panel, née Jenuroy, directrice de , 1 'école
publique des filles rue de la Tombe-Issoire
Tu* arrondimement', est transférée, en la même
qualité, à l'école de tilles rue Delambre tU. ar-
rondiSMment), en remplacement de Mme Deville,
à la retraite. '
Mine Préfol, née Maréchal, directriee de l e
cole élémentaire de garçons rue Saintc-Croix-de-
la-Bretonnerie (l'arrondissement est transférée,
en la même qualité, à Fécoie de tilles rue du
Renard, en remplacement de Mme Housse!, à la
Mme Soubiran, née Fillette,institutrice titulaire
adjointe à récole publique de mies rue de Tol-
biac, 159 (13* arrondissement), est nommée direc-
trice à l'école de filles rue Vandrezanno (11.. ar-
rondissement), en remplacement le Mme Baste,
à la retraite...............
Mme Guimet de la Martinière, institutrice ti-
tulaire adjointe chargée, à titre provisoire de la
direction de l'école de filles rue de Pomard
(12, arrondissement), est nommée directrice en
la même école, emploi- vacant.
Mme Dusré. née Bosseur, directrice de 1 eco!e,
maternstfejiâpàwe Ouêménée (4* afr.o»aisse-
ment) est tihaMèrèe en la même qualité, à I é-
look éléarataire de jeunes garçons rue Sainte-
*a
NSQÉMMSSMSÉ ASIÉWS Al
jmmit Pl«Mrude
remglacanent de Mme Gomboué, transférée
"Mme Silo- née Alleaume, IDIUtatrice tlto- <
laIre adjointe à l'école de filles rue de la Tombe
Issoirâ(M« arMndiMemeM), est nommée dIreo-
Vice en la même école, m remplacement de !
Mme Panel, transférée rue DeIamIre.
MUe Collumeau (Eugénie-Séverine), instita-
triee titulaire adjointe àl'éoole de film rue du
Faubourg-Saint-Deais (io- arrondissement), eet
nommée directrice à l'école de filles place
J«ane-d'Am, n (13* arrondiwement), en_ rem-
B!aeement de Mlle l^gret, transférée boulevard
Mme BUlle! née Antonin, directrice de Té»Hs
élémentaire de Jeunes garçons rue de la Ro-
quette (XIe arrondissement) eat transférée en la
même qualité à l'école de filles, rue Trousseau
(même arrondissement), emploi vacant.
La l~ commission du conseil supérieur de l'édu-
cation physique c'est réunie ces jours derniers au
ministère de rinstructloa pubiiaue, MM la pré-
sidence de M. Chartes Casai*, président da
l'Union des sociétés de gymnastique de France.
MM. Gréard, recteur de l'académie de Paria,
RaMer et Bayet, directeurs au mmietèfe, assis-
taient à la séance.,
A la ..te de cette réunion, les vaux suivants
ont été adoptés à l'unanimité :
1* Il y a lieU d'élever le niveau de lédueattoa
physique et d'en définir les méthodes;
2* Il y a lieu en conséquence de pourvoir à
l'organteation d'un enseignement normal supé-
rieur en créant des cours normaux universitaires
et en instituant un certificat supérieur d apti-
tude à cet enseignenient.
La commission a adopté ensuite un vœu de M.
Grébauval relatif à la nécessité de donner des
avantages pécuniaires à ceux qui, pourvus du
certificat d%putude à l'enseignement de 1 éduca-
tion physique, donnent cet enseignement dans
les écoles primaires.
Enfin, la commission a adopté le vœu déposé
par M. Cazalet, a que les études soient entrepri-
ses le plus tôt possible à l'effet de doter les
lycées et collèges d'écoles de bains par asper-
sion 0, conformément à l'esprit de la circulaire
i ministérielle de 1890 et au vœu émis par le
! comité supérieur consultatif d'hygiène publique
I de France le 19 décembre 1892.
Ici, je mets de côté mes grands ciseaux, et je
trempe ma plume dans l'encrier. C'est bien en-
tendu, pour engager les lecteurs de la Fronde à
. se réjouir des décisions prises par la 2* commis-
sion du Conseil supérieur de l'éducation physi-
que ; mais c'est aussi pour leur faire remarquer
que ce qu'il importerait, avant tout, si l'on ne
veut rendre illusoires toutes les décisions subsé-
Suentes, ce serait de veiller au libre et naturel
développement de l'enfant dans les premières
années de sa vie, au lieu de l'entraver systéma-
tiquement dans nos éwles.
Si je ne craignais de marcher sur les plates-
bandes de ma collaboratrice « Madeleine » je di-
rais même que pour connaître la triste genèse
d'une éducation, qui atrophie au lieu de déve-
lopper, il faut visiter les enfants élevée à la
campagne par des nourrices mercenaires. Mais
mon jardin e-:t assez jgrand pour contenir la
quantité de pierres que j al dans mon sac, et mes
écoles maternelles troublent assez ma conscience
pour que je borne mes critiques à ce qui les
concerne, c'est-à-dire a ce que je connais bien.
Il n'y en a pas un de vous qui n'ait eu auprès
de lui, soit constamment, soit par intervalles,
cette joie vivante qui s'appelle un petit enfant.
Vous pouvez donc — comme moi — reconsti-
tuer, par la pensée, la journée d'un de ces petits
individus en miniature (entre deux ans et si
ans : c'est l'Age de l'école maternelle).
Cette journée se dépense en une activité sans
.trêve ni repos. Il ne saurait d'ailleurs être ques-
tion de se reposer, lorsque l'on ne se fatigue pas;
et l'enfant se meut par un besoin de sa nature.
S'il s'arrête, s'il s'asseoit ou s'étend, s'il ne va
plus d'une chose à l'autre sans s'arrêter à au-
cune, la mère s'inquiète, le fantôme de la cruelle
et inexorable méningite se dresse devant elle.
A l'école maternelle, cependant, sauf aux heu-
res de récréation, l'on exige de l'enfant une
quasi immobilité, Mais ces heures de récréation
inscrites sur l'emploi du temps, dénoncent, pour
qui réfléchit, la culpabilité du système. S il y a
» récréation ». C'est que l'on veut détendre les
membres de i'enfant et reposer son esprit (?), Il
était donc » en classe » dans une situation anor-
male,
J'écris ces lignes avec autant de précautions
que j'en prendrais pour marcher sur des œufs
ou sur des pointes de clous. C'est que, voulant
dire la vérité, je tiens cependant à ménager les
justes susceptibilités d'un personnel très dévoué,
qui n'est pas libre de faire tout ce qu il veut,
comme il le voudrait, et qui est, de plus, 1 es-
clave d'installations défectueuses ou insuffisan-
tes, lorsqu'elles ne sont pas è., la fois insuffi-
santes et défectueuses.... ,
Il faut cependant avertir I 'opinion, la préoccu-
per, l'engager même à entrer en campagne, de
telle sorte qu'aidés par elle,, ceux à qui incombe
le devoir d'organiser l'éducation enfantine, selon
les lois de la nature et qui en ont le devoir, se
mettent résolument à l'œuvre.
Jusqu'ici je ne trouve que des encouragements.
Tout le monde — même et surtout dans 1 admi-
nistration trouve que j'ai raison: qu'un entant de
2 à 6 ans à l'école, c'est une anomalie, comme
des oiseaux en cage; qu'il ne faut à aucun prix,
da qljC les écoles maternelles ressemblent — même
e loin — à une école, et cependant, sauf excep-
tions, entre huit et neuf heures du matin, ccst-
à-dire avant que les exercices proprement dits
ne commencent, les enfants sont assis et oisifs.
De neuf heures el demie à onze heures, ils sont,
en classe,assis encore et, de plus, victimes d'un
enseignement sans proportion et inutile, puisque
l'enfant n'apprend que par la méthode expéri-
mentale : et l'après-midi, c'est la même chose.
A ce métier le corps est loin de trouver son
compte (nous parlerons une autre fois de 1 es-
prit'. II faut donc absolument changer de sys-
tème. Toute personne qui rct!echit pense comme
moi, comme vous, comme nous tous: il n y a
plus que l'adversaire insaisissable qui entrave
notre bonne volonté. Cet adversaire ce H est pas
l'administration..
Alors? ce sont les familles ignorantes, ce sont
les nn'-tUtfés. c'est peut-être aussi notre manque
de résolution. 11 faudra bien que cela vienne
pourtant, si nous ne voulons pas que le conseil
1 supérieur de l'éducation physique ne soit forcé
de céder la place à un conseil supérieur d édu-
1 j cation orthopédique.
PAULINE KERGOMARD.
A L'Etranger
Politique
La «lafarwgranes da M. DdUM6 a permis entjs
ne nous entrions dans une sphère hp.<ûNrneat.
vec sa dignité et son '-Jola France «rtsortte
a oa mauft18 IIUI. Lord SaUstwry a parlé, *
est l'élément il... qui, avee M correction dé
ingage et d'attitude, nous a servi de prineiMt
oxlaire. Le premier mlnirtre, III analmni le
ftle du conseil européen, dit qu il vient d abou-
r & un résultat qui n'est pas dénué pour tous.
-Ua dénouement satisfaisant. La France répo-
Ilca1u va, ainsi que nous l'espérons, se rallier
nom une fois à rAngleterreJibérale.
Nous sommes aussi éloignés des actes de dé-
monstrations armées de la part de la Grande
tretagne, que nous en étions rapprochés il y a
œlques jours. Assurément, toute cause de dta-
orde n'est pu "ate. a Je ne dis pu,a déclaré
lOrd SaU8bitr1 ,qae l'occasion de froissement ne
e produira pas de »uvuu. » Sans doute lors-
ut! .'!lCin de réglementer définitivement le
roit de cirftiauoa à travers l'Egypte, mainte»
evendieations recommenceront a surgir mais
eus rswtrsna aatnbBnant^smrane peurelle
ntente politique; bien quelaFranco n'ait mi»
ieu de redouter outre mesure les préparatifs
le nos voisins, elle est heureuse de constater
ue les conseils de la sagesse ont prévalu pour
mpécher que la situaton géographique C:J8
inq mondes n'ait été Changée quand même une
•me de Mro. l'eût snfvie « la merre avaH.
daté. Désermak,n
«ssortissants de cette taetlcpse, Ils ouvrent le
ihamp aux plus vastes hypothèses. L'incident
le FMhod& serrira-t-il de point de départ à une
igue germano-franco russe? d'autres arme-
nents de l'Allemagne et de la Russie vont-Ils
'épondre à ceux de l'Angletorre pour permettre
LUX puissances de défendre leurs possessions
lans le Pacifique? tout est possible. Ce qu'il
tous importe en ce moment, c'est l'issue de la
irise permettant à deux grandes nations de
poursuivre leur évolution à travers l'histoire.
Une chose a cependant le droit de nous sur-
jrendre, c'est qu'au moment de l'adhérence à
a conférence du désarmement, la terreur naît
m Russie sous les formes d'une jacquerie.
Sur tous les points de l'empire des émeutes
)nt éclaté; des bandes de paysans affolés, minés
ïar la misère, ont saccagé les habitations des
Seigneurs. Devant les troubles ruraux qui vont
toujours grossissant des instructions mlniBté-
rielles ont été données aux fonctionnaires pro-
vinciaux afin qu'ils aient à sévir avec la plus
p-ande ngueur sur les populations ouvrières et
paysannes. Des troupes seront envoyées dès le
lébut des agitations que les fonctionnaires ont
le devoir de prévenir en les étouffant par la
mise en accusation immédiate des personnes
81En Autriche, la lutte des nationalités continue.
La démission en masse des députés des partis
allemands est discuté., dans les clubs vivemsnt
lu Reichrath autrichien.
En Egypte, ordre est donné au Caire au capA-
taine Marchand, au capitaine Baratter et au ser-
rent Dat, de partir pour Fashoda afin de faire
évacuer la place. La garnison française sortira
par le Nil Bleu..
Kane-yu-Mcï, l'un des mandarins réformée,
se sauvant, précipitamment pour fuir la colère .
de l'Impératrice douarière, a déclaré au repré-
sentant du Times qui l'a rencontré à Hong-Kong»
Îue l'on accusait formellement la souveraine
d'avoir détourné 60 raillions de taëls. Ces 60 mil-
lions avaient été mis de côté pour la flotte et
les chemins de fer. De plus, il prétend qu'un
intrigant nommé Li-Quen-Hien, habite au palus
et exerce un grand empire sur l'Impératrice;,
que de plus il se fait payer par tous les vice-
rois qni ont besoin de ses services. Kang-yu-
Meï a enfin affirmé que l'influence de l'empe-
reur était absolument annihilée.
MADEMOISELLE.
Egypte
Le commandant Marchand arrivera ce soir au
Caire; je n'ai pas besoin de vous dire avec
quelle anxiété le parti franco-égyptien attend la
solution des affaires de Fashoda. Mais les jour-
naux qui nousarriveutd'Europe ne laissent ries
deviner tant les nouvelles qu'ils nous apportent
sont contradictoires.
En attendant d'être renseignée, la population
se console par l'espoir des nombreuses visites
annoncées pour le mois prochain. Il serait a dé-
sirer que les touristes de marques tiennent
leurs promesses, et viennent un peu consoler
les commerçants de la grande déception que le
Kaiser leur a donnée en renonçant a ses projets
de voyage au Caire.
Plusieurs romanciers et journalistes français
sont attendus ces jours-ci, enlr'autres René
Bazin. '.%I. Léon Oandi!iot,accompagnerait,dit-on»
son ami et interprète Noblet. qui fait partie de
notre troupe de comédie.
Gabriel d'Annunzio nous promet aussi ea vi- /
site et déjà les « jolies madames - du high-hfe
cairotte, frémissent d'impatience à 1 idée de re-
cevoir le psychologue dont l'Italie s'honore.
Le prince d'Arembcrg viendra aussi avec 80a
fils le prince Pierre, accompagnés du comte et
de la comtesse Jean de Ganay, née de Bchague,
de la comtesse René de Béarn et du comte et de
la comtesse Le Marois, née d'Haussonvitle. «
La colonie anglaise sera brillamment repré-
sentée. Sir Ed. Maltet et sa famille ouvriront la
marche.Plus exacte qu'aucun,ta princesse de Chimay,
de trop célèbre mémoire, a voulu être la pre-
mière a revoir le soleil d'Egypte et le vieux Nil.
Elle est depuis un mois installée au Caire en
compagnie du tZigane eberà son cœur; et le petit
commerce des photographies va son tram. A tou-
tes les dovantures, dans tous les ,'illage:-;,parmi
les curiosités des foires et l'encombrement des
marchés locaux, le passant est honteusement
poursuivi par de petits bonshommes qui le plus
simplement du monde offrent, le sourire aux
livres, la. foutouraphie de la lirincesse Clo.-itiiié
dans des costumes que la vérité seule pourrait
envier.. et les Arabes passent silencieux et
méprisants, après avoir jeté sur les portraits un
regard plus éloquent que des paroles. Et malgré
sof, le cœur se serre, devant l'impossibilité où
l'on se trouve de dire à ces hommes ignorants
que toutes les princesses d'Europe ne sont
point semblables à cette Yankee, et que cette
femme est heureusement une exception.
Mais l'effet est produit et le bédouin, le cheik
ou le petit marchand d'amulettes qui a tenu une
minute dans ses mains l'image infâme, en ren-
(1)
LA TRIBUNE
11 NOVEMBRE 1898
UTOPIES ET UTOPISTES
Celle rubrique forme MI feuilleton estant
éonl le sujet change tous les trois jours.
Nous sommes dans la socor. de moitié
du xvi® sicrlc cl dans la première partie
tiu XVII..
Lo trône U'Anglcicrre est occupé jus-
qu'en 1001 par Kliâftbelh, fille d'Anne de
Boicyn et de Il t'n ri VIII, et, sous Jac-
ques' 1", qui lui succédera, la grande
chancellerie qu'avait illustrée la haute
intégrité cie Thomas More (1) sera repré-
sentée — et il faut bien Jo dire, hélas?
df shonoréc — par l'homme qui nous
occupe aujourj'hu', le grand philosophe
Bacon..
Francis Bacon,c'est encore un Anglais ;
c'est encore un homme d'Etat; c'est en-
core un penseur; c'est encore un uto-
piste *, c'est comme Thomas More, un es-
prit prompt, d'une finesse qui va jusqu'à
lu ruse, un courtisan d'une parfaite amé-
nité. On pourrait multiplier les points de
contact, i-t, malgré toutes ces analogies,
rien de plus opposé peut-être que les ca-
ractères de More et de Bacon.
On s'étendrait indéllniment sur les
détails de la vie de More avec une sym-
pathie que peuvent diminuer, mais non.
'détruire, les erreurs où il tomba; tandis
que l'on éprouve, au souvenir de Bacon,
une gène d'autant plus grande, à racon-
ter sa vie, que l'on professe une plus
grande admiration pour son génie.
t Faut-il, comme certains apologistes, ne
parler que de ses écrits? ou, commecer-
t (j) Voir la Tribune des 26* 27 el iuUlet..
tains biographes, vouloir justifier quand
môme les moins honorables de ses ac-
tes? Je ne le crois pas.
« On doit des égards aux vivants,
maison ne doi taux morts que la vérité »,
disait Voltaire. N'en déplaise à l'auteur
de Zaïre, je pense qu'on doit des égards
aux morts et aux vivants, mais qu 'on
doit aussi à tous, et avant tout, la vérité :
non seulement la vérité qui consiste à
dire ce qui est vrai, mais, de plus, celle
qui consiste à ne pas taire ce qu'il faut
dire. C'est pourquoi j'étudierai 1 un après
l'autre, en toute impartialité, les deux
aspects de cette incomparable physio-
nomie : le politique vénal et le penseur
fécond.
Bacon naquit à Londres le 22 janvier
1001. Son père, Nicolas Bacon, occupait
la charge de Lord Keeper of the Great
Seal of England (garde du grand Sceau
d'Angleterre) et sa mère Anne Cooke
était fille de Sir Anthony Cooke, précep-
teur d'Edouard VI. Très instruite, possé-
dant le grec, le latin, le français et l'ita-
lien, il est probable qu'elle fut la pre-
mière éducatrice de son plus jeune fils
Francis (1) qui avait beaucoup hérité
d'elle pour les goûts et aptitudes. Une
des sœurs de Lady Bacon avait épousé
Cecil, Lord Burleigh, ministre d'Elisa-
beth, de sorte que notre héros était le
neveu de ce fameux homme d'Etat.
Ainsi apparenté, à une époque où la
naissance était le plus sûr gage de suc-
cès, Bacon semblait destiné à conquérir
promptement la plui brillante carrière :
nous verrons plus tard ce qu'il en fut.
Il venait d'atteindre sa onzième année
i lorsqu'on l'envoya au Collège de la Tri-
(i) Dans tous les livres français, on l'ap-
pelle PraDoots Bacon : je ne vois pas pour-
quoi, à ce compte, Shakespeare ne serait
pas apppelé Guillaume, puisque Guillaume
est t'équivalent de William, et comme je ne
puis pas m'accoutumera un semblable tra-
vestissement, je m'en tiens à ma vieille ha-
bitude : ne pu traduire les noms propres
deperions*»
nité, à l'Université de Cambridge où il
resta jusqu'en 1576, avee son frère
Anthony. Au sortir de l'Université il alla
étudier le droit à Gray's Inn ; puis, sui-
vant la coutume du temps, il s'embar-
qua pour la France. Au mois de fé-
vrier 1579 (1) la mort subite de son père,
survenue avant que celui ci n'eût pris
en faveur de son jeune fils les disposi-
tions projetées, ne lui laissait que sa
part légale, bien insuffisante, malheu-
reusement, pour sa fastueuse prodiga-
lité.
Ce fut en vain qu'il demanda un poste
à la cour. La reine, qui s'était plu aux •
vives et spirituelles réparties de celui
Keeper, qu'eUe avait surnommé the Young Lord
eeper, semblait moins empressée à
profiter du savoir et des talents excep-
tionnels de l'homme qu'elle ne l'avait
été à s'émerveiller des facultés précoces
de l'enfant.
Macaulay recherche la cause de cet
échec, prélude d'une série d'autres et
l'attribue à l'ambition paternelle du Lord
Trésorier : « Il n'est pas probable, dit-il,
qu'un homme dont le caractère était na-
turellementdoux,dont les mœurs étaient
courtoises, qui, toute sa vie, ménagea
ses intérêts d'avenir avec le plus grand
soin, qui poussait jusqu'à en être re-
préhensible la crainte d'offenser les
puissants, eût donné une juste cause de
déplaisir à un parent qui avait la faculté
de lui rendre un service essentiel ou de
lui faire un irréparable tort ». L'explica-
tion qu'il trouve à la conduite de Bur-
leigh est la crainte chez celui-ci, de
voir son neveu s'élever aux dépens de
son fils,Robert Cecil, sur lequel il fondait
de très hautes espérances.
Quel qu'ait été son mobile, le mauvais
vouloir de l'oncle se montre inébranlable
et le pauvre Francis,bien qu'il ftU le jeune
homme le plus accompli de son temps,
que du son père eût été le plus intime ami
u ministre et que lui-même eût adressé
à son oncle et a sa tante des supplica-
(1) 1580 suivant certains biographes.
tions ardentes, d'une humilité presque
servile, le pauvre Francis, dis-je, fut
obligé de retourner ù l'élude des lois. et,
quelques temps après, débuta au bar-
reau.
« Bacon a un grand esprit et beaucoup
de science, mais en droit, il montre vite
le fond de son savoir qui est peu pro-
fond ». Ce jugement exprimé par la
reine, et très probablement insinué à la
souveraine par de perfides ennemis,
puis très ouvertement proclamé par
Coke, Solicitor General, trouva des
oreilles crédules, malgré son invraisem-
blance. .
Enfin en 1581, Bacon est envoyé a la
Chambre des Communes et, six ans plus
tardtElisabeth le nommeConseil extraor-
dinaire do la Couronne, titre exclusive-
ment honorifique. Avec une persévé-
rance et une patience dignes d t un meil-
leur sort, il continue de solliciter de ses
puissante adversaires une place modeste
a la cour qui pût lui laisser assez de loi-
sirs pour woei, les sciences de brigands
qui m infectent le domaine, savoir : les
rritJoh a, les arguments ineptes,lu
expMttiim aumongères, les préjugés po-
pulafre* & remplacer ce tnste bagage par
Il veuMpfMir* au moûts simple pionnier
dans liij) friirir de la vérité qui est, dit-on,
si profimèitt si obscure.
BaoaÉrfobtient de lord Burleigh que
la sumyïpee du greffe de la Chambre
Etoilée t&tte charge devait lui rappor-
ter para» §600 livres (1), mais il lui fal-
lut aMeawM la vacance de longues an-
nées, pMéaftt lesquelles il s'endetta af-
freuseiftént.
En ttfeiittégca au Parlement pour le
comté de IIWcnosex. Il voulait être à la
fois DQ1JJIIJaire et bien en cour, résultat
difficile Àaiteindrc,même pour un homme
de sa MM'tMM et de son talent. Ayant
fait, avfeflKCès, opposition au gouver-
nemcâii ÉVF 800 question IInanclère, la
reine tallfiji bien sentir son méconten-
t$mi»|fëicrut dcvoif, une fois déplus,
s'abaisser aux plates excuses et aux trop
servi les prières et qu'il ne se laissa plus
jamais entraîner par le zèle du bien pu-
blic.
Ben Jonson, qui eut le bonheur d' en-
tendre plaider Bacon comme avocat, a
laissé une description souvent citée sur
son éloquence noble et serrée, comman-
dant à son gré le sentiment des juges et
forçant l'attention de tous : « Ses audi-
teurs, dit-il, ne pouvaient tousser ou dé-
tourner les regards de lui sans faire une
perte... la crainte de chacun était de le
voir finir. » , ,, ..
Un homme d'une grande séduction,
jeune, brave, éloquent, généreux et en-
thousiaste, défenseur des opprimés, pro-
tecteur du mérite méconnu, régnait
maintenant sur l'esprit de la reine ; c'était
le comte d'Essex. Son âme naturelle-
ment portée à l'admiration fut fascinée
par le génie et le savoir de Bacon. Une
étroite liaison s'établit entre eux, et,
lorsqu'en 100.1 le poste d'Attomey géné-
ral devint vacant et- que Bacon le solli-
cita, Essex l'appuya de tout son pouvoir,
sans succès d'mlleurs ; on donna la place
à Coke. Le comte alors demanda en fa-
veur de son protégé, la charge de tSoli-
citor général que laissait le nouvel Qu,
et, là encore, il échoua. Il en fut ores
irrité. Pour se consoler, il fit don à son
ami d'une terre située près de Twic-
kenham et estimée près de 2,000 liv. et.
et cela — de l'aveu de Bacon lui-même
— d'une façon si noble et si aimable
que la manière valait plus que la chose.
C'était, du reste, un des plus beaux côtés
de sa nature que la délicatesse avec la-
quelle il faisait des obligés : il voulait
leur affection et non leur reconnaissance ;
il les traitait d'égal à égal, et la har-
diesse qu'il mettait dans ses rapports
avec la souveraine faisait contraste avec
les égards dont il gratifiait ses infé-
rieurs.Ses libéralités et les recommandations
(t) Il s'agit bien entendu, de la livre an-
glaise, qui ?aut m franos de notre moft-
naifc
qu'il adressa, en partant pour son expé-
dition d'Espagne, à plusieurs de ses amis,
au sujet de Francis Bacon, ne sortirent
pas celui-ci des embarras financiers. Il
fut poursuivi et mis en prison pour det-
tes. Notre grand homme songea à se ti-
rer des difficultés en contractant un ma-
riage d'argent avec une Lady Halton;
mats, de nouveau, il fut supplanté par
son ancien rival Coke. auquel, il faut le
dire, ce succès coûta cher, car la dame
était une véritable shrew (t).
Poussé par une aveugle ambition de
gloire mihtaire, le comte d'Essex avait
commis de grosses fautes. D'ailleurs, s'if
avait les hautes vertus qui conquièrent la
popularité, il lui manquait la plupart des
qualités et des défauts qui maintiennent
longtemps en place un courtisan.
Son caractère franc et susceptible, en-
tier et obstiné, et, parfois, hautain et
provoquant, lui avait attiré bien des
heurts avec ElisabeUl,ei bien des haines
à la cour. Son administration en Irlande
avait été déplorable et acheva de le taire
tomber. Bacon, nous devons le recon-
naître, n'épargna pas à son ami de
très judicieux conseils, que celui-ci était
bien incapable de suivre, et tenta mème
de le réconcier avec la reine.
LOUISE MARBEL.
(A Suivre.)
(t) La langue française n'a pas d'équiva-
lent absolu; nous traduisons, par à peu
près, une femme acariâtre, ou une mégère.
t Imdiêa«n»mhH lui iitfii Ut tmOaik
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