Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-11-10
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 novembre 1898 10 novembre 1898
Description : 1898/11/10 (A2,N337). 1898/11/10 (A2,N337).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703456k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Les Ouvreuses
au Théâtre
En lisant la plainte de Mme Mef.
hcim contre les ouvreuses, dans la
fronde celles-ci se sont inquiétées de
l'effet produit sur l'esprit public et l'une
d'elles m'a apporté son traité avec la
direction d'un de nos grands théâtres. Je
l'ai lu avec intérêt et j ai pensé qu'il était
de mon devoir de le faire connaître aux
lecteurs et lectrices de la Fronde ; ces
pauvres femmes, terriblement ennuyeu-
ses parfois, sont, comme beaucoup d'au-
tres de nos sœurs, honteusement exploi-
tées par leurs employeurs.
Non seulement elles ne reçoivent au-
cun salaire, mais elles paient pour avoir
le droit de travailler. Je lis en effet dans le
traite : M.X donne à bail par ces préitaits
à Urne ... ce acceptant une place d'ou-
vreuse au théâtre X pour mille représen-
tations^ payables par série de cent, etc »
Ar. 2. — « La place d'ouvreuse est
louée sur le pied de 2 francs par repré-
sentation, ce qui forme, pour la série de
cent, la somme de 300 francs payables
dacancr, treiite^nrrslTPant l'expiration
de la série précédente, c'est-à-dire à la
70* représentation de chaque série. »
Art. 3. — « Le présent bail garantit à
l'ouvreuse sa place pendant mille repré-
sentations payables comme il est dit à
l'article 2, par série de cent, sauf les cas
de mauvais service ou de mauvaise te-
nue, dans lesquels, si la direction croit
devoir remercier l'ouvreuse, celle-ci
n'aurait droit qu'à la restitution pure et
simple de la somme de loyer d avance
versée par elle, moins, bien entendu,
2 francs par représentation déjà donnée
sur la série en cours, et le montant de
l'amende qui lui aura été infligée pour
manquement à la discipline ou inso-
lence. »
Il est dit en outre dans le Règlement
général :
« Il est bien entendu que les ouvreu-
ses demeurent entièrement responsables
vis-à-vis du public de tous les objets qui
leur sont confiés, l'Administration se
réservant le droit, en cas de réclamation,
d'obliger le poste tout entier au rem-
boursement intégral de ]*objet réclamé ».
Ainsi voilà des femmes qui paient le
directeur pour occuper une place, qui
sont responsables des vêtements et au-
tres objets confiés par le public, et qui
n'ont môme pas le droit de réclamer du
spectateur, en échange de leurs services,
la moindre rétribution.
L'article 6 du règlement le leur défend
absolument.
Il est cependant admis, en général,
que toute peine mérite salaire ; or les
ouvreuses rendent des services ou elles
sont inutiles ; dans le premier cas elles
doivent être payées, dans le second sup-
primées !
Au nom de la justice, nous devons,
nous public, nous révolter contre les
directeurs de théâtre et réclamer qu'ils
paient leurs ouvreuses, quitte à imposer
d'une lé^ùre rétribution les billets de
faveur. Nous ne devons pas admettre
que des femmes paient pour avoir le
droit d'épousseter nos fauteuils et nos
loges, pour nous placer, nous donner des
petits bancs, nous garder nos vête-
ments, etc., etc.
Je comprends que l'arrangement ac- 1
tuel est très avantageux pour les direc-
teurs ; en admettant, en effet, 50 ou-
vreuses, en moyenne, dans chaque théâ-
tres, avec une série de 300 représenta-
tions dans l'année, cela représente le
joli chiffre de 30.000 fr. payés par les ou-
vreuses à la direction de chacun de nos
théâtres parisiens.
C'est scandaleux tout simplement !
Laisserons-nous donc éternellement, en
France, écraser les petits ?
MARIA POGNON.
Autour de la Revision
A la Cour de Csmitlm
Toujours le même mystère au Palais
autour des séances de la Cour de Cassa-
tion. Les mesures d'ordre les plus rigou-
reuses empêchent d'approcher de la
salle où ont lieu les débats, et personne
ne se risque plus guère à essayer d'obte-
nir le moindre renseignement.
A neuf heures du matin,M. Cavaignac
a été introduit dans la salle d'audience et
son interrogatoire a aussitôt commencé.
La déposition de l'ancien ministre de
la guerre a été interrompue pour lui
permettre, ainsi qu'aux membres de la
Cour de Cassation, d'aller déjeuner. Elle
a été reprise dans l'après-midi et s'est
terminée après cinq heures.
Le général Zurlindon et le général
Chanoine qui étaient venus au Palais,
ont été avisés que la Cour ne pourrait
pas les entendre.
La Chambre criminelle a levé sa séance
à Oh. 10. Elle doit entendre aujour-
d'hui le général Zurlinden et si elle
eaale tempe meMriel, le' glilwl Chfr
soiae. ,,
Le bruit courait tes les couloirs dt
palais que la chambre criminelle de la
Cour de Cassation se préoeeoperiit du
cas où eUe se trouverait obligée de re-
courir au témoignage deM. de rreycinet
ministre de la guerre.
Dans l'afOrmative, la chambre crimi-
nelle serait envoyée auprès de M. de
Freycinet, qui remettrait une déposition
écrite qui serait considérée comme la
confirmation de la déposition faite par
les anciens ministres de la guerre et
comme un arbitrage sur les contradic-
tions qui pourraient exister entre ces
mêmes dispositions.
Saisie du» lettre du commandant
Bstorfeazy
La Cour de Cassation vient de faire
saisir chez un agent d'affaires de Paris
une pièce dont 1 existence lui a été ré-
vétée au cours de l'enquête à laquelle
elle procède..
Il s'agit d'une lettre du commandant
Esterhazy.
Le texte de cette lettre ne se rapporte
pas à l'affaire Dreyfus. L'importance de
ce document proviendrait seulement du
fait qu'il serait écrit sur du papier pelure
quadrillé identique à celui du bordereau
qui a été présenté au conseil de 1»4,
comme émanant de l'ex-capitaine Drey-
fus.
Or, on sait qu'il résulte des recherches
faites en t804 par MM. Cochefert et Ber-
tillon chez un grand nombre de mar-
chands et de fabricants que ce papier
est extrêmement rare. MM. Cochefert
et Bertillon ne purent même pas en
trouver un seul échantillon conforme à
l'original.
Nous croyons savoir que cette lettre
est d'une date antérieure de plusieurs
mois au bordereau et que, comme le
bordereau, elle e&t écrite au recto et au
verso.
Voici comment auraient été amenées
les perquisitions à la suite desquelles
cette saisie a été opérée :
Le samedi 29 octobre, à l'issue de l'au-
dience de la Cour de cassation, qui venait
d'ordonner l'enquête supplémentaire,Me
Mornard aurait dépos4 une requête ten-
dant à faire ordonner par la côur la
saisie de cette lettre — d'une authenti-
cité certaine — faisant partie d'un dos-
sier contentieux, qui se trouvait entre
les mains d'un homme d'affaires chargé
do recouvrer diverses créances contre le
commandant.
La Cour désigna, pour faire procéder
aux perquisitions, le conseiller Atthalin,
qui lui-même donna à cet effet une com-
mission rogatoire au juge d'instruction
Schlumberger.
M. Schlumberger fit, en effet, procé-
der à cette saisie.
La lettre, ainsi recueillie, aurait été
mise par ce magistrat, sous les yeux
d'un huissier, M* Bomsel qui l'avait eue
autrefois entre les mains, paraît-il, et
l'aurait parfaitement reconnue.
Un rédacteur du Temps a vu M. Bom-
sel qui lui a dit :
— Mes fonctions d'officier ministériel.
me font un devoir de garder la discrétion
la plus absolue. Je ne puis donc pas vous
indiquer la teneur de cette lettre.
— Cependant vous l'avez vue, puisque
vous avezété interrogé afin d'établir son
authenticité. Vous savez qu'elle est écrite
sur du papier pelure, comme le borde-
reau?
— Je ne puis pas nier ce que vous
savez. C'est tout ce que je puis vous ré-
pondre. Je serais d'ailleurs bien embar-
rassé de vous dire si ce papier pelure est
le même que celui du bordereau, car je
n'ai jamais vu le bordereau.
— Quoi qu'il en soit, vous reconnais-
sez bien que la lettre en question vous
a été présentée hier, au Palais de jus-
tice dans le cabinet d'un juge d'instruc-
tion et que vous l'avez reconnue comme
étant la lettredu commandant Eitterbazy
qui avait, à une époque antérieure,
passé sous vos yeux.
— Oui, ce n est pas un secret cela,
puisqu'on m'a vu entrer dans le cabinet
du juge et en sortir. Mais, encore une
fois, je ne veux pas vous en dire davan-
tage.
Le Colonel Picquart
A la version généralement acceptée
depuis quelque temps de la clôture im-
minente de l'information ouverte par
l'autorité militaire sur le compte du
lieutenant-colonel Picquart.et de la. libé-
ration prochaine du prisonnier du
Cherche-Midi, une autre version appuyée
sur de sérieux indices est venue s'oppo-
ser.
Cette seconde version rappelle que les
auditions de témoins se sont poursuivies
sans interruption au Cherche-Midi jus-
qu'à ce jour, inclusivement, et qu'elles
doivent être suivies de la rédaction du
rapport des officiers enquêteurs, travail
qui nécessitera, selon toute vraisem-
blance, plusieurs jours.
Enfin des conclusions seront prises
sur ce rapport par le commissaire du
gouvernement, le lieutenant-colonel
beau
militaire de Paris.
La décision du gouvernement ouvrit*?
enfin au lieutenant-colonel Picquart W
portes du Cherche-Midi.
Les procès en diffamation intentés p«fl
le lieutenant-colonel Picquart à M. Pw
sien et au Jour, d a-lun e part, et à M. Oanlj
et au Jour, d'autre part, ont été appelés]
aujourd'hui devant la 9* chambre correct
tionnelle, présidée par M. Roulleau. 1
M* Labori, à l'appel de la cause, a dit
en substance : j
Je suis dans la même situation qu'il y
a trois semaines : je n'ai toujours pas pu ,
communiquer avec le lieutenant-colonel j
Picquart. Dans ces conditions, il ne
m'appartient pas de demander au tribu-
nal de retenir ou de renvoyer l'affaire. Il
verra lui-même ce qu'il a à faire.
Le président a déclaré-alors que la
cause était remise à huitaine pour indi-
cation. D'ici là, a-t-il ajouté, il est proba-
bie, M- Labori, que vous aurez pu com- :
muniquer avec votre client. j
' M* Tézenas, qui se' présente pour le
Jour, avait demandé la remise à quin-
zaine.
M. Trarieux contre Gyp
Le procès intenté par M. le sénateur
Trarieux,ancien ministre de la justice, à
Gyp, à propos de la publication du Grin-
cnu, dans lesquels il a relevé plusieurs
passages par lui jugés calomnieux, a été
appelé hier à la première chambre du
tribunal civil et remis au 21 décembre
pour plaidoiries.
M. Vervoort contre l' « Aurore » et
les « Droits de l'Homme »
Hier également est venu le procès en
diffamation intenté par M. Vervoort à
l'Aurore et à M. Philippe Dubois, pour
qui se présentait M* Paul Morel.
L'Aurore et M. Dubois ont été con-
damnés à 300 francs d'amende, i franc
de dommages-intérêts, douze insertions
dans divers journaux au choix du plai-
gnant et une dans Y Aupore.
A été aussi appelé- le procès en diffa-
mation contre le Sifflet et M. ibels, des-
[ sinatcur, représenté par M* Monteux.
Après plaidoirie de M- Monteux, De-
! monzic et Lacaze, M. Ibels, dessinateur
du Sifflet, le gérant et l'éditeur de cette
publication ont été acquittés.
M* Tézenas représentait M. Vervoort
dans les deux affaires.
Il y avait une autre affaire de diffama-
tion introduite par M. Vervoort.
Elle concernait les Droits de F Homme
et M. Laurent Tailhade, pour lesquels
devaient se présenter M* Hild et M* Ua-
tineau.
Mais M. Laurent Tailhade étant retenu
à l'hôpital Cochin pour la blessure qu'il
a reçue dans un duel récent, cette affaire
a été remise à quatre semaines.
M' Labori et le Conseil de l'ordre
Nous sommes en mesure d'affirmer
que le conseil de l'ordre des avocats,
saisi par M. Ernest Judet d'une plainte
contre M* Labori, à raison de son inter-
vention dans le dépôt de la plainte pour
faux effectuée par M. Zola contre le
môme M. Judet, a déclaré à l'unanimité
n'y avoir lieu à suivre.
La plainte de M. Judet a été, en con-
séquence, purement et simplement clas-
sée.
AU PARLEMENT
La Chambre
C'est aujourd'hui qu'a lieu la nomina-
tion de la commission du budget.
En prévision de cette élection, la
séance publique de la Chambre n'ouvrira
qu'à trois heures. Toutefois, il y aura
une courte séance à une heure, la for-
malité du tirage au sort des bureaux
chargés de l'élection de la commission
se remplissant en séance publique.
Ajoutons que la commission de la ré-
forme fiscale qui sera saisie du projet
de l'impôt sur le revenu ne sera pas
nommée aujourd'hui. Les bureaux qui
vont être tirés au sort disparaîtront
après la nomination de la commission
du budget pour laquelle ils sont unique-
ment constitués.
CHOSES DE L'ÉDUCATION
L'Ecole des Roches
La plume de M, Demolins est vaillante;
après son ouvrage : A quoi tient la supério-
rité des Anglo-Saxons après Les Français
d'aujourd'hui. Les types sociaux du Midi et du
Centre, il vient de publier (toujours chez
Firroin Didot), I'EDUCATION NOUVELLE. L'E-
cole du Hoches. Ce dernier volume nous
apprend que l'auteur est en train de « réa-
liser » les deux premiers, de les mettre en
action : il fonde une école.
M. Demolins fonde une école, (1) parce
qu'II 11 n'eal pas satisfait des écoles existantps.
n'en est satisfait ni au point de vue ma-
ParL^1'6 8era située en Normandie,. 9 heures de
KL syiUa» français; puis H vase
WÊm ? [tpRN pont nerfs prouver que
1Dita; qps Ton peut mèio#
^BWZMHL sans aucun péril-pris, les
MÈÊmmM'*. DeaaoIia8: elles visent l'en-
Spmsat secondaire de nos lyeées etool-
fflSSbord, éos établissement» d'enseigue-
: lient seooedaire sont située dans les gratt-
âtes villes, et leurs murs recèlent des en-
'tnsements d'élèves.
-ï- Basuite : ces élèves, trop nombreux, sont
soumis à un régime de défiance qui, loin do
fortifier le sentiment de leur responsabilité
'iIIoraIe, l'atrophie.
Snfin, les méthodes ea honneur ne créent
pu les habitudes d'esprit sans lesquelles
a-WdOEL véritablement pas... d'esprit.
Tro formalisme tue l'initiative inteileo-
lieue. la préparation au baccalauréat ré-
duit les études à une série d'exercices de
"moire... Brer.nos baoheliers entrent dans
la vie, tout à fait désarmés.
Ceux des lecteurs de la""". qui ont. . sa
entre les mains mes « Tribunes » de 1 élé
dernier devinent que je suis d'accord sur
beaucoup de points avec l'auteur de l 'Eda-
cation nouw uê; ils se rappellent peut-être
que j'ai indiqué quelques-uns des remèdes
qu'il préconise pour atténuer, sinon pour
guérir le mal.
J'ai dit ce que je pensais des parents qui,
par paresse, éloignaient leurs enfants de la
vie de famitte : J ai dit, qu'en tous cas, les
l, 0688 des villes ne devraient recevoir que
des externes, tandis que les internes se-
raient reçus dans des établissements cons-
truits & la campagne, comme le lycée La-
kanal & Bourg-la-Reine. rajoute aujour-
d'hui que, pour imprimerie mouvement.
l'Etat devrait exiger que tous ses boursiers
fissent leurs études dans des lycées extra-
muros.
La santé des enfants y gagnerait du tout
au tout.
L'éducation (et j'entends par là la culture
de la conscience et de l'esprit) ne s'acco-
mode pas des entassements; elle est, de
même lésée, nous dit M. DemoLins, par l'or-
ganisation du service des professeurs, par
leur spécialisation à l'infini et par notre
système de surveillance.
« Le maître de classe habile avec sa fa-
mille hors de i'écoie. Il n'y vient stricte-
ment qu'à l'heure où il doit faire sa classe.
Il monte dans sa chaire, parie du haut de
sa ehaéxmt, quand l'heure qui marque la
i& de la ! a Méat, U descend de sa
stoaire et s'empresse de regagner son do-
micile en ville. Si c'est un professeur con-
gréçaniste, il s'empresse de regagner sa
chambre. »
Et dans sa classe, il a trop d'élèves pour
s'entretenir personnellement avec eux; il
est même forcé « de les tenir à distance
respectable ». D'autre part, s'il entrepre-
nait de faire venir près de lui, pendant les
études, chacun de ses élèves, la plus grande
partie de son temps y passerait Il.
- Quant aux rapports avec le surveillant,
« ils sont le plus souvent désagréables Il.
De sorte que l' « enfant retombe piteuse-
ment sur lui-même et n'a guère d'autre res-
source que de se retourner vers ses cama-
rades » ce qui ne donne pas toujours d'ex-
cellents résultats.
Alors?... Peu d'élèves, c'est mon avis
comme c'est l'avis de M. Demolinl, dans
chaque classe « communication directe et
personnelle d'homme à homme, de tête à
tète avec l'élève, comme cela se pratique ou
se pratiquait à l'école des Hautes-Etudes et
A la Sorbonne sous la direction de M. Ga-
briel Monod » (cela fait plaisir de trouver en
si bonne place le nom d'un ami!) !
Enfin... car je ne puis tout citer, ce qui
manque, pour donner à l'éducation en
France l'impression de la vie réelle et
complète, c est la présenoe d'une ou de
plusieurs femmes de professeurs.
L'idée délever Venfant en dehors de la pré-
sence et des soins de la femme est vraiment
extraordinaire, POUR NB PAS DIRE PLUS. »
Parlons des études, maintenant.
M. Demotins n'est pas l'ennemi du latin
(je ne l'en félicite pas, parce que ce serait
outrecuidant, mais pour féliciter les enfants
qui seront formés dans t'Ecoie nouvelle-,
mais il pense — et moi aussi — qu'on pour-
rait l'apprendre plus vite et beaucoup
mieux, si l'on appliquait à l'étude de celte
langue — bien que langue morte - les pro-
cédés qu'il faudrait appliquer aussi à l'étude
des langues vivantes. La langue vivante
étant destinée à être parlée devrait s'ap-
prendre, d'abord en parlant, la grammaire
étant reléguée au second plan; la langue
morte étant destinée à être lue, devrait
s'apprendre par la lecture aidée de traduc-
tions. Ce procédé permettrait de pénétrer
l'Arne môme des auteurs dont on connal-
trait des œuvres entières, tandis que celui
que nous employons consiste à chercher la
petite bête grammaticale et à celte recher-
che l'enfant passe jusqu'à dix heures par
semaine pendant... six ans au moins.
Dans 1 école nouvelle toute la période sco-
laire sera partagée en deux sections :
La section générale comprenant toutes les
classes inférieures jusqu à la quatrième;
La section spéciale divisée elle-même en
quatre branches : Lettres, sciences, ayricul-
ture et colonisation, industrie et commerce.
C'est dans cette section spéciale, lettres,
que se place l'étude du taUn.
Pour mettre « à l'honneur ceux qui ont été
à la peine » il est juste de dire que l'Ecolp
âcieéne et la défunte Ecole J/ange ont
pasé le même principe que M. Demolills,
~ qu'elles l'ont mis en pratique dans certai-
nes de ses parties à leurs risques et périls;
l'une d'elles au moins est restée sur ses
positions et l'on s'honore de la saluer en
passant.
Ce dont il faut louer sans réserve M. De-
molins (un peu sévère, parfois, pour nos
méthodes surtout en ce qui concerne la géo-
graphie), c'est de ne pas faire des écoliers
les forçats de l'étude. Ceux-ci s en tirent
aiiaa - I* IJkwékàfkM SÈtÛ
partagé entre divers travaux pratiques :
euiture,travail du tw.""'" l%it
les exercices physiques: mMdiqo&fostr
bail, natation» oanotage, etc. La soire* est
-..... &US . utilUtpItII If..
récréations de société.
La rétribution annuelle à l'Ecole nouvelle
(Ioole des ftoebes) ne permettra qu'aux fa-
vorisés de la fortune d y faire leurs études.
C'est déjà beaucoup d'essayer de faire des
hommes utiles de ceux qui ont de l'argent!
Les autres profiteront de 1"tanovation, 3ar
l'exemole est contagieux.
PAULINE KERGOMARD.
! Le service de la FBO»B MIS
ffcit ,-.""'..n,* peaflea* mm mm
h es-tes les institutrices nynat
rnmmmê mm jearsal trois "..1
mmmàm dhm en.
LIGUE FRANÇAISE
POUR
Le Droit des Femmes
La Ligue, après quatre mois de vacances,
reprenait hier ses travaux.
Fidèlement, membres du groupe et habi-
tués de ses séances, avaient répondu à notre
invitation. Aussi, à 8 h. 40, pouvailron
ouvrir la séance.
Trois rapports étaient à l ordre da jour,
ceux de :
Mlle Kate Schirmacher, déléguée de la
Ligue au Congrès de Hambourg;
Mlle de Sainte-Croix, sur le Congrès abo-
li tioniste de Londres ;
Mlle Bonnevial, sur les grèves féminines,
et la propagande des vacances;
Mlle Schirmaeher a été accueillie avec
une vive sympathie par les femmes alle-
mandes, qui se feront un devoir d'auister
à notre Congrès de 1900.
94 fédérations comprenant chacune une
centaine de sociétés féminines représen-
taient environ 60,000 femmes.
L'idée de la paix entre les nations a été
saluée avec enthousiasme, et l'ordre du
jour voté sur la proposition du tsar, en fa-
veur du désarmement, témoigne d'un désir
intense d'en finir avec les horribles bouche-
ries qui sont indignes de peuples civilisés.
Nous voulons la paixf, disent-elles,comme
femmes, comme mères, comme sœurs, et
ce n'est pas aux gouvernements que nous
demandons, mais aux peuples que nous la
adressons un chaleureux appel en faveur
du désarmement.
Ce rapport qu'il faudrait donner textuel-
lement pour en faire apprécier toute la va-
leur, a été très chaleureusement applaudi.
A l'œuvre, femmes françaisest pour la
propagande en faveur de la patx! De la
paix entre les nations et entre les individus.
Notre Ligue, dit la présidente doit s'affir-
mer en ce sens, et demander les solutions
pacifiques sans se préoccuper qui a tort ou
raison.
Après la guerre, en effet, il faut en venir
à un traité, à des arrangements. Pourquoi
ne pas les prendre avant et éviter l'effusion
du sang?
L'assemblée se prononce dans ce sens, et
l'on décide d'agir auprès de tous les pou-
voirs publics, pour que des délégués, favo'
rables à la Paix. soient envoyés à la Confé-
rence.
C'est le tour à Mlle de Sainte-Croix de
parler sur l'abolition de la réglementation
de la prostitution.
L'éloquente avocate de la « Serve » vi-
brante d'indignation au récit des souffran-
ces et des humiliations subies par les mal-
heureuses victimes de la misere qui font
commerce de leur corps, fait partager son
émotion à l'auditoire.
Au Congrès de Londres, elle a demandé
la liberté individuelle et une même morale
I pour les deux sexes, et elle a trouvé écho
parmi les congressistes.
On invoque l'hygiène, mais là où il n'y a
pas de réglementation, en Angleterre, en
Amérique, en Suisse, la santé publique n'en
est pas plus mauvaise.
Au-dessus de cette considéra'.ion, il y a le
droit, pour l'individu, de disposer de sa
personne.
Et les malheureuses, que Mlle de Sainte-
Crcix appelle cc les marchandes de quatre
saisons de l'amour Cf, sont les victimes
d'une organisation sociale. Changez los
conditions économiques et bientôt tombera,
non seulement la réglementation de la
prostitution, mais la prostitution même.
Quant au rapport de la secrétaire — et
dont la Fronde a donné les éléments à pro-
pos de la propagande faite à Lyon, à
Saint-Elienne, à Rouen — il a amene la pré-
sidente à rappeler que nous no devons pas
abandonner la revendication des droits de
l'ouvrière à la prudhomie.
Knîin une dernière question a été posée.
Pourquoi le témoignage des femmes est-il
refusé dans certaines mairies, pour les
actes notariés?
Mme IVressc-Deraistnes s'est vu refuser
le sien au 17". la Ligue,sur la proposition de
Mme Delilon, écrira d'une part à la dite
mairie pour rappeler au respect de la loi et
d'autre part ainsi que le conseille M. Rous-
sel posera à la Chambre des notaires la
question de savoir quelles raisons de refus
pourraient être invoquées.
La Ligue, avant, do lever sa séance, fait
oauvro de solidarité féminine, en votant des
félicitations il. Minebreyfus pour le courage
inébranlable qu'elle a montré dans la dé-
fense de son honneur et de celui de ses en-
fants attaqués dans la personne de son
mari.
La dignité de ce caractère honore la
femme et nous sommes fières d'elle.
Une lecture du programme du Congrès
organisé pour 1000 prépare la discussion
des questions pour les prochaines séances.
La Secrétaire :
MARIE BONNEVIAL.
A L'Etranger
LE MUNIS DE LORD SALISBURY
y nrj^ntiahnrT^ '''M'JI.' Iller. lArd llftlvt
adéelariq^ tout HoimIIaeat - avaiteaàeoa»
sidérer la question d'une guerre européenne
non pas à un-a distance très rapefoonée, mais
en tout ou av« tiae attention profonde. Un mo.
ment on a puen^requ'elle allait êd&Wr. a Mais le
graad jugement et le grand bon sens montrés
par le gouvernement français dans oeil circon»>
tances de difficultés peu habituelles ont délivré,
je crois, l'Europe d'une tempête très dange-
reuse et très menaçante.Tandis que les choses
étalent Jusqu'à un certain point en suspens,
les aIIrmiUou prodiguées à profusion
par les journaux des deux taétés de la Manebe
firent croire au monde que la guerre était peut.
être plus proche qu'elle ne l'était en rêatliâ. -.
Le gouvernemeBt de la reine a donc été obligé
continue tord SaMsiwry, de prendre les ptéeen*
tiens »Mmtee
Mais la nécessité qui les a fait prendre, ou
tout au moins la aéeeastté immédiate, a main-
tenant dl...--
« U est impossible—et l'oratmr l*ezpuque suf-
fisamment— de mettre fin en quelques instants
à tentât les mesures do précaution que la proxi-
mité d'ea danger présumé peut avoir fait nat
tre. OÂMieoup de déduction ont été faites i
cause de l'activité des préparatifs. •
On le voP. e'est en quelque morte une déclara»
tton catégorique que o« dernières paroles, aux-
quelles la sntte du discours donne un uns ow
cors plus afflrmaUf :
a Je ne dis pasqu'ilest absolument confortable
je ne dis pas que l'occasion de froissement ne
se produise pM ; mais je dis, après avoir re-
gardé tout autour de nous et considéré l'opi-
nion des autres peuples aussi bien que cella
du peuple -ang", je dis que nous croyons pou-
voir très raisonnablement rester pour io présent
dans l'état de choses qui existe maintenant
Quant à la position prise par l'Angleterre es
Egypte, l'honorable pjssmier ministre ajoute :
• J'espère vivement qu'aucune circonstance
ne se produira, nous rendant nécessaire de
modifier à auoua degré notre position en
Egypte; car Je suis convaincu que le monde
ne resterait pas aussi pacifique qu'il est actuel-
lement si ceLte nécessité nous était imposée. •
Enfin la conclusion qui ressort de ces paroles
est absolument rassurante pour la politique
européenne.
. Donc, vous dires : si nous n'alloas pas pren>
dre la Crète, si nous n'allons pas prendre la
Syrie, si nous n'allons pas prendre l'Egypte,
pourquoi faites-vous ces préparatifs ? J'ai déjà
dit que quand on commence des préparatifs, on
ne peut pas les arrêter en un moment; mais
je dois aller plus loin et je dois vous demander
de considérer l'état du moins dans lequel ceux
de notre génération, à la On de ce siècle, vivent
• Nous avons reçu de sa majesté l',emMM«r de
Russie i'invttat prendre les mesures d un désamwnenl des »
UO". 0 '
Politique
La France est en train de s'engager dans des
négociations difficiles dont elle se tire-a avec
honneur, mais qui exigent de la part de ses di
plomates une prudence, une habileté, un tact
qui seuls peuvent amener la fin du malentendu.
Désormais toute résistance apportée au fait ac-
compli est impossible. Quant aux prétentions
qu'il a soulevées et qui consistent a avoir un
accès commercial sur le Nil, et u ,:e délimitatioa
faite dans la province de Babr-elr-OazaI, rien de
tout cela ne peut être formulé à l'heure présente.
Les difficultés administratives se résoudront
à mesure que le Sirdar réoccupera ces terri-
toires, Sur le bruit que les armements allaient
cesser la bourse anglaise a clôturé ferme. La
tension des esprits est donc moins aiguë. La re-
traite de Fashoda va s'opérer, mais on ignore
encore par quelle région on fera revenir
Marchand et ses hommes. Il paraît difficile que
l'expédition retourne par le chemin qu'elle a pris.
La traversée du Bahr-el-Gazal a entraîné des périls
qui ne saur-tient être imposés une seconde fois,
à des troupes que l'on oblige à battre en re-
traite. L'Abyssinie non plus ne peut être la
route suivie, route longue et hérissée d'obsta-
cles. Un Itinéraire supérieur s'offre par la voie
Berber-Souakim. En adoptanteette voie la petite
armée de Marchand procède avec la navigabi-
lité du NU de Pashoda à Khartoum, et do hhar-
toum à Barber, La rapidité (Jos communications
transforme cet itinér iire en un chemin supé-
rieur à toutes les directions qui pourraient être
adoptées.
En conséquence, on prête à notre gouverne-
ment l'intention de conclure un arrangement
avec le gouvernement anglais et les autorités
égyptiennes, allia de faciliter cette dernière
étape de la commission Marchand. En atten-
dant, on a le droit de faire remarquer que si
l'Angleterre avait proclamé le protectorat sur
l'Egypte au lendemain du bombardement d'Ale-
xandrie, elle n'eût pas servi d'involontaire auxi-
liaire aux incidents qui viennent de sur^r.
A Buda-Pcsth une obstruct'on violente a été
faite hier par l'opposition, qui a essayé à plu-
sieurs reprises de provoquer une séance socr';t<
pour établir l'accusation formulée contre le lJa"
ron Banffy. On voulait établir sa culpabilité
pour avoir influencé un premier président de
cour dans un but ctectora!.
t.e baron Banffy a affirmé catégoriquement qu'it
n'est coupable d'aucune irriVufarit^. Divers dé-
putés de la majorité et M. Coloman Thyssa
ont appuyé son attestation; de %-iol,,-nttà allcrca
lions ont eu lieu; la rentrée du baron Ba -itry a
été accueillie avec de.< vociférations; l'agitation
est au comble àlluda-Pesth eu voyant le minis-
tt're mis en accusation.
Le projet prêté à Guillaume Il do s'arrêter &
Cadix à son retour de Palestine prend une
certaine signification de marque do sympathie
pour l'Espagne.et d'avertissement pour i'Améri •
que. Ce serait une preuve que l'entente dont il
a été déjà question entre 1 Angleterre. rAllema-
gne et It Republ*q uc fédérale a éclnué.
Les grands quo..irU8Íl3 anglais n'ont plus reçu
de communications de l'Amirauté au sujet de
l'armement des flottes; cela n'empêche pas
l'activité la plus fiévreuse do régner dans les
chantiers de constructioo?, principalement dans
les ateliers de Porlsmuuth où l'on a travaillé la
nuit dernière aux réparations du cuirassé Itulj-
ruy. Le Trafalgar vient de sorUr des ducks et
do prendre une direction restée inMiwu",
On assure qu'il se rend aux Antilles,
Le commandement effectif de i'escailrJ de la
Manche est le viou amiral Campton Deville. Une
compagnie d'infanterie a quitté hier soir Ports-
mouth à bord d'un croiseur à destination fies
Indes. Une compagnie d'infanterie de marine
s'est embarqué S Devonport.
Nouvelles de la dernière heure
Les dépêches de Toulon annonçant les arme-
ments de l'escadre méditerranéenne sont d¡)..
nuées de tout fondement. Le ministre de la nut-
rine en a donné hier le démenti le plus rigou-
reUK.
MADEMOISELLE.
(3)
LA TRIBUNE
10 NOVEMBRE 1898
BONS POUR LA RÉFORME
Cette rubrique forme um feuilleton NM
éonl U «itfe! change tous les trois jowi.
Mais, pour un de sauvé à demi comme
eelui, combien de perdus sans recours;
combien, qui meurent de chagrin, avant
môme que la misère physique n ait fait
son œuvre t
D'autres en prennent leur parti, et,
de chute en chute, tombent à la mendi-
cité... ils vivent au jour le jour dans des
taudis infects; couverts de loqu«, -ron-
gés de vermine, ils consacrent tout ce
qu'ils récoltent d'aumônes & leur nour-
riture... quand ce n'est pas à la boisson.
Un peu d'abord, pour noyer leur cha-
grin : et-, viteteela devient habitude... be-
soin... passion qui éteint tout reste de
dignité. Et voilà banalement, la genèse
du type carottier — cet être ingénieux,
subtil et compliqué, et fourbe comme
personne, prenant goût, vraiment, aux
difficultés de ce métier et devenant, par
fc multiplicité de lM avaitM, la roublar-
dise de ses stratagèmes, un infime mais !
grouillant vampire de l'Assistance pu-
blique... en restant celui qui crie le plus
contre elle.
Mais l'A. P. n'est pas seule dupe : il a
tant de cordes à son arc! Parfois il réus-
sit — avec quelle adresse! — à se faire
payer son loyer par deux ou trois insti-
tutions charitables à la fois... J'ai connu
une femme qui touchait, sous prétexte
d'un loyer de i50 francs par an, 500
francs.
Il en est qui reçoivent à la fois : au
bureau de bienfaisance, à la Paroisse,
dans une communauté religieuse — si
ce n'est dans deux — et chez les Roths-
child. Et certes, ce ne sont pas les plus
« intéressants • !
Leur logement misérable, leurs hail-
lons, leur saleté soignée, tout est devenu
calcul pour gpitoyer.
Tout cela découle naturellement de
ïaumâne. Faisant l'aumône, notII susci-
tons le mensonge, note» t'encourageons,
nom le payons... Bienfaisance, charité
ont fait leurs preuves. Qu'est-ce qu'on
attend pour leur substituer une bonne
fois la solidarité? C'est consternant... Ou
alors, serait-ce que ce vieil outillage
servirait quand même utilement à d'au-
tres Ans... qu'on n'ose deviner.
Ce droit des vieux que Montorgueil ré-
clamait pour leu nôtres il v a jpeu de
temps (dans YÊekdr) — est depuis long-
tempe reconnu dans plusieurs cantons
suisses. La, nulle mendicité, nulle raison
à raumône. Chaque vieillard, jouissant
du droit de cité ('s Burgerrecht) de sa
YIII8 ou de son £ a droit à 30 ou
20 tram ptr moto, mm lMciolofii, dès,
qu'il a atteint sa soixantième année, —
sans préjudice au bois de chauffage et à
certains avantages particuliers à sa com-
mune.
On appelle cela, non pas : le secours
représentatif des hospices, ni comme ail-
leurs : Y Aumône à la vieillesse, mais :
« La Rente de Citoyen »
... Oui, nous avons, nous, des « Assis-
tance par le Travail » — je crois que
vous en savez quelque chose,.. combien
en va durer la mode ? Entre parenthèse,
en conscience, qu'en pensez-,vous?
.............
Certes, tout cela laisse bien à désirer :
nous en reparlerons ; mais revenons à
nos vieillards.
Dans une famille ouvrière où règne
l'ordre, à chacun sa part de travail est
dévolue; les vieux eux-mêmes y trou-
vent de quoi s'occuper, sans dépassée
leurs forces. On voit la grand'mère -.1
ou même le grand-père promener les
bébés dans les squares, pendant que
père et mère sont à l'usine, à l'atolier.
Le même arrangement ne devrait-il pas j
ôtfe pris dans une société bien organi-
sée? Ceux qui n'auraient pas encore at-
teint i'âgc de la « rente nationale » de-
vraient trouver, de droit, des besognes
correspondant à leurs facultés, besognes
à eux réservées, — avec égard non seu-
lement à leurs forces, mais à leurs habi.
tudes.
Voilà où le rôle de a l'Assistance par
le travail » eet indiqué — rôle non pa$
temporaire, mais bien permanent, suivi.
Il v a mainte besogne facile et légère,
payée des deniers pulbU., et qui devrai
en vérité ejipèrtéair mm conteste Mut
» k'
vieux, exclusivement : ce qui ne souf-
frirait plus aucune difficulté, le jour où
serait votée chez nous la liente de Ci-
toyen pratiquée on Suisse, les retraites
d'employés n'ayant alors plus do raison
d'être.
Autrefois, par exemple, et môme il
y a peu d'années encore, on leur réser-
vait le travail peu fatigant du balayage
des rues — ou, du moins, on ne l'attri-
buait pas exclusivement aux jeunes,
comme on fait aujourd'hui.
... N'etcs-vous pas choquées aussi bien
que moi — oh ! cela « m'indigne !» — en
voyant le balai municipal manié flegma-
tique ment par un robuste gaillard de
vingt-cinq ou trente ans, qui a l'air de
s'amuser à cette besogne — passable-
ment lucrative, je vous assure : car le
moindre y gagne 5 francs par jour, et
peut encore, à côté de cela, se livrer à
qdMquc petit métier.
; ,{it n'êtes-vous pas au moins étonnées
de voir accomplir par des jeunes cette
tâche légère d'allumer le gaz — tandis
aue vous n'ignorez pas, sans doute, les
pé&ib!cs, très pénibles veillées du
Vieux gardien de chantiers!...
Comment, vous ne connaissez pas?
' C'est encore un effet de nuit, et digne
du burin d'un Rembrandt. Oui, on
n'emploie à ce rude métier que des
Vieux... Un entrepreneur a un chantier
Î,p-éserver des voleurs, — une maison
.. construction, ou dés démolitions, à
:àrder la nuit? Il en chargera un vieil-
Urd, recruté parmi les anciens du bâti-
*Unt : ceux qu'on a. remerciés parce
rtttt'ils ne peuvent plus. monterà Iconelle,
jbjrter des charges.,pousser la brouette...
-ud heures du ¥Oif jusqu'à l'aube,
v ;
donc, le malheureux restera,enaque nu)t,
sous la belle étoile; ou il sera, une partie
du temps, terré dans quelque coin de sous- ;
sol pour s'abriter des courants d'air mais ,
non de l'humidité redoutable qui imprè- ,
gne les mortiers et les plâtres, et s'évade
de ces masses de maçonnerie — se-
mence de rhumatismes... Probable qu'il
ne se choisit pas son bivouac au mieux
de ses aises. Et les voleurs? les alertes
le danger pour ce bonhomme débile et
somnolent? Et sa 1 ,;sponsabilité ? S'il
est consciencieux, que les nuits sont
longues — en des affres continuelles 1...
Comment lutterait-il contre deux ou
trois maraudeurs, gaillards dégourdis ?
Il est vrai qu'il a son bâton -- quel épou-
vantail à moineaux !... Le voyez-vous,
l'oreille au guet, muni de cette trique ri-
dicule et sa casquette abaissée jusqu'au |
col, marcher en rond pour ne pas s'an-
kyloser, dani son caveau sépulcral o& |
fume affreusement la mauvaise lampe ?
Souvent, l'entrepreneur défend le moin-
dre feu; qui renseignerait les rôdeurs.
S'il a un brasero, l'oxyde de carbone l'in-
dispçse,l'entretient dans un malaise dont *
il ivtHife rend pas compte, lui prépare à
son insu, un lendemain piteux. Et si
c'est un feu de débris qui brûlotent, la
fumée âcre lui picote les bronches, ses
bronches, délicates d'homme usé... — Si
encore il pouvait profiter du soleil ré-
chauffant de la journée, cet élixir des
vieux comme des enfants... mais il sera
terrassé de sommeil : il s'abattra grelot-
tant sur son lit, à l'heure où sa vieille va
au lavoir pour gagner aussi quelques j
sous, ou pendant qu'elle garde les mio-
ches de la voisine, lui aide à ravauder i
ui bar"
Et savez-vous ce qu'il est payé, luiT
Deux ou trois francs par nuit : et il sou-
haite que cela dure longtemps, puisquo
cela les empêche de mourir de faim, —
oui, mais il en meurt aussi vite, d'ané-
mic !... Que dis-je, c'est une chance en-
core (en est-ce bien une?) s'il échappe
à la pneumonie plusexpéditive,ft ï'atr< ce
torture des rhumatismes articulaires, à
quelque bastonnade soignée rcçnc au
chantier nocturne — cela arrive parfai-
tement: j'en ai vu un tout récemment
qui était resté sur le carreau, après une
expédition de maraudeurs, avec une
jambe cassée, et quatre côtes enfon-
cées...
Le magnanime entrepreneur qui rcm-
ployait a fait porter a sa femme la
somme de cinquante francs, pendant.
que —aux frais de l'Assistance ptlWict.."
aa&tireUeiDent- 04 transportail to vieet:.
à 1%8 tai
Et la pauvre vieille se confond en re-
merciements et en louanges... — oui,
touchée jusqu'aux larmes de cette bonté
du patron.....
Encore une tasse de thé, mes belles
petites, pour vous » remettre » en at.
tendant que Messieurs les édiles. ai-
mables tout à fait ce jour-là, votent poui
nos Anciens la Rente de Citoyen des
Suisses.
Mieux vaut tard que jamais t...
O. GEVIN-CASSAL.
FIN
u.e «ewUikUtrltaM^ la « vu«« a
« VJtefiM et Utopistes »
(Francis Bacon et la .NOUMUO Atlantide}
jptr
au Théâtre
En lisant la plainte de Mme Mef.
hcim contre les ouvreuses, dans la
fronde celles-ci se sont inquiétées de
l'effet produit sur l'esprit public et l'une
d'elles m'a apporté son traité avec la
direction d'un de nos grands théâtres. Je
l'ai lu avec intérêt et j ai pensé qu'il était
de mon devoir de le faire connaître aux
lecteurs et lectrices de la Fronde ; ces
pauvres femmes, terriblement ennuyeu-
ses parfois, sont, comme beaucoup d'au-
tres de nos sœurs, honteusement exploi-
tées par leurs employeurs.
Non seulement elles ne reçoivent au-
cun salaire, mais elles paient pour avoir
le droit de travailler. Je lis en effet dans le
traite : M.X donne à bail par ces préitaits
à Urne ... ce acceptant une place d'ou-
vreuse au théâtre X pour mille représen-
tations^ payables par série de cent, etc »
Ar. 2. — « La place d'ouvreuse est
louée sur le pied de 2 francs par repré-
sentation, ce qui forme, pour la série de
cent, la somme de 300 francs payables
dacancr, treiite^nrrslTPant l'expiration
de la série précédente, c'est-à-dire à la
70* représentation de chaque série. »
Art. 3. — « Le présent bail garantit à
l'ouvreuse sa place pendant mille repré-
sentations payables comme il est dit à
l'article 2, par série de cent, sauf les cas
de mauvais service ou de mauvaise te-
nue, dans lesquels, si la direction croit
devoir remercier l'ouvreuse, celle-ci
n'aurait droit qu'à la restitution pure et
simple de la somme de loyer d avance
versée par elle, moins, bien entendu,
2 francs par représentation déjà donnée
sur la série en cours, et le montant de
l'amende qui lui aura été infligée pour
manquement à la discipline ou inso-
lence. »
Il est dit en outre dans le Règlement
général :
« Il est bien entendu que les ouvreu-
ses demeurent entièrement responsables
vis-à-vis du public de tous les objets qui
leur sont confiés, l'Administration se
réservant le droit, en cas de réclamation,
d'obliger le poste tout entier au rem-
boursement intégral de ]*objet réclamé ».
Ainsi voilà des femmes qui paient le
directeur pour occuper une place, qui
sont responsables des vêtements et au-
tres objets confiés par le public, et qui
n'ont môme pas le droit de réclamer du
spectateur, en échange de leurs services,
la moindre rétribution.
L'article 6 du règlement le leur défend
absolument.
Il est cependant admis, en général,
que toute peine mérite salaire ; or les
ouvreuses rendent des services ou elles
sont inutiles ; dans le premier cas elles
doivent être payées, dans le second sup-
primées !
Au nom de la justice, nous devons,
nous public, nous révolter contre les
directeurs de théâtre et réclamer qu'ils
paient leurs ouvreuses, quitte à imposer
d'une lé^ùre rétribution les billets de
faveur. Nous ne devons pas admettre
que des femmes paient pour avoir le
droit d'épousseter nos fauteuils et nos
loges, pour nous placer, nous donner des
petits bancs, nous garder nos vête-
ments, etc., etc.
Je comprends que l'arrangement ac- 1
tuel est très avantageux pour les direc-
teurs ; en admettant, en effet, 50 ou-
vreuses, en moyenne, dans chaque théâ-
tres, avec une série de 300 représenta-
tions dans l'année, cela représente le
joli chiffre de 30.000 fr. payés par les ou-
vreuses à la direction de chacun de nos
théâtres parisiens.
C'est scandaleux tout simplement !
Laisserons-nous donc éternellement, en
France, écraser les petits ?
MARIA POGNON.
Autour de la Revision
A la Cour de Csmitlm
Toujours le même mystère au Palais
autour des séances de la Cour de Cassa-
tion. Les mesures d'ordre les plus rigou-
reuses empêchent d'approcher de la
salle où ont lieu les débats, et personne
ne se risque plus guère à essayer d'obte-
nir le moindre renseignement.
A neuf heures du matin,M. Cavaignac
a été introduit dans la salle d'audience et
son interrogatoire a aussitôt commencé.
La déposition de l'ancien ministre de
la guerre a été interrompue pour lui
permettre, ainsi qu'aux membres de la
Cour de Cassation, d'aller déjeuner. Elle
a été reprise dans l'après-midi et s'est
terminée après cinq heures.
Le général Zurlindon et le général
Chanoine qui étaient venus au Palais,
ont été avisés que la Cour ne pourrait
pas les entendre.
La Chambre criminelle a levé sa séance
à Oh. 10. Elle doit entendre aujour-
d'hui le général Zurlinden et si elle
eaale tempe meMriel, le' glilwl Chfr
soiae. ,,
Le bruit courait tes les couloirs dt
palais que la chambre criminelle de la
Cour de Cassation se préoeeoperiit du
cas où eUe se trouverait obligée de re-
courir au témoignage deM. de rreycinet
ministre de la guerre.
Dans l'afOrmative, la chambre crimi-
nelle serait envoyée auprès de M. de
Freycinet, qui remettrait une déposition
écrite qui serait considérée comme la
confirmation de la déposition faite par
les anciens ministres de la guerre et
comme un arbitrage sur les contradic-
tions qui pourraient exister entre ces
mêmes dispositions.
Saisie du» lettre du commandant
Bstorfeazy
La Cour de Cassation vient de faire
saisir chez un agent d'affaires de Paris
une pièce dont 1 existence lui a été ré-
vétée au cours de l'enquête à laquelle
elle procède..
Il s'agit d'une lettre du commandant
Esterhazy.
Le texte de cette lettre ne se rapporte
pas à l'affaire Dreyfus. L'importance de
ce document proviendrait seulement du
fait qu'il serait écrit sur du papier pelure
quadrillé identique à celui du bordereau
qui a été présenté au conseil de 1»4,
comme émanant de l'ex-capitaine Drey-
fus.
Or, on sait qu'il résulte des recherches
faites en t804 par MM. Cochefert et Ber-
tillon chez un grand nombre de mar-
chands et de fabricants que ce papier
est extrêmement rare. MM. Cochefert
et Bertillon ne purent même pas en
trouver un seul échantillon conforme à
l'original.
Nous croyons savoir que cette lettre
est d'une date antérieure de plusieurs
mois au bordereau et que, comme le
bordereau, elle e&t écrite au recto et au
verso.
Voici comment auraient été amenées
les perquisitions à la suite desquelles
cette saisie a été opérée :
Le samedi 29 octobre, à l'issue de l'au-
dience de la Cour de cassation, qui venait
d'ordonner l'enquête supplémentaire,Me
Mornard aurait dépos4 une requête ten-
dant à faire ordonner par la côur la
saisie de cette lettre — d'une authenti-
cité certaine — faisant partie d'un dos-
sier contentieux, qui se trouvait entre
les mains d'un homme d'affaires chargé
do recouvrer diverses créances contre le
commandant.
La Cour désigna, pour faire procéder
aux perquisitions, le conseiller Atthalin,
qui lui-même donna à cet effet une com-
mission rogatoire au juge d'instruction
Schlumberger.
M. Schlumberger fit, en effet, procé-
der à cette saisie.
La lettre, ainsi recueillie, aurait été
mise par ce magistrat, sous les yeux
d'un huissier, M* Bomsel qui l'avait eue
autrefois entre les mains, paraît-il, et
l'aurait parfaitement reconnue.
Un rédacteur du Temps a vu M. Bom-
sel qui lui a dit :
— Mes fonctions d'officier ministériel.
me font un devoir de garder la discrétion
la plus absolue. Je ne puis donc pas vous
indiquer la teneur de cette lettre.
— Cependant vous l'avez vue, puisque
vous avezété interrogé afin d'établir son
authenticité. Vous savez qu'elle est écrite
sur du papier pelure, comme le borde-
reau?
— Je ne puis pas nier ce que vous
savez. C'est tout ce que je puis vous ré-
pondre. Je serais d'ailleurs bien embar-
rassé de vous dire si ce papier pelure est
le même que celui du bordereau, car je
n'ai jamais vu le bordereau.
— Quoi qu'il en soit, vous reconnais-
sez bien que la lettre en question vous
a été présentée hier, au Palais de jus-
tice dans le cabinet d'un juge d'instruc-
tion et que vous l'avez reconnue comme
étant la lettredu commandant Eitterbazy
qui avait, à une époque antérieure,
passé sous vos yeux.
— Oui, ce n est pas un secret cela,
puisqu'on m'a vu entrer dans le cabinet
du juge et en sortir. Mais, encore une
fois, je ne veux pas vous en dire davan-
tage.
Le Colonel Picquart
A la version généralement acceptée
depuis quelque temps de la clôture im-
minente de l'information ouverte par
l'autorité militaire sur le compte du
lieutenant-colonel Picquart.et de la. libé-
ration prochaine du prisonnier du
Cherche-Midi, une autre version appuyée
sur de sérieux indices est venue s'oppo-
ser.
Cette seconde version rappelle que les
auditions de témoins se sont poursuivies
sans interruption au Cherche-Midi jus-
qu'à ce jour, inclusivement, et qu'elles
doivent être suivies de la rédaction du
rapport des officiers enquêteurs, travail
qui nécessitera, selon toute vraisem-
blance, plusieurs jours.
Enfin des conclusions seront prises
sur ce rapport par le commissaire du
gouvernement, le lieutenant-colonel
beau
militaire de Paris.
La décision du gouvernement ouvrit*?
enfin au lieutenant-colonel Picquart W
portes du Cherche-Midi.
Les procès en diffamation intentés p«fl
le lieutenant-colonel Picquart à M. Pw
sien et au Jour, d a-lun e part, et à M. Oanlj
et au Jour, d'autre part, ont été appelés]
aujourd'hui devant la 9* chambre correct
tionnelle, présidée par M. Roulleau. 1
M* Labori, à l'appel de la cause, a dit
en substance : j
Je suis dans la même situation qu'il y
a trois semaines : je n'ai toujours pas pu ,
communiquer avec le lieutenant-colonel j
Picquart. Dans ces conditions, il ne
m'appartient pas de demander au tribu-
nal de retenir ou de renvoyer l'affaire. Il
verra lui-même ce qu'il a à faire.
Le président a déclaré-alors que la
cause était remise à huitaine pour indi-
cation. D'ici là, a-t-il ajouté, il est proba-
bie, M- Labori, que vous aurez pu com- :
muniquer avec votre client. j
' M* Tézenas, qui se' présente pour le
Jour, avait demandé la remise à quin-
zaine.
M. Trarieux contre Gyp
Le procès intenté par M. le sénateur
Trarieux,ancien ministre de la justice, à
Gyp, à propos de la publication du Grin-
cnu, dans lesquels il a relevé plusieurs
passages par lui jugés calomnieux, a été
appelé hier à la première chambre du
tribunal civil et remis au 21 décembre
pour plaidoiries.
M. Vervoort contre l' « Aurore » et
les « Droits de l'Homme »
Hier également est venu le procès en
diffamation intenté par M. Vervoort à
l'Aurore et à M. Philippe Dubois, pour
qui se présentait M* Paul Morel.
L'Aurore et M. Dubois ont été con-
damnés à 300 francs d'amende, i franc
de dommages-intérêts, douze insertions
dans divers journaux au choix du plai-
gnant et une dans Y Aupore.
A été aussi appelé- le procès en diffa-
mation contre le Sifflet et M. ibels, des-
[ sinatcur, représenté par M* Monteux.
Après plaidoirie de M- Monteux, De-
! monzic et Lacaze, M. Ibels, dessinateur
du Sifflet, le gérant et l'éditeur de cette
publication ont été acquittés.
M* Tézenas représentait M. Vervoort
dans les deux affaires.
Il y avait une autre affaire de diffama-
tion introduite par M. Vervoort.
Elle concernait les Droits de F Homme
et M. Laurent Tailhade, pour lesquels
devaient se présenter M* Hild et M* Ua-
tineau.
Mais M. Laurent Tailhade étant retenu
à l'hôpital Cochin pour la blessure qu'il
a reçue dans un duel récent, cette affaire
a été remise à quatre semaines.
M' Labori et le Conseil de l'ordre
Nous sommes en mesure d'affirmer
que le conseil de l'ordre des avocats,
saisi par M. Ernest Judet d'une plainte
contre M* Labori, à raison de son inter-
vention dans le dépôt de la plainte pour
faux effectuée par M. Zola contre le
môme M. Judet, a déclaré à l'unanimité
n'y avoir lieu à suivre.
La plainte de M. Judet a été, en con-
séquence, purement et simplement clas-
sée.
AU PARLEMENT
La Chambre
C'est aujourd'hui qu'a lieu la nomina-
tion de la commission du budget.
En prévision de cette élection, la
séance publique de la Chambre n'ouvrira
qu'à trois heures. Toutefois, il y aura
une courte séance à une heure, la for-
malité du tirage au sort des bureaux
chargés de l'élection de la commission
se remplissant en séance publique.
Ajoutons que la commission de la ré-
forme fiscale qui sera saisie du projet
de l'impôt sur le revenu ne sera pas
nommée aujourd'hui. Les bureaux qui
vont être tirés au sort disparaîtront
après la nomination de la commission
du budget pour laquelle ils sont unique-
ment constitués.
CHOSES DE L'ÉDUCATION
L'Ecole des Roches
La plume de M, Demolins est vaillante;
après son ouvrage : A quoi tient la supério-
rité des Anglo-Saxons après Les Français
d'aujourd'hui. Les types sociaux du Midi et du
Centre, il vient de publier (toujours chez
Firroin Didot), I'EDUCATION NOUVELLE. L'E-
cole du Hoches. Ce dernier volume nous
apprend que l'auteur est en train de « réa-
liser » les deux premiers, de les mettre en
action : il fonde une école.
M. Demolins fonde une école, (1) parce
qu'II 11 n'eal pas satisfait des écoles existantps.
n'en est satisfait ni au point de vue ma-
ParL^1'6 8era située en Normandie,. 9 heures de
KL syiUa» français; puis H vase
WÊm ? [tpRN pont nerfs prouver que
1Dita; qps Ton peut mèio#
^BWZMHL sans aucun péril-pris, les
MÈÊmmM'*. DeaaoIia8: elles visent l'en-
Spmsat secondaire de nos lyeées etool-
fflSSbord, éos établissement» d'enseigue-
: lient seooedaire sont située dans les gratt-
âtes villes, et leurs murs recèlent des en-
'tnsements d'élèves.
-ï- Basuite : ces élèves, trop nombreux, sont
soumis à un régime de défiance qui, loin do
fortifier le sentiment de leur responsabilité
'iIIoraIe, l'atrophie.
Snfin, les méthodes ea honneur ne créent
pu les habitudes d'esprit sans lesquelles
a-WdOEL véritablement pas... d'esprit.
Tro formalisme tue l'initiative inteileo-
lieue. la préparation au baccalauréat ré-
duit les études à une série d'exercices de
"moire... Brer.nos baoheliers entrent dans
la vie, tout à fait désarmés.
Ceux des lecteurs de la""". qui ont. . sa
entre les mains mes « Tribunes » de 1 élé
dernier devinent que je suis d'accord sur
beaucoup de points avec l'auteur de l 'Eda-
cation nouw uê; ils se rappellent peut-être
que j'ai indiqué quelques-uns des remèdes
qu'il préconise pour atténuer, sinon pour
guérir le mal.
J'ai dit ce que je pensais des parents qui,
par paresse, éloignaient leurs enfants de la
vie de famitte : J ai dit, qu'en tous cas, les
l, 0688 des villes ne devraient recevoir que
des externes, tandis que les internes se-
raient reçus dans des établissements cons-
truits & la campagne, comme le lycée La-
kanal & Bourg-la-Reine. rajoute aujour-
d'hui que, pour imprimerie mouvement.
l'Etat devrait exiger que tous ses boursiers
fissent leurs études dans des lycées extra-
muros.
La santé des enfants y gagnerait du tout
au tout.
L'éducation (et j'entends par là la culture
de la conscience et de l'esprit) ne s'acco-
mode pas des entassements; elle est, de
même lésée, nous dit M. DemoLins, par l'or-
ganisation du service des professeurs, par
leur spécialisation à l'infini et par notre
système de surveillance.
« Le maître de classe habile avec sa fa-
mille hors de i'écoie. Il n'y vient stricte-
ment qu'à l'heure où il doit faire sa classe.
Il monte dans sa chaire, parie du haut de
sa ehaéxmt, quand l'heure qui marque la
i& de la ! a Méat, U descend de sa
stoaire et s'empresse de regagner son do-
micile en ville. Si c'est un professeur con-
gréçaniste, il s'empresse de regagner sa
chambre. »
Et dans sa classe, il a trop d'élèves pour
s'entretenir personnellement avec eux; il
est même forcé « de les tenir à distance
respectable ». D'autre part, s'il entrepre-
nait de faire venir près de lui, pendant les
études, chacun de ses élèves, la plus grande
partie de son temps y passerait Il.
- Quant aux rapports avec le surveillant,
« ils sont le plus souvent désagréables Il.
De sorte que l' « enfant retombe piteuse-
ment sur lui-même et n'a guère d'autre res-
source que de se retourner vers ses cama-
rades » ce qui ne donne pas toujours d'ex-
cellents résultats.
Alors?... Peu d'élèves, c'est mon avis
comme c'est l'avis de M. Demolinl, dans
chaque classe « communication directe et
personnelle d'homme à homme, de tête à
tète avec l'élève, comme cela se pratique ou
se pratiquait à l'école des Hautes-Etudes et
A la Sorbonne sous la direction de M. Ga-
briel Monod » (cela fait plaisir de trouver en
si bonne place le nom d'un ami!) !
Enfin... car je ne puis tout citer, ce qui
manque, pour donner à l'éducation en
France l'impression de la vie réelle et
complète, c est la présenoe d'une ou de
plusieurs femmes de professeurs.
L'idée délever Venfant en dehors de la pré-
sence et des soins de la femme est vraiment
extraordinaire, POUR NB PAS DIRE PLUS. »
Parlons des études, maintenant.
M. Demotins n'est pas l'ennemi du latin
(je ne l'en félicite pas, parce que ce serait
outrecuidant, mais pour féliciter les enfants
qui seront formés dans t'Ecoie nouvelle-,
mais il pense — et moi aussi — qu'on pour-
rait l'apprendre plus vite et beaucoup
mieux, si l'on appliquait à l'étude de celte
langue — bien que langue morte - les pro-
cédés qu'il faudrait appliquer aussi à l'étude
des langues vivantes. La langue vivante
étant destinée à être parlée devrait s'ap-
prendre, d'abord en parlant, la grammaire
étant reléguée au second plan; la langue
morte étant destinée à être lue, devrait
s'apprendre par la lecture aidée de traduc-
tions. Ce procédé permettrait de pénétrer
l'Arne môme des auteurs dont on connal-
trait des œuvres entières, tandis que celui
que nous employons consiste à chercher la
petite bête grammaticale et à celte recher-
che l'enfant passe jusqu'à dix heures par
semaine pendant... six ans au moins.
Dans 1 école nouvelle toute la période sco-
laire sera partagée en deux sections :
La section générale comprenant toutes les
classes inférieures jusqu à la quatrième;
La section spéciale divisée elle-même en
quatre branches : Lettres, sciences, ayricul-
ture et colonisation, industrie et commerce.
C'est dans cette section spéciale, lettres,
que se place l'étude du taUn.
Pour mettre « à l'honneur ceux qui ont été
à la peine » il est juste de dire que l'Ecolp
âcieéne et la défunte Ecole J/ange ont
pasé le même principe que M. Demolills,
~ qu'elles l'ont mis en pratique dans certai-
nes de ses parties à leurs risques et périls;
l'une d'elles au moins est restée sur ses
positions et l'on s'honore de la saluer en
passant.
Ce dont il faut louer sans réserve M. De-
molins (un peu sévère, parfois, pour nos
méthodes surtout en ce qui concerne la géo-
graphie), c'est de ne pas faire des écoliers
les forçats de l'étude. Ceux-ci s en tirent
aiiaa - I* IJkwékàfkM SÈtÛ
partagé entre divers travaux pratiques :
euiture,travail du tw.""'" l%it
les exercices physiques: mMdiqo&fostr
bail, natation» oanotage, etc. La soire* est
-..... &US . utilUtpItII If..
récréations de société.
La rétribution annuelle à l'Ecole nouvelle
(Ioole des ftoebes) ne permettra qu'aux fa-
vorisés de la fortune d y faire leurs études.
C'est déjà beaucoup d'essayer de faire des
hommes utiles de ceux qui ont de l'argent!
Les autres profiteront de 1"tanovation, 3ar
l'exemole est contagieux.
PAULINE KERGOMARD.
! Le service de la FBO»B MIS
ffcit ,-.""'..n,* peaflea* mm mm
h es-tes les institutrices nynat
rnmmmê mm jearsal trois "..1
mmmàm dhm en.
LIGUE FRANÇAISE
POUR
Le Droit des Femmes
La Ligue, après quatre mois de vacances,
reprenait hier ses travaux.
Fidèlement, membres du groupe et habi-
tués de ses séances, avaient répondu à notre
invitation. Aussi, à 8 h. 40, pouvailron
ouvrir la séance.
Trois rapports étaient à l ordre da jour,
ceux de :
Mlle Kate Schirmacher, déléguée de la
Ligue au Congrès de Hambourg;
Mlle de Sainte-Croix, sur le Congrès abo-
li tioniste de Londres ;
Mlle Bonnevial, sur les grèves féminines,
et la propagande des vacances;
Mlle Schirmaeher a été accueillie avec
une vive sympathie par les femmes alle-
mandes, qui se feront un devoir d'auister
à notre Congrès de 1900.
94 fédérations comprenant chacune une
centaine de sociétés féminines représen-
taient environ 60,000 femmes.
L'idée de la paix entre les nations a été
saluée avec enthousiasme, et l'ordre du
jour voté sur la proposition du tsar, en fa-
veur du désarmement, témoigne d'un désir
intense d'en finir avec les horribles bouche-
ries qui sont indignes de peuples civilisés.
Nous voulons la paixf, disent-elles,comme
femmes, comme mères, comme sœurs, et
ce n'est pas aux gouvernements que nous
demandons, mais aux peuples que nous la
adressons un chaleureux appel en faveur
du désarmement.
Ce rapport qu'il faudrait donner textuel-
lement pour en faire apprécier toute la va-
leur, a été très chaleureusement applaudi.
A l'œuvre, femmes françaisest pour la
propagande en faveur de la patx! De la
paix entre les nations et entre les individus.
Notre Ligue, dit la présidente doit s'affir-
mer en ce sens, et demander les solutions
pacifiques sans se préoccuper qui a tort ou
raison.
Après la guerre, en effet, il faut en venir
à un traité, à des arrangements. Pourquoi
ne pas les prendre avant et éviter l'effusion
du sang?
L'assemblée se prononce dans ce sens, et
l'on décide d'agir auprès de tous les pou-
voirs publics, pour que des délégués, favo'
rables à la Paix. soient envoyés à la Confé-
rence.
C'est le tour à Mlle de Sainte-Croix de
parler sur l'abolition de la réglementation
de la prostitution.
L'éloquente avocate de la « Serve » vi-
brante d'indignation au récit des souffran-
ces et des humiliations subies par les mal-
heureuses victimes de la misere qui font
commerce de leur corps, fait partager son
émotion à l'auditoire.
Au Congrès de Londres, elle a demandé
la liberté individuelle et une même morale
I pour les deux sexes, et elle a trouvé écho
parmi les congressistes.
On invoque l'hygiène, mais là où il n'y a
pas de réglementation, en Angleterre, en
Amérique, en Suisse, la santé publique n'en
est pas plus mauvaise.
Au-dessus de cette considéra'.ion, il y a le
droit, pour l'individu, de disposer de sa
personne.
Et les malheureuses, que Mlle de Sainte-
Crcix appelle cc les marchandes de quatre
saisons de l'amour Cf, sont les victimes
d'une organisation sociale. Changez los
conditions économiques et bientôt tombera,
non seulement la réglementation de la
prostitution, mais la prostitution même.
Quant au rapport de la secrétaire — et
dont la Fronde a donné les éléments à pro-
pos de la propagande faite à Lyon, à
Saint-Elienne, à Rouen — il a amene la pré-
sidente à rappeler que nous no devons pas
abandonner la revendication des droits de
l'ouvrière à la prudhomie.
Knîin une dernière question a été posée.
Pourquoi le témoignage des femmes est-il
refusé dans certaines mairies, pour les
actes notariés?
Mme IVressc-Deraistnes s'est vu refuser
le sien au 17". la Ligue,sur la proposition de
Mme Delilon, écrira d'une part à la dite
mairie pour rappeler au respect de la loi et
d'autre part ainsi que le conseille M. Rous-
sel posera à la Chambre des notaires la
question de savoir quelles raisons de refus
pourraient être invoquées.
La Ligue, avant, do lever sa séance, fait
oauvro de solidarité féminine, en votant des
félicitations il. Minebreyfus pour le courage
inébranlable qu'elle a montré dans la dé-
fense de son honneur et de celui de ses en-
fants attaqués dans la personne de son
mari.
La dignité de ce caractère honore la
femme et nous sommes fières d'elle.
Une lecture du programme du Congrès
organisé pour 1000 prépare la discussion
des questions pour les prochaines séances.
La Secrétaire :
MARIE BONNEVIAL.
A L'Etranger
LE MUNIS DE LORD SALISBURY
y nrj^ntiahnrT^ '''M'JI.' Iller. lArd llftlvt
adéelariq^ tout HoimIIaeat - avaiteaàeoa»
sidérer la question d'une guerre européenne
non pas à un-a distance très rapefoonée, mais
en tout ou av« tiae attention profonde. Un mo.
ment on a puen^requ'elle allait êd&Wr. a Mais le
graad jugement et le grand bon sens montrés
par le gouvernement français dans oeil circon»>
tances de difficultés peu habituelles ont délivré,
je crois, l'Europe d'une tempête très dange-
reuse et très menaçante.Tandis que les choses
étalent Jusqu'à un certain point en suspens,
les aIIrmiUou prodiguées à profusion
par les journaux des deux taétés de la Manebe
firent croire au monde que la guerre était peut.
être plus proche qu'elle ne l'était en rêatliâ. -.
Le gouvernemeBt de la reine a donc été obligé
continue tord SaMsiwry, de prendre les ptéeen*
tiens »Mmtee
Mais la nécessité qui les a fait prendre, ou
tout au moins la aéeeastté immédiate, a main-
tenant dl...--
« U est impossible—et l'oratmr l*ezpuque suf-
fisamment— de mettre fin en quelques instants
à tentât les mesures do précaution que la proxi-
mité d'ea danger présumé peut avoir fait nat
tre. OÂMieoup de déduction ont été faites i
cause de l'activité des préparatifs. •
On le voP. e'est en quelque morte une déclara»
tton catégorique que o« dernières paroles, aux-
quelles la sntte du discours donne un uns ow
cors plus afflrmaUf :
a Je ne dis pasqu'ilest absolument confortable
je ne dis pas que l'occasion de froissement ne
se produise pM ; mais je dis, après avoir re-
gardé tout autour de nous et considéré l'opi-
nion des autres peuples aussi bien que cella
du peuple -ang", je dis que nous croyons pou-
voir très raisonnablement rester pour io présent
dans l'état de choses qui existe maintenant
Quant à la position prise par l'Angleterre es
Egypte, l'honorable pjssmier ministre ajoute :
• J'espère vivement qu'aucune circonstance
ne se produira, nous rendant nécessaire de
modifier à auoua degré notre position en
Egypte; car Je suis convaincu que le monde
ne resterait pas aussi pacifique qu'il est actuel-
lement si ceLte nécessité nous était imposée. •
Enfin la conclusion qui ressort de ces paroles
est absolument rassurante pour la politique
européenne.
. Donc, vous dires : si nous n'alloas pas pren>
dre la Crète, si nous n'allons pas prendre la
Syrie, si nous n'allons pas prendre l'Egypte,
pourquoi faites-vous ces préparatifs ? J'ai déjà
dit que quand on commence des préparatifs, on
ne peut pas les arrêter en un moment; mais
je dois aller plus loin et je dois vous demander
de considérer l'état du moins dans lequel ceux
de notre génération, à la On de ce siècle, vivent
• Nous avons reçu de sa majesté l',emMM«r de
Russie i'invttat
UO". 0 '
Politique
La France est en train de s'engager dans des
négociations difficiles dont elle se tire-a avec
honneur, mais qui exigent de la part de ses di
plomates une prudence, une habileté, un tact
qui seuls peuvent amener la fin du malentendu.
Désormais toute résistance apportée au fait ac-
compli est impossible. Quant aux prétentions
qu'il a soulevées et qui consistent a avoir un
accès commercial sur le Nil, et u ,:e délimitatioa
faite dans la province de Babr-elr-OazaI, rien de
tout cela ne peut être formulé à l'heure présente.
Les difficultés administratives se résoudront
à mesure que le Sirdar réoccupera ces terri-
toires, Sur le bruit que les armements allaient
cesser la bourse anglaise a clôturé ferme. La
tension des esprits est donc moins aiguë. La re-
traite de Fashoda va s'opérer, mais on ignore
encore par quelle région on fera revenir
Marchand et ses hommes. Il paraît difficile que
l'expédition retourne par le chemin qu'elle a pris.
La traversée du Bahr-el-Gazal a entraîné des périls
qui ne saur-tient être imposés une seconde fois,
à des troupes que l'on oblige à battre en re-
traite. L'Abyssinie non plus ne peut être la
route suivie, route longue et hérissée d'obsta-
cles. Un Itinéraire supérieur s'offre par la voie
Berber-Souakim. En adoptanteette voie la petite
armée de Marchand procède avec la navigabi-
lité du NU de Pashoda à Khartoum, et do hhar-
toum à Barber, La rapidité (Jos communications
transforme cet itinér iire en un chemin supé-
rieur à toutes les directions qui pourraient être
adoptées.
En conséquence, on prête à notre gouverne-
ment l'intention de conclure un arrangement
avec le gouvernement anglais et les autorités
égyptiennes, allia de faciliter cette dernière
étape de la commission Marchand. En atten-
dant, on a le droit de faire remarquer que si
l'Angleterre avait proclamé le protectorat sur
l'Egypte au lendemain du bombardement d'Ale-
xandrie, elle n'eût pas servi d'involontaire auxi-
liaire aux incidents qui viennent de sur^r.
A Buda-Pcsth une obstruct'on violente a été
faite hier par l'opposition, qui a essayé à plu-
sieurs reprises de provoquer une séance socr';t<
pour établir l'accusation formulée contre le lJa"
ron Banffy. On voulait établir sa culpabilité
pour avoir influencé un premier président de
cour dans un but ctectora!.
t.e baron Banffy a affirmé catégoriquement qu'it
n'est coupable d'aucune irriVufarit^. Divers dé-
putés de la majorité et M. Coloman Thyssa
ont appuyé son attestation; de %-iol,,-nttà allcrca
lions ont eu lieu; la rentrée du baron Ba -itry a
été accueillie avec de.< vociférations; l'agitation
est au comble àlluda-Pesth eu voyant le minis-
tt're mis en accusation.
Le projet prêté à Guillaume Il do s'arrêter &
Cadix à son retour de Palestine prend une
certaine signification de marque do sympathie
pour l'Espagne.et d'avertissement pour i'Améri •
que. Ce serait une preuve que l'entente dont il
a été déjà question entre 1 Angleterre. rAllema-
gne et It Republ*q uc fédérale a éclnué.
Les grands quo..irU8Íl3 anglais n'ont plus reçu
de communications de l'Amirauté au sujet de
l'armement des flottes; cela n'empêche pas
l'activité la plus fiévreuse do régner dans les
chantiers de constructioo?, principalement dans
les ateliers de Porlsmuuth où l'on a travaillé la
nuit dernière aux réparations du cuirassé Itulj-
ruy. Le Trafalgar vient de sorUr des ducks et
do prendre une direction restée inMiwu",
On assure qu'il se rend aux Antilles,
Le commandement effectif de i'escailrJ de la
Manche est le viou amiral Campton Deville. Une
compagnie d'infanterie a quitté hier soir Ports-
mouth à bord d'un croiseur à destination fies
Indes. Une compagnie d'infanterie de marine
s'est embarqué S Devonport.
Nouvelles de la dernière heure
Les dépêches de Toulon annonçant les arme-
ments de l'escadre méditerranéenne sont d¡)..
nuées de tout fondement. Le ministre de la nut-
rine en a donné hier le démenti le plus rigou-
reUK.
MADEMOISELLE.
(3)
LA TRIBUNE
10 NOVEMBRE 1898
BONS POUR LA RÉFORME
Cette rubrique forme um feuilleton NM
éonl U «itfe! change tous les trois jowi.
Mais, pour un de sauvé à demi comme
eelui, combien de perdus sans recours;
combien, qui meurent de chagrin, avant
môme que la misère physique n ait fait
son œuvre t
D'autres en prennent leur parti, et,
de chute en chute, tombent à la mendi-
cité... ils vivent au jour le jour dans des
taudis infects; couverts de loqu«, -ron-
gés de vermine, ils consacrent tout ce
qu'ils récoltent d'aumônes & leur nour-
riture... quand ce n'est pas à la boisson.
Un peu d'abord, pour noyer leur cha-
grin : et-, viteteela devient habitude... be-
soin... passion qui éteint tout reste de
dignité. Et voilà banalement, la genèse
du type carottier — cet être ingénieux,
subtil et compliqué, et fourbe comme
personne, prenant goût, vraiment, aux
difficultés de ce métier et devenant, par
fc multiplicité de lM avaitM, la roublar-
dise de ses stratagèmes, un infime mais !
grouillant vampire de l'Assistance pu-
blique... en restant celui qui crie le plus
contre elle.
Mais l'A. P. n'est pas seule dupe : il a
tant de cordes à son arc! Parfois il réus-
sit — avec quelle adresse! — à se faire
payer son loyer par deux ou trois insti-
tutions charitables à la fois... J'ai connu
une femme qui touchait, sous prétexte
d'un loyer de i50 francs par an, 500
francs.
Il en est qui reçoivent à la fois : au
bureau de bienfaisance, à la Paroisse,
dans une communauté religieuse — si
ce n'est dans deux — et chez les Roths-
child. Et certes, ce ne sont pas les plus
« intéressants • !
Leur logement misérable, leurs hail-
lons, leur saleté soignée, tout est devenu
calcul pour gpitoyer.
Tout cela découle naturellement de
ïaumâne. Faisant l'aumône, notII susci-
tons le mensonge, note» t'encourageons,
nom le payons... Bienfaisance, charité
ont fait leurs preuves. Qu'est-ce qu'on
attend pour leur substituer une bonne
fois la solidarité? C'est consternant... Ou
alors, serait-ce que ce vieil outillage
servirait quand même utilement à d'au-
tres Ans... qu'on n'ose deviner.
Ce droit des vieux que Montorgueil ré-
clamait pour leu nôtres il v a jpeu de
temps (dans YÊekdr) — est depuis long-
tempe reconnu dans plusieurs cantons
suisses. La, nulle mendicité, nulle raison
à raumône. Chaque vieillard, jouissant
du droit de cité ('s Burgerrecht) de sa
YIII8 ou de son £ a droit à 30 ou
20 tram ptr moto, mm lMciolofii, dès,
qu'il a atteint sa soixantième année, —
sans préjudice au bois de chauffage et à
certains avantages particuliers à sa com-
mune.
On appelle cela, non pas : le secours
représentatif des hospices, ni comme ail-
leurs : Y Aumône à la vieillesse, mais :
« La Rente de Citoyen »
... Oui, nous avons, nous, des « Assis-
tance par le Travail » — je crois que
vous en savez quelque chose,.. combien
en va durer la mode ? Entre parenthèse,
en conscience, qu'en pensez-,vous?
.............
Certes, tout cela laisse bien à désirer :
nous en reparlerons ; mais revenons à
nos vieillards.
Dans une famille ouvrière où règne
l'ordre, à chacun sa part de travail est
dévolue; les vieux eux-mêmes y trou-
vent de quoi s'occuper, sans dépassée
leurs forces. On voit la grand'mère -.1
ou même le grand-père promener les
bébés dans les squares, pendant que
père et mère sont à l'usine, à l'atolier.
Le même arrangement ne devrait-il pas j
ôtfe pris dans une société bien organi-
sée? Ceux qui n'auraient pas encore at-
teint i'âgc de la « rente nationale » de-
vraient trouver, de droit, des besognes
correspondant à leurs facultés, besognes
à eux réservées, — avec égard non seu-
lement à leurs forces, mais à leurs habi.
tudes.
Voilà où le rôle de a l'Assistance par
le travail » eet indiqué — rôle non pa$
temporaire, mais bien permanent, suivi.
Il v a mainte besogne facile et légère,
payée des deniers pulbU., et qui devrai
en vérité ejipèrtéair mm conteste Mut
» k'
vieux, exclusivement : ce qui ne souf-
frirait plus aucune difficulté, le jour où
serait votée chez nous la liente de Ci-
toyen pratiquée on Suisse, les retraites
d'employés n'ayant alors plus do raison
d'être.
Autrefois, par exemple, et môme il
y a peu d'années encore, on leur réser-
vait le travail peu fatigant du balayage
des rues — ou, du moins, on ne l'attri-
buait pas exclusivement aux jeunes,
comme on fait aujourd'hui.
... N'etcs-vous pas choquées aussi bien
que moi — oh ! cela « m'indigne !» — en
voyant le balai municipal manié flegma-
tique ment par un robuste gaillard de
vingt-cinq ou trente ans, qui a l'air de
s'amuser à cette besogne — passable-
ment lucrative, je vous assure : car le
moindre y gagne 5 francs par jour, et
peut encore, à côté de cela, se livrer à
qdMquc petit métier.
; ,{it n'êtes-vous pas au moins étonnées
de voir accomplir par des jeunes cette
tâche légère d'allumer le gaz — tandis
aue vous n'ignorez pas, sans doute, les
pé&ib!cs, très pénibles veillées du
Vieux gardien de chantiers!...
Comment, vous ne connaissez pas?
' C'est encore un effet de nuit, et digne
du burin d'un Rembrandt. Oui, on
n'emploie à ce rude métier que des
Vieux... Un entrepreneur a un chantier
Î,p-éserver des voleurs, — une maison
.. construction, ou dés démolitions, à
:àrder la nuit? Il en chargera un vieil-
Urd, recruté parmi les anciens du bâti-
*Unt : ceux qu'on a. remerciés parce
rtttt'ils ne peuvent plus. monterà Iconelle,
jbjrter des charges.,pousser la brouette...
-ud heures du ¥Oif jusqu'à l'aube,
v ;
donc, le malheureux restera,enaque nu)t,
sous la belle étoile; ou il sera, une partie
du temps, terré dans quelque coin de sous- ;
sol pour s'abriter des courants d'air mais ,
non de l'humidité redoutable qui imprè- ,
gne les mortiers et les plâtres, et s'évade
de ces masses de maçonnerie — se-
mence de rhumatismes... Probable qu'il
ne se choisit pas son bivouac au mieux
de ses aises. Et les voleurs? les alertes
le danger pour ce bonhomme débile et
somnolent? Et sa 1 ,;sponsabilité ? S'il
est consciencieux, que les nuits sont
longues — en des affres continuelles 1...
Comment lutterait-il contre deux ou
trois maraudeurs, gaillards dégourdis ?
Il est vrai qu'il a son bâton -- quel épou-
vantail à moineaux !... Le voyez-vous,
l'oreille au guet, muni de cette trique ri-
dicule et sa casquette abaissée jusqu'au |
col, marcher en rond pour ne pas s'an-
kyloser, dani son caveau sépulcral o& |
fume affreusement la mauvaise lampe ?
Souvent, l'entrepreneur défend le moin-
dre feu; qui renseignerait les rôdeurs.
S'il a un brasero, l'oxyde de carbone l'in-
dispçse,l'entretient dans un malaise dont *
il ivtHife rend pas compte, lui prépare à
son insu, un lendemain piteux. Et si
c'est un feu de débris qui brûlotent, la
fumée âcre lui picote les bronches, ses
bronches, délicates d'homme usé... — Si
encore il pouvait profiter du soleil ré-
chauffant de la journée, cet élixir des
vieux comme des enfants... mais il sera
terrassé de sommeil : il s'abattra grelot-
tant sur son lit, à l'heure où sa vieille va
au lavoir pour gagner aussi quelques j
sous, ou pendant qu'elle garde les mio-
ches de la voisine, lui aide à ravauder i
ui bar"
Et savez-vous ce qu'il est payé, luiT
Deux ou trois francs par nuit : et il sou-
haite que cela dure longtemps, puisquo
cela les empêche de mourir de faim, —
oui, mais il en meurt aussi vite, d'ané-
mic !... Que dis-je, c'est une chance en-
core (en est-ce bien une?) s'il échappe
à la pneumonie plusexpéditive,ft ï'atr< ce
torture des rhumatismes articulaires, à
quelque bastonnade soignée rcçnc au
chantier nocturne — cela arrive parfai-
tement: j'en ai vu un tout récemment
qui était resté sur le carreau, après une
expédition de maraudeurs, avec une
jambe cassée, et quatre côtes enfon-
cées...
Le magnanime entrepreneur qui rcm-
ployait a fait porter a sa femme la
somme de cinquante francs, pendant.
que —aux frais de l'Assistance ptlWict.."
aa&tireUeiDent- 04 transportail to vieet:.
à 1%8 tai
Et la pauvre vieille se confond en re-
merciements et en louanges... — oui,
touchée jusqu'aux larmes de cette bonté
du patron.....
Encore une tasse de thé, mes belles
petites, pour vous » remettre » en at.
tendant que Messieurs les édiles. ai-
mables tout à fait ce jour-là, votent poui
nos Anciens la Rente de Citoyen des
Suisses.
Mieux vaut tard que jamais t...
O. GEVIN-CASSAL.
FIN
u.e «ewUikUtrltaM^ la « vu«« a
« VJtefiM et Utopistes »
(Francis Bacon et la .NOUMUO Atlantide}
jptr
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 63.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 63.36%.
- Auteurs similaires De Waleffe Maurice De Waleffe Maurice /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "De Waleffe Maurice" or dc.contributor adj "De Waleffe Maurice")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6703456k/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6703456k/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6703456k/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6703456k/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6703456k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6703456k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6703456k/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest