Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-07-22
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 juillet 1898 22 juillet 1898
Description : 1898/07/22 (A2,N226). 1898/07/22 (A2,N226).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703345f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
sont abandonnées. A La» Palin"s, it Santa
Cruz du Téaérile, les taabiUnts d.-serlcnt
les villes. Cependant tout rait supposer que
ce n'est pas à Ténérife qu'il faut aliemlre
un débarquement 80s assiégeants mais
plutôt vers les iles de Laiizarole et Gra-
ciosa qui semblent destinées à ollrir des
points de repère comme stations navales.
A Washington, la dissidence s'accentue
entre l'armén fédérale ot les Cubains. ceux-
ci lont valoir COIÎWUÏ principal argument
Jeur crainte tto l'annexion de Cuba; soit.
Mais il est permis de dire hautement que
Cuba, deveuu possession des Elab-Vuis, ne
peut que traîner -qous. un gouvernement qui
préserve ses habitants du meurtre et du
pd!npe.
L'heure est donc absolument propice à
J'entrée en scène des plénipotentiaires, et
tandis que les Espagnols parlent toujours
do la guerre à outrance, le Foreign OItice
paraît se déterminer à agir dans ce sens.
Des conseils de pacification ont.''te donnés
par l'Anelt-lerre il .Madrid et à Washington.
A Londres on opère une pression active sur
le cabinet. Sairasta pour le décider il. tenter
certaines ouvertures auprès ilit cabinet tic
Washington dans le but de l'amener à dé-
clarer définitivement à quelles conditions
la prnx pourrait être conclue. Il est naturel
que 1e cabinet anglais envoyant le déve-
loppement que la campagne hispano-ame-
ricainc pre!t'! chaque jour pressente que le
cours des choses "adoptera une direction
inquiétante pour l'Europe. Il est de toute évi-
douce cpïo les Etats-Unis posséderont une
base d'opérations sur notre continent,et que,
l'occupation de quelques-uns de leurs ua\'t-
resdans les ports de la péninsule devra créer
des diriictillés, puisqu'on réalité c'est une
phase inattendue donnée à la guerre, Ou a
lieu d''''t:'c informé que le cabinet de Wash-
ington a jeté les veux sur les iles Baléares
pour la centralisation des forces navales de
l'escadre Watson; de plus on suit que le
centrât Mil"* a demandé au gouvernement
de î'!.'nion l'aulorisation de conduire son
armée ,"ln Hsp.'mnc lorsque l'orto-llico sera
possession ,U¡1él'icaillC, Eu voila plus qu d
n'en faut pour que M. Sagasta com prenne
enfin que l'heure des sacrifices a sonne et
que le concours des Elats européens lui est
.i«>nni4 dôs u:t'il se décidera à entrer dans
cette voie.
IBO.
Lettre d'Egypte
Et tandis que les paquebots sombrent,
quo les rois voyagent, que les Espagnols
combattent et meurent, en vrais héros;
tandis que les ministères sautent, que les
touristes préparent leurs Uiedekt-rs et
leurs piolets pour les ascensions, taudis que
les prm,'.llu/ls «l'occasion naissent, en Au-
triche. et que Irs le Mme Itigo » vendent
leur mari, l'Angleterre paisiule eL sereine
poursuit ici t-uu rôle do civilisatrice lorcée.
La vente de la tl;tïi-a Sanieh, la formation
de la banque nationale dont- l'em:ssioll des
actions ouvertes hier ù. Alexandrie a été
couverte trente-trois fois n'ont pas sulti,
Voici une nouvelle pierre «1 essai habilement
lancée cette semaine et don t. pursoum', hélas
riesontrease plaindre. De puis que les chemins
de fur tbncUunnùnt- sur la terre d'Egypte les
trois atlllllUistralcur:; ont toujours l,lé choi-
sis parmi les trois nations intéressées : un
Anglais,un Egyptien, un Fran'.-ais. Quand par
la mort ou Il: départ volontaire île i un
d'eux, son poste se trouvait vacant, il était
immédiatement remplacé par un de ses
compatri-.tes et il ne paraissait pas pos-
sible qu'il put même en être autr.-nu'nL
Or, voici que M. Prompt, administrateur
français dont les capacités d ailleurs sont
connues, est obligé par des raisons d;lge
et de santé il quitter l'Egypte, que croyex-
vous qui se passe *?.... Deja tous les yeux
s'étaient portés sur M. Nioour, ingénieur
dont l'éloire n'est, pius à faire et qui s'est
suffisamment, fait apprécier de tout le
personnel, pour que sa lIOnllIF¡!loll lut
accueillie avec enthousiasme d.ms l'admi-
nistration. Déception profonde! Lt' choix de
Messieurs nos occupants est tombé sur M.
Barrois, français il est vrai, mais voici où la
petitecanaillerie britannique se complique.
M. Barrois a été jusqu'à présent secrétaire
d'Etat au ministère des travaux publics et
ce poste a toujours ete occupe par un
Français d., temps iinmorial. M. Barrois
passant au chemin de fer n'est remplace
aux travaux puhtics.
Mais presqut1 :\lls,..¡iltit parait une autre
nomination. t:Ptlc .run Anglais pour
vient d'être crée un nouveau poste • secré-
taire de l'inspecteur des irrigations, i'our
qui connaît le pays, l'inspecteur des ;,,.-rig.-t-
tions e*i le v'-ritable, le seul ministre ê!e,
Travaux publies, l'autre n'en poss.-ile que
le titre m.'iis ne dirige et ne commande
rien. C'est donc une fumisterie de haut gout
qui nous est présentée, et. comme toujours
Il personne ne dit moL". Ah! les souverains
peuvent voeuerà leuraisesur !''s merstran-
uuilles.l»^ ministres peuvent allé, i, «lemaiuler
aux stations balnéaires les forces dont-ilsau-
ront besoin au retour, qu'Ils y soient ou
qu'ils S*t*-Iùi--'Il trit, qu'imporie? n avons-nous
pas Lord Cromer et ses agonis pour nous
conduire, qu'avons-nous besoin d autre se-
cours!....
Cependant il fut en France un ministore,
(cl ce temps n'est pas loin hélas!...) qui
assura tiae jamais le pays ue laisserait
l'étranger empicler sur nos droits sur les
rives tlu Nil, et nous, pauvres innocents,
nous le croyions... Et induré :'é\'i'!cnco
in'.léniat'ie, et malgré les sourires IroUl-
ques des autres peuples, nous abpérons
encore, nous espérons toujours que quel-
que chose d'imprévu arrivera qui chan-
gera la. phase des événements et. nous ren-
dra à nous, Français d'Egypte, uu peu du
prestige et de fa fierté dfautrefbis...
En attendant, on fait ce qu'on peut (et ce
n'est guère!) pour passer gaiement la fête
du quatorze juillet, au Caire et à Alexan-
drie. Fêtes de nuit, rejirésentations gratui-
tes, courses, vélos, etc., etc... La. troupe
Christian est en pleiu sucaès. En ,ce mo-
ment c'est Julien n'est pas un ingrat qui tient
t'aFfiche avec les Voitures versées et Mariage
(fW'ÚCil/; manchette et Bouboùrochc ont re-
trouve ici leur grand succès parisien. Et
vraiment l'on sait griJ à ces vaillants artis-
tes qui, tandis que la plupart des Euro-
pt1eUs s'envolent vers des régions plus
clémentes sur l'aile lourde d*ï3 paquebots,
demeurent, eux, en un climat qui n'est pas
le leur et luttent chaquo soir contre 35
degrés tle température Qt trouvent la force
d'être drôles encore I... Au Cairo, une com-
pagnie italienne tient l'affiche au théâtre du
jardin de FEsbekieh, spécialement aménagé
pour t'été. C'est cet te compagnie, pour em-
ployer leur expression au-tlelà les Alpes,
qui a hil'u voulu offrir spontanément son
concours pour la fète du 1 1 au Caire.
Notre gracieuse khédiva est de retour (ln
son semblant de voyage. Pendant que son
noble époux continuait sa route vers Ve-
nise et Triesle, elle a rebroussé chemin à
liriniiisi et est rentrée hier à Alexandrie,
où elle a été reçue avec autant d honneur
que si elle arrivait ùt) Pékin... A ce propos,
une petite indiscrétIon nie sera permise...
Notre jolie souveraine, prépare en ce mo
ment une quatrième fleur à la gracieuse
guirlande humaine, qui lormo la chaîne
de son union avec Abbas. Sera-ce une
lille encore?.... Voilà la question quo tout
bas i'on se pose. Seulement les notables
indigènes,qui l'année dernière a vaieul,à sou
de tl'omp:', préparé des fèt«:set. des cadeaux
extraordinaires pour lt)éritter maie qui
n'est pas venu. n'osent plus bouger au .iout.-
d'hui eraignant tic se rendre ridicules par
des manitest«! ions intempestives. En atten-
dant lt.' s trois peLites princesses grandissent
et s'épanouissent délicieusement et font la
Joie de leur jeune mère, qui les adore. Les
'raisons d'Elal n'existent guère, pour un
cœur vraiment féminin, et il sultit d'avoir
passé quelques minutes avec la Khédiva
pour être convaincue qu'elle est bien
une créature tic son sexe, avec toutes
ses grâces et toutes ses faiblesses aussi.
Et c'est cela surtout, qui l'a faite puissante,
choisie et préférée entre toutes, elle, hum-
ble esclave »ans autre talent que sa g(';lcc,
sans autre qualité que la simple boule de
son cœur. El c'est pour cela aussi que dans
ce milieu d intrigue et de haine où la pau-
vre femme s'ogite, elle est parvenue a se
faire, non seulement pardonner la rapi-
dité de son extravagante f"rtun'\ mais
encore à so faire aimer de tous d do toutes,
f.n nui est terriblement difficile ici.
JEHAN D'IVRAY.
LES VIEUX ÉLIXIRS
Dès le moyen àpo les sav ints. à i .L recherche
de l'élixir -le luil -lue vie. avaient porté au plus
liant ili-gré la science «lus compositions à. base
végétale et tic rocuiislituanls.
La formule du Vin Di siles procède de ces
vieilli.'?: panacées ; ce cordial est e:i effet le ré-
sultai, de la macération des piaules les pins
justement renommées ; c'est le meilleur des lo-
nique*; régulateur de la circulation par la kola,
digestif par la coca, fébrifuge par I" 'pnnnuina,
tonique par le cacao et le phosphate de chaux,
il fait la f,ruerre en même temps a tous les
symptômes qui compliquent l'anémie : palpita-
lion,,,;, dyspepsie avec douleurs et manque d ap-
pétit.
Dr CENDRE.
AU CONSEIL SUPÉRIEUR
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Conseil supérieur de l'instruction pu -
hli' Ine s'est réuni hier, sous la prési-
(!cnc'' de M.Caston Hoissier, vice-président,
remplaçant M. Léon Bourgeois retenu au
Conseil «les minist.rt'-;.
Le Conseil sur le rapport de JI, basson a
adopléle pcojetdo décret modifiant l'article
[1 da décret' du 311 avril 1^93 relatif aux
examens d:1 doctoral de 'h'o)t.
L"s examens oraux portent sur les nia-
tières StliV:tlhCS :
Sciences juridiques :
1. Examen : Il droit l'omain,a\'('c une in-
terrogation sur les Pandcctes;
ti° Histoire du droit français ;
2,: Examen : 1" l'ensemble du droit civil;
Au choix .Ill candidat ;
Droit civil comparé dans les facultés où
existe cet enseignement.
Droit international prive;
Droit criminel ;
Droit administratif (juridiclions et con-
tentieux);
Droit commercial ;
Procédure civile et voies d'exécution.
Sciences politiques et ''<'o.'
1"' examen : 11 Histoire du droit public
français ;
•Ju Droit tltlministralif;
3J Droit international public;
i, Droit constil.ulioun.t.d comparé on prin-
cipes généraux du droit public, au choix
du candidat.
2''examen. 1" Heonomi . politique et, h:s-
toire des d riues économiques;
2" Législation française dos linancèJ et
science financière ;
31 Au choix du candidat et selon les fa-
cuites;
Législation et économie industrielles;
Législation et économie rurales;
Législation et économie coloniales.
Cette dernière option p*mt porter iVjrale-
inentsur une des matières d'ordre histon-
que économique enseignées dans d'autres
facultés du même corps, et admises par le
Conseil do l'Université comme enseigne-
ments communs à la faculté de droit et à
une autre faoulle.
Les dispositions de ce décret seront mises
à exécution à partir de t'annun scolaire
1893-1899.
Toutefois les aspirants au doctorat en
droit en cours d'études il la date de la pu-
blication du présent décret, pourront subir
leurs examens d'après le programme cta.Mt.
par le décret et arrêté du 30 avril 95.
Le Conseil a ensuito adopté conformé*
mentaux conclusions du rapport de Mlle
Satl'roy, un projet d'arrNé modifiant les
programmes de travail manuel dans les
écoles primaires élémentaires et dans les
écoles normales primaires de filles.
Aucun changement n'est apporté aux pro-
grammes île travail manuel dans les écoles
primaires supérieures,
Le conseil a aussi approuvé, sur le rap-
port de M. Qucllardel, un projet d'arrêté
instituant dans les écoles primaires du lit-
toral, un cours spécial de notions élémen-
taires de navigation et de pêche cùtière.
La fin de la séance a été occupée par
l'examen des affaires disciplinaires.
Le conseil a rejeté le pourvoi formé par
Mme Blaziot, comrréganiste, contre une dé-
cision du conseil départemental de la Cor-
rè/.e qui lui interdit toute fonction d'ensei-
gnement dans le département.
Réformant une décision du conseil dé-
parlementaI qui interdisait à MM. Langlade,
Lllustalucau, SuulJJVrè, Trassv, Mouysset
et Iticl'olbrt toute fonction d'enseignement
dans 1,,l commune (ITsscl le conseil supé-
rieur a décidé simplement d'appliquer à
ces conirrésafiistes la peine cie la censure.
Le conseil supérieur s'est ajourné à sa-
medi.
LE GOUVERNEMENT GÉNÉRAL
de l'Algérie
Il y a quinze jours à peine, M. Lepine
croyait encore retourner en Algérie et pa-*
raissait le souhaiter; depuis, si l'on en croit
de très vraisemblables informations, son
espoir a subi de rudes chocs, cependant
rien ne serait encore positivement décidé;
mais les efforts des députas antijuifs, sauf
M. Morinaud qui parait s'être retire sous sa
tente, tendaient encore hier a faire nommer
M. le sénateur l'auliat.
Un conciliabule entre lui et M. Drumont
aurait eu lieu, au cours duquel les deux
'inmiues d'Etat, auraient jet'• les hases d'une
alliance dont le but serait l'extermination
en masse d'Israël,et la subalternisation des
colons français à t'eL'ment arabe pour le-
quel JI. l'auliat professe une tendresse in-
concevable. Foin des Français et de leur
race, vive le musulman ! M. le sénateur du
Cher CIl est encore à la. vieille légende de
l'Arabe ot, d., son coursier, Il adore le geste
noble, la belle allure des fils du désert.
Les colons ont tremblé eii apprenant
qu'on allait pe':t-'*'tre leur donner ce gou-
verneur, et. vraiment ils n'avaient pas tort.
L'arrivée de M. l'auliat au pliais du Musta-
pha serait l'iiHurrection sur toute la ligne
au bout de trois mois.
C'a été une véritable panique il Alger
quand on a su que M. Drumont reçu h l'Ely-
sée, aurait obtenu titI chef de l'Etat, la pro-
messe formelle du remplacement de M.
Lépme par M. PauHat. Ce n'est guère possi-
ble, car :1':lfJ!"\s la constitution, il me sem-
ble, te prudent de la République n'a point
le il roi t de décider de Udles questions; elles
se traitent oit conseil des ministres, et bien
que le pauvre M. Ilris,,.)ii ne soit plus le
Hri:-,..;¡.n que nous avons connu, il est peu
probable qu'il accepterait encore une telle
atteinte portée à ses droits.
U'aiHeurs en ce qui concerne l'Algérie, la
discorde serait complète au camp doar. M.
Drumont est le général en chef. Le der-
nier voyage à Paris dl) l'éplièbe Max R**gis,
a été le c jtU)n;nc.)!Uc nt de divisions intes-
tines assez syriens 's. Le jeune protecteur
de M. Drumont, l'instigateur de sn candi-
dature qu'il fit si bien rouss.r, nous ar-
rivait eu triomph.t.tt'ur, héla>! ses menot-
tes fi'or aux poignets parurent d'un goût
douteux, môme àeelui qui n'avait, eu qu'une
pahr.e. Le premier jour on apporta quel-
que . ii(l;--tir à ne pas trop faire voir il
Max qu i! était un :,r"'[)f'llJ', mais dès le
lendemain après t'tmpression «1e dédain
qu'il prevoqua dans les couloirs de la Cham-
bre, oii le souvenir des cambriolages d'Al-
ger, n'était pas encore éteint, 0\1 lit grise
mine au jeune MaRafS. si peu francise.Lui.
aurait, dit-on, alors réclamé salaire de son
d'-vouement, il s'en serait suivi une alter-
cation assez vive, puis un départ préma-
turé et comme Drumont avait déclaré urbi
et o)-bi que s'il était .*-lit, il n'y aurait iptus
de troubles en Algérie, Max le fit ment r en
provoquant des son retour dans sa bonne
ville, l ; s quelques échaufourées qui ont eu
lieu récemment.
La question du gouvernement algérien
n'est donc pas encore résolue. Qui va-t-on
' nommer? Le mieux ternit certainement (Je
laisser les choses eu l'-Urt. Si Si. Lépinc n';l
pas été aussi énergique quai Tout fallu «lès
le début dus attentais commis HfL Aigcrie,
c'est qu'il connaissait ci-wi)ve tuai la situa-
tion, oa'tl était entouré, mdtne auprès 118
' ïui, dans ses hm't'.'t'tx, da gens dévoués
à M. Cambon, et intéressés iL le tromper,
ce qu'il nn soupçonnait gu'''rc; de plus on
n'est pas fixé sur la. nature des instructions
qu'il recevait du ministère de l'intérieur.
Ce qui n.'cst. pas douteux, c'est qu'il a été
jona et desservi par un grand nombre de
ceux dout le strict devoir ÙltÜ! de rucl;<.u'cr
et de le seconder. Actuellement, instruit
par une expérience douloureuse et qui n'a
pas été sans périls, il 11e retomberait pas
d:uts les mêmes errements et saurait assu-
rer le calme dans sou vaste gouverne-
ment.
Il a, d'ailleurs, sur la colonisation des
idées excellentes, approuvées par Lous les
hommes sérieux, les vrais Algériens, Ceux
qui travaillent à la prospérité du pays, sans
'avoir la prétentions ridicule de faire de la
politique transcendante plus dangereuse
qu'uLde là-bas..
Quant aux horreurs qui se sont produi-
tes, surtout dans le département d'Alger,
l'histoire en est encore il faire; elle le sera
et l'on apprendra alors de telles monslruo-
sités que l'on en frémira de tristesse et de
honte. Les crimes de droit commun les
plus hideux, ont été perpétrés avec une au-
dace que rien n'égale, et l'on so demande
comment on ose solliciter l'amnistie pour
de tels faits. Si elle est accordée ce sera une
prime au brigandage et à toutes les int'a-
mies.
C. D'AMBRE.
-
Le Meilleur des Dentifrices c'est l'EAU de SU O!
LES REVUES
Mercure de France (juillet).
1. — Un portrait net et vigoureux de
Georges Clemenceau par M. Pierre Quillard,
La caractéristique de l'ancien tribun de-
venu journaliste — on sait de quolle maî-
trise! - et romancier, est, d'après M. Quil-
lard, la faculté idéologique.
Elle se marquerait déjà dans la thèse de
M. Clemenctîau pour le doctorat en méde-
cine. On la voit se développer dans l'homme
politique, puis dans les deux volumes : La
Mêlée sociale et le Grand Pan qui assirent la
réputation de l'écrivain, entin dans Les
■ Pius forts, roman paru cet hiver.
Sur le Clemenceau de ces dernières an-
nées et d'aujourd'hui, ces lignes : « De
l'amertume et du mépris, mais pas de haine
réciproque ¡lans cette «lnie réputée haineuse
et crue telle sur la foi dc quelques drôles.
De même pour l'irrémédiable infirmité des
gens qui le vilipendent a gueule-que-veux-
tu, dans les journaux et dans les salons,
avec les réticences habiles que comporte
une calomnie savante et très ordonnée, il
ne témoigne qu'une ironique et dédai-
gneuse pitié. »
Il. — Ce qui a fait la force de l'Espagne
d'autrefois, dit M. Georges Lainé dans un
essai sur la Psychologie sociale de l'E.'ipllf)W,
c'est qu'elle était fi. la fois soutenue et do-
minée par trois redoutables puissances : les
moines, les soldats et le roi. Ce qui fait sa
décadence c'est l'écroulement de ces sou-
tiens et l'avènement, l'envahissement de la
bureaucratie.
Le bureaucratisme triomphant lui aurait
fait perdre ses anciennes qualités : la loi,
la bravoure, l'esprit chevaleresque, le dÓ-
VOUI'lIll'IÜ,S:lllS lui en donner de nouvelles.
Les résultats de ce nouveau régime seraient
la haine, et le goût de l'anarchie succédant
il l'ignorance et à la résignation, le fana-
tisme toujours haïssable des révolution-
naires et des dynamiteurs succédant aux
l'anatismes quelquefois bienfaisants des
simples et des patriotes. »
M. Georges Laine conjure les socialistes
qui ne peuvent « rien, rien, rien » pour les
malheureux, de leur laisser leurs croyances
naïves, leurs ignorances; d'abandonner la
direction des humbles consciences aux
moines prêcheurs de résignation, promet-
peurs de récompenses ; enfin d'être com
plices, par charité pour les misérables, des
III USi,i¡h que l'Eglise trouve profit il entre-
tenir. Doctrine ainsi résumée : « Si le cure
est une sangsue, c'est une sangsue qui rend
la santé ».
Sans commentaires!
III. — A propos du livre récent de M. Emile
Deschanel : Les Déformations dt' la langue
{¡'Imça.ls,,:, M. Remy de Gourmont,craint que
l'on ne confonde le mol « déformation ••
avec le mot" corruption Il el préfère celui
de « transformation 1),
Il n'est point hostile aux changements de
sens de certains termes ; et il insiste sur
une idée émise dans un précèdent article,
il savoir que les vocables nés en France,
sont préférables à ceux d'importation étran-
gère. Son antipathie est particulière pour
les emprunts faits au « grossier latin des
codes ", au grec tant aimé des savants, à
l'anglais favorisé des snobs.
•
» • »
> Revue des Revues (15 juillet).
I. — sous ce titre : Mirabeau et Tacite, M.
Henri Welschingerannonce qu'il a retrouvé
L la traduction de la Vie WAgrieola par Mira-
1 beau, et qu'il la publiera prochainement.
Pour celle fo!;':, il p'thlic 1,1 préface «très
originale .. (Iti .\i!!';t')i.';)u avait écrits pour
celle lriLdudiOtl. Dans celle-c. se retrouvè-
rent a la fois les qualités et les défauts du
grand orateur : « la vigueur, la passion,
l'emphase, lïmp:jluosit,é. »
Il faut remercier et féliciter M. Welschill-
ger, dont la découverte justifiera, pleine-
ment l'observation de Victor Ilugo sur l'a-
müur de Mirabeau' pour Tacite : « Il le riÚ-
vorait, il s'en nourrissait et quand il arriva
à la lri lm n.e, en 1789,il avait encore la bou-
che pleine de cette moelle de lion. On s'en
aperçut aux premières paroles qu'il, pro-
nonça »».
II. — M. Henry Bérengor étudie le Cas de
M. Ferdinand Brunetière.
L'article est excellent. Les « fortes quali-
tés <> dii célèbre critique y sont reconnues
— rapidement; mais M. Bérenger entend
démontrer et démontre qu'elles n'auraient
servi de rien à M. Brunetière c( s'il ne les
avait mises en œuvre par le plus beau tem-
pÚrament de régent de collège qu'on puisse
concevoir ».
Ce lçmpÚrnmcnt est son originalité la-
quelle, en efl'et, n'est point où certains
croient la trouver, c'est-à-dire dans le style,
ou dans la pensée, ou dans le caractère.
Le style ! « Ecaillé, hérissé, grinçant,
muni de pinces, de crocs et de dards" il
« s'avance sur le lecteur comme une cara-
pace de crustacé en colère >,. Quant aux
idées, elles ne sont pas à M. Brunetière,
qui « tranche, décrète, fait la leçon Il, mais
« ne pense pas », autrement dit, ne crée
pas. Et enfin, pour le caractère, on ne peut
soutenir qu'il en ail, ses attitudes semblant
« toujours subordonnées au succès II.
C'est un homme de « tempérament 'l, en
d'autres termes un « homme «1e gouverne-
ment ». C'est (1 un autoritaire » ne croyant
à rien qu'en sa propre énergie : Il un nihi-
liste actif ». Cela explique « son âpreté, sa
tristesse, son humour méprisante ", et aussi
« son étroitesse ".
III, — Une brève élude de M. !îenry La-
pauze sur deux amies de Chateaubriand,
lWss Charlotte Ives et la comtesse Pauline
de Beaumont.
Chateaubriand rencontra la première
dans une petite ville anglaise en 1793, elle
avait quinze ans; il était marié, ne le dit
pas d'abord, se laissa aimer, finit cepen-
dant par l'aveu qu'il aurait dû faire immé-
dialeJnpnt, et partit bouleversé, maudissant
« l'insurmontable illégitimité » qui pensait-
il, le privait du bonheur. Il ne revit Char-
lotte devenue L,,itl y Sulton, qu'en is2i
Il était ambassadeur à Londres. Elle vint
le prier de s'intéresser à son fils aîné.
Il lui fit en tout quatre visites. L'année
suivante il était ministre dcs affaires étran-
gères; lady Sulton se trouvait à Paris, il la
I reçut froidement.
Quant aux amours de Chateaubriand et
de \fme de Beaumonl, l'histoire en esl assez
célèbre.
IV. — A signaler de façon très particu-
lière un article eO'royablemcnt suggestif :
la Terreur c-tpagnole aux Philippines, par
A. Pinto de Guimaraes.
L'auteur n'a que trop raison de conclure :
« En présence de pareils faits, personne ne
se montrera surpris de la joie que causent
aux insurgés les succès des Américains.
L'Espagne a déployé depuis des siècles.
dans ces îles infortunées, un étalage de
férocité que l'héroïsme tic sa défense, si
srand. si admirable soil-il, ne saurait suf-
fire à faire pardonner )1,
Y
La Révolution Française (14 juillet).
Dans une longue et importante étude, le
directeur de la ro\"UI', M. Aulard montre
l'élaboration et la ditlusion des idées répu-
bbraines ava t la Révolution.
Il rappelle d'abord qu'il n'y avait point
de parti républicain en France au commen-
cement de la Révolution; mais il s'était
formé « un état d'esprit républicain, qui
s'exprimait par des paroles el des attitudes
républicaines. » Les écrivains du XVIII siècle
avaient été amenés à discuter l'essence
même (iti pouvoir royal et à chercher les
origines de la souveraineté «lu droit « dans
la raison, dans l'histoire, dans l'assentiment
des hommes, dans la volonté nationale. »
Cet état d'esprit républicain se manifesta
parmi les Français instruits dès l'époque
de la llÓ;,:,'net', La définition du gouverne-
ment républicain par Montesquieu 117 58).
« Le ffouvernemeiHrépublicain est celui où
le peuple en corps où seulement une part ie
du peuple à la souveraine puissance )l, de-
vint classique. Et \'oHaire, tout aussi mo-
narchiste que Montesquieu, contribue ce-
pendant comme lui à former l'tdce républi-
caine par ses attaques décisives contre le
catholisme.
Jean-Jacques Rousseau prêche la révoUe,
au nom dq la nature, contre le système so-
cial d'alors. Mably veut subor«lonner le pou-
voir exécutif au pouvoir législatif, ne la)s-
sant subsister qu'un fantôme de roi Il et
sous l'étiquette royale, c'est bien une répu-
blique qu'tl organise, et même il la vou-
drait communiste ",
Ajoutez à l'inlluence de ces diverses doc-
trines les fautes et les vices de Louis XV,
l'oponsition du Parlement de Paris, enfin ln
retentissement de laGuerre d'indépendance.
Mais l'état d'cspDt républicain ainsi créé el.
développé était-il démocratique? X011. Et
en 89. " Une théorie règne, à savoir que les
citoyens les plus aisés doivent seuls admi-
nistrer l'Etat: jouir des droits politiques sur
tous les citoyens qui possèdent une partie
sol ». Cependant les écrivains aristocrates
« préparent l'avènaimuit de la démocratie
par le fait qu'iis proclament quo les hom-
mes sonL égaux en droits ». Le suffrage uni-
vnrscl sera môme établi (10 aotlt 1794 avant
la République.
HARLOR.
Lire demain à la Tribune de lu.
« Fronde : »
Les Ile lies Amies de Chatoau-
. briand
par IUary Sumnicr.
Boite aux Lettres
Madame la Directrice de la Fronde,
Je voudrais vous parler d'une cause inté-
ressante entre toutes : celle «les enfants cie
la classe intermédiaire entre la bourgeoisie
fortunée et le peuple.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant
qu'il existe une classe d'individus sans for-
tune, très souvent d'une meilleure éduca-
tion que celle des mieux partagés par rap-
port à l-argent.
Qu'y a-t-il comme moyen pour élever un
enfant, dont 111 mère travaille mais ne veut
pas s'en séparer et le confier à des mains
mercenaires?
On a fondé des orphelinats, des lycées et
des collèges trop chers pour les petites
bourses, on a fait des asiles et des écoles
communales pour les enfants du peuple,
mais 011 n'a rien fait pour les petits em-
ployés,
Le gouvernement et les philanthropes
ont laissé prendre ce monopole par les
jcsuites.ct l'accaparement do l'enfance par
ces gens dangereux a retardé et retarde
encore le progrès social.
Prenez le cas d'une caissière, d'une em-
ployée de commerce 011 du gouvernement,
d'une couturière, d'une modiste, d'une ar-
tiste, d'une femme enfin n'ayant pas d'in-
térieur, de famille ou de domestique, oc-
cnpéú toute la journée ? Que peut-elle faire
de son enfant pendant tout ce temps con-
sacré au travail?
Ne pourriez-vous entreprendre une cam-
pagne dans ce but : fonder dans les écoles
municipales des internats annexes qui se-
raient alors des internats municipaux, dans
lesquels les enfants, moyennant une somme
modeste, seraient couches et nourris, mais
que les parents pourraient babiller selon
leurs moyens,sans l'obligation aux coûteux
uniformes des coUègcs.
Ces parents, en dehors de leurs occupa-
1 ions, pourraientallerembrasser leurs ch"l's
petits et les promener aux heures de récita-
tion, veiller à leurs besoins, il leur sa:)t''. et
garder îli!act dans leur petit cœur le senti-
ment filial que te collège et la pension atro-
phient. Ce serait un intermédiaire entre la
pension et la famille.
Ces internats garderaient les enfants jus-
qu'à t'ado!cscence. les enverraient, passé
ifouze ans,en apprentissage dans des cxler-
liaIs proft'ssionnets, ou même dans les ly-
cées comme externes suivant le désir des
parents.
Il ne serait pas besoin pour cela d'insti-
tuteurs et d'institutrices brevet''s, mais
seulement. de braves femmes aimant les
enfants, veillant à leur sommeil et à lt!Ul'
nourriture, trouvant en ce dévouement un
emploi honnêto. Les maîtres des écoles fe-
raient le reste.
Voici il me semble, madame, une institu-
tion dont beaucoup de parents se trouve-
raient bien, qui soustrairait à la rue et à ses
hasards une quantité d'enfants pour les-
quels les parents redoutent tout ce qu'a-
mèneraient les mauvais exemples.
N'est-i) pas fâcheux, à noire époque 01'
i'argent prime la valeur indivi tueite, do
voir des familles déchoir faute de ressour-
ces suffisantes et de bonne organisation so-
ciale, et faire perdre ainsi à leurs enfants
le bénéfice des perfectionnements d'éduca-
tion que les aïeux ont transmis par géné-
ration? Et cet état de choses lie contribur-
t-il pas il arrêter le progrès, eu rejetant i.-ii
bas des êtres qui devraient suivre une mar-
che ascendante?
Je sais bien qu'avant de faire germer
cette idée dans "le cerveau de messieurs
nos Gouvernants, et les leur faire exécute:'.
notre génération sera peut ctre disparue
et. que nos petits-enfants seuis. en bénéfi-
cieront; mais parmi les philanthropes foi-
tunés et chercheurs de belles choses à
fonder, ne peut-on espérer rencontrer quel-
qu'un se laissant séduire par l'opportunité
ne ce besoin, et prenant l'initiative pour
arriver à sa g-ul"ri,.;oll,
Je suis, madame. <'tc.
INFORMATIONS
Affaires hispano-américaines
Etats-Unis d'Amérique
New-York, 21 juillet.
On télégraphie 110 \Vashii'ct''):! au Herald \
Quel que soit le sort réservé a Cuba, am}
Philippines, aux Ladrones el aux i"ll.i)lillt,s"
les Américains con-'rveront PI)rl,:-l\Jco. L,'!
gouvernement c-sU fermement résolu à « on --
titu(,r une forte base militaire t'l naval ',
commandant les Indes occidentales, la mer
j des Caraïbes et le futur canal do Panama.-
Le but du président Mac-Kinley, l'n organi-
sant l'escadre du commodore Watson, est
TRIBUNE DE LA FRONDE
DU 22 JUILLET 1898
9)
Cette lubrioue forme un feuilleton, volan
dont le sujet cliavye tous les trois juurs.
LA TRIBUNE
A TRAVERS L'ÉDUCATION
LES VACANCES
III
Colonies de vacances et voyages
scolaires
Les vacances sont nécessaires ; c'est
entendu. Grâce aux syndicats rêvés et
que nous devrons organiser pour l'an
prochain, la troisième catégorie d'enfants
qui fréquentent nos écoles jouira de l'air
et de la liberté, comme ceux de la
deuxième et de la première.
Mais ces vacances nécessaires sont in-
finiment dangereuses pour les écoliers
que leurs parents ne peuvent, faute de
J'eSJources,incorporer dans une associa-
tion d'excursionnistes. Il faut avoir vu,
en août et septembre, les quartiers pau-
vres des grandes villes pour se rendre
compte de la responsabilité qu'assument
les municipalités et l'Etat en fermant les
écoles, alors que les parents sont pris
sans relâche par le travail.
La municipalité de Paris était en bonne
place pour s en apercevoir la première,
et elle avait déjà organisé, il y a quelque
dix ans des « classes de vacances « qui
s'ouvraient quinze jours âpres la distri-
bution des prix, et se fermai.mr quinze
jours avant la rentrée réglementaire.
C'était déjà une atténuation au mal, et il
était il prévoir que Paris ne s'arrêterait
pas dans cette voie.
En effet. en lXU4 — si mes souvenirs
sont précis (je ne suis pas à Paris en co
moment et ne puis vérifier) — le XIII" ar-
rondissement laissa ouvertes dans cha-
cun de ses quartiers, et pendant toute la
durée des vacances, une école de garçons
et une école de tilles, au total huit, et
l'histoire vaut la peine d'être racontée,
parce qu'elle prouve ce que pourrait l'ini-
tiative privée, si elle consentait à sortir,
enfin, de sn. torpeur.
Je revenais, en juiUct. d'une expédition
dans une rue mal famée et indescripti-
ble — sauf en latin — située entre le
XIIIo et le XIV" arrondissement : résul-
tats, deux enfants débarrassés de leurs
loques puantes, habillés de pied en cap
et incorporés dans deux écoles (c'étaient
un garçon et une tille), et je rentrais,
contente de mon exploit, lorsque le sou-
venir des vacances toutes proches glaça
mon enthousiasme... Fatalement, les
deux costumes, neufs aujourd'hui, rou-
leraient, dans huit jours, sur les fortiti-
cations!
Mais aussi, pourquoi étendre la même
mesure, appliquer le même règlement
aux en l'an 1 s de Ytii wc (lit Hois, et a ceux
de la rue des M a! maisons? (aujourd'hui
démolie, je l'espère).
J'écrivis au ministère une lettre toute
palpitante de ce que j'avais vu de na-
vrant, et je reçus en réponse la copie
d'un « arrêté » me chargeant d'organiser
des « classes de vacances, ici, là, ailleurs,
partout.
De ma propre autorité, je restreignis
le programme à sa plus simple expres-
sion, et je me mis à l'œuvre dans le XIII'.
La Caisse des écoles voulut bien payer
le personnel, et comme j'avais surtout
fieurde 1'« emploi du temps scolaire», dont
es enfants avaient été saturés pendant 1
dix mois; comme j'entendais, surtout,
que ces deux mois passés à l'école fus-
sent deux mois de dédommagement, je
partis pour une tournée de mendicité
chez mes amis. Grâce à eux et à l'ap-
point donné par la mairie, les enfants
furent chaussés pour la promenade, et
I furent pourvus Je jouets et du matériel
! nécessaire aux occupations récréatives.
On fil, un appel aux parents, et nos
écoles de tilles furent pleines pendant
deux mois. J'avais, pour ma part, c'est-
à-dire pour la part (k mes amis. dépensé
quinze cents francs environ, sur lesquels
j'avais prélevé une petite somme destinée
à récompenser la propreté, l'exactitude,
l'amabilité et la sincérité de nos élèves
bénévoles, par des dons de poupées, de
vêtements, de livres, et même de livrets
de caisse d'épargne.
Aujourd'hui le pli est pris ; un certain
nombre d'écoles parisiennes restent ou-
vertes dans chaque quartier, en août et
septembre, selon les besoins de la popu-
latiou, et quelques grandes villes cher-
t'ilent à imiter l'exemple de la capitale.
Malheureusement ces « écoles de va-
cances » gardent encore trop les allures
scolaires, par la faute de notre routine :
« Une école n'est pas faite pour le jeu j),
par la faute aussi de notre pauvreté.
C'est navrant de voir les sommes tiéri-
soires qui se donnent pour ces choses-là;
navrant aussi de penser qu'il faut recou-
rir à la vanité et à l'égoïsme pour remplir
les caisses vides. Oh î le nerf de la paix !
Les « écoles de vacances » sont un
bienfait incontestable. Il en sera ainsi
aussi longtemps que tous les enfants des
grandes villes ne pourront pas profiter
de l'admirable et charmante innovation
des colonies de vacances ; institution
d'hygiène préventive au profit des en-
fants débiles des coules primaires, des
D/'« pauvres entre les débiles, des plus
méritants entre les plus pauvres, Elles
n'admettent pas de malades, elles ne sont
I pas une récompense. Leur objet est une
I cure d'air, aidée Dar l'exercice naturel en
pleine campagne ; par la propreté, par la
bonnne nourriture. »
Le pasteur Bion les a fondées il. Zurich
en 1870, et M. Cottinet les a importées
dans notre pays, à moins qu'elles n'aient
été inventées spontanément par Mme de
Prcssensé dont l'inguérissable modestie
restera sourde à ma question, si je lui
demande en quelle année elle a envoyé à
la campagne le premier colon de la rue
de Vaugirard.
En 1SU7. la Ville de rMris a envoyé à la
campagne 4,254 enfants qui, divisés en
32 groupes, ont été installés en plaine,
en montagne, au bord de la mer et lui
ont coûté, en moyenne, 61 francs par
tête, pour la durée d'un séjour qui a
duré de trois semaines à un mois
En 1897, aussi, le Comité de Mme de
I)réssonsi'- a fait profiter d'un séjour d'un
mois, de deux mois, de trois mois à la
campagne. û2ü colons accompagnés de
2:1 mères. Les dépenses se sont élevées
il 28,040 francs, soit environ 41 francs par
enfant.
A Paris encore, et en 1897, l'œuvre des
Trois semaines, dirigée par Mme Lor-
riaux (3U, rue de Cormeilles, Levallois) a
envoyé 1055 enfants et 79 mères de fa-
mille, ce qui représente, dit la notice que
j'ai sous les yeux : 23,814 journées de
campagne, soit 70.000 repas, et, pour ne
parler que d'un aliment : 17.000 litres de
lait. Les dépenses se sont élevées à41,372
francs, donc en moyenne à 30 fr.
Je me suis laissé entraîner il parler de
ces deux œuvres privées, alors que je
me proposais de ne mentionner que les
a'uvres municipales; je reprendrai avec
plaisir t'énumération. si me:) lecteurs
veulent bien me fournir des renseigne-
ments, et je clos la série des œuvres pri-
vées par celle des Enfants à la Mon-
tagne, dirigée par son fondateur, M.
Comte, notre confrère du Relèvement
social. Cette œuvre a envoyé, en 1897,
plus de 500 enfants à la montagne, où ils
sont reçus par des paysans, en groupes
plus ou moins nombreux. La durée de la
cure est de 30 jours. le prix. de la Dell.-
sion varie entre 21 et 23 francs. Cela se
passe dans la région du Mézenc; le siège
de la société est à Saint-Etienne.
A Lyon, la municipalité a envoyé dans
l' Isère à 410 mètres d'altitude: 100 gar-
çons et 20!) filles et a dépensé 11,000 fr. ;
c'cst-a-dirc :)t; fr. par tête. Elle a de plus,
fait construire un bâtiment qui a coûté
55,000 francs. L'acquisition du mobilier
c! du matériel a augmente cette somme
de 12,000 francs. Mais désormais les en-
fants seront, confortablement installés
dans la propriété généreusement prêtée
par M. Fish.
A liordcaux, 150 enfants (c'est le chif-
fre depuis plusieurs années^ ont été en-
vovés : un groupe à Soulac, un groupe
à Saint-Médard-en-Jaile; la sélection se
fait d'après la température de l'année et
le tempérament de chaque enfant.
C'est la Fédération des Sociétés de pa-
tronage des écoles laïques <}ui se charge
de tous les frais. Elle organise une
grande fêle d'été et une tombola. D'au-
tre part, la commission des colonies sco-
laires fait des quêtes dans lesquelles elle
recueille de l'argent et des dons en na-
ture. « On ne peut s'imaginer, me dit
mon correspondant, le zèle et le dévoue-
ment des gens qui ont entrepris de me-
ner il bien cette œuvre excellente.
Lille organise en ce moment les colo-
nie de vacances. Elle s'est adressée il un
certain nombre de maires de communes
rurales pour avoir des renseignements
sur les familles qui accepteraient de se
charger des enfants pendant les vacan-
ces prochaines. Le séjour de ces enfants
au village sera d'un mois.
En 1897, une caravane de 100 fillettes
puis une «le 100 garçons étaient allées
successivement passer quinze jours à
Calais. Cet essai a coûté 4,000 francs en-
viron.
Toulouse (chi va piano l'a sano) a cn-
voyé en 1897, 37 fillettes de 10 à 13 ans
(l'année précédente c'était le tour des
garçons), passer un mois à St-Gaudens.
On les a installées dans le merveilleux
coUèü g'Qij l'on découvre la vallée da la
Garonne, et d'où l'on croit toucher du
doigt la neige des Pyrénées. Cette villé-
gialurc a coûté 1350 francs.
llcims, paraît plus portée vers le-
voyages de vacances que vers les colo-
nies ; mais quelle ardeur enthousiaste !
" L'œuvre qui ne date pas encore d'un
an, m'écrit son promoteur, est déjà très
populaire dans la ville et dans la région.
Chaque jour nous apporte de nouvelles
adhésions ct,gT;îce au généreux concours
des communes, nous pourrons, des cette
année, élargir !'action bienfaisante de
notre association. « En h;/1S, 250 enfants
prendront part à une excursion. Il
Mais il faut lire la brochure de M. An-
dré Les voyages et leur utifife t!lms i' Edu-
cation, avec préface de M..Marcel Du-
bois, professeur de géographie à l'Uni-
versité de Paris, pour se rendre compte
des ressources comme des espérances du
Comité d'organisation.
D'ailleurs, il me reste juste assez de
place pour constater que l'impulsion est
donnée et pour faire appel aux amis de
l'enfance.
i ' En faveur d'une association <) (ollJn,
ayant pour but. de faire passer les va-
cances à la campagne, aux enfants de la
classe moyenne qUI sou* retenus à Paris
par les occupations .le leurs parents, et
non à cause de leur pauvreté.
21 En faveur des œuvres existantes qui
ont besoin de se développer, de se rami-
fier, de se rendre de mutuels services :
l' œuvre des colonies de vacances, l'œw:l'c
des voyages de vacances.
On m'objecte parfois: « il y a trop d'œu-
vres, je ne peux donner à toutes. 1)
Invariablement je réponds :
« Vous n'êtes digne d'avoir de l'argent:
que si voua savez le K-partir.e
PAULINE KERGOMARD.
i ---- m
Cruz du Téaérile, les taabiUnts d.-serlcnt
les villes. Cependant tout rait supposer que
ce n'est pas à Ténérife qu'il faut aliemlre
un débarquement 80s assiégeants mais
plutôt vers les iles de Laiizarole et Gra-
ciosa qui semblent destinées à ollrir des
points de repère comme stations navales.
A Washington, la dissidence s'accentue
entre l'armén fédérale ot les Cubains. ceux-
ci lont valoir COIÎWUÏ principal argument
Jeur crainte tto l'annexion de Cuba; soit.
Mais il est permis de dire hautement que
Cuba, deveuu possession des Elab-Vuis, ne
peut que traîner -qous. un gouvernement qui
préserve ses habitants du meurtre et du
pd!npe.
L'heure est donc absolument propice à
J'entrée en scène des plénipotentiaires, et
tandis que les Espagnols parlent toujours
do la guerre à outrance, le Foreign OItice
paraît se déterminer à agir dans ce sens.
Des conseils de pacification ont.''te donnés
par l'Anelt-lerre il .Madrid et à Washington.
A Londres on opère une pression active sur
le cabinet. Sairasta pour le décider il. tenter
certaines ouvertures auprès ilit cabinet tic
Washington dans le but de l'amener à dé-
clarer définitivement à quelles conditions
la prnx pourrait être conclue. Il est naturel
que 1e cabinet anglais envoyant le déve-
loppement que la campagne hispano-ame-
ricainc pre!t'! chaque jour pressente que le
cours des choses "adoptera une direction
inquiétante pour l'Europe. Il est de toute évi-
douce cpïo les Etats-Unis posséderont une
base d'opérations sur notre continent,et que,
l'occupation de quelques-uns de leurs ua\'t-
resdans les ports de la péninsule devra créer
des diriictillés, puisqu'on réalité c'est une
phase inattendue donnée à la guerre, Ou a
lieu d''''t:'c informé que le cabinet de Wash-
ington a jeté les veux sur les iles Baléares
pour la centralisation des forces navales de
l'escadre Watson; de plus on suit que le
centrât Mil"* a demandé au gouvernement
de î'!.'nion l'aulorisation de conduire son
armée ,"ln Hsp.'mnc lorsque l'orto-llico sera
possession ,U¡1él'icaillC, Eu voila plus qu d
n'en faut pour que M. Sagasta com prenne
enfin que l'heure des sacrifices a sonne et
que le concours des Elats européens lui est
.i«>nni4 dôs u:t'il se décidera à entrer dans
cette voie.
IBO.
Lettre d'Egypte
Et tandis que les paquebots sombrent,
quo les rois voyagent, que les Espagnols
combattent et meurent, en vrais héros;
tandis que les ministères sautent, que les
touristes préparent leurs Uiedekt-rs et
leurs piolets pour les ascensions, taudis que
les prm,'.llu/ls «l'occasion naissent, en Au-
triche. et que Irs le Mme Itigo » vendent
leur mari, l'Angleterre paisiule eL sereine
poursuit ici t-uu rôle do civilisatrice lorcée.
La vente de la tl;tïi-a Sanieh, la formation
de la banque nationale dont- l'em:ssioll des
actions ouvertes hier ù. Alexandrie a été
couverte trente-trois fois n'ont pas sulti,
Voici une nouvelle pierre «1 essai habilement
lancée cette semaine et don t. pursoum', hélas
riesontrease plaindre. De puis que les chemins
de fur tbncUunnùnt- sur la terre d'Egypte les
trois atlllllUistralcur:; ont toujours l,lé choi-
sis parmi les trois nations intéressées : un
Anglais,un Egyptien, un Fran'.-ais. Quand par
la mort ou Il: départ volontaire île i un
d'eux, son poste se trouvait vacant, il était
immédiatement remplacé par un de ses
compatri-.tes et il ne paraissait pas pos-
sible qu'il put même en être autr.-nu'nL
Or, voici que M. Prompt, administrateur
français dont les capacités d ailleurs sont
connues, est obligé par des raisons d;lge
et de santé il quitter l'Egypte, que croyex-
vous qui se passe *?.... Deja tous les yeux
s'étaient portés sur M. Nioour, ingénieur
dont l'éloire n'est, pius à faire et qui s'est
suffisamment, fait apprécier de tout le
personnel, pour que sa lIOnllIF¡!loll lut
accueillie avec enthousiasme d.ms l'admi-
nistration. Déception profonde! Lt' choix de
Messieurs nos occupants est tombé sur M.
Barrois, français il est vrai, mais voici où la
petitecanaillerie britannique se complique.
M. Barrois a été jusqu'à présent secrétaire
d'Etat au ministère des travaux publics et
ce poste a toujours ete occupe par un
Français d., temps iinmorial. M. Barrois
passant au chemin de fer n'est remplace
aux travaux puhtics.
Mais presqut1 :\lls,..¡iltit parait une autre
nomination. t:Ptlc .run Anglais pour
vient d'être crée un nouveau poste • secré-
taire de l'inspecteur des irrigations, i'our
qui connaît le pays, l'inspecteur des ;,,.-rig.-t-
tions e*i le v'-ritable, le seul ministre ê!e,
Travaux publies, l'autre n'en poss.-ile que
le titre m.'iis ne dirige et ne commande
rien. C'est donc une fumisterie de haut gout
qui nous est présentée, et. comme toujours
Il personne ne dit moL". Ah! les souverains
peuvent voeuerà leuraisesur !''s merstran-
uuilles.l»^ ministres peuvent allé, i, «lemaiuler
aux stations balnéaires les forces dont-ilsau-
ront besoin au retour, qu'Ils y soient ou
qu'ils S*t*-Iùi--'Il trit, qu'imporie? n avons-nous
pas Lord Cromer et ses agonis pour nous
conduire, qu'avons-nous besoin d autre se-
cours!....
Cependant il fut en France un ministore,
(cl ce temps n'est pas loin hélas!...) qui
assura tiae jamais le pays ue laisserait
l'étranger empicler sur nos droits sur les
rives tlu Nil, et nous, pauvres innocents,
nous le croyions... Et induré :'é\'i'!cnco
in'.léniat'ie, et malgré les sourires IroUl-
ques des autres peuples, nous abpérons
encore, nous espérons toujours que quel-
que chose d'imprévu arrivera qui chan-
gera la. phase des événements et. nous ren-
dra à nous, Français d'Egypte, uu peu du
prestige et de fa fierté dfautrefbis...
En attendant, on fait ce qu'on peut (et ce
n'est guère!) pour passer gaiement la fête
du quatorze juillet, au Caire et à Alexan-
drie. Fêtes de nuit, rejirésentations gratui-
tes, courses, vélos, etc., etc... La. troupe
Christian est en pleiu sucaès. En ,ce mo-
ment c'est Julien n'est pas un ingrat qui tient
t'aFfiche avec les Voitures versées et Mariage
(fW'ÚCil/; manchette et Bouboùrochc ont re-
trouve ici leur grand succès parisien. Et
vraiment l'on sait griJ à ces vaillants artis-
tes qui, tandis que la plupart des Euro-
pt1eUs s'envolent vers des régions plus
clémentes sur l'aile lourde d*ï3 paquebots,
demeurent, eux, en un climat qui n'est pas
le leur et luttent chaquo soir contre 35
degrés tle température Qt trouvent la force
d'être drôles encore I... Au Cairo, une com-
pagnie italienne tient l'affiche au théâtre du
jardin de FEsbekieh, spécialement aménagé
pour t'été. C'est cet te compagnie, pour em-
ployer leur expression au-tlelà les Alpes,
qui a hil'u voulu offrir spontanément son
concours pour la fète du 1 1 au Caire.
Notre gracieuse khédiva est de retour (ln
son semblant de voyage. Pendant que son
noble époux continuait sa route vers Ve-
nise et Triesle, elle a rebroussé chemin à
liriniiisi et est rentrée hier à Alexandrie,
où elle a été reçue avec autant d honneur
que si elle arrivait ùt) Pékin... A ce propos,
une petite indiscrétIon nie sera permise...
Notre jolie souveraine, prépare en ce mo
ment une quatrième fleur à la gracieuse
guirlande humaine, qui lormo la chaîne
de son union avec Abbas. Sera-ce une
lille encore?.... Voilà la question quo tout
bas i'on se pose. Seulement les notables
indigènes,qui l'année dernière a vaieul,à sou
de tl'omp:', préparé des fèt«:set. des cadeaux
extraordinaires pour lt)éritter maie qui
n'est pas venu. n'osent plus bouger au .iout.-
d'hui eraignant tic se rendre ridicules par
des manitest«! ions intempestives. En atten-
dant lt.' s trois peLites princesses grandissent
et s'épanouissent délicieusement et font la
Joie de leur jeune mère, qui les adore. Les
'raisons d'Elal n'existent guère, pour un
cœur vraiment féminin, et il sultit d'avoir
passé quelques minutes avec la Khédiva
pour être convaincue qu'elle est bien
une créature tic son sexe, avec toutes
ses grâces et toutes ses faiblesses aussi.
Et c'est cela surtout, qui l'a faite puissante,
choisie et préférée entre toutes, elle, hum-
ble esclave »ans autre talent que sa g(';lcc,
sans autre qualité que la simple boule de
son cœur. El c'est pour cela aussi que dans
ce milieu d intrigue et de haine où la pau-
vre femme s'ogite, elle est parvenue a se
faire, non seulement pardonner la rapi-
dité de son extravagante f"rtun'\ mais
encore à so faire aimer de tous d do toutes,
f.n nui est terriblement difficile ici.
JEHAN D'IVRAY.
LES VIEUX ÉLIXIRS
Dès le moyen àpo les sav ints. à i .L recherche
de l'élixir -le luil -lue vie. avaient porté au plus
liant ili-gré la science «lus compositions à. base
végétale et tic rocuiislituanls.
La formule du Vin Di siles procède de ces
vieilli.'?: panacées ; ce cordial est e:i effet le ré-
sultai, de la macération des piaules les pins
justement renommées ; c'est le meilleur des lo-
nique*; régulateur de la circulation par la kola,
digestif par la coca, fébrifuge par I" 'pnnnuina,
tonique par le cacao et le phosphate de chaux,
il fait la f,ruerre en même temps a tous les
symptômes qui compliquent l'anémie : palpita-
lion,,,;, dyspepsie avec douleurs et manque d ap-
pétit.
Dr CENDRE.
AU CONSEIL SUPÉRIEUR
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Le Conseil supérieur de l'instruction pu -
hli' Ine s'est réuni hier, sous la prési-
(!cnc'' de M.Caston Hoissier, vice-président,
remplaçant M. Léon Bourgeois retenu au
Conseil «les minist.rt'-;.
Le Conseil sur le rapport de JI, basson a
adopléle pcojetdo décret modifiant l'article
[1 da décret' du 311 avril 1^93 relatif aux
examens d:1 doctoral de 'h'o)t.
L"s examens oraux portent sur les nia-
tières StliV:tlhCS :
Sciences juridiques :
1. Examen : Il droit l'omain,a\'('c une in-
terrogation sur les Pandcctes;
ti° Histoire du droit français ;
2,: Examen : 1" l'ensemble du droit civil;
Au choix .Ill candidat ;
Droit civil comparé dans les facultés où
existe cet enseignement.
Droit international prive;
Droit criminel ;
Droit administratif (juridiclions et con-
tentieux);
Droit commercial ;
Procédure civile et voies d'exécution.
Sciences politiques et ''<'o.'
1"' examen : 11 Histoire du droit public
français ;
•Ju Droit tltlministralif;
3J Droit international public;
i, Droit constil.ulioun.t.d comparé on prin-
cipes généraux du droit public, au choix
du candidat.
2''examen. 1" Heonomi . politique et, h:s-
toire des d riues économiques;
2" Législation française dos linancèJ et
science financière ;
31 Au choix du candidat et selon les fa-
cuites;
Législation et économie industrielles;
Législation et économie rurales;
Législation et économie coloniales.
Cette dernière option p*mt porter iVjrale-
inentsur une des matières d'ordre histon-
que économique enseignées dans d'autres
facultés du même corps, et admises par le
Conseil do l'Université comme enseigne-
ments communs à la faculté de droit et à
une autre faoulle.
Les dispositions de ce décret seront mises
à exécution à partir de t'annun scolaire
1893-1899.
Toutefois les aspirants au doctorat en
droit en cours d'études il la date de la pu-
blication du présent décret, pourront subir
leurs examens d'après le programme cta.Mt.
par le décret et arrêté du 30 avril 95.
Le Conseil a ensuito adopté conformé*
mentaux conclusions du rapport de Mlle
Satl'roy, un projet d'arrNé modifiant les
programmes de travail manuel dans les
écoles primaires élémentaires et dans les
écoles normales primaires de filles.
Aucun changement n'est apporté aux pro-
grammes île travail manuel dans les écoles
primaires supérieures,
Le conseil a aussi approuvé, sur le rap-
port de M. Qucllardel, un projet d'arrêté
instituant dans les écoles primaires du lit-
toral, un cours spécial de notions élémen-
taires de navigation et de pêche cùtière.
La fin de la séance a été occupée par
l'examen des affaires disciplinaires.
Le conseil a rejeté le pourvoi formé par
Mme Blaziot, comrréganiste, contre une dé-
cision du conseil départemental de la Cor-
rè/.e qui lui interdit toute fonction d'ensei-
gnement dans le département.
Réformant une décision du conseil dé-
parlementaI qui interdisait à MM. Langlade,
Lllustalucau, SuulJJVrè, Trassv, Mouysset
et Iticl'olbrt toute fonction d'enseignement
dans 1,,l commune (ITsscl le conseil supé-
rieur a décidé simplement d'appliquer à
ces conirrésafiistes la peine cie la censure.
Le conseil supérieur s'est ajourné à sa-
medi.
LE GOUVERNEMENT GÉNÉRAL
de l'Algérie
Il y a quinze jours à peine, M. Lepine
croyait encore retourner en Algérie et pa-*
raissait le souhaiter; depuis, si l'on en croit
de très vraisemblables informations, son
espoir a subi de rudes chocs, cependant
rien ne serait encore positivement décidé;
mais les efforts des députas antijuifs, sauf
M. Morinaud qui parait s'être retire sous sa
tente, tendaient encore hier a faire nommer
M. le sénateur l'auliat.
Un conciliabule entre lui et M. Drumont
aurait eu lieu, au cours duquel les deux
'inmiues d'Etat, auraient jet'• les hases d'une
alliance dont le but serait l'extermination
en masse d'Israël,et la subalternisation des
colons français à t'eL'ment arabe pour le-
quel JI. l'auliat professe une tendresse in-
concevable. Foin des Français et de leur
race, vive le musulman ! M. le sénateur du
Cher CIl est encore à la. vieille légende de
l'Arabe ot, d., son coursier, Il adore le geste
noble, la belle allure des fils du désert.
Les colons ont tremblé eii apprenant
qu'on allait pe':t-'*'tre leur donner ce gou-
verneur, et. vraiment ils n'avaient pas tort.
L'arrivée de M. l'auliat au pliais du Musta-
pha serait l'iiHurrection sur toute la ligne
au bout de trois mois.
C'a été une véritable panique il Alger
quand on a su que M. Drumont reçu h l'Ely-
sée, aurait obtenu titI chef de l'Etat, la pro-
messe formelle du remplacement de M.
Lépme par M. PauHat. Ce n'est guère possi-
ble, car :1':lfJ!"\s la constitution, il me sem-
ble, te prudent de la République n'a point
le il roi t de décider de Udles questions; elles
se traitent oit conseil des ministres, et bien
que le pauvre M. Ilris,,.)ii ne soit plus le
Hri:-,..;¡.n que nous avons connu, il est peu
probable qu'il accepterait encore une telle
atteinte portée à ses droits.
U'aiHeurs en ce qui concerne l'Algérie, la
discorde serait complète au camp doar. M.
Drumont est le général en chef. Le der-
nier voyage à Paris dl) l'éplièbe Max R**gis,
a été le c jtU)n;nc.)!Uc nt de divisions intes-
tines assez syriens 's. Le jeune protecteur
de M. Drumont, l'instigateur de sn candi-
dature qu'il fit si bien rouss.r, nous ar-
rivait eu triomph.t.tt'ur, héla>! ses menot-
tes fi'or aux poignets parurent d'un goût
douteux, môme àeelui qui n'avait, eu qu'une
pahr.e. Le premier jour on apporta quel-
que . ii(l;--tir à ne pas trop faire voir il
Max qu i! était un :,r"'[)f'llJ', mais dès le
lendemain après t'tmpression «1e dédain
qu'il prevoqua dans les couloirs de la Cham-
bre, oii le souvenir des cambriolages d'Al-
ger, n'était pas encore éteint, 0\1 lit grise
mine au jeune MaRafS. si peu francise.Lui.
aurait, dit-on, alors réclamé salaire de son
d'-vouement, il s'en serait suivi une alter-
cation assez vive, puis un départ préma-
turé et comme Drumont avait déclaré urbi
et o)-bi que s'il était .*-lit, il n'y aurait iptus
de troubles en Algérie, Max le fit ment r en
provoquant des son retour dans sa bonne
ville, l ; s quelques échaufourées qui ont eu
lieu récemment.
La question du gouvernement algérien
n'est donc pas encore résolue. Qui va-t-on
' nommer? Le mieux ternit certainement (Je
laisser les choses eu l'-Urt. Si Si. Lépinc n';l
pas été aussi énergique quai Tout fallu «lès
le début dus attentais commis HfL Aigcrie,
c'est qu'il connaissait ci-wi)ve tuai la situa-
tion, oa'tl était entouré, mdtne auprès 118
' ïui, dans ses hm't'.'t'tx, da gens dévoués
à M. Cambon, et intéressés iL le tromper,
ce qu'il nn soupçonnait gu'''rc; de plus on
n'est pas fixé sur la. nature des instructions
qu'il recevait du ministère de l'intérieur.
Ce qui n.'cst. pas douteux, c'est qu'il a été
jona et desservi par un grand nombre de
ceux dout le strict devoir ÙltÜ! de rucl;<.u'cr
et de le seconder. Actuellement, instruit
par une expérience douloureuse et qui n'a
pas été sans périls, il 11e retomberait pas
d:uts les mêmes errements et saurait assu-
rer le calme dans sou vaste gouverne-
ment.
Il a, d'ailleurs, sur la colonisation des
idées excellentes, approuvées par Lous les
hommes sérieux, les vrais Algériens, Ceux
qui travaillent à la prospérité du pays, sans
'avoir la prétentions ridicule de faire de la
politique transcendante plus dangereuse
qu'uLde là-bas..
Quant aux horreurs qui se sont produi-
tes, surtout dans le département d'Alger,
l'histoire en est encore il faire; elle le sera
et l'on apprendra alors de telles monslruo-
sités que l'on en frémira de tristesse et de
honte. Les crimes de droit commun les
plus hideux, ont été perpétrés avec une au-
dace que rien n'égale, et l'on so demande
comment on ose solliciter l'amnistie pour
de tels faits. Si elle est accordée ce sera une
prime au brigandage et à toutes les int'a-
mies.
C. D'AMBRE.
-
Le Meilleur des Dentifrices c'est l'EAU de SU O!
LES REVUES
Mercure de France (juillet).
1. — Un portrait net et vigoureux de
Georges Clemenceau par M. Pierre Quillard,
La caractéristique de l'ancien tribun de-
venu journaliste — on sait de quolle maî-
trise! - et romancier, est, d'après M. Quil-
lard, la faculté idéologique.
Elle se marquerait déjà dans la thèse de
M. Clemenctîau pour le doctorat en méde-
cine. On la voit se développer dans l'homme
politique, puis dans les deux volumes : La
Mêlée sociale et le Grand Pan qui assirent la
réputation de l'écrivain, entin dans Les
■ Pius forts, roman paru cet hiver.
Sur le Clemenceau de ces dernières an-
nées et d'aujourd'hui, ces lignes : « De
l'amertume et du mépris, mais pas de haine
réciproque ¡lans cette «lnie réputée haineuse
et crue telle sur la foi dc quelques drôles.
De même pour l'irrémédiable infirmité des
gens qui le vilipendent a gueule-que-veux-
tu, dans les journaux et dans les salons,
avec les réticences habiles que comporte
une calomnie savante et très ordonnée, il
ne témoigne qu'une ironique et dédai-
gneuse pitié. »
Il. — Ce qui a fait la force de l'Espagne
d'autrefois, dit M. Georges Lainé dans un
essai sur la Psychologie sociale de l'E.'ipllf)W,
c'est qu'elle était fi. la fois soutenue et do-
minée par trois redoutables puissances : les
moines, les soldats et le roi. Ce qui fait sa
décadence c'est l'écroulement de ces sou-
tiens et l'avènement, l'envahissement de la
bureaucratie.
Le bureaucratisme triomphant lui aurait
fait perdre ses anciennes qualités : la loi,
la bravoure, l'esprit chevaleresque, le dÓ-
VOUI'lIll'IÜ,S:lllS lui en donner de nouvelles.
Les résultats de ce nouveau régime seraient
la haine, et le goût de l'anarchie succédant
il l'ignorance et à la résignation, le fana-
tisme toujours haïssable des révolution-
naires et des dynamiteurs succédant aux
l'anatismes quelquefois bienfaisants des
simples et des patriotes. »
M. Georges Laine conjure les socialistes
qui ne peuvent « rien, rien, rien » pour les
malheureux, de leur laisser leurs croyances
naïves, leurs ignorances; d'abandonner la
direction des humbles consciences aux
moines prêcheurs de résignation, promet-
peurs de récompenses ; enfin d'être com
plices, par charité pour les misérables, des
III USi,i¡h que l'Eglise trouve profit il entre-
tenir. Doctrine ainsi résumée : « Si le cure
est une sangsue, c'est une sangsue qui rend
la santé ».
Sans commentaires!
III. — A propos du livre récent de M. Emile
Deschanel : Les Déformations dt' la langue
{¡'Imça.ls,,:, M. Remy de Gourmont,craint que
l'on ne confonde le mol « déformation ••
avec le mot" corruption Il el préfère celui
de « transformation 1),
Il n'est point hostile aux changements de
sens de certains termes ; et il insiste sur
une idée émise dans un précèdent article,
il savoir que les vocables nés en France,
sont préférables à ceux d'importation étran-
gère. Son antipathie est particulière pour
les emprunts faits au « grossier latin des
codes ", au grec tant aimé des savants, à
l'anglais favorisé des snobs.
•
» • »
> Revue des Revues (15 juillet).
I. — sous ce titre : Mirabeau et Tacite, M.
Henri Welschingerannonce qu'il a retrouvé
L la traduction de la Vie WAgrieola par Mira-
1 beau, et qu'il la publiera prochainement.
Pour celle fo!;':, il p'thlic 1,1 préface «très
originale .. (Iti .\i!!';t')i.';)u avait écrits pour
celle lriLdudiOtl. Dans celle-c. se retrouvè-
rent a la fois les qualités et les défauts du
grand orateur : « la vigueur, la passion,
l'emphase, lïmp:jluosit,é. »
Il faut remercier et féliciter M. Welschill-
ger, dont la découverte justifiera, pleine-
ment l'observation de Victor Ilugo sur l'a-
müur de Mirabeau' pour Tacite : « Il le riÚ-
vorait, il s'en nourrissait et quand il arriva
à la lri lm n.e, en 1789,il avait encore la bou-
che pleine de cette moelle de lion. On s'en
aperçut aux premières paroles qu'il, pro-
nonça »».
II. — M. Henry Bérengor étudie le Cas de
M. Ferdinand Brunetière.
L'article est excellent. Les « fortes quali-
tés <> dii célèbre critique y sont reconnues
— rapidement; mais M. Bérenger entend
démontrer et démontre qu'elles n'auraient
servi de rien à M. Brunetière c( s'il ne les
avait mises en œuvre par le plus beau tem-
pÚrament de régent de collège qu'on puisse
concevoir ».
Ce lçmpÚrnmcnt est son originalité la-
quelle, en efl'et, n'est point où certains
croient la trouver, c'est-à-dire dans le style,
ou dans la pensée, ou dans le caractère.
Le style ! « Ecaillé, hérissé, grinçant,
muni de pinces, de crocs et de dards" il
« s'avance sur le lecteur comme une cara-
pace de crustacé en colère >,. Quant aux
idées, elles ne sont pas à M. Brunetière,
qui « tranche, décrète, fait la leçon Il, mais
« ne pense pas », autrement dit, ne crée
pas. Et enfin, pour le caractère, on ne peut
soutenir qu'il en ail, ses attitudes semblant
« toujours subordonnées au succès II.
C'est un homme de « tempérament 'l, en
d'autres termes un « homme «1e gouverne-
ment ». C'est (1 un autoritaire » ne croyant
à rien qu'en sa propre énergie : Il un nihi-
liste actif ». Cela explique « son âpreté, sa
tristesse, son humour méprisante ", et aussi
« son étroitesse ".
III, — Une brève élude de M. !îenry La-
pauze sur deux amies de Chateaubriand,
lWss Charlotte Ives et la comtesse Pauline
de Beaumont.
Chateaubriand rencontra la première
dans une petite ville anglaise en 1793, elle
avait quinze ans; il était marié, ne le dit
pas d'abord, se laissa aimer, finit cepen-
dant par l'aveu qu'il aurait dû faire immé-
dialeJnpnt, et partit bouleversé, maudissant
« l'insurmontable illégitimité » qui pensait-
il, le privait du bonheur. Il ne revit Char-
lotte devenue L,,itl y Sulton, qu'en is2i
Il était ambassadeur à Londres. Elle vint
le prier de s'intéresser à son fils aîné.
Il lui fit en tout quatre visites. L'année
suivante il était ministre dcs affaires étran-
gères; lady Sulton se trouvait à Paris, il la
I reçut froidement.
Quant aux amours de Chateaubriand et
de \fme de Beaumonl, l'histoire en esl assez
célèbre.
IV. — A signaler de façon très particu-
lière un article eO'royablemcnt suggestif :
la Terreur c-tpagnole aux Philippines, par
A. Pinto de Guimaraes.
L'auteur n'a que trop raison de conclure :
« En présence de pareils faits, personne ne
se montrera surpris de la joie que causent
aux insurgés les succès des Américains.
L'Espagne a déployé depuis des siècles.
dans ces îles infortunées, un étalage de
férocité que l'héroïsme tic sa défense, si
srand. si admirable soil-il, ne saurait suf-
fire à faire pardonner )1,
Y
La Révolution Française (14 juillet).
Dans une longue et importante étude, le
directeur de la ro\"UI', M. Aulard montre
l'élaboration et la ditlusion des idées répu-
bbraines ava t la Révolution.
Il rappelle d'abord qu'il n'y avait point
de parti républicain en France au commen-
cement de la Révolution; mais il s'était
formé « un état d'esprit républicain, qui
s'exprimait par des paroles el des attitudes
républicaines. » Les écrivains du XVIII siècle
avaient été amenés à discuter l'essence
même (iti pouvoir royal et à chercher les
origines de la souveraineté «lu droit « dans
la raison, dans l'histoire, dans l'assentiment
des hommes, dans la volonté nationale. »
Cet état d'esprit républicain se manifesta
parmi les Français instruits dès l'époque
de la llÓ;,:,'net', La définition du gouverne-
ment républicain par Montesquieu 117 58).
« Le ffouvernemeiHrépublicain est celui où
le peuple en corps où seulement une part ie
du peuple à la souveraine puissance )l, de-
vint classique. Et \'oHaire, tout aussi mo-
narchiste que Montesquieu, contribue ce-
pendant comme lui à former l'tdce républi-
caine par ses attaques décisives contre le
catholisme.
Jean-Jacques Rousseau prêche la révoUe,
au nom dq la nature, contre le système so-
cial d'alors. Mably veut subor«lonner le pou-
voir exécutif au pouvoir législatif, ne la)s-
sant subsister qu'un fantôme de roi Il et
sous l'étiquette royale, c'est bien une répu-
blique qu'tl organise, et même il la vou-
drait communiste ",
Ajoutez à l'inlluence de ces diverses doc-
trines les fautes et les vices de Louis XV,
l'oponsition du Parlement de Paris, enfin ln
retentissement de laGuerre d'indépendance.
Mais l'état d'cspDt républicain ainsi créé el.
développé était-il démocratique? X011. Et
en 89. " Une théorie règne, à savoir que les
citoyens les plus aisés doivent seuls admi-
nistrer l'Etat: jouir des droits politiques sur
tous les citoyens qui possèdent une partie
sol ». Cependant les écrivains aristocrates
« préparent l'avènaimuit de la démocratie
par le fait qu'iis proclament quo les hom-
mes sonL égaux en droits ». Le suffrage uni-
vnrscl sera môme établi (10 aotlt 1794 avant
la République.
HARLOR.
Lire demain à la Tribune de lu.
« Fronde : »
Les Ile lies Amies de Chatoau-
. briand
par IUary Sumnicr.
Boite aux Lettres
Madame la Directrice de la Fronde,
Je voudrais vous parler d'une cause inté-
ressante entre toutes : celle «les enfants cie
la classe intermédiaire entre la bourgeoisie
fortunée et le peuple.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant
qu'il existe une classe d'individus sans for-
tune, très souvent d'une meilleure éduca-
tion que celle des mieux partagés par rap-
port à l-argent.
Qu'y a-t-il comme moyen pour élever un
enfant, dont 111 mère travaille mais ne veut
pas s'en séparer et le confier à des mains
mercenaires?
On a fondé des orphelinats, des lycées et
des collèges trop chers pour les petites
bourses, on a fait des asiles et des écoles
communales pour les enfants du peuple,
mais 011 n'a rien fait pour les petits em-
ployés,
Le gouvernement et les philanthropes
ont laissé prendre ce monopole par les
jcsuites.ct l'accaparement do l'enfance par
ces gens dangereux a retardé et retarde
encore le progrès social.
Prenez le cas d'une caissière, d'une em-
ployée de commerce 011 du gouvernement,
d'une couturière, d'une modiste, d'une ar-
tiste, d'une femme enfin n'ayant pas d'in-
térieur, de famille ou de domestique, oc-
cnpéú toute la journée ? Que peut-elle faire
de son enfant pendant tout ce temps con-
sacré au travail?
Ne pourriez-vous entreprendre une cam-
pagne dans ce but : fonder dans les écoles
municipales des internats annexes qui se-
raient alors des internats municipaux, dans
lesquels les enfants, moyennant une somme
modeste, seraient couches et nourris, mais
que les parents pourraient babiller selon
leurs moyens,sans l'obligation aux coûteux
uniformes des coUègcs.
Ces parents, en dehors de leurs occupa-
1 ions, pourraientallerembrasser leurs ch"l's
petits et les promener aux heures de récita-
tion, veiller à leurs besoins, il leur sa:)t''. et
garder îli!act dans leur petit cœur le senti-
ment filial que te collège et la pension atro-
phient. Ce serait un intermédiaire entre la
pension et la famille.
Ces internats garderaient les enfants jus-
qu'à t'ado!cscence. les enverraient, passé
ifouze ans,en apprentissage dans des cxler-
liaIs proft'ssionnets, ou même dans les ly-
cées comme externes suivant le désir des
parents.
Il ne serait pas besoin pour cela d'insti-
tuteurs et d'institutrices brevet''s, mais
seulement. de braves femmes aimant les
enfants, veillant à leur sommeil et à lt!Ul'
nourriture, trouvant en ce dévouement un
emploi honnêto. Les maîtres des écoles fe-
raient le reste.
Voici il me semble, madame, une institu-
tion dont beaucoup de parents se trouve-
raient bien, qui soustrairait à la rue et à ses
hasards une quantité d'enfants pour les-
quels les parents redoutent tout ce qu'a-
mèneraient les mauvais exemples.
N'est-i) pas fâcheux, à noire époque 01'
i'argent prime la valeur indivi tueite, do
voir des familles déchoir faute de ressour-
ces suffisantes et de bonne organisation so-
ciale, et faire perdre ainsi à leurs enfants
le bénéfice des perfectionnements d'éduca-
tion que les aïeux ont transmis par géné-
ration? Et cet état de choses lie contribur-
t-il pas il arrêter le progrès, eu rejetant i.-ii
bas des êtres qui devraient suivre une mar-
che ascendante?
Je sais bien qu'avant de faire germer
cette idée dans "le cerveau de messieurs
nos Gouvernants, et les leur faire exécute:'.
notre génération sera peut ctre disparue
et. que nos petits-enfants seuis. en bénéfi-
cieront; mais parmi les philanthropes foi-
tunés et chercheurs de belles choses à
fonder, ne peut-on espérer rencontrer quel-
qu'un se laissant séduire par l'opportunité
ne ce besoin, et prenant l'initiative pour
arriver à sa g-ul"ri,.;oll,
Je suis, madame. <'tc.
INFORMATIONS
Affaires hispano-américaines
Etats-Unis d'Amérique
New-York, 21 juillet.
On télégraphie 110 \Vashii'ct''):! au Herald \
Quel que soit le sort réservé a Cuba, am}
Philippines, aux Ladrones el aux i"ll.i)lillt,s"
les Américains con-'rveront PI)rl,:-l\Jco. L,'!
gouvernement c-sU fermement résolu à « on --
titu(,r une forte base militaire t'l naval ',
commandant les Indes occidentales, la mer
j des Caraïbes et le futur canal do Panama.-
Le but du président Mac-Kinley, l'n organi-
sant l'escadre du commodore Watson, est
TRIBUNE DE LA FRONDE
DU 22 JUILLET 1898
9)
Cette lubrioue forme un feuilleton, volan
dont le sujet cliavye tous les trois juurs.
LA TRIBUNE
A TRAVERS L'ÉDUCATION
LES VACANCES
III
Colonies de vacances et voyages
scolaires
Les vacances sont nécessaires ; c'est
entendu. Grâce aux syndicats rêvés et
que nous devrons organiser pour l'an
prochain, la troisième catégorie d'enfants
qui fréquentent nos écoles jouira de l'air
et de la liberté, comme ceux de la
deuxième et de la première.
Mais ces vacances nécessaires sont in-
finiment dangereuses pour les écoliers
que leurs parents ne peuvent, faute de
J'eSJources,incorporer dans une associa-
tion d'excursionnistes. Il faut avoir vu,
en août et septembre, les quartiers pau-
vres des grandes villes pour se rendre
compte de la responsabilité qu'assument
les municipalités et l'Etat en fermant les
écoles, alors que les parents sont pris
sans relâche par le travail.
La municipalité de Paris était en bonne
place pour s en apercevoir la première,
et elle avait déjà organisé, il y a quelque
dix ans des « classes de vacances « qui
s'ouvraient quinze jours âpres la distri-
bution des prix, et se fermai.mr quinze
jours avant la rentrée réglementaire.
C'était déjà une atténuation au mal, et il
était il prévoir que Paris ne s'arrêterait
pas dans cette voie.
En effet. en lXU4 — si mes souvenirs
sont précis (je ne suis pas à Paris en co
moment et ne puis vérifier) — le XIII" ar-
rondissement laissa ouvertes dans cha-
cun de ses quartiers, et pendant toute la
durée des vacances, une école de garçons
et une école de tilles, au total huit, et
l'histoire vaut la peine d'être racontée,
parce qu'elle prouve ce que pourrait l'ini-
tiative privée, si elle consentait à sortir,
enfin, de sn. torpeur.
Je revenais, en juiUct. d'une expédition
dans une rue mal famée et indescripti-
ble — sauf en latin — située entre le
XIIIo et le XIV" arrondissement : résul-
tats, deux enfants débarrassés de leurs
loques puantes, habillés de pied en cap
et incorporés dans deux écoles (c'étaient
un garçon et une tille), et je rentrais,
contente de mon exploit, lorsque le sou-
venir des vacances toutes proches glaça
mon enthousiasme... Fatalement, les
deux costumes, neufs aujourd'hui, rou-
leraient, dans huit jours, sur les fortiti-
cations!
Mais aussi, pourquoi étendre la même
mesure, appliquer le même règlement
aux en l'an 1 s de Ytii wc (lit Hois, et a ceux
de la rue des M a! maisons? (aujourd'hui
démolie, je l'espère).
J'écrivis au ministère une lettre toute
palpitante de ce que j'avais vu de na-
vrant, et je reçus en réponse la copie
d'un « arrêté » me chargeant d'organiser
des « classes de vacances, ici, là, ailleurs,
partout.
De ma propre autorité, je restreignis
le programme à sa plus simple expres-
sion, et je me mis à l'œuvre dans le XIII'.
La Caisse des écoles voulut bien payer
le personnel, et comme j'avais surtout
fieurde 1'« emploi du temps scolaire», dont
es enfants avaient été saturés pendant 1
dix mois; comme j'entendais, surtout,
que ces deux mois passés à l'école fus-
sent deux mois de dédommagement, je
partis pour une tournée de mendicité
chez mes amis. Grâce à eux et à l'ap-
point donné par la mairie, les enfants
furent chaussés pour la promenade, et
I furent pourvus Je jouets et du matériel
! nécessaire aux occupations récréatives.
On fil, un appel aux parents, et nos
écoles de tilles furent pleines pendant
deux mois. J'avais, pour ma part, c'est-
à-dire pour la part (k mes amis. dépensé
quinze cents francs environ, sur lesquels
j'avais prélevé une petite somme destinée
à récompenser la propreté, l'exactitude,
l'amabilité et la sincérité de nos élèves
bénévoles, par des dons de poupées, de
vêtements, de livres, et même de livrets
de caisse d'épargne.
Aujourd'hui le pli est pris ; un certain
nombre d'écoles parisiennes restent ou-
vertes dans chaque quartier, en août et
septembre, selon les besoins de la popu-
latiou, et quelques grandes villes cher-
t'ilent à imiter l'exemple de la capitale.
Malheureusement ces « écoles de va-
cances » gardent encore trop les allures
scolaires, par la faute de notre routine :
« Une école n'est pas faite pour le jeu j),
par la faute aussi de notre pauvreté.
C'est navrant de voir les sommes tiéri-
soires qui se donnent pour ces choses-là;
navrant aussi de penser qu'il faut recou-
rir à la vanité et à l'égoïsme pour remplir
les caisses vides. Oh î le nerf de la paix !
Les « écoles de vacances » sont un
bienfait incontestable. Il en sera ainsi
aussi longtemps que tous les enfants des
grandes villes ne pourront pas profiter
de l'admirable et charmante innovation
des colonies de vacances ; institution
d'hygiène préventive au profit des en-
fants débiles des coules primaires, des
D/'« pauvres entre les débiles, des plus
méritants entre les plus pauvres, Elles
n'admettent pas de malades, elles ne sont
I pas une récompense. Leur objet est une
I cure d'air, aidée Dar l'exercice naturel en
pleine campagne ; par la propreté, par la
bonnne nourriture. »
Le pasteur Bion les a fondées il. Zurich
en 1870, et M. Cottinet les a importées
dans notre pays, à moins qu'elles n'aient
été inventées spontanément par Mme de
Prcssensé dont l'inguérissable modestie
restera sourde à ma question, si je lui
demande en quelle année elle a envoyé à
la campagne le premier colon de la rue
de Vaugirard.
En 1SU7. la Ville de rMris a envoyé à la
campagne 4,254 enfants qui, divisés en
32 groupes, ont été installés en plaine,
en montagne, au bord de la mer et lui
ont coûté, en moyenne, 61 francs par
tête, pour la durée d'un séjour qui a
duré de trois semaines à un mois
En 1897, aussi, le Comité de Mme de
I)réssonsi'- a fait profiter d'un séjour d'un
mois, de deux mois, de trois mois à la
campagne. û2ü colons accompagnés de
2:1 mères. Les dépenses se sont élevées
il 28,040 francs, soit environ 41 francs par
enfant.
A Paris encore, et en 1897, l'œuvre des
Trois semaines, dirigée par Mme Lor-
riaux (3U, rue de Cormeilles, Levallois) a
envoyé 1055 enfants et 79 mères de fa-
mille, ce qui représente, dit la notice que
j'ai sous les yeux : 23,814 journées de
campagne, soit 70.000 repas, et, pour ne
parler que d'un aliment : 17.000 litres de
lait. Les dépenses se sont élevées à41,372
francs, donc en moyenne à 30 fr.
Je me suis laissé entraîner il parler de
ces deux œuvres privées, alors que je
me proposais de ne mentionner que les
a'uvres municipales; je reprendrai avec
plaisir t'énumération. si me:) lecteurs
veulent bien me fournir des renseigne-
ments, et je clos la série des œuvres pri-
vées par celle des Enfants à la Mon-
tagne, dirigée par son fondateur, M.
Comte, notre confrère du Relèvement
social. Cette œuvre a envoyé, en 1897,
plus de 500 enfants à la montagne, où ils
sont reçus par des paysans, en groupes
plus ou moins nombreux. La durée de la
cure est de 30 jours. le prix. de la Dell.-
sion varie entre 21 et 23 francs. Cela se
passe dans la région du Mézenc; le siège
de la société est à Saint-Etienne.
A Lyon, la municipalité a envoyé dans
l' Isère à 410 mètres d'altitude: 100 gar-
çons et 20!) filles et a dépensé 11,000 fr. ;
c'cst-a-dirc :)t; fr. par tête. Elle a de plus,
fait construire un bâtiment qui a coûté
55,000 francs. L'acquisition du mobilier
c! du matériel a augmente cette somme
de 12,000 francs. Mais désormais les en-
fants seront, confortablement installés
dans la propriété généreusement prêtée
par M. Fish.
A liordcaux, 150 enfants (c'est le chif-
fre depuis plusieurs années^ ont été en-
vovés : un groupe à Soulac, un groupe
à Saint-Médard-en-Jaile; la sélection se
fait d'après la température de l'année et
le tempérament de chaque enfant.
C'est la Fédération des Sociétés de pa-
tronage des écoles laïques <}ui se charge
de tous les frais. Elle organise une
grande fêle d'été et une tombola. D'au-
tre part, la commission des colonies sco-
laires fait des quêtes dans lesquelles elle
recueille de l'argent et des dons en na-
ture. « On ne peut s'imaginer, me dit
mon correspondant, le zèle et le dévoue-
ment des gens qui ont entrepris de me-
ner il bien cette œuvre excellente.
Lille organise en ce moment les colo-
nie de vacances. Elle s'est adressée il un
certain nombre de maires de communes
rurales pour avoir des renseignements
sur les familles qui accepteraient de se
charger des enfants pendant les vacan-
ces prochaines. Le séjour de ces enfants
au village sera d'un mois.
En 1897, une caravane de 100 fillettes
puis une «le 100 garçons étaient allées
successivement passer quinze jours à
Calais. Cet essai a coûté 4,000 francs en-
viron.
Toulouse (chi va piano l'a sano) a cn-
voyé en 1897, 37 fillettes de 10 à 13 ans
(l'année précédente c'était le tour des
garçons), passer un mois à St-Gaudens.
On les a installées dans le merveilleux
coUèü g'Qij l'on découvre la vallée da la
Garonne, et d'où l'on croit toucher du
doigt la neige des Pyrénées. Cette villé-
gialurc a coûté 1350 francs.
llcims, paraît plus portée vers le-
voyages de vacances que vers les colo-
nies ; mais quelle ardeur enthousiaste !
" L'œuvre qui ne date pas encore d'un
an, m'écrit son promoteur, est déjà très
populaire dans la ville et dans la région.
Chaque jour nous apporte de nouvelles
adhésions ct,gT;îce au généreux concours
des communes, nous pourrons, des cette
année, élargir !'action bienfaisante de
notre association. « En h;/1S, 250 enfants
prendront part à une excursion. Il
Mais il faut lire la brochure de M. An-
dré Les voyages et leur utifife t!lms i' Edu-
cation, avec préface de M..Marcel Du-
bois, professeur de géographie à l'Uni-
versité de Paris, pour se rendre compte
des ressources comme des espérances du
Comité d'organisation.
D'ailleurs, il me reste juste assez de
place pour constater que l'impulsion est
donnée et pour faire appel aux amis de
l'enfance.
i ' En faveur d'une association <) (ollJn,
ayant pour but. de faire passer les va-
cances à la campagne, aux enfants de la
classe moyenne qUI sou* retenus à Paris
par les occupations .le leurs parents, et
non à cause de leur pauvreté.
21 En faveur des œuvres existantes qui
ont besoin de se développer, de se rami-
fier, de se rendre de mutuels services :
l' œuvre des colonies de vacances, l'œw:l'c
des voyages de vacances.
On m'objecte parfois: « il y a trop d'œu-
vres, je ne peux donner à toutes. 1)
Invariablement je réponds :
« Vous n'êtes digne d'avoir de l'argent:
que si voua savez le K-partir.e
PAULINE KERGOMARD.
i ---- m
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.87%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.87%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6703345f/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6703345f/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6703345f/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6703345f/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6703345f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6703345f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6703345f/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest