Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-04-22
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 avril 1898 22 avril 1898
Description : 1898/04/22 (A2,N135). 1898/04/22 (A2,N135).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67032542
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
La Fronde
T>EUXTfiME ANNm;. — Ne 135
VENDREDI 22 AVR^t,^ SAINTE OPPORTUNE LE NUMÉRO : CINQ oentJm.eti
CALENDRIER RÉPUBLICAIN
3 FLORÉAL AN GVI
-Vâ
CALENDRIER PROTESTANT
ras?agcs de la Bible à lire et à raéditw
ROMAINS 1, 4.
CALENDRIER RUSS!
10 AVRIL 1898
1
%,
CALENDRIER ISRAÉLITE
ANNÉE 5658, 2 IYAR
Prix des Abonnements :
Un An 20 fr. Six Mois 10 fr. 50 Trois Mois 5 fr. 50.
AUTKMF.NTS'ET "ÂlGÉRIÊ - |4 Cr. Cr. - - 18 12 fr. Ir. - » - 6 JJR »
.1. ~ - ETRANGER (UNION POSTALE) — 35IR- 10 IR* • — 1U IR* »
A .
DIRECTRICE 1 MARGUERITE DURAND
-
Direction et Administration : i4, rue Saint-Georges.
Téléphone 221.71
Les «nonces sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lagrange et Cul,
e, place de la Bourse, Paris.
LA FROXDE, Journal quotidien,
politiquc, littéraire, est dirigé,
u(hninistré, rédige, composé par
des femmes.
Aujourd'hui
Vendredi 22 Avril
Fête de naissance du grand-duc Vladimir.
Hôtel des sociétés Savantes, 28, rue Serpents
pal le A., il 8 h. 112, cours d'anglais, professeur
Mme K. Herbert. — A 8 h. 112, Géographie corr
niercialo, <'spagnoi, M. J.-L. Lapuya. — A 8 1
Réunion do la chorale de langue anglaise.
Section dl: la Munie du X• arrondissement, ru
du Faubourg Saint-Martin, 72, Géographie coin
nierriale. anglais, professeur. Mlle C. Prévost
.1 l"Ec.)le V({l((/llelin, de 6 à 7 h. Langue ita
!i' nn', professeur M. Laury (iuilliani de G à 7 h
Langue et Grammaire françaises.
A Saint-Lambert de Vaugirard, adoration per-
pduélle du Très Saint-Sacrement.
Ail théâtre des Folies-Dramatiques, à 8 h. 1(2,
reprise de La Fauvette du Temple.
Départ du courrier pour New-York, du Havrt
par le paquebot La Ilouryoflne; pour Philippe-
ville et BÔTW, de Marseille, par le paquebot
Ville de Su/des : pour Alger, de Marseille, pai
Je paquebot (;éneitil ChaTtzy ; pour Patras, Syra,
Sak.nuuie, La Gavalle, Dardanelles, Constanti-
nuplc, Xovorossisk et Batoum, de Marseille, par
Je paquebot Bagdad; pour Oran et Oarthagène,
de Marseille, par le paquebot Ville de Madrid.
Visit.s aux Musées du Louvre, du Luxembourg,
de à 5 h. Cluiu/, de 9 à 5 h. Guimet et (lal-
lient de midi h T> h. llôtel-dc-Ville, de 2 à 3 IJ.
Monnaie, de midi à;? Il. Palais de Justice, de Il à
4 (i. Trésor 'vutri.-nalne, de 10 à 4 h. Invalides,
tombeau de Napoléon, de midi à 3 h. Sainte-Cha-
j-elle de lu à i Il. Jardin des l'tantes, la ména-
gerie de 11 à 5 h. galerie d'histoire naturelle, de
11b. il :î li. Aquarium du Trocadtiro, de 9 à 11 h.
i l de 1 à i h.
Sevrés : Musée, galerie et ateliers, de midi à
4 hon't's. Palais de Fontainebleau : de 11 à 4 h.
l'enailles: le Palais et les Trianons, de 11 à
5 h.
ÉPHÉMÉRIDES
22 avril 1857.
Discussion sur les affaires d'Afrique.
Les adversaires de la colonisation ont failli
faire évacuer le Tonkin où la France n'est
resiée qu'a une voix de majorité. Une discus-
sion parlementaire analogue eut lieu le 22 avril
1KV7. a propos des affaires d'Afrique, discussion
provoquée par une demande de crédits supplé-
mentaires occasionnée par l'expédition de Cons-
tanline.
Le Maréchal Clauzel qui avait échoué devant
Consfantine fut mis en cause ; il vint lui-mème
se défendre <\ la tribune.
.. L't question d'Alger, dit-il devait être au-
dessus des petites ambitions ministérielles et
des déplorables oscillations de la politique inté-
rieure. » i
M. Ttu''tf! vint parler contre l'occupation illi- |
mité ; Lamartine déclara qu'il rcfuscr;ùL les
f"l't"dil:-;, MM. Molé et Guizot demandèrent qu'on
se bornât à occuper la régenre d'Alger.
On ne put s'enlendre sur un ordre du jour et
on continua à rester en Algérie où (ln finit par
adopter la théorie du maréchal Clauzel qui dc-
mandait .. la réunion de l'Algérie à la France n.
Si la voix du vieux maréchal ne s'était pas i
fait ;([rf)dr<;, ce jour-là. l'Angleterre occuperait
:Hljllurd'hui Cunstantine d'un côte et Oran de
l'autre.
M.-L.-N.
Lire là la tribune do CI LA
FItOXDE » :
A Propos
de la Bataille Académique,
imr firifïWf*»
Comment ils
nous lisent
M. Frédéric Loliée est un si courtois
ennemi que nous n'aurons pas le cœur
d'exercer contre lui de trop cruelles re-
présailles.
Mais n'est-il pas intéressant, mainte-
nant que ses deux articles : Comment
elle* nous jugent, (1) ont fait couler des
flots d'encre, de résumer la psychologie
du tournoi, et de voir si la déduction
finale confirme ou contredit la thèse qu'il
a voulu soutenir.
Car il s'agissait d'une thèse préconçue.
M. Loliée a commencé par l'établir à
coups de citations soigneusement triées
dans la littérature féminine. C'est cn-
suile seulement, et après nous avoir fait
parler à son gré, qu'il s'est avisé de
nous demander ce que nous pensions. Il
a publié nos réponses avec une bonne
foi aussi évidente qu'était son évident
parti pris.
Il en est résulté une contradiction très
divertissante entre ses deux articles. Il
n'a pas paru s'en apercevoir.
M. Frédéric Loliée est parti de cette
idée que, du moment qu'une femme pense,
elle se dépêche de penser du mal des
hommes; du moment qu'elle écrit, c'est
pour écrire sur eux pis que pendre.
Il s'est gardé d'en conclure que, peut-
êtrc, cette animosité,si elle existe réelle-
ment, pourrait bien provenir de quel-
ques torts du sexe fort envers le sexe
faible.
Il adonné il entendre qu'elle est le fruit
de notre méchant naturel, l'œuvre sur-
tout de ce bacille d'acrimonie auquel
l'encrier d'un bas-bleu sert légendaire-
ment de bouillon de culture.
Et, juste au moment où nos confrères
masculins semblaient désarmer un peu
il notre égard, s'habituer à nous voir
trotter iL coté d'eux dans tous les labo-
rieux sentiers de l'art, comme on s'était
habitué il nous voir pédaler court-vêtues
dans la liberté du grand air, vers l'infini
des longues routes, M. Loliée leur a jeté
le cri d'alarme : te Prenez garde, mes
ami?! Lisez-les, ces révoltées, ces auda-
cieuses... Voici comment elles nous ju-
gent I »
Alors, nos romans à la main, il a cueilli
I. lie rue des Revues du 15 mars et du
ter avril.*
I un petit bouquet de citations, d'où il i
suite :
é» 1° Que nous trouvons les homm
ar I laids, parce que Gyp a montré, dans i
I landau : « un monsieur gros, court, cor
I mun, l'air agacé, près d'une femme r
I vissante. »
~~ I 2° Que nous trouvons les hommes J,
I ches, parce que Georges de Peyrebrui
I met cette épithète sur les lèvres d'ur
I malheureuse amante abandonnée, et ei
| core « en se tordant les doigts dans
I spasme d'une crise, » — ce quiexcus<
I rait la vivacité de l'adjectif.
te, | 3° Que nous trouvons que les homme
^ I s'habillent mal, parce que Rachilde conr
h" I pare des habits noirs entre des toilette
I de bal à « des corbillards se promenai]
ne I parmi des fleurs ».
n-1 4° Que cependant nous leur interdison
il- I d'apporter quelque esthétique dans leur
j*- I vêtements, parce que Daniel Lesueu
I affirme que, chez eux, « toute excentri
. I cité de costume est ridicule par 1;
puérilité des préoccupations qu'elle dé
2 I note. »
I 5° Que nous attribuons aux homme:
.e I une révoltante brutalité, parce que Ca
;- mille Pert montre une jeune mariée, du.
I rant la nuit de noces, « blessée par cett(
I union de surprise et de douleur ».
i- I Mais, cher monsieur Loliée, commen1
r I serait-il possible d'écrire un roman s'i
fallait en éliminer toutes les phrases dE
ce genre. Vous en trouverez partout,
tant que vous voudrez : non seulement
sur les hommes dans les livres de fem.
1. A I mes, mais sur les femmes dans les livres
f- J de femmes,et sur les hommes aussi bien
~ que sur les femmes dans les livres
e d'hommes.
i- I Je n'en veux pour exemple que cette
I note de votre premier article :
t\ I « Les licornes, a dit un humoriste,
£ J « sont plus communes qu'une amitié
j entre femmes. »
I Aimable aphorisme, qui dépasse, j'ose
I le dire, en injustice et en férocité les
plus durs de ceux que vous avez si soi-
I gneusement choisis dans nos livres.
I Pour ne pas vous accabler, je ne cite
. j pas le commentaire dont vous agrémen-
i I tez cette ligne charmante. Vous êtes in-
11 capable, n'est-ce pas, de nous mal juger.
[ Vous vous plaignez seulement d'être mal
1 j jugé par nous.
Mais, mon cher confrère, si vous n'a-
I viez pas tant d'esprit, et une si paro-
, doxale malice, vous auriez commencé
I par votre second article, ce qui vous eut
I interdit d'écrire le premier. Vous nous
auriez d'abord demandé ce que nous
I pensons des hommes en général et de
l'antagonisme des sexes en particulier,
j et vous auriez reçu tout de suite cette
série de réponses modérées, équitables,
spirituelles, tristes parfois, mais jamais
agressives, que vous avez loyalement
exposées devant le public, juge du dé-
bat.
N'allez pas dire, subtil misogyne, que
ces réponses étaient réfléchies, pesées,
voulues, tandis que votre cueillette de
nos pensées inconscientes montrait le
I vrai fond de notre perfide cœur.
Non. Car, si vous m'y poussiez, je re-
I prendrais une à une, ces opinions fémi-
I nines, que vous avez données à la Revue
I des Revues, et que tant de journaux ont
I reproduites, et je trouverais, dans les
I livres de chacune de vos correspon-
1 dantes, la même opinion antérieurement
I exprimée, soit en mots précis, soit par
j l'ensemble d'une donnée romanesque ou
I philosophique.
I C'eut été d'une psychologie plus aus-
tère, plus juste aussi, quoique moins bril-
lamment malicieuse, de faire ce travail-
là, de chercher sincèrement, non pas
dans une phrase déracinée de son milieu
et par conséquent dépourvue de sens,
mais dans l'ensemble d'une œuvre ou
I seulement d'un livre, la formule qui eut
exprimé l'âme de chacune de nous, notre
secrète pensée, notre façon personnelle
de comprendre et de représenter l'idéal
masculin.
I Le : Comment elles nous jugent. eut
donné des résultats moins piquants, mais
beaucoup plus profonds, et plus utiles à
l'entente des deux sexes.
Il serait amusant, mais un peu trop
oiseux et puéril, de donner au premier
article de M. Loliée sa contre-partie, prise
dans les écrits de ces messieurs :
Comment ils nous jugent ?
Pas mieux que nous ne les jugeons, '
s'il faut en croire les imprécations de
Musset, l'âpre mépris de Baudelaire, la
pitié humiliante de Michelet, les ana-
thèmes de Shopenhauer, les cinglants
sarcasmes de Barbey d'Aurevilly, ou
même — pour ne prendre que deux ro-
manciers modernes — les cruelles énig-
mes de Paul Bourget et les demi-virgi-
nités de Marcel Prévost.
Avouez, cher monsieur Loliée, que si
vous nous devez, vous autres hommes,
quelques récentes égratignures à fleur
d'épiderme, nous vous devons des fla-
gellations dont notre cœur et notre fierté
saignent, depuis l'Ecclésiaste et depuis
l'auteur de la Matrone d'Ephèse.
Vous avez été seuls, messieurs, à dire
votre opinion pendant des siècles. Elle
n'était pas flatteuse pour nous. Ne criez
donc pas si fort quand nos petites plumes
griffonneuses vous écorchent un peu en
courant.
Nous ne vous ferons d'ailleurs jamais
si noirs que vous vous faites vous-
mêmes.
Je défie aucune femme de créer un
avare pire que Harpagon ou Shylock,
un débauché plus pervers que Lovelace
ou Valmont, un nigaud plus achevé que
Georges Dandin ou Boubouroche, une
brute jalouse plus farouche qu'Othello,
et un plus joli mufle que Bel-Ami.
Que diriez-vous donc.ô nos chers con-
frères, si nous vous avions jamais inca-r
nés dans la peau de pareils personnages?
N'a-t-on pas reproché aux femmes de
peindre des héros trop parfaits, des
chevaliers de keepsake, des trouba-
dours de pendule ?
Ce serait plutôt notre défaut. Mais si
6- nous nous haussons à quelque clair-
voyance psychologique, nous sommes
3s bien forcées de décrire l'humanité
in comme elle est : criblée de défauts et
1- bondée d'égoïsme, aussi bien du côté
L- masculin que du côté féminin.
Et, du moment que nous peignons
L- l'amour, il faut bien que nous fassions
e saigner des plaies et ruisseler des lar-
e mes.
1- En écrivant, chacun se rappelle qu'il a
e souffert, l'homme par la femme, la
- femme par l'homme. Il est naturel que
chaque sexe voie plutôt les victimes de
3 son côté. Nous ne créons même de la vie
- frémissante et sincère qu'à ce prix.
3 D'ailleurs qu'importe, puisque, en ra-
t contant les angoisses, nous disons aussi
les dévouements et les baisers.
Tant qu'il y aura sur la terre des
hommes et des femmes, ils se feront
souffrir et ils s'accuseront mutuellement.
Mais il y aura aussi des amants, qui, les
yeux dans les yeux, les lèvres aux lè-
vres, se donneront le surhumain bon-
heur, dont le regret ou le désir fait blas-
phémer et sangloter les bouches soli-
taires.
DANIEL LESUEUR.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Deux lettres
Elles ont trait au procès de Versailles
elles traduisent des préoccupations oppo
sées, mais qui se complètent par le vis-à
vis; elles se répondent même de joli
façon.
La première, sympathique, arrive dl
province :
La voici :
a Madame,
Les articles du Jour et du Soir, concer
nant l'atlaire de Zola, prouvent surabon-
damment aue quelque chose de malpropre
ou d'ignoble, se prepare, lors du procès, i
Versailles. Je crois qu'il serait nécessaire
de faire appel à la presse républicaine dE
province atin que chaque journal envoie
un rédacteur il Versailles le jour du pro-
cès. Je sais bien que tous ces rédacteurs n(
pourront pas assister aux débats de l'inté-
rieur, mais il y a lieu de supposer que les
scandales ne se passeront pas tous à l'au-
dience et, qu'en plein air,desmanifeslalions
hostiles au justicier se feront.
Donc, si, à l'intérieur, on veut bâillonnei
les avocats, si on veut empêcher la vérité
de se faire jour, si, à l'extérieur, on veu!
commettre une vilenie, mème un crime (car
tout est possible dans cette atraire) les ré-
dacteurs des journaux républicains seront
là, prêts li protester, et, ils,jetteront à la
France entière le cri de leur indignation et
! l'appel à tous les Français pour châtier les
1 coupables.
; Agréez, Madame, l'assurance de mon plus
! profond respect.
; L'idée serait bonne, certes, si la presse,
en général, avait témoigné plus de soli-
darité et d indépendance ; ne s'était pas
faite dupe ou complice; était demeurée
dans sa tradition chevaleresque de grande
justicière et redresseuse de loris.
La seconde, que je m'abstiendrai de
qualifier, car elle se présente d'elle-même,
et me ravit, tant pour son tour de phrase
que par la délicatesse de ses intentions,
émane d'un guerrier demeuré fidèle à la
rude f ranchise des camps.
Mais, d'ignorer la dissimulation, sa
prose acquiert, en même temps qu'une
saveur agréable, une valeur documentaire
tout à fait instructive et édifiante.
Jugez-en.
Madame,
Dans vos « Notes d'une Frondeuse » d'hier,
vous demandiez ce que MM. les militaires
feraient de plus, aux partisans de l'ordure
qui a nom Zola, que de les menacer de les
rouer de coups et de les jeter à l'eau, et
vous terminiez par ces mots : « Y réussir? »
Je suis enchanté de l'occasion qui se pré-
sente, pour un vieux soldat d'Afrique, d'é-
clairer vos incertitudes. Il est évident qu'une
bonne batterie installée à Satory, et chargée
de boîtes à mitraille, devant laquelle on
alignerait, par peloton, la bande des drey-
fusards, zolistes, et autres drôles de même
sorte, serait un excellent moyen de débar-
rasser la France des bêtes puantes qui la
déshonorent. Mais c'est là une solution que
réprouverait la civilisation.
Dans l'état des choses, on se bornera à
casser les reins et à f... à l'eau ceux qui
crieront un peu fort contre la France et pour
l'adorateur du postérieur de la Mouquette,
etc., etc.
Suivent quelques ordures finales.
« Une bonne batterie installée à Sa-
tory »... On devine qu'en écrivant cela, il
s'est léché la moustache. Hein! vieux
brave, comme on se régalerait 1
Malheureusement, la « civilisation » est
là — qui nous sauve la vie! Mais il ne
faut pas se désoler : les bons jours peu-
vent revenir. Il y a vingt-sept ans, on la
miC dans sa poche, la civilisation, avec le
drapeau par-dessus.
Rien n'est perdu; cela peut se retrouver.
Espcrez, vaillant guerrier, espérez!
SÉVERINE.
Autour de l'Odéon
Vraiment nous vivons à une époque
singulière de snobisme à outrance. Le
moindre fait touchant au théâtre et aux
coulisses prend des proportions inatten-
lues.
Hier un brave homme de boulanger
lui avait porté des petits pains à un des
concierges de l'Odéon, mourait, et aus-
sitôt un de nos confrères des plus graves
l'habitude et des mieux informés, impri-
mait le curieux entrefilet suivant :
Une personnalité originale du quartier
Latin vient de mourir.
C'est un boulanger de la rue de l'Odéon,
le père Cotet, habitué des coulisses de
l'Odéon, connaissant tous les artistes, leur
donnant des conseils.
Sous la direction Porel. il émettait son
r- opinion sur les pièces, leurs auteurs,
is leurs interprètes et signalait les coupur
(<5' à faire ou les changements à opérer. Cot
trônait dans ce monde spécial des théâtre
qu'il amusait du reste par ses observation
e baroques souvent.
Il continua son rôle avec Marck et De
s beaux, qui le passèrent avec le reste à G
s nisty. Jusqu'à son dernier jour, ce bon mi
- niaque a fréquenté le- foyer des artistes.
est mort brusquement, emporté par un
j attaque d'apoplexie.
1 Un boulanger passant ses journée
3 pendant que le pain cuit, dans les cou
3 lisses de l'Odéon, tutoyant les acteurs (
3 causant familièrement avec les actrice:
donnant des conseils sur la façon dont
. faut interpréter Horace, indiquant le
i bonnes traditions d'Alceste, jugeant le
pièces nouvelles et conseillant les cou
; pures, c'eût été un type d'une extrêm
; originalité. Comment se faisait-il qu
nous n'ayons connu ce phénomène qu'a
i près sa mort?
Il aurait mérité, ce boulanger, les hon
neurs du triomphe de son vivant, pour
quoi ne nous révèle-t-on ses qualités qu
le jour de son enterrement.
C'est que notre grave confrère a éti
mal informé, ou a voulu, pour une fois
railler, en inventant de toutes pièces
cette légende du mitron critique et cen
seur.
J'avive d'une petite enquête, — moi
Dieu oui,pour ne pas en perdre l'habitude
— autour du monde de l'Odéon et voic
ce que nous avons appris :
Du haut du ciel ta demeure dernière
0 bon Cotet tu dois être content ?
Cotet n'a pas fréquenté jusqu'à sor
dernier jour le foyer des artistes par h
raison bien simple qu'il n'avait ni l'ha.
bitude, ni la permission d'y aller. Il y î
bien cinq ou six ans qu'il ne paraissait
plus à l'Odéon, étant malade; il ne dcpa s.
sait pas autrefois la loge du brave
Emile, le concierge en second dont il
était l'ami. A coup sûr, l'amitié d'un
grand homme est un bienfait des dieux,
mais l'amitié d'Emile ne donne pas le
droit au foyer et encore moins le droit
de censurer les pièces nouvelles.
Le père Cotet, boulanger de son état,
se contentait d'apporter ses petits pains
au concierge qui lui donnait parfois
quelques billets de 3e galerie où le mi-
tron allait applaudir les pièces du réper-
toire qu'il ne comprenait pas ; son ins-
truction étantdes plus rudimentaires. De
temps à autre, de la loge d'Emile, il ar-
rêtait un acteur de l'Odéon et lui deman-
dait sa clientèle pour les petits pains, ce
qui lui valut un jour cette réponse de
M. Chelles :
— Merci, mon brave homme, nous
avons assez de petits fours comme cela.
Voilà il quoi s'est borné le rôle de ce
censeur dramatique de Cotet.
Après avoir consciencieusement, fait
mon enquête auprès de cinq personnages
du théâtre de l'Odéon, j'ai voulu terminer
en recueillant le témoignage d'un des
pilliers du second de nos théâtres sub-
ventionnés, et je me suis rendue chez
M. Albert Lambert, père, qui est non
seulement l'acteur applaudi que l'on sait,
mais encore un confrère de lettres ayant
écrit ce livre Sur les planches dont un
maître éminent Henry Fouquier a fait la
préface.
M. Albert Lambert habite rue Mon-
sieur le Prince un grand appartement
d'une vieille maison du xvme siècle, où il
a entassé des curiosités, des objets d'art
avec le soin d'un brave bourgeois de
Paris qui aurait le goût des bibelots.
Je lui demande à brûle-pourpoint :
— Vous avez donc perdu un habitué
des coulisses ?
?
— Oui, celui qui connaissait tous les
artistes.
— Hein?
— Qui vous donnait des conseils.
— Plaît-il ?
— Celui qui émettait son opinion sur
les pièces, signalant les coupures à faire
et les changements à opérer !
— Vous voulez parler de Francisque
Sarcey ? mais Dieu merci il n'est pas
mort, il est bien vivant, je l'ai vu hier.
— Eh ! non, je veux vous entretenir
du père Cotet.
— Le boulanger de la rue de l'Odéon ?
— Parfaitement, vous voyez bien que
vous le connaissez.
— Comme tout le monde à l'Odéon ;
c'était l'ami d'Emile, il voulait absolu-
ment que nous donnions notre pratique
à sa petite boulangerie. Il y a bien cinq
ou six ans que nous ne l'avions vu ; il pa-
rait qu'il était malade.
— Il est mort.
— Pauvre homme ! tant pis, Emile sera
bien contrarié.
Voilà la légende du boulanger-critique
détruit, je m'imagine.
Nous parlons d'autre chose, et Albert
Lambert en arrive à son sujet favori, à
son fils dont les succès au Théâtre Fran-
çais le rendent légitimement fier, ce fils
qui est non seulement le jeune premier
plein de flamme que vous connaissez
mais encore un dessinateur original et
un peintre de mérite. Le père nous mon-
tre uu beau portrait de Mounet-Sully
dans Hamlet, une sanguine par Albert
Lambert fils et une toile sur le chevalet,
un paysage d'automne dont bien des
peintres en vedette pourraient se montrer
satisfaits.
— Vous avez là un élève qui vous fait
honneur.
Le père sourit, heureux des éloges,
mérités que l'on décerne à son fils.
— Des élèves, dit-il, mais j'en ai eu
beaucoup et tous ne sont pas au théâtre;
ainsi ce poète de grand talent dont on
parle un peu en ce moment, cette Mlle
Hélène Vacaresco qui vient de publier
l'Ame Sereine chez Lemerre, j'ai eu le
plaisir tion de lui donner des leçons de dic-
ion il y a dix ans, quand elle vint à
Paris pour la première fois, et qu'elle
commença sa réputation en récitant ses
poèmes chez Sully-Prudhomme.
Mais l'heure s'avance, après avoir
admiré les vieilles sculptures du xvni
siècle dont Albert Lambert se montr
légitimement orgueilleux, nous quittons
ce brave homme qui est non sculemen
un des bons comédiens de notre époque
mais encore un esprit littéraire, délicat
ayant écrit des pages qui valent d'êtn
lues et conservées.
C'est égal on nous a fait marcher avec
la légende du boulanger Cotet.
Une autre fois nous nous méfierons.
MARIE-LOUISE NÉRON.
On dit...
POLITIQUE
L'Espagne a été acculée dans ses derniers
retranchements, provoquée de façon à ren-
dre inévitable le conflit terrible qui, de
l'avis des plus autorisés, se prolongera psut-
être une année. Dèux flottes considérables,
disposant des engins les plus perfectionnés,
vont se livrer à une destruction sans merci.
Il n'est pas possible que l'Europe accepte
tranquillement la responsabilité de laisser
accomplir un tel désastre; seulement elle
interviendra trop tard. L'Espagne, que d'au-
cuns supposent déjà vaincue, puisqu'elle
ne possède que dix-sept millions d'hommes
contre soixante-douze millions peuplant les
Etats-Unis, va faire jouer devant le littoral
cubain les fameuses torpilles qui, d'après
la version américaine, auraient causé
l'explosion du Maine. Il reste maintenant
à déterminer le rôle des puissances neutres
pour lesquelles se posent les points d'inter-
rogation du droit international : les quatre
grandes règles dans lesquelles sont fixées
les bases du droit des gens en cas de guerre
' maritime.
Ces quatre règles comprennent : 1" L'a-
bolition de la course, autrement dit l'in-
terdiction des navires armés par les parti-
culiers et à leur profit; 2° L'obligation aux
pavillons neutre de couvrir la marchandise
ennemie de leur protectorat, sauf s'il s'agit
d'objets de contrebande de guerre ; 3° Le
privilège reconnu aux vaisseaux apparte-
nant à des armateurs de pouvoir transpor-
ter des marchandises provenant de l'une
des deux nations en conflit sans risquer la
confiscation. A cellerèglede l'insaisissabilité
s'ajoute enfin le quatrième article visant
les blocus destinés à empêcher l'accès du
territoire ennemi — lesquels doivent être
maintenus par une force suffisante. Ce
n'est qu'à cette condition qu'un vaisseau
relevant d'un pays neutre devra être ar-
rêté pour violation de blocus, les côtes en-
nemies ne pouvant être déclarées bloquées
sans un nombre de navires suffisant pour
les défendre. Or, de ces quatre règles aux-
quels n'ont pas adhéré l'Espagne et l'A-
mérique, le droit d'armer des bâtiments
corsaires est probablement celui dont l'une
des deux au moins fera usage. Les trois
dernières clauses du Congrès de Paris de-
meurent donc la sauvegarde des Etats neu -
très, la garantie internationale que les na-
tions belligérantes sont rigoureusement
tenues de respecter.
MADEMOISELLE.
DANS LES MINISTÈRES
M. Cruchon-Dupeyrat, secrétaire général
de la préfecture de la Vendée, est nommé
sous-chef du cabinet du ministre du com-
merce, de l'industrie, des postes et des té-
légraphes, en remplacement de M. Paul-
Ernest Picard, précédemment nommé chef
du cabinet du gouverneur de la Banque de
France.
DANS L'ENSEIGNEMENT
L'association sténographique universi-
taire, dont le siège est à Paris, rue Tron-
chet, vient do faire subir aux élèves les
examens qu'elle a organisés depuis f882.
Ces examens comprenaient les épreuves
sténographiques et celles de la machine à
écrire.
Les épreuves avaient lieu au gymnase
Voltaire pour les candidats de Paris et en
mème temps à Amiens, Bordeaux, Limoges,
Soisscns, Tourcoing, Tunis et Bruxelles
pour les élèves de ces villes.
La distribution des certificats et des prix
obtenus se fera le dimanche 29 mai pro-
chain dans la grande salle des Fêtes du Pa-
lais du Trocadéro, et elle sera suivie d'une
matinée qui s'annonce comme devant être
très hritlante.
DANS LES ÉGLISES
Dans la chapelle des Jésuites, rue de Sè-
vres, une messe a été dite hier matin par
le R.P.Matignon, supérieur général, en sou-
venir des victimes de la catastrophe de la
rue Jean-Goujon.
Ce service a été célébré à la demande de
l'OEuvre des campagnes que présidait Mme
la duchesse d'Alençon.
Toutes les dames patronr.esses de la So-
ciété assistaient à la cérémonie, qui était
absolument privée.
Après l'Evangile, le R. P. Matignon a, du
bas de l'autel, prononcé quelques paroles
et fait l'eloge de la Charité.
—°—
Hier a été célébré, en l'église Saint-Tho- !
mas-d'Aquin, le mariage du vicomte Léon
de Lapérouse avec Mlle Jeanne Saint-René
Taillandier, fille de M. Henri Saint-René
Taillandier, ancien sous-préfet,un des plus
grands propriétaires-viticulteurs de Pro-
vence et petite-fille de l'académicien Saint-
René Taillandier.
Les Lapérouse descendent du célèbre naviga-
teur.Le vicomte Léon de Lapérouse qui a fait la
?ampagne de Madagascar,est le petit fils du gé-
r1éral comte de Lapérouse, un des héros de la
:onquôte de l'Algérie et le tlls du vicomte Henri
le Lapérouse, lieutenant de vaisseau, mort au
Pirée en 1883. Sa mère, née Vico était la fille du
Mtonc! Vico, ancien aide de camp du général
Sébastiani, mort devant Sébastopol. '
Mgr Latty, évêque de Châlons a donné la
bénédiction nuptialeaux jeunes mariés et a
rappelé dans une touchante allocution les
itres de gloire des deux familles.
A son entrée à l'église, le cortège nuptial
Hait ainsi formé :
La gracieuse fiancée et M. H. Saint-René
raillandier son père, le vicomte Léon de La
)érouse et la comtesse du Chatenet, le colonel
'omte de Lapérouse et Mme Il. Saint-René
raillandier, Je comte Lefèvre Desnouettes et
Vlme Fernand Cornu, M. G. Saint-René Tail-
andier, ministre plénipotentiaire, et la com-
esse Lefèvre Desnouettes, M. E. Pellat, et Mme
Hornu, le colonel Becquez-Beaupré et la ba-
'onnc de Soubeyran, le baron de Soubeyran et
a comtesse de Ligounès, le comte et la com-
tesse de Guerrif, M. et Mme de Benazé.
La maîtrise de la paroisse se fait enten-
Jre sous l'habile direction de M. Fauch,
maître de chapelle, l'hymne à Sainte Cécile
le Gounod et le Panis Angelicus de Franck
ivec le concours du ténor Muralcl de 10-
. fS-, vé. - « - -■ - — -, ~
péra et de M. Paul, Lemaitre violoncelliste.
Les demoiselles d'honneur étaienL,Mjles '
de Moiroy, Lapérouse, SainL-René - Tail-
landier.
Au retour de l'église, réception et lunch
chez M. H. St-René Taillandier.
-0-
Hier également à la même heure on b&-
nissait en l'église Saint-Piérrè-de-Chaillot le
mariage du vicomte Félix de Simony avec
Mlle Noblet.
Les témoins du marié étaient le vicomte
de Masson d'Antienne et le vicomte de Si-
mony, ses oncles ; ceux de la mariée le ba-
ron de Noblet, son oncle et M. de Florimond,
son cousin.
UN PEU PARTOUT
prince Christian de Danemarck est
arrivé avec sa suite, hier soir à Paris, par
hague.l'express de 6 heures, venant de Copen-
—o—
il 20, hier matin, que les reines
de Hollande sont arrivées à Cannes.
M. Leroux, préfet, et M. Perrissol, maire.
de Cannes, leur ont souhaité la bienvenue
Les reines se sont rendues directement à
leur hôtel au Cannet, où elles comptent
passer quatre jours.
—o—
La princesse Christine de Schleswig-
Holstein, vient de quitter Paris, se rendant
if. Londres.
Le prince Demidoff, est parti,, hier égale-
ment pour Londres.
—o—
La délégation nommée par la Société le
« Droit Humain » (Commission pour l'en-
voi de femmes fonctionnaires dans les Co-
lonies), a été reçue le mercredi, 6 avril, par
M. Lebon, Ministre des Colonies.
Aux demandes adressées en faveur des
Doctoresses, des Sages-femmes et des Insti-
tutrices, désireuses de se créer une situa-
tion à Madagascar et d'y propager les idées
républicaines avec l'appui de la Métropole,
M. Lebon a répondu que le gouvernement
était engagé avec les sœurs de Saint-Jo-
seph qui avaient une maison à Madagascar
avait l'occupation française ; que les Doc-
toresses et les Sages-femmes n'avaient
droit à aucune protection du gouverne-
ment, attendu que les docteurs masculins
étaient admis près des femmes musulma-
nes; enfin, pour les Institutrices-fonction-
naires, qu'on n'envoyait que des femmes
mariées.
Nous espérons une autre solution de la
question, et nous engageons les femmes
que leur activité porterait à utiliser leurs
talents et leurs forces aux Colonies, à adres-
ser leurs demandes à Mme Gcorges, Martin,
20, rue Vauquelin, qui les centralise pour
les mener à un bon résultat.
—o—
Les causeries populaires pour l'instruc-
tion supérieure organisée par la Coopéra-
tion des idées, commenceront le samedi
23 avril.
Le prix modique, 50 centimes par mois,
permettra à tous et à toutes de suivre les
causeries intéressantes de la rue Paul-Bert.
—0—
Le cours de M. Izoulet au collège de
France a repris cet après-midi à 1 h. 1/2 de-
vant une très nombreuse assistance. Il avait
été interrompu depuis le 31 mars à cause
des vacances de Pâques, Ce jour-là quel-
(lues incidents s'étaient produits qui ne se
sont pas renouvelés aujourd'hui.
Le professeur, qui parlait sur l'exégèse
des œuvres de J.-J. Rousseau a été au con-
traire chaleureusement applaudi à diffé-
rentes reprises.
Le cours s'est terminé à 2 h. 1/2. La sortie
a été calme.
—o—
Une grande réunion patriotique s'orga-
nise en ce moment sous le patronage de
l'association des Dames Françaises. Les
divers comités de la banlieue sont convo-
qués de pour dimanche prochain, à h mairie
e l'anlerre, sous la présidence de Mme
l'amirale Jaurès et de M.le colonel Servière.
—0—
Le syndicat des employés de la Cie des
Omnibus vient de lancer un appel à tous les
employés, les invitant à se rendre diman-
che ou lundi prochain, à la Bourse du tra-
vail, rue du Château d'Eau, afin d'y discuter
les revendications et les faire valoir.
Nous souhaitons la victoire aux manipu-
lants.
LA DAME D. VOILÉE
APERÇU GÉOGRAPHIQUE
SUR LE THÉATRE DE LA GUERRE
C'est dans les Florides chantées par
notre Bernardin de Saint-Pierre que
vont se concentrer les troupes de terre
des Etats-Unis. A Key-West, au sud de
la Floride, une des plus fortes escadres
américaines a pris position, et se
trouve à sept ou huit heures de la Ha-
vane. Comme point d'appui, dans le canal
de la Floride nous avons le Fort-Jeffer-
son et Tortugas. L'escadre commandée
par l'amiral Siccard comprend les vais-
seaux suivants : Iowa, hidiana, Naash-
ville, Détroit, Cincinnati, Montgomery,
41arblehead ; des canonnières : Castine,
Wilmington, Wieksbury et Newport.
Enfin Cushing, Poole, Ericson, Portés et
Dupont comme torpilleurs.
L'escadre chargée de défendre les côtes
Je Boston à Key-West a poureomman-
iant le commodore Sellley.
Quant aux forces espagnoles nous les
voyons concentrées dans la mer des
%ntilles, à Cuba, à Porto-Rico. Dans
,ette dernière station se sont massés les
principaux croiseurs Viscaya,Almirante-
Oquendo, Alfonso-X. Les contre-torpil-
eurs et les torpilleurs Furor, Terror,
Platon, Ariete, Rayo, Azor, se dirigent
yers Porto-Rico, ainsi que les autres
croiseurs : Emperador- (,arlos V, In-
ranta-Maria Teresa, Cristobal-Colon, Al-
"oiiso-Xill.
C'est donc, on le conçoit, en plein
'hamp de bataille que vont se trouver
;ous les feux des deux armées navales,
es régions neutres Haïti et Saint-Domin-
gue, situées entre Cuba et Porto-Rico,
es îles Lucayes, l'île Cayman, la Jamaï-
lue, possessions anglaises. A l'est de
2uba, la Guadeloupe et la Martinique,
possessions françaises. Non loin, les
lies saint Thomas au Danemark. Au
Nord-Ouest les Bermudes QDDarlcnant à
T>EUXTfiME ANNm;. — Ne 135
VENDREDI 22 AVR^t,^ SAINTE OPPORTUNE LE NUMÉRO : CINQ oentJm.eti
CALENDRIER RÉPUBLICAIN
3 FLORÉAL AN GVI
-Vâ
CALENDRIER PROTESTANT
ras?agcs de la Bible à lire et à raéditw
ROMAINS 1, 4.
CALENDRIER RUSS!
10 AVRIL 1898
1
%,
CALENDRIER ISRAÉLITE
ANNÉE 5658, 2 IYAR
Prix des Abonnements :
Un An 20 fr. Six Mois 10 fr. 50 Trois Mois 5 fr. 50.
AUTKMF.NTS'ET "ÂlGÉRIÊ - |4 Cr. Cr. - - 18 12 fr. Ir. - » - 6 JJR »
.1. ~ - ETRANGER (UNION POSTALE) — 35IR- 10 IR* • — 1U IR* »
A .
DIRECTRICE 1 MARGUERITE DURAND
-
Direction et Administration : i4, rue Saint-Georges.
Téléphone 221.71
Les «nonces sont reçues aux Bureaux du Journal et chez Lagrange et Cul,
e, place de la Bourse, Paris.
LA FROXDE, Journal quotidien,
politiquc, littéraire, est dirigé,
u(hninistré, rédige, composé par
des femmes.
Aujourd'hui
Vendredi 22 Avril
Fête de naissance du grand-duc Vladimir.
Hôtel des sociétés Savantes, 28, rue Serpents
pal le A., il 8 h. 112, cours d'anglais, professeur
Mme K. Herbert. — A 8 h. 112, Géographie corr
niercialo, <'spagnoi, M. J.-L. Lapuya. — A 8 1
Réunion do la chorale de langue anglaise.
Section dl: la Munie du X• arrondissement, ru
du Faubourg Saint-Martin, 72, Géographie coin
nierriale. anglais, professeur. Mlle C. Prévost
.1 l"Ec.)le V({l((/llelin, de 6 à 7 h. Langue ita
!i' nn', professeur M. Laury (iuilliani de G à 7 h
Langue et Grammaire françaises.
A Saint-Lambert de Vaugirard, adoration per-
pduélle du Très Saint-Sacrement.
Ail théâtre des Folies-Dramatiques, à 8 h. 1(2,
reprise de La Fauvette du Temple.
Départ du courrier pour New-York, du Havrt
par le paquebot La Ilouryoflne; pour Philippe-
ville et BÔTW, de Marseille, par le paquebot
Ville de Su/des : pour Alger, de Marseille, pai
Je paquebot (;éneitil ChaTtzy ; pour Patras, Syra,
Sak.nuuie, La Gavalle, Dardanelles, Constanti-
nuplc, Xovorossisk et Batoum, de Marseille, par
Je paquebot Bagdad; pour Oran et Oarthagène,
de Marseille, par le paquebot Ville de Madrid.
Visit.s aux Musées du Louvre, du Luxembourg,
de à 5 h. Cluiu/, de 9 à 5 h. Guimet et (lal-
lient de midi h T> h. llôtel-dc-Ville, de 2 à 3 IJ.
Monnaie, de midi à;? Il. Palais de Justice, de Il à
4 (i. Trésor 'vutri.-nalne, de 10 à 4 h. Invalides,
tombeau de Napoléon, de midi à 3 h. Sainte-Cha-
j-elle de lu à i Il. Jardin des l'tantes, la ména-
gerie de 11 à 5 h. galerie d'histoire naturelle, de
11b. il :î li. Aquarium du Trocadtiro, de 9 à 11 h.
i l de 1 à i h.
Sevrés : Musée, galerie et ateliers, de midi à
4 hon't's. Palais de Fontainebleau : de 11 à 4 h.
l'enailles: le Palais et les Trianons, de 11 à
5 h.
ÉPHÉMÉRIDES
22 avril 1857.
Discussion sur les affaires d'Afrique.
Les adversaires de la colonisation ont failli
faire évacuer le Tonkin où la France n'est
resiée qu'a une voix de majorité. Une discus-
sion parlementaire analogue eut lieu le 22 avril
1KV7. a propos des affaires d'Afrique, discussion
provoquée par une demande de crédits supplé-
mentaires occasionnée par l'expédition de Cons-
tanline.
Le Maréchal Clauzel qui avait échoué devant
Consfantine fut mis en cause ; il vint lui-mème
se défendre <\ la tribune.
.. L't question d'Alger, dit-il devait être au-
dessus des petites ambitions ministérielles et
des déplorables oscillations de la politique inté-
rieure. » i
M. Ttu''tf! vint parler contre l'occupation illi- |
mité ; Lamartine déclara qu'il rcfuscr;ùL les
f"l't"dil:-;, MM. Molé et Guizot demandèrent qu'on
se bornât à occuper la régenre d'Alger.
On ne put s'enlendre sur un ordre du jour et
on continua à rester en Algérie où (ln finit par
adopter la théorie du maréchal Clauzel qui dc-
mandait .. la réunion de l'Algérie à la France n.
Si la voix du vieux maréchal ne s'était pas i
fait ;([rf)dr<;, ce jour-là. l'Angleterre occuperait
:Hljllurd'hui Cunstantine d'un côte et Oran de
l'autre.
M.-L.-N.
Lire là la tribune do CI LA
FItOXDE » :
A Propos
de la Bataille Académique,
imr firifïWf*»
Comment ils
nous lisent
M. Frédéric Loliée est un si courtois
ennemi que nous n'aurons pas le cœur
d'exercer contre lui de trop cruelles re-
présailles.
Mais n'est-il pas intéressant, mainte-
nant que ses deux articles : Comment
elle* nous jugent, (1) ont fait couler des
flots d'encre, de résumer la psychologie
du tournoi, et de voir si la déduction
finale confirme ou contredit la thèse qu'il
a voulu soutenir.
Car il s'agissait d'une thèse préconçue.
M. Loliée a commencé par l'établir à
coups de citations soigneusement triées
dans la littérature féminine. C'est cn-
suile seulement, et après nous avoir fait
parler à son gré, qu'il s'est avisé de
nous demander ce que nous pensions. Il
a publié nos réponses avec une bonne
foi aussi évidente qu'était son évident
parti pris.
Il en est résulté une contradiction très
divertissante entre ses deux articles. Il
n'a pas paru s'en apercevoir.
M. Frédéric Loliée est parti de cette
idée que, du moment qu'une femme pense,
elle se dépêche de penser du mal des
hommes; du moment qu'elle écrit, c'est
pour écrire sur eux pis que pendre.
Il s'est gardé d'en conclure que, peut-
êtrc, cette animosité,si elle existe réelle-
ment, pourrait bien provenir de quel-
ques torts du sexe fort envers le sexe
faible.
Il adonné il entendre qu'elle est le fruit
de notre méchant naturel, l'œuvre sur-
tout de ce bacille d'acrimonie auquel
l'encrier d'un bas-bleu sert légendaire-
ment de bouillon de culture.
Et, juste au moment où nos confrères
masculins semblaient désarmer un peu
il notre égard, s'habituer à nous voir
trotter iL coté d'eux dans tous les labo-
rieux sentiers de l'art, comme on s'était
habitué il nous voir pédaler court-vêtues
dans la liberté du grand air, vers l'infini
des longues routes, M. Loliée leur a jeté
le cri d'alarme : te Prenez garde, mes
ami?! Lisez-les, ces révoltées, ces auda-
cieuses... Voici comment elles nous ju-
gent I »
Alors, nos romans à la main, il a cueilli
I. lie rue des Revues du 15 mars et du
ter avril.*
I un petit bouquet de citations, d'où il i
suite :
é» 1° Que nous trouvons les homm
ar I laids, parce que Gyp a montré, dans i
I landau : « un monsieur gros, court, cor
I mun, l'air agacé, près d'une femme r
I vissante. »
~~ I 2° Que nous trouvons les hommes J,
I ches, parce que Georges de Peyrebrui
I met cette épithète sur les lèvres d'ur
I malheureuse amante abandonnée, et ei
| core « en se tordant les doigts dans
I spasme d'une crise, » — ce quiexcus<
I rait la vivacité de l'adjectif.
te, | 3° Que nous trouvons que les homme
^ I s'habillent mal, parce que Rachilde conr
h" I pare des habits noirs entre des toilette
I de bal à « des corbillards se promenai]
ne I parmi des fleurs ».
n-1 4° Que cependant nous leur interdison
il- I d'apporter quelque esthétique dans leur
j*- I vêtements, parce que Daniel Lesueu
I affirme que, chez eux, « toute excentri
. I cité de costume est ridicule par 1;
puérilité des préoccupations qu'elle dé
2 I note. »
I 5° Que nous attribuons aux homme:
.e I une révoltante brutalité, parce que Ca
;- mille Pert montre une jeune mariée, du.
I rant la nuit de noces, « blessée par cett(
I union de surprise et de douleur ».
i- I Mais, cher monsieur Loliée, commen1
r I serait-il possible d'écrire un roman s'i
fallait en éliminer toutes les phrases dE
ce genre. Vous en trouverez partout,
tant que vous voudrez : non seulement
sur les hommes dans les livres de fem.
1. A I mes, mais sur les femmes dans les livres
f- J de femmes,et sur les hommes aussi bien
~ que sur les femmes dans les livres
e d'hommes.
i- I Je n'en veux pour exemple que cette
I note de votre premier article :
t\ I « Les licornes, a dit un humoriste,
£ J « sont plus communes qu'une amitié
j entre femmes. »
I Aimable aphorisme, qui dépasse, j'ose
I le dire, en injustice et en férocité les
plus durs de ceux que vous avez si soi-
I gneusement choisis dans nos livres.
I Pour ne pas vous accabler, je ne cite
. j pas le commentaire dont vous agrémen-
i I tez cette ligne charmante. Vous êtes in-
11 capable, n'est-ce pas, de nous mal juger.
[ Vous vous plaignez seulement d'être mal
1 j jugé par nous.
Mais, mon cher confrère, si vous n'a-
I viez pas tant d'esprit, et une si paro-
, doxale malice, vous auriez commencé
I par votre second article, ce qui vous eut
I interdit d'écrire le premier. Vous nous
auriez d'abord demandé ce que nous
I pensons des hommes en général et de
l'antagonisme des sexes en particulier,
j et vous auriez reçu tout de suite cette
série de réponses modérées, équitables,
spirituelles, tristes parfois, mais jamais
agressives, que vous avez loyalement
exposées devant le public, juge du dé-
bat.
N'allez pas dire, subtil misogyne, que
ces réponses étaient réfléchies, pesées,
voulues, tandis que votre cueillette de
nos pensées inconscientes montrait le
I vrai fond de notre perfide cœur.
Non. Car, si vous m'y poussiez, je re-
I prendrais une à une, ces opinions fémi-
I nines, que vous avez données à la Revue
I des Revues, et que tant de journaux ont
I reproduites, et je trouverais, dans les
I livres de chacune de vos correspon-
1 dantes, la même opinion antérieurement
I exprimée, soit en mots précis, soit par
j l'ensemble d'une donnée romanesque ou
I philosophique.
I C'eut été d'une psychologie plus aus-
tère, plus juste aussi, quoique moins bril-
lamment malicieuse, de faire ce travail-
là, de chercher sincèrement, non pas
dans une phrase déracinée de son milieu
et par conséquent dépourvue de sens,
mais dans l'ensemble d'une œuvre ou
I seulement d'un livre, la formule qui eut
exprimé l'âme de chacune de nous, notre
secrète pensée, notre façon personnelle
de comprendre et de représenter l'idéal
masculin.
I Le : Comment elles nous jugent. eut
donné des résultats moins piquants, mais
beaucoup plus profonds, et plus utiles à
l'entente des deux sexes.
Il serait amusant, mais un peu trop
oiseux et puéril, de donner au premier
article de M. Loliée sa contre-partie, prise
dans les écrits de ces messieurs :
Comment ils nous jugent ?
Pas mieux que nous ne les jugeons, '
s'il faut en croire les imprécations de
Musset, l'âpre mépris de Baudelaire, la
pitié humiliante de Michelet, les ana-
thèmes de Shopenhauer, les cinglants
sarcasmes de Barbey d'Aurevilly, ou
même — pour ne prendre que deux ro-
manciers modernes — les cruelles énig-
mes de Paul Bourget et les demi-virgi-
nités de Marcel Prévost.
Avouez, cher monsieur Loliée, que si
vous nous devez, vous autres hommes,
quelques récentes égratignures à fleur
d'épiderme, nous vous devons des fla-
gellations dont notre cœur et notre fierté
saignent, depuis l'Ecclésiaste et depuis
l'auteur de la Matrone d'Ephèse.
Vous avez été seuls, messieurs, à dire
votre opinion pendant des siècles. Elle
n'était pas flatteuse pour nous. Ne criez
donc pas si fort quand nos petites plumes
griffonneuses vous écorchent un peu en
courant.
Nous ne vous ferons d'ailleurs jamais
si noirs que vous vous faites vous-
mêmes.
Je défie aucune femme de créer un
avare pire que Harpagon ou Shylock,
un débauché plus pervers que Lovelace
ou Valmont, un nigaud plus achevé que
Georges Dandin ou Boubouroche, une
brute jalouse plus farouche qu'Othello,
et un plus joli mufle que Bel-Ami.
Que diriez-vous donc.ô nos chers con-
frères, si nous vous avions jamais inca-r
nés dans la peau de pareils personnages?
N'a-t-on pas reproché aux femmes de
peindre des héros trop parfaits, des
chevaliers de keepsake, des trouba-
dours de pendule ?
Ce serait plutôt notre défaut. Mais si
6- nous nous haussons à quelque clair-
voyance psychologique, nous sommes
3s bien forcées de décrire l'humanité
in comme elle est : criblée de défauts et
1- bondée d'égoïsme, aussi bien du côté
L- masculin que du côté féminin.
Et, du moment que nous peignons
L- l'amour, il faut bien que nous fassions
e saigner des plaies et ruisseler des lar-
e mes.
1- En écrivant, chacun se rappelle qu'il a
e souffert, l'homme par la femme, la
- femme par l'homme. Il est naturel que
chaque sexe voie plutôt les victimes de
3 son côté. Nous ne créons même de la vie
- frémissante et sincère qu'à ce prix.
3 D'ailleurs qu'importe, puisque, en ra-
t contant les angoisses, nous disons aussi
les dévouements et les baisers.
Tant qu'il y aura sur la terre des
hommes et des femmes, ils se feront
souffrir et ils s'accuseront mutuellement.
Mais il y aura aussi des amants, qui, les
yeux dans les yeux, les lèvres aux lè-
vres, se donneront le surhumain bon-
heur, dont le regret ou le désir fait blas-
phémer et sangloter les bouches soli-
taires.
DANIEL LESUEUR.
NOTES D'UNE
FRONDEUSE
Deux lettres
Elles ont trait au procès de Versailles
elles traduisent des préoccupations oppo
sées, mais qui se complètent par le vis-à
vis; elles se répondent même de joli
façon.
La première, sympathique, arrive dl
province :
La voici :
a Madame,
Les articles du Jour et du Soir, concer
nant l'atlaire de Zola, prouvent surabon-
damment aue quelque chose de malpropre
ou d'ignoble, se prepare, lors du procès, i
Versailles. Je crois qu'il serait nécessaire
de faire appel à la presse républicaine dE
province atin que chaque journal envoie
un rédacteur il Versailles le jour du pro-
cès. Je sais bien que tous ces rédacteurs n(
pourront pas assister aux débats de l'inté-
rieur, mais il y a lieu de supposer que les
scandales ne se passeront pas tous à l'au-
dience et, qu'en plein air,desmanifeslalions
hostiles au justicier se feront.
Donc, si, à l'intérieur, on veut bâillonnei
les avocats, si on veut empêcher la vérité
de se faire jour, si, à l'extérieur, on veu!
commettre une vilenie, mème un crime (car
tout est possible dans cette atraire) les ré-
dacteurs des journaux républicains seront
là, prêts li protester, et, ils,jetteront à la
France entière le cri de leur indignation et
! l'appel à tous les Français pour châtier les
1 coupables.
; Agréez, Madame, l'assurance de mon plus
! profond respect.
; L'idée serait bonne, certes, si la presse,
en général, avait témoigné plus de soli-
darité et d indépendance ; ne s'était pas
faite dupe ou complice; était demeurée
dans sa tradition chevaleresque de grande
justicière et redresseuse de loris.
La seconde, que je m'abstiendrai de
qualifier, car elle se présente d'elle-même,
et me ravit, tant pour son tour de phrase
que par la délicatesse de ses intentions,
émane d'un guerrier demeuré fidèle à la
rude f ranchise des camps.
Mais, d'ignorer la dissimulation, sa
prose acquiert, en même temps qu'une
saveur agréable, une valeur documentaire
tout à fait instructive et édifiante.
Jugez-en.
Madame,
Dans vos « Notes d'une Frondeuse » d'hier,
vous demandiez ce que MM. les militaires
feraient de plus, aux partisans de l'ordure
qui a nom Zola, que de les menacer de les
rouer de coups et de les jeter à l'eau, et
vous terminiez par ces mots : « Y réussir? »
Je suis enchanté de l'occasion qui se pré-
sente, pour un vieux soldat d'Afrique, d'é-
clairer vos incertitudes. Il est évident qu'une
bonne batterie installée à Satory, et chargée
de boîtes à mitraille, devant laquelle on
alignerait, par peloton, la bande des drey-
fusards, zolistes, et autres drôles de même
sorte, serait un excellent moyen de débar-
rasser la France des bêtes puantes qui la
déshonorent. Mais c'est là une solution que
réprouverait la civilisation.
Dans l'état des choses, on se bornera à
casser les reins et à f... à l'eau ceux qui
crieront un peu fort contre la France et pour
l'adorateur du postérieur de la Mouquette,
etc., etc.
Suivent quelques ordures finales.
« Une bonne batterie installée à Sa-
tory »... On devine qu'en écrivant cela, il
s'est léché la moustache. Hein! vieux
brave, comme on se régalerait 1
Malheureusement, la « civilisation » est
là — qui nous sauve la vie! Mais il ne
faut pas se désoler : les bons jours peu-
vent revenir. Il y a vingt-sept ans, on la
miC dans sa poche, la civilisation, avec le
drapeau par-dessus.
Rien n'est perdu; cela peut se retrouver.
Espcrez, vaillant guerrier, espérez!
SÉVERINE.
Autour de l'Odéon
Vraiment nous vivons à une époque
singulière de snobisme à outrance. Le
moindre fait touchant au théâtre et aux
coulisses prend des proportions inatten-
lues.
Hier un brave homme de boulanger
lui avait porté des petits pains à un des
concierges de l'Odéon, mourait, et aus-
sitôt un de nos confrères des plus graves
l'habitude et des mieux informés, impri-
mait le curieux entrefilet suivant :
Une personnalité originale du quartier
Latin vient de mourir.
C'est un boulanger de la rue de l'Odéon,
le père Cotet, habitué des coulisses de
l'Odéon, connaissant tous les artistes, leur
donnant des conseils.
Sous la direction Porel. il émettait son
r- opinion sur les pièces, leurs auteurs,
is leurs interprètes et signalait les coupur
(<5' à faire ou les changements à opérer. Cot
trônait dans ce monde spécial des théâtre
qu'il amusait du reste par ses observation
e baroques souvent.
Il continua son rôle avec Marck et De
s beaux, qui le passèrent avec le reste à G
s nisty. Jusqu'à son dernier jour, ce bon mi
- niaque a fréquenté le- foyer des artistes.
est mort brusquement, emporté par un
j attaque d'apoplexie.
1 Un boulanger passant ses journée
3 pendant que le pain cuit, dans les cou
3 lisses de l'Odéon, tutoyant les acteurs (
3 causant familièrement avec les actrice:
donnant des conseils sur la façon dont
. faut interpréter Horace, indiquant le
i bonnes traditions d'Alceste, jugeant le
pièces nouvelles et conseillant les cou
; pures, c'eût été un type d'une extrêm
; originalité. Comment se faisait-il qu
nous n'ayons connu ce phénomène qu'a
i près sa mort?
Il aurait mérité, ce boulanger, les hon
neurs du triomphe de son vivant, pour
quoi ne nous révèle-t-on ses qualités qu
le jour de son enterrement.
C'est que notre grave confrère a éti
mal informé, ou a voulu, pour une fois
railler, en inventant de toutes pièces
cette légende du mitron critique et cen
seur.
J'avive d'une petite enquête, — moi
Dieu oui,pour ne pas en perdre l'habitude
— autour du monde de l'Odéon et voic
ce que nous avons appris :
Du haut du ciel ta demeure dernière
0 bon Cotet tu dois être content ?
Cotet n'a pas fréquenté jusqu'à sor
dernier jour le foyer des artistes par h
raison bien simple qu'il n'avait ni l'ha.
bitude, ni la permission d'y aller. Il y î
bien cinq ou six ans qu'il ne paraissait
plus à l'Odéon, étant malade; il ne dcpa s.
sait pas autrefois la loge du brave
Emile, le concierge en second dont il
était l'ami. A coup sûr, l'amitié d'un
grand homme est un bienfait des dieux,
mais l'amitié d'Emile ne donne pas le
droit au foyer et encore moins le droit
de censurer les pièces nouvelles.
Le père Cotet, boulanger de son état,
se contentait d'apporter ses petits pains
au concierge qui lui donnait parfois
quelques billets de 3e galerie où le mi-
tron allait applaudir les pièces du réper-
toire qu'il ne comprenait pas ; son ins-
truction étantdes plus rudimentaires. De
temps à autre, de la loge d'Emile, il ar-
rêtait un acteur de l'Odéon et lui deman-
dait sa clientèle pour les petits pains, ce
qui lui valut un jour cette réponse de
M. Chelles :
— Merci, mon brave homme, nous
avons assez de petits fours comme cela.
Voilà il quoi s'est borné le rôle de ce
censeur dramatique de Cotet.
Après avoir consciencieusement, fait
mon enquête auprès de cinq personnages
du théâtre de l'Odéon, j'ai voulu terminer
en recueillant le témoignage d'un des
pilliers du second de nos théâtres sub-
ventionnés, et je me suis rendue chez
M. Albert Lambert, père, qui est non
seulement l'acteur applaudi que l'on sait,
mais encore un confrère de lettres ayant
écrit ce livre Sur les planches dont un
maître éminent Henry Fouquier a fait la
préface.
M. Albert Lambert habite rue Mon-
sieur le Prince un grand appartement
d'une vieille maison du xvme siècle, où il
a entassé des curiosités, des objets d'art
avec le soin d'un brave bourgeois de
Paris qui aurait le goût des bibelots.
Je lui demande à brûle-pourpoint :
— Vous avez donc perdu un habitué
des coulisses ?
?
— Oui, celui qui connaissait tous les
artistes.
— Hein?
— Qui vous donnait des conseils.
— Plaît-il ?
— Celui qui émettait son opinion sur
les pièces, signalant les coupures à faire
et les changements à opérer !
— Vous voulez parler de Francisque
Sarcey ? mais Dieu merci il n'est pas
mort, il est bien vivant, je l'ai vu hier.
— Eh ! non, je veux vous entretenir
du père Cotet.
— Le boulanger de la rue de l'Odéon ?
— Parfaitement, vous voyez bien que
vous le connaissez.
— Comme tout le monde à l'Odéon ;
c'était l'ami d'Emile, il voulait absolu-
ment que nous donnions notre pratique
à sa petite boulangerie. Il y a bien cinq
ou six ans que nous ne l'avions vu ; il pa-
rait qu'il était malade.
— Il est mort.
— Pauvre homme ! tant pis, Emile sera
bien contrarié.
Voilà la légende du boulanger-critique
détruit, je m'imagine.
Nous parlons d'autre chose, et Albert
Lambert en arrive à son sujet favori, à
son fils dont les succès au Théâtre Fran-
çais le rendent légitimement fier, ce fils
qui est non seulement le jeune premier
plein de flamme que vous connaissez
mais encore un dessinateur original et
un peintre de mérite. Le père nous mon-
tre uu beau portrait de Mounet-Sully
dans Hamlet, une sanguine par Albert
Lambert fils et une toile sur le chevalet,
un paysage d'automne dont bien des
peintres en vedette pourraient se montrer
satisfaits.
— Vous avez là un élève qui vous fait
honneur.
Le père sourit, heureux des éloges,
mérités que l'on décerne à son fils.
— Des élèves, dit-il, mais j'en ai eu
beaucoup et tous ne sont pas au théâtre;
ainsi ce poète de grand talent dont on
parle un peu en ce moment, cette Mlle
Hélène Vacaresco qui vient de publier
l'Ame Sereine chez Lemerre, j'ai eu le
plaisir tion de lui donner des leçons de dic-
ion il y a dix ans, quand elle vint à
Paris pour la première fois, et qu'elle
commença sa réputation en récitant ses
poèmes chez Sully-Prudhomme.
Mais l'heure s'avance, après avoir
admiré les vieilles sculptures du xvni
siècle dont Albert Lambert se montr
légitimement orgueilleux, nous quittons
ce brave homme qui est non sculemen
un des bons comédiens de notre époque
mais encore un esprit littéraire, délicat
ayant écrit des pages qui valent d'êtn
lues et conservées.
C'est égal on nous a fait marcher avec
la légende du boulanger Cotet.
Une autre fois nous nous méfierons.
MARIE-LOUISE NÉRON.
On dit...
POLITIQUE
L'Espagne a été acculée dans ses derniers
retranchements, provoquée de façon à ren-
dre inévitable le conflit terrible qui, de
l'avis des plus autorisés, se prolongera psut-
être une année. Dèux flottes considérables,
disposant des engins les plus perfectionnés,
vont se livrer à une destruction sans merci.
Il n'est pas possible que l'Europe accepte
tranquillement la responsabilité de laisser
accomplir un tel désastre; seulement elle
interviendra trop tard. L'Espagne, que d'au-
cuns supposent déjà vaincue, puisqu'elle
ne possède que dix-sept millions d'hommes
contre soixante-douze millions peuplant les
Etats-Unis, va faire jouer devant le littoral
cubain les fameuses torpilles qui, d'après
la version américaine, auraient causé
l'explosion du Maine. Il reste maintenant
à déterminer le rôle des puissances neutres
pour lesquelles se posent les points d'inter-
rogation du droit international : les quatre
grandes règles dans lesquelles sont fixées
les bases du droit des gens en cas de guerre
' maritime.
Ces quatre règles comprennent : 1" L'a-
bolition de la course, autrement dit l'in-
terdiction des navires armés par les parti-
culiers et à leur profit; 2° L'obligation aux
pavillons neutre de couvrir la marchandise
ennemie de leur protectorat, sauf s'il s'agit
d'objets de contrebande de guerre ; 3° Le
privilège reconnu aux vaisseaux apparte-
nant à des armateurs de pouvoir transpor-
ter des marchandises provenant de l'une
des deux nations en conflit sans risquer la
confiscation. A cellerèglede l'insaisissabilité
s'ajoute enfin le quatrième article visant
les blocus destinés à empêcher l'accès du
territoire ennemi — lesquels doivent être
maintenus par une force suffisante. Ce
n'est qu'à cette condition qu'un vaisseau
relevant d'un pays neutre devra être ar-
rêté pour violation de blocus, les côtes en-
nemies ne pouvant être déclarées bloquées
sans un nombre de navires suffisant pour
les défendre. Or, de ces quatre règles aux-
quels n'ont pas adhéré l'Espagne et l'A-
mérique, le droit d'armer des bâtiments
corsaires est probablement celui dont l'une
des deux au moins fera usage. Les trois
dernières clauses du Congrès de Paris de-
meurent donc la sauvegarde des Etats neu -
très, la garantie internationale que les na-
tions belligérantes sont rigoureusement
tenues de respecter.
MADEMOISELLE.
DANS LES MINISTÈRES
M. Cruchon-Dupeyrat, secrétaire général
de la préfecture de la Vendée, est nommé
sous-chef du cabinet du ministre du com-
merce, de l'industrie, des postes et des té-
légraphes, en remplacement de M. Paul-
Ernest Picard, précédemment nommé chef
du cabinet du gouverneur de la Banque de
France.
DANS L'ENSEIGNEMENT
L'association sténographique universi-
taire, dont le siège est à Paris, rue Tron-
chet, vient do faire subir aux élèves les
examens qu'elle a organisés depuis f882.
Ces examens comprenaient les épreuves
sténographiques et celles de la machine à
écrire.
Les épreuves avaient lieu au gymnase
Voltaire pour les candidats de Paris et en
mème temps à Amiens, Bordeaux, Limoges,
Soisscns, Tourcoing, Tunis et Bruxelles
pour les élèves de ces villes.
La distribution des certificats et des prix
obtenus se fera le dimanche 29 mai pro-
chain dans la grande salle des Fêtes du Pa-
lais du Trocadéro, et elle sera suivie d'une
matinée qui s'annonce comme devant être
très hritlante.
DANS LES ÉGLISES
Dans la chapelle des Jésuites, rue de Sè-
vres, une messe a été dite hier matin par
le R.P.Matignon, supérieur général, en sou-
venir des victimes de la catastrophe de la
rue Jean-Goujon.
Ce service a été célébré à la demande de
l'OEuvre des campagnes que présidait Mme
la duchesse d'Alençon.
Toutes les dames patronr.esses de la So-
ciété assistaient à la cérémonie, qui était
absolument privée.
Après l'Evangile, le R. P. Matignon a, du
bas de l'autel, prononcé quelques paroles
et fait l'eloge de la Charité.
—°—
Hier a été célébré, en l'église Saint-Tho- !
mas-d'Aquin, le mariage du vicomte Léon
de Lapérouse avec Mlle Jeanne Saint-René
Taillandier, fille de M. Henri Saint-René
Taillandier, ancien sous-préfet,un des plus
grands propriétaires-viticulteurs de Pro-
vence et petite-fille de l'académicien Saint-
René Taillandier.
Les Lapérouse descendent du célèbre naviga-
teur.Le vicomte Léon de Lapérouse qui a fait la
?ampagne de Madagascar,est le petit fils du gé-
r1éral comte de Lapérouse, un des héros de la
:onquôte de l'Algérie et le tlls du vicomte Henri
le Lapérouse, lieutenant de vaisseau, mort au
Pirée en 1883. Sa mère, née Vico était la fille du
Mtonc! Vico, ancien aide de camp du général
Sébastiani, mort devant Sébastopol. '
Mgr Latty, évêque de Châlons a donné la
bénédiction nuptialeaux jeunes mariés et a
rappelé dans une touchante allocution les
itres de gloire des deux familles.
A son entrée à l'église, le cortège nuptial
Hait ainsi formé :
La gracieuse fiancée et M. H. Saint-René
raillandier son père, le vicomte Léon de La
)érouse et la comtesse du Chatenet, le colonel
'omte de Lapérouse et Mme Il. Saint-René
raillandier, Je comte Lefèvre Desnouettes et
Vlme Fernand Cornu, M. G. Saint-René Tail-
andier, ministre plénipotentiaire, et la com-
esse Lefèvre Desnouettes, M. E. Pellat, et Mme
Hornu, le colonel Becquez-Beaupré et la ba-
'onnc de Soubeyran, le baron de Soubeyran et
a comtesse de Ligounès, le comte et la com-
tesse de Guerrif, M. et Mme de Benazé.
La maîtrise de la paroisse se fait enten-
Jre sous l'habile direction de M. Fauch,
maître de chapelle, l'hymne à Sainte Cécile
le Gounod et le Panis Angelicus de Franck
ivec le concours du ténor Muralcl de 10-
. fS-, vé. - « - -■ - — -, ~
péra et de M. Paul, Lemaitre violoncelliste.
Les demoiselles d'honneur étaienL,Mjles '
de Moiroy, Lapérouse, SainL-René - Tail-
landier.
Au retour de l'église, réception et lunch
chez M. H. St-René Taillandier.
-0-
Hier également à la même heure on b&-
nissait en l'église Saint-Piérrè-de-Chaillot le
mariage du vicomte Félix de Simony avec
Mlle Noblet.
Les témoins du marié étaient le vicomte
de Masson d'Antienne et le vicomte de Si-
mony, ses oncles ; ceux de la mariée le ba-
ron de Noblet, son oncle et M. de Florimond,
son cousin.
UN PEU PARTOUT
prince Christian de Danemarck est
arrivé avec sa suite, hier soir à Paris, par
hague.l'express de 6 heures, venant de Copen-
—o—
il 20, hier matin, que les reines
de Hollande sont arrivées à Cannes.
M. Leroux, préfet, et M. Perrissol, maire.
de Cannes, leur ont souhaité la bienvenue
Les reines se sont rendues directement à
leur hôtel au Cannet, où elles comptent
passer quatre jours.
—o—
La princesse Christine de Schleswig-
Holstein, vient de quitter Paris, se rendant
if. Londres.
Le prince Demidoff, est parti,, hier égale-
ment pour Londres.
—o—
La délégation nommée par la Société le
« Droit Humain » (Commission pour l'en-
voi de femmes fonctionnaires dans les Co-
lonies), a été reçue le mercredi, 6 avril, par
M. Lebon, Ministre des Colonies.
Aux demandes adressées en faveur des
Doctoresses, des Sages-femmes et des Insti-
tutrices, désireuses de se créer une situa-
tion à Madagascar et d'y propager les idées
républicaines avec l'appui de la Métropole,
M. Lebon a répondu que le gouvernement
était engagé avec les sœurs de Saint-Jo-
seph qui avaient une maison à Madagascar
avait l'occupation française ; que les Doc-
toresses et les Sages-femmes n'avaient
droit à aucune protection du gouverne-
ment, attendu que les docteurs masculins
étaient admis près des femmes musulma-
nes; enfin, pour les Institutrices-fonction-
naires, qu'on n'envoyait que des femmes
mariées.
Nous espérons une autre solution de la
question, et nous engageons les femmes
que leur activité porterait à utiliser leurs
talents et leurs forces aux Colonies, à adres-
ser leurs demandes à Mme Gcorges, Martin,
20, rue Vauquelin, qui les centralise pour
les mener à un bon résultat.
—o—
Les causeries populaires pour l'instruc-
tion supérieure organisée par la Coopéra-
tion des idées, commenceront le samedi
23 avril.
Le prix modique, 50 centimes par mois,
permettra à tous et à toutes de suivre les
causeries intéressantes de la rue Paul-Bert.
—0—
Le cours de M. Izoulet au collège de
France a repris cet après-midi à 1 h. 1/2 de-
vant une très nombreuse assistance. Il avait
été interrompu depuis le 31 mars à cause
des vacances de Pâques, Ce jour-là quel-
(lues incidents s'étaient produits qui ne se
sont pas renouvelés aujourd'hui.
Le professeur, qui parlait sur l'exégèse
des œuvres de J.-J. Rousseau a été au con-
traire chaleureusement applaudi à diffé-
rentes reprises.
Le cours s'est terminé à 2 h. 1/2. La sortie
a été calme.
—o—
Une grande réunion patriotique s'orga-
nise en ce moment sous le patronage de
l'association des Dames Françaises. Les
divers comités de la banlieue sont convo-
qués de pour dimanche prochain, à h mairie
e l'anlerre, sous la présidence de Mme
l'amirale Jaurès et de M.le colonel Servière.
—0—
Le syndicat des employés de la Cie des
Omnibus vient de lancer un appel à tous les
employés, les invitant à se rendre diman-
che ou lundi prochain, à la Bourse du tra-
vail, rue du Château d'Eau, afin d'y discuter
les revendications et les faire valoir.
Nous souhaitons la victoire aux manipu-
lants.
LA DAME D. VOILÉE
APERÇU GÉOGRAPHIQUE
SUR LE THÉATRE DE LA GUERRE
C'est dans les Florides chantées par
notre Bernardin de Saint-Pierre que
vont se concentrer les troupes de terre
des Etats-Unis. A Key-West, au sud de
la Floride, une des plus fortes escadres
américaines a pris position, et se
trouve à sept ou huit heures de la Ha-
vane. Comme point d'appui, dans le canal
de la Floride nous avons le Fort-Jeffer-
son et Tortugas. L'escadre commandée
par l'amiral Siccard comprend les vais-
seaux suivants : Iowa, hidiana, Naash-
ville, Détroit, Cincinnati, Montgomery,
41arblehead ; des canonnières : Castine,
Wilmington, Wieksbury et Newport.
Enfin Cushing, Poole, Ericson, Portés et
Dupont comme torpilleurs.
L'escadre chargée de défendre les côtes
Je Boston à Key-West a poureomman-
iant le commodore Sellley.
Quant aux forces espagnoles nous les
voyons concentrées dans la mer des
%ntilles, à Cuba, à Porto-Rico. Dans
,ette dernière station se sont massés les
principaux croiseurs Viscaya,Almirante-
Oquendo, Alfonso-X. Les contre-torpil-
eurs et les torpilleurs Furor, Terror,
Platon, Ariete, Rayo, Azor, se dirigent
yers Porto-Rico, ainsi que les autres
croiseurs : Emperador- (,arlos V, In-
ranta-Maria Teresa, Cristobal-Colon, Al-
"oiiso-Xill.
C'est donc, on le conçoit, en plein
'hamp de bataille que vont se trouver
;ous les feux des deux armées navales,
es régions neutres Haïti et Saint-Domin-
gue, situées entre Cuba et Porto-Rico,
es îles Lucayes, l'île Cayman, la Jamaï-
lue, possessions anglaises. A l'est de
2uba, la Guadeloupe et la Martinique,
possessions françaises. Non loin, les
lies saint Thomas au Danemark. Au
Nord-Ouest les Bermudes QDDarlcnant à
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.9%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 82.9%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k67032542/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k67032542/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k67032542/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k67032542/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k67032542
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k67032542
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k67032542/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest