Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-11-25
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 25 novembre 1852 25 novembre 1852
Description : 1852/11/25 (Numéro 330). 1852/11/25 (Numéro 330).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669842r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 530.
BUB1S3A.UX : raie de Valois (Palais-Royal), n* 1©
«185-2. - JEUDI 25 NOVEMBRE.
Prix de l'abonaeincat.
DXFAKTSJMEH3 :
10. fa. pour trois moi?»
PARIS :
13 fh. pour trois mois.
un numéro : 20 centimes.
»qdb lbs pats étrangers > se reporter an
tableau publié dans le journal, les 10 et
25 de ehaqile mois.
S'adresser, îrmco,.pour la rédaction,, à M. C ucheval- C larisny,
.Le» articles déposés ne sont pas rendus.
..Mi
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On iaèonny dam les. départemens, aux Mcssfgvrierd aux Eireefions âs pusl-c.—A Londres, xhtt MM. G owie et fils.
— A Strasboui g } eh;z M. AnXiNBBE, pnr s Allemagne, ,
S'adresser, franco i^oiir l'administration}
à M DBHàlN, directeur^
Les annonces sont reçues cliez M.'PANIS, régisseur, 10, plajcë deia Bourse ; ,
et au bureau du journal. .. . - i ^ " ;
PARIS, 24 NOVEMBRE,
Le plus grand service que l'on puisse fen
dre à l'agriculture, à l'industrie, au com
merce, aux populations laborieuses, c'est de
favoriser, par tous les moyens légitimes, la
baisse de l'intérêt de l'argent.„Cela n'a pas
besoin d'être "démontré. En effet, qu'est-ce
que*la baisse de l'intérêt? Ce sent les instru-
mens de travail à meilleur marché, c'est la
conception rapprochée de la faculté d'exécu
tion, c'est l'accroissement de la part propor
tionnelle de l'entrepreneur et de'l'ouvrier
dans le prix des produits. Aiusi, en activant
les. affaires, en augmentant les valeurs", en
grossissant la part du travail, elle ajoute à
l'aisance générale, et plus spécialement à
celle des hommes qui vivent de l'emploi de
leur intelligence ou de leurs mains.
* Les socialistes s'étaient. imaginé qu'on
pouvait obtenir la baissa de l'intérêt par
voie de décrets ou à l'aidé de nous ne sa
vons quelles institutions chimériques. N'^s
vôns-nous pas vu M. Proudhon, après avoir
posé la gratuité du crédit, comme le dernier
mot, la dernière-formule' du progrès social,
essayer de la réaliser, par la création de cçtte
Banque du peuple, qui "devait multiplient
égaliser les richesses sur la terre, en y je
tant une pluie de papier-monnaie? On sait à
quoi ont abouti toutes ces théories et tou
tes ces teutatîves. Elles ont amené .upe
haussé excessive au lieu d'une baisse dans
le taux de l'intérêt. Jamais les capitaux n'ont
été aussi chers qu'à l'époque où l'on pouvait
craindre de voir de pareilles idées accueili
lies par un gouvernemenf de hasard. La-
raison en est simple: ces prétendus nova
teurs avaient oublié une seule chose : c'est
que l'intérêt comprend, outre le loyer dé
l'instrument appelé capital, une prime d'as
surance qui s'accroît en raison des chances
de pertes auxquelles le capitaliste est expo
sé. Or, comment cette prime d'assurance ne
serait-elle pas montée à un taux exorbitant,
lorsqu'on traitait le capital d'infâme, lors
qu'on menaçait de s'en emparer, lorsque,
pour l'atteindre, on renouvelait contre la
société le serment d'Annibal?
La première condition pour ramener l'in
térêt à son taux naturel, c'était de rét^bliç
la-sécurité publique, de rassurer les esprits,
dë donner confiance dans le présent et dans
l'avenir. Il fallait donc, avant tout, arracher
le,pays à l'état préfaire dans lequel il vivait
depuis 1848. Il fallait assurer la victoire dé
finitive de l'ordre^ réduire les passions ré
volutionnaires à i'impuissance, faire ren
trer le socialisme dans le néant, nous doter
enfin d'institutions vraiment stables, et sous
lesquelles chacun pût être certain de joîlir
des fruits de son travail. Cette œuvre politi
que et sociale, le gouvernement de Louis-
Napoléon l'a réalisée le 2 décembre , et il
va la consolider par le rétablissement de
l'Empire, que la France demande à grands
eris, comme le commencement, d'une nou
velle ère dé ; richesse et de prospérité.
Aussi itoyez la transformation qui s'est
opérée dans toutes les valeur^.L'argent, qui
naguères se refusait, suivant l'expression de
M. 'Proudhon, s'offre de toutes parts. La
rentè 3 0/0 est plus recherchée à 86 fr.
qu'elle ne l'était, il y a un an, à 55 fr. Ce
qui se passe pour la rente existe également
pour les entreprises de travaux publics, pour
les opérations industrielles et commerciales,
pojir les transactions de toute sorte.- Les Ca
pitaux, attirés par le retour de la confiance
générale, se font partout concurrence. Ce
n'est plus l'argent qui manque aux affaires;
il semble plutôt, à voir la façon dont on s'ar
rache Jes valeurs, que ce soient les affaires
qui manquent à l'argent. Ou repoussait des
placemeris à 5 et 6 0/0; on est .trop heureux
d'en trouver aujourd'hui à 3 pu 4 0/0.
. La sécurité publique rétablie, le gouverne
ment a pu «xéeuter les : grandes mesuresijui
pouvaient favoriser cette baisse générale de
l'intérêt. La prime d'assurance, que les crain-
t3s et les incertitudes politiques avaient fait
monter si'haut, n'était, plus que .ce qu'elle
devait être sous , un gouvernement régulier.
Mais la renaissance du crédit,permettait de
faire autre chose. 'Elle permettait de lever
certains obstacles qui s'opposaient à l'abais
sement normal du loyer de l'argent", et de
vant lesquels .les gouvernemens précédens
avaient reculé. ,
Cest ainsi qu'avec une résolution, une h ar
diesse admirable, le gouvernement a effec
tué cette conversion de .la rente que Louis-
l' Philippe n'avait pas osé faire en pleine pros
périté. Le 5 0/0, comprimé par la menace de
remboursement qui le pressait, ne pouvait
prendre son essor, il pesait de toute sa mas
se sût* le marché des capitaux. Par cela mê-
mb qu'il était en quelque sorte le régulateur
ae-l'intérêt, dans notre pays,il en maintenait
le-\iux à une élévation purement factice. La
conversion de la rente a amoindri, sinon dé
truit, l'influence défavorable qu'il exerçait.
Le 4 1/2 se retrouve, il est vrai, dans la po
sition où était le 5; il a dépassé le pair, et il
est arrêté à-son tour par la certitude
fêihbtjuYlêffi®riTl'Sfï^^^ K aes^ 8fx an
nées d'existence qui lui ont été. garanties.
Mais un grand progrès a été obtenu, et cette
première conversion a Ouvert la porte à une
série d'opérations qui auront pour résultat
de maintenir un équilibre salutaire entre le
f crédit de l'Etat et le crédit commercial.
Si la baisse du loyer des capitaux ne peut
être produite que par leur «accumulation
successive, elle peut cependant être secondée
par les facilités données à leur circulation.
Tel est le. but desinstitutions financières qui
ont pour mission principale de" transférer les
capitaux, du propriétaire. ou du détenteur
qui n'en fait pas ou ne peut pas en faire
usage, à celui qui peut et veut les utiliser.
Le'gouvernement', dans son désir de favori
ser la réduction de l'intérêt, a donc cherché
à étendre le Service de ces institutions, soit
en améliorant les établissemens qui exis
taient, soit en provoquant et en autorisant
la création de nouveaux établissemens qui
répondaient à d'autres besoins.
La Banque de France, qui escomptait le
papiei» de commerce à 4 0/0 depuis son ori
gine, a consenti à le prendre à 3 0/0. C'est
donc une diminution de 1 0/0 sur le prix de
l'argent considéré comme instrument de
production. Il en résulte que le crédit vient
facilement en aide à cet immense mouve
ment d'affaires dqnt nous sommes témoins.
Le portefeuille de la Banque se relève ; il se
rapproch.e du chiffre qu'il atteignait aux épo
ques les plus prospères, et bientôt il l'aura
dépassé. Ajoutons que la Banque trouve un
concours puissant dans le comptoir national
d'escompte quis'est considérablement agran
di, et qu'elle augmente chaque jour le nom
bre de ses succursales, de manière à-faire
participer aux avantages du crédit tous les
centres de population "et d'activité.
Ce n'est paè tout. La propriété et l'agri
culture se plaignaient avec raison d'être
obligées de payer un intérêt exorbitant de
lavette hypothécaire qui les grevait. Des'
institutions appropriées à leurs conditions
spéciales, ont été décrétéeSi Une banque de.
crédit foncier s'est immédiatement organisée
à Paris, et, comme ces institutions éprou
vaient des difficultés à s'établir dans nos
provinces, la banque de Paris va . être char
gée du service général de toute la France,
ta subvention de 10 millions; promise par
le décret du .23 janvier à ces institutions,
lui sera accordée, à la d <5uble condition de
prêter 200 millions à la propriété immo
bilière, et de les prêter moyennant des :
de~ 5 .0/0 qui, 'après avoir pcrtîf-"*
vu au paiement de l'intérêt et des frais
d'administration, suffiront pour amor
tir la dette en cinquante ans. Désormais
la propriété pourra emprunter à un taux
inconnu dans nos départemens, et ell^ se
libérera, en quelque sorte, sans s'en aper
cevoir, en recomposant, 'par le 'service cj'un
amortissement à long terme, les capitaux r
qu'elle aura reçus. '
Enfin, la société générale qui vient d'être
autorisée par le gouvernement/ fera, pour
ainsi dire, pour le crédit mobilier, ce que la
Banque précédente doit faire pour le crédit
foncier. Tandis que la Banque de crédit
foncier centralisera les. engagemens hy
pothécaires pour les remplacer par ses
obligations, la société de crédit.mob'i-
lier-recevra, comme dans une caisse centra
le, les actions et les titres des grandes en-
treprises de chemins de fer et de travaux
publics, pour ' y substituer également des
obligations uniformes, qui représenteront
les valeurs en portefeuille, et auxquelles Ra
joutera la garantie de son capital, ainsi que
de son propre* crédit. Cette vaste institu
tion, comprenant toutes les ■ opérations de
haute banque, depuis le prêt sur dépôt de
des entreprises d'utilité générale, provoque
ra la baisse de l'intérêt dans la grande in
dustrie des chemins de fer et des travaux
publics, et secondera le développement des
voies de communication qui .doivent sillon
ner tout le territoire national. ,
Ainsi, la baisse de l'intérêt, amenée natu
rellement par l'affermissement de la sécuri
té, tend à faire .de nouveaux progrès sous
l'influence de l'extension et du perfectionne
ment des institutions de crédit. Toutes 1 les
branches de l'activité nationale y participent.
C'est un bienfait universel. Il ne s'agit main
tenant que de laisser se produire successive
ment les conséquences 'de cette révolution
féconde et pacifique:" Nous n'arriverons pâs
sans doute à la'gratuité rêvée par M. Prou
dhon : les capitaux auront toujours une ré
munération; mais cette rémunération décroî
tra de plus en plus au'profit du travail et dé
l'intelligence, et elle s'approchera de zéro
sans cependant jamais s'annuler ; de jnême
qu'en géométrie, la courbe de l'hyperbole
s'approche de plus en plus de la ligne droite
de l'asymptote sans jamais se confondre
avec elle. iJ » j. burat.
C'est demain jeudi que le Corps Législatif J ,
se réunit pour le recensement des votes sur ^
le plébiscite du 7 novembre. Les membres
du Corps Législatif sont invités par MM. les
questeurs à faire connaître leur adresse au »
bureau de la questure ; mais 4éjà un grand -
nombre de députés sont arrivés et ent fait
acte de présence au palais du Corps Légis
latif. " h r:$
La séance de demain commencerait, d'au
près ce qui nous a été rapporté, par la conv }
munication d'un message «du prince-Prési\
dent. Il serait ensuite procédé au tirage au *
sort des bureaux," et à l'organisation in
térieure des bureaux par la nomination des
présidens et secrétaires de chacun d'eux; .
après quoi la séance publique serait reprise
et "le Corps Législatif aurait à s'oecup'er de
la vérification des pouvoirs des députes élus
depuis la clôture de la. session.
Les procès-verbaux des opérations des 21
et 22 novembre seraient répartis par dépar
temens entre les sept bureaux du Corps Lé
gislatif, et quelques rapports pourraient être
faits dans cette première séance même.
C'est du plus ou moins de promptitude
que les préfets apporteront dans l'snvoi de
ces procès-verbaux que dépendra la durée
de ce travail; car il n'est pas probable que-;'
les rapports qui seront faits à l'Assemblée *
soulèvent do longs débats. Si ces procès-
verbaux ne se font pas attendre, peu de
-$ours suffiront au recensement.
p*A„OR-sait que des bàtimens à vapeur „ont ét{L
? expédiés clans les purts d'Alger, d'Oran-et dé
Bone, afin de rapporter sur-le-champ le résul
tat du vote dans les trois provinces. On sait
aussi que, grâce aux chemins de fer, les com
munications avec Paris se font en quatre ou
cinq joursi Qu'on y ajoute quelques jours
pour réunir ' les ■ votes aux ehefe-lieux des
provinces, tous les çrocès-verbâux pourront
être centralisés à Paris pour la fln du mois.
On estime donc que. le recensement com
plet pourra être achevé le soir dji 1 er décem
bre, ou du moins il ne resteraiTalors en re-i
- tard que quelques procès-verbaux dont lés
chiffres' peu considérables pourraient êtrè
momentanément négligés dans la supputa
tion générale.
La proclamation du résultat du vote sur
le plébiscité du 7 novembre, aurait lieu le
•jeudi 2 décembre. On est fondé à croire que
cette proclamation serait faite' avec solen
nité, et en présence des trois grands corps
de l'Etat. ' l. boniface.
- Les chiffres généraux du scrutin qui
vient de se terminer commencent 4 se dessi
ner. Nous avons des résultats "pour 73 dépar
temens. et beaucoun de ces résultats sont à
peu près définitifs. Dans quelques départe
mens. le nombre des votans n'aura, pas at
teint le chiffre del anneedernière; maispar
tout la proportion des votes afârmatifs a
augm^nto^t tout anj^fis„£uïfù/ novembre-sera sanctionne par un nom
bre de voix au moins égal" au vote sur la
présidence décennale.
Et cependant les électeurs des campagnes
ont eu a lutter presque partout contre une
véritable tempête , contre des pluies dilu
viennes qui faisaient hésiter même les cita-*
dins.
-D'un autre côté, datus quelques parties du
pays, certaines influencés ont amené des
abstentions assez nombreuses.'Tl a fallu que
le sentiment d'une vive reconnaissance fût
bien puissant au cœur des populations pour
triompher de ce dernier effort des partis. La
France n'a pas oublié les dangers auxquels
elle a échappé. "
Le secrétaire de la rédaction, l. boniface.
Votes connus le 24 au soir.
ARMÉE DE TERRE.
Votes parvenus le 24 novembre au soir :
Votans . . . 1 . 212,339
Oui. ...... 203,300
Non . . . . . 6,763
Douteux ou nuls... . 2,274
ARMÉE" DE MER.
Votes connus le 24 novembre au soir :
Votans. .. . ... ; 33,698
. 31,367
. Non. d,564
• Douteux ou nuls . . 827
VOTES DES DEPARTEMENS.
t.- V'
-• - .tv■ .
Oui.
Non.
AIN. . .
-23,378
487
AlSNIÎ. . . .
-91,092
6,434
allier .......
18,671
107
AllDÈCIlE. . . . .
27,069
208
AJIDENNES . * . . .
"73,549
2,686
98 "•
ALPES (HAUTES) . . .
3,659
ALPES (BASSES). . . .
12,559
- »
ARIÉGE ......
4,537
137
AUBE ........
27,567
1,399
BAS-RHIN. . . ...
114,549
3,811-
BOUCHES-DU-RHONE .
51,905
2,457.
CALVADOS" . . . . .
' 89,641
3,227 *
CHARENTE. .....
CHER. ®.
70,356
1,081
67,272
1,049
CORRÈZE., . . î-'j Ï
69,292
99,100
407
COTE-D'OR. . . ' . . .
2,510
'COÎFES-DU-NORD. . . .
54,930
541
. BëUX^ÈVRES . ...
22,368"
506
DORD0«BNE . . . . .
39,950'
656
DOUBS
5,177 .
641
DROME
68,560
1,390
EURE. , . ....
15,863
1,327
EURE-ET-LOIR. . . . .
66,303
3,925
GARD ..... . .
83,528.
4,388
GIKUNDE. . ...
114,651
. 3,531
: HAUT r RHIN. . . . .
92,740
2,841
•\J ,ILU?1'E-GAR0NNE. . . .
98,106
1,956
•.',«,'■•11 tx'TE-SAONE . . .
- 84,751
1,172
HAUTE- VIENNE . . . .
58,417
659
HÉRAULT. .....
33,333
-3,350
INDRE. . . , . . , 39,740
J^DRE-ST-LOIÏiÊ . . .. 74,037
ISÈRE: . . ". . . . ' 41;8S9~"
ILLE-ET-VILAINE . . . 23,729
ISERE 41,889
'JURA . . . 29,938
LANDES. . . . . . .® 09,332
LOIRE . ... . . . 92,383
LOIRE-INFÉRIEURE. . . 76,066
• LOIR-ET-CHER . , ... 36,316-
' LOIRET. . . . . . . ' 74,338
LOT... ...... 2,433
LOT-ET-GARONNE. ... 43,320
LOZÈRK. . ., . . . . 21,513
MAINE-ET-LOIRE . . , 71,091
MANCHE. . ... . 23,383
MARNE. . . . . . . 90,223
MAYENNE. . '. . . .' 73,098
MEUSE 79,740
MEURTHE. . . . . . 103,851
MORBIHAN. .. . . . . 4,476
MOSELLE. . . . . . '94,032
•NIÈVRE. ...... 83,830 *
NORD . . . . . . . 216,432
OISE . . . . . . « 73,400
PAS-DE-CALAIS. . . . 122,943
PUY-DE-DOME. . > . . 49,973
PYRÉNÉES-ORIENTALES'. 30,530"
RHONE . ... ; . .96,467
SAONE-ET-LOIKE. . . . 85,726
SARTHE. ...... 108,239.
SEINE. ...... 203,615
SEJNE-ET-MARNE ... 80,292
SEINE-ET-OISE .... 114,800
SEINE-INFÉRIEURE. . . . 16^,745
SOMME 137,438
VAR . . . .... . , 52,807
V.VUCLUSE. ; . ... 1)6,315
VENDÉE , , ... , 59.110 ^
" V ienne- -^rr 7*. . '
VIENNE (HAUTE-). . . 58,417
VOSGES. 93,720
YONNE. ...... 73,682
.OjOlS-
"•*'1,348
543
1,348
»
558
1,39V
3,475
2,352
2,981
263
»
169
: . 2,488
313
3,907
. 2,888
2,132
3,534
■ 123
1,681
720.
7,309
2,674
3 r 136
362
199
9,777
1,672
2,620
53,617
3,727
6,417
8,570
3.707
'î*96
1,141
• : -4r
659
2,528
3,930
• BEPECHES TÉLÉGRAPHIQUES. .
Toulon, 23 novembre.
"Les communes socialistes du Var sont presque
unanimes dans leur adhésion à l'Empire.
Nevers, 24 septembre.
Dans 224 communes de la Nièvre le vote a été
unanime. •
La Nièvre dépassera le chiffre de 1848. Elle
l'aurait dépassé de beaucoup sans l'interruption
des communications qu'avait amenée le déborde
ment des ruisseaux et des rivières. Il ne faudrait
pas regarder comme s'étant abstenus un grand
nombre d'habitans des campagnes qui. n'ont pu
se rendre au scrutin. .
Le succès le plus beau était prévu, mais.- il dé-
Êassera encore les prévisions. L'élan a été admira-
Ie dans toutes les communes.
" Gap, le 21.
Aujourd'hui les torrens sont tels, que des villa
ges entiers, et en grand nombre, ne pouvant at
teindre le chef-lieu des communes, dont dans
l'impossibilité matérielle de voter malgré ce temps
épouvantable, à Gap et dans les localités voisines,
on a voté avec a.rdenr.
Montpellier, 23 novembre.
Leslégitimistes ont fait des efforts inouïs pour
empOclieiyle voter ou.faire voter non.
Les communes rurales dont les procès-verbaux
sont arrivés cette nuit, apportent toutes des votes
presqu"unanimes.
v* Bourges", 24 novembre. -
Dans un grand nombre de communes , notam]
ment à Sancerre et à Saint-Amand, malgré .un
temps affreux, la proclamation du vote a été
faite lundi Soir par les autorités, au milieu des
démonstrations enthousiastes et des cris de joie
dé la population. Toutes ces villes ont été spon
tanément illuminées. . ■ •
On lit dans fe Concorde, de Reims :
« Il s'est passé, dimanche, un. fait considérable
qui prouve l'excellent esprit qui animje la popu
lation ouvrière de Reims. '
» Une dépûtation nombreuse se présenta le
matin à la sous-préfecture, pour faire part à M.
le sous-préfet dès sentimens de patriotisme dans
lesquels se trouvaient ies ouvriers au moment du
scrutin. Chacun des membres de la dépûtation
portait à sa. boutonnière un bouquet de violettes,
la fleur impériale, qu'il n'avait pas été possible
de se • procurer à Reims, et que les ouvriers
avaient fait venir, de Paris, tout exprès pour la
circonstance.
» Le mauvais temps a singulièrement contrarié
les préparatifs de fête que nous avions annoncés.
Des arcs de triomphe dont nous avions donné l'é-
numération, il. n'en est que deux qui aient étS
poussés à bonne fin : celui du faubourg Cérès qui,
placé sur la hauteur, était d'un effet grandiose, et
celui de la place Saint-Nicaise, qui brillait surtout
par ses inscriptions.
» - Sur le fronton oivliéiçit : A Sa'Majésté impé
riale Napoléon. 111, yUs • oitvriers tle la fabrique de
Reims; puis deux médaillons ornés avec goût por
taient, l'an cette immortelle déclaration du dis
cours de Bordeaux :
. oonquérirà lâ reâigion, à^la moralej;
i»-à l'aisance, cette partie encore si nombreuse de
'» la "population,, qui, au milieu d'un.pays de foi et
» de croyance, connaît à peine.-les préceptes du.
» Christ ; qui, au -sein- de la terre la plus fertile
» du monde, peut à peine jouir de ses produits-,
» de première nécessité. ».
» Dans l'autre, on lisait ces paroles de l'Empe- _
reur Napoléon, si heureusement rappelées par
son héritier, répondant au Sénat lui déférant la '
couronne iinpérïalc ^
« Mon esprit ^e gérait plus avec ma postérité,
» du jour où elle cesserait de mériter l'amour etî
» la confiance de la grande nation. »
» Il y a moins d'un an que, sur cette même i
place Saint-Nicaise, Louis-Napoléon était déclaré ,
traître à la patrie et mis hors la loi." C'est de là
que les?. factieux set préparaient à marcher sur
THôtèlMe-Ville, et c'«st là qu'on prodiguait di i
manche # aux premiers flla^istrats de Reims des té j
moignages éclataos de'té^plus entière soumission
aux représentans dé l'autorité !
-» Hier, l'Hôtel-de-Ville et l'hôtel de la sous-pré
fecture ont été illuminés en l'honneur du résul
tat du scrutin. Plusieurs maisons particulières ont
suivi cet exemple. L'illumination du journal te
Concorde avait attiré des groupes nombreux qui
se sont renouvelés peudant toute la soirée et qui ">
ont îait éclater, à plusieurs reprises, des cris de '
Vive l'Empereur !'
» De tous les côtés commencent à nous arriver *
les récits des fét^ au milieu desquelles la popu
lation de nos campagnes, aussi bien que celle de
la ville de Reims, -a voulu voter le rétablissement'
de l'Empire.' Ce mouvement tout spontané méri
terait, pour chaque commune, une relation sé
parée. »' : _
— Nous lisons dans le Courrier du Nord :
-< -««Un oalme et un ordre qui- n'excluaient pas
l'empressement, ont constamment régné pendant
les deui jours de vote dans toutes les communes
des arrondissemens de Valencieunes et d'Avesnes.
» A Valenciennes, dans l'après-midi de diman -
che, une - foule nombreuse, principalement «im
posée d'ouvriers, a constamment rempli la salle
au scrutin.
•» M. le duc de Bassano, a,mbassadeur de France
en Belgique, n'a pu venir, ainsi qu'il l'avait an
noncé, déposer à Valenciennes son vote sur lè
plébiscite; mais tous les Français attachés à son
ambassade se sont empressés de remplir dans no
tre ville leurs devoirs de citoyen. »
— Dimanche dernier, dit le Journal d'Epernay,
lllôtel-de-À ille était brillamment illuminé. Sur
le* devant," un grand aigle déployait sa noble en
vergure sous laquelle o'n lisait (Jes mots qui résu- ■
ment îes'vœux et la Volonté de nos populations :
Vive l'Empereur ! La sous-préfecture était égale
ment illuminée en l'honneur de cette suprême
démonstration.
» La compagnie de pompiers d'Ej^rnay, tam
bours-entêté, escortée du corps de musique, est
allée voter le 21 avec le plus grand enthousiasme}
Cette manifestation qui résume si bien les bons
sentimens de notre population a été accueillie
âvec plaisir par la masse des votans qui se pressait •
nombreuse et compacte aux abords au scrutin. :-j|
» Les vignerons des faubourgs de Grandpierre
et du Haut-Pavf sont également allés en corps, et
bannière en tête, déposer leur votes approbatifs
aux cris de Vive Napoléon.' »
— Nous recevons des lettres qui nous sont adres
sée» par les habitans de plusieurs communes de
l'arrondissement de Saint-Quentin, ét dans ces
correspondances, nous trouvons .des -détails inté-
ressans sur l'empressement avec lequel les élec
teurs se sont rendus au scrutin. Partout des fêtes
ont eu lieu, et les cloches ont retenti comme dans
les jours de grandes cérémonies.
Au Câtelet, un grand nombre de maisons, la
demeure du. maire, celles des conseillers munici
paux, du conseiller d'arrondissement, du conseil
ler général et des divers fouctionnaîres, étaient
pavoisées de drapeaux. (J. de Saint-Quentin,)
— À Anguilcourt-Ie-Sart, canton de La Fère
(Aisne), sur 221 électeurs inscrits, 215 ont pris
part à l'élection, sur Jesquels 214 oui et seulement
1 non. Les 6 électeurs qui n'ont pas voté étaient
malades ou absejjs.
« Vous le voyez, nous écrit-on de cette com
mune, nous ne nous sommes point déjugés; car.
l'année dernière nous avons fourni 212 oui,et cette
année nous arrivons à âl4, parce ,que Napoléon
est tout pour nous ; nous l'aimons, nous lui serons
toujours dévoués. Toute notre. contrée a voté .
comme nous. »
— Les électeurs de la commune de Longvillers
(Somme), n'ont pas montré moins de zèle pour le
vote des 21 et 22 novembre sur le rétablissement
de l'Empire, qu'ils n'en ont montré au 2 décem
bre dernier. . _ .
A cette époque, la listé électorale portait 154
électeurs; il s'est trouvé 154 votans et 134 oui.
Aujourd'hui cette commune a: 153 électeurs,
135 votans et 155 oui.
— A Dammartin (Seine-et-Oise), sur 173 vo
tans 173, ont voté oui ; pas un seul' non.
— Le vote de la commune de Montigny-sur- .
Loing, près de Fontainebleau, sur le rétablisse
ment de l'Empire, a donné un beau résultat. Sur
FEUILLETON OU CONSTITUTIONNEL, 25 NOVEMBRE
RENÉE DE YÀRYILLE*.
XII.
la vie bes salons.
Xe .lendemain Maurice avait une lièvre
très forte; il fut facile de dire qu'il s'était
trouvé assez malade dans la maison où il
avait affaire, pour qu'il lui eût été impossible
' de revenir. Les uns crurent, les autres ne cru
rent pas ; mais personne ne pensa que la di
gnité exigeait une rupture ; on ne se brouilla
_pas. A Paris, on ne se brouille qu'avec ceux
qui se ruinent.. Chacun vint rendre visite à
Renée et s'informer des nouvelles de Mau
rice.
Mais lui, il était plus importuné que tou
ché des attentions dont il était l'objot. Mé
content de lui-même, affaibli par les souf
frances, son caractère était devenu excessi
vement irritable; lui qui avait eu tant de
douceur naturelle, il s'impatientait à cha
que instant contre les petits détails de la
vie dont autrefois il ne s'apercevait même
pas. C'est qu'indépendamment de ce mé
contentement de soi qui lui donnait de
l'humeur, il avait près de cette femme qui
l'attirait à elle des sujets continuels d'irrita
tion. Elle était bien venue le chercher et
l'entraîner avec une sorte de passion quand
il s'éloignait; mais la suivait-il au mépris de
toutes les considérations qui devaient le re
tenir, il ne retrouvait plus rien dé cet
amour qui avait semblé la faire agir. Quel
que chose d'étrange, de mystérieux, d'in-
compréhensifele même , lui" faisait douter
d'elle, et la rendait un objet continuel de
peiplexité pour lui.
Ainsi,quand il l'avait vue,la pâleur et l'in
quiétude sur le visage, dans cette voiture
arrêtée à sa porte, il avait'couru vers elle
presqu'involontairement, autant pour l'éloi
* Li reproduction est interdite.
gner que pour céder à l'anxiété qui l'attirait;
il espérait aussi profiter des instans où ils
seraient ensemble, pour apprendre ce se
cret inconnu def tous, qui l'avait fait partir
si brusquement etles avait séparés trois mois
auparavant. .
Èh bien!., il n'avait rien appris quand il
arriva chez elle. Là, des convives attendaient'
et ils l'entouraient. Gomment Maurice resta-
t-il, prêt à partir de minute Sa minute;'
mais n'osant le dire, parce que,* 4 là, étaient
des hommes empressés, amoureux,, qui
avaieut souvent excité sa jalousie? Comment
se trouva-t-il que le premier verre de vin de
Madère vers# delà main de Loïsa, lui donna
le vertige? Comment sa raison, sa mémoire,
tout lui" fut-il ravi sous les regards de cette
femme, qui ne paraissait l'adorer qu'en
public et lui échappait toujours ? Il y a
sans doute dans les beautés fantasques,
n'ayant d'autres lois que leur caprice, une
fascination inconnue près de la jeune.fille
qu'on livre par le mariage à l'amour d'un
jeune homme, sans résistance et sans pas
sion ; car on voit mille exemples de cette
puissance, exercée même en dépit de la rai
son de celui qui y cède. ,
Maurice n'eut pour prix de cette folie, qui
l'arrachait à tous ses devoirs, qu'une soirée
de troubles, de jalousie, de contrariétés et '
d'excès, où il perdit enfin avec joie le senti
ment de l'existence dans une horrible ivresse
,qui lui donna l'abrutissement avèc l'oubli.
Deux jours après, faible encore, il disait à
Renée, avec plus de douceur que de ten
dresse :
— Arrangez v otre existence comme il vous
plaira. Remplissez pourtant les deyoirs de
famille et de politesse; pour moi, je ne de
mande que ma liberté.
' 11 engagea Mme de Savigny à là conduire
dans le monde. ; . ; f -
— C'est bien le moins que vous lui déliez,
dit-il en souriant, pour la consoler du triste
mariage que vous lui avez fait faire... Après
cela, il sortit et.resta deux jours absent.
Leur vie fut arrangée ainsi :
Le mari toujours hors de chez' lui; la
femme livrée à deux ou trois parentés qui
l'entraînaient dans le monde. Mme de Saint-
Erain, tirant vanité des nombreuses invita
tions qu'elle recevait dans l'hiver, fut glo- '
.rieuse de lui en procurer et de s'en procu
rer encore par elle. Mme de Rebel se fit ou
vrir,. en la conduisant, quelques maisons
dont la porte s'était fermée devant la mé
chanceté de ses paroles. Quant à Mme de Sa-
vigny, elle était de tout et partout, et son
infatigable activité ne parvenait pourtant
pas à étourdir ses regrets. Sa jeunesse était
passée : elle regrettait et cette jeunesse et
l'emploi qu'elle en avait fait. Les passions
lui avaient laissé le r vide-qui en est la suite,
et l'impossibilité d'attacher de l'intérêt aux
choses simples et naturelles' de la viê. A
quoi bon? se dit-on pour mille choses, quand
on n'a ni un sentiment vit. m un principe
certain qui vous fasse' agir : et les jours ap
portent tant de tristesse etd ennuis, que par
fois on désire cesser de vivre.
Elle en était îà, et sesidées llottaient en proie
à une insouciance que son grand usage du
monde dissimulait, mais qui n en l\j îait p ts
moins dans son esprit pour l'empecher de
prendre plaisir à quelque chose. Elle sentait
qu'elle avait fait le malheur de Renée en la
hant à cet homme qui dépendait d'une autre
femme, mais parfois elle lui en voulait de
n'avoir pas réalises espérances en retenant
Maurice. ParloiYaussi pour la dédommager,
cbùiaie avait dit le marqué de Varville, elle
conduisait dans lés salons la jeune femme
abandonnée .-.Mais sa rare beauté et le char-
.me de sa personne attiraient les yeux de fa
çon à redoubler les tristesses de Mme de Sa-
vigny, moitié par le souvenir de sesjours de
triomphe emportés par les années, moitié
par-pitié pour les dangers et les chagrins
qu'elle pensait devoir en être aussi la suite
pour Renée. Quand elle regardait la douce
quiétude du front candide de celte jeune
femme,"elle se demandait si elle comprenait
les périls de sa situation; elle le lui dit à elle-
même.
— Madame, répondit doucement la jeune
.femme, mes peines sont peut-être bien plus
■' grandes que vous, ne le croyez : mais Dieu,
qui les permet, me donnera le courage de
les supporter dignement.
.—Elle est dévote! se dit Mme de Savigny.
C'est ainsi que les insoucians parlent de
ceux qui croient.
Mais Mme de Savigny, qui avait sondé
toutes les plaies du cœur sans y trouver de
remède, réfléchit en se répétant à elle-
même : — Elle est dévote.
Renée se sentait du courage en effet. Et
toutefois les plaisirs du monde altéraient ce
courage. Ces plaisirs d'ailleurs ne réalisaient
en nen ses idées.
Dans les cûuvens où l'on élève les jeunes
filles riches, le monde est représenté comme
le paradis terrestre, avec le serpent pour
tenter; on se fait l'idée d'un séjour déli
cieux, où toutes les .joies viennent vous
assaillir, où.les séductions de tous gen
res doivent enivrer votre ame. Sous l'em
pirer de ces-idées,Renée se rendait donc avec
ses f)arens dans quelqu'une de ces grandes
et brillantes réunions Qomme il y en a tant
à Paris pendant quatre mois de l'année. Il
lui arrivait d'être assise à côté de deux fem
mes admirablement parées comme elle,
quelquefois jolies et peut-être aimables. Ne
se connaissant pas, elles restaient silencieu
ses, car, grâce au nombre infini d'invités et
à j'iiîiportation des mœurs anglaises, on a
perdu, en France, cette urbanité qui distin
guait jadis la société, et l'on ne parle plus à
ceux-à qui l'on n'est pas présenté. Souvent
Renée ne trouvait pas a échanger deux mots.
Quelquefois elle entendait annoncer des gens
célèbres par leur esprit ; puis elle les voyait
à distance, debout, ne parlant pas plus à leurs
voisins qu'elle ne parlait à ses voisines, et'
volontiers elle eût dit :
—Puisqu'on est venu ici pour s'amuser,
quand donc commencera-t-on ?
Il-y avait bien des dîners qui permettaient
la coilversation ; mais que de fois l'esprit en.
pétait absent ! et que rnettait-ôn à sa place?
, \ La conversation n'était plus, comme ja-
'dis, une appréciation ingénieuse des ou-
■vr'àges d'art-wde littérature; ce n'était pas
même *de fines plaisanteries sur les travers
qu'on peut avoir remarqués. Non ! à la place
de cet esprit français, si renommé jàdis, de
cet esprit bienveillant même dans sa malice,
gracieux même dans sa profondeur, léger,
aimable et attirant, qui lia jadis la société et
établit des rapports entre tous ses rangs ; au
lieu de cet esprit, puissance suprême, de
vant qui tous étaient égaux, maintenant ce
qui règne habituellement dans les paroles,
c'est un dédain amer et injuste, qui a autant
de pouvoir pour diviser et dissoudre la so
ciété, que le bon esprit en avait pour la réu
nir. Cet orgueil, qui s'est empare lie la Fran
ce, et qui lui donne le vertige, agit dans les
salons par des éliminations. Il n'est pas rare
d'entendre dire du bout des lèvres, avec une
petite grimace qui enlaidirait le plus joli vi
sage : De qui parlez-vous ? Ah! c'est de Mada
me une telle! Fi donc ! Qui est-ce qui va là?
Puis, chez cette Madame une telle, on
vous redit cette même phrase en parlant
de la première dame, et cette phrase se re
produit sans cesse de maison en maison,
d'étage en étage. Depuis le plus bel hôtel du
faubourg Saint-Germain jusqu'au plus pau-
. vre des logemens, on trouve toujours à mé
priser, on se croit toujours au-dessus des
autres. . - •
Depuis que l'égalité est dans la loi, on in
vente mille moyens de ne pas la reconnaî
tre. C'est qu'elle ne peut exister qu'en vertu
de croyances sincères à la foi chrétienne,
qui en fait une loi de Dieu;
' Renée, dans la droiture de son bon cœur,
souffrait de tout ce qu'elle voyait en ce genre;
elle s'attrista dans un monde où la vanité
tient la place de l'intelligence, et ne lui per
met pas de se montrer; et ce qui mit le com
ble à cette .tristesse,--c'sst qu'elle vit que
ces gens qui sé cherchaient ne s'aimaient
point; que c'étaient des orgueils hostiles qui
se rencontraient pour se heurter, et non des
cœurs aimans qui se retrouvaient pour de
nobles et douces sympathies, comme elle l'a
vait imaginé!
Dans cet isolement au milieu de la foule*
Renée, habituée à voir autour d'elle des gens
qui l'aimaient, .sentait donc une mélancolie
profonde qui ne cessait point quand elle ren
trait chez elle.
Sophie n'était occupée que de ses espé
rances d'avenir; Maurice ne paraissait que
rarement, et il se montrait sombre et Impa
tient; puis il était au cœur de Renée une
autre douleur plus vive.
Elle n'avait pas. revu Tbéodore.| -
Le jour où Théodore avait reconnu dans
la femme de son ami la jeune fille qu'il ai
mait, sa souffrance avait été telle, que son
cœur avait failli se briser, en laissant échap
per les seules larmes qu'il eût versées de sa
vie." Cepepdant,'il avait éprouvé involontai
rement une consolation endécouvrantqu'elle
aussi avait souffert; mais, rentré chez lui,
•seul-devant sa conscience, il avait résolu de -
ne pas la revoir !...
Depuis -ce jour il vivait dans une complète
solitude. Il portait dans l'ame un deuil de r
son bonheur qu'il ne voulait ni distraire ni .
montrer! Oh! il venait bieiî malgré lui près
de la demeure de Renée. La nuit, lé jour, il
errait à l'entour ; mais il n'entrait pas , et
Renée comprit qu'il la fuyait pour l'oublier.
Cependant, elle tenta de chercher encore
autour d'elle quelques amitiés pour tromper
son pauvre cœur. Cette jeune femme, Mme
de Saint-Erain, avait un jour laissé échapper
une plainte douloureuse en parlant de son
mari, attaché depuis deux ans à une dans
seuse de l'Opéra, et Renée voulut lui parler*
d'amitié.
— Non, non, dit en riant Mme de Saint-
Erain, j'ai fermé mon cœur, je l'ai desséché
Sour vivre comrùe tout le monde ! Si vous
isiez un mot pour l'attendrir, je ne vous
reverrais plus ! Adieu ! je vais aux courses.
Et comme elles sortaient ensemble pour
monter chacune dans sa voiture, une fem
me, jeune encore, su trouva dans la rue sur
leur passage, et toutes deux s'écrièrent en -
même temps : -
— Mélanie Durand! •
Renée l'embrassa de tout cœur p*kr un
premier mouvement, quoique Mme de Saint-
Erain essayât de l'en çmpecher. *—
Mélanie Durand avait été dans levë&ryent
une des sous-maîtresses, et elle avait' «timé
et soigné Renée dans son enfance, avec une
tendresse toute maternelle. Il y avait plu
sieurs années qu'elle avait quitté eette'triste
BUB1S3A.UX : raie de Valois (Palais-Royal), n* 1©
«185-2. - JEUDI 25 NOVEMBRE.
Prix de l'abonaeincat.
DXFAKTSJMEH3 :
10. fa. pour trois moi?»
PARIS :
13 fh. pour trois mois.
un numéro : 20 centimes.
»qdb lbs pats étrangers > se reporter an
tableau publié dans le journal, les 10 et
25 de ehaqile mois.
S'adresser, îrmco,.pour la rédaction,, à M. C ucheval- C larisny,
.Le» articles déposés ne sont pas rendus.
..Mi
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On iaèonny dam les. départemens, aux Mcssfgvrierd aux Eireefions âs pusl-c.—A Londres, xhtt MM. G owie et fils.
— A Strasboui g } eh;z M. AnXiNBBE, pnr s Allemagne, ,
S'adresser, franco i^oiir l'administration}
à M DBHàlN, directeur^
Les annonces sont reçues cliez M.'PANIS, régisseur, 10, plajcë deia Bourse ; ,
et au bureau du journal. .. . - i ^ " ;
PARIS, 24 NOVEMBRE,
Le plus grand service que l'on puisse fen
dre à l'agriculture, à l'industrie, au com
merce, aux populations laborieuses, c'est de
favoriser, par tous les moyens légitimes, la
baisse de l'intérêt de l'argent.„Cela n'a pas
besoin d'être "démontré. En effet, qu'est-ce
que*la baisse de l'intérêt? Ce sent les instru-
mens de travail à meilleur marché, c'est la
conception rapprochée de la faculté d'exécu
tion, c'est l'accroissement de la part propor
tionnelle de l'entrepreneur et de'l'ouvrier
dans le prix des produits. Aiusi, en activant
les. affaires, en augmentant les valeurs", en
grossissant la part du travail, elle ajoute à
l'aisance générale, et plus spécialement à
celle des hommes qui vivent de l'emploi de
leur intelligence ou de leurs mains.
* Les socialistes s'étaient. imaginé qu'on
pouvait obtenir la baissa de l'intérêt par
voie de décrets ou à l'aidé de nous ne sa
vons quelles institutions chimériques. N'^s
vôns-nous pas vu M. Proudhon, après avoir
posé la gratuité du crédit, comme le dernier
mot, la dernière-formule' du progrès social,
essayer de la réaliser, par la création de cçtte
Banque du peuple, qui "devait multiplient
égaliser les richesses sur la terre, en y je
tant une pluie de papier-monnaie? On sait à
quoi ont abouti toutes ces théories et tou
tes ces teutatîves. Elles ont amené .upe
haussé excessive au lieu d'une baisse dans
le taux de l'intérêt. Jamais les capitaux n'ont
été aussi chers qu'à l'époque où l'on pouvait
craindre de voir de pareilles idées accueili
lies par un gouvernemenf de hasard. La-
raison en est simple: ces prétendus nova
teurs avaient oublié une seule chose : c'est
que l'intérêt comprend, outre le loyer dé
l'instrument appelé capital, une prime d'as
surance qui s'accroît en raison des chances
de pertes auxquelles le capitaliste est expo
sé. Or, comment cette prime d'assurance ne
serait-elle pas montée à un taux exorbitant,
lorsqu'on traitait le capital d'infâme, lors
qu'on menaçait de s'en emparer, lorsque,
pour l'atteindre, on renouvelait contre la
société le serment d'Annibal?
La première condition pour ramener l'in
térêt à son taux naturel, c'était de rét^bliç
la-sécurité publique, de rassurer les esprits,
dë donner confiance dans le présent et dans
l'avenir. Il fallait donc, avant tout, arracher
le,pays à l'état préfaire dans lequel il vivait
depuis 1848. Il fallait assurer la victoire dé
finitive de l'ordre^ réduire les passions ré
volutionnaires à i'impuissance, faire ren
trer le socialisme dans le néant, nous doter
enfin d'institutions vraiment stables, et sous
lesquelles chacun pût être certain de joîlir
des fruits de son travail. Cette œuvre politi
que et sociale, le gouvernement de Louis-
Napoléon l'a réalisée le 2 décembre , et il
va la consolider par le rétablissement de
l'Empire, que la France demande à grands
eris, comme le commencement, d'une nou
velle ère dé ; richesse et de prospérité.
Aussi itoyez la transformation qui s'est
opérée dans toutes les valeur^.L'argent, qui
naguères se refusait, suivant l'expression de
M. 'Proudhon, s'offre de toutes parts. La
rentè 3 0/0 est plus recherchée à 86 fr.
qu'elle ne l'était, il y a un an, à 55 fr. Ce
qui se passe pour la rente existe également
pour les entreprises de travaux publics, pour
les opérations industrielles et commerciales,
pojir les transactions de toute sorte.- Les Ca
pitaux, attirés par le retour de la confiance
générale, se font partout concurrence. Ce
n'est plus l'argent qui manque aux affaires;
il semble plutôt, à voir la façon dont on s'ar
rache Jes valeurs, que ce soient les affaires
qui manquent à l'argent. Ou repoussait des
placemeris à 5 et 6 0/0; on est .trop heureux
d'en trouver aujourd'hui à 3 pu 4 0/0.
. La sécurité publique rétablie, le gouverne
ment a pu «xéeuter les : grandes mesuresijui
pouvaient favoriser cette baisse générale de
l'intérêt. La prime d'assurance, que les crain-
t3s et les incertitudes politiques avaient fait
monter si'haut, n'était, plus que .ce qu'elle
devait être sous , un gouvernement régulier.
Mais la renaissance du crédit,permettait de
faire autre chose. 'Elle permettait de lever
certains obstacles qui s'opposaient à l'abais
sement normal du loyer de l'argent", et de
vant lesquels .les gouvernemens précédens
avaient reculé. ,
Cest ainsi qu'avec une résolution, une h ar
diesse admirable, le gouvernement a effec
tué cette conversion de .la rente que Louis-
l' Philippe n'avait pas osé faire en pleine pros
périté. Le 5 0/0, comprimé par la menace de
remboursement qui le pressait, ne pouvait
prendre son essor, il pesait de toute sa mas
se sût* le marché des capitaux. Par cela mê-
mb qu'il était en quelque sorte le régulateur
ae-l'intérêt, dans notre pays,il en maintenait
le-\iux à une élévation purement factice. La
conversion de la rente a amoindri, sinon dé
truit, l'influence défavorable qu'il exerçait.
Le 4 1/2 se retrouve, il est vrai, dans la po
sition où était le 5; il a dépassé le pair, et il
est arrêté à-son tour par la certitude
fêihbtjuYlêffi®riTl'Sfï^^^ K aes^ 8fx an
nées d'existence qui lui ont été. garanties.
Mais un grand progrès a été obtenu, et cette
première conversion a Ouvert la porte à une
série d'opérations qui auront pour résultat
de maintenir un équilibre salutaire entre le
f crédit de l'Etat et le crédit commercial.
Si la baisse du loyer des capitaux ne peut
être produite que par leur «accumulation
successive, elle peut cependant être secondée
par les facilités données à leur circulation.
Tel est le. but desinstitutions financières qui
ont pour mission principale de" transférer les
capitaux, du propriétaire. ou du détenteur
qui n'en fait pas ou ne peut pas en faire
usage, à celui qui peut et veut les utiliser.
Le'gouvernement', dans son désir de favori
ser la réduction de l'intérêt, a donc cherché
à étendre le Service de ces institutions, soit
en améliorant les établissemens qui exis
taient, soit en provoquant et en autorisant
la création de nouveaux établissemens qui
répondaient à d'autres besoins.
La Banque de France, qui escomptait le
papiei» de commerce à 4 0/0 depuis son ori
gine, a consenti à le prendre à 3 0/0. C'est
donc une diminution de 1 0/0 sur le prix de
l'argent considéré comme instrument de
production. Il en résulte que le crédit vient
facilement en aide à cet immense mouve
ment d'affaires dqnt nous sommes témoins.
Le portefeuille de la Banque se relève ; il se
rapproch.e du chiffre qu'il atteignait aux épo
ques les plus prospères, et bientôt il l'aura
dépassé. Ajoutons que la Banque trouve un
concours puissant dans le comptoir national
d'escompte quis'est considérablement agran
di, et qu'elle augmente chaque jour le nom
bre de ses succursales, de manière à-faire
participer aux avantages du crédit tous les
centres de population "et d'activité.
Ce n'est paè tout. La propriété et l'agri
culture se plaignaient avec raison d'être
obligées de payer un intérêt exorbitant de
lavette hypothécaire qui les grevait. Des'
institutions appropriées à leurs conditions
spéciales, ont été décrétéeSi Une banque de.
crédit foncier s'est immédiatement organisée
à Paris, et, comme ces institutions éprou
vaient des difficultés à s'établir dans nos
provinces, la banque de Paris va . être char
gée du service général de toute la France,
ta subvention de 10 millions; promise par
le décret du .23 janvier à ces institutions,
lui sera accordée, à la d <5uble condition de
prêter 200 millions à la propriété immo
bilière, et de les prêter moyennant des :
de~ 5 .0/0 qui, 'après avoir pcrtîf-"*
vu au paiement de l'intérêt et des frais
d'administration, suffiront pour amor
tir la dette en cinquante ans. Désormais
la propriété pourra emprunter à un taux
inconnu dans nos départemens, et ell^ se
libérera, en quelque sorte, sans s'en aper
cevoir, en recomposant, 'par le 'service cj'un
amortissement à long terme, les capitaux r
qu'elle aura reçus. '
Enfin, la société générale qui vient d'être
autorisée par le gouvernement/ fera, pour
ainsi dire, pour le crédit mobilier, ce que la
Banque précédente doit faire pour le crédit
foncier. Tandis que la Banque de crédit
foncier centralisera les. engagemens hy
pothécaires pour les remplacer par ses
obligations, la société de crédit.mob'i-
lier-recevra, comme dans une caisse centra
le, les actions et les titres des grandes en-
treprises de chemins de fer et de travaux
publics, pour ' y substituer également des
obligations uniformes, qui représenteront
les valeurs en portefeuille, et auxquelles Ra
joutera la garantie de son capital, ainsi que
de son propre* crédit. Cette vaste institu
tion, comprenant toutes les ■ opérations de
haute banque, depuis le prêt sur dépôt de
des entreprises d'utilité générale, provoque
ra la baisse de l'intérêt dans la grande in
dustrie des chemins de fer et des travaux
publics, et secondera le développement des
voies de communication qui .doivent sillon
ner tout le territoire national. ,
Ainsi, la baisse de l'intérêt, amenée natu
rellement par l'affermissement de la sécuri
té, tend à faire .de nouveaux progrès sous
l'influence de l'extension et du perfectionne
ment des institutions de crédit. Toutes 1 les
branches de l'activité nationale y participent.
C'est un bienfait universel. Il ne s'agit main
tenant que de laisser se produire successive
ment les conséquences 'de cette révolution
féconde et pacifique:" Nous n'arriverons pâs
sans doute à la'gratuité rêvée par M. Prou
dhon : les capitaux auront toujours une ré
munération; mais cette rémunération décroî
tra de plus en plus au'profit du travail et dé
l'intelligence, et elle s'approchera de zéro
sans cependant jamais s'annuler ; de jnême
qu'en géométrie, la courbe de l'hyperbole
s'approche de plus en plus de la ligne droite
de l'asymptote sans jamais se confondre
avec elle. iJ » j. burat.
C'est demain jeudi que le Corps Législatif J ,
se réunit pour le recensement des votes sur ^
le plébiscite du 7 novembre. Les membres
du Corps Législatif sont invités par MM. les
questeurs à faire connaître leur adresse au »
bureau de la questure ; mais 4éjà un grand -
nombre de députés sont arrivés et ent fait
acte de présence au palais du Corps Légis
latif. " h r:$
La séance de demain commencerait, d'au
près ce qui nous a été rapporté, par la conv }
munication d'un message «du prince-Prési\
dent. Il serait ensuite procédé au tirage au *
sort des bureaux," et à l'organisation in
térieure des bureaux par la nomination des
présidens et secrétaires de chacun d'eux; .
après quoi la séance publique serait reprise
et "le Corps Législatif aurait à s'oecup'er de
la vérification des pouvoirs des députes élus
depuis la clôture de la. session.
Les procès-verbaux des opérations des 21
et 22 novembre seraient répartis par dépar
temens entre les sept bureaux du Corps Lé
gislatif, et quelques rapports pourraient être
faits dans cette première séance même.
C'est du plus ou moins de promptitude
que les préfets apporteront dans l'snvoi de
ces procès-verbaux que dépendra la durée
de ce travail; car il n'est pas probable que-;'
les rapports qui seront faits à l'Assemblée *
soulèvent do longs débats. Si ces procès-
verbaux ne se font pas attendre, peu de
-$ours suffiront au recensement.
p*A„OR-sait que des bàtimens à vapeur „ont ét{L
? expédiés clans les purts d'Alger, d'Oran-et dé
Bone, afin de rapporter sur-le-champ le résul
tat du vote dans les trois provinces. On sait
aussi que, grâce aux chemins de fer, les com
munications avec Paris se font en quatre ou
cinq joursi Qu'on y ajoute quelques jours
pour réunir ' les ■ votes aux ehefe-lieux des
provinces, tous les çrocès-verbâux pourront
être centralisés à Paris pour la fln du mois.
On estime donc que. le recensement com
plet pourra être achevé le soir dji 1 er décem
bre, ou du moins il ne resteraiTalors en re-i
- tard que quelques procès-verbaux dont lés
chiffres' peu considérables pourraient êtrè
momentanément négligés dans la supputa
tion générale.
La proclamation du résultat du vote sur
le plébiscité du 7 novembre, aurait lieu le
•jeudi 2 décembre. On est fondé à croire que
cette proclamation serait faite' avec solen
nité, et en présence des trois grands corps
de l'Etat. ' l. boniface.
- Les chiffres généraux du scrutin qui
vient de se terminer commencent 4 se dessi
ner. Nous avons des résultats "pour 73 dépar
temens. et beaucoun de ces résultats sont à
peu près définitifs. Dans quelques départe
mens. le nombre des votans n'aura, pas at
teint le chiffre del anneedernière; maispar
tout la proportion des votes afârmatifs a
augm^nto^t tout anj^fis„£u
bre de voix au moins égal" au vote sur la
présidence décennale.
Et cependant les électeurs des campagnes
ont eu a lutter presque partout contre une
véritable tempête , contre des pluies dilu
viennes qui faisaient hésiter même les cita-*
dins.
-D'un autre côté, datus quelques parties du
pays, certaines influencés ont amené des
abstentions assez nombreuses.'Tl a fallu que
le sentiment d'une vive reconnaissance fût
bien puissant au cœur des populations pour
triompher de ce dernier effort des partis. La
France n'a pas oublié les dangers auxquels
elle a échappé. "
Le secrétaire de la rédaction, l. boniface.
Votes connus le 24 au soir.
ARMÉE DE TERRE.
Votes parvenus le 24 novembre au soir :
Votans . . . 1 . 212,339
Oui. ...... 203,300
Non . . . . . 6,763
Douteux ou nuls... . 2,274
ARMÉE" DE MER.
Votes connus le 24 novembre au soir :
Votans. .. . ... ; 33,698
. 31,367
. Non. d,564
• Douteux ou nuls . . 827
VOTES DES DEPARTEMENS.
t.- V'
-• - .tv■ .
Oui.
Non.
AIN. . .
-23,378
487
AlSNIÎ. . . .
-91,092
6,434
allier .......
18,671
107
AllDÈCIlE. . . . .
27,069
208
AJIDENNES . * . . .
"73,549
2,686
98 "•
ALPES (HAUTES) . . .
3,659
ALPES (BASSES). . . .
12,559
- »
ARIÉGE ......
4,537
137
AUBE ........
27,567
1,399
BAS-RHIN. . . ...
114,549
3,811-
BOUCHES-DU-RHONE .
51,905
2,457.
CALVADOS" . . . . .
' 89,641
3,227 *
CHARENTE. .....
CHER. ®.
70,356
1,081
67,272
1,049
CORRÈZE., . . î-'j Ï
69,292
99,100
407
COTE-D'OR. . . ' . . .
2,510
'COÎFES-DU-NORD. . . .
54,930
541
. BëUX^ÈVRES . ...
22,368"
506
DORD0«BNE . . . . .
39,950'
656
DOUBS
5,177 .
641
DROME
68,560
1,390
EURE. , . ....
15,863
1,327
EURE-ET-LOIR. . . . .
66,303
3,925
GARD ..... . .
83,528.
4,388
GIKUNDE. . ...
114,651
. 3,531
: HAUT r RHIN. . . . .
92,740
2,841
•\J ,ILU?1'E-GAR0NNE. . . .
98,106
1,956
•.',«,'■•11 tx'TE-SAONE . . .
- 84,751
1,172
HAUTE- VIENNE . . . .
58,417
659
HÉRAULT. .....
33,333
-3,350
INDRE. . . , . . , 39,740
J^DRE-ST-LOIÏiÊ . . .. 74,037
ISÈRE: . . ". . . . ' 41;8S9~"
ILLE-ET-VILAINE . . . 23,729
ISERE 41,889
'JURA . . . 29,938
LANDES. . . . . . .® 09,332
LOIRE . ... . . . 92,383
LOIRE-INFÉRIEURE. . . 76,066
• LOIR-ET-CHER . , ... 36,316-
' LOIRET. . . . . . . ' 74,338
LOT... ...... 2,433
LOT-ET-GARONNE. ... 43,320
LOZÈRK. . ., . . . . 21,513
MAINE-ET-LOIRE . . , 71,091
MANCHE. . ... . 23,383
MARNE. . . . . . . 90,223
MAYENNE. . '. . . .' 73,098
MEUSE 79,740
MEURTHE. . . . . . 103,851
MORBIHAN. .. . . . . 4,476
MOSELLE. . . . . . '94,032
•NIÈVRE. ...... 83,830 *
NORD . . . . . . . 216,432
OISE . . . . . . « 73,400
PAS-DE-CALAIS. . . . 122,943
PUY-DE-DOME. . > . . 49,973
PYRÉNÉES-ORIENTALES'. 30,530"
RHONE . ... ; . .96,467
SAONE-ET-LOIKE. . . . 85,726
SARTHE. ...... 108,239.
SEINE. ...... 203,615
SEJNE-ET-MARNE ... 80,292
SEINE-ET-OISE .... 114,800
SEINE-INFÉRIEURE. . . . 16^,745
SOMME 137,438
VAR . . . .... . , 52,807
V.VUCLUSE. ; . ... 1)6,315
VENDÉE , , ... , 59.110 ^
" V ienne- -^rr 7*. . '
VIENNE (HAUTE-). . . 58,417
VOSGES. 93,720
YONNE. ...... 73,682
.OjOlS-
"•*'1,348
543
1,348
»
558
1,39V
3,475
2,352
2,981
263
»
169
: . 2,488
313
3,907
. 2,888
2,132
3,534
■ 123
1,681
720.
7,309
2,674
3 r 136
362
199
9,777
1,672
2,620
53,617
3,727
6,417
8,570
3.707
'î*96
1,141
• : -4r
659
2,528
3,930
• BEPECHES TÉLÉGRAPHIQUES. .
Toulon, 23 novembre.
"Les communes socialistes du Var sont presque
unanimes dans leur adhésion à l'Empire.
Nevers, 24 septembre.
Dans 224 communes de la Nièvre le vote a été
unanime. •
La Nièvre dépassera le chiffre de 1848. Elle
l'aurait dépassé de beaucoup sans l'interruption
des communications qu'avait amenée le déborde
ment des ruisseaux et des rivières. Il ne faudrait
pas regarder comme s'étant abstenus un grand
nombre d'habitans des campagnes qui. n'ont pu
se rendre au scrutin. .
Le succès le plus beau était prévu, mais.- il dé-
Êassera encore les prévisions. L'élan a été admira-
Ie dans toutes les communes.
" Gap, le 21.
Aujourd'hui les torrens sont tels, que des villa
ges entiers, et en grand nombre, ne pouvant at
teindre le chef-lieu des communes, dont dans
l'impossibilité matérielle de voter malgré ce temps
épouvantable, à Gap et dans les localités voisines,
on a voté avec a.rdenr.
Montpellier, 23 novembre.
Leslégitimistes ont fait des efforts inouïs pour
empOclieiyle voter ou.faire voter non.
Les communes rurales dont les procès-verbaux
sont arrivés cette nuit, apportent toutes des votes
presqu"unanimes.
v* Bourges", 24 novembre. -
Dans un grand nombre de communes , notam]
ment à Sancerre et à Saint-Amand, malgré .un
temps affreux, la proclamation du vote a été
faite lundi Soir par les autorités, au milieu des
démonstrations enthousiastes et des cris de joie
dé la population. Toutes ces villes ont été spon
tanément illuminées. . ■ •
On lit dans fe Concorde, de Reims :
« Il s'est passé, dimanche, un. fait considérable
qui prouve l'excellent esprit qui animje la popu
lation ouvrière de Reims. '
» Une dépûtation nombreuse se présenta le
matin à la sous-préfecture, pour faire part à M.
le sous-préfet dès sentimens de patriotisme dans
lesquels se trouvaient ies ouvriers au moment du
scrutin. Chacun des membres de la dépûtation
portait à sa. boutonnière un bouquet de violettes,
la fleur impériale, qu'il n'avait pas été possible
de se • procurer à Reims, et que les ouvriers
avaient fait venir, de Paris, tout exprès pour la
circonstance.
» Le mauvais temps a singulièrement contrarié
les préparatifs de fête que nous avions annoncés.
Des arcs de triomphe dont nous avions donné l'é-
numération, il. n'en est que deux qui aient étS
poussés à bonne fin : celui du faubourg Cérès qui,
placé sur la hauteur, était d'un effet grandiose, et
celui de la place Saint-Nicaise, qui brillait surtout
par ses inscriptions.
» - Sur le fronton oivliéiçit : A Sa'Majésté impé
riale Napoléon. 111, yUs • oitvriers tle la fabrique de
Reims; puis deux médaillons ornés avec goût por
taient, l'an cette immortelle déclaration du dis
cours de Bordeaux :
. oonquérirà lâ reâigion, à^la moralej;
i»-à l'aisance, cette partie encore si nombreuse de
'» la "population,, qui, au milieu d'un.pays de foi et
» de croyance, connaît à peine.-les préceptes du.
» Christ ; qui, au -sein- de la terre la plus fertile
» du monde, peut à peine jouir de ses produits-,
» de première nécessité. ».
» Dans l'autre, on lisait ces paroles de l'Empe- _
reur Napoléon, si heureusement rappelées par
son héritier, répondant au Sénat lui déférant la '
couronne iinpérïalc ^
« Mon esprit ^e gérait plus avec ma postérité,
» du jour où elle cesserait de mériter l'amour etî
» la confiance de la grande nation. »
» Il y a moins d'un an que, sur cette même i
place Saint-Nicaise, Louis-Napoléon était déclaré ,
traître à la patrie et mis hors la loi." C'est de là
que les?. factieux set préparaient à marcher sur
THôtèlMe-Ville, et c'«st là qu'on prodiguait di i
manche # aux premiers flla^istrats de Reims des té j
moignages éclataos de'té^plus entière soumission
aux représentans dé l'autorité !
-» Hier, l'Hôtel-de-Ville et l'hôtel de la sous-pré
fecture ont été illuminés en l'honneur du résul
tat du scrutin. Plusieurs maisons particulières ont
suivi cet exemple. L'illumination du journal te
Concorde avait attiré des groupes nombreux qui
se sont renouvelés peudant toute la soirée et qui ">
ont îait éclater, à plusieurs reprises, des cris de '
Vive l'Empereur !'
» De tous les côtés commencent à nous arriver *
les récits des fét^ au milieu desquelles la popu
lation de nos campagnes, aussi bien que celle de
la ville de Reims, -a voulu voter le rétablissement'
de l'Empire.' Ce mouvement tout spontané méri
terait, pour chaque commune, une relation sé
parée. »' : _
— Nous lisons dans le Courrier du Nord :
-< -««Un oalme et un ordre qui- n'excluaient pas
l'empressement, ont constamment régné pendant
les deui jours de vote dans toutes les communes
des arrondissemens de Valencieunes et d'Avesnes.
» A Valenciennes, dans l'après-midi de diman -
che, une - foule nombreuse, principalement «im
posée d'ouvriers, a constamment rempli la salle
au scrutin.
•» M. le duc de Bassano, a,mbassadeur de France
en Belgique, n'a pu venir, ainsi qu'il l'avait an
noncé, déposer à Valenciennes son vote sur lè
plébiscite; mais tous les Français attachés à son
ambassade se sont empressés de remplir dans no
tre ville leurs devoirs de citoyen. »
— Dimanche dernier, dit le Journal d'Epernay,
lllôtel-de-À ille était brillamment illuminé. Sur
le* devant," un grand aigle déployait sa noble en
vergure sous laquelle o'n lisait (Jes mots qui résu- ■
ment îes'vœux et la Volonté de nos populations :
Vive l'Empereur ! La sous-préfecture était égale
ment illuminée en l'honneur de cette suprême
démonstration.
» La compagnie de pompiers d'Ej^rnay, tam
bours-entêté, escortée du corps de musique, est
allée voter le 21 avec le plus grand enthousiasme}
Cette manifestation qui résume si bien les bons
sentimens de notre population a été accueillie
âvec plaisir par la masse des votans qui se pressait •
nombreuse et compacte aux abords au scrutin. :-j|
» Les vignerons des faubourgs de Grandpierre
et du Haut-Pavf sont également allés en corps, et
bannière en tête, déposer leur votes approbatifs
aux cris de Vive Napoléon.' »
— Nous recevons des lettres qui nous sont adres
sée» par les habitans de plusieurs communes de
l'arrondissement de Saint-Quentin, ét dans ces
correspondances, nous trouvons .des -détails inté-
ressans sur l'empressement avec lequel les élec
teurs se sont rendus au scrutin. Partout des fêtes
ont eu lieu, et les cloches ont retenti comme dans
les jours de grandes cérémonies.
Au Câtelet, un grand nombre de maisons, la
demeure du. maire, celles des conseillers munici
paux, du conseiller d'arrondissement, du conseil
ler général et des divers fouctionnaîres, étaient
pavoisées de drapeaux. (J. de Saint-Quentin,)
— À Anguilcourt-Ie-Sart, canton de La Fère
(Aisne), sur 221 électeurs inscrits, 215 ont pris
part à l'élection, sur Jesquels 214 oui et seulement
1 non. Les 6 électeurs qui n'ont pas voté étaient
malades ou absejjs.
« Vous le voyez, nous écrit-on de cette com
mune, nous ne nous sommes point déjugés; car.
l'année dernière nous avons fourni 212 oui,et cette
année nous arrivons à âl4, parce ,que Napoléon
est tout pour nous ; nous l'aimons, nous lui serons
toujours dévoués. Toute notre. contrée a voté .
comme nous. »
— Les électeurs de la commune de Longvillers
(Somme), n'ont pas montré moins de zèle pour le
vote des 21 et 22 novembre sur le rétablissement
de l'Empire, qu'ils n'en ont montré au 2 décem
bre dernier. . _ .
A cette époque, la listé électorale portait 154
électeurs; il s'est trouvé 154 votans et 134 oui.
Aujourd'hui cette commune a: 153 électeurs,
135 votans et 155 oui.
— A Dammartin (Seine-et-Oise), sur 173 vo
tans 173, ont voté oui ; pas un seul' non.
— Le vote de la commune de Montigny-sur- .
Loing, près de Fontainebleau, sur le rétablisse
ment de l'Empire, a donné un beau résultat. Sur
FEUILLETON OU CONSTITUTIONNEL, 25 NOVEMBRE
RENÉE DE YÀRYILLE*.
XII.
la vie bes salons.
Xe .lendemain Maurice avait une lièvre
très forte; il fut facile de dire qu'il s'était
trouvé assez malade dans la maison où il
avait affaire, pour qu'il lui eût été impossible
' de revenir. Les uns crurent, les autres ne cru
rent pas ; mais personne ne pensa que la di
gnité exigeait une rupture ; on ne se brouilla
_pas. A Paris, on ne se brouille qu'avec ceux
qui se ruinent.. Chacun vint rendre visite à
Renée et s'informer des nouvelles de Mau
rice.
Mais lui, il était plus importuné que tou
ché des attentions dont il était l'objot. Mé
content de lui-même, affaibli par les souf
frances, son caractère était devenu excessi
vement irritable; lui qui avait eu tant de
douceur naturelle, il s'impatientait à cha
que instant contre les petits détails de la
vie dont autrefois il ne s'apercevait même
pas. C'est qu'indépendamment de ce mé
contentement de soi qui lui donnait de
l'humeur, il avait près de cette femme qui
l'attirait à elle des sujets continuels d'irrita
tion. Elle était bien venue le chercher et
l'entraîner avec une sorte de passion quand
il s'éloignait; mais la suivait-il au mépris de
toutes les considérations qui devaient le re
tenir, il ne retrouvait plus rien dé cet
amour qui avait semblé la faire agir. Quel
que chose d'étrange, de mystérieux, d'in-
compréhensifele même , lui" faisait douter
d'elle, et la rendait un objet continuel de
peiplexité pour lui.
Ainsi,quand il l'avait vue,la pâleur et l'in
quiétude sur le visage, dans cette voiture
arrêtée à sa porte, il avait'couru vers elle
presqu'involontairement, autant pour l'éloi
* Li reproduction est interdite.
gner que pour céder à l'anxiété qui l'attirait;
il espérait aussi profiter des instans où ils
seraient ensemble, pour apprendre ce se
cret inconnu def tous, qui l'avait fait partir
si brusquement etles avait séparés trois mois
auparavant. .
Èh bien!., il n'avait rien appris quand il
arriva chez elle. Là, des convives attendaient'
et ils l'entouraient. Gomment Maurice resta-
t-il, prêt à partir de minute Sa minute;'
mais n'osant le dire, parce que,* 4 là, étaient
des hommes empressés, amoureux,, qui
avaieut souvent excité sa jalousie? Comment
se trouva-t-il que le premier verre de vin de
Madère vers# delà main de Loïsa, lui donna
le vertige? Comment sa raison, sa mémoire,
tout lui" fut-il ravi sous les regards de cette
femme, qui ne paraissait l'adorer qu'en
public et lui échappait toujours ? Il y a
sans doute dans les beautés fantasques,
n'ayant d'autres lois que leur caprice, une
fascination inconnue près de la jeune.fille
qu'on livre par le mariage à l'amour d'un
jeune homme, sans résistance et sans pas
sion ; car on voit mille exemples de cette
puissance, exercée même en dépit de la rai
son de celui qui y cède. ,
Maurice n'eut pour prix de cette folie, qui
l'arrachait à tous ses devoirs, qu'une soirée
de troubles, de jalousie, de contrariétés et '
d'excès, où il perdit enfin avec joie le senti
ment de l'existence dans une horrible ivresse
,qui lui donna l'abrutissement avèc l'oubli.
Deux jours après, faible encore, il disait à
Renée, avec plus de douceur que de ten
dresse :
— Arrangez v otre existence comme il vous
plaira. Remplissez pourtant les deyoirs de
famille et de politesse; pour moi, je ne de
mande que ma liberté.
' 11 engagea Mme de Savigny à là conduire
dans le monde. ; . ; f -
— C'est bien le moins que vous lui déliez,
dit-il en souriant, pour la consoler du triste
mariage que vous lui avez fait faire... Après
cela, il sortit et.resta deux jours absent.
Leur vie fut arrangée ainsi :
Le mari toujours hors de chez' lui; la
femme livrée à deux ou trois parentés qui
l'entraînaient dans le monde. Mme de Saint-
Erain, tirant vanité des nombreuses invita
tions qu'elle recevait dans l'hiver, fut glo- '
.rieuse de lui en procurer et de s'en procu
rer encore par elle. Mme de Rebel se fit ou
vrir,. en la conduisant, quelques maisons
dont la porte s'était fermée devant la mé
chanceté de ses paroles. Quant à Mme de Sa-
vigny, elle était de tout et partout, et son
infatigable activité ne parvenait pourtant
pas à étourdir ses regrets. Sa jeunesse était
passée : elle regrettait et cette jeunesse et
l'emploi qu'elle en avait fait. Les passions
lui avaient laissé le r vide-qui en est la suite,
et l'impossibilité d'attacher de l'intérêt aux
choses simples et naturelles' de la viê. A
quoi bon? se dit-on pour mille choses, quand
on n'a ni un sentiment vit. m un principe
certain qui vous fasse' agir : et les jours ap
portent tant de tristesse etd ennuis, que par
fois on désire cesser de vivre.
Elle en était îà, et sesidées llottaient en proie
à une insouciance que son grand usage du
monde dissimulait, mais qui n en l\j îait p ts
moins dans son esprit pour l'empecher de
prendre plaisir à quelque chose. Elle sentait
qu'elle avait fait le malheur de Renée en la
hant à cet homme qui dépendait d'une autre
femme, mais parfois elle lui en voulait de
n'avoir pas réalises espérances en retenant
Maurice. ParloiYaussi pour la dédommager,
cbùiaie avait dit le marqué de Varville, elle
conduisait dans lés salons la jeune femme
abandonnée .-.Mais sa rare beauté et le char-
.me de sa personne attiraient les yeux de fa
çon à redoubler les tristesses de Mme de Sa-
vigny, moitié par le souvenir de sesjours de
triomphe emportés par les années, moitié
par-pitié pour les dangers et les chagrins
qu'elle pensait devoir en être aussi la suite
pour Renée. Quand elle regardait la douce
quiétude du front candide de celte jeune
femme,"elle se demandait si elle comprenait
les périls de sa situation; elle le lui dit à elle-
même.
— Madame, répondit doucement la jeune
.femme, mes peines sont peut-être bien plus
■' grandes que vous, ne le croyez : mais Dieu,
qui les permet, me donnera le courage de
les supporter dignement.
.—Elle est dévote! se dit Mme de Savigny.
C'est ainsi que les insoucians parlent de
ceux qui croient.
Mais Mme de Savigny, qui avait sondé
toutes les plaies du cœur sans y trouver de
remède, réfléchit en se répétant à elle-
même : — Elle est dévote.
Renée se sentait du courage en effet. Et
toutefois les plaisirs du monde altéraient ce
courage. Ces plaisirs d'ailleurs ne réalisaient
en nen ses idées.
Dans les cûuvens où l'on élève les jeunes
filles riches, le monde est représenté comme
le paradis terrestre, avec le serpent pour
tenter; on se fait l'idée d'un séjour déli
cieux, où toutes les .joies viennent vous
assaillir, où.les séductions de tous gen
res doivent enivrer votre ame. Sous l'em
pirer de ces-idées,Renée se rendait donc avec
ses f)arens dans quelqu'une de ces grandes
et brillantes réunions Qomme il y en a tant
à Paris pendant quatre mois de l'année. Il
lui arrivait d'être assise à côté de deux fem
mes admirablement parées comme elle,
quelquefois jolies et peut-être aimables. Ne
se connaissant pas, elles restaient silencieu
ses, car, grâce au nombre infini d'invités et
à j'iiîiportation des mœurs anglaises, on a
perdu, en France, cette urbanité qui distin
guait jadis la société, et l'on ne parle plus à
ceux-à qui l'on n'est pas présenté. Souvent
Renée ne trouvait pas a échanger deux mots.
Quelquefois elle entendait annoncer des gens
célèbres par leur esprit ; puis elle les voyait
à distance, debout, ne parlant pas plus à leurs
voisins qu'elle ne parlait à ses voisines, et'
volontiers elle eût dit :
—Puisqu'on est venu ici pour s'amuser,
quand donc commencera-t-on ?
Il-y avait bien des dîners qui permettaient
la coilversation ; mais que de fois l'esprit en.
pétait absent ! et que rnettait-ôn à sa place?
, \ La conversation n'était plus, comme ja-
'dis, une appréciation ingénieuse des ou-
■vr'àges d'art-wde littérature; ce n'était pas
même *de fines plaisanteries sur les travers
qu'on peut avoir remarqués. Non ! à la place
de cet esprit français, si renommé jàdis, de
cet esprit bienveillant même dans sa malice,
gracieux même dans sa profondeur, léger,
aimable et attirant, qui lia jadis la société et
établit des rapports entre tous ses rangs ; au
lieu de cet esprit, puissance suprême, de
vant qui tous étaient égaux, maintenant ce
qui règne habituellement dans les paroles,
c'est un dédain amer et injuste, qui a autant
de pouvoir pour diviser et dissoudre la so
ciété, que le bon esprit en avait pour la réu
nir. Cet orgueil, qui s'est empare lie la Fran
ce, et qui lui donne le vertige, agit dans les
salons par des éliminations. Il n'est pas rare
d'entendre dire du bout des lèvres, avec une
petite grimace qui enlaidirait le plus joli vi
sage : De qui parlez-vous ? Ah! c'est de Mada
me une telle! Fi donc ! Qui est-ce qui va là?
Puis, chez cette Madame une telle, on
vous redit cette même phrase en parlant
de la première dame, et cette phrase se re
produit sans cesse de maison en maison,
d'étage en étage. Depuis le plus bel hôtel du
faubourg Saint-Germain jusqu'au plus pau-
. vre des logemens, on trouve toujours à mé
priser, on se croit toujours au-dessus des
autres. . - •
Depuis que l'égalité est dans la loi, on in
vente mille moyens de ne pas la reconnaî
tre. C'est qu'elle ne peut exister qu'en vertu
de croyances sincères à la foi chrétienne,
qui en fait une loi de Dieu;
' Renée, dans la droiture de son bon cœur,
souffrait de tout ce qu'elle voyait en ce genre;
elle s'attrista dans un monde où la vanité
tient la place de l'intelligence, et ne lui per
met pas de se montrer; et ce qui mit le com
ble à cette .tristesse,--c'sst qu'elle vit que
ces gens qui sé cherchaient ne s'aimaient
point; que c'étaient des orgueils hostiles qui
se rencontraient pour se heurter, et non des
cœurs aimans qui se retrouvaient pour de
nobles et douces sympathies, comme elle l'a
vait imaginé!
Dans cet isolement au milieu de la foule*
Renée, habituée à voir autour d'elle des gens
qui l'aimaient, .sentait donc une mélancolie
profonde qui ne cessait point quand elle ren
trait chez elle.
Sophie n'était occupée que de ses espé
rances d'avenir; Maurice ne paraissait que
rarement, et il se montrait sombre et Impa
tient; puis il était au cœur de Renée une
autre douleur plus vive.
Elle n'avait pas. revu Tbéodore.| -
Le jour où Théodore avait reconnu dans
la femme de son ami la jeune fille qu'il ai
mait, sa souffrance avait été telle, que son
cœur avait failli se briser, en laissant échap
per les seules larmes qu'il eût versées de sa
vie." Cepepdant,'il avait éprouvé involontai
rement une consolation endécouvrantqu'elle
aussi avait souffert; mais, rentré chez lui,
•seul-devant sa conscience, il avait résolu de -
ne pas la revoir !...
Depuis -ce jour il vivait dans une complète
solitude. Il portait dans l'ame un deuil de r
son bonheur qu'il ne voulait ni distraire ni .
montrer! Oh! il venait bieiî malgré lui près
de la demeure de Renée. La nuit, lé jour, il
errait à l'entour ; mais il n'entrait pas , et
Renée comprit qu'il la fuyait pour l'oublier.
Cependant, elle tenta de chercher encore
autour d'elle quelques amitiés pour tromper
son pauvre cœur. Cette jeune femme, Mme
de Saint-Erain, avait un jour laissé échapper
une plainte douloureuse en parlant de son
mari, attaché depuis deux ans à une dans
seuse de l'Opéra, et Renée voulut lui parler*
d'amitié.
— Non, non, dit en riant Mme de Saint-
Erain, j'ai fermé mon cœur, je l'ai desséché
Sour vivre comrùe tout le monde ! Si vous
isiez un mot pour l'attendrir, je ne vous
reverrais plus ! Adieu ! je vais aux courses.
Et comme elles sortaient ensemble pour
monter chacune dans sa voiture, une fem
me, jeune encore, su trouva dans la rue sur
leur passage, et toutes deux s'écrièrent en -
même temps : -
— Mélanie Durand! •
Renée l'embrassa de tout cœur p*kr un
premier mouvement, quoique Mme de Saint-
Erain essayât de l'en çmpecher. *—
Mélanie Durand avait été dans levë&ryent
une des sous-maîtresses, et elle avait' «timé
et soigné Renée dans son enfance, avec une
tendresse toute maternelle. Il y avait plu
sieurs années qu'elle avait quitté eette'triste
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.48%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.48%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Alsace Fonds régional : Alsace /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Alsace1"Fonds régional : Lorraine Fonds régional : Lorraine /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Lorr1"
- Auteurs similaires Fonds régional : Alsace Fonds régional : Alsace /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Alsace1"Fonds régional : Lorraine Fonds régional : Lorraine /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Lorr1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k669842r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k669842r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k669842r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k669842r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k669842r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k669842r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k669842r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest