Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-01-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 janvier 1852 08 janvier 1852
Description : 1852/01/08 (Numéro 8). 1852/01/08 (Numéro 8).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 8.
BBÏMBAtIX : rue dit ai £¥vrler '01-devH iit Valoir), iOj
1882.-JEJDDI 8 JANVIER.
PRÏX ES L'ABONNEMENT
pour Paris et les département :
TROIS BOIS. 12 F. I SIX MOIS.. 22 F.
tjs an. ... 4© F.
poua LES PAYS ÉTRANGERS , S6 reporter
au tableau qui sera publié dans lç journal,
es 18 et 35 de ohaque mois.
Les abonnemens datent des 1««/16
de chaque mois.
m
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour h rédaction> à Mï B ônifics J
Les articles déposés ne sont pas rendus; -
—: ; —. -Sv— ; :—
On Yak**?, dam les dêparte>nens, aux Messageries et wtx \Directions de postel— A Londres, chez MMî CcwiE et ÉiiSÏ J
— A Strasbourg, chez M. Alexandre, pour l'Allemagne. |
. S'adresser, franco, pour l'administration, à M. Denain, directeur.
Les annonces sent reçues au bureau du journal; et chez M. panis, régisseur, 10, place do la Bouts#
PARIS, 7 JANVIER.
Chaque jour nous apporte de nouvelles ré
vélations sur le rôle que se préparaient à
jouer, dans nos troubles politiques, les socié
tés secrètes, cette France souterraine et clan
destine composée de conspirateurs de profes
sion et toujours prêts à envahir, à la premiè
re occasion favorable, la France civilisée et
légale. Nous avons déjà publié, d'après d'ir
récusables renseignemens, les détails les plus
précis sur l'organisation formidable de cette
armée révolutionnaire qui se cachait dans
l'ombre jusqu'au moment où le signal de
l'attaque, lui eût été donné. On a vu qu'un
réseau de conciliabules enveloppait le pays;
que les affiliations prenaient souvent le mas
que de la philanthropie pour dissimuler les
projets et les plans des sectaires ; que char
que ville, chaque bourg, chaque villa
ge , chaque commune, avait dans son sein
un foyer d'agitation et de révolte., un co-
mité de propagande,.un centre d'action et
de révolte, et que, d'un commun accord, tous
les adeptes, depuis les chefs les plus accrér
dites jusqu'aux affidés les. plus obscurs,.
avaient marqué la date fatale de mai 1852
comme l'époque du soulèvement général, de
l'assaut livré à l'ordre social, de, la victoire
de la démagogie et du socialisme.
Nous trouvons dans un journal de BruxeU
les' des documens curieux sur l'état des
sociétés secrètes en Alsace, cette riche et
patriotique contrée qui avait été, plus que
toute autre, peut-être, travaillée par les
agens dé désordre, et qui était si digne
de s'affranchir du despotisme abrutissant
de leurs doctrines et de leurs exemples.
Un premier fait résulte de ce document;
c'est la correspondance suivie, active, des
sociétés secrètes alsaciennes avec le comité
de Londres. Londres, ce Goblentz du parti
rouge, dirigeait souverainement les efforts
des meneurs du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
Ceux-ci, en échange , tenaient l'émigra
tion révolutionnaire au courant de leurs
intentions et de leurs plans. Ils commen
çaient comme d'ordinaire par constituer!
dans chaque commune comme ils le di
sent, un noyau d'hommes considérés, éner
giques, résolus. Ils tentaient ensuite de gros
sir leurs rangs en recrutant des affiliés, et
de créer une caisse, précaution indispensable,
en faisant des collectes. « Ce n'est que par
une organisation forte, universelle, et par le
règne de la terreur, ajoutent les fondateurs
de celte société secrète d'une tendance déci
dément révolutionnaire, dans leur adresse au
comité de Londres, que nous pouvons arri
ver à la vraie république, s
L'Emancipation de Bruxelles nous fait con
naître une autre pièce non moins curieuse. :
C'est une proclamation destinée aux affiliés
et rédigée en langue allemande. Celle-là mé
rite l'honneur d'une citation textuelle :
« Il est nécessaire :
» 1* Qu'-ivant qu'une révolution n'éclate à Paris
» ousur tout autre point, et en tout temps, les rou-
» ges surveillent avec soin chaque village, afin que;
» lesliabitans suspects, les blancs, ne puissent;
» s'échapper;
v 2* Qu'à la nouvelle d'un i mouvement à Paris, :
d les rouges se réunissent et délibèrent sur les me-;
» sures à prendre.;
» 3« Qu'ils s'assurent des fonctionnaires roya-
» listes (maires, curés, etc.), qu'ils les tiennent
» «oui bonne garde, en attendant les mandats
» d'arrêt qui seront décernés par le comité répu-
j> bli«ainou par le gouvernement;
» 4* Qu'aussitôt ces fonctionnaires soient rem-
» placés par des républicains ;
» S* Que les détenus politiques soient élargis;
» en cas de soulèvement, chacun devra s'armer de
j> tout ce qu'il aura à sa disposition ;
» .«• Puis, tous les adultes réunis éliront des
» chefs, qui les conduiront au chef-lieu le plus
» voisin ;
s 7° La garde nationa'e recevra des ordres par-
# ticuliers de son commandant;
» 8* Les événemens seront annoncés au peuple
» par des proclamations, ou au moyen du toe-
» sin, de grands feux ou d'autres signaux ;
» 9* On devra expédier des rouges dans les vil—
» lages voisins pour soulever les populations ;
» 10° Ne pas attendre les ordres supérieurs, car
» les ennemis du peuple profiteraient de ce délai
. » pour se soustraire au danger. — hommes dd
» peuple, voici l'heure i)e la vengeance ! »
Ce manifeste, on le voit, contient la théo
rie et, pour ainsi parler, le programme de
l'insurrection. Les tentatives de jacquerie
qui ont éclaté dans plusieurs déparlemens à
la nouvelle des événemens du 2 décembre^
établissent jusqu'à la dernière évidence que
des instructions analogues avaient été don-
.nées sur tous les points de la France. Ces
procédés, inventés et préconisés par les
errfs de la démagogie militante du Haut-
Rhin, ont été religieusement suivis; On a vu
•apparaître au grand jour des autorités in
surrectionnelles qui se sont substituées-vio-
lemment aux" autorités légales. Les maires,
les curés, les fonctionnaires ont été emprir
sonnés ou maltraités. Les détenus politiques
ont été mis en liberté. Un régime d'intimi-
dation a été adopté par les meneurs du mou-
vemeal, et, l'on a lâché la bride à tous les
instincts de rancune et de cupidité qui pou
vaient passionner et compromettre les hom-
. mes. égarés ou pervers qui s'étaient enrôlés
sous la bannière de la révolte socialiste.
Lejournal belge publie, en outre, un certain
nombre de lettres émanées, à ce qu'il affirme,
de ces hommes considérés, énergiques et ré
solus qui avaient fondé les sociétés secrètes de
l'Alsace. On y voit éclater, comme de juste-
une liaine stupide et féroce contre les prêtres^
contre les gendarmes, contre les blancs, con
tre les riches, et l'on y-rencontre plus d'une
apostrophe sentimentale aux bienfaits de la
guillotine. Nous nous abstenons de repro
duire ces correspondances édifiantes. Toutes
ces fanfaronnades sont bien faibles d'ailleurs
à côté des faits,qui parlent assezd'eux-mémes.
Eh mon Dieu! Nous, savons, bien que les dé
magogues détestaient les ministres de la reli
gion; et la preuve, c'est qu'à Clamecy, dès
prêtres ont été battus-; c'est, qu'à Neuv.y-
r sur-Loire et ailleurs, des prêtres ont été:
assassinés; c'est que dans la Drôme, des; prê
tres ont été placés sur les barricades ou
au prèmier rang des bandes d'insurgés, afin-
•qu'ils pussent recevoir les premières balles'
et les premiers coups. Nous savons bien que
les démagogues abhorraient les gendarmes;:
et la preuve, ce sont les actes de cruauté;
commis froidement sur ces braves militai
res à La Palisse,.à Poligny, à Bédarieux, par
tout où l'insurrection a eu son heure de
triomphe. Nous, savons bien enfin, que les
blancs et les riches devaient être en butte
à d'effroyables vengeances; et la preuve,
c'est l'assassinat, de- M. Marev-Monge et de
tant d'autres propriétaires coupables du
crime de propriété, c'est le pillage du
château de M. de Laboutresse, ce sont les
exploits cyniques des insurgés à Poligny et à
Clamecy. Enfin,s'il faut établir que l'influence
•des sociétés secrètes pervertit {Le jugement,
déprave le cœur, conduit l'homme au der
nier degré d'abjection et. d'abrutissement,,
nous avons l'exemple de ce misérable affidé
de Valence qui a, égorgé sa mère parce qu'il ;
l'accusait d'avoir révélé le mot d'ordre du
mouvement.à l'autorité. En vérité, quand,
de pareils faits se sont produits en plein;
soleil, il devient inutile d'enregistrer des let
tres pleines de menaces insensées" et de van
tardises ridicules.
Mais il est impossible de ne pas constater, en
présence de ces aberrations monstrueuses ,
qui sont pour nous, en quelque sorte, de
l'histoire ancienne, tant les événemens ont
marché d'un pas rapide, le service éclatant
qu'a* rendu Louis-Napoléon à l'ordre s ■"
Louis-Napoléon n'a pas dénoué, il a tran
ché le nœud gordien v et la démagogie
a été prise au dépourvu; et elle s'est-vue
abandonnée du gros de son armée. 1852 lui
préparait une victoire assurée. L'acte de dé
cembre 1851, en la forçant de devancer son
heure et de venir se héurter contre une ar
mée résolue, appuyée sur des populations
sympathiques, a réduit ses derniers efforts
aux proportionsd'une honteuse écliauffourée.
IIenry Cauvain.
La Nouvelle Gazette de Munich contient un
article intitulé : L'acte politique de Louis-
Napoléon Bonaparte, par le docteur B.... Cet
article nous parait curieux à citer, com
me exprimant le jugement d'un étran
ger, éminent par l'esprit, sur la mar
che des affaires en France depuis trois ans.
On voit qu'il a suivi d'un œil très attentif le
cours des événemens qui se sont accomplis
chez nous, et on trouvera sans doute, meme
sans les adopter de tous points, que ses ap
préciations portent le cachet d'une grande
profondeur d'observation et d'un remarqua
ble discernement.
La Nouvelle Gazette de Munich-çx pli que,
dans une note, que cet article avait été en
voyé par son auteur, professeur de droit pu
blic, en possession d'une grande autorité
scientifique dans son pays , à la Gazette
. d'Avgsbourg, pour y être inséré. Les rédac-
teurs-de ce dernier journal se refusèrent à le
publier, -parce que l'article concordait peu
■ avec leur manière de voir. Il avait été écrit
avant que le résultat du scrutin du 20 dé
cembre fût connu. Voici cet article :
11 est certain que le voté des 20 et 21- décembre
sera favorable au. prince Loui3-Napoléon. L'en
thousiasme qui règne dans toutes les classes de la
nation est une garantie à cet égard. Le vote sera
un verdict de la nation française sur l'acte poli
tique du 2 décembre. Toutes les classes sont dis
posées à approuver la conduite politique tenue p»r
le Président envers l'Assemblée nationale.-Elles
ne se laissent: pas égarer par la circonstance de
l'emploi de la force ; elles voteront avec plus d'é
nergie. •
A l'étranger, les opinions sont plus divisées en
core qu'en France sur ce point, et il est d'autant
plus difficile de les-concilier, que le sentiment de
la nécessité d'échapper à un grand danger n'influe
pas autant sur le jugement. .A cela il faut ajouter
que l'on a des inquiétudes sur le maintien de la
paix." La question est toute française; mais le bién-
ètre, le droit et le sort de l'Europe, y sont aussi in
téressés, et la question dévient ainsi européenne.
Les grandes puissances du continent, entant qu'el
les ont voit au chapitre, semblent approuver l'acte
du 2 décembre, et l'Europe le reconnaîtra ; mais il
y a encore de l'opposition dans la presse, et
-cela jde camps différens et de points, de: vue di-
..vers; à cet égard un examen ultérieur est né
cessaire. Long-temps, : on avait pensé en France
-et l'étranger, notamment en Allemagne^* que
Louis-Napoléon ne se distinguait que .par l'é-
.clat de son nom, on le croyait un pis-aller que
l'on pourrait renvoyer lorsqu'on n'en aurait plus be
soin. Cette opinion del'insignifiance perionnelledu
Président doit être abandonnée. Èn France,.en on
était dépuis long-temps revenu. Sacoftduite vis-à-vis
de l'Assemblée, avait prouvé qu'il n'étaitpas un ins
trument dans ses mains, attendu qu'il.avait décla
ré que ses ministres étaient inséparables de lui et
non responsables envers l'Assemblée. La destitu
tion du général Changarnier annonça un caractère
énergique.
La vigueur i-vec laquelle il releva insensible
ment la natioi* de l'abaissement où elle; était tom
bée depuis l'année 1848, sa marche constante dans
la même direction pour rétablir l'autorité affai-
.blie, inspirèrent la croyance qu'il n'avait pas seu-
' lemeut hérité du nom de son oncle. Il avait à lut—
.ter contre desobstacles très grands. Enfin, la ma
nière dont il a préparé et exécuté l'acte politique
du 2 décembre, a prouvé à la nation, d'une maniè
re irréfragable, qu'il possédait de hautes qualités
personnelles, comme on les a toujours rencontrées
dans de puissantes natures dominatrices, et qu'a
vant tout il était un homme. En fait, si l'on saisit
les opérations dans leur ensemble, quelque opinion
.q.ue l'on ait sur le droit,on est forcé d'avouer qu'il
.a fait une campagne politique avec le. coup d'œil
d'un grand capitaine, et l'a exécutée avec sagacité
et énergie. Il avait profité de toutes les occasions
çU se rendre populaire, sans s'appuyer sur auouh
"parti. ; • /
Louis-Philippe ne s'était appuyé que sur labour-
geoisie et la haute finance dont il protégeait les
intérêts et représentait les idées. Toutes deux le
trahirent et l'abandonnèrentlâchement au moment
du péril. Louis-Napoléon a toujours invoqué avec
force les six millions de suffrages de l'élection,
c'est-à-dire de tout le peuple, et notamment de la
grande masse, savoir les paysans, qui forment chez
nous^la quatrième classe. Il leur fit ' comprendre
que la sûreté de leurs foyers, de leur pain, de
leur famille, de l'honneur dunom français et de la
grandeur de la nation était liée à son autorité,
attendu qu'il était le .principe de l'ordre. Je saurai,
disait-il, le maintenir, et vous sauverai de là mi
sère, de l'anarchie, de la, faim, du meurtre et de
l'incendie, en un mot, d'une ruine complète. Ayez;
confiance en moi. Les ouvriers dans les grandés
villes étaient la paitie la plus dangereuse de la
population. Ils s'étaient laissé entraîner, en 1848,-
par les clubs au renversement de la monar
chie, et au mois de juin ils versèrent leur sang"
pour la démocratie rouge. Il y- avait à craindre
une résistance sérieuse de leur part : car les uto
pies démocratiques,, socialistes et communiste?,
exerçaient encore une grande influence sur eux.
Le Président porta son attention et sa sollicitude
sur ce point. Ii avait plusieurs fois dit : L'Assem
blée nationale est disposée à mefournir les moyens
■ d'écraser la démocratie, rouge ; mais elle me refuse
lès moyens: que je lui demande pour faire droit à
> vos plaintes, vohs procurer du travail et une exis
tence assurée.
Quelques jours avant le 2 décembre, le prince
Louis fit donner aux ouvriers des grandes fabri-
. ques l'assurance qu'il était leur meilleur et leur
plus puissant ami. « Les démagogues vous regar
dent comme de la chair à canon, et vous précipi
tent, par leurs folies qui les poussent à détruire le
crédit public, dans le chômage et dans la misère.
Les capacités de l'Assemblée nationale méprisent
vos douleurs et ne font rien pour les guérir j »
Le résultat a prouvé, qu'à l'aide de souvenirs
encore récens de 1848, le prince avait paralysé
complètement le pouvoir, des démocrates et des
clubistes. La masse des ouvriers ne résista point à
l'acte politique, et en favorisa l'exécution par une
attitude calme et digne et, en grande partie, par
son approbation, Son discours adressé aux in
dustriels de Paris, produisit un effet très heureux.
Il avait promis qu'il saurait maintenirla tranquillité
dans l'année 18a2et de nouveaux triomphes à-l'in
dustrie. Sa résolution dé dompter le principe ré
volutionnaire dut lui attirer des, sympathies dans
l'Europe. Il déclara en même temps que sa mission
était de sau ve?-la France et la société,-des rouges,
et non de faire la guerre à l'Europe. Il se posa
comme le Napoléon de la paix et non comme le
Napoléon de la guerre. Il a réussi dans cette ten
dance,- et, eu égard aux circonstances, il ne pou-,
'--*ait pas en êtré autrement.
Les craintes d'empièteDens belliqueux, de- la
France cèdenV pour lé moment, le pas au besoin
plus urgent, de fortifier l'autorité politique et de
maîtriser la révolution, et là, il paraît un allié, et
non u i rival. L'ennemi assez sérieux qu'il fallait
attaquer était l'Assemblée nationale; la Constitu
tion l'avait placée, à certains égards,; au-dessus de;
. lui. Les idées répanduessur làforme et les principe#
' constitutionnels étaient favorables ; elle réunis
sait un grand nombre de talens de premier 6rdre. :
L'aristocratie des orateurs, des hommes d'Etàtj des
jurisconsultes et des généraux, y représentée;
de la manière'la plus brillante. : le comptait dans:
son. sein dés hommes' d'une haute réputation, qui;
osaient se mesurèr avec le Président, sous le rap- ;
port de l'esprit et du caractère. Mais avec quelle vi
gueur n'ayait-il pas attaqué cette Assemblée et lui
avait-il enlevé toute influence sur l'opinion publi
que avapt d'avoir.fermé la salle de ses séances ! Il
n'attaqua pas l'Assemblée tant qu'il lui fut permis^
d'espérer, qu'elle sortirait des articles d'une ,Cons- ;
titution inexécutable pour ifortifier l'autorité du:
-pouvoir, exécutif; Il demanda avec instances-la ré
vision; G'est l'Assemblée, qui n'a pas voulu, dans
son aveuglement,d'une solution pacifique et légale. '
Le rétablissement du suffrage universel, vainement
demandé par le prince, finit par déconsidérer . l'As-
ssmblée. Au bout de quinze jours, elleétaitdépopu
larisée et politiquement anéantie, bieii qu'elle tint
encore des séances et que les questeurs et les chefs
de partis rêvassent des coups d'Etal.Tous les prépa
ratifs avaient été faits ; le coup, fut porté dans le
plus grand'mystère, à l'iroproviste et d'une ma
nière irrésistible, aprÔ3 avoir été concerté avec
deux ou trois hommes et exécuté avec une préci
sion digne d'un tacticien éprouve.
Ces proclamations et ces décrets sont des chefs-,
d'oeuvre politiques parfaitement calculés pour le
moment dans leur forme et teneur. Le décret sur
le vote nominal, promptement retiré, prouva à la
nation que le Président avait de l'énergie, mai3
qu'il écoutait les conseils, et n'avait pas honte de
réparer une erreur.
La proclamation à l'armée dénote une profonde
connaissance du cœur humain et une étude ap
profondie du-langage napoléonien. Elle devait;
faire un effet électrique, et elle l'a fait. L'esprit
militaire de l'honneur et de la discipline avait été-
excité dans son point sensible. L'ancienne gloire
de l'armée ne lui avait été rappelée que faible
ment : mais l'affront fait à l'armée en 1848 avait
été énergiquement caractérisé, et le ressentiment
. des braves soldats depuis cette époque était plus
vivement mis en jeu, afin que la résolution de se
venger se manifestât puissamment. En même
temps on.disait aux soldats qu'ils étaient l'élite de
là nation, et appelés à la sauver du chaos. Tout-
cela n'aurait servi à rien, s'ils avaient pu croire
.qu'il ne; s'agissait que de. phrases. Mais l'ar
mée vit un. homme qui engageait sa propre exis
tence pour atteindre le but qu'il lui indiquait,
et elle comprit que, cette fois, elle ne serait pas
abandonnée, comme au mois : de février, par des
intrigues et dès faiblesses dans la direction supé
rieure, si elle employait là force, conformément
aux ordres i eçus. Les ordres furent exécutés ponc
tuellement et sans hésitation. L'exécution était
plus difficile que celle du 18 brumaire, qui avait
seWi de modèle, mais elle eut lieu avec pl us de ta
lent.
Tout cela prouve (et cela est important pour l'a
venir) qu'en cè moment il y a à la têtede la France
un homme dont presque tout le monde n'estimait
pas très haut la capacité et le talent gouvernemen
tal, majs qui a prouvé qu'il avait la force de s'é
lever au rang de chef d'une grande nation, qui a
: prouvé qu'il savait imaginer des plans grandioses
et les réaliser, avec esprit et fermeté, qui a révélé
par le fait sa supériorité sur toutes les autres nota
bilités de la France dans tous les genres : en un
mot, un souverain par la nature.
Lallutte est engagée en Angleterre entre les
fabricans de machines et leurs ouvriers. Le
3 janvier, un afis a été placardé dans tous
les ateliers de Londres et du Lancaâhire, por
tant" que tous les travaux seraient sus-
? pendus à partir' du 10 janvier jusqu'au
jour où la Société Combinée des Machinistes
,aurait publiquement retiré ses prétentions.
On a calculé que cette mesure désespérée des
fabricans allait priver d'emploi 3,500 mem
bres de l'association. Les statuts de l'asso
ciation allouent 15 shillings par semaine
à chacun de ses membres qui se trouve sans
travail ; le fonds commun serait donc -bien
vite épuisé si les statuts recevaient leur exé
cution; mais le comité directeur des ou
vriers a décidé qu'avant d'entamer les res
sources de l'association, on essaierait de
pourvoir aux nécessités les plus urgentes par
une contribution spéciale levée sur.ceux des
sociétaires qui continueraient à se procurer
de l'ouvrage. Cette décision est la justifica
tion là plus complète de la mesure adoptée
par les fabricans ; s'ils n'avaient pas fait cause
commune, ils auraient tcius succombé l'un
après l'autre.
Le jour où il décrétait cet impôt sur les
salaires de toute une profession, Je comité
"directeur dés machinistes a délibéré égale
ment sur une proposition qui trahit-ie carac-
• tère essentiellement socialiste du mouvement
qui vient .de commencer. Il,a été ouvert l'a-
visde distraire de la caisse commune 850,000
fr., c'est-à-dire les deux cinquièmes. du
fonds social, et de les consacrer à l'acquisi
tion d'un outillage. Cet outillage deviendrait'
là garantie d'avances qui seraient faites à-
l'association, si elle voulait se constituer en
société commerciale, et quiJui permettraient
de se livrer elle-même à la fabrication des
machines. Dans une nouvelle réunion du
comité,, convoquée spécialement à l'effet da
délibérer sur cette proposition, il a été résolu
de l'accepter ; une commission de six mem
bres a été nommée pour en préparer la misa
à exécution, et pour faire dans les journaux
les annonces nécessaires. Il est évident qu'il y
a là une tentative pour naturaliser en Angle
terre le système des associations ouvrières,
qui a porté, en France, - de si tristes fruits. 1
C'est une preuve de plus que nous ne nous
étions pas trompés en faisant remonter au
socialisme français l'origine de l'agitation
qui commence en Angleterre. Ajoutons-
en une encore, qui démontre^qu'on ne
se borne pas à emprunter à nôs déma
gogues; leurs doctrines et-leurs procédés
et' qu'on prend jusqu'-à leur jargon. Les
statuts de l'association combinée , se com
posent d'un amalgame des statuts des di
verses sociétés qui se sont fondues en une
seule; mais ces statuts sont précédés, en forma
de préface ou de préambule, d'un certain
nombre de dispositions générales, et l'une
d'elles porte, que l'association a pour but
spécial « la réglementation et l'organisation
dix travail. »
Cette prétendue organisation du travail
aboutira en 1 Angleterre comme en France à
paralyser et à frapper, de décadence, sinon
à tiier, un certain nombre d'industries. Si
les machinistes réussissaient, à l'emporter
dans la lutte insensée qu'ils ont entre
prise, ils jetteraient la perturbation dans
les conditions d'existence de cette grande
industrie par la suppression des heures sup
plémentaires et de l'exécution à la tâche, et,
en second lieu, en contraignant les fabricans
à substituer,pour la mise en marche des ma-
chines-instrumens, des mécaniciens, payés à
raison de 50 fr. par semaine, aux manœuvres
qui ne reçoivent que 25 f. ou aux apprentis qui
sont payés moinsencore; ils changeraient ainsi
toutes les conditions de la prpduction. Qu'en
résulterait-il? Le fini de l'exécution et le bon
marché, telles sont en Angleterre les deux
sauvegardes de l'industrie des machines con
tre la concurrence de la Belgique et de la Fran
ce. La perfection du travail diminuerait le jour
où cesserait d'exister en faveur des bons ou
vriers la prime qui les excite à bien faire:
une augmentation considérable dans le prix
de la main-d'œuvre rendrait également le
•bon marché impossible. Qui protégeraitdono
l'industrie anglaise contre la ruine, au pre
mier progrès accompli par les fabriques du
continent?
C'est donc avec raison que les fabricans an*
glais, en repoussant les demandes du comité
directeur, ont déclaré quele triomphe des agi
tateurs socialistes serait la destruction de
leur industrie, et,en consommant leur propre
ruine,enlèverait à tout un corps d'état toute
> chancede travail futur. Sans appréhender que
la lutte actuelle 'ait des conséquences aussi
graves, on doit déplorer lessouffrancesqu'elle
va imposer à des milliers de familles; on doit
redouter aussi les suites qu'ell° peut avoir
pour les ouvriers eux-mêmes. Il est à remar
quer,enéfTet,que chaque grève prolongéedang
une industrie a. eu pour -résultat immédiat
quelque nouveau progrès de la mécanique, et
la substitution d'un agent inerte à un certain
nombre de travailleurs. En outre, la nécessité
ou se trouvent: les fabricans de recruter par
tout le personnel de leurs ateliers, introduit
'inévitablement dans l'industrie des ouvriers
nouveaux qui viennent faire concurrence aux
^anciens, et amènent un abaissement dans les
salaires. C'est la grève,des fileursquia amené
la première invasion des ateliers anglais par
les nuées d'Irlandais affamés qui trader ent
annuellement le canal de Saint-Georges : c'est
la grève des tailleurs de Londres qui a fait pas*
ser entre les mains des femmes la presque to
talité des travaux de couture, et qui a courbé
toute une industrie sous le joug dumar-;
fEUILLETON D'J CôNSTITUTiGML, 8 JANV,
HISTOIRE
DU DIRECTOIRE'
EPISODES.
ElévoluiioH «In lO août.
— l£SassacB*cs «Ho Bi'jitfin&rc. —
Ëtalillssement «Se la Convention.
Les sections prennent l'initiative des massacres. —
Texte de leurs délibérations.—Unité qu'elles mot
te nt dans le projet dps massacres. —Comité d'Exé
cution. — Son origine. — Sa formation. — Pièce
fondamentale dans l'histoiro des rpassaeres. —
Siège du comité. — Prélude des massacres. — Ils
commençant dans la rue. —Prisonniers transférés
à l'Abbaye. — Ils sont attaqués en route.* — Leur
arrivée dans la cour de l'Abbaye.
LXXVIIf.
LES SECTIONS.
Les assemblées des sections étaient autant
d'instrumens, employés par les meneurs de
la Commune, pour écarter d'elle-la respon
sabilité, ou au moins la clameur publique.
Aussi les meneurs firent-ils demander par
lessections.qui leur étaient le plus sûrement
acquises, le massacre des prisonniers; -et
cette dernan le fut faite le 2 septembre, dans
la matinée, quelques heures seulement avant
l'exécution ; afin que l'idée du crime n'eût
pas le temps d'être divulguée, commentée et
repoussée.
La section Poissonnière se signala, entre
toutes, par son horrible férocité; Une main,
* La reproduction est interdite.
probablement coupable, a déchiré, dans lè
registre da ses délibérations, les deux feuil
lets où.se trouvait inscrit son procès-verbal
de la séance du 2 septembre ; mais-son arrê
té, relatif aux massacres, fut communiqué à
plusieurs autres sections,, qui y. adhérèrent ;
et la Providence a permis ainsi que ce mo
nument de honte fut conservé.
On lit en effet, dans le procès-verbal de la
section.de la Fontaine de îa rue Montmartre;
« Uue députation de la section Poisson
nière a lu l'arrêté suivant de cette section :
o Tous les conspirateurs de l'Etat, actuel-'
lement enfermés dans les prisons d'Orléans
et de Paris, seront mis à mort amant le départ
des citoyens qui volent à la frontière.
» Les prêtres réfraciaires, les femmes et en-
fans d'émigrés seront placés sans armes au pre
mier rang de l'armée qui se rend sur les fron
tières, pour que leurs eorps servent de rempart
aux bo*s citoyens qui vont exterminer les ty
rans et leurs esclaves (1). »
Le même arrêté fut communiqué par des
députations aux sections de Mau^onseil et du
Louvre, qui y adhérèrent (2). -•••' <**•
Le registre de la- section de Popincourt
porte cette mention :
« Un membre a fait la motion de purger
Paris, avant de partir, des traîtres qui sont
enfermés à l'Abbaye (3). »
La section du Luxembourg prit l'arrêté
suivant :
«Sur la motion d'un membre, de purger
les prisons en frisant couler le sang de tous Jes
détenus de Paris, avant de partir, les voix
prises, elle a été adoptée. Trois commissaires
sont été nommés, MM. Lohier, Lemoine et
(1) Regislre'des délibérations de la section de la
'Fontaine de la rw Montmartre, séance du 2 sep
tembre 1702. — Archives de la Préfecture de Po-
ilice. .
! (2) . Voir les registres de ces sections, séance du
■2 septembre ; — Archives de la préfecture de po
lice.
S (3) Registre des délibérations de la, seetion *de
Popincourt, séance du 2 septembre; — Archives.de
ft préfecture de ptliée.
Richard, pour aller à la. Ville, communiquer
ce vœu, afin de pouvoir agir d'une manière
conforme ( 1).»
• La section des Quinze-Vingts, dont lé re
gistre ne se retrouve pas pour cette époque,
prit une délibération conforme à celle de la
section du Luxembourg; et elle eut pareille
ment le cynisme ou la naïveté d'aller en de
mander l'homologation, le 3 septembre au
matiu, au conseil général de la Coinmune.
Le conseil général répondit par un ordre du
jour, qui équivalait à un ordre de procéder
au massacre; le voici :
« Une députation de la section des Quinze-
Vingts demande l'emprisonnement, comme
ôtages, des femmes et énfans des émigrés;
et la mort des conspirateurs, avant le départ
des citoyens pour l'armée.
» Sur cette demande, le conseil général
passe à l'ordre du jour, motivé sur ce qu»
les assemblées générales de section, peuvent
prendre, dans leur sagesse, les mesures qu'elles
jugeront indispensables, sauf à se pourvoir en
suite par devant qui il appartiendra (2). »
Les sections de Paris et le conseil général
de la Commun# étaient donc, comme on voit,
pleinement d'accord sur les massacres; ce
pendant, il fallait encore, selon l'expression
de la section du Luxembourg, pouvoir agir
d'une manière eonjorme-, et c'est dans ce but.
que fut organisé, à la mairie, le Comité d'Exé
cution. ainsi nommé,non-seulement parl'abbé
Sicard (3), et par Jourdan (4), mais encore
(1) Le r«gistre du Luxembourg de l'époque du
2 septembre, manque à la collection de la préfec
ture de police. Nous avons pris l'extrait du procès-
verbal dans'Maton de la Varenne. Histoire parti
culière, etc. ,• .p. 311. Maton l'avait copiée dans le ,
registre.
(l). Procès-verbaux de la Commune de Paris ,
séance du 3 septembre au matin.
(3) « Je fus introduit, dit l'abbé Sicard, dans
une salle basse, où se tenait le comité d'Exécution j
Là, autour d'une grande table, des hommes & che
velure jacobite recevaient les prisonniers qui se
succédaient dans cet antre. » — Relation de M.
l'abbé Sicard, p. 91, 02.
(4) a Je crus devoir m'adresse? au citeyen Tal-
par.les actes officiels de la Commune (1).
LXXIX.
IiB COMITÉ D'EXECaTIO .
La Mairie de Paris, dont le, malheureux
Sylvain'Baîily fat investi" le premier,- réuhit
les attributions distinctes aes Prévôts des
Marchands et des Lieutenans civils de police.
Il y avait à la Mairie un département dit de
police ; et ce département était occupé,avant
le 10 août ,' par MM. Perron^ Viguier, Ser
gent et Panis ; ce dernier était beau-frère de
Santerre.
- Panis et Sergent, initiés au projet des-mas
sacres, acceptèrent le soin de les préparer et
de les diriger. Le comité de police de quatre
membres leur parut insuffisant; et ils réso
lurent de le porter à douze membres. Panis-
eut l'initiative de celte organisation nouvelle.
« Plusieurs de ses collègues,.dit Maton dè la
Varenne, moins atroces que lui, ne se prê
tant pas toujours aux incarcérations 1 qu'il
proposait, il profita de l'heure du dîner de*
chacun d'eux, pour faire mettre les scellés
sur leur bureau. 11 représenta au conseil gé
néral qu'ils n'étaient pas à la hauteur de la
Révolution, et se fit autoriser à s'en adjoin
dre d'autres (2).»
Roch Marcandier raconte, à peu près dans
les mêmes termes, la formation du comité de
Surveillance qui . devait opérer les massa
cres :
« Le 30 août, dit-il, àl'insu des commis
saires, il se retire auprès du conseil-général;
c'était un instant avant la levée de la séance.
Le moment était favorable-; il y avait peu de
monde ; il prend la parole : « La majorité des
i lien, qui était alor3 secrétaire de la municipalité.
Il me répondit que cela ne le regardait pas, mais
: le comité d'Exécutitn. » — Déclaration du citoyen
! Jourdan, p. 150, 151.
i (l) Procès-verbaux de la Commune de Paris,
\ séance du 4 septembre, au matin.
I (2) Maton de la Varenne, Histoire particulière
1 des Evénemens, etc., p. 294,j
membres du,comité de Surveillance, dit-il,
sont ineptes* ils ne marchent pas. Le plus
grand désordre règne dans le çomité,^ IL ter t
mine sa diatribe par demander que le con
seil général l'autorise à s'adjoindre des mem
bres pour composer un comité à sa. façon,
de géng dont il répondrait comme de, lui. Le
conseil général'prend. aussitôt un arrêté con
forme à:sa demande; le voilà,maître, de
tout (1). ». :
Nous avons recherché, dans les- registres
des délibérations du conseil, général delà
Commune de Paris, la confirmation des ré
cits de Maton de la Varenne et de Roch Mar
candier. Cette confirmation s'y trouve expres
sément consignée. On lit en.effetdaris le pro
cès-verbal de la séance du 30 août ; ■ ...
« M. Panis présentera demain une liste
des membres qui s'adjoindront à-lui, pour
le comité de police. (2) »
Panis, autorisé par cet arrêté du 30 août,
mit deux jours à se donner des collègues ,
pour l'œuvre sanglante qu'il méditait ; et ce
ne fut que le 2 septembre , au jnatin, qu'il
put les réunir, après. quelques; tàtonnemens
constatés par l'état matériel du document
qui les institue.
. Voici ", fidèlement copié sur la minute,
écrite en entier de la main de Paa^.is, l'arrêté
qui constitua le comité des mass
IŒ0HICIPAI.rrÉ DE PA IS.
département de pouce et garde
nationale.
« Nous, soussignés, constitués à'la Mairie
en. comité de police et de surveillance, par
un arrêté de la Commune, qui porte que l'un
de nous (Panis) se choisira trois collègues,
(!) Roch Marcandier, Histoire des Hommes de
•proie, p* 13.
(2) Procès-verbauoc-minutes de la Commune de
Paris, yo I. 21. carton 0. 7. 0.; p. 444. — Archi
ves de VHÔtel-de-Yille. — Ce passage ne se trou
ve pas dans la portion des procès-verbaux qui a été
imprimée par Barrière et Berville.
pour former avec lui ce comité, avons sta
tué que, vu la crise des circonstances, et les
divers et importans--travaux auxquels il
nous faut vaquer, nous nous choisissons
pour administrateurs-adjoints nos six conci
toyens : Marat, l'ami du peuple; Deforgues,
chef de bureau à la Mairie, Lenfant, Guer-
meur, LeclercetDuffort, lesquels aui"ontavfec
nous la-signature, sous notre inspection, at
tendu que le tout est sous notre plus grave
responsabilité à nous quatre soussignés.
» Les administrateurs de police et de sur
veillance : Pierre Duplain, Panis , Sergent;
Jourdeuil.
» Fait à la Mairie, le 2 septembre 92 an
I er (1). » .
. Il n'est pas inutile de faire observer que
Marat et Deforgues, oubliés dans la réaac-
tion de cette piece, ont été portés en marge
par un renvoi paraphé, placé après le mot
concitoyens ; et que, par suite de cette addi
tion, faite après coup,' et de la main de Pa*
nis, le mot six a été placé en surcharge dans
l'interligne.
Voilà quels étaient les membres de ce co-£
mité,' dit de Surveillance et d'Exécution, au-
3uel Cailly fut adjoint, ainsi que cela résulte
é documens officiels, que nous aurons à
mentionner. Ils s'établirent, comme nous
l'avons dit, dans la salle. basse de' la Mairie,
qui sert aujourd'hui aux passeports.
« Ce fut dans cette caverne, dit Roch Mar*
candier, que furent préparés 1 les massacres
de septembre; ce fut dans cet abominable
repaire que fut prononcé l'arrêt de mort do
huit'mille Français, détenus la pluparl sans
aucun motif légitime, sans dénonciation, sans
aucune trace de délit, uniquement par l'ar
bitraire. des voleurs du comité de Surveil
lance.
(1 ) Dossier des massacres de septembre, i" lias
se,— Archives de la préfecture depelice. — Cette
pièce, fondamentale dans l'histoire des massacres;
est inédite. Les auteurs de l'Histoire parlementai
re avaient connu son existence, mais non pas son
texte.
BBÏMBAtIX : rue dit ai £¥vrler '01-devH iit Valoir), iOj
1882.-JEJDDI 8 JANVIER.
PRÏX ES L'ABONNEMENT
pour Paris et les département :
TROIS BOIS. 12 F. I SIX MOIS.. 22 F.
tjs an. ... 4© F.
poua LES PAYS ÉTRANGERS , S6 reporter
au tableau qui sera publié dans lç journal,
es 18 et 35 de ohaque mois.
Les abonnemens datent des 1««/16
de chaque mois.
m
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour h rédaction> à Mï B ônifics J
Les articles déposés ne sont pas rendus; -
—: ; —. -Sv— ; :—
On Yak**?, dam les dêparte>nens, aux Messageries et wtx \Directions de postel— A Londres, chez MMî CcwiE et ÉiiSÏ J
— A Strasbourg, chez M. Alexandre, pour l'Allemagne. |
. S'adresser, franco, pour l'administration, à M. Denain, directeur.
Les annonces sent reçues au bureau du journal; et chez M. panis, régisseur, 10, place do la Bouts#
PARIS, 7 JANVIER.
Chaque jour nous apporte de nouvelles ré
vélations sur le rôle que se préparaient à
jouer, dans nos troubles politiques, les socié
tés secrètes, cette France souterraine et clan
destine composée de conspirateurs de profes
sion et toujours prêts à envahir, à la premiè
re occasion favorable, la France civilisée et
légale. Nous avons déjà publié, d'après d'ir
récusables renseignemens, les détails les plus
précis sur l'organisation formidable de cette
armée révolutionnaire qui se cachait dans
l'ombre jusqu'au moment où le signal de
l'attaque, lui eût été donné. On a vu qu'un
réseau de conciliabules enveloppait le pays;
que les affiliations prenaient souvent le mas
que de la philanthropie pour dissimuler les
projets et les plans des sectaires ; que char
que ville, chaque bourg, chaque villa
ge , chaque commune, avait dans son sein
un foyer d'agitation et de révolte., un co-
mité de propagande,.un centre d'action et
de révolte, et que, d'un commun accord, tous
les adeptes, depuis les chefs les plus accrér
dites jusqu'aux affidés les. plus obscurs,.
avaient marqué la date fatale de mai 1852
comme l'époque du soulèvement général, de
l'assaut livré à l'ordre social, de, la victoire
de la démagogie et du socialisme.
Nous trouvons dans un journal de BruxeU
les' des documens curieux sur l'état des
sociétés secrètes en Alsace, cette riche et
patriotique contrée qui avait été, plus que
toute autre, peut-être, travaillée par les
agens dé désordre, et qui était si digne
de s'affranchir du despotisme abrutissant
de leurs doctrines et de leurs exemples.
Un premier fait résulte de ce document;
c'est la correspondance suivie, active, des
sociétés secrètes alsaciennes avec le comité
de Londres. Londres, ce Goblentz du parti
rouge, dirigeait souverainement les efforts
des meneurs du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
Ceux-ci, en échange , tenaient l'émigra
tion révolutionnaire au courant de leurs
intentions et de leurs plans. Ils commen
çaient comme d'ordinaire par constituer!
dans chaque commune comme ils le di
sent, un noyau d'hommes considérés, éner
giques, résolus. Ils tentaient ensuite de gros
sir leurs rangs en recrutant des affiliés, et
de créer une caisse, précaution indispensable,
en faisant des collectes. « Ce n'est que par
une organisation forte, universelle, et par le
règne de la terreur, ajoutent les fondateurs
de celte société secrète d'une tendance déci
dément révolutionnaire, dans leur adresse au
comité de Londres, que nous pouvons arri
ver à la vraie république, s
L'Emancipation de Bruxelles nous fait con
naître une autre pièce non moins curieuse. :
C'est une proclamation destinée aux affiliés
et rédigée en langue allemande. Celle-là mé
rite l'honneur d'une citation textuelle :
« Il est nécessaire :
» 1* Qu'-ivant qu'une révolution n'éclate à Paris
» ousur tout autre point, et en tout temps, les rou-
» ges surveillent avec soin chaque village, afin que;
» lesliabitans suspects, les blancs, ne puissent;
» s'échapper;
v 2* Qu'à la nouvelle d'un i mouvement à Paris, :
d les rouges se réunissent et délibèrent sur les me-;
» sures à prendre.;
» 3« Qu'ils s'assurent des fonctionnaires roya-
» listes (maires, curés, etc.), qu'ils les tiennent
» «oui bonne garde, en attendant les mandats
» d'arrêt qui seront décernés par le comité répu-
j> bli«ainou par le gouvernement;
» 4* Qu'aussitôt ces fonctionnaires soient rem-
» placés par des républicains ;
» S* Que les détenus politiques soient élargis;
» en cas de soulèvement, chacun devra s'armer de
j> tout ce qu'il aura à sa disposition ;
» .«• Puis, tous les adultes réunis éliront des
» chefs, qui les conduiront au chef-lieu le plus
» voisin ;
s 7° La garde nationa'e recevra des ordres par-
# ticuliers de son commandant;
» 8* Les événemens seront annoncés au peuple
» par des proclamations, ou au moyen du toe-
» sin, de grands feux ou d'autres signaux ;
» 9* On devra expédier des rouges dans les vil—
» lages voisins pour soulever les populations ;
» 10° Ne pas attendre les ordres supérieurs, car
» les ennemis du peuple profiteraient de ce délai
. » pour se soustraire au danger. — hommes dd
» peuple, voici l'heure i)e la vengeance ! »
Ce manifeste, on le voit, contient la théo
rie et, pour ainsi parler, le programme de
l'insurrection. Les tentatives de jacquerie
qui ont éclaté dans plusieurs déparlemens à
la nouvelle des événemens du 2 décembre^
établissent jusqu'à la dernière évidence que
des instructions analogues avaient été don-
.nées sur tous les points de la France. Ces
procédés, inventés et préconisés par les
errfs de la démagogie militante du Haut-
Rhin, ont été religieusement suivis; On a vu
•apparaître au grand jour des autorités in
surrectionnelles qui se sont substituées-vio-
lemment aux" autorités légales. Les maires,
les curés, les fonctionnaires ont été emprir
sonnés ou maltraités. Les détenus politiques
ont été mis en liberté. Un régime d'intimi-
dation a été adopté par les meneurs du mou-
vemeal, et, l'on a lâché la bride à tous les
instincts de rancune et de cupidité qui pou
vaient passionner et compromettre les hom-
. mes. égarés ou pervers qui s'étaient enrôlés
sous la bannière de la révolte socialiste.
Lejournal belge publie, en outre, un certain
nombre de lettres émanées, à ce qu'il affirme,
de ces hommes considérés, énergiques et ré
solus qui avaient fondé les sociétés secrètes de
l'Alsace. On y voit éclater, comme de juste-
une liaine stupide et féroce contre les prêtres^
contre les gendarmes, contre les blancs, con
tre les riches, et l'on y-rencontre plus d'une
apostrophe sentimentale aux bienfaits de la
guillotine. Nous nous abstenons de repro
duire ces correspondances édifiantes. Toutes
ces fanfaronnades sont bien faibles d'ailleurs
à côté des faits,qui parlent assezd'eux-mémes.
Eh mon Dieu! Nous, savons, bien que les dé
magogues détestaient les ministres de la reli
gion; et la preuve, c'est qu'à Clamecy, dès
prêtres ont été battus-; c'est, qu'à Neuv.y-
r sur-Loire et ailleurs, des prêtres ont été:
assassinés; c'est que dans la Drôme, des; prê
tres ont été placés sur les barricades ou
au prèmier rang des bandes d'insurgés, afin-
•qu'ils pussent recevoir les premières balles'
et les premiers coups. Nous savons bien que
les démagogues abhorraient les gendarmes;:
et la preuve, ce sont les actes de cruauté;
commis froidement sur ces braves militai
res à La Palisse,.à Poligny, à Bédarieux, par
tout où l'insurrection a eu son heure de
triomphe. Nous, savons bien enfin, que les
blancs et les riches devaient être en butte
à d'effroyables vengeances; et la preuve,
c'est l'assassinat, de- M. Marev-Monge et de
tant d'autres propriétaires coupables du
crime de propriété, c'est le pillage du
château de M. de Laboutresse, ce sont les
exploits cyniques des insurgés à Poligny et à
Clamecy. Enfin,s'il faut établir que l'influence
•des sociétés secrètes pervertit {Le jugement,
déprave le cœur, conduit l'homme au der
nier degré d'abjection et. d'abrutissement,,
nous avons l'exemple de ce misérable affidé
de Valence qui a, égorgé sa mère parce qu'il ;
l'accusait d'avoir révélé le mot d'ordre du
mouvement.à l'autorité. En vérité, quand,
de pareils faits se sont produits en plein;
soleil, il devient inutile d'enregistrer des let
tres pleines de menaces insensées" et de van
tardises ridicules.
Mais il est impossible de ne pas constater, en
présence de ces aberrations monstrueuses ,
qui sont pour nous, en quelque sorte, de
l'histoire ancienne, tant les événemens ont
marché d'un pas rapide, le service éclatant
qu'a* rendu Louis-Napoléon à l'ordre s ■"
Louis-Napoléon n'a pas dénoué, il a tran
ché le nœud gordien v et la démagogie
a été prise au dépourvu; et elle s'est-vue
abandonnée du gros de son armée. 1852 lui
préparait une victoire assurée. L'acte de dé
cembre 1851, en la forçant de devancer son
heure et de venir se héurter contre une ar
mée résolue, appuyée sur des populations
sympathiques, a réduit ses derniers efforts
aux proportionsd'une honteuse écliauffourée.
IIenry Cauvain.
La Nouvelle Gazette de Munich contient un
article intitulé : L'acte politique de Louis-
Napoléon Bonaparte, par le docteur B.... Cet
article nous parait curieux à citer, com
me exprimant le jugement d'un étran
ger, éminent par l'esprit, sur la mar
che des affaires en France depuis trois ans.
On voit qu'il a suivi d'un œil très attentif le
cours des événemens qui se sont accomplis
chez nous, et on trouvera sans doute, meme
sans les adopter de tous points, que ses ap
préciations portent le cachet d'une grande
profondeur d'observation et d'un remarqua
ble discernement.
La Nouvelle Gazette de Munich-çx pli que,
dans une note, que cet article avait été en
voyé par son auteur, professeur de droit pu
blic, en possession d'une grande autorité
scientifique dans son pays , à la Gazette
. d'Avgsbourg, pour y être inséré. Les rédac-
teurs-de ce dernier journal se refusèrent à le
publier, -parce que l'article concordait peu
■ avec leur manière de voir. Il avait été écrit
avant que le résultat du scrutin du 20 dé
cembre fût connu. Voici cet article :
11 est certain que le voté des 20 et 21- décembre
sera favorable au. prince Loui3-Napoléon. L'en
thousiasme qui règne dans toutes les classes de la
nation est une garantie à cet égard. Le vote sera
un verdict de la nation française sur l'acte poli
tique du 2 décembre. Toutes les classes sont dis
posées à approuver la conduite politique tenue p»r
le Président envers l'Assemblée nationale.-Elles
ne se laissent: pas égarer par la circonstance de
l'emploi de la force ; elles voteront avec plus d'é
nergie. •
A l'étranger, les opinions sont plus divisées en
core qu'en France sur ce point, et il est d'autant
plus difficile de les-concilier, que le sentiment de
la nécessité d'échapper à un grand danger n'influe
pas autant sur le jugement. .A cela il faut ajouter
que l'on a des inquiétudes sur le maintien de la
paix." La question est toute française; mais le bién-
ètre, le droit et le sort de l'Europe, y sont aussi in
téressés, et la question dévient ainsi européenne.
Les grandes puissances du continent, entant qu'el
les ont voit au chapitre, semblent approuver l'acte
du 2 décembre, et l'Europe le reconnaîtra ; mais il
y a encore de l'opposition dans la presse, et
-cela jde camps différens et de points, de: vue di-
..vers; à cet égard un examen ultérieur est né
cessaire. Long-temps, : on avait pensé en France
-et l'étranger, notamment en Allemagne^* que
Louis-Napoléon ne se distinguait que .par l'é-
.clat de son nom, on le croyait un pis-aller que
l'on pourrait renvoyer lorsqu'on n'en aurait plus be
soin. Cette opinion del'insignifiance perionnelledu
Président doit être abandonnée. Èn France,.en on
était dépuis long-temps revenu. Sacoftduite vis-à-vis
de l'Assemblée, avait prouvé qu'il n'étaitpas un ins
trument dans ses mains, attendu qu'il.avait décla
ré que ses ministres étaient inséparables de lui et
non responsables envers l'Assemblée. La destitu
tion du général Changarnier annonça un caractère
énergique.
La vigueur i-vec laquelle il releva insensible
ment la natioi* de l'abaissement où elle; était tom
bée depuis l'année 1848, sa marche constante dans
la même direction pour rétablir l'autorité affai-
.blie, inspirèrent la croyance qu'il n'avait pas seu-
' lemeut hérité du nom de son oncle. Il avait à lut—
.ter contre desobstacles très grands. Enfin, la ma
nière dont il a préparé et exécuté l'acte politique
du 2 décembre, a prouvé à la nation, d'une maniè
re irréfragable, qu'il possédait de hautes qualités
personnelles, comme on les a toujours rencontrées
dans de puissantes natures dominatrices, et qu'a
vant tout il était un homme. En fait, si l'on saisit
les opérations dans leur ensemble, quelque opinion
.q.ue l'on ait sur le droit,on est forcé d'avouer qu'il
.a fait une campagne politique avec le. coup d'œil
d'un grand capitaine, et l'a exécutée avec sagacité
et énergie. Il avait profité de toutes les occasions
çU se rendre populaire, sans s'appuyer sur auouh
"parti. ; • /
Louis-Philippe ne s'était appuyé que sur labour-
geoisie et la haute finance dont il protégeait les
intérêts et représentait les idées. Toutes deux le
trahirent et l'abandonnèrentlâchement au moment
du péril. Louis-Napoléon a toujours invoqué avec
force les six millions de suffrages de l'élection,
c'est-à-dire de tout le peuple, et notamment de la
grande masse, savoir les paysans, qui forment chez
nous^la quatrième classe. Il leur fit ' comprendre
que la sûreté de leurs foyers, de leur pain, de
leur famille, de l'honneur dunom français et de la
grandeur de la nation était liée à son autorité,
attendu qu'il était le .principe de l'ordre. Je saurai,
disait-il, le maintenir, et vous sauverai de là mi
sère, de l'anarchie, de la, faim, du meurtre et de
l'incendie, en un mot, d'une ruine complète. Ayez;
confiance en moi. Les ouvriers dans les grandés
villes étaient la paitie la plus dangereuse de la
population. Ils s'étaient laissé entraîner, en 1848,-
par les clubs au renversement de la monar
chie, et au mois de juin ils versèrent leur sang"
pour la démocratie rouge. Il y- avait à craindre
une résistance sérieuse de leur part : car les uto
pies démocratiques,, socialistes et communiste?,
exerçaient encore une grande influence sur eux.
Le Président porta son attention et sa sollicitude
sur ce point. Ii avait plusieurs fois dit : L'Assem
blée nationale est disposée à mefournir les moyens
■ d'écraser la démocratie, rouge ; mais elle me refuse
lès moyens: que je lui demande pour faire droit à
> vos plaintes, vohs procurer du travail et une exis
tence assurée.
Quelques jours avant le 2 décembre, le prince
Louis fit donner aux ouvriers des grandes fabri-
. ques l'assurance qu'il était leur meilleur et leur
plus puissant ami. « Les démagogues vous regar
dent comme de la chair à canon, et vous précipi
tent, par leurs folies qui les poussent à détruire le
crédit public, dans le chômage et dans la misère.
Les capacités de l'Assemblée nationale méprisent
vos douleurs et ne font rien pour les guérir j »
Le résultat a prouvé, qu'à l'aide de souvenirs
encore récens de 1848, le prince avait paralysé
complètement le pouvoir, des démocrates et des
clubistes. La masse des ouvriers ne résista point à
l'acte politique, et en favorisa l'exécution par une
attitude calme et digne et, en grande partie, par
son approbation, Son discours adressé aux in
dustriels de Paris, produisit un effet très heureux.
Il avait promis qu'il saurait maintenirla tranquillité
dans l'année 18a2et de nouveaux triomphes à-l'in
dustrie. Sa résolution dé dompter le principe ré
volutionnaire dut lui attirer des, sympathies dans
l'Europe. Il déclara en même temps que sa mission
était de sau ve?-la France et la société,-des rouges,
et non de faire la guerre à l'Europe. Il se posa
comme le Napoléon de la paix et non comme le
Napoléon de la guerre. Il a réussi dans cette ten
dance,- et, eu égard aux circonstances, il ne pou-,
'--*ait pas en êtré autrement.
Les craintes d'empièteDens belliqueux, de- la
France cèdenV pour lé moment, le pas au besoin
plus urgent, de fortifier l'autorité politique et de
maîtriser la révolution, et là, il paraît un allié, et
non u i rival. L'ennemi assez sérieux qu'il fallait
attaquer était l'Assemblée nationale; la Constitu
tion l'avait placée, à certains égards,; au-dessus de;
. lui. Les idées répanduessur làforme et les principe#
' constitutionnels étaient favorables ; elle réunis
sait un grand nombre de talens de premier 6rdre. :
L'aristocratie des orateurs, des hommes d'Etàtj des
jurisconsultes et des généraux, y représentée;
de la manière'la plus brillante. : le comptait dans:
son. sein dés hommes' d'une haute réputation, qui;
osaient se mesurèr avec le Président, sous le rap- ;
port de l'esprit et du caractère. Mais avec quelle vi
gueur n'ayait-il pas attaqué cette Assemblée et lui
avait-il enlevé toute influence sur l'opinion publi
que avapt d'avoir.fermé la salle de ses séances ! Il
n'attaqua pas l'Assemblée tant qu'il lui fut permis^
d'espérer, qu'elle sortirait des articles d'une ,Cons- ;
titution inexécutable pour ifortifier l'autorité du:
-pouvoir, exécutif; Il demanda avec instances-la ré
vision; G'est l'Assemblée, qui n'a pas voulu, dans
son aveuglement,d'une solution pacifique et légale. '
Le rétablissement du suffrage universel, vainement
demandé par le prince, finit par déconsidérer . l'As-
ssmblée. Au bout de quinze jours, elleétaitdépopu
larisée et politiquement anéantie, bieii qu'elle tint
encore des séances et que les questeurs et les chefs
de partis rêvassent des coups d'Etal.Tous les prépa
ratifs avaient été faits ; le coup, fut porté dans le
plus grand'mystère, à l'iroproviste et d'une ma
nière irrésistible, aprÔ3 avoir été concerté avec
deux ou trois hommes et exécuté avec une préci
sion digne d'un tacticien éprouve.
Ces proclamations et ces décrets sont des chefs-,
d'oeuvre politiques parfaitement calculés pour le
moment dans leur forme et teneur. Le décret sur
le vote nominal, promptement retiré, prouva à la
nation que le Président avait de l'énergie, mai3
qu'il écoutait les conseils, et n'avait pas honte de
réparer une erreur.
La proclamation à l'armée dénote une profonde
connaissance du cœur humain et une étude ap
profondie du-langage napoléonien. Elle devait;
faire un effet électrique, et elle l'a fait. L'esprit
militaire de l'honneur et de la discipline avait été-
excité dans son point sensible. L'ancienne gloire
de l'armée ne lui avait été rappelée que faible
ment : mais l'affront fait à l'armée en 1848 avait
été énergiquement caractérisé, et le ressentiment
. des braves soldats depuis cette époque était plus
vivement mis en jeu, afin que la résolution de se
venger se manifestât puissamment. En même
temps on.disait aux soldats qu'ils étaient l'élite de
là nation, et appelés à la sauver du chaos. Tout-
cela n'aurait servi à rien, s'ils avaient pu croire
.qu'il ne; s'agissait que de. phrases. Mais l'ar
mée vit un. homme qui engageait sa propre exis
tence pour atteindre le but qu'il lui indiquait,
et elle comprit que, cette fois, elle ne serait pas
abandonnée, comme au mois : de février, par des
intrigues et dès faiblesses dans la direction supé
rieure, si elle employait là force, conformément
aux ordres i eçus. Les ordres furent exécutés ponc
tuellement et sans hésitation. L'exécution était
plus difficile que celle du 18 brumaire, qui avait
seWi de modèle, mais elle eut lieu avec pl us de ta
lent.
Tout cela prouve (et cela est important pour l'a
venir) qu'en cè moment il y a à la têtede la France
un homme dont presque tout le monde n'estimait
pas très haut la capacité et le talent gouvernemen
tal, majs qui a prouvé qu'il avait la force de s'é
lever au rang de chef d'une grande nation, qui a
: prouvé qu'il savait imaginer des plans grandioses
et les réaliser, avec esprit et fermeté, qui a révélé
par le fait sa supériorité sur toutes les autres nota
bilités de la France dans tous les genres : en un
mot, un souverain par la nature.
Lallutte est engagée en Angleterre entre les
fabricans de machines et leurs ouvriers. Le
3 janvier, un afis a été placardé dans tous
les ateliers de Londres et du Lancaâhire, por
tant" que tous les travaux seraient sus-
? pendus à partir' du 10 janvier jusqu'au
jour où la Société Combinée des Machinistes
,aurait publiquement retiré ses prétentions.
On a calculé que cette mesure désespérée des
fabricans allait priver d'emploi 3,500 mem
bres de l'association. Les statuts de l'asso
ciation allouent 15 shillings par semaine
à chacun de ses membres qui se trouve sans
travail ; le fonds commun serait donc -bien
vite épuisé si les statuts recevaient leur exé
cution; mais le comité directeur des ou
vriers a décidé qu'avant d'entamer les res
sources de l'association, on essaierait de
pourvoir aux nécessités les plus urgentes par
une contribution spéciale levée sur.ceux des
sociétaires qui continueraient à se procurer
de l'ouvrage. Cette décision est la justifica
tion là plus complète de la mesure adoptée
par les fabricans ; s'ils n'avaient pas fait cause
commune, ils auraient tcius succombé l'un
après l'autre.
Le jour où il décrétait cet impôt sur les
salaires de toute une profession, Je comité
"directeur dés machinistes a délibéré égale
ment sur une proposition qui trahit-ie carac-
• tère essentiellement socialiste du mouvement
qui vient .de commencer. Il,a été ouvert l'a-
visde distraire de la caisse commune 850,000
fr., c'est-à-dire les deux cinquièmes. du
fonds social, et de les consacrer à l'acquisi
tion d'un outillage. Cet outillage deviendrait'
là garantie d'avances qui seraient faites à-
l'association, si elle voulait se constituer en
société commerciale, et quiJui permettraient
de se livrer elle-même à la fabrication des
machines. Dans une nouvelle réunion du
comité,, convoquée spécialement à l'effet da
délibérer sur cette proposition, il a été résolu
de l'accepter ; une commission de six mem
bres a été nommée pour en préparer la misa
à exécution, et pour faire dans les journaux
les annonces nécessaires. Il est évident qu'il y
a là une tentative pour naturaliser en Angle
terre le système des associations ouvrières,
qui a porté, en France, - de si tristes fruits. 1
C'est une preuve de plus que nous ne nous
étions pas trompés en faisant remonter au
socialisme français l'origine de l'agitation
qui commence en Angleterre. Ajoutons-
en une encore, qui démontre^qu'on ne
se borne pas à emprunter à nôs déma
gogues; leurs doctrines et-leurs procédés
et' qu'on prend jusqu'-à leur jargon. Les
statuts de l'association combinée , se com
posent d'un amalgame des statuts des di
verses sociétés qui se sont fondues en une
seule; mais ces statuts sont précédés, en forma
de préface ou de préambule, d'un certain
nombre de dispositions générales, et l'une
d'elles porte, que l'association a pour but
spécial « la réglementation et l'organisation
dix travail. »
Cette prétendue organisation du travail
aboutira en 1 Angleterre comme en France à
paralyser et à frapper, de décadence, sinon
à tiier, un certain nombre d'industries. Si
les machinistes réussissaient, à l'emporter
dans la lutte insensée qu'ils ont entre
prise, ils jetteraient la perturbation dans
les conditions d'existence de cette grande
industrie par la suppression des heures sup
plémentaires et de l'exécution à la tâche, et,
en second lieu, en contraignant les fabricans
à substituer,pour la mise en marche des ma-
chines-instrumens, des mécaniciens, payés à
raison de 50 fr. par semaine, aux manœuvres
qui ne reçoivent que 25 f. ou aux apprentis qui
sont payés moinsencore; ils changeraient ainsi
toutes les conditions de la prpduction. Qu'en
résulterait-il? Le fini de l'exécution et le bon
marché, telles sont en Angleterre les deux
sauvegardes de l'industrie des machines con
tre la concurrence de la Belgique et de la Fran
ce. La perfection du travail diminuerait le jour
où cesserait d'exister en faveur des bons ou
vriers la prime qui les excite à bien faire:
une augmentation considérable dans le prix
de la main-d'œuvre rendrait également le
•bon marché impossible. Qui protégeraitdono
l'industrie anglaise contre la ruine, au pre
mier progrès accompli par les fabriques du
continent?
C'est donc avec raison que les fabricans an*
glais, en repoussant les demandes du comité
directeur, ont déclaré quele triomphe des agi
tateurs socialistes serait la destruction de
leur industrie, et,en consommant leur propre
ruine,enlèverait à tout un corps d'état toute
> chancede travail futur. Sans appréhender que
la lutte actuelle 'ait des conséquences aussi
graves, on doit déplorer lessouffrancesqu'elle
va imposer à des milliers de familles; on doit
redouter aussi les suites qu'ell° peut avoir
pour les ouvriers eux-mêmes. Il est à remar
quer,enéfTet,que chaque grève prolongéedang
une industrie a. eu pour -résultat immédiat
quelque nouveau progrès de la mécanique, et
la substitution d'un agent inerte à un certain
nombre de travailleurs. En outre, la nécessité
ou se trouvent: les fabricans de recruter par
tout le personnel de leurs ateliers, introduit
'inévitablement dans l'industrie des ouvriers
nouveaux qui viennent faire concurrence aux
^anciens, et amènent un abaissement dans les
salaires. C'est la grève,des fileursquia amené
la première invasion des ateliers anglais par
les nuées d'Irlandais affamés qui trader ent
annuellement le canal de Saint-Georges : c'est
la grève des tailleurs de Londres qui a fait pas*
ser entre les mains des femmes la presque to
talité des travaux de couture, et qui a courbé
toute une industrie sous le joug dumar-;
fEUILLETON D'J CôNSTITUTiGML, 8 JANV,
HISTOIRE
DU DIRECTOIRE'
EPISODES.
ElévoluiioH «In lO août.
— l£SassacB*cs «Ho Bi'jitfin&rc. —
Ëtalillssement «Se la Convention.
Les sections prennent l'initiative des massacres. —
Texte de leurs délibérations.—Unité qu'elles mot
te nt dans le projet dps massacres. —Comité d'Exé
cution. — Son origine. — Sa formation. — Pièce
fondamentale dans l'histoiro des rpassaeres. —
Siège du comité. — Prélude des massacres. — Ils
commençant dans la rue. —Prisonniers transférés
à l'Abbaye. — Ils sont attaqués en route.* — Leur
arrivée dans la cour de l'Abbaye.
LXXVIIf.
LES SECTIONS.
Les assemblées des sections étaient autant
d'instrumens, employés par les meneurs de
la Commune, pour écarter d'elle-la respon
sabilité, ou au moins la clameur publique.
Aussi les meneurs firent-ils demander par
lessections.qui leur étaient le plus sûrement
acquises, le massacre des prisonniers; -et
cette dernan le fut faite le 2 septembre, dans
la matinée, quelques heures seulement avant
l'exécution ; afin que l'idée du crime n'eût
pas le temps d'être divulguée, commentée et
repoussée.
La section Poissonnière se signala, entre
toutes, par son horrible férocité; Une main,
* La reproduction est interdite.
probablement coupable, a déchiré, dans lè
registre da ses délibérations, les deux feuil
lets où.se trouvait inscrit son procès-verbal
de la séance du 2 septembre ; mais-son arrê
té, relatif aux massacres, fut communiqué à
plusieurs autres sections,, qui y. adhérèrent ;
et la Providence a permis ainsi que ce mo
nument de honte fut conservé.
On lit en effet, dans le procès-verbal de la
section.de la Fontaine de îa rue Montmartre;
« Uue députation de la section Poisson
nière a lu l'arrêté suivant de cette section :
o Tous les conspirateurs de l'Etat, actuel-'
lement enfermés dans les prisons d'Orléans
et de Paris, seront mis à mort amant le départ
des citoyens qui volent à la frontière.
» Les prêtres réfraciaires, les femmes et en-
fans d'émigrés seront placés sans armes au pre
mier rang de l'armée qui se rend sur les fron
tières, pour que leurs eorps servent de rempart
aux bo*s citoyens qui vont exterminer les ty
rans et leurs esclaves (1). »
Le même arrêté fut communiqué par des
députations aux sections de Mau^onseil et du
Louvre, qui y adhérèrent (2). -•••' <**•
Le registre de la- section de Popincourt
porte cette mention :
« Un membre a fait la motion de purger
Paris, avant de partir, des traîtres qui sont
enfermés à l'Abbaye (3). »
La section du Luxembourg prit l'arrêté
suivant :
«Sur la motion d'un membre, de purger
les prisons en frisant couler le sang de tous Jes
détenus de Paris, avant de partir, les voix
prises, elle a été adoptée. Trois commissaires
sont été nommés, MM. Lohier, Lemoine et
(1) Regislre'des délibérations de la section de la
'Fontaine de la rw Montmartre, séance du 2 sep
tembre 1702. — Archives de la Préfecture de Po-
ilice. .
! (2) . Voir les registres de ces sections, séance du
■2 septembre ; — Archives de la préfecture de po
lice.
S (3) Registre des délibérations de la, seetion *de
Popincourt, séance du 2 septembre; — Archives.de
ft préfecture de ptliée.
Richard, pour aller à la. Ville, communiquer
ce vœu, afin de pouvoir agir d'une manière
conforme ( 1).»
• La section des Quinze-Vingts, dont lé re
gistre ne se retrouve pas pour cette époque,
prit une délibération conforme à celle de la
section du Luxembourg; et elle eut pareille
ment le cynisme ou la naïveté d'aller en de
mander l'homologation, le 3 septembre au
matiu, au conseil général de la Coinmune.
Le conseil général répondit par un ordre du
jour, qui équivalait à un ordre de procéder
au massacre; le voici :
« Une députation de la section des Quinze-
Vingts demande l'emprisonnement, comme
ôtages, des femmes et énfans des émigrés;
et la mort des conspirateurs, avant le départ
des citoyens pour l'armée.
» Sur cette demande, le conseil général
passe à l'ordre du jour, motivé sur ce qu»
les assemblées générales de section, peuvent
prendre, dans leur sagesse, les mesures qu'elles
jugeront indispensables, sauf à se pourvoir en
suite par devant qui il appartiendra (2). »
Les sections de Paris et le conseil général
de la Commun# étaient donc, comme on voit,
pleinement d'accord sur les massacres; ce
pendant, il fallait encore, selon l'expression
de la section du Luxembourg, pouvoir agir
d'une manière eonjorme-, et c'est dans ce but.
que fut organisé, à la mairie, le Comité d'Exé
cution. ainsi nommé,non-seulement parl'abbé
Sicard (3), et par Jourdan (4), mais encore
(1) Le r«gistre du Luxembourg de l'époque du
2 septembre, manque à la collection de la préfec
ture de police. Nous avons pris l'extrait du procès-
verbal dans'Maton de la Varenne. Histoire parti
culière, etc. ,• .p. 311. Maton l'avait copiée dans le ,
registre.
(l). Procès-verbaux de la Commune de Paris ,
séance du 3 septembre au matin.
(3) « Je fus introduit, dit l'abbé Sicard, dans
une salle basse, où se tenait le comité d'Exécution j
Là, autour d'une grande table, des hommes & che
velure jacobite recevaient les prisonniers qui se
succédaient dans cet antre. » — Relation de M.
l'abbé Sicard, p. 91, 02.
(4) a Je crus devoir m'adresse? au citeyen Tal-
par.les actes officiels de la Commune (1).
LXXIX.
IiB COMITÉ D'EXECaTIO .
La Mairie de Paris, dont le, malheureux
Sylvain'Baîily fat investi" le premier,- réuhit
les attributions distinctes aes Prévôts des
Marchands et des Lieutenans civils de police.
Il y avait à la Mairie un département dit de
police ; et ce département était occupé,avant
le 10 août ,' par MM. Perron^ Viguier, Ser
gent et Panis ; ce dernier était beau-frère de
Santerre.
- Panis et Sergent, initiés au projet des-mas
sacres, acceptèrent le soin de les préparer et
de les diriger. Le comité de police de quatre
membres leur parut insuffisant; et ils réso
lurent de le porter à douze membres. Panis-
eut l'initiative de celte organisation nouvelle.
« Plusieurs de ses collègues,.dit Maton dè la
Varenne, moins atroces que lui, ne se prê
tant pas toujours aux incarcérations 1 qu'il
proposait, il profita de l'heure du dîner de*
chacun d'eux, pour faire mettre les scellés
sur leur bureau. 11 représenta au conseil gé
néral qu'ils n'étaient pas à la hauteur de la
Révolution, et se fit autoriser à s'en adjoin
dre d'autres (2).»
Roch Marcandier raconte, à peu près dans
les mêmes termes, la formation du comité de
Surveillance qui . devait opérer les massa
cres :
« Le 30 août, dit-il, àl'insu des commis
saires, il se retire auprès du conseil-général;
c'était un instant avant la levée de la séance.
Le moment était favorable-; il y avait peu de
monde ; il prend la parole : « La majorité des
i lien, qui était alor3 secrétaire de la municipalité.
Il me répondit que cela ne le regardait pas, mais
: le comité d'Exécutitn. » — Déclaration du citoyen
! Jourdan, p. 150, 151.
i (l) Procès-verbaux de la Commune de Paris,
\ séance du 4 septembre, au matin.
I (2) Maton de la Varenne, Histoire particulière
1 des Evénemens, etc., p. 294,j
membres du,comité de Surveillance, dit-il,
sont ineptes* ils ne marchent pas. Le plus
grand désordre règne dans le çomité,^ IL ter t
mine sa diatribe par demander que le con
seil général l'autorise à s'adjoindre des mem
bres pour composer un comité à sa. façon,
de géng dont il répondrait comme de, lui. Le
conseil général'prend. aussitôt un arrêté con
forme à:sa demande; le voilà,maître, de
tout (1). ». :
Nous avons recherché, dans les- registres
des délibérations du conseil, général delà
Commune de Paris, la confirmation des ré
cits de Maton de la Varenne et de Roch Mar
candier. Cette confirmation s'y trouve expres
sément consignée. On lit en.effetdaris le pro
cès-verbal de la séance du 30 août ; ■ ...
« M. Panis présentera demain une liste
des membres qui s'adjoindront à-lui, pour
le comité de police. (2) »
Panis, autorisé par cet arrêté du 30 août,
mit deux jours à se donner des collègues ,
pour l'œuvre sanglante qu'il méditait ; et ce
ne fut que le 2 septembre , au jnatin, qu'il
put les réunir, après. quelques; tàtonnemens
constatés par l'état matériel du document
qui les institue.
. Voici ", fidèlement copié sur la minute,
écrite en entier de la main de Paa^.is, l'arrêté
qui constitua le comité des mass
IŒ0HICIPAI.rrÉ DE PA IS.
département de pouce et garde
nationale.
« Nous, soussignés, constitués à'la Mairie
en. comité de police et de surveillance, par
un arrêté de la Commune, qui porte que l'un
de nous (Panis) se choisira trois collègues,
(!) Roch Marcandier, Histoire des Hommes de
•proie, p* 13.
(2) Procès-verbauoc-minutes de la Commune de
Paris, yo I. 21. carton 0. 7. 0.; p. 444. — Archi
ves de VHÔtel-de-Yille. — Ce passage ne se trou
ve pas dans la portion des procès-verbaux qui a été
imprimée par Barrière et Berville.
pour former avec lui ce comité, avons sta
tué que, vu la crise des circonstances, et les
divers et importans--travaux auxquels il
nous faut vaquer, nous nous choisissons
pour administrateurs-adjoints nos six conci
toyens : Marat, l'ami du peuple; Deforgues,
chef de bureau à la Mairie, Lenfant, Guer-
meur, LeclercetDuffort, lesquels aui"ontavfec
nous la-signature, sous notre inspection, at
tendu que le tout est sous notre plus grave
responsabilité à nous quatre soussignés.
» Les administrateurs de police et de sur
veillance : Pierre Duplain, Panis , Sergent;
Jourdeuil.
» Fait à la Mairie, le 2 septembre 92 an
I er (1). » .
. Il n'est pas inutile de faire observer que
Marat et Deforgues, oubliés dans la réaac-
tion de cette piece, ont été portés en marge
par un renvoi paraphé, placé après le mot
concitoyens ; et que, par suite de cette addi
tion, faite après coup,' et de la main de Pa*
nis, le mot six a été placé en surcharge dans
l'interligne.
Voilà quels étaient les membres de ce co-£
mité,' dit de Surveillance et d'Exécution, au-
3uel Cailly fut adjoint, ainsi que cela résulte
é documens officiels, que nous aurons à
mentionner. Ils s'établirent, comme nous
l'avons dit, dans la salle. basse de' la Mairie,
qui sert aujourd'hui aux passeports.
« Ce fut dans cette caverne, dit Roch Mar*
candier, que furent préparés 1 les massacres
de septembre; ce fut dans cet abominable
repaire que fut prononcé l'arrêt de mort do
huit'mille Français, détenus la pluparl sans
aucun motif légitime, sans dénonciation, sans
aucune trace de délit, uniquement par l'ar
bitraire. des voleurs du comité de Surveil
lance.
(1 ) Dossier des massacres de septembre, i" lias
se,— Archives de la préfecture depelice. — Cette
pièce, fondamentale dans l'histoire des massacres;
est inédite. Les auteurs de l'Histoire parlementai
re avaient connu son existence, mais non pas son
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