Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-01-07
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 janvier 1852 07 janvier 1852
Description : 1852/01/07 (Numéro 7). 1852/01/07 (Numéro 7).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 7.
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v : < —A Strasbourg, chez M. A ae X andre, pour l'AHemagne. ' |Les annonces sont reçues au bureau du journal; et chez m. panis, régisseur, 10, place de la
PARIS, 6 JANVIER.
" concession ou chemin de fer
de paris à lyon.
Nous annoncions hier, comme un fait ac
compli, l'heureux accord des compagnies fi
nancières qui négociaient, avec le gouverne
ment pour la concession directe du chemin
de fer de Paris à Lyon.— Le Moniteur publie
aujourd'hui la conclusion du traité.
Enfin voici cette interminable négociation
arrivée S_ terme.; Voici enfin cette grande li
gne qui doit, sinôp supprimer, au moins tant
amoindrir la distance entre la Manche et la
Méditerranée; la voici mise envoie d'une exé
cution sérieuse et rapide. Dans l'ordre des in
térêts matériels du pays, il n'y avaitpasd'affai-
réquiprésentàtune telle importance. Il s'agis :
eâit de. donner à notre système de communi
cations à grande vitesse,leur artère principa
le, de réparer autant que possible le temps
perdu,,de. répondre au cri ses populations
agricçtlfié, industrielles, et commerciales ré-
■■ ■» - —— ■« «\nwrtmiMn r\4 mil c
rope. Il s'agissait de dispute^ à des nation?
rivales, les avantages du transit entre l'An
gleterre et lèg^des ; il s'agissait enfin d'un
plan qui, touchatf a .la bonne gestion des fi-
jumees de HKlafc
Eh bien l il nous sera permis de dire, sans
TOjulour récriminer contre un passé qui nous
semblé déjà si loin de nous, que la grandeur
et la multiplicité des intérêts engagés dans
cèli,e ^ùéstioii n'avaient pii vaincre lès len
teurs; calculées des> commissions parlemen
taires elles marchaient, par des voies dé
tournées et souterraines, à un système.dé-
plorable , celui de l'exécution, par l'Etàjt.,
-EUes n'osaient l'arouer ; elles repoussaient
en principe çe système; majs elles em
ployaient tous. les j moyens pour l'appli
quer en fait. Elles procédaient par une suc
cession de crédits provisoires, qui avaient le
double -inconvénient de ? n'altribuer que des
ressources insuffisantes aux travaux, et
d'engager de plus en plus l'État dans
une exécution' directe qui obérait le trésor
.public efr compromettait forcément, par la
lenteur de sa marche, la masse immense
d'intérêts particulier?,!et.le grand intérêt
national, si fortement attachés au: prompt
achèvement de, ce vaste ouvrage. Elles fai
saient aux compagnies des propositionsinac 3 ;
ceptables, ou bien, repoussant celles qui leur
étaient soumises, elles se réfusaient à en in
diquer d'autres. .
Ce que n'ont pu faire en trois ans les com
missions parlementaires, le gouvernementdu
20 décembrel'a-fait en quelques jours. Et on ,
peut voir, par cet acte, dans quelle bonne di
rection d'idées économiques se place le gou-,
ve 'rnement de Louis-Napoléon. Certes , . ce
pouvait être une tentation pour un pouvoir
qu'on peut appeler nouveau , puisqu'il est,
renouvelé avec des conditions si différentes
de celles où il se trouvait précédemment, ce7
pouvait être une forte tentation que de gar-»
dèr pour soi l'exécution et l'exploitation
d'une entreprise considérable qui exige l'em
ploi d' une si ^grande quantité d'agens. Par
là,ilpouvait se mettre ou jrester. en pos
session d'un puissant moyen d'influence.
Nous ne voulons accuser, personne; mais
est - ce un fait ignoré que les commis
sions parlementaires prolongeaient la situa
tion provisoire du chemin de Lyop, pour
prolonger le patronage administratif dont
jouissaient alorsquelques-un&de leurs mem
bres les pkis important Lapartie exécutée du
chemin dé P,ans à Chàlonétaiten régie transi
toire, et Quelques-uns des administrateurs dé j
cette régie pour le compte de l'Etat siégeaient
dans l'es commissions. Ils avaient la-disposi
tion d'un personnel dontil leur coûtait beau
coup de se dessaisir; Le-gouvernement de,
Lffois-Napoléon agit tout autrement : il met
l'm.térèt/pubïic^urçlessus des petits calculs
d'une politique personnelle. 11 rend à l'in
dustrie privée ce qui doit lui appartenir, et
il ouvre ainsi une large carrière d'activité à
1'indépendaneé individuelle.-Voilà de la bon
ne liberté, celle, qui laisse à l'industrie par
ticulière tout son essor.
Non-seulement le gouvernement de Louis-
Napoléon a "pu résoudre , en quelques
jours, une question qui se traînait de -
puis si long-temps au milieu des lenteurs
et des vicissitudes parlementaires et dont
la solution semblait s'éloigner chaque jour
davantage; mais, grâce au retour de là
confiance, a la renaissance du crédit pu
blic et du crédit commercial, il a pu ob-
tenirdes conditions plus avantageuses qu'on
n'eût pu jamais l'espérer, soit au point de
vue du trésor, soit au point de vue de la
prompte exécution dç cette grande ligne de
chemin de fer qui doit mettre Calais en com
munication avec Marseille.
Voici ce que le gouvernement a obtenu
dans l'intérêt du trésor. Ce n'est plus seule
ment! 00 millions, fomme dans le projet
primitif, c'est HO millions que la compa
gnie concessionnaire devra rembourser à
l'Etat sur le montant des travaux exécutés,
Inon compris -4 millions dépensés en vertu
du dernier crédit. Le paiement intégral
de cette somme sera effectué en quatre ans
au lieu de douze. Ainsi, d'ici à quatre ans,
le gouvernement sera rentré dans une som
me de 114 millions qur lui permettra de
payer la subvention de 49 millions affectée
au chemin de L} on à Avignon, d'entrepren
dre d'autres trayaux d'utilité publique, ou
de soulager la dette flottante.
Une autre clause également avantageuse
au trésor public a été introduite dans le nou
vel acte de concession : c'est celle qui oblige
la compagnie à fourpi'r gratuitement le train
spécial#estiué au transport des dépêches^
Cette clause apportera dans les dépenses de
l'Etat une économie qui mérite d'être prise
en considération. •
Voici maintenant les avantages obtenus
au point de vue de l'exécution. Le délai pour
l'achèvement des travaux est abrégé d'une
année. Ce n'est plus én cinq ans, c'est en
quatre ans que Ja ligne entière doit être
terminée et livrée à la circulation. Dans
deux ans , le chemin sera prolongé de
Chàlon à Màcon; dans trois ans,*de Màcon à
Vaise; la traversée de Lyon, sera achevée,
l'année suivante; et, comme le chemin de
ceinture autour dé Paris sera fait à cette
^époque," on pourra alors partir du Havre ou
de Calais, traverser la France dans sa plus
grarule
avoir quitté la ligne de fer.
Ce n'est pas tout. Le gouvernement a sti
pulé des conditions-, qui n'existaient pas
dans l'ancien cahier des charges, pour un
embranchement des plus importans. On sait
que le chemin de Dijon à Mulhouse a été
classé par la loi générale sur les chemins de
fer. L'administration s'occupe sérieusement
de l'exécution de la partie comprise entre
Dijon et «esançon, qui est en ce mo-
meni, dit le rapport, l'objet de proposi
tions sérieuses. Un article du nouveau cahier
des charges ppr te que, dans le cas où cette
section serait exécutée, la compagnie-.de
Lyon devrait fournir, moyennant indemnité,
Je matériel nécessaire à son exploitation;
Cette clause aura pour effet de faciliter la
concession de l'embranchement.
Enfin lé gouvernement a encore'améiioré
le projet primitif, en y introduisant une dis-,
position nouvelle dans le but d'assurer la.
neutralité du. chemin, de fer do< Paris à
Lyon à l'égard des autres lignes aux
quelles il doit faire concurrence, ou dont il
doit être la tête ou le prolongement. Cette
disposition porte que l'administration du
chemin de fer de Paris à Lyon restera indé
pendante de celle de tous les autres chemins
actuellement concédés^ e t que le conseild'ad?
ministràtion ne pourra comprendreni lespré-
gidens ni plus de deux membres de .chacun
des conseils d'administration de ces autres -
lignes. On reserve, de cette manière, les in
térêts du chemiu latéral à la Loire,quimet--
Ira un jôuFTe centre d(TTa"'F î rance en com- s
munication avec Marseille.
- ,Nous n'avons pas besoin de faire ressortir
toute l'influence que cette heùreûse solution
doit exercer sur l'ensemble des,affaires. Pour
le trésor^ c'est en quelque sorte la libération .
de nos finances, c'est l'emprunt devenu inu
tile, c'est^le budget -exonéré des énormes
dépenses que la continuation des travaux
par l'Etat lui; eût imposées. Pour la Fran
ce industrielle et commerçante, c'est le
prompt achèvement de la grande artère na-. •
tionalej delà ligne qui doit relierieNôrd et
le Midi, Calais et Marseille, l'Angleterre, et
les Indes, l'Occident et l'Orient. Pour le pays
en général, c'est le-réveil des grandes entre
prises, ce sont les capitaux reprenant confian
ce.et abordant résolument les affaires devant
lesquelles ils reculaient depuis trois ans,
c'est le crédit sortant d'une longue'léthargie
et nous promettant une nouvelle ère de, tra- ,(
vail et de prospérité. - F. boilat.
Nous avons reproduit e matin la répense ;
adressée par M. de JVIorny au préfet de Ja
Seine, au banquet de l'Hôtel-de-Ville- Dans
sa courte improvisation, M. de Morny a dit
cesjïiots.i.« VoajiifiBiHt«eroBteataucés- ! Ce pQa~-ir
voir.dont vous souhaitez l'affermissement sa
consolidera, car dans tous les événemens qui
viennent de s'accomplir se montre le doigt
de la Providence, etlà Providence ne fait pas .
les choses à demi. » ■
Par ces simples paroles, nous l'osons dire; '
M. de Morny, .c,'est-à-.dire celui qui a pris : '
tant de part à l'acte de courage et de salut
public accompli par Louis-Napoléon', n'a
pas seuleménl prononcé une action de grâ
ces en quelque ' sorte personnelle, il a ex
primé le sentiment, la foi d'un peuple. 1
En effet j quelle miraculeuse.' transforma
tion que celle dont la France ^présente-le.
spectacle ! Une nation tout ' "éiMère qui
semblait sacrifiée au-génie,du crimê etjlu
mal, qui semblait appartenir fat&lemçûfeàiif
•la plus odieuse anarchie, rendue tout
coup à elle-même, et se r.ec{)nslituàr|t:jàr
une soudaine unanimité, s'^us- unb-fiiuSo -
rité tutélaire! Tant et de si terribles divisions
la veille, et le lendemain uu'e .si étonnante
union de sept millions çt demi de.citoyens
dans un même vote ! Tant de terreurs hier, et '
tant de confiance auj ourd'huï!, A. : ia menace
d'une effroyable oppression succède la joie
le travail et dans le crédii l Et, maintenant,
sort de partout une renaissance inespérée.
Voilà lés .effets; et par quels moyens a-t-il
fallu passer pour les obtenir ?;
Un coup a été frappé,. le plus hardi^eut-
être qui soit parti d'une main humaine. Tou
tes les chances de la défaite semblaient écri- '
tes dans l'apparente témérité de. l'acte.. Le ;
sauveur de la patrie avait pour ennemis tous
ceux qu'un si noble but aurait dû lui donner '
pour auxiliaires.-Il se confie en la générositéde
sa tentative, et il agit! Son action se porte sur
tant, de choses à la fois et d'une exécution si
difficile, qu'il est impossible de concevoir
qu'une foule d'accidens ne la viendront pas .
contrarier et anéantir. Eh bien ! non. Tout
réussit sur tous les points du vaste espace '
où le coup porte. Et enfin celui qui a com
mencé seul contre tous les partis, finit son
oeuvre avec un peuple tout-entier.
En face d'un, événement si prodigieux,: la.
raison humaine s'humilie devant la foi. Non,
les hommes, quels que soient leur courage .
et leur prévoyance," n'accomplissent pas tout
seuls de tels ouvrages : il y faut un secours,
divin. La parole du ministre est vraie : le
doigt de Dieu est dans ces grands événe
mens; et ce que nous mettons en exergue ;
sur nos monnaies, doit, être la foi de nos
cœurs : Dieu protège la France !
• . . F. BOILAT.
.J
•s
Hiei^ au moment où le Président de là Ré-
^^Mque^^.^riive aux Tuileriesj toupies
î maifes invités au bànqiieï ôjnrformé la nàiè,
et Je Prince a échangé quelques paroles avec
plusieurs d'entre eux. Se xournant vers le
maire d'Epinal, qui lui avait adressé, à la ré
ception de jeudi, quelques paroles que nojus
avons rapportées, M. le Président lui a de
mandé de quelle ville il était maire : M. le
maire a répondu : a Prince, je suis maire
des Vosgiens. » Et, poursuivant : « Prince,
puisque" j'ai le très grand honneur de me
. retrouver en votre présence, vous me per
mettrez d'ajouter quelques mots à ceux
que j'ai eu le bonheur de prononcer lors de
la réception du 1" janvier :. c'est de vous
supplier de conserver aux actes à venir de
votre gouvernement l'énergie et la fermeté
qùi ont caractérisé ses premiers actes ; car,
prince, vous le savez mieux que moi, la fai
blesse a toujours perdu tous les Etats. » ;
Le Président a répondu : « Monsieur le
maire, j'approuve vos pensées, et mon in
tention a toujours été de réunir dans mes
, actes la justice et la ferme té. »
Après le dîner, petidant lequel aucun dis
cours n'a été prononcé, tous les convives sé
sont pressés autour du chèf dé l'Etat qui a
été bientôt tellement entouré- et. accablé de
demandes dans l'intérêt des localités, repré
sentées dans la:réuniop,;qu'il -lui était im
possible de répondre à tant dè réclamations
accompagnées des vivats de ceux qui ne pou-,
; vaient s'approcher assez du prince, pour lui
' ■■ * " Ui '* - .
v hjii maire a élevé, alçrs la voix : Vous criez
vive .Napoléon ! a-t-il dit, et vous l'étouffez.
Nous ne sommes pas ici, d'ailleurs,. pour
faire valoirnosdemandes particulières, mais
pour exprimer le vœu de la France.
- « Je vous remercie, Monsieur le maire, a
dit alors Louis-Napoléon. J'aurais voulu
pouvoir m'entretenir avec,,tous vos .collè-
• gûes, mais ils en voient l'impossibilité..» .
Quelques instans après, vers, neuf, heures
et"demie, le Président a quitté les Tuileries.
À dix heures, tout le monde était retiré.
La nouvelle des événemens du 2 décembre
a causé aux Etats-Unis la sensation la plus
profonde, et, pou r prendre^es |érxnes. mê
mes d'une feuille de. Npw-Yç»rifj une indici
ble émotion. Tous' les journaux américains
constatent à la fois qu'il èn est résulté
. une immédiate et complète. suspension de
toutes les affaires. Toutes tel transactions se
sont arrêtées : à la bôifrse ;^dans les tribù T
naux, dans les rues, 'pslrtoîiVil : n'a plus été
question que de « la nofiyellé-révôlULion de
France.» ; . .
L'émotion a été d'autanfplus yive,^ue cette
. nouvelle,, déjà surprenante parcelle-même,
est arrivée à New-X'o'rk : sous une forme en
quelque- sorte éHtgm?tiqàe^'^pap?«ne^ilépê-
che télégraphique", de trois lignes, expédiée
d'Halifax à l'arrivée dp la malle de Liver-
■ pool. Les journaux et les lettres apportés
à New-York:même, le lendemain,-par l'Eu-
ropa, n'ont pu satisfaire'Fardente curiosité-
éveillée par cette dépêche,; ti)r tous les récits
s'arrêtaient à la soirée du S-décembre. On
ne savait donc aux Etats-Unis absolument
rien de l'éclatante adhésion donnée immé
diatement par la France aux actes du.■ voir. -, - ■ 'v ■ . ' ;
Aussi, pendant que public américain atV
tendait avec une impatience fiévreuse,, l'ar
rivée du bateau à vapeur le Baltic, les jour
naux, obligés'de parler d'après les données
les plus values et les plus ineerlaines se
sont-ils lancés, dans la voie des conjectu
res; Toute la portion de la presse améri
caine qui sympathise avec M. Kossiîth et la
démagogie du vieux mondé, a fait assaut de
colère et de déclamations. On a salué lesévé-
nemens du 2 décembre comme llaurorede la
révôlûtioù^eurôpéennej;on a pronostiqué le
renversement du gouvernement, la ruine du
parti de l'ordre, et l'explosion d'une guerre
civjle qui, après.avoir fait triompher le so
cialisme en France, établirait solidementson
empire dans toute l'Europe. :
"D'aùtrés journaux, au contraire, n'ont pas .
hésité, à éxprimer toute leur approbation, et
à prédire le succès complet du gouverne
ment français. Plusieurs, au milieu de leur
surprise, ne dissimulent .pas l'éblouisse-
,ment que -leur cause, ce. grand acte d'ini
tiative et d'énergie. La démocratie- améri
caine comme toutes les démocraties, à ^ne^
certaine faiblesse pour t.out ce qui porte
un cachet: de force et de grandeur ; et
ce qui lui paraît le plus digne d'admi
ration dans :les actes du 2 décembrej ce
n'est pas la; résolution avec laquelle le
pouvoir s'est mis en traverg de la déma
gogie pour assurer le' salut de_ la France,
c'est la hardiesse de l'entreprise, l'énergie"
del'exscution et, comme le dit un journal
« le nerf dontJle iPrésident a fait, preuve, et
la belle 'exécution de la besogne. » Au.nom
bre de ces. derniers journaux, se trouve le
Herald de New-York, qui s'exprime en.ces ter-,
mes : « Cromwell, en dissolvant le long parle-
» ment, n'apas faitpreuve d'un plus plus,haut
» degré de brillante audace que. Louis-Napo-
» léon dans ce coup d'E tat. La discrétion con-
» somméeavec laquelleses plans ont été com-
» binés, n'est surpassée que par .l'habileté
» magistrale et l'intrépidité, avec laquelle ils
» ont été appliqués. Ce mouvement, dans
» son ensemble, est digne de l'indomptable
» courage du grand Napoléon. Pour domp-
» ter l'opposition de l'Assemblée et met-
» tre de côté, la Constitution il fallait l'ac-
plus prompte ét la plus résolue
» au service d'un ensemble de mesures de
» précaution les plus soigneusement com-
•'» binées. C'est ce-qui £.eu lieu; ».. '
On se doute que M. Eossuth a été plus sur- I
pris et plus ébahi que personne par les nou-J
velles de France.M. Rossuth, après avoir com- i
mencé sa collecte de dollars, et adressé dans |
un cinquante et unième discours ses adieux à
la ville de New-York, sepréparait à se rendre |
à Washington. Déjà Mme Kossuth et une
partie de la suite du dictateur avaient pris le .
chemin .de fer dePhiladelphie, quand est ar-r
rivé l'Europa. M. Kossuth a immédiatement
différé son départ, et il. est demeuçéi.iùco-,
gnito à New-York pour ,at|tjndre l'arrivée du
Baltic. Suivant les nouvelles 'qûe lui appor
tera ce bâtiment, M. Kossuth se proposait de
retourner immédiatement en Europe ou de
reprendre.son voyage: à Washington. Nous
ne doutons pas que M. Kossuth ne soit en ce
moment à Washington. :
CUCHEVAL-CLARIGNY.
réduire à néant les rêveries et les machinations
révolutionnaires tant èn France qu'en Angleterre
et dans le monde entier. » . ;
ACTES OFFICIELS.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
RAPPORT A M. LE PRÉSIDENT SE LA RÉPUBLIQUE.
Paris, le 3 janvier 1852,
Monsieur le Président, » -
Une loi du 3 février 1831 'a ouvert au ministre
de l'agriculture et du commerce un crédit extra
ordinaire de 600,000- fr., destiné'à encourager,
dans les communes qui en feraient la demande, la
création d'établissemens modèles de bains et la
voirs publics gratuits oiià'prix réduits. "
En exécution dei'articie-2 de cette loi, une com
mission spéciale a:'été'instituée'pour l'examen des •
demandes qui pourraient être présentées" par le3
communes, les bureaux de bienfaisance et : -auïres J
étàblissemensd'utilité publique; .
Des instructions'ont^ été adressées à MM': 1 lés pré- *!
feti pour qu'ils eussent à donner la plus grande
publicité aux dispositions bienfaisantes de la loi, '
et un avis inséré au Moniteur a appelé l'attention
des communes sur le bénéfice qu'elles en pouvaient
recueillir >
Pour faciliter l'étude des-projets, l'administra
tion a fait en même temps déposer dans chaque'
chef-lieu de préfecture, de sous-préfecture, "et dans- 1
les " archives des -chambres-de- commerce ét 1 des* '
chambres consultatives des' arts et manufactures,*', 1
lin p.xsmnlairp.: H 'i U ip rnHi'ptijin ■ rfo • finoniTn»w
un exemplaire d'unie collection de documens^et'/
plans recueillis en Angleterre, cohcernant lè's prîn^ l:r '
cipaux établissemens de bains' et lavoirs : pubUes;'y 1 '
On np nAiivflif mpnnnnaîtrcv
lt J iÏ27£
Un journal anglais (Félix Farley's BrûiotV
Journal) publie sur la situation actuelle dé jà"
France un article auquel nous empruntons
les passages suions ;
i Le succès de Louis-Napoléon -est' maintenant
hors de question. Qu'il y ait au d 'hors quelque
incertitude sur les véritables causes de ce' grand
changement, toujours est-il que dette'incertitude
n'existe pas en France. Le peuple de France sait
parfaitement le pourquoi de cette méporabje élec
tion du ai-décembre. Les Français disent ; Ce que
nous avons voulu, c'est quelque chose-qur nous
sauve des horreurs du socialisme et de la répu-'
blique rouge, quelque chose' qui • mette fin à la
perpétuelle-agitation d'un gouvernement qui n'est
pas solidement assis. ■ u - "
» Dans tout ce que nous voyons s'accomplir ac
tuellement en France, il y a, ce nous semblé, bien
_i .1 ■ >.»■*, .. li.- i. •.».. . t*
républicanisme, admet pourtant que l'arrêt est
rendu, et que -le triomphe du présent gouverne
ment de Louis-Napoléon est oomplet,"
: » Quand nous considérons Isi marche naturelle
des choses 1 révolutionnaires, nôus ne;iriettons pas
uu seul ' instant en doute que si d'ériergiqties' ef
forts ne sont très promptement faits pour résister
à la pression du dehors, nous serons entraîne^
nous-mèmesdans tous les màux auwuelsla f rail-:
ce a échappé le 2 décembre. Nous permettons'à" la'
bande maudite des révolutionnaires proscrits'
tousles pays de l'ÈurQpé,-de'4bnner chej'pQù.g car-'
rièr-e : à 'sa malignité sanguinaire et de ooni'bine'r
ses détestable? prcyét5| «ans le'bùt ,de' renverser,
tons les goùverriemens, y jsortiprls ' lé 1 gouverne-
rpent de l'Angleterre; Par leur conduite chez nous,;'
ces hommes nous font haïr au dehors et nous met-,
tent èn péril au dédans. Nous demandons que l'a*
lien-act soit rémis en vigueur^ Nos gc^xernans
auront-ils le courage de le proposer?
» Ea.cqr? un© fois, nous avons bien
plus 4'e?péï^tices que f dé, craintes pour la Franoe,
I^ous regarderons le coup d 'Etat du % décembre
comme une bénédictio.p.qucielj s'^la.pawf eflijtdS"
-, lu < VI1M \ ,
*On ne pouvait méconnaître l'utilité des créations ,
que le gouvernement -'signalait à la sollicitude des "
administrations, locales. Il S'agit, en effet» de. pré^ '
server les populations ouvrières des.-incoiHténiens
graves, au point de vue hygiénique et de ^lubr'P : •
té, qui résultent du lavage et du séchage du linge .
dans leurs habitations ; il s'agit-encore de répan- '
dre et de développer, parmi ces populations/ (lont
les intérêts préoccupent à si juste titre l'adtninis-
trationy des habitudes qui, en même temps qu'elles -
contribuent à la conservation de la santé, ne sont ,
pas sans influence sur la moralité finème. .
Un certain nombre de communes ont flépondu à
cet appel. Plus de-soixante demandes d'importance
diverse ont été produites ; elles -intéressent un cer-;
tain nombre de villes,*; telles que Lille, Mulhouse, . ;
Foix, Albi, Angers, Epinal, - Montpelliery Guérètj 1 ;
Nantes; le plus grand nombre se rapptfl-tfrà-èfe'pV ,
tites localités.industrielles ou rurale3. Enfin, Paris,
qui semblait être resté-en retard, a produit, depuis
quelques jours seulement, deux projets sur une vaste •
échelle. Mais les communes paraissent, en général, C
n'avoir pas compris suffisamment que les établisse—
inensdontla loia voclu encourager la création doi
vent . pouvoir, ôtre considérés comme modèles,, au '
moins sous quelque rapport. Pour que la loi sur les v
bains et lavoirs produise-tous les résultats qu'oireit
endroitd'enattendre,ilsemblenécessaire d'adresser" '
de;nôuvelles • instructions aux communes. Le mi- -
nistère de l'agriculture fit du Commerce a faitprë- *
parer-et vas transmettre dans lès dé;jartemens, à
titre de spécimen, de nouveaux plans" établis sur
,dee échelles variées, plus modestes et plus confort
mes\ttux prgeétlés - Les administrations communales pourront en-
cote modifier ces projets suivant les convenances
locales t les usages et le climat. Il a paru également
utile» de confier à un agent- dévque et intelligent, "
déjà chargé, à raison d'autres fonctions, de par- '
courir les difterentes parties de la France, la mis- *
sion de faire comprendre aux communes le sens et,
la portée de la loi, ainsi que son influence salutaire
sur- le bien-être des populations "laboriéuses.
Enfin,'- une des. causes qui' se sont opposées à
l'emploi immédiat du crédit pour 1831, a été la
limite posée par le paragraphe 3 "de l'art. % 4c la
loi du 3 -février, qui interdit gouvernement.
d'accorder des subventions excédant la somme de.
20,000 fr; Cette restriction, fâcheuse dan? certains
cas/ n'était nécessaire pourTancun, puisque les
communes, obligées par la loi même à concourir r
pour les deux tiers aux {irais des établissemens sub-
ventionnéSj soht évidemment intéressées- à n'en",
point esagerer là dépense ; a y a donc, lieu de la ,
supprimer, et de maintenir seulement la condition
èn vertu de laquelle la subvention do l'Etat ne
devra jamais dépasser le tiers de la dépense totale,"
Pour -réaliser- 'les • -vues qùe je'viens d'exposer-,*,...
l'administration a ' he.swn d'être autorisée à cm- r
ployer, dans le. «ours de l'année 1882, la somme
de 590,584 fr. 93 c., fermant le reliquat du crédit
spécial de 600,000 fr. qui avait'eté ouvert au mi-»"
nisire de- l'agriculture, et du, commerce sur l'oxer«
cice J; - "î <
Tel^Bst le but du projet de décret que j'ai l'hon
neur Monsieur le Président,'de soumettre à votre
signature, . .. ... ;
Je suis, avec le plus profond respect, u:
Monsieur le Président,,.
Votre très humble et très ôbéiasant serviteur,
Le ministre de l'agriculture et
• _ du c&mmerce, -
„ ;-, N. LEFEBVKE-DURUFIÊ.
.. . -•--Àc-KOll'*Dt/:*Mifpi^ ,: FJR'^NÇAIsï
Le Président da la République, '"
> Dédète-;-j m» tw• >m
J-js»
FEUILLETON DU COSSTiTUTlOMEl, 7 JASÏ.
HISTOIRE
. - , fpisQDEàr
Révoliitlon ta aoAI<
; — Massacre» de septeuibrr. —
ISiabllsscmeiit de la Convention
XES ATJTEPH4- PES MASSACRES DE
SEPTEMBRE.9ANTEBRE.
auteurs ou complices des massacre* da septem
bre ont tous ni« leur participation. Vie de San*
terre publiée par sa famille. — Es ouse-apportée en?
. faveur de Santerre. — Il aurait été âbsent. —i- Pré-,
sence de Santerre à Paris le S, le 8, le A, le 5 et le
6 septembre..-i— Ûrdrés .qu'il reçoit de; protéger
les prisonniers. -- Il nie les exécute pas. — Il ne
donne pas d'ordres aux chefs de bataillon de la
garde - nationale.-—- Preuves authentiquei de ce
fait -t-Jl y avait assez de troupes ,à Paris peur em-
- pêcher lés massacres. — Aperçu de ces troupes. —
Complicité des section» de Paris. — Pensée des
massacres révélée dès le 38. août, annoncées dès lo
30. — Dénégations de MM. Marrast et Dupont. —
Opinion de M. Michelet, favorable.à la prémédita
tion' des massacres. — Robespierre, Tallien, Dan-
Ion, -Fabre et Marat font sortir leurs amis. Com-
ihission dé permanence pendant les massacres.
LXXVII.
Tous ceux qui, directement ou indirecte
ment, participèrent aux massacres de septem-
i *. La reproductioa est interdite.
bre, suivirent exacteihent la même conduite.
Au milieu de l'exaltation du moment, ils com-,
mirent froidement le crime ; lorsque l'hor
reur de la France et de l'Europe éclata sou
dainement contré ce forfait, ils le désavouè
rent. Ainsi avaient fait Robespierre, Marat et
Petion ; ainsi fit Santerre. -
Une Vie de Santerre, publiée d'après les
dacumens originaux laissés par lui, et d'a
près les notes d'Augustin Santerre, son fils'
aîné, s'exprime ainsi, qù sujet des massacres
« On fit à Santerre l'honneur de penger qu'il*
pourrait en contrarier l'exécution, il fut
éloigné. On lui donna l'ordre de se rendre »
Versailles, pour y passer en. revue des gardes
nationales. Il ne dut revenir à Paris que le
A septembre (i). »
D'abord on observera qu'avoir été absent
de Paris, le 2 et le 3 septembre, ce ne serait
pas une^excuse suffisante pour Santerre, car
on massacrait encore à Ja Force le 7 îiu
matin, ainsi que le prouve un procès-verbal
authentique,qui trouvera sa place plus loin,
i Ensuite, cette revue de gardes nationales,
passée par. Santerre à Versailles, et le tenant
éloigné le 2, le 3, et une partie du 4, est,
malheureusement pour lui, une fable, com-
plètemejat. détruite par les prpcès-yerbaux.
au conseil général de la Commune et de) ! AS;
semblée nationale.
La présence de Santerre à Paris, le 2,1e
3, le 4 ; ie 5,le 6 septeipl}rp, est officiellement
constatée. ,
Et non-seulenaent Santerre était, à P^ris
pendant les massacres, mais il reçut, comme
commandant général (Je la gapde nationale,
des ordres, formels de protéger les prisons,
Il reçut ces ordres, de la Commune, le 2
septembre ^de l'Assemblée nationale , le 3 -,
du ministre de l'intérieur, le 4. Santerre
n'en ejécuia aucun ; car nous produirons le
7 (i) A. Carro, Santerre, général de la République
française, p* 124.
témoignage des officiers des sections dans
lesquelles se trouvaient l'Abbaye et la Force;
et ces officiers déclarèrent, pendant la durée
des'massacres qu'ils n'avaient pas d'ordres
pour les empêcher.
Le 2 septembre, à quatre heures dusoîr (1 ), ■
on. vient , annoncer au conseil géné/al de la
Commune de Paris, que la foule commençait
à pénétrer dans les prisons. Le conseil prend
immédiatement des arrêtés pour faire élargir
les prispnniers pour dettes, les prisonniers
)Qup îiiQis de qouprices, et fait ouvrir lès
j'ortes de Sainte-Pélagie. Santerre, présent à
'Assemblée, annonce qu'il va envoyer de la
force armée au Temple (2). »
Lé même jour, 2 septembre, à huit heures
du soirj Santerre assiste , à la mairie, chez
Peîion, à un congeil sur les'efpiires présent
tes, avec Servan, Roland.et Danton (3). -
Le même jour, dans la soirée , Santerre
prend la parole; au conseil général, et fait
voter la liberté ' d'entrée et de sortie , aux
barrières, pour toutes les personnes du de
hors qui apporteront des comestibles et des
objets de première nécessité (4). '
• Enfin,le'mônje jour, â.septe'nibre, au mo- ,
ment de lever la séance du soir, lè conseil
général rend;cet qrrèté : « Af. le comnjan-
(I) C'est sans aucun fondement que MM. Mar
rast et Dupont, les Fastes de la Révolution, t. i,
!>. 337, en-reproduisait le passage du Prorès-ver-
>al de la Commune, où il est dit : Un officier de la
gardji nationale apporte la notfve'le... que Iq fairfe
commence à pénétrer, dans les prisons, le font'pré-
cé4er de ces mots : ven six heures.
, Cgs .mots ne se trouvent pas d?ns le tpxte -
procfesaverbal, et c'est à quatre heures précises du ,
soir, au mjDment où s'ouvrait» la séance, que la
nouvelle des'massacres parvint au Conseil général.
- (2) Procès-verbaux de la Commune de Paris,
séance du 2 septembre au soir.'
(3) Ibidem.
(|) Pfocis-verbaux de la, Commune de'. Pqri§,
séance du ? gepfèmbFe au soip.
dant général est autqrisé à envoyer .de nom
breux dôtachemens autour du Temple et des
prisons (i).
On lé voit ; Santerre ne passait point des
gardes nationales en revue, à Versailles^ le 2
septembre. Santerre était à Paris, au sein du
consgjl,général de la Commune, et au sein
du èonâeil "Ses ministres, tenu à la mairie ;
Santerre assistait aux commencenjeps.massacres; e|, eif^se reudimt, del'H^tel-de-
Yille q lq iiqqirie, il avait dû nécessairement
enjamber les. cadavres des prisonniers du
Chàtelet et de la Conciergerie, que les lueurs
dépouillaient sur le Pont-au-Change, sur de
Pont-Neuf, ét dans la grande cour du Palqis.
Le 3 septembre, Santerre pt^t àftyris,' chf
l'Aisernblée nationale, épouvantée des mas
sacres qui"s'exécutaient, en ce moment, dans
neuf prisons, rendit un décret pour rappeler
le peuple à sa dignité, à s on caractère et à. ses
. devoirs;, et ce décret, porté aux sections par
quarante-huit commissaires^ pris d^ns l'j\s-,
semblée, chargeai], la porqmandaat-géaéral
dé' lq "garde nationale çl 'employer tous les
moyens, et'dç 'donner t sous sa t;espor\saljilité x
toui les ordres nçcc$sqire$, pquii' que fa sûreté de?
per*f>tyte$ lyopziéiés fât vtspjectée (95).
Le 4 septembre, Santerre était à Paris, car
le conseil général de la Commune le char
geait de préparer le départ de deux cent cin
quante volontaires de Saint-Cloud et d'Ar
ches (3)~; et Roland.lui écrivit lettre cé
lèbre, à laquelle S[anterre répondait'dans les
termes çqiy^ns : ' ' :
Monsieur le ministre, ^ereçoj.sà VlQS-
tqnt votre lettre^ elle m-e somme, ait nom de
la loi, de veiller a la sûreté des citoyens. Vous
renouvelez les plaies dont mon cœur est ul
céré, en apprenant, à chaque instant,.la vio-
(i) Ibidem.
•' (2) Moniteur 4 U sep je timbre 1.792, séance du 3.
(3). Rrocès-varbqux de la Commune de Paris,
sésnce'du 4 septembr^i.
latioudeces mêmes lois, et les excès aux
quels on s'est livré.
» J'ai l'honneur de vous représenter
qu'aussitôt la nouvelle que le peuple était
aux prisons, j'ai donné les ordres les plus
précis aux commandant de hataillQûis de for
mer de nqmhf-euses patrouilles, ét aux com-
iflqqdqns dû Temple et autres, voisins de la
demeure du roi et de l'hôtel de la Force, à
qui j'ai recommandé cette prison , qui n'é-
,tait pas encore forcée.
» Je vais redoubler d'efforts auprès de la
garde nationale, et je ^Oius jure que si elle
reste d^nsi l'inerUe, mon corps servira de
hquclier au premier citoyen .qu'on voudra
insulter (l) ». .. - "
On remarquera que . cette lettre de San
terre, citée dans les Mémoires publiés par sa
famille, prouve, précisément, indépendam
ment des prooès-verbaux de la Commune,
que ^e commandant général de la garde na
tionale était à Paris, non à Versailles, le "3
septembre, ,
Çn effet, Santerre dit, dans cette lettre,
.qu'il A donné des ordres, aussitôt après la nou
velle que le peuplg était aux prisons. Or,
cette nouvelle fut annoncée publiquement au
conseil général, lé 2 septembre,. à quatre
heures précises, ains que le constate le pro-
cès-verbal de la séance, . -
■ Santerre ajoute qu'il a recommandé spé
cialement la prison de la. Force, qui n'était
pas encore forcée , Or, les documens- officiels,
dOHt la place se trouvera plus loin, .établis
sent que la Force fut attaquée du 2 au 3, en
tre minuit et une heure du matin,
j Certes, la présence de Santerre à Paria, le
2 septembre, était surabondamment prouvée
par le procès-verbal du conseil général dé
Commune; cependant, il rie nous a pas
semjyé inutile de faire observer qu'elle était
efl'oore constatée par un document signé de
(1) Moniteur du 7 septembre.
lui. "
L® S septembre, Santerre était à Paris; car
le oonss'il général V'ôï le poste des barrières, et .jîeljffy" laisser
que quatre hommes et un caporal cl). -, .
Enfin, le 6 septembre, Santerre 'était à-
Paris, car le conseil général'le charge, à
dix heures du matin, de régler une affaira
de fusils, relative à la section des Droits dô ,
l'Homme. (2)
La présence de Santerre à Paris, pendant"
toute la diirée des massacres, ne saurait,
comme on voit, être l'objet d'aucun doute ;
et les dénégations contenues.dans les Mémoi
res publiés, avec l'assentiment dé sa famille,
n'ont pas plus de fondement, que l'assurance
aVeclaqùell'eRobespierreprétepdait être res- ,
té chez lui pendant ces horribles journées.
Présent a Paris, Saûterre Teçut les ordres
les plus formels de protéger,les prisons; il
reçut,' comme nous l'avons dit, ces ordres la
2 septembre de la Commune de,Paris (3); le .
3, de l'Assemblée nationale ; le i, du minis
tre de l'intérieur. Si l'on excepte le Temple,
Santerre ne protégea rien, et les chefs de ba
taillon restèrent sans instructions.
< Deux documens, authentiqués établissent -
que Santerre n'avait pas donné d'orbes aux
chefs de bataillons de la garde £dtionale. Le
premier est le procès-verbal d'une commis- »
sion dite des Cinq, instituée au mois de ger
minal ah III, dans l.î t section de l'Unité ou:
des Quatre-NatiOiïVS, sous la présidence dô
({) 'fvoeèsrverbaux de la Commune de Paris,
a^aoce du 5 septembre.
(%} Procès-verba-jx de la Commune de Paris',
séance du 6 septembre.
(3) Dans un rapport officiel, fait à l 'Assemblée
nationale, au nom da la Commune, Tallien s'ei-
prime ainsi : « Plusieurs députations se sont suer
cédé à La Force ; et l'ordre a,'ét» donné au com«
•mandant général d'y faire transporter des détavht-
mens.— Procès-verbaux de- l 'Assemblée nationale t
1.14, p. 218,
BVItfijUll : rue du 9-Ê flerrter Tiilol»;, flO.
Y >2. -MERCREDI 7 JANTVIER,
ESSfcS'5"
prix û3 -vabonnement
pour Paris et les département:
trois mois. 12 f . | six «ois. ; 22 ».
un ah.... 40 f.
P >ocr les pats étrangehs, se. reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
s lo et 35 de chaque mois.
Les abonnement datent dés 1 M et 16
, idt chaque meit.
S'adresser, franco, pour Ici rédaction, à Mï £
Les articles déposés^ ne sont pas rendu?:
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉBAffiE, DNTVERSEL.
I On s'abonne, dans les départeméns, aux Messageries et aux Dij^etions de poSte.—À Londres, chez MNL. Cowlief fils .'- J S'adresser, fraûcoj pour l'administration , 4 M. D snain, directeur, I
v : < —A Strasbourg, chez M. A ae X andre, pour l'AHemagne. ' |Les annonces sont reçues au bureau du journal; et chez m. panis, régisseur, 10, place de la
PARIS, 6 JANVIER.
" concession ou chemin de fer
de paris à lyon.
Nous annoncions hier, comme un fait ac
compli, l'heureux accord des compagnies fi
nancières qui négociaient, avec le gouverne
ment pour la concession directe du chemin
de fer de Paris à Lyon.— Le Moniteur publie
aujourd'hui la conclusion du traité.
Enfin voici cette interminable négociation
arrivée S_ terme.; Voici enfin cette grande li
gne qui doit, sinôp supprimer, au moins tant
amoindrir la distance entre la Manche et la
Méditerranée; la voici mise envoie d'une exé
cution sérieuse et rapide. Dans l'ordre des in
térêts matériels du pays, il n'y avaitpasd'affai-
réquiprésentàtune telle importance. Il s'agis :
eâit de. donner à notre système de communi
cations à grande vitesse,leur artère principa
le, de réparer autant que possible le temps
perdu,,de. répondre au cri ses populations
agricçtlfié, industrielles, et commerciales ré-
■■ ■» - —— ■« «\nwrtmiMn r\4 mil c
rope. Il s'agissait de dispute^ à des nation?
rivales, les avantages du transit entre l'An
gleterre et lèg^des ; il s'agissait enfin d'un
plan qui, touchatf a .la bonne gestion des fi-
jumees de HKlafc
Eh bien l il nous sera permis de dire, sans
TOjulour récriminer contre un passé qui nous
semblé déjà si loin de nous, que la grandeur
et la multiplicité des intérêts engagés dans
cèli,e ^ùéstioii n'avaient pii vaincre lès len
teurs; calculées des> commissions parlemen
taires elles marchaient, par des voies dé
tournées et souterraines, à un système.dé-
plorable , celui de l'exécution, par l'Etàjt.,
-EUes n'osaient l'arouer ; elles repoussaient
en principe çe système; majs elles em
ployaient tous. les j moyens pour l'appli
quer en fait. Elles procédaient par une suc
cession de crédits provisoires, qui avaient le
double -inconvénient de ? n'altribuer que des
ressources insuffisantes aux travaux, et
d'engager de plus en plus l'État dans
une exécution' directe qui obérait le trésor
.public efr compromettait forcément, par la
lenteur de sa marche, la masse immense
d'intérêts particulier?,!et.le grand intérêt
national, si fortement attachés au: prompt
achèvement de, ce vaste ouvrage. Elles fai
saient aux compagnies des propositionsinac 3 ;
ceptables, ou bien, repoussant celles qui leur
étaient soumises, elles se réfusaient à en in
diquer d'autres. .
Ce que n'ont pu faire en trois ans les com
missions parlementaires, le gouvernementdu
20 décembrel'a-fait en quelques jours. Et on ,
peut voir, par cet acte, dans quelle bonne di
rection d'idées économiques se place le gou-,
ve 'rnement de Louis-Napoléon. Certes , . ce
pouvait être une tentation pour un pouvoir
qu'on peut appeler nouveau , puisqu'il est,
renouvelé avec des conditions si différentes
de celles où il se trouvait précédemment, ce7
pouvait être une forte tentation que de gar-»
dèr pour soi l'exécution et l'exploitation
d'une entreprise considérable qui exige l'em
ploi d' une si ^grande quantité d'agens. Par
là,ilpouvait se mettre ou jrester. en pos
session d'un puissant moyen d'influence.
Nous ne voulons accuser, personne; mais
est - ce un fait ignoré que les commis
sions parlementaires prolongeaient la situa
tion provisoire du chemin de Lyop, pour
prolonger le patronage administratif dont
jouissaient alorsquelques-un&de leurs mem
bres les pkis important Lapartie exécutée du
chemin dé P,ans à Chàlonétaiten régie transi
toire, et Quelques-uns des administrateurs dé j
cette régie pour le compte de l'Etat siégeaient
dans l'es commissions. Ils avaient la-disposi
tion d'un personnel dontil leur coûtait beau
coup de se dessaisir; Le-gouvernement de,
Lffois-Napoléon agit tout autrement : il met
l'm.térèt/pubïic^urçlessus des petits calculs
d'une politique personnelle. 11 rend à l'in
dustrie privée ce qui doit lui appartenir, et
il ouvre ainsi une large carrière d'activité à
1'indépendaneé individuelle.-Voilà de la bon
ne liberté, celle, qui laisse à l'industrie par
ticulière tout son essor.
Non-seulement le gouvernement de Louis-
Napoléon a "pu résoudre , en quelques
jours, une question qui se traînait de -
puis si long-temps au milieu des lenteurs
et des vicissitudes parlementaires et dont
la solution semblait s'éloigner chaque jour
davantage; mais, grâce au retour de là
confiance, a la renaissance du crédit pu
blic et du crédit commercial, il a pu ob-
tenirdes conditions plus avantageuses qu'on
n'eût pu jamais l'espérer, soit au point de
vue du trésor, soit au point de vue de la
prompte exécution dç cette grande ligne de
chemin de fer qui doit mettre Calais en com
munication avec Marseille.
Voici ce que le gouvernement a obtenu
dans l'intérêt du trésor. Ce n'est plus seule
ment! 00 millions, fomme dans le projet
primitif, c'est HO millions que la compa
gnie concessionnaire devra rembourser à
l'Etat sur le montant des travaux exécutés,
Inon compris -4 millions dépensés en vertu
du dernier crédit. Le paiement intégral
de cette somme sera effectué en quatre ans
au lieu de douze. Ainsi, d'ici à quatre ans,
le gouvernement sera rentré dans une som
me de 114 millions qur lui permettra de
payer la subvention de 49 millions affectée
au chemin de L} on à Avignon, d'entrepren
dre d'autres trayaux d'utilité publique, ou
de soulager la dette flottante.
Une autre clause également avantageuse
au trésor public a été introduite dans le nou
vel acte de concession : c'est celle qui oblige
la compagnie à fourpi'r gratuitement le train
spécial#estiué au transport des dépêches^
Cette clause apportera dans les dépenses de
l'Etat une économie qui mérite d'être prise
en considération. •
Voici maintenant les avantages obtenus
au point de vue de l'exécution. Le délai pour
l'achèvement des travaux est abrégé d'une
année. Ce n'est plus én cinq ans, c'est en
quatre ans que Ja ligne entière doit être
terminée et livrée à la circulation. Dans
deux ans , le chemin sera prolongé de
Chàlon à Màcon; dans trois ans,*de Màcon à
Vaise; la traversée de Lyon, sera achevée,
l'année suivante; et, comme le chemin de
ceinture autour dé Paris sera fait à cette
^époque," on pourra alors partir du Havre ou
de Calais, traverser la France dans sa plus
grarule
avoir quitté la ligne de fer.
Ce n'est pas tout. Le gouvernement a sti
pulé des conditions-, qui n'existaient pas
dans l'ancien cahier des charges, pour un
embranchement des plus importans. On sait
que le chemin de Dijon à Mulhouse a été
classé par la loi générale sur les chemins de
fer. L'administration s'occupe sérieusement
de l'exécution de la partie comprise entre
Dijon et «esançon, qui est en ce mo-
meni, dit le rapport, l'objet de proposi
tions sérieuses. Un article du nouveau cahier
des charges ppr te que, dans le cas où cette
section serait exécutée, la compagnie-.de
Lyon devrait fournir, moyennant indemnité,
Je matériel nécessaire à son exploitation;
Cette clause aura pour effet de faciliter la
concession de l'embranchement.
Enfin lé gouvernement a encore'améiioré
le projet primitif, en y introduisant une dis-,
position nouvelle dans le but d'assurer la.
neutralité du. chemin, de fer do< Paris à
Lyon à l'égard des autres lignes aux
quelles il doit faire concurrence, ou dont il
doit être la tête ou le prolongement. Cette
disposition porte que l'administration du
chemin de fer de Paris à Lyon restera indé
pendante de celle de tous les autres chemins
actuellement concédés^ e t que le conseild'ad?
ministràtion ne pourra comprendreni lespré-
gidens ni plus de deux membres de .chacun
des conseils d'administration de ces autres -
lignes. On reserve, de cette manière, les in
térêts du chemiu latéral à la Loire,quimet--
Ira un jôuFTe centre d(TTa"'F î rance en com- s
munication avec Marseille.
- ,Nous n'avons pas besoin de faire ressortir
toute l'influence que cette heùreûse solution
doit exercer sur l'ensemble des,affaires. Pour
le trésor^ c'est en quelque sorte la libération .
de nos finances, c'est l'emprunt devenu inu
tile, c'est^le budget -exonéré des énormes
dépenses que la continuation des travaux
par l'Etat lui; eût imposées. Pour la Fran
ce industrielle et commerçante, c'est le
prompt achèvement de la grande artère na-. •
tionalej delà ligne qui doit relierieNôrd et
le Midi, Calais et Marseille, l'Angleterre, et
les Indes, l'Occident et l'Orient. Pour le pays
en général, c'est le-réveil des grandes entre
prises, ce sont les capitaux reprenant confian
ce.et abordant résolument les affaires devant
lesquelles ils reculaient depuis trois ans,
c'est le crédit sortant d'une longue'léthargie
et nous promettant une nouvelle ère de, tra- ,(
vail et de prospérité. - F. boilat.
Nous avons reproduit e matin la répense ;
adressée par M. de JVIorny au préfet de Ja
Seine, au banquet de l'Hôtel-de-Ville- Dans
sa courte improvisation, M. de Morny a dit
cesjïiots.i.« VoajiifiBiHt«eroBteataucés- ! Ce pQa~-ir
voir.dont vous souhaitez l'affermissement sa
consolidera, car dans tous les événemens qui
viennent de s'accomplir se montre le doigt
de la Providence, etlà Providence ne fait pas .
les choses à demi. » ■
Par ces simples paroles, nous l'osons dire; '
M. de Morny, .c,'est-à-.dire celui qui a pris : '
tant de part à l'acte de courage et de salut
public accompli par Louis-Napoléon', n'a
pas seuleménl prononcé une action de grâ
ces en quelque ' sorte personnelle, il a ex
primé le sentiment, la foi d'un peuple. 1
En effet j quelle miraculeuse.' transforma
tion que celle dont la France ^présente-le.
spectacle ! Une nation tout ' "éiMère qui
semblait sacrifiée au-génie,du crimê etjlu
mal, qui semblait appartenir fat&lemçûfeàiif
•la plus odieuse anarchie, rendue tout
coup à elle-même, et se r.ec{)nslituàr|t:jàr
une soudaine unanimité, s'^us- unb-fiiuSo -
rité tutélaire! Tant et de si terribles divisions
la veille, et le lendemain uu'e .si étonnante
union de sept millions çt demi de.citoyens
dans un même vote ! Tant de terreurs hier, et '
tant de confiance auj ourd'huï!, A. : ia menace
d'une effroyable oppression succède la joie
le travail et dans le crédii l Et, maintenant,
sort de partout une renaissance inespérée.
Voilà lés .effets; et par quels moyens a-t-il
fallu passer pour les obtenir ?;
Un coup a été frappé,. le plus hardi^eut-
être qui soit parti d'une main humaine. Tou
tes les chances de la défaite semblaient écri- '
tes dans l'apparente témérité de. l'acte.. Le ;
sauveur de la patrie avait pour ennemis tous
ceux qu'un si noble but aurait dû lui donner '
pour auxiliaires.-Il se confie en la générositéde
sa tentative, et il agit! Son action se porte sur
tant, de choses à la fois et d'une exécution si
difficile, qu'il est impossible de concevoir
qu'une foule d'accidens ne la viendront pas .
contrarier et anéantir. Eh bien ! non. Tout
réussit sur tous les points du vaste espace '
où le coup porte. Et enfin celui qui a com
mencé seul contre tous les partis, finit son
oeuvre avec un peuple tout-entier.
En face d'un, événement si prodigieux,: la.
raison humaine s'humilie devant la foi. Non,
les hommes, quels que soient leur courage .
et leur prévoyance," n'accomplissent pas tout
seuls de tels ouvrages : il y faut un secours,
divin. La parole du ministre est vraie : le
doigt de Dieu est dans ces grands événe
mens; et ce que nous mettons en exergue ;
sur nos monnaies, doit, être la foi de nos
cœurs : Dieu protège la France !
• . . F. BOILAT.
.J
•s
Hiei^ au moment où le Président de là Ré-
^^Mque^^.^riive aux Tuileriesj toupies
î maifes invités au bànqiieï ôjnrformé la nàiè,
et Je Prince a échangé quelques paroles avec
plusieurs d'entre eux. Se xournant vers le
maire d'Epinal, qui lui avait adressé, à la ré
ception de jeudi, quelques paroles que nojus
avons rapportées, M. le Président lui a de
mandé de quelle ville il était maire : M. le
maire a répondu : a Prince, je suis maire
des Vosgiens. » Et, poursuivant : « Prince,
puisque" j'ai le très grand honneur de me
. retrouver en votre présence, vous me per
mettrez d'ajouter quelques mots à ceux
que j'ai eu le bonheur de prononcer lors de
la réception du 1" janvier :. c'est de vous
supplier de conserver aux actes à venir de
votre gouvernement l'énergie et la fermeté
qùi ont caractérisé ses premiers actes ; car,
prince, vous le savez mieux que moi, la fai
blesse a toujours perdu tous les Etats. » ;
Le Président a répondu : « Monsieur le
maire, j'approuve vos pensées, et mon in
tention a toujours été de réunir dans mes
, actes la justice et la ferme té. »
Après le dîner, petidant lequel aucun dis
cours n'a été prononcé, tous les convives sé
sont pressés autour du chèf dé l'Etat qui a
été bientôt tellement entouré- et. accablé de
demandes dans l'intérêt des localités, repré
sentées dans la:réuniop,;qu'il -lui était im
possible de répondre à tant dè réclamations
accompagnées des vivats de ceux qui ne pou-,
; vaient s'approcher assez du prince, pour lui
' ■■ * " Ui '* - .
v hjii maire a élevé, alçrs la voix : Vous criez
vive .Napoléon ! a-t-il dit, et vous l'étouffez.
Nous ne sommes pas ici, d'ailleurs,. pour
faire valoirnosdemandes particulières, mais
pour exprimer le vœu de la France.
- « Je vous remercie, Monsieur le maire, a
dit alors Louis-Napoléon. J'aurais voulu
pouvoir m'entretenir avec,,tous vos .collè-
• gûes, mais ils en voient l'impossibilité..» .
Quelques instans après, vers, neuf, heures
et"demie, le Président a quitté les Tuileries.
À dix heures, tout le monde était retiré.
La nouvelle des événemens du 2 décembre
a causé aux Etats-Unis la sensation la plus
profonde, et, pou r prendre^es |érxnes. mê
mes d'une feuille de. Npw-Yç»rifj une indici
ble émotion. Tous' les journaux américains
constatent à la fois qu'il èn est résulté
. une immédiate et complète. suspension de
toutes les affaires. Toutes tel transactions se
sont arrêtées : à la bôifrse ;^dans les tribù T
naux, dans les rues, 'pslrtoîiVil : n'a plus été
question que de « la nofiyellé-révôlULion de
France.» ; . .
L'émotion a été d'autanfplus yive,^ue cette
. nouvelle,, déjà surprenante parcelle-même,
est arrivée à New-X'o'rk : sous une forme en
quelque- sorte éHtgm?tiqàe^'^pap?«ne^ilépê-
che télégraphique", de trois lignes, expédiée
d'Halifax à l'arrivée dp la malle de Liver-
■ pool. Les journaux et les lettres apportés
à New-York:même, le lendemain,-par l'Eu-
ropa, n'ont pu satisfaire'Fardente curiosité-
éveillée par cette dépêche,; ti)r tous les récits
s'arrêtaient à la soirée du S-décembre. On
ne savait donc aux Etats-Unis absolument
rien de l'éclatante adhésion donnée immé
diatement par la France aux actes du
Aussi, pendant que public américain atV
tendait avec une impatience fiévreuse,, l'ar
rivée du bateau à vapeur le Baltic, les jour
naux, obligés'de parler d'après les données
les plus values et les plus ineerlaines se
sont-ils lancés, dans la voie des conjectu
res; Toute la portion de la presse améri
caine qui sympathise avec M. Kossiîth et la
démagogie du vieux mondé, a fait assaut de
colère et de déclamations. On a salué lesévé-
nemens du 2 décembre comme llaurorede la
révôlûtioù^eurôpéennej;on a pronostiqué le
renversement du gouvernement, la ruine du
parti de l'ordre, et l'explosion d'une guerre
civjle qui, après.avoir fait triompher le so
cialisme en France, établirait solidementson
empire dans toute l'Europe. :
"D'aùtrés journaux, au contraire, n'ont pas .
hésité, à éxprimer toute leur approbation, et
à prédire le succès complet du gouverne
ment français. Plusieurs, au milieu de leur
surprise, ne dissimulent .pas l'éblouisse-
,ment que -leur cause, ce. grand acte d'ini
tiative et d'énergie. La démocratie- améri
caine comme toutes les démocraties, à ^ne^
certaine faiblesse pour t.out ce qui porte
un cachet: de force et de grandeur ; et
ce qui lui paraît le plus digne d'admi
ration dans :les actes du 2 décembrej ce
n'est pas la; résolution avec laquelle le
pouvoir s'est mis en traverg de la déma
gogie pour assurer le' salut de_ la France,
c'est la hardiesse de l'entreprise, l'énergie"
del'exscution et, comme le dit un journal
« le nerf dontJle iPrésident a fait, preuve, et
la belle 'exécution de la besogne. » Au.nom
bre de ces. derniers journaux, se trouve le
Herald de New-York, qui s'exprime en.ces ter-,
mes : « Cromwell, en dissolvant le long parle-
» ment, n'apas faitpreuve d'un plus plus,haut
» degré de brillante audace que. Louis-Napo-
» léon dans ce coup d'E tat. La discrétion con-
» somméeavec laquelleses plans ont été com-
» binés, n'est surpassée que par .l'habileté
» magistrale et l'intrépidité, avec laquelle ils
» ont été appliqués. Ce mouvement, dans
» son ensemble, est digne de l'indomptable
» courage du grand Napoléon. Pour domp-
» ter l'opposition de l'Assemblée et met-
» tre de côté, la Constitution il fallait l'ac-
plus prompte ét la plus résolue
» au service d'un ensemble de mesures de
» précaution les plus soigneusement com-
•'» binées. C'est ce-qui £.eu lieu; ».. '
On se doute que M. Eossuth a été plus sur- I
pris et plus ébahi que personne par les nou-J
velles de France.M. Rossuth, après avoir com- i
mencé sa collecte de dollars, et adressé dans |
un cinquante et unième discours ses adieux à
la ville de New-York, sepréparait à se rendre |
à Washington. Déjà Mme Kossuth et une
partie de la suite du dictateur avaient pris le .
chemin .de fer dePhiladelphie, quand est ar-r
rivé l'Europa. M. Kossuth a immédiatement
différé son départ, et il. est demeuçéi.iùco-,
gnito à New-York pour ,at|tjndre l'arrivée du
Baltic. Suivant les nouvelles 'qûe lui appor
tera ce bâtiment, M. Kossuth se proposait de
retourner immédiatement en Europe ou de
reprendre.son voyage: à Washington. Nous
ne doutons pas que M. Kossuth ne soit en ce
moment à Washington. :
CUCHEVAL-CLARIGNY.
réduire à néant les rêveries et les machinations
révolutionnaires tant èn France qu'en Angleterre
et dans le monde entier. » . ;
ACTES OFFICIELS.
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
RAPPORT A M. LE PRÉSIDENT SE LA RÉPUBLIQUE.
Paris, le 3 janvier 1852,
Monsieur le Président, » -
Une loi du 3 février 1831 'a ouvert au ministre
de l'agriculture et du commerce un crédit extra
ordinaire de 600,000- fr., destiné'à encourager,
dans les communes qui en feraient la demande, la
création d'établissemens modèles de bains et la
voirs publics gratuits oiià'prix réduits. "
En exécution dei'articie-2 de cette loi, une com
mission spéciale a:'été'instituée'pour l'examen des •
demandes qui pourraient être présentées" par le3
communes, les bureaux de bienfaisance et : -auïres J
étàblissemensd'utilité publique; .
Des instructions'ont^ été adressées à MM': 1 lés pré- *!
feti pour qu'ils eussent à donner la plus grande
publicité aux dispositions bienfaisantes de la loi, '
et un avis inséré au Moniteur a appelé l'attention
des communes sur le bénéfice qu'elles en pouvaient
recueillir >
Pour faciliter l'étude des-projets, l'administra
tion a fait en même temps déposer dans chaque'
chef-lieu de préfecture, de sous-préfecture, "et dans- 1
les " archives des -chambres-de- commerce ét 1 des* '
chambres consultatives des' arts et manufactures,*', 1
lin p.xsmnlairp.: H 'i U ip rnHi'ptijin ■ rfo • finoniTn»w
un exemplaire d'unie collection de documens^et'/
plans recueillis en Angleterre, cohcernant lè's prîn^ l:r '
cipaux établissemens de bains' et lavoirs : pubUes;'y 1 '
On np nAiivflif mpnnnnaîtrcv
lt J iÏ27£
Un journal anglais (Félix Farley's BrûiotV
Journal) publie sur la situation actuelle dé jà"
France un article auquel nous empruntons
les passages suions ;
i Le succès de Louis-Napoléon -est' maintenant
hors de question. Qu'il y ait au d 'hors quelque
incertitude sur les véritables causes de ce' grand
changement, toujours est-il que dette'incertitude
n'existe pas en France. Le peuple de France sait
parfaitement le pourquoi de cette méporabje élec
tion du ai-décembre. Les Français disent ; Ce que
nous avons voulu, c'est quelque chose-qur nous
sauve des horreurs du socialisme et de la répu-'
blique rouge, quelque chose' qui • mette fin à la
perpétuelle-agitation d'un gouvernement qui n'est
pas solidement assis. ■ u - "
» Dans tout ce que nous voyons s'accomplir ac
tuellement en France, il y a, ce nous semblé, bien
_i .1 ■ >.»■*, .. li.- i. •.».. . t*
républicanisme, admet pourtant que l'arrêt est
rendu, et que -le triomphe du présent gouverne
ment de Louis-Napoléon est oomplet,"
: » Quand nous considérons Isi marche naturelle
des choses 1 révolutionnaires, nôus ne;iriettons pas
uu seul ' instant en doute que si d'ériergiqties' ef
forts ne sont très promptement faits pour résister
à la pression du dehors, nous serons entraîne^
nous-mèmesdans tous les màux auwuelsla f rail-:
ce a échappé le 2 décembre. Nous permettons'à" la'
bande maudite des révolutionnaires proscrits'
tousles pays de l'ÈurQpé,-de'4bnner chej'pQù.g car-'
rièr-e : à 'sa malignité sanguinaire et de ooni'bine'r
ses détestable? prcyét5| «ans le'bùt ,de' renverser,
tons les goùverriemens, y jsortiprls ' lé 1 gouverne-
rpent de l'Angleterre; Par leur conduite chez nous,;'
ces hommes nous font haïr au dehors et nous met-,
tent èn péril au dédans. Nous demandons que l'a*
lien-act soit rémis en vigueur^ Nos gc^xernans
auront-ils le courage de le proposer?
» Ea.cqr? un© fois, nous avons bien
plus 4'e?péï^tices que f dé, craintes pour la Franoe,
I^ous regarderons le coup d 'Etat du % décembre
comme une bénédictio.p.qucielj s'^la.pawf eflijtdS"
-, lu < VI1M \ ,
*On ne pouvait méconnaître l'utilité des créations ,
que le gouvernement -'signalait à la sollicitude des "
administrations, locales. Il S'agit, en effet» de. pré^ '
server les populations ouvrières des.-incoiHténiens
graves, au point de vue hygiénique et de ^lubr'P : •
té, qui résultent du lavage et du séchage du linge .
dans leurs habitations ; il s'agit-encore de répan- '
dre et de développer, parmi ces populations/ (lont
les intérêts préoccupent à si juste titre l'adtninis-
trationy des habitudes qui, en même temps qu'elles -
contribuent à la conservation de la santé, ne sont ,
pas sans influence sur la moralité finème. .
Un certain nombre de communes ont flépondu à
cet appel. Plus de-soixante demandes d'importance
diverse ont été produites ; elles -intéressent un cer-;
tain nombre de villes,*; telles que Lille, Mulhouse, . ;
Foix, Albi, Angers, Epinal, - Montpelliery Guérètj 1 ;
Nantes; le plus grand nombre se rapptfl-tfrà-èfe'pV ,
tites localités.industrielles ou rurale3. Enfin, Paris,
qui semblait être resté-en retard, a produit, depuis
quelques jours seulement, deux projets sur une vaste •
échelle. Mais les communes paraissent, en général, C
n'avoir pas compris suffisamment que les établisse—
inensdontla loia voclu encourager la création doi
vent . pouvoir, ôtre considérés comme modèles,, au '
moins sous quelque rapport. Pour que la loi sur les v
bains et lavoirs produise-tous les résultats qu'oireit
endroitd'enattendre,ilsemblenécessaire d'adresser" '
de;nôuvelles • instructions aux communes. Le mi- -
nistère de l'agriculture fit du Commerce a faitprë- *
parer-et vas transmettre dans lès dé;jartemens, à
titre de spécimen, de nouveaux plans" établis sur
,dee échelles variées, plus modestes et plus confort
mes\ttux prgeétlés
cote modifier ces projets suivant les convenances
locales t les usages et le climat. Il a paru également
utile» de confier à un agent- dévque et intelligent, "
déjà chargé, à raison d'autres fonctions, de par- '
courir les difterentes parties de la France, la mis- *
sion de faire comprendre aux communes le sens et,
la portée de la loi, ainsi que son influence salutaire
sur- le bien-être des populations "laboriéuses.
Enfin,'- une des. causes qui' se sont opposées à
l'emploi immédiat du crédit pour 1831, a été la
limite posée par le paragraphe 3 "de l'art. % 4c la
loi du 3 -février, qui interdit gouvernement.
d'accorder des subventions excédant la somme de.
20,000 fr; Cette restriction, fâcheuse dan? certains
cas/ n'était nécessaire pourTancun, puisque les
communes, obligées par la loi même à concourir r
pour les deux tiers aux {irais des établissemens sub-
ventionnéSj soht évidemment intéressées- à n'en",
point esagerer là dépense ; a y a donc, lieu de la ,
supprimer, et de maintenir seulement la condition
èn vertu de laquelle la subvention do l'Etat ne
devra jamais dépasser le tiers de la dépense totale,"
Pour -réaliser- 'les • -vues qùe je'viens d'exposer-,*,...
l'administration a ' he.swn d'être autorisée à cm- r
ployer, dans le. «ours de l'année 1882, la somme
de 590,584 fr. 93 c., fermant le reliquat du crédit
spécial de 600,000 fr. qui avait'eté ouvert au mi-»"
nisire de- l'agriculture, et du, commerce sur l'oxer«
cice J; - "î <
Tel^Bst le but du projet de décret que j'ai l'hon
neur Monsieur le Président,'de soumettre à votre
signature, . .. ... ;
Je suis, avec le plus profond respect, u:
Monsieur le Président,,.
Votre très humble et très ôbéiasant serviteur,
Le ministre de l'agriculture et
• _ du c&mmerce, -
„ ;-, N. LEFEBVKE-DURUFIÊ.
.. . -•--Àc-KOll'*Dt/:*Mifpi^ ,: FJR'^NÇAIsï
Le Président da la République, '"
> Dédète-;-j m» tw• >m
J-js»
FEUILLETON DU COSSTiTUTlOMEl, 7 JASÏ.
HISTOIRE
. - , fpisQDEàr
Révoliitlon ta aoAI<
; — Massacre» de septeuibrr. —
ISiabllsscmeiit de la Convention
XES ATJTEPH4- PES MASSACRES DE
SEPTEMBRE.9ANTEBRE.
auteurs ou complices des massacre* da septem
bre ont tous ni« leur participation. Vie de San*
terre publiée par sa famille. — Es ouse-apportée en?
. faveur de Santerre. — Il aurait été âbsent. —i- Pré-,
sence de Santerre à Paris le S, le 8, le A, le 5 et le
6 septembre..-i— Ûrdrés .qu'il reçoit de; protéger
les prisonniers. -- Il nie les exécute pas. — Il ne
donne pas d'ordres aux chefs de bataillon de la
garde - nationale.-—- Preuves authentiquei de ce
fait -t-Jl y avait assez de troupes ,à Paris peur em-
- pêcher lés massacres. — Aperçu de ces troupes. —
Complicité des section» de Paris. — Pensée des
massacres révélée dès le 38. août, annoncées dès lo
30. — Dénégations de MM. Marrast et Dupont. —
Opinion de M. Michelet, favorable.à la prémédita
tion' des massacres. — Robespierre, Tallien, Dan-
Ion, -Fabre et Marat font sortir leurs amis. Com-
ihission dé permanence pendant les massacres.
LXXVII.
Tous ceux qui, directement ou indirecte
ment, participèrent aux massacres de septem-
i *. La reproductioa est interdite.
bre, suivirent exacteihent la même conduite.
Au milieu de l'exaltation du moment, ils com-,
mirent froidement le crime ; lorsque l'hor
reur de la France et de l'Europe éclata sou
dainement contré ce forfait, ils le désavouè
rent. Ainsi avaient fait Robespierre, Marat et
Petion ; ainsi fit Santerre. -
Une Vie de Santerre, publiée d'après les
dacumens originaux laissés par lui, et d'a
près les notes d'Augustin Santerre, son fils'
aîné, s'exprime ainsi, qù sujet des massacres
« On fit à Santerre l'honneur de penger qu'il*
pourrait en contrarier l'exécution, il fut
éloigné. On lui donna l'ordre de se rendre »
Versailles, pour y passer en. revue des gardes
nationales. Il ne dut revenir à Paris que le
A septembre (i). »
D'abord on observera qu'avoir été absent
de Paris, le 2 et le 3 septembre, ce ne serait
pas une^excuse suffisante pour Santerre, car
on massacrait encore à Ja Force le 7 îiu
matin, ainsi que le prouve un procès-verbal
authentique,qui trouvera sa place plus loin,
i Ensuite, cette revue de gardes nationales,
passée par. Santerre à Versailles, et le tenant
éloigné le 2, le 3, et une partie du 4, est,
malheureusement pour lui, une fable, com-
plètemejat. détruite par les prpcès-yerbaux.
au conseil général de la Commune et de) ! AS;
semblée nationale.
La présence de Santerre à Paris, le 2,1e
3, le 4 ; ie 5,le 6 septeipl}rp, est officiellement
constatée. ,
Et non-seulenaent Santerre était, à P^ris
pendant les massacres, mais il reçut, comme
commandant général (Je la gapde nationale,
des ordres, formels de protéger les prisons,
Il reçut ces ordres, de la Commune, le 2
septembre ^de l'Assemblée nationale , le 3 -,
du ministre de l'intérieur, le 4. Santerre
n'en ejécuia aucun ; car nous produirons le
7 (i) A. Carro, Santerre, général de la République
française, p* 124.
témoignage des officiers des sections dans
lesquelles se trouvaient l'Abbaye et la Force;
et ces officiers déclarèrent, pendant la durée
des'massacres qu'ils n'avaient pas d'ordres
pour les empêcher.
Le 2 septembre, à quatre heures dusoîr (1 ), ■
on. vient , annoncer au conseil géné/al de la
Commune de Paris, que la foule commençait
à pénétrer dans les prisons. Le conseil prend
immédiatement des arrêtés pour faire élargir
les prispnniers pour dettes, les prisonniers
)Qup îiiQis de qouprices, et fait ouvrir lès
j'ortes de Sainte-Pélagie. Santerre, présent à
'Assemblée, annonce qu'il va envoyer de la
force armée au Temple (2). »
Lé même jour, 2 septembre, à huit heures
du soirj Santerre assiste , à la mairie, chez
Peîion, à un congeil sur les'efpiires présent
tes, avec Servan, Roland.et Danton (3). -
Le même jour, dans la soirée , Santerre
prend la parole; au conseil général, et fait
voter la liberté ' d'entrée et de sortie , aux
barrières, pour toutes les personnes du de
hors qui apporteront des comestibles et des
objets de première nécessité (4). '
• Enfin,le'mônje jour, â.septe'nibre, au mo- ,
ment de lever la séance du soir, lè conseil
général rend;cet qrrèté : « Af. le comnjan-
(I) C'est sans aucun fondement que MM. Mar
rast et Dupont, les Fastes de la Révolution, t. i,
!>. 337, en-reproduisait le passage du Prorès-ver-
>al de la Commune, où il est dit : Un officier de la
gardji nationale apporte la notfve'le... que Iq fairfe
commence à pénétrer, dans les prisons, le font'pré-
cé4er de ces mots : ven six heures.
, Cgs .mots ne se trouvent pas d?ns le tpxte -
procfesaverbal, et c'est à quatre heures précises du ,
soir, au mjDment où s'ouvrait» la séance, que la
nouvelle des'massacres parvint au Conseil général.
- (2) Procès-verbaux de la Commune de Paris,
séance du 2 septembre au soir.'
(3) Ibidem.
(|) Pfocis-verbaux de la, Commune de'. Pqri§,
séance du ? gepfèmbFe au soip.
dant général est autqrisé à envoyer .de nom
breux dôtachemens autour du Temple et des
prisons (i).
On lé voit ; Santerre ne passait point des
gardes nationales en revue, à Versailles^ le 2
septembre. Santerre était à Paris, au sein du
consgjl,général de la Commune, et au sein
du èonâeil "Ses ministres, tenu à la mairie ;
Santerre assistait aux commencenjeps
Yille q lq iiqqirie, il avait dû nécessairement
enjamber les. cadavres des prisonniers du
Chàtelet et de la Conciergerie, que les lueurs
dépouillaient sur le Pont-au-Change, sur de
Pont-Neuf, ét dans la grande cour du Palqis.
Le 3 septembre, Santerre pt^t àftyris,' chf
l'Aisernblée nationale, épouvantée des mas
sacres qui"s'exécutaient, en ce moment, dans
neuf prisons, rendit un décret pour rappeler
le peuple à sa dignité, à s on caractère et à. ses
. devoirs;, et ce décret, porté aux sections par
quarante-huit commissaires^ pris d^ns l'j\s-,
semblée, chargeai], la porqmandaat-géaéral
dé' lq "garde nationale çl 'employer tous les
moyens, et'dç 'donner t sous sa t;espor\saljilité x
toui les ordres nçcc$sqire$, pquii' que fa sûreté de?
per*f>tyte$ lyopziéiés fât vtspjectée (95).
Le 4 septembre, Santerre était à Paris, car
le conseil général de la Commune le char
geait de préparer le départ de deux cent cin
quante volontaires de Saint-Cloud et d'Ar
ches (3)~; et Roland.lui écrivit lettre cé
lèbre, à laquelle S[anterre répondait'dans les
termes çqiy^ns : ' ' :
Monsieur le ministre, ^ereçoj.sà VlQS-
tqnt votre lettre^ elle m-e somme, ait nom de
la loi, de veiller a la sûreté des citoyens. Vous
renouvelez les plaies dont mon cœur est ul
céré, en apprenant, à chaque instant,.la vio-
(i) Ibidem.
•' (2) Moniteur 4 U sep je timbre 1.792, séance du 3.
(3). Rrocès-varbqux de la Commune de Paris,
sésnce'du 4 septembr^i.
latioudeces mêmes lois, et les excès aux
quels on s'est livré.
» J'ai l'honneur de vous représenter
qu'aussitôt la nouvelle que le peuple était
aux prisons, j'ai donné les ordres les plus
précis aux commandant de hataillQûis de for
mer de nqmhf-euses patrouilles, ét aux com-
iflqqdqns dû Temple et autres, voisins de la
demeure du roi et de l'hôtel de la Force, à
qui j'ai recommandé cette prison , qui n'é-
,tait pas encore forcée.
» Je vais redoubler d'efforts auprès de la
garde nationale, et je ^Oius jure que si elle
reste d^nsi l'inerUe, mon corps servira de
hquclier au premier citoyen .qu'on voudra
insulter (l) ». .. - "
On remarquera que . cette lettre de San
terre, citée dans les Mémoires publiés par sa
famille, prouve, précisément, indépendam
ment des prooès-verbaux de la Commune,
que ^e commandant général de la garde na
tionale était à Paris, non à Versailles, le "3
septembre, ,
Çn effet, Santerre dit, dans cette lettre,
.qu'il A donné des ordres, aussitôt après la nou
velle que le peuplg était aux prisons. Or,
cette nouvelle fut annoncée publiquement au
conseil général, lé 2 septembre,. à quatre
heures précises, ains que le constate le pro-
cès-verbal de la séance, . -
■ Santerre ajoute qu'il a recommandé spé
cialement la prison de la. Force, qui n'était
pas encore forcée , Or, les documens- officiels,
dOHt la place se trouvera plus loin, .établis
sent que la Force fut attaquée du 2 au 3, en
tre minuit et une heure du matin,
j Certes, la présence de Santerre à Paria, le
2 septembre, était surabondamment prouvée
par le procès-verbal du conseil général dé
Commune; cependant, il rie nous a pas
semjyé inutile de faire observer qu'elle était
efl'oore constatée par un document signé de
(1) Moniteur du 7 septembre.
lui. "
L® S septembre, Santerre était à Paris; car
le oonss'il général
que quatre hommes et un caporal cl). -, .
Enfin, le 6 septembre, Santerre 'était à-
Paris, car le conseil général'le charge, à
dix heures du matin, de régler une affaira
de fusils, relative à la section des Droits dô ,
l'Homme. (2)
La présence de Santerre à Paris, pendant"
toute la diirée des massacres, ne saurait,
comme on voit, être l'objet d'aucun doute ;
et les dénégations contenues.dans les Mémoi
res publiés, avec l'assentiment dé sa famille,
n'ont pas plus de fondement, que l'assurance
aVeclaqùell'eRobespierreprétepdait être res- ,
té chez lui pendant ces horribles journées.
Présent a Paris, Saûterre Teçut les ordres
les plus formels de protéger,les prisons; il
reçut,' comme nous l'avons dit, ces ordres la
2 septembre de la Commune de,Paris (3); le .
3, de l'Assemblée nationale ; le i, du minis
tre de l'intérieur. Si l'on excepte le Temple,
Santerre ne protégea rien, et les chefs de ba
taillon restèrent sans instructions.
< Deux documens, authentiqués établissent -
que Santerre n'avait pas donné d'orbes aux
chefs de bataillons de la garde £dtionale. Le
premier est le procès-verbal d'une commis- »
sion dite des Cinq, instituée au mois de ger
minal ah III, dans l.î t section de l'Unité ou:
des Quatre-NatiOiïVS, sous la présidence dô
({) 'fvoeèsrverbaux de la Commune de Paris,
a^aoce du 5 septembre.
(%} Procès-verba-jx de la Commune de Paris',
séance du 6 septembre.
(3) Dans un rapport officiel, fait à l 'Assemblée
nationale, au nom da la Commune, Tallien s'ei-
prime ainsi : « Plusieurs députations se sont suer
cédé à La Force ; et l'ordre a,'ét» donné au com«
•mandant général d'y faire transporter des détavht-
mens.— Procès-verbaux de- l 'Assemblée nationale t
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