Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1849-12-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 décembre 1849 22 décembre 1849
Description : 1849/12/22 (Numéro 356). 1849/12/22 (Numéro 356).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
SAMEDI 22 DECEMBRE 1849
NUMERO 356.
prix se i.'abonnement:
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14 P.
28
56
TROIS MOTS..
SIX MOIS.
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11 F.
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22
32
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un
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*On s'abonne dans les départemens, aux message
ries ëf aux directions-des postes. A Londres, chez
MU. CowiB et pils . A Strasbourg, chez A lexaborb ,
^pour l'Allemagne.
t S'adresser franco, pour la'rédaction,
à M. EONIFACB.
Les articles déposés ne sont "pas rendus.
PARIS, 21 DECEMBRE.
Ecoutez les socialistes. Ils ne parlent jour
nellement que de leurs progrès et de leurs
conquêtes, ils s'adjugent à courte échéance
l'empire du monde. Nous trouvons juste qu'a
verti par ces vanteries et» ces menaces, le
gouvernement fortifie les lois pour surveiller
et pour contenir cette propagande, et qu'il
ne laisse pas enrôler au service des adver
saires de la société les employés que celle-
ci rétribue pour sa défense. Le gouverne
ment est le gardien du pays, il ne doit pas
fermer l'oreille au cri d'alarme. Les jactances
de ses ennemis, si exagérées qu'elles soient,
sont pour lui une exhortation à prendre de
nouvelles sûretés contre eux.' Mais s'il est
bon que le gouvernement ne se confie pas
imprudemment, il faut aussi que l'opinion
publique ne s'inquiète pas outre mesure. Dans
ces prétendus progrès que fait sonner si haut
le socialis/ne, il faut faire la part des fanfa
ronnades. Cette part est très grande ; car la
tactique de ces révolutionnaires est de se dé
clarer forts dans l'espoir de le devenir, et
de recruter des adhérens par l'intimidation
qu'ils leur inspirent. Qu'on se garde donc
bien de prendre au pied de la lettre, les
statistiques enflées qu'ils nous donnent de
leurs progrès.
11 y a une chose qui peut aussi mettre les
bons citoyens en garde contre des craintes
exagérées : c'est que le socialisme ne fait que
des conquêtes très éphémères, et que lé jour
de sôn aggrandisSement a pour lendemain
sa décadence. Une partie du remède est
dans le mal lui-même. Voici comment. Si le
socialisme égare facilement les populations
par le mensonge de ses promesses, il les dé
sabuse encore plus vite par ce qu'il y a de
réel, de désastreux, de presque immédiat
dans les effets dé sa propagande. Là où le so
cialisme gagne du terrain, en prophétisant
un bien-être indéfini pour l'avenir, là misère
vient; là où il perd du terrain, elle se retiic,
et le mouvement de la prospérité publique
recommence.
Il y a maintenant un renseignement sur le
quel on est d'accord en ce qui touche la mar
che progressive ou rétrograde du socialisme
en France; le fléau diminue d'intensité dans
les villes, il augmente dans les campagnes.
Cela signifie que là l'expérience est faite, et
qu'on sait ce que la chose vaut ; qu'ici l'expé
rience est à faire, et qu'on ne voitencore que
ce qu'elle promet. Aussi qu'arrive-t-il? que
les populations ouvrières des villes, devenues
réfractairés au socialisme, retrouvent l'aisan-
cè avec le travail, et que les populations ru
rales, cédant* l'action de ce prosélytisme fu
neste et heureusement passager , recueillent
la gêne et s'a'ffaissent sous l'encombrement de
leurs denrées invendues.
Il est bien facilé de se rendre compte de
ces deux effets en sens contraire. La prédica
tion 'socialiste, de quelque secte ou de quelque
école.qu'elle émane, c'est l'appel à une révo
lution immense,, à une refonte de fond en
comble ët en bloc, de toute l'organisation so
ciale; c'est donc une menace à quiconquo
possède. Plus la prédication réussit, plus le
capital est effrayé; il se cache, il s'expatrie,
il ne circule plus ; le moteur s'arrête, toute la
machine industrielle et commerciale est frap
pée de paralysie. Les travailleurs sont les vic
times du socialisme auquel ils se livrent. Au
cune partie de la France n'a subi cette doulou
reuse épreuve plus complètement que Paris.
Les ouvriers de cette capitale, placés aux sour
ces même de cette hérésie à" tarit" de faces, en
contact avec ses docteurs ou plutôt ses pré
tendus messies, inondés de ses écrits, fana
tisés par sa parole, l'ont embrassée avec le
plus fatal entraînement. Ils ont passé par
toutes les déceptions, associations ouvrières
destinées à détruire toute hiérarchie, ateliers
sociaux, ateliers nationaux, rêves du crédit
gratuit. Ils ont sacrifié momentanément le
travail qui fait vivre, à toutes ces chimères
qui ruinent. On sait les malheurs qui on ont
été la suite : le chômage universel, là détresse
du trésor, la détresoe des particuliers, les
insurrections, la guerre civile. Ces maux ont
été immenses.
Mais plus la population de Paris a souffert,
plus elle est guérie : le désabusement des ou
vriers a ramené la confiance; la confiance a
réveillé l'esprit d'entreprise. L'industrie, tirée
de sa langueur, a repris un essor inouï, com
me pour regagner le temps perdu. Aujour
d'hui, ce n'est plus le travail qui manque
aux ouvriers, mais les ouvriers qui man
quent au travail. Les salaires sont en hausse,
Paris est dans l'aisance. Le même phénomè-
me se produit dans un grand nombre de ci
tés manufacturières. Aussi dit-on partout
que le socialisme perd du terrain dans les
villes. Nous le croyons bien.
Mais il en gagne, ajoute-t-on, dans lescam-
pagnes.C'est possible. Aussi la leçon'commence
pour elles. Les cultivatèurs qu'on prétend
être socialisés en assez grand nombre, ne
vendent pas leurs produits. Sans doute l'a
bondance des différentes récoltes, qui a ame
né l'avilissement des prix, est pour beaucoup
dans le malheur de leur situation. Mais qui
ne sait que; dans les temps ordinaires, le bon
marché des produits provoque la spéculation,
qui, profitant des bas cours, achète pour gar
der, et attend pour revendre à bénéfice? Mais
la spéculation, c'est la confiance, qui fuit tou
jours devant l'invasion du socialisme. Dans
les villes, le socialisme chassait le travail de
l'atelier; dans les campagnes, il a pour ré
sultat de faire rester les denrées en magasin,
parce qu'il éloigne les spéculateurs qui an
ticipent sur les besoins de la consommation.
Voilà le bienfait que la propagande sociale,
par ce qu'on raconte de ses succès,procureàla
population rurale. Les cultivateurs s'aperce
vront de ce résultat, comme s'en sont' aper
çus les ouvriers des villes, et, comme ces
derniers, ils ne tarderont pas à se détacher
d'une erreur qui est la cause de leur détresse.
Quand .ils cesseront de faire , du socialisme,
ils recommenceront à vendre, de même que
les ouvriers des villes ont recommencé à tra
vailler, quand ils ont cessé de faire du so
cialisme.
Qn comprend que l'Assemblée, après les
neuf séances qu'elle vient de consacrer à la
question dë l'impôt sur les boissons, se trouve
en face d'un arriéré assez considérable; aussi
a-t-elle dû s'occuper aujourd'hui^ projets
urgens, et dont le vote ne pouvait souffrir de
retard.
Le premier consistait à ouvrir à M. le mi
nistre des affaires étrangères un crédit de
1,150,000 fr., pour le paiement du deuxième
semestre du subside annuel accordé par la
France à la république de Montevideo. Cette
demande était faite en vertu de la convention
qui a été ratifiée par la Constituante. Mais
l'Assemblée, avec le consentement de M. le
ministre des affaires étrangères, s'est bornée
aujourd'hui à accorder une" somme de
300,000 fr. nécessaire pour payer les traites
qui arrivent à échéance, et il à été décidé
que la question politique, c'est-à-dire la ques
tion de savoir si la France continuera le sub
side annuel de 2,300,000 fr. en faveur de la
république Orientale, ou si elle dénoncera la
convention, serait discutée dans la séance de
jeudi prochain.
Les débats n'ont pas été plus longs sur le
projet de loi portant allocation de trois dou
zièmes provisoires. Deux orateurs de la gau
che ont prétendu qu'il s'agissait d'un vote de
confiance, et que la conduite du ministère ne
pouvait justifier une "pareille demande. Si, en
en effet, il s'agissait d'un vote de confiance,
le ministère aurait alors le droit d'être plei
nement satisfait; car le projet a été adopté à
la majorité de 453 contre 158.
C'est le projet de loi relatif à l'augmen
tation du maximum des émissions de la Ban
que qui a occupé la plus grande partie de la
séance. Nous ne pensions pas que la légitimi
té, l'utilité de cette mesure pussent être con
testées sérieusement. Et cependant elle a été
attaquée, non-seulement par la Montagne,
ce qui ne nous eût pas étonnés, mais aussi
par un membre de l'extrême droite, quia
prononcé, à ce sujet, les paroles les plus re
grettables. -
Pourquoi propose-t-on d'augmenter le
maximum des émissions? Est-ce dans l'inté
rêt de la Banque? Pas le moins du monde,
car ses caisses regorgent d'argent. Est-ce
dans l'intérêt du trésor? Pas davantage, quoi
qu'on en ait dit. M. le ministre des finan
ces a répondu, en effet, d'une maniéré pé-
remptôire. Les sommes payées parla Banque, au
trésor ne montent, en ce moment, qu'à 100
millions; or, combien le trésorpossède-t-il en
dépôt à la Banque ? environ 80 millrôris. Donc
le trésor ne pourrait pas être considéré comme
entrant pour plus de 20 millions dans la cir
culation actuelle. Prétendra-t-on maintenant
que les 100 millions que le trésor est en droit
de demander encore à la Banque en vertu de
son. traité avec elle, doivent entraîner une
augmentation proportionnelle dans la circu
lation ? Cette assertion ne serait pas plus
exacte, car l'argent que le trésor retire au
fur et à mesure de ses besoins, ne doit pas
rester enfoui dans les coffres de l'Etat ; il
sert à payer les dépenses du gouvernement,
et, après avoir circulé, il retourne en plus ou
moins grande partie à la Banque, qui est le
grand réservoir. Ainsi, le trésor, aussi bien
que la Banque, pouvaient se passer de la me
sure qui est proposée aujourd'hui.
L'intérêt au nom duquel cette mesure est
réclamée, c'est l'intérêt du commerce qui
éclate en plaintes. Il est notoire v en effet., que
les négocians et les industriels se présen
tent journellement à la Banque pour y de
mander des billets, et qu'ils i# peuvent ob
tenir que du numéraire, ce qui a fait dire
à M. Wolowski que ce n'étaient pas les billets
qui avaient cours forcé, mais l'argent. C'est
cet état de choses, tout à-la-fois gênant et
nuisible pour les transactions commerciales,
que le projet de loi doit faire cesser; il n'a pas
d'autre but.
Voilà ce que M. Raùdot n'a pas compris,
lorsqu'il s'est écrié que la mesure proposée
était le commencement des assignats , et
qu'elle devait nous conduire à la banque
route. M. le ministre des finances a eu rai
son de relever avec une chaleureuse énergie,
une accusation faite pour jeter le trouble
dans les esprits. Singulier rôle , ainsi qu'il
l'a fait remarquer, pour un membre de la
majorité, que de venir évoquer de pareil
les terreurs, quand tous les bons citoyens
s'attachent à rétablir , à consolider cette
confiance qui est le salut de la société !
Heureusementles parolesdeM.Raudot ne sau
raient être bien dangereuses. Parler d'assignats
quand la circulation, de la Banque n'est que
de 431 millions avec une réserve métallique
de 423 millions I Parler de banqueroute,
quand nos finances s'améliorent chaque joui'
et lorsque l'Assemblée elle-même a» pris
hier une résolution si importante sur l'impôt
des boissons ! Cela ne peut être pris au sé-
ri^ax parpersonne, et les sinistres prophéties
'de M. Raudot sont trop fantastiques pour
rencontrer grande créance.
Il n'y a, en réalité, qu'une chose anormale
dans la situation de la Banque, c'est le cours
forcé dont jouissent ses billets. La déclara
tion du cours forcé a été sans doute une
extrémité fâcheuse; mais, quand il a été
autorisé, il n'y avait pas moyen de faire au
trement, et, maintenant qu'il existe, il impor
te de ne s'en départir que lorsqu'on sera as
suré de pouvoir le faire sans péril. Ce mo
ment est-il venu? les hommes pratiques ne
le pensent pas, et M. le ministre des "fi
nances et M. Léon Faucher en ®nt don
né les motifs. L'Angleterre, qui a été
plus de vingt ans sous ce régime, a mis cinq
ans "à reprendre ses paiemens en espèces,
et elle a été obligée d'y revenir à deux fois.
Attendons, pour faire rentrer la Banque dans
la plénitude de son état normal, que les cir
constances extraordinaires qui ont produit
une crise si terrible aient complètement cessé.
La question, dégagée de tous les acces
soires sous lesquels elle a presque disparu
aujourd'hui, se réduit purement et simple
ment à ceci : En présence du cours forcé,
dont il ne serait ni prudent ni possible de
décréter la cessation immédiate, y a-t il
quelque danger ou quelque inconvénient,
n'y a-t-il pas , au contraire, avantage et
nécessité à élever la limite delà circulation?
La question ainsi posée, la réponse ne saurait
être douteuse, et nous garantissons à.M. Rau
dot que le commerce et l'industrie ne verront
pas des assignats dans ces billets qui obtien
nent actuellement une prime.
Il résulte du nouveau compte-rendu de la
Banque :
-1° Que la réserve en numéraire s'est ac
crue, d'une semaine à l'autre, de 420 à 423
millions; ♦
2° Que le portefeuille représente à-peu-
près la même valeur ;
3° Que les avances sur effets publics ont
baissé de 2 millions ; ***%
4° Que la circulation des billets est restée
stationnaire au chiffre de 431 millions ;
5° Que le compte-courant du trésor, crédi
teur, s'est élevé de 74 à 79 millions;
6° Que les comptes-cour an s divers ont di
minué de 3 millions.
maintenu ;~ qùe notre situation dans la Plata est
onéreuse, sans dignité, et ne saurait conduire à
aucun résultat ; -
» Que le prpjet de traité de M. l'amiral Le Pré-
dour renferme des clauses inacceptables ; ;
» Qu'il y a peu d'espoir d'en obtenir la modifi
cation par l'emploi pur et simple des négociations;
» Que de nouveaux attermoiemens ne contri
bueraient pas à relever notre autorité morale et
notre influence ;
» Qu'il faut savoir prendre un' parti : ou tout
abandonner, ou remplacer le mode actuel d'inter
vention, le paiement du subside, par un mode
d'intervention plus efficace et différent ;
» Qu'il appartient au gouvernement d'examiner
et d'arrêter les mesures les plus conformes à l'in
térêt, public, et d'en référer à l'Assemblée.»
La Presse annonce ce matin, d'après le
JSri(ish-Packet, qye le général Rosas a adres
sé à la chambre des représentais de son pays
6a démission des fonctions de président de la
république Argentine. C'est une vieille co
médie qui se joue une fois par an à Buenos-
Ayres. Chaque année, Rosas,, dans le mes
sage qu'il envoie à l'assemblée, déclare que
sa santé ne lui permet pas de supporter plus
long-temps le fardeau des affaires; mais,
avec la même régularité, la chambre supplie
le restaurateur des lois de continuer à se sa
crifier pour le salut du pays. Cette inévitable
scène est représentée d'ordinaire au mois de
janvier. Cette année, le dictateur l'aura avan
cée pour le besoin de la discussion que le
traite conclu par M. Le Prédour ne pouvait
manquer de susciter. Mais, ce procédé est
bien usé; il manquera complètement son
effet.
. Aujourd'hui a été distribué à l'Assemblée
législative lë rapport fait par M. Daru sur
les projets de loi relatifs aux subsides à ac
corder au gouvernement Oriental. Nous en
citons les conclusions, qui permettent d'espé
rer que les affaires de la Plata, en apparence
interminables, recevront une solution pro
chaine et conforme à nos intérêts.
Là commission déclare: ' .
« Que l'état actuel des choses ne peut pas être
Nous lisons dans le Toulonnais du 17 de ce
mois :
« Nous avons annoncé le départ pour les
côtes d'Italie de plusieurs frégates à vapeur,
allant chercher des troupes. Ces steamers
doivent d'abord prendre un régiment du
corps expéditionnaire de la Méditerranée et
le transporter en Algérie. Ils retourneront
ensuite a Civita-Vecchia, où ils embarqueront
successivement deux ou trois régimens dési
gnés pour rentrer en France.
» Notre armée d'Italie va ainsi se trouver
réduite à 20,000 hommes environ. »
M. Moulin, l'un des membres les plus distingués
de l'ancien parti conservateur, a fait le rapport, au
nom de la cinquième commission d'initiative par
lementaire, sur la proposition de M. Walon, ten
dant à la suppression de la mort civile.
La commission, à la presqu'unanimité, a con
clu à la prise en considération de cette proposi
tion. Elle a pensé qu'il ne peut pas-être inoppor
tun d'étudier les moyens de réviser une législa
tion qui consacre le plus manifeste et le plus fâ
cheux antagonisme entre la loi civile, d'une part,
la loi morale et religieuse de l'autre, qui in
flige aux condamnés contumaces d'irréparables
rigueurs, et autorise en quelque sorte la confis
cation par la déshérence des biens acquis après
condamnation. *
Dans les deux discussions générales de 1832 et
de 1834, le gouvernement reconnut hautement la
nécessité de modifier la mort civile, d'en abolir
Au moins certains effets, et il s'engagea à faire
préparer un projet de loi que d'autres préoccu
pations, sans doute, ne permirent pas de présen
ter. Le nombre des cas d'application de la mort
civile a diminué depuis 1832, législativement par
les modifications apportées à notre législation
criminelle, pratiquement par l'admission des
circonstances atténuantes. Les condamnations à
là mort naturelle, aux travaux forcés à perpétuité,
sont devenues très rares ; elles ne sont pronon
cées que pour les crimes les plus graves et les
culpabilités les mieux démontrées. Tout porte à
croire <^ue la mort civile ne sera -bientôt plus at
tachée a la peine de la déportation. L'intérêt de
la proposition se trouve ahsi considérablement
amoindri.
Faut-il encore immédiatement, en quelque sorte
coup sur coup, affaiblir l'intimidation qui (ieut ré
sulter de l'effet civil de certaines condamnations?
11 ne suffit pas de supprimer la mort civile, il faut
la remplacer, combler la lacune que sa suppres
sion laisserait dans nos lois.
M. Derriey (du Jura) a déposé sur le bureau de
l'Assemblée,' une proposition ainsi conçue :
« Avant qu'il soit procédé à la rédaction défi
nitive des lois qu: doivent régir l'Algérie, le gou
vernement produira et remettra k la commission
chargée de ce travail, tous les documens relatifs à
l'acclimatement des Européens et en. particulier
des Français sur les divers points du territoire al
gérien. »
Le rapport de M. de. Tocqueville sur la proposi
tion de M. Henri Didier,, ayant pour objet deTaire
nommer une commission spéciale chargée de pré
parer les lois promises à l'Algérie par lÀrticle 109
de la Constitution, a été 'distribué à l'Assemblée;
Ce rapport conclut à la nomination d'une com
mission de trente membres par l'Assemblée elle-
même et non par les bureaux.
La commission des franchises postales s'est réu
nie aujourd'hui. Son président lui a donné lectu
re d'une lettre de M. le ministre des finances de
laquelle il résulte que, si on supprimait les fran
chises illimitées et si on réformait, dans de cer
taines limites, lés' franchises accordées aux fonc
tionnaires, l'Etat pourrait gagner une somme de
7 à 8 millions.
f La commission s'est ajournée pour entendre M.
■ le directeur-général des postes, et même M. le mi
nistre des finances.
Elle-a adopté très provisoirement l'art. 1 er de la
proposition de M. Etienne, qui supprime la fran
chise illimitée. . ■ ■
La séus-commissien du budget, qui s'occupe de
la taxe unique pour les lettres, entendra demain
M. le ministre des finances.
Voici encore un almanach rouge, d'une es
pèce toute nouvelle, et qui mérite d'être classé
a part. Quel est son titre? Le Napoléonien, al
manach de Vouvrier et du laboureur. Oui, le
Napoléonien! Sur la couverture, on trouve le
portrait du Président de la République. Tour
nez la page : vous lisez un magnifique éloge
de Louis-Napoléon. On ne sauraitmieux dire :
«Vous connaissez lafermeté du Président dans
ses résolutions, vous savez que, par ses études
et par l'expérience du passé, il est à la hau
teur de notre époque. J'ajoute que les longues
réflexions auxquelles il s'est livré dans la so
litude de Saint-Cloud ont singulièrement élu
cidé dans son esprit les grandes questions qui
tourmentent le XIX* siècle. » Plus loin on
rencontre la grande image de l'empereur
Napoléon, entourée de l'auréole de ses vic
toires et la ligure mélancolique du duc de
Reichstadt. Il semble dône, à en juger par les
premières pages, que le Napôléonien soit con
sacré à tous les souvenirs de grandeur, d'or
dre et de gloire nationale, que l'élection du ^
10 déce mb re a retrouvés vivans dans le cœur •
des artisans et des laboureurs. *
Il n'en est rien. Le Napoléonien est un al- •
mariach rouge. On a choisi un pavillon glo- *
rieux pour couvrir une marchandise suspec- s?
te. On a écrit le nom del'antidote sur la flo]
qui renferme le poison. Quelle tactique hoi
nête et loyale! Voilà bien les gens qu
au 10 décembre, répandaient à profusion
dans les ateliers et dans les campagnes, de
bulletins ainsi conçus : Votons pour NAPO
LÉON Lebon ! cherchant ainsi à tromper l'in
génuité des électeurs, en se servant du nom
d'un de leurs co-religionnaires comme d'une
qualité.
Le nom de Napoléon, son portrait, son
éloge, servent, dans VAlmanach de l'Ouvrier
et au Laboureur , de parure et de. décoration
aux doctrines socialistes. Après toutes ces
précautions oratoires, vient un article modes
tement intitulé : Quelques Montagnards. Là
se révèle la véritable pensée deFalmanach.
Le parti de la Montagne, y est-il dit, est
plus uni, plus discipliné que celui de la droi
te. C'est dans son sein qu'ont pris rang les
hommes à principes gui ont pour eux la lo
gique française, Voici les traits de ces grands
citoyens. M. Ledru-Rollin ouvre la marche.
L'almanach le remercie d'avoir accepté, en
février, le ministère de l'intérieur, ajoutant
« que tandis qu'on l'accusait de se livrer au
plaisir comme un sybarite, il ne mangeait
plus, ne dormait plus, et veillait joui' et nuit
aux chers intérêts dé la patrie.- » On a, du
reste, la consolation de voir, d'après le por
trait de M. Ledru-Rollin, que ce régime af
freux ne l'a point trop affaibli. Suit le pané
gyrique (avec estampe) de Victor Considé
rant, représentant socialiste; de M. Albert,
qui, comme tous ceux qui ont trop aimé le
peuple, à été victime de son amour et de son
dévoûment pour les classes déshéritées; de
M. Armand Barbès, que le despotisme a ex
clu de la grande famille ; dé M. Proudhon,
rédacteur du journal la Voix du Peuple , au
quel travaille M. Eugène Sue, l'admirable
romancier; de M. Pierre Leroux... Bref, le
musée révolutionnaire est au complet. Et
l'almanach -termine sa revue enthousiaste
par ces conseils : « Lisez les journaux, mes
amis. Rien n'est plus instructif. Réunissez-
vous deux, trois, quatre, cinq ou six, et abon
nez-vous à un journal qui vous parle de la
vraie République, de la République du pain
et du vin, de celle dont nous disons dans nos
chansons
Voilà des mille et cents ans,
Que Jean Guètré t'appelle,
République dès paysans.
Le bout de l'oreille a passé. Nous vous
avons reconnus sous la dépouille du lion, sy-
cophantes effrontés de la République démo
cratique et sociale. Il n'est pas même besoin,
"pourvousrévélèrtoùteritiers,desdéclàïriations
obligées contre l'impôt des boissons et contre
FEUILQ/ii N DU:mT\T\iL$m h 22 DEC.
TROIS HOMMES FORTS.
XXI.
l'ordination.
Robert allait comme le vent. Jamais messager
devant annoncer une mauvaise nouvelle n'épe-
rorina tant sa monture. Aux relais, pour ne pas per
dre de temps, le jeune homme sellait et bridait
lui-même le cheval qu'il devait monter. 11 arriva à
Paris sans s'être reposé une minute, et il courut
aussitôt chez M. Morel.
Pendant Ce voyage les choses s'accomplissaient
h Niort comme le désirait Pascal.
Le jour ou Robert était parti, Félicien était resté
avec M. Maréchal d'abord, puis avec sa mère et
Blaiicbe jusqu'à quatre heures. A partir de ce mo
ment, il s'était retiré dans sa cellule jusqu'au len
demain, car jusqu'au lendemain il ne devait rece
voir personne.
A travers les méditations qui devaient naturel
lement précéder uii jour comme celui qui allait se
lever pour lui, et avoir une si grande influen
ce sur sa destinée, Félicien remerciait Dieu de
la résolution qu'il avait prise à l'égard de Va
léry,- et, dans la sainteté de son ame, il se pro
mettait la joie de cette conversion difficile, et se
livrait au saint enthousiaste d'accomplir, au profit
de la religion, cette cure merveilleuse. Quelle con
fiance en lui, quelle foi il allait acquérir, quelle
force il allait avoir, s'il pouvait faire pénétrer le
jour du bien, la luinière du vrai dans cette ame
obscure, livrée jusque là aux plus ténébreuses pas
sions et aux plus fatales erreurs! Faire épeler la
prière àcette bouche sacrilège, faire agenouiller
cet orgueil insolent, n'était-ce .pas là un triomphe
magnifique, n'était-ce pas commencer sa mission
par le plus éclatant triomphe?
Quelqu'un qui eût pu se pencher sur cet esprit
ardent de foi, conférer avec cette conscience pure
comme le diamant, calme comme l'azur, rayon -
nante comme le ciel qui l'inspirait, eût senti son
ame s'exalter, aspirer aux régions infinies, s'épa
nouir dans un indéfinissable bien-être.
Félicien donnait à la religion, à laquelle il se
consacrait, toutes les forces, toutes les illusions,
toutes les pensées de l'homme de son âge. Ce que
la nature a mis dans un cœur de vingt ans, pour
qu'il puisse admirer, comprendre, aimer toutes les
choses de ce monde, ne formait en lui qu'un seul
amour, chaste, puissant, immuable. Dieu Télevait
au-dessus de la terre, et le mettait en somnmni -
eation directe avec le principe des vérités éter
nelles. Si nous ne craignions, pour expliquer de si
pures exaltations, de nous servir d'une comparai
son humaine, presqu'impic, nous dirions que le
doux jeune homme aimait la vie dans laquelle il
entrait, comme l'enthousiaste de dix-huit ans aime
son premier rêve d'amour. 11 voyait la religion belle
eomme -une épouse promise, épouse immatérielle,
qui n'accepte que l'union des âmes, dans des sphè
res mystérieuses et inhabitables aux esprits ordi
naires, et il adorait cette fiancée, qui apportait en
dot, dans ces chasteS fiançailles, son immuable
virginité, sa beauté sans fin , son inaltérable amour.
Son ame trop'pleine débordait, sa prière se répan
dait en un chant perpétuel découlant de l'intaris?a-
ble source de ses pocuques enchantcmens. Félicien
était un etre si pur. que. dans l'expression de son
bonheur. 011 retrouvait le caractère de l'expansivc
naivete des enfans. qui. 11e sachant comment for
muler leur joie intérieure, la laissent se manifes
ter par un chant sans cause, sans but, qui s'exhale
de leur bouche comme le parfum d'un calice trop
plein. Au milieu du silence du-séminaire, on en
tendait une voix moduler les pieuses oraisons et
les saints cantiques de l'église; cette voix était
celle de Félicien qui emplissait sa cellule d'une
harmonie chrétienne, comme pour retrouver les
pensées de son ame jusque dans Tair qu'il res
pirait.
11 voyait donc venir avec une douce émotion
l'heure où il allait définitivement s'unir à Dieu.
De sa fenêtre ouverte, et par laquelle sa vue
plongeait sur les campagnes environnantes, il as
sistait au réveil de la nature, calme et imposante
expression du Dieu qui la dirige et qu'elle repro
duit. Les arbres chargés de la rosée de la nuit
secouaient des perles sous la fraîche brise du ma
tin. Quelques nuages blancs passaient gatment
sous le ciel, courant, légers et folâtres, dans l'im
mensité des plaines bleues, comme de blanches
jeunes filles, pendant un jour de fête, dans le
champ de leur père ; la fumée des chaumières,
visible respiration de la famille qui s'éveille, les
parfums vivaces que le vent cueille sur le hautdes
collines, le bruit des animaux commençant leur
travail quotidien sous l'ordre de l'homme, l'hom
me recommençant sa vie de chaque jour sous la
volonté de Dieu, enfin cet orchestre immense où
tout a sa note, même la Chose inanimée, tout cela
déroulait, sous les yeux et devant la pensée de
Félicien, un de ccsrians tableaux où l'ame prend
un nouvel élan et une nouvelle vie avec le monde
réveillé; et se reflétait dans la prière' du jeune
homme dont la vocation avait la nature pour
cause et l'humanité pour but.
L'ame .du jeune homme était donc admirable
ment préparée par -la contemplation des grandes
fcho.-es de Dieu, à l'engagement qu'elle allait pren -
dre. -
A dix heures du matin, on vint le prévenir, et,
dans un pieux recueillement, il se dirigea vers la
grande église où l'ordination devait être faite.
C'était une belle journée, nous l'avons dit.
La maison du Seignèur-avaSt ouvert toute» ses
portes à la foule, et la foule s'y pressait, comme
les abeilles bourdonnantes, autour de la rUche.
Les cloches tintaient à toute volée pour appeler
les fidèles. L'encens brûlait, l'autel avait mis sa
parure de fête, les fleurs se mêlaient aux flammes
des cierges, et l'orgue élargissant l'église avec sa
puissante harmonie, pour que Dieu pût y entrer,
la faisait grande comme le monde.
Agenouillées dans la galerie de l'orgue, Mme
Pascal et sa fille priaient : l'une pour sort fils, l'au
tre pour son frère et pour elle-même.
L'évêque, revêtu de son grand costume, était
assis à l'autel sur un fauteuil de velours et'd'or,
et sur l'autel on avait préparé l'huile des caté
chumènes, un calice avec du vin et de l'eau, une
patène et une hostie sur la ■ patène, de la mie de
pain, un bassin avec sa burette pour laver les
mains, ainsi que des serviettes pôur les essuyer.
L'archidiacre s'avança alors, et, au milieu d'un
vaste silence, car toutes les voix de l'cglise s'é
taient tues, il appela à haute voix :
— Félicien Pascal.
Toutes les têtes se tendirent, et l'on vit entrer
le pieux jeune homme. Son visage rayonnait. 11
était couvert de l'amict, de l'aube, de la ceinture,
de l'étole et du manipule; il tenait'sa chasuble
pliée sur son bras gauche, en signe qu'il n'avait
pas encore le droit de la revêtir, et il portait un
cierge de la main droite; il se plaça devant l'évê
que qui lui sourit et auquel l'archidiacre le pré
senta, en disant :
— Très révérend père, l'Eglise catholique, no
tre sainte mère, demande que vous 'daigniez éle
ver à l'honneur de la prêtrise le diacre ici présent.
— L'en croyez-vous digne? demanda, l'évêque.
— Autant qu'il est p'ermis à notre faible huma
nité de connaître, je crois et j'atteste qu'il est di ■
gne d'être élevé à cette dignité.
-—Dieu soit béni, alors, fit l'évêque en se le
vant, et, se tournantvers la foule, il dit ces paro
les consacrées : '
— Mes chers frères, puisque les mêmes motifë
de crainte et d'espérance doivent exister pour 1 le
pilote et pour le passager, chacun a le droit de
donner son avis dans une chose où chacun a le
même intérêt. Ce ne fut pas en vain que les saints
pères établirent que l'on devait consulter le peu
ple lui-même au sujet de l'élection de ceux qui
doivent s'approcher du service des autels; parce que
ce que plusieurs personnes ignorent sur la vie et les
pejisées de quelqu'un , peut être connu d'autres
personnes, et que l'on est porté davantage à obéir
à celui qui est ordonné, quand on a consenti à
son ordination, lia conduite de ce diacre, à mon
avis du moins, ef avec l'aide de Dieu, mérite cet
honm-ur. Mais de peur que l'avis d'un seul ou
d'un petit nombre ne soit influencé par faiblesse
ou par amitié particulière, il , est bon de suivre
l'avis du plus grand nombre. Veuillez donc dire :
ici ouvertement ce que vous pensez des actes, des
mœurs et du mérite de ce diacre ici présent; et
souvenez-vouS que vous devez rendre témoignage
à la sainteté du sacerdoce plutôt que d'écouter les
sentimens d'affection. Si donc quelqu'un connaît
quelque "chose contre lui, qu'il s'avance, qu'il parle
auiiosi de Dieu et dans l'intérêt de sa gloire.
Pas «ne voix ne s'éleva ; > mais un murmure
d'assentiment courut dans l'église.
Alors 1'évêqu.é se tourna vers Félicien et lui dit
à voix haute, et pour être entendu de tous, com
me lorsqu'il s'adressait à tous :
— Mon cher fil», vous désirez être promu à la
dignité de prêtre, tâchez de recevoir cet ordre di
gnement et de vous montrer ensuite digne de cet
honneur. En effet, le prêtre doit offrir ie sacrifice,
bénir, diriger, prêcher et baptiser. 11 faut donc-
s'approcher avec une grande crainte de ce grade
et veiller à. ce que la sagesse divine, des mœurs-
pures et l'observation continuelle des retrles de la
, justice vous recommandent à nos frères. Dieu or
donnant à Moïse de choisir soixante-dix hommes
dans Israël pour l'aider dans Son ministère et pour
leur distribuer les dons du saint Esprit, lui dit : Tu
les reconnaîtras à ce qu'ils sont des vieillards par
mi le peuple. Les prêtr es auront été choisis ainsi;
car ils seront les vieillards du peuple, si par l'es
prit, auteur des sept dons, gardant l'esprit du dé-
calôguè, la science, le travail et la chasteté les ont
faits mûrs et probes avant la vieillesse. L'Eglise a
ainsi une couronne Admirable et éternelle dans
cette variété de serviteurs répandus dë toutes parts,
et ne faisant cependant qu'un seul corps en Jésus:
Christ. • - .
Quand il eut entendu ces paroles, Félicien vint
s'agenouiller devant l'évêque, qui lui imposa silep-
cieusement les deux mains sur la tète, puis rame
nant par devant vers l'épaule droite, l'étole qui
pendait par derrière et la mettant en signe de croix
sur la poitrine-dû jeune homme, il lui dit : '
— Recevez le joug du Seigneur ! son joug est
doux et léger.
— Que le Seigneur soit béni! murmura Félicien
plein d'une touchante émotion.
— Et maintenant, recevez l'habit de prêtre,
continua l'évêque en revêtant 1» néophyte de la
chasuble qu'il portait sur son bras ; Dieu vous don
nera la charité et la'perfection. ■ 1 ■ ■
Puis, le vénérable père, ayant ôté ses gants et
passé à son» doigt Vanneau pontifical , prit de
l'huile des. catéchumènes, en oignit les mains
jointes de Félicien, en disant :
— Daignez, Seigneur, consacier et sanctifier ce s
mains que nous venons de toucher^ avec l'huile
sainte, et qu'elles puissent à leur tour consacrer
ce qu'elles auront consacré, et bénir ce qu'elles
auront béni.
La consécration des mains faite, l'évêque donna
du vin et de l'eau au nouveau consacré, et lui dit
en même temps :
— Recevez, mon fils, le pouvoir d'offrir le sa
crifice divin, et de célébrer, au nom du Seigneur,
la messe pour les vivans et pour les morts.
— Que le Seigneur soit béni ! dit une seconde
foii Pascal, et il se releva et jetant un regard sur
la foule qui l'entourait, il sourit à sa mère et à sa
sœur.
— Que la paix soit avec vous ! fit l'évêque, et il
embrassa le jeune homme.
Alors le chant des enfans de chœur et la voix
de l'orgue éclatèrent en même temps. L'église, la
sainte mère, se mettait en fête pour célébrer ce
nouveau fils qui lui.venait. Tous s'agenouillèrent,
et bientôt les fidèles, mêlant leurs voix à celle des
enfans de chœur et du poétique instrument, ce
fut, sous la voûte sacré, uns chant, général, une
prière unanime. . > ■■ v
Pendant cè temps la messe continuait et Pascal
recevait la sainte communion.
Après le Credo, le chant cessa, et l'évêque, se
levant de nouveau, reprit en a'adressant au jeune
prêtre :
—■ Les péchés seront remis à ceux à qui vous les
remettrez et retenus à ceux à qui vous les re
tiendrez..
Ensuite, rabattant lout-à fait la chasuble que
Pascal gardait encore pliée par derrière, il dit :
— Le Seigneur vous, revêt de, la robe d'inno
cence. — Donnez-moi votre main.-— Vous pro- ,
mettez de croire ce que vous lirez ?
— Oui.
— D'enseigner ce que vous croirez ?
— Oui.
— D'imiter ce que vous avez enseigné?
— Oui. '
Puis", après une pause :
— Vous promettez à moi et à mes successeurs
respect et obéissance? *■
— Je le promets.
— Vous affirmez que vous pardonnerez à ceux
qui vous auroat offensé?
— Je l'affirme.
— Vous «jurez que. vous immolerez toutes les
passions humaines au culte du Seigneur?
— Je le jure, .
— Allez, mon fils, vous êtes avec Dieu. Que la
paix soit avec vous !
— Dieu soit béni, dit une troisième fois Pascal,
les yeux mouillés des saintes larmes de la recon
naissance et de la foi. ••• '
Les chants reprirent, et l'on commença à se re- 1
tirer sous la douce impression de cette.imposante 1
cérémonie. :
— Heureuse est la mère de ce juste, disaient les
'mères sur le passage de Félicien, qùi s'en allàit"
jusqu'à la grande porte de l'église distribuer qUcl-
qu'argent aux pauvres et commencer sa mission
par la charité.
Une heure après, Mme Pascal et sa fille étaient
réunies à Félicien, et les deux femmes se tenaient-
tout émues à ses côtés, et lui souriaient comme les
deux images ds l'espérance et de la foi.
Le soir même il partit pour Moncontour, et le
lendemain, toujours accompagné de sa mère et de
Blanche, il quitta la maison maternelle pour se
rendre au presbytère qu'il allait habiter, irais la
moitié du village était venue à sa rencontre, et les
maisons de la rue par laquelle il devait passer,
étaient toutes ornées de fleurs et de draperies.
— Bénissez notre maison, mon frère, lui disait- '
on de toutes parts. Et des jeunes filles, vèiUes de
robes blanches, innocentes comme des anges, fai
saient cortège au jeune prêtre et jetaient des feuil-
NUMERO 356.
prix se i.'abonnement:
RANG.
14 P.
28
56
TROIS MOTS..
SIX MOIS.
PÀHIS.
DÉPART.
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11 F.
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32
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un
Les abonneraens datent dça 1' * et 1C de chaque mois»
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*On s'abonne dans les départemens, aux message
ries ëf aux directions-des postes. A Londres, chez
MU. CowiB et pils . A Strasbourg, chez A lexaborb ,
^pour l'Allemagne.
t S'adresser franco, pour la'rédaction,
à M. EONIFACB.
Les articles déposés ne sont "pas rendus.
PARIS, 21 DECEMBRE.
Ecoutez les socialistes. Ils ne parlent jour
nellement que de leurs progrès et de leurs
conquêtes, ils s'adjugent à courte échéance
l'empire du monde. Nous trouvons juste qu'a
verti par ces vanteries et» ces menaces, le
gouvernement fortifie les lois pour surveiller
et pour contenir cette propagande, et qu'il
ne laisse pas enrôler au service des adver
saires de la société les employés que celle-
ci rétribue pour sa défense. Le gouverne
ment est le gardien du pays, il ne doit pas
fermer l'oreille au cri d'alarme. Les jactances
de ses ennemis, si exagérées qu'elles soient,
sont pour lui une exhortation à prendre de
nouvelles sûretés contre eux.' Mais s'il est
bon que le gouvernement ne se confie pas
imprudemment, il faut aussi que l'opinion
publique ne s'inquiète pas outre mesure. Dans
ces prétendus progrès que fait sonner si haut
le socialis/ne, il faut faire la part des fanfa
ronnades. Cette part est très grande ; car la
tactique de ces révolutionnaires est de se dé
clarer forts dans l'espoir de le devenir, et
de recruter des adhérens par l'intimidation
qu'ils leur inspirent. Qu'on se garde donc
bien de prendre au pied de la lettre, les
statistiques enflées qu'ils nous donnent de
leurs progrès.
11 y a une chose qui peut aussi mettre les
bons citoyens en garde contre des craintes
exagérées : c'est que le socialisme ne fait que
des conquêtes très éphémères, et que lé jour
de sôn aggrandisSement a pour lendemain
sa décadence. Une partie du remède est
dans le mal lui-même. Voici comment. Si le
socialisme égare facilement les populations
par le mensonge de ses promesses, il les dé
sabuse encore plus vite par ce qu'il y a de
réel, de désastreux, de presque immédiat
dans les effets dé sa propagande. Là où le so
cialisme gagne du terrain, en prophétisant
un bien-être indéfini pour l'avenir, là misère
vient; là où il perd du terrain, elle se retiic,
et le mouvement de la prospérité publique
recommence.
Il y a maintenant un renseignement sur le
quel on est d'accord en ce qui touche la mar
che progressive ou rétrograde du socialisme
en France; le fléau diminue d'intensité dans
les villes, il augmente dans les campagnes.
Cela signifie que là l'expérience est faite, et
qu'on sait ce que la chose vaut ; qu'ici l'expé
rience est à faire, et qu'on ne voitencore que
ce qu'elle promet. Aussi qu'arrive-t-il? que
les populations ouvrières des villes, devenues
réfractairés au socialisme, retrouvent l'aisan-
cè avec le travail, et que les populations ru
rales, cédant* l'action de ce prosélytisme fu
neste et heureusement passager , recueillent
la gêne et s'a'ffaissent sous l'encombrement de
leurs denrées invendues.
Il est bien facilé de se rendre compte de
ces deux effets en sens contraire. La prédica
tion 'socialiste, de quelque secte ou de quelque
école.qu'elle émane, c'est l'appel à une révo
lution immense,, à une refonte de fond en
comble ët en bloc, de toute l'organisation so
ciale; c'est donc une menace à quiconquo
possède. Plus la prédication réussit, plus le
capital est effrayé; il se cache, il s'expatrie,
il ne circule plus ; le moteur s'arrête, toute la
machine industrielle et commerciale est frap
pée de paralysie. Les travailleurs sont les vic
times du socialisme auquel ils se livrent. Au
cune partie de la France n'a subi cette doulou
reuse épreuve plus complètement que Paris.
Les ouvriers de cette capitale, placés aux sour
ces même de cette hérésie à" tarit" de faces, en
contact avec ses docteurs ou plutôt ses pré
tendus messies, inondés de ses écrits, fana
tisés par sa parole, l'ont embrassée avec le
plus fatal entraînement. Ils ont passé par
toutes les déceptions, associations ouvrières
destinées à détruire toute hiérarchie, ateliers
sociaux, ateliers nationaux, rêves du crédit
gratuit. Ils ont sacrifié momentanément le
travail qui fait vivre, à toutes ces chimères
qui ruinent. On sait les malheurs qui on ont
été la suite : le chômage universel, là détresse
du trésor, la détresoe des particuliers, les
insurrections, la guerre civile. Ces maux ont
été immenses.
Mais plus la population de Paris a souffert,
plus elle est guérie : le désabusement des ou
vriers a ramené la confiance; la confiance a
réveillé l'esprit d'entreprise. L'industrie, tirée
de sa langueur, a repris un essor inouï, com
me pour regagner le temps perdu. Aujour
d'hui, ce n'est plus le travail qui manque
aux ouvriers, mais les ouvriers qui man
quent au travail. Les salaires sont en hausse,
Paris est dans l'aisance. Le même phénomè-
me se produit dans un grand nombre de ci
tés manufacturières. Aussi dit-on partout
que le socialisme perd du terrain dans les
villes. Nous le croyons bien.
Mais il en gagne, ajoute-t-on, dans lescam-
pagnes.C'est possible. Aussi la leçon'commence
pour elles. Les cultivatèurs qu'on prétend
être socialisés en assez grand nombre, ne
vendent pas leurs produits. Sans doute l'a
bondance des différentes récoltes, qui a ame
né l'avilissement des prix, est pour beaucoup
dans le malheur de leur situation. Mais qui
ne sait que; dans les temps ordinaires, le bon
marché des produits provoque la spéculation,
qui, profitant des bas cours, achète pour gar
der, et attend pour revendre à bénéfice? Mais
la spéculation, c'est la confiance, qui fuit tou
jours devant l'invasion du socialisme. Dans
les villes, le socialisme chassait le travail de
l'atelier; dans les campagnes, il a pour ré
sultat de faire rester les denrées en magasin,
parce qu'il éloigne les spéculateurs qui an
ticipent sur les besoins de la consommation.
Voilà le bienfait que la propagande sociale,
par ce qu'on raconte de ses succès,procureàla
population rurale. Les cultivateurs s'aperce
vront de ce résultat, comme s'en sont' aper
çus les ouvriers des villes, et, comme ces
derniers, ils ne tarderont pas à se détacher
d'une erreur qui est la cause de leur détresse.
Quand .ils cesseront de faire , du socialisme,
ils recommenceront à vendre, de même que
les ouvriers des villes ont recommencé à tra
vailler, quand ils ont cessé de faire du so
cialisme.
Qn comprend que l'Assemblée, après les
neuf séances qu'elle vient de consacrer à la
question dë l'impôt sur les boissons, se trouve
en face d'un arriéré assez considérable; aussi
a-t-elle dû s'occuper aujourd'hui^ projets
urgens, et dont le vote ne pouvait souffrir de
retard.
Le premier consistait à ouvrir à M. le mi
nistre des affaires étrangères un crédit de
1,150,000 fr., pour le paiement du deuxième
semestre du subside annuel accordé par la
France à la république de Montevideo. Cette
demande était faite en vertu de la convention
qui a été ratifiée par la Constituante. Mais
l'Assemblée, avec le consentement de M. le
ministre des affaires étrangères, s'est bornée
aujourd'hui à accorder une" somme de
300,000 fr. nécessaire pour payer les traites
qui arrivent à échéance, et il à été décidé
que la question politique, c'est-à-dire la ques
tion de savoir si la France continuera le sub
side annuel de 2,300,000 fr. en faveur de la
république Orientale, ou si elle dénoncera la
convention, serait discutée dans la séance de
jeudi prochain.
Les débats n'ont pas été plus longs sur le
projet de loi portant allocation de trois dou
zièmes provisoires. Deux orateurs de la gau
che ont prétendu qu'il s'agissait d'un vote de
confiance, et que la conduite du ministère ne
pouvait justifier une "pareille demande. Si, en
en effet, il s'agissait d'un vote de confiance,
le ministère aurait alors le droit d'être plei
nement satisfait; car le projet a été adopté à
la majorité de 453 contre 158.
C'est le projet de loi relatif à l'augmen
tation du maximum des émissions de la Ban
que qui a occupé la plus grande partie de la
séance. Nous ne pensions pas que la légitimi
té, l'utilité de cette mesure pussent être con
testées sérieusement. Et cependant elle a été
attaquée, non-seulement par la Montagne,
ce qui ne nous eût pas étonnés, mais aussi
par un membre de l'extrême droite, quia
prononcé, à ce sujet, les paroles les plus re
grettables. -
Pourquoi propose-t-on d'augmenter le
maximum des émissions? Est-ce dans l'inté
rêt de la Banque? Pas le moins du monde,
car ses caisses regorgent d'argent. Est-ce
dans l'intérêt du trésor? Pas davantage, quoi
qu'on en ait dit. M. le ministre des finan
ces a répondu, en effet, d'une maniéré pé-
remptôire. Les sommes payées parla Banque, au
trésor ne montent, en ce moment, qu'à 100
millions; or, combien le trésorpossède-t-il en
dépôt à la Banque ? environ 80 millrôris. Donc
le trésor ne pourrait pas être considéré comme
entrant pour plus de 20 millions dans la cir
culation actuelle. Prétendra-t-on maintenant
que les 100 millions que le trésor est en droit
de demander encore à la Banque en vertu de
son. traité avec elle, doivent entraîner une
augmentation proportionnelle dans la circu
lation ? Cette assertion ne serait pas plus
exacte, car l'argent que le trésor retire au
fur et à mesure de ses besoins, ne doit pas
rester enfoui dans les coffres de l'Etat ; il
sert à payer les dépenses du gouvernement,
et, après avoir circulé, il retourne en plus ou
moins grande partie à la Banque, qui est le
grand réservoir. Ainsi, le trésor, aussi bien
que la Banque, pouvaient se passer de la me
sure qui est proposée aujourd'hui.
L'intérêt au nom duquel cette mesure est
réclamée, c'est l'intérêt du commerce qui
éclate en plaintes. Il est notoire v en effet., que
les négocians et les industriels se présen
tent journellement à la Banque pour y de
mander des billets, et qu'ils i# peuvent ob
tenir que du numéraire, ce qui a fait dire
à M. Wolowski que ce n'étaient pas les billets
qui avaient cours forcé, mais l'argent. C'est
cet état de choses, tout à-la-fois gênant et
nuisible pour les transactions commerciales,
que le projet de loi doit faire cesser; il n'a pas
d'autre but.
Voilà ce que M. Raùdot n'a pas compris,
lorsqu'il s'est écrié que la mesure proposée
était le commencement des assignats , et
qu'elle devait nous conduire à la banque
route. M. le ministre des finances a eu rai
son de relever avec une chaleureuse énergie,
une accusation faite pour jeter le trouble
dans les esprits. Singulier rôle , ainsi qu'il
l'a fait remarquer, pour un membre de la
majorité, que de venir évoquer de pareil
les terreurs, quand tous les bons citoyens
s'attachent à rétablir , à consolider cette
confiance qui est le salut de la société !
Heureusementles parolesdeM.Raudot ne sau
raient être bien dangereuses. Parler d'assignats
quand la circulation, de la Banque n'est que
de 431 millions avec une réserve métallique
de 423 millions I Parler de banqueroute,
quand nos finances s'améliorent chaque joui'
et lorsque l'Assemblée elle-même a» pris
hier une résolution si importante sur l'impôt
des boissons ! Cela ne peut être pris au sé-
ri^ax parpersonne, et les sinistres prophéties
'de M. Raudot sont trop fantastiques pour
rencontrer grande créance.
Il n'y a, en réalité, qu'une chose anormale
dans la situation de la Banque, c'est le cours
forcé dont jouissent ses billets. La déclara
tion du cours forcé a été sans doute une
extrémité fâcheuse; mais, quand il a été
autorisé, il n'y avait pas moyen de faire au
trement, et, maintenant qu'il existe, il impor
te de ne s'en départir que lorsqu'on sera as
suré de pouvoir le faire sans péril. Ce mo
ment est-il venu? les hommes pratiques ne
le pensent pas, et M. le ministre des "fi
nances et M. Léon Faucher en ®nt don
né les motifs. L'Angleterre, qui a été
plus de vingt ans sous ce régime, a mis cinq
ans "à reprendre ses paiemens en espèces,
et elle a été obligée d'y revenir à deux fois.
Attendons, pour faire rentrer la Banque dans
la plénitude de son état normal, que les cir
constances extraordinaires qui ont produit
une crise si terrible aient complètement cessé.
La question, dégagée de tous les acces
soires sous lesquels elle a presque disparu
aujourd'hui, se réduit purement et simple
ment à ceci : En présence du cours forcé,
dont il ne serait ni prudent ni possible de
décréter la cessation immédiate, y a-t il
quelque danger ou quelque inconvénient,
n'y a-t-il pas , au contraire, avantage et
nécessité à élever la limite delà circulation?
La question ainsi posée, la réponse ne saurait
être douteuse, et nous garantissons à.M. Rau
dot que le commerce et l'industrie ne verront
pas des assignats dans ces billets qui obtien
nent actuellement une prime.
Il résulte du nouveau compte-rendu de la
Banque :
-1° Que la réserve en numéraire s'est ac
crue, d'une semaine à l'autre, de 420 à 423
millions; ♦
2° Que le portefeuille représente à-peu-
près la même valeur ;
3° Que les avances sur effets publics ont
baissé de 2 millions ; ***%
4° Que la circulation des billets est restée
stationnaire au chiffre de 431 millions ;
5° Que le compte-courant du trésor, crédi
teur, s'est élevé de 74 à 79 millions;
6° Que les comptes-cour an s divers ont di
minué de 3 millions.
maintenu ;~ qùe notre situation dans la Plata est
onéreuse, sans dignité, et ne saurait conduire à
aucun résultat ; -
» Que le prpjet de traité de M. l'amiral Le Pré-
dour renferme des clauses inacceptables ; ;
» Qu'il y a peu d'espoir d'en obtenir la modifi
cation par l'emploi pur et simple des négociations;
» Que de nouveaux attermoiemens ne contri
bueraient pas à relever notre autorité morale et
notre influence ;
» Qu'il faut savoir prendre un' parti : ou tout
abandonner, ou remplacer le mode actuel d'inter
vention, le paiement du subside, par un mode
d'intervention plus efficace et différent ;
» Qu'il appartient au gouvernement d'examiner
et d'arrêter les mesures les plus conformes à l'in
térêt, public, et d'en référer à l'Assemblée.»
La Presse annonce ce matin, d'après le
JSri(ish-Packet, qye le général Rosas a adres
sé à la chambre des représentais de son pays
6a démission des fonctions de président de la
république Argentine. C'est une vieille co
médie qui se joue une fois par an à Buenos-
Ayres. Chaque année, Rosas,, dans le mes
sage qu'il envoie à l'assemblée, déclare que
sa santé ne lui permet pas de supporter plus
long-temps le fardeau des affaires; mais,
avec la même régularité, la chambre supplie
le restaurateur des lois de continuer à se sa
crifier pour le salut du pays. Cette inévitable
scène est représentée d'ordinaire au mois de
janvier. Cette année, le dictateur l'aura avan
cée pour le besoin de la discussion que le
traite conclu par M. Le Prédour ne pouvait
manquer de susciter. Mais, ce procédé est
bien usé; il manquera complètement son
effet.
. Aujourd'hui a été distribué à l'Assemblée
législative lë rapport fait par M. Daru sur
les projets de loi relatifs aux subsides à ac
corder au gouvernement Oriental. Nous en
citons les conclusions, qui permettent d'espé
rer que les affaires de la Plata, en apparence
interminables, recevront une solution pro
chaine et conforme à nos intérêts.
Là commission déclare: ' .
« Que l'état actuel des choses ne peut pas être
Nous lisons dans le Toulonnais du 17 de ce
mois :
« Nous avons annoncé le départ pour les
côtes d'Italie de plusieurs frégates à vapeur,
allant chercher des troupes. Ces steamers
doivent d'abord prendre un régiment du
corps expéditionnaire de la Méditerranée et
le transporter en Algérie. Ils retourneront
ensuite a Civita-Vecchia, où ils embarqueront
successivement deux ou trois régimens dési
gnés pour rentrer en France.
» Notre armée d'Italie va ainsi se trouver
réduite à 20,000 hommes environ. »
M. Moulin, l'un des membres les plus distingués
de l'ancien parti conservateur, a fait le rapport, au
nom de la cinquième commission d'initiative par
lementaire, sur la proposition de M. Walon, ten
dant à la suppression de la mort civile.
La commission, à la presqu'unanimité, a con
clu à la prise en considération de cette proposi
tion. Elle a pensé qu'il ne peut pas-être inoppor
tun d'étudier les moyens de réviser une législa
tion qui consacre le plus manifeste et le plus fâ
cheux antagonisme entre la loi civile, d'une part,
la loi morale et religieuse de l'autre, qui in
flige aux condamnés contumaces d'irréparables
rigueurs, et autorise en quelque sorte la confis
cation par la déshérence des biens acquis après
condamnation. *
Dans les deux discussions générales de 1832 et
de 1834, le gouvernement reconnut hautement la
nécessité de modifier la mort civile, d'en abolir
Au moins certains effets, et il s'engagea à faire
préparer un projet de loi que d'autres préoccu
pations, sans doute, ne permirent pas de présen
ter. Le nombre des cas d'application de la mort
civile a diminué depuis 1832, législativement par
les modifications apportées à notre législation
criminelle, pratiquement par l'admission des
circonstances atténuantes. Les condamnations à
là mort naturelle, aux travaux forcés à perpétuité,
sont devenues très rares ; elles ne sont pronon
cées que pour les crimes les plus graves et les
culpabilités les mieux démontrées. Tout porte à
croire <^ue la mort civile ne sera -bientôt plus at
tachée a la peine de la déportation. L'intérêt de
la proposition se trouve ahsi considérablement
amoindri.
Faut-il encore immédiatement, en quelque sorte
coup sur coup, affaiblir l'intimidation qui (ieut ré
sulter de l'effet civil de certaines condamnations?
11 ne suffit pas de supprimer la mort civile, il faut
la remplacer, combler la lacune que sa suppres
sion laisserait dans nos lois.
M. Derriey (du Jura) a déposé sur le bureau de
l'Assemblée,' une proposition ainsi conçue :
« Avant qu'il soit procédé à la rédaction défi
nitive des lois qu: doivent régir l'Algérie, le gou
vernement produira et remettra k la commission
chargée de ce travail, tous les documens relatifs à
l'acclimatement des Européens et en. particulier
des Français sur les divers points du territoire al
gérien. »
Le rapport de M. de. Tocqueville sur la proposi
tion de M. Henri Didier,, ayant pour objet deTaire
nommer une commission spéciale chargée de pré
parer les lois promises à l'Algérie par lÀrticle 109
de la Constitution, a été 'distribué à l'Assemblée;
Ce rapport conclut à la nomination d'une com
mission de trente membres par l'Assemblée elle-
même et non par les bureaux.
La commission des franchises postales s'est réu
nie aujourd'hui. Son président lui a donné lectu
re d'une lettre de M. le ministre des finances de
laquelle il résulte que, si on supprimait les fran
chises illimitées et si on réformait, dans de cer
taines limites, lés' franchises accordées aux fonc
tionnaires, l'Etat pourrait gagner une somme de
7 à 8 millions.
f La commission s'est ajournée pour entendre M.
■ le directeur-général des postes, et même M. le mi
nistre des finances.
Elle-a adopté très provisoirement l'art. 1 er de la
proposition de M. Etienne, qui supprime la fran
chise illimitée. . ■ ■
La séus-commissien du budget, qui s'occupe de
la taxe unique pour les lettres, entendra demain
M. le ministre des finances.
Voici encore un almanach rouge, d'une es
pèce toute nouvelle, et qui mérite d'être classé
a part. Quel est son titre? Le Napoléonien, al
manach de Vouvrier et du laboureur. Oui, le
Napoléonien! Sur la couverture, on trouve le
portrait du Président de la République. Tour
nez la page : vous lisez un magnifique éloge
de Louis-Napoléon. On ne sauraitmieux dire :
«Vous connaissez lafermeté du Président dans
ses résolutions, vous savez que, par ses études
et par l'expérience du passé, il est à la hau
teur de notre époque. J'ajoute que les longues
réflexions auxquelles il s'est livré dans la so
litude de Saint-Cloud ont singulièrement élu
cidé dans son esprit les grandes questions qui
tourmentent le XIX* siècle. » Plus loin on
rencontre la grande image de l'empereur
Napoléon, entourée de l'auréole de ses vic
toires et la ligure mélancolique du duc de
Reichstadt. Il semble dône, à en juger par les
premières pages, que le Napôléonien soit con
sacré à tous les souvenirs de grandeur, d'or
dre et de gloire nationale, que l'élection du ^
10 déce mb re a retrouvés vivans dans le cœur •
des artisans et des laboureurs. *
Il n'en est rien. Le Napoléonien est un al- •
mariach rouge. On a choisi un pavillon glo- *
rieux pour couvrir une marchandise suspec- s?
te. On a écrit le nom del'antidote sur la flo]
qui renferme le poison. Quelle tactique hoi
nête et loyale! Voilà bien les gens qu
au 10 décembre, répandaient à profusion
dans les ateliers et dans les campagnes, de
bulletins ainsi conçus : Votons pour NAPO
LÉON Lebon ! cherchant ainsi à tromper l'in
génuité des électeurs, en se servant du nom
d'un de leurs co-religionnaires comme d'une
qualité.
Le nom de Napoléon, son portrait, son
éloge, servent, dans VAlmanach de l'Ouvrier
et au Laboureur , de parure et de. décoration
aux doctrines socialistes. Après toutes ces
précautions oratoires, vient un article modes
tement intitulé : Quelques Montagnards. Là
se révèle la véritable pensée deFalmanach.
Le parti de la Montagne, y est-il dit, est
plus uni, plus discipliné que celui de la droi
te. C'est dans son sein qu'ont pris rang les
hommes à principes gui ont pour eux la lo
gique française, Voici les traits de ces grands
citoyens. M. Ledru-Rollin ouvre la marche.
L'almanach le remercie d'avoir accepté, en
février, le ministère de l'intérieur, ajoutant
« que tandis qu'on l'accusait de se livrer au
plaisir comme un sybarite, il ne mangeait
plus, ne dormait plus, et veillait joui' et nuit
aux chers intérêts dé la patrie.- » On a, du
reste, la consolation de voir, d'après le por
trait de M. Ledru-Rollin, que ce régime af
freux ne l'a point trop affaibli. Suit le pané
gyrique (avec estampe) de Victor Considé
rant, représentant socialiste; de M. Albert,
qui, comme tous ceux qui ont trop aimé le
peuple, à été victime de son amour et de son
dévoûment pour les classes déshéritées; de
M. Armand Barbès, que le despotisme a ex
clu de la grande famille ; dé M. Proudhon,
rédacteur du journal la Voix du Peuple , au
quel travaille M. Eugène Sue, l'admirable
romancier; de M. Pierre Leroux... Bref, le
musée révolutionnaire est au complet. Et
l'almanach -termine sa revue enthousiaste
par ces conseils : « Lisez les journaux, mes
amis. Rien n'est plus instructif. Réunissez-
vous deux, trois, quatre, cinq ou six, et abon
nez-vous à un journal qui vous parle de la
vraie République, de la République du pain
et du vin, de celle dont nous disons dans nos
chansons
Voilà des mille et cents ans,
Que Jean Guètré t'appelle,
République dès paysans.
Le bout de l'oreille a passé. Nous vous
avons reconnus sous la dépouille du lion, sy-
cophantes effrontés de la République démo
cratique et sociale. Il n'est pas même besoin,
"pourvousrévélèrtoùteritiers,desdéclàïriations
obligées contre l'impôt des boissons et contre
FEUILQ/ii N DU:mT\T\iL$m h 22 DEC.
TROIS HOMMES FORTS.
XXI.
l'ordination.
Robert allait comme le vent. Jamais messager
devant annoncer une mauvaise nouvelle n'épe-
rorina tant sa monture. Aux relais, pour ne pas per
dre de temps, le jeune homme sellait et bridait
lui-même le cheval qu'il devait monter. 11 arriva à
Paris sans s'être reposé une minute, et il courut
aussitôt chez M. Morel.
Pendant Ce voyage les choses s'accomplissaient
h Niort comme le désirait Pascal.
Le jour ou Robert était parti, Félicien était resté
avec M. Maréchal d'abord, puis avec sa mère et
Blaiicbe jusqu'à quatre heures. A partir de ce mo
ment, il s'était retiré dans sa cellule jusqu'au len
demain, car jusqu'au lendemain il ne devait rece
voir personne.
A travers les méditations qui devaient naturel
lement précéder uii jour comme celui qui allait se
lever pour lui, et avoir une si grande influen
ce sur sa destinée, Félicien remerciait Dieu de
la résolution qu'il avait prise à l'égard de Va
léry,- et, dans la sainteté de son ame, il se pro
mettait la joie de cette conversion difficile, et se
livrait au saint enthousiaste d'accomplir, au profit
de la religion, cette cure merveilleuse. Quelle con
fiance en lui, quelle foi il allait acquérir, quelle
force il allait avoir, s'il pouvait faire pénétrer le
jour du bien, la luinière du vrai dans cette ame
obscure, livrée jusque là aux plus ténébreuses pas
sions et aux plus fatales erreurs! Faire épeler la
prière àcette bouche sacrilège, faire agenouiller
cet orgueil insolent, n'était-ce .pas là un triomphe
magnifique, n'était-ce pas commencer sa mission
par le plus éclatant triomphe?
Quelqu'un qui eût pu se pencher sur cet esprit
ardent de foi, conférer avec cette conscience pure
comme le diamant, calme comme l'azur, rayon -
nante comme le ciel qui l'inspirait, eût senti son
ame s'exalter, aspirer aux régions infinies, s'épa
nouir dans un indéfinissable bien-être.
Félicien donnait à la religion, à laquelle il se
consacrait, toutes les forces, toutes les illusions,
toutes les pensées de l'homme de son âge. Ce que
la nature a mis dans un cœur de vingt ans, pour
qu'il puisse admirer, comprendre, aimer toutes les
choses de ce monde, ne formait en lui qu'un seul
amour, chaste, puissant, immuable. Dieu Télevait
au-dessus de la terre, et le mettait en somnmni -
eation directe avec le principe des vérités éter
nelles. Si nous ne craignions, pour expliquer de si
pures exaltations, de nous servir d'une comparai
son humaine, presqu'impic, nous dirions que le
doux jeune homme aimait la vie dans laquelle il
entrait, comme l'enthousiaste de dix-huit ans aime
son premier rêve d'amour. 11 voyait la religion belle
eomme -une épouse promise, épouse immatérielle,
qui n'accepte que l'union des âmes, dans des sphè
res mystérieuses et inhabitables aux esprits ordi
naires, et il adorait cette fiancée, qui apportait en
dot, dans ces chasteS fiançailles, son immuable
virginité, sa beauté sans fin , son inaltérable amour.
Son ame trop'pleine débordait, sa prière se répan
dait en un chant perpétuel découlant de l'intaris?a-
ble source de ses pocuques enchantcmens. Félicien
était un etre si pur. que. dans l'expression de son
bonheur. 011 retrouvait le caractère de l'expansivc
naivete des enfans. qui. 11e sachant comment for
muler leur joie intérieure, la laissent se manifes
ter par un chant sans cause, sans but, qui s'exhale
de leur bouche comme le parfum d'un calice trop
plein. Au milieu du silence du-séminaire, on en
tendait une voix moduler les pieuses oraisons et
les saints cantiques de l'église; cette voix était
celle de Félicien qui emplissait sa cellule d'une
harmonie chrétienne, comme pour retrouver les
pensées de son ame jusque dans Tair qu'il res
pirait.
11 voyait donc venir avec une douce émotion
l'heure où il allait définitivement s'unir à Dieu.
De sa fenêtre ouverte, et par laquelle sa vue
plongeait sur les campagnes environnantes, il as
sistait au réveil de la nature, calme et imposante
expression du Dieu qui la dirige et qu'elle repro
duit. Les arbres chargés de la rosée de la nuit
secouaient des perles sous la fraîche brise du ma
tin. Quelques nuages blancs passaient gatment
sous le ciel, courant, légers et folâtres, dans l'im
mensité des plaines bleues, comme de blanches
jeunes filles, pendant un jour de fête, dans le
champ de leur père ; la fumée des chaumières,
visible respiration de la famille qui s'éveille, les
parfums vivaces que le vent cueille sur le hautdes
collines, le bruit des animaux commençant leur
travail quotidien sous l'ordre de l'homme, l'hom
me recommençant sa vie de chaque jour sous la
volonté de Dieu, enfin cet orchestre immense où
tout a sa note, même la Chose inanimée, tout cela
déroulait, sous les yeux et devant la pensée de
Félicien, un de ccsrians tableaux où l'ame prend
un nouvel élan et une nouvelle vie avec le monde
réveillé; et se reflétait dans la prière' du jeune
homme dont la vocation avait la nature pour
cause et l'humanité pour but.
L'ame .du jeune homme était donc admirable
ment préparée par -la contemplation des grandes
fcho.-es de Dieu, à l'engagement qu'elle allait pren -
dre. -
A dix heures du matin, on vint le prévenir, et,
dans un pieux recueillement, il se dirigea vers la
grande église où l'ordination devait être faite.
C'était une belle journée, nous l'avons dit.
La maison du Seignèur-avaSt ouvert toute» ses
portes à la foule, et la foule s'y pressait, comme
les abeilles bourdonnantes, autour de la rUche.
Les cloches tintaient à toute volée pour appeler
les fidèles. L'encens brûlait, l'autel avait mis sa
parure de fête, les fleurs se mêlaient aux flammes
des cierges, et l'orgue élargissant l'église avec sa
puissante harmonie, pour que Dieu pût y entrer,
la faisait grande comme le monde.
Agenouillées dans la galerie de l'orgue, Mme
Pascal et sa fille priaient : l'une pour sort fils, l'au
tre pour son frère et pour elle-même.
L'évêque, revêtu de son grand costume, était
assis à l'autel sur un fauteuil de velours et'd'or,
et sur l'autel on avait préparé l'huile des caté
chumènes, un calice avec du vin et de l'eau, une
patène et une hostie sur la ■ patène, de la mie de
pain, un bassin avec sa burette pour laver les
mains, ainsi que des serviettes pôur les essuyer.
L'archidiacre s'avança alors, et, au milieu d'un
vaste silence, car toutes les voix de l'cglise s'é
taient tues, il appela à haute voix :
— Félicien Pascal.
Toutes les têtes se tendirent, et l'on vit entrer
le pieux jeune homme. Son visage rayonnait. 11
était couvert de l'amict, de l'aube, de la ceinture,
de l'étole et du manipule; il tenait'sa chasuble
pliée sur son bras gauche, en signe qu'il n'avait
pas encore le droit de la revêtir, et il portait un
cierge de la main droite; il se plaça devant l'évê
que qui lui sourit et auquel l'archidiacre le pré
senta, en disant :
— Très révérend père, l'Eglise catholique, no
tre sainte mère, demande que vous 'daigniez éle
ver à l'honneur de la prêtrise le diacre ici présent.
— L'en croyez-vous digne? demanda, l'évêque.
— Autant qu'il est p'ermis à notre faible huma
nité de connaître, je crois et j'atteste qu'il est di ■
gne d'être élevé à cette dignité.
-—Dieu soit béni, alors, fit l'évêque en se le
vant, et, se tournantvers la foule, il dit ces paro
les consacrées : '
— Mes chers frères, puisque les mêmes motifë
de crainte et d'espérance doivent exister pour 1 le
pilote et pour le passager, chacun a le droit de
donner son avis dans une chose où chacun a le
même intérêt. Ce ne fut pas en vain que les saints
pères établirent que l'on devait consulter le peu
ple lui-même au sujet de l'élection de ceux qui
doivent s'approcher du service des autels; parce que
ce que plusieurs personnes ignorent sur la vie et les
pejisées de quelqu'un , peut être connu d'autres
personnes, et que l'on est porté davantage à obéir
à celui qui est ordonné, quand on a consenti à
son ordination, lia conduite de ce diacre, à mon
avis du moins, ef avec l'aide de Dieu, mérite cet
honm-ur. Mais de peur que l'avis d'un seul ou
d'un petit nombre ne soit influencé par faiblesse
ou par amitié particulière, il , est bon de suivre
l'avis du plus grand nombre. Veuillez donc dire :
ici ouvertement ce que vous pensez des actes, des
mœurs et du mérite de ce diacre ici présent; et
souvenez-vouS que vous devez rendre témoignage
à la sainteté du sacerdoce plutôt que d'écouter les
sentimens d'affection. Si donc quelqu'un connaît
quelque "chose contre lui, qu'il s'avance, qu'il parle
auiiosi de Dieu et dans l'intérêt de sa gloire.
Pas «ne voix ne s'éleva ; > mais un murmure
d'assentiment courut dans l'église.
Alors 1'évêqu.é se tourna vers Félicien et lui dit
à voix haute, et pour être entendu de tous, com
me lorsqu'il s'adressait à tous :
— Mon cher fil», vous désirez être promu à la
dignité de prêtre, tâchez de recevoir cet ordre di
gnement et de vous montrer ensuite digne de cet
honneur. En effet, le prêtre doit offrir ie sacrifice,
bénir, diriger, prêcher et baptiser. 11 faut donc-
s'approcher avec une grande crainte de ce grade
et veiller à. ce que la sagesse divine, des mœurs-
pures et l'observation continuelle des retrles de la
, justice vous recommandent à nos frères. Dieu or
donnant à Moïse de choisir soixante-dix hommes
dans Israël pour l'aider dans Son ministère et pour
leur distribuer les dons du saint Esprit, lui dit : Tu
les reconnaîtras à ce qu'ils sont des vieillards par
mi le peuple. Les prêtr es auront été choisis ainsi;
car ils seront les vieillards du peuple, si par l'es
prit, auteur des sept dons, gardant l'esprit du dé-
calôguè, la science, le travail et la chasteté les ont
faits mûrs et probes avant la vieillesse. L'Eglise a
ainsi une couronne Admirable et éternelle dans
cette variété de serviteurs répandus dë toutes parts,
et ne faisant cependant qu'un seul corps en Jésus:
Christ. • - .
Quand il eut entendu ces paroles, Félicien vint
s'agenouiller devant l'évêque, qui lui imposa silep-
cieusement les deux mains sur la tète, puis rame
nant par devant vers l'épaule droite, l'étole qui
pendait par derrière et la mettant en signe de croix
sur la poitrine-dû jeune homme, il lui dit : '
— Recevez le joug du Seigneur ! son joug est
doux et léger.
— Que le Seigneur soit béni! murmura Félicien
plein d'une touchante émotion.
— Et maintenant, recevez l'habit de prêtre,
continua l'évêque en revêtant 1» néophyte de la
chasuble qu'il portait sur son bras ; Dieu vous don
nera la charité et la'perfection. ■ 1 ■ ■
Puis, le vénérable père, ayant ôté ses gants et
passé à son» doigt Vanneau pontifical , prit de
l'huile des. catéchumènes, en oignit les mains
jointes de Félicien, en disant :
— Daignez, Seigneur, consacier et sanctifier ce s
mains que nous venons de toucher^ avec l'huile
sainte, et qu'elles puissent à leur tour consacrer
ce qu'elles auront consacré, et bénir ce qu'elles
auront béni.
La consécration des mains faite, l'évêque donna
du vin et de l'eau au nouveau consacré, et lui dit
en même temps :
— Recevez, mon fils, le pouvoir d'offrir le sa
crifice divin, et de célébrer, au nom du Seigneur,
la messe pour les vivans et pour les morts.
— Que le Seigneur soit béni ! dit une seconde
foii Pascal, et il se releva et jetant un regard sur
la foule qui l'entourait, il sourit à sa mère et à sa
sœur.
— Que la paix soit avec vous ! fit l'évêque, et il
embrassa le jeune homme.
Alors le chant des enfans de chœur et la voix
de l'orgue éclatèrent en même temps. L'église, la
sainte mère, se mettait en fête pour célébrer ce
nouveau fils qui lui.venait. Tous s'agenouillèrent,
et bientôt les fidèles, mêlant leurs voix à celle des
enfans de chœur et du poétique instrument, ce
fut, sous la voûte sacré, uns chant, général, une
prière unanime. . > ■■ v
Pendant cè temps la messe continuait et Pascal
recevait la sainte communion.
Après le Credo, le chant cessa, et l'évêque, se
levant de nouveau, reprit en a'adressant au jeune
prêtre :
—■ Les péchés seront remis à ceux à qui vous les
remettrez et retenus à ceux à qui vous les re
tiendrez..
Ensuite, rabattant lout-à fait la chasuble que
Pascal gardait encore pliée par derrière, il dit :
— Le Seigneur vous, revêt de, la robe d'inno
cence. — Donnez-moi votre main.-— Vous pro- ,
mettez de croire ce que vous lirez ?
— Oui.
— D'enseigner ce que vous croirez ?
— Oui.
— D'imiter ce que vous avez enseigné?
— Oui. '
Puis", après une pause :
— Vous promettez à moi et à mes successeurs
respect et obéissance? *■
— Je le promets.
— Vous affirmez que vous pardonnerez à ceux
qui vous auroat offensé?
— Je l'affirme.
— Vous «jurez que. vous immolerez toutes les
passions humaines au culte du Seigneur?
— Je le jure, .
— Allez, mon fils, vous êtes avec Dieu. Que la
paix soit avec vous !
— Dieu soit béni, dit une troisième fois Pascal,
les yeux mouillés des saintes larmes de la recon
naissance et de la foi. ••• '
Les chants reprirent, et l'on commença à se re- 1
tirer sous la douce impression de cette.imposante 1
cérémonie. :
— Heureuse est la mère de ce juste, disaient les
'mères sur le passage de Félicien, qùi s'en allàit"
jusqu'à la grande porte de l'église distribuer qUcl-
qu'argent aux pauvres et commencer sa mission
par la charité.
Une heure après, Mme Pascal et sa fille étaient
réunies à Félicien, et les deux femmes se tenaient-
tout émues à ses côtés, et lui souriaient comme les
deux images ds l'espérance et de la foi.
Le soir même il partit pour Moncontour, et le
lendemain, toujours accompagné de sa mère et de
Blanche, il quitta la maison maternelle pour se
rendre au presbytère qu'il allait habiter, irais la
moitié du village était venue à sa rencontre, et les
maisons de la rue par laquelle il devait passer,
étaient toutes ornées de fleurs et de draperies.
— Bénissez notre maison, mon frère, lui disait- '
on de toutes parts. Et des jeunes filles, vèiUes de
robes blanches, innocentes comme des anges, fai
saient cortège au jeune prêtre et jetaient des feuil-
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